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La dette publique dans le modèle de Solow

AES L3 AGE, AGT, CAI

2016-2017
Le modèle de Solow avec ratio de déficit constant

Nous allons supposer que le Gouvernement emprunte une part


constante du revenu.
Bt = βYt
Par exemple le traité de Maastricht devait imposer aux États
un déficit maximum de 3% du PIB. Dans notre cas β = 0, 03.
les hypothèses du modèle

Hypothèse 1 : La production est caractérisée par une


Cobb-Douglas :
Yt = AKtα L1−α
t

Hypothèse 2 : Les dépenses publiques sont une part constante


de la production :
Gt = φYt
Hypothèse 3 : Les impôts représentent une part constant τ
du revenu de l’économie qui est Yt + rt Dt :

Tt = τ (Yt + rt Dt )

Hypothèse 4 : L’épargne est une part constante du revenu net


d’impôt :
St = s(Yt + rt Dt − Tt )
les hypothèses du modèle... suite
Hypothèse 5 : Nous allons supposer que le Gouvernement
emprunte une part constante du revenu.

Bt = βYt

Hypothèse 6 : La population (force de travail) croît au taux n

DNt DLt
= =n
Nt Lt
Hypothèse 7 :L’accumulation du stock global de capital est
donnée par :
DKt = It − δKt
Hypothèse 8 :L’égalité emploi ressource de cette économie
fermée (Xt = M= 0)ou l’on introduit l’État devient :

Yt = Ct + It + Gt
L’équilibre du marché du capital
Cette fois l’égalité It = St ne tient pas. En effet sur le marché
du capital, les entreprises demandent du capital pour investir,
mais l’État emprunte sur le même marché. On a donc un
marché du capital qui est équilibré lorsque :

Offre de capital = Demande de capital

St = It + Bt
En utilisant les hypothèse précédentes on peut écrire :

s(Yt + rt Dt − Tt ) = DKt + δKt + Bt

En arrangeant un peu cette dernière équation :

DKt = s(Yt + rt Dt − Tt ) − δKt − Bt

On a bien :
DKt = St − δKt − Bt
L’accumulation du capital par tête
Avant d’écrire l’accumulation du capital par tête, on doit
remarquer que comme :

Bt = Gt − Tt + rt Dt

On peut écrire que :

Bt − Gt = rt Dt − Tt

Donc on peut réécrire :

DKt = s(Yt + rt Dt − Tt ) − δKt − Bt

de la façon suivante :

DKt = s(Yt + Bt − Gt ) − δKt − Bt


L’accumulation du capital par tête... suite

Grâce aux hypothèses Bt = βYt et Gt = φYt il est facile


d’écrire :
DKt = (s(1 + β − φ) − β) Yt − δKt
Soit en variables par tête :

Dkt = (s(1 + β − φ) − β) yt − (n + δ)kt

A l’état stationnaire Dkt = 0 et le ratio k/y devient :

k∗ s(1 − φ) − (1 − s)β

=
y (n + δ)
Le capital par tête d’état stationnaire

En utilisant la fonction de production par tête yt = Aktα , le


capital par tête d’état régulier est :
1
A(s(1 − φ) − (1 − s)β)
 
1−α

k =
n+δ
et la production par tête est :
α
A(s(1 − φ) − (1 − s)β)
 
1−α
∗ ∗ α
y = A(k ) = A
n+δ
Analyse 1/2

Dans le modèle de Solow simple, le ratio k ∗ /y ∗ à l’état


stationnaire était égal à s/(n + δ).

Le fait que l’État fasse des dépenses publiques (φ > 0) et/ou un


déficit (β > 0) réduit l’accumulation du capital.

On parle d’effet d’éviction. Le déficit public évince le capital


privé. Le capital et la production d’état stationnaire sont plus
faibles avec un déficit et/ou des dépenses publiques.
Analyse 2/2

En observant l’équation dynamique d’accumulation du capital :

Dkt = (s(1 + β − φ) − β) yt − (n + δ)kt

On peut écrire :
Dkt = s0 yt − (n + δ)kt
où :
s0 = s(1 + β − φ) − β
En calibrant : s = 20%, β = 3% et φ = 50%, tout se passe
comme si le taux d’épargne était de 7, 6% ! ! ! !.
Le ratio de déficit "fatal"

Compte tenu des paramètres, il existe un ratio de déficit qui


évince complètement le capital (soit k ∗ = 0).
De l’expression de k ∗ on trouve ce ratio de déficit fatal !

(1 − φ)s
βF atal =
1−s
Calibration : s = 20% et φ = 50%

(1 − φ)s (1 − 0, 5) × 0, 2
βF atal = = = 12, 5%
1−s 1 − 0, 2
Le ratio de déficit qui évincerait complètement le capital à
l’état stationnaire est de 12,5% du PIB. Il ne dépend que des
dépenses et tu taux d’épargne.
Évolution du ratio dette/PIB ... 1/2
Par définition le ratio dette/PIB est : Dt /Yt Or on sait
également que la variation de la dette est égal au déficit :
D(Dt ) = Bt
A l’état stationnaire la dette par tête reste constante donc
Dt /Lt =constante. Or :
Dt D(Dt ) Dl
 
D = −n
Lt Lt Lt
Ddt = βyt − ndt
A l’état stationnaire la dette par tête n’évolue plus donc
Ddt = 0 ce qui conduit à :
β
d∗ = y ∗
n
Le ratio dette/PIB devient donc à l’état stationnaire :
Dt
Dt Lt d∗ β
= Yt
= ∗
=
Yt Lt
y n
Évolution du ratio dette/PIB ... Interprétation

