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A) Introduction
Le mot Utopie trouve son origine dans le texte « Utopia » de Thomas More (1478-1535)
- Titre complet : De optimo reipublicae statu, deque nova insula Utopia
= (De la meilleure forme de communauté politique et de la nouvelle île d’Utopia)
- Publié en 1516, après voyage diplomatique en Flandre
- Thomas More = humaniste anglais, avocat et homme politique actif à la cour d’Henri
8 (1491-1547). Il était en conflit avec le roi et fut tué.
- Livre :
Critique politique de la société contemporaine de l’Angleterre
Description d’une société idéale qui habite sur l’île d’Utopia
Questionne la possibilité d’une société parfaite
C’est la retranscription d’une conversation qu’il a eu avec son ami Pierre Gilles avec
l’explorateur Raphaël Hythlodaeus à Anvers.
« J’ai quelque honte, très cher Pierre Gilles, à vous envoyer, avec un retard de près d’un an, ce petit livre sur la
République Utopienne que vous attendiez, je n’en doute pas, dans les six semaines, puisque vous saviez bien
qu’étant complètement déchargé de l’effort d’invention et n’ayant pas à réfléchir sur le plan de l’ouvrage, il ne
me restait qu’une chose à faire : répéter ce que vous et moi, ensemble, avions entendu de la bouche de
Raphaël. »
« Il faudra bien, d’ailleurs, que vous le fassiez, en raison d’une autre difficulté qui s’est présentée à nous et dont
j’ignore si la faute incombe à moi ou à vous ou à Raphaël : il ne nous vint pas à l’esprit de demander, et Raphaël
n’a pas songé à nous dire, dans quelle partie de ce Nouveau Monde se trouve située l’Utopie. Pour qu’une telle
omission ne se fût pas produite ou pour qu’on pût la racheter, je donnerais volontiers une belle somme
d’argent. D’abord, j’éprouve quelque honte à ne pas savoir dans quelle mer se trouve une île sur laquelle je
rapporte tant de détails. »
Il donne l’illusion qu’il a vécu ce qu’il raconte et affirme qu’il n’invente rien
Thématique centrale
Contexte : grandes explorations du monde
1492 : Christophe Colomb découvre l’Amérique
1497 : Amérigo Vespucci fait des voyages, dans son équipage Raphaël faisait soi-
disant partie, il le quitta pour aller découvrir Utopia
L’illusion que l’île existe vraiment est maintenue tout le temps cependant on ne peut pas la
retrouver car ils n’ont pas la localisation exacte. De plus les noms propres des lieux et
interlocuteurs indiquent que c’est une invention.
1. Utopia
eu-topos (bon-lieu)
ou-topos (non-lieu)
Le bon lieu qui n’existe pas : ambiguïté
2. Raphaël Hythlodaeus
Raphaël : référence à l’archange
Hythlodaeus : Uthlos (bavardages) + daios (expert) = expert de bavardages
3. Amaurote, capitale
amaurôton (ce qui est rendu obscur, ville-mirage, ville-invisible)
4. Anhydre, fleuve central
hudôr (eau) + a (négation) = fleuve sans eau
« L’île des Utopiens, dans sa partie médiane (c’est sa plus grande largeur), mesure
deux cents milles ; elle n’est guère plus étroite ailleurs ; elle s’amincit
progressivement aux deux extrémités, qui s’incurvent pour dessiner un arc de cercle
de cinq cents milles de circonférence et donner à toute l’île l’aspect d’une lune
renaissante. Les eaux de la mer pénètrent entre les cornes de ce croissant,
distantes de onze milles, plus ou moins, et se répandent dans un immense golfe
entouré, de tous côtés, de collines qui arrêtent les vents ; elles forment une sorte de
grand lac, où le calme est rarement troublé par la tempête et font du sein de cette
terre presque tout entier un port que les navires sillonnent en tous sens, pour le
plus grand profit des habitants.
Le goulet, en raison de hauts-fonds d’un côté et de rochers de l’autre, est
extrêmement dangereux. A peu près au milieu des passes se dresse un rocher isolé
que sa visibilité rend inoffensif et sur lequel est édifiée une tour tenue par une
garnison. Les autres récifs sont cachés et traîtres ; seuls les habitants connaissent
les chenaux ; aussi est-il rare qu’un étranger ose pénétrer dans la rade sans le
secours d’un pilote utopien. Pour les insulaires eux-mêmes, l’entrée ne serait pas
sans danger, si des signaux, depuis le littoral, ne dirigeaient leur course. Il suffirait de les déplacer pour conduire
facilement à sa perte une flotte ennemie, si nombreuse fût- elle. Sur la côte extérieure, les ports ne sont pas
rares ; mais partout les points favorables à un débarquement sont si bien garnis de défenses naturelles ou
artificielles que quelques combattants pourraient repousser de puissantes armées.
Une tradition, d’ailleurs confirmée par la configuration du terrain, indique clairement qu’autrefois ce pays
n’était pas entouré par la mer de tous côtés. Mais Utopus, qui par sa victoire donna son nom à l’île –
antérieurement elle s’appelait Abraxa – et qui éleva une horde grossière et sauvage à ce degré de civilisation et
de culture qui la place aujourd’hui au-dessus de presque tous les autres peuples, ayant remporté la victoire à la
première attaque, fit creuser les quinze milles d’un isthme qui reliait leur pays au continent et amena la mer
tout autour du territoire. Pour exécuter cette entreprise, il n’avait pas seulement réquisitionné les indigènes,
mais, afin d’éviter que ceux-ci ne considèrent ces travaux comme humiliants, leur avait adjoint tous ses soldats ;
la tâche ainsi répartie entre des ouvriers aussi nombreux fut achevée avec une incroyable célérité et les peuples
voisins qui, au début, l’avaient jugée vaine et ridicule, furent par son succès frappés d’admiration et de crainte.
»
« L’île compte cinquante-quatre Cités, toutes vastes et magnifiques : langue, mœurs, institutions, lois sont
partout identiques ; toutes ont même configuration et partout, dans la mesure où le site le permet, même
apparence. La distance qui sépare les villes les plus proches les unes des autres est de vingt-quatre milles ; mais
aucune n’est tellement isolée qu’on ne puisse s’y rendre en une seule journée de marche.
Chaque année, trois citoyens de chaque ville, hommes d’âge et d’expérience, se réunissent à Amaurote pour
régler les affaires communes de l’île. Cette ville, située pour ainsi dire au nombril de la terre, est la plus
accessible aux délégués de toutes les régions et, pour cette raison, est considérée comme la première et comme
la capitale.
Les terres arables sont réparties entre les Cités d’une manière si judicieuse que d’aucun côté, aucune ville ne
doit posséder moins de douze milles de sol, tandis que, dans une autre direction, cette surface peut être
beaucoup plus grande, si les villes sont séparées par de plus grande distances. Aucune ville n’a l’ambition
d’agrandir ses territoires. Les habitants, en effet, se considèrent plutôt comme des fermiers que comme des
propriétaires. »
« Qui ne connaîtrait qu’une ville d’Utopie les connaîtrait toutes, car, dans la mesure où la configuration du
terrain ne s’y oppose pas, elles se ressemblent toutes et à tous points de vue. Je n’en décrirai donc qu’une seule,
au hasard, peu importe laquelle... Mais pourquoi pas plutôt Amaurote ? Aucune n’a plus de prestige puisque les
autres lui reconnaissent le privilège d’être le siège du Sénat ; aucune non plus n’est mieux connue à moi, qui ai
vécu dans ses murs cinq années de suite. » (p.457)
Société collaborative
- Tout le monde contribue à la production de nourriture
Système de roulement : pour deux ans les citoyens quittent la ville et habitent à la
campagne
« Ils ont à la campagne, situées aux endroits les plus favorables au milieu de toutes les terres cultivées, des
habitations pourvues des instruments aratoires. A tour de rôle, les citadins viennent y résider. Aucune famille de
la campagne ne compte moins de quarante membres, hommes et femmes, auxquels s’ajoutent deux «
serviteurs » attachées à la glèbe ; un père et une mère de famille sérieux et mûrs les dirigent ; à la tête de
chaque groupe de trente familles, se trouve un Philarque. Tous les ans, dans chaque famille, vingt personnes,
celles qui ont achevé leur séjour de deux années à la campagne, retournent en ville. A leur place, la ville envoie
un nombre égal de nouvelles recrues pour qu’elles s’instruisent avec ceux qui viennent de passer une année et
qui ont, par conséquent, plus d’expérience de l’agriculture. Elles-mêmes initieront les autres l’année suivante.
On évite ainsi l’arrivée simultanée de travailleurs aussi novices et ignorants les uns que les autres, et dont le
manque d’expérience serait préjudiciable aux récoltes. Bien que ce renouvellement du personnel agricole soit
une règle bien établie, qui permet que nul n’ait à subir trop longtemps et malgré soi un genre de vie plutôt
pénible, nombre de citoyens, qui, par tempérament, trouvent plaisir à se consacrer aux travaux de la campagne,
demandent à y passer plusieurs années. »
« Les édifices sont loin d’apparaitre sordides, lorsque, sur toute la longueur de la rue, se déploie au regard la
double file ininterrompue des façades. Côté rues, les maisons sont séparées par une voie large de vingt pieds ;
côté cour, sur la même longueur que la rue, les demeures sont bordées par un jardin spacieux, fermé de tous
côtés par la façade intérieure des rangées de constructions. Aucune maison qui n’ait une porte donnant sur la
rue et une autre sur le jardin. Toutes les portes, qui sont à deux battants, cèdent à une légère poussée de la
main et se referment automatiquement. Entre donc qui veut. Ainsi, nulle part on ne trouve la moindre trace de
propriété privée. Quant aux maisons elles-mêmes, on en change tous les dix ans après tirage au sort. Toutes les
villes se divisent en quatre parties égales. Au milieu de chaque quartier, se trouve une place où sont rassemblés
tous les objets. Là, dans des édifices spécialement affectés à cet usage, sont apportés avant d’être répartis par
catégorie dans des magasins, les produits du travail de chaque famille. Tout père de famille y demande ce dont
il a besoin pour lui et les siens et, sans donner d’argent ni fournir aucune autre contrepartie, il emporte ce qu’il
a demandé. Pourquoi, d’ailleurs, refuserait-on quelque chose à quelqu’un ? » (p.484-85)
« C’est en effet Utopus lui-même, dit-on, qui, dès la fondation de la ville, en a tracé tout le plan. Seulement,
prévoyant qu’une vie d’homme tout entière ne suffirait pas à le réaliser, il laissa à ses successeurs le soin de
l’orner et de l’embellir. Leurs annales, transcrites avec un soin religieux, relatent une histoire qui, depuis la
conquête de l’île, embrasse une période de mille sept cent soixante années : elles rapportent qu’au
commencement les constructions étaient basses et ressemblaient à des cases et à des cabanes ; elles étaient
bâties sans plan défini, avec des bois de toutes espèces ; leurs parois étaient enduites d’argile et le toit était
constitué par un faîtage pointu couvert de chaume. Mais, aujourd’hui, on ne voit plus que des maisons de trois
étages ; les murs extérieurs sont construits avec des pierres, des moellons ou des briques cuites, les parois
intérieures sont plâtrées. Les toits ont fait place à des terrasses sur lesquelles on étend une matière broyée, peu
coûteuse, ininflammable et plus résistante aux intempéries que le plomb. Les fenêtres sont garnies de vitres,
dont l’usage est là-bas extrêmement fréquent, pour empêcher le vent d’entrer. On utilise aussi parfois au même
usage un fin linon imprégné d’une huile translucide ou d’ambre gris ; ce procédé offre un double avantage : il
fait rayonner plus de lumière et laisse moins passer le vent. »
D) Conclusion
Révolution industrielle
- Impact de celle-ci sur les ville et la manière d’habiter des ouvriers est énorme.
Ils travaillent dans des conditions horribles et conditions de vie et d’hygiène torride
Il y a une grande pauvreté et une misère dans tous ces quartiers.
- Beaucoup d’intellectuels se posent des questions : comment changer cela avec
comme idée centrale : libérer l’individu
Phalanstères
- Comme le palais de Versailles avec des rues : galeries
couvertes
- Chacun à sa propre chambre
- Individu est soumis à la communauté, on ne vit pas
en famille
- écoles, tout ce que la société à besoin
Vue du Phalanstère. Gravure de Best, Andrew et Leloir d’après un dessin de Victor Considerant pour le
frontispice du premier volume de son ouvrage Destinée sociale (1834). Familistère de Guise, bibliothèque.
- 1848-1851
- Par la Société des Cités Ouvrières de Paris
- 86 logements + services communes (buanderie, salle d'asile, école primaire, soins
gratuits)
- Très luxueux pour des ouvriers à cette époque.
- Rue couverte (comme la rue galerie de Fourier), éclairé au gaz, toilette communes,
eau courante
- Architecte: Marie-Gabriel Veugny
Familistère
Cela prend plus que 30 ans pour construire tout et 1800 personnes, comme Fourrier
avait mis en avant
- Chaque famille a son appartement qui donne sur une passerelle donnant sur la cour,
organe principal du bâtiment.
- Chaque appartement a deux trois chambres
Logements de familles: au moins deux pièces (20m2) + cabinet de débarras (+
vestibule)
Logements pour une personne (personnes seules, visiteurs, malades)
- Toilettes communes pour les deux sexes, de fontaines d'eau et des grandes poubelles
- Hauteurs assez luxueuse, matérialité et ornement
Hauteurs : RDC 3,15 mètres - +1 : 2,9 mètres - +2 : 2,6 mètres
Un bâtiment digne à la hauteur des ouvriers
- Godin, y habitait aussi, il vivait avec ses ouvriers
- Il n’obligeait pas les gens à y habiter, mais ce sont les gens qui le voulaient
- Les cours couverts pour la vie en communauté
[Les façades] “sont bâties avec toute l’ornementation qu’un goût parfait peut obtenir des combinaisons
auxquelles se prête la brique: frontons au centre de l’édifice et aux angles; corniche sous la toiture; pilastre
s’élevant de l’entablement du rez-de-chaussée jusqu’au toit; panneaux en saillie à coins échancrés, à demi-
hauteur du bâtiment; cordons horizontaux courant sur la façade au-dessus du rez-de-chaussée et au-dessous du
troisième étage; encadrement des fenêtres et de toutes les portes; et le tout bordé et dessiné par des lignes de
briques violettes traçant sur un fond à teinte rouge. Rien ne surcharge cet ensemble de grâce et d’harmonie ;
tout flatte l’œil, tout inspire le sentiment de la grandeur et de l’élévation.” C. Pellarin, une visite au familistère
de Guise
E) Conclusion
=> on essaye par l’architecture d’installer un certain type de société (son organisation et
d’améliorer les conditions de vie des ouvriers. Ce sont des projets qui sont le produits de leur
temps.
A) Introduction et contexte
- Construit entre 1973 et 1986
- Selon le projet de Glück, Hlaweniczka, Requat, Reinthaller
- A l’initiative de GESIBA (Gemeinnützige Siedlungs- und Bauaktiengesellschaft, Société
anonyme d'habitat et de construction d'utilité publique)
- Total 3180 unités de logements (surface moyenne de 75 m2)
- Ca. 9000 habitants
- Dans les ban-lieuses de Vienne
B) GESIBA
- Fondé en 1921 (e.g. Rotes Wien, 1918-1934)
Entre-guerre, à ce moment-là il y avait un gouvernement socialiste qui avait instauré
le projet Vienne, la Rouge ; projet de logements sociaux avec de grands bâtiments et
installations collecrives.
- A l’origine, sa tâche principale était de fournir aux coopératives et aux associations
des matériaux de construction bon marché et de les aider à résoudre des problèmes
de financement à la construction.
- Dans le temps, un rôle plus active dans la construction des logements « sociaux »
- 1970 – construction de grands complexes (ca.10.000 habitants) – seul le Wohnpark
Alt Erlaa existe encore, les gens y habitent encore
Coupe :
- Tour verticale avec escalier qui distribue au total 11 appartements
- Espaces commun : les habitants ont créé des associations qui occupe
ces lieux.
Lieux de rencontre entre les habitants
quand même une séparation privé et publique : on y vit seul mais en
communauté.
Maintenant très populaire, les gens y adorent habiter, des longues listes
d’attente pour pouvoir y habité.
Des associations sont copropriétaires de ces bâtiments. Chaque mois un loyer est payé.
On peut changer d’appartement si besoin, suivant l’évolution de la situation familiale.
C’est pas bon marché car 60 000 pour rentrer et 600/mois mais pleins de dispositifs sur
place qui rende la vie agréable.
A) Biographie et introduction
- 1968-72: étudiant Architectural Association School (AA), Londres
- Études Cornell University, Institute for Architecture and Urban Studies, NY
- 1975: OMA (Office for Metropolitan Architecture)
- 1978: Delirious New York, a retroactive manifesto
Culture of Congestion: l'énergie libérée et les opportunités créées lorsque de
nombreuses personnes et activités humaines sont réunies sur une petite surface
- 1995: S,M,L,XL: comment faire l’urbanisme à notre époque.
- Fin années 90: OMA, institut de recherche – collaborations avec Harvard Design
School, Massachusetts
«Ce qui rend cette expérience déconcertante et (pour les architectes) humiliante, tient à la persistance insolente
et à la vigueur apparente de la ville, malgré l’échec collectif de tous les agents qui agissent sur elle ou essaient
de l’influencer – sur le plan créatif, logistique ou politique. Les professionnels de la ville sont comme des joueurs
d’échecs qui perdent face aux ordinateurs. Un pilote automatique pervers déjoue constamment toute tentative
de s’emparer de la ville, épuise toute prétention d’en donner une définition, tourne en ridicule les affirmations
les plus passionnées sur son échec présent et son impossibilité future, la pousse implacablement vers sa fuite en
avant. »
« Il est difficile d’abandonner une position de pouvoir pour un statut inférieur d’humilité relative. L’insatisfaction
à l’égard de la cité contemporaine n’a pas mené à l’élaboration d’une alternative crédible ; au contraire, elle n’a
su qu’inspirer des manières plus raffinées de s’exprimer. Une profession persiste dans ses fantasmes, son
idéologie, sa prétention, ses illusions d’engagement et de maîtrise, incapable par conséquent de concevoir une
nouvelle modestie, des interventions partielles, des réajustements stratégiques, des positions de compromis qui
pourraient influencer, réorienter, aboutir en partie, regrouper, voire même recommencer à zéro mais qui ne
rétabliront jamais son contrôle.
[...] S’il doit y avoir un « nouvel urbanisme », il ne reposera pas sur les fantasmes jumeaux d’ordre et
d’omnipotence ; il sera une mise en scène de l’incertitude ; il ne s’occupera plus d’agencer des objets plus ou
moins permanents mais d’irriguer des territoires par du potentiel ; il ne visera plus des configurations stables
mais la création de champs capables d’accueillir des processus qui refusent d’être cristallisées sous forme
définitive ; il ne visera plus à définir précisément, à imposer des limites, mais à élargir des notions en niant les
frontières ; il ne cherchera plus à séparer et à identifier des entités, mais à découvrir des hybrides
innommables ; Il ne sera plus obsédé par la ville mais par la manipulation de l’infrastructure en vue d’une
infinité d’intensifications et de diversifications, de raccourcis et de redistributions : la réinvention de l’espace
psychologique.
Puisque l’urbain est maintenant omniprésent, l’urbanisme ne traitera plus jamais du « nouveau » mais
seulement du « plus » et du « modifié ». Il ne traitera pas du civilisé mais du sous-développement. Puisque
l’urbain est incontrôlable, il est en passe de devenir un vecteur majeur de l’imagination. Redéfini, l’urbanisme ne
sera pas seulement, ou d’abord, une profession mais une mode de pensée, une idéologie : accepter ce qui
existe. Nous construisions de châteaux de sable. Nous nageons maintenant dans la mer qui les a balayés. »
(Koolhaas 82-83)
« L’apparent échec de l’urbain nous offre une opportunité exceptionnelle, prétexte à une frivolité nietzschéenne.
Nous devons imaginer mille et un autres concepts de ville ; nous devons prendre des risques insensés ; nous
devons oser être extrêmement a-critiques ; nous devons déglutir à fond et accorder notre pardon à gauche et à
droite. La certitude de l’échec doit être notre gaz hilarant, notre oxygène; la modernisation, notre drogue la plus
puissante. Faute d’être responsable, nous devons devenir irresponsables [...] Et si nous déclarions simplement
qu’il n’y a pas de crise, si nous redéfinissions notre relation à la ville non pas comme ses créateurs mais comme
ses simples sujets, ses partisans ? Plus que jamais, la ville est tout ce que nous avons. » (Koolhaas: 83)
« Chapitre premier.
Principes généraux de l’Architecture
Il en est de l’Architecture comme de tous les autres arts : ses principes sont fondés sur la simple nature, & dans
les procédés de celle-ci se trouvent clairement marquées les règles de celle-là. Considérons l’homme dans sa
première origine sans autre secours, sans autre guide que l’instinct naturel de ses besoins. Il lui faut un lieu de
repos. Au bord d’un tranquille ruisseau, il aperçoit un gazon ; sa verdure naissante plaît à ses yeux, son tendre
duvet l’invite, il vient, & mollement étendu sur ce tapis émaillé, il ne songe qu’à jouir en paix des dons de la
nature : rien ne lui manque, il ne désire rien. Mais bientôt l’ardeur du Soleil qui le brûle, l’oblige à chercher un
abri. Il aperçoit une forêt qui lui offre la fraîcheur de ses ombres ; il court se cacher dans son épaisseur, & le
voilà content. Cependant mille vapeurs élevées au hasard se rencontrent & se rassemblent, d’épais nuages
couvrent les airs, une pluie effroyable se précipite comme un torrent sur cette forêt délicieuse. L’homme mal
couvert à l’abri de ses feuilles, ne sait plus comment se défendre d’une humidité incommode qui le pénètre de
toute part. Une caverne se présente, il s’y glisse, & se trouvant à sec, il s’applaudit de la découverte. Mais de
nouveaux désagréments le dégoûtent encore de ce séjour. Il s’y voit dans les ténèbres, il y respire un air mal
sain, il en sort résolu de suppléer, par son industrie, aux inattentions & aux négligence de la nature.
L’homme veut se faire un logement qui le couvre sans l’ensevelir. Quelques branches abattues dans la forêt sont
les matériaux propres à son dessein. Il en choisit quatre des plus fortes qu’il élève perpendiculairement, & qu’il
dispose en carré. Au-dessus il en met quatre autres en travers ; & sur celles-ci il en
élève qui s’inclinent, & qui se réunissent en pointe de deux côtés. Cette espèce de toit
est couvert de feuilles assez serrées pour que ni le soleil, ni la pluie ne puissent y
pénétrer ; & voilà l’homme logé. Il est vrai que le froid & le chaud lui feront sentir leur
incommodité dans sa maison ouverte de toute part ; mais alors il remplira l’entre-
deux des piliers, & se trouvera garanti.
Telle est la marche de la simple nature ; c’est à l’imitation de ses procédés que l’art
doit sa naissance. La petite cabane rustique que je viens de décrire, est le modèle sur
lequel on a imaginé toutes les magnificences de l’Architecture, c’est en se
rapprochant dans l’exécution de la simplicité de ce premier modèle, que l’on évite les
défauts essentiels, que l’on saisit les perfections véritables. Les pièces de bois élevées
perpendiculairement nous ont donné l’idée des colonnes. Les pièces horizontales qui
les surmontent, nous ont donné l’idée des entablements. Enfin les pièces inclinées qui
forment le toit, nous ont donné l’idée des frontons : voilà ce que tous les Maîtres de
l’Art ont reconnu. Jamais principe ne fut plus fécond en conséquences. Il est facile
désormais de distinguer les parties qui entrent essentiellement dans la composition
d’un ordre d’Architecture, d’avec celles qui ne s’y sont introduites que par besoin, ou qui n’y ont été ajoutées
que par caprice.
C’est dans les parties essentielles que consistent toutes les beautés. Dans les parties introduites par besoin
consistent toutes les licences. Dans les parties ajoutées par caprice consistent tous les défauts : ceci demande
des éclaircissements. Je vais tâcher d’y répandre tout le jour possible.
Ne perdons point de vue notre petite cabane rustique. Je n’y vois pas que des colonnes, un plancher ou
entablement, un toit pointu dont les deux extrémités forment chacune ce que nous nommons un fronton.
Jusqu’ici point de voûte, encore moins d’arcade, point de piédestal, point d’attique, point de porte même, point
de fenêtre. Je conclus & je dis : Dans tout ordre d’Architecture, il n’y a que la colonne, l’entablement et le
fronton qui puissent entrer essentiellement dans sa composition. Si chacune de ces trois parties se trouve placée
dans la situation & avec la forme qui lui convient, il n’y aura rien à ajouter pour que l’ouvrage soit parfait. Il
nous reste en France un très beau monument des Anciens, c’est ce qu’on appel à Nîmes la Maison Carrée.
Connaisseurs ou non connaisseurs, tout le monde admire la beauté de cet édifice. Pourquoi ? parce que tout y
est selon les vrais principes de l’Architecture. Un carré long où trente colonnes supportent un entablement & un
toit terminé aux deux extrémités par un fronton, voilà tout ce dont il s’agit : cet
assemblage a une simplicité & une noblesse qui frappe tous les yeux. Entrons dans
le détail des parties essentiels à un ordre d’Architecture. »
« Les hommes primitifs naissaient, comme les animaux sauvages, dans les forêts, dans les grottes, dans les bois
et n'avaient d'autre nourriture pour vivre que les aliments offerts par la nature. Il arriva quelque part que des
arbres, en masse serrée, battus à coups redoublés par les vents des tempêtes, frottant leurs branches les uns
aux autres, firent jaillir le feu : terrifiés par cette flamme violente, ceux qui étaient près de cet endroit
s'enfuirent. Puis, quand le phénomène s'apaisa, ils s'approchèrent et, constatant le grand bien-être que donnait
à leur corps la tiédeur du feu, ils l'entretinrent en y ajoutant du bois, firent s'approcher d'autres hommes et, le
leur indiquant par des signes, ils leur firent comprendre quelle pouvait en être l'utilité. Les hommes qui, ainsi
rassemblés, émettaient des sons formés par leur souffle, fixèrent des mots, tels qu'ils les avaient produits dans
leur pratique quotidienne, et il advint ensuite, comme conséquence, qu'en désignant de manière répétée les
choses d'usage courant, ils commencèrent à parler et créèrent ainsi un langage commun. »
« La découverte du feu ayant donc été à l'origine des premiers groupements humains, des relations entre
individus et d'une vie commune, et les hommes qui se rassemblaient en un même lieu ayant, par rapport aux
autre êtres animés, le privilège aussi d'utiliser leurs mains et leurs doigts pour réaliser facilement toutes sortes
de choses, certains des hommes ainsi réunis entreprirent de faire des abris avec des feuillages, d'autres de
creuser des grottes au creux des montagnes, quelques-uns, imitant la manière dont les hirondelles bâtissent
leurs nids, de se faire un refuge avec de la boue et des branchages. Puis observant les abris des autres et
apportant du nouveau à ce qu'ils avaient eux-mêmes imaginé, ils amélioraient de jour en jour leurs types de
cabanes. Comme ces hommes étaient portés, par nature, à imiter et à s'instruire, fiers de ce qu'ils avaient
trouvé, ils se montraient chaque jour les uns aux autres ce qu'ils avaient réussi à bâtir et, stimulant par
l'émulation leur ingéniosité, ils devenaient de jour en jour plus avisés. »
Laugier Vitruve
Seulement une cabane rustique comme Premières expériences de constructions
modèle multiples
Homme seul => pas collaboratif Création architecture : projet collaboratif
« La conclusion que nous pouvons donc tirer de ces exemples est que tels furent bien, dans les temps anciens,
les modes d'invention de l'art de bâtir. En développant chaque jour davantage leur habilité manuelle comme
constructeurs et en stimulant leur ingéniosité d'esprit, ces hommes acquirent à l'usage la maîtrise de leur art.
Comme il s'ajoutait à cela qu'ils mettaient aussi beaucoup de cœur à l'ouvrage, le résultat fut que ceux qui
étaient les plus actifs dans ces travaux purent se présenter comme des hommes du métier. Telle ayant donc été
cette histoire originelle et la nature, non seulement ayant doté la race humaine de sens, comme les autres êtres
animés, mais lui ayant donné aussi les armes de la pensée et de la réflexion, et ayant soumis à son pouvoir les
autres êtres animés, les hommes s'élevèrent, par étapes, de la construction d'habitations jusqu'aux autres arts
et sciences, assurant le passage, d'une vie sauvage et rude, à l'état de la civilisation. »
« Enrichissant alors leur esprit et développant des projets de conception plus complexe - fruit de la diversité des
arts - ils entreprirent de réaliser, non des cabanes, mais des maisons sur fondations, construites avec des murs
de brique ou de pierre et couvertes d'une charpente et de tuiles. Les observations tirées de leurs activités les
amenèrent ensuite, de critères flottants et vagues, à des principes nets d'harmonie relationnelle. Quand ils
eurent remarqué que la nature produisait des matériaux en quantité et qu'elle offrait d'abondantes ressources
pour construire, ils les exploitèrent, assurant ainsi une vie de qualité, belle et séduisante, rendue meilleure
encore grâce aux arts. »
Conclusion
o C’est l’architecture (les bâtiments), non le feu, qui a rassemblé les hommes
Expression et fondatrice-même de la société
o Cabane rustique pour théoriser l’architecture comme origine de la société.
Il part d’un élément et nomme déjà des dérivations, il ne restreint pas les choses à une
forme.
Ex. Pour lui la colonne (un élément en plus) est une partie du mur et la colonnade est un
mur ouvert.
Laugier Alberti
Se limite qu’au bâtiment même Ne se limite pas aux composant du
bâtiment même
Parle du contexte, implantation
Architecture doit former lineamenti
du territoire
Trattato di architectura
“Now we [must] look at the origin of the building, the need it was first invented to fulfill, then in what way these
measures are used in its construction. Therefore, we will relate, as I have told you, first of all whence derive the
first origins of the building and how building was discovered – this according to my opinion, the opinion of
others, probability, and the sayings of skillful men. In the proper place I shall state them in such a way that you
will understand them to be true.
There is no doubt that architecture was invented by man, but we cannot be certain who was the first man to
build houses and habitations. It is to be believed that when Adam was driven out of Paradise, it was raining.
Since he had nothing else at hand to cover [himself], he put his hands over his head to protect himself from the
rain. Since he was constrained by necessity to [find his] living, both food and shelter, he had to protect himself
from bad weather and rain. Some say that before the Flood there was no rain. I incline to the affirmative, [for,]
if the earth was to produce its fruits, it had to rain. Since both food and shelter are necessary to the life of man,
it is to be believed for this reason that after Adam had made a roof of his hands and had considered the need
for his sustenance, he thought and contrived to make some sort of habitation to protect himself from the rain
and also from the heat of the sun. When he recognized and understood his need, we can believe that he made
some sort of shelter of branches, or a hut, or perhaps some cave where he could flee when he needed. If such
were the case, it is probable that Adam was the first.
You could say, but how could he make this shelter since he did not yet have iron? I would reply to this with two
arguments, that is, just as he did his best to survive through the grace that God gave him, or by his own acts, so
did he strive to construct a shelter. Just as he instinctively put his hands over his head, so was he able to break
branches and in the same way cut them in pieces bit by bit and then stick them into the earth and make a
shelter. Either he did it this way or he did not. According to my opinion, it seems to me that he was the first to
invent habitation, that is, either a house or, if you prefer, a hut. It is true that Vitruvius says that the first to
invent habitations were those first men who lived in the forests and made themselves huts and grottoes as best
they could. However it was, I believe that Adam was the first for the reasons named above. Whoever it was, it is
certain that the first origins derived from the necessity for survival.” (Filarete 1965, book I, f.4v)
- Élément verticaux pour supporter le toit => donner forme aux colonnes
- Avec le temps forme évolué suite à l’observation du corps humain
Mesure, forme et proportion
Propre corps comme référence : le corps le plus parfait (Adam, le plus bel homme
crée par dieu) comme modèle : ce sont des proportions divine
- Que le dorique, ionique et corinthien sont ok.
Le Corbusier (1887-1965)
En utilisant mesures, prises par corps humain, et tracé régulateur qu’on crée des
bâtiments en harmonie avec les humains et qui les émeuvent.
« L’homme primitif a arrêté son chariot, il décide qu’ici sera son sol. Il choisit une clairière, il abat les arbres trop
proches, il aplanit le terrain alentour ; il ouvre le chemin qui le reliera à la rivière ou à ceux de sa tribu qu’il vient
de quitter ; il fonce les piquets qui retiendront sa tente. Il entoure celle-ci d’une palissade dans laquelle il
ménage une porte. Le chemin est aussi rectiligne que le lui permettent ses outils, ses bras et son temps. Les
piquets de sa tente décrivent un carré, un hexagone ou un octogone. La palissade forme un rectangle dont les
quatre angles sont égaux, sont droits. La porte de la hutte ouvre dans l’axe de l’enclos et la porte de l’enclos fait
face à la porte de la hutte. »
« Les hommes de la tribu ont décidé d’abriter leur dieu. Ils le disposent en un endroit d’un espace proprement
aménagé ; ils le mettent à l’abri sous une hutte solide et ils foncent les piquets de la hutte, en carré, en
hexagone, en octogone. Ils protègent la hutte par une palissade solide et foncent les piquets où viendront se
haubaner les cordes des hauts poteaux de la clôture. Ils déterminent l’espace qui sera réservé aux prêtres et
installent l’autel et les vases du sacrifice. Ils ouvrent un portail dans la palissade et le mettent dans l’axe de la
porte du sanctuaire. »
« Voyez, dans le livre de l’archéologue, le graphique de cette hutte, le graphique de ce sanctuaire : c’est le plan
d’une maison, c’est le plan d’un temple. C’est le même esprit qu’on retrouve dans la maison de Pompéi. C’est
l’esprit même du temple de Louqsor. Il n’y a pas d’homme primitif ; il y a des moyens primitifs. L’idée est
constante, en puissance dès le début. »
Il n’y a pas de différence entre construction d’une maison et d’un temple, pas de
différence entre la manière de faire de l’homme ou de l’homme primitif.
Les mythes d’origine sont pour lui une manière de critiquer ses contemporains qui
font n’importe quoi. (Wagner peut-être aussi)
Architecture est basée sur des besoins constants : un acte humain constant.
« Remarquez sur ces plans, qu’une mathématique primaire les régit. Il y a des mesures. Pour construire bien,
pour bien répartir les efforts, pour la solidité et l’utilité de l’ouvrage, des mesures conditionnent le tout. Le
constructeur a pris pour mesure ce qui lui était le plus facile, le plus constant, l’outil qu’il pouvait perdre le
moins : son pas, son pied, son coude, son doigt.
Pour construire bien et pour répartir ses efforts, pour la solidité et l’utilité de l’ouvrage, il a pris des mesures, il a
admis un module, il a réglé son travail, il a apporté l’ordre. Car, autour de lui, la forêt est en désordre avec ses
lianes, ses ronces, ses troncs qui le gênent et paralysent ses efforts.
Il a mis de l’ordre en mesurant. Pour mesurer il a pris son pas, son pied, son coude ou son doigt. En imposant
l’ordre de son pied ou de son bras, il a créé un module qui règle tout l’ouvrage ; et cet ouvrage est à son échelle,
à sa convenance, à ses aises, à sa mesure. Il est à l’échelle humaine. Il s’harmonise avec lui : c’est le principal. »
Filarete vs le Corbusier
Filarete (Renaissance) Corbusier (Modernisme)
Ordre et proportion : corps humain Pas de promotion divine
Mesures prise par l’homme
/ Question de construire à l’échelle humaine
et en harmonie avec l’humain
A l’aide du Modulor
Il utilise par instinct les figures géométriques les plus simples et claires
Géométrie= langage de l’homme
Dès le moment ou on taille des choses, ce n’est plus le désordre de la nature, on
commence à faire de qu’architecture
Mesures : œuvres unificatrices
Tracés régulateurs : œuvres satisfont l’esprit
"La construction est pour faire tenir ; l’architecture, c’est pour émouvoir"
Question qu’on peut se poser :
Est-ce qu’on peut toujours trouver des rapports, alignements ?
6. Synthèse
Vitruve, De architectura libri decem, ca.15 avant JC.
L’architecture et la société
Le développement d’un art de bâtir.