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Sous la direction de Michel Bléry

Imagerie
post-thérapeutique
en oncologie
Ouvrage réalisé sous l'égide de
La Société Française de Radiologie
La Société Française de Médecine Nucléaire
La Société Française de Radiothérapie Oncologique

À l'occasion du 60 e anniversaire du Centre Antoine Béclère

Direction d'ouvrage
Alain Luciani

Coordination
Société Française de Médecine Nucléaire : Frédéric Courbon
Société Française de Radiothérapie Oncologique :
Fabrice Denis, Yoann Pointreau
Société Française de Radiologie : Alain Luciani
Ce logo a pour objet d'alerter le lecteur sur la menace que représente pour l'avenir de
DANGER l'écrit, tout particulièrement dans le domaine universitaire, le développement massif du
« photo-copillage ». Cette pratique qui s'est généralisée, notamment dans les établisse-
ments d'enseignement, provoque une baisse brutale des achats de livres, au point que la
possibilité même pour les auteurs de créer des œuvres nouvelles et de les faire éditer cor-
rectement est aujourd'hui menacée.
LE Nous rappelons donc que la reproduction et la vente sans autorisation, ainsi que le recel,
sont passibles de poursuites. Les demandes d'autorisation de photocopier doivent être
PHOTOCOPILLAGE adressées à l'éditeur ou au Centre français d'exploitation du droit de copie : 20, rue des
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ISBN : 978-2-294-73840-1
Elsevier Masson SAS, 62, rue Camille-Desmoulins, 92442 Issy-les-Moulineaux cedex
www.elsevier-masson.fr
Liste des collaborateurs
Alberini J.-L., service de médecine nucléaire, Daly-Schveitzer N., département de radiothéra-
hôpital Huguenin, Université Versailles pie, institut Gustave Roussy, Villejuif.
St-Quentin (UVSQ). De Bazelaire C., service de radiologie, hôpital
Ammari S., service d'imagerie diagnostique, Saint-Louis, Paris.
Institut Gustave Roussy, Villejuif. De Kerviler E., service de radiologie, hôpital
Balleyguier C., service d'imagerie diagnostique, Saint-Louis, Paris.
Institut Gustave Roussy, Villejuif. Delanian S., service de cancérologie-radiothéra-
Barthélémy P., Département d'hématologie et pie, hôpital Saint-Louis, Paris.
d'oncologie, hôpital de Hautepierre, CHU Destrieux C., service de neurochirurgie, hôpital
Strasbourg. Bretonneau, CHRU Tours.
Belhadj K., service de radiothérapie, CHU Henri Dubray B., département de radiothérapie et phy-
Mondor – Albert Chenevier, Créteil. sique médicale, CLCC Henri Becquerel, Rouen.
Benyoucef A., département de radiothérapie et Dubrulle F., service de radiologie, hôpital Claude
physique médicale, CLCC Henri Becquerel, Huriez, CHU Lille.
Rouen. Fakhry N., Service de chirurgie ORL, hôpital de
Bidault F., service d'imagerie diagnostique, insti- la Timone, CHU Marseille.
tut Gustave Roussy, Villejuif. Feydy A., service de radiologie ostéoarticulaire,
Bonardel G., service de médecine nucléaire, HIA hôpital Cochin, Université Paris-Descartes, Paris.
du Val-de-Grâce, Paris. Ghouti L., service de chirurgie digestive, hôpital
Cazals X., service de radiologie générale, neuro- Purpan, CHU Toulouse.
radiologie diagnostique et thérapeutique, hôpital Giraud P., Université Paris Descartes, service
Bretonneau, CHRU Tours. d'oncologie radiothérapie, hôpital européen
Chalaye J., service de médecine nucléaire, CHU Georges Pompidou, Paris.
Henri Mondor – Albert Chenevier, Créteil. Groheux D., service de médecine nucléaire,
Chapet S., service de radiothérapie, hôpital hôpital Saint-Louis, Paris.
Bretonneau, CHRU Tours. Haie-Meder C., service de radiothérapie, Institut
Chevalier A., département d'oncologie gynéco- Gustave Roussy, Villejuif.
logique, centre Oscar Lambret, Lille. Herin E., service d'imagerie médicale, CHU
Chevalier D., oto-rhino-laryngologie et chirurgie Henri Mondor – Albert Chenevier, Créteil.
cervico-faciale, hôpital Claude Huriez, CHU Itti E., service de médecine nucléaire, CHU
Lille. Henri Mondor – Albert Chenevier, Université
Cottier J.-P., service de radiologie générale, neu- Paris-Est-Créteil, Créteil.
roradiologie diagnostique et thérapeutique, hôpi- Jausset F., service de radiologie adultes, CHU
tal Bretonneau, CHRU Tours. Vandœuvre-lès-Nancy.
Courbon F., département d'imagerie, institut Kolesnikov-Gauthier H., unité de médecine
Claudius Regaud, Toulouse. nucléaire, Centre Oscar Lambret, Lille.
VI Liste des collaborateurs

Koning E., département d'imagerie médicale, Quéro L., service de cancérologie-radiothérapie,


hôpital Charles Nicolle, CHU Rouen. hôpital Saint-Louis, Paris.
Kraeber-Bodéré F., service de médecine nucléaire, Rahmouni A., service d'imagerie médicale, CHU
ICO Nantes-Atlantique, Saint-Herblain, CRCNA Henri Mondor – Albert Chenevier, Université
Inserm U892, Nantes. Paris-Est-Créteil, Créteil.
Lagrange J.-L., service de radiothérapie, CHU Raimbault A., service de radiologie générale,
Henri Mondor – Albert Chenevier, université neuroradiologie diagnostique et thérapeutique,
Paris-Est-Créteil, Créteil. hôpital Bretonneau, CHRU Tours.
Langer A., service de radiodiagnostic, hôpital Renard-Penna R., service d'imagerie médicale,
Huguenin, département d'imagerie, institut hôpital Pitié-Salpêtrière, Paris.
Curie, centre de recherche et de lutte contre le Reyre A., service d'imagerie diagnostique et vas-
cancer, Saint-Cloud. culaire interventionnelle, hôpital de la Timone,
Laurent F., université Bordeaux2-Victor Segalen, CHU Marseille.
Inserm U1055, Imagerie diagnostique et théra- Ribeiro M., service de médecine nucléaire et
peutique, hôpital du Haut Lévêque, Pessac. ultrasons, hôpital Bretonneau, CHRU Tours.
Laurent V., service de radiologie adultes, hôpi- Rousseau C., service de médecine nucléaire, ICO
taux de Brabois, CHU Vandœuvre-lès-Nancy. Nantes-Atlantique, Saint-Herblain, CRCNA
Lauvin M.-A., service de radiologie générale, Inserm U892, Nantes.
neuroradiologie diagnostique et thérapeutique, Roy C., service de radiologie B, nouvel hôpital
hôpital Bretonneau, CHRU Tours. civil, CHU Strasbourg.
Leblanc E., département d'oncologie gynécolo- Rust E., service de biophysique et médecine
gique, Centre Oscar Lambret, Lille. nucléaire, hôpital de Hautepierre, CHU
Legou F., service de radiologie adultes, hôpitaux Strasbourg.
de Brabois, CHU Vandœuvre-lès-Nancy. Savoye-Collet C., département d'imagerie médi-
Luciani A., service d'imagerie médicale, CHU cale, hôpital Charles Nicolle, CHU Rouen.
Henri Mondor – Albert Chenevier, Université Simon J.-M., service de radiothérapie, hôpital
Paris-Est-Créteil, Créteil. Pitié-Salpêtrière, Paris.
Michaud L., service de médecine nucléaire, hôpi- Souillard-Scemama R., imagerie morphologique
tal Tenon, Paris. et fonctionnelle, hôpital Sainte-Anne, Paris.
Oldrini G., service de radiologie, institut de can- Taïeb S., département d'imagerie, Centre Oscar
cérologie de Lorraine, Vandœuvre-lès-Nancy. Lambret, Lille.
Oliver A., service de radiologie adultes, hôpitaux Thureau S., département de radiothérapie et
de Brabois, CHU Vandœuvre-lès-Nancy. physique médicale, laboratoire QuantIF (EA4108
Olivier P., service de médecine nucléaire, hôpi- – LITIS), CLCC Henri Becquerel, Rouen.
taux de Brabois, CHU Vandœuvre-lès-Nancy. Varoquaux A., service d'imagerie diagnostique et
Paycha F., service de médecine nucléaire, hôpital vasculaire interventionnelle, hôpital de la Timone,
Lariboisière, Paris. CHU Marseille.
Peiffert D., service de radiothérapie – centre anti- Vera P., départements de médecine nucléaire et
cancéreux, hôpitaux de Brabois, CHU radiothérapie & laboratoire QuantIF (EA4108 –
Vandœuvre-lès-Nancy. LITIS), CLCC Henri Becquerel, Rouen.
Pernin M., service de radiologie adultes, hôpi- Wong-Hee-Kam S., service de radiothérapie,
taux de Brabois, CHU Vandœuvre-lès-Nancy. hôpital Saint-Louis, Paris.
Pointreau Y., service de radiothérapie, hôpital
Bretonneau, CHRU Tours.
Remerciements

Chapitre 1 : Imagerie post-thérapeutique des Chapitre 9 : Aspect post-thérapeutique du can-


gliomes de haut grade. cer de la prostate.
Relecture de Rémy Guillevin et Jérôme Hodel. Relecture de Mélanie Chiaradia.
Chapitre 2 : Aspects post-thérapeutiques des Chapitre 12 : Imagerie post-thérapeutique des
carcinomes épidermoïdes de l’oropharynx de la sarcomes des parties molles.
cavité buccale. Relecture de Laurence Bozec, Alain Labib et Guy
Contribution à l'iconographie Minerva Becker, Kantor.
relecture de Angeliki Aliannou, Vincent Lenoir. Chapitre 14 : Lymphomes : principes théra-
Département d'imagerie et des sciences de l'infor- peutiques et imagerie post-thérapeutique.
mation médicale, HUG, Genève, Suisse.
Relecture du Dr Qiong Allab-Pan.

Remerciements à Frédéric Roz pour le travail éditorial en lien avec les référents de chaque société.
Introduction

Les vœux des fondateurs du Centre Antoine années qui suivent dans la recherche des récidive
Béclère étaient de rassembler les imagiers et les locales et des métastases et les modifications tissu-
thérapeutes utilisateurs des rayons X. laires liées aux séquelles et complications. Les ana-
À l'occasion du 60e anniversaire du Centre lyses morphologiques mais aussi fonctionnelles
Antoine Béclère, la Société Française de Radiologie devenant indispensables dans l'appréciation des
a proposé à la Société Française de Médecine résultats thérapeutiques.
Nucléaire et à la Société Française de Radiothérapie La connaissance par chacun des techniques des
Oncologique de participer à un ouvrage commun autres spécialités, de leurs limites, de leur efficacité
sur l'imagerie post-thérapeutique en oncologie. est indispensable, la gravité des décisions post-­
Le Centre Antoine Béclère ne pouvait que sous- thérapeutiques, leur impact sur le patient et son
crire à cette initiative qui permettait à la fois de entourage, le coût pour la collectivité montrent la
souder des équipes sur un travail commun et de nécessité d'une parfaite appréciation de l'imagerie
montrer l'évolution des idées et les perspectives post-thérapeutique.
dans un domaine parfois mal connu. Alain Luciani, Un grand merci aux auteurs pour la qualité de leur
Fabrice Denis, Yoann Pointreau et Frédéric travail, la rapidité de leur exécution. Merci aux dif-
Courbon ont su coordonner les équipes et, dans férentes sociétés savantes d'avoir si spontanément
un délai très limité, aboutir à la rédaction d'une répondu favorablement à l'élaboration de cette
monographie qui fera date. monographie qui doit devenir un outil indispen-
Il était important que les spécialistes reconnus de sable aux spécialistes radiodiagnosticiens, méde-
leur discipline montrent la place actuelle des exa- cins nucléaires et oncologues radiothérapeutes.
mens d'imagerie dans le suivi des patients. Ce suivi
est essentiel non seulement en phase post-théra- François Eschwège
peutique immédiate mais dans les mois et les Président du Centre Antoine Béclère
Préface de la Société
Française de Radiologie
À l'occasion du soixantième anniversaire du centre ment, suivi post-thérapeutique – nous participons
Antoine Béclère, la SFR est heureuse d'avoir réuni à la diminution de la mortalité et à l'amélioration
des experts français de médecine nucléaire, radio- de la survie des patients atteints de cancer.
logie et radiothérapie pour rédiger cette mono- Dans le domaine de la recherche, l'imagerie fonc-
graphie sur l'imagerie post-thérapeutique en tionnelle et moléculaire est devenue incontour-
oncologie. nable pour l'évaluation de nouveaux traitements
Médecins unis par la pensée que nous pouvons et pour améliorer la balistique en radiothérapie ou
améliorer le service médical rendu aux patients par en imagerie interventionnelle. Les traitements
les méthodes d'imagerie, nous œuvrons à leur sont ainsi de plus en plus personnalisés : l'identifi-
perfectionnement, leur application et leur diffu- cation par l'imagerie de paramètres de réponses
sion dans le cadre des bonnes pratiques médicales aux traitements du cancer souvent plus précoces
issues de la recherche. C'est dans l'esprit du guide que les éléments clinico-biologiques sont désor-
du bon usage des examens d'imagerie (gbu.radio- mais au cœur des essais thérapeutiques. Avec nos
logie.fr) actualisé cette année que s'inscrit cette collègues oncologues, cliniciens, anatomo-­
volonté d'utiliser au mieux les techniques d'ima- pathologistes et chirurgiens, nous cherchons dans
gerie, en limitant l'exposition aux radiations ioni- les réunions de concertation pluri-disciplinaires les
santes, en encourageant le recours aux techniques meilleures décisions pour chaque malade.
d'IRM dans l'imagerie du cancer, et en travaillant Remercions les auteurs qui, au travers de ces
sur l'intégration des techniques d'imagerie fonc- 14 chapitres, nous font partager certains des pro-
tionnelle et d'imagerie hybride dans la prise en grès les plus marquants de ces dernières années et
charge des patients en oncologie. nous font entrevoir comment les recherches
Présents à chaque étape de la lutte contre le can- actuelles pourront modifier nos pratiques et nos
cer – prévention, dépistage, diagnostic, traite- organisations futures.

Alain Luciani Jean-Pierre Pruvo Jean-François Méder


Préface de la Société
Française de Radiothérapie
Oncologique

Il convient de saluer ici l'initiative qui a conduit thérapie concerne 175 000 patients par an et plus
les auteurs de ce projet à proposer à l'occasion du de 40 % des cancers guéris le sont grâce à la radio-
60e anniversaire du centre Antoine Béclère, une thérapie, seule ou associée à la chirurgie ou à la
monographie sur le thème de l'imagerie post-thé- chimiothérapie. Tous les patients traités sont
rapeutique en oncologie. En effet, s'il existe une ensuite suivis, réglementairement au moins
littérature scientifique abondante sur la place de annuellement pendant cinq ans, et souvent au-
l'imagerie dans le dépistage, le diagnostic et le delà. L'imagerie, sous ses différentes modalités, a
bilan initial de la plupart des cancers, l'interpréta- une place essentielle dans ce suivi et son interpré-
tion et la place de l'imagerie dans le suivi post thé- tation doit prendre en compte les évolutions des
rapeutique restent un sujet difficile et moins bien techniques de radiothérapie. La SFRO, qui depuis
documenté, singulièrement après radiothérapie. sa fondation en 1990, regroupe les oncologues
L'imagerie a pourtant une place essentielle pour radiothérapeutes français autour de ses missions
l'évaluation du contrôle local de la maladie, la scientifiques, notamment de formation et d'élabo-
recherche de récidives ou de métastases à distance, ration de référentiels de bonne pratique, se devait
l'évaluation des séquelles éventuelles et le dia- de s'associer à ce projet.
gnostic différentiel entre séquelle et récidive. Une monographie regroupant les trois sociétés
Comme l'imagerie et ses techniques, la radiothé- scientifiques SFR, SFMN et SFRO est donc la
rapie a bénéficié de progrès importants et rapides bienvenue. Gageons que cet ouvrage fera réfé-
ces dernières années (radiothérapie conformation- rence sur cette thématique difficile.
nelle avec modulation d'intensité, radiothérapie
stéréotaxique, radiothérapie guidée par l'image, Bruno Chauvet
synchronisation respiratoire) qui ont augmenté Président de la Société Française de
son efficacité et amélioré sa tolérance. La radio- Radiothérapie Oncologique
Préface
de la Société Française
de Médecine Nucléaire

La SFMN (Société Française de Médecine du métabolisme, du fonctionnement cellulaire et de


Nucléaire et d'imagerie moléculaire) est une la physiologie humaine.
société savante regroupant des spécialistes franco- L'imagerie nucléaire, comme l'imagerie en géné-
phones dans le but de promouvoir la Médecine ral, a vu s'ouvrir ces vingt dernières années un
Nucléaire. Elle forme avec le Collège National des champ considérable et un développement crois-
Enseignants en Biophysique et Médecine sant dans le domaine de l'oncologie. Cet essor
Nucléaire (CNEBMN), le Syndicat National de porté avant tout (mais pas seulement) par l'accès à
Médecine Nucléaire (SNMN) et l'Association la TEP (tomographie par émission de positons) et
Nationale des Assistants et Internes en Médecine au 18F-FDG (fluorodéoxyglucose marqué au fluor
Nucléaire (ANAIMEN), le Conseil National 18), s'explique par un besoin clinique d'aborder la
Professionnel (CNP) de Médecine Nucléaire. maladie cancéreuse non plus seulement dans son
La Médecine Nucléaire fait appel à plusieurs caté- acception première de « tumeur » qui envahit et
gories de personnel : médecins, biologistes, radio- détruit, mais à travers toutes ses dimensions biolo-
pharmaciens, radiophysiciens, spécialistes en giques et cellulaires récemment élucidées. A ce
radioprotection, ingénieurs, techniciens (manipu- titre l'imagerie moléculaire s'avère un outil très
lateurs, infirmiers, techniciens de laboratoire). performant de transfert des connaissances fonda-
mentales, en pleine explosion, de la carcinogé-
L'imagerie nucléaire est une modalité de l'imagerie
nèse, vers la clinique et le service rendu aux
que l'on peut qualifier de « biologique » ou de « molé-
patients.
culaire ». Elle permet de visualiser in vivo, sous forme
d'images, de multiples processus biochimiques et Ceci est particulièrement vrai pour le suivi théra-
biologiques caractéristiques du vivant, et ce à une peutique. Par là il faut entendre l'évaluation de la
échelle cellulaire et moléculaire. Ainsi la médecine maladie résiduelle, l'évaluation de la réponse aux
nucléaire, qui repose sur l'utilisation de médicaments traitements, plus encore la prédiction de cette
radiopharmaceutiques (MRP), se définit comme une réponse, et bien sûr la détection précoce des réci-
méthode d'exploration des processus métaboliques, dives. La médecine nucléaire propose des outils
physiologiques et physiopathologiques. Spécialité innovants pour contribuer à la réponse à ces ques-
fondée sur la notion de biologie et de biochimie tions, en apportant des informations originales,
in vivo, elle repose sur une connaissance approfondie notamment quantitatives, complémentaires des
XVI Préface de la Société Française de Médecine Nucléaire

autres modalités d'imagerie. La TEP est l'exemple post-thérapeutique en oncologie, illustration


même de cette synergie avec les explorations emblématique de l'apport de l'imagerie à la méde-
radiologiques, mais ceci concerne également cine moderne.
l'imagerie monophotonique, utilisant des MRP
marqués au technétium 99m.
La SFMN est particulièrement heureuse d'avoir Jean Philippe Vuillez
pu contribuer, avec la SFR et la SFRO, à la rédac- Président de la Société Française de
tion de cette monographie consacrée à l'imagerie Médecine Nucléaire
Abréviations

5FU 5-fluoro-uracile
aaIPI Age-adjusted International Prognostic Index
ABC Activated B Cell
ABVD Doxorubicine, bléomycine, vinblastine, dacarbazine
ABVPP Doxorubicine, bléomycine, vinblastine, procarbazine, prednisone
ACE Antigène carcino-embryonnaire
ACR American College of Radiology
ACVBP Doxorubicine, cyclophosphamide, vincristine, bléomycine et prednisone
ADC Apparent Diffusion Coefficient
ADN Acide désoxyribonucléique
AFP Alphafœtoprotéine
AFU Association française d'urologie
ALAT Alanine-aminotransférases
AMM Autorisation de mise sur le marché
ANOCEF Association des neuro-oncologues d'expression française
ANSM Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé
ASAT Aspartate-aminotransférases
ASL Arterial Spin Labeling
BCNU Bis-chloroéthyl nitroso-urée
BEACOPP Bléomycine, étoposide, doxorubicine, cyclophosphamide, vincristine,
procarbazine, prednisone
BF Blood Flow
BHE Barrière hématoencéphalique
BPTM Buccopharyngectomie transmandibulaire
BSA Body Surface Area
BSGI Breast Specific Gamma Imaging
BV Blood Volume
CA Carbohydrate Antigen
CA-CP Commissure antérieure – commissure postérieure
CBNPC Carcinome bronchique non à petites cellules
CC Craniocaudale (incidence)
CCAFU Comité de cancérologie de l'Association française d'urologie
XVIII Abréviations

CCCR Clear Cell Renal Carcinoma


CCI Carcinome canalaire infiltrant
CCIS Carcinome canalaire in situ
CEL Chimioembolisation lipiodolée
CHC Carcinome hépatocellulaire
CHEP Cricohyoïdoépiglottopexie
Cho Choline
CHP Cricohyoïdopexie
CHU Centres hospitalo-universitaires
CISS Constructive Interference in Steady State
CLCC Centre de lutte contre le cancer
CLI Cancer lobulaire infiltrant
COPP Cyclophosphamide, vincristine, procarbazine, prednisone
CP Capillary Permeability
CR Complete Response
Cr Créatinine
CT Chimiothérapie
CTCAE Common Terminology Criteria for Adverse Events
CTV Clinical Target Volume (volume cible anatomoclinique)
CTV-HR Clinical Target Volume – High Risk
CTV-IR Clinical Target Volume – Intermediate Risk
CZT Cadmium Zinc Telluride
DCE Dynamic Contrast Enhanced
DLBCL Diffuse Large B-Cell Lymphoma
DRR Digitally Reconstructed Radiograph
DWI Diffusion Weighted Imaging
DWIBS Diffusion Weighted Imaging with Background body Signal suppression
EASL European Association for the Study of the Liver
EBVP Épirubicine, bléomycine, vinblastine, prednisone
ECOG Eastern Cooperative Oncology Group
EER Échographie endorectale
EF Extended Field
EFRT Extended Field Radiation Therapy
EFS Event Free Survival
EGF Epidermal Growth Factor
EMG Électromyogramme
EORTC European Organisation for Research and Treatment of Cancer
EPI Echo Planar Imaging
ESMO European Society for Medical Oncology
A bréviations XIX

ESTRO European Society for Radiotherapy and Oncology


FA Fraction d'anisotropie
FDA Food and Drug Administration
FDG Fluorodéoxyglucose
FES Fluoro-œstradiol
FET Fluoroéthyl-tyrosine
FFProg Free From Progression
FFTF Freedom From Therapeutic Failure
FIGO Fédération internationale des gynécologues et obstétriciens
Flair Fluid Attenuated Inversion Recovery
FLT Fluorothymidine
Fna Fluorure de sodium
FOV Field of View
FS Fast Saturation
FSE Fast Spin Echo
GA Grand axe
GB Genome Biology
GCB Germinal Center B-Cell
GEC Groupe européen de curiethérapie
GELA Groupe d'étude des lymphomes de l'adulte
GHSG German Hodgkin Study Group
GIDEON Global Investigation of therapeutic Decisions in hepatocellular carcinoma and
its ­treatment with sorafenib
GIST Gastrointestinal Stromal Tumor
GRECCAR Groupe de recherche chirurgicale sur le cancer du rectum
GRPR Gastrin Releasing Peptide Receptor
GTV Gross Tumor Volume (volume cible macroscopique)
Gy Gray (symbole des unités de mesure de dose absorbée du Système international)
HAS Haute autorité de santé
HDV Histogramme dose-volume
HIF Hypoxia Inducible Factor
HIFU High Intensity Focused Ultrasound
HP Hauteur du pic
HTA Hypertension artérielle
ICRU International Commission on Radiation Units and Measurements
IFN Interféron
IFRT Involved Field Radiadiation Therapy
IGF Insulin-like Growth Factor
IHP International Harmonization Project
XX Abréviations

IL Interleukine
INCA Institut national du cancer
INR International Normalized Ratio
INRT Involved Nodes Radiation Therapy
InVS Institut de veille sanitaire
IPI International Prognostic Index
IPS International Prognostic Score
IRM Imagerie par résonance magnétique
IV Intraveineuse
LBDGC Lymphome B diffus à grandes cellules
LCC Left Craniocaudal
LCS Liquide cérébrospinal
LDH Lactate-déshydrogénase
LEMP Leucoencéphalopathie multifocale progressive
LHRH Luteinizing Hormone Releasing Hormone
LML Left Medial Lateral
LMLO Left Mediolateral Oblique
LNH Lymphome non hodgkinien
MAP Mitogen Activated Proteins
MdH Maladie de Hodgkin
MGMT O-6-méthylguanine-DNA-méthyltransférase
MIBI Méthoxy-isobutylisonitrile
MIP Maximum Intensity Projection
MLO Médiolatérale oblique (incidence)
MOPP Méchlorétamine, vincristine, procarbazine, prednisone
MOPP/ABV méchloréthamine, vincristine, procarbazine, prednisone/doxorubicine,
bléomycine, vinblastine
MPM Mésothéliome pleural malin
MPR Multiplanar Reformation
MRI Magnetic Resonance Imaging
mTOR mammalian Target Of Rapamycin
MTT Mean Transit Time
NAA N-acétylaspartate
NASH Non-Alcoholic Steatohepatitis
NCCN National Comprehensive Cancer Network
NCI National Cancer Institute
NSABP National Surgical Adjuvant Breast and Bowel Project
OMS Organisation mondiale de la santé
OS Overall Survival
Abréviations XXI

PA Petit axe
PD Progression Disease
PDC Produit de contraste
PDGF Plateled Derived Growth Factor
PEM Position Emission Mammography
PFS Progression-Free Survival
PHRC Programme hospitalier de recherche clinique
PI3K Phospho-inositide-kinase
PNI Pneumopathie non infectieuse
PP Pseudo-progression
PRS Pourcentage relatif de récupération du signal
PS Performance Status
PSA Prostate Specific Antigen
PTV Planning Target Volume (volume cible de planification)
QIE Quadrant inféroexterne
QII Quadrant inféro-interne
QSE Quadrant supéroexterne
RANO Response of Assessment in Neuro-Oncology working group
RAR Radiothérapie asservie à la respiration
RC3D Radiothérapie conformationnelle tridimentionnelle
RC Réponse complète
RCC Right Craniocaudal
RCMI Radiothérapie conformationnelle avec modulation d'intensité
(IMRT = Intensity-Modulated Radiation Therapy)
RCP Réunion de concertation pluridisciplinaire
RCT Radio-chimiothérapie
RCu Réponse complète incertaine
RD Relpase Disease
RE Radioembolisation
RECIST Response Evaluation Criteria In Solid Tumors
RF Radiofréquence
RMLO Right Mediolateral Oblique
RP Réponse partielle
rPH Hauteur relative du pic
RR Risque relatif
RS Radiothérapie stéréotaxique
RT Radiothérapie
RT3D Radiothérapie tridimensionnelle
RTC Radiothérapie conformationnelle
XXII Abréviations

RTOG Radiation Therapy Oncology Group


RTS Radiothérapie stéréotaxique
RTU Résection transurétrale
RX Rayons X
SARAH Sorafenib versus Radioembolization in Advanced Hepatocellular carcinoma
SB Substance blanche
SBR Scarff Bloom Richardson
SBRT Stereotactic Body Radiation Therapy
SCC Squamous Cell Carcinoma
SD Stable Disease
Se Sensibilité
SFMN Société française de médecine nucléaire
SFR Société française de radiologie
SFRO Société française de radiothérapie
SMM Scintimammographie
SNC Système nerveux central
SOMA-LENT Subjective Objective Management Analytic – Late Effects of Normal Tissues
SPD Somme du produit de ces diamètres
Sp Spécificité
SPECT Single Photon Emission Computed Tomography
SPIO Super Paramagnetic Iron Oxide
SRE Skeletal Related Events
STIC Soutien aux technologies innovantes et coûteuses
STIR Short Ti Inversion Recovery
STNI Subtotal Nodal Irradiation
SUV Standardized Uptake Value
TACE Transarterial Chemoembolization
TCA Taux de céphaline activé
TCND Thésaurus national de cancérologie digestive
TDM Tomodensitométrie
TEMP Tomographie par émission monophotonique
TEP Tomographie par émission de positons
TH Tomothérapie hélicoïdale
TH Transplantation hépatique
TIPS Transjugular Intrahepatic Portosystemic Shunt
TKI Tyrosine-Kinase Inhibitor
TLG Total Lesion Glycolysis
TMZ Témolozomide
TNCD Thésaurus national de cancérologie digestive
Abréviations XXIII

TNM Tumor Nodes Metastasis (Classification des tumeurs malignes)


TOVL Transfert osseux vascularisé libre
TP Taux de prothrombine
TPS Treatment Planning System
TRG Tumor Regression Grade
TSE Turbo Spin Echo
UNOS United Network for Organ Sharing
UQS Union des quadrants supérieurs
USPIO Ultrasmall Superparamagnetic Iron Oxide
VADS Voies aérodigestives supérieures
VBIH Voies biliaires intra-hépatiques
Ve Extravascular extracellular space volume fraction
VEGF Vascular Endothelial Growth Factor
VHL von Hippel-Lindau
VIH Virus de l'immunodéficience humaine
Vp Plasma volume fraction
VPN Valeur prédictive négative
VPP Valeur prédictive positive
VSC Volume sanguin cérébral
VSCr Volume sanguin cérébral relatif
WHO World Health Organization
Chapitre 1
Imagerie post-thérapeutique
des gliomes de haut grade

J.-P. Cottier • M. Ribeiro • S. Chapet • C. Destrieux • X. Cazals • M.-A. Lauvin • Y. Pointreau • A. Raimbault

L'incidence des gliomes est estimée en France à incité les différentes équipes de recherche clinique
6/100 000 habitants par an et cette incidence est à tester des traitements adjuvants à la chirurgie.
en augmentation progressive et régulière depuis
1950 [1]. Ils représentent actuellement en France Radiothérapie
42 % des tumeurs cérébrales primitives, et chez
La radiothérapie est la thérapeutique la plus géné-
l'adulte 80 % de ces gliomes sont malins (10 % de
ralement proposée en postopératoire ou après
grade IV et 70 % de grade III) [2]. Avec des
biopsie lorsque la résection optimale n'est pas
médianes de survie de 14 mois, leur pronostic est
envisageable. Dans une méta-analyse canadienne,
redoutable [3].
Laperriere et al. [4] ont analysé 758 observations
issues de 6 essais randomisés comparant la radio-
thérapie post­opératoire à l'absence de traitement
Place de la thérapeutique complémentaire. Ils retrouvaient un bénéfice
oncologique médicale significatif (p <  0,00001) en termes de survie en
et radiothérapique cas de radiothérapie par rapport aux soins de
confort seuls.
Les astrocytomes de grade IV et III bénéficient
chaque fois que possible d'une résection chirurgi- Chimiothérapie
cale optimale associée à une radiothérapie focale Les nitroso-urées étaient les chimiothérapies le
en raison du caractère très infiltrant de ces plus souvent utilisées après traitement radiochi-
tumeurs. Les modalités de la radiothérapie sont rurgical. Dans une méta-analyse regroupant
ajustées aux facteurs pronostiques des tumeurs 12 essais randomisés de chimiothérapie adjuvante,
cérébrales : âge, état général et neurologique du l'apport des nitroso-urées représentait un gain de
patient, histologie, qualité de la résection chirur- survie absolue de 6 % à 1 an et une réduction rela-
gicale du gliome. tive de 15 % du risque de décès [5].

Chimioradiothérapie concomitante
Indications de la chimio
et radiothérapie Une des voies de recherche pour améliorer les
résultats des traitements adjuvants des gliomes de
En dépit d'une faible radio et chimiosensibilité, le haut grade a été la radiosensibilisation de ces
pronostic fatal à court terme des glioblastomes a tumeurs hypoxiques effectuée soit par ­l'inhalation

Imagerie post-thérapeutique en oncologie


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2 Imagerie post-thérapeutique en oncologie

d'oxygène associé à du dioxyde de carbone, soit méthylé de l'enzyme était un facteur pronostic-
par l'utilisation d'un dérivé imidazolé. Les résul- indépendant. La médiane de survie des patients
tats n'ont pas été concluants alors que la synergie porteurs de cette méthylation était de 22 mois ver-
entre un agent alkylant : le témolozomide (TMZ : sus 15 mois dans le cas contraire. Ce protocole de
Temodal) et les radiations ionisantes s'est révélée chimioradiothérapie concomitante puis adjuvante
plus efficace. Initialement utilisé dans les récidives avec le TMZ est devenu le ­protocole de référence
de gliomes de haut grade aux doses de 150 à des patients de moins de 70 ans en bon état géné-
200 mg/m2, per os, 5 jours/mois le TMZ a été ral (OMS [Organisation mondiale de la santé] de
testé à la dose de 75 mg/m2, 7 jours/7, délivré grade 0-1) après résection optimale du glioblas-
de manière concomitante à une irradiation focali- tome. Pour les tumeurs de grade 3, (astrocytome
sée à la dose de 60 Gy (grays) en 30 fractions suivi et/ou oligodendrogliome anaplasique), le traite-
par 6 cycles de chimiothérapie mensuelle. Cette ment standard reste la chirurgie, suivie d'une radio-
étude de phase II avait inclus 64 patients. La tolé- thérapie. La chimiothérapie par TMZ est débutée
rance hématologique était bonne avec une proba- en cas de récidive tumorale.
bilité de survie à 2 ans de 31 % [6]. Ces résultats
prometteurs ont été le point de départ d'un large
Chez les sujets en bon état général
essai randomisé multicentrique de phase III,
de plus de 70 ans
mené sous l'égide de l'Organisation européenne
de recherche et traitement du cancer (EORTC) et L'incidence croissante des gliomes de haut grade
du National Cancer Institute (NCI) canadien [3]. chez les sujets âgés et le mauvais pronostic de ces
tumeurs ont incité la communauté médicale à
entreprendre plusieurs essais randomisés pour
Chez les sujets en bon état général définir la prise en charge la mieux adaptée chez ces
de moins de 70 ans patients fragiles. L'essai randomisé français de
Cet essai rapporté par Stupp et al. en 2005 [3] a l'Association des neuro-oncologues d'expression
inclus 573 patients d'âge compris entre 18 et française (ANOCEF), rapporté par Keime-
70 ans porteurs d'un glioblastome (grade 4) opéré Guibert et al. en 2007 [7], a inclus 85 patients de
depuis moins de 6 semaines, avec bilan biologique plus de 70 ans avec un indice de Karnofsky supé-
normal. Il comparait la radiothérapie standard de rieur à 70 %. Il comparait les soins de confort asso-
60 Gy en 30 séances et 6 semaines au traitement ciés ou non à une irradiation focale à la dose de
expérimental rapporté dans la phase II. Dans cha- 50 Gy en fractions de 1,8 Gy, 5 fractions/semaine.
cun des deux bras de traitement, 40 % des patients La médiane de survie était significativement amé-
avaient eu une chirurgie macroscopiquement com- liorée de 17 à 29 semaines chez les patients qui
plète et 45 % une résection partielle, 15 % n'avaient recevaient une radiothérapie. L'étude de la qualité
eu qu'une biopsie. La tolérance hématologique de vie et l'évaluation des fonctions neurocogni-
était bonne avec 7 % de neutropénie et/ou throm- tives ne retrouvaient pas de différence significative
bopénie importante. L'analyse de la survie à 2 ans entre les deux groupes.
montrait un bénéfice significatif (p <  0,001) en L'essai randomisé allemand NOA-08 publié en
faveur de la chimiothérapie concomitante avec une 2012 a comparé chez des patients de plus de
augmentation des probabilités de survie de 10 à 65 ans avec un index de Karnofsky supérieur à 60
27 %. La réduction du risque relatif de décès était le TMZ à 100 mg/m2/jour une semaine sur 2 à
de 37 % pour les patients recevant le TMZ en une radiothérapie normofractionnée à la dose de
concomitant puis en adjuvant. La méthylation du 60 Gy. Les résultats globaux en termes de survie
gène codant pour une enzyme de réparation des étaient comparables. La survie sans maladie était
lésions induites par la chimiothérapie, la O-6- significativement améliorée chez les patients por-
méthylguanine-DNA-méthyltransférase (MGMT), teurs de la méthylation du gène MGMT quand ils
était associée à une meilleure sensibilité à la chimio- recevaient du TMZ. Les auteurs concluaient à la
thérapie. Parmi les 206 patients testés, le statut non-infériorité du TMZ seul par rapport à la
Chapitre 1. Imagerie post-thérapeutique des gliomes de haut grade 3

radiothérapie standard chez les patients âgés, le Dose et fractionnement


statut de la méthylation du gène MGMT pouvant de la radiothérapie
constituer un élément décisionnel dans le choix
du traitement en pratique courante [8]. Dose dans le volume cible
Des billes de BCNU (bis-chloroéthyl nitroso- Le protocole de référence est la radiothérapie
urée : Gliadel) ont été utilisées pour délivrer de ­postopératoire délivrant 60 Gy en 30 fractions et
fortes doses de chimiothérapie dans le lit tumoral 6 semaines.
lors de la chirurgie pour éviter ses effets secon-
daires systémiques. Ces études de phase III n'ont Limites de doses
montré qu'un bénéfice marginal pour la survie et dans les organes à risque
avec un taux important de complications (fuite de
LCS [liquide cérébrospinal], hypertension intra- Il convient de respecter les contraintes de doses
crânienne) limitant leur utilisation. selon le guide des bonnes pratiques de radiothérapie
externe (tableau 1.1) [11]. Les valeurs présentées ne
Pronostic sont valables qu'en cas de normo-fractionnement.

L'actualisation des résultats à 5 ans de l'essai de Fractionnement


l'EORTC a été publiée en 2009 [9]. Les proba-
bilités de survie étaient pour l'ensemble du Les essais thérapeutiques qui ont tenté d'intensi-
groupe respectivement de 16, 12 et 10 % à 3, 4 fier la dose par des protocoles accélérés et/ou
et 5 ans. L'association d'une chimiothérapie hyperfractionnés n'ont pas montré d'avantage par
par TMZ améliorait la survie dans tous les rapport au normo-fractionnement. En revanche,
sous-groupes de patients. Ceux porteurs de la l'hypo-fractionnement permet de délivrer une
méthylation du gène MGMT en tiraient le dose biologiquement équivalente en un nombre
bénéfice le plus significatif. Chez les sujets âgés, plus limité de séances. Cela peut majorer la morbi-
la médiane de survie était de 5 à 6 mois, le per- dité à long terme de la radiothérapie et il convient
formans status restant le facteur pronostique le de le réserver aux patients dont l'espérance de vie
plus important. est limitée à quelques mois. Il a ainsi été validé un

Chimiothérapie de rattrapage Tableau 1.1 Contraintes des zones à risque [11]


Les patients inclus dans le bras standard de l'es- Encéphale sain Dose maximale de 45 Gy
sai de l'EORTC avaient pour la plupart reçu du sur l'encéphale total, 60 Gy dans 30 %
TMZ en traitement de rattrapage lors de la de l'encéphale
reprise évolutive de leur gliome [3]. Une étude Tronc cérébral Dose maximale de 50 Gy
de phase II a évalué après échappement au TMZ Sur un volume très limité, la dose
pourra atteindre 55 Gy
l'efficacité d'une chimiothérapie de rattrapage
Nerf optique, chiasma, Dose maximale de 54 Gy
par irinotécan (Campto) associée à un antian-
hypophyse
giogénique : le bévacizumab (Avastin) [10]. Ce
Moelle épinière Dose maximale de 45 Gy
protocole habituellement utilisé en cancérolo- en fractionnement habituel
gie digestive a retrouvé un taux de réponse de
Œil Dose moyenne < 35 Gy.
57 % parmi les 35 patients inclus avec une
médiane de survie de 42 semaines. Malgré une Cristallin Dose la plus basse possible, si possible
dose moyenne < 5–10 Gy
augmentation du risque thromboembolique, la
Méat acoustique Dose maximale de 50–55 Gy
toxicité a été jugée acceptable. Dans la pratique
externe, oreilles
clinique, ce protocole est régulièrement utilisé moyenne et interne
en seconde ligne de traitement, permettant dans Cochlée Dose maximale < 40 Gy
certains cas des stabilisations prolongées du
Lobes temporaux Dose aussi faible que possible
glioblastome.
4 Imagerie post-thérapeutique en oncologie

schéma de 40 Gy en 15 fractions et 3 semaines pondérée en T2. Une marge supplémentaire de


chez des sujets de plus de 60 ans avec des résultats 5 mm au pourtour du CTV est souvent ajoutée
comparables à ceux du traitement classique (60 Gy pour tenir compte des incertitudes de positionne-
en 30 fractions et 6 semaines). ment sous la machine de traitement définissant
ainsi le Planning Target Volume (PTV). Les pro-
Ré-irradiation blématiques liées à ces volumes sont complexes et
Lorsqu'il existe un échappement au traitement par les pratiques encore non uniformes [12]. Ces
chimioradiothérapie puis à la chimiothérapie ou que volumes sont adaptés en fonction des limites de
la toxicité est limitante, la ré-irradiation en condi- dose tolérables aux organes à risques (fig. 1.1).
tion stéréotaxique fractionnée peut être une option
thérapeutique. Le sous-groupe de patients qui peut
en bénéficier avec une toxicité acceptable corre­ Évaluation de la réponse
spond aux patients jeunes avec un faible volume à précoce et tardive au traitement
traiter et une rechute rapide après le 1er traitement.
L'IRM (imagerie par résonance magnétique)
Volume et balistique constitue le pivot de cette surveillance. Les
méthodes scintigraphiques restent en pratique cli-
La majorité des récidives locales survenant dans le nique peu utilisées (problème de l'activité cérébrale
volume d'irradiation, l'irradiation panencépha- de fond pour l'analyse de la TEP [tomographie par
lique n'est plus recommandée au profit d'une irra- émission de positons] au 18F-FDG [fluorodéoxy-
diation focalisée avec des marges de 2 cm au glucose], difficulté d'accès aux autres marqueurs).
pourtour du volume tumoral initial, réadapté aux
barrières anatomiques [4]. Le volume tumoral
macroscopique ou Gross Tumor Volume (GTV) est Méthodes d'imagerie
déterminé par le rehaussement après injection de
Protocole IRM pour la surveillance
produit de contraste sur la séquence pondérée en
des gliomes malins
T1 après injection d'un chélate de gadolinium.
L'extension microscopique tumorale, ou Clinical Le marqueur radiologique de malignité reste
Target Volume (CTV), correspond en général à la aujourd'hui la prise de contraste du contingent
zone d'œdème péritumoral visible sur la séquence tumoral, rehaussement attribué aux portions

A B
Fig. 1.1. Planification de la radiothérapie d'un glioblastome.
A. Coupe pondérée en T1 après injection d'un chélate de gadolinium. Glioblastome occipital gauche.
B. Reconstruction 3D des volumes cibles à irradier (Gross Tumor Volume [GTV] en rose foncé, Clinical Target Volume [CTV] en rose
clair, Planning Tumor Volume [PTV] en violet) et des organes à risques (globes oculaires, cristallins, nerfs optiques, chiasma, hypo-
physe, tronc cérébral).
Chapitre 1. Imagerie post-thérapeutique des gliomes de haut grade 5

tumorales solides richement vascularisées et de en T1 (avant et après injection du chélate de gado-


forte cellularité. Les limites de cette prise de linium) pour permettre la meilleure imprégnation
contraste représentent les bords macroscopiques possible de la tumeur par l'agent de contraste. Un
du gliome malin, bien que l'on sache que les cel- protocole d'évaluation des gliomes est proposé
lules tumorales ne sont pas nécessairement qu'à dans l'encadré 1-1.
l'intérieur de ces marges, et des cellules tumorales
à faible activité mitotique mais très invasive Encadré 1-1
infiltrent fréquemment le parenchyme et l'œdème Protocole proposé en IRM pour
plusieurs centimètres au-delà de la masse. l'étude des gliomes de haut grade
Cet examen IRM obéit à un protocole rigoureux • Coupes axiales pondérées en T1 (plan
et reproductible. Les séquences doivent être effec- CA-CP)
tuées au cours de la surveillance avec les mêmes • Séquence de perfusion avec injection d'un
types de paramètres d'acquisition, la même orien- chélate de gadolinium
tation des coupes (CA-CP [commissure antérieure – • Coupes axiales pondérées en T2 Flair (plan
commissure postérieure] étant la plus usitée) et si CA-CP)
possible sur le même appareil (au moins la même • Coupes axiales pondérées en T2 écho de
puissance de champ). Les séquences fondamen- gradient (plan CA-CP)
tales sont représentées par les séquences pondérées • Séquence pondérée en diffusion,
en T1 avant et après injection d'un chélate de • Séquence pondérée en T1 avec chélate de
gadolinium (coupes 2D en écho de spin axiales et gadolinium
coronales ou acquisition 3D en écho de gradient ; • ± Spectroscopie
l'acquisition étant réalisée au moins 5 min après Les coupes pondérées en T1 sont 2D écho de
l'injection du chélate de gadolinium) et les coupes spin (incidence axiale ou coronale avant injec-
pondérées en T2 Flair (Fluid Attenuated Inversion tion, axiale et coronale après injection) ou 3D
Recovery) (2D ou 3D). Les coupes axiales en T2 écho de gradient.
écho de gradient ou en imagerie de susceptibilité
magnétique sont utiles pour la mise en évidence Méthodes scintigraphiques
des phénomènes hémorragiques (saignement per
ou postopératoire, remaniements hémorragiques L'importante activité métabolique corticale physio-
des tumeurs et des lésions radiques). Les tech- logique explique que la scintigraphie au 18F-FDG
niques fonctionnelles (diffusion à la recherche soit peu indiquée dans la détection du tissu tumoral
d'arguments pour une hypercellularité, perfusion résiduel après traitement. Dans les semaines suivant
pour l'évaluation de la néoangiogenèse) apportent les traitements, un accroissement transitoire de la
des renseignements complémentaires très utiles et captation du 18F-FDG peut être noté au niveau du
devraient être systématiquement associées. De site lésionnel en raison de son infiltration par les
même, l'imagerie métabolique (spectroscopie macrophages consommateurs de glucose. Les sen-
monovoxel et au mieux multivoxel) aide dans les sibilités et spécificités du 18F-FDG dans l'identifica-
cas difficiles à la caractérisation tissulaire. Le tion d'une récidive tumorale ou des modifications
volume d'acquisition spectroscopique est posi- induites par les traitements sont améliorées par la
tionné de façon plus pertinente sur les séries après coregistration avec les images IRM et par l'acquisi-
injection du chélate de gadolinium qui ne modifie tion d'images tardives 3 à 8 heures après injection.
pas la qualité des spectres. Dans certains centres, il En effet, en augmentant le contraste entre les
est désormais possible d'identifier en spectroscopie lésions spécifiques hypermétaboliques et la sub­
proton (2-hydroxy-glutarate) les lésions porteuses stance grise, les acquisitions tardives améliorent la
de la mutation IDH1, dont l'impact pronostique visualisation du processus tumoral.
est évoqué plus loin [13]. En pratique, on peut Les acides aminés (méthionine, tyrosine, cho-
intercaler les séquences pondérées en T2 et l'ima- line) et les nucléosides (fluorothymidine) mar-
gerie fonctionnelle entre les séquences pondérées qués peuvent aussi être utilisés en TEP avec une
6 Imagerie post-thérapeutique en oncologie

meilleure spécificité de fixation cellulaire [14]. radio et/ou chimiothérapie complémentaires.


La 11C-méthionine évalue la consommation tis- Vidiri et al. [16] ont montré qu'il existait une cor-
sulaire en acides aminés. En raison de son impli- rélation très significative entre la survie et la qua-
cation dans la synthèse protéique, ce radiotraceur lité de l'exérèse (avec respectivement une survie
est considéré comme un indicateur plus sensible médiane de 16, 13 et 7 mois en cas d'exérèse
que le 18F-FDG pour le dénombrement des cel- totale, subtotale et partielle).
lules en phase de prolifération (délimitation et L'IRM est la méthode de choix pour l'imagerie
extension du tissu tumoral). Il présente cepen- postopératoire précoce. De nombreux auteurs ont
dant un métabolisme non protéique avec une montré sa supériorité pour détecter du tissu tumo-
fraction significative incorporée dans la composi- ral résiduel par rapport au scanner (meilleure réso-
tion de phospholipides qui rend difficile la quan- lution en contraste de l'IRM en termes de prise de
tification précise du métabolisme protéique. Sa contraste et de caractérisation tissulaire, moins de
liaison avec le carbone-11 qui possède une demi- faux négatifs) et la scintigraphie. Elle est égale-
vie de 20 minutes en limite l'utilisation à quelques ment beaucoup plus fiable que les constatations
centres TEP qui sont à proximité d'un cyclotron peropératoires du chirurgien qui méconnaît près
et des laboratoires de radiochimie et de radio- de la moitié des reliquats [17].
pharmacie nécessaires à sa production.
Le processus de cicatrisation débute dès la fin de
La 18F-fluoroéthyl-tyrosine (18F-FET) est un l'intervention et se poursuit pendant plus de
radiotraceur de plus en plus utilisé en raison de sa 6 semaines. Durant la phase initiale (3 premiers
cinétique plus adaptée à la modélisation de la syn- jours), anomalies vasculaires (vasoconstriction puis
thèse des protéines (et avec une demi-vie de vasodilatation) et rupture de la BHE (barrière
110 minutes lorsqu'il est utilisé avec le fluor-18). hématoencéphalique) sont responsables d'une fine
La 18F-FET est captée par un système de transport prise de contraste linéaire de la tranche de section.
spécifique (le L-système) qui permet de discrimi- Ce rehaussement est quasi constant (90 %) au bout
ner la multiplication cellulaire accrue de l'aug- de 24 heures [17]. Lors de la phase subaiguë (du
mentation du métabolisme glucidique [15]. La 3e au 30e jour), s'installe un œdème vasogénique
18
F-fluorothymidine (18F-FLT) permet une éva- qui atteint son maximum vers J10-J14 et disparaît
luation directe de la prolifération cellulaire car elle lors de la 4e semaine. Durant cette phase, la cicatri-
entre directement dans la voie de synthèse de sation s'effectue par l'intermédiaire de bourgeons
l'ADN et demeure piégée dans la cellule après granulomateux avec néovascularisation. En image-
phosphorylation par la thymidine-kinase. rie, on observe, outre l'hypersignal T2 Flair périca-
Quelques équipes ont également proposé l'utilisation vitaire, des rehaussements irréguliers, en motte, au
de la choline marquée au carbone-11 pour différen- niveau de la tranche de section et dans les zones
cier les pathologies bénignes et malignes, la choline d'œdème adjacentes. Le rehaussement bénin cica-
étant un précurseur de la biosynthèse de la phospho- triciel dure en général entre 1 et 3 mois (mais des
tidylcholine et d'autres phospholipides, principaux prises de contraste liées au geste chirurgical ont été
composants de la membrane cellulaire. De plus, la décrites jusqu'à 6 mois).
choline a récemment pu être marquée au fluor-18, ce Il est donc essentiel que la recherche d'un reliquat
qui facilite grandement son utilisation [14]. tumoral post-chirurgical soit effectuée dans les
72 heures qui suivent l'intervention et si possible
Évaluation postopératoire dans les premières 24 heures. La mise en évidence
précoce d'un fin épaississement linéaire est alors très pro-
bablement bénin, secondaire à la chirurgie
Les buts de cette imagerie sont : déterminer l'exi­ (fig. 1.2). En revanche, la découverte d'une prise
stence et l'importance d'un reliquat tumoral, de contraste linéaire épaisse et/ou nodulaire est
détecter des complications chirurgicales et servir alors associée à une récidive tumorale (sensibi-
de référence pour la surveillance ultérieure après lité =  0,91, spécificité =  1) [17].
Chapitre 1. Imagerie post-thérapeutique des gliomes de haut grade 7

A B C

D E F
Fig. 1.2. Imagerie postopératoire précoce après exérèse d'un glioblastome touchant les gyri pariétal et cingulaire droit :
coupes pondérées en T1 après injection.
A, D. IRM préopératoire.
B, E. IRM réalisée à J1 de l'exérèse : prises de contrastes nodulaire cingulaire (B) et linéaire épaisse pariétale (E) suspectes de
reliquats tumoraux. Reprise chirurgicale avec exérèse de bourgeons tumoraux résiduels.
C, F. IRM à J1 de la nouvelle intervention : absence de reliquat tumoral décelable.

La survenue de phénomènes hémorragiques rend actuels. Ils fournissent une évaluation radiolo-
plus difficile l'appréciation d'une prise de contraste. gique standardisée de la réponse tumorale basée
Présent dans le quart des imageries postopératoires une mesure surfacique de la composante se
précoces, l'hypersignal de la méthémoglobine en rehaussant (produit des deux axes principaux per-
T1 est visualisé très rapidement dans la cavité opé- pendiculaires). Ces critères d'imagerie (critères
ratoire (J1-J2). La comparaison des images pon- de MacDonald) sont associés à la notion de corti-
dérées en T1 avant et après injection est alors cothérapie et à l'état neurologique des patients.
fondamentale, associée à l'analyse dans les trois Initialement développés pour la tomodensitomé-
dimensions. trie et extrapolés à l'IRM, ces critères avaient été
développés pour améliorer la capacité des clini-
ciens traitant les patients atteints de glioblastomes
Évaluation après chirurgie, radio à comparer les taux de réponse entre essais cli-
et chimiothérapie niques. Bien que leur utilité ait été prouvée dans
de nombreux essais cliniques, ces anciens critères
En 1990 étaient publiés des critères de réponse présentaient un certain nombre de limites,
clinique et radiologique pour les tumeurs céré- notamment depuis l'introduction de nouvelles
brales malignes qui restent la base des critères thérapies systémiques. La composante tumorale
8 Imagerie post-thérapeutique en oncologie

se rehaussant reste l'essentiel de l'analyse pour considérant également la portion qui ne se


déterminer la réponse thérapeutique. Cette prise rehausse pas. Les lésions mesurables doivent pos-
de contraste observée est le résultat d'une rupture séder des limites nettes et sont dites mesurables si
non spécifique de la barrière hématoencéphalique elles ont au moins deux diamètres perpendicu-
influencée par la corticothérapie, les agents anti- laires de plus 10 mm (ou présentes sur au moins
angiogéniques ou encore les paramètres de deux coupes de 5 mm). Sont considérées comme
séquences de l'IRM. De plus, de multiples autres non mesurables les lésions à bords flous, très
variables peuvent entraîner un rehaussement majoritairement kystiques ou mesurant moins de
telles que les modifications postopératoires, une 10 mm dans au moins un axe. Les prises
ischémie, des crises convulsives, la radiothérapie de contraste des parois d'un kyste ou de la cavité
et la chimiothérapie, l'inflammation associée. Par de résection sont considérées comme non mesu-
ailleurs, les contingents tumoraux qui ne se rables sauf s'il existe une composante franche
rehaussent pas n'étaient pas évalués par les anciens mesurant plus de 10 mm de diamètre. En cas de
critères bien qu'ils représentent une proportion lésions multiples, au moins 2 et un maximum de
significative de la tumeur et que leur modification 5 lésions se rehaussant peuvent être mesurées,
puisse entraîner une détérioration clinique malgré préférentiellement les plus grosses et celles qui
la stabilité du contingent prenant le contraste. La offrent les mesures les plus reproductibles. La
spectroscopie proton peut s'avérer utile dès lors dimension lésionnelle est la somme des produits
qu'elle est utilisée de façon longitudinale. des diamètres perpendiculaires de toutes les
L'augmentation progressive et continue du ratio lésions mesurées.
choline/NAA (N-acétylaspartate) d'un examen à Les différentes catégories de réponse (réponse
l'autre sur les berges opératoires sera alors forte- complète, réponse partielle, maladie stable, maladie
ment suggestive d'une récidive lésionnelle, alors progressive) sont rassemblées dans le tableau 1.2.
que la résonance augmentée du myo-inositol Compte tenu des difficultés pour différencier
associée à une stabilité de la choline est évocatrice contingent tumoral ne se rehaussant pas, œdème et
d'une gliose réactionnelle [18]. démyélinisation, il n'y a pas de critère établi pour
quantifier les plages lésionnelles décelables en T2.
Description des critères RANO La progression est définie par une augmentation
(Response of Assessment « significative » de la lésion en T2/Flair. Pour une
in Neuro-Oncology working group) réponse complète ou partielle, il est nécessaire que
Les critères du groupe de travail RANO [19] ont la tumeur soit stable ou plus petite en T2.
ainsi redéfini en 2011 des critères pour une mesure En cas de lésions multifocales, la progression de la
reproductible des lésions prenant le contraste en maladie est définie par l'augmentation de la somme

Tableau 1.2 Critères de RANO [19]


Critères Rémission complète Rémission partielle Stabilité Progression
Prise de contraste T1 Aucune Diminution ≥ 50 % Diminution <  50 % mais Augmentation ≥ 25 %
augmentation >  25 %
Hypersignal T2 Stable ou < Stable ou < Stable ou < Augmenté
T2/Flair
Nouvelle lésion Aucune Aucune Aucune Présente
Corticothérapie Aucune Stable ou diminuée Stable ou diminuée NA
État clinique Stable ou meilleur Stable ou meilleur Stable ou meilleur Altéré
Éléments pour la réponse Tous Tous Tous Un d'entre eux
NA : non applicable (augmentation isolée des doses de corticoïdes non prise en compte pour déterminer une progression en l'absence de détérioration clinique
persistante).
Chapitre 1. Imagerie post-thérapeutique des gliomes de haut grade 9

des produits de toutes les lésions mesurables de Stratégie de surveillance


plus de 25 % après le traitement initial. L'apparition à long terme
de toute nouvelle lésion ou l'augmentation de taille
d'une lésion qui n'était pas initialement mesurable
Le suivi du traitement des gliomes de haut grade
est aussi considérée comme une progression de la
repose sur l'examen clinique et L'IRM. L'examen
maladie. Une réponse partielle est définie comme
clinique évalue les fonctions neurologiques, le
une diminution de plus de 50 % de la somme des
risque de survenue de crises d'épilepsie et l'utilité
produits des lésions mesurables par rapport à l'IRM
du traitement corticoïde, l'objectif étant de dimi-
de référence. De plus, une dégradation clinique qui
nuer au maximum voire d'interrompre l'imprégna-
n'est pas attribuable à d'autres causes que la pro-
tion stéroïdienne. Les IRM de contrôle permettent
gression tumorale fait considérer la maladie comme
la comparaison de la taille lésionnelle avant et
progressive. Le score de Karnovsky doit être utilisé
après traitement, analysent l'évolution de l'hyper-
pour évaluer l'altération clinique. Une détériora-
signal T2, recherchent l'apparition de nouvelles
tion clinique significative est définie par :
prises de contraste. En cas de radiothérapie, il faut
• une diminution du score de 100 ou 90 à une
attendre au moins 2 mois après la fin de l'irradia-
valeur au-dessous de 70 ;
tion (soit 3 mois après la chirurgie) pour l'analyse
• ou une chute du score de plus de 20 par rapport
IRM en raison des fausses aggravations possibles.
à la valeur de départ de 80 ;
Durant la phase de chimiothérapie, l'IRM est effec-
• ou n'importe quelle détérioration clinique à
tuée toutes les 2 cures, soit tous les 3 à 4 mois.
partir d'une référence de 50 ou moins pendant
plus de 7 jours ;
• ou n'importe quelle détérioration du statut
neurologique qui ne peut pas être expliquée par Évaluation de la toxicité
une comorbidité ; thérapeutique
• ou une réduction de la corticothérapie. Une
augmentation de la corticothérapie sans dété- Les effets secondaires des traitements peuvent être
rioration clinique n'est pas considérée comme séparés en fonction de la date de leur survenue en
une progression. aigus (période postopératoire précoce, pendant
l'irradiation et/ou le début de la chimiothérapie),
Limites des critères RANO subaigus ou retardés précoces (jusqu'à 12 semaines
après l'irradiation) et tardifs (mois ou années après
L'augmentation « significative » de l'hypersignal T2
l'irradiation).
repose sur une évaluation subjective. Le calcul de la
taille tumorale reste basé sur des mesures de sur-
face. En cas de tumeurs complexes, les mesures pré- Effets aigus
cises sont difficiles. La diffusion d'outils de calcul
volumique devrait permettre des mesures plus pré- Complications du geste chirurgical
cises et reproductibles. Ces critères ne prennent pas
Elles ne sont pas spécifiques à l'exérèse des gliomes
en compte d'autres techniques comme la scintigra-
malins : hématomes postopératoires, complica-
phie (TEP), des techniques avancées IRM (spec-
tions vasculaires ischémiques, fuite de LCS
troscopie, perfusion, diffusion, imagerie de
(méningocèle, hypotension intracrânienne), infec-
susceptibilité magnétique) en raison des manques
tions (abcès, méningites, empyème).
de standardisation actuels de ces méthodes et de
valeurs de référence unanimement reconnues. Les
Effets secondaires radiques précoces
critères intégrant le T2-Flair tendent à diminuer le
taux de réponse et la progression sans récidive com- En cours de radiothérapie, on peut observer clini-
parativement au T1 injecté. De plus, l'approche quement des signes d'hypertension intracrânienne
unidimensionnelle est aussi performante que l'ap- avec céphalées, nausées, vomissements, somno-
proche bidimensionnelle [20]. lence. Ces symptômes, reliés à une vasodilatation,
10 Imagerie post-thérapeutique en oncologie

une rupture de la BHE et un œdème, sont transi- La toxicité hématologique du TMZ apparaît le
toires et régressifs sous corticothérapie. Bien qu'un plus souvent durant la période de traitement adju-
œdème cérébral diffus ait été décrit, l'imagerie dans vant, après la phase de chimioradiothérapie conco-
cette période précoce est ­habituellement inchangée mitante. Il s'agit plus souvent d'une atteinte de la
[21]. Le risque épileptogène est variable selon la lignée plaquettaire que d'une leuconeutropénie
topographie de la tumeur et son volume. Un traite- [3]. Des cas de pneumopathies opportunistes à
ment anticomitial est parfois maintenu pendant Pneumocystis carinii ont été observés, conduisant
toute la durée du traitement. La fatigue est réguliè- à la recommandation d'utiliser une prophylaxie
rement associée au tableau clinique. L'alopécie sur- par antibiotique au long cours.
vient en 3e semaine de traitement dessinant la
géométrie des portes d'entrée des faisceaux. Elle est Pseudo-progression
réversible après la fin du traitement.
Dans les semaines ou mois qui suivent la fin de la
radiothérapie, on observe dans 20 à 30 % des cas
Effets subaigus ou retardés une augmentation franche de la taille de la prise
précoces de contraste liée au traitement qui mime une
réelle progression tumorale [21] (fig. 1.3). Cette
Dans cette phase subaiguë, les patients ayant phase d'exacerbation des images qui est suivie par
bénéficié d'une radiothérapie peuvent également une amélioration secondaire ou une stabilisation
présenter une fatigue et une somnolence. L'IRM sans traitement complémentaire est appelée
montre des hypersignaux T2 d'œdème, de nou- « pseudo-progression » (PP). Elle est décrite éga-
veaux foyers de rehaussement ou une discrète lement avec d'autres chimiothérapies systémiques
majoration des prises de contraste dans la tumeur ou après mise en place de billes de BCNU dans la
ou à sa périphérie (restant dans le champ d'irradia- cavité opératoire. Chez la plupart des patients
tion). La survenue de ces événements dépend for- (70 %), cette réaction subaiguë est asymptoma-
tement de la dose et la taille de la zone irradiée. Ils tique. Elle est en rapport avec une réaction tissu-
régressent en quelques semaines avec une régres- laire locale marquée, avec une composante
sion facilitée par les corticoïdes. inflammatoire, de l'œdème et une perméabilité

A B C
Fig. 1.3. Pseudo-progression.
Patient âgé de 32 ans, ralentissement idéomoteur et trouble du langage conduisant à la découverte à un volumineux glioblastome
fronto-calleux.
A. Coupe pondérée en T1 après injection : lésion infiltrante fronto-calleuse avec des prises de contraste nodulaires. Mise en route
d'une radiochimiothérapie de type protocole Stupp associée à une corticothérapie.
B. IRM avec injection réalisée un mois après la fin de la radiothérapie : nette majoration des prises de contraste en opposition avec
une amélioration clinique (bon état général, moindre ralentissement idéomoteur). Poursuite du traitement par TMZ et diminution
progressive de la corticothérapie.
C. IRM de contrôle avec injection 3 mois plus tard. Diminution des prises de contraste avec un état clinique stable.
Chapitre 1. Imagerie post-thérapeutique des gliomes de haut grade 11

anormale des vaisseaux. La PP pourrait représen- mais elle est plus fréquente et plus précoce en cas
ter une réponse exagérée à une thérapeutique d'association. Une radiothérapie efficace entraîne
efficace, impliquant une modification précoce de une rupture de la BHE qui facilite le passage de la
l'endothélium ­vasculaire, de la BHE et des lésions drogue avec pour résultante une augmentation de
oligodendrogliales qui conduisent à l'inflamma- son activité. En cas de nécrose radique précoce,
tion et l'augmentation de la perméabilité. on décrit aussi dans ces tissus une gliose associée à
Certaines études ont montré une association entre des modifications inflammatoires sans cellule
l'incidence de la PP et la survie, la PP pouvant tumorale viable. La radionécrose précoce consti-
représenter une réponse inflammatoire active tue en fait une variante de PP et certains auteurs
contre la tumeur [22]. Actuellement, la seule ont proposé que le concept de nécrose induite par
méthode pour distinguer une PP d'une progres- la thérapeutique et ses manifestations radiolo-
sion précoce de la maladie est le suivi car l'image- giques soit associé au terme de PP et remplace
rie conventionnelle est incapable de distinguer les l'ancien terme de radionécrose précoce [23].
deux entités et les techniques d'imagerie fonction-
nelle ou métabolique n'ont pas été encore validées Diagnostic radiologique de la PP
par des essais prospectifs.
Les conséquences d'un diagnostic erroné de pro-
Le statut de méthylation du promoteur de la gression sont l'arrêt d'une thérapeutique efficace
MGMT est aujourd'hui considéré comme un fac- et la mise en route d'un traitement souvent encore
teur pronostique de la réponse au TMZ car les expérimental dont l'efficacité serait en revanche
cellules malignes qui sont déficientes en MGMT surestimée (ses effets thérapeutiques reposant sur
(en raison de la méthylation de son promoteur) une fausse progression). Le suivi thérapeutique est
ont une sensibilité accrue au TMZ. Ces patients, essentiel au diagnostic : la prise de contraste reste
qui bénéficient ainsi plus du traitement adjuvant stable ou diminue avec le temps dans la PP. Il n'y
par TMZ, présentent également plus fréquem- a pas à ce jour de technique validée pour établir
ment des PP : le statut du promoteur de la MGMT avec certitude le diagnostic de PP.
permet ainsi de prédire une PP en cas de prise de
L'imagerie pondérée en diffusion montre des
contraste précoce chez plus de 90 % des patients
hétérogénéités de signal avec des aires de réduc-
présentant un GB (Genome Biology) « méthylé »
tion des coefficients apparents de diffusion qui
alors qu'une probabilité d'environ 60 % de vraie
peuvent représenter des zones de haute cellularité
progression tumorale est observée chez les
tumorale et/ou le processus inflammatoire [23].
tumeurs avec un promoteur MGMT non méthylé
En spectroscopie, PP et vraie progression pré-
[22]. Une MGMT méthylée est un bon indicateur
sentent un dysfonctionnement/perte neuronale
de la réponse thérapeutique et de bon pronostic
(NAA abaissé), une altération des membranes cel-
avec une augmentation de la survie globale chez
lulaires (Cho = choline élevée) et un métabolisme
ces patients. La PP a été rapportée essentiellement
anaérobie (pic de lactate et lipides). L'imagerie de
dans les 3 premiers mois (4 à 12 semaines après la
perfusion serait un meilleur indicateur de PP.
fin de la RT = radiothérapie) mais elle peut surve-
Mangla et al. [24] ont noté une réduction en
nir dans les premières semaines et jusqu'à 6 mois.
moyenne de 41 % du VSCr (volume sanguin céré-
Pour pouvoir être rapportée à une PP, le rehausse-
bral relatif) en cas de PP et une augmentation de
ment doit survenir dans les limites du champ
12 % en cas de vraie progression tumorale (sensi-
d'irradiation.
bilité : 77 % spécificité 86 %). Kong et al. [25] ont
aussi récemment montré qu'il existait une diffé-
PP et radionécrose précoce
rence significative entre le VSC moyen des PP et
Les caractéristiques de la PP (majoration ou appa- des récurrences tumorales : un ratio supérieur à
rition d'une prise de contraste de survenue pré- 1,49 avait 81,5 % de sensibilité et 77,8 % de spéci-
coce et diminuant avec le temps) sont également ficité pour le diagnostic de récidive tumorale et le
rencontrées lors d'une radiothérapie sans TMZ, VSCr était encore un meilleur indice de récidive
12 Imagerie post-thérapeutique en oncologie

tumorale si le patient présentait un statut non Effets secondaires tardifs


méthylé. L'extravasation de l'agent de contraste de la radiothérapie
après injection entraîne un raccourcissement du
T1 qui entre en compétition avec la chute du Contrairement aux effets secondaires aigus et subai-
signal liée à l'effet T2* de susceptibilité. Pour évi- gus, les effets tardifs sont souvent progressifs et irré-
ter la sous-estimation des VSCr dans les maladies versibles. Les effets secondaires tardifs incluent la
progressives en raison d'une extravasation rapide leucoencéphalopathie, la radionécrose tardive et
du contraste dans l'espace extravasculaire extracel- d'autres effets souvent d'origine vasculaire tels que
lulaire, une prédose peut être administrée avant les infarctus lacunaires, l'occlusion de gros vaisseaux
l'acquisition de la séquence pour réduire la fuite avec syndrome de moya-moya, les télangiectasies et
du contraste dans l'espace extracellulaire. D'autres les calcifications parenchymateuses.
auteurs ont proposé d'utiliser de nouveaux agents
de contraste comme le ferumoxytol (nanoparti- Leucoencéphalopathie
cule d'oxyde de fer) qui ne s'extravase pas en rai-
son de la grosse taille des particules (jusqu'à La substance blanche (SB) est particulièrement vul-
50 nm comparés à la taille de 1 nm du chélate de nérable aux conséquences ischémiques de la vascu-
gadolinium) [26]. laropathie post-radique. La substance blanche
profonde possède un apport sanguin relativement
Une étude en 18F-FDG TEP [27] a montré une pauvre issu des artères médullaires longues et
réduction de la captation du glucose dans des cas dépourvu d'artère collatérale. Les fibres arquées de
de PP. Toutefois, le 18F-FDG s'accumule dans les la SB qui bénéficient aussi de l'apport artériel corti-
macrophages d'une réponse inflammatoire pen- cal sont plus résistantes à la nécrose radique et sont
dant les premières semaines qui suivent la fin de la ainsi habituellement touchées plus tardivement
radiothérapie et sa fixation peut être altérée par dans le processus de la maladie. Les symptômes de
une corticothérapie concomitante. cette atteinte de la SB sont un ralentissement intel-
lectuel, des troubles de la concentration et de la
Prise de charge de la PP mémoire, des troubles de la marche ainsi que des
Lorsqu'une PP est suspectée chez un patient pauci troubles urinaires. L'IRM montre des hypersignaux
ou asymptomatique (anomalies dans le champ étendus de la SB associés à une atrophie cortico-
d'irradiation, les premiers mois, statut méthylé de sous-corticale et une dilatation ventriculaire. Le
la MGMT), la chimiothérapie par TMZ peut être risque de leucoencéphalopathie est directement lié
continuée avec une surveillance clinique et IRM à la dose totale et au fractionnement (avec un pro-
rapprochée (nouvelle IRM 3 mois plus tard). tocole classique 58 Gy/1,8 Gy/6 semaines, le
Chez les patients symptomatiques, plusieurs risque de leucopathie sévère est théoriquement
options sont discutées : arrêt du TMZ, ajout d'un quasi nul). Les autres facteurs de risque sont les fac-
antiangiogénique, chirurgie [21]. teurs de risques vasculaires (diabète, HTA [hyper-
tension artérielle], âge) et l'association avec une
En l'absence de biomarqueurs fiables pour diffé-
chimiothérapie.
rencier vrai et pseudo-progression, deux autres
cycles de TMZ et/ou la mise en évidence d'une
Radionécrose
autre progression tumorale lors de la surveillance
radiologique sont nécessaires pour inclure un Bien que la physiopathologie exacte des radioné-
patient dans une deuxième ligne de chimiothéra- croses ne soit pas complètement élucidée, il est
pie. Les critères RANO proposent donc d'exclure admis que l'atteinte initiale est à nouveau vascu-
des nouveaux protocoles les patients dans les laire, suivie de lésions gliales et neuronales. Il s'y
3 mois suivant la RT, sauf si la progression est clai- associe des modifications du système enzymatique
rement observée en dehors du champ d'irradia- et des mécanismes immunologiques. Ces lésions
tion ou si la progression est confirmée par des s'observent de quelques mois à quelques années
données histologiques. après la fin de la radiothérapie (de 3 à 12 mois mais
Chapitre 1. Imagerie post-thérapeutique des gliomes de haut grade 13

peuvent survenir des années voire décades après la évolution péjorative transitoire possible. D'après
RT). Lors de cette phase chronique apparaissent Mullins et al. [28], certaines combinaisons de
des épaississements des parois vasculaires par hyali- prises de contraste à distance du site initial seraient
nisation, une nécrose fibrinoïde pariétale avec des plus en faveur d'une récidive tumorale : atteinte du
thrombi pariétaux et endoluminaux qui conduisent corps calleux associée avec de multiples foyers de
à un infarctus et une nécrose tissulaire. Il est à rehaussement, atteinte du corps calleux associée à
noter que les lésions post-radiques sont toujours des prises de contraste subépendymaires. L'image-
présentes à un degré variable dans les analyses his- rie de susceptibilité montre plus fréquemment des
tologiques d'exérèse de tissu provenant de la zone remaniements hémorragiques en cas de radioné-
irradiée, représentant entre 30 et 65 % du tissu pré- crose qu'en cas de récidive [29].
levé dans les récidives de glioblastome.
Techniques avancées
IRM Imagerie de diffusion
Imagerie conventionnelle Dans la littérature, les valeurs du coefficient appa-
L'aspect classique est celui d'une plage à limites rent de diffusion (ADC) proposées pour séparer
irrégulières se rehaussant après injection et avec récidive de radionécrose sont contradictoires [30].
une zone centrale nécrotique. La prise de contraste Certaines études ont montré une baisse significative
traduit la rupture de la BHE secondaire à la lésion de l'ADC dans les récurrences tumorales comparati-
radio-induite de l'endothélium. Les lésions sur- vement aux radionécroses. D'un point de vue histo-
viennent habituellement sur le site de la dose maxi- logique, la récurrence tumorale possède des aires de
male d'irradiation. Elles prédominent dans la cellules tumorales viables comportant des noyaux
substance blanche qui est le siège d'une nécrose pléiomorphiques et un dense réseau de processus
coagulative périvasculaire. Le type de prise de cytoplasmiques, alors que dans la nécrose tissulaire
contraste est très variable : nodulaire, linéaire ou radique on note une pauvreté cellulaire avec une
curviligne, annulaire hétérogène formant un aspect augmentation de l'eau dans les espaces interstitiels.
de « bulles de savon » ou en « gruyère ». Lorsque le Si un ADC bas est souvent noté dans les récurrences
cortex est touché, la prise de contraste peut être tumorales en raison d'une cellularité élevée, les
gyriforme. Si ces atteintes prédominent dans les valeurs d'ADC peuvent aussi être augmentées par
sites tumoraux initiaux, des prises de contraste une microangiogenèse ou des phénomènes nécro-
post-radiques, unique ou multifocales, peuvent tiques. À l'inverse, des lésions de fibrose, des phéno-
également être présentes à distance de la tumeur mènes inflammatoires avec afflux de macrophages
(corps calleux, hémisphère controlatéral, fosse pos- et de polynucléaires expliquent une baisse de l'ADC
térieure). L'évolution immédiate des prises de dans la radionécrose. Les remaniements hémorra-
contraste est variable, suivant celle du processus giques avec des dépôts d'hémosidérine peuvent éga-
physiopathologique dynamique des lésions de lement entraîner une diminution du signal par effet
radionécrose. Pendant la période d'observation de T2* ou T2 dark-through.
quelques mois décidée en cas de possible radioné- La fraction d'anisotropie (FA) obtenue par l'ima-
crose, certaines lésions continuent de grandir avec gerie en tenseur de diffusion est influencée par des
majoration transitoire de l'œdème cytotoxique, données histologiques telles que la cellularité, la
certaines lésions sont stables avant de régresser, et vascularisation et l'organisation structurelle des
d'autres vont régresser d'emblée. Dans les lésions fibres. On note ainsi une relation entre la chute
expansives évolutives symptomatiques, la chirurgie des valeurs de FA et l'agressivité des lésions gliales.
peut être rapidement nécessaire pour diminuer Dans les radionécroses, les fibres et cellules nor-
l'effet de masse et obtenir la ce rtitude diagno­s­ males sont détruites avec pour conséquence une
tique. Les caractéristiques morphologiques des diminution de la FA. Cette diminution de la FA
lésions de radionécrose sont très proches de celle associée à une augmentation de la diffusivité
d'une récurrence tumorale : type de prise de moyenne touche aussi la substance blanche appa-
contraste, siège (dans le site tumoral et à distance), remment normale adjacente à l'œdème.
14 Imagerie post-thérapeutique en oncologie

Imagerie de perfusion chement dans les valeurs de perfusion. Bobek-


Lors des radionécroses, les lésions vasculaires asso- Billewics et al. [30] ont proposé un seuil de VSCr
cient nécrose fibrinoïde extensive et dilatation des inférieur à 1,5 en cas de radionécrose, supérieur à
vaisseaux. Les récidives tumorales sont quant à elles 1,7 en cas de récurrence tumorale, avec des valeurs
caractérisées par une prolifération vasculaire avec une proches dans les lésions radiques pour Barajas et al.
densité vasculaire tumorale élevée. Des analyses his- [31] (VSCr moyen <  1,57 pour les radionécroses et
tologiques ont montré que les récidives tumorales > 2,38 pour les récidives). Dans l'étude de Barajas
avaient des niveaux significativement plus élevés de et al. [31], le critère le plus pertinent de la courbe
néoangiogenèse que les radionécroses, même si le de premier passage pour différencier les lésions était
volume sanguin cérébral des récurrences tumorales la hauteur relative du pic (rPH : hauteur du pic
était significativement plus bas que celui du gliobla­ lésion/hauteur du pic en zone saine) (fig. 1.5 et
stome initial. Différentes méthodes d'analyse de la 1.6), plus importante dans les récidives et dont la
perfusion tissulaire ont été proposées : analyse de la valeur seuil de 1,38 avait une sensibilité de 89 % et
courbe de premier temps de passage du gadolinium une spécificité de 81 %. Un autre critère d'évalua-
par des séquences en T2* sans ou avec injection pré- tion était le pourcentage relatif de récupération du
alable, étude de la dynamique de rehaussement en signal (PRS), significativement plus bas dans les
T1 avec mesure de la constante de transfert (ktrans), récurrences tumorales : seuil maximal de PRS à
étude par marquage des spins (ASL). 87,3 % avec une sensibilité de 78 % et une spécifi-
cité de 76 %. Ce plus faible pourcentage de récupé-
Analyse de la courbe de premier passage d'un chélate ration du signal traduit la lésion de la BHE tumorale
de gadolinium qui entraîne la sortie vasculaire des agents de
Les paramètres habituels d'analyse de la courbe de contraste macromoléculaires.
perfusion sont rappelés sur la figure 1.4. En raison L'analyse de la perfusion comporte certaines diffi-
de la néoangiogenèse, les courbes de perfusion cultés :
montrent un volume sanguin cérébral relatif aug- • l'imagerie acquise en écho de gradient EPI (Echo
menté en cas de tumeur et faible en cas de radioné- Planar Imaging) peut être ininterprétable en
crose (fig. 1.5 et 1.6). La situation est toutefois plus postopératoire en raison des artefacts de suscepti-
complexe en raison de l'hétérogénéité tissulaire, de bilité magnétique liés au matériel métallique adja-
la rupture de la barrière encéphalique et de la pré- cent au site chirurgical (matériel associé au volet,
sence de lésions radiques au sein et au voisinage des poussières métalliques déposées lors du fraisage) ;
lésions tumorales expliquant des zones de chevau- • il existe des différences dans les valeurs de per-
fusion en fonction de la puissance du champ
magnétique et les paramètres des séquences uti-
lisées : surestimation des VSC, HP et sous-­
estimation du PRS à 3 T par rapport à 1,5 T [32].
Analyse de la perfusion par ASL
Dans une étude comparant les données de l'ASL,
du premier passage du chélate de gadolinium et
de la TEP, Ozsunar et al. [33] obtenaient la meil-
leure sensibilité diagnostique avec l'ASL (sensibi-
lités respectives : 88, 86 et 81 %) et proposaient
1,3 comme valeur cut-off du ratio normalisé en
ASL pour séparer radionécrose et récidive. L'ASL,
Fig. 1.4. Paramètres d'analyse de la courbe de premier qui fournit une quantification absolue du débit
passage. sanguin cérébral (mais pas le VSC), n'est pas
HP : hauteur du pic de déflexion du signal (A) après injection en
bolus du chélate de gadolinium. PRS : pourcentage de récupé-
affectée par la fuite capillaire qui conduit à une
ration du signal (B/A) après le premier passage. VSC : volume sous-­estimation du VCS et du débit lors de l'ana-
sanguin cérébral obtenu en intégrant la surface sous la courbe. lyse des courbes après injection de gadolinium.
Chapitre 1. Imagerie post-thérapeutique des gliomes de haut grade 15

A C

B
Fig. 1.5. Radionécrose.
A. Récidive d'une lésion primitive maligne précentrale gauche (tumeur initialement traitée par chirurgie et radiothérapie convention-
nelle). Nouveau traitement par radiothérapie stéréotaxique.
B. IRM de contrôle 8 mois après la ré-irradiation. Nette majoration de la taille et du rehaussement de la lésion. Perfusion avec
analyse de la courbe de premier passage d'un chélate de gadolinium : VSCr =  1,4, PRS =  92 %, rHP =  0,88. Mise en route d'une
corticothérapie. Régression très progressive de la lésion confirmant la radionécrose.
C. IRM de contrôle à distance (2 ans).

Fig. 1.6. Récidive d'un gliome malin.


Lésion temporale droite traitée selon le protocole de Stupp. IRM de contrôle réalisée 9 mois après la fin de l'irradiation. Apparition
d'une prise de contraste en bordure de la cavité opératoire. Perfusion avec analyse de la courbe de premier passage d'un chélate
de gadolinium : VSCr =  2,4 ; PRS =  87 % ; rHP =  3,9. Exérèse du bourgeon tumoral confirmant la récidive.
16 Imagerie post-thérapeutique en oncologie

Spectroscopie d'une récidive pure, elle est souvent d'interpré-


La dégradation structurelle des tissus après radio- tation difficile compte tenu de la fréquente asso-
thérapie s'accompagne d'une modification précoce ciation lésions radiques/récidive tumorale. Il
de l'activité métabolique, avant l'apparition des existe alors un moyennage des valeurs des méta-
symptômes neurocognitifs et des modifications bolites au sein du voxel rendant compte des faux
anatomiques visibles en imagerie conventionnelle. négatifs de récurrence tumorale. De plus, les
L'altération des métabolites cérébraux concerne études en monovoxel ne permettent qu'une
surtout le N-acétylaspartate dont la concentration exploration métabolique partielle de territoires
chute en raison de la mort cellulaire par apoptose larges ou multifocaux prenant le contraste.
ou dysfonctionnement neuronal. Le second méta- L'utilisation de la spectroscopie multivoxel per-
bolite touché par l'irradiation est la choline dont le met ainsi d'observer des profils tumoraux dans
taux est corrélé à la biosynthèse des membranes les zones ne se rehaussant pas et dans la sub­
cellulaires et au turnover métabolique. La créati- stance blanche apparemment normale voisine.
nine (Cr), marqueur du métabolisme énergétique,
est considérée comme relativement stable en cas de Scintigraphie
lésion radique, même si cette stabilité est discutée Les récidives sont caractérisées par un hyperméta-
(notamment en raison des phénomènes hypoxiques bolisme responsable d'une augmentation de la
associés). On observe classiquement une faible élé- captation des traceurs en imagerie TEP, alors qu'il
vation du pic de Cho et du ratio Cho/Cr dans les existe une faible captation (SPECT [Single Photon
zones tissulaires de radionécrose. Les lésions Emission Computed Tomography] et TEP) en cas
radiques peuvent également posséder un large pic de radionécrose. Chao et al. [34] ont rapporté
situé entre 0,8 et 2,4 ppm qui reflète la présence de une sensibilité de 75 % et une spécificité de 81 %
débris cellulaires contenant des acides gras, du lac- de la 18F-FDG TEP pour la différenciation entre
tate et des acides aminés. Présents dans les lésions récidive tumorale et nécrose. L'utilisation de la
post-radiques sévères, les pics détectés entre 2,37 11
C-méthionine qui ne s'accumule pas dans la
et 2,4 ppm sont liés à la présence de lactate associé, nécrose inflammatoire serait plus performante
en raison de la glycolyse anaérobie à du pyruvate pour différencier récidive tumorale et nécrose
(2,37 ppm) ou du succinate (2,4 ppm) comme post-radiothérapie et l'utilisation d'un autre acide
dans les abcès. Si les récidives tumorales s'accom- aminé. La 18F-FET TEP aurait une sensibilité de
pagnent également d'une diminution du NAA, il 100 % et une spécificité de 93 % pour le diagnostic
existe en revanche une importante élévation du pic de récidive tumorale [27].
de Cho en raison de la prolifération cellulaire. Là
encore, l'analyse des métabolites prend toute son
importance. Prise en charge thérapeutique des radionécroses
Les ratios les plus utilisés dans la littérature sont Il n'existe pas à l'heure actuelle de traitement médi-
Cho/Cr et Cho/NAA. Les chiffres seuils sont cal spécifique. Un traitement par corticoïdes est
variables selon les études (de 0,7 à 2 pour Cho/Cr habituellement instauré afin de diminuer l'œdème et
et Cho/NAA >  1,8 en faveur d'une récidive). Ces les contingents inflammatoires associés à la radioné-
différences sont probablement à mettre sur le crose. L'oxygénothérapie hyperbare a été proposée
compte de petits effectifs, de l'hétérogénéité dans certaines séries. Le bévacizumab a également
tumorale et de la différence des techniques utili- été utilisé pour son mécanisme antiangiogénique
sées (mono ou multivoxel). L'analyse spectrosco- afin de réduire le développement des lésions de
pique présente plusieurs limites : radionécrose, mais sans efficacité prouvée.
• les lésions à proximité de l'os sont difficiles à L'exérèse chirurgicale des lésions de radionécrose
étudier de façon fiable en raison des artefacts de est parfois nécessaire en raison d'un d'effet de
susceptibilité magnétique ; masse symptomatique ou en cas de doute dia-
• si la spectroscopie est fiable pour différencier les gnostique sur des lésions de petite taille situées en
tissus composés d'une radionécrose pure ou zone non fonctionnelle.
Chapitre 1. Imagerie post-thérapeutique des gliomes de haut grade 17

Pseudo-réponse niques. L'échantillonnage des zones de rehausse-


ment de signal T1 post-gadolinium objectivait :
Les agents antiangiogéniques (bévacizumab, cedi- • une stabilité du rapport NAA/Cho pendant le
ranib) testés lors d'essais de phase II contre le GB 1er mois de traitement ;
produisent une diminution rapide de la prise de • une augmentation significative au-delà, avec
contraste tumorale avec un taux de réponse élevé augmentation de NAA/Cr et décroissance de
(jusqu'à 60 % avec le bévacizumab) et une survie Cho/Cr ;
sans progression à 6 mois importante, mais avec • une nouvelle diminution de ce même rapport
un effet modeste sur la survie globale. Dans ces NAA/Cho lors de l'échappement.
études, la prise de contraste était utilisée pour Lors des essais étaient également rapportées cer-
déterminer la réponse dans ces essais, avec une taines progressions tumorales qui ne concernaient
amélioration radiologique notée dès 1 à 2 jours que l'infiltration en T2, sans prise de contraste
après le début du traitement, associée chez cer- (fig. 1.7). L'inhibition de l'angiogenèse peut pré-
tains patients à une amélioration clinique. Certains céder et même stimuler d'autres voies de dissémi-
auteurs [35] ont montré la pertinence du suivi en nation tumorale qui contournent ses effets
spectroscopie des glioblastomes sous antiangiogé-

A B C

D E F
Fig. 1.7. Pseudo-réponse.
Glioblastome de la région des noyaux gris centraux.
A. Coupe pondérée en T1 après injection.
B, C. Coupes pondérées en T2 Flair. Mise en route d'un traitement par bévacizumab après échec du TMZ.
D–F. IRM de surveillance, 6 mois après le début du traitement par l'agent antiangiogénique (D : coupe pondérée en T1 après
injection, E et F : coupes pondérées en T2 Flair). Régression des prises de contrastes. Majoration de l'infiltration en T2 dans les
régions frontale droite, temporales, cingulaire postérieure gauche et cérébelleuse supérieure gauche.
18 Imagerie post-thérapeutique en oncologie

(phénomène de cooptation vasculaire), expliquant


Le suivi du traitement des gliomes de haut grade repose
l'augmentation modeste de la survie malgré un sur l'examen clinique (fonctions neurologiques, risques de
taux important de réponse en imagerie. La dimi- comitialité, utilité et suivi du traitement par corticoïde) et
nution rapide de la prise de contraste suggère une pour l'imagerie sur l'IRM (critères de RANO). Les séquences
modification de la perméabilité vasculaire avec d'IRM doivent être effectuées au cours de la surveillance
normalisation de la BHE plus qu'une vraie réduc- avec les mêmes types de paramètres d'acquisition, la
tion tumorale. L'effet radiologique immédiat doit même orientation des coupes et si possible sur le même
être interprété avec prudence car une réponse appareil (au moins avec la même puissance de champ).
peut ne survenir que pendant quelques jours ou En cas de radiothérapie, il faut attendre au moins 2 mois
semaines, réalisant ainsi une « pseudo-réponse » après la fin de l'irradiation (soit 3 mois après la chirurgie)
carcinologique. Des résultats très rapides ont aussi pour l'analyse IRM en raison des fausses aggravations
possibles (PP). Durant la phase de chimiothérapie, l'IRM
été démontrés avec le ceridanib qui produit une
est effectuée toutes les 2 cures, soit tous les 3 à 4 mois.
normalisation de la BHE dans les 24 heures. La Lorsqu'une progression des images est notée durant les
réversibilité de cette normalisation vasculaire avec 3 premiers mois suivant le début du traitement, compte
de nouvelles prises de contraste et œdème à l'arrêt tenu des possibles PP, le TMZ est poursuivi et une nouvelle
du traitement (effet rebond) a été notée chez des IRM de contrôle est réalisée 3 mois plus tard. Le statut
patients qui nécessitaient une suspension du trai- méthylé de la MGMT, les techniques avancées IRM (perfu­
tement, notamment en raison de sa toxicité. Cet sion, spectroscopie multivoxels) et les données de la scin­
effet rebond était suivi d'une nouvelle pseudo- tigraphie peuvent orienter vers une PP. Si les lésions
réponse après reprise du traitement. restent stables ou régressent, la PP est confirmée.
En cas de vraie progression avec échappement au TMZ,
La pseudo-réponse, à l'instar de la PP, est aussi
une chimiothérapie de rattrapage par irinotécan asso­
associée à un bénéfice clinique. Le degré de dimi- ciée à un antiangiogénique (bévacizumab) est habituel­
nution du rehaussement secondaire à la thérapie lement utilisée comme seconde ligne de traitement,
anti-VEGF après seulement 1 jour de traitement permettant dans certains cas des stabilisations prolon­
est bien corrélé avec la survie [23]. Que ce soit un gées du glioblastome.
véritable effet antiglial ou simplement une pseudo- Le diagnostic différentiel entre radionécrose et récidive
réponse, la normalisation de la BHE et la réduction tumorale reste en pratique très difficile (morphologie de la
associée de l'œdème vasogénique permettent une prise de contraste dans le site irradié ne permettant pas
amélioration des symptômes, une réduction de la d'orienter le diagnostic). Le développement des tech­
dépendance aux corticoïdes, avec une amélioration niques d'IRM de perfusion non affectées par la fuite capil­
laire du contraste (telles que l'ASL ou les nouveaux agents
de la fonction cérébrale et de la qualité de vie.
de contraste) et l'amélioration de l'accessibilité aux scinti­
graphies utilisant les acides aminés pourraient offrir de
nouvelles perspectives pour ce challenge diagnostique.
Guidelines d'évaluation
de la réponse Références
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Chapitre 2
Aspects post-thérapeutiques
des carcinomes épidermoïdes
de l'oropharynx de la cavité buccale
F. Bidault • A. Varoquaux •
A. Reyre • N. Daly-Schveitzer • G. Bonardel • N. Fakhry • S. Ammari

L'imagerie après traitement répond à trois indica- peut concourir au diagnostic précoce de mala-
tions : l'évaluation de la réponse au traitement, la dies liées aux mêmes facteurs de risque : deu-
recherche d'une poursuite évolutive ou d'une xième cancer ORL ou thoracique, pathologies
récidive, et l'exploration des complications (ex : cardiovasculaires. Le suivi est aussi l'occasion
ostéonécrose). d'encourager le sevrage alcoolotabagique s'il y a
Environ la moitié des récidives tumorales, soit lieu, d'organiser les soins de support, de faciliter
locales soit métastatiques, surviennent dans les la réinsertion. Outre la survie, le suivi carcinolo-
deux premières années suivant le traitement d'un gique permet d'améliorer la qualité de vie du
cancer de l'oropharynx et/ou de la cavité buccale. patient et celle de ses proches.
La chirurgie de rattrapage est habituellement pro- Devant la présence d'un cancer ORL ou de sa réci-
posée aux patients atteints d'une récidive locoré- dive, la proposition thérapeutique est élaborée lors
gionale potentiellement résécable [1] ; dans les de la réunion de concertation multidisciplinaire.
autres cas, une irradiation ou une ré-irradiation Cette proposition dépend de multiples facteurs
associée ou non à une chimiothérapie peut être relatifs aux caractéristiques de la tumeur, à l'état
retenue, voire une chimiothérapie seule en cas général du patient et aux éventuelles comorbidités
d'évolution métastatique. présentes. Il n'est pas possible ici de développer
L'imagerie post-thérapeutique d'une tumeur l'ensemble des éventualités thérapeutiques pou-
maligne de l'oropharynx et de la cavité buccale vant être retenues : on peut toutefois rappeler
complète le suivi clinique sans jamais le rempla- quelques principes généraux. Un traitement à visée
cer [2]. L'objectif premier de l'imagerie post- curative comporte le plus souvent une chirurgie
thérapeutique est d'aider au diagnostic précoce et/ou une radiothérapie, voire une succession des
d'une récidive locale ou locorégionale potentiel- deux (notamment en cas d'atteinte ganglionnaire).
lement curable par un deuxième traitement. Une atteinte osseuse (par exemple mandibulaire)
Dans une moindre mesure, l'imagerie peut faire ne plaide pas pour la réalisation d'une r­ adiothérapie
le diagnostic d'une évolution métastatique seule ; la chirurgie de l'os atteint est souhaitable.
débouchant alors habituellement sur un traite- Le traitement, qu'il soit chirurgical ou radiothéra-
ment palliatif symptomatique. Enfin, l'imagerie pique, doit prendre en compte la tumeur initiale

Imagerie post-thérapeutique en oncologie


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22 Imagerie post-thérapeutique en oncologie

et les aires ganglionnaires. Une chimiothérapie est Statut post-exérèse


le plus souvent associée à la radiothérapie (radio- Aspects postopératoires
chimiothérapie concomitante) pour les tumeurs
Chirurgie d'exérèse et de reconstruction
localement avancées ; sa réalisation en première
intention est aujourd'hui discutée mais peut être La chirurgie vise à enlever la tumeur en un seul
utile en cas de maladie très évolutive. bloc et en marges saines. La complexité anato-
mique de la tête et du cou rend variées les tech-
Les aspects post-thérapeutiques diffèrent en fonc-
niques chirurgicales d'exérèse. Ces modalités
tion du type de traitement réalisé. Nous traiterons
d'exérèse dépendent de la topographie initiale et
de l'aspect après chirurgie puis de celui après
de l'extension en imagerie et sont résumées dans
radiothérapie et enfin de celui des récidives. La
le tableau 2.1.
chimiothérapie influence peu l'imagerie par elle-
même mais elle est souvent associée à la radiothé- Les indications de la buccopharyngectomie trans-
rapie dans le cas de lésions de stade avancé. mandibulaire sont essentiellement représentées
par les tumeurs de la loge amygdalienne, du sillon
L'apport de la médecine nucléaire pour la carcino-
amygdaloglosse, du trigone rétromolaire et du
logie cervico-faciale est abordé ponctuellement
plancher postérieur. En cas d'extension osseuse,
dans ce chapitre et est traité de façon plus com-
une mandibulectomie segmentaire (BPTM inter-
plète au chapitre suivant (chapitre 3).
ruptrice) est pratiquée. Lorsque l'invasion mandi-
bulaire est superficielle ou minime, une baguette
Aspects post-thérapeutiques osseuse peut être souvent conservée (BPTM non
en imagerie interruptrice).
La reconstruction, lorsqu'elle est indiquée, vise à
Aspects post-chirurgicaux réduire les séquelles esthétiques et fonctionnelles
sur la déglutition et la mastication en comblant la
Les carcinomes de la cavité buccale relèvent dans la perte de substance par des tissus mous et en rem-
plupart des cas d'un traitement chirurgical. Celui-ci plaçant si besoin les structures osseuses.
comporte toujours un temps d'exérèse et souvent
un temps de reconstruction. L'imagerie n'est
jamais « normale » et les modifications post-théra- Chirurgie d'évidement ganglionnaire cervical
peutiques sont fonction de l'importance de l'exé- Les indications d'évidement cervical diffèrent en
rèse et éventuellement du type de reconstruction fonction de la topographie de la tumeur primi-
pratiquée. D'éventuelles neuropathies acquises et tive, du choix de son traitement et des secteurs
l'importance des lésions cicatricielles rendent d'au- ganglionnaires atteints. La chirurgie d'exérèse
tant plus importantes les anomalies visualisées. ganglionnaire est quasi systématique en cas de
La date de la première exploration en imagerie à la chirurgie de la tumeur primitive et elle est prati-
recherche d'un reliquat ou d'une récidive ne doit quée en premier temps avant l'exérèse
pas être trop précoce, les remaniements inflamma- tumorale.
toires post-chirurgicaux, associant œdèmes et On distingue trois types d'évidements ganglion-
tuméfactions, sont en pratique difficiles à distin- naires :
guer d'un éventuel résidu tumoral ou d'une pour- • les évidements radicaux, qui consistent en l'exé-
suite évolutive. La plupart des auteurs s'accordent rèse en bloc des niveaux ganglionnaires de I à V
sur un délai minimum de 3 mois avant de prati- en emportant le muscle sterno-cléido-mastoï-
quer le premier examen radiologique [3]. dien, la veine jugulaire interne, la glande sub-
La connaissance préalable du type de chirurgie et mandibulaire et le nerf spinal accessoire. Ils ne
d'éventuels antécédents de radiothérapie est un concernent pas habituellement les ganglions
prérequis à l'interprétation des images pour ne pas sous-occipitaux, buccaux, rétropharyngés et
confondre un aspect post-thérapeutique avec celui paratrachéaux. Ils trouvent leurs indications
d'une récidive. dans les atteintes ganglionnaires volumineuses
Chapitre 2. Aspects post-thérapeutiques des carcinomes épidermoïdes 23

Tableau 2.1 Glossaire technique des différentes chirurgies des VADS [5]
Localisation anatomique Chirurgie Reconstruction Séquelles attendues Durée approximative
sur la déglutition d'hospitalisation
Langue
Bord libre Glossectomie partielle Non Non < 1 sem.
Latéral Hémiglossectomie ± Non 1 sem.
Médiane Glossectomie subtotale Oui ± 2 sem.
Base Basiglossectomie Oui Oui 2 sem.
Plancher buccal
Sillon pelvilingual Pelviglossectomie Oui Oui 10 j
Plancher Pelvectomie ± ± 1 sem.
Tumeur gingivomandibulaire Mandibulectomie ± BPTM Oui Oui 10 j à > 2 sem.
Oropharynx
Amygdale Oropharyngectomie ± Non 1 sem.
latérale
Voile du palais Oropharyngectomie ± Oui 1 sem.
postérieure
Paroi postérieure Oropharyngectomie Oui Oui 2 sem.
circulaire
VADS : voies aérodigestives supérieures ; BPTM : buccopharyngectomie transmandibulaire.

c­ omportant des risques évidents de rupture cap- Inflammation


sulaire. On peut en rapprocher les évidements L'imagerie périopératoire recherche des complica-
radicaux étendus qui comportent en plus des tions aiguës liées au geste chirurgical. Dans ce cas de
évidements radicaux d'autres tissus comme de la figure, les importants remaniements inflammatoires
peau, d'autres muscles ou des nerfs crâniens ; masquent un éventuel reliquat tumoral. En image-
• les curages radicaux modifiés, développés pour rie en coupes avec injection de produit de contraste
réduire les séquelles fonctionnelles des évide- ou en TEP-FDG marqué, les remaniements post­
ments et se définissant par rapport aux curages opératoires apparaissaient sous la forme d'un
radicaux par les éléments non lymphatiques pré- œdème avec une prise de contraste ou une captation
servés : le nerf spinal accessoire (type I, non visible du radiotraceur. Ces images apparaissent immédia-
en imagerie), la veine jugulaire interne (type II), tement après l'intervention, y compris pour des
le muscle sterno-cléido-mastoïdien (type III) ; gestes superficiels. Même la simple pose d'une
• les évidements sélectifs, qui préservent un ou sonde nasogastrique peut parfois, par inflammation
plusieurs groupes ganglionnaires. La classifica- mécanique, avoir une traduction en imagerie.
tion du Memorial Sloan Kettering Cancer center
en distingue quatre types : Aspects tardifs
– l'évidement sus-omohyoïdien (niveaux I, II, Fibrose cicatricielle
III), Les lésions cicatricielles apparaissent autour du
– l'évidement jugulaire (niveaux II, III et IV), 10e jour de façon concomitante à la chute d'escarre.
– l'évidement récurrentiel, Elles peuvent intéresser tous les plans de résection
– l'évidement postérolatéral (niveau V et de la ou de section, du plan cutané ou muqueux aux
chaîne jugulaire profonde des niveaux II, III, plans profonds. L'épaisseur de la cicatrice présente
IV) [4]. d'importantes variations ­interindividuelles ­soumises
24 Imagerie post-thérapeutique en oncologie

à des facteurs locaux et génétiques. Au niveau diens, le muscle mylohyoïdien, le muscle digastrique
cutané cette variation peut aller d'une cicatrice à (ventre postérieur) sont innervés par les fibres
peine visible aux cicatrices chéloïdes ou aux botryo- motrices du V. Le nerf facial innerve les muscles
mycomes. À moindre degré, de telles variations superficiels notamment le buccinateur, le risorius,
existent au niveau de la surface muqueuse et posent l'orbiculaire de la bouche et le platysma. Le nerf
parfois des problèmes diagnostiques. Si le volume vague innerve quant à lui les muscles constricteurs
des cicatrices est strictement imprévisible, leur (inférieur, moyen et supérieur) du pharynx, les
aspect en imagerie et en clinique varie avec le muscles stylopharyngiens, palatoglosse, palato-
temps. Habituellement les lésions cicatricielles pharyngien ainsi que l'élévateur du voile du palais.
jeunes (10 jours – 3 mois) sont le siège d'un Les évidements ganglionnaires radicaux, parfois
œdème et de prises de contrastes en scanner et en associés aux résections tumorales, comportent un
IRM, parfois pseudo-tumorales (granulomes pos- risque de lésion du nerf spinal, innervant les
topératoires). Tardivement ces lésions présentent muscles trapèze et sterno-cléido-mastoïdien.
une prise de contraste moins perceptible lors de la À l'état normal, seule la portion cisternale des
phase veineuse de l'injection. nerfs crâniens est accessible à l'exploration IRM
L'IRM est particulièrement démonstrative pour à l'aide des séquences écho de gradient T2 volu-
mettre en évidence ces modifications. miques inframillimétriques (ex : CISS = Constructive
Habituellement la fibrose jeune est en hypersignal Interference in Steady State). Certains auteurs
T2 puis le signal baisse proportionnellement à la s'accordent sur l'intérêt de la mesure de la fraction
diminution de l'œdème jusqu'à apparaître en d'anisotropie en tenseur de diffusion IRM qui
franc hyposignal. À ce stade, ces lésions sont rare- permettrait une autre approche anatomique extra-
ment de morphologie nodulaire mais plutôt crânienne de certains nerfs crâniens. Leur intérêt
linéaires voire rétractiles. en carcinologie n'a pas été évalué.
Du fait de la difficulté d'interprétation des lésions Des signes de paralysie nerveuse, survenant tardi-
inflammatoires et cicatricielles « jeunes », la plupart vement ou sans rapport direct avec l'exérèse prati-
des recommandations internationales [5, 6] préco- quée, doivent conduire à élargir le champ
nisent de réaliser une imagerie post-thérapeutique d'exploration pour couvrir l'intégralité de la topo-
de référence entre 3 et 6 mois après la fin du traite- graphie nerveuse afin de ne pas négliger une réci-
ment pour permettre une comparaison ultérieure. dive tumorale liée à une extension périnerveuse.

Neuropathies séquellaires
Au niveau de la cavité buccale et de l'oropharynx, Statut post-reconstructions
des amyotrophies secondaires au traitement sont Lambeaux et greffes osseuses
fréquemment retrouvées. Leur mécanisme est une
désafférentation nerveuse des fibres motrices res- La réalisation d'un lambeau de reconstruction a
ponsable d'une paralysie ou d'une parésie parfois pour but de limiter les séquelles liées à l'exérèse
cliniquement frustre. Ces lésions nerveuses peuvent chirurgicale. La restitution ad integrum de la plas-
être secondaires à la chirurgie ou moins fréquem- tique et de la fonction est impossible. Cependant,
ment causées par une atteinte tumorale périneurale. en permettant de rétablir un volume satisfaisant, la
L'atteinte du nerf hypoglosse est particulièrement mise en place d'un lambeau conduit à une amélio-
illustrative, en montrant un remplace­ment grais- ration nette de la déglutition et de l'élocution.
seux de l'hémi-langue respectant le raphé médian. La plupart des équipes réalisent des lambeaux de
Au niveau de la langue, seul le muscle palatoglosse reconstruction dans le même temps opératoire
est épargné par l'amyotrophie, en raison de son que l'exérèse. Ces reconstructions primaires sont
innervation par le nerf vague. préférées aux reconstructions secondaires : le ter-
D'autres amyotrophies peuvent survenir, elles rain cicatriciel et/ou traité par radiothérapie rend
témoignent du nerf atteint. Les muscles ptérygoï- le geste plus délicat et les résultats plus aléatoires.
Chapitre 2. Aspects post-thérapeutiques des carcinomes épidermoïdes 25

Lambeaux pédiculés (grand dorsal, et dont le pédicule nourricier est sectionné et


grand pectoral) ensuite anastomosé aux artères et aux veines du
Les lambeaux peuvent être « pédiculés », c'est- cou par des microsutures vasculaires sous
à-dire que leur pédicule nourricier (artère et veines) microscope. Cette seconde technique permet de
est conservé et que les tissus sont déplacés en rota- prélever à distance des tissus variés (os, peau,
tion et/ou translation pour venir réparer la perte de muscle, fascia, etc.) dont le volume est adaptable
substance. Pour les réparations de la cavité buccale, à la reconstruction envisagée. Les lambeaux
les lambeaux pédiculés les plus utilisés sont les lam- libres les plus utilisés pour la réparation de la
beaux musculo-muqueux de la joue pédiculés sur cavité buccale sont l'antébrachial radial (dit lam-
l'artère faciale, les lambeaux du muscle grand pec- beau chinois), le grand droit de l'abdomen, le
toral ou du muscle grand dorsal (peau + muscle). lambeau de cuisse.
Ces deux derniers sont essentiellement utilisés pour En raison de leur dénervation, les lambeaux vont
l'oropharynx pour des raisons anatomiques. progressivement montrer en imagerie des signes
d'atrophie avec un remplacement graisseux des
Lambeaux libres de tissus mous fibres musculaires (fig. 2.1). Ce remplacement
Les lambeaux « libres » sont des lambeaux préle- graisseux du lambeau est intéressant lors du suivi en
vés en règle à distance de la sphère cervicofaciale imagerie : la démarcation entre la berge d'exérèse

Fig. 2.1. IRM d'un statut post-chirurgical sans récidive.


Patient de 63 ans, IRM de référence post-thérapeutique 4 mois après un traitement par chirurgie et radiothérapie d'un carcinome
épidermoïde de la cavité buccale.
A. Panoramique dentaire.
B. IRM axiale en pondération écho de spin T2.
C et D. Écho de spin T1 sans (C) puis après injection (D).
E. Soustraction des deux précédentes.
F. IRM coronale en pondération T2 STIR.
Statut postopératoire d'une BPTM non interruptrice ayant conservé une baguette osseuse (A, flèche). Présence d'un lambeau libre
de reconstruction sous forme d'un tissu de comblement d'aspect graisseux (B, C, D, E, flèches). À noter un aspect net des berges
de résection (B, C, D, E, têtes de flèches) prenant un aspect linéaire en hyposignal T2 (B, têtes de flèches) en rapport avec des
lésions fibrocicatricielles, rassurant dans ce contexte. À noter un kyste du tractus thyréoglosse dont le volume s'est majoré depuis
le traitement par radiothérapie (F, flèche).
26 Imagerie post-thérapeutique en oncologie

et les berges du lambeau est alors bien visible et son Secondairement, la mise en place d'implants den-
aspect bien « net » est un bon signe d'absence taires est envisageable dans certains cas, le plus sou-
d'évolution tumorale. vent en l'absence de radiothérapie postopératoire.

Transferts osseux vascularisés libres


(lambeau libre de tissu osseux)
Ostéosynthèse/Orthèse/Prothèse
Lors de la réparation par lambeau libre osseux, la
fibula est le plus souvent utilisée. Elle a l'avantage Cette technique, rarement employée, n'est propo-
de présenter une importante longueur disponible sée que pour les pertes de substance latérale limi-
(25 cm utilisables en moyenne) et d'autre part tées et dans un but uniquement cosmétique.
une double vascularisation (périostée et médul- La plaque est moulée à la forme de l'os réséqué et
laire) qui permet la réalisation de plusieurs ostéo- on réalise une ostéosynthèse au niveau des moi-
tomies sans danger pour la vitalité des fragments gnons mandibulaires restants. Des prothèses
osseux ainsi obtenus. Ses deux extrémités sont condyliennes attenantes à la plaque en cas de
préservées pour maintenir la stabilité des articula- désarticulation existent. Même si l'utilisation du
tions du genou et de la cheville. titane a permis une meilleure tolérance des plaques
Une fois prélevé avec ses pédicules vasculaires, le d'ostéosynthèse, l'expulsion du matériel survient
péroné est modelé par ostéotomies segmentaires dans 25 à 50 % des cas et nécessite le plus souvent
pour lui donner une forme de mandibule et les son ablation définitive.
vaisseaux péroniers sont anastomosés aux vais- Lors des réparations symphysaires, la fermeture
seaux du cou. Des plaques d'ostéosynthèse sont étanche autour de la plaque est toujours difficile,
ensuite utilisées pour fixer le transplant à la man- et nécessite le plus souvent une couverture par un
dibule restante (fig. 2.2). lambeau musculocutané.

Fig. 2.2. TDM (tomodensitométrie) d'un statut post-chirurgical sans récidive.


Patient de 59 ans en postopératoire d'une buccopharyngectomie transmandibulaire interruptrice pour carcinome pelvilingual.
Recherche d'une collection profonde en postopératoire précoce. TDM avec injection de produit de contraste et reconstruction en
mode X ray sum en coronal (A), reconstructions millimétriques coronales (B) et axiale (C). Aspects postopératoires récents attestés
par la présence d'agrafes cutanées de cervicotomie, persistance de bulles d'air minimes du site opératoire (B, têtes de flèches),
et infiltration de la graisse sous cutanée sans collection (C, têtes de flèches). Aspect postopératoire de lambeau de reconstruction
péroné (transfert osseux vascularisé libre [TOVL], A, C, flèches) et de lambeau chinois (B, flèches).
Chapitre 2. Aspects post-thérapeutiques des carcinomes épidermoïdes 27

Aspects post-radiothérapie D'autres modifications peuvent être observées.


Le traitement des chaînes ganglionnaires cervi-
Les aspects de l'imagerie ORL (scanner et IRM) cales par radiothérapie (et également par chirur-
après radiothérapie externe sont bien décrits dans gie) peut induire une turgescence des ganglions
la littérature [7, 8]. Ils sont au nombre de sept. sous-mentonniers (groupe IA), probablement par
Leur importance dépend de la dose, du volume trouble du drainage lymphatique. Les ganglions
irradié et du délai après traitement (encadré 2-1). de ce groupe sont alors centimétriques et arrondis
Les modifications observées sont habituellement sans signe évocateur de nécrose et sans irrégularité
bilatérales et symétriques. Une radiothérapie des contours. Ils sont de plus stables dans le
conformationnelle asymétrique et/ou en modula- temps, ce qui est très rassurant (fig. 2.3).
tion d'intensité peut toutefois entraîner des modi- La présence d'une masse ganglionnaire résiduelle
fications qui ne sont perceptibles que dans la zone après radiothérapie est un cas plus difficile. Cette
effectivement irradiée et dont l'interprétation masse peut être une poursuite évolutive ou un
peut nécessiter d'avoir connaissance de la balis- simple aspect post-thérapeutique sans reliquat
tique d'irradiation. L'intérêt de connaître ces tumoral. Les imageries scanners et IRM sont alors
aspects est de ne pas les confondre avec une pour- d'interprétation difficile. Les solutions pour orien-
suite évolutive tumorale. Ces signes ne sont ter le diagnostic sont :
cependant pas très spécifiques : par exemple une 1. un contrôle histologique (biopsie, chirurgie),
prise de contraste peut être présente en cas d'in- cytologique (ponction à l'aiguille fine) ;
flammation, d'infection, d'ulcération ou de lésion 2. un examen TEP-FDG, qui présente l'avantage
tumorale. Les prises de contraste, pour être en d'une bonne valeur prédictive négative de la
faveur d'un simple aspect post-thérapeutique, présence d'un reliquat tumoral (fig. 2.4) [10] ;
doivent être fines (inférieures à 2 mm selon cer- 3. un suivi dans le temps objectivant une stabilité
tains auteurs), rester stables ou diminuer dans le de la masse en cas de bénignité.
temps [9]. Cela souligne encore l'intérêt de pou-
voir comparer les imageries de suivi post-théra-
peutique et de la recommandation de réaliser une Complications
imagerie de référence systématique à 3 mois de la
fin des traitements. Collections postopératoires
Les collections postopératoires ne sont pas néces-
sairement des abcès. Tout d'abord les séromes sont
Encadré 2-1
des collections de liquide séreux, de nature exsuda-
Aspects attendus en imagerie tive, favorisées par l'inflammation locale. En image-
après radiothérapie rie ils se distinguent d'une part des hématomes par
1. Épaississement de la peau et du muscle leur contenu plus liquidien et d'autre part des abcès
platysma par leurs parois peu ou pas rehaussées par l'injec-
2. Réticulation de la graisse sous cutanée et tion de produit de contraste. Les chylomes iatrogé-
des espaces profonds niques sont rares. Ils correspondent à une plaie
3. Augmentation de la prise de contraste des lymphatique survenant habituellement après un
glandes salivaires, puis atrophie curage ganglionnaire. Ils se distinguent des séromes
4. Œdème rétropharyngé, laryngé, muscu- par leur contenu partiellement graisseux parfois
laire avec des niveaux liquide-graisse. Leur croissance est
5. Épaississement régulier et prise de contraste habituellement lente sur plusieurs semaines.
des muqueuses
6. Atrophie du tissu lymphatique (anneau de Infections
Waldeyer)
7. Modifications symétriques Les complications infectieuses postopératoires se
distinguent des autres infections ORL. D'une part,
28 Imagerie post-thérapeutique en oncologie

Fig. 2.3. Aspect post-irradiation de ganglions du groupe Ia arrondis non tumoraux, stables.
Patient de 65 ans, aux antécédents de carcinomes épidermoïdes du plancher buccal et de l'oropharynx traités par radiothérapie
exclusive. Présence d'un ganglion non tumoral arrondi du groupe Ia morphologiquement stable dans le temps : à 4 mois de la fin
des traitements (imagerie de référence, A, flèche) ; à 46 mois de la fin des traitements (B, flèche).

Fig. 2.4. Aspect post-thérapeutique : masse résiduelle normale ou pathologique ?


Patiente de 60 ans traitée par radiochimiothérapie pour un carcinome épidermoïde T2 N3 oropharyngé.
A. Présence d'une masse ganglionnaire cervicale gauche résiduelle sur l'examen scanner de référence après traitement.
B. TEP-FDG réalisée le lendemain du scanner : fixation à la périphérie de la masse interprétée comme très faible et conclusion
de l'examen déclarant l'absence de site tumoral métaboliquement détectable.
Un curage ganglionnaire emportant la masse est réalisé. Anatomopathologie : métastase ganglionnaire totalement nécrosée
témoignant d'une réponse complète au traitement par radiochimiothérapie. Cet exemple illustre la bonne valeur prédictive négative
de poursuite évolutive tumorale de l'examen TEP-FDG.
Chapitre 2. Aspects post-thérapeutiques des carcinomes épidermoïdes 29

la porte d'entrée est quasi exclusivement celle du carotide externe et des veines cervicales (jugulaire
site opératoire. D'autre part, les voies d'extensions interne ou externe). Il est important de savoir
infectieuses ne sont plus uniquement condition- qu'habituellement une seule des deux veines est
nées par les fascias et les espaces profonds, mais laissée perméable, l'autre est souvent obstruée par
égale­ment par la voie d'abord chirurgicale. Si les un clip chirurgical, ce qui ne doit pas faire porter
lésions élémentaires sont communes à toutes les à tort le diagnostic de thrombose veineuse d'une
infections (cellulite, fascéite, myosite, abcès et des deux veines du lambeau.
phlegmons) [11], les distinguer de l'œdème et de
l'inflammation périopératoire est parfois délicat à
Hémorragie du lambeau ou du site d'exérèse
un stade initial de l'infection. À titre d'exemple, la
présence de bulles gazeuses et d'infiltration des fas- Une hémorragie aiguë, au 10e jour (classique
cias au niveau de la voie d'abord chirurgicale est chute d'escarre) ou retardée est une complication
classique et ne signifie pas qu'il coexiste une fasciite rare (< 1 %). Sa gravité dépend de multiples
nécrosante. De même, il est parfois délicat devant ­facteurs dont la taille et le type de vaisseau lésé ;
une collection cervicale de la distinguer d'un simple la rupture carotidienne en est la forme la plus
sérome postopératoire. En cas de doute diagnos- redoutable. L'hémorragie est soit d'emblée exté-
tique, la réalisation d'une reprise chirurgicale ou riorisée, notamment par l'intermédiaire d'un drain
d'une ponction diagnostique peut être nécessaire. en place, soit à l'origine d'hématome parfois res-
ponsable de détresse respiratoire aiguë (héma-
Complications vasculaires tome suffocant). Les hémorragies postopératoires
Nécrose de lambeaux nécessitent une prise en charge immédiate.
L'hémostase est parfois contrôlée médicalement
Le diagnostic de nécrose des lambeaux revient à et peut nécessiter une reprise chirurgicale ou
poser l'indication d'une ré-intervention en urgence requérir un traitement endovasculaire [12].
pour exploration ou reprise des anastomoses. Le
diagnostic est clinique et repose sur la chaleur, la
Orostomes et pharyngostomes
couleur, le pouls capillaire du lambeau (recoloration
en moins de 3 secondes après pression), éventuelle- Les pharyngostomes et les orostomes sont des com-
ment aidé par un test de saignement. La couleur du plications assez fréquentes en chirurgie c­ ervicofaciale
lambeau contribue à prédire le vaisseau en cause : avec effraction muqueuse. Cette effraction conduit
• un lambeau blanc peut être le signe d'une à une fuite de salive qui s'extériorise par un orifice
thrombose artérielle ; cutané. Le diagnostic d'orostome pourra aussi être
• un lambeau bleu témoigne d'une thrombose recherché par un transit pharyngé ou une TDM
veineuse ; balisée par du produit de contraste. Leur traitement
• un lambeau violacé ou marbré peut présenter consiste en la mise en place d'une sonde nasogas-
une thrombose artérielle et/ou veineuse. trique et nécessite parfois un geste chirurgical d'ob-
Les lambeaux enfouis en profondeur sont plus dif- turation avec ou sans lambeau.
ficiles à surveiller. La surveillance initiale ne peut
être réalisée qu'avec un contrôle Doppler régulier
sur le trajet des artères et des veines du lambeau. Complications post-radiothérapie
Un angioscanner des vaisseaux du cou est parfois En préambule il convient de préciser que le lien de
réalisé d'une part pour confirmer le diagnostic et causalité entre la radiothérapie et les complications
d'autre part pour préciser la cartographie vascu- mentionnées ci-après n'est ni propre ni exclusif.
laire préopératoire permettant des nouvelles Les complications dépendent de la dose délivrée,
sutures sur des vaisseaux sains. de son fractionnement, de la zone anatomique
Les pédicules nourriciers des lambeaux libres irradiée, de l'état général du patient et des comor-
comportent habituellement une artère et deux bidités (ex : athérome, diabète), du volume de la
veines qui sont anastomosées aux branches de la maladie initiale et des autres traitements reçus.
30 Imagerie post-thérapeutique en oncologie

Ostéonécrose ment associée à des densités aériques intraosseuses


en imagerie X (fig. 2.5), remplacement médullaire
L'ostéonécrose est une complication dont la fré-
en IRM (hyposignal T1). Une prise de contraste
quence est estimée de 5 à 15 % [13]. Elle concerne
des parties molles ou de la muqueuse gingivale
le plus souvent la mandibule. L'ostéonécrose est la
peut être observée en regard du foyer d'ostéoné-
conséquence de l'hypoxie tissulaire chronique
crose. Elle est alors difficile à différencier par la
combinée à un événement infectieux dentaire
seule imagerie d'une récidive.
comme une alvéolite après extraction dentaire,
une parodontopathie, l'utilisation de biphospho- Les publications s'intéressant au traitement de
nates. Les examens d'imagerie utiles au diagnostic l'ostéonécrose reprennent régulièrement le prin-
sont : le cliché rétroalvéolaire, l'orthopantomo- cipe de traitement établi par Marx [14] proposé
gramme, le dentascanner ou le cone beam, plus en trois stades : un traitement de première inten-
rarement l'IRM. tion (stade I), deux autres lignes de traitement en
cas d'absence d'amélioration ou de présence
La séméiologie de l'ostéonécrose en imagerie est
signes de gravité (stades II et III). Le stade III
simple mais peu spécifique : ostéolyse éventuelle-

Fig. 2.5. Complication post-radiothérapie : ostéonécrose mandibulaire.


Patient de 59 ans, dentascanner effectué 10 mois après la fin de la radiochimiothérapie réalisée pour carcinome épidermoïde T4a
N2b de l'oropharynx.
Sémiologie typique : ostéolyse corticale et médullaire sur l'imagerie axiale (A) ; atteinte du rebord inférieur (basilaire) visible sur les
reconstructions panoramiques (C) ; images aériques intra-osseuses sur les reconstructions perpendiculaires à l'axe de la mandi-
bule (B).
Chapitre 2. Aspects post-thérapeutiques des carcinomes épidermoïdes 31

intègre des données visibles à l'imagerie : lyse du aux parties molles adjacentes. Elle est souvent
rebord inférieur de la mandibule, fracture patho- bordée d'une prise de contraste fine avec la pré-
logique. Les examens d'imagerie sont souvent le sence d'images hydroaériques arrondies corres-
cliché rétroalvéolaire et l'orthopantomogramme pondant à une stase salivaire. Pour toute ulcération
au stade I, le dentascanner aux stades II et III. il convient d'en préciser la proximité éventuelle
Une ostéolyse est recherchée sur les clichés avec un axe vasculaire artériel. L'hémorragie bru-
radiographiques. tale au contact d'une ulcération représente une
Le scanner permet de préciser un séquestre osseux, complication potentielle qui peut justifier un
de décrire les extensions de l'ostéolyse. Il est utile de traite­ment endovasculaire (embolisation, pose de
décrire l'ostéolyse en mentionnant le siège des dents stent couvert) ou une chirurgie de couverture vas-
concernées, en précisant le contact avec les corticales culaire par lambeau. Le diagnostic différentiel
interne et externe, le rebord basilaire (inférieur) de la entre ulcération et récidive peut s'avérer difficile.
mandibule, le canal du nerf alvéolaire (branche du Le scanner et/ou l'IRM recherche la présence
V3). L'ostéolyse peut être mesurée en longueur sur éventuelle de tissu tumoral sous les bords de l'ul-
les coupes axiales, en largeur et hauteur sur les cération (cf. infra « Récidive tumorale ») (fig. 2.6).
images perpendiculaires à l'axe de la mandibule.
Tumeurs induites
Ulcération, nécrose des parties molles,
Plusieurs types de tumeurs malignes peuvent être
fistules et risque vasculaire
suspects d'être radio-induits : carcinome épider-
Une ulcération muqueuse peut survenir au niveau moïde, tumeur des glandes salivaires, sarcomes
du site tumoral traité ou ailleurs dans la zone irra- osseux ou des parties molles, cancers thyroïdiens
diée. Sémiologiquement cette ulcération corres- [15]. Le délai de survenue d'une tumeur radio-
pond à une perte de substance muqueuse étendue induite est habituellement long (supérieur à 5 ans,

Fig. 2.6. Ulcération post-thérapeutique et ulcération tumorale.


Patient de 76 ans, antécédent de carcinome épidermoïde de base de langue T4a N2c traité par radiothérapie. TDM après injection
de produit de contraste en coupe axiale. Présence de deux ulcérations :
– ulcération de la muqueuse oropharyngée gauche non tumorale, en revanche proche de la carotide interne gauche (A, flèche) ;
– ulcération (B, flèche) cliniquement tumorale de la zone de jonction linguale droite associée à une prise de contraste
épaisse (B, têtes de flèche).
32 Imagerie post-thérapeutique en oncologie

pouvant atteindre parfois plusieurs dizaines d'an- Encadré 2-2


nées). Le lien de causalité avec la radiothérapie doit
Signes de récidive
être posé avec précaution : si la survenue d'un sar-
1. Apparition ou augmentation d'une masse
come ou d'un carcinome à stroma sarcomatoïde
tissulaire (au site initial ou en limite de chirur-
est suspecte de lésion induite, la causalité est plus gie ou de radiothérapie)
difficile à établir pour une tumeur plus fréquente
2. Augmentation d'une prise de contraste
ou pouvant correspondre à une deuxième localisa-
3. Érosion cartilagineuse ou osseuse
tion liée ou non à des facteurs de risque communs
4. Adénopathie
(cancer thyroïdien, carcinome épidermoïde).
5. Majoration d'une prise de contraste péri-
La séméiologie d'une tumeur radio-induite est la neurale, élargissement du nerf (extension
même que celle d'une récidive : apparition d'une périneurale)
masse prenant le contraste ou d'une ostéolyse (la
sémiologie est alors proche de celle d'une ostéo-
nécrose mais l'absence de guérison avec l'antibio-
thérapie et l'étude histologique du curetage lambeau a été réalisée (rendant l'examen clinique
chirurgical rétablissent le diagnostic). plus difficile), qu'un haut risque de récidive est pré-
sent (stade initial élevé, éléments histologiques
Sténose vasculaire péjoratifs, délai post-thérapeutique). Cependant la
réalisation d'un suivi par imagerie fait débat dans la
L'irradiation cervicale est un facteur favorisant les littérature, de même que toute exploration autre
sténoses des axes vasculaires carotidiens, plus rare- que l'apprentissage au patient des signes devant
ment vertébraux [16]. Le degré de sténose caroti- l'amener à consulter [17, 18].
dienne est évaluable par un angioscanner.

Autres complications But et stratégies


La radionécrose d'une zone du système nerveux
de la surveillance
central, la chondronécrose laryngée et la sténose En Europe, le taux de survie relative des patients
de l'œsophage cervical ne sont pas habituellement adultes atteints de carcinomes des voies aérodiges-
observées au cours du traitement des tumeurs de tives supérieures était en 2002 de 72 % à 1 an et de
la cavité buccale et de l'oropharynx. Elles ne 42 % à 5 ans. Ce taux de survie à 5 ans était plus
seront donc pas traitées ici. élevé chez les femmes (51 %) que chez les hommes
(39 %) [19]. Après traitement, la détection pré-
coce des récidives (ou de tumeurs métachrones)
Suivi carcinologique avant qu'elles ne deviennent très difficilement
curables est le but principal de la surveillance.
Les traitements associant la chirurgie et/ou la La stratégie de diagnostic précoce des récidives a fait
radiothérapie ont le plus souvent un but curatif. l'objet de recommandations par la Haute autorité
La récidive est découverte principalement durant de santé (HAS) [5]. Ces recommandations reposent
les 3 premières années du suivi (encadré 2-2). sur une revue de la littérature et un consensus d'ex-
La grande majorité des récidives débute de façon perts. Elles stipulent que « les consultations cli-
insidieuse, sous la muqueuse, avant de devenir niques doivent être fréquentes et régulières sur les
détectable par l'examen clinique. Le dépistage de trois premières années et doivent s'étendent sur au
ces récidive sous-muqueuses est le « challenge » moins cinq années ». En ce qui concerne l'imagerie,
radiologique d'autant que plus la récidive est décou- l'HAS préconise la réalisation d'une imagerie de
verte précocement, meilleures sont les chances d'un référence systématique. « Selon la localisation et le
traitement de rattrapage. On peut ajouter que l'ima- traitement mis en place, une imagerie de référence à
gerie paraît d'autant plus utile qu'une chirurgie avec 3 mois après la fin du traitement initial peut être
Chapitre 2. Aspects post-thérapeutiques des carcinomes épidermoïdes 33

utile ». Elle repose sur une TDM cervicale et/ou Au-delà de ces recommandations, il faut rappeler que
une IRM cervicale (selon la localisation tumorale et l'échographie cervicale est performante, non irradiante
les examens initialement pratiqués). et peu onéreuse pour rechercher des adéno­pathies cer-
Pendant le suivi, « le scanner et/ou l'IRM ne sont vicales résiduelles [20]. La cytologie couplée à l'écho-
pas systématiques mais orientés par la clinique. graphie donne d'excellents résultats avec une sensibilité
Pour les patients difficiles à surveiller clinique- de 89 % et une spécificité de 96 % [21]. Certaines
ment et chez lesquels il reste une possibilité théra- équipes recommandent des examens échogra-
peutique à visée curative, une imagerie est phiques systématiques dans cette indication [22].
souhaitable. La TEP-FDG n'est pas un examen de
routine dans le suivi des récidives locales et régio- Récidive tumorale
nales des cancers des VADS. Elle peut être cepen-
Après chirurgie, dans la grande majorité des cas, la
dant utile pour le suivi grâce à sa bonne valeur
récidive survient au niveau des berges de résection
prédictive négative de récidive. Elle est recom-
de la pièce opératoire. Disposer de l'imagerie pré-
mandée dans les cas difficiles, si le scanner ou
thérapeutique est utile pour retrouver sa localisa-
l'IRM ne sont pas contributifs. Aucun marqueur
tion initiale. Le diagnostic d'une lésion évolutive
biologique n'est recommandé dans le suivi. »
nécessite quant à lui une confrontation à l'imagerie
Par ailleurs, le National comprehensive cancer de référence. En l'absence d'un de ces examens, le
network [6], organisation américaine à but non diagnostic de récidive juxta ou infracentimétrique
lucratif regroupant 21 centres anticancéreux, édite sera plus délicat.
des recommandations similaires à l'HAS. Entre
Habituellement en scanner avec injection (bipha-
autres, toutes deux préconisent la recherche systé-
sique), la récidive se présente sous forme d'un syn-
matique d'une localisation métachrone par une
drome de masse infiltratif, siège d'une prise de
radiographie de thorax annuelle complétée d'une
contraste (d'intensité supérieure à celle des
TDM thoracique en cas de doute.
muscles) (fig. 2.7 et 2.8).

Fig. 2.7. TDM d'une récidive tumorale après traitement chirurgical.


Patient de 83 ans aux antécédents de BPTM interruptrice pour carcinome du sillon amygdaloglosse. TDM en coupe axiale après
injection biphasique de produit de contraste iodé. Volumineuse récidive tumorale (A, flèches) sous forme d'une lésion tissulaire
bourgeonnante hétérogène envahissant les espaces rétropharyngé et vasculaire droit (B, flèches).
34 Imagerie post-thérapeutique en oncologie

Fig. 2.8. Artefacts dentaires en TDM masquant une récidive tumorale après traitement chirurgical.
Patient de 72 ans porteur d'un pacemaker aux antécédents de BPTM interruptrice et TOVL en péroné pour carcinome pelvilingual
(A). Scout view (A), TDM après injection biphasique de produit de contraste iodé en coupe sagittale et fenêtre parties molles (B),
en coupe axiale et fenêtre parties molles (C) et osseuses (D). Statut post-chirurgical d'une BPTM interruptrice et mise en place
d'un TOVL en péroné (A). Artefacts métalliques d'origine dentaire et d'ostéosynthèse masquant la cavité buccale malgré la tenta-
tive de manœuvre dynamique en bouche ouverte (B, C, flèches). Volumineuse récidive ulcérée et infiltrant le plancher partiellement
visible sous forme d'une prise de contraste irrégulière (B, têtes de flèches). À noter une pseudarthrose parasymphysaire droite du
TOVL (D, flèche) et une fracture de la plaque d'ostéosynthèse associée (D, tête de flèche).

En IRM, les récidives présentent aussi un rehaus- séquences de diffusion en IRM sont prometteuses
sement supérieur aux muscles. Un isosignal ou, dans cette indication [23] en montrant une lésion
moins fréquemment, un hyposignal par rapport en hypersignal sur les séries utilisant un gradient
aux muscles après injection est moins habituel élevé (b800, b1000) et une restriction de la diffu-
(fig. 2.9). L'hyposignal T2 correspond dans la sion sur la cartographie ADC (fig. 2.10).
grande majorité des cas à des lésions fibrocicatri-
cielles à un stade tardif. Le diagnostic différentiel
le plus redoutable correspond aux lésions de Récidive ganglionnaire
fibrose précoce dont la prise de contraste apparaît
pseudo-tumorale. La diminution du volume La récidive ganglionnaire peut soit survenir dans
lésionnel et la chute du signal en T2 sur les exa- une adénopathie préexistante, soit survenir à dis-
mens ultérieurs sont autant d'arguments de valeur tance dans le flux du drainage lymphatique. La
en faveur du diagnostic de fibrose précoce. Les topographie initiale des adénopathies est f­ onction
Chapitre 2. Aspects post-thérapeutiques des carcinomes épidermoïdes 35

Fig. 2.9. IRM de référence et de suivi d'une récidive tumorale après traitement chirurgical.
Patiente de 67 ans aux antécédents de carcinome épidermoïde peu différencié du plancher buccal pT4a N1 traité par pelvi-
glosso-mandibulectomie interruptrice, lambeau de péroné, évidement radical modifié suivi de radiothérapie.
IRM de référence (A, B) et de surveillance post-thérapeutique (D, E) en pondération T2 (A, D), T1 gadolinium (B, E). TDM axiale
post-thérapeutique après injection de produit de contraste iodé (F) et scout view (C). Stigmates d'une BPTM interruptrice avec
lambeau libre osseux de péroné (C, flèche). L'IRM et la TDM de surveillance montrent une masse tissulaire en signal intermédiaire
T2 rehaussé par le produit de contraste (D, F, flèches), et une dilatation par envahissement de l'ostium du conduit partotidien
(D, E, F, têtes de flèches). Cette lésion tissulaire n'était pas présente sur l'IRM de référence avec notamment un conduit partotidien
fin (A, B, petites flèches) et correspond à une récidive histologiquement prouvée.

de la localisation tumorale initiale et répond à des Suivi post-thérapeutique : quelle


voies de drainage physiologique connues. En imagerie ? Quelle chronologie ?
revanche, l'oblitération et la fibrose lymphatique
possibles après curage ganglionnaire ou radio-
Quelle technique ?
thérapie rendent plus aléatoires les voies de drai-
nage. Les récidives ganglionnaires peuvent donc Quelle que soit l'imagerie utilisée, il est important
survenir dans des secteurs anatomiques inhabi- d'utiliser la technique la plus reproductible pos-
tuels. Le diagnostic d'adénopathie est aisé si la sible pour faciliter la comparaison des examens.
masse est volumineuse, rehaussée et infiltrante. L'idéal est de comparer deux examens réalisés sur
Là encore, la difficulté réside dans le diagnostic le même appareil en utilisant les mêmes paramètres
des petites adénopathies pour lequel la confron- techniques et le même protocole d'injection.
tation aux imageries antérieures peut s'avérer La TDM cervicothoracique injectée est le plus sou-
précieuse. La cytoponction à l'aiguille fine gui- vent réalisée en première intention permettant
dée par un examen échographique est souvent d'explorer la tumeur primitive, les adénopathies
très utile. Des équipes ont montré l'intérêt des cervicales et l'étage thoracique pour le bilan d'ex-
séquences de diffusion en IRM dont la reproduc- tension. La réalisation d'une série en contraste
tibilité intercentre ainsi qu'inter et intra-observa- spontané n'est pas recommandée au vu du faible
teur n'a pas encore été démontrée pour les bénéfice apporté. En revanche, pour les lésions de
ganglions de petite taille [24]. la cavité buccale et de l'oropharynx, des séries
36 Imagerie post-thérapeutique en oncologie

Fig. 2.10. IRM d'une récidive tumorale surinfectée après traitement chirurgical.
Récidive au sein d'un lambeau chinois plusieurs mois après pelvectomie
Imagerie dans un plan axial passant par le plancher buccal, en IRM pondéré T2 (A), T1 (B), T1 après injection de gadolinium (C),
diffusion en gradient b1000 (D), cartographie ADC (E), TEP-FDG (F). Statut post-chirurgical d'une pelvectomie antérieure avec
mise en place d'un lambeau chinois comblant la cavité de pelvectomie médiane. L'imagerie met en évidence une lésion médiane
de contenu kystique (flèche) au sein du lambeau, de contenu non strictement liquidien en diffusion (D, E) et hypométabolique (F),
correspondant à de la nécrose surinfectée. Il existe une lésion charnue au niveau de la berge latérale droite (têtes de flèches)
irrégulière présentant une restriction de la diffusion et un hypermétabolisme focal suspect dans le contexte, correspondant à une
récidive histologiquement prouvée.

a­dditionnelles avec des manœuvres dynamiques intention dans l'imagerie de référence et de sur-
apportent de réels bénéfices diagnostiques [25]. La veillance est réalisée dans la plupart des centres.
plus utilisée est la série bouche ouverte langue tirée Les autres l'utilisent en cas de doute diagnostique
(amygdale, voile, langue, sillon amygdaloglosse). notamment lorsque les artefacts dentaires gênent
Le suivi d'un carcinome jugal peut aussi bénéficier l'interprétation en TDM malgré les manœuvres
d'une série additionnelle « joues gonflées ». dynamiques. En ce qui concerne le protocole
En ce qui concerne l'injection de produit de technique, l'IRM réalisée lors du suivi des patients
contraste, les carcinomes épidermoïdes présentent ne diffère pas de celle effectuée lors de l'évaluation
un rehaussement progressif pendant environ préthérapeutique. La plupart des équipes utilisent
60 secondes [26]. Plusieurs auteurs [27, 28] pré- des séquences en écho de spin et au moins deux
conisent la réalisation d'une injection de produit plans de coupe, en n'omettant pas de couvrir l'en-
de contraste iodée en deux phases (biphasique), semble des aires ganglionnaires. Les séquences
une phase lente dite « d'imprégnation » suivie comportant plusieurs des gradients de diffusion
d'une phase rapide dite de « contraste vasculaire ». peuvent être utilisées dans cette indication [29].
En outre, les manœuvres dynamiques nécessitent
aussi, dans la mesure du possible, une réinjection. Évaluation de la réponse
L'utilisation de l'IRM dans le suivi des carcinomes
précoce au traitement
de l'oropharynx et de la cavité buccale est fonc- Comme nous l'avons vu, l'imagerie évaluant la
tion des habitudes des équipes et de la disponibi- réponse au traitement n'est pas indiquée avant un
lité des appareils. Son utilisation en première délai de 3 mois suivant la fin du traitement.
Chapitre 2. Aspects post-thérapeutiques des carcinomes épidermoïdes 37

Cependant, depuis l'avènement des essais de présence d'une lésion évolutive. L'imagerie du
chimiothérapies dites ciblées (ex : cétuximab, suivi des cancers de la cavité buccale et de l'oro-
Erbitux) et des essais de chimiothérapies néoadju- pharynx repose principalement sur le scanner et
vantes pour les stades avancés, la demande des l'IRM. L'échographie ganglionnaire (éventuelle-
chirurgiens, des oncologues et des radiothéra- ment couplée à la cytoponction) et la TEP-FDG
peutes va croissante pour permettre une évaluation présentent une bonne valeur prédictive négative
précoce d'un éventuel reliquat néoplasique. Cette de maladie évolutive rendant leur pratique
évaluation précoce aurait pour but une adaptation intéressante.
rapide du traitement curatif pour permettre d'amé-
liorer la morbimortalité des patients [1, 30]. Références
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avec injection de produit de contraste (DCE- [3] Saito N, Nadgir RN, Nakahira M, et al. Posttreatment
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paramètres qu'elles fournissent comme biomar- the radiologist needs to know. Radiographics oct
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38 Imagerie post-thérapeutique en oncologie

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Chapitre 3
Imagerie post-thérapeutique
des carcinomes épidermoïdes
du larynx et de l'hypopharynx

F. Dubrulle • R. Souillard-Scemama • D. Chevalier • N. Daly-Schveitzer • G. Bonardel

Imagerie postopératoire Aspects postopératoires en TDM


après laryngectomie partielle
Les tumeurs du larynx de stade I et II, ne pré-
sentant pas d'atteinte du plan sous-glottique, La laryngectomie partielle a pour but de préserver
peuvent bénéficier d'une chirurgie partielle, les fonctions physiologiques du larynx tout en réa-
permettant de préserver la fonctionnalité laryn- lisant une résection tumorale complète.
gée. Les tumeurs laryngées plus étendues, ainsi Afin de pouvoir reconnaître et distinguer les prin-
que les tumeurs de l'hypopharynx, nécessitent cipales techniques de laryngectomie partielle et les
une chirurgie totale ou un protocole de préser- différents types de reconstruction, trois plans de
vation laryngée. coupe de référence en TDM sont utiles à analyser :
La surveillance des patients opérés, basée sur la • un plan de coupe supérieur correspondant à une
clinique et la laryngoscopie indirecte, est indis- section dans le plan axial passant par l'os hyoïde ;
pensable afin de détecter précocement une éven- • un plan de coupe inférieur représenté par une
tuelle récidive tumorale potentiellement curable section dans le plan axial passant par le bord
notamment après chirurgie partielle. Une lésion supérieur du cartilage cricoïde ;
tumorale ayant fréquemment un développement • un plan de coupe intermédiaire se situant entre
sous-muqueux, une récidive tumorale locale après les deux sections précédentes et passant par le
laryngectomie partielle peut de ce fait être difficile plan des aryténoïdes ;
à détecter en laryngoscopie indirecte. L'étude Une coupe sagittale médiane est également utile
postopératoire par tomodensitométrie permet de pour distinguer les différentes reconstructions
détecter ce type de récurrence. Il est donc impor- chirurgicales effectuées ainsi que pour apprécier la
tant de savoir reconnaître les principaux types de qualité de la pexie.
chirurgie, partielle ou totale, employés et leur
Étage glottique
aspect caractéristique en TDM afin de savoir diffé-
rencier un aspect postopératoire normal d'une Les quatre types de chirurgie partielle les plus
récidive tumorale. fréquents à l'étage glottique sont la cordectomie

Imagerie post-thérapeutique en oncologie


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40 Imagerie post-thérapeutique en oncologie

par voie endoscopique (laser), la laryngectomie ensuite rapprochées en avant après fixation anté-
fronto­latérale, la laryngectomie frontale anté- rieure du pied de l'épiglotte. Sur le plan glottique,
rieure avec épiglottoplastie (intervention de un seul pli vocal est enlevé dans sa totalité et seul
Tücker) et la laryngectomie supracricoïdienne le tiers antérieur du pli vocal controlatéral est résé-
avec cricohyoïdoépiglottopexie (CHEP) [1, 2]. qué, ainsi que la commissure antérieure (fig. 3.2).
L'étude du plan de coupe intermédiaire passant Ces éléments constituent les principales diffé-
par le ou les cartilages aryténoïdes est particulière­ rences permettant de distinguer un larynx opéré
ment utile pour différencier ces 4 techniques de par laryngectomie frontolatérale d'un larynx
laryngectomie partielle réalisées pour des lésions opéré par laryngectomie frontale antérieure avec
de l'étage glottique. épiglottoplastie, le plan de coupe intermédiaire
étant le plan le plus utile pour différencier ces
Cordectomie par voie endoscopique deux aspects postopératoires.
Ce type d'intervention n'intéressant que l'étage Il se constitue fréquemment une synéchie en
glottique, le plan de coupe intermédiaire passant regard de la commissure antérieure ou de la sous-
par les plis vocaux est le seul à présenter des modi- glotte après laryngectomie frontolatérale, qu'il ne
fications comparativement à un larynx normal non faut pas confondre avec une récidive tumorale
opéré. sous réserve de la confrontation à l'examen cli-
À partir d'une cordectomie de type III, le larynx nique et à la réalisation éventuelle de biopsies.
présente des modifications en TDM sous forme
d'une asymétrie du plan vocal avec amputation Laryngectomie frontale antérieure
partielle ou totale d'un pli vocal du côté opéré avec épiglottoplastie (intervention de Tücker)
(fig. 3.1) [2].
Cette technique chirurgicale [3–5] s'applique aux
cancers glottiques unilatéraux mobiles atteignant la
Laryngectomie frontolatérale commissure antérieure ainsi que les cancers glot-
Cette intervention s'adresse aux tumeurs des deux tiques bilatéraux superficiels. Les deux principales
tiers antérieurs du pli vocal arrivant au voisinage différences avec la technique de laryngectomie
de la commissure antérieure sans l'envahir. Seule frontolatérale sont l'importance de la résection du
la partie médiale et antérieure du cartilage thy- pli vocal controlatéral, comprenant les deux tiers du
roïde est réséquée. Les ailes thyroïdiennes sont pli vocal, et celle du cartilage thyroïde qui concerne

Fig. 3.1. Coupe TDM axiale passant par le plan glottique : Fig. 3.2. Coupe TDM axiale passant par le plan glottique
aspect TDM après cordectomie de type III. après laryngectomie frontolatérale pour carcinome épider-
Noter l'asymétrie des plis vocaux aux dépens du pli vocal moïde du pli vocal gauche.
gauche opéré ainsi que la condensation du cartilage thyroïde On observe l'absence de pli vocal gauche et du tiers antérieur
en regard de la portion réséquée du pli vocal gauche (flèches). du pli vocal droit.
Chapitre 3. Imagerie post-thérapeutique des carcinomes épidermoïdes 41

la partie antérieure et les parties antérolatérales. Ces Laryngectomie horizontale


différences sont bien visibles sur la coupe intermé- avec cricohyoïdoépiglottopexie
diaire passant par les aryténoïdes dans le plan axial Cette intervention [3, 6] s'adresse aux cancers
(fig. 3.3). Pour ce qui est de la reconstruction, le glottiques étendus à tout le pli vocal, avec dimi-
pied de l'épiglotte est abaissé pour être suturé en nution de sa mobilité mais sans fixation de
bas au bord supérieur du cricoïde et latéralement l'aryténoïde. L'exérèse comprend le cartilage
aux ailes thyroïdiennes restantes. La coupe axiale thyroïde en partie, la partie infra-hyoïdienne de
intermédiaire permet de confirmer la présence de l'épiglotte, l'espace paraglottique, les deux plis
l'épiglotte entre les ailes thyroïdiennes (fig. 3.4A). vocaux, les deux plis vestibulaires et l'aryténoïde
La coupe sagittale médiane est utile pour illustrer du côté atteint. La loge préépiglottique est lais-
le rapprochement du pied de l'épiglotte au carti- sée en place. La coupe TDM intermédiaire pas-
lage cricoïde (fig. 3.4B). sant dans le plan axial par les aryténoïdes permet
d'une part de constater l'absence de plis vocaux
et, d'autre part, d'illustrer l'étendue de la résec-
tion du cartilage thyroïde. En effet, seule la par-
tie postérieure est laissée en place (fig. 3.5),
contrairement aux techniques de laryngectomie
frontolatérale ou de Tücker. Seules les cornes
thyroïdiennes inférieures sont laissées en place
en cas de laryngectomie horizontale avec CHEP
afin de ne pas léser les nerfs laryngés inférieurs
(fig. 3.6) [1, 6, 7].
La coupe supérieure est essentielle pour différen-
cier une technique de laryngectomie horizontale
avec CHEP d'une laryngectomie horizontale avec
cricohyoïdopexie (CHP). La différence principale
entre ces deux techniques réside dans le fait que la
Fig. 3.3. Coupe TDM axiale passant par les aryténoïdes loge préépiglottique ainsi que la portion supra-
après laryngectomie frontale antérieure avec épiglottoplas-
tie (intervention de Tücker).
hyoïdienne de l'épiglotte sont laissées en place en

Fig. 3.4. Laryngectomie frontale antérieure avec épiglottoplastie.


A. Coupe TDM axiale illustrant la présence de l'épiglotte (E) entre les ailes thyroïdiennes restantes après leur rapprochement.
B. Coupe TDM sagittale médiane illustrant le rapprochement du pied de l'épiglotte et du bord supérieur du cartilage cricoïde
par abaissement de l'épiglotte.
42 Imagerie post-thérapeutique en oncologie

Fig. 3.5. Laryngectomie horizontale avec CHEP : coupe Fig. 3.7. Coupe TDM axiale passant par l'os hyoïde après
TDM axiale passant par les aryténoïdes. laryngectomie horizontale avec CHEP permettant de visua-
Les plis vocaux ne sont plus visualisés. La corne thyroïdienne liser la portion supra-hyoïdienne de l'épiglotte laissée en
inférieure droite (flèche) a été laissée en place afin de ne pas place (flèche).
léser le nerf laryngé inférieur.

supérieur à 30 mm entre ces deux structures est


considéré comme un échec de la pexie cricohyoï-
dienne et constitue donc un facteur de risque de
troubles postopératoires de la déglutition [7].

Étage supraglottique
Laryngectomie horizontale supracricoïdienne
avec cricohyoïdopexie
Cette intervention [3, 8, 9] s'adresse aux tumeurs
supraglottiques avec atteinte de la glotte, du ventri-
cule, de la commissure antérieure et/ou de la loge
Fig. 3.6. Laryngectomie horizontale avec CHEP : coupe préépiglottique mais uniquement dans sa moitié
TDM axiale passant par le cricoïde. inférieure. L'exérèse comprend le cartilage thy-
Seule la partie postérieure du cartilage thyroïde est laissée
roïde, l'épiglotte dans sa totalité, la loge préépiglot-
en place (flèches).
tique, les deux plis vocaux, les deux plis vestibulaires
et un cartilage aryténoïde. Sont laissés en place le
cas de CHEP alors qu'elles sont réséquées en cas cricoïde, au moins un cartilage aryténoïde et l'os
de CHP. La coupe axiale TDM supérieure permet hyoïde. La reconstruction consiste à rapprocher et
de visualiser la partie de l'épiglotte laissée en place à aligner médialement le bord inférieur de l'os
en cas de CHEP (fig. 3.7). hyoïde au bord supérieur du cartilage cricoïde.
La distance séparant le bord inférieur de l'os hyoïde La coupe supérieure est donc fondamentale pour
et le bord supérieur du cartilage cricoïde mesurée l'analyse de ce type d'intervention. Elle met en évi-
sur la coupe sagittale médiane permet d'évaluer la dence l'absence de visualisation de la loge préépi-
qualité de la pexie. La figure 3.8 montre la compa- glottique et de l'épiglotte, contrairement à une
raison entre la situation pré et postopératoire de intervention de type laryngectomie horizontale avec
cette mesure, illustrant le rapprochement du bord CHEP. On visualise en arrière de l'os hyoïde, à la
inférieur de l'os hyoïde au bord supérieur du carti- place de l'épiglotte et de la vallécule, un tissu corres-
lage cricoïde après CHEP. Cette distance doit être pondant à la base de la langue. Sur cette coupe, du
la plus courte possible. Il est admis qu'un écart fait de la pexie, on visualise également les aryté-
Chapitre 3. Imagerie post-thérapeutique des carcinomes épidermoïdes 43

A B
Fig. 3.8. Coupes TDM sagittales avant (A) et après (B) laryngectomie horizontale avec CHEP.
La reconstruction consiste à rapprocher le bord inférieur de l'os hyoïde (H) du bord supérieur du cartilage cricoïde (C). La qualité
de la pexie s'apprécie par la mesure entre ces deux structures (trait rouge). En A, on visualise le cartilage thyroïde (T), qui n'est plus
visualisé en B après résection.

A B
Fig. 3.9. Coupes TDM axiales après laryngectomie supracricoïdienne avec CHP.
A. Absence de la loge préépiglottique et de l'épiglotte. Du fait de la pexie, on visualise l'aryténoïde résiduel (A) à hauteur de l'os
hyoïde (H).
B. Le bord inférieur de l'os hyoïde (H) et le cartilage cricoïde (C) sont rapprochés et visualisés sur une même coupe du fait de la
cricohyoïdopexie.

noïdes, le cartilage cricoïde et l'os hyoïde (fig. 3.9A Laryngectomie horizontale supraglottique
et 3.9B). Les coupes intermédiaire et inférieure ont Elle s'adresse aux tumeurs de la face laryngée de
un aspect identique à celui observé en cas de laryn- l'épiglotte ou du complexe pied de l'épiglotte —
gectomie horizontale avec CHEP. Tout comme en pli vestibulaire, nommé complexe pied – bande
cas de laryngectomie supracricoïdienne avec CHEP, dans l'ancienne nomenclature, terme encore lar-
la qualité de la reconstruction s'apprécie par la gement utilisé actuellement. Le pli vestibulaire ne
mesure sur une coupe sagittale médiane de la dis- doit pas être envahi sur plus de sa moitié anté-
tance entre le bord inférieur de l'os hyoïde et le rieure, les deux aryténoïdes étant libres et mobiles
bord supérieur du cartilage cricoïde. de même que les plis vocaux [3]. Cette technique
44 Imagerie post-thérapeutique en oncologie

chirurgicale consiste à réséquer le tiers supérieur coupe axiale passant par l'os hyoïde, il manque la
du cartilage thyroïde, la loge préépiglottique, moitié de l'épiglotte, de la loge préépiglottique et
l'épiglotte, les replis aryépiglottiques et le pli ves- de l'os hyoïde homolatérale à la lésion (fig. 3.11A).
tibulaire. L'os hyoïde est le plus souvent réséqué Sur la coupe passant par la région des trois replis,
[10] même si son exérèse n'est pas indispensable on observe qu'il manque la région des trois replis
d'un point de vue carcinologique [11]. Le plan de homolatérale à la lésion (fig. 3.11B). Le plan pas-
coupe supérieur montre l'absence de l'épiglotte et sant par les plis vocaux est intact, cette interven-
de la loge préépiglottique, ainsi que de l'os hyoïde tion conservant le plan glottique à la différence de
dans la majorité des cas (fig. 3.10A). Cette parti- l'hémipharyngolaryngectomie supracricoïdienne.
cularité est également bien illustrée sur une coupe L'étage sous-glottique est par conséquent non
sagittale médiane (fig. 3.10B). La coupe intermé- modifié.
diaire et la coupe inférieure ne présentent pas de
Hémipharyngolaryngectomie supracricoïdienne
modifications par rapport à une imagerie laryngée
normale. Cette technique chirurgicale est de réalisation
moins fréquente [12, 13]. Elle s'adresse aux
Hémilaryngopharyngectomie tumeurs siégeant sur la margelle latérale ou posté-
Hémipharyngolaryngectomie supraglottique rieure, les parois médiales ou latérales et l'angle
antérieur du sinus piriforme membraneux. Les
D'indication fréquente, cette intervention [12, modifications observées en TDM après ce type de
13] s'adresse aux tumeurs situées dans l'angle chirurgie ne diffèrent pas de celles observées après
antérieur du sinus piriforme, dans le carrefour des hémipharyngolaryngectomie supraglottique, à
trois replis et par extension au niveau de la mar- l'exception du plan de coupe passant par les plis
gelle laryngée latérale et antérieure. Dans tous les vocaux. En effet, cette technique chirurgicale ne
cas, la mobilité glottique doit être préservée, le conservant pas le pli vocal homolatéral à la lésion,
plan situé sous les ventricules devant être intact. on observe de ce fait une asymétrie de l'étage
Cette intervention consiste en l'exérèse d'un glottique (fig. 3.12A). Il est possible d'observer
hémipharynx et d'un hémilarynx. Les principales une hypertrophie compensatrice du pli vocal
différences par rapport aux autres techniques sont controlatéral restant (fig. 3.12B), à confronter à
visibles sur les coupes supracricoïdiennes. Sur la l'examen clinique et à la réalisation éventuelle de

A B
Fig. 3.10. Coupes TDM après laryngectomie horizontale supraglottique.
A. Coupe axiale dans le plan supérieur (passant à hauteur de l'os hyoïde). Noter l'absence d'épiglotte, de la loge préépiglottique
et de l'os hyoïde.
B. Coupe sagittale médiane. Absence d'épiglotte et de la loge préépiglottique (croix rouge) en arrière du cartilage thyroïde (T). On
remarque également l'absence d'os hyoïde.
Chapitre 3. Imagerie post-thérapeutique des carcinomes épidermoïdes 45

A B
Fig. 3.11. Coupes TDM dans le plan axial après hémipharyngolaryngectomie supraglottique.
A. Coupe axiale passant par l'os hyoïde. Il manque la moitié gauche de l'os hyoïde, de l'épiglotte et de la loge préépiglottique.
B. Coupe axiale passant par le carrefour des trois replis. Noter l'absence de la région des trois replis à gauche.

A B
Fig. 3.12. Coupes TDM axiales passant par le plan glottique après hémipharyngolaryngectomie supracricoïdienne.
A. Noter l'asymétrie du plan glottique : le pli vocal droit a été réséqué. L'aryténoïde droit du côté atteint a été réséqué ainsi que la
partie latérale droite de l'aile thyroïdienne.
B. Il existe une hypertrophie compensatrice du pli vocal gauche (tête de flèche). Cet aspect a été confronté à l'examen clinique et
à la réalisation de biopsies, qui n'ont pas retrouvé d'argument en faveur d'une récidive tumorale locale.

biopsies. Tout comme en cas d'hémipharyngola- aux récidives de tumeur laryngée après chirurgie
ryngectomie supraglottique, le plan de coupe pas- partielle ou radiothérapie.
sant par l'os hyoïde illustre la résection de la L'exérèse comprend les cartilages cricoïde et thy-
moitié de l'os hyoïde et de l'épiglotte du côté roïde ainsi que l'os hyoïde, la loge préépiglot-
lésionnel. Le plan passant par le cartilage cricoïde tique, les muscles constricteurs, le larynx et les
ne montre pas de modification. sinus piriformes (fig. 3.13). Le néopharynx,
étendu de la base de la langue à l'œsophage cervi-
Laryngectomie totale cal, est constitué d'une musculature constrictrice
inférieure et de la muqueuse hypopharyngée ; il
La laryngectomie totale s'adresse aux tumeurs présente une forme ovoïde (fig. 3.14). Les patients
laryngées étendues aux cartilages laryngés et à opérés d'une laryngectomie totale sont porteurs
l'étage sous-glottique (atteinte du cricoïde) ou d'une trachéostomie définitive (fig. 3.15).
46 Imagerie post-thérapeutique en oncologie

Fig. 3.13. Coupe TDM axiale après laryngectomie totale


illustrant la résection laryngée, du cricoïde et de l'os hyoïde.
Fig. 3.16. Pharyngolaryngectomie totale : coupe sagittale
TDM.

muqueuse hypopharyngée est préservée pour


assurer une alimentation correcte à l'issue de
l'intervention.
Les indications sont les tumeurs du sinus piri-
forme sans atteinte de la bouche de l'œsophage
mais avec atteinte du mur pharyngolaryngé.
La pharyngolaryngectomie totale circulaire, d'in-
dication plus rare, consiste en une laryngectomie
totale associée à une pharyngectomie totale. La
Fig. 3.14. Coupe TDM axiale illustrant la forme ovoïde du
néopharynx (flèche) après laryngectomie totale.
totalité de la muqueuse pharyngée est alors sacri-
fiée. Cette technique concerne les lésions des deux
sinus piriformes et/ou de la région rétro-crico-
aryténoïdienne et les lésions du sinus piriforme
avec extension importante à la paroi pharyngée
postérieure ou à la bouche de l'œsophage.
La reconstruction du pharynx se fait à l'aide d'un
greffon digestif de type jéjunum, de peau (lam-
beau antébrachial), d'une ascension digestive
(estomac tubulisé) ou d'un lambeau musculocu-
tané (grand pectoral) (fig. 3.17).

Curage ganglionnaire cervical


Fig. 3.15. Trachéostomie : coupe TDM axiale avec parois fines Les laryngectomies totales et les pharyngolaryn-
et régulières de la trachéostomie après laryngectomie totale. gectomies sont toujours associées à un curage cer-
vical. La plupart des chirurgies partielles effectuées
par voie cervicale sont également associées à un
Pharyngolaryngectomie évidement cervical uni ou bilatéral.
La pharyngolaryngectomie totale consiste en une Le curage radical comprend l'exérèse des groupes
laryngectomie totale associée à une pharyngecto- ganglionnaires I à V avec sacrifice du nerf XI, du
mie partielle (fig. 3.16). Une portion suffisante de muscle sterno-cléido-mastoïdien, de la veine jugu-
Chapitre 3. Imagerie post-thérapeutique des carcinomes épidermoïdes 47

vent sous forme d'une prise de contraste nodulaire.


Après laryngectomie partielle, la destruction du
cartilage restant peut être observée.
Une récidive précoce peut être difficile à différencier
d'un aspect post-thérapeutique [14, 15]. Une TDM
de référence doit être réalisée entre 3 et 6 mois après
la fin du traitement, idéalement vers 3–4 mois. La
comparaison des explorations ultérieures à cet exa-
men de référence permettra de distinguer plus facile-
ment une récidive tumorale d'une modification ou
d'une complication post-thérapeutique.
Les récidives tumorales peuvent être locales : pli
Fig. 3.17. Pharyngolaryngectomie totale circulaire avec vocal controlatéral (fig. 3.18), repli aryépiglottique
néopharynx : coupe sagittale TDM. (fig. 3.19), sous-glotte (fig. 3.20 et 3.21), ganglion-
naire (fig. 3.22) ou à distance, notamment pulmo-
laire interne et de la glande submandibulaire. Le naire. On peut également déceler au cours de la
curage radical modifié préserve le nerf XI et/ou le surveillance une deuxième, voire une troisième
muscle sterno-cléido-mastoïdien et/ou la veine localisation primitive : une 2e localisation primitive
jugulaire interne. dans le sinus piriforme est illustrée par la figure 3.23.
Le curage sélectif comprend le curage de certains
groupes ganglionnaires. Le curage cervical pour Conclusion
les tumeurs du larynx et de l'hypopharynx est dit
jugulaire, comprenant les groupes II, III et IV. Il est donc important de savoir reconnaître en
imagerie les aspects des différentes techniques
opératoires réalisées afin de pouvoir différencier
Récidives tumorales
les aspects post-thérapeutiques habituels d'une
La surveillance après traitement par imagerie est éventuelle récidive tumorale.
utile afin d'étayer le diagnostic d'une récidive Il est recommandé de réaliser un TDM de suivi 3 à
tumorale suspectée cliniquement. Après traite- 4 mois après la fin du traitement. Cet examen ser-
ment chirurgical, la récidive apparaît le plus sou- vira de référence pour la surveillance ultérieure.

A B
Fig. 3.18. Coupes TDM axiales en fenêtre parties molles (A) et cartilagineuses (B).
Récidive locale sur le pli vocal controlatéral d'un patient traité par cordectomie laser de type III d'un carcinome épidermoïde du pli
vocal gauche. Épaississement se rehaussant après injection de produit de contraste de la face inférieure du pli vocal controlatéral
(A, flèche), associé à une irrégularité de la corticale interne de l'aile thyroïdienne en regard (B, flèche).
48 Imagerie post-thérapeutique en oncologie

A B
Fig. 3.19. Coupes TDM axiale (A) et coronale (B) : récidive au repli aryépiglottique droit chez un patient traité par laryngecto-
mie horizontale avec CHEP d'un carcinome épidermoïde du pli vocal gauche.
A. Épaississement se rehaussant après injection du repli aryépiglottique droit.
B. Récidive au repli aryépiglottique droit s'étendant au sommet du cartilage aryténoïde droit restant.

Fig. 3.20. Coupe axiale TDM : récidive sous-glottique Fig. 3.21. Coupe axiale TDM : récidive sous-glottique après
(flèche) après laryngectomie horizontale avec CHEP. laryngectomie horizontale avec CHEP.
À noter une adénopathie latérocervicale gauche en rupture
capsulaire (tête de flèche).

Fig. 3.23. Coupe axiale TDM : deuxième localisation primitive


(tête de flèche) au sinus piriforme droit chez un patient opéré
5 ans auparavant par laryngectomie horizontale avec CHEP.
Fig. 3.22. Coupe axiale TDM : récidive ganglionnaire (tête
de flèche) sous forme de masse nécrotique, hétérogène,
infiltrante, au contact de l'aile thyroïdienne droite.
Chapitre 3. Imagerie post-thérapeutique des carcinomes épidermoïdes 49

Imagerie post-radiothérapie La régression tumorale sera évaluée en volume, le


ou post-radiochimiothérapie plus souvent par des mesures dans les trois plans
de l'espace parfois par des logiciels de contourage
volumique. Cette analyse volumique doit être
Les indications d'association de la radiothérapie
faite au niveau de la tumeur, mais également au
externe et de la chimiothérapie par voie générale
niveau des adénopathies visibles [16, 22].
dans le traitement des carcinomes épidermoïdes
du larynx et de l'hypopharynx sont devenues plus En cas de régression inférieure à 50 % du volume
fréquentes au cours des 20 dernières années. tumoral, la lésion est considérée comme « répon-
Ainsi, il est possible de proposer une association dant mal au traitement », peu chimiosensible et
radiochimiothérapique aux patients présentant donc vraisemblablement peu radiosensible et une
une tumeur laryngée et/ou hypopharyngée nouvelle discussion en Réunion de concertation
locale­ment évoluée (stade III–IV) classiquement pluridisciplinaire (RCP) devra envisager une
redevables d'une chirurgie suppressive totale. Ces chirurgie radicale si elle est possible [16].
protocoles dits de préservation peuvent associer On considère qu'il y a une réponse de la tumeur au
de façon successive ou simultanée la radiothérapie traitement si la régression tumorale est supérieure
et la chimiothérapie. à 50 %. Dans ce cas, il est intéressant de la chiffrer
Toutefois, certaines extensions tumorales consti- le plus précisément possible : entre 50 et 70 % ou
tuent des contre-indications plus ou moins formelles supérieure à 70 %. Une réponse à la chimiothérapie
aux protocoles de préservation comme une lyse car- supérieure à 70 % est un bon indicateur d'une
tilagineuse franche (stade IV), un envahissement radiosensibilité de la lésion (fig. 3.24 et 3.25) [22].
important de la commissure antérieure ou une large La décision de poursuivre le traitement conserva-
infiltration de la loge préépiglottique [16–18]. teur sera prise en RCP au vu des résultats cliniques
Cependant, plusieurs auteurs ont récemment et d'imagerie.
montré qu'une préservation laryngée pouvait être Si la régression est jugée suffisante après 3 cures
retenue avec de bonnes chances de réussite même de chimiothérapie, une radiothérapie sera le plus
en cas de tumeur très évoluée avec lyse cartilagi- souvent proposée, parfois potentialisée par une
neuse [19–21]. chimiothérapie.
Quoi qu'il en soit, lorsqu'un traitement conserva- Une réponse dissociée à la chimiothérapie peut être
teur est décidé, l'imagerie joue un rôle important observée, avec une bonne réponse sur la tumeur
dans la surveillance. primitive mais une régression insuffisante sur les
adénopathies. Dans ce cas, une chirurgie des adéno-
pathies pourra être réalisée avant la radiothérapie.
Rôle de l'imagerie lors
Parfois, la chimiothérapie sera entreprise après un
d'une chimiothérapie d'induction curage chirurgical initial, en cas d'adénopathie
Si une chimiothérapie d'induction encore appelée nécrotique importante (fig. 3.24), il faudra alors
néoadjuvante est proposée, un scanner cervical vérifier les aires ganglionnaires du côté du curage,
avec injection sera réalisé après la 2e ou la 3e cure mais également du côté controlatéral. Les chaînes
de chimiothérapie pour évaluer la réponse au ganglionnaires rétropharyngées et récurrentielles
traite­ment. Cet examen devra être comparé au doivent toujours être analysées.
scanner initial.
Le scanner sera réalisé selon les critères classiques Surveillance après association
d'une exploration du pharyngolarynx : spirale en radiochimiothérapique
respiration indifférente, sans déglutir, avec une injec-
tion biphasique de produit de contraste, associée le Une imagerie de référence doit être réalisée après
plus souvent à une manœuvre de phonation ou de traitement par radiothérapie ou radiochimiothéra-
Valsalva, selon la localisation initiale de la tumeur. pie au mieux 3 mois après la fin de traitement. Ce
50 Imagerie post-thérapeutique en oncologie

A B

C D
Fig. 3.24. Patient présentant une tumeur bourgeonnante de l'épiglotte, bord libre et partie haute de la face laryngée (A, flèche
longue et B), adénopathie nécrotique jugulaire haute droite de 2 cm (A, flèche courte).
Décision en RCP de préservation laryngée avec curage chirurgical droit puis chimiothérapie d'induction. Bilan après 2 cures de
chimiothérapie : séquelle de curage droit (C, tête de flèche), persistance d'une discrète prise de contraste de la région épiglottique,
la régression est estimée à plus de 80 % (C, flèche longue et D). Décision de RCP, poursuite du traitement conservateur : 3e cure
de chimiothérapie puis radiothérapie.

délai est nécessaire pour permettre aux phéno- Aspect séquellaire


mènes inflammatoires dus au traitement de dimi- post-radiothérapique attendu [16, 23,
nuer, la prise de contraste de l'inflammation 24] (fig. 3.26 et 3.27, cf. fig. 3.29)
gênant l'interprétation. Ce bilan initial post-théra-
Il comporte les éléments suivants :
peutique est essentiel pour les comparaisons ulté-
• épaississement de la peau et du muscle platysma ;
rieures. Il fait partie des recommandations de bon
• réticulation de la graisse sous-cutanée ;
usage [14, 16, 22, 23].
• augmentation de la prise de contraste des
L'imagerie repose encore essentiellement sur le glandes submandibulaires et réduction de leur
scanner cervical pour l'analyse de ces régions sous- taille (atrophie) ;
hyoïdiennes, selon le même protocole d'acquisi- • œdème pharyngolaryngé prédominant au
tion. Parfois une IRM pourra être utile en cas niveau des replis aryépiglottiques (margelle
d'aspect douteux en TDM. laryngée), mais pouvant concerner l'ensemble
Après traitement par radiochimiothérapie ou radiothé- du pharyngolarynx ;
rapie exclusive, des remaniements post-thérapeutiques • épaississement régulier prenant le produit de
sont classiques, l'objectif étant de faire la différence contraste des muqueuses pharyngolaryngées et
entre des remaniements séquellaires classiques et augmentation de densité de la graisse de la loge
attendus et un reliquat ou une poursuite tumorale. préépiglottique et des espaces paralaryngés.
Chapitre 3. Imagerie post-thérapeutique des carcinomes épidermoïdes 51

A B

C D
Fig. 3.25. Patient présentant une tumeur du sinus piriforme droit étendu en région rétro-cricoaryténoïdienne (A), présence
d'adénopathie bilatérale jugulaire haute IIa (B, flèches) : décision de traitement de préservation par chimiothérapie d'induction.
Bilan après 2 cures de chimiothérapie : régression complète de la tumeur (C) et régression des adénopathies >  80 % (D). Décision
prise en RCP, poursuite du traitement conservateur avec 3e cure de chimiothérapie puis radiothérapie.

Fig. 3.26. Aspect post-radiochimiothérapie d'une tumeur Fig. 3.27. Aspect post-radiochimiothérapie à 3 mois d'une
supraglottique à 3 mois de la fin du traitement. tumeur supraglottique, aspect séquellaire attendu : infiltra-
Aspect séquellaire attendu avec important phénomène inflam- tion et aspect réticulé de la graisse sous cutanée (flèche
matoire et œdème des replis aryépiglottiques en particulier longue), épaississement du platysma (tête de flèche),
(flèche longue) mais sans lésion focale sans asymétrie (score 1). œdème des replis aryépiglottiques (flèche courte) (score 1).
Autres aspects classiques post-radiothérapie : épaississe- Persistance d'un ganglion totalement nécrotique de 8 mm du
ment et réticulation de la graisse sous-cutanée (flèche courte), groupe III gauche (flèche épaisse). Décision de TEP-FDG qui
épaississement du muscle platysma (tête de flèche), perte de ne montre pas de fixation, suivi TDM à 2 mois (non illustré ici),
volume des glandes submandibulaires avec prise de contraste ganglion nécrotique inchangé. Pas de récidive ultérieure (suivi
(flèche épaisse). à 24 mois).
52 Imagerie post-thérapeutique en oncologie

Ces modifications doivent être symétriques, sans une confirmation anatomopathologique restant
effet de masse, sans prise de contraste nodulaire indispensable pour affirmer le diagnostic de réci-
ou en masse et doivent diminuer dans le temps si dive tumorale locale [14, 23].
un nouveau contrôle est proposé. L'œdème de la Pour ce qui est du score de niveau 2, plusieurs
margelle laryngée peut être très important dans études ont montré que 50 % des patients présente-
les premiers mois (fig. 3.26) [22, 23, 25]. ront une récidive tandis que 50 % seront porteurs
Les cartilages laryngés ne doivent normalement uniquement de remaniements inflammatoires
pas se modifier, il a cependant été décrit des post-thérapeutiques.
diminutions de l'ostéocondensation au voisinage Pour les scores 2 et 3, de nouvelles biopsies au
de la tumeur [26]. Toute autre modification des décours d'une panendoscopie sont souvent indi-
cartilages dans la zone tumorale initiale est sus- quées pour analyser ce tissu résiduel. On peut toute-
pecte [14]. fois s'aider de la TEP-FDG qui, si elle ne montre
Un autre aspect classique post-radiothérapie à aucune fixation au niveau de la masse résiduelle,
connaître est l'augmentation modérée de taille des peut faire surseoir à l'endoscopie avec biopsies qui
ganglions sous-mentaux médians, qui doivent sont souvent difficiles à réaliser (cf. infra « Apport
cependant rester non nécrotiques (cf. fig. 3.29A). de la TEP »).
Certains auteurs ont également décrit l'intérêt de
Masse ou infiltration résiduelle prenant l'IRM de diffusion avec calcul du coefficient appa-
le produit de contraste lors du premier rent de diffusion en cas d'imagerie douteuse post-
contrôle initial à 3 mois thérapeutique car l'inflammation ne donne pas de
La présence d'un tissu résiduel au niveau du site de restriction de diffusion alors que l'évolution
la lésion initiale pose un problème d'interprétation. tumorale se traduit par une restriction de diffusion
avec un ADC bas [28, 29].
Il est parfois très difficile de faire la différence
entre une persistance tumorale et des remanie- Il ne faut pas hésiter à répéter les examens en par-
ments inflammatoires et/ou infectieux [14, 15]. ticulier l'endoscopie dans ces groupes difficiles
(groupe 2 ou 3 avec biopsies négatives et TEP-
Un aspect nettement nodulaire avec une prise de
FDG positive) afin de différencier la poursuite
contraste hétérogène est en faveur d'une pour-
évolutive des remaniements inflammatoires
suite évolutive [27].
(fig. 3.28) [14, 23].
Des critères ont été proposés pour essayer de pré-
voir le contrôle local à long terme [14, 16, 23] :
• score 1 : aspect séquellaire post-thérapeutique Suivi à long terme par examens
attendu avec disparition complète de la lésion d'imagerie
primitive, aspect symétrique des tissus pharyn- Le risque de survenue d'une récidive locale ou
golaryngés (fig. 3.27) ; régionale ganglionnaire d'un carcinome épider-
• score 2 : masse focale de diamètre maximum moïde des voies aéro-digestives supérieures dimi-
inférieur à 1 cm et/ou aspect asymétrique des nue avec le temps, la période de risque maximal
tissus pharyngolaryngés (cf. fig. 3.31B) ; couvrant les deux premières années post-­
• score 3 : masse focale d'un diamètre supérieur à thérapeutiques. À long terme, le suivi en imagerie
1 cm ou réduction de la masse initiale inférieure servira le plus souvent à évaluer une seconde loca-
à 50 % (fig. 3.28C). lisation des VADS découverte cliniquement,
Des études ont montré qu'un score de 1 est très beaucoup plus que pour la recherche d'une réci-
fortement en faveur d'un contrôle à long terme de dive locale ou ganglionnaire.
la lésion initiale. La surveillance devra donc comprendre un scanner
Inversement, un score de 3 est plutôt en faveur cervicothoracique avec injection incluant toutes les
d'un échec du traitement avec poursuite évolutive ; VADS et le thorax. Le rythme de la surveillance
cependant les faux positifs demeurent fréquents, dépend de la localisation et du stade initial.
Chapitre 3. Imagerie post-thérapeutique des carcinomes épidermoïdes 53

A B

C D
Fig. 3.28. Patient présentant une tumeur bourgeonnante du sinus piriforme gauche (A, flèche) étendue en région rétro-­
aryténoïdienne (B, flèche).
Décision de traitement conservateur par radiochimiothérapie concomitante. Premier bilan de contrôle à 3 mois de la fin de la
radiochimiothérapie : persistance d'une formation tissulaire asymétrique de l'hypopharynx >  1 cm – score 3 (C, flèche) : des biop-
sies réalisées sous endoscopie directe sont négatives. Nouvelle imagerie à 3 mois (D) : diminution de l'œdème mais persistance
d'une prise de contraste et d'un épaississement asymétrique de l'hypopharynx gauche (D, flèche) : nouvelles biopsies positives,
décision de pharyngolaryngectomie totale.

La récidive ganglionnaire est classique traitement) montrera le plus souvent un aspect


(fig. 3.29C) et une analyse attentive des aires gan- typique de récidive avec apparition d'une prise
glionnaires devra être réalisée, en particulier au de contraste nodulaire ou infiltrante qui n'exis-
niveau des chaînes rétropharyngées, récurren- tait pas sur l'imagerie initiale. L'apparition d'une
tielles et dans les territoires en bordure des lyse cartilagineuse au contact d'une prise de
volumes irradiés. contraste est également suspecte. Des biopsies
La récidive tumorale locale survient le plus fré- dirigées pourront alors être réalisées qui confir-
quemment entre la 1re et la 2e année, elle est rare meront le plus souvent la récidive.
après 3 ans, elle est généralement sous- Si les biopsies sont négatives, en présence d'un
muqueuse, difficile à objectiver en endoscopie, scanner douteux, un examen TEP-FDG apparaît
nécessitant des biopsies profondes. Le scanner très utile.
est capital lors de la réapparition d'une sympto- Les faux positifs après radiochimiothérapie restent
matologie : dysphonie, dysphagie, altération de cependant classiques en imagerie morphologique
l'état général. La comparaison avec le scanner scanner et IRM, mais également en TEP-FDG,
post-thérapeutique initial (à 3 mois de la fin du même au stade tardif [16].
54 Imagerie post-thérapeutique en oncologie

A B C
Fig. 3.29. A et B. Bilan à 3 mois de la fin d’une radiochimiothérapie pour tumeur du sinus piriforme droit sans adénopathie,
aspect séquellaire attendu post-radiochimiothérapie. C. Récidive ganglionnaire dans la première année.
Épaississement œdémateux symétrique sans lésion nodulaire des replis aryépiglottiques droit et gauche (A et B, flèches courtes),
épaississement du platysma (A et B, tête de flèche), ganglion sous-mental médian centimétrique non nécrotique (A, flèche longue),
pas d'adénopathie significative. Cinq mois après, apparition d'une adénopathie nécrotique jugulaire basse droite (C, flèche) sans
récidive locale.

Parfois une surveillance rapprochée sera néces- Une diminution importante de la taille du gan-
saire pour différencier d'importants remanie- glion, supérieure à 50 % avec aspect de nécrose
ments inflammatoires, parfois nécrotiques, d'une complète et prise de contraste importante de la
­authentique récidive ; une nouvelle imagerie 2 à paroi du ganglion peut être rencontrée. Cette
3 mois après traitement inflammatoire permettra nécrose complète peut être compatible avec une
le plus souvent de conduire à une nouvelle endos- réponse complète au traitement (cf. fig. 3.27).
copie avec biopsies. L'analyse de ces adénopathies résiduelles est sou-
Certains auteurs ont décrit également un intérêt vent difficile en imagerie classique et là encore, la
de l'IRM de diffusion avec calcul de l'ADC en cas TEP-FDG apparaît très intéressante pour vérifier
d'imagerie douteuse à la phase tardive [28, 29]. l'absence de captation résiduelle.
Il ne faut pas hésiter à répéter les imageries après Si l'imagerie ne permet pas de conclure entre gan-
traitement anti-inflammatoire en cas de doute. glions résiduels non pathologiques et ganglions
Cependant, actuellement, la TEP-FDG permet le métastatiques persistants, un évidement ganglion-
plus souvent d'objectiver ces récidives tumorales naire cervical pourra être indiqué pour apporter
tardives (cf. infra « Apport de la TEP »). une preuve anatomopathologique.

Aspect post-thérapeutique
des adénopathies Complications post-thérapeutiques
L'analyse post-thérapeutique des adénopathies
Nécrose laryngée –
non traitées chirurgicalement est importante : on
Chondro-radionécrose
considère qu'il y a une réponse complète si l'adé-
nopathie initiale a repris une taille normale (infé- La nécrose laryngée est une complication rare mais
rieur ou égal à 10 mm de diamètre transverse, grave du traitement, qui garde un taux de morbi-
inférieur ou égal à 12 mm pour le territoire jugu- dité élevé [22]. Elle survient dans 1 % des séries
laire haut IIA), sans nécrose centrale. La réappari- environ, habituellement plusieurs mois après la fin
tion d'un hile graisseux central est également un de la radiothérapie [23, 30] ; des cas ont été décrits
argument en faveur de la réponse complète. plusieurs années après traitement [31].
Il peut cependant persister, après traitement radio- L'aspect en imagerie de la chondronécrose est le
chimiothérapique, des ganglions nécrotiques. plus souvent typique avec (fig. 3.30) [30] :
Chapitre 3. Imagerie post-thérapeutique des carcinomes épidermoïdes 55

A B
Fig. 3.30. Chondronécrose laryngée avec inflammation et prise de contraste mal limitée des tissus pharyngolaryngés
et extra-laryngés, bulles d'air au niveau du cartilage thyroïde droit et de part et d'autre du cartilage.
A. Fenêtrage parties molles.
B. Fenêtrage osseux.
Images de François Bidault.

• présence de bulles d'air autour des cartilages, La TEP-FDG peut également être utile pour
cet aspect étant très évocateur ; essayer de différencier la nécrose laryngée de la
• inflammation majeure des tissus avec prise de poursuite évolutive, en particulier s'il montre l'ab-
contraste hétérogène mal limitée de part et sence de fixation [33]. Cependant, le plus sou-
d'autre du cartilage ; vent, il existe également une fixation intense avec
• parfois fragmentation des cartilages avec déplace­ SUV élevée qui ne permet pas de faire la diffé-
ment antérieur des cartilages aryténoïdes par rence (fig. 3.31).
disjonction cricoaryténoïdienne. Très fréquemment, l'imagerie reste donc non spé-
La chondronécrose intéresse le plus souvent le cifique et des biopsies sont refaites, leur négativité
cartilage thyroïde, plus rarement l'aryténoïde et le ne dispensant pas d'une surveillance rapprochée.
cricoïde [22]. Le suivi en imagerie d'une nécrose cartilagineuse
Si l'aspect est moins typique, en particulier si la est un élément important, il montrera en cas de
nécrose laryngée ne s'associe pas à la présence de nécrose laryngée, après une phase d'augmentation
bulles d'air, l'aspect peut être alors difficile à diffé- des lésions, une phase de stabilisation puis de
rencier d'une poursuite tumorale évolutive [26, régression, avec disparition des bulles d'air autour
27, 32]. De plus la coexistence d'une nécrose du cartilage et surtout une diminution de l'œdème
laryngée et d'une récidive tumorale est classique. et des prises de contraste (fig. 3.31).
La nécrose des tissus s'accompagne toujours En cas de chondronécrose évoluée, une partie du
d'une surinfection, l'imagerie montrera un épais- cartilage peut s'éliminer avec des séquelles sou-
sissement mal limité des tissus pharyngolaryngés vent importantes, justifiant parfois le recours à
avec une prise de contraste souvent hétérogène, une laryngectomie [22].
parfois un aspect de masse.
Le recours à l'examen IRM avec diffusion peut
Autres complications après
être utile car l'inflammation ne donnera pas de
radiothérapie
restriction de diffusion, alors que la poursuite
tumorale montrera une restriction de diffusion Ce sont essentiellement des aspects de fibrose des
avec un ADC bas. Cependant la possibilité d'une tissus cervicaux mais également des tissus laryn-
association nécrose et récidive rend difficile l'utili- gés, avec immobilité de l'épiglotte et/ou ferme-
sation de ce seul critère [28]. ture du vestibule [16].
56 Imagerie post-thérapeutique en oncologie

A B

C D
Fig. 3.31. Patient présentant une tumeur du sinus piriforme gauche (A, flèche).
Décision en RCP de traitement conservateur par radiochimiothérapie. Premier
bilan de contrôle à 4 mois de la fin du traitement montrant la persistance d'une
prise de contraste asymétrique <  1 cm, score 2 (B) ; les bilans de contrôle ulté-
rieur montrent une diminution de cette asymétrie. Onze mois après la fin du trai-
tement, le patient consulte pour hémorragie laryngée, l'imagerie montre une prise
de contraste avec présence de bulles d'air au sein de la prise de contraste et du
cartilage thyroïde (C, flèche) : le patient est mis sous triple antibiothérapie. Trois
semaines plus tard, la TEP-FDG est fortement positive dans cette zone (D). Le
contrôle en imagerie à 2 mois montre la régression de l'œdème et de la prise
de contraste ainsi que la disparition des bulles d'air (E) : des biopsies réalisées
sont négatives. Le patient poursuit sa surveillance rapprochée clinique et en ima-
E gerie pour cette chondronécrose laryngée d'évolution favorable.

Ces complications peuvent donner des signes cli- Séquences de diffusion IRM
niques importants : dyspnée, dysphagie, nécessi-
Plusieurs articles récents montrent que le calcul de
tant parfois le recours à une trachéotomie voire
l'ADC au sein de la tumeur et des adénopathies
même à une laryngectomie en cas de larynx non
serait capable d'identifier des tumeurs accessibles à
fonctionnel [22].
un traitement de préservation d'organe, à type de
radiochimiothérapie concomitante ou de chimio-
Apport des nouvelles séquences thérapie d'induction [34–36].
en imagerie dans le choix Un ADC initialement bas serait plus en faveur d'une
du traitement bonne réponse au traitement car une population
cellulaire hyperkinétique est caractérisée par un
De nouvelles techniques en IRM et en TDM ADC bas, alors qu'un tissu tumoral siège d'une
semblent prometteuses pour « détecter » les patients nécrose avec un fort contingent cellulaire apopto-
bons répondeurs à la radiochimiothérapie ou à la tique s'accompagne d'un ADC élevé et donc poten-
chimiothérapie d'induction. tiellement moins bon répondeur au traitement.
Chapitre 3. Imagerie post-thérapeutique des carcinomes épidermoïdes 57

Mais surtout, une augmentation significative de Plusieurs études [45–47] ont montré que les
l'ADC, en début de traitement, serait en faveur tumeurs avec initialement des niveaux élevés du
d'une bonne réponse thérapeutique. Ktrans présentaient des réponses favorables à la
Il faut toutefois rester prudent dans l'interpréta- radiochimiothérapie ou à la chimiothérapie
tion des séquences de diffusion et le calcul de d'induction.
l'ADC car il existe des problèmes de reproductibi- Ces constantes et ces courbes permettraient égale-
lité entre les centres du fait de : différences dans les ment de déterminer les tumeurs peu chimiosen-
appareils, les champs magnétiques, les séquences sibles dès 2 ou 3 cycles de traitement.
de diffusion (multiples b-values ou non), ainsi que Les résultats de ces études préliminaires sont pro-
les méthodes de calcul de l'ADC. Une « standardi- metteurs et suggèrent que l'imagerie pourrait être
sation » de la technique semble nécessaire. capable de « prédire » la réponse à un traitement
Le calcul d'un ΔADC, comparant l'ADC initial et de préservation d'organe, en particulier de diffé-
l'ADC en début de traitement sur un même appa- rencier les tumeurs radio et/ou chimiosensibles. Il
reil, a vraisemblablement plus d'intérêt que le seul serait alors possible d'individualiser la stratégie
chiffre d'ADC initial [37]. thérapeutique en fonction de ces données d'ima-
gerie fonctionnelle [44].
Séquences dynamiques d'injection,
séquences de perfusion et perméabilité
tumorale Apport de la TEP
Perfusion en TDM La tomographie par émission de positons au fluoro­
Plusieurs études récentes [38–44] montrent que la déoxyglucose, désormais systématiquement cou-
perfusion en TDM serait capable de détecter par plée au scanner X, a profondément modifié la prise
l'étude de différents paramètres les tumeurs qui en charge des patients porteurs d'affections néopla-
seraient susceptibles de répondre favorablement à un siques, notamment en ORL où la proportion de
traitement par radiothérapie et/ou chimiothérapie : carcinomes épidermoïdes est prédominante, ces
Blood Flow (BF), Blood Volume (BV), Mean Transit derniers ayant la particularité d'être très hyperméta-
Time (MTT), et Capillary Permeability (CP). boliques. Très performante pour le bilan d'exten-
Ces paramètres seraient corrélés à la densité sion ganglionnaire régional ou à distance, comme
microvasculaire de la tumeur et donc avec une pour la détection de néoplasies synchrones, sa place
hypoxie tumorale potentielle. est également importante pour la recherche de
lésions résiduelles et la détection précoce des réci-
En particulier des valeurs de BF initialement éle-
dives. L'évaluation de la réponse des tumeurs aux
vées seraient un facteur en faveur d'une bonne
traitements par chimiothérapie et l'optimisation
réponse au traitement.
des volumes de radiothérapie s'avèrent également
De même, une diminution importante du BV être des applications pleines d'avenir d'autant plus
pendant le traitement serait un critère de bonne que la technique est en évolution constante avec le
réponse au traitement, alors qu'une augmentation développement de nouveaux traceurs appelés à
progressive du BV serait un critère en faveur d'une dépasser les limites du FDG.
mauvaise réponse.

Perfusion et perméabilité tumorale en IRM Étude de la réponse au traitement


Différents paramètres sont également étudiés : La chimiothérapie d'induction sous la forme de
Ktrans = transfert constant (reflet de la combinaison l'association 5-fluoro-uracile (5FU) – cisplatine –
du blood flow et de la perméabilité microvascu- docétaxel, d'une part, et la radiothérapie avec
laire) ; Ve = extravascular extracellular space modulation d'intensité avec ou sans chimiothérapie
volume fraction ; Vp = plasma volume fraction. concomitante d'autre part, constituent fréquem-
58 Imagerie post-thérapeutique en oncologie

ment la séquence thérapeutique initiale des cancers En outre, l'effet d'une chimiothérapie sur les
ORL. Ce traitement non chirurgical de prime abord lésions malignes peut entraîner un phénomène de
peut être choisi pour deux raisons principales : soit sidération cellulaire transitoire qui impose de res-
dans le cadre d'un protocole de préservation d'or- pecter un délai de 2 à 3 semaines après la fin d'un
gane pour les cancers du larynx afin d'éviter une cycle avant la réalisation d'un examen TEP afin
chirurgie d'emblée mutilante, soit dans le cas où le d'éviter de sous-estimer la fixation réelle des
traitement radiochimiothérapique a prouvé sa lésions tumorales.
supériorité vis-à-vis du traitement chirurgical. Dans tous les cas, il est capital de rappeler,
Dans ces cas, la TEP-FDG peut être particulière- comme pour toute technique d'imagerie, que
ment utile pour évaluer l'efficacité de la réponse l'utilisation de la TEP dans l'évaluation de l'effi-
au traitement [48, 49]. En effet, l'importance de cacité thérapeutique n'est pertinente que si l'on
la fixation du FDG est proportionnelle à l'acti- dispose d'une imagerie de référence préthéra-
vité proliférative des tumeurs et à la viabilité des peutique.
cellules qui les composent. Le mode habituel Au-delà du FDG reflétant le métabolisme gluci-
d'évaluation de la réponse d'une lésion maligne dique des cellules, d'autres traceurs fluorés sont en
à la chimiothérapie est la réduction du volume développement. Ainsi, la 18-fluoro-L-­thymidine,
des lésions sur des images consécutives de scan- s'accumulant peu dans les foyers inflammatoires,
ner. Cette réduction du volume est la consé- pourrait permettre de suivre de façon plus spéci-
quence de l'élimination des cellules détruites. fique la réponse thérapeutique en tant que mar-
Or, cette destruction cellulaire est nécessaire- queur de la prolifération cellulaire. Les résultats
ment due aux altérations métaboliques induites préliminaires de ce radiopharmaceutique testé dans
par les médicaments de chimiothérapie qui vont les cancers de la sphère ORL sont encourageants
conduire à la mort cellulaire. De ce fait, une [50, 51]. L'imagerie de l'hypoxie cellulaire repré-
modalité d'imagerie métabolique fournit une sentée par le FMISO (fluoromisonidazole) consti-
information plus précoce quant aux effets de la tue un autre exemple de ces nouvelles cibles de
chimiothérapie qu'une modalité anatomique. Ce l'imagerie TEP. L'analyse globale ou régionale de
caractère précoce de la réponse métabolique est l'hypoxie tumorale par la TEP trouve un intérêt
à l'origine de travaux concernant la possibilité de avec les progrès de la radiothérapie, la technique
prédire la réponse de la tumeur à une chimiothé- permettant à la fois de prédire l'efficacité des traite-
rapie dès le premier cycle afin de conforter le cli- ments, d'optimiser les champs et la distribution de
nicien dans son choix thérapeutique en cas dose et d'évaluer précocement leur efficacité
d'extinction du signal métabolique ou au [52–54].
contraire, en cas de persistance d'une activité
métabolique intense, d'éviter la répétition de
cycles inefficaces, générateurs d'effets secon- Diagnostic de maladie résiduelle
daires importants et coûteux. et de récidive
Par ailleurs, en cas d'hétérogénéité clonale, la Après un traitement par chirurgie et/ou radiothé-
chimiothérapie aboutit à l'élimination d'un clone rapie, la persistance d'une formation tissulaire
sensible et à la sélection d'un clone résistant. Ce résiduelle peut poser un problème diagnostique
dernier peut être à l'origine d'une récidive tumo- important. Une telle lésion peut correspondre à
rale précoce. Dans cette situation, la réduction du de la fibrose cicatricielle inactive, mais peut égale-
volume tumoral ne correspond qu'à l'élimination ment représenter un foyer de persistance de la
du clone sensible. L'intérêt de la TEP-FDG est maladie qui impose un traitement complémen-
alors de mettre en évidence la persistance d'une taire pour éviter une aggravation éventuellement
fixation d'intensité constante ou accrue au sein difficile à contrôler. De même, en cas de rémission
d'une lésion de volume plus faible. complète après le traitement initial, il est nécessaire de
Chapitre 3. Imagerie post-thérapeutique des carcinomes épidermoïdes 59

pouvoir diagnostiquer de la façon la plus précoce pos- Références


sible une récidive. L'imagerie ­morpho-radiologique [1] Maroldi R, Battaglia G, Nicolai P, et al. CT appea-
rencontre des difficultés pour différencier de rance of the larynx after conservative and radical sur-
façon fiable une formation fibreuse résiduelle gery for carcinomas. Eur Radiol 1997 ; 7 : 418–31.
stable d'un résidu tumoral ou d'une authentique [2] Maroldi R, Farina D, Battaglia G, et al. Imaging after
laryngeal surgery. In : Hermans R, editor. Imaging of
récidive évolutive. La TEP-FDG trouve ses meil-
the larynx. Berlin Heidelberg New York : Springer ;
leurs résultats dans cette application avec une 2001. p. 124–5.
convergence des travaux publiés tant pour établir [3] Piquet JJ. Laryngectomies partielles, subtotales et
les performances de la technique, avec des chiffres totales. Techniques chirurgicales – Tête et cou. Encycl
de sensibilité et de spécificité supérieurs à 80 %, Med Chir 1993 ; 46–360 (Paris, France).
[4] Pech A, Cannoni M, Abdul S, et al. Laryngectomie
que pour confirmer sa supériorité vis-à-vis des
frontale antérieure reconstructive. Ann Otolaryngol
techniques radiologiques pour la reconnaissance Chir Cervicofac 1982 ; 99 : 141–6.
des lésions malignes évolutives. Brouwer et al. ont [5] Tucker HM, Word GB, Levine M, et al. Glottic
publié une méta-analyse portant sur la détection reconstruction after near total laryngectomy.
des récidives laryngées après radiothérapie en Laryngoscope 1979 ; 89 : 609–18.
[6] Laccoureye H, Laccoureye O, Weinstein G, et al.
TEP-FDG et retrouvent une sensibilité variant de
Supracricoid laryngectomy with cricohyoidoepiglot-
80 à 94 % [55]. topexy : a partial laryngeal procedure for glottic carci-
Ainsi, passé un délai de 12 semaines après la fin noma. Ann Otol Rhinol Laryngol 1990 ; 99 : 421–6.
des traitements et à l'aide des machines hybrides [7] Bely-Toueg N, Halimi P, Laccourreye O, et al. Normal
laryngeal CT findings after supracricoid partial laryn-
TEP-TDM, les valeurs de sensibilité rapportées gectomy. AJNR Am J Neuroradiol 2001 ; 22 :
tous sites confondus oscillent entre 93 et 100 % 1872–80.
pour la détection des récidives tant au niveau du [8] Chevalier D, Piquet JJ. Subtotal laryngectomy with
site primitif que de celui des chaînes ganglion- cricohyoidopexy for supraglottic carcinoma : review
naires locorégionales ou des métastases à distance. of 61 cases. Am J Surg 1994 ; 168 : 472–3.
[9] Laccoureye H, Laccoureye O, Weinstein G, et al.
Cette excellente sensibilité se traduit essentielle- Supracricoid laryngectomy with cricohyoidopexy : a
ment par une valeur prédictive négative très élevée partial laryngeal procedure for selected supraglottic
dans cette indication entre 95 et 100 % [49, 56, carcinoma for selected supraglottic and transglottic
57]. La mise en évidence des lésions résiduelles et carcinomas. Laryngoscope 1990 ; 100 : 735–41.
des récidives est donc une application importante [10] Alonso JM. Conservative surgery of cancer of the
larynx. Trans Am Acad Ophthalmol Otolaryngol
de la TEP-FDG en oncologie ORL. 1947 ; 51 : 633–42.
Elle rencontre toutefois le même problème de spé- [11] Kirchner JA, Fifteenth Daniel C. Baker, Jr, memorial
cificité que dans ses autres indications, cette der- lecture. What have whole organ sections contributed
nière étant comprise entre 64 et 83 % [55]. Ainsi, to the treatment of laryngeal cancer ? Ann Otolaryngol
1989 ; 98 : 661–7.
la réaction inflammatoire post-­ radiothérapique [12] Guerrier B, Barazer M, Maurice N. Pharyngectomies
est une source importante de faux positifs qui et pharyngolaryngectomies. Techniques chirurgicales
peuvent persister pendant plusieurs mois après la – Tête et cou. Éditions Techniques – Encycl Med
fin de l'irradiation. En pratique, il est nécessaire de Chir 1993 ; 46–280 (Paris, France).
prévoir un délai de 3 à 4 mois après la fin de la [13] Lefebvre JL, Mallet Y. Pharyngectomies et pharyn-
golaryngectomies. Techniques chirurgicales – Tête et
radiothérapie pour effectuer le contrôle TEP afin cou. Encycl Med Chir 2005 ; 46–280 (Paris, France).
de minimiser le risque de faux positifs inflamma- [14] Hermans R, Pameijer FA, Mancuso AA, et al.
toires tout en restant compatible avec la prise en Laryngeal or hypopharyngeal squamous cell carci-
charge de la maladie [56, 58]. noma : can follow-up CT after definitive radiotherapy
be used to detect local failure earlier than clinical exa-
Une autre difficulté est représentée par la radioné- mination alone ? Radiology 2000 ; 214 : 683–7.
crose qui peut également être à l'origine de faux [15] Schwartz DL, Barker J, Chansky K, et al.
positifs. Elle impose une corrélation précise avec Postradiotherapy surveillance practice for head and
les données cliniques et celles obtenues par les neck squamous cell carcinoma – too much for too
little ? Head Neck 2003 ; 25 : 990–9.
autres techniques d'imagerie (cf. fig. 3.31).
60 Imagerie post-thérapeutique en oncologie

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Chapitre 4
Nouvelles techniques
d'imagerie et de radiothérapie
en oncologie pulmonaire
P. Giraud • F. Laurent • S. Thureau • P. Vera

La convergence progressive des nouvelles tech- Nous verrons successivement les nouvelles tech-
nologies et des nouveaux concepts permet une niques de radiothérapie, puis les nouveaux
radiothérapie de plus en plus précise et ciblée, concepts utilisés en imagerie fonctionnelle que
permettant d'envisager des compléments de dose nous limiterons à la tomographie par émission de
sur les tumeurs pulmonaires et ainsi un meilleur positons.
contrôle local. Le guidage par l'imagerie multi-
fonctionnelle permet de mieux cibler des zones à
risque de récidive, tout en épargnant les tissus
sains. Les nouveaux concepts s'étendent jusqu'à
la notion de dose painting ou de dose sculpting. Nouvelles techniques
Les nouvelles techniques de radiothérapie, et de radiothérapie
leur impact sur l'imagerie post-thérapeutique —
radiologie et médecine nucléaire — seront Radiothérapie de conformation
exposés.
Radiothérapie conformationnelle
Les nouvelles techniques de radiothérapie visent à
tridimensionnelle
obtenir une irradiation de haute précision inté-
grant dans la procédure de traitement les derniers Le concept de radiothérapie conformationnelle
développements technologiques en matière tridimensionnelle date déjà de plus de 30 ans.
d'imagerie médicale, de contention, de dosimétrie Mais cette technique n'a pu être réellement testée
et d'appareils de traitement, au prix cependant que dans les 15 dernières années grâce au dévelop-
d'une grande complexité. Aujourd'hui, l'irruption pement conjoint de la puissance des stations de
en radiothérapie thoracique de l'imagerie numé- calcul et de la technologie des accélérateurs [1–3].
rique tridimensionnelle, de l'imagerie fonction- Elle représente aujourd'hui le mode d'irradiation
nelle, et de récentes technologies comme les thoracique le plus habituel en France. Trois étapes
collimateurs multilames, les systèmes d'asservisse- schématiques caractérisent la démarche conforma-
ment respiratoire ou l'irradiation en conditions tionnelle :
stéréotaxiques font naître des espoirs nouveaux • l'acquisition tridimensionnelle des données ana-
pour le traitement des pathologies tumorales tomiques en position de traitement décrivant le
thoraciques. patient et la maladie ;

Imagerie post-thérapeutique en oncologie


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64 Imagerie post-thérapeutique en oncologie

• la planification dosimétrique prévisionnelle de Radiothérapie conformationnelle


l'irradiation avec identification des différents avec modulation d'intensité
volumes d'intérêt ;
L'arrivée de nouvelles technologies comme les
• l'exécution du traitement intégrant une
collimateurs multilames, associées aux récents
démarche d'assurance de qualité très stricte.
développements de concepts physiques comme
Pour le cancer du poumon, l'un des problèmes les l'optimisation de dose et l'irradiation conforma-
plus difficiles à résoudre dans le cadre de la radio- tionnelle avec modulation d'intensité (RCMI), ou
thérapie de conformation reste la définition des « IMRT » selon la terminologie anglo-saxonne,
volumes cibles. Bien que les concepts théoriques pourrait apporter une solution, au moins partielle,
des différents volumes cibles d'intérêt (tumeur, aux problèmes posés lors de l'irradiation des can-
ganglions lymphatiques, organes sains à risque, cers du poumon. Cependant, le développement
etc.) soient maintenant bien acceptés et utilisés clinique de la RCMI n'en est qu'à sa phase initiale
dans la plupart des centres de radiothérapie, l'éva- en radiothérapie thoracique et ne s'est concrétisé
luation précise de leurs limites est plus complexe actuellement que dans quelques centres dans le
[4]. L'imagerie fonctionnelle est une aide de plus monde. À cette date, seulement quelques cen-
en plus reconnue pour la définition de ces volumes taines de patients ont été traités pour un carci-
cibles d'intérêt (cf. infra). nome bronchique non à petites cellules (CBNPC)
Les résultats évaluant la radiothérapie 3D (RT3D) par cette technique [6–9]. Plusieurs procédés per-
dans le traitement des cancers du poumon ont été mettent de faire varier l'intensité du rayonnement
publiés dans les années quatre-vingt-dix et sont au sein du faisceau. Les techniques les plus cou-
actuellement bien connus. Ils ont tous conclu à sa ramment utilisées, du moins en France, recourent
supériorité sur les techniques conventionnelles, que à des collimateurs multilames couvrant la totalité
l'objectif ait été la couverture (homogénéité) du de la région traitée. Une nouvelle technique de
volume cible tumoral et/ou la diminution de la dose RCMI, l'arcthérapie dynamique, permet de déli-
reçue par les organes sains à risque (fig. 4.1) [1, 2]. vrer une radiothérapie modulée rotationnelle et
Cependant, même si la RT3D apparaît comme poten- volumétrique à la différence de la RCMI « clas-
tiellement capable d'améliorer le contrôle local, et sique » qui utilise plusieurs séries de faisceaux
peut-être la survie, sans augmenter la toxicité, les fixes. En faisant varier la vitesse de la rotation du
résultats cliniques actuels sont encore perfectibles et bras de l'accélérateur, la vitesse de déplacement
l'intérêt de l'escalade de dose reste à prouver [1, 2, 5]. des lames du collimateur et la fluence (débit de
dose), les techniques d'arcthérapie dynamique
actuellement disponibles (RapidArc de Varian
Medical System et VMAT d'Elekta) permettent
de délivrer l'irradiation en moins d'unité moni-
teur et en moins de temps total de traitement que
la RCMI classique [6–8, 10].

Tomothérapie
Le principe de la tomothérapie hélicoïdale (TH)
consiste à embarquer sur un statif de scanner un
petit accélérateur d'électrons pour la production des
faisceaux de photons de moyenne énergie (6 MV)
(fig. 4.2). Le faisceau est mis en forme par un sys-
Fig. 4.1. Radiothérapie conformationnelle tridimension-
tème de collimation en fente permettant une irra-
nelle : planification dosimétrique prévisionnelle 3D avec la
projection des 4 faisceaux d'irradiation (3 antérieurs et un diation sur 40 cm de largeur par 1 à 5 cm d'épaisseur
oblique postérieur gauche en jaune). couvrant ainsi une « tranche » (d'où le terme

Chapitre 4. Nouvelles techniques d'imagerie et de radiothérapie en oncologie pulmonaire 65

Irradiation avec asservissement


respiratoire
La prise en compte des mouvements respiratoires
a toujours été une préoccupation majeure de la
radiothérapie thoracique (poumons, seins, etc.) et
abdominale (foie, reins, etc.) [13–15]. Le déve-
loppement de la RT3D et de la RCMI l'a encore
accentuée. En effet, la taille des champs d'irradia-
tion diminuant, il est devenu nécessaire d'évaluer
très précisément les mouvements des organes intra
ou extrathoraciques induits par la respiration et/
ou, si possible, de les contrôler. Récemment, une
Fig. 4.2. Exemple du système d'asservissement respira-
toire avec blocage respiratoire volontaire et dispositif de solution technologique a été développée pour
feedback par lunettes vidéo (hôpital européen Geoges contrôler les mouvements respiratoires et délivrer
Pompidou, Paris). l'irradiation à un moment précis, planifié à l'avance
[16–19]. C'est ce que l'on nomme le gating respi-
« tomothérapie »). Chaque « tranche » est découpée ratoire. Différentes techniques de gating respira-
en mini-faisceaux qui peuvent être interrompus à toire existent actuellement. Deux approches
volonté au cours de la rotation par un système obtu- peuvent être isolées, comme pour le gating en
rateur du type collimateur multilames « binaire » à imagerie TEP : soit la respiration du patient est
haute vitesse permettant de moduler l'intensité du bloquée pendant l'acquisition ou l'irradiation, soit
faisceau de façon sélective pour réaliser la distribu- le patient respire librement et le déclenchement
tion de dose voulue. Pendant l'irradiation, comme des différents appareils s'effectue automatique-
pour un scanner de radiodiagnostic la table se ment — est « synchronisé » — à un niveau respira-
déplace longitudinalement. Le mouvement global toire donné. Dans la première technique, la
est donc celui d'un scanner fonctionnant en mode respiration du patient est bloquée, habituellement
hélicoïdal balayant jusqu'à 160 cm de longueur de en inspiration, soit volontairement, soit par l'oc-
traitement en continu. Ce système permet égale- clusion d'une valve (fig. 4.3) [20, 21]. L'autre
ment de faire de l'imagerie temps réel en position de approche consiste, pendant que le patient respire
traitement pour la validation de la mise en place librement, à suivre en temps réel son rythme ven-
puisqu'un détecteur opposé au tube accélérateur tilatoire grâce à différents types de capteurs et à
permet d'obtenir une image 3D tomodensitomé- déclencher le scanner ou l'accélérateur linéaire à
trique. Ainsi, la tomothérapie regroupe en un seul
appareil un système original d'irradiation conforma-
tionnelle continue avec modulation d'intensité et
un dispositif intégré de contrôle scanographique des
champs d'irradiation [11]. Les premières études sur
les grands champs complexes d'irradiation, notam-
ment pour les irradiations des mésothéliomes
pleuraux malins (MPM), se traduisent par une
­
application clinique simple, efficace et plutôt bien
tolérée [7, 12]. Dans une première étude clinique
française sur 12 patients traités par pleuropneumo-
nectomie extra-pleurale puis TH, le contrôle tumo-
ral local est prometteur et la toxicité pulmonaire est
plus faible qu'avec les autres techniques de RCMI
classique [12]. Fig. 4.3. Tomothérapie (institut Curie, Paris).
66 Imagerie post-thérapeutique en oncologie

un niveau, toujours identique, du cycle respira- naire moyenne (12,8 Gy vs 15,6 Gy, p <   0,0001)
toire [17]. Les premiers résultats chez des patients respectivement entre la RAR et la RTC. Ce bénéfice
traités pour un cancer du poumon, du foie ou dosimétrique, notamment dans le sous-groupe avec
mammaires semblent très prometteurs [15, 17, blocage inspiratoire, était corrélé à une diminution
20–23]. de la toxicité pulmonaire aiguë et tardive observée
Récemment ces différentes approches ont été éva- sur le plan clinique et fonctionnel (épreuves fonc-
luées pour les cancers du sein et les cancers du pou- tionnelles respiratoires). Cette réduction de la toxi-
mon dans le cadre d'un programme de soutien aux cité grâce aux différentes techniques de RAR a été
innovations diagnostiques et thérapeutiques coû- également observée pour le cœur et l'œsophage. En
teuses (STIC) suite à l'appel d'offres lancé en 2003. revanche, il n'y avait pas de différence en termes
Vingt services ou départements de radiothérapie des d'efficacité (survies globale et spécifique) selon les
Centres de lutte contre le cancer (CLCC) et de techniques de RAR [23].
Centres hospitalo-universitaires (CHU) se sont
ainsi regroupés dans le but d'éclaircir les décideurs
et fournir des indications précises pour favoriser ou Radiothérapie stéréotaxique
non la diffusion des différentes techniques d'asser-
Généralités
vissement de la respiration en les comparant aux
techniques de radiothérapie conformationnelles Le développement de la radiothérapie stéréo-
classiques (RTC). Six cent soixante-huit patients taxique (RS) permet un ciblage particulièrement
ont été inclus, 319 patients dans le groupe RAR précis. Ces systèmes permettent une réduction des
(radiothérapie asservie à la respiration) et 349 dans volumes de traitement en facilitant l'hypofraction-
le groupe de référence (RTC). Pour les cancers du nement avec des doses quotidiennes nettement
poumon (435 patients), globalement l'ensemble du augmentées (> 10 Gy) et réduisent de façon signi-
traitement reste malheureusement limité en termes ficative la durée du traitement global. On appelle
d'efficacité et relativement toxique. Le grand sous le terme générique de radiothérapie stéréo-
nombre de rechutes locales à l'intérieur des champs taxique une radiochirurgie qui délivre la dose non
d'irradiation associé à une toxicité pulmonaire et seulement en une fraction unique mais aussi en
œsophagienne non négligeable confirme la néces- plusieurs fractions. Elle est le plus souvent
sité d'une technique de très grande précision afin hypofractionnée (3 à 6 fractions) mais peut dans
d'augmenter la dose dans le volume cible tout en certains cas être normofractionnée (dose par frac-
protégeant au mieux les tissus sains avoisinants. La tion comprise entre 1,8 et 2 Gy). Le terme de
RAR pourrait être l'une de ces techniques. Le pre- radiochirurgie est habituellement réservé aux irra-
mier résultat important de cette partie de l'étude diations intracrâniennes en séance unique avec
montre la bonne reproductibilité des différents sys- cadre invasif de repérage stéréotaxique. Cette
tèmes de contrôle de la respiration. Le second point approche offre une haute dose biologique efficace
retient l'augmentation importante du volume pul- de la cible tout en minimisant les effets toxiques
monaire total dans le groupe RAR avec pour corol- sur les tissus normaux. Comme pour la radiochi-
laire une diminution de tous les paramètres rurgie cérébrale, la RS pulmonaire peut être réali-
dosimétriques prédictifs de la toxicité pulmonaire. sée soit par un accélérateur dédié (Cyberknife),
Ce bénéfice est beaucoup plus important pour les soit par un accélérateur classique associé à un sys-
deux systèmes de blocage en inspiration proche de tème spécifique d'immobilisation, de contention,
la maximale par rapport au dispositif de synchroni- et de repérage dans l'espace. Takeda et al. ont
sation respiratoire conduisant à une réduction signi- montré l'intérêt de la TEP-FDG chez les patients
ficative des paramètres dosimétriques prédictifs de bénéficiant d'une RS, avec un meilleur pronostic
pneumopathies interstitielles comme le volume de de récidive locale si la SUVmax (Standardized
poumon recevant une dose de 20 Gy, ou V20, Uptake Value) était inférieure à 6 avant la RS, que
(22,8 % vs 26,5 %, p <  0,0001), ou de 25 Gy ou V25 les patients aient un cancer T1b ou T2, ou qu'ils
(18,8 % vs 23,2 %, p <  0,0001), et la dose pulmo- aient bénéficié de 40 ou 50 Gy [24].

Chapitre 4. Nouvelles techniques d'imagerie et de radiothérapie en oncologie pulmonaire 67

Cyberknife® États-Unis et de l'Université de Kyoto au Japon


[25–30]. Leurs premières études de RS publiées
Basé sur l'expérience de la radiochirurgie intracrâ-
dans le cancer du poumon remontent au milieu
nienne, le cyberknife® est un système robotique de
des années quatre-vingt-dix et se sont surtout inté-
radiothérapie externe non invasif offrant la possi-
ressées aux petites lésions pulmonaires T1 ou
bilité d'orienter un faisceau de photons d'énergie
T2N0 chez des patients le plus souvent inopérables
intermédiaire (6 MV) dans toutes les directions.
pour des raisons médicales. Les doses atteintes
Ainsi un accélérateur miniaturisé est monté sur un
varient en moyenne autour de 15 Gy en 1 fraction
bras robotisé, guidé en temps réel par un système
pour de petites lésions inférieures à 3 cm à
d'imagerie basé sur des tubes de rayons X disposés
60–66 Gy en 3 fractions pour des tumeurs plus
en position fixe dans la salle de traitement
grandes. Si leurs résultats sont assez contradic-
(fig. 4.4). La collimation est assurée par un colli-
toires avec des taux de contrôle local (80 à 100 % à
mateur circulaire dont on choisit le diamètre dans
2 ans) et de survie très élevés (56 à 80 % à 2 ans)
la gamme de 5 à 60 mm. Il n'est possible de traiter
pour les séries japonaises, probablement pour des
classiquement que des tumeurs de taille inférieure
patients très sélectionnés, leurs taux de toxicité tar-
à 5 cm ou de combiner plusieurs irradiations sur
dive restent relativement comparables et accep-
des cibles multiples adjacentes. C'est l'une des
tables, autour de 20 % de grades 3 et 4 à 2 ans
rares limitations de cet appareil. En pratique, le
[25–30]. Sur le plan de la toxicité, la RS est habi-
robot articulé qui supporte la tête d'irradiation à
tuellement bien tolérée bien que le suivi médian
6 degrés de liberté permet un positionnement de
des principales études publiées soit encore faible.
multiples faisceaux avec des orientations dans
Les séries publiées avec un recul important rap-
presque tout l'espace avec une précision supé-
portent des complications plus retardées (autour
rieure à 0,2 mm.
du 6e mois) qu'avec les techniques classiques. À
Résultats actuels côté de la toxicité pulmonaire (pneumopathie,
pleurésie, hémoptysie) très liée à la taille de la
Le nombre d'études de RS publiées augmente tumeur, à sa localisation thoracique centrale et aux
considérablement depuis 5 ans. Dans le poumon, chimiothérapies (CT) associées, les complications
les équipes qui se sont le plus intéressées à la RS les plus fréquemment observées sont une fatigue
sont les équipes de l'Université d'Indiana aux générale, des fractures de côtes, des péricardites,
des épithélites et des douleurs pariétales. La pose
de clips fiduciaires nécessaires au repositionnement
précis des faisceaux d'irradiation lors d'une RS
peut également être la source de complications
comme des pneumothorax, hématomes et migra-
tions de clips [25–33].

Hadrons
Le terme « Hadronthérapie » inclut une large
panoplie de particules utilisées, ou potentielle-
ment applicables à la radiothérapie incluant les
protons, les neutrons, des ions légers (hélium,
oxygène, carbone) et des ions lourds (néon,
argon). Les protons sont les particules les plus
utilisées dans le monde. Par rapport aux photons
X des accélérateurs linéaires classiques, les pro-
Fig. 4.4. Cyberknife® (Accuray). tons sont caractérisés par un dépôt de dose élevé
68 Imagerie post-thérapeutique en oncologie

sur une très courte distance en fin de parcours reconstruites à partir des coupes TDM. Après éta-
(appelé « pic de Bragg »). Cette propriété phy- lonnage, les unités Hounsfield sont corrélées aux
sique spécifique limite l'irradiation aux tissus densités électroniques des milieux traversés, per-
sains avoisinant le volume cible et facilite ainsi le mettant des calculs dosimétriques précis.
traitement de tumeurs très proches d'organes La place de la TEP-FDG est bien établie lors du
sains très radiosensibles. Sur le plan clinique, cer- bilan d'extension initial des cancers bronchiques.
taines indications sont maintenant solidement Son rôle dans l'évaluation précoce de la réponse
validées, c'est le cas des tumeurs oculaires, des tumorale est en cours d'investigation. D'une
chordomes ou chondrosarcomes de la base du façon générale, le recours à une imagerie multi-
crâne. D'autres sont en cours d'évaluation comme modalité (TDM et TEP-FDG) impose de résoudre
les méningiomes, les tumeurs du cavum locale- des difficultés organisationnelles (accès aux
ment évoluées, certaines tumeurs pédiatriques, équipe­ments sans retarder la prise en charge),
les tumeurs prostatiques, et c'est également le cas techniques (fusion et traitement des images) et
des tumeurs thoraciques [34]. Dans ce domaine médicales (délinéation des volumes cibles).
des protons, des nouveautés se préparent en par-
L'intérêt de la TEP au FDG (dite TEP staging)
ticulier par l'évolution vers une compacité plus
dans le bilan d'extension initial des cancers bron-
grande des cyclotrons amenant à moyen terme à
chiques non à petites cellules est validé [35], et ne
une plus grande diffusion et une meilleure inté-
sera pas traité dans ce chapitre. La TEP peut inter-
gration de la protonthérapie dans les plateaux
venir dans la planification du traitement dite TEP
techniques traditionnels.
planning. Lin et al. ont montré sur 26 patients
que 61 % des patients progressaient entre la TEP
du staging réalisée avant la CT d'induction et une
Place de l'imagerie fonctionnelle TEP-FDG réalisée immédiatement avant la RT
par TEP avant et pendant (ou RCT = radiochimiothérapie) [36]. La conclu-
la radiothérapie pulmonaire sion des auteurs était que si le délai entre la TEP-
FDG staging et la TEP-FDG planning est
Les enjeux actuels concernant l'imagerie en radio- supérieur à 4 semaines, il est probablement préfé-
thérapie sont multiples : rable de refaire la TEP au FDG.
• améliorer l'imagerie préthérapeutique pour une
meilleure définition des indications et des
volumes cibles ; TEP-FDG et volumes cibles
• améliorer la précision du repositionnement en en radiothérapie
cours de traitement, afin de réduire les marges
de sécurité : cette approche ne sera pas abordée Les volumes cibles en radiothérapie
dans ce chapitre ; La description des volumes cible en radiothérapie
• évaluer plus précocement l'efficacité thérapeu- obéit à une terminologie précise (International
tique, à un moment où le traitement peut encore Commission on Radiation Units and Measurements
être modifié et adapté à la sensibilité tumorale. ou ICRU) :
La tomodensitométrie réalisée en position de • le volume cible macroscopique (GTV) comprend
traite­ment reste incontournable pour les radio- toutes les lésions tumorales (tumeur, ganglions
thérapeutes. L'information anatomique est utili- hilaires ou médiastinaux) visibles en imagerie/
sée d'une part pour la délinéation des volumes endoscopie ;
cibles et des organes à risque lors de la prépara- • le volume cible anatomoclinique (CTV) inclut
tion de l'irradiation, et d'autre part pour vérifier les zones non modifiées en imagerie mais sus-
le positionnement du patient et des faisceaux en ceptibles de contenir des cellules tumorales.
cours de traitement à l'aide d'images de référence Le CTV correspond à l'envahissement micros-
(Digitally Reconstructed Radiographs ou DRR) copique en périphérie de la tumeur primitive ou

Chapitre 4. Nouvelles techniques d'imagerie et de radiothérapie en oncologie pulmonaire 69

aux aires ganglionnaires de drainage (les gan- 10 %) passe de 37 % avec la TDM seule à 84 % avec la
glions augmentés de volume à la TDM ou siège TEP-FDG (p = 0,004) [47]. Des résultats similaires
d'un hypermétabolisme significatif à la TEP- ont été obtenus par Steenbakkers et al. [43], bien que
FDG font partie du GTV) ; le contourage puisse rester difficile en cas d'hypermé-
• Le volume cible de planification (PTV) inclut les tabolisme diffus correspondant probablement à des
marges de sécurité tenant compte des incertitudes zones inflammatoires au sein de l'atélectasie.
de repositionnement sous l'appareil de traite­ment En fait, la difficulté principale des radiothéra-
et les mouvements internes des organes. peutes tient à l'absence de méthode univoque
Les volumes cibles (ainsi que les organes à risque) reproduisant de façon fiable le contour tumoral.
doivent être tracés par le radiothérapeute sur la Celui-ci varie de façon importante avec les para-
TDM en position de traitement. Le CTV tumoral mètres de visualisation et le seuil choisi pour la
est dessiné autour du GTV soit par expansion iso- valeur de SUV, que la délinéation soit manuelle ou
tropique (marges homogènes de 6 mm pour les automatique. La seule étude publiée confrontant
carcinomes épidermoïdes, de 8 mm pour les adéno­ volume anatomique (sur pièce opératoire) et
carcinomes autour de la tumeur [37]), soit en volume dessiné sur une TEP-FDG préopératoire
tenant compte d'éventuelles barrières anato- est peu encourageante [48]. Cette limitation tient
miques. Le CTV ganglionnaire correspond habi- au moins en partie à la résolution des images
tuellement aux aires ganglionnaires médiastinales TEP (5 mm vs 1 mm avec la TDM), aux effets de
anatomiques, définies par les chirurgiens [38]. volumes partiels, et aux incertitudes de recalage
Traditionnellement, le médiastin (sauf le hile des images TEP sur la TDM (même lorsque les
controlatéral) et les aires sus-claviculaires étaient acquisitions sont faites sur un appareil associant les
inclus en totalité dans le CTV ganglionnaire. deux modalités).
Anticipant les résultats des études cliniques, l'évo- À ce jour, aucune méthode de segmentation n'a
lution s'est faite vers une irradiation sélective montré sa supériorité :
(voire l'omission complète…) des aires ganglion- • le contourage manuel est à l'origine de grandes
naires en fonction du risque d'envahissement [39] variabilités inter et intra-opérateurs ;
et pour limiter les complications pulmonaires. • les techniques basées sur le seuillage arbitraire
ou adaptatif dépendent d'un modèle mathéma-
TEP-FDG et GTV tumoral tique faisant intervenir la caméra, le filtrage et le
En l'absence d'atélectasie ou d'envahissement par traceur, ce qui complexifie leur généralisation
contiguïté du médiastin ou de la paroi thoracique, compte tenu notamment de la standardisation
le contourage d'une tumeur entourée de poumon et du contrôle de qualité insuffisants ;
sain est aisé sur la TDM, en utilisant les paramètres • la segmentation par détection du gradient d'in-
de visualisation adaptés au parenchyme. La TEP- tensité n'est pas actuellement applicable à la
FDG peut être avantageuse en cas d'hyperméta- TEP compte tenu du flou des images obtenues.
bolisme localisé au sein d'une atélectasie [40–43].
TEP-FDG et GTV/CTV ganglionnaire
Ainsi, Nestle et al. observent une modification des
médiastinal
faisceaux chez 52 % des patients en cas d'atélecta-
sie, contre 17 % en l'absence d'atélectasie Les incertitudes sur la pertinence du contour du/
(p = 0,003) [40]. des GTV ganglionnaire(s) sont moins préoccu-
Par ailleurs, plusieurs études [44–47] ont souligné pantes car le CTV (incluant le GTV correspon-
l'ampleur des discordances intra- et inter-radiothéra- dant) est défini par ses limites anatomiques [37].
peutes lors du contourage du GTV tumoral sans En l'absence de ganglion médiastinal d'aspect
l'aide d'une TEP-FDG. Ainsi, Ashamalla et al. ont pathologique, la définition du CTV repose sur un
montré dans une étude prospective sur 19 patients raisonnement probabiliste, tenant compte du
que la concordance de planification de traitement risque de métastase ganglionnaire (en général, pas
entre deux radiothérapeutes (variabilité inférieure à d'irradiation en cas de risque inférieur à 10 %) et
70 Imagerie post-thérapeutique en oncologie

de la toxicité pulmonaire prévisible. Les travaux qu'il était possible de faire ce complément de dose
fondateurs sont les revues de Giraud et al. [39] et de RT sur les données de la TEP. La définition du
la méta-analyse de Gould et al. [49]. Une étude CTV était celle utilisant l'hypermétabolisme
théorique sur 29 patients suggère que le volume tumoral et ganglionnaire en TEP. Les auteurs
médiastinal à irradier aurait pu être diminué chez n'ont trouvé aucune toxicité de grade 4, une
25 d'entre eux [50]. médiane de survie de 19,3 mois et seulement
Faute d'études randomisées publiées à ce jour, la 1 récidive ganglionnaire médiastinale sur 23 [55].
validation clinique de cette démarche reste très Enfin, l'étude de phase III PET START (ASCO
partielle. Le risque de rechute ganglionnaire en 2011) a montré que la survie globale à 2 ans était
médiastin non irradié apparaît faible, mais les identique entre les patients ayant bénéficié d'une
observations publiées peuvent aussi s'expliquer RT basée sur les données de la TDM ou de la
(au moins en partie) par la sélection des patients, TEP-FDG (39 % vs 47 % ; p = 0,8). L'ensemble de
l'action de la chimiothérapie séquentielle ou ces éléments conforte l'idée de proposer un com-
concomitante, et les doses non négligeables reçues plément de dose de RT, basé sur les données de la
à proximité des volumes cibles ou sur le trajet des TEP-FDG.
faisceaux (irradiation non intentionnelle). En pra-
tique, les radiothérapeutes ont déjà pris l'habitude
de réduire les volumes médiastinaux irradiés à titre Perspectives
prophylactique, préférant remplir les objectifs
La TEP-FDG contribue à améliorer la pertinence
(doses et volumes) de traitement dans les zones
et la concordance des volumes cible dessinés par
où la présence de cellules tumorales est objective-
les radiothérapeutes. Schématiquement, les
ment démontrée (GTV) sans compromettre la
volumes cible sont diminués, inchangés ou aug-
tolérance pulmonaire du traitement.
mentés dans environ 30 % des cas respectivement
TEP-FDG et synchronisation avec, potentiellement, d'importantes consé-
respiratoire (gated PET) quences thérapeutiques. La réduction des
volumes cibles ouvre la voie à une moindre toxi-
Toutes les études ayant réalisé de la synchronisa- cité (à dose égale) ou à une augmentation de la
tion respiratoire montrent une diminution des dose totale (à toxicité inchangée). L'augmentation
déplacements mesurés, une meilleure estimation des volumes cibles doit permettre d'éviter l'omis-
des volumes et une augmentation de la SUVmax sion d'une partie du volume cible, mais peut aussi
[51, 52]. Des études ont montré l'intérêt de la amener à contre-indiquer une irradiation qui
TEP-FDG synchronisée à la respiration pour la serait trop toxique. L'individualisation des traite-
définition du PTV [53], ce d'autant que les sys- ments passe donc par une meilleure sélection des
tèmes les plus récents permettent désormais une patients.
synchronisation en TEP et en TDM. Si la RT se L'utilisation de la TEP-FDG pour la planification
fait progressivement avec asservissement respira- de la radiothérapie rencontre plusieurs difficultés
toire, il est probable que la TEP-TDM synchroni- concrètes :
sée deviendra elle aussi indispensable. • l'accessibilité de la caméra TEP dans un délai
raisonnable pour ne pas retarder le début de la
Complément de dose de radiothérapie
radiothérapie ;
sur les zones hypermétaboliques
• des procédures d'assurance de qualité rigou-
En 2010, Bradley et al. ont montré qu'il était pos- reuses, notamment pour la mesure de la SUV et
sible de faire un complément de dose de RT dans la délinéation des zones hyperactives ;
les CPNPC [54]. L'équipe de Freiburg a ensuite • la validation des modalités de délinéation des
montré dans l'étude PET-PLAN (phase II), sur zones hyperactives, en concertation entre
32 patients ayant un CBPNC stade II-III (16 radiothérapeutes, radiologues et médecins
compléments de dose, allant de 66,6 à 73,8 Gy), nucléaires.

Chapitre 4. Nouvelles techniques d'imagerie et de radiothérapie en oncologie pulmonaire 71

Évaluation précoce de la réponse montré que le principal facteur pronostique de la


thérapeutique survie à un an est la SUVmax de la TEP réalisée à
42 Gy (devant les paramètres de la TEP pré-RCT,
Au-delà de l'intérêt pronostique de la TEP-FDG le volume fonctionnel tumoral, le stade, le type
avant et après la radiothérapie, la prédiction précoce histologique, l'existence ou non d'une chimio-
de la réponse au traitement permettrait d'envisager thérapie d'induction, la réalisation ou non d'une
une adaptation des modalités d'irradiation selon la CT ou d'une RCT). En effet, un patient ayant
sensibilité tumorale à la radiothérapie. une SUVmax supérieure à 5,3 à 42 Gy de la radio-
Plusieurs études [56–59] ont montré qu'il était thérapie à 96 % de change de récidive à 1 an (VPP
possible d'obtenir des images TEP-FDG interpré- [valeur prédictive positive] de 96 %) (données
tables en cours de RT ou de RCT concomitante. non publiées). Des résultats allant dans le même
Par exemple, nous avons évalué 12 patients chez sens ont été récemment montrés par l'équipe de
lesquels une TEP-FDG a été réalisée tous les Mastricht [59] qui a montré la possibilité d'une
14 Gy. Par ailleurs, la réponse TEP-FDG en cours réponse rapide de la captation du FDG à la
de radiothérapie semble au moins partiellement 2e semaine de la radiothérapie avec une diminution
associée au contrôle tumoral à 3 mois, les reprises de 20 % (± 21 %) du SUV(mean) chez les patients
évolutives survenant dans les zones restées hyper- survivants à 2 ans, mais de seulement 2 % (± 22 %)
métaboliques pendant la radiothérapie [57, 60]. chez les non-survivants à 2 ans (p < 0,007).
Nous avons montré que la diminution de 50 % de Une approche serait de prendre en compte les
la SUVmax (et du volume tumoral) en cours de hétérogénéités d'activité métabolique au sein des
radiothérapie se situait aux alentours de 42 Gy volumes tumoraux pour définir un volume cible
(essai RTEP11 [61]). Nous avons également mon- biologique plus restreint et susceptible de recevoir
tré qu'une TEP au FDG n'était pas artefactée une dose plus élevée.
lorsque celle-ci était réalisée en cours de radiothé- Sur un plan pratique, la validation clinique impose
rapie, alors que les artefacts survenaient au-delà de d'abord de définir le critère de jugement de la
6 semaines post-radiothérapie. réponse tumorale (SUVmax ? volume hyperméta­
Les enjeux potentiels d'une évaluation précoce de bolique ?). Le nombre de patients à inclure devra
la réponse thérapeutique sont essentiels. Ainsi, être suffisamment grand pour tenir compte des fac-
une réponse métabolique importante pourrait teurs pronostiques classiques. Il faut aussi souligner
inviter à une réduction des doses/volumes cibles, l'importance de disposer d'outils logiciels d'aide à
avec un possible bénéfice en termes de tolérance la délinéation pour traiter rapidement les images
des organes à risque. À l'inverse, une réponse (ainsi que des critères standardisés d'utilisation).
métabolique modeste ou nulle pourrait justifier
une intensification thérapeutique (augmentation
de dose, accélération de l'irradiation) avant la fin Nouveaux traceurs
de la radiothérapie, même si les marges de
De nouveaux traceurs sont désormais disponibles
manœuvre restent faibles alors que la chimiothé-
en TEP en dehors du FDG, accessibles dans le
rapie concomitante est largement prescrite. Une
cadre de l'Autorisation de mise sur le marché ou
étude prospective multicentrique (RTEP2)
AMM (FNa, Fdopa, FCholine), en recherche cli-
menée sur 52 patients évaluables parmi 77
nique (FLT [prolifération], FET [tyrosine], FES
patients inclus, et ayant bénéficié d'une TEP-
[récepteurs œstrogènes], FMISO [hypoxie], FAZA
FDG à 42 Gy de la radiothérapie pulmonaire a
[hypoxie], etc.) et/ou en exploration préclinique
(apoptose [ML10], angiogenèse [RGD], les récep-
1
Essai visant à étudier la modification de l'activité teurs à l'octréoscan [DOTATOC/DOTATATE],
métabolique tumorale mesurée par TEP-FDG, tout au les recepteurs VEGF/EGFR [11C-gefitinib,
long d'une radiothérapie, chez des patients ayant un cancer 124I-IMP-R4, MDA-MB-468, etc.]). Enfin de
du poumon [essai clos aux inclusions]. nouveaux isotopes émetteurs de positons ayant une
72 Imagerie post-thérapeutique en oncologie

demi-vie plus longue que le fluor-18 (t½=110 min) médecine nucléaire (SFMN) est en cours de mise
comme les 89Zn, 124I, 86Y, 64Cu ou produits par en place visant a étudié l'intérêt d'un complément
générateurs (68Ga, 82Rb) permettront probable- de dose de radiothérapie dans les cancers pulmo-
ment à court terme l'émergence de nouveaux tra- naires non opérables basé sur l'imagerie TEP au
ceurs à usage clinique. FMISO (essai RTEP5 – PHRC [Programme hos-
En cancérologie pulmonaire, nous avons mon- pitalier de recherche clinique] 2011).
tré qu'il était possible de faire plusieurs images
TEP avec différents traceurs (FDG pour le Synthèse
métabolisme, FLT pour la prolifération cellu-
En radiothérapie, la tendance actuelle est d'installer des
laire et FMISO pour l'hypoxie), avant et en équipements permettant d'une part l'irradiation confor-
cours de RT (essai RTEP4 [62]) (fig. 4.5), per- mationnelle avec modulation d'intensité (RCMI) et
mettant d'envisager de l'imagerie fonctionnelle d'autre part le contrôle de la position du patient par ima-
multitraceurs [63]. gerie « 3D » embarquée sur l'appareil de radiothérapie
ou en position fixe dans la salle de traitement pour véri-
fier le positionnement du patient [64]. Des solutions sont
Intérêt potentiel d'un traceur également proposées pour adapter l'irradiation aux
de l'hypoxie changements de forme ou de taille du volume cible et
pour synchroniser avec les mouvements d'organes à
Nous avons vu ci-dessus qu'avait émergé le chaque séance (gating, tracking, etc.). Un autre attrait
concept de complément de doses de RT. Dans la de ces technologies de haute précision limitant l'irradia-
mesure où l'hypoxie tumorale est un facteur de tion des tissus sains et la toxicité induite concerne leurs
radiorésistance, des auteurs ont évoqué la possibi- associations potentiellement plus aisées et moins mor-
lité d'effectuer un complément de dose de RT sur bides avec les chimiothérapies et les nouvelles thérapies
les volumes hypoxiques. De nombreuses revues ciblées qu'avec la radiothérapie classique. Pour sa part,
ont été publiées, mais peu d'études prospectives la radiothérapie stéréotaxique est une technique de
sont actuellement disponibles dans la littérature et haute précision potentiellement capable d'améliorer le
contrôle local, et peut-être, par voie de conséquence,
elles concernent surtout les tumeurs de la sphère
la survie des patients traités pour un CBNPC. L'analyse
ORL. Un essai prospectif entre la Société française des résultats cliniques actuels est encore difficile
de radiothérapie (SFRO) et la Société française de

Fig. 4.5. Patient étudié avec du FLT (gauche), FDG (centre) et FMISO (droite) avant et pendant une radiothérapie pulmonaire.

Chapitre 4. Nouvelles techniques d'imagerie et de radiothérapie en oncologie pulmonaire 73

[7] Scorsetti M, Bignardi M, Clivio A, et al. Volumetric


compte tenu des reculs insuffisants. Cependant, il appa- modulation arc radiotherapy compared with static
raît d'ores et déjà qu'elle offre des taux de contrôle local gantry intensity-modulated radiotherapy for mali-
très encourageants pour des petites tumeurs (< 5 cm) gnant pleural mesothelioma tumor : a feasibility study.
périphériques chez des patients inopérables pour des Int J Radiat Oncol Biol Phys 2010 ; 77 : 942–9.
raisons médicales. Il conviendra de valider l'efficacité [8] Scorsetti M, Navarria P, Mancosu P, et al. Large
clinique de toutes ces nouvelles techniques par des volume unresectable locally advanced non-small cell
études randomisées multicentriques et d'évaluer paral- lung cancer : acute toxicity and initial outcome results
lèlement leurs rapports coût/efficacité par des études with rapid arc. Radiat Oncol 2010 ; 5 : 94.
[9] Van Sornsen de Koste JR, Voet P, Dirkx M, et al. An
médicoéconomiques.
evaluation of two techniques for beam intensity
La TEP au FDG est déjà incontournable dans le bilan modulation in patients irradiated for stage III non-
d'extension initial et le suivi post-traitement des cancers small cell lung cancer. Lung Cancer 2001 ; 32 :
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TEP-FDG lors de la planification de la radiothérapie a [10] Otto K. Volumetric modulated arc therapy : IMRT in
fortement stimulé la réflexion sur les volumes cible, en a single gantry arc. Med Phys 2008 ; 35 : 310–7.
particulier médiastinaux. Les perspectives actuelles [11] Tomsej M. The Tomo Therapy Hi. Art System for
portent sur d'éventuelles modifications des volumes sophisticated IMRT and IGRT with helical delivery :
cibles et/ou de la dose prescrite en utilisant une image- Recent developments and clinical applications. Cancer
rie acquise en cours de traitement. D'importants obs- Radiother 2006 ; 10 : 288–95.
[12] Giraud P, Sylvestre A, Zefkili S, et al. Helical tomo-
tacles techniques (standardisation des modalités
therapy for resected malignant pleural mesothelioma :
d'acquisition, validation des méthodes de délinéation) dosimetric evaluation and acute toxicity results.
justifient de limiter la réalisation des études cliniques à Radiother Oncol 2011 ; 101 : 303–6.
des équipes expertes associant étroitement imageurs et [13] Ross CS, Hussey DH, Pennington EC, et al. Analysis
radiothérapeutes. Le couplage de ces nouvelles tech- of movement of intrathoracic neoplasms using ultra-
niques de radiothérapie, imagerie anatomique et fonc- fast computerized tomography. Int J Radiat Oncol
tionnelle devrait permettre d'améliorer à terme le Biol Phys 1990 ; 18 : 671–7.
contrôle local des tumeurs pulmonaires, possible grâce [14] Giraud P, De Rycke Y, Dubray B, et al. Conformal
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Chapitre 5
Cancers du sein : diagnostic,
traitement et aspect
post-thérapeutique

D. Groheux • C. Rousseau • F. Kraeber-Bodéré • L. Quéro • S. Delanian • C. de Bazelaire

Avec 53 000 nouveaux cas en 2011, le cancer du Stratégie thérapeutique


sein est le plus fréquent chez la femme — représen-
tant 33,5 % de l'ensemble des cas de cancers chez la Bilan d'extension
femme — devant le cancer colorectal et le cancer
du poumon. Il se situe également en tête de la Clinique
mortalité avec 11 400 décès en 2011. L'incidence Le stade clinique du cancer du sein selon la classi-
du cancer du sein a augmenté de façon importante fication TNM [1] est par définition la mesure des
et constante sur la période 1980-2005 : le taux dimensions cliniques de la tumeur déterminée par
d'incidence standardisé a presque doublé, passant la palpation (T). Des atteintes cutanée et pariétale
de 56,8 en 1980 à 101,5 en 2005. La mortalité, associées par contiguïté ainsi qu'une atteinte
qui était restée stable depuis 1980, amorce une inflammatoire sont systématiquement recherchées
décroissance en 2000 : le taux d'évolution annuel — notion de poussée évolutive. La palpation des
de la mortalité est de −0,4 % sur l'ensemble de la aires ganglionnaires axillaires (N) et sus-­claviculaires
période 1980–2005 alors qu'il est de −1,3 % sur la permet d'évaluer l'extension ganglionnaire. Une
période récente 2000–2005. Selon l'InVS (Institut extension métastatique (M) est recherchée par une
de veille sanitaire), les évolutions inverses de la imagerie adéquate.
mortalité et de l'incidence du cancer du sein
peuvent s'expliquer en partie par l'amélioration des
thérapeutiques et des techniques de diagnostic en Radiologie
imagerie sans que leurs parts respectives puissent Le bilan d'extension locale a pour objectifs de
être précisées. déterminer si la patiente peut bénéficier d'un

Imagerie post-thérapeutique en oncologie


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78 Imagerie post-thérapeutique en oncologie

t­raitement conservateur avec radiothérapie, qui etc. La topographie peut être marquée par un
est préféré à la mastectomie pour des tumeurs qui clip déposé au centre de la tumeur au moment
ne dépassent pas 3 cm [2]. En revanche la mastec- des prélèvements. De même, la topographie de la
tomie réduit le risque de récidive locale [2]. Le lésion pourra être indiquée au chirurgien grâce à
bilan d'extension locale vise donc à bien sélection- la mise en place par ponction percutanée d'un
ner les patientes candidates au traitement conser- hameçon au centre du lit tumoral (fig. 5.1). Ce
vateur pour réduire le risque d'exérèse incomplète. repérage guide ensuite le chirurgien jusqu'à la
Le bilan radiologique local détermine la taille de tumeur.
la lésion, sa topographie, son extension et la pré- L'échographie complète la mammographie à la
sence d'autres lésions associées. Il comprend sys- recherche de lésions surnuméraires dans des seins
tématiquement une mammographie (fig. 5.1) et denses. Elle permet également d'explorer les aires
une échographie. La mammographie diagnos- ganglionnaires en incluant l'aisselle et les creux sus
tique (incidences face et oblique) est complétée et sous-claviculaires.
avec le profil strict du sein pathologique pour L'IRM mammaire est plus sensible que l'image-
déterminer précisément la topographie de la rie mammographique et échographique pour
lésion et les clichés en compression avec agran- détecter des tumeurs multiples [3]. La sensibi-
dissement géométrique pour améliorer l'analyse lité de détection de cancer additionnel serait de
des anomalies — microcalcifications, spicules, 81 % pour l'IRM contre 66 % pour la mammo-

LCC LMLO LCC LML

A C
Fig. 5.1. Prise en charge d'un CCIS (carci-
nome canalaire in situ) visible sous la forme
d'un foyer de microcalcification du QSE (qua-
drant supéroexterne) du sein gauche (têtes de
flèches) chez une femme de 55 ans, macro-
biopsié sous stéréotaxie.
Le bilan d'extension local se limite aux clichés
réalisés à la phase diagnostique (clichés de
face, obliques, de profils et agrandissement).
Ce sont ces clichés qui sont utilisés au moment
du repérage par mise en place d'un hameçon
(flèche) au sein du lit tumoral par ponction per-
cutanée sous contrôle radiographique.
LCC : Left Craniocaudal ; LMLO : Left Mediolateral
B Oblique ; LML : Left Medial Lateral.
Chapitre 5. Cancers du sein : diagnostic, traitement et aspect post-thérapeutique 79

graphie. L'IRM retrouverait 3 à 4 % de cancers in situ isolées ou les composantes in situ asso-
controlatéraux. En revanche, l'adjonction de ciées à un cancer invasif [4] avec des sensibili-
l'IRM au bilan conventionnel augmente le taux tés de 56 et 92 % pour la mammographie et
de faux positifs et par conséquent le nombre de l'IRM respectivement [4] (fig. 5.2). L'IRM
biopsies inutiles. L'IRM est également légère- permet de mesurer plus précisément la taille
ment plus performante pour détecter les formes des lésions que la mammographie avec des

A
B

D
Fig. 5.2. Épisode de mastite chez une femme de 28 ans.
La mammographie (A et B) montre des seins denses (type 4) sans lésion suspecte et l'échographie (C) une masse de 10 mm, hypo-
échogène, ovalaire et circonscrite dans le QII (quadrant inféro-interne) du sein gauche classée ACR 3 (American College of Radiology).
Une biopsie à l'aveugle d'une induration du QIE (quadrant inféroexterne) du sein gauche trouve un CCIS. Une IRM est réalisée au cours du
bilan d'extension chez cette femme de moins de 40 ans à fort risque de cancer multiples. Elle retrouve une prise de contraste segmentaire
dans le QIE du sein gauche (D, têtes de flèches) correspondant au CCIS biopsié et la masse ovalaire bien limitée avec un rehaussement
peu intense et progressif (type I) dans le QII du sein gauche (D, flèche) correspondant à l'image échographique classée ACR 4a compte
tenu du risque élevé de la patiente. La microbiopsie sous échographie de cette masse montre un CCI (cancer canalaire infiltrant).
RCC : Right Craniocaudal ; RMLO : Right Mediolateral Oblique.
80 Imagerie post-thérapeutique en oncologie

mesures ­similaires à celle de l'histologie dans les résultats devraient être discutés en RCP.
38–64 % des cas pour les IRM et 27–43 % pour Toute découverte d'une lésion modifiant le traite­
la mammographie [5, 6]. ment doit systématiquement être contrôlée
La sensibilité de l'IRM pour le bilan d'exten- ­histo­logiquement avant de changer la stratégie
sion des carcinomes lobulaires invasifs serait théra­peutique.
de 93 %. Cet examen détecterait 32 % de
lésions supplémentaires dans le sein homolaté- Les indications potentielles de l'IRM sont :
ral et 7 % dans le sein controlatéral (fig. 5.3). 1. les femmes à risque de cancer multiples :
Le geste chirurgical serait modifié dans 28 % – en cas d'histologie de carcinome lobulaire invasif
des cas [7]. (cancers additionnels ipsilatéraux dans 32 % des cas,
controlatéraux dans 7 % des cas),
L'IRM mammaire permettrait d'éviter dans 5 à
– chez des femmes de moins de 40 ans (fig. 5.2),
10 % des cas une irradiation partielle du sein ina- – chez les femmes à haut risque de cancer du sein
daptée, décidée sur le bilan conventionnel seul en raison d'une mutation génétique (BRCA, etc.),
[8–11]. – d'une irradiation médiastinale (cancers multiples
Néanmoins, l'IRM mammaire n'est pas toujours dans 50 %) ;
indiquée. En effet, si l'IRM est l'examen le plus 2. les choix thérapeutiques difficiles :
sensible pour la détection des lésions mammaires, – en cas de discordance entre la clinique et l'image-
ce gain en détection ne s'accompagne pas d'une rie standard (fig. 5.4),
– en cas de choix entre la chirurgie oncoplastique,
amélioration de la prise en charge chirurgicale
le traitement conservateur et la mastectomie après
initiale dans la population générale. L'étude
­ chimiothérapie néoadjuvante.
COMICE portant sur 1 623 patientes retrouve
plus de mastectomies dans le groupe de patientes
ayant eu un bilan d'extension avec IRM (7 %) que L'ensemble des éléments colligés par les examens
dans le groupe sans IRM (1 %). Il n'y a donc pas cliniques et paracliniques du bilan initial précé-
d'indication à la réalisation systématique de cet demment décrit permet une évaluation de l'ex-
examen. De plus, son ajout ne doit pas retarder la tension locorégionale de la tumeur. La recherche
prise en charge thérapeutique. Les indications et de métastases (par l'imagerie ou la biologie) n'est

A B
Fig. 5.3. Bilan d'extension en IRM d'un CLI (cancer lobulaire infiltrant) infiltrant et rétractant le sein gauche (A, flèche) chez
une femme de 58 ans.
L'IRM révèle la présence d'une seconde masse de forme irrégulière, spiculée au contact de kystes dans le QSE du sein droit
(A, têtes de flèches). L'échographie de second look (B) retrouve la masse initialement passée inaperçue masquée par les kystes.
La microbiopsie échoguidée de cette masse retrouve un CLI.
Chapitre 5. Cancers du sein : diagnostic, traitement et aspect post-thérapeutique 81

pas systématique et doit être réservée aux (ganglions axillaires suspects fixés entre eux ou à
patientes présentant des points d'appel cliniques. d'autres structures ou ganglion thoracique
Elle ne doit pas retarder la prise en charge en interne suspect en l'absence de ganglion a­ xillaire
milieu spécialisé. Le scanner thoracoabdominal suspect) ou N3 (ganglions sus-claviculaires
est indiqué dans le bilan initial d'extension en cas homolatéraux suspects ou mammaires internes
de cancer à risque élevé de métastases. Il s'agit des homolatéraux suspects avec ganglions axillaires
cancers du sein classés T3 (tumeur supérieure à suspects) (fig. 5.5). Un scanner thoraco-abdo-
5 cm) ou T4 (tumeur avec une extension directe mino-pelvien est également indiqué en cas de
soit à la paroi thoracique soit à la peau) ou N2 point d'appel clinique.

A B
Fig. 5.4. Palpation d'une masse de 4 × 4 cm dans le QSE du sein gauche chez une femme de 56 ans.
L'échographie (A) retrouve deux masses de forme et de contours irréguliers de 7 et 8 mm distantes de 10 mm dans le QSE gauche
classé ACR 4b. La discordance entre l'examen clinique et l'échographie impose la réalisation d'une IRM afin d'orienter le chirur-
gien vers une tumorectomie ou une mastectomie. L'IRM (B) montre une masse de forme et de contours irréguliers de 4 cm (flèche).

Fig. 5.5. Bilan d'extension chez une jeune femme de 43 ans prise en charge pour un cancer du sein inflammatoire.
Le cancer du sein inflammatoire se présente volontiers sous une forme de cancers multiples et 5 % des femmes prises en charge
pour ce type de cancer sont métastatiques d'emblée. L'IRM mammaire montre une non-masse segmentaire infiltrant le tiers moyen
du sein droit (étoile), une masse homogène de forme ovalaire et de contours circonscrits (tête de flèche) dans le QSE, une infiltration
du muscle pectorale (flèche creuse), un épanchement pleural spécifique (tête de flèche creuse), une lésion controlatérale (flèche).
82 Imagerie post-thérapeutique en oncologie

Médecine nucléaire tases à distance ; elles sont donc réservées aux


patientes avec des tumeurs à risque métastatique
Les outils de médecine nucléaire qui peuvent être utili- significatif.
sés pour la prise en charge initiale et le bilan du cancer
du sein sont les suivants :
• la scintimammographie (SMM) au 99m-technétium- Place de la médecine nucléaire pour l'évaluation
methoxyisobutylisonitrile (99mTc-MIBI) ; de la tumeur primitive
• la mammo-TEP au fluorodéoxyglucose ;
• l'étude du ganglion sentinelle ; Bien que non indiquée dans une procédure de
• la TEP-TDM corps entier au FDG et la TEP-TDM au dépistage habituel et dans le bilan du cancer du
fluorure de sodium (FNa) ; sein, la scintimammographie peut jouer un rôle
• la scintigraphie osseuse planaire corps entier aux utile dans des indications cliniques spécifiques
99m
Tc-biphosphonates. comme par exemple les mammographies d'inter-
prétation difficile et la recherche de récidive dans
Les deux premières techniques sont réservées à un sein préalablement traité. La figure 5.6 montre
l'étude de la tumeur primitive (et éventuellement un exemple de scintimammographie.
des ganglions satellites). Ces deux techniques Deux radiopharmaceutiques sont disponibles avec
sont peu développées et leurs indications sont une AMM dans cette indication en France : le
actuellement limitées. La troisième technique, 99m
Tc-Sestamibi (Cardiolite, BMS, États-Unis) et la
l'étude du ganglion sentinelle, est largement uti- 99m
Tc-Tetrofosmine (Myoview, GE Healthcare,
lisée pour les tumeurs peu avancées et sans États-Unis). Ces radiopharmaceutiques sont cou-
atteinte clinique du creux axillaire ; elle nécessite ramment utilisés dans les services de médecine
l'intervention de plusieurs spécialités et elle fera nucléaire pour la réalisation des scintigraphies myo-
l'objet d'un chapitre isolé. Les deux dernières cardiques de perfusion et ils peuvent également
techniques sont utilisées pour effectuer un bilan être utilisés pour effectuer les scintimammogra-
global de la maladie et pour rechercher des métas- phies. Le 99mTc-Sestamibi+, petit cation lipophile,

Fig. 5.6. Mammographie (4 images à gauche) et mammoscintigraphie (4 images à droite) chez une patiente présentant un
petit carcinome canalaire infiltrant du sein droit.
La mammographie montre une petite zone dense aux contours irréguliers au niveau du quadrant supéroexterne du sein droit. La
mammographie montre que la petite structure du quadrant supéroexterne du sein droit fixe fortement le MIBI, ce qui est en faveur
d'une origine maligne. La fixation du MIBI en regard des mamelons est physiologique.
Figures fournies par West Valley Imaging.
Chapitre 5. Cancers du sein : diagnostic, traitement et aspect post-thérapeutique 83

pénètre dans le cytoplasme et il se fixe à l'intérieur dépistage chez des patientes asymptomatiques. Elle
des mitochondries. Sa captation est liée au degré doit être utilisée comme une procédure diagnos-
d'angiogenèse, au métabolisme oxydatif, à une tique complémentaire à la mammographie quand
forte activité mitotique (valeur élevée du Ki-67), et celle-ci est douteuse ou difficile à interpréter.
à un grade SBR (Scarff Bloom Richardson) élevé Cependant, des industriels commercialisent depuis
[12, 13]. La captation dépend aussi du type histo- peu des caméras dédiées (Breast Specific Gamma
logique, les carcinomes mucineux à faible cellula- Imaging : BSGI). Ces caméras dédiées ont une
rité ne fixant quasiment pas le Sestamibi [14]. La sensibilité accrue [18–20].
99m
Tc-Tetrofosmine+ est également un cation lipo-
Dans une étude portant sur 82 patientes, la modi-
phile ; sa captation tumorale est très proche de celle
fication de la prise en charge chirurgicale suite à un
du Sestamibi, mais elle fait intervenir en plus la
examen effectué avec une caméra de type BSGI a
pompe Na-K ATPase [15]. Le principe de détec-
été de 22 % [21]. Une autre technologie, basée sur
tion est celui de l'imagerie d'émission monophoto-
des détecteurs à semi-conducteur (CZT :
nique. Ces deux traceurs sont marqués par du
Cadmium Zinc Telluride), permet de détecter des
technétium 99m qui émet des photons secondaire-
lésions de 4 mm, L'irradiation à la glande serait
ment détectés par le système d'imagerie. Le traceur
comparable à celle d'une mammographie [21–23].
est injecté dans le bras opposé à la lésion ou au
Le positionnement clinique de la scintimammo-
niveau d'une veine du pied en cas de lésions bilaté-
graphie avec des détecteurs dédiés reste à valider.
rales. Les images sont acquises une dizaine de
Les caméras dédiées semblent d'ores et déjà utiles
minutes après l'injection. Le sein est disposé entre
en cas de seins denses, pour lesquels l'association
deux détecteurs et différentes incidences peuvent
avec la mammographie apparaît pertinente [24].
être enregistrées.
Les indications de la scintimammographie reposent
Ces traceurs permettent de visualiser les
essentiellement sur les données acquises avec le
tumeurs primitives, et parfois également les 99m
Tc-Sestamibi. Les principaux sous-groupes de
adénopathies envahies. Les performances du
patientes qui pourraient bénéficier de cette scinti-
99m
Tc-Sestamibi pour la détection du cancer pri-
graphie sont :
mitif ont été assez largement étudiées [12, 16,
• les patientes avec un tissu mammaire dense à la
17]. La sensibilité semble varier de 80 à 90 %
mammographie. En effet, la sensibilité du
avec une moyenne de 85 %. Elle est plus élevée
Sestamibi est alors meilleure que celle de la
s'il s'agit d'une masse palpable ; la sensibilité est
mammographie ;
basse pour les lésions inférieures à 10 mm et les
• les patientes avec des modifications iatrogé-
lésions de moins de 5 mm ne sont le plus sou-
niques du sein. La spécificité de la mammogra-
vent pas détectables. La spécificité est un peu
phie est dans ces cas moins bonne que pour les
plus élevée avec une moyenne de 89 %. Bien
seins non traités ;
que le 99mTc-Sestamibi soit plus avidement
• les patientes avec des implants mammaires. La
concentré dans les cancers du sein que dans les
mammographie est souvent difficile à interpré-
lésions bénignes, ces dernières peuvent néan-
ter dans ce cas, tandis que la scintigraphie n'est
moins fixer le traceur et être responsables de
pas affectée par l'implant ;
faux positifs, en particulier les lésions fibrokys-
• les patientes avec une masse palpable et une
tiques prolifératives. Dans les lésions bénignes,
mammographie normale ou douteuse.
la fixation est d'intensité faible ou modérée,
habituellement hétérogène, et plus souvent dif- Avec le développement de l'imagerie par émission de
fuse que focalisée. positons, la scintimammographie est aujourd'hui
concurrencée par la mammo-TEP (en anglais :
Cette technique est peu disponible sur le territoire
Position Emission Mammography, PEM). Comme la
français. En raison de sa mauvaise sensibilité pour
scintimammographie, la mammo-TEP est une tech-
les lésions de moins de 10 mm, la scintimammo-
nique d'imagerie nucléaire dédiée à l'exploration de
graphie ne doit pas être utilisée comme test de
la glande mammaire. L'imagerie TEP corps entier
84 Imagerie post-thérapeutique en oncologie

conventionnelle est effectuée à l'aide de détecteurs Par ailleurs, avec la mammo-TEP comme avec la
habituellement positionnés à environ 20–30 cm des TEP-TDM, des examens faussement positifs sont
glandes mammaires, ce qui limite la sensibilité [25]. possibles : fixation du FDG parfois faible par cer-
De plus, les cristaux élémentaires des détecteurs taines tumeurs bénignes et fixation relativement
conventionnels sont relativement larges (> 4 mm), ce ­élevée par les mastites inflammatoires. À ce propos,
qui limite la résolution spatiale [25]. Les systèmes certaines équipes réalisent des images tardives cen-
TEP dédiés à l'imagerie de la glande mammaire trées sur la glande mammaire (1 h 30 à 2 h après
(mammo-TEP) sont composés par des détecteurs l'injection du FDG) en complément de l'enregistre-
positionnés à proximité de la glande mammaire et ment effectué à 1 h, car la fixation du FDG a ten-
formés par des cristaux élémentaires de petite taille dance à augmenter lors du second enregistrement
[25]. Ces systèmes, le plus souvent constitués par pour les lésions malignes alors qu'elle a plutôt ten-
deux détecteurs planaires accolés de part et d'autre dance à diminuer pour les lésions bénignes [46, 47].
de la glande mammaire, ont une sensibilité et une Au total, ni la scintimammographie, ni la mammo-
résolution spatiale accrues [25–27]. La résolution TEP ne sont recommandées en routine pour l'éva-
spatiale est proche de 1,8 mm [26]. Des résultats luation de la tumeur primitive, pour déterminer le
préliminaires ont montré que la mammo-TEP pré- T-score et pour aider à la décision du geste chirurgi-
sente de meilleures performances que les systèmes cal. À l'heure actuelle, l'utilisation de ces deux tech-
TEP corps entier [28–30]. La mammo-TEP a égale- niques ne peut être envisagée qu'en seconde
ment été comparée à l'IRM. Dans l'étude de Berg, intention, lorsque les techniques d'imagerie conven-
388 femmes qui devaient subir une chirurgie conser- tionnelle sont insuffisantes.
vatrice ont bénéficié d'une IRM avec injection de
produit de contraste et d'une mammo-TEP [31].
Place de la médecine nucléaire pour le bilan
L'IRM avait une meilleure sensibilité pour la détec-
d'extension du cancer du sein
tion des petites lésions et pour déterminer les indica-
tions de mastectomie. En revanche, la mammo-TEP L'imagerie nucléaire joue un rôle important dans le
avait une spécificité supérieure [31]. bilan d'extension des tumeurs à risque métasta-
tique significatif. Compte tenu de la faible préva-
Pour la mammo-TEP comme pour la TEP-TDM
lence de métastases pour les patientes atteintes de
corps entier, les performances de l'imagerie au FDG
tumeur T1 et T2 sans envahissement ganglionnaire
dépendent des caractéristiques histologiques et bio-
clinique, il n'est pas nécessaire de réaliser un bilan
logiques de la tumeur. La fixation du FDG est plus
d'extension, en l'absence de point d'appel [48].
élevée pour le carcinome canalaire infiltrant que
pour le carcinome lobulaire infiltrant, qui peut être
source d'examen faussement négatif [32–37]. Le Les experts de l'Institut national du cancer (INCA)
carcinome canalaire in situ ne fixe pas ou fixe très recommandent un bilan d'extension [48] :
faiblement le FDG [15]. L'intensité de la captation • pour les tumeurs cT3-T4 ou cN + (que les patientes
est fortement corrélée au grade SBR [32, 38–41]. reçoivent ou non un traitement systémique néoadjuvant) ;
Les tumeurs avec une prolifération tumorale élevée • après la chirurgie, en cas d'envahissement ganglion-
(Ki67 élevée) sont également plus fixantes [33, 34, naire macrométastatique.
38, 41]. Des séries récentes ont montré que les Pour les experts de l'INCA, le bilan d'extension peut
tumeurs qui n'expriment pas les récepteurs hormo- reposer sur l'une des trois options suivantes :
• la radiographie de thorax + l'échographie abdominale +
naux sont plus fixantes [32, 38, 42, 43, 44]. La plu-
la scintigraphie osseuse ;
part des équipes n'a pas trouvé de corrélation entre • la TDM thoracoabdominale + la scintigraphie osseuse ;
la captation du FDG et la surexpression de HER2 • la TEP-TDM au FDG seule.
[32, 34]. Les tumeurs de phénotype triple négatif
(tumeurs n'exprimant ni les récepteurs de l'œstro-
gène, ni ceux de la progestérone, et sans surexpres- Plusieurs études ont montré la valeur importante
sion de HER2) présentent également une fixation de la TEP-TDM au FDG pour le bilan d'exten-
accrue du FDG [32, 37, 45]. sion des patientes avec un cancer de stade III,
Chapitre 5. Cancers du sein : diagnostic, traitement et aspect post-thérapeutique 85

localement avancé ou inflammatoire [49, 51, 52]. maire interne). La mise en évidence d'une adénopa-
Certaines études récentes ont montré que la TEP- thie extra-axillaire peut être utile pour définir le plan
TDM pourrait également être utile pour les de traitement, notamment pour délimiter le volume
femmes présentant un cancer de stade II [53, 60]. cible de radiothérapie et/ou éventuellement pour
Ces travaux suggèrent que la TEP-TDM pourrait programmer un curage ganglionnaire.
fournir d'importantes informations en détectant La TEP-TDM au FDG est également utile pour la
des adénopathies extra-axillaires et/ou des métas- détection des métastases à distance. Le cancer du
tases occultes à distance. sein inflammatoire est associé à un taux élevé de
La TEP-TDM peut être utilisée pour rechercher métastases, et la TEP-TDM est utile pour détecter
une atteinte des ganaglions lymphatiques en cas de les métastases occultes chez ces patientes [49–52].
tumeur avancée (fig. 5.7). Le couplage TEP-TDM En dehors du cancer inflammatoire, plusieurs
est particulièrement performant [49, 53–60]. Les études ont suggéré que la TEP-TDM pourrait
données morphologiques TDM de l'examen TEP- aussi être utile pour détecter des métastases chez
TDM permettent de corriger les faux positifs les patientes atteintes d'un cancer de stade II ou
comme un hypermétabolisme au niveau de la III [54–56, 58]. Dans une série prospective de
graisse brune ou au sein d'un muscle. De plus, la 254 patientes que nous avons suivies pendant plu-
TDM sous-jacente permet de localiser précisément sieurs années, la TEP-TDM a été très utile sur leur
les adénopathies métastatiques. Il est ainsi possible prise en charge initiale avec un impact important
de différencier une adénopathie axillaire du niveau sur la survie pour les groupes de stades IIB (T3N0
III d'une adénopathie plus bas située (niveaux I et ou T2N1), IIIA (T3N1 ou T1-3 N2), IIIB
II). Cette information est importante car habituel- (T4N0-2) et IIIC (TxN3) [55]. L'impact a été
lement le curage ganglionnaire se limite aux moins net pour les patientes de stade IIA (T2N0
niveaux I et II, un curage du niveau III étant source ou T1N1).
d'une morbidité élevée. De plus, la TEP-TDM per- En dehors du cerveau, la TEP-TDM au FDG est
met de rechercher des métastases ganglionnaires sensible pour la détection des métastases dans les
extra-axillaires (région sus-claviculaire, chaîne mam- différents tissus et organes comme l'os, les chaînes

Fig. 5.7. Rôle de la TEP-TDM pour le bilan d'extension initial du cancer du sein.
Patiente présentant un carcinome canalaire infiltrant du sein droit de forme inflammatoire. En plus de la tumeur primitive, la
­TEP-TDM montre une atteinte locorégionale avec la présence d'adénopathies hypermétaboliques axillaires, mammaires internes
et sus-claviculaires droites. La tumeur est classée T4dN3cM0 (stade IIIC).
86 Imagerie post-thérapeutique en oncologie

ganglionnaires (notamment cervicales, axillaires, ment difficile en raison de la fréquence des lésions
médiastino-hilaires et abdominales), le poumon, dégénératives rachidiennes. En cas de point chaud
la plèvre, le foie, la rate, les ovaires, etc. unique sur le rachis, un peu plus de la moitié des
Parmi les sites métastatiques, l'os est le plus fré- cas (57 %) se révèle être bénin [62]. En l'absence
quent. Trois techniques d'imagerie nucléaire d'imagerie TEMP/TDM, de nombreuses hyper-
peuvent être utilisées pour la recherche d'une fixations de la scintigraphie osseuse planaire
atteinte osseuse : la TEP-TDM au FDG, la TEP- restent de nature indéterminée et requièrent une
TDM au FNa et la scintigraphie osseuse aux confrontation avec d'autres modes d'imagerie
biphosphonates-99mTc (MDP-99mTc, EHDP- pour pouvoir trancher. Les radiographies osseuses
99mTc et HMDP-99mTc). standards ne sont pas d'une grande aide car pour
être visible, la lésion doit être relativement volu-
La scintigraphie aux biphosphonates-99mTc a
mineuse, avec une perte importante de l'os trabé-
joué et joue encore un rôle important dans l'éva-
culaire. La lésion scintigraphique précède la lésion
luation de l'atteinte osseuse du cancer du sein. Il
radiographique de 4 à 18 mois [63]. Pour tran-
s'agit d'un examen corps entier alors que le plus
cher sur l'origine d'un foyer détecté en scintigra-
souvent la TEP-TDM au FDG s'arrête à la racine
phie planaire, il est souhaitable de recourir aux
des cuisses. Bien que sa sensibilité soit assez éle-
techniques tomographiques de type TEMP/
vée, la scintigraphie planaire peut comporter des
TDM ou à l'IRM, ou encore à la TEP [51, 54,
faux négatifs en particulier pour les lésions lytiques
61]. Contrairement à la scintigraphie osseuse, en
sans composante ostéoblastique et pour les lésions
TEP-TDM au FDG, le radiopharmaceutique se
de petite taille. Un super bone scan qui correspond
concentre dans les cellules tumorales et non pas
à un important envahissement ostéomédullaire ne
dans l'os réactionnel péritumoral [64]. Les métas-
doit pas être confondu avec une scintigraphie nor-
tases ostéolytiques sont ainsi beaucoup mieux
male. Le super bone scan correspond à « une trop
détectées. Il a été suggéré que la TEP-TDM au
belle image », le squelette axial (notamment le
FDG pourrait manquer de sensibilité pour la
rachis et le bassin) fixant fortement le traceur alors
détection des métastases ostéocondensantes [65].
que les membres et les reins sont à peine visibles.
En accord avec plusieurs études récentes, dans
La scintigraphie planaire corps entier est actuelle-
notre expérience, la scintigraphie osseuse ne nous
ment souvent complétée par une étude tomogra-
semble pas nécessaire lorsqu'une TEP-TDM au
phique (en 3D) et associée à un enregistrement
FDG est réalisée pour le bilan d'un cancer du
tomodensitométrique. Ces nouveaux systèmes
sein [51, 55, 60, 66].
d'imagerie (tomographie par émission monopho-
tonique couplée à la tomodensitométrie : TEMP/ Un traceur différent du FDG peut être utilisé
TDM, SPECT/CT en anglais) ont révolutionné pour l'imagerie TEP-TDM : le FNa. Ce radio-
la scintigraphie planaire conventionnelle [61]. Ils pharmaceutique a obtenu une AMM en juillet
ont permis d'augmenter la sensibilité, en particu- 2008. Il s'agit d'un traceur à tropisme exclusive-
lier au niveau du rachis, mais aussi la spécificité en ment osseux. Le mécanisme de la captation du
montrant la position des anomalies sur les ver- 18F-fluorure est similaire à celui des biphospho-
tèbres et en apportant la sémiologie du scanner X. nates utilisés lors de la scintigraphie osseuse. Son
La scintigraphie osseuse planaire convention- accumulation dépend de l'activité ostéoblastique
nelle souffre en effet d'une spécificité médiocre. et du flux vasculaire local [67]. Il ne s'agit pas
Une hyperactivité focale n'est pas spécifique d'un traceur spécifique des métastases puisque
d'une métastase. D'autres lésions focales, comme toute cause d'augmentation du métabolisme
une ostéoarthrite, des fractures de côte, peuvent osseux (foyers de fracture, ostéomyélite, maladie
donner la même image scintigraphique et rendre de Paget, dysplasie fibreuse, etc.) est à l'origine
le diagnostic difficile. En l'absence de TEMP/ d'une fixation accrue du FNa. Sans augmenter la
TDM, l'interprétation des hyperfixations uniques dose reçue par le patient, la TEP au FNa pré-
ou multiples au niveau du rachis est particulière- sente des performances diagnostiques supé-
Chapitre 5. Cancers du sein : diagnostic, traitement et aspect post-thérapeutique 87

rieures à la scintigraphie osseuse planaire [68]. Radiothérapie


La TEP au FNa permet de détecter à la fois les
L'indication d'un traitement adjuvant par radio-
lésions ostéolytiques et les métastases ostéocon-
thérapie dépend de l'extension tumorale initiale,
densantes [69].
du type de chirurgie réalisée et de la présence ou
Options thérapeutiques non d'une atteinte ganglionnaire.
Après chirurgie conservatrice par tumorectomie
Le traitement du cancer du sein repose sur une prise ou quadrantectomie, une irradiation complémen-
en charge thérapeutique multimodale où la chirur- taire du sein est systématique [70]. Cette irradia-
gie occupe une place centrale par la disparition de la tion est suivie d'un complément de dose au
tumeur « visible ». En fonction des caractéristiques niveau du lit de tumorectomie par radiothérapie
cliniques et biologiques de la maladie, un ou plu- externe ou par curiethérapie en cas de cancer
sieurs traitements complémentaires pourront s'asso- infiltrant [71] — l'intérêt du complément de
cier au traitement chirurgical pour lutter contre une dose en cas de cancer in situ fait actuellement
maladie infraclinique comme la radiothérapie, la l'objet d'une étude randomisée multicentrique.
chimiothérapie, l'hormonothérapie ou certaines En cas d'atteinte ganglionnaire associée, une
thérapies ciblées. L'adjonction de ces thérapeutiques radiothérapie des aires ganglionnaires axillaire,
au traitement chirurgical a permis la diminution du sus-claviculaire et de la chaîne mammaire interne
taux de récidive de la maladie et l'augmentation de peut être proposée en fonction du risque de
la survie avec parfois comme conséquence la surve- rechute ganglionnaire.
nue d'effets secondaires inhérents à un traitement Après mastectomie, la radiothérapie complémen-
particulier ou bien à leur association. Parmi les effets taire de la paroi thoracique est indiquée en cas
secondaires, on peut distinguer : d'atteinte tumorale cutanée ou pariétale ou en cas
• les effets secondaires précoces transitoires, sur- de tumeur mesurant plus de 5 cm. Une radiothé-
venant en cours de traitement ou quelques rapie pariétale thoracique adjuvante est également
semaines après la fin de celui-ci, dont la prise en indiquée en cas d'atteinte ganglionnaire associée
charge est symptomatique ; et comprend, outre l'irradiation de la paroi thora-
• et les effets secondaires tardifs chez les longs sur- cique, une irradiation des aires ganglionnaires
vivants, survenant plusieurs mois après la fin des locorégionales [70].
traitements, qui sont eux de prise en charge thé-
rapeutique complexe sur séquelle fixée. Chimiothérapie

Traitement chirurgical La place de la chimiothérapie dans la prise en


charge du cancer du sein peut s'envisager :
Le principe de la chirurgie du cancer du sein • soit en situation adjuvante, c'est-à-dire en post­
repose sur l'exérèse de la tumeur mammaire et de opératoire, en cas d'atteinte ganglionnaire ou
l'évaluation ganglionnaire axillaire. de présence de facteurs de risque de progression
En cas de tumeur limitée localement sans atteinte métastatique comme une tumeur de grande
ganglionnaire clinique, le geste chirurgical consiste taille, une tumeur peu différenciée, une absence
en une chirurgie conservatrice (tumorectomie ou d'expression tumorale des récepteurs hormo-
quadrantectomie) associée à une exérèse du ou naux, une surexpression tumorale de l'oncopro-
des ganglion(s) axillaire(s) sentinelle(s). téine cerbB2 ou un âge jeune ;
En cas de tumeur localement évoluée (tumeur • soit en situation néoadjuvante, c'est-à-dire en
inflammatoire, de grande taille ou bien étendue au première ligne thérapeutique, en cas de tumeur
niveau de la peau ou de la paroi thoracique), la inflammatoire ou de tumeur non résécable d'em-
chirurgie est non conservatrice et consiste en une blée chirurgicalement.
mastectomie associée à un curage ganglionnaire Deux familles de chimiothérapie sont utilisées
axillaire. dans ces types de situations : les anthracyclines
88 Imagerie post-thérapeutique en oncologie

(­ doxorubicine) et les taxanes (docétaxel, paclitaxel). cancer du sein [72, 73]. Le choix des traitements
Les anthracyclines ont comme principaux effets (chimiothérapie adjuvante, champs de radiothé-
secondaires une toxicité hématologique et une toxi- rapie, etc.) va dépendre entre autres du statut
cité cardiaque. Les taxanes ont comme principaux ganglionnaire. Le curage axillaire systématique
effets secondaires une toxicité hématologique et devant tout cancer invasif a longtemps été consi-
une toxicité neurologique à type de neuropathie déré comme un standard thérapeutique [74]. La
périphérique. généralisation du dépistage par mammographie
et l'autopalpation font que le cancer est décou-
Hormonothérapie vert à des stades de plus en plus précoces. La pro-
babilité d'envahissement ganglionnaire axillaire
Le cancer du sein est un cancer classiquement hor-
dépend de la taille de la tumeur. Elle est de
monosensible ; un traitement adjuvant par hormo-
l'ordre de 5–10 % pour les tumeurs T1a (≤ 5 mm),
nothérapie pourra être délivré en cas d'expression
15 % pour les tumeurs T1b (6–10 mm), 30 %
de récepteurs hormonaux par les cellules cancé-
pour les tumeurs T1c (11–20 mm), et elle
reuses (70 % des cancers du sein) et la présence de
dépasse 40 % dans les tumeurs de plus grande
facteurs de risque de récidive de la maladie. Deux
taille [72, 73]. Le prélèvement du (ou des)
types d'hormonothérapie sont classiquement envi-
ganglion(s) sentinelle(s) a pour objectif d'obtenir
sageables :
la même information sur le statut ganglionnaire,
• le tamoxifène qui est un antagoniste du récep-
tout en évitant un curage axillaire aux patientes
teur aux œstrogènes ;
indemnes de métastases.
• et les inhibiteurs de l'aromatase qui inhibent la
conversion de stéroïdes en œstrogènes au La technique du ganglion sentinelle repose sur le
niveau périphérique. principe d'une progression ordonnée de l'invasion
lymphatique ganglionnaire, qui suit l'ordre de
Thérapie ciblée drainage à partir du site tumoral, permettant de
prédire l'absence d'atteinte ganglionnaire si le pre-
Certains cancers du sein ont comme particularité mier relais est indemne [75–77]. L'identification
de surexprimer au niveau de la membrane cellu- de ce premier relais ganglionnaire peut se faire en
laire l'oncoprotéine cerbB2. Cette surexpression injectant à proximité du lit tumoral soit des parti-
identifiée par immunohistochimie est un facteur de cules colorées (bleu patenté, bleu isosulfan), soit
mauvais pronostic et est retrouvée dans environs des colloïdes radiomarqués (sulfure de rhénium
20 % des cancers du sein. La prise en charge des colloïdal marqué au 99mTc ; nanocolloïdes d'albu-
patientes dont la tumeur surexprime cerbB2 a été mine humaine marquées au 99mTc). Suite à la
révolutionnée par le trastuzumab qui est un anti- migration de ces particules au niveau des voies
corps monoclonal dirigé contre le récepteur lymphatiques, l'identification chirurgicale du (ou
cerbB2. Ce traitement est délivré pendant la des) ganglion(s) sentinelle(s) est possible grâce à
chimiothérapie puis administré à l'issue de celle-ci la coloration et/ou à la radioactivité détectée à
pour une durée totale de 1 an. l'aide d'une sonde peropératoire. Ces deux tech-
Avant d'envisager toute stratégie thérapeutique, il niques sont le plus souvent associées, ce qui per-
est indispensable de réaliser un bilan clinique, bio- met d'accroître la probabilité de détection du
logique et radiologique pour évaluer l'extension ganglion sentinelle. Les traceurs radioactifs per-
locorégionale de la maladie et s'assurer de l'ab- mettent un repérage préopératoire par une scinti-
sence d'atteinte métastatique à distance. graphie (fig. 5.8). Grâce aux nouveaux appareils
hybrides, associant gammacaméra et scanner, il est
possible de réaliser une acquisition tomoscintigra-
Ganglion sentinelle
phique couplée à un scanner de repérage (TEMP-
La connaissance du statut ganglionnaire est fon- TDM). La position du foyer hyperfixant est ainsi
damentale pour la stadification et l'évaluation mieux précisée grâce à l'image anatomique sous-
pronostique chez une patiente porteuse d'un jacente (fig. 5.9) [78–81].
Chapitre 5. Cancers du sein : diagnostic, traitement et aspect post-thérapeutique 89

Fig. 5.8. Recherche du ganglion sentinelle chez une patiente présentant un carcinome canalaire infiltrant du sein gauche.
L'examen scintigraphique planaire de face montre 1 foyer hyperfixant en région axillaire gauche. L'image de profil montre qu'il
existe probablement 2 foyers hyperfixants supplémentaires, moins intenses, localisés derrière le foyer principal. La scintigraphie
planaire va être complétée par un examen tomoscintigraphique (fig. 5.9).

Fig. 5.9. TEMP-TDM centrée sur le sein gauche et ses aires ganglionnaires de drainage (même patiente que celle présentée
en fig. 5.8).
La TEMP-TDM permet de retrouver les 3 ganglions sentinelles du niveau 1 du creux axillaire détectés par les images planaires
(fig. 5.8), et de détecter des ganglions sentinelles en régions sous-pectorale et sous-claviculaire gauche.

L'injection du traceur a lieu la veille ou le matin de repèrent le ganglion d'abord. Le colorant est
l'intervention. Le chirurgien utilise une sonde injecté avant de débuter la dissection. Le chirur-
pour repérer la radioactivité émise par le ganglion. gien repère le ganglion visuellement en raison de
Ce repérage se fait d'abord à travers la peau puis sa couleur bleutée. En fonction des résultats de
après l'incision du creux axillaire. Certains chirur- l'examen anatomopathologique des ganglions
giens préfèrent réaliser le repérage du ganglion sentinelles (fournis en per ou en postopératoire),
après la tumorectomie pour être moins gênés par un curage ganglionnaire axillaire peut compléter
la radioactivité parasite du site d'injection, d'autres l'acte chirurgical initial. Pour la majorité des
90 Imagerie post-thérapeutique en oncologie

patientes avec un ganglion sentinelle positif, il en réponse clinique avec la réponse radiologique
résulte une intervention en deux temps. En seront des éléments déterminants pour décider du
France, cette technique est surtout utilisée pour type de chirurgie à l'issue de la chimiothérapie en
les tumeurs invasives de petite taille à faible préva- cas de tumeur non inflammatoire (traitement
lence d'atteinte ganglionnaire (essentiellement les conservateur ou mastectomie). En revanche,
T1N0 cliniques et pour certaines équipes les l'examen clinique n'est pas un examen très perfor-
T2N0). mant en ce qui concerne la prédiction de la
La technique du ganglion sentinelle s'est dévelop- réponse complète histologique qui est générale-
pée dans le but d'éviter aux patientes la morbidité ment surestimée cliniquement [92–95], même si
d'un curage axillaire lorsque celui-ci est inutile. certaines études rapportent des résultats assez
Cette morbidité comporte dans les suites immé- proches [96, 97].
diates les risques suivants : lymphocèle, dysesthé-
sies et limitation des mouvements de l'épaule, et à
plus long terme : lymphœdème, douleurs chro- Radiologie
niques et enraidissement de l'épaule [74]. Pour les
Les chimiothérapies néoadjuvantes sont indiquées
patientes ayant reçu la technique du ganglion sen-
chez les patientes inopérables d'emblée afin de
tinelle sans curage complémentaire, le taux de
permettre une intervention carcinologiquement
morbidité est faible mais non nul [82]. Le gain en
efficace (50 à 80 %), dans les formes inflamma-
termes de morbidité est néanmoins reconnu [83].
toires de cancer du sein ou chez les patientes opé-
Par ailleurs, la technique du ganglion sentinelle ne
rable mais nécessitant une mastectomie (> 2 cm
semble pas augmenter le risque de récidive axil-
ou < 2 cm avec N+) afin de réduire le volume de
laire [84–89]. Dans l'étude américaine du NSABP
la tumeur et permettre un traitement conservateur
(National Surgical Adjuvant Breast and Bowel
(28 à 89 %) [98, 99]. Une évaluation précoce du
Project) B-32, le taux de rechute axillaire a été de
volume tumoral résiduel pendant la chimiothéra-
0,7 % (14/2 011) à 8 ans [89]. Plusieurs études
pie est donc utile pour aider le clinicien à décider
ont par ailleurs montré que la technique du gan-
de la poursuite du traitement en cas d'efficacité
glion sentinelle n'avait pas d'impact péjoratif sur la
avérée ou d'une modification de ce dernier dans le
survie globale et sur la survie sans récidive
cas contraire. Une évaluation précise du volume
[89–91].
tumoral résiduel après la chimiothérapie est égale-
ment indispensable pour aider le chirurgien à
choisir entre une mastectomie et un geste moins
Évaluation en cours agressif. L'évaluation de la réponse tumorale a
de traitement également une valeur pronostique majeure. Une
réponse complète après chimiothérapie est un fac-
Cette évaluation concerne les tumeurs localement teur de bon pronostic pour la survie globale et la
avancées. survie sans récidive.
La mammographie permet de déterminer l'évolu-
Clinique tion de la taille des tumeurs aux contours réguliers
dans les seins peu denses (type 1 ou 2). La mam-
En cours de chimiothérapie néoadjuvante, l'éva- mographie est le seul examen qui permet de suivre
luation de la réponse thérapeutique au niveau de les microcalcifications qui peuvent persister après
la tumeur mammaire et des adénopathies est fon- traitement (fig. 5.10) ou apparaître en cas de
damentale pour s'assurer de l'efficacité du proto- nécrose de la tumeur [100]. La mammographie
cole de chimiothérapie. L'examen clinique est performante pour suivre les distorsions archi-
évaluera la régression de la taille tumorale et des tecturales. L'échographie est efficace dans les seins
adénopathies ainsi que des signes inflammatoires denses. Mais de nombreuses études montrent que
en cas de tumeur inflammatoire. En effet, la l'IRM est plus performante pour évaluer la
Chapitre 5. Cancers du sein : diagnostic, traitement et aspect post-thérapeutique 91

Fig. 5.10. Surveillance d'un CCI avec large composante in situ du QSE du sein gauche.
La comparaison avant (A) et après chimiothérapie néoadjuvante (B) montre la persistance de microcalcification dans le lit
tumoral.

réponse tumorale à la chimiothérapie néoadju- tinguer les masses unifocales rétrécissant sous traite-
vante que la mammographie [101–105] ou ment excellentes candidates à une tumorectomie
l'échographie [102, 105–107]. Les modifications (fig. 5.11) et les tumeurs répondant sous la forme de
sous traitement sont évaluées en pourcentage de masses résiduelles multiples pour lesquelles la mas-
réduction ou d'augmentation selon les critères tectomie est recommandée (fig. 5.14).
RECIST (Response Evaluation Criteria In Solid Cependant les performances de l'IRM ne sont pas
Tumors) ou WHO (World Health Organization) parfaites et une IRM normale ne permet pas d'ex-
(fig. 5.11). L'IRM permet de prédire précoce- clure une tumeur résiduelle [101]. Les sous- et
ment (1er ou 2e cycle) la réponse au traitement et surestimations sont estimées de 2 à 23 % et de 6 à
d'adapter théoriquement le traitement (fig. 5.12). 26 % respectivement [114, 115]. Le risque de sous-
Néanmoins, le changement de traitement en cas estimation des tumeurs résiduelles serait plus impor-
de réponse précoce insuffisante (réduction infé- tant pour les non-masses que pour les masses [116].
rieure à 25 %) est rarement pratiqué chez ces L'imagerie fonctionnelle trouverait ici de bonnes
patientes (< 17 %) alors que le taux de réponse indications en améliorant les performances de l'IRM
favorable atteint 73 % parmi ces dernières [101]. pour déterminer précocement la réponse au traite-
L'observation d'une très bonne réponse en cours ment et pour évaluer en fin de chimiothérapie néo-
de traitement, permet de décider de poser un clip adjuvante le volume résiduel. Les modifications des
au sein de la tumeur avant qu'elle ne soit plus paramètres microcirculatoires précèdent les modifi-
visible afin de permettre au chirurgien de retrou- cations morphologiques et seraient même plus
ver et de retirer le lit tumoral dans de bonnes ­sensibles et plus spécifiques [117, 118]. La microcir-
conditions carcinologiques (fig. 5.13). culation tumorale commencerait à se normaliser dès
À la fin de la chimiothérapie, l'IRM joue donc un la 6e semaine de traitement chez les patientes pré-
rôle important dans le choix en RCP de la stratégie sentant une bonne réponse histologique après la
thérapeutique en particulier chirurgicale. Le volume chirurgie. Une diminution d'au moins 50 % de la
résiduel déterminé en IRM serait mieux corrélé aux perméabilité des capillaires, du volume sanguin
données de l'anatomopathologie (r = 0,65–0,98) intratumoral et de la perfusion tissulaire serait en
que celui obtenu en mammographie ou en faveur d'une bonne réponse. À l'inverse, chez les
­échographie [103, 106–113]. L'IRM permet de dis- patientes non répondeuses ces paramètres tendent à
92 Imagerie post-thérapeutique en oncologie

Fig. 5.11. Surveillance d'un CCI (A, flèche, B) et d'un adénofibrome (C, tête de flèche, D) avant (A et C) et après (B et D)
chimiothérapie néoadjuvante.
La chimiothérapie permet d'obtenir une réduction de la taille du cancer > 70 % et une modification de l'aspect de la courbe de
rehaussement qui passe d'un type III (lavage) à un type I (progressif). Aucune modification n'est observée dans l'adénofibrome.

augmenter. En revanche, les modifications de taille pour les carcinomes lobulaires (50 %) que pour les
enregistrées en IRM à la 6e semaine ne permettent carcinomes canalaires infiltrants (3 %) [121].
pas de distinguer les patients répondeurs des patients
Médecine nucléaire
non répondeurs (fig. 5.15 et 5.16). La perméabilité
capillaire serait le meilleur paramètre fonctionnel Évaluation de la réponse à la chimiothérapie
pour prédire une mauvaise réponse avec une sensibi- néoadjuvante par la TEP-TDM au FDG
lité de 90 à 94 % et une spécificité de 80–83 % [117, La chimiothérapie néoadjuvante, initialement uti-
118]. Néanmoins, ces études portent sur un petit lisée uniquement pour le cancer du sein locale-
nombre de patientes et des résultats avec des effectifs ment avancé ou inflammatoire (cancer non
plus importants sont attendus. opérable d'emblée), est aujourd'hui couramment
Le risque de sous-estimation dépendrait égale- utilisée pour les patientes atteintes d'un cancer du
ment du traitement et serait plus élevé avec des sein opérable d'emblée mais trop volumineux
chimiothérapies contenant des taxanes ou du pour permettre une chirurgie conservatrice. Les
bévacizumab qui réduisent la vascularisation patientes avec réponse complète histologique
tumorale avant de réduire le volume tumoral tumorale ont une survie globale augmentée par
[119, 120]. Enfin, le risque de résection incom- rapport à celles sans réponse complète histolo-
plète suivi de mastectomie serait plus important gique tumorale.
Chapitre 5. Cancers du sein : diagnostic, traitement et aspect post-thérapeutique 93

A B

Fig. 5.12. Surveillance en IRM (séquences T1 en sous-


traction après injection) d'un CCI (flèche) chez une
femme de 45 ans traitée par chimiothérapie
néoadjuvante.
A. Examen de référence. B. Contrôle à C2 : progression
de la tumeur sous inhibiteur m-TOR. C. Contrôle en fin de
traitement après changement de chimiothérapie : réponse
C complète.

De manière synthétique, quatre points principaux localement évolué à la chimiothérapie néoadju-


émergent de la littérature : vante [122]. Même si cette indication est reconnue
1. la diminution successive du métabolisme tumo- par la FDA (Food and Drug Administration), la
ral au cours de la chimiothérapie, mesuré par sensibilité de cet examen dans cette indication ainsi
SUV, est un indicateur de la réponse que les conditions techniques de sa réalisation et
thérapeutique ; de son analyse posent question. Pour mesurer la
2. la TEP réalisée précocement ou à mi-traite- réponse thérapeutique, la majorité des équipes uti-
ment est prédictive de la réponse microscopique lise la SUVmax, reflet de la fixation du FDG par la
complète et peut être prise comme marqueur de tumeur. L'emploi de la SUVmax doit s'accompa-
la réponse thérapeutique ; gner de procédures rigoureuses, uniformes et
3. les modifications métaboliques au FDG pré- reproductibles, sans quoi les mesures risquent
cèdent les modifications tumorales anatomiques d'être faussées [122, 123]. De nombreuses études
et donc la TEP peut démontrer la réponse plus ont mis en évidence une corrélation entre les
précocement que l'imagerie conventionnelle ; modifications précoces de la valeur de la SUVmax
4. la TEP au FDG est un indicateur précoce de la (après 1 ou 2 cures de chimiothérapie) et la réponse
résistance au traitement. finale sur pièce opératoire [124–136]. Deux méta-
La figure 5.17 illustre l'intérêt de la TEP-FDG analyses ont récemment été publiées [137, 138].
pour évaluer la réponse précoce du cancer du sein Ces travaux n'ont pas abouti à l'utilisation de la
94 Imagerie post-thérapeutique en oncologie

MLO G D

Fig. 5.13. Surveillance en échographie d'un CCI chez une femme de


73 ans traitée par chimiothérapie néoadjuvante.
A. Examen de référence. B. Contrôle à C2 : régression > 75 % de la
taille de la tumeur. Un clip est donc déposé sous contrôle échogra-
phique au centre de la tumeur (C, flèche). Il est visible en mammogra-
phie (D). Il permettra de retrouver le lit tumoral pour la chirurgie même si
C la tumeur disparaît complètement.

TEP en pratique clinique quotidienne, probable- unique et les critères d'évaluation devraient prendre
ment en raison de résultats hétérogènes entre les en compte les caractéristiques tumorales et les
différentes études. Plusieurs facteurs peuvent sous-types de cancer du sein (tumeurs exprimant
expliquer les différences observées, notamment les récepteurs hormonaux et sans surexpression
l'absence de consensus dans la définition de la de HER2 ; tumeurs avec surexpression de HER2
réponse histologique (faut-il chercher à démontrer et tumeurs triples négatives) [139]. Nous avons
une réponse partielle ou une réponse complète ?), et ­rapporté des résultats dans un petit groupe de
l'absence de consensus pour la date optimale de 20 patientes avec une tumeur triple négative. Dès
l'examen d'évaluation (après 1 cure ? après 2 cures ?). le 2e cycle de chimiothérapie, la TEP-FDG s'est
Par ailleurs, le cancer du sein n'est pas une entité avérée efficace pour déterminer les patientes qui
Chapitre 5. Cancers du sein : diagnostic, traitement et aspect post-thérapeutique 95

Fig. 5.14. Surveillance en IRM (séquences T1 en soustraction après injection) d'un CCI (A, flèche) chez une femme de 64 ans
traitée par chimiothérapie néoadjuvante.
A. Examen de référence. B. Contrôle à C6 : la tumeur a diminué de taille mais s'est également divisée en 3 nodules (têtes de
flèches) imposant une mastectomie.

A D

B E

C F
Fig. 5.15. Évaluation précoce (2 cycles) de l'efficacité d'une chimiothérapie néoadjuvante sur un CCI du sein gauche.
La comparaison de la taille et des paramètres microcirculatoires avant (A-C) avec les données obtenues à 2 cycles (D-F) montre
une diminution de 80 % de la taille de la tumeur. L'analyse de la microcirculation montre que la perméabilité capillaire chute de
99 % et que la fraction volumique interstitielle augmente de 40 %. L'analyse de la pièce opératoire à la fin de la chimiothérapie
montrait une réponse complète (Sataloff A).
96 Imagerie post-thérapeutique en oncologie

A D

B E

C F
Fig. 5.16. Évaluation précoce (après 2 cycles) de l'efficacité d'une chimiothérapie néoadjuvante sur un CCI du sein droit.
La comparaison de la taille et des paramètres microcirculatoires avant (A-C) avec les données obtenues à 2 cycles (D-F) montre
une diminution de 70 % de la taille de la tumeur. En revanche l'analyse de la microcirculation montre que la perméabilité capillaire
était initialement basse et qu'elle ne diminue par conséquent pas sous traitement. La fraction volumique interstitielle est également
stable à 2 cycles. L'analyse de la pièce opératoire à la fin de la chimiothérapie indiquait une réponse histologique inférieure à 50 %
(Sataloff C).

n'obtiendront pas une réponse histologique com- Évaluation de la réponse à la chimiothérapie


plète à l'issue de la chimiothérapie et pour les- en phase métastatique par la TEP-TDM au FDG
quelles le risque de rechute serait élevé [124]. Par L'évaluation de l'efficacité de la chimiothérapie par
ailleurs, nous avons suggéré que d'autres outils les méthodes d'imagerie conventionnelle repose
que la SUVmax, notamment le volume glycolytique nous l'avons vu sur la mesure du volume de
total (TLG), pourraient être utile [125]. « cibles » tumorales, une diminution significative
Au total, malgré des résultats encourageants, la des dimensions entre l'examen initial et l'examen
TEP-TDM au FDG ne doit pas être utilisée pour d'évaluation étant en faveur d'une réponse favo-
évaluer la thérapeutique néoadjuvante du cancer rable. Ces techniques d'évaluations fondées sur des
du sein, en dehors de protocoles de recherche. Les mesures sont difficilement applicables pour cer-
critères d'évaluation nécessitent d'être standardi- tains tissus comme la plèvre et l'os. L‘imagerie
sés. Par ailleurs, la place de la TEP par rapport aux TEP semble être performante dans ces situations
autres techniques d'imagerie et notamment [140, 141].
l'IRM, nécessite d'être mieux évaluée.
Chapitre 5. Cancers du sein : diagnostic, traitement et aspect post-thérapeutique 97

Fig. 5.17. Aspect TEP-FDG d'une patiente répondeuse et d'une non-répondeuse à la chimiothérapie néoadjuvante pour
cancer du sein localement avancé.

Le FDG peut être particulièrement utile pour éva- concerne les viscères et les ganglions, les modifi-
luer la réponse thérapeutique du cancer du sein cations structurelles en cas de réponse favorable
métastatique alors que l'imagerie convention- ne surviennent que secondairement après les
nelle est souvent mise en défaut. Les figures 5.18 modifications du métabolisme de la cellule cancé-
et 5.19 illustrent l'intérêt de la TEP-FDG pour reuse. La TEP-TDM permet de déterminer la
évaluer la réponse au traitement par chimiothé- réponse thérapeutique plus précocement que
rapie. Des données récentes montrent que ces l'imagerie conventionnelle. Cela est encore plus
changements sont prédictifs de l'intervalle de marqué pour évaluer l'efficacité d'une thérapeu-
temps sans progression de la maladie [140]. Les tique ciblée, car ce type de traitement peut entraî-
métastases osseuses posent particulièrement des ner une inactivité des cibles tumorales sans
difficultés d'évaluation thérapeutique. Si la scinti- engendrer pour autant de modification significa-
graphie ­osseuse, l'IRM et le scanner sont perfor- tive de leur taille.
mants pour la détection des sites métastatiques,
Enfin, certaines métastases sont traitées par radio­
ces modalités évaluent moins bien la réponse au
fréquence et certaines études ont montré que la
traitement. Des études récentes ont montré que
TEP-FDG permettait le diagnostic précoce des
le FDG pouvait être utile pour mesurer la réponse
récidives et des exérèses incomplètes [142].
des métastases osseuses et que les modifications de
fixation sont corrélées avec la réponse clinique et
le taux du CA (Carbohydrate Antigen) 15-3. Évaluation de la réponse à l'hormonothérapie
par la TEP-TDM au FDG
En TEP-TDM, lorsque les métastases osseuses Une augmentation paradoxale de la fixation du
répondent favorablement au traitement, le taux FDG après l'instauration d'une hormonothéra-
de fixation du FDG (reflété par la valeur de la pie a été notée chez des patientes présentant
SUVmax) diminue alors que sur les données TDM, une bonne réponse thérapeutique. Ce phéno-
l'os se densifie (augmentation de la valeur des uni- mène a été décrit dans la littérature anglo-
tés Hounsfield) [141] (fig. 5.20). En ce qui saxonne sous le terme metabolic flare [143].
98 Imagerie post-thérapeutique en oncologie

Fig. 5.18. Évaluation par TEP-FDG d'une patiente porteuse d'un cancer du sein multimétastatique traité par chimiothérapie :
réponse complète après 6 cures de traitement.

Fig. 5.19. Évaluation par TEP-FDG d'une patiente porteuse d'un cancer du sein multimétastatique traité par chimiothérapie :
stabilité de la maladie après 6 cures de traitement.

Cet effet survient typiquement 7 à 10 jours avec les anti-aromatases et avec le fulvestrant
après l'instauration de l'hormonothérapie [145]. Ces résultats ont été décrits sur des
[143]. Une hyperfixation du FDG par les cel- effectifs réduits et des travaux supplémentaires
lules tumorales lors d'un examen TEP réalisé seront nécessaires pour mieux analyser ce phé-
précocement après la mise en route de l'hormo- nomène. Par ailleurs le metabolic flare est beau-
nothérapie pourrait donc être prédictive d'une coup moins fréquent que l'effet flare-up qui
bonne réponse thérapeutique [144–146]. Cet peut être rencontré avec le FNa et les
effet a été observé avec le tamoxifène [146], biphosphonates-99mTc.
Chapitre 5. Cancers du sein : diagnostic, traitement et aspect post-thérapeutique 99

Fig. 5.20. Examen TEP-TDM initial montrant un cancer du sein droit associé à des adénopathies axillaires et la présence de
nombreuses métastases osseuses condensantes et hypermétaboliques (ligne du haut).
La tumeur est classée T4N1M1 (stade IV). Après chimiothérapie, il existe une très bonne réponse, la lésion primitive et les adéno-
pathies axillaires ont régressé (ligne du bas, première image). Les foyers hypermétaboliques osseux ont disparu et l'os en regard
s'est densifié (ligne du bas, 3 dernières images).

Évaluation de la réponse au traitement par la des lacunes. Dans les 6 premiers mois d'un traite-
scintigraphie osseuse aux biphosphonates-99mTc ment hormonal ou chimiothérapique, l'augmen-
et par la TEP-TDM au FNa tation de l'intensité de la fixation des métastases
Il semble que la réponse thérapeutique au niveau osseuses en scintigraphie aux biphosphonates-
de l'os soit plus difficile à évaluer avec les traceurs
99m
Tc ne signe pas obligatoirement une progres-
à tropisme osseux comme le FNa et les biphos- sion de la maladie [72]. Cela peut même
phonates-99mTc qu'avec le FDG. Le FNa et les correspondre à un bon indice d'efficacité théra-
­biphosphonates-99mTc sont des marqueurs de la peutique. Malgré ces difficultés d'interprétation,
matrice osseuse et non pas des cellules tumorales. la scintigraphie osseuse reste utile pour mesurer
Après une réponse favorable sous traitement, l'os l'efficacité thérapeutique.
se reconstruit et il peut être à l'origine d'un effet
flare-up [147]. Il s'agit d'une accumulation des Autres techniques de médecine nucléaire
marqueurs de l'ostéoblastose (biphosphonates, pouvant être utiles lors de la surveillance
fluorures, etc.) au niveau du site de reconstruction d'un cancer du sein sous traitement
de la matrice osseuse laissé vacant après la mort des Certains agents de chimiothérapie comme les
cellules tumorales. Cela est surtout vrai pour les anthracyclines et certains traitements ciblés
métastases lytiques car elles peuvent laisser place à comme le trastuzumab sont cardiotoxiques. La
100 Imagerie post-thérapeutique en oncologie

fonction cardiaque doit être vérifiée régulièrement loppent. Le FES, fluoro-œstradiol, actuelle-
pour les patientes traitées avec ces molécules. La ment en développement clinique, permet de
fraction d'éjection ventriculaire gauche peut être détecter les récepteurs hormonaux et de prédire
mesurée de façon fiable par les méthodes isoto- l'efficacité thérapeutique. Linden et al. mon-
piques (fig. 5.21). Ces méthodes reposent sur des traient en 1996 que la TEP au FES prédisait la
molécules marquées au 99mTc et véhiculées par le réponse à un traitement hormonal de rattrapage
flux sanguin [148]. chez des patientes atteintes de cancer du sein
précédemment lourdement traitées. La fixation
Vers une imagerie phénotypique du cancer du FES était significativement corrélée à la
du sein réponse à l'hormonothérapie. Une étude plus
Les tumeurs dont le comportement est potentielle- récente montrait que la TEP au FES détectait
ment variable sont des indications intéressantes pour des variations pharmacodynamiques et l'effica-
l'imagerie phénotypique. Les tumeurs répondant à cité du blocage entre les différentes formes
une signalisation hormonale le sont également d'hormonothérapie chez des patientes atteintes
[149]. Pour les tumeurs hormonodépendantes, le de cancer du sein métastatiques [150]. Plusieurs
phénotype endocrine est associé à une indolence et équipes ont également évalué des approches
à une réponse à l'hormonothérapie alors que la d'immuno-TEP avec différents anticorps et
perte de ces fonctions est synonyme d'agressivité et radioéléments pour l'imagerie de HER2/neu2.
de résistance à l'hormonothérapie. L'expression des Des minibodies et des scFv-Fc marqués au 64Cu
récepteurs hormonaux et la captation du FDG par ont été comparés dans des modèles animaux de
les tumeurs présentent des tendances en général carcinomes mammaires [151, 152]. Des travaux
opposées. sur animaux ont également étudié le trastuzu-
Le cancer du sein, exprimant le plus souvent des mab marqué au 89Zr [153]. En clinique, l'équipe
récepteurs et antigènes bien caractérisés, repré- de Baum a évalué le ciblage de HER2/neu avec
sente une indication intéressante pour l'image- de petites molécules appelées Affibody mar-
rie phénotypique, d'autant que des traitements quées au gallium-68 avec du DOTA (ABY-002)
innovants potentiellement efficaces se déve- [154]. Les auteurs concluaient que ABY-002
avait le potentiel pour localiser des métastases
in vivo, tout en apportant des informations
complémentaires par rapport à l'imagerie con­
ventionnelle, permettant de déterminer le statut
HER2 de façon non invasive sans biopsie. Les
tumeurs triple-négatives (pas d'expression des
récepteurs hormonaux ni de HER2/neu) sont
considérées comme celles dont le pronostic est
le plus péjoratif avec peu de traitements effi-
caces. Elles constituent un challenge diagnos-
tique et thérapeutique important. Le récepteur
de I'IGF-1 (Insulin-like Growth Factor-1) est
une nouvelle cible pour le traitement de ces
tumeurs avec des anticorps anti-IGF-1R.
Heskamp et al. ont montré récemment que
l'anticorps anti-IGF-1R R1507 marqué au 89Zr
était un traceur innovant pour déterminer de
façon non invasive l'expression in vivo de IGF-1
Fig. 5.21. Ventriculographie isotopique de référence avant
dans des cancers mammaires, pouvant dans le
de débuter une chimiothérapie à base d'anthracyclines.
La contraction du ventricule gauche est normale et la fraction futur permettre de sélectionner les patientes
d'éjection est mesurée à 60 %. pour une thérapie ciblée adaptée [155]. Le syn-
Chapitre 5. Cancers du sein : diagnostic, traitement et aspect post-thérapeutique 101

decan-1 est une autre cible intéressante pour les mode d'évolution peuvent être des éléments
tumeurs mammaires triple-négatives. Nous d'orientation sans que ceux-ci soient spécifiques.
avons montré la faisabilité de l'immuno-TEP Certains signes cliniques peuvent également
avec l'anticorps anti-syndécan-1 marqué à orienter vers une toxicité tardive du traitement
l'iode-124 dans une étude récente menée dans comme la présence de télangiectasies. Ces modifi-
un modèle de xénogreffe d'une lignée triple- cations cliniques sont à confronter au bilan par
négative chez la souris [156]. imagerie et en cas de forte suspicion de récidive
tumorale, un contrôle anatomopathologique sera
réalisé (fig. 5.22 et 5.23).
Surveillance post-thérapeutique
Cette évaluation concerne les tumeurs localement
avancées et localisées, la problématique étant de
distinguer les récidives des effets post-thérapeu-
tiques.

Clinique
Récidive intramammaire versus toxicité
Il est très difficile cliniquement de distinguer une
récidive locale d'une fibrose au niveau du lit de
tumorectomie surtout en cas de réalisation d'un
complément d'irradiation localisé [157] car l'as-
pect clinique de la fibrose (induration sous-cuta-
née, rétraction mammaire, rétraction cicatricielle, Fig. 5.22. Lymphœdème du membre supérieur droit +
rétraction mammaire droite, calcifications présternales
etc.) peut être proche de celle d'une récidive préperforatives après association radiochirurgicale axillo-­
mammaire. Le délai de survenue ainsi que le sus-claviculaire, sans récidive tumorale.

Fig. 5.23. Mammographie de surveillance : macrocalcification de plus de 1 cm palpable, pierreuse dans le prolongement axillaire.
Ce dernier a reçu une plus forte dose d'irradiation du fait de sa plus faible épaisseur. S'y associent de multiples calcifications du
reste de la glande mammaire peu spécifiques.
102 Imagerie post-thérapeutique en oncologie

Récidive axillaire versus toxicité moteur au niveau du membre supérieur. Néanmoins,


ces signes neurologiques cliniques peuvent égale-
La survenue d'un lymphœdème du membre supé-
ment traduire une compression neurologique radi-
rieur homolatéral après traitement conservateur du
culaire ou tronculaire en relation avec une récidive
sein est actuellement devenue très rare grâce à
tumorale ganglionnaire (plexus brachial) souvent
­l'avènement de la technique chirurgicale du gan-
douloureuse ou une atteinte métastatique osseuse
glion sentinelle. Néanmoins, la réalisation d'un
rachidienne. Afin de faire la part entre récidive et
curage ganglionnaire axillaire des niveaux infé-
complication — même si les deux processus peuvent
rieurs et moyens peut entraîner la survenue d'un
coexister — un bilan par imagerie reste nécessaire
lymphœdème, ce d'autant qu'a été réalisée une
(IRM du plexus brachial et TEP-TDM) [158]
irradiation des aires ganglionnaires axillaires com-
(fig. 5.24 à 5.26).
plémentaire. La distinction entre un lymphœdème
secondaire à une fibrose du creux axillaire post-thé-
Ostéonécrose
rapeutique et une récidive ganglionnaire axillaire
profonde n'est pas aisée cliniquement à moins La cicatrisation sous-cutanée après irradiation
d'identifier à la palpation des adénopathies chez les longs survivants revêt souvent la forme de
axillaires. calcifications macroscopiques isolées ou greffées
L'irradiation des aires ganglionnaires axillaires et sur un os fragilisé (sternum, clavicule) pouvant
sus-claviculaires peut être responsable d'une plexite être ensuite à l'origine de blessures du revêtement
radique qui se manifeste par une symptomatologie cutané puis de purulence chronique avec ostéite et
neurogène périphérique : paresthésies puis déficit ostéoradionécrose [159].

Fig. 5.24. Patiente de 73 ans, traitée en 1993 pour un can-


cer du sein gauche localisé par association radiochirurgi-
cale.
Une intervention chirurgicale pour canal carpien gauche est
réalisée en 2009. Cette intervention est suivie d'une aggrava-
tion neurologique du membre supérieur gauche attribuée à
une plexite radique. L'EMG (électromyogramme) et l'IRM
sont compatibles avec une fibrose plexique radio-induite en
octobre 2011. La TEP-TDM d'avril 2012 (non montrée) a per-
mis de mettre en évidence une rechute tumorale rétropecto-
rale, axillaire et sus-claviculaire, associée à une aggravation
neurologique brutale motrice flasque.
Chapitre 5. Cancers du sein : diagnostic, traitement et aspect post-thérapeutique 103

A B
Fig. 5.25. Patiente de 52 ans, développant une neuropathie isolée attribuée à des séquelles de radiothérapie alors que les
aires ganglionnaires n'ont pas été traitées (A) !
B. La patiente est de plus très algique. La TEP-TDM permet de mettre en évidence une rechute le long des vaisseaux subclaviers
droits. Le traitement sera, « contre toute attente », une irradiation prudente du plexus brachial pour clôturer la réduction tumorale
initialement obtenue par chimiothérapie.

Fig. 5.27. IRM du sein irradié avec rétraction mammaire et


épaississement du derme, caractérisant un aspect post-
radique sans argument pour une récidive locale.

Fig. 5.26. IRM caractéristique de plexite radio-induite du Radiologie


membre supérieur droit sans récidive.
La surveillance après cancer du sein repose sur la
mammographie. La première mammographie de
Autres anomalies pariétales surveillance doit être réalisée 1 an après la mam-
L'association d'un traitement par chimiothérapie mographie initiale et au moins 6 mois après la fin
à base d'anthracyclines ou de docétaxel et d'une de la radiothérapie (fig. 5.29).
irradiation peut être responsable d'une toxicité Il n'y a pas de preuve scientifique quant au rythme
cutanée importante avec un aspect inflammatoire et à la durée de la surveillance après traitement
du sein rendant difficile la surveillance clinique (classiquement annuel sans limitation d'âge)
ultérieure (fig. 5.27 et 5.28). (fig. 5.30). L'échographie n'est pas systématique.
104 Imagerie post-thérapeutique en oncologie

Elle peut compléter la mammographie en cas Ainsi, la place de l'IRM mammaire dans la surveil-
d'anomalie mammographique, de difficultés de lance après cancer du sein reste limitée. On retient
lecture de la mammographie dans les seins denses, l'intérêt des IRM mammaires annuelles chez les
ou pour examiner la région péri-cicatricelle patientes à haut risque de cancer du sein en raison
(fig. 5.31 et 5.32). L'échographie est également de facteur génétique ou d'un traitement incom-
intéressante en cas de signes d'appel clinique plet (fig. 5.34). Elle est également indiquée en cas
situés hors du champ de vue de la mammographie de suspicion de récidive locale en imagerie stan-
tels que des adénopathies axillaires, des récidives dard ou en présence de signes clinique suspects
pariétales (fig. 5.33), ou pour évaluer une pro- (modification de la cicatrice, rétraction ou écoule-
thèse mammaire. La majorité des récidives de can- ment mamelonaire) avec bilan d'imagerie stan-
cer du sein sont détectées sous mammographie et dard normal (fig. 5.35). Les performances de
confirmées par biopsies sous stéréotaxie ou l'IRM diminuent si l'examen est réalisé trop tôt
échoguidées. après la fin du traitement car les remaniements
post-thérapeutiques peuvent créer des faux positifs
comme l'œdème post-radiothérapie qui régresse
normalement en 18 mois et peut simuler une infil-
tration tumorale ou une infection (fig. 5.36). Un
délai de 6 mois est recommandé. Néanmoins il est
possible de distinguer une tumeur résiduelle en
IRM dès le 1er mois post-traitement avec une
valeur prédictive positive de 68 % et une sensibilité
de 73 % [160]. L'IRM est particulièrement utile
pour distinguer les cicatrices des récurrences avec
Fig. 5.28. Patiente de 58 ans, traitée pour un cancer du une sensibilité de 90–100 % et une spécificité de
sein gauche en 2005 par association radiochirurgicale. 89–92 % (fig. 5.35) [161, 162]. L'IRM serait éga-
Rechute locale en 2007 traitée par mastectomie gauche suivie
lement utile pour l'analyse de la paroi après mas-
d'un traitement par chimiothérapie. À partir de 2008, une toux
chronique permanente, insomniante, révèle une fibrose pul- tectomie (fig. 5.33) [163]. En cas de détection
monaire paramédiastinale gauche. d'une lésion évocatrice de récidive en IRM, une

Fig. 5.29. Aspect d'une cicatrice 1 an après tumorecto-


mie chez une femme de 55 ans traitée pour un CCIS du
QSE du sein gauche.
Les longs spicules courbes et l'aspect différent de la cica-
trice entre l'incidence de face (A, CC : craniocaudale) et l'in-
cidence oblique (B, MLO : médiolatérale oblique) sont en
faveur d'une cicatrice.
Chapitre 5. Cancers du sein : diagnostic, traitement et aspect post-thérapeutique 105

Fig. 5.30. Apparition d'un foyer segmentaire de microcalcifications irrégulières du QSE du sein gauche chez une femme de
72 ans au cours de la surveillance d'un cancer traité 30 ans auparavant.
La macrobiopsie sous stéréotaxie du foyer a retrouvé un CCIS.

Fig. 5.31. Aspects échographiques de foyer de cytostéatonécrose.


Les cicatrices peuvent évoluer vers des foyers de cytostéatonécrose qui peuvent se calcifier en mammographie (A, flèche) ou
pendre l'aspect de kyste complexe présentant des végétations (B, têtes de flèches).

confirmation histologique est toujours nécessaire TEP-TDM


avant de débuter le nouveau traitement.
Il n'y a pas d'indication du scanner thoraco-­ Une récidive du cancer du sein peut être suspectée
abdomino-pelvien dans la surveillance systéma- en raison d'un symptôme clinique, d'une anomalie
tique après cancer du sein. Un scanner se discute radiologique ou devant l'élévation d'un marqueur
pour des patientes à haut risque de rechute métas- biologique (le CA 15–3 et/ou l'antigène carci-
tatique, mais la décision doit être prise en RCP. noembryonnaire). Dans ces différents contextes,
106 Imagerie post-thérapeutique en oncologie

Fig. 5.32. Surveillance post-thérapeutique chez une patiente de 53 ans traitée pour un CCI à l'union des quadrants supé-
rieurs du sein gauche par tumorectomie 5 ans auparavant.
La mammographie montre des remaniements cicatriciels à UQS (union des quadrants supérieurs) du sein gauche. Le complément
échographique permet de détecter une masse verticale se développant 10 mm en regard de la cicatrice. La microbiopsie de cette
masse retrouve un CCI.

Fig. 5.33. Surveillance post-thérapeutique chez une jeune patiente de 34 ans traitée par mastectomie pour un CCI étendu dans
les quadrants externes du sein droit par tumorectomie 1 an auparavant.
La patiente décrit des masses à l'extrémité externe de la cicatrice de mastectomie sous le creux axillaire. L'échographie guidée (B)
par la patiente retrouve deux masses rondes circonscrites de 10 mm environ également vues en IRM (A, flèches) et correspondant
en histologie à des récidives du CCI.

l'examen TEP-TDM au FDG semble être plus Dans les différentes études, la sensibilité de la
performant que l'imagerie conventionnelle [162– TEP-TDM au FDG varie entre 85 et 97 %, la spé-
175]. Néanmoins les études ont certaines limites. cificité entre 52 et 100 %, et l'exactitude diagnos-
La plupart d'entre elles sont rétrospectives. La tique entre 60 et 98 %. L'exactitude a été
TEP-TDM a parfois été comparée à sa propre particulièrement élevée (98 %) dans l'étude de
composante TDM, le scanner étant alors le plus Dirisamer [169]. Dans ce travail, la composante
souvent réalisé à faible dose, en respiration libre et TDM de la TEP-TDM était réalisée avec un scan-
sans injection de produit de contraste. ner multidétecteur à dose diagnostique (140 kV et
Chapitre 5. Cancers du sein : diagnostic, traitement et aspect post-thérapeutique 107

C
Fig. 5.34. Surveillance chez une patiente de 57 ans traitée pour un cancer du QSE du sein gauche par tumorectomie et
radiothérapie en 2009.
Récidive dans le sein gauche en 2010 traitée par tumorectomie en raison d'un refus de la mastectomie de la patiente et exérèse dans
le même temps d'un adénofibrome du sein droit. Le bilan mammographique (A) et échographique (B) montre des remaniements cica-
triciels. Une IRM est indiquée car la patiente est à risque en raison d'un traitement insuffisant à gauche. L'IRM (C) montre une masse
se rehaussant en regard du foyer de cytostéatonécrose gauche (têtes de flèches) et des remaniements cicatriciels à droit liés à l'exérèse
de l'adénofibrome (flèches). L'échographie de second look (D) retrouve une masse correspondant en histologie (microbiopsie) à un CCI.

120 mA) et après l'injection de 100 mL de pro- queur tumoral qui augmentait alors que l'ima-
duit de contraste iodé. gerie conventionnelle (la mammographie, le
La TEP-TDM est à l'origine d'une modification scanner thoracoabdominal avec injection de
du traitement pour un nombre substantiel de produit de contraste, l'échographie abdominale
patientes [165, 170, 171]. Cette technique et la scintigraphie osseuse) était négative. La
d'imagerie joue un rôle particulièrement impor- TEP-TDM a permis de détecter une récidive chez
tant pour les patientes asymptomatiques, sans 40 patientes (45 %), 23 femmes présentant une
anomalies en imagerie conventionnelle mais lésion isolée. Pour 7 de ces 23 patientes (30 %),
avec des marqueurs en hausse. Bien souvent, une rémission de la maladie d'une durée supé-
l'examen au FDG permet de montrer précoce- rieure à 1 an a pu être obtenue [171].
ment la récidive et d'envisager un traitement sal- La TEP-TDM est efficace pour détecter les métas-
vateur. Dans l'étude de Grassetto, 89 patientes tases à distance et les rechutes locorégionales, en
traitées pour un cancer du sein avaient un mar- particulier au niveau de la paroi thoracique, du
108 Imagerie post-thérapeutique en oncologie

B C
Fig. 5.35. Rétraction mamelonnaire nouvellement apparue chez une patiente de 64 ans traitée pour un CCI du QSE gauche
traitée par tumorectomie 15 ans auparavant.
Une IRM mammaire est indiquée car la mammographie et l'échographie sont normales (A). L'IRM montre une masse (flèche)
paracicatricielle (têtes de flèches) qui est retrouvée sur l'échographie de second look (B). La microbiopsie confirme la récidive sous
la forme d'un CCI (C).

creux axillaire et au sein des aires ganglionnaires Lorsque la récidive du cancer du sein est docu-
extra-axillaires (fig. 5.37). De plus, l'imagerie TEP mentée ou soupçonnée par un examen d'ima-
peut permettre de différencier une plexite radique gerie conventionnelle, la TEP-TDM conserve
d'une récidive locorégionale [166, 167]. Plusieurs un rôle important, notamment en précisant le
études ont montré que la TEP-TDM est plus effi- caractère isolé ou non de la récurrence. Parmi
cace que la TDM ou l'IRM pour détecter les réci- 56 patientes admissibles à une chirurgie cura-
dives ganglionnaires [59, 168, 169]. Dans l'étude tive pour une récidive locale, la TEP-TDM a
de Schmidt, la TEP-TDM était plus sensible que montré des lésions à distance, non détectées par
l'IRM corps entier pour détecter les récidives gan- l'imagerie conventionnelle, chez 25 femmes
glionnaires locales (n = 21 vs n = 16) mais l'IRM (45 %) [170].
était légèrement plus sensible (n = 154 vs n = 147) Deux méta-analyses sur la détection des réci-
pour détecter les métastases à distance [168]. dives du cancer du sein ont été publiées en 2010
Chapitre 5. Cancers du sein : diagnostic, traitement et aspect post-thérapeutique 109

Fig. 5.36. Aspect de l'œdème post-radiothérapie


en IRM chez une patiente de 57 ans, avec antécé-
dent de CCI du QSE droit traité par tumorectomie
en 2006 consultant pour des douleurs et une indu-
ration du quadrant interne du sein droit en 2012 (A).
L'IRM montre des prises de contraste focales (A,
flèches) dans le sein traité (cicatrice de tumorecto-
mie, A, têtes de flèches). B. IRM chez une femme de
45 ans avec antécédent de CCI du QSE droit traité
par tumorectomie en 2010. Recherche d'une masse
tissulaire rétroaréolaire droite découverte en TDM non
vue en mammographie et en échographie. L'IRM
retrouve des prises de contraste linéaire (B, flèche) et
une masse ne rehaussant pas (B, tête de flèche).

[176, 177]. Ces méta-analyses regroupaient des ficité [177]. Aucune différence significative n'a
études sur la TEP et d'autres sur la TEP-TDM. été notée entre la TEP-TDM et l'IRM (pour la
Dans la première méta-analyse, l'IRM et la TEP sensibilité et pour la spécificité), mais seule
(et/ou la TEP-TDM) étaient plus efficaces que l'étude de Schmidt était incluse [168].
l'échographie et le scanner [176]. Aucune diffé-
rence n'a été observée entre l'IRM et la TEP,
mais la TEP et la TEP-TDM n'ont pas été sépa- En conclusion, la TEP-TDM au FDG est performante pour
rées dans cette analyse [176]. Dans la seconde la détection d'une récidive et pour la re-stadification du
méta-analyse, les modalités TEP et TEP-TDM cancer du sein. L'IRM corps entier semble avoir des per-
ont été évaluées séparément [177]. L'imagerie formances proches de la TEP-TDM, comme suggéré par
Hybride TEP-TDM avait une sensibilité signifi- une méta-analyse récente comparant la TEP-TDM à
cativement plus élevée que le scanner mais la l'IRM corps entier pour des cancers de diverses origines
différence en termes de spécificité n'était pas [178, 179]. À l'avenir les systèmes TEP-IRM couplant
significative. La TEP-TDM avait également une l'imagerie TEP à l'IRM pourraient aussi avoir un rôle à
sensibilité plus élevée que la TEP seule, sans dif- jouer, mais des études seront nécessaires pour évaluer
l'impact de ces nouveaux appareils [180].
férence significative en ce qui concerne la spéci-
110 Imagerie post-thérapeutique en oncologie

Fig. 5.37. Patiente traitée par une chimiothérapie néoadjuvante, une mastectomie et une radiothérapie pour un cancer du
sein gauche initialement classé T4dN3cM0.
Quelques mois après la fin du traitement, la TEP-TDM montre une rechute locorégionale avec un foyer hypermétabolique de la
loge de mastectomie (ligne du haut) et une rechute axillaire homolatérale (ligne du bas). Les fixations visibles en régions paraver-
tébrales correspondent à des artefacts en rapport avec une activation de la graisse brune.

Recherche de récidive
par la scintigraphie osseuse
La scintigraphie osseuse régulièrement répétée à
la recherche de métastases chez les patientes
asymptomatiques est jugée par de nombreuses
équipes comme non nécessaire et non rentable
économiquement. Une scintigraphie osseuse tous
les 6 mois détecte plus de métastases que la simple
surveillance clinique mais la survie à 5 ans n'est
pas changée [181]. Le meilleur argument pour
demander une scintigraphie osseuse durant la
surveillance est l'apparition de nouveaux signes
cliniques, biologiques ou radiologiques (fig. 5.38
et 5.39). Les patientes avec hypercalcémie ont
habituellement des métastases osseuses diffuses.
Devant le développement de la TEP-TDM au
FDG qui semble être plus performante que la
scintigraphie planaire pour évaluer l'os et qui per-
met en outre de rechercher des métastases viscé-
rales, l'examen aux biphosphonates-99mTc est
moins utile. Fig. 5.38. Recherche de récidive chez une patiente traitée
7 ans auparavant pour un carcinome canalaire infiltrant
pT2pN2M0 (stade IIIA).
La scintigraphie osseuse est prescrite en raison de l'élévation
du CA et des phosphatases alcalines. L'examen planaire
corps entier (face antérieure et face postérieure) montre de
nombreux foyers hyperfixants du squelette axial évocateurs
de métastases osseuses. Cet examen va être complété par
une exploration tomoscintigraphique (fig. 5.39).
Chapitre 5. Cancers du sein : diagnostic, traitement et aspect post-thérapeutique 111

Fig. 5.39. Tomoscintigraphie couplée à un scanner et centrée sur le bassin et le rachis lombaire (même patiente que celle
présentée en fig. 5.38).
La tomoscintigraphie permet de visualiser plus de foyers hyperfixants que la scintigraphie planaire. Certains foyers hyperfixants n'ont
pas de traduction sur les données TDM (en raison du caractère plus précoce des anomalies scintigraphiques) et d'autres corres-
pondent à des lésions ostéocondensantes. Il s'agit donc de métastases ostéoblastiques en formation.

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Chapitre 6
Imagerie post-thérapeutique
du cancer du rectum

C. Savoye-Collet • S. Thureau • L. Ghouti • É. Koning • A. Benyoucef • B. Dubray • F. Courbon

La prise en charge du cancer du rectum a beaucoup thérapeutique repose sur la chirurgie, associée selon
évolué ces dernières années. Un certain nombre les cas à une chimiothérapie et/ou une radiothéra-
d'évolutions sont communes avec d'autres cancers pie. Toutefois, les modalités après traitement néoad-
mais d'autres sont particulières, liées à la situation juvant sont de plus en plus discutées. Le stade initial
anatomique et au rôle fonctionnel du rectum. de la maladie n'est peut-être pas le meilleur élément
L'incidence du cancer du rectum est de 15 000 prédictif du résultat. Certains groupes de patients
nouveaux cas par an en France [1]. Il s'agit pourraient bénéficier d'une démarche chirurgicale
essentiellement d'adénocarcinomes du rectum et moins agressive. La réponse tumorale initiale pour-
nous traiterons dans ce chapitre uniquement de rait guider une prise en charge personnalisée.
ce type de tumeur, les lymphomes et tumeurs
endocrines faisant l'objet d'une prise en charge
différente. La survie à 5 ans est de 55 % tous Place du traitement médical
stades confondus [1]. et de la radiothérapie
Pour comprendre les différents défis de la prise en
charge de ce cancer, il faut revenir sur quelques La prise en charge d'un patient avec une tumeur
considérations anatomiques et fonctionnelles. La du rectum est multidisciplinaire reposant sur une
continuité du rectum avec l'anus met en avant les concertation entre gastroentérologues, chirur-
difficultés de préservation de l'appareil sphincté- giens, radiologues, radiothérapeutes, oncologues
rien. Contrairement à d'autres segments digestifs, et anatomopathologistes.
le rectum est en partie extrapéritonéal et entouré
du mésorectum, espace graisseux contenant le
drainage lymphatique. Le mésorectum est large à Principes du bilan d'extension
sa partie haute mais très étroit en bas, très proche initial
du fascia mésorectal qui le limite.
Le cancer du rectum a un risque de récidive locale La stratégie thérapeutique repose sur un bilan
important, associé à l'éventualité plus classique de d'extension locorégional (échographie endorectale
dissémination métastatique hépatique et pulmo- [EER], IRM) et à distance (TDM thoraco-abdo-
naire. La probabilité de contrôle local a été amélio- mino-pelvien). Le bilan d'opérabilité du patient est
rée ces dernières décennies grâce à l'évolution de la aussi un élément majeur de la prise en charge.
technique chirurgicale et l'introduction de traite- La classification TNM est aujourd'hui utilisée et a
ments néoadjuvants. Aujourd'hui, la prise en charge remplacé la classification de Dukes. Pour l'extension

Imagerie post-thérapeutique en oncologie


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120 Imagerie post-thérapeutique en oncologie

clinique initiale, le préfixe « c » est utilisé, associé aux images tubulaires ou serpigineuses dans la graisse
données TNM. Pour mémoire, le préfixe « p » fait mésorectale suivant ou au sein de structures vas-
référence à la classification anatomopathologique culaires. L'IRM localise aussi la tumeur par rap-
après résection chirurgicale. Ces éléments classiques port à la réflexion antérieure du feuillet péritonéal.
sont complétés par l'évaluation de l'extension en Elle permet de classer la lésion intra ou extrapéri-
profondeur et de l'atteinte du fascia mésorectal. tonéale. L'atteinte directe du feuillet se présente
avec un aspect nodulaire greffé sur la ligne de
Stade T, extension en profondeur réflexion péritonéale visible dans le plan sagittal.
et atteinte du fascia mésorectal L'imagerie par TEP-FDG n'est pas indiquée pour
L'extension de la tumeur à travers la paroi rectale l'évaluation locorégionale. Les faux positifs de la
correspond au stade T. fixation du FDG d'origine inflammatoire ou
infectieuse ainsi que les faux négatifs (carcinomes
L'EER permet une meilleure classification et est
mucineux, petites tumeurs, etc.) font que la TEP-
plus reproductible que l'examen au doigt, grâce à
FDG n'est pas pertinente en première intention
la visualisation directe des couches de la paroi rec-
[8]. Il y a cependant une situation qui mérite une
tale. L'EER a une très bonne sensibilité et spécifi-
attention particulière. Une fixation rectocolique
cité pour les tumeurs T1-T2. En revanche, elle est
du FDG chez un patient indemne de cancer
moins performante pour l'analyse du mésorectum
colorectal connu doit faire rechercher une lésion,
et peut surestimer certains stades T2 [2].
une accumulation focale du FDG correspondant
L'IRM est aujourd'hui un examen clé pour l'ex- à une situation histopathologique particulière
tension T, principalement pour les tumeurs locale- (bénigne ou maligne) dans 70 % des cas [9, 10].
ment avancées. Elle est réalisée sans antenne
endorectale. Par comparaison avec l'EER, elle est Stade N
moins performante pour distinguer un stade T1
L'atteinte ganglionnaire est un des éléments pré-
d'un T2 ou un T2 d'un T3 [3].
dictifs les plus péjoratifs notamment pour le risque
L'IRM permet d'apprécier les relations de la de récidive locale. L'imagerie est plus en difficulté
tumeur avec le fascia mésorectal et donc de pré- pour déterminer correctement le statut N.
dire l'atteinte initiale de la marge de résection cir- L'atteinte ganglionnaire est plus fréquente pour
conférentielle [4]. La proximité immédiate de la les stades T3/T4 que pour les stades T1/T2. Les
tumeur avec le fascia mésorectal augmente le critères sémiologiques classiques morphologiques,
risque d'une atteinte de la marge circonférentielle taille des ganglions supérieure à 8 mm, contour
de résection après chirurgie d'exérèse qui est un irrégulier, signal hétérogène, sont insuffisants
facteur majeur et indépendant de récidive locale [11]. C'est pourquoi des produits de contraste
[5]. Cette extension vers le fascia mésorectal est spécifiques ont été étudiés dans cette indication.
déterminée avec une performance élevée en IRM
Dans le diagnostic des micrométastases ganglion-
et aujourd'hui la valeur seuil est à 1 mm du fascia
naires, la sensibilité de la TEP-FDG est médiocre,
[6]. L'IRM est également performante pour
comparable à celle de la TDM.
apprécier l'extension en hauteur et l'atteinte
sphinctérienne. L'analyse du mésorectum en IRM
Extension systémique
apporte des éléments pronostiques pour les
tumeurs localement avancées [7]. Elle peut préci- Les métastases initiales visibles en TDM sont plus
ser l'extension vasculaire extramurale et l'exten- fréquentes que dans le cancer colique en raison du
sion en profondeur dans la graisse mésorectale qui drainage veineux systémique du bas et moyen rec-
sont de mauvais pronostic. Ce dernier item est à la tum. Un scanner thoraco-abdomino-pelvien est
base d'une sous-classification pour les stades T3 l'examen de choix pour la recherche de métastases
(T3c : 5–15 mm, T3d : > 15 mm) qui n'est pas pulmonaires et hépatiques qui sont les deux sites les
encore intégrée officiellement à la classification plus fréquemment concernés. La place de la TEP-
TNM. L'extension vasculaire se traduit par des FDG est discutée. Malgré la découverte de métas-
Chapitre 6. Imagerie post-thérapeutique du cancer du rectum 121

tases inconnues au terme du bilan conventionnel, la facteur majeur de récidive locorégionale. L'exérèse
TEP ne peut être considérée comme un examen du mésorectum réduit significativement les réci-
standard en première intention [8]. Dans le cas dives et constitue une avancée majeure dans la prise
particulier des métastases hépatiques potentielle- en charge [15]. Toutefois, le taux de récidive reste
ment résécables, deux études [12, 13] ont rapporté élevé lorsque le traitement chirurgical est réalisé seul
des sensibilités et spécificités de 88 et 96,1 % pour et que les marges de la pièce sont atteintes, justifiant
la TEP-FDG et de 82,7 et 84,1 % pour la TDM. un traitement oncologique complémentaire.
Pour les lésions extra-hépatiques, les performances Concernant les tumeurs du bas et moyen rectum
sont plus élevées pour la TEP-FDG que pour la localement évoluées, le traitement chirurgical de
TDM (91,5 et 95,4 % pour la TEP-FDG ; 60,9 et référence reste une exérèse radicale du rectum et
91,1 % pour la TDM, respectivement). du mésorectum par laparotomie ou laparoscopie
[16–19]. Une conservation sphinctérienne est
En résumé envisageable lorsqu'une marge distale de résection
sous le pôle inférieur de la tumeur d'au moins
L'IRM et l'EER ont une place reconnue pour le bilan d'ex- 1 cm peut être obtenue [20].
tension. L'EER est préférée pour les tumeurs T1-T2 et le
diagnostic du stade T3, l'IRM pour les facteurs pronos-
tiques des stades T3 et T4. L'évaluation de l'extension Place du traitement néoadjuvant
systémique repose sur le scanner thoraco-abdomino-
pelvien. La prise en charge sera très différente pour les et perspectives
tumeurs classées T1-T2 en EER et T3-T4 en IRM. Le
Indications
bilan d'extension initial a aussi un rôle pronostique [2].
La TEP-FDG n'est pas un examen de pratique systéma- Plusieurs études randomisées ont démontré le
tique dans le bilan initial des cancers colorectaux. En bénéfice en termes de contrôle local d'une irradia-
accord avec les recommandations de l'HAS 20081 sa tion, seule ou associée à une chimiothérapie, en
prescription dans cette indication peut se révéler perti- situation néoadjuvante ou adjuvante [21–27]
nente au cas par cas, validée en RCP. La TEP au FDG
pour les cancers localement évolués. L'exérèse
dans cette indication peut modifier la décision médicale
dans 29 % des cas [14].
totale du mésorectum n'a pas remis en cause la
nécessité d'une radiothérapie préopératoire.
Pour les tumeurs rectales localement évoluées
Principes généraux du traitement (T3, T4, N+), l'intérêt d'une irradiation externe
chirurgical radical conformationnelle préopératoire a été démontré
par un essai randomisé hollandais [28].
L'étape thérapeutique principale du traitement du L'association d'une irradiation préopératoire à
cancer du rectum est l'exérèse chirurgicale. Sa qua- une chirurgie à visée curative intégrant une marge
lité est un facteur essentiel du pronostic. Les moda- latérale de résection d'au moins 1 mm par exérèse
lités varient selon la localisation de la tumeur, son totale du mésorectum est associée à une réduction
extension, le terrain et l'état sphinctérien. Les petites significative du risque de récidive locorégionale.
lésions parfaitement sélectionnées peuvent bénéfi- L'attitude thérapeutique classique en Europe est
cier d'une résection locale. Pour le reste, l'exérèse de préférer la radiothérapie/radiochimiothérapie
du mésorectum est aujourd'hui recommandée. En préopératoire, par rapport à un traitement adju-
effet les résidus tumoraux laissés en place sont un vant, du fait de sa supériorité en termes de contrôle
local et de tolérance précoce et tardive [21, 29].
1
HAS Guide – ALD. Tumeur maligne, affection maligne Les tumeurs du haut rectum ne relèvent pas d'une
du tissu lymphatique ou hématopoïétique. Cancer colorec- radiothérapie sauf si elles envahissent le moyen
tal. Ref. GUIALDCCRMD10. Le guide ALD médecin sur
rectum ou les organes de voisinage [1].
le cancer colorectal est disponible sur les sites Internet de
l'institut national du cancer www.e-cancer.fr et de la HAS Deux schémas thérapeutiques d'irradiation préo-
www.has-sante.fr. pératoire ont été proposés. Le schéma court
122 Imagerie post-thérapeutique en oncologie

(short course) délivre 25 Gy en 5 fractions de 5 Gy tion en association avec la radiothérapie. Les


sur une semaine suivies par une chirurgie précoce études de phase II avec le bévacizumab ont rap-
(3 à 7 jours après la fin de la radiothérapie). La porté des taux de réponse complète légèrement
supériorité de ce schéma par rapport à une chirur- supérieurs à ceux des traitements classiques, mais
gie d'emblée a été démontrée par deux essais ran- avec des retards à la cicatrisation [34, 35]. Les
domisés, l'un suédois ayant inclus 1 168 patients résultats préliminaires d'une étude de phase II
avec un bénéfice en contrôle local et en survie randomisée comparant une chimiothérapie clas-
[30], l'autre néerlandais et confirmant, malgré sique à une chimiothérapie avec du cétuximab
une durée de suivi plus courte, un bénéfice en vont dans le sens d'une amélioration de la réponse
survie sans récidive locale [28]. Le schéma long radiologique et de la survie mais doivent encore
(long course), habituellement associé à une être confirmés [36].
chimiothérapie à base de 5-fluoro-uracile, délivre Les essais en cours évaluent aussi l'apport d'une
45 à 50,4 Gy en 25 à 28 fractions de 1,8 Gy, chimiothérapie d'induction précédant la radiochi-
5 fois/semaine durant 5 à 6 semaines. La chirur- miothérapie préopératoire ou l'addition d'une
gie est réalisée après environ 6 semaines. Un délai chimiothérapie de consolidation durant la période
long (6 à 8 semaines) après le traitement néoadju- d'attente de la chirurgie.
vant permet une diminution plus marquée de la
La réponse tumorale après traitement néoadjuvant
taille tumorale sans impact sur la survie ou le
peut influencer la chirurgie et l'orienter vers une
contrôle local par rapport à une chirurgie pré-
conservation anale. Des techniques de préserva-
coce. La fonction sphinctérienne était améliorée
tion sphinctérienne ou de résection transsphincté-
de façon non significative chez les patients opérés
rienne sont maintenant réalisables. Certaines
plus tard [31].
équipes proposent une simple exérèse locale ou
L'association d'une chimiothérapie concomitante une attitude attentiste, dans des populations très
à la radiothérapie préopératoire diminue de moitié ciblées. Plusieurs études multicentriques sont en
le taux de récidive à 5 ans (8 % versus 16 %) par cours. En France, le GRECCAR (Groupe de
rapport à une radiothérapie seule [22, 23]. La recherche chirurgicale sur le cancer du rectum)
chimiothérapie est réalisée en perfusion continue étudie une stratégie personnalisée selon la réponse
(5 jours/semaine) ou par comprimés de capécita- à une chimiothérapie d'induction pour les tumeurs
bine. Le taux moyen de réponse complète sur la localement évoluées. Dans ce contexte, la qualité
pièce de résection est de 10 à 15 %. Le taux de de l'imagerie d'évaluation est primordiale.
contrôle local est plus élevé pour les tumeurs en
réponse complète ou partielle après radiochimio-
thérapie, mais ce critère pronostique était moins Aspects techniques de la radiothérapie
puissant que l'extension tumorale ou ganglion- La préparation de la radiothérapie débute par un
naire au moment de la chirurgie [32]. scanner de mise en place, qui doit être réalisé en
Le schéma court a été critiqué en raison de la dose position de traitement : décubitus ventral ou dor-
par séance supérieure à 2 Gy (risque accru de sal, bras autour de la tête ou sur la poitrine, une
séquelles) et la dose totale relativement faible par cale sous les pieds ou les genoux permettant une
rapport au schéma long. Un essai randomisé [33] bonne reproductibilité. L'acquisition est réalisée
n'a pas retrouvé de différence significative en en coupes de 2 à 5 mm, des dernières vertèbres
termes de contrôle local et à distance, de survie lombaires à l'extrémité proximale des diaphyses
globale ni de toxicité entre les deux schémas, avec fémorales. Le scanner permet de vérifier l'absence
une durée médiane de suivi de près de 6 ans. de distension rectale.
Le développement des médicaments spécifique- Le volume cible comprend la tumeur primitive
ment dirigés contre le VEGF (Vascular Endothelial lorsqu'elle est visible sur le scanner en position de
Growth Factor) et les récepteurs de l'EGF traitement (GTV), les voies naturelles d'extension
(Epidermal Growth Factor) a justifié leur évalua- de la maladie (le mésorectum pour la tumeur pri-
Chapitre 6. Imagerie post-thérapeutique du cancer du rectum 123

mitive, les chaînes iliaques internes pour l'exten- rieure à 1 cm sous la jonction anorectale (insertion
sion ganglionnaire), les aires à haut risque de des muscles releveurs de l'anus = limite inférieure
récidive locale (pelvis inférieur et région présa- du mésorectum), les limites latérales au fascia rec-
crée) (fig. 6.1 et 6.2) [37–41]. tal. Pour les tumeurs du bas rectum, le CTV inclut
Le volume cible anatomoclinique (CTV) sera dif- l'ensemble du mésorectum (cf. ci-dessus) jusqu'à
férent selon le siège moyen ou bas de la tumeur la jonction moyen-haut rectum en haut. Dans
primitive. Pour les tumeurs du moyen rectum, le tous les cas, le CTV inclut systématiquement les
CTV inclut l'ensemble du mésorectum, les régions aires ganglionnaires iliaques internes jusqu'à la
périrectale, présacrée et iliaque interne. La limite bifurcation iliaque interne-externe. L'irradiation
supérieure est fixée à la jonction rectosigmoï- des aires iliaques externes et des ganglions ingui-
dienne ou à 2 cm au-dessus du GTV, la limite infé- naux est proposée en cas d'extension au-delà du
fascia du mésorectum ou aux organes adjacents
(prostate, vagin, utérus, vessie).

Place du traitement adjuvant


La décision du traitement adjuvant dépendra du
traitement initial. En l'absence de radiochimiothé-
rapie néoadjuvante, une irradiation postopératoire
devra être discutée, notamment en cas de marge
chirurgicale insuffisante. Le risque de toxicité
digestive est accru par la descente des anses grêles
dans la cavité opératoire.
La chimiothérapie adjuvante ne fait pas l'objet de
recommandations, contrairement au cancer du
Fig. 6.1. Coupe sagittale tomodensitométrique d'un traite- côlon. Certains essais de radiothérapie schéma
ment conformationnel d'un cancer rectal : isodose en color « court » ont une chimiothérapie adjuvante systé-
wash entre 95 % (bleu) et 107 % (vert-orange avec point matique [33]. En l'absence de preuve formelle,
maximum à 103,2 %) – contours des volumes cibles et des
une chimiothérapie adjuvante est recommandée
organes à risque (vessie, tube digestif, canal médullaire).
pour les tumeurs T4. Les tumeurs du haut rectum
ont un risque de récidive locale plus faible que
celles situées plus bas et leur pronostic est plus
proche de celui d'un cancer colique.

Évaluation de la réponse
précoce et tardive au traitement
Bien que la chirurgie reste le traitement standard
du cancer du rectum, ses nombreux inconvénients
justifient la recherche de critères pronostiques
plus précis et de moyens non invasifs de dépistage
Fig. 6.2. Coupe transversale tomodensitométrique d'un d'une éventuelle maladie résiduelle préopératoire.
traitement conformationnel d'un cancer rectal : isodose en
Le suivi des patients en imagerie mais aussi les
color wash entre 95 % (bleu) et 107 % (vert-orange avec
point maximum à 103,5 %) – contours des volumes cibles conclusions anatomopathologiques après traite-
et des organes à risque (vessie, têtes fémorales). ment néoadjuvant ont mis en évidence de nouveaux
124 Imagerie post-thérapeutique en oncologie

éléments potentiellement intéressants dans la prise sans remaniements fibreux (pas de réponse). Le
en charge. Ainsi certaines tumeurs fondent voire downsizing est une diminution de taille de la
disparaissent, parfois du tissu persiste mais il est lésion et ne correspond pas forcément à une
fibreux, des ganglions potentiellement malins ont régression de la composante tumorale. Un lien
diminué voire ne sont pas retrouvés. Ce sous- fort existe entre la réponse complète sur la pièce
groupe de patients que l'on peut qualifier de opératoire, c'est-à-dire p CR (ypT0N0M0 ou
répondeurs au traitement néoadjuvant a un bien TRG 0) obtenue après radiochimiothérapie et
meilleur pronostic. Ainsi, la prise en charge après amélioration de la survie [43]. Ceci est retrouvé
traitement néoadjuvant doit-elle reposer sur les chez 5 à 42 % des patients.
conclusions du staging initial ou bien sur un nou-
veau staging ? Le concept de restaging n'est pas
totalement récent mais sa prise en compte comme Délai d'évaluation
élément décisif pour la suite du traitement l'est.
Identifier des éléments pronostiques de réponse Dans l'idée d'adapter au moins en partie le traite-
est important car les répondeurs pourraient se voir ment comme par exemple la préservation sphinc-
proposer des prises en charge différentes surtout térienne sur la réponse à la radiochimiothérapie, il
moins invasives. L'utilisation de techniques faut déterminer précisément le moment de l'éva-
chirurgicales d'exérèse locale dépend des possibili- luation. Celui-ci doit prendre en compte l'effet
tés à prédire la réponse histologique par différents tumoricide de la radiochimiothérapie. Aujourd'hui
moyens génétiques, moléculaires ou d'imagerie. l'intervalle recommandé est de 8 à 12 semaines
Ceci a comme corollaire une responsabilité impor- [44]. Certaines équipes étudient la possibilité
tante de cette nouvelle évaluation en sachant qu'il d'explorer plus précocement les patients dans un
persistait déjà des difficultés lors du staging but pronostique.
initial.
Moyens cliniques, biologiques
Terminologie et endoscopiques
L'examen clinique au doigt est répété par le
Il est nécessaire pour la caractérisation de la
même chirurgien mais c'est un bilan incomplet.
réponse tumorale d'avoir de bons outils et une
Les biopsies ne sont pas pertinentes pour appré-
terminologie adaptée. La classification TNM peut
cier la réponse. Le dosage de l'antigène carci-
être répétée après traitement néoadjuvant et por-
noembryonnaire (ACE) confronté à la valeur
tera alors le préfixe « y ». Le downstaging corres-
initiale est intéressant mais ne peut pas être uti-
pond à un changement vers un stade pronostique
lisé seul.
inférieur et non un simple changement de stade T
ou N. La régression tumorale est appréhendée
par le grade de régression tumorale TRG (Tumor
Regression Grade). Ce terme est souvent utilisé Exploration morphologique
pour témoigner de la réponse tumorale sous pelvienne par IRM standard
traite­ment. Mais en théorie il fait référence au
Rappel technique
ratio sur la pièce opératoire entre tumeur visible
et tissu cicatriciel. En effet, les anatomopatholo- Cet examen peut être réalisé avec un imageur 1,5
gistes peuvent déterminer un ratio entre les cel- ou 3 T, ce dernier permettant d'augmenter la
lules tumorales restantes et la nécrose qui qualité de l'image mais au prix de potentiels arte-
détermine le TRG [42]. Différentes classifica- facts. La distension du rectum par du gel hydrique
tions sont proposées allant du remplacement est discutée. Si elle est réalisée, elle doit l'être avec
complet lésionnel par du tissu fibreux (réponse une petite quantité afin de ne pas gêner l'analyse
complète) à la persistance de cellules tumorales du mésorectum comprimé par un rectum trop
Chapitre 6. Imagerie post-thérapeutique du cancer du rectum 125

distendu. Une antenne de type phased array est Performance diagnostique


utilisée afin d'obtenir des images en haute résolu-
L'IRM pelvienne standard apporte des critères
tion pour un rapport signal sur bruit élevé. Des
morphologiques qualitatifs sur la tumeur et son
coupes fines sont nécessaires, c'est-à-dire à 3 mm
extension mais doit aussi permettre des critères
ou moins. Les plans de coupe des séquences
quantitatifs de mesure pour une analyse volumé-
doivent être orientés en fonction de la localisation
trique (fig. 6.4 à 6.6).
précise de la tumeur. Après une acquisition sagit-
tale première, le plan axial est orienté perpendicu- D'un point de vue morphologique, l'IRM diffé-
lairement à l'axe de la tumeur et le plan coronal rencie plus difficilement la fibrose et le résidu
dans l'axe de celle-ci. Cette bonne angulation des tumoral dans des conditions techniques standards
plans de coupe est importante. Des séquences en avec un risque d'overstaging. Cet overstaging va
pondération T2 sans suppression de graisse sont sous-estimer la réponse au traitement. D'un point
nécessaires. Une injection de produit de contraste de vue sémiologique, le tissu fibreux se présente
type chélates de gadolinium peut être réalisée, classiquement en hyposignal sur les séquences en
elle permet notamment une meilleure analyse des pondération T2. La réaction desmoplastique se
sphincters. La comparaison avec l'examen initial présente avec des spicules de faible intensité sur les
est importante (fig. 6.3). séquences en pondération T2, disposées dans la
graisse mésorectale de manière radiaire à partir de

Fig. 6.3. Coupes IRM axiales en pondération T2 chez le même patient (tumeur du moyen rectum de stade T3) au même niveau
anatomique, nécessaire à obtenir pour permettre une comparaison pré (A) et post (B) traitement néoadjuvant.
À noter la distension modérée habituelle du rectum avec du gel hydrique permettant de bien délimiter la lésion sur le versant luminal.

Fig. 6.4. Coupes IRM sagittales en pondération T2 chez la même patiente au même niveau anatomique pré (A) et post (B)
traitement néoadjuvant montrant une diminution de taille de la tumeur initiale T3 (étoiles) circonférentielle et étendue (flèches).
À noter une opacification vaginale faite sur l'IRM de contrôle.
126 Imagerie post-thérapeutique en oncologie

Fig. 6.5. Coupes IRM pré et post-traitement néoadjuvant chez la même patiente avec distension vaginale et rectale montrant
l'évolution tumorale en coupes sagittales T2 (A, C) et axiales T1 après injection (B, D) d'une lésion T3 (étoiles) qualifiée de T3
fort par son extension étendue dans la graisse mésorectale (flèche fine) et avec une atteinte du mésorectum bien visible en
postérieur (flèche large).

la lésion. Mais au sein du tissu fibreux prédomi- L'IRM permet d'isoler les tumeurs limitées à la
nant peuvent persister des îlots de cellules tumo- musculeuse (ypT0-2 N0) des autres avec une per-
rales difficiles à identifier en IRM. Ces îlots se formance de 90 % [47].
présentent avec un signal intermédiaire sur les De manière générale, l'analyse de la corrélation
séquences en pondération T2 ou un signal équiva- interobservateur montre des valeurs plus basses à la
lent à celui de la tumeur initiale et ont un aspect différence du bilan initial, témoignant des difficul-
plus nodulaire [45]. Des modifications d'aspect tés d'analyse des images après radiothérapie [48].
de la tumeur qui peut présenter des lacs mucineux
De plus l'IRM permet également à nouveau d'ap-
sont possibles après radiochimiothérapie, entraî-
porter des informations spécifiques pour le chirur-
nant un hypersignal marqué sur les séquences en
gien aussi bien pour apprécier les relations de la
pondération T2.
tumeur avec le fascia mésorectal que l'extension
L'IRM permet d'étudier la réduction tumorale précise vers l'appareil sphinctérien.
(fig. 6.7 et 6.8). Des mesures simples de longueur
comme ce qui est fait classiquement pour les cri-
tères RECIST semblent insuffisantes avec un Imagerie fonctionnelle
manque de reproductibilité interobservateur [45]. et approches spécifiques en IRM
L'analyse du volume tumoral en IRM pré et post- et TEP pour l'évaluation
traitement est préférable. En effet, il a été montré thérapeutique
qu'une réduction du volume tumoral d'au moins
70 % mesurée en IRM était associée avec un TRG Certaines séquences d'IRM ainsi que la TEP
3 ou 4, ce qui correspond à bonne régression ana- apportent des informations complémentaires au
tomopathologique, ainsi qu'à la survie [46]. classique bilan morphologique en permettant une
Chapitre 6. Imagerie post-thérapeutique du cancer du rectum 127

Fig. 6.6. Coupes IRM axiales et sagittales en pondération T2 pré et post-traitement néoadjuvant chez la même patiente
montrant l'évolution tumorale d'une lésion T3.

Fig. 6.7. Coupes IRM coronales en pondération T2 chez le même patient (tumeur T3) en pré (A) et post (B) traitement
­néoadjuvant mettant en évidence une mauvaise réponse tumorale (flèche longue) et la persistance d'anomalies nodulaires
dans la graisse mésorectale (flèche courte).

approche des tissus à l'échelle moléculaire. Ces des modifications des tissus. L'enjeu est de complé-
techniques prennent toute leur importance dans ce ter les informations anatomiques par une approche
contexte de suivi sous traitement où l'on s'attend à plus cellulaire permettant de distinguer des lésions
128 Imagerie post-thérapeutique en oncologie

résiduelles bénignes cicatricielles ou inflammatoires IRM pelvienne de diffusion


de lésions tumorales malignes persistantes.
Associées aux séquences en pondération T2, les
De même les applications avancées des techniques séquences de diffusion apportent une information
d'injection de produit de contraste (imagerie de per- fonctionnelle pour différencier tissu tumoral de
fusion) ou bien l'utilisation de produits de contraste fibrose. L'IRM de diffusion associée aux séquences
spécifiques, notamment pour l'analyse ganglion- en pondération T2 améliore la performance dia-
naire, viennent renforcer l'arsenal diagnostique. gnostique pour prédire des marges saines au

Fig. 6.8. Coupes IRM axiales en pondération T1 chez le même patient en pré (A) et post (B) traitement néoadjuvant mettant
en évidence une réponse avec diminution de la lésion initiale (flèche).

Fig. 6.9. Coupes IRM axiales en pondération T2, T1 et diffusion B600 d'une tumeur circonférentielle du haut rectum en post-
traitement néoadjuvant mettant en évidence une meilleure délimitation tumorale de l'extension dans la graisse en diffusion.
Chapitre 6. Imagerie post-thérapeutique du cancer du rectum 129

niveau du fascia mésorectal après traitement néo- Les particules de type USPIO sont phagocytées
adjuvant par rapport aux séquences en pondéra- par les macrophages des ganglions. Par effet de
tion T2 seules (fig. 6.9). De même les séquences susceptibilité magnétique elles entraînent une
de diffusion améliorent la sélection des patients chute du signal sur les séquences en pondération
présentant une réponse complète (ypT0) après T2* réalisées 24 heures après l'administration
traitement néoadjuvant [49]. intraveineuse. Le critère diagnostique utilisé est le
En ce qui concerne les ganglions, les séquences de pourcentage d'hypersignal restant dans le gan-
diffusion permettent une bonne détection de glion [52].
ceux-ci (fig. 6.10). Toutefois, associées aux En résumé ces agents ont montré de meilleures
séquences T2 elles n'améliorent pas la perfor- performances diagnostiques pour le restaging
mance diagnostique mais le coefficient apparent mais avec une place clinique qui reste à préciser
de diffusion est plus élevé dans les ganglions histo- selon leur commercialisation [51, 52].
logiquement malins [50].

Produits de contraste spécifiques


en IRM IRM pelvienne de perfusion

Comme dans le bilan initial, des agents de contraste L'IRM de contraste dynamique après injection
spécifiques ont été étudiés. Il s'agit des USPIO de chélates de gadolinium ou IRM de perfusion
(Ultrasmall Superparamagnetic Iron Oxides) et du permet d'obtenir des données quantitatives
gadofosveset (blood-pool contrast agent). bicompartimentales. Les paramètres de perfusion
sont une autre piste pour différencier les répon-
Le gadofosveset se lie à l'albumine sérique. Le deurs des non-répondeurs. Ainsi la valeur Ktrans
mécanisme d'action pour expliquer sa fixation diminue significativement en cas de réponse
dans le système lymphatique n'est pas clairement complète [53].
établi. La caractérisation des ganglions sur une
IRM après injection de gadofosveset repose sur
l'analyse du signal du ganglion et sur la présence
IRM corps entier de diffusion
d'un artefact de déplacement chimique [51]. À
l'inverse des ganglions malins, les ganglions bénins Les développements de l'IRM corps entier
prennent fortement le contraste comme les struc- reposent principalement sur les séquences de dif-
tures vasculaires avec un renforcement de l'arte- fusion en 3D. Le principal problème de cette tech-
fact de déplacement chimique sur les bords nique aujourd'hui est une faible spécificité qui ne
donnant un aspect de ganglion en relief [51]. permet pas de la recommander au quotidien.

Fig. 6.10. Coupes IRM axiales post-traitement néoadjuvant en pondération T2 (A) et diffusion (B) montrant l'apport de la
diffusion pour la détection des ganglions du mésorectum (flèches).
130 Imagerie post-thérapeutique en oncologie

Pourtant pour le patient bénéficiant déjà d'une


• En pourcentage d'atteinte de la circonférence (un
exploration à l'étage pelvien, l'ajout d'une explo- quart, la moitié, les trois quarts, circonférentielle)
ration corps entier même si cela modifie le proto- • Selon la ligne de réflexion péritonéale (dessus ou
cole de réalisation de l'examen est un élément qui dessous)
devra être étudié à large échelle. • Selon les sphincters (atteinte sphinctérienne interne/
externe, localisation en quadrants et en pourcentage
Fiche d'évaluation de la réponse d'atteinte de la circonférence)
en IRM des tumeurs localement Dimension de la tumeur
avancées • Dans les 3 plans à défaut mais plutôt calcul du volume
et indication dans ce cas du rapport des volumes selon
Un certain nombre d'éléments doivent figurer
les données de l'examen initial
dans le compte rendu d'une IRM du rectum réa-
Aspect de la tumeur
lisée après traitement initial. Ceux-ci reprennent
• Description morphologique précise
les critères morphologiques classiques qualitatifs
• Présence d'un hypersignal T2
et quantitatifs avec si possible l'analyse compara- • Présence d'un hypersignal en diffusion
tive volumique mais doivent aussi intégrer les
Staging T et extension locale
nouveaux critères fonctionnels obtenus notam-
• Si stade T3 : préciser l'extension extramurale
ment par les séquences de diffusion couramment (< 1 mm, 1–5 mm, 5–15 mm, > 15 mm)
utilisées aujourd'hui (fig. 6.11). • Si stade T4 : préciser l'organe envahi
• Étudier les rapports avec le fascia mésorectal (enva-
hissement ou sinon mesure de la marge latérale res-
tante en mm)
Contenu essentiel d'une fiche d'évaluation
• Préciser s'il existe des images d'extension veineuse
de la réponse en IRM des tumeurs localement dans la graisse mésorectale
avancées • Préciser l'atteinte ou non de la réflexion péritonéale
Localisation tumorale Staging N
• En hauteur sur le rectum par rapport à la cravate du • Nombre de ganglions
muscle puborectal • Taille en mm des 5 plus gros
• En quadrants (antérieur, postérieur, latéral droit ou • Présence ou absence de ganglions ailleurs que dans
gauche) le mésorectum

Fig. 6.11. Coupes IRM axiales en pondération T2 et image correspondante en diffusion dans un examen de routine d'une
tumeur sténosante du haut rectum de stade T3 après traitement néoadjuvant.
Chapitre 6. Imagerie post-thérapeutique du cancer du rectum 131

TEP La détermination des groupes de patients répon-


deurs (TRG1 et TRG2) selon la modification du
L'utilisation des techniques de médecine nucléaire
métabolisme du glucose au sein des cellules tumo-
à des fins de mesures et d'imagerie in vivo par le
rales devient donc un élément important dans
biais de voies métaboliques des cellules cancéreuses
l'évaluation de la maladie résiduelle et pourrait
offre de nombreux avantages dans cette indication.
intervenir dans la stratégie thérapeutique.
Les modifications du métabolisme du glucose
induites par les thérapies néoadjuvantes (irradia- Cependant, l'utilisation de l'imagerie dans cette
tion et/ou chimiothérapie) précèdent les modifi- indication est confrontée à des problèmes métho-
cations volumétriques ce qui en fait une méthode dologiques majeurs tels que les méthodes d'ex-
sensible dans l'évaluation et la réévaluation de traction des volumes (segmentation), la réalité et
nombreux cancers dont le cancer colorectal [54]. la signification physiopathologique des volumes
d'imagerie au regard de l'hétérogénéité tumorale.
La réponse à la chimiothérapie est détectable dès le
Ainsi les difficultés d'appréciation de la réponse
1er cycle de chimiothérapie avec une classification
tumorale sont multiples et d'importance variable
correcte dans 93 % des cas pour le groupe « pro-
selon les modalités. Les différences interobserva-
gression de la maladie » et de 60 % des cas pour le
teurs sont notoires et imposent une standardisa-
groupe « stabilité de la maladie » [55]. Une baisse
tion des pratiques et le recours à des méthodes de
du SUV moyen a été observée en cours de traite-
segmentation non opérateur-dépendantes. La pré-
ment par chimiothérapie (SUV prétraitement :
sence d'une prolifération lymphoplasmocytaire et
3,15 ; SUV post-traitement [1er cycle] : 2,68 ; SUV
fibroblastique post-radiochimiothérapie peut
post-traitement [2e cycle] : 2,61). La TEP permet
constituer un frein à l'évaluation de la réponse. Le
un nouveau staging en comparant le pourcentage
problème réside dans l'appréciation de l'inflam-
de variation pré et post-traitement des SUV. Sa
mation et de la fibrose péritumorale avec un risque
performance diagnostique 6 semaines après
de surestimation des volumes tumoraux définitifs
chimioradiothérapie reste discutée [56]. Une
[61]. En TEP la contribution de la fixation macro-
étude à 12 semaines a mis en évidence une perfor-
phagique du FDG est également connue [62] et
mance globale à 85 % pour la réponse complète
ceci peut entraîner des discordances entre le
[57]. Certaines études récentes montrent en
volume tumoral histopathologique et le volume
revanche une relation entre réponse objective et
tumoral en TEP. La localisation tumorale est éga-
pronostic à long terme [58]. Plusieurs équipes ont
lement un facteur limitant en IRM en cas de
souligné l'intérêt de dépister les groupes de
tumeurs très bas situées à proximité du sphincter
patients bons répondeurs et par extension les
externe (absence de graisse du mésorectum) et de
patients en réponse complète avec pour objectif un
tumeurs antérieures. En TEP-FDG la fixation uri-
traitement « à la carte » en vue soit de conservation
naire au niveau de la vessie ou des uretères est un
sphinctérienne, soit de réduction de l'agressivité
handicap pour l'exploration du pelvis ou des aires
chirurgicale [59, 60]. Capirci et al. dans une étude
ganglionnaires, partiellement ou totalement cor-
prospective sur 48 patients bénéficiant d'un TEP
rigé par l'administration préalable de diurétiques.
avant et après irradiation, ont montré une relation
significative entre le différentiel de la SUVmax
(ΔSUVmax) et la réponse histologique tumorale
post-irradiation [59]. La sensibilité et la spécificité Stratégie de surveillance à long
de la TEP étaient respectivement de 80 et 79 % terme
pour déterminer la réponse au traitement néoadju-
vant. Cascini et al. ont montré chez 55 patients, Malgré les différents progrès de prise en charge,
traités pour cancer du rectum localement avancé, une la récidive locale survient encore chez 5 à 15 %
relation significative entre la diminution de la SUV, des patients après chirurgie. La surveillance
avant et après radiochimiothérapie, et le taux de repose en premier sur l'examen clinique et la rec-
réponses histologiques complètes ou partielles [60]. toscopie si celle-ci est possible. L'ACE est un
132 Imagerie post-thérapeutique en oncologie

marqueur utilisable, plutôt pour les métastases de la dose totale reçue, de son fractionnement et
hépatiques que pour la récidive locorégionale. de son étalement, et enfin du volume irradié. La
L'IRM est performante pour le diagnostic de réci- physiopathologie et la prise en charge des effets
dive locorégionale [63]. Cet examen reste difficile secondaires de la radiothérapie font distinguer les
car il faut pouvoir différencier les cicatrices ou les effets précoces (survenant pendant et au décours
collections postopératoires fréquentes des récidives immédiat de la radiothérapie) des effets tardifs qui
tissulaires tumorales. Il faut également rechercher peuvent être définitifs (séquelles). Dans le cadre
une atteinte du nerf sciatique ou une infiltration tis- de cette monographie, le rectum et l'anus sont les
sulaire sacrée qui sont des contre-indications pour principaux organes à risque. Nous n'aborderons
un nouveau geste chirurgical curatif. Des critères pas la tolérance des voies urinaires, du tube diges-
morphologiques existent pour caractériser une tif bas (côlon, sigmoïde, grêle) et des têtes fémo-
image comme une récidive : des limites spiculées, rales. Les réactions cutanées ont quasiment
des bords convexes ou une prise de contraste impor- disparu avec les rayons X de haute énergie, sauf
tante après injection de chélates de gadolinium. pour les plis et le périnée notamment chez les
patients obèses.
L'imagerie fonctionnelle a été étudiée également
dans cette situation. Les séquences de diffusion en La rectite aiguë peut survenir en cours de radio-
plus de séquences morphologiques classiques n'aug- thérapie et durer jusqu'à un mois après la fin de la
mentent pas la performance mais améliorent la spé- radiothérapie. Elle témoigne de l'inflammation
cificité et la concordance interobservateur [50]. réversible de la paroi intestinale. Cliniquement, la
rectite se manifeste par une diarrhée éventuelle-
La TEP permet de différencier, devant une masse
ment impérieuse, des ténesmes, des faux besoins,
pelvienne, une fibrose d'une récidive postopéra-
plus rarement des rectorragies. Une anite peut s'y
toire [8]. Une méta-analyse a évalué les perfor-
associer en cas d'irradiation du bas rectum.
mances de la TEP-FDG, de la TDM et de l'IRM
L'imagerie complémentaire est rarement néces-
dans le diagnostic de récidive des cancers colorec-
saire. Une endoscopie rectale retrouverait une
taux [64]. Dans l'analyse par patient, les sensibili-
inflammation, un œdème ou une ulcération dont
tés estimées de la TDM, de l'IRM et de la
le grade lésionnel n'est pas corrélé avec la sévérité
TEP-FDG ont été respectivement de, 64,7, 75,8
clinique. Les traitements symptomatiques sont
et 94,6 %. Dans l'analyse par patient, la TEP-FDG
habituellement suffisants. La véritable complica-
est significativement plus sensible que la TDM et
tion est l'interruption de la radiothérapie, notam-
l'IRM. Dans l'analyse par lésion, les sensibilités
ment chez des patients âgés ou peu motivés, avec
estimées de la TDM, de l'IRM et de la TEP-FDG
un risque très significatif de perte d'efficacité.
ont été respectivement de 63,8, 64,4 et 75,9 %. La
TEP-FDG est indiquée pour la localisation des La rectite chronique apparaît plusieurs mois après
récidives en cas d'élévation confirmée de l'ACE et la radiothérapie, mais persistera toute la vie du
de négativité du bilan par ailleurs. patient. La muqueuse s'atrophie et devient fragile,
facilement hémorragique, notamment en cas de
En ce qui concerne l'extension à distance, la TDM
traitement anticoagulant associé. Une endoscopie
thoraco-abdomino-pelvienne sera utilisée pour la
peut être nécessaire afin d'éliminer d'autres causes
surveillance des cancers métastatiques.
de rectorragies. Les complications sévères (hémor-
ragies justifiant des transfusions, ulcération, perfo-
ration) ne se rencontrent qu'à des doses totales ou
Évaluation de la toxicité par fractions plus élevées ou en cas d'erreur tech-
des traitements nique. L'irradiation du canal anal peut entraîner
une sténose cicatricielle. À titre d'exemple, les
La radiothérapie pelvienne et ses effets secondaires taux de toxicité de grade 3–4 (digestive, vésicale,
sont bien connus. Ceux-ci dépendent de la nature sous-cutanée, fistules, abcès, thromboses) étaient
des organes à risque inclus dans le volume traité, de 5 à 8 %, quel que soit le schéma d'irradiation.
Chapitre 6. Imagerie post-thérapeutique du cancer du rectum 133

Ce tableau relativement favorable pourrait chan- [6] Taylor FGM, Quirke P, Heald RJ, et al. on behalf of
ger avec les orientations des essais visant à aug- the MERCURY study group. One millimetre is the
safe cut-off for magnetic resonance imaging predic-
menter la dose totale jusqu'à 66 Gy. tion of surgical margin status in rectal cancer. Br J
Surg 2011 ; 98 : 872–9.
[7] MERCURY Study Group. Diagnostic accuracy of
Conclusion preoperative magnetic resonance imaging in predic-
ting curative resection of rectal cancer : prospective
L'imagerie des cancers du rectum localement évo- observational study. BMJ 2006 ; 333 : 779.
[8] Bourguet P, Planchamp F, Monteil J, Metges JP, Mitry
lués est en train de trouver sa place dans une per- E, Tubiana-Mathieu N. Recommendations for clinical
sonnalisation de la démarche thérapeutique, practice: use of TEP-FDG in cancer of the esophagus,
notamment dans sa composante chirurgicale. stomach, colon and rectum, anal canal, large intestine,
L'imagerie doit affiner le diagnostic d'extension pancreas and bile ducts, liver and endocrine tumors
tumorale et identifier les tumeurs sensibles au (digestive system). Bull Cancer 2007 ; 94 : 212–8.
[9] Tatlidil R, Jadvar H, Bading JR, et al. Incidental colo-
traite­ment initial. Les critères classiques morpholo- nic fluorodeoxyglucose uptake : correlation with
giques et volumétriques doivent être associés à une colonoscopic and histopathologic findings. Radiology
nouvelle approche plus fonctionnelle, susceptible 2002 ; 224 : 783–7.
de distinguer le tissu fibreux du tissu tumoral. [10] Even-Sapir E, Lerman H, Gutman M, et al. The pre-
sentation of malignant tumours and pre-malignant
Les défis à relever portent sur la spécificité du lesions incidentally found on PET-CT. Eur J Nucl
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Chapitre 7
Aspects post-thérapeutiques
des carcinomes hépatocellulaires

V. Laurent • F. Legou • M. Pernin • A. Oliver • F. Jausset • G. Oldrini • P. Olivier • D. Peiffert

Le carcinome hépatocellulaire (CHC) est le nombreux progrès ont été conduits notamment
6e cancer mondial en termes d'incidence, et le pour les traitements locaux — incluant notam-
3e en termes de décès. L'incidence du CHC dans ment radiofréquence, radiothérapie stéréotaxique
le monde est évaluée à environ 600 000 nouveaux conformationnelle — et les thérapeutiques par
cas par an et à 5 000 à 6 000 nouveaux cas par an voie artérielle (chimioembolisation artérielle, ou
en France. Les prévisions indiquent une progres- radioembolisation). Toutes ces techniques utili-
sion importante d'ici 2020 puisqu'elle serait mul- sées seules ou combinées rendent possible le
tipliée par 3, secondairement à une plus grande contrôle local du CHC.
fréquence des hépatites C et la croissance des Dans les situations de CHC avancés, une thérapie
NASH (stéatohépatites non alcooliques). ciblée administrée par voie systémique — le sora-
Durant les 20 dernières années, la transplantation fénib — permet d'augmenter la survie [4].
hépatique et l'hépatectomie partielle ont été les L'évaluation de la réponse de chaque traitement
seuls traitements curatifs [1]. est donc capitale pour analyser l'efficacité du
La transplantation hépatique [2] est considérée traitement choisi et en cas de réponse partielle
comme le seul traitement curatif pour les patients ou de non-réponse pouvoir envisager de nou-
porteurs d'un CHC sur cirrhose en raison du taux velles options thérapeutiques le plus précoce-
élevé de récidive sur un foie de cirrhose [3]. Mais ment possible.
cette possibilité est devenue plus limitée notam- La cirrhose étant une maladie diffuse, il faut égale­
ment du fait de la pénurie de greffons. La survie ment détecter au cours des traitements entrepris
globale à 5 ans des patients opérés d'un CHC est d'éventuels nouveaux CHC intra-hépatiques, ou
de 40 à 70 %. Cependant, seuls 10 à 30 % des une extension extrahépatique de la maladie — les
patients peuvent bénéficier d'un traitement lésions secondaires pulmonaires, péritonéales et
chirurgical au moment du diagnostic en raison du osseuses étant les sites métastatiques les plus fré-
stade trop avancé de la maladie locale, ou de la quemment retrouvés.
présence d'une atteinte extrahépatique, d'un
Scanner, échographie avec injection de produit de
bourgeon néoplasique vasculaire, ou d'une insuf-
contraste et IRM jouent un rôle fondamental
fisance hépatocellulaire majeure secondaire à la
pour l'évaluation de la réponse tumorale.
cirrhose sous-jacente. Dans le même temps, de

Imagerie post-thérapeutique en oncologie


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138 Imagerie post-thérapeutique en oncologie

Recommandations actuelles Ce lien entre fixation du traceur et agressivité


pour le suivi des patients tumorale a conduit à évaluer l'intérêt pronostique
de cette fixation chez des populations de patients
avec CHC traités par différentes modalités. Ceci a été montré
chez les patients ayant fait l'objet d'une transplan-
Il n'existe pas de données dans la littérature per- tation qui présentent dans l'étude de Kornberg
mettant de recommander une surveillance opti- et al. [8] un taux de rechute beaucoup plus impor-
male, notamment en ce qui concerne sa durée et tant en cas de positivité du TEP-FDG (54,3 % vs
son rythme. 3,6 % ; p <  0,001), le résultat de la TEP-FDG
étant, parmi les autres facteurs considérés dans
cette étude, le seul facteur prédictif indépendant ;
Modalités d'imagerie dans l'étude de Lee et al. [9], il est montré que
l'intensité de fixation du FDG est corrélée à la sur-
L'IRM est la modalité de choix pour la surveil- vie chez les patients traités par sorafénib, la SUVmax
lance post-thérapeutique du foie. Lorsqu'elle — avec une valeur seuil de 5 — ressortant comme
n'est pas disponible, un scanner hépatique peut un facteur pronostique indépendant, tant vis-à-vis
être réalisé. Il n'y a pas lieu de surveiller le pou- de la survie sans progression, que vis-à-vis de la
mon avec la radiographie pulmonaire : le scanner survie globale. On citera, concernant la radiothé-
thoracique est la modalité de choix. rapie externe, l'étude de Kim et al. [10] qui révèle
L'échographie avec injection de produit de un lien entre l'intensité de fixation du FDG et la
contraste peut s'avérer intéressante mais elle ne réponse au traitement, au profit des lésions les
permet pas une analyse exhaustive de l'ensemble plus fixantes (46 % vs 17 % ; p =  0,015) pour une
du parenchyme hépatique, limite majeure, compte valeur seuil de SUV = 2,5, sans corrélation en
tenu du fort taux de nouvelles lésions de CHC à revanche avec la survie (8 mois vs 5 mois ; p = 0,41) ;
chaque nouvelle évaluation. on citera également Song et al. [11] qui concluent
La place de la TEP-18FDG est actuellement plus sur 83 patients que la réponse à la chimioemboli-
controversée car les carcinomes hépatocellulaires sation intra-artérielle est meilleure pour les
ont pour particularité de présenter une affinité tumeurs avec une SUVmax < 1,9 que chez les autres
extrêmement variable vis-à-vis du FDG ; cette affi- (p =  0,02) avec une survie associée supérieure
nité est conditionnée par les déterminants habi- (38,2 mois vs 10,3 mois ; p <  0,01). Ces différents
tuels de la fixation du FDG à savoir la richesse éléments suggèrent qu'à terme, la TEP-FDG aura
variable en transporteurs membranaires du glu- une place dans la détermination de la stratégie
cose de type GLUT (Glucose Transporters) et l'ac- thérapeutique des carcinomes hépatocellulaires.
tivité des enzymes responsables tant de la L'intérêt essentiel de l'imagerie TEP-FDG en matière
phosphorylation du FDG en FDG-6-phophate de carcinome hépatocellulaire repose sur le fait que
(hexokinase) que de la déphosphorylation du l'intensité de fixation du FDG reflète le caractère plus
FDG-6-phosphate (glucose-6-phosphatase) ; ces ou moins agressif de la tumeur, la technique ayant de
éléments conditionnent in fine l'accumulation ce fait un intérêt pronostique et des implications
intracellulaire plus ou moins importante du FDG- potentielles en termes d'optimisation de la démarche
6-phophate [4] ; le rôle de l'expression de la gly- thérapeutique. Les contraintes liées à la technique, et
coprotéine P, qui tend à faire ressortir le FDG de notamment son coût, n'autorisent sa mise en œuvre
la cellule, a également été démontré [5]. pour les carcinomes hépatocellulaires que dans un
Globalement, la sensibilité de détection des CHC environnement pluridisciplinaire expert et son
par la TEP-FDG est très médiocre, de l'ordre de implémentation ne pourra pas se faire sans prise en
60 % [6], et il a été montré que l'intensité de fixa- compte de la dimension médicoéconomique.
tion du FDG est liée comme pour d'autres types Enfin, une démarche de standardisation tant sur le
tumoraux au grade de différenciation tumorale et plan de la réalisation des examens que sur celui de
donc à l'agressivité tumorale [7]. l'interprétation des données devra s'imposer.
Chapitre 7. Aspects post-thérapeutiques des carcinomes hépatocellulaires 139

Critères de réponse Mais cette évaluation par l'imagerie semble peu


corrélée aux données histologiques comme le
Initialement, l'évaluation de la réponse tumorale montre l'étude de El Gazzaz et al. [17]. Ces
aux traitements dans la majeure partie des essais auteurs ont évalué en imagerie la réponse des
cliniques en oncologie se faisait par rapport à la lésions après traitement et ont comparé ces don-
taille de la ou des lésions cibles, et par rapport au nées à l'histologie pour des patients ayant été
nombre de lésions. transplantés. Dans cette étude menée de 2002 à
En 1979, la WHO a publié des guidelines pour uni- 2011, 128 patients ont été inclus et traités par
formiser l'évaluation de la réponse thérapeutique. chimioembolisation pour 93 d'entre eux et par
En 2000, ont été publiées de nouvelles guidelines radiofréquence pour 20. La réponse radiologique
(critères RECIST) [12] pour l'évaluation de la après traitement était évaluée selon les critères
réponse thérapeutique cette fois-ci, à partir de RECIST 1.1 et selon les critères EASL. Ces don-
mesures unidimensionnelles. Ces derniers critères nées ont été comparées aux données histolo-
ont été remis à jour récemment et correspondent giques : nécrose complète (100 % de nécrose),
désormais aux critères RECIST 1.1 [13]. Ils ne sont nécrose partielle (de 50 à 99 % de nécrose), et peu
actuellement pas les plus optimaux car la taille n'est de nécrose (< 50 % de nécrose). Les auteurs ont
pas l'élément déterminant d'une réponse ou d'une montré que les données radiologiques n'étaient
non-réponse — ainsi l'augmentation de taille d'une pas corrélées aux données anatomopatholo-
lésion traitée par radiofréquence (RF) peut simple- giques, suggérant qu'il apparaissait impératif
ment refléter les marges d'ablation —, de même d'optimiser les critères de réponse fournis par
que l'apparition de plages de nécrose qui traduit une l'imagerie.
efficacité thérapeutique n'est pas prise en compte. C'est dans ce cadre que de nombreux progrès
L'European Association for the Study of the Liver ont été faits récemment — notamment en ima-
(EASL) a donc recommandé d'utiliser le pourcen- gerie fonctionnelle — qui pourraient permettre
tage de non-rehaussement d'une lésion sur les de détecter des modifications architecturales
scanners réalisés après injection, pour déterminer tumorales. L'imagerie de diffusion en IRM asso-
la réponse [14]. ciée à la réalisation de cartographie d'ADC
Plus récemment en 2010 [15], les critères de pourrait peut-être permettre de différencier les
jugement ont été modifiés pour le CHC cellules tumorales viables de la nécrose, les cel-
­(mRECIST) : c'est la partie de la tumeur prenant lules tumorales viables conservant leurs caracté-
le contraste à la phase artérielle — considérée ristiques de restriction des mouvements de
comme tumeur « viable » — qui doit être prise en molécules d'eau au contraire des tissus nécro-
compte. La réponse se donne comme suit : tiques [18].
• réponse complète en cas de disparition des L'imagerie de perfusion TDM ou IRM [19, 20]
lésions cibles ; semble également promise à un bel avenir dans
• réponse partielle en cas de diminution d'au cette indication mais actuellement les principes
moins 30 % de la somme des diamètres des des techniques d'acquisition et de post-traitement
tumeurs « viables » ; ne sont pas standardisés, limitant leur utilisation
• progression en cas d'apparition d'une nouvelle en pratique clinique quotidienne.
lésion « viable » ou d'augmentation d'au moins 20 % L'échographie avec injection de produit de
de la somme des diamètres des tumeurs « viables », contraste apparaît également comme une alter-
en prenant comme référence la plus petite somme native prometteuse, sa limite majeure étant nous
de ces diamètres depuis le début du traitement ; l'avons vu l'analyse non exhaustive du paren-
• stabilisation dans tous les autres cas. chyme hépatique. Dans cette indication, si cer-
L'ensemble des études s'accorde à conclure que tains auteurs trouvent un intérêt majeur [21] à la
les critères mRECIST semblent actuellement les ­réalisation de cette technique, ceci reste contro-
plus adaptés [16]. versé [22].
140 Imagerie post-thérapeutique en oncologie

Modalités de suivi Pour l'imagerie hépatique, on distingue deux


périodes successives :
Les modalités de suivi ont été mises à jour pour le • la surveillance post-thérapeutique précoce :
Thésaurus national de cancérologie digestive IRM hépatique à M1 puis IRM (ou à défaut
(TNCD) et sont disponibles sur le site www.tncd. TDM) hépatique – échographie du foie par un
org. opérateur entraîné en alternance tous les 3 mois
Elles sont différentes en fonction de la stratégie pendant 2 (à 3) ans. En l'absence de facteurs de
thérapeutique décidée et rediscutées à chaque risque (nombre de nodules >  3, nodule >  3 cm,
étape de la prise en charge en réunion de concer- si utilisation d'une technique monopolaire,
tation multidisciplinaire. proximité d'un vaisseau ≥ 4 mm), certains pré-
conisent cette surveillance pendant seulement
Après transplantation 1an ;
• puis la détection de nouveaux CHC, avec deux
Les modalités seront discutées avec le centre de
attitudes possibles :
transplantation. Il convient de surveiller les
– IRM (ou à défaut TDM) hépatique tous les
patients de manière étroite durant les 2 premières
6 mois à vie,
années, période durant laquelle le taux de récidive
– échographie hépatique tous les 6 mois à vie.
est le plus élevé. Les sites extra-hépatiques (en
particulier le poumon) sont les plus fréquemment
atteints lors d'une récidive. Les modalités de sur- Après chimioembolisation
veillance pourront être adaptées selon les risques Il convient de réaliser un contrôle 6 semaines
individuels de récidive (taille et nombre de après une séance avec une évaluation clinique et
tumeurs, envahissement vasculaire, différencia- biologique — incluant tests hépatiques, AFP — et
tion, taux d'alphafœtoprotéine [AFP]). une IRM hépatique (couplée au scanner sans
injection dans le cas d'une chimioembolisation
Après résection lipiodolée).
Il est proposé de réaliser un scanner thoracique Étant donné l'hétérogénéité des pratiques, les
tous les 6 mois pendant 2 ans. modalités de surveillance seront adaptées au cas
par cas et en fonction du rythme des sessions.
Pour l'imagerie hépatique, on distingue deux
périodes successives : En cas de traitement par sorafénib, la surveil-
• la surveillance post-thérapeutique précoce : IRM lance clinique et biologique (tests hépatiques et
(ou à défaut TDM) hépatique — échographie du AFP) est mensuelle.
foie par un opérateur entraîné en alternance tous Une imagerie est nécessaire tous les 2 à 3 mois soit
les 3 mois pendant 2 (à 3) ans. En l'absence de par scanner thoraco-abdomino-pelvien soit par le
facteurs de risque (nombre de nodules <  3, couple IRM hépatique et scanner thoracique.
taille <  5 cm, absence d'envahissement vascu-
laire, tumeur bien différenciée), certains préco-
nisent cette surveillance pendant seulement 1 an ; Imagerie après traitements
• puis la détection de nouveaux CHC, avec deux
options possibles :
à type de destruction tumorale
– IRM (ou à défaut TDM) hépatique tous les
6 mois à vie, Après radiofréquence
– échographie hépatique tous les 6 mois à vie. Rappel technique concernant
les radiofréquences, indications
Après destruction percutanée et résultats
Un scanner thoracique est effectué tous les 6 mois Il s'agit d'une technique de destruction tumorale
pendant 2 ans. guidée par une technique d'imagerie. Une aiguille
Chapitre 7. Aspects post-thérapeutiques des carcinomes hépatocellulaires 141

à électrode dédiée est placée dans la tumeur sous lorsque les patients sont dans les critères de Milan,
guidage échographique ou scanographique [23]. RF et résection donnent des résultats similaires.
Un courant de radiofréquence est appliqué, les
régions traversées par ce courant subissant une agita-
tion ionique qui induit par friction entre les particules Aspects normaux précoces
un échauffement tissulaire. Les cellules tumorales (délai <  2 mois)
exposées à une température supérieure à 60 °C subi-
Il est recommandé d'effectuer le premier contrôle
ront une dénaturation cellulaire irréversible.
1 mois après la procédure. Il existe en effet avant
La radiofréquence est aussi bien utilisée pour les ce délai des phénomènes périlésionnels avec pré-
tumeurs hépatiques primitives que secondaires. sence d'une prise de contraste périphérique qui
Elle peut être utilisée en percutané ou en peropé- peut être la conséquence d'une inflammation du
ratoire — par laparotomie ou laparoscopie. Elle parenchyme adjacent à la zone d'ablation et qu'il
peut constituer le traitement unique de la lésion ne faut pas confondre avec un résidu tumoral [26].
ou être combinée à d'autres traitements. Ce traite-
ment est réservé habituellement à des tumeurs de
moins de 5 cm, mais la plupart des équipes privilé- Scanner [27–31]
gient des tumeurs de taille inférieure à 3 cm, car le Avant injection, la zone d'ablation tumorale corres-
taux d'échec est plus élevé en cas de lésion supé- pond à la zone de nécrose de coagulation générée
rieure à 4 cm. La localisation idéale est à distance par la RF. Cette zone a une taille supérieure à la
de la capsule, de la convergence biliaire et des gros lésion initiale avec des marges circonférentielles de
vaisseaux. taille supérieure, de l'ordre de 5 à 10 mm supplé-
Les résultats obtenus avec cette technique sont mentaires par rapport à la tumeur. Cette marge est
excellents puisque dans l'étude de Lai et al. [24], la équivalente aux marges de résection chirurgicale.
survie globale des patients traités par radiofré- La lésion est hypodense, majoritairement homo-
quence était similaire à celle des patients ayant gène (72 % des cas) (fig. 7.1), avec parfois quelques
bénéficié d'une résection chirurgicale (patients plages hyperdenses spontanément qui corres-
porteurs de 3 nodules de moins de 3 cm). Tohme pondent à de la nécrose de coagulation et à des
et al. [25] ont confirmé ces données avec des taux débris sanguins. La forme de la lésion traitée peut
de survie globale et de survie sans progression équi- être variable, elle peut être ronde, ovale ou
valente dans les deux groupes. Il semble donc que oblongue, en fonction du type et du nombre

Fig. 7.1. Aspect normal en scanner après radiofréquence.


A. Scanner après injection : hypodensité de la lésion. B. Scanner après injection : pas de prise de contraste, lésion homogène
de forme ovale.
142 Imagerie post-thérapeutique en oncologie

d'électrodes utilisées. Après injection, en cas de traitement complet et efficace, mais il peut persister
traitement complet de la lésion, il n'existe plus dans certains cas une prise de contraste fine, péri-
aucune prise de contraste. La zone d'ablation phérique sans lavage de cette zone, dont la caracté-
apparaît bien limitée. Il peut parfois exister (dans risation apparaît limitée sur ce contrôle précoce.
45 %) des cas une prise de contraste périphérique, En cas de doute, l'analyse est optimisée par la réa-
liée à des phénomènes inflammatoires secondaires lisation d'une soustraction de l'acquisition obte-
à la blessure thermique. Lorsque cette prise de nue à la phase artérielle à celle obtenue sans
contraste périphérique existe, elle ne présente injection. L'aspect de la lésion après injection doit
jamais de lavage à la phase portale ou tardive. être systématiquement analysé avec l'aspect en
pondération T1 avant injection, afin d'éviter des
IRM erreurs grossières, c'est-à-dire considérer qu'il
En IRM [28, 31], avant injection, sur les séquences existe une prise de contraste à la phase artérielle
pondérées T2 (Fast Spin Echo T2), la lésion se pré-
sente en hyposignal T2 cernée par un fin liséré en
hypersignal (fig. 7.2). Lorsqu'elle se présente en
hypersignal T2 franc, cela correspond une liqué-
faction ou la formation d'un bilome.
Sur les séquences pondérées T1 (de type écho de
gradient), la lésion est en hypersignal T1 avec et
sans saturation de graisse (fig. 7.2), sans modifica-
tion sur les séquences In Phase/Out of Phase. Ces
aspects peuvent persister relativement longtemps
au cours du temps et évoluent de façon variable, en
ayant tendance à devenir beaucoup plus homo-
gènes associés à une réduction de taille de la zone
d'ablation tumorale. Après injection (fig. 7.3), la Fig. 7.3. Aspect normal en IRM après injection.
lésion ne présente pas de rehaussement en cas de Pas de rehaussement de la lésion, contours réguliers.

Fig. 7.2. Aspect normal en IRM après radiofréquence.


A. Séquence pondérée T2 (FSE [Fast Spin Echo] T2) : nodule hypointense cerné par un fin liseré en hypersignal (flèche).
B. Séquence pondérée T1 (écho de gradient, sans injection) : hyperintensité spontanée de la lésion traitée (flèche).
Chapitre 7. Aspects post-thérapeutiques des carcinomes hépatocellulaires 143

alors qu'il ne s'agit que de l'hypersignal T1 spon- Évolution au cours du temps


tané lié à la nécrose de coagulation. La lésion voit sa taille diminuer, la nécrose de coa-
Il est possible d'observer parfois la présence de gulation est remplacée par du tissu fibreux et la
petites bulles de gaz au sein de la zone traitée, prise de contraste fine périphérique tend à dispa-
mais cela ne doit pas être confondu avec une raître. Une rétraction capsulaire peut être obser-
surinfection ni un abcès. Le diagnostic d'abcès ne vée au cours du temps si la lésion était de
peut être porté que si l'on note une majoration de topographie sous-capsulaire initialement.
ce gaz associée à des signes cliniques évocateurs.
Il peut exister une dilatation transitoire des VBIH Aspects des résidus tumoraux
(voies biliaires intra-hépatiques) au contact de la Un résidu correspond à la persistance d'une partie
zone traitée qui peut diminuer lorsque celle-ci va (résidu partiel) ou de la totalité (résidu complet) de
régresser et lorsque tous les phénomènes inflam- la lésion sur le premier examen de réévaluation. Les
matoires périlésionnels auront disparu également. résidus se manifestent par la persistance d'une prise
Si la dilatation persiste ou se majore au cours du de contraste artérielle avec lavage de cette zone sur
temps, cela signe une atteinte irréversible secon- les acquisitions au temps portal ou post-équilibre
daire à la procédure. tardif. Ces résidus peuvent se manifester sous forme
Il peut être également observé un œdème limité d'un nodule (la forme la plus fréquente), d'un
de la paroi vésiculaire ou même parfois une hémo- croissant ou d'un halo (lésion linéaire engainant au
bilie. Ces anomalies se résolvent spontanément au moins 50 % de la circonférence de la zone traitée).
cours du temps. Leur topographie est habituellement en périphérie
On peut observer également une hyperartérialisa- de la lésion traitée. De façon beaucoup plus excep-
tion du parenchyme adjacent à la lésion traitée, ces tionnelle, ils peuvent être centraux.
anomalies étant secondaires à une atteinte d'un En scanner et en IRM, la sémiologie est identique,
vaisseau porte au cours de la procédure avec pour on observe une prise de contraste nodulaire à la
conséquence une compensation artérielle de ce phase artérielle avec lavage à la phase portale, le
territoire. Ces anomalies peuvent aussi corres- comportement de ce résidu étant strictement super-
pondre à la formation d'un shunt artérioportal et posable à celui de la lésion initiale (fig. 7.4 à 7.6).
elles ne doivent surtout pas être confondues avec Parfois le résidu tumoral peut se manifester par
un rehaussement d'origine tumoral. Ces anoma- une perte de l'interface régulière entre zone de
lies régressent généralement en 4 à 6 mois. traitement et parenchyme adjacent.
On peut également observer des modifications En cas de difficulté technique lors de la séance de
des tissus traversés par les électrodes, infiltration traitement (lésion peu ou pas visualisée par la
de la graisse, hématome des tissus mous, etc. technique d'imagerie utilisée, accessibilité limitée
Délai de réalisation de contrôles en raison de sa topographie), le résidu peut être
complet et correspond alors à l'intégralité de la
Le premier contrôle après le traitement par RF doit
tumeur.
être réalisé à 2 mois. Il n'y a pas de consensus sur
l'examen à réaliser, le scanner étant souvent privilé- Aspects des récidives
gié en raison de sa plus grande accessibilité. L'IRM
offre une meilleure sensibilité pour la détection de La récidive locale correspond à l'apparition d'une
ces résidus, de 89 % par rapport à 44 % pour le lésion dans ou au contact de la zone d'ablation,
scanner, il semble opportun de privilégier cette alors que la lésion initiale était considérée comme
technique si elle est accessible aisément [28]. La traitée. Il existe donc un intervalle de temps entre
comparaison avec l'examen initial avant traitement la réalisation du traitement par RF et l'apparition
est indispensable pur l'évaluation d'un résidu. En d'une lésion suspecte de récidive et ayant au moins
cas de doute, on peut proposer une surveillance un examen d'imagerie la considérant comme
plus rapprochée. complètement traitée.
144 Imagerie post-thérapeutique en oncologie

A B

Fig. 7.4. Résidu partiel : scanner et IRM.


A. Scanner : CHC du foie droit. B. IRM, contrôle à un mois :
persistance prise de contraste nodulaire à la phase artérielle
(flèche). C. IRM, phase portale : lavage de cette plage nodu-
C laire hypervasculaire correspondant à un résidu partiel.

Fig. 7.5. Résidu complet : IRM.


A. IRM, phase artérielle : nodule centimétrique hypervasculaire du foie gauche (flèche). B. IRM : phase portale : lavage de la zone
centrale : le nodule hypervasculaire présente toutes les caractéristiques d'un CHC selon les critères de Barcelone (BCLC :
Barcelona Clinic Liver Cancer group).
Chapitre 7. Aspects post-thérapeutiques des carcinomes hépatocellulaires 145

Fig. 7.6. Résidu complet : aspect IRM post-RF.


Scanner réalisé 1 mois après la procédure, phase artérielle : aspect superposable de la lésion après traitement, (flèche), la zone
d'ablation tumorale est juxta-lésionnelle (flèche en pointillés).

Fig. 7.7. Récidive 22 mois après la procédure.


A. IRM, séquence pondérée T2 : apparition d'un nodule à la face postérieure de la zone traitée. B. IRM, phase artérielle : hyper-
vascularisation de ce nodule. C. IRM, phase portale : lavage de ce nodule à la phase portale ce qui correspond à du tissu tumoral
et signe une récidive.

Pour certains auteurs, le terme de récidive est ina- Imagerie des récidives
dapté car il ne s'agit pas pour la plupart du temps La récidive présente en imagerie en coupes après
d'une réelle récidive mais probablement d'une injection de produit de contraste la même sémiolo-
tumeur initiale incomplètement traitée, non visua- gie que la tumeur initiale, c'est-à-dire prise de
lisée sur les premiers contrôles en imagerie, qui contraste à la phase artérielle et lavage à la phase
progresse. Ces auteurs recommandent donc d'uti- portale (fig. 7.7). Ces récidives peuvent se présen-
liser le terme progression locale de la tumeur. Il ter sous forme nodulaire, ou sous forme en crois-
est ainsi impossible de déterminer dans un certain sant et se situent en périphérie de la lésion traitée.
nombre de cas s'il s'agit d'une véritable lésion
Dans l'étude de Chopra et al. portant sur 35 lésions
incomplètement traitée qui grandit, ou d'une
de CHC [32], l'aspect scanographique de 12 réci-
nouvelle lésion (lésion de CHC fille ou satellite)
dives — prouvées par biopsie — a été étudié : 67 %
qui se greffe sur le site de radiofréquence.
146 Imagerie post-thérapeutique en oncologie

apparaissaient sous forme d'un nodule, 25 % sous la Les facteurs de risque de récidive locale sont mul-
forme d'un halo et aucune sous la forme d'un élar- tiples : la taille de la lésion notamment en cas
gissement de la taille lésionnelle. Kei et al. [33] ont supériorité à 3 cm. Kim et al. [36] ont objectivé ce
étudié 62 patients porteurs de 65 lésions de CHC facteur de risque comme primordial. De plus, le
ayant présenté une récidive locale. Ils ont classé ces délai de survenue de la récidive est significative-
récidives en extrazonales (lorsqu'elles se déve- ment plus élevé pour les lésions de moins de 3 cm.
loppent sur le versant externe de la zone d'ablation) Plusieurs études [34, 37–39] ont démontré que la
ou intrazonales (la lésion se développe dans la zone taille de la lésion initiale constituait le seul facteur
de traitement). Ils ont ensuite étudié l'aspect mor- de risque indépendant de récidive locale. Ceci
phologique de ces récidives : nodule, croissant, s'explique par les difficultés techniques à traiter de
halo pour les lésions extrazonales (86,2 %) et elles grandes zones, la réalisation de plusieurs sphères
se présentaient sous la forme d'un nodule dans d'ablation devient alors nécessaire pour traiter
96 % des cas, et sous la forme d'un croissant dans complètement ces lésions afin de ne pas laisser de
3 % des cas. La forme en halo et l'augmentation de tumeur résiduelle susceptible d'évoluer. Certains
taille de la zone traitée n'ont pas été retrouvées. auteurs [37] fixent donc la taille limite tumorale à
3 cm pour permettre un traitement optimal.
Facteurs de risque de résidu et de récidive Le respect des marges d'ablation constitue un élé-
Il existe plusieurs facteurs de risque susceptibles ment important dans le risque de survenue d'une
d'influencer la survenue d'une récidive locale, fac- récidive. La taille de la zone traitée doit être plus
teurs liés aux caractéristiques de la lésion (taille, importante que la lésion avec des marges d'au
topographie au contact du dôme, capsule, vais- moins 5 mm. Dans l'étude de Kei et al. [33], la
seau), au terrain (dysmorphie hépatique sous- concordance entre le site de récidive et le site de
jacente) à la technique de RF utilisée (modalité marge était de 83,3 %. Ce taux de concordance
d'examen, taille de l'aiguille) et aux résultats de la élevé suggère que l'obtention de marges suffi-
RF (existence ou non d'un anneau de rehausse- santes est importante pour minimiser le risque de
ment périphérique, respect des marges de traite- récidive locale et qu'il est essentiel de surveiller
ment). Dans l'étude d'Ayav et al. [34], portant sur attentivement ces marges lorsqu'elles ont été
les métastases hépatiques et les CHC, quatre insuffisantes pour des raisons techniques.
­facteurs de risque de reliquat ont été objectivés en La proximité de la lésion avec une structure vascu-
analyse univariée : le sexe du patient (risque plus laire constitue également un facteur de risque,
élevé chez les hommes), la taille de la lésion mais ce point reste controversé dans la littérature.
(> 30 mm), le type de lésion (récidive plus fré- En effet le flux sanguin entraînerait une dissipa-
quente pour les CHC que pour les métastases) et la tion de la chaleur et donc une diminution de l'ef-
modalité technique (la récidive étant plus fréquente fet thermique de la RF en empêchant une bonne
pour les patients ayant bénéficié d'une RF par voie montée en température au sein de la lésion avec
transpariétale). En analyse multivariée, seule la taille un risque majoré de marges d'ablation insuffi-
et la technique étaient des facteurs de risque indé- santes, et donc la persistance de cellules tumo-
pendants. Dans l'étude de Paulet et al. [35], les rales. Certains auteurs montrent que ce contact
auteurs ont mis en évidence un taux de reliquat vasculaire joue un rôle significatif sur la survenue
tumoral de 13,7 % (20 lésions/146), le CHC d'une récidive locale [36, 40], mais non reconnu
représentant 68 % de ces résidus. Cette étude sug- comme tel dans d'autres études [37, 38]. Ces der-
gère également que les lésions hyperéchogènes, nières études avancent une autre hypothèse : le
hétérogènes en scanner ou hyperintenses en IRM tissu cirrhotique autour de la tumeur se compor-
sur les séquences pondérées T2 sont à plus fort terait comme un isolant thermique et favoriserait
risque de reliquat tumoral. La présence d'un la montée en température au sein de la lésion,
anneau périphérique post-thérapeutique en IRM empêchant ainsi la transmission de la chaleur au
constitue également un facteur de risque de surve- tissu adjacent. Dans leur étude, Kei et al. [33] se
nue d'un reliquat. sont intéressés à la concordance entre le site de
Chapitre 7. Aspects post-thérapeutiques des carcinomes hépatocellulaires 147

récidive tumorale et le site de la zone d'ablation tème de contention, les 150 à 200 faisceaux non
situé au plus près d'un vaisseau. La concordance coplanaires. Ainsi la dose aux tissus sains avoisi-
entre ces deux sites était de 57,9 % alors que dans nant la zone à traiter et les marges prenant en
41,2 % des cas, le site de récidive lésionnelle ne compte les mouvements du foie liés à la respira-
correspondait pas à la partie de la zone traitée tion sont réduites. Il devient possible de délivrer
contiguë au vaisseau. Dans cette étude les auteurs une dose tumoricide élevée sans risque majeur de
ont conclu que la récidive n'était pas attribuable à toxicité et la radiothérapie stéréotaxique utilisée
la proximité vasculaire. depuis des années pour des tumeurs intracéré-
La proximité de la lésion avec le dôme ou la cap- brales peut être envisagée pour des lésions extracé-
sule constitue également un sujet controversé rébrales.
dans la littérature. Si certains auteurs ont montré Il s'agit d'une radiothérapie hypofractionnée
que cette proximité est un facteur de risque indé- employant de nombreux faisceaux convergents de
pendant de récidive tumorale, d'autres ont mon- petites dimensions afin d'irradier de manière très
tré l'inverse, c'est-à-dire que la récidive n'était sélective un volume cible de très petite taille avec
pas significativement plus élevée pour les lésions une précision millimétrique. Ce système permet
situées près de la capsule ou du dôme que pour donc d'administrer une forte dose dans un petit
les lésions situées à distance de ces structures. Kei volume en épargnant au maximum les tissus adja-
et al. [33] ont montré que 41,7 % des progres- cents. La particularité est de faire un tracking en
sions tumorales se développant sur des CHC direct, c'est-à-dire que deux tubes à rayons X per-
sous-capsulaires n'étaient pas corrélées à la zone mettent de réaliser des clichés orthogonaux pour
sous-capsulaire de la zone d'ablation mais se le contrôle du positionnement du patient avant
développaient sur le versant central hépatique. chaque tir de faisceau (adaptation en temps réel au
Paulet et al. [35] ont mis en évidence que la pré- rythme respiratoire du patient).
sence d'un rehaussement périphérique autour de
la zone d'ablation sur le premier contrôle en Indications
IRM effectué 6 semaines après la procédure L'irradiation est proposée comme traitement cura-
constituait un facteur de risque de récidive locale. tif local par ablation non invasive pour les CHC
Cette progression locale a été vue chez 34,5 % localisés prouvés histologiquement ou présentant
des patients porteurs de ce rehaussement péri- les critères radiologiques de Barcelone avec 1 à
phérique alors qu'il n'est survenu que chez 5 % 3 lésions(s) de moins de 6 cm de grand axe.
des patients ne présentant pas ce rehaussement
Elle concerne des patients en bon état général
périphérique.
(statut OMS 0 à 2) sans limite d'âge, pouvant pré-
Là encore, l'analyse comparative de l'imagerie ini- senter une cirrhose de stade de Child-Pugh A6 ou
tiale et post-thérapeutique est capitale. B7 au plus. L'existence d'une cirrhose classée C
est une contre-indication quasi absolue.
Aspects des CHC après Les indications sont proposées en réunion de
radiothérapie stéréotaxique (RTS) concertation pluridisciplinaire, après discussion
de transplantation hépatique ou de résection
Rappel technique, indications, résultats chirurgicale.
Le système de radiothérapie stéréotaxique (notam- La radiothérapie stéréotaxique peut alors être pro-
ment Cyberknife) utilise la robotique pour traiter posée en alternative à l'ablation par radiofré-
par irradiation stéréotaxique des tumeurs intra ou quence des tumeurs accessibles. Elle constitue une
extracérébrales. Ses innovations techniques sont indication de recours sans contre-indication pour
déterminantes dans la prise en charge des lésions les lésions périphériques proches de la capsule ou
hépatiques : la précision millimétrique des fais- du diaphragme, et les lésions proches des vais-
ceaux, le suivi en temps réel des mouvements des seaux. L'existence d'une ascite n'est pas une
organes sans asservissement respiratoire ni sys- contre-indication absolue.
148 Imagerie post-thérapeutique en oncologie

Procédure de réalisation Pour Fuss et al. [46], une dose supérieure à 30 Gy


La pose de grains fiduciels radio-opaques dans le permet d'espérer des taux de réponses supérieurs à
parenchyme sain en périphérie de la lésion est 75 % à 12 mois. La dose de 45 Gy en 3 fractions a
nécessaire au repérage et au suivi lésionnel pen- démontré sa bonne tolérance et son efficacité.
dant le traitement. Elle est effectuée par ponction Plusieurs séries de la littérature [44, 45, 47] ont étudié
transhépatique radioguidée. Un scanner de simu- des patients traités pour CHC (et métastases hépa-
lation, avec injection de produit de contraste aux tiques) par RTS avec appareils non dédiés (SBRT
temps précoce et tardif, en coupes millimétriques, [Stereotactic Body Radiation Therapy] non dédié), avec
est réalisé 8 jours plus tard, en position de traite- une dose totale variant entre 24 et 54 Gy et retrouvent
ment et les images sont transférées sur un logiciel des taux de contrôle local satisfaisants entre 65 et 92 %
de contourage. à 1 an, sans toxicité de grade supérieur à 3. Il faut noter
Les volumes cibles contourés sont les suivants : la potentielle sensibilité du tube digestif avec dans la
• le GTV qui correspond à la tumeur macrosco- série de Kang et al. une toxicité spécifique. La présence
pique (aide au contourage possible avec l'IRM d'anses digestives grêles ou du duodénum ou de l'esto-
préthérapeutique) ; mac représente une limite à la technique et doit faire
• le CTV qui correspond au GTV plus une marge modifier les protocoles de traitement en réduisant les
de sécurité pour l'extension probable infracli- doses ou en augmentant le fractionnement.
nique de 5 mm ; Le problème sous-jacent reste celui de la maladie
• le PTV qui prend en compte les incertitudes de hépatique cirrhotique et de son pronostic. La
2 mm. radiothérapie stéréotaxique est un traitement local,
Les organes à risque individualisés sont le foie, et n'empêche pas les récidives hors champ. Il est
l'estomac, le duodénum, les reins, la moelle épi- cependant possible de proposer un deuxième traite­
nière et les poumons. La dose prescrite au PTV est ment par radiothérapie stéréotaxique du fait de la
de 45 Gy sur l'isodose 80 %, en 3 fractions de faible toxicité, et du faible volume hépatique irra-
15 Gy. Les contraintes de doses à respecter pour dié. Le traitement local des CHC par radiothérapie
les organes à risque sont définies. stéréotaxique a sa place dans la stratégie thérapeu-
tique. La radiothérapie stéréotaxique peut égale-
Résultats ment être proposée après TACE (Transarterial
Des publications rapportant les premiers résultats Chemoembolization) incomplète, comme le
de la radiothérapie conformationnelle des CHC montrent les études de Choi et al. [48] et Kang
indiquent des taux de réponses de 60 à 90 % [41] et al. [49]. Dans cette dernière, 47 patients traités
inconnus jusqu'alors. Dans une étude de phase I/ par radiothérapie stéréotaxique après TACE incom-
II, Herfarth et al. [42] ont traité 37 patients avec plète ont atteint un taux de contrôle local à 2 ans de
60 lésions hépatiques inopérables (4 tumeurs pri- 94,6 %, et une survie globale de 68,7 %. O'Connor
mitives et 56 métastases). Une seule fraction était et al. [50] ont traité 10 patients par radiothérapie
délivrée par radiothérapie en conditions stéréo- stéréotaxique par Cyberknife dans l'attente d'une
taxiques, avec escalade de doses allant de 14 à transplantation hépatique (TH), et obtenu à 5 ans
26 Gy. Aucune toxicité de grade 3–4 n'a été rap- une survie globale et sans progression de 100 %.
portée. Le taux de contrôle (non-progression) à L'expérience française repose sur les équipes de Lille
18 mois était de 68 % [42, 43]. et Nancy, avec des résultats préliminaires encoura-
Les quelques études publiées délivrant le traite- geants et une évaluation objective dans un essai thé-
ment en 2 à 3 fractions [44, 45] rapportent des rapeutique de phase II en voie de finalisation [51].
taux de contrôle local de plus de 90 % à 12 mois. La radiothérapie stéréotaxique peut être utilisée
Les équipes ayant traité en 1 fraction se sont limi- lors du traitement initial des CHC en cas de
tées à des lésions de petite taille. Les équipes ayant contre-indication chirurgicale et en alternative ou
irradié des lésions plus volumineuses, supérieures à recours des autres traitements ablatifs. Elle n'obère
3 cm, ont privilégié un fractionnement de la dose. en rien la possibilité de recourir ensuite à une
Chapitre 7. Aspects post-thérapeutiques des carcinomes hépatocellulaires 149

transplantation hépatique et peut donc être utili- cret hypersignal sur les séquences pondérées T2
sée dans une stratégie d'attente « bridge ». et en hypersignal sur les séquences pondérées en
Pour les tumeurs évoluées, elle peut être utilisée en diffusion (fig. 7.9). Après injection on note une
traitement des récidives locales ou intra-hépatiques prise de contraste précoce de ces phénomènes
après chirurgie, radiofréquence, chimioembolisa- périlésionnels et cette prise de contraste persiste
tion ou d'une première irradiation. sur les acquisitions à la phase portale, mais dis-
paraît fréquemment sur les acquisitions les plus
Imagerie [52] tardives. Cette prise de contraste autour de la
Compte tenu de l'application récente de cette tech- lésion initiale est très étendue bien au-delà du
nique qui est de plus peu répandue, on ne dispose PTV et peut mesurer jusqu'à 4 cm. Ses bords
que d'un faible nombre de données dans la littéra- sont nets et rectilignes et ne présentent pas de
ture. Les aspects en imagerie sont tirés de notre expé- lavage portal. La lésion située au centre de ces
rience locale avec inclusion à ce jour d'une soixantaine phénomènes inflammatoires reste en hyposignal
de patients porteurs d'un ou plusieurs CHC (maxi- sur les acquisitions après injection (fig. 7.9) ;
mum 3 nodules de CHC) de moins de 3 cm. • à la phase plus tardive (> 12 mois), il est
En scanner, l'analyse des aspects post-thérapeutiques observé une régression en taille de la lésion et
est très délicate en raison de la pose de fiduciaires une régression de l'importance des phéno-
qui génèrent des artefacts de durcissement de fais- mènes inflammatoires périlésionnels. Celle-ci
ceau (fig. 7.8). L'analyse de la réponse apparaît persiste longtemps mais devient moins
donc plus aisée en IRM. intense et moins étendue. Une rétraction
capsulaire peut également être constatée si la
On distingue deux phases : lésion initiale était de topographie sous-cap-
• à la phase précoce, c'est-à-dire moins de 3 mois sulaire (fig. 7.10 et 7.11).
après la réalisation de la procédure, on observe
une régression en taille de la lésion et parfois Les données dans la littérature sont peu impor-
une régression de l'aspect en hypersignal diffu- tantes et les critères d'évaluation de la réponse
sion de la lésion traitée (mais ce signe est incons- tumorale difficiles à établir. La récidive est possible
tant). Il est noté très fréquemment l'apparition et se manifeste par l'apparition de marges
de phénomènes inflammatoires majeurs en péri- irrégulières avec prise de contraste en phase
­
phérie de la lésion traitée se manifestant en dis- ­artérielle et lavage de cette zone (fig. 7.12 à 7.14).

Fig. 7.8. CHC sous-capsulaire avant traitement par RTS.


A. Scanner, phase artérielle : nodule hypervasculaire = CHC. B. Pose de grains d'or (fiduciaires) avant la procédure générant
des artefacts de durcissement de faisceau.
150 Imagerie post-thérapeutique en oncologie

Fig. 7.9. CHC traité par RTS, un mois après la procédure.


A. IRM, phase artérielle : prise de contraste intense majeure en périphérie de la lésion qui elle-même ne présente aucun rehaus-
sement à cette phase précoce. B. IRM, phase portale : homogénéisation de cette prise de contraste, la lésion au centre ne prend
pas le contraste et reste en hyposignal.

Fig. 7.10. Évolution d'un CHC traité par radiothérapie stéréotaxique.


A. CHC avant traitement. B. Contrôle à 6 mois : nette régression en taille de la taille, phénomènes périlésionnels majeurs en péri-
phérie. C. Contrôle à un an : persistance de cette prise de contraste et majoration de la rétraction capsulaire.

Fig. 7.11. IRM après radiothérapie stéréotaxique, avec régression de la portion de tissu viable au cours du temps.
A. Lésion avant traitement. B. Contrôle à 2 mois : persistance d'une prise de contraste à la phase artérielle et régression par
rapport à la lésion initiale. C. 4 mois plus tard, disparition quasi complète de la prise de contraste résiduelle constatée sur le pré-
cédent examen.
Chapitre 7. Aspects post-thérapeutiques des carcinomes hépatocellulaires 151

Fig. 7.12. CHC avant radiothérapie stéréotaxique.


IRM : volumineux CHC du dôme se manifestant en discret hypersignal T2 et avec une prie de contraste à la phase artérielle.

Fig. 7.13. Même patient que fig. 7.12, 4 mois après radiothérapie stéréotaxique.
Présence de phénomènes inflammatoires périlésionnels, la lésion principale ne prend plus le contraste.

Fig. 7.14. Même patient que fig. 7.12, 12 mois après radiothérapie stéréotaxique.
Apparition de contours irréguliers avec prise de contraste nodulaire à la face postérieure de la zone traitée : récidive.
152 Imagerie post-thérapeutique en oncologie

Imagerie après traitements drugs eluting beads a permis une meilleure activité
palliatifs de la doxorubicine ou du cisplatine comparative-
ment aux émulsions composées d'une drogue et
de l'huile iodée (Lipiodol) [56]. Les candidats
Traitements palliatifs idéaux traités par chimioembolisation sont les
locorégionaux patients dont la fonction hépatique est conservée
Chimioembolisation (Child-Pugh A), sans extension extra-hépatique
ou envahissement vasculaire. Ces patients traités
Rappel technique, indications, ont une survie supérieure à 2,7 ans, versus 1,9 an
et résultats obtenus sans traitement (p =  0, 0001). Les complications
La chimioembolisation est le premier traitement et décès sont significativement plus importants si
palliatif endovasculaire du CHC développé. Selon les patients ont une fonction hépatique dégradée
les recommandations, il s'agit de la première ligne ou une extension vasculaire tumorale [57].
thérapeutique des CHC larges ou multifocaux, ou La principale limite de la chimioembolisation est
de stade BCLC B. Il consiste à administrer par l'absence de protocole standardisé quant à la
voie intra-artérielle sous fluoroscopie un agent nature, la dose des drogues, le rythme et la sélec-
chimiothérapique. Il existe deux vecteurs permet- tivité de l'administration [57]. Il est cependant
tant l'administration de la chimiothérapie : soit le convenu qu'en cas de réponse partielle, il existe un
Lipiodol soit les billes chargées drugs eluting beads bénéfice à proposer de nouvelles séances de
DC Bead. chimioembolisation [58].
Le Lipiodol est un agent huileux qui présente une Lors d'étude de transplants traités par chimioem-
forte sélectivité vasculaire secondaire aux grandes bolisation, seulement 16 % des patients traités par
forces tensioactives de surfaces et donc une nette chimioembolisation conventionnelle [59] et 50 %
accumulation dans les CHC [53]. Miyayama et al. de ceux traités par chimioembolisation avec drugs
[54] ont démontré que ce passage portal réduisait eluting beads présentaient une nécrose complète,
le risque de récidive. Les deuxièmes vecteurs sont alors que l'imagerie observe respectivement 0
des particules d'embolisation calibrées permettant [60] et 30 % de réponse complète.
un relargage progressif de la drogue, un passage Il n'existe pas de différence significative entre la
systémique moindre, et une meilleure standardisa- chimioembolisation ou le sorafénib, excepté pour
tion des protocoles. Les drogues utilisées initiale- les patients BCLC C [60]. La survie globale est
ment étaient la doxorubicine (30 mg) ou le cisplatine meilleure lorsque l'injection est très sélective et
(100 mg). séquentielle [61].
Le mode d'administration dépend de la tolérance
et de l'efficacité de la première cure. Les indica- Imagerie
tions de la chimioembolisation sont un score de Le rythme de surveillance post-chimioembolisa-
Child-Pugh inférieur à B8, un état général tion par scanner ou IRM est tous les 3 mois.
conservé (OMS 0 voire 1), l'absence de localisa- L'aspect du Lipiodol est hyperdense sans injection.
tion secondaire métastatique. Le pourcentage de fixation est évalué lors de
Les contre-indications sont l'insuffisance rénale chaque contrôle. L'interprétation de la prise de
sévère (clairance de la créatinine <  30 mL/min), contraste en scanner est délicate en raison de l'hy-
une thrombose portale, une anastomose bilio- perdensité spontanée du Lipiodol (fig. 7.15), de la
digestive et la présence d'un TIPS (Transjugular diminution de l'apport sanguin soit par embolisa-
Intrahepatic Portosystemic Shunt). tion via les macromolécules, soit par la portion
La chimioembolisation permet une augmentation nécrotique [62]. La portion tumorale rehaussée
de la survie selon un fort niveau de preuve (confir- correspond à la portion du résidu tumoral [63].
mée par deux essais randomisés et deux méta- En IRM, le Lipiodol a peu d'effet sur l'intensité du
analyses [55]). Le développement récent des signal [58]. Une analyse anatomopathologique de
Chapitre 7. Aspects post-thérapeutiques des carcinomes hépatocellulaires 153

Cette fixation lipiodolée peut intéresser, dans le


meilleur des cas, l'ensemble de la lésion ou seule-
ment une partie mais parfois aucune fixation lipio-
dolée n'est constatée (fig. 7.16 et 7.17).
Après injection, en cas de fixation lipiodolée totale
de la lésion, on n'observe aucune prise de contraste
à la phase artérielle. Il est plus aisé de distinguer
une éventuelle persistance de prise de contraste à
la phase artérielle en IRM en raison des artefacts
de durcissement de faisceau que la fixation lipio-
dolée entraîne, générant une analyse très limitée
en périphérie et pouvant donc être à l'origine de
Fig. 7.15. Scanner sans injection après chimioembolisation faux négatifs (fig. 7.18 et 7.19).
au Lipiodol. En cas de persistance d'une partie de tumeur
Hyperdensités spontanées au sein du parenchyme hépatique
correspondant au tatouage lipiodolé. encore viable, celle-ci se manifestera par la persis-
tance d'une prise de contraste à la phase artérielle
avec lavage sur les acquisitions plus tardives, aspect
superposable à celui de la tumeur initiale.
transplants hépatiques [63] a révélé chez
35 patients traités par chimioembolisation puis Le premier contrôle sera donc effectué à M1 et
traitement curatif chirurgical que les critères EASL seront notifiés le pourcentage tumoral de fixation
étaient prédictifs de la nécrose. La sensibilité et la lipiodolée, la persistance d'une prise de contraste à
VPN (valeur prédictive négative) des critères la phase artérielle et la mesure de la persistance du
EASL étaient de 100 %. Selon les critères EASL il tissu viable suivant les critères mRECIST.
y avait 82 % de réponse complète avec 91 % de Il semble préférable pour le suivi de réaliser un
spécificité. Les auteurs ont affiné leurs résultats scanner sans injection pour analyser la fixation
par l'analyse combinée des critères EASL et OMS. lipiodolée, associé à la une IRM avec séquence de
La spécificité et la VPP de l'association de l'OMS diffusion et injection de produit de contraste pour
et l'EASL était de 91 et 78 %, respectivement. mieux objectiver les résidus de tissu viable
Après chimioembolisation qui doit être hyper­ (fig. 7.20 et 7.21).
sélective selon les recommandations actuelles, est Le nombre de cures n'est pas standardisé et est
notée une fixation lipiodolée intense au sein de la laissé au libre choix de chaque réunion de concer-
ou des lésions traitées. tation multidisciplinaire.

Fig. 7.16. CHC multifocal avant traitement par chimioembolisation lipiodolée (CEL).
Prises de contraste nodulaires à la phase artérielle correspondant à un CHC multifocal.
154 Imagerie post-thérapeutique en oncologie

Fig. 7.17. Scanner de contrôle après CEL (même patient que fig. 7.16).
Fixation intense et complète de la lésion du foie gauche, la seconde lésion a un tatouage partiel (< 30 % de la lésion), persistance
de tissu tumoral viable au sein de la seconde lésion.

Fig. 7.18. Scanner après CEL.


A. Sans injection : fixation lipiodolée prédominant dans la lésion du foie gauche, associée à des fixations éparses sous-capsulaires
du foie droit. B. Phase artérielle : la persistance de tissu viable est difficile à apprécier en raison des artefacts générés par la fixation
lipiodolée.

Fig. 7.19. Même patient que fig. 7.18 : IRM.


À la phase artérielle, on note un résidu tumoral important (flèche).
Chapitre 7. Aspects post-thérapeutiques des carcinomes hépatocellulaires 155

Fig. 7.20. Scanner, CHC multifocal après CEL.


A. Sans injection : fixation minime du lipiodol. B et C. Persistance de tissu viable (flèches en pointillés).

Fig. 7.21. Même patient que fig. 7.20 : IRM.


Lésion hypervasculaire et individualisation d'une lésion supplémentaire par rapport au scanner.

En cas d'utilisation de DC Beads, il n'y a pas de La séquence de diffusion en IRM permettrait de


fixation lipiodolée, l'évaluation de la réponse tumo- prédire l'efficacité de la chimioembolisation [65].
rale se fera donc suivant les critères mRECIST en Les ADC des CHC avec une mauvaise réponse à la
scanner qui semble dans cette situation suffisant. TACE (nécrose <  50 % en post-TACE sur l'IRM de
contrôle) seraient significativement plus faibles en
Perspectives en imagerie prétraitement et inférieurs après TACE par rapport
L'échographie de contraste pourrait détecter et aux CHC avec bonne réponse (nécrose ≥ 50 %) :
quantifier précocement des modifications de la • ADC pré-TACE : 1,35 ± 0,42 vs 1,64 ± 0,39
perfusion artérielle tumorale, notamment l'inten- × 10‒3 mm2/s (p =  0,042) ;
sité du pic et l'air sous la courbe de rehaussement • ADC post-TACE : 1,34 ± 0,36 vs 1,92 ± 0,47
(p =  0,001). × 10‒3 mm2/s (p =  0,0008).
Le scanner de perfusion a mis en évidence une Shinagawa et al. [66] ont établi des corrélations
corrélation entre la perfusion et le dépôt de radio-anatomopathologiques des pseudo-lésions
Lipiodol [64]. Une perfusion artérielle hépatique apparues après TACE en IRM après injection de
élevée est corrélée à une meilleure fixation lipio- Gd-EOB-DTPA. Leur incidence est maximale à un
dolée (r =  0,768 ; p =  0,0001), et permettrait de mois (83 %), puis décroît progressivement. Toutes
détecter les patients meilleurs répondeurs. Des sont hypervasculaires mimant un résidu tumoral.
différences significatives des paramètres de la per- L'imagerie fonctionnelle est source d'espoir pour le
fusion artérielle tumorale sont observées dès suivi des CHC. Song et al. [11] ont montré que le
4 semaines après TACE (p < 0,05) [64]. Cette rapport SUVmax tumoral/SUVmax foie était prédictif
technique pourrait permettre d'évaluer la perfu- d'une meilleure efficacité, avec un seuil à 1,9 (p <   0,01),
sion restante hépatique et peut-être avoir une sans toutefois entraîner de différence significative de la
valeur pronostique. survie sans progression (PFS).
156 Imagerie post-thérapeutique en oncologie

Radioembolisation à l'yttrium-90 hépatique inférieure à cinq fois la normale, une albu-


Rappels : technique, indications, résultats mine supérieure à 30 g/L, une bilirubine inférieure
à 20 mg/L, une maladie évolutive sous sorafénib ou
L'administration de microsphères marquées à l'yt- sous chimioembolisation. La radioembolisation est
trium-90 dans le traitement des CHC est une préférentiellement utilisée dans les tumeurs volumi-
technique récente [67] actuellement en pleine neuses avec extension vasculaire, mais pour les
expansion. De nombreux protocoles analysent son patients conservant une fonction hépatique correcte.
efficacité comparativement aux thérapeutiques Les principales contre-indications sont les troubles
actuelles, notamment la chimioembolisation, ou hémostatiques : un TP inférieur à 50 %, une throm-
au sorafénib, ainsi que son innocuité. bopénie inférieure à 150 000 plaquettes/mm3, un
Il s'agit d'injection intra-artérielle sous contrôle TCA supérieur à une 1,5 fois le témoin, et un INR
fluoroscopique de microsphères de verre ou de supérieur à 1,5. Les autres contre-indications sont
résine marquées par ce radioélément émetteur de une radiothérapie externe hépatique antérieure,
rayons β. Sa demi-vie est de 64,5 heures [8], sa une ascite ou insuffisance hépatique clinique, une
profondeur de diffusion est de 5,3 mm. La dose ­cytolyse hépatique supérieure à 5 fois la normale,
administrée est de 1,85 Gy/kg de tissu, soit une cholestase avec bilirubinémie supérieure à
150 Gy/patient. L'activité est portée par deux 25 μmol/L, des shunts hématopulmonaires de plus
types de microsphères, les unes en verre de 25 Gy à la scintigraphie pulmonaire au techné-
(Theraspheres, MDS Nordio Ottawa, Canada, tium-99 m-MAA, un reflux gastrique, et enfin une
mesurant 25 μm), les autres en résine (SIR- pathologie extra-hépatique dominante, la grossesse
Spheres, SIRTEX, Sydney, Australie, mesurant et l'allaitement.
35 μm) [8, 9]. L'injection se déroule lors d'une
Modalités d'une séance de radioembolisation
seconde artériographie via un système d'injection
radioprotégé fourni par le laboratoire. Une sur- Une séance de radioembolisation se déroule en
veillance de 24 heures est systématique, sans deux temps nécessitant chacun une courte hospita-
recours aux chambres protégées, contrairement lisation. La phase initiale comprend une artériogra-
aux injections de Liopocis à base d'iode-131. phie par voie fémorale sous simple anesthésie locale,
ayant deux objectifs. Le premier consiste en une
Indications mono-pédiculisation hépatique puis au coiling des
Les pathologies tumorales hépatiques au stade pallia- artères extradigestives afin d'éviter une dissémina-
tif, primitives ou secondaires sont les applications tion des radioéléments. Le second objectif de cette
essentielles de la radioembolisation par microsphères séance est l'injection de macro­agrégats d'albumine
marquées à l'yttrium-90. Ces indications sont crois- marqués au technétium-99 m (émetteurs gamma,
santes. Elles sont discutées au cours des RCP [68]. dont la biodistribution est proche de celle de l'yt-
Les patients éligibles doivent avoir une espérance de trium-90). Dans les suites immédiates, le patient
vie a priori préthérapeutique supérieure à 3 mois. bénéficie d'une scintigraphie hématopulmonaire à
Cette thérapeutique lourde nécessite un bilan pré- la recherche de shunt artérioveineux : une imagerie
procédural. Il comprend une imagerie scanogra- par Bremsstrahlung est nécessaire pour valider la
phique ou par IRM, un bilan biologique sanguin distribution réalisée par radioembolisation [22].
(ALAT/ASAT [alanine et aspartate-aminotransfé- La deuxième séance se déroule dans un délai de
rases], bilirubinémie, AFP, TP [taux de prothrom- 10 à 15 jours, en l'absence de shunts hématopul-
bine], TCA [taux de céphaline activé], INR monaires. La dose administrée est basée sur la sur-
[International Normalized Ratio], créatininémie). face corporelle :
Son application principale est le carcinome hépato-
cellulaire. Sangro et al. [69] ont décrit le profil du Dose (GBq) = BSA (m2 ) − 0, 2 + volume
patient favorable à une radioembolisation. Il s'agit tumoral / volume hépatique total
d'un CHC non infiltratif (volume tumoral inférieur
à 70 % du volume hépatique total), une cytolyse BSA : Body Surface Area.
Chapitre 7. Aspects post-thérapeutiques des carcinomes hépatocellulaires 157

L'injection dure 30 à 45 minutes via un système Les facteurs limitants de la radioembolisation sont
protégé comprenant un microcathéter, après une connus [69]. L'existence d'un bourgeon tumoral
préparation précautionneuse. En fin de procé- portal ampute la survie et l'efficacité de la radioem-
dure, il faut rincer le dispositif, s'assurer de l'ab- bolisation. Ces patients relèveraient plutôt d'un
sence d'activité résiduelle. L'exposition au thorax traitement systémique général : la PFS devient de
pour le radiologue est de 30,6 μSv et de 3,6 μSv 5,6 mois pour les patients Child A et 4,9 pour les
pour l'isotopiste. patients Child B contre respectivement 10,8 et
8,4 mois [75]. Effectivement, le bourgeon tumoral
Efficacité intrinsèque
est un facteur prédictif de la survenue de métastases
En 2004, Geschwind et al. [70] ont rapporté une extra-hépatiques [76]. Les autres facteurs défavo-
augmentation de la survie de 628 et 324 jours rables sont un état général précaire, un CHC mul-
(patients respectivement stades Okuda I et II) tifocal (> 5 nodules), et un INR supérieur à 1,2.
(P =  0,02), chez 80 patients atteints de CHC pal-
Actuellement, il n'existe pas de résultat de supé-
liatifs lors de 108 séances de radioembolisation.
riorité entre la radioembolisation et le sorafénib
Salem et al. en 2005 [67] ont montré chez
(Nexavar). L'étude SARAH (Sorafenib versus
43 patients une réponse tumorale objective et une
Radioembolization in Advanced Hepatocellular
augmentation de la survie de 20,8 et 11,1 mois
carcinoma) débutée en février 2012 a pour objec-
respectivement chez les patients à bas et haut
tif de comparer l'efficacité de la radioembolisation
risque. En 2010, Salem et al. ont présenté une
par yttrium-90 à celle du sorafénib dans le traite-
cohorte de 291 patients révélant un taux de
ment des CHC à un stade avancé. Parallèlement,
réponse partielle de 57 % selon les critères EASL,
sont étudiés la tolérance, la sécurité de la radioem-
une survie sans progression moyenne de 7,9 mois
bolisation, la qualité de vie des deux groupes, et le
(15,5 mois chez les patients classés Child Pugh A
coût ed ces deux alternatives.
et 13 mois chez les patients classés Child Pugh B).
La survie médiane était de 17,2 mois, 26,9 mois
pour les patients classés BCLC A, 17,2 mois pour Imagerie post-traitement [71, 77–79]
les patients classés BCLC B et 7,3 mois pour les Le suivi post-thérapeutique est réalisé par image-
patients classés BCLC C [71]. rie : soit par scanner abdominopelvien multipha-
Sangro et al. [72] ont observé une régression sique soit par IRM hépatique. Actuellement, il
tumorale chez 19 des 24 patients en stade Child A. n'existe pas de consensus sur le rythme de
La radioembolisation permet également un contrôle. Un bilan iconographique à court et
donwstaging tumoral et ainsi de réévaluer l'indi- moyen terme après une radioembolisation semble
cation d'un traitement curatif. Kulik et al. [73] licite dès le 1er mois puis à 3 mois, puis par un
ont montré, chez 66 % des 35 patients, le passage contrôle ultérieur semestriel. L'évolution radiolo-
d'un stade T3 à un stade T2, avec nécrose tumo- gique se mesure selon deux critères : les critères
rale importante [27]. Ibrahim et al. [74], ont mRECIST et les critères RECIST 1.1.
confirmé ces résultats sur une petite cohorte de Riaz et al. en 2009 [63] ont établi une corrélation
8 patients dont 50 % ont vu leur évaluation tumo- radiologique/anatomopathologique de 38 CHC
rale UNOS (United Network for Organ Sharing) radioembolisés non palliatifs, avant traitement
diminuée de T3 à T2. curatif chirurgical (âge moyen : 59 ans [43–75] ;
Riaz et al. [63] en 2009 ont présenté une corréla- BCLC : A 40 %, B 34 %, C 26 % ; nombre de
tion radiopathologique de 38 CHC traités par ­traitements : 1 ; dose moyenne : 93,5 mGy/cm ;
radioembolisation avant traitement curatif chirur- durée moyenne entre yttrium-90 et exérèse chirur-
gical. Les auteurs ont mis en évidence chez 33 gicale : 6 mois). L'évolution nécrotique retrouvée
d'entre eux (61 %) une involution nécrotique, chez 33 patients (61 %) était classée selon trois
d'autant plus important que leur taille était infé- types de rehaussement : absent, annulaire fin
rieure à 3 cm, même chez un patient 12 heures périphérique, annulaire périphérique irrégulier.
­
après la séance de radioembolisation [63]. L'analyse radiologique révélait une décroissance
158 Imagerie post-thérapeutique en oncologie

tumorale chez plus de 90 % des patients, dont 50 % Il a été montré que l'absence de rehaussement signi-
en réponse partielle selon RECIST et EASL, et fiait une nécrose totale systématique, un fin rehaus-
30 % de réponse complète (fig. 7.22 à 7.24). Le sement périphérique persistait dans 93 % des cas de
délai moyen entre la radioembolisation et l'évalua- nécrose, mais un rehaussement nodulaire témoi-
tion radiologique était de 126 jours. gnait d'une lésion encore viable (fig. 7.25 et 7.26).

A B

C D
Fig. 7.22. IRM, un mois après une radioembolisation (RE).
A, B. IRM, phase artérielle, avant le traitement : CHC multifocal. C, D. IRM, un mois le traitement par RE : apparition de phéno-
mènes inflammatoires périlésionnels (flèches), la lésion est alors difficilement individualisée.

Fig. 7.23. IRM, CHC étendu, avant RE.


Multiples nodules de CHC étendus dans les deux lobes, la lésion à droite étant très volumineuse.
Chapitre 7. Aspects post-thérapeutiques des carcinomes hépatocellulaires 159

A B
Fig. 7.24. IRM, après RE, contrôle un an plus tard.
A. Phénomènes inflammatoires majeurs périlésionnels (flèches). B. Maladie en régression selon les critères mRECIST, régression
de la taille tumorale et persistance de tissu viable (flèches en pointillés) (régression >  30 %) par rapport à la lésion initiale.

A B

C D
Fig. 7.25. TDM avant et après traitement par RE.
A, B. CHC diffus du foie droit. C, D. TDM un mois plus tard : apparition de plages de nécrose au sein de la lésion infiltrante du foie
droit (flèche).
160 Imagerie post-thérapeutique en oncologie

A B

C D
Fig. 7.26. Même patient que fig. 7.25, IRM avant et après traitement par RE.
A, B. CHC diffus du foie droit. C, D. IRM un mois plus tard : apparition de plages de nécrose au sein de la lésion infiltrante du foie
droit (flèches).

Traitements palliatifs systémiques non répondeurs et aucune modification de signal


n'était alors observée.
CHC après sorafénib
Le sorafénib induit une nécrose lésionnelle dont le
Le traitement par sorafénib est une thérapie nou- volume peut devenir supérieur à celui de la tumeur
velle de type thérapie ciblée utilisée dans les CHC avant traitement (fig. 7.27 et 7.28).
ne pouvant bénéficier des traitements ci-dessus, La réponse au traitement par sorafénib est difficile
en respectant les contre-indications. à apprécier dans la littérature car les méthodes
Une étude de phase III en 2009 [80] a montré d'imagerie sont différentes ainsi que les méthodes
son intérêt en termes de survie globale et de survie d'évaluation.
sans progression. Frampas et al. [82] ont inclus dans leur étude
19 patients sous sorafénib, 11 ayant bénéficié de
Aspects en imagerie l'ensemble du bilan d'imagerie : 7 étaient considé-
Dès 2009, Horter et al. [81] mettaient en évi- rés comme non progresseurs et 4 progresseurs
dence en IRM des modifications de signal sur sous sorafénib, l'évaluation de la réponse ayant été
l'ensemble des séquences correspondant à l'appa- faite selon les critères RECIST 1.1.
rition de nécrose : 21 patients porteurs de CHC Dans l'étude de Kawaoka et al. [83], les auteurs
au stade avancé et traités par sorafénib ont bénéfi- ont comparé deux méthodes d'évaluation
cié de contrôles par IRM (39 lésions). Des modi- RECIST et mRECIST et ont suggéré que la meil-
fications de signal étaient notées un mois après le leure méthode était le mRECIST avec un taux de
début du traitement ; 2 patients étaient d'emblée contrôle de la maladie de 50 % des patients (c'est-
Chapitre 7. Aspects post-thérapeutiques des carcinomes hépatocellulaires 161

Fig. 7.27. CHC diffus avant traitement par sorafénib.


Scanner, phase artérielle : volumineuse lésion du foie droit avec bourgeon néoplasique endoportal droit (flèche).

Fig. 7.28. CHC 2 mois après mise en route du traitement par sorafénib.
Apparition de plages de nécrose apparaissant hypodenses au sein de la lésion (flèche).

à-dire incluant réponse complète, réponse par- des patients non répondeurs notamment centrées
tielle et maladie stable) (fig. 7.29). sur l'évaluation de la fraction de perfusion lors
Dans l'étude de Hsu et al. [57], 31 patients ont été d'une imagerie de diffusion [18].
évalués cette fois-ci selon les critères RECIST : 19 Une étude observationnelle à l'échelle mondiale
ont été considérés comme non progresseurs et 12 est en cours afin de mieux définir les critères de
comme progresseurs (fig. 7.30). sélection thérapeutique et de l'évaluation de la
Les données morphologiques semblent insuffi- réponse tumorale : Global Investigation of Thera-
santes à prendre en compte, c'est la survie globale peutic Decisions in hepatoCellular Carcinoma and
its Treatment with sorafénib (GIDEON) study
[84]. Cette étude a inclus 3 000 patients dans
et la survie sans progression qui sont les éléments plus de 40 pays, avec un suivi de plus de 5 ans afin
capitaux. de collecter toutes les données importantes :
Actuellement des méthodes d'imagerie fonction- caractéristiques, étiologies, traitements, suivi, en
nelle sont en cours d'évaluation afin de détecter le vue d'optimiser la prise en charge de ces patients
plus précocement possible les patients répondeurs à l'avenir.
162 Imagerie post-thérapeutique en oncologie

A B

C D

E F
Fig. 7.29. CHC, suivi à 2 et 5 mois.
A, B. Scanner, phase artérielle : volumineux CHC du foie droit, avant mise en route du traitement. C, D. Évaluation de la réponse
tumorale à 2 mois : maladie stable. E, F. Évaluation de la réponse tumorale à 5 mois : maladie en rémission partielle selon les cri-
tères mRECIST.

Conclusion suivi des CHC notamment pour les traitements


locorégionaux ou les thérapies ciblées. Une connais-
L'évaluation de la réponse aux traitements en ima- sance adéquate de chaque traitement, de leurs
gerie est un point clé de la prise en charge des carci- aspects spécifiques en imagerie et des éventuelles
nomes hépatocellulaires. L'application stricte des complications est indispensable pour le choix de la
critères RECIST ou WHO n'est pas adaptée pour le stratégie thérapeutique à redéfinir à chaque étape.
Chapitre 7. Aspects post-thérapeutiques des carcinomes hépatocellulaires 163

A B
Fig. 7.30. CHC, évolution sous sorafénib.
A. Scanner, avant traitement. B. Évaluation de la réponse au traitement : nette majoration en taille de la plus grosse lésion = mala-
die progressive selon les critères m RECIST.

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Chapitre 8
Aspect post-thérapeutique
du cancer du rein

C. Roy • P. Barthélémy • E. Rust

Place de la thérapeutique Traitement du cancer du rein


oncologique médicale métastatique
et radiothérapique Près de 30 % des CCCR sont métastatiques au
dans le traitement actuel moment du diagnostic alors que 20 à 40 % des
du cancer du rein patients ayant eu une néphrectomie pour un CCCR
localisé vont présenter une extension métastatique
Traitement du cancer localisé secondaire. Dans cette dernière situation il sera
d'abord nécessaire de s'assurer de l'origine rénale
Le traitement de référence du cancer du rein de la métastase par ponction biopsie percutanée. Le
(CCCR) localisé est chirurgical. La néphrectomie CCCR présente un tropisme métastatique très
totale élargie, avec ou sans curage ganglionnaire étendu néanmoins, les sites métastatiques préféren-
est réalisée soit par chirurgie ouverte, soit par tiels sont par ordre de fréquence décroissante : pou-
cœlioscopie et tout dernièrement « robot-­ mons, os, foie, cerveau, surrénale et loge de
assistée ». Lorsque la tumeur fait moins de 4 cm et néphrectomie. Le développement d'une tumeur
se trouve localisée en périphérie du rein, une sur le rein controlatéral restant survient dans 1 à
tumorectomie ou une néphrectomie partielle sera 2 % des cas, sans distinction possible entre métas-
proposée afin de conserver du parenchyme sain et tase ou tumeur métachrone de novo. Après néphrec-
le capital néphronique du patient. tomie totale ou partielle, le taux de récidive locale
Les indications des techniques d'ablation non est identique, compris entre 3 et 27 %, mais de 2 %
chirurgicales de destruction tumorale par le froid pour une tumeur T1-3N0M0.
(cryothérapie), la chaleur (radiofréquence) ou par
irradiation (radiothérapie stéréotaxique) sont limi-
tées aux patients fragiles à risque chirurgical, à capi- Place de la chirurgie au stade
tal néphronique réduit (récidive tumorale après métastatique
chirurgie) ou atteints de tumeurs récidivantes héré- À l'ère de l'immunothérapie, la néphrectomie
ditaires (VHL : maladie de von Hippel-Lindau). était considérée comme un traitement standard en
Il n'y a actuellement pas d'indication de traite- raison du bénéfice de la néphrectomie sur la survie
ment adjuvant ou néoadjuvant pour une forme des patients métastatiques. Avec l'arrivée récente
localisée (stades I, II, III), en dehors du cadre des antiangiogéniques, le rôle de la néphrectomie
d'un essai clinique. première est à nouveau remis en question.

Imagerie post-thérapeutique en oncologie


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168 Imagerie post-thérapeutique en oncologie

La décision dépend actuellement de la taille tumo- Biologie moléculaire des cancers du rein
rale, de son extension, de la cinétique de progres- Voie VHL-HIF-VEGF
sion, de l'état général du patient, de son âge et de Le cancer du rein conventionnel (75 % des cas) se
la présence de comorbidités. Certaines équipes caractérise sur le plan moléculaire par une inactiva-
considèrent que la néphrectomie de principe dans tion somatique du gène suppresseur de tumeur Von
les formes métastatiques permet une réduction de Hippel Lindau localisé sur le bras court du chromo-
la masse tumorale, et une meilleure réponse aux some 3. L'inactivation de ce gène conduit à la perte
traitements systémiques. Plusieurs études sont de fonction de la protéine pVHL qui joue un rôle
actuellement en cours pour évaluer l'impact de la essentiel dans la régulation de la dégradation de pro-
néphrectomie sur la survie des patients à l'ère des téines par le protéasome en particulier les protéines
thérapies ciblées (étude CARMENA, etc.). de la famille HIF (Hypoxia Inducible Factor). Il
La métastasectomie peut avoir sa place à visée pal- existe deux formes de HIF : HIF1 et HIF2, toutes
liative (douleurs, compressions, fractures, etc.) ou deux régulées par pVHL. La perte de fonction de
à visée curative. La métastasectomie à visée cura- pVHL conduit à une accumulation de HIF1 et
tive ne peut être envisagée que chez des patients HIF2, facteurs transcriptionnels qui contrôlent l'ex-
sélectionnés (bon pronostic, pauci-métastatiques) pression de près de 80 gènes parmi lesquels le gène
et en cas de néphrectomie préalable. VEGF et Plateled Derived Growth Factor (PDGF)
impliqués dans l'angiogenèse. Les carcinomes
Thérapeutiques médicales du cancer rénaux se caractérisent donc par une induction de
du rein avancé l'angiogenèse par hyperexpression du VEGF-A et de
molécules apparentées (VEGF-C, PDGF, VEGF-D)
L'immunothérapie a été pendant près de 20 ans
qui sont de puissants proangiogéniques.
la seule option thérapeutique disponible pour les
patients présentant un CCCR métastatique. La
Voie PI3K-Akt-mTOR
découverte fondamentale qu'un défaut du sys-
tème d'immunosurveillance pouvait être à la base L'activation de la voie PI3K (phospho-inositide-
du développement du cancer et que la restaura- kinases)/Akt/mTOR via des récepteurs de divers
tion des fonctions immunitaires pourrait induire facteurs de croissance est cruciale pour la proliféra-
des régressions tumorales a conduit au dévelop- tion et la survie des cellules dans de nombreux types
pement de l'immunothérapie. L'interleukine-2 de cancers, et plus particulièrement le cancer du rein,
et l'interféron, deux activateurs puissants du sys- qui en fait une cible thérapeutique privilégiée. mTOR
tème immunitaire en particulier des lympho- (mammalian Target of Rapamycin) est une sérine-
cytes, ont ainsi largement été utilisés dans le thréonine-kinase qui intervient dans la synthèse pro-
cancer du rein avancé. Mais seuls 10 à 15 % des téique par l'intermédiaire de la kinase S6 et du facteur
patients sont considérés comme répondeurs et au 4EBP1. La protéine mTOR régule l'expression de
prix de nombreux effets indésirables souvent très HIF1-α et β-HIF2, reliant ainsi la voie mTOR à celle
mal supportés. de l'angiogenèse. Le blocage de cette voie empêche
l'action du VEGF, et par conséquent la prolifération,
Le traitement des cancers du rein métastatique a
survie et migration des cellules endothéliales. Les
été bouleversé ces 5 dernières années par l'arrivée
inhibiteurs de mTOR, en diminuant l'expression de
des antiangiogéniques. Les avancées de la biologie
HIF, agissent ainsi sur l'angiogenèse tumorale.
moléculaire ont permis une meilleure compréhen-
sion de la carcinogenèse rénale et ont révélé le rôle
fondamental de l'angiogenèse. L'identification Antiangiogéniques et inhibiteurs mTOR : études
des voies de signalisation impliquées dans l'angio- et recommandations
genèse tumorale a conduit au développement de Les traitements peuvent être regroupés en trois
nombreux médicaments ciblant cette voie de familles : les inhibiteurs de tyrosine-kinase (TKI),
signalisation, avec actuellement sept thérapeu- les anticorps monoclonaux anti-VEGF ainsi que
tiques disponibles. les inhibiteurs de l'activité sérine/thréonine kinase
Chapitre 8. Aspect post-thérapeutique du cancer du rein 169

de mTOR. Les algorithmes de prise en charge (Mitogen Activated Proteins-kinases) (inhibiteur de


thérapeutique reposent sur des résultats de larges RAS). L'étude TARGET réalisée en 2e ligne après
études randomisées de phase III dans lesquelles échappement aux cytokines [2] a conclu à un dou-
les patients ont été stratifiés en différents groupes blement de la survie sans progression pour le bras
pronostiques (tableau 8.1). sorafénib versus placebo.

Sunitinib (Sutent) Pazopanib (Votrient)


Le sunitinib est un inhibiteur multicible de tyrosine Le pazopanib est un TKI plus sélectif que les deux
kinase anti-VEGFR-1, 2, 3 anti-PDGFR et c-KIT précédents ciblant le PDGF-R, c-Kit et VEGF-R-1,
et Flt-3 ayant une activité antiangiogénique et anti- 2 et 3. Son efficacité en termes de survie sans progres-
tumorale. Le sunitinib est à l'heure actuelle consi- sion et de taux de réponse n'est pas inférieure à celle
dérée comme le traitement standard en 1re ligne des du sunitinib. Cependant, son profil de tolérance
cancers du rein avancé. L'enregistrement du suniti- semble supérieur à celui du sunitinib comme l'a mon-
nib en 1re ligne métastatique a fait suite aux résul- tré une récente étude selon laquelle 70 % des patients
tats d'une étude de phase III entre un bras de et médecins préfèrent le pazopanib au sunitinib [3].
référence comportant de l'interféron et un bras
expérimental comportant le sunitinib. Les auteurs Bévacizumab (Avastin)
rapportent une amélioration de la survie sans pro- Le bévacizumab est un anticorps recombinant
gression passant de 5 à 11 mois pour le bras suniti- humanisé inhibant spécifiquement les 5 isoformes
nib et un allongement de la survie globale atteignant circulantes du VEGF. La fixation de l'anticorps
26,4 mois versus 21,4 mois [1]. sur le VEGF empêche sa fixation sur le VEGF-R
exprimé sur les cellules endothéliales bloquant
Sorafénib (Nexavar) ainsi le processus angiogénique. Le bévacizumab
Le sorafénib est à la fois un TKI ciblant le VEGFR est actuellement recommandé en 1re ligne métas-
et un inhibiteur de la voie des MAP-kinases tatique en association avec l'interféron suite à

Tableau 8.1 Recommandations de l'European Society of Medical Oncology pour la prise en charge des carcinomes
rénaux avancés
Histologie et ligne de traitement Risque pronostique Standard Option
Carcinome à cellules claires
1re ligne Bon et intermédiaire Sunitinib Cytokines (IL-2 haute dose)
Bévacizumab + IFN Sorafénib
Pazopanib
Mauvais Temsirolimus Sunitinib
Sorafénib
2e ligne Post-cytokines Sorafénib Sunitinib
Pazopanib
Axitinib
Post-TKI Évérolimus Sorafénib
Axitinib
3e ligne Post-2 TKI Évérolimus
Autres types histologiques
Temsirolimus
Sunitinib
Sorafénib
IFN : interféron ; IL : interleukine.
170 Imagerie post-thérapeutique en oncologie

l'allongement de la survie sans progression rap- l'émergence de mécanismes de résistance. Plusieurs


porté dans les études [4, 5]. approches sont actuellement à l'étude afin de retar-
der ou de contourner ces mécanismes de résistance.
Axitinib (Inlyta) La première stratégie a été de combiner antiangio-
L'axitinib est le dernier TKI ayant obtenu son géniques (TKI ou anticorps) et inhibiteur de
AMM en 2012. Il s'agit d'un inhibiteur multiki- mTOR. Cette stratégie n'a pas montré de bénéfice
nase puissant anti-VEGF-R-1, 2, 3 PDGF-R et en termes de survie sans progression par rapport à
c-kit (cibles similaires au pazopanib). Les recom- un traitement séquentiel qui reste donc le standard
mandations le positionnent en 2e ligne après en 2013 [8]. Une deuxième piste est le développe-
échappement au sunitinib ou à une cytokine. ment de l'immunothérapie de nouvelle génération
avec l'arrivée d'anticorps dirigés contre CTLA4
Éverolimus (Afinitor) (ipilimumab), ou encore PD-1 ou son ligand qui
L'évérolimus est un inhibiteur de mTOR (derivé interviennent dans la régulation négative du sys-
du sirolimus utilisé comme immunosuppresseur tème immunitaire. Enfin le dernier espoir repose
en greffe d'organe). Cette molécule est recom- sur l'arrivée des TKI de dernière génération avec de
mandée en 2e et 3e lignes de traitement des can- nouvelles cibles thérapeutiques.
cers du rein avancés après échec de TKI.
Radiothérapie
Temsirolimus (Torisel)
Le cancer du rein et ses métastases sont considérés
Le temsirolimus est un inhibiteur spécifique de comme radiorésistants. La radiothérapie garde
mTor indiqué depuis 2007 en 1re ligne pour les quelques indications essentiellement palliatives
patients porteurs des cancers du rein et apparte- symptomatiques pour le traitement des localisa-
nant au groupe de mauvais pronostic. Malgré tions métastatiques cérébrales et osseuses. Dans ce
cette indication, le temsirolimus est souvent dernier cas, l'objectif de la radiothérapie est soit
réservé en pratique courante aux patients en mau- antalgique soit à visée décompressive en cas d'at-
vais état général. teinte neurologique. Les lésions avec risque frac-
Facteurs pronostiques turaire élevé doivent quant à elles bénéficier d'un
traitement chirurgical (ostéosynthèse) ou en
À l'ère de l'immunothérapie, plusieurs classifica-
radiologie interventionnelle (cimentoplastie), pré-
tions moléculaires avaient été conçues en particulier
alable à l'irradiation.
celle du Memorial Sloan-Kettering Cancer Center.
L'arrivée des antiangiogéniques a remis en question L'efficacité antalgique de la radiothérapie des
la validité de ce modèle pronostique de référence métastases osseuses de cancer du rein est établie
[6]. Un groupe de travail international sur le cancer mais il persiste des divergences sur le niveau de dose
du rein a récemment élaboré une nouvelle classifica- à délivrer et sur le fractionnement à utiliser. Les
tion en trois groupes à partir de six critères : mécanismes par lesquels la radiothérapie permet
• index de Karnoksky ; d'obtenir un effet antalgique sont mal connus. En
• intervalle entre diagnostic initial et début de effet, il n'y a pas de corrélation nette entre l'effet
traitement ; antalgique obtenu, le site anatomique de la métas-
• nombre de sites métastatiques ; tase osseuse ou encore la dose délivrée.
• taux d'hémoglobine, de calcium, de LDH Globalement, la radiothérapie des métastases
(lactate-déshydrogénase) ; osseuses permet d'obtenir un effet antalgique dans
• taux de phosphatases alcalines ; 70 à 80 % des cas. Il sera rapide ou au contraire
• et taux de globules blancs [7]. retardé mais se maintient relativement longtemps.
La radiothérapie externe a moins d'effet sur le
Perspectives contrôle des métastases cérébrales ou sur les com-
La majorité des patients vont tôt ou tard échapper pressions médullaires : l'effet sur les symptômes
aux thérapeutiques antiangiogéniques en raison de est modéré (moins de 30 % d'amélioration), et
Chapitre 8. Aspect post-thérapeutique du cancer du rein 171

une réponse partielle sur le volume tumoral n'est calement lorsqu'elle progresse, tout en restant
obtenue que dans 20 à 30 % des cas. L'association dans la fenêtre de curabilité. Cette option, réservée
à la radiothérapie conventionnelle de l'exérèse à des cas particuliers, doit être discutée en RCP.
d'une métastase du SNC (système nerveux cen-
tral) peut permettre d'améliorer le pronostic, qui
néanmoins reste sombre. La radiothérapie stéréo- Évaluation de la réponse
taxique actuellement en plein développement précoce et tardive au traitement
laisse espérer de nouvelles indications d'irradia-
tion et devrait renforcer le rôle de la radiothérapie Place de l'imagerie
dans la prise en charge des cancers du rein métas-
tatiques (irradiation stéréotaxique cérébrale, irra-
morphologique et fonctionnelle
diation de la tumeur primitive, etc.). (fig. 8.1 et 8.2)

La technique de référence est la TDM avec injection


Surveillance active
de produit de contraste. Elle a d'abord permis une
Elle consiste à contrôler régulièrement en imagerie évaluation de la réponse thérapeutique basée essen-
la tumeur et à la traiter médicalement ou chirurgi- tiellement sur le critère de la taille avec le référentiel

A B

C D

E F
Fig. 8.1. Tumeurs rénales bilatérales chez un patient de 55 ans : TDM avec injection.
A, B. TDM temps artériel : volumineuse masse à centre nécrotique gauche, masse polaire supérieure droite (A), petite masse de
la lèvre antérieure du rein droit (B). C, D. Traitement par axitinib, bilan fin de deuxième cure, TDM injectée. Elle montre au temps
parenchymateux, une réduction des dimensions des lésions et une liquéfaction des lésions, quasi complète à gauche (C) et com-
plète pour les deux lésions droites (D). Arrêt du traitement par le patient (effets indésirables majeurs). E, F. 6 semaines après,
décision RCP d'une néphrectomie partielle gauche, TDM postopératoire avec injection. Elle montre au temps parenchymateux
une nette repousse tissulaire intralésionnelle à droite.
172 Imagerie post-thérapeutique en oncologie

A B
Fig. 8.2. Tumeurs rénales bilatérales chez une patiente de 58 ans avec
antécédent de néphrectomie élargie gauche pour épithélioma 2 ans aupara-
vant : TDM avec injection.
A. Temps artériel précoce : apparition d'une tumeur rénale droite (flèche) et
infiltration tissulaire en latéro-aortique gauche interprétée comme fibrose
inflammatoire (tête de flèche). B. Fin de traitement par sunitinib – temps artériel
précoce : réduction de taille et hypodensité intralésionnelle de la lésion rénale,
réduction quasi complète de l'infiltration latéroaortique gauche. C. Contrôle à
C un an — temps artériel tardif — métastase surrénalienne droite (flèche), pas de
modification de la formation kystique du pôle inférieur droit (non montrée).

RECIST version 1.1 de 2009, de façon simple en De plus, si l'évaluation de la taille est fiable pour
déterminant la somme du plus grand diamètre des les drogues cytotoxiques, elle n'est pas applicable
lésions cibles définies comme mesurables supé- aux thérapies ciblées antiangiogéniques. Ces nou-
rieures à 10 mm et à contours nets (5 lésions par veaux traitements, dont l'efficacité est démon-
patient, 2 à 3 lésions par organe), en déterminant trée sur le cancer du rein, entraînent la destruction
des lésions non cibles mesurables ou non mais éva- de la néovascularisation avec apparition précoce
luables et en tenant compte des adénopathies supé- d'une nécrose, souvent sans modification de
rieures à 15 mm de petit axe. La réponse est évaluée volume, de ce fait les critères classiques morpholo-
sur le pourcentage de variation de cette somme en giques RECIST sont inadaptés. D'où la nécessité
quatre catégories : d'une imagerie fonctionnelle de la microvasculari-
• réponse complète (disparition de toutes les sation avec une analyse dynamique et une quanti-
lésions cibles et non cibles) ; fication afin d'évaluer précocement la réponse au
• réponse partielle des lésions cibles (diminution traitement. Elle peut se faire avec les trois modali-
de la somme des lésions cibles de plus de 30 %) ; tés d'imagerie avec une injection de produit de
• stabilité des lésions cibles (somme comprise contraste. Les produits de contrastes iodés et
entre +20 et –30 % sans nouvelles lésions) ; gadolinés diffusent dans l'interstitium. Le produit
• progression des lésions cibles (somme >  20 %). de contraste ultrasonore reste intravasculaire. Le
Ce référentiel présente deux types d'inconvénients scanner et l'IRM permettent une analyse séquen-
majeurs. D'une part, il est imprécis car il existe tielle composée d'une multitude d'acquisitions
une variabilité inter et intra-observateur, une après une injection à fort débit au même niveau
variabilité des mesures selon la fenêtre en TDM, lésionnel pendant plusieurs minutes.
une absence d'uniformité dans les protocoles d'in- L'échographie permet une analyse en temps réel
jection, une absence de consensus sur le temps de la prise de contraste. L'inconvénient de l'IRM
d'acquisition optimal (certaines métastases comme est la non-linéarité de l'intensité du signal avec la
celles de cancer du rein sont mieux identifiées au concentration en gadolinium, celui de la TDM
temps artériel que portal). La multiplication des reste l'exposition aux radiations ionisantes. Le
erreurs en additionnant tous ces facteurs aboutit à problème du recalage à cause des mouvements
un résultat final très imparfait. D'autre part, ce respiratoires n'est pas encore résolu. Par ailleurs,
référentiel ne tient pas compte du comportement l'analyse des données est complexe et nécessite des
interne de la lésion. logiciels dédiés qui fournissent différents para-
Chapitre 8. Aspect post-thérapeutique du cancer du rein 173

mètres de perfusion (volume sanguin tissulaire — tile. Sa prise de contraste est possible mais faible.
aire sous la courbe, maximum de rehaussement, Quelle que soit la modalité, l'apparition de nou-
flux sanguin tissulaire — pente, temps de transit velles lésions est également à prendre en compte.
moyen, perméabilité capillaire — Kps —, volume
de distribution interstitiel) [9, 10].
Il n'y a pas aujourd'hui de standardisation quant Place de la médecine nucléaire
au point de départ, au délai par rapport au début L'imagerie tumorale rénale en médecine nucléaire
du traitement, à la technique d'imagerie à utiliser repose essentiellement sur la TEP-TDM. Le radio-
ou encore de consensus sur les meilleurs para- traceur le plus utilisé en TEP-TDM est le fluoro-
mètres à utiliser pour évaluer la réponse précoce déoxyglucose marqué au 18F, analogue structurel du
au traitement. Une approche alternative a été pro- glucose qui permet l'appréciation du métabolisme
posée combinant les données morphologiques glucidique à l'échelle cellulaire. La TEP-TDM au
avec la densité tumorale, à savoir définir la réponse FDG est un examen incontournable en oncologie,
tumorale par une diminution de 10 % de la taille mais son usage dans les cancers rénaux reste toute-
de la lésion et/ou 15 % de densité sur le scanner fois assez limité. D'autres radiotraceurs, moins dis-
injecté. Dans ce cadre le temps portal appréciera le ponibles, ont démontré leur intérêt potentiel.
rehaussement tardif dans la lésion [11, 12].
L'imagerie de diffusion en IRM avec quantification
de la valeur de l'ADC est une autre voie pour l'éva- TEP-TDM au FDG (fig. 8.3)
luation précoce de la réponse tumorale. La diffu- TEP-TDM au FDG dans l'identification des sites
sion étant une mesure indirecte de la densité tumoraux
tissulaire, elle permet de différentier, grâce à l'ADC, La TEP-TDM au FDG n'apporte pas de bénéfice
le tissu tumoral viable qui a un ADC faible, du tissu clair comparativement à l'imagerie morpholo-
tumoral non viable — apoptose ou nécrose intratu- gique dans la caractérisation des tumeurs rénales.
morale induite par le traitement — qui se traduit Les performances de l'examen sont extrêmement
par une élévation de la valeur de l'ADC [13]. variables selon les études, avec des sensibilités
Cette imagerie est applicable en cas d'insuffisance variant de 32 à 88 %. Cette importante hétérogé-
rénale, controverse classique à de multiples injec- néité est liée aux nombreuses variantes histopatho­
tions de produit de contraste. Elle est également logiques des cancers rénaux ayant une avidité
proposée pour évaluer la réponse aux thérapies variable pour le FDG. Les tumeurs les plus agres-
antiangiogéniques comme biomarqueur de la per- sives ont généralement une fixation plus intense
fusion au niveau des microcapillaires et de la diffu- du fait d'un métabolisme glucidique de ces lésions
sibilité des protons des molécules d'eau dans les plus élevé. En outre, l'élimination urinaire du
tissus. Cette estimation de la composante perfu- FDG peut être responsable d'une importante acti-
sive et diffusive d'une tumeur est possible grâce à vité pyélocalicielle qui peut gêner l'appréciation
l'utilisation de plusieurs valeurs de b. La modifica- de la fixation tumorale, en dépit d'acquisitions
tion des valeurs d'ADC permet une évaluation de réalisées sous couvert d'un traitement diurétique.
la réponse précoce au traitement [14, 15]. Elle n'est pas recommandée en routine.
La différenciation entre tissu fibreux et récidive Les données concernant l'intérêt de la TEP-TDM
tumorale pose parfois des difficultés, notamment au FDG dans le diagnostic et l'évaluation des
après radiothérapie en TDM : une récidive locale reprises évolutives locales après néphrectomie
apparaît en général comme une masse hypervascu- totale, partielle, ou traitement radiologique inter-
larisée dans la loge de néphrectomie, aussi bien en ventionnel sont très limitées. Il n'est à l'heure
IRM qu'en TDM, mais ces examens peuvent être actuelle pas possible d'en préciser la place.
pris en défaut. En IRM, en séquence T2w le tissu L'avidité des cancers rénaux pour le FDG étant
fibreux a un hyposignal franc pathognomonique, inconstante, la sensibilité et donc la valeur prédic-
entouré de travées, avec souvent un aspect rétrac- tive négative de l'examen est diminuée. L'absence
174 Imagerie post-thérapeutique en oncologie

Fig. 8.3. Patient de 62 ans avec antécédent de carcinome à cellules claires du rein gauche pT3N1M0 traité par néphrectomie
élargie 20 mois auparavant : TEP-TDM au FDG.
L'image de projection d'intensité maximale (A) et la coupe de fusion thoracique (B) montrent un hypermétabolisme glucidique
intense en regard d'une masse pulmonaire droite paramédiastinale métastatique sans autre anomalie notamment au niveau rétro-
péritonéal gauche (C).

d'hyperfixation du FDG ne permet donc pas d'in- une perspective de suivi thérapeutique, la propor-
firmer une récidive locale. À l'inverse, d'éventuels tion d'examens faussement négatifs est plus impor-
faux positifs inflammatoires liés aux remaniements tante que dans d'autres domaines oncologiques où
post-thérapeutiques sont à prendre en compte en la TEP est utilisée. Ces faux négatifs sont liés d'une
cas d'hyperfixation sur le site préalablement traité. part à l'avidité inconstante pour le FDG de cer-
Les résultats de l'examen sont donc à considérer tains types tumoraux et d'autre part à la résolution
avec une grande précaution, et à intégrer avec les spatiale moindre de la technique, d'où sa sensibi-
autres examens d'imagerie réalisés ainsi qu'avec lité inférieure à celle de l'imagerie morphologique
les données histopathologiques de la lésion préala- dans la détection des contingents tumoraux de
blement traitée. petite taille [17]. Bien qu'au final les performances
En revanche, les performances de la TEP-TDM globales de la TEP-TDM au FDG ne soient pas
au FDG dans la détection des atteintes extraré- significativement différentes de celles du scanner
nales sont plus élevées. Les sensibilité et spécificité ou de l'IRM dans le diagnostic de récidive tumo-
globales de l'examen sont respectivement de rale, l'ensemble des données ne permet donc pas
l'ordre de 63–100 % et 75–100 % [16]. de proposer la TEP-TDM au FDG de manière sys-
tématique dans la surveillance après traitement
Des études plus récentes se sont intéressées exclu-
curatif chirurgical ou interventionnel des cancers
sivement à la récurrence tumorale et retrouvent
rénaux. En revanche, l'examen présente un intérêt
des performances élevées dans la détection des
dans la caractérisation de lésions équivoques
lésions secondaires [17]. Elles seraient liées au
découvertes au scanner ou à l'IRM, notamment
caractère plus agressif des contingents tumoraux
grâce à sa valeur prédictive positive élevée.
métastatiques, ce qui explique que chez certains
patients des lésions secondaires pourtant infracenti- Pour la détection des lésions osseuses secondaires, la
métriques peuvent apparaître plus fixantes que la TEP-TDM au FDG apparaît plus sensible que la
tumeur primitive elle-même. Pour autant, dans scintigraphie osseuse [18] en rapport avec le carac-
Chapitre 8. Aspect post-thérapeutique du cancer du rein 175

tère plus fréquemment lytique de ces lésions. Mais rapeutiques en fonction de ces données reste encore
les études comparant ces deux examens sont à définir.
anciennes, et ne prennent pas en compte les der-
nières évolutions technologiques scintigraphiques Autres radiotraceurs
(acquisitions tomographiques couplées au scanner). Girentuximab marqué à l'iode-124
Enfin, la TEP-TDM au FDG revêt une valeur pro-
nostique : l'intensité de fixation maximale du Il est extrêmement prometteur dans la prise en charge
FDG est prédictive de la survie globale et de la des carcinomes rénaux à cellules claires. Il s'agit
survie sans récidive. Cette information pronos- d'un anticorps chimérique se liant à l'anhydrase car-
tique n'est pas utilisée pour l'instant dans la défi- bonique IX, antigène membranaire surexprimé de
nition de la stratégie thérapeutique. manière homogène dans plus de 95 % des carci-
nomes rénaux à cellules claires et absent dans le
TEP-TDM au FDG et évaluation de la réponse parenchyme rénal normal. Les sensibilités et spécifi-
aux thérapeutiques systémiques des cancers cité de la TEP-TDM au 124I-girentuximab dans la
rénaux avancés caractérisation des carcinomes rénaux à cellules
claires dépassent les 85 %, avec une valeur prédictive
La TEP-TDM au FDG n'est pas en mesure d'ap-
positive de 94 % en cas de fixation. Ces performances
précier de manière fiable la réponse à l'immunothé-
sont proches de la rentabilité diagnostique d'un pré-
rapie [19]. En revanche, l'examen semble pouvoir
lèvement histologique invasif, et ouvrent donc la
jouer un rôle important dans l'évaluation de la
perspective d'un diagnostic histologique positif par
réponse aux nouvelles thérapeutiques ciblées.
l'imagerie [21]. Ce radiotraceur a également montré
L'inhibition de plusieurs tyrosine-kinases par ces
son intérêt dans la détection de métastases ganglion-
traitements aboutit, entre autres effets, à une
naires et viscérales occultes des carcinomes à cellules
moindre expression des transporteurs membranaire
claires, mais son rôle dans le suivi thérapeutique des
du glucose, si bien que la fixation du FDG peut in
cancers traités reste à définir.
fine refléter l'ensemble des modifications métabo-
liques induites par le traitement. Plusieurs études
ont évalué la variation de la fixation tumorale du Acétate marqué au 11C
FDG en regard de cibles thérapeutiques avant et Ce radiotraceur reflète l'activité de l'acétyl-CoA-
après instauration d'un traitement par sorafénib ou synthétase qui est augmentée dans les cancers
sunitinib [20]. Une baisse de la fixation des lésions rénaux. La TEP-TDM au 11C-acétate semble per-
tumorales est observée chez les patients répon- mettre la détection des carcinomes rénaux avec
deurs, précédant parfois la réponse thérapeutique une sensibilité similaire à celle de la TEP-TDM au
observable selon les critères RECIST. La TEP- FDG, mais n'a à ce jour pas été évaluée dans des
TDM au FDG permet en outre l'évaluation de la stratégies de surveillance.
réponse au traitement des lésions osseuses, ce qui
n'est pas possible sur des critères exclusivement Nitro-imidazoles marqués au 18F
morphologiques. La réponse thérapeutique évaluée Le fluoromisonidazole marqué au 18F (FMISO)
par la TEP-TDM au FDG semble en outre avoir est un radiotraceur permettant d'apprécier l'hy-
une valeur pronostique indépendante : une dimi- poxie tumorale. La fixation est maximale dans
nution de plus 20 % de l'intensité de fixation des les conditions d'hypoxie sévère. L'importante
lésions tumorales entre un premier examen préthé- chimio et radiorésistance des carcinomes rénaux
rapeutique et un second examen réalisé après ins- étant pour partie en rapport avec des contingents
tauration du traitement est prédictive d'une survie tumoraux hypoxiques, ce radiotraceur a été pro-
sans progression et même d'une survie globale plus posé pour l'imagerie des cancers rénaux. La sensi-
élevées. Les seuils et les variations d'intensité de bilité de l'examen dans la caractérisation des
fixation prédictifs d'une réponse thérapeutique lésions rénales ou extrarénales hypoxiques est
sont en évaluation et l'adaptation des stratégies thé- décevante [22].
176 Imagerie post-thérapeutique en oncologie

Stratégie de surveillance L'échographie réalisée en alternance entre deux


à long terme examens TDM est proposée par certains. Mais
l'examen TDM reste la référence. Un protocole
d'acquisition trois phases à l'étage abdominal
Pour les cancers localisés stade pT1-pT2 de faible
(sans injection, phase artérielle puis portale après
grade, la survie à 5 ans est de 71–97 %. Elle chutait
injection) est optimum. En effet la réalisation
entre 20 et 53 % pour les tumeurs localement
d'un temps d'acquisition précoce en phase arté-
avancées pT3-pT4, N + et entre 10 et 20 % pour les
rielle est un impératif car la plupart des tumeurs
formes métastatiques. Ces chiffres sont en amélio-
rénales et leurs métastases sont hypervasculari-
ration avec les nouvelles thérapies ciblées.
sées. Cependant, pour évaluer le contenu de la
Le risque maximal de récidive se situe dans les 3 à masse sous thérapie ciblée, la phase portale est
5 ans après chirurgie. Quarante-trois à 66 % des indispensable pour mettre en évidence une prise
récidives surviennent dans l'année, 70 % dans les de contraste plus discrète et tardive. En cas de
2 ans, 80 % dans les 3 ans et 93 % dans les 5 ans. fonction rénale altérée, l'IRM abdominale sera
Des récidives plus tardives sont possibles avec une privilégiée, sans ou avec injection après évaluation
fréquence variable en fonction du stade initial de du rapport risque/bénéfice attendu.
la maladie.
La recherche de métastases osseuses par radiogra-
Le risque métastatique est directement corrélé au phies, TDM ou IRM osseuses n'est réalisée qu'en
stade pathologique. Différents facteurs pronos- cas de signes d'appel cliniques. La scintigraphie
tiques ont été identifiés : la taille de la tumeur, le osseuse reste la référence pour l'évaluation de l'en-
grade nucléaire de Fuhrman, le type histologique semble du squelette et chez les patients avec des
avec présence d'une inflexion sarcomatoïde, l'exis- métastases connues. Il en est de même pour la
tence de nécrose tumorale, l'atteinte de la voie recherche de métastases cérébrales (IRM ou TDM
excrétrice, l'état général, l'expression du gène cérébrale) ou des localisations inhabituelles [23, 24].
Ki-67 et la ploïdie cellulaire. Ils permettent une
classification en trois catégories : faible risque,
risque intermédiaire et haut risque de récidive. Évaluation de la toxicité
Un suivi régulier après néphrectomie élargie ou thérapeutique
partielle est mis en place pour dépister précoce-
ment une rechute. Le suivi est programmé au Le choix thérapeutique repose sur les recomman-
moins dans les 5 ans, voir jusqu'à 10 ans en raison dations issues des données de la littérature mais
de récidives très tardives. Si chacun s'accorde sur également sur le profil de toxicité de chacune des
une surveillance adaptée aux facteurs pronostiques molécules disponibles. La connaissance de leur
définis et aux sites préférentiels de récidive, il gestion et l'éducation thérapeutique des patients
n'existe pas aujourd'hui de consensus sur un pro- sont indispensables pour assurer une prise en
tocole déterminé. charge optimale des patients.
Le suivi biologique comporte une créatininémie, Les effets indésirables sont multiples et reten-
un dosage des phosphatases alcalines et des tests tissent sur la qualité de vie. Le taux rapporté dans
de biologie hépatique (gamma-GT, phosphatases les essais cliniques est voisin de 10 %.
alcalines, transaminases). Ces derniers ne sont per- Parmi les effets généraux, l'asthénie est l'effet
turbés qu'en cas de métastases hépatiques et par- secondaire le plus fréquemment rapporté, en par-
fois en cas de récidives locales. La surveillance de ticulier avec le sunitinib. Sa cause est d'origine
la fonction rénale fait partie du suivi multifactorielle nécessitant la recherche systéma-
oncologique. tique d'une anémie, d'une hypothyroïdie ou de
Les poumons et l'abdomen devant faire l'objet toute autre cause potentielle qui puisse être corri-
d'une surveillance systématique, la TDM thora- gée. La dysgueusie, l'anorexie ainsi que la perte de
cique est couplée à la TDM abdominopelvienne. poids peuvent être observées avec l'ensemble des
Chapitre 8. Aspect post-thérapeutique du cancer du rein 177

TKI ainsi que les inhibiteurs de mTOR. traitement en dehors des rares cas d'HTA
Parmi les effets métaboliques, les inhibiteurs de malignes, d'insuffisance cardiaque associée, d'in-
mTOR sont pourvoyeurs d'hyperglycémie et farctus du myocarde, ou d'accidents vasculaires
d'hyperlipidémie, en raison du rôle de mTOR cérébraux.
dans l'adipogenèse et le métabolisme glucidique. La pneumopathie non infectieuse (PNI) est la toxi-
Une cytopénie est fréquente sous sunitinib, pou- cité la plus redoutée des inhibiteurs de mTOR.
vant imposer un arrêt du traitement. Une toxicité Cette pneumopathie de type interstitielle est le
hépatique est possible sous pazopanib. plus souvent asymptomatique (PNI de grade 1),
La toxicité cutanée, très rare avec le bévacizumab, mais peut se manifester par une légère dyspnée et/
s'observe avec tous les TKI et inhibiteurs de ou toux (PNI de grade 2) ou dans ses formes les
mTOR. On observe principalement des rashs plus graves (2–3 %) engager le pronostic vital
cutanés maculopapuleux, des sécheresses cutanées (PNI de grade 4). L'incidence est d'environ 35 %
ainsi que des prurits avec des fréquences variables et les premiers symptômes apparaissent en général
selon la molécule considérée. Le syndrome main- après 3–4 mois de traitement. La physiopatholo-
pied peut se voir avec tous les TKI en particulier le gie de la toxicité pulmonaire n'est quant à elle pas
sorafénib (30 % tous grades confondus) et se complètement élucidée. Elle pourrait être le résul-
caractérise par un érythème palmoplantaire pou- tat d'une toxicité directe des inhibiteurs de mTOR
vant être associé à des dysesthésies invalidantes. sur les pneumocytes, d'une dysfonction endothé-
liale ou encore d'un mécanisme immunoaller-
La toxicité des muqueuses se traduit par la survenue
gique. L'imagerie joue un rôle décisif dans le
de mucites, gastrites et diarrhées. La diarrhée est
diagnostic, le grading ainsi que la prise en charge
fréquemment observée avec les TKI (sunitinib,
des pneumopathies non infectieuses. L'aspect est
sorafénib, axitinib) alors que la mucite s'observe
caractéristique en TDM devant une image en
avec les TKI et mTOR.
verre dépoli, bilatérale et lobaire inférieure avec
La survenue de l'HTA a été rapportée avec tous fibrose, imagées réticulées et bronchectasies de
les antiangiogéniques quelle que soit la sous-classe traction (fig. 8.4).
à laquelle ils appartiennent. Cependant elle est
De rares cas d'encéphalopathie postérieure réver-
moins spécifique et fréquente sous inhibiteurs de
sible (céphalées, altération des fonctions mentales,
mTOR. Elle est expliquée par plusieurs méca-
troubles visuels, etc.), liée à une rupture de la bar-
nismes : diminution de la densité en capillaires,
rière hémato-encéphalique et à un œdème vasogé-
altération de la vasodilatation endothélium-
nique de la substance blanche, ont été rapportés.
dépendante et également glomérulopathie. Elle se
La responsabilité de l'HTA est évoquée. L'IRM
traduit par une protéinurie voire un syndrome
est spécifique de ce diagnostic. Le diagnostic dif-
néphrotique. Elle ne doit pas faire interrompre le

A B
Fig. 8.4. Pneumopathie interstitielle non infectieuse grade 3 chez une patiente traitée par Torisel (inhibiteur de mTOR).
Dyspnée majeure nécessitant une hospitalisation avec oxygénothérapie et corticothérapie. A. TDM initiale. Aspect typique : aspect
en verre dépoli lobaire inférieur, bilatéral avec images réticulées et bronchectasies de traction. B. TDM 10 jours post-­thérapeutiques.
Régression des anomalies avec atélectasie sous segmentaire à droite.
178 Imagerie post-thérapeutique en oncologie

férentiel avec des localisations secondaires est aisé. Références


Il s'agit d'une anomalie de la substance blanche [1] Motzer RJ, Hutson TE, Tomczak P, et al. Sunitinib
située préférentiellement dans les régions posté- versus interferon alfa in metastatic renal-cell carci-
rieures des deux hémisphères sous forme d'hyper- noma. N Engl J Med 2007 ; 356 : 115–24.
signaux sous-corticaux bilatéraux en densité [2] Escudier B, Eisen T, Stadler WM, et al. Sorafenib in
advanced clear-cell renal-cell carcinoma. N Engl J
protonique, en T2, FLAIR et diffusion au niveau
Med 2007 ; 356 : 125–34.
occipital, pariétal et parfois frontal. Le tableau cli- [3] Sternberg CN, Davis ID, Mardiak J, et al. Pazopanib
nique et les anomalies IRM régressent rapide- in locally advanced or metastatic renal cell carcinoma :
ment, sans séquelles, après l'arrêt du traitement. results of a randomized phase III trial. J Clin Oncol
2010 ; 28 : 1061–8.
[4] Escudier B, Bellmunt J, Negrier S, et al. Phase III trial
of bevacizumab plus interferon alfa-2a in patients
Guidelines d'évaluation with metastatic renal cell carcinoma (AVOREN) :
de la réponse avec propositions final analysis of overall survival. J Clin Oncol 2010 ;
28 : 2144–50.
[5] Rini BI, Escudier B, Tomczak P, et al. Comparative
Il n'existe actuellement aucune recommandation effectiveness of axitinib versus sorafenib in advanced
de référence pour le suivi des cancers du rein renal cell carcinoma (AXIS) : a randomised phase 3
détectés précocement ou évolués. Le suivi sera trial. Lancet 2011 ; 378 : 1931–9.
plus ou moins fréquent suivant le risque de rechute [6] Motzer RJ, Mazumdar M, Bacik J, et al. Survival and
prognostic stratification of 670 patients with advanced
qui sera évalué par l'urologue ou l'oncologue renal cell carcinoma. J Clin Oncol 1999 ; 17 :
médical. Les examens complémentaires sont gui- 2530–40.
dés par les symptômes et dépendent de chaque [7] Manola J, Royston P, Elson P, et al. Prognostic model
situation clinique. for survival in patients with metastatic renal cell carci-
noma : results from the international kidney cancer
L'avis d'experts du Comité de cancérologie de working group. Clin Cancer Res 2011 ; 17 :
l'Association française d'urologie (CCAFU 2005) 5443–50.
a émis des recommandations avec un rythme et [8] Negrier S, Escudier B, Gomez F, et al. Prognostic fac-
des modalités de suivi en fonction de groupes pro- tors of survival and rapid progression in 782 patients
nostiques : with metastatic renal carcinomas treated by cytokines :
a report from the Groupe Francais d'Immunothera-
• après néphrectomie partielle ou élargie : un exa- pie. Ann Oncol 2002 ; 13 : 1460–8.
men TDM abdominal réalisé entre 3 et 6 mois [9] Fournier LS, Cuénod CA, Clément O, et al. Imagerie
après la chirurgie sert de document de base de la réponse aux traitements en cancérologie.
pour préciser l'état du lit tumoral puis : J Radiol 2007 ; 88 : 829–43.
– pour les patients à faible risque, il est proposé [10] Hahn OM, Yang C, Medved M, et al. Dynamic
Contrast-Enhanced Magnetic Resonance Imaging
tous les ans un examen TDM thoracoabdo- Pharmacodynamic Biomarker Study of Sorafenib in
minal et un bilan biologique optionnel, Metastatic Renal Carcinoma. J Clin Oncol 2008 ; 26 :
jusqu'à 5 ans, 4572–8.
– pour les patients à risque intermédiaire, l'ima- [11] Griffin N, Gore M, Sohaib E, et al. Imaging in
gerie TDM est semestrielle pendant 3 ans Metastatic Renal Cell Carcinoma. AJR Am J
Roentgenol 2007 ; 189 : 360–70.
puis annuelle et un bilan biologique option- [12] Smith AD, Lieber ML, Shah SN. Assessing Tumor
nel, jusqu'à 10 ans, Response and Detecting Recurrence in Metastatic
– pour les patients à haut risque, l'imagerie Renal Cell Carcinoma on Targeted Therapy :
TDM est semestrielle avec un bilan biolo- Importance of Size and Attenuation on Contrast-
gique, jusqu'à 10 ans ; Enhanced CT. AJR Am J Roentgenol 2010 ; 194 :
157–65.
• suivi du patient métastatique : l'imagerie TDM [13] Thoeny HC, Ross BD. Predicting and monitoring
est réalisée tous les 2 à 3 mois et coordonnée cancer treatment response with diffusion-weighted
par l'équipe spécialisée. MRI. J Magn Reson Imaging 2010 ; 32 : 2–16.
Chapitre 8. Aspect post-thérapeutique du cancer du rein 179

[14] Padhani AR, Koh DM. Diffusion MR imaging for PET in patients with advanced stage renal cell carci-
monitoring of treatment response. Magn Reson noma. World J Urol 2011 ; 8 : 223–8.
Imaging Clin N Am 2011 ; 19 : 181–209. doi : [20] Ueno D, Yao M, Tateishi U, et al. Early assessment by
10.1016/j.mric.2010.10.004. FDG-PET/CT of patients with advanced renal cell
[15] Leary A, Pickering LM, Larkin JMG, et al. carcinoma treated with tyrosine kinase inhibitors is
Quantitative diffusion-weighted (DW) MR imaging predictive of disease course. BMC Cancer 2012 ; 12 :
of microcapillary perfusion and tissue diffusivity as 162–7.
biomarkers of response of renal cell carcinoma (RCC) [21] Divgi CR, Uzzo RG, Gatsonis C, et al. Positron
to treatment with sunitinib. J Clin Oncol 2011 ; Emission Tomography/Computed Tomography
29(Suppl ; abstr TPS154) Identification of Clear Cell Renal Cell Carcinoma :
[16] Ramdave S, Thomas GW, Berlangieri SU, et al. Results From the REDECT Trial. J Clin Oncol 2012 ;
Clinical role of F-18 fluorodeoxyglucose positron 3 : 825–32.
emission tomography for detection and management [22] Hugonnet F, Fournier L, Medioni J, et al. Metastatic
of renal cell carcinoma. J Urol 2001 ; 166 : 825–30. renal cell carcinoma : relationship between initial
[17] Nakatani K, Nakamoto Y, Saga T, et al. The potential metastasis hypoxia, change after 1 month's sunitinib,
clinical value of FDG-PET for recurrent renal cell car- and therapeutic response : an 18F-fluoromisonidazole
cinoma. Eur J Radiol 2011 ; 79 : 29–35. PET/CT study. J Nucl Med 2011 Jul ; 52 :
[18] Wu HC, Yen RF, Shen YY, et al. Comparing whole 1048–55.
body 18F-2-deoxyglucose positron emission tomo- [23] Ng CS, Wood CG, Silverman PM, et al. Renal Cell
graphy and technetium-99m methylene diphosphate Carcinoma : Diagnosis, Staging, and Surveillance.
bone scan to detect bone metastases in patients with AJR Am J Roentgenol 2008 ; 191 : 1220–32.
renal cell carcinomas - a preliminary report. J Cancer [24] Chin AI, Lam JS, Figlin RA, et al. Surveillance
Res Clin Oncol 2002 ; 128 : 503–6. Strategies for Renal Cell Carcinoma Patients
[19] Gilles R, de Geus-Oei LF, Mulders PF, et al. Following Nephrectomy. Rev Urol 2006 ; 8 : 1–7.
Immunotherapy response evaluation with (18)F-FDG-
Chapitre 9
Aspect post-thérapeutique
du cancer de la prostate

R. Renard-Penna • J.-M. Simon • L. Michaud

Place de la thérapeutique Diagnostic


oncologique médicale Le cancer de la prostate est le plus souvent asymp-
et radiothérapique tomatique, découvert devant une élévation de la
dans le traitement valeur du PSA sérique, ou une anomalie clinique
du cancer de prostate de la prostate détectée au toucher rectal. Plus rare-
ment, il s'agit d'une découverte fortuite sur un
Le cancer de la prostate occupe la première place examen anatomopathologique de tissu prosta-
dans l'incidence des cancers, avec environ 71 000 tique prélevé lors d'une résection transurétrale de
nouveaux cas diagnostiqués en France en 2011, la prostate, ou d'une adénectomie prostatique par
contre 40 000 en 2000 et 20 000 en 1990 [1]. voie haute. Il est primordial de recueillir tous les
L'évolution de cette incidence témoigne du vieil- antécédents personnels et familiaux du patient, de
lissement de la population et d'une augmentation manière à apprécier au mieux son espérance de vie
de l'espérance de vie, de l'amélioration de la sensi- qui conditionne les choix des différentes possibili-
bilité des techniques diagnostiques et de l'impact tés de prise en charge.
du dépistage par le dosage du PSA (Prostate La confirmation du diagnostic est faite par l'exa-
Specific Antigen ou Antigène spécifique de la men anatomopathologique des biopsies de la
prostate). Parallèlement on observe une diminu- prostate par voie transrectale. Pour beaucoup
tion du taux de mortalité par cancer de la prostate d'équipes pluridisciplinaires, les biopsies sont pré-
(en moyenne –2,5 % par an sur cette même période) cédées d'une IRM multiparamétrique de la pros-
du fait notamment de l'amélioration de l'efficacité tate et des chaînes ganglionnaires pelviennes, qui
des traitements, mais probablement aussi du fait permet de préciser l'existence d'anomalies tumo-
du surtraitement de formes indolentes de cancer rales dans la glande prostatique, les éventuelles
[2]. Le traitement des formes localisées et locale- extensions extra-prostatiques — extracapsulaire,
ment avancées du cancer de la prostate repose sur col vésical, sphincter, vésicules séminales —, et
la chirurgie, la radiothérapie associée ou non à une ainsi d'orienter les prélèvements biopsiques.
hormonothérapie, ou sur une association chirurgie- La lymphadénectomie pelvienne fait partie du
radiothérapie. Nous n'aborderons dans ce chapitre bilan d'extension régional. Elle est optionnelle
que les traitements radiothérapiques et médicaux de pour les tumeurs à faible risque de récidive, et
ces formes, ainsi que les aspects post-thérapeutiques recommandée pour celles à risque intermédiaire
des thérapies focales, ultrasons et cryothérapie. ou élevé, car le résultat du curage ganglionnaire
Imagerie post-thérapeutique en oncologie
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182 Imagerie post-thérapeutique en oncologie

peut avoir un impact sur la prise en charge théra- du patient après informations éclairées sur les dif-
peutique : définition des volumes cibles de l'irra- férentes options thérapeutiques possibles, avec
diation, et durée de l'hormonothérapie. leurs bénéfices et leurs effets indésirables
Le bilan d'extension à distance, comprenant une respectifs.
scanographie abdominopelvienne et une scintigra- La chirurgie (prostatectomie radicale) tient une
phie osseuse, est réservé aux patients atteints d'un place très importante dans la prise en charge des
cancer à haut risque. patients atteints de cancer localisé de la prostate,
Au terme de ce bilan, la tumeur est classée selon mais elle ne sera pas abordée dans ce chapitre.
son stade TNM (tableau 9.1), et selon la classifica-
tion de D'Amico qui distingue trois niveaux de Tableau 9.2 Classification du risque de récidive
risque de récidive biochimique à 10 ans selon les biochimique des cancers de la prostate à 10 ans
selon D'Amico
données du toucher rectal, de la valeur du PSA et
du score de Gleason (tableau 9.2). Faible Risque Haut
risque intermédiaire risque
Les stratégies thérapeutiques sont proposées au
cours de réunions de concertation pluridiscipli- Stade clinique ≤ T2a T2b T2c-T3a

naire. Elles dépendent des caractéristiques du can- Score de et ≤ 6 ou 7 ou ≥ 8


Gleason
cer (stade TNM et classification de D'Amico), des
caractéristiques du patient (âge, comorbidités, PSA sérique et < 10 ou > 10 ou >  20
(ng/mL) et <  20
troubles fonctionnels urinaires), et des préférences

Tableau 9.1 Classification TNM 2009


Tx Tumeur primitive non évaluée
T0 Tumeur primitive non retrouvée
T1 Tumeur non palpable et non visible à l'imagerie
T1a : ≤ 5 % du tissu réséqué
T1b : > 5 % du tissu réséqué
T1c : Découverte par élévation du PSA
T T2 Tumeur limitée à la prostate (apex et capsule compris)
T2a : tumeur concernant la moitié d'un lobe ou moins
T2b : tumeur concernant plus de la moitié d'un lobe mais sans atteinte des 2 lobes
T2c : tumeur concernant les 2 lobes
T3 Extension au-delà de la capsule
T3a : extension extracapsulaire uni ou bilatérale incluant le col vésical
T3b : extension aux vésicules séminales uni ou bilatérale
T4 Extension aux organes adjacents (sphincter, rectum, muscle releveur de l'anus, paroi pelvienne)
ou tumeur fixée
Nx Ganglions régionaux non évaluables
N N0 Absence de métastase ganglionnaire
N1 Atteinte ganglionnaire régionale
N1mi : métastase ganglionnaire <  0,2 cm (optionnel)
Mx Métastases à distance non évaluable
M M0 Absence de métastase à distance
M1 Métastase(s) à distance
M1a : ganglions non régionaux
M1b : os
M1c : autres sites
Chapitre 9. Aspect post-thérapeutique du cancer de la prostate 183

Radiothérapie externe possible une distribution de dose plus conforma-


tionnelle que la RC3D, en adaptant la forme des
La radiothérapie est une méthode thérapeutique isodoses aux contours du volume cible [16, 17].
efficace à l'encontre du cancer de la prostate. Les Les essais randomisés de phase III d'escalade de
progrès réalisés au cours des 20 dernières années dose ont démontré que les plus fortes doses amé-
sont le fruit conjoint d'avancées technologiques et lioraient de 15 à 20 % les résultats du contrôle
de progrès scientifiques. De multiples essais ran- biochimique du cancer de la prostate [3–9].
domisés ont montré une amélioration du contrôle Cependant, les résultats de ces études suggèrent
tumoral du cancer de la prostate avec l'utilisation que ce sont les patients atteints de cancer à risque
de fortes doses de radiothérapie [3–9]. Il est intermédiaire qui bénéficieraient le plus de cette
maintenant reconnu que des doses supérieures à escalade de dose, tandis que ceux atteints de
74 Gy permettent d'obtenir un meilleur contrôle tumeurs à faible risque pourraient être traités avec
biochimique et local que les doses convention- des doses conventionnelles de 70 Gy, alors que
nelles inférieures à 70 Gy. Les études les plus l'avantage des fortes doses pour les patients
récentes suggèrent même que des doses de 80 Gy, atteints de cancer à haut risque serait moins
voire supérieures, pourraient être nécessaires pour probant.
obtenir un contrôle tumoral optimal [7, 10–12].
Les premiers essais thérapeutiques d'escalade de
dose avec des techniques de radiothérapie conven- Curiethérapie
tionnelle ont été grevés de taux de complications
inacceptables. En effet, avec ces techniques La curiethérapie est une technique de radiothéra-
conventionnelles, il n'est pas possible de délivrer pie qui consiste à introduire des sources radioac-
en toute sécurité de fortes doses à la prostate sans tives dans la prostate. La dose d'irradiation est très
dépasser les doses maximales tolérables par les élevée au contact des sources, et décroît rapide-
organes sains de proximité, vessie, rectum, intestin ment avec l'éloignement. Il faut donc mettre en
grêle, qui sont à l'origine de complications tar- place un grand nombre de sources radioactives de
dives sévères [13–15]. Les progrès techniques, manière à couvrir l'ensemble du volume prosta-
comme la planification de la radiothérapie à partir tique par une dose suffisante d'irradiation. La
de scanographies réalisées en position de traite- curiethérapie du cancer de la prostate peut se faire
ment, et l'utilisation de systèmes informatiques par l'application de sources radioactives perma-
puissants calculant des histogrammes doses- nentes qui délivrent une dose avec un bas débit,
volumes (HDV), ont permis le développement de ou par l'implantation temporaire de sources à haut
la radiothérapie conformationnelle tridimension- débit de dose. Le radioélément le plus fréquem-
nelle ou 3D (RC3D) qui permet d'augmenter les ment utilisé pour la curiethérapie à bas débit de
doses délivrées à la prostate tout en améliorant la dose est l'iode-125 (demi-vie radioactive de
protection des organes à risque. Néanmoins, mal- 59 jours). La curiethérapie à haut débit de dose
gré les progrès dus à la RC3D, la distribution de utilise un projecteur d'une source radioactive
dose n'est pas toujours optimale, exposant une miniature téléguidée par ordinateur, le plus souvent
partie de la vessie et du rectum à des doses encore de l'iridium-192, qui va se déplacer successivement
trop élevées. La fin du xxe siècle a vu le développe- dans des aiguilles vectrices placées dans la pros-
ment simultané de logiciels de planification de tate, et délivrer l'irradiation de place en place.
radiothérapie encore plus sophistiqués, et les Dans les deux cas, l'application de curiethérapie
constructeurs ont doté leurs accélérateurs linéaires est réalisée sous anesthésie générale ou locorégio-
de collimateur multilame, ce qui a permis l'émer- nale, par un binôme oncologue radiothérapeute et
gence de la radiothérapie conformationnelle avec urologue.
modulation d'intensité. Grâce à l'utilisation d'al- La curiethérapie à bas débit de dose a fait la preuve
gorithmes de planification inverse, la RCMI rend de son efficacité pour traiter les patients atteints
184 Imagerie post-thérapeutique en oncologie

d'un cancer de bas risque. Dans cette population une hormonothérapie courte de 4 mois ; et une
sélectionnée, la probabilité de survie sans rechute hormonothérapie longue de 3 ans associée ou non
biochimique à 5 ans est de l'ordre de 80 % [18]. En à une escalade de dose jusqu'à 80 Gy.
revanche, pour les patients avec une tumeur à haut
risque, cette probabilité chute à moins de 30 %. Les
curiethérapies à bas et à haut débit de dose sont en Chimiothérapie
court d'évaluation pour apporter un complément
La chimiothérapie peut être indiquée en cas de
d'irradiation après radiothérapie externe dans le
cancer métastatique résistant à la castration,
traitement des formes à risque intermédiaire.
notamment dans les formes symptomatiques. Le
docétaxel est la chimiothérapie à utiliser en pre-
mière intention. En cas de reprise évolutive après
Hormonothérapie docétaxel, d'autres médicaments sont maintenant
Le cancer de la prostate est particulièrement sen- disponibles, l'abiratérone ou le cabazitaxel.
sible au traitement hormonal, en particulier à la L'association de docétaxel, d'une hormonothéra-
suppression androgénique. L'hormonothérapie est pie et de radiothérapie est testée dans le cadre
un traitement efficace des cancers au stade métas- d'essais thérapeutiques pour des patients atteints
tatique, et son adjonction comme traitement adju- de cancer à haut risque [22].
vant à la radiothérapie a été testée depuis les années
1990. Actuellement, l'hormonothérapie de réfé-
rence est la suppression androgénique par ago- Indications thérapeutiques
nistes ou antagonistes de la Luteinizing Hormone
Releasing Hormone (LHRH). La durée du traite- L'INCA et l'Association française d'urologie
ment en association avec la radiothérapie est discu- (AFU) ont récemment mis à jour des recomman-
tée, entre 4 mois et 3 ans, et pourrait dépendre du dations pour la prise en charge des patients atteints
risque de récidive. Dans un essai randomisé testant de cancers localisés de la prostate.
l'adjonction d'une hormonothérapie pendant
4 mois, il a été observé que seuls les patients
Pour les tumeurs à faible risque, les options théra-
atteints d'un cancer à risque intermédiaire bénéfi-
peutiques sont :
ciaient de cette hormonothérapie courte, avec un • la prostatectomie radicale, plus ou moins étendue à la
gain de survie significatif à 10 ans, tandis que ce lymphadénectomie ;
traitement semblait inutile pour les patients avec • la RC3D ou la RCMI ;
une tumeur à faible risque, et insuffisant pour ceux • la curiethérapie par implants permanents d'iode-125.
avec un cancer à haut risque [19]. Pour des patients Pour les tumeurs à risque intermédiaire, les options
atteints de cancer à risque intermédiaire ou à haut thérapeutiques sont :
risque, l'hormonothérapie de longue durée pen- • la prostatectomie radicale, avec lymphadénectomie
dant 3 ans, associée à une radiothérapie délivrant recommandée ;
70 Gy, a montré un bénéfice en termes de survie à • la RC3D ou la RCMI avec escalade de dose ;
• la RC3D ou la RCMI sans escalade de dose mais
5 ans par rapport à la radiothérapie seule, et ces
associée à une hormonothérapie courte ;
résultats ont été confirmés à 10 ans [20, 21].
• la curiethérapie associée à la radiothérapie externe
La dose de radiothérapie utilisée en association est en cours d'évaluation dans cette indication.
avec l'hormonothérapie dans ces essais thérapeu- Pour les tumeurs à risque élevé, les recommanda-
tiques est de 70 Gy. L'escalade de la dose de radio- tions sont :
thérapie en association avec l'hormonothérapie est • la RC3D ou la RCMI, associée à une hormonothérapie
en cours d'évaluation. En France, deux essais thé- de longue durée ;
rapeutiques sont menés chez les patients avec une • la prostatectomie radicale avec lymphadénectomie à
discuter, alors souvent associé à une radiothérapie
tumeur de risque intermédiaire ou élevé : une
externe adjuvante ou retardée.
radiothérapie délivrant 80 Gy associée ou non à
Chapitre 9. Aspect post-thérapeutique du cancer de la prostate 185

Stratégie de surveillance à court Imagerie post-thérapeutique


et long terme : du cancer de prostate
définition de la récidive
La prise en charge thérapeutique du cancer pros-
Le suivi n'est pas standardisé. Il est néanmoins tatique s'est considérablement modifiée ces der-
indispensable de suivre les patients pendant la nières années avec parallèlement aux traitements à
radiothérapie, pendant l'hormonothérapie, et visée curative (prostatectomie radicale et radiothé-
régulièrement dans la suite de ces traitements. rapie), l'apparition de nouveaux traitements
L'objectif est de vérifier l'efficacité du traitement focaux, dits mini-invasifs : ultrasons focalisés de
et d'en rechercher les effets indésirables. Il est en haute intensité (HIFU), cryothérapie, photo­
effet recommandé un suivi 6 semaines à 3 mois dynamie thérapie, curiethérapie.
après l'initiation du traitement, puis tous les L'imagerie post-thérapeutique du cancer de prostate
6 mois pendant 5 ans, puis annuellement pen- a évolué avec ces nouvelles thérapeutiques. Grâce aux
dant 15 ans. Ces consultations de surveillance améliorations techniques (imagerie fonctionnelle,
sont habituellement assurées alternativement par séquence de perfusion et de diffusion), l'IRM est
les spécialistes qui ont pris en charge le patient. devenue indispensable pour l'évaluation de ces traite-
Elles consistent en un examen clinique avec tou- ments et la détection précoce des récidives, qui per-
cher rectal, et un dosage de la valeur du PSA. Un met de proposer soit un nouveau traitement focal de
suivi des risques cardiovasculaires et osseux sera rattrapage, soit une autre alternative thérapeutique.
réalisé en cas d'hormonothérapie. En l'absence L'IRM peut être effectuée avec une antenne de sur-
d'une élévation significative de la valeur du PSA, face pelvienne combinée ou non avec une antenne
aucune imagerie n'est à réaliser systématiquement. endorectale. L'acquisition doit être multiparamé-
Une élévation de la valeur du PSA après irradia- trique avec des séquences morphologiques T2
tion n'est pas toujours synonyme de récidive. En (axiale et sagittale), des séquences de perfusion et de
effet, au cours du suivi, on peut observer des diffusion sur la loge de la prostate. Les séquences de
phénomènes de rebond, qui sont des élévations spectroscopie ne sont pas obligatoires. Une acquisi-
généralement peu importantes et transitoires de tion sur les aires ganglionnaires jusqu'au niveau de
la valeur du PSA, pouvant faire croire à tort à la bifurcation iliaque est indispensable.
une rechute. En 2005, une conférence de On retiendra que pour la détection d'une récidive,
consensus a défini les critères dits de Phœnix de quel que soit le traitement initial, les séquences de
récidive biochimique du cancer de la prostate perfusion doivent être dynamiques. En revanche,
après radiothérapie externe, avec ou sans hor- pour l'évaluation post-thérapeutique précoce
monothérapie adjuvante [23]. La récidive bio- après thérapie focale, les séquences de perfusion
chimique est définie par une élévation de plus de sont non dynamiques, au mieux effectuées dans
2 ng/mL au-dessus du nadir (valeur de PSA la un plan axial et sagittal.
plus basse observée après traitement). Après
prostatectomie radicale, le critère de récidive
biochimique est une élévation de la valeur de
PSA au-dessus de 0,2 ng/mL. Enfin, après
Imagerie après prostatectomie
radiothérapie de la loge prostatique, qu'elle soit radicale
adjuvante ou de rattrapage après chirurgie, la
Prostatectomie radicale
récidive biochimique est définie par une éléva-
tion de la valeur du PSA de plus de 0,5 ng/mL La prostatectomie radicale est le traitement le plus
au-dessus du nadir. fréquent du cancer de prostate localisé. Elle
186 Imagerie post-thérapeutique en oncologie

consiste en l'ablation de la prostate, des vésicules anomalie de la loge prostatique. L'intérêt des
séminales, des ampoules déférentielles, avec une biopsies est discuté, car leur sensibilité reste faible,
anastomose vésico-urétrale. de l'ordre de 25 %, pour des valeurs de PSA de
Plusieurs techniques chirurgicales sont possibles : 1 ng/mL.
chirurgie ouverte, cœlioscopie ou robotique. Le
choix de l'une ou l'autre de ces techniques dépend L'IRM est l'examen de référence pour l'évaluation des
de l'expertise du chirurgien. Lorsque c'est carcino­ récidives locales, ses objectifs sont :
logiquement envisageable, la procédure chirurgi- • de détecter et de localiser les récidives très précoce-
cale préserve les bandelettes neurovasculaires, ment au niveau de la loge de prostatectomie ;
responsable de la fonction érectile, ainsi que le • d'orienter les biopsies si nécessaire ;
sphincter externe responsable de la continence. • de réaliser une cartographie précise pour adapter le
traitement de rattrapage (irradiation ou thérapie focale).
Objectifs de l'imagerie
Il n'y a pas d'indication à l'imagerie en dehors
d'un contexte de récidive biochimique, ou de Imagerie de la loge de prostatectomie
complication postopératoire (fistule, collection,
Aspect normal de la loge
infection, etc.).
de prostatectomie radicale
L'intérêt de l'imagerie lorsqu'il existe une suspi-
En IRM
cion de récidive clinique et biochimique est
d'identifier les patients avec une récidive locale La vessie occupe l'espace libéré par la prostate.
pouvant bénéficier d'un traitement de rattrapage Après prostatectomie radicale il existe une fibrose
par radiothérapie externe ou par des techniques périanastomotique en hyposignal T1 et T2
alternative comme l'HIFU ou la cryothérapie. (fig. 9.1A). Exceptionnellement il peut persister
La connaissance précise de la localisation des réci- du tissu prostatique résiduel.
dives permet de repérer le volume cible de la Les vésicules séminales peuvent avoir une architec-
radiothérapie, et d'adapter l'irradiation pour en ture partiellement conservée en hypersignal T2
augmenter l'efficacité tout en diminuant les tubulaires (20 %) ou se présenter sous forme de
risques d'effets secondaires. L'IRM peut être pro- structure linéaire en hyposignal évoquant un tissu
posée lorsque la récidive est authentifiée, c'est- fibreux résiduel (fig. 9.1B) [24]. Il n'y a pas d'aspect
à-dire lorsque la valeur du PSA devient supérieure spécifique d'une technique chirurgicale par rapport
à 0,2 ng/mL, ou que le toucher rectal détecte une à une autre en dehors de la cicatrice abdominale.

A B
Fig. 9.1. IRM après prostatectomie radicale, aspect habituel de la loge : séquence axiale T2.
A. Fibrose périanastomotique en hyposignal T2 (flèche). B. Vésicules séminales : architecture partiellement conservée en hyper­
signal T2, ou structure linéaire en hyposignal évoquant un tissu fibreux résiduel (flèche).
Chapitre 9. Aspect post-thérapeutique du cancer de la prostate 187

Les clips chirurgicaux peuvent également être • au niveau des vésicules séminales restantes ;
visibles dans le champ chirurgical en hyposignal T1 • au niveau de l'espace rétrovésical (entre vessie et
et T2, en fonction de leur nombre et de leur distri- rectum).
bution ils peuvent modifier l'analyse des structures
adjacentes et masquer une récurrence [24]. En IRM
Après curage ganglionnaire, des lymphocèles La récidive se présente sous forme d'une lésion
peuvent être observées dans 12 à 24 % des cas, se tissulaire en signal intermédiaire, plus haut que le
présentant sous forme kystique le long des axes muscle ou la fibrose, isointense en T1 et discrète-
vasculaires pelviens. Elles peuvent persister jusqu'à ment hyperintense en T2 par rapport au muscle
une année. Elles sont en hyposignal T1 et hyper­ (fig. 9.2A).
signal T2 avec une paroi fine, uniloculaire, sans
Le site le plus fréquent se situe au niveau de l'anas-
rehaussement après injection de produit de
tomose urétrovésicale, à proximité du col vésical
contraste.
et de l'urètre membraneux (40 à 55 %).
Les autres sites de récidives sont l'espace rétrové-
En échographie sical (entre vessie et rectum), au niveau du fond
Après prostatectomie radicale, la loge prostatique des vésicules séminales (fig. 9.3A et 9.3B), ou la
peut présenter des aspects variables : partie antérieure ou latérale de la loge prostatique
• hypoéchogénicité de la fibrose périanastomo- (au contact des muscles releveurs de l'anus).
tique, prédominant antérieurement ; Le plus souvent l'aspect des récidives se distingue
• régularité, sans excroissance ; facilement de la fibrose postopératoire grâce aux
• persistance partielle de vésicules séminales qui séquences de perfusion. En effet la séquence de
peut être normale ou pathologique. perfusion permet de distinguer une prise de
contraste intense et précoce du tissu tumoral avec
Aspect de la récidive un lavage sur les temps veineux, alors que le tissu
La récidive tumorale est à rechercher : fibreux se rehausse peu ou modérément sur le
• sur l'anastomose urétrovésicale (col vésical/ temps veineux. Cette séquence permet d'augmen-
urètre membraneux) dans 40 à 55 % des cas ; ter la sensibilité de 48 à 88 % et la spécificité de
• sur la berge antérieure ou latérale du lit chirur- 52 à 100 % par rapport à la séquence T2 seule
gical (releveur de l'anus) ; (fig. 9.2A et 9.3A) [25].

B
Fig. 9.2. Imagerie après prostatectomie radicale, aspect de récidive : séquence axiale en pondération T2 (A), et T1 (B) après
injection de gadolinium.
Hyposignal nodulaire situé en arrière de l'anastomose urétrovésicale (A, flèche). Intense vascularisation sur le temps précoce de
l'injection évoquant une récidive locorégionale (B, flèche).
188 Imagerie post-thérapeutique en oncologie

A B
Fig. 9.3. Imagerie après prostatectomie radicale, aspect de récidive : séquence axiale T2 (A), et T1 après injection de
­gadolinium (B).
Infiltration tissulaire en franc hyposignal T2 (A, flèche) au niveau du fond des vésicules séminales restantes, intensément ­vascularisée
sur le temps précoce de l'injection (B, flèche) évoquant une récidive à ce niveau.

L'IRM permet la détection de récidives mesurant Imagerie après radiothérapie


plus de 5 mm, pour un taux de PSA inférieur à
2 ng/mL, avec une valeur prédictive négative de Il n'y a pas d'indication à effectuer une imagerie
95 % [26]. La sensibilité et la spécificité de l'IRM en dehors d'un contexte de récidive biochimique
pour la détection des récidives sont respective- ou clinique.
ment de 48 à 100 % et de 52 à 100 % [27, 28].
Les séquences de diffusion sont également très Rôle de l'imagerie
informatives, notamment avec l'utilisation de La rentabilité des biopsies après radiothérapie
valeurs de b élevées à 3 T (supérieures à 1 000 s/ étant discutée, le rôle de l'imagerie est :
mm2 et pouvant atteindre 3 000 s/mm2). Elles • de repérer les zones suspectes de récidive pour
sont cependant souvent difficiles d'interprétation guider les biopsies ;
en raison d'artefacts dus aux mouvements diges- • d'identifier les patients candidats à un traite-
tifs [29]. ment de rattrapage par chirurgie ou thérapie
focale (HIFU, cryothérapie) ;
• d'identifier les patients candidats à un traite-
En échographie
ment systémique (hormonal).
Il faut rechercher l'un des aspects pathologiques
suivant :
Aspect IRM après radiothérapie
• épaississement asymétrique du tissu périanasto-
motique ; Après radiothérapie il existe une diminution du
• nodule irrégulier au contact de l'anastomose ou volume prostatique et des vésicules séminales avec
du col vésical ; un aspect en franc hyposignal T2 de l'ensemble de
• perte de l'intégrité de la graisse rétro-­anastomotique ; la prostate, une perte de l'anatomie zonale, un
• récidive au niveau des vésicules séminales aspect irrégulier de la capsule. Les vésicules sémi-
restantes. nales sont en hyposignal.
L'indication d'une biopsie échoguidée est discu- Les aspects des organes de voisinage sont égale-
tée. En effet sa rentabilité est faible, et des biopsies ment modifiés : épaississement des parois vésicale
négatives n'éliminent pas le diagnostic d'une réci- et rectale, épaississement des fascias périrectaux,
dive locale. augmentation du signal des muscles et des os,
Chapitre 9. Aspect post-thérapeutique du cancer de la prostate 189

A B

D E F

Fig. 9.4. Imagerie après radiothérapie : aspect de récidive.


Séquence en pondération T2 (A, B), T1 après injection (B, E) et de diffusion (C, F). Séquence en pondération T2 (A, B), T1 après
injection (B, E) et de diffusion (C, F).
Hyposignal diffus de la prostate périphérique, plus marqué à gauche avec effet de masse sur la capsule (A, flèche) et intense
rehaussement après injection (B, flèche). Important différentiel de rehaussement entre la fibrose du lobe droit et la récidive tumorale
du lobe gauche.
Restriction sur la carte ADC en regard de la lésion (C, flèche).
Hyposignal nodulaire antéroapical gauche bien individualisable malgré les remaniements de signal du reste de la prostate périphé-
rique (D, flèche). Intense rehaussement après injection sur le temps précoce (E, flèche), avec restriction en cartographie de diffu-
sion (F, flèche) bien visible au niveau de la lésion suspecte.

avec une augmentation de l'intensité de signal de tifiables sous forme d'un hyposignal nodulaire
la moelle en T1. plus franc que le reste du parenchyme prostatique
Les lésions tumorales se modifient également avec adjacent sur le site de la lésion index, associé ou
une diminution de volume, une diminution des non à une déformation des contours, et un effet
contacts avec la capsule, une régression de l'exten- de masse (fig. 9.4A et 9.4D). Tout hyposignal
sion extra-prostatique. Ces modifications sont franc nodulaire n'est cependant pas synonyme
secondaires à l'atrophie et à la fibrose induites par de récidive. En effet, la différence de contraste
la radiothérapie. entre le tissu glandulaire traité et la tumeur est
moindre qu'entre un tissu glandulaire non traité
Aspect IRM de la récidive et une tumeur. La détection des récidives est donc
plus difficile et ce d'autant que tout hyposignal
Après radiothérapie les récidives sont plus fréquem- focal ne correspond pas forcément à une lésion
ment situées sur le site de la lésion initiale [30]. récurrente mais éventuellement à une lésion traitée.
Séquence morphologique Séquence de perfusion
Après radiothérapie il existe un aspect global en Les séquences de perfusion sont très informatives,
hyposignal de l'ensemble de la prostate et des vési- puisqu'il existe un important différentiel de
cules séminales, avec une perte de l'anatomie rehaussement entre la fibrose et la récidive dont le
zonale et une diminution globale du volume pros- rehaussement est intense, précoce et nodulaire
tatique. Les lésions cancéreuses peuvent être iden- avec un lavage rapide (fig. 9.4B et 9.4E) [31].
190 Imagerie post-thérapeutique en oncologie

Séquence de diffusion Aspect IRM de la récidive


Les séquences de diffusion sont très contribu- après curiethérapie
tives après radiothérapie. La sensibilité et la spé- Comme après radiothérapie externe, ce sont les
cificité de l'association T2 diffusion sont séquences de perfusion et probablement la spec-
respectivement de 94 et de 75 % pour la détec- troscopie qui permettraient d'identifier les réci-
tion des récidives de plus de 0,4 cm3. Dans ce dives [37]. On recherchera une prise de contraste
contexte la valeur de b doit être élevée. Le seuil intense et nodulaire.
optimal d'ADC pour la détection des récidives
est de 1 200 × 10‒6 mm2/s (fig. 9.4C et 9.4F)
[32]. L'association de la diffusion aux séquences Imagerie après hormonothérapie
morphologiques T2 augmente l'aire sous la
courbe de 0,61 à 0,88 [33]. L'association des Il n'y a pas d'indication à l'imagerie en dehors
trois séquences (morphologique, diffusion, per- d'un contexte de récidive biochimique.
fusion) augmente l'aire sous la courbe de 0,64 à
0,95 et de 0,53 à 0,86 [34]. Aspect IRM habituel
après hormonothérapie
La spectroscopie serait plus sensible que l'ima-
gerie conventionnelle mais moins spécifique L'aspect IRM dépend du type et de la durée du
[35, 36]. traitement hormonal. Les modifications sont
minimes voire absentes pour les hormonothéra-
pies courtes (fig. 9.5A). Après hormonothérapies
Imagerie après curiethérapie longues, les modifications sont majeures avec une
diminution de volume de la glande plus impor-
Après l'implantation de grains radioactifs au tante au niveau de la prostate périphérique que
niveau de la prostate, le scanner sans injection est dans la zone transitionnelle, une diminution de
utilisé pour effectuer le contrôle de qualité dosi- volume des vésicules séminales, un hyposignal
métrique. Il permet de vérifier la position des global de l'ensemble de la glande et des vésicules
sources radioactives, leur répartition harmonieuse séminales (fig. 9.5B). La diminution du volume
dans le volume cible et de calculer la distribution peut aller jusqu'à 65 % en quelques mois.
de la dose dans l'espace. Il est effectué dans les 4 à
L'aspect est donc comparable à celui obtenu après
6 semaines après l'implantation.
radiothérapie (diminution du volume, diminution
Après curiethérapie, le rôle de l'imagerie est de du signal en T2, perte de l'anatomie zonale, aspect
détecter les récidives pour adapter la prise en en hyposignal des vésicules séminales) mais sans
charge thérapeutique en particulier par un éven- modification des organes de voisinage.
tuel traitement focal de rattrapage.
Aspect IRM de la récidive
Aspect IRM habituel après hormonothérapie
après curiethérapie
Les modifications du signal de la prostate périphé-
Comme après une radiothérapie externe, il existe rique modifient la détection des tumeurs dont le
une diminution du volume prostatique et des vési- volume peut diminuer après hormonothérapie.
cules séminales avec un aspect en franc hyposignal Le diagnostic de récidive peut se faire dans certains
T2 de l'ensemble de la prostate, une perte de cas sur les séquences morphologiques T2, mais le
l'anatomie zonale, un aspect irrégulier de la cap- plus souvent le contraste entre l'hyposignal tumoral et
sule et des vésicules séminales en hyposignal sur celui de la prostate périphérique étant faible ou nul, la
les séquences pondérées en T2. Les grains de tendance est plutôt à la surestimation du volume
curiethérapie et leur répartition sont visibles sur tumoral. Les séquences de perfusion sont là encore
les différentes séquences en particulier la séquence informatives bien qu'il y ait une baisse de perméabilité
de perfusion. capillaire au niveau des zones tumorales [38].
Chapitre 9. Aspect post-thérapeutique du cancer de la prostate 191

A B
Fig. 9.5. Imagerie après hormonothérapie, séquence axiale T2 : aspect habituel.
La modification du signal de la prostate dépend du type et de la durée du traitement courte (A), longue (B), avec une perte de
volume de la prostate et un hyposignal global de la prostate périphérique. L'aspect est semblable à un aspect post-radique, sans
la modification des organes de voisinage

Imagerie après thérapie focale HIFU ou éventuellement de poser l'indication


d'un traitement à visée curative par radiothérapie
L'imagerie après thérapie focale dépend du type ou par chirurgie.
de traitement et de la voie d'abord (transrectale Une récidive est évoquée devant une nouvelle
ou transpérinéale). ascension de la valeur du PSA. Les biopsies systé-
On distingue trois types de traitement : matiques sont recommandées tous les 3 à 6 mois,
• focal : centré sur la lésion identifiée en IRM ; et dès l'ascension de la valeur du PSA, mais elles
• par hémiablation : traitement d'un seul lobe ; manquent de sensibilité pour détecter les petites
• complet : traitement de l'ensemble de la récidives, d'où l'intérêt des biopsies ciblées par
prostate. l'imagerie post-HIFU.
En fonction de ces paramètres on retrouve une
perte complète ou partielle de l'anatomie zonale, Aspects habituels post-thérapeutiques
un épaississement de la capsule prostatique, une IRM : imagerie précoce (3 à 10 jours) (fig. 9.6A)
fibrose périprostatique. L'IRM avec injection (séquence injectée non
Après thérapie focale, l'imagerie peut être deman- dynamique axiale et sagittale) permet d'identi-
dée : fier la zone de nécrose sous forme d'une zone
• de façon précoce dans les 10 jours après le traite- dévascularisée entourée d'une couronne de
ment pour évaluer l'importance, la localisation rehaussement. L'IRM permet ainsi de vérifier si la
et l'extension de la nécrose obtenue ; cible a bien été traitée, elle donne des informa-
• dès qu'il existe une suspicion de complication, tions sur l'importance de la nécrose, son caractère
en particulier pour la recherche d'une fistule complet ou incomplet et estime le volume de
urétro-rectale ; parenchyme non traité qui serait corrélé à l'évolu-
• à 6 mois pour la détection d'une éventuelle tion du PSA. Elle permet également de rechercher
récidive. les complications, en particulier l'extension de la
nécrose à la paroi rectale.
Ultrasons focalisés à haute intensité Échographie précoce avec injection
Il s'agit du traitement du cancer de prostate par de microbulles/élastographie
des ultrasons focalisés. La détection des récidives Cette échographie de contraste est en cours d'éva-
permet d'orienter un nouveau traitement par luation en peropératoire lors de la procédure.
192 Imagerie post-thérapeutique en oncologie

IRM à 6 mois (fig. 9.7A et 9.7B) existe un épaississement de la paroi rectale anté-
Sur les séquences morphologiques T2, il existe rieure qui est accolée à la capsule prostatique
une perte de volume prostatique de plus de 45 %. postérieure.
Certaines études montrent un parallélisme entre le
Aspect de la récidive (fig. 9.8A et 9.8B)
volume résiduel de prostate vascularisée évalué
précocement et la valeur du nadir du PSA, ainsi Les séquences morphologiques sont le plus sou-
que le volume prostatique à 6 mois. La prostate vent ininterprétables, et la distinction entre hypo-
est globalement en hyposignal T2 avec une perte signal tumoral et zone de fibrose est le plus
de l'anatomie zonale. Il peut exister une cavité en souvent impossible. L'association des séquences
continuité avec l'urètre (identique à celle d'une de perfusion et de diffusion est indispensable.
résection transurétrale). Les vésicules séminales La séquence de perfusion est dans ce contexte la
sont globalement en hyposignal T2. Par ailleurs il plus sensible pour la détection des récidives. Elle
permet de différencier un foyer tumoral récidi-
vant, intensément rehaussé sur le temps précoce
de l'injection, d'une zone de fibrose peu vasculari-
sée. L'association des séquences T2 et perfusion
permet de guider les prélèvements biopsiques et
d'en augmenter la rentabilité [39]. Cette séquence
de perfusion est plus sensible mais reste cependant
moins spécifique que l'association T2 diffusion :
perfusion Se 80 % >  T2  +  diffusion 63 % et Sp per-
fusion 63 %  < T2  +  diffusion 74 % [40].

Cryothérapie
La cryothérapie induit une destruction des tissus
par des températures extrêmement froides.
Fig. 9.6. Imagerie après HIFU, évaluation précoce à J10 : La définition de la récidive n'est pas standardisée,
séquence de perfusion.
l'évaluation de la valeur du PSA est fonction du
Zone de nécrose au niveau du lobe périphérique gauche,
entourée d'une couronne, hypervasculaire continue qui suit la volume traité. Le diagnostic de récidive repose
capsule (flèche). surtout sur les biopsies randomisées de la prostate

A B
Fig. 9.7. Évaluation après HIFU à 6 mois : séquence morphologique T2.
Perte de volume de la prostate. Aspect globalement hypo-intense de la prostate avec une perte de l'anatomie zonale. Présence
d'une cavité en continuité avec l'urètre identique à celle d'une résection transurétrale (flèche), hyposignal des vésicules séminales,
épaississement de la paroi antérieure du rectum.
Chapitre 9. Aspect post-thérapeutique du cancer de la prostate 193

A B
Fig. 9.8. Imagerie à 6 mois après HIFU, séquence de perfusion (A) et de diffusion (B) : aspect de récidive.
Intense prise de contraste nodulaire de la région apico-médiane droite (A, flèche) avec une intense restriction
en faveur d'une récidive tumorale (B, flèche).

traitée. Ce traitement peut être renouvelé en cas prostatectomie), la réalisation d'une scintigraphie
de récidive, une radiothérapie externe peut égale- osseuse ou d'une TEP-TDM au FNa est indiquée
ment être proposée. chez des patients symptomatiques ou à fort risque
métastatique, c'est-à-dire s'ils présentent un ou
Imagerie après cryothérapie plusieurs des critères suivants :
IRM : imagerie précoce • tumeur initiale agressive (score de Gleason ≥ 8,
Elle est au mieux effectuée avec des séquences de envahissement des vésicules séminales ou
perfusion non dynamique. Elle permet une éva- atteinte secondaire ganglionnaire) ;
luation du volume et de la localisation de la zone • délai de récidive biochimique < 1–2 ans après
traitée. Elle recherche d'éventuelles complications traitement initial ;
notamment rectales. • temps de doublement de la valeur du PSA
≤ 10 mois.
Imagerie tardive à 6 mois Ce bilan chez un patient à faible risque reste dis-
L'échographie est peu performante, de même que cuté [43–45].
l'IRM morphologique. Comme après HIFU, les La scintigraphie osseuse est actuellement l'exa-
séquences de perfusion dynamique, de diffusion men le plus couramment prescrit pour la détec-
voire de spectroscopie pourraient avoir un intérêt tion des métastases osseuses. Elle est réalisée à
pour la détection des récidives, orienter les prélève- partir de molécules phosphatées marquées au
ments biopsiques et guider ainsi une nouvelle 99m
Tc dont la fixation osseuse dépend de l'acti-
séance de traitement [41, 42]. vité ostéoblastique et du débit sanguin régional
[46]. L'activité administrée en IV (intravei-
neuse) chez l'adulte est de 8 à 10 MBq/kg. Des
Médecine nucléaire images corps entier sont acquises sur une gam-
après traitement du cancer macaméra 2 à 5 heures après injection, de plus
de la prostate si nécessaire une acquisition précoce 1 à
10 minutes après injection peut être réalisée. La
Scintigraphie osseuse sensibilité de la scintigraphie osseuse est bonne
(70 %) mais sa spécificité reste faible (57 %) [45].
et ­TEP-TDM au FNa
Afin d'améliorer les performances de la scinti-
En cas de récidive biochimique (PSA >  2 ng/mL graphie osseuse planaire, une acquisition TEMP-
après radiothérapie et PSA >  0,2 ng/mL après TDM sur caméra hybride (consistant en une
194 Imagerie post-thérapeutique en oncologie

acquisition tomographique suivie immédiate- cielle peut continuer à être positive dans ces
ment d'une acquisition tomodensitométrique modalités du fait de la réaction ostéoblastique de
sur TDM low-dose embarquée actuellement dis- l'os non pathologique [46].
ponible dans la plupart des services de médecine
nucléaire) permet d'augmenter respectivement TEP-TDM au FDG
de 92 et 82 % la sensibilité et la spécificité de
l'examen [45]. Le FDG, analogue du glucose, est le traceur TEP
Le FNa, traceur TEP utilisant les mêmes proprié- le plus utilisé. Il a été validé pour la stadification
tés que la scintigraphie osseuse, permet d'atteindre initiale, le suivi thérapeutique ou la recherche de
100 % de sensibilité et de spécificité chez les récidive dans de nombreux cancers.
patients à haut risque métastatique [45] (fig. 9.9). L'activité administrée de FDG est de 2 à 6 MBq/
L'activité administrée en IV lente de FNa est de kg (en fonction des caractéristiques techniques de
2 à 5 MBq/kg (en fonction des caractéristiques l'appareillage) en perfusion ou en IV directe.
techniques de l'appareillage). Les images sont Les images sont acquises sur une caméra TEP-
acquises sur une caméra TEP-TDM habituelle- TDM 60 minutes après injection.
ment 60 minutes après injection (entre 30 minutes Les études avec le FDG dans le cancer de la pros-
et 4 heures). tate montrent des résultats décevants du fait de la
Les principaux inconvénients de ces modalités faible activité glycolytique de l'adénocarcinome
scintigraphiques sont qu'elles ne permettent pas prostatique. Schöder et al. ont étudié la TEP-
de détecter des lésions osseuses lytiques ou intra- TDM au FDG sur une cohorte de 91 patients
médullaires pures [47] et qu'une lésion cicatri- présentant une récidive biochimique après prosta-

Fig. 9.9. TEP-TDM au FNa : images MIP (Maximum Intensity Projection) (à gauche), TEP en coupes axiale et coronale
(au centre) et TDM en coupes axiale et coronale (à droite).
Contexte clinique : adénocarcinome prostatique métastatique en 2e ligne de chimiothérapie. Résultats : mise en évidence d'un
foyer hyperfixant de l'arc antérieur de la 5e côte gauche d'allure secondaire et d'un franc foyer du cadre obturateur droit se ­projetant
sur une lésion secondaire ostéocondensante.
Chapitre 9. Aspect post-thérapeutique du cancer de la prostate 195

tectomie, la TEP n'a été positive que dans 31 % s'accumuler dans d'autres atteintes néoplasiques
des cas [48]. comme par exemple le cancer pulmonaire, le car-
La TEP-TDM au FDG peut néanmoins présenter cinome hépatocellulaire, le cancer du sein, etc.
un intérêt pronostique, diagnostique et pour le Après un traitement curatif de cancer prostatique,
suivi thérapeutique dans les cancers prostatiques il n'existe plus d'hypermétabolisme prostatique
peu différenciés métastatiques [49]. ou de la loge de prostatectomie, tout foyer hyper-
métabolique en Fcholine de cette région devient
suspect de récidive.
TEP-TDM à la choline La TEP-TDM à la Fcholine a une AMM en
France depuis 2010 pour la recherche de localisa-
La choline, utilisée en imagerie TEP, est un pré- tions osseuses secondaires dans le cancer de la
curseur de la synthèse des phospholipides mem- prostate. Picchio et al. ont comparé la 11C-choline
branaires. Les premières études de la choline en et la scintigraphie osseuse au 99mTc chez 78
pathologie prostatique ont été réalisées à partir patients pour la recherche de métastases osseuses :
d'un radiomarquage au 11C. La courte demi-vie la choline est apparue être l'examen le plus spéci-
radioactive du 11C (20 minutes) restreint son fique et la scintigraphie osseuse l'examen le plus
usage aux sites disposant d'un cyclotron [50]. sensible [53]. Les mêmes résultats ont été obte-
Pour permettre son utilisation en routine, un mar- nus par Beheshti et al. qui ont comparé les perfor-
quage au 18F ayant une demi-vie radioactive de mances de la TEP-TDM à la Fcholine et de la
110 minutes a été réalisé [51]. La supériorité de la TEP TDM au FNa : la sensibilité et la spécificité
choline par rapport au FDG dans le bilan d'exten- respectives de ces deux examens étaient de 74 et
sion initial ou en cas de récidive biochimique de 99 % pour la Fcholine et de 81 et 93 % pour la
cancer prostatique a été prouvée [52]. FNa [54]. Dans cette étude, la choline s'est avé-
L'ANSM (Agence nationale de sécurité du médi- rée plus performante dans la détection précoce
cament et des produits de santé) recommande des métastases osseuses en particulier pour les
d'injecter en intraveineux direct une activité de métastases médullaires. Dans une étude complé-
fluorocholine-(18F) (Fcholine) entre 200 et mentaire, Beheshti et al. ont montré que la TEP-
500 MBq chez un adulte de 70 kg en fonction TDM à la Fcholine pouvait être négative en cas
du type de caméra utilisée. À l'heure actuelle il de lésions osseuses secondaires très sclérotiques
n'existe pas de protocole d'acquisition standard ; (densité TDM >  825 unités Hounsfield) : néan-
néanmoins il est recommandé en pathologie pros- moins il s'agissait de lésions secondaires chez des
tatique de réaliser une première série d'images patients sous hormonothérapie : ces lésions
dynamiques centrées sur le bassin immédiatement étaient-elles viables [55] ? En pratique, il est pré-
après injection pendant 8 à 10 minutes, sur une conisé de réaliser les deux modalités d'examen
caméra TEP-TDM, afin de s'affranchir de l'élimi- scintigraphique (TEP à la choline et TEP au FNa
nation urinaire de la Fcholine. Juste après cette ou scintigraphie osseuse) afin d'obtenir une
acquisition dynamique, il doit être réalisé une caractérisation plus précise des lésions osseuses
acquisition « corps entier » (du crâne jusqu'à secondaires et de mieux en évaluer la réponse thé-
­mi-cuisse). Si nécessaire, l'examen peut être com- rapeutique [49].
plété par une acquisition plus tardive centrée sur La TEP-TDM à la Fcholine présente un intérêt
une région d'intérêt. majeur en cas de récidive biologique mais n'est
La biodistribution physiologique de la choline pas pour le moment encore validée dans la
comprend une fixation des glandes salivaires, du recherche de récidive locale ou ganglionnaire. La
foie, de la rate, du pancréas, et de façon incons- revue de la littérature des études de la 11C-choline
tante de l'hypophyse et de l'intestin grêle. Comme et de la Fcholine, réalisées dans le cadre de réci-
pour le FDG, la Fcholine peut s'accumuler dans dive biochimique de cancer prostatique, montre
des lésions inflammatoires. Elle peut également que la sensibilité de cet examen varie de 38 à
196 Imagerie post-thérapeutique en oncologie

98 % [49]. Cette variabilité de sensibilité est liée Malgré les faibles données de la littérature, la
à l'hétérogénéité des populations étudiées. Par Fcholine semble avoir également un intérêt
exemple la TEP-TDM à la choline semble plus dans le cadre de récidive biologique après traite-
sensible après radiothérapie (78 %) qu'après ments focaux en particulier après curiethérapie
prostatectomie (38 %) [56]. De plus, la positivité [60].
de cet examen dépend de l'agressivité initiale du L'hormonothérapie a été décrite comme pouvant
cancer (score de Gleason, stade, statut ganglion- faire diminuer l'intensité de fixation de la
naire), de la concentration sérique du PSA, de sa 11
C-choline [49], cet effet est plus controversé
vélocité et de son temps de doublement. Par avec la 18F-choline [61] néanmoins il semble plus
exemple, Castellucci et al. ont étudié la TEP- judicieux de réaliser la TEP à la Fcholine avant
TDM à la 11C-choline chez 102 patients traités l'instauration d'une hormonothérapie en cas de
par prostatectomie radicale et présentant une récidive biochimique.
récidive biochimique avec une concentration
sérique du PSA inférieure à 1,5 ng/mL [57].
Pour cette concentration la choline s'est avérée TEP à la Fcholine et récidive
positive dans 28 % des cas. De plus un temps de biochimique occulte
doublement inférieur à 7,25 mois ou une atteinte
Quand demander l'examen ?
ganglionnaire initiale se sont avérés être des fac-
• Après prostatectomie radicale, lorsque PSA >  0,2 ng/
teurs indépendants de positivité de la choline. mL
Pelosi et al. relatent un taux de positivité de la • Après radiothérapie, lorsque PSA >  2 ng/mL
Fcholine de 20 % lorsque la concentration sérique • Éventuellement après traitements focaux
de PSA est inférieure ou égale à 1 ng/mL, de Absence de consensus sur la valeur seuil du PSA
44 % pour un PSA compris entre 1 et 5 ng/mL La probabilité de positivité de l'examen sera élevée
et de 82 % pour un PSA supérieur à 5 ng/mL en cas de :
dans leur cohorte de 56 patients présentant une • concentration sérique du PSA élevée ;
récidive biochimique post-prostatectomie [58]. • tumeur initialement agressive (Gleason ≥ 8, atteinte
Schillaci et al. recommandent de réaliser une des VS ou ganglionnaire) ;
TEP-TDM à la Fcholine chez des patients ayant • récidive biochimique précoce : < 1–2 ans après trai-
subi une prostatectomie lorsque : le PSA dépasse tement initial ;
2 ng/mL, le temps de doublement du PSA est • temps de doublement du PSA ≤ 10 mois.
inférieur ou égal à 6 mois et la vélocité du PSA Ne pas débuter l'hormonothérapie avant la réalisation
de l'examen.
est supérieure à 2 ng/mL [59] (fig. 9.10 à 9.12).

Fig. 9.10. TEP-TDM à la 18F-fluorocholine : image de fusion en coupe axiale (à droite) et coupe TDM axiale (à gauche).
Contexte clinique : adénocarcinome prostatique Gleason 6 traité par HIFU à deux reprises, nadir du PSA à 0,2 ng/mL. 2 ans plus
tard ascension du PSA à 2,8 ng/mL. Résultat : franc hypermétabolisme prostatique gauche traduisant une récidive néoplasique
locale.
Chapitre 9. Aspect post-thérapeutique du cancer de la prostate 197

B
Fig. 9.11. TEP-TDM à la 18F-fluorocholine : images MIP (A), images de fusion (en haut), images TDM (B).
Contexte clinique : adénocarcinome prostatique Gleason 8 (4 + 4) traité par prostatectomie radicale classé pT3bN0 et ayant béné-
ficié d'une radiothérapie de rattrapage. Réascension du PSA à 1,19 ng/mL. Résultats : deux foyers hypermétaboliques ganglion-
naires : l'un iliaque externe gauche (images de droite), le second présacré gauche (images de gauche) traduisant une récidive
ganglionnaire.
198 Imagerie post-thérapeutique en oncologie

B
Fig. 9.12. TEP-TDM à la 18F-fluorocholine : images MIP, images de fusion, images TDM.
Contexte clinique : adénocarcinome prostatique Gleason 6, classé T2 avec un PSA initialement élevé à 72 ng/mL traité par hormono-
radiothérapie (hormonothérapie terminée il y a 2 ans). Nadir du PSA à 0,45 ng/mL. Actuellement réascension du PSA à 3,08 ng/mL.
Résultat : franc hypermétabolisme prostatique gauche traduisant une récidive locale (A) associé à un foyer du corps vertébral de L3
se projetant en regard d'une discrète plage condensante traduisant la présence d'une atteinte métastatique osseuse unique (B).
Chapitre 9. Aspect post-thérapeutique du cancer de la prostate 199

B
Fig. 9.13. TEP-TDM à la 18F-fluorocholine.
A. En haut : images de fusion en coupes axiale et coronale, en bas images TDM en coupes axiale et coronale. B. En haut : images
TEP en coupes axiale et coronale, en bas images TDM en coupes axiale et coronale.
Contexte clinique : adénocarcinome prostatique Gleason 7 (4 + 3) découvert en avril 2011, PSA à 40 ng/mL, classé T3 en IRM,
traité par Firmagon, persistance d'un PSA élevé : modification thérapeutique avec traitement par Décapeptyl. PSA restant élevé à
11,22 ng/mL en avril 2012. TEP-TDM à la 18F-fluorocholine en avril 2012 : aspect en faveur d'une atteinte néoplasique prostatique
droite (A) associée à une atteinte secondaire ganglionnaire iliaque externe droite (B). Introduction d'un antiandrogène et réévalua-
tion thérapeutique (PSA en octobre 2012 à 1,96 ng/mL). TEP-TDM à la 18F-fluorocholine en octobre 2012 : aspect en faveur d'une
réponse métabolique complète.
200 Imagerie post-thérapeutique en oncologie

Autres traceurs TEP en cours La classification SOMA-LENT est le résultat d'un


d'évaluation travail commun de l'EORTC et du RTOG
(Radiation Therapy Oncology Group). Elle offre
De nouveaux traceurs TEP sont en cours d'éva- une échelle uniforme d'évaluation des effets tar-
luation dans le cancer de la prostate [49]. Parmi difs en Europe et aux États-Unis (tableau 9.4).
eux figure la GRPR (Gastrin Releasing Peptide
Receptor) ou bombésine marquée au 68Ga. La Tableau 9.3 Classifications CTCAE
GRPR est surexprimée dans le cancer de la pros-
Échelle CTCAE des effets précoces et tardifs de la radiothérapie
tate. Dans une étude récente, Schroeder et al. ont
Grade 1 Toxicité légère
montré en préclinique que la fixation de la
68
Ga-bombésine est plus élevée que la Fcholine Grade 2 Toxicité modérée
dans les sites tumoraux [62]. Grade 3 Toxicité sévère
De nouveaux traceurs plus spécifiques, pouvant Grade 4 Toxicité menaçant
la vie du patient
permettre de déterminer des populations diffé-
rentes de cancer prostatique et d'évaluer d'éven- Grade 5 Décès du patient suite à une
toxicité
tuelles thérapies ciblées, sont également en cours
d'étude comme le 18F-PSMA, glycoprotéine de Échelle CTCAE des symptômes tardifs selon leurs probabilités
de lien avec le traitement antérieurement reçu
surface surexprimée par les cellules cancéreuses
Niveau 1 Aucun lien avec l'irradiation
prostatiques ou le 18F-FDHT, récepteur andro­
génique [49]. Niveau 2 Lien très peu probable
Niveau 3 Lien possible avec l'irradiation
Niveau 4 Lien probable
Évaluation de la toxicité Niveau 5 Lien certain avec l'irradiation

Différentes échelles de toxicité ont été proposées Tableau 9.4 Classification SOMA-LENT
pour évaluer les effets secondaires des traitements
Classification SOMA-LENT de l'évaluation des effets tardifs
des cancers, et de la radiothérapie en particulier. de la radiothérapie
Elles ont pour objectif de proposer un outil uni-
L'évaluation de la toxicité se fait en quatre parties :
forme et reproductible d'évaluation de la toxicité.
S  =  subjectif Symptômes perçus par le patient
L'utilisation d'échelles communes permet notam-
ment une comparaison plus aisée des résultats O  =  objectif Morbidité évaluée par le clinicien
d'études cliniques, des traitements, des tech- M  =  management Traitements entrepris pour lutter
niques. Deux grandes échelles sont utilisées : la contre les symptômes
classification du National Cancer Institute : A  =  analytique Examens paracliniques permettant
Common Terminology Criteria for Adverse Events une évaluation de la fonction tissulaire
(CTCAE), et la classification SOMA-LENT Classification SOMA
(Subjective Objective Management Analytic – Late Grade 1 Symptômes légers ne nécessitant
Effects of Normal Tissues). pas de traitement
Grade 2 Symptômes nécessitant un traitement
L'échelle CTCAE classe les effets précoces et les
symptomatique
effets tardifs en 5 grades, et les symptômes tardifs
Grade 3 Symptômes sévères ayant un impact
selon leurs probabilités de lien avec le traitement significatif sur la qualité de vie du patient
antérieurement reçu (tableau 9.3). Une échelle de et nécessitant un traitement plus agressif
toxicité est proposée pour chaque organe ou tissu Grade 4 Atteinte fonctionnelle irréversible
sain. Les grades sont définis selon des critères de nécessitant des interventions
traitement (hospitalisation, utilisation de traite- thérapeutiques majeures
ments symptomatiques ou nécessité de traite- Grade 5 Décès du patient suite à une toxicité
ments spécifiques, etc.). ou perte de l'organe
Chapitre 9. Aspect post-thérapeutique du cancer de la prostate 201

La fréquence des effets indésirables graves ou Après radiothérapie externe seule, ou après curie-
sévères a considérablement diminué depuis le thérapie, environ 40 % des patients rapportent une
développement de la RC3D, et surtout de la dysfonction de l'érection, qui peut néanmoins
RCMI. Le rectum peut être le siège d'une rec- répondre à un traitement spécifique.
tite, à des degrés divers, de la simple émission
glaireuse, souvent liée à l'ingestion de certains
aliments, à des rectorragies du fait du saigne-
ment de télangiectasies. Cette complication Guidelines d'évaluation
apparaît de 6 mois à 3 ans après le traitement.
Le plus souvent, un traitement anti-inflamma-
Détection des récidives locales
toire local et quelques conseils d'hygiène diété-
tiques suffisent pour faire cesser ces symptômes.
Rarement, ces rectorragies sont abondantes et
Après prostatectomie radicale
quotidiennes, avec installation progressive d'une
anémie par carence martiale, rendant une inter- Définition de la récidive biologique
vention locale nécessaire pour cautériser ces PSA > 0,2 ng/mL
télangiectasies par applications de plasma d'ar- Imagerie
gon. Plus rarement encore, la rectite chronique • Si suspicion de récidive clinique ou biologique
évolue vers une sténose ou une fistulisation dans • Détection précoce d'une récidive locale
la vessie. Au niveau du canal anal, peuvent s'ob- (adapter la radiothérapie) :
server une anite, une sténose et parfois une – IRM multiparamétrique, séquence de perfusion
nécrose, souvent douloureuse, et dont le traite- +++
– TEP-TDM à la choline
ment est toujours délicat.
Les effets tardifs vésicaux sont plus rares. Ils cor-
respondent à une fibrose, un épaississement de la
paroi vésicale et à une diminution de la capacité
vésicale du fait de la rigidité de la paroi. Il peut Après radiothérapie
s'ajouter des ulcérations muqueuses, des télan-
Définition de la récidive biologique
giectasies à l'origine d'hématuries, qui peuvent Nadir du PSA + 2 ng/mL (critères de Phœnix)
être abondantes avec formation de caillots, ces
Imagerie
derniers pouvant être responsables de rétentions
• Si suspicion de récidive clinique ou biologique
aiguës d'urine. Les sténoses urétérales sont rares, • Récidive locale (détecter les récidives/cibler les b­ iopsies/
pouvant nécessiter la pose de sondes double J. guider un traitement de rattrapage) :
Les sténoses de l'urètre peuvent survenir au – IRM multiparamétrique (perfusion et diffusion)
niveau de son trajet intraprostatique, et nécessi- – TEP-TDM à la choline
tant parfois des dilatations itératives. Elles ne
surviennent que s'il y a eu une intervention pré-
alable à l'irradiation, comme une résection tran-
surétrale (RTU) de prostate. Il est recommandé Après curiethérapie
de laisser au moins 4 à 6 mois entre une RTU et
le début d'une radiothérapie pour cancer de Définition de la récidive biologique
prostate. Non standardisée
La fréquence des dysfonctions érectiles est très Imagerie
variable après radiothérapie. Elle est constante Détecter précocement les récidives, cibler les biopsies,
guider un nouveau traitement :
lorsqu'une hormonothérapie est associée à la
• IRM de perfusion, spectroscopie ?
radiothérapie, liée à une baisse de la libido, au
• ± TEP-TDM à la choline
moins pendant la durée d'action du traitement.
202 Imagerie post-thérapeutique en oncologie

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204 Imagerie post-thérapeutique en oncologie

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Chapitre 10
Aspect post-thérapeutique
du cancer du col utérin

C. Balleyguier • H. Kolesnikov-Gauthier • C. Haie-Meder

Place de la thérapeutique de la maladie est toujours déterminé par la classi-


oncologique médicale et fication FIGO [2] (tableau 10.1), qui est une
classification clinique, et qui tient compte essen-
radiothérapique dans le tiellement de l'extension locorégionale de la
traitement actuel du cancer tumeur. Cette classification ne tient pas compte de
du col utérin l'extension ganglionnaire, pelvienne ou lomboaortique,
contrairement à la classification TNM [3]. Les
Le cancer du col utérin est le troisième cancer tumeurs de stade Ia (lésion maligne du col uni-
gynéco­ logique et atteint préférentiellement les quement histologique) et IB1 (tumeur limitée au
femmes jeunes de moins de 45 ans. Aujourd'hui la col de moins de 4 cm) peuvent relever d'un traite-
stratégie thérapeutique est plus efficace qu'aupa- ment chirurgical. L'approche chirurgicale clas-
ravant grâce à l'introduction de la chimiothérapie sique est l'opération de Wertheim-Meigs qui
et la radiothérapie concomitantes, dans les stades consiste en une hystérectomie totale avec résec-
évolués, supérieurs au stade FIGO IB2 (classifica- tion du tiers supérieur du vagin, des paramètres et
tion de la Fédération internationale des gynecolo- du paravagin incluant les ligaments utérosacrés,
gues et obstétriciens, tableau 10.1). associée à une dissection des ganglions pelviens et
lomboaortiques.
Pour les tumeurs plus évoluées, au-delà du stade
Traitement du cancer du col Ib2 (tumeur limitée au col de plus de 4 cm), la
utérin chirurgie ne doit pas être pratiquée d'emblée. Le
pronostic de ces lésions avancées a été fortement
Les principaux facteurs pronostiques sont : la amélioré par la mise en place de protocoles théra-
taille de la tumeur, le stade, l'existence d'un enva- peutiques associant une radiochimiothérapie
hissement ganglionnaire pelvien et/ou lom- concomitante et une curiethérapie. Des études
boaortique. Le pronostic du cancer du col est randomisées publiées en 1999 et 2000 testant le
bon lorsqu'il est détecté au stade de lésion pré- cisplatine en association concomitante avec la
invasive (absence d'envahissement de la mem- radiothérapie ont montré un bénéfice sur la survie
brane basale) et le traitement consiste alors en sans récidive et sur la survie globale dans les carci-
une conisation chirurgicale ou une destruction nomes du col utérin de plus de 4 cm et/ou avec
des lésions par vaporisation laser [1]. Cependant, un envahissement ganglionnaire pelvien mais sans
les formes invasives ou d'emblée localement avan- envahissement lomboaortique [4, 5]. Ce bénéfice
cées ont un pronostic moins favorable. Le stade semble moins important dans les stades les plus
Imagerie post-thérapeutique en oncologie
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206 Imagerie post-thérapeutique en oncologie

Tableau 10.1 Classification FIGO des cancers du col, mise à jour 2009
Stade I Cancer strictement limité au col
IA Cancer invasif diagnostiqué seulement à l'histologie avec invasion en profondeur ≤ 5 mm et extension latérale ≥ 7 mm
IA1 Envahissement du stroma ≤ 3,0 mm en profondeur et extension ≤ 7,0 mm
IA2 Envahissement du stroma > 3,0 mm et ≤ 5,0 mm avec une extension ≤ 7,0 mm
IB Lésions cliniquement visibles limitées au col utérin ou cancers précliniques supérieurs au stade IA
IB1 Lésions cliniquement visibles ≤ 4,0 cm de plus grand diamètre
IB2 Lésions cliniquement visibles >  4,0 cm de plus grand diamètre
Stade II Cancer du col s'étendant au-delà de l'utérus, sans atteindre la paroi pelvienne ou le tiers inférieur du vagin
IIA Sans extension paramétriale
IIA1 Lésion cliniquement visible ≤ 4,0 cm de plus grand diamètre
IIA2 Lésion cliniquement visible >  4,0 cm de plus grand diamètre
IIB Avec atteinte paramétriale
Stade III Tumeur étendue à la paroi pelvienne et/ou envahissant le tiers inférieur du vagin et/ou avec hydronéphrose ou rein non
sécrétant
IIIA Tumeur envahissant le tiers inférieur du vagin, sans extension à la paroi pelvienne
IIIB Extension à la paroi pelvienne et/ou hydronéphrose ou rein non sécrétant
Stade IV Extension extrapelvienne ou avec envahissement de la muqueuse vésicale ou rectale
IVA Extension aux organes adjacents
IVB Extension à distance
FIGO Committee On Gynecologic Oncology. Int J Gynaecol Obstet. 2009 ; 105 : 103-4.

évolués. La toxicité de l'association radiochimio- du col utérin de stade FIGO I à IV. La dose déli-
thérapie, principalement hématologique et diges- vrée en curiethérapie varie suivant l'inverse du
tive est supérieure à celle d'une irradiation seule. carré de la distance et permet de délivrer une
Ce traitement est donc aujourd'hui le traitement de dose très élevée tout en protégeant les tissus sains
référence des tumeurs de stade IB2 et au-delà [6]. environnants. Il est possible aujourd'hui de défi-
nir par IRM les volumes d'irradiation en curie-
La curiethérapie joue un rôle fondamental dans
thérapie de façon beaucoup plus précise qu'avec
le traitement des patientes présentant un cancer
n'importe quelle autre modalité d'imagerie.
du col utérin. Les caractéristiques physiques de la
L'imagerie par IRM a ainsi conduit à une amélio-
curiethérapie sont représentées par un gradient
ration de la connaissance de la tumeur et de ses
de dose élevé, permettant de délivrer une dose
extensions. Au moment de la curiethérapie, la
élevée dans la tumeur, tout en maintenant des
mise en place d'applicateurs vaginaux compa-
doses relativement faibles dans les organes sains
tibles avec l'IRM a permis également de progres-
(essentiellement la vessie, le rectum et le sig-
ser dans l'évaluation des volumes tumoraux
moïde). Ces caractéristiques physiques, associées
résiduels après radiochimiothérapie concomi-
aux possibilités actuelles d'optimisation, per-
tante [8]. Outre des définitions volumétriques et
mettent à la curiethérapie gynécologique de
anatomiques, les recommandations du groupe
conserver une place compétitive, même compa-
gynécologie du GEC-ESTRO (Groupe européen
rée à des techniques sophistiquées d'irradiation,
de curiethérapie – European Society for Radiotherapy
comme la protonthérapie ou la modulation d'in-
and Oncology) ont porté sur les doses à délivrer
tensité [7]. En conséquence, la curiethérapie
dans les deux CTV reconnus (volumes d'intérêt
représente toujours une étape fondamentale dans
tumoral à traiter) : dose d'au moins 60 Gy dans
le traitement des patientes atteintes d'un cancer
le CTV-IR (Clinical Target Volume – Intermediate
Chapitre 10. Aspect post-thérapeutique du cancer du col utérin 207

Risk, qui correspond au volume tumoral inté- Évaluation de la réponse


grant les données d'extension tumorale initiale) précoce et tardive au traitement
et d'au moins 80 Gy dans le CTV-HR (Clinical
Target Volume – High Risk, qui correspond au
volume tumoral résiduel au moment de la curie-
Aspects post-thérapeutiques
thérapie, après l'irradiation externe) [9]. normaux
Ce traitement peut être suivi par une chirurgie de Après chirurgie
clôture qui comporte une colpohystérectomie L'aspect habituel en imagerie après hystérectomie
élargie avec lymphadénectomie pelvienne et lom- totale montre, outre l'absence d'utérus, un cul-
boaortique. En cas d'envahissement ganglion- de-sac vaginal épaissi qui forme une bande linéaire
naire pelvien ou lomboaortique, une radiothérapie hypointense en séquence pondérée T2 (fig. 10.1).
externe est réalisée [6]. Les séquences sagittales sont utiles pour montrer
le mur vaginal normal, hypointense en séquence
pondérée T2. Dans certains cas un tissu fibreux
Difficultés de l'évaluation est présent au niveau de la cicatrice vaginale. Des
clips métalliques sous la forme de foci hypoin-
La difficulté initiale est donc d'évaluer très préci- tenses peuvent être détectés le long de la paroi
sément le stade de la maladie. La classification pelvienne au niveau des zones de dissections
FIGO, basée sur l'examen clinique et donc subjec- ganglionnaires.
tive, peut être imprécise pour déterminer exacte-
Après trachélectomie (résection du col, d'une
ment l'extension aux paramètres [10]. Le but
collerette vaginale et des paramètres), interven-
premier du bilan d'extension en imagerie est donc
tion possible en cas de tumeur limitée au col, de
de préciser quel est le stade de la maladie, afin
moins de 2 cm, sans emboles vasculaires ni enva-
d'opter pour la meilleure option thérapeutique.
hissement ganglionnaire, et désir de grossesse,
L'imagerie et l'IRM en particulier est également
l'aspect habituel est celui d'un utérus tronqué,
fondamentale pour évaluer l'efficacité thérapeu-
l'isthme apparaissant directement au-dessus du
tique de la radiochimiothérapie concomitante
vagin.
associée à la curiethérapie.
L'examen clinique, enfin, est insuffisant pour la
détection des récidives locales, en particulier
lorsque le traitement est conservateur. Ainsi, le
troisième rôle de l'IRM va être de préciser l'exis-
tence, la localisation et l'extension d'une éven-
tuelle récidive tumorale Locorégionale ou à
distance. La TEP-TDM a également un intérêt
pour la détection des récidives en cas de doute
radiologique en IRM ou scanner ou d'imagerie
scanner ou IRM normale, et pour l'évaluation à
distance, grâce à une exploration « corps entier »
dans le même temps d'examen.
Il y a donc une forte interaction entre les méde-
cins cliniciens oncologues et radiothérapeutes,
radiologues et médecins nucléaires pour la prise Fig. 10.1. Patiente de 47 ans, cancer du col IB2 traité par
en charge du cancer du col, du bilan initial jusqu'à chirurgie : séquence sagittale en pondération T2.
Adhérences en rapport avec la chirurgie, visibles sous la forme
la recherche de récidives. Cette interaction est de bandes épaisses hypointenses, latérales, bilatérales et
pleinement représentée au cours des réunions symétriques, au niveau des deux ligaments utérosacrés et en
pluridisciplinaires. paravaginal postérieur (flèches).
208 Imagerie post-thérapeutique en oncologie

Après irradiation attentivement les images pré et post-traitement. En


cas de suspicion de reliquat, il est nécessaire de
L'IRM peut évaluer la réponse à l'irradiation. Elle
confirmer le diagnostic par une biopsie du col ou de
peut être précoce (2–3 mois) dans le cas de petites
l'endocol, et en cas de positivité de réaliser une hys-
tumeurs, ou retardée (6–9 mois) pour de volumi-
térectomie de rattrapage. Le risque est la survenue
neuses tumeurs. Une réponse à la radiothérapie cor-
de complications urinaires dans 20 % des cas (fis-
respond à une régression de la taille tumorale et à
tules, incontinence urinaire, hydronéphrose, etc.).
une diminution ou disparition de l'hypersignal
tumoral (fig. 10.2). Une diminution significative Une prise de contraste du col après irradiation n'est
précoce (2–3 mois) de l'intensité de signal et du pas forcément synonyme de récidive. En effet, un
volume de la tumeur indique une bonne réponse à rehaussement peut être observé en cas de
l'irradiation et une forte probabilité de rémission fibrose radique, d'inflammation persistante, ou de
complète. Hricak et al. [11] ont montré que la nécrose [13]. L'IRM de diffusion peut être utile ;
reconstitution d'une anatomie zonale normale du une étude récente a montré que la mesure du coeffi-
col et la présence d'un stroma cervical hypointense cient de diffusion aurait un intérêt pour différencier
homogène en IRM sont des indicateurs fiables de les rehaussements bénins des prises de contraste
l'absence de tumeur résiduelle après irradiation. tumorales, au cours de cette période de 1–3 mois
Cependant, surtout pendant les 3 premiers mois après la fin de l'irradiation [14]. Ces données doivent
après la fin de l'irradiation, il est fréquent d'observer toutefois être confirmées par d'autres études.
un élargissement du canal cervical ou une hyperin- Après la fin de l'irradiation, l'IRM va également
tensité du stroma cervical ; ces signes sont non spé- rechercher en complément de l'examen clinique
cifiques, si bien que dans de tels cas, la détection des éléments pour détecter précocement une réci-
d'une récidive est très aléatoire [12]. En cas de dive tumorale.
doute sur des phénomènes post-thérapeutiques, on
propose un nouveau contrôle IRM 2 mois plus tard. Aspects post-thérapeutiques
La persistance d'une zone hétérogène hyperintense en TEP-TDM au 18FDG
en pondération T2 au niveau du col, avec un rehaus- Évaluation de la réponse
sement hétérogène après injection peut corres- aux traitements
pondre à un reliquat tumoral (fig. 10.3). Le
diagnostic radiologique par IRM d'un reliquat La fixation de 18FDG au niveau de la tumeur peut
tumoral après radiochimiothérapie et curiethérapie être quantifiée par la mesure de la SUV. Le suivi
peut être difficile, et il est nécessaire de comparer des SUV avant et après traitement permet de pré-

A B
Fig. 10.2. Patiente de 49 ans, cancer du col IIIA traité par radiochimiothérapie, curiethérapie : séquence sagittale en pondé-
ration T2 avant traitement (A) et après 6 semaines après la fin du traitement (B).
La masse tumorale envahit initialement le col utérin, le vagin jusqu'à son tiers inférieur. Après traitement, la tumeur n'est plus
visible ; le col apparaît atrophié, ce qui est normal après radiochimiothérapie et curiethérapie.
Chapitre 10. Aspect post-thérapeutique du cancer du col utérin 209

A B C

E F
Fig. 10.3. Patiente de 60 ans, adénocarcinome endométrioïde de l'endocol IIB, traité par radiochimiothérapie concomitante
et curiethérapie.
La tumeur centrée sur l'endocol est en hypersignal en pondération T2 (A). La tumeur résiduelle après radiochimiothérapie conco-
mitante est traitée par curiethérapie. L'IRM percuriethérapie (B) permet de visualiser le reliquat tumoral, le positionnement des
sources de curiethérapie et le calcul des doses de curiethérapie, les images étant transférées sur le logiciel de calcul. Le contrôle
IRM après traitement (C) montre la persistance de tissu discrètement hyperintense en T2 au niveau du col, avec apparition d'une
sténose isthmique et d'une rétention utérine, avec prise de contraste hétérogène du col utérin (D) faisant suspecter un reliquat
tumoral, confirmé par la biopsie cervicale. La patiente a été traitée par hystérectomie secondairement. La lésion tumorale initiale
était hyperfixante sur la TEP-TDM réalisée dans le bilan d'extension (E), sans adénopathies lomboaortiques suspectes. Un curage
lomboaortique avait été réalisé avant le début de la radiochimiothérapie du fait de la négativité de la TEP (pour ne pas méconnaître
des adénopathies envahies non fixantes en TEP) avec pour conséquence le développement d'une lymphocèle (F).
210 Imagerie post-thérapeutique en oncologie

dire la réponse tumorale [15]. L'évaluation par (disparition de toute fixation résiduelle), 30 %
TEP de la réponse à 3–4 mois de la fin du traite- pour celles ayant une réponse métabolique par-
ment par radiochimiothérapie concomitante est tielle (persistance d'une fixation anormale) et 0 %
prédictive de la survie sans récidive et de la survie pour les patientes ayant une maladie progressive
globale des patientes, avec une survie significative- sur le plan métabolique (apparition de nouveaux
ment différente selon la persistance ou non d'une sites hyperfixants) [18].
hyperfixation du 18FDG (fig. 10.4 et 10.5), ou Le type de récidive est également différent selon le
l'apparition d'un nouveau foyer à distance [16, groupe de répondeuses (tableau 10.2).
17]. Ainsi, sur une série de 238 patientes, la survie
L'existence d'une fixation du 18FDG à 3 mois ne
à 5 ans s'est avérée significativement différente
signe cependant pas toujours une persistance évo-
selon la réponse métabolique : 73 % pour les
lutive. En effet, le 18FDG est un traceur non spéci-
patientes avec réponse métabolique complète

A B

C D
Fig. 10.4. Patiente de 46 ans traitée par radiochimiothérapie pour un carcinome du col utérin.
A. Image 3D (MIP) avant traitement montrant une fixation sus-vésicale significative (intersection des lignes rouge et orange). B. La
TEP réalisée en bilan à 3 mois de la fin du traitement montre une disparition de toute fixation locale sus-vésicale (réponse com-
plète). En revanche, il est apparu un petit foyer mammaire droit (A, ligne rouge et C) associé à un petit foyer ganglionnaire axillaire
droit (A, ligne orange et D), faisant suspecter un cancer du sein. Les biopsies échoguidées vont confirmer l'existence d'un carci-
nome canalaire infiltrant, triple négatif.
Chapitre 10. Aspect post-thérapeutique du cancer du col utérin 211

A B

Fig. 10.5. Patiente traitée pour un carcinome du col utérin, reliquat tumoral.
L'IRM de contrôle post-thérapeutique (A) montre la persistance d'un nodule de la lèvre antérieure de l'endocol à la partie moyenne
de celui-ci compatible avec des remaniements post-thérapeutiques sans que l'on puisse éliminer formellement une persistance
évolutive. La TEP réalisée à la même époque (A) montre la persistance d'un foyer (SUV 4,9). Malgré la présence de nécrose ren-
dant illusoire la possibilité de prélèvement, des biopsies sont réalisées dans le mois suivant, s'avérant toutes négatives. L'IRM de
contrôle 10 semaines plus tard montre une augmentation de taille de la lésion centrée sur la lèvre antérieure de l'endocol (20 mm
versus 11 mm) suspecte. La TEP réalisée avant chirurgie de rattrapage (B) confirme la majoration de l'hypermétabolisme précé-
demment décrit en regard du col utérin (SUV 6,8).

Tableau 10.2 Pourcentages et types de récidive selon le groupe de réponse métabolique évaluée par TEP à 3 mois de la
fin du traitement [18]
Réponse TEP Taux de récidive dans les Type de récidive
5 ans
Locorégionale À distance
Complète 23 % 15 % 85 %
Partielle 65 % 58 % 42 %
Progression 100 % 4% 96 %

fique et environ 35 % des fixations résiduelles lement traitée ait régressé [19]. En pratique,
correspondent en fait à des processus inflamma- cette récidive survient le plus souvent dans les 2
toires post-radiques. Cette fixation peut parfois à 3 ans qui suivent la fin du traitement, dans 70 %
être intense, et la valeur de la SUV ne permet pas des cas sous forme de métastases à distance avec
de prédire s'il s'agit d'une persistance évolutive ou ou sans association à une récidive locorégionale.
d'une inflammation [18]. Les facteurs de risque de récidive d'un cancer
du col incluent les caractéristiques histologiques
de la tumeur, le statut ganglionnaire initial et la
Stratégie de surveillance réponse au traitement. La détection des réci-
à long terme dives locales est souvent difficile en raison des
modifications tissulaires fibrotiques survenant
Environ 30–35 % des patientes suivies pour un après chirurgie et/ou radiothérapie. Le dia-
cancer du col invasif vont présenter une récidive gnostic est alors souvent tardif, s'appuyant sur
(ou une persistance évolutive). Une récidive est la symptomatologie clinique, à un stade où le
définie comme une reprise tumorale locale ou le volume tumoral requiert une chirurgie exten-
développement de métastases à distance surve- sive avec un bénéfice néanmoins limité en
nant au moins 6 mois après que la lésion initia- termes de survie.
212 Imagerie post-thérapeutique en oncologie

La détection précoce des récidives ou des persis- Détection des récidives locales
tances évolutives après traitement peut améliorer en IRM
la survie des patientes. Cependant, aucun exa-
men d'imagerie systématique n'est aujourd'hui L'examen clinique est le plus souvent difficile en
recommandé dans le suivi après cancer du col raison des remaniements chirurgicaux ou liés à la
utérin, en dehors des patientes traitées par tra- radiothérapie. Les biopsies centrées sur le col sont
chélectomie qui sont suivies annuellement par utiles seulement dans le cas de lésions extériori-
IRM pendant 5 ans, en raison du risque plus sées, accessibles. L'IRM est un examen adapté
élevé de récidives dans cette population. Les exa- pour la détection des récidives locales. L'IRM de
mens d'imagerie, et en premier lieu l'IRM sont surveillance après radiothérapie doit comporter
prescrits en cas d'anomalie clinique suspecte, de des séquences pondérées en T2 et des séquences
douleur inexpliquée ou d'apparition d'une après injection de chélate de gadolinium [20]. La
hydronéphrose. Le site le plus fréquent de réci- performance de l'IRM pour la détection de réci-
dive est le pelvis. Les options thérapeutiques des dives locales varie de 78 à 83 % (VPP =  65 % ;
récidives sont la chirurgie, l'irradiation et la VPN =  97 %) [20]. Ainsi, une IRM normale, sans
chimiothérapie, en fonction du traitement de la prise de contraste ou sans lésion hyperintense en
tumeur initiale, de la localisation et de l'exten- séquence pondérée en T2, permet quasiment
sion de la récidive. Les récidives locales centrales d'éliminer le diagnostic de récidive. Des faux
sont traitées habituellement par pelvectomie négatifs de l'IRM sont cependant possibles
antérieure, postérieure ou totale ; la pelvectomie lorsque l'examen est réalisé dans un trop court
chez des patientes bien sélectionnées permet délai après la fin de l'irradiation (< 3 mois).
d'obtenir des taux de survie à 5 ans supérieurs à
Récidives pelviennes
82 % avec de faibles complications. En revanche
lorsque la récidive est latérale et atteint la paroi Les récidives sont habituellement hyperintenses en
pelvienne, il n'y a alors plus de possibilités théra- séquence pondérée T2 comme la tumeur initiale.
peutiques chirurgicales. On peut proposer aux Elles sont visibles sous la forme de masses tissulaires
patientes de participer à des protocoles de hétérogènes avec des degrés variables de nécrose sur
chimiothérapie de phase I. Il est donc tout parti- les images avec injection de produit de contraste
culièrement important d'affirmer par l'imagerie (fig. 10.6). Parfois les récidives pelviennes peuvent
l'existence et la localisation d'une récidive du fait avoir un aspect kystique au sein d'une masse solide
de ces thérapeutiques lourdes. peu importante. Si la récidive survient sur un col

A B
Fig. 10.6. Patiente de 55 ans, antécédent de cancer du col traité par chirurgie, récidive latéro-pelvienne droite visible en IRM.
Une masse hétérogène en pondération T2 latéro-pelvienne droite est visible le long des vaisseaux (A, flèche). Cette masse est
hyperintense sur la séquence de diffusion (B, flèche). Cette localisation est inaccessible à un traitement chirurgical. La patiente a
été incluse dans un protocole de chimiothérapie de phase I.
Chapitre 10. Aspect post-thérapeutique du cancer du col utérin 213

résiduel, l'obstruction du canal cervical peut alors de fréquence décroissante. Les métastases périto-
entraîner une hydrométrie. Chez les patientes qui néales sous forme de carcinose sont les plus fré-
ont été traitées par irradiation, la distinction entre quentes et sont suspectées sur l'apparition d'une
fibrose radique et récidive tumorale peut être diffi- ascite, d'images d'empreintes sur les contours du
cile, si bien que la biopsie est alors nécessaire. Le foie (scalloping) ou d'épaississements nodulaires
rehaussement précoce, en faveur de la récidive péritonéaux. Dans ce cas, il peut être plus facile de
tumorale, est mieux visible sur les séquences dyna- faire un bilan par tomodensitométrie que par
miques après injection, qui permettent de faire le IRM. Cependant l'IRM pelvienne semble plus
diagnostic dans plus de 82 % des cas [13]. De plus, la performante que le scanner pour la détection de
comparaison des IRM de suivi à l'IRM initiale est carcinose pelvienne.
essentielle pour différencier la fibrose, qui tend à être
stable ou à diminuer dans le temps, des récidives.
Détection des récidives locales
Les récidives pelviennes sont soit centrales soit
latérales. La récidive centrale pelvienne d'un can-
en TEP
cer du col peut être localisée dans le reliquat cervi- Chez les patientes à risque, la TEP présente un
cal ou dans le cul-de-sac vaginal. Les images intérêt dans le diagnostic précoce des récidives
acquises dans les plans sagittal et axial sont alors (fig. 10.7). En effet, elle peut permettre une
utiles pour la détection tumorale et la combinaison détection des récidives asymptomatiques chez des
des images pondérées en T1 et en T2 permet de patientes présentant une élévation des marqueurs
caractériser les lésions. Les récidives sont aussi bien tumoraux (SCC : Squamous Cell Carcinoma) et
visibles en séquence de diffusion, et il apparaît une imagerie anatomique négative [17, 22]. Elle
important d'inclure ces séquences dans le proto- peut parfois permettre une chirurgie à visée cura-
cole d'examen IRM. Elles apparaissent en hypersi- tive [23]. Ainsi sur une série prospective de 103
gnal en séquence de diffusion avec un ADC abaissé patientes ayant eu une TEP de contrôle systéma-
[21]. Les récidives centrales à développement tique à 1 an de la fin de traitement, 30 patientes
antérieur peuvent entraîner une obstruction urété- présentaient une récidive, dont 21 symptoma-
rale par englobement du bas uretère ou par infiltra- tiques. La survie à 3 ans était de 19 % en cas de
tion du mur vésical qui aboutit à l'obstruction de récidive symptomatique contre 59 % en cas de
l'orifice urétéral. Dans des cas plus rares, les réci- récidive asymptomatique [23].
dives centrales pelviennes peuvent s'étendre en
La sensibilité de la TEP-TDM pour le diagnostic
arrière et envahir le rectum ou entraîner une fistule
de récidive est de 96,1 % et sa spécificité de 84,4 %
rectovaginale ; elles peuvent également s'étendre
dans une série de 121 patientes [24] avec une pré-
latéralement pour envahir la paroi pelvienne. Les
cision diagnostique de 91,7 %. La TEP a une meil-
récidives latérales entraînent très fréquemment des
leure sensibilité que la TDM ou l'IRM pour la
obstructions du bas uretère avec hydronéphrose.
détection globale des lésions (91 % vs 67 %,
p =  0,001) et notamment la détection des lésions
métastatiques (92 % vs 60 %, p =  0,0003) alors que
Récidives ganglionnaires ou à distance
les sensibilités des techniques sont similaires (90 %
Il faut aussi rechercher des récidives ganglion- vs 84 %) en termes de détection de la récidive
naires pelviennes ou lomboaortiques. Moins fré- locale (fig. 10.8) [25].
quemment, les récidives ganglionnaires peuvent Yen et al. [26] ont étudié, sur une série prospective
être extra-pelviennes ou extra-abdominales et de 150 patientes présentant une récidive connue
inclure les territoires péribronchique, sus-clavicu- ou suspectée, le bénéfice de la TEP par rapport au
laire et axillaire. Ces dernières localisations sont le couple TDM/IRM. La TEP a corrigé les faux
plus souvent détectées par la TEP-TDM. positifs (69/93) et les faux négatifs (24/93) de
Les métastases à distance du cancer du col peuvent l'imagerie anatomique TDM/IRM dans 73,8 %
atteindre l'abdomen, le thorax ou l'os, par ordre des cas (93/126). À l'inverse, le couple TDM/
214 Imagerie post-thérapeutique en oncologie

C
Fig. 10.7. Patiente traitée pour un carcinome du col utérin, récidive latéro-pelvienne.
L'IRM pelvienne post-curiethérapie montre une lésion suspecte de 3 cm de l'endocol. Une TEP est réalisée avant exentération
pelvienne. Celle-ci confirme la récidive locale (A) et montre deux foyers pulmonaires gauches suspects (B, C). Une antibiothérapie
d'épreuve est alors entreprise et une TDM pulmonaire de contrôle réalisée 15 jours plus tard confirme la persistance des foyers
hypermétaboliques intrathoraciques. La patiente est alors placée sous chimiothérapie.

IRM a corrigé les faux positifs (24/33) et les faux tération pelvienne) vers un traitement palliatif en
négatifs (9/23) dans 26,2 % des cas (33/126). raison de l'extension des lésions.
Quand toutes les modalités sont interprétées En cas de suspicion de récidive, la survie des
conjointement, 12 % seulement des lésions restent patientes est significativement plus élevée si la
mal classées, et 48,5 % des patientes (32/66) ont TEP est négative [27].
une modification de leur plan de traitement, d'une
La TEP joue par ailleurs un rôle majeur dans les
chirurgie à visée curative (hystérectomie ou exen-
bilans d'opérabilité des récidives, avant exentéra-
Chapitre 10. Aspect post-thérapeutique du cancer du col utérin 215

A B
Fig. 10.8. Patiente de 48 ans, récidive vésicale d'un cancer du col utérin.
L'IRM en séquence sagittale en pondération T2 retrouve une masse hétérogène hyperintense entre la symphyse et le col vésical
(A, flèche) suspecte de récidive. L'IRM après injection de produit de contraste et suppression de graisse (B, flèche) confirme
l'apparition d'une lésion hypervasculaire évocatrice de récidive, confirmée par biopsie. Le traitement a consisté en une
hystérectomie.

tion pelvienne [28]. Plusieurs équipes ont observé


une modification de la prise en charge des patientes, Synthèse
allant de 18 à 65,5 % selon les séries [29]. Le traitement par radiochimiothérapie concomitante sui-
L'association TEP-TDM permet dans un certain vie d'une curiethérapie a changé le pronostic des can-
nombre de cas de corriger les faux positifs et les cers du col utérin. L'IRM joue un rôle essentiel dans
faux négatifs de la TEP seule. Husain et al. [28] l'évaluation de la réponse au traitement en première
trouvent une sensibilité de 100 % et une spécificité intention. Cependant, l'interprétation est parfois rendue
de 73 % pour la détection des sites extra-pelviens. difficile en raison de remaniements inflammatoires post-
Dans l'étude de Lai et al. [25], la TEP a induit un thérapeutiques, et source de faux positifs. La séquence
de diffusion peut améliorer la spécificité de l'IRM en dia-
changement de prise en charge thérapeutique pour
gnostiquant un certain nombre de lésions inflamma-
22 des 40 patientes incluses (55 % des cas) : toires bénignes, sinon c'est l'IRM de contrôle à 2–3 mois
• un traitement à visée palliative a été proposé à qui permet de surveiller l'évolution locale.
15 patientes ; La détection des récidives locales est également essen-
• un changement de modalités ou de champs de tielle. Il n'y a pas d'indication d'imagerie systématique
traitement avec toujours une intention curatrice dans le suivi d'un cancer du col utérin en dehors de
a été décidé pour 7 autres. points d'appel cliniques et de cas particulier comme le
En comparant leur série à une cohorte historique, traitement chirurgical conservateur sans curie ni radio-
thérapie (trachélectomie). L'IRM est cependant le pre-
les auteurs ont montré une amélioration de la
mier examen d'imagerie à réaliser pour la détection
survie globale à 2 ans lorsque le bilan préchirurgi-
locale d'une récidive en cas de point d'appel clinique. La
cal de la récidive inclut une TEP, suggérant une TEP joue un rôle important dans le bilan d'extension de
meilleure sélection des candidates à une chirurgie ces récidives avec un impact thérapeutique dans la prise
curatrice. en charge grâce à :
Cependant, la TEP-TDM n'est pas infaillible, 1. une amélioration de la survie en cas de geste chirur-
notamment pour les lésions microscopiques [30], gical potentiellement curateur ;
d'où l'intérêt d'améliorer les techniques et la réso- 2. une diminution de la morbidité en remplaçant les
exentérations pelviennes par des traitements palliatifs
lution IRM pour le diagnostic de toutes petites
en cas de dissémination.
lésions.
216 Imagerie post-thérapeutique en oncologie

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Chapitre 10. Aspect post-thérapeutique du cancer du col utérin 217

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Chapitre 11
Imagerie post-thérapeutique
des cancers de l'ovaire

S. Taïeb • H. Kolesnikov-Gauthier • A. Chevalier • É. Leblanc

Avec 4 430 nouveaux cas estimés en 2008, le de l'ovaire est la 4e cause de décès par cancer
cancer de l'ovaire est la 7e cause de cancer chez chez la femme avec plus de 3 000 décès estimés
la femme. L'âge médian lors du diagnostic est en 2008 [1]. En effet, en raison d'un diagnos-
de 65 ans [1]. Les types histologiques des tic souvent tardif, son pronostic reste sombre,
lésions ovariennes organiques sont représentés trois quarts de ces cancers étant diagnostiqués
par : les tumeurs épithéliales (85 %), les à un stade avancé (stades IIIB à IV). La survie
tumeurs germinales (8 à 15 %), les tumeurs à 5 ans tous stades confondus est d'environ
mésenchymateuses (5 %). Les lésions ova- 45 %. Le traitement est adapté selon la stadifi-
riennes organiques sont bénignes dans 75 % cation lésionnelle formalisée en cancérologie
des cas. Les lésions malignes sont épithéliales gynécologique par la FIGO [3] (tableau 11.1).
dans plus de 95 % des cas [2]. Ce sont celles Le suivi et les aspects post-­ thérapeutiques
qui sont concernées par ce chapitre. Le cancer dépendent du traitement.

Tableau 11.1 Classification FIGO des cancers de l'ovaire


Stade I Tumeurs limitées aux ovaires (survie à 5 ans : 84 %)
IA Tumeur limitée à un seul ovaire avec capsule intacte
IB Tumeurs des deux ovaires, capsules intactes
IC Rupture capsulaire ou tumeur à la surface ovarienne ou cellules malignes dans le liquide d'ascite ou de lavage
péritonéal
Stade II Tumeurs étendues au pelvis (survie à 5 ans : 59 %)
IIA Extension à l'utérus et/ou aux trompes
IIB Extension aux autres organes pelviens
IIC Extension pelvienne avec cellules malignes dans le liquide d'ascite ou de lavage péritonéal
Stade III Métastases péritonéales au-delà du pelvis et/ou adénopathies métastatiques régionales (survie à 5 ans : 35 %)
IIIA Métastases péritonéales microscopiques
IIIB Métastases péritonéales macroscopiques <  2 cm
IIIC Métastases péritonéales >  2 cm et/ou adénopathies métastatiques régionales
Stade IV Métastases à distance autres que les métastases péritonéales (survie à 5 ans : 22 %)

Imagerie post-thérapeutique en oncologie


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220 Imagerie post-thérapeutique en oncologie

Prise en charge thérapeutique 2 ans, puis tous les 6 mois pendant 3 ans, puis
des cancers de l'ovaire annuel. Aucun examen d'imagerie n'est systéma-
tique hormis en cas de traitement conservateur
(tumeurs épithéliales) [1] pour surveiller l'ovaire restant ou pour évaluer la
réponse thérapeutique lors d'une chimiothérapie
Le bilan d'extension comporte un scanner néoadjuvante afin de décider de la date de la chirur-
­thoraco-abdomino-pelvien et un dosage du mar- gie : intervallaire à 3 ou 4 cures ou finale [1].
queur CA 125. Dans les formes mucineuses, un
dosage des marqueurs CA 19-9 et ACE est égale-
ment indiqué. La prise en charge pluridisciplinaire
doit être réalisée sans tarder par une équipe spéciali- Évaluation de la réponse à
sée au sein d'un établissement autorisé pour la la chimiothérapie néoadjuvante
chirurgie des cancers gynécologiques. La chirurgie
est le premier temps du traitement ; elle consiste en Les patientes qui ne peuvent pas bénéficier d'une
une hystérectomie totale avec annexectomie bilaté- exérèse complète d'emblée (stades IIIC et IV)
rale et une stadification complète : omentectomie sont traitées par chimiothérapie néoadjuvante [5].
infracolique, appendicectomie dans les formes L'imagerie, en association avec le taux de CA 125,
mucineuses, biopsies péritonéales étagées et lym- est systématique pour évaluer la réponse au traite-
phadénectomies pelviennes et para-aortiques bilaté- ment et programmer la chirurgie d'intervalle. Le
rales. Son objectif est la résection complète des scanner (thoraco)-abdomino-pelvien multidétec-
lésions cancéreuses. L'absence de résidu tumoral est teur avec reconstructions coronales est l'examen
le principal facteur pronostique. La chimiothérapie de référence. L'analyse de la régression lésionnelle
est indiquée à titre adjuvant après chirurgie com- se fait selon les critères RECIST [6]. La précision
plète (sauf pour les stades IA G1). Lorsque la du scanner dans cette indication reste néanmoins
chirurgie complète d'emblée n'est pas envisageable, assez faible notamment quand les lésions de carci-
une chimiothérapie néoadjuvante est indiquée. nose péritonéale ne peuvent pas être prises pour
cibles (formes micronodulaires, infiltration omen-
tale hétérogène), quand il existe une ascite avec des
lésions de milliaire carcinomateuse ou des lésions
Objectifs du suivi infracentimétriques disséminées sur l'intestin grêle
post-thérapeutique (fig. 11.1). Enfin il peut persister des anomalies
morphologiques au scanner sous la forme de tra-
Dans les stades avancés (FIGO IIB à IV), avec un vées d'épaississement du péritoine ou de nodules
traitement combinant chirurgie et chimiothérapie, sans lésions histologiques actives (fig. 11.2).
une rémission complète clinique et radiologique Deux études récentes proposent d'utiliser les
peut être obtenue dans environ 75 % des cas. séquences de diffusion en IRM [7, 8] couplée avec
Malgré tout, près de 80 % des patientes vont rechu- des séquences de perfusion (IRM-DCE) et de spec-
ter après un délai médian de 18 mois. Cette rechute troscopie du proton hydrogène [8] pour améliorer
est le plus souvent péritonéale et diffuse [4]. Dans les performances de cette évaluation. Concernant le
les stades localisés (FIGO IA à IIA), le taux de réci- coefficient apparent de diffusion, ces deux études,
dives est plus faible, de l'ordre de 20 à 30 % [4]. portant sur respectivement 42 et 22 patientes en
Ces récidives sont le plus souvent pelviennes. Le situation de prise en charge initiale (23 + 22
traitement de la rechute vise essentiellement à obte- patientes) ou de récidive (19 patientes) objectivent
nir une nouvelle rémission, les guérisons étant à ce une augmentation significative de celui-ci dès la 1re
stade exceptionnelles. Après traitement complet à cure, se confirmant à la 3e cure pour les patientes
visée curative, le suivi des patientes repose sur l'exa- répondeuses avec une bonne reproductibilité intra et
men clinique et le dosage des marqueurs s'ils interobservateur. Néanmoins si ces données sont
étaient initialement élevés, tous les 4 mois pendant significatives sur les populations étudiées, il existe un
Chapitre 11. Imagerie post-thérapeutique des cancers de l'ovaire 221

A B

Fig. 11.1. Patiente de 68 ans, carcinose péritonéale d'un carcinome


séro-papillaire de haut grade (CA 125 : 8 333 UI/mL).
A. Coupe coronale de l'abdomen montrant des lésions étendues des deux
gouttières pariétocoliques (flèches). B. Aspect après 9 cures de carboplatine-
Taxol. CA 125 : 153 UI/mL. La patiente n'était pas opérable de manière opti-
male à 3 cures, et à 6 cures. Régression quasi complète des lésions sur le
scanner. C. Aspect en cœlioscopie : score de Sugarbaker = 27. La patiente
n'a pas pu bénéficier d'une résection complète compte tenu de l'extension
C des lésions sur le grêle qui n'étaient pas visibles au scanner (flèches).

A B

Fig. 11.2. Patiente de 61 ans, récidive d'un carcinome séro-papillaire


de haut grade (CA 125 : 680 UI/mL).
A. Nodule de carcinose péritonéale fixant en TEP. B. Aspect sur le scanner
réalisé lors de la TEP montrant le nodule de carcinose (flèche).
C. Persistance d'un nodule après 6 cycles de chimiothérapie (flèche).
C Résection : nodule fibreux sans cellules tumorales.
222 Imagerie post-thérapeutique en oncologie

chevauchement important des valeurs d'ADC pour siques. Ces données doivent être prises en compte
les deux populations. L'ajout des données des dans l'interprétation des foyers hyperfixants.
séquences de perfusion (Ktrans, Kep, Ve) ou du pic
de choline mesuré en spectroscopie protonique ne
permet pas de différencier les patientes répon- Surveillance des patientes
deuses des non-répondeuses après la totalité du en rémission
traitement de manière plus précise [8].
Concernant la TEP au 18FDG, il a été suggéré que Ce suivi repose sur l'examen clinique et le dosage
cet examen pourrait prédire de façon précoce, dès des marqueurs si ceux-ci étaient informatifs en pré-
le 1er cycle, la réponse à la chimiothérapie néoad- thérapeutique. L'imagerie sera donc réalisée en cas
juvante dans ces stades avancés de carcinome ova- d'anomalies cliniques ou d'élévation des mar-
rien. Avril et al. [9] ont ainsi étudié un groupe de queurs. Les performances du scanner restent
33 patientes recevant une chimiothérapie néoad- modérées : le taux de détection d'un nodule de
juvante. Ils ont montré que la diminution de la carcinose péritonéale infracentimétrique a été éva-
SUV (de 20 % après le 1er cycle et de 55 % après le lué à 25–50 % [10] et la sensibilité globale de cet
3e cycle), attestant de la réponse métabolique examen selon les séries varie de 40 à 93 % [11]. De
TEP, était mieux corrélée à la survie globale que la plus il n'est pas prouvé que traiter précocement les
réponse histologique. La survie à 2 ans était de patientes sur les données exclusives d'une augmen-
70 % en cas de réponse TEP contre 40 % en cas de tation de marqueur avec imagerie tomodensitomé-
réponse histologique, avec une différence des sur- trique négative apporte un bénéfice en survie [12].
vies entre répondeuses et non-répondeuses res- La méta-analyse de Gu et al. [13] a considéré 34
pectivement de 38,7 mois si la réponse était études/272 réalisées entre 1995 et 2007 et a per-
évaluée par TEP et de 19,7 mois par histologie. mis de préciser la place de la TEP-TDM dans cette
Néanmoins pour évaluer la maladie résiduelle, la indication comparativement à la TEP non couplée,
TEP au 18FDG semble jouer un rôle limité dans la au scanner, à l'IRM et au dosage du CA 125. La
détection de la maladie occulte chez les patientes TEP couplée à la tomodensitométrie présente
atteintes d'un cancer de l'ovaire à un stade avancé la meilleure sensibilité pour la détection des
ayant une réponse complète clinique et biologique ­récidives : 0,91 (IC95 % : 0,88–0,94), le CA 125 la
après la 1re ligne de chimiothérapie. En effet, cet meilleure spécificité : 0,93 (IC95 % : 0,89–0,95).
examen présente des limites d'ordre technique et Le scanner et l'IRM obtiennent des résultats infé-
physiologique. La résolution des appareils TEP- rieurs, les deux techniques étant équivalentes. Il
TDM est actuellement de l'ordre de 4 mm, et paraît assez logique au vu de ces résultats de propo-
quels que soient les progrès futurs, elle ne pourra ser la TEP-TDM en première intention devant une
descendre en dessous de 2 mm car le libre par- augmentation du CA 125 lors de la surveillance des
cours moyen des positons laissera toujours un cancers avancés de l'ovaire en rémission (fig. 11.3).
doute sur le lieu d'émission. Cela dit, la visibilité Le traitement des récidives des cancers de l'ovaire
des lésions dépend non seulement de leur taille, dépend du caractère unique ou multiple de la
mais aussi de leur avidité pour le FDG, traduisant localisation de cette récidive et du délai depuis la
l'agressivité tumorale. Ceci explique que de petites fin de la chimiothérapie. Le caractère localisé de la
lésions millimétriques peuvent être visualisées en récidive est un élément essentiel pour la décision
TEP. Par ailleurs, dans l'abdomen et le pelvis, des de reprise chirurgicale. Dans ce cas encore, la
erreurs de recalage peuvent exister en raison du TEP-TDM de par sa sensibilité supérieure au
péristaltisme intestinal entre la réalisation de la scanner ou à l'IRM va permettre de poser au
TDM et de la TEP. Enfin, le traceur reste un tra- mieux l'indication thérapeutique (fig. 11.4). Dans
ceur non spécifique et peut s'accumuler dans des l'étude de Mangili et al. [14], la TEP-TDM est
processus post-thérapeutiques inflammatoires, plus sensible que la TDM seule pour le diagnostic
parfois difficiles à différencier des lésions néopla- des récidives (respectivement 91 % et 62 %). Près
Chapitre 11. Imagerie post-thérapeutique des cancers de l'ovaire 223

A B

C
Fig. 11.3. Patiente de 72 ans suivie pour une carcinose péritonéale d'origine ovarienne séreuse, traitée par chimiothérapie
néoadjuvante et chirurgie en avril 2010.
A. Récidive en septembre 2010, traitée par Taxol et Avastin. Lésion du ligament phrénicocolique gauche (flèche). B. Régression et
stabilité jusqu'en octobre 2012, le marqueur CA 125 est stable entre 29 et 34 UI/mL. C, D. Bilan TEP en novembre 2012 car désir
de la patiente de bénéficier d'une exérèse chirurgicale de la lésion résiduelle. La TEP montre de multiples foyers péritonéaux
(flèches), traduisant l'activité métabolique de la maladie, en faveur d'une persistance évolutive.

d'une patiente sur deux présentant une lésion adressées en chimiothérapie a augmenté (soit par
unique en TDM avait des lésions multiples en annulation d'une chirurgie initialement prévue,
TEP-TDM, et seulement 17 % des patientes avec soit par mise en route d'un traitement au lieu
une TDM négative étaient négatives en TEP- d'une attitude de surveillance). Sur la série pros-
TDM. Ainsi, sur les 32 patientes de l'étude, 44 % pective de Risum et al. [15], qui évaluait
ont eu une modification de leur prise en charge 60 patientes en situation de récidive, la TEP a
suite au résultat de la TEP-TDM. Notamment, le objectivé une récidive dans 50 % des cas de TDM
nombre d'actes chirurgicaux invasifs à visée dia- négative, et son caractère multifocal dans 42 % des
gnostique a diminué et le nombre de patientes cas où la récidive paraissait isolée en TDM.
224 Imagerie post-thérapeutique en oncologie

A B

C
Fig. 11.4. Patiente de 57 ans suivie pour un carcinome ovarien en récidive péritonéale.
A. Premier bilan TEP : lésions disséminées sur le grêle. B, C. Contrôle TEP après 6 cures de chimiothérapie : évolutivité avec
majoration des lésions sur le grêle et apparition d'une adénopathie sus claviculaire droite (flèche).

Conclusion logique par scanner ou IRM sera alors réservée à


l'analyse morphologique préopératoire si une
La surveillance des cancers de l'ovaire est un sujet chirurgie est envisageable ou pour surveiller l'effi-
en évolution compte tenu de l'apparition de nou- cacité d'une chimiothérapie de seconde ligne.
velles techniques d'imagerie, en cours d'évaluation
pour certaines ou qui reste à valider sur des séries Références
prospectives larges. En routine l'examen clinique et [1] Haute autorité de santé. ALD n° 30 – Cancer de
le dosage du CA 125 restent la référence. Une aug- l'ovaire. Janvier 2010.
mentation du CA 125 doit néanmoins toujours [2] McCluggage WG. Morphological subtypes of ovarian
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être confirmée. La TEP-TDM tend à devenir l'exa-
ments and pathogenesis. Pathology 2011 ; 43(5) :
men de référence pour objectiver une récidive, éva- 420–32.
luer son caractère uni ou plurifocal et éliminer une [3] FIGO Committee on Gynecologic Oncology. Current
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Chapitre 12
Imagerie post-thérapeutique
des sarcomes des parties molles

J.-L. Alberini • A. Langer

Les sarcomes des tissus mous sont des tumeurs tic [1] sont : l'âge du patient (plus de 50 ans) et
rares et correspondent à un groupe très hétéro- certains sous-types histologiques (fibrosarcomes
gène composé de plus de 50 sous-types histolo- et sarcomes de gaines nerveuses) [2]. Le risque
giques. Rappelons qu'il s'agit de cancers provenant de rechute locale, mais également métastatique
du tissu mésenchymateux, intéressant des struc- pulmonaire, est élevé (40 à 60 % des cas). Pour
tures très variées, telles que tissu conjonctif, les patients à haut risque, les rechutes inter-
muscles, graisse, nerfs périphériques et vaisseaux. viennent en général dans les 3 premières années,
Leur localisation anatomique peut être extrême- alors qu'elles peuvent être plus tardives pour les
ment variable. Ils affectent majoritairement les patients à faible risque. La surveillance fait
adultes, en dehors des rhabdomyosarcomes, et à la encore l'objet de controverses concernant
différence des sarcomes osseux, qui peuvent notamment l'impact réel de l'imagerie.
concerner aussi bien les enfants que les adultes. Habituellement elle consiste en une surveillance
Nous présenterons dans ce chapitre les données clinique et par imagerie, associant radiographie
d'imagerie post-thérapeutique rencontrées dans thoracique, complétée par un scanner en cas
les principaux sous-types : sarcomes indifférenciés d'anomalie, et imagerie de la zone opératoire
(anciennement histiocytomes fibreux malins), par IRM pour les membres, et par TDM ou IRM
liposarcomes, léiomyosarcomes, myxofibrosar- pour l'abdomen (lésions habituellement rétro-
comes, angiosarcomes, synovialosarcomes. Les péritonéales). Pour les sarcomes de haut grade,
tumeurs stromales gastro-intestinales (GIST) et le rythme de surveillance est de tous les 3 à
les tumeurs desmoïdes ne seront pas abordées ici. 4 mois pendant les 2 à 3 premières années,
bisannuel jusqu'à la 5e année, puis annuel, alors
Sont de mauvais pronostic les tumeurs de haut
que pour les sarcomes de bas grade, le rythme
grade (prenant en compte l'index mitotique et la
est bisannuel pendant 5 ans puis annuel, selon
nécrose), de grande taille (plus de 10 cm de dia-
les recommandations actuelles de l'European
mètre), de siège profond (sous l'aponévrose
Sarcoma Network Working group de l'ESMO
superficielle ou rétropéritonéal) et celles dont
(European Society for Medical Oncology) [3].
l'exérèse a été limite ou incomplète, avec une
survie à 5 ans voisine de 50 % pour l'adulte [1], En théorie, les tumeurs doivent faire l'objet d'une
ainsi que la survenue d'une récidive locale ou à biopsie initiale diagnostique, afin de guider l'inter­
distance. Les autres facteurs de mauvais pronos- vention chirurgicale et de discuter de ­l'instauration

Imagerie post-thérapeutique en oncologie


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228 Imagerie post-thérapeutique en oncologie

éventuelle d'un traitement préalable (chimiothé- Réalisation pratique des


rapie néoadjuvante et/ou radiothérapie). Cette principales méthodes d'imagerie
biopsie est d'autant plus indiquée qu'il existe des
critères cliniques d'évolutivité tels qu'une tumeur
Pour l'analyse des examens d'imagerie, il faut dispo-
de plus de 5 cm dans son grand axe, avec progres-
ser d'informations concernant l'histoire clinique, les
sion rapide et/ou signes d'envahissement muscu-
traitements effectués et leur chronologie, en particu-
laire ou vasculo-nerveux. La réalisation d'une
lier pour les actes d'exérèse chirurgicale (étendue,
exérèse chirurgicale complète en marges saines
état des marges, reconstruction par lambeau) et de
(R0) est le temps primordial du traitement. En
radiothérapie, ainsi que des résultats des précédents
effet, le principal facteur de risque de récidive
examens d'imagerie. L'ensemble de la région opérée
locale est une exérèse limite ou incomplète.
devant être étudié en imagerie, il est utile d'examiner
En pratique, le diagnostic de sarcome des tissus le patient pour déterminer l'étendue du champ de
mous est souvent porté après exérèse d'une vue à prévoir, fonction de l'étendue de la cicatrice
« boule » ou d'une lésion considérée initialement cutanée. Il est également important de connaître
comme bénigne. La principale difficulté rencon- l'aspect initial de la tumeur en imagerie avant chirur-
trée alors pour l'analyse des examens d'imagerie gie, car les récidives ont presque toujours un signal
tient au fait qu'ils sont réalisés après exérèse comparable à celui de la lésion initiale.
chirurgicale, trop souvent pratiquée de façon
Le synovialosarcome et le liposarcome de bas
inadaptée, et qui produit des remaniements
grade peuvent être pris comme exemples de
inflammatoires, nécrotiques et/ou fibreux cica-
source d'erreurs. Le synovialosarcome comporte
triciels, avec parfois association de tous ces élé-
fréquemment une composante kystique. Une éva-
ments, responsables d'une hétérogénéité de la
luation de la réponse tumorale à la chimiothérapie
zone d'exérèse.
néoadjuvante sera donc plus difficile (aspect
Les objectifs de l'imagerie seront fonction des dif- proche voire identique d'un contingent kystique
férentes situations rencontrées : tumoral et d'une réponse au traitement se présen-
1. lors du traitement néoadjuvant (chimio et/ tant sous la forme d'une nécrose ou d'une hémor-
ou radiothérapie) : évaluer la réponse tumorale. ragie). De même, après chirurgie, il faut veiller à
Seulement 20–30 % des patients avec un sar- ne pas confondre une collection liquidienne post-
come des tissus mous de haut grade auront une chirurgicale avec un contingent kystique tumoral.
réponse tumorale à la chimiothérapie, celle-ci
Par ailleurs, il faut également se méfier d'une
étant définie par un taux de nécrose supérieur à
tuméfaction graisseuse même faiblement rehaus-
95 % sur l'analyse histologique ;
sée après injection de gadolinium ou produit de
2. après chirurgie première : rechercher un
contraste (PDC), lorsque la lésion initiale est un
résidu tumoral nécessitant une reprise chirur-
liposarcome de bas grade se caractérisant aussi par
gicale, en particulier pour les exérèses
une composante graisseuse prédominante et un
dites limites (microscopiques R1) et a fortiori
faible rehaussement (fig. 12.1).
pour celles qui sont incomplètes (macrosco-
piques R2) ; La modalité d'imagerie utilisée pour le suivi local
3. lors de la surveillance après traitement : est fonction du siège initial de la tumeur. L'IRM
rechercher une récidive locale, qu'il faut diffé- est la modalité de choix pour la plupart des lésions
rencier de modifications post-thérapeutiques. des parties molles. IRM et TDM sont habituelle-
ment équivalentes pour les lésions abdominales.
Après un bref rappel sur les méthodes d'imagerie
La TEP/TDM peut être proposée dans des situa-
utilisées, à savoir IRM, TDM et TEP-TDM (cri-
tions spécifiques, en général en complément de
tères d'acquisition, places respectives), ces diffé-
l'IRM et/ou la TDM.
rentes situations seront abordées.
Chapitre 12. Imagerie post-thérapeutique des sarcomes des parties molles 229

IRM en plage ou diffus évoque un œdème post-­


thérapeutique, alors qu'un hypersignal T2 focal
Plans de coupe avec syndrome de masse fait suspecter une récidive
Le plan axial montre au mieux les rapports de la (fig. 12.2 et 12.3). A contrario, un hyposignal T2,
tumeur avec les structures vasculo-nerveuses, mus- rarement rencontré en postopératoire précoce,
culaires et osseuses. Une haute résolution spatiale permet d'éliminer une récidive avec une sensibilité
(matrice élevée, petit champ de vue ou FOV, coupes de 96 % d'après Vanel et al. [4].
fines) est privilégiée pour obtenir un bon détail ana-
tomique. Il doit systématiquement être complété par T1
une acquisition dans un plan longitudinal pour cou- La structure musculaire, due aux fascicules mus-
vrir tout le site opératoire avec un large FOV. Le plan culaires traversés par du tissu conjonctif et de la
coronal est préféré pour les lésions latérales, et le plan graisse et entourés de fascias, est le mieux analysée
sagittal pour les lésions antérieures ou postérieures. sur les séquences axiales T1, avec un signal inter-
médiaire du muscle traversé par de fines lignes
Séquences blanches graisseuses. En cas d'hypersignal T2, si
cet aspect reste visible en T1, il constitue un argu-
T2 FS
ment en faveur de modifications inflammatoires,
C'est la première séquence à réaliser, car elle alors qu'une perte ou une distorsion de l'architec-
oriente d'emblée le diagnostic. Un hypersignal T2 ture oriente vers une récidive. Cependant, il ne

A B C

D E
Fig. 12.1. Liposarcome bien différencié du muscle vaste médial droit traité par exérèse chez une femme de 60 ans.
Sur l'IRM préopératoire, il est observé une masse intramusculaire essentiellement graisseuse, avec quelques cloisons plus ou
moins fines rehaussées après gadolinium et un nodule centimétrique rehaussé à sa partie inférieure (flèche) (A : axial T1 ; B :
axial T1 FS [Fat Saturation] + gadolinium ; C : sagittal T1 + gadolinium FS).
Sur l'IRM réalisée 4 mois après l'exérèse, il persiste une lésion de signal comparable à la lésion initiale préopératoire et sans prise
de contraste significative, située dans le lit opératoire de siège sous-aponévrotique (flèches) (D : axial T1 ; E : axial T1 + gadolinium
FS). La reprise chirurgicale large a confirmé la présence d'un résidu tumoral très bien différencié.
230 Imagerie post-thérapeutique en oncologie

A B

C D E
Fig. 12.2. Sarcome musculaire à cellules claires de haut grade de la cuisse droite chez une femme de 75 ans, traité par
exérèse et irradiation.
Sur l'IRM réalisée 18 mois après l'irradiation (A : axial T2 FS ; B : axial T1 + gadolinium FS), outre le signal œdémateux en plage
des parties molles en hypersignal T2, d'aspect post-thérapeutique, une masse en hypersignal T2 (A), nettement rehaussée après
gadolinium (B), fait suspecter une récidive locale (flèche).
Une séquence dynamique et de diffusion a été réalisée lors d'une IRM complémentaire montrant un hypersignal en diffusion
(flèche) (C : axial T1) avec ADC élevé 2,5 × 10–3 (D : mesure de l'ADC) et une courbe de rehaussement progressive et tardive (E)
en faveur d'une pseudo-tumeur inflammatoire confirmée par l'évolution.

s'agit là que d'un argument complémentaire. Le L'association des séquences T2 et T1 à des


T1, bien qu'indispensable, n'apporte que rare- séquences injectées permet de conclure dans la
ment à lui seul la réponse [5, 6]. plupart des cas. L'existence d'une masse de signal
comparable à la lésion initiale, située dans la zone
Injection de gadolinium de l'exérèse chirurgicale, se rehaussant après injec-
Théoriquement, le gadolinium pourrait n'être tion, est très en faveur d'un résidu tumoral ou
injecté qu'en cas d'hypersignal T2 [4]. Cependant, d'une récidive, et c'est souvent la séquence injectée
il est rare de ne pas avoir d'hypersignal T2 dans un qui permettra le mieux de la détecter (fig. 12.3).
contexte post-thérapeutique. Par ailleurs, l'hypersi-
gnal peut être très discret en cas de récidive de petite Séquence dynamique
taille, ou absent en cas de tumeur surtout fibreuse, Son association aux séquences précédentes peut
initialement en hyposignal T2. Il nous paraît souhai- être utile lors de :
table de faire systématiquement une injection de • l'évaluation de la réponse tumorale à la chimio-
gadolinium, attitude qui est assez consensuelle. Des thérapie néoadjuvante, pour identifier la tumeur
soustractions peuvent être réalisées pour optimiser viable et évaluer la nécrose ;
le contraste, en particulier en cas de portions hémor- • la découverte, durant la surveillance, d'un syn-
ragiques avec un hypersignal spontané en T1 [6]. drome de masse, afin d'infirmer ou de confirmer
Chapitre 12. Imagerie post-thérapeutique des sarcomes des parties molles 231

A B C
Fig. 12.3. Sarcome pléomorphe de grade 3 chez une femme de 88 ans, découvert sur l'étude histologique d'un nodule de la
jambe gauche, considéré à tort comme un hématome, pour lequel il n' y a pas eu d'imagerie pré-opératoire.
Sur l'IRM réalisée 1 mois après l'exérèse, outre l'hypersignal en plage de la zone opératoire œdémateuse (A : coronal T2 FS), un
nodule centimétrique rehaussé en T1 des parties molles localisées au contact du bord médial de la diaphyse tibiale fait évoquer la
présence d'un résidu tumoral, confirmé lors de la reprise chirurgicale (flèches) (B : coronal T1 + gadolinium FS ; C : axial T1 +
gadolinium FS). Seule l'acquisition avec gadolinium (C) a permis de détecter le nodule tumoral de 13 mm confirmé par chirurgie.

l'existence d'un résidu tumoral ou d'une réci- Diffusion


dive, se caractérisant par un rehaussement pré- Elle peut être proposée en complément de la série
coce dans les 2 premières minutes, alors que les dynamique dans les mêmes situations (évaluation
modifications post-thérapeutiques se rehaussent de la réponse tumorale au(x) traitement(s)
progressivement et tardivement, c'est-à-dire plus néoadjuvant(s) et en cas d'incertitude entre réci-
de 3 minutes après l'injection de gadolinium. dive et pseudo-tumeur inflammatoire) [6]. Un
La séquence dynamique privilégie la résolution ADC bas est en faveur d'une tumeur richement cel-
temporelle, mais elle est souvent insuffisante pour lulaire, alors qu'un ADC élevé oriente vers l'exis-
la résolution spatiale, et doit être complétée par tence d'une nécrose et/ou d'une inflammation.
une ou deux séquences FS, dans le plan axial et/
ou longitudinal, apportant ainsi la précision ana-
tomique nécessaire. Elle entraîne un allongement TDM
non négligeable de la durée d'examen, expliquant
qu'elle ne soit pas réalisée systématiquement, sauf La TDM est surtout utilisée pour les localisations
si une récidive est suspectée dès la vérification des abdominales, et en cas de contre-indication à l'IRM.
séquences morphologiques. S'il n'a pas été réalisé Sa réalisation peut permettre de guider les biopsies.
de séquence dynamique, et si le doute persiste Une série d'images sans injection de produit iodé est
entre récidive et cicatrice nodulaire, aussi désignée indispensable pour l'analyse des densités sponta-
par les termes de pseudo-tumeur inflammatoire nées, en recherchant notamment un contingent
(situation relativement rare), il est toujours pos- graisseux, des calcifications, une composante
sible de convoquer de nouveau le patient pour la hémorragique, qui pourraient être masqués avec
réalisation de séquences complémentaires (dyna- une injection d'emblée. Elle est suivie d'une série
mique et de diffusion) (fig. 12.2). Les séquences d'images réalisée au temps portal, soit 60 secondes
dynamiques [6] se font habituellement en écho de après l'injection de 130 mL en bolus de 4 mL/s.
gradient 3D avec un bolus de 4–5 mL/s, et une Certaines équipes font d'abord un temps artériel
résolution temporelle de 10 à 30 secondes pen- (20 secondes), surtout en cas d'évaluation de la
dant une durée de 5 minutes, permettant d'établir réponse tumorale au(x) traitement(s) néoadju­
des courbes de rehaussement [7]. vant(s). Les reconstructions 2D sont systématiques.
232 Imagerie post-thérapeutique en oncologie

TEP-TDM de détecter une lésion à distance, dont l'activité


métabolique peut tout à fait être différente de la
La molécule de FDG, analogue du glucose, est le tumeur primitive initiale. La TEP-TDM peut per-
traceur le plus utilisé actuellement. Elle permet mettre de détecter une récidive non suspectée cli-
d'étudier le métabolisme glucidique des tissus, niquement, lorsque la taille de la lésion dépasse au
particulièrement augmenté dans les tumeurs moins 1 cm (fig. 12.4) ou en présence de métas-
malignes, en raison d'un accroissement des tases dans le bilan d'une récidive prouvée, puisqu'il
besoins énergétiques. L'intensité de l'activité s'agit d'une modalité d'imagerie « corps entier ».
métabolique peut être appréciée visuellement ou Il faut toutefois rappeler sa moindre sensibilité
de façon semi-quantitative en utilisant un index que la TDM pour le diagnostic de localisations
appelé SUV, qui correspond à une mesure stan- pulmonaires, alors que les rechutes métastatiques
dardisée tenant compte de la dose injectée (en sont généralement pulmonaires. Par conséquent,
Bq), du poids du patient (et parfois de la la TDM thoracique est la modalité de choix pour
glycémie). détecter précocement des lésions pulmonaires, et
L'utilisation de la SUVmax, correspondant à la peut être associée à la réalisation d'une TEP dans
région tumorale la plus active permet de limiter le même temps, ou si l'exérèse chirurgicale de
l'influence sur cette valeur de l'hétérogénéité lésions pulmonaires est envisagée.
tumorale, présente fréquemment dans les lésions
tumorales étendues, avec par exemple un centre
hypométabolique, lié à une nécrose centrale Évaluation d'un traitement
spontanée. néoadjuvant par chimiothérapie
Pour les sarcomes des tissus mous, plusieurs et/ou radiothérapie
notions peuvent être retenues. Une méta-analyse a
montré que l'index de SUV était plus élevé pour La question de la réponse tumorale au(x)
les sarcomes que pour les tumeurs bénignes, sur- traitement(s) pour les sarcomes de haut grade
tout lorsqu'ils étaient de haut grade [8]. Une cor- avant chirurgie se pose peu en pratique, car la
rélation entre cet index et l'agressivité tumorale, chirurgie est le plus souvent première, sauf en
représentée par la cellularité et l'activité mitotique, cas de très grosses lésions pour lesquelles la
a été démontrée pour des sarcomes des tissus mous chirurgie première risque d'être incomplète ou
et des os [9]. Une valeur de SUVmax supérieure à 6 mutilante, une biopsie préalable est bien sûr
serait ainsi un indice d'agressivité biologique avec requise. Il faut rappeler que la réponse histolo-
un risque métastatique plus élevé [10]. L'intensité gique repose sur le degré de nécrose, difficile à
de l'activité métabolique tumorale, ainsi qu'une évaluer en imagerie morphologique, et non sur
répartition hétérogène, seraient des facteurs pro- les modifications de la taille tumorale [13]. La
nostiques indépendants de la survie globale, ce qui diminution de la taille tumorale prédit une
pourrait conduire à sélectionner les patients néces- réponse histologique. En revanche, la stabilité,
sitant une surveillance rapprochée [11, 12]. voire l'augmentation de taille ne permettent pas
L'utilisation du FDG ne peut se justifier que si la de tirer de conclusion quant à une éventuelle
(ou les) lésion(s) tumorale(s) présente(nt) une réponse. En effet, la survenue d'une augmenta-
activité métabolique suffisamment élevée pour tion de volume par hémorragie intratumorale est
obtenir un contraste suffisant par rapport aux fréquente. C'est pour cette raison que les cri-
organes environnants, notamment pour évaluer la tères de Choi qui prennent en compte la densité
réponse tumorale au(x) traitement(s). Une faible tumorale ont été introduits et ont montré qu'ils
activité métabolique préthérapeutique ne permet étaient plus fiables que les critères RECIST [14,
pas de mesurer de façon fiable une diminution de 15]. L'évaluation de la réponse tumorale à la
cette activité et compromet l'intérêt de la TEP- chimiothérapie néoadjuvante nécessite de recou-
TDM pour le suivi thérapeutique, sauf s'il s'agit rir à l'évaluation de paramètres fonctionnels avec
Chapitre 12. Imagerie post-thérapeutique des sarcomes des parties molles 233

A
D

B C
Fig. 12.4. Myxofibrosarcomes mammaires bilatéraux récidivants chez une femme de 54 ans, traités par de multiples ­exérèses
pratiquées depuis 5 ans.
Sur la TEP-TDM (A : axial fusion TEP-TDM ; B : TDM ; C : MIP), il est observé un foyer hypermétabolique sous-cutané sous-mam-
maire droit (flèches), dont l'exérèse (limite R1) a montré qu'il s'agissait d'une nouvelle récidive. La récidive sous-cutanée est en
hypersignal sur la séquence de diffusion de l'IRM réalisée avant l'exérèse (flèche) (D : axial diffusion).

des séquences dynamiques et de diffusion en [16] et d'autre part à la survie [17]. Dans cette
IRM, ainsi qu'à la TEP-TDM. Les zones nécro- dernière étude incluant 39 patients avec un suivi
tiques ne sont pas rehaussées. Pour l'étude de la médian de 55 mois, la survie globale à 5 ans pas-
diffusion, l'ADC est plus élevé en cas de nécrose sait d'environ 50 % pour les non-répondeurs
en comparaison avec sa valeur préthérapeutique, métaboliques à plus de 80 % pour les répondeurs
alors qu'il est bas dans les régions où la cellula- métaboliques (p =  0,068) et il était confirmé que
rité tumorale est préservée en l'absence de les critères de taille RECIST ne permettaient pas
réponse tumorale. Même si les résultats obtenus de prédire la réponse histologique. Par ailleurs, la
avec cette méthode procurant des paramètres positivité des marges d'exérèse était prédictive de
quantitatifs restent à valider, il faut signaler qu'il la survie globale, alors que la réponse histologique
n'existe pas de valeur seuil d'ADC pour indiquer