Le ratio dette PIB se stabilise à l’état régulier à β/n. Or


précisément n est le taux de croissance de l’économie (DY /Y ).
En France si l’on considère que l’on a une croissance de l’ordre
de 1,5% avec un déficit que maintient à 3% du PIB, le ratio
dette/PIB devrait converger vers :

Dt 0, 03
== = 2 = 200%
Yt 0, 015
Le taux d’intérêt
Calculons le taux d’intérêt à l’état stationnaire :

∂yt
rt + δ = P mkt = = αAktα−1
∂kt
En utilisant le capital d’état stationnaire on obtient :

α(n + δ)
r∗ = −δ
s(1 − φ) − (1 − s)β

En calibrant : α = 0, 3, n = 1, 5%„ s = 20% φ = 50%,δ = 6% et


β = 3%, on obtient un taux d’intérêt de :

0, 3 × 0, 075
r∗ = − 0, 06 ≈ 0, 23 = 23%
0, 2(1 − 0, 5) − (1 − 0, 2)0, 03

Il est à noter que dans le modèle de Solow simple, le taux


d’intérêt aurait été de : 5, 25% car dans ce cas
r∗ = α(n + δ)/s − δ
La part de la charge de la dette

Comme nous l’avons vu, la charge de la dette est rt Dt .


Donc le ratio charge de dette / PIB est :

r ∗ Dt r∗ dt β α(n + δ)
 
= = −δ
Yt yt n s(1 − φ) − (1 − s)β

En calibrant : s = 20%, β = 3% et φ = 50%, α = 0, 3,n = 1, 5%


et δ = 6% on trouve une charge de la dette égale à 47% du PIB.
Taux d’imposition d’état régulier

Le taux d’imposition d’état régulier est déterminé à partir de :

Bt = Gt − Tt + rt Dt et de Tt = τ (Yt + rt Dt )

On peut extraire τ , puis en utilisant les les hypothèses 2 et 5 on


obtient :
∗ φ − βr∗ βn
τ =
1 + r∗ βn
En calibrant : s = 20%, β = 3%, φ = 50%, α = 0, 3%,n = 1, 5%
et δ = 6% on trouve un taux d’imposition de 64% !
La dette par tête

Le montant de la dette n’est pas un bon indicateur car en soit il


ne veut rien dire (la dette grecque est très faible par rapport à
celle des USA). C’est la raison pour laquelle on utilise le ratio
dette PIB ou la dette par tête.

Du ratio dette/PIB d’état stationnaire d∗ = y ∗ β/n et en


remplaçant y ∗ par sa valeur d’état stationnaire, on trouve :
α
β A((1 − φ)s − (1 − s)β)
 
1−α

d =A
n n
Pour info : la dette française par habitat est de 34529 euros ! La
dette grecque est de 28830 euros par habitant mais représente
176% du PIB.
La dette par tête suite

Traçons la dette par tête d’ES en fonction du déficit d’ES :


Explications

L’effet d’une variation du ratio de déficit sur la dette par tête


est ambigüe. Quelle est l’intuition ?

On sait que d∗ = βy ∗ /n. Une augmentation du ratio de déficit


(β) évince le capital et donc diminue la production par tête.
Ainsi lorsque β augmente, y ∗ diminue.

Dans un premier temps β < β̂ la hausse de β ne fait pas trop


baisser y ∗ donc la dette par tête augmente.

Dans un second temps β̂ < β < βF tal l’effet d’éviction est fort et
y ∗ diminue vite, la dette par tête DOIT diminuer pour
maintenir un état stationnaire.
Le ratio de déficit qui maximise la dette par tête

On sait que la dette par tête est :


α
β A((1 − φ)s − (1 − s)β)
 
1−α

d =A
n n
En annulant la dérivée par rapport à β de cette expression on
trouve le ratio de déficit qui maximise la dette par tête.

∂d∗ ∗ s(1 − α)(1 − φ)


=0 ⇒ β dmax =
∂β 1−s
En calibrant : s = 20%, φ = 50%, α = 0, 3%on trouve

β dmax = 8, 75%.
Le déficit optimal

Si l’on cherche à maximiser la consommation par tête plus les


achats publics par tête à l’état régulier. La règle d’or affirme
que le taux d’intérêt doit être égale au taux de croissance de
l’économie. r = n soit P mk = n + δ.
Comme on connait la valeur de r∗
α(n + δ)
r∗ = −δ =n
s(1 − φ) − (1 − s)β

(1 − φ)s − α
β or =
1−s
α
⇒ β or > 0 si s>
1−φ
Explications

Tout d’abord calibrons le résultat obtenu pour le déficit


optimal :
φ = 0, 5, α = 0, 3 et s = 0, 2 :

1 − 0, 5)0, 2 − 0, 3
β or = = −0, 25
1 − 0, 2
Le déficit optimal est un fait un excédent ! Cela veut dire que
pour maximiser la somme des consommations (privée et
publique), l’État aurait intérêt à avoir un surplus (et non une
dette) pour pouvoir prêter des capitaux aux entreprises.

Par ailleurs, si la consommation publique était nulle (φ = 0) on


constate qu’un déficit (donc une dette) est optimal(e) si s > α
c’est à dire si l’économie est en situation d’inefficience
dynamique.
Conclusion

L’introduction de la dette dans le modèle permet de


comprendre :
I Que la dette évince le capital. Sans dette en France, le
capital productif serait plus important et on produirait plus
I La dette n’est une bonne chose que si l’économie se trouve
en inefficience dynamique (sur-accumulation du capital).
I qu’un état ne peut (par tête) s’endetter sans arrêt. La
dette maximimun par tête est atteinte pour le niveau de

déficit β dmax .
I Bien que l’État soit "éternel", il doit faire face à une
contrainte budgétaire et de ne peut pas repousser sans
arrêt le remboursement des déficits créés.

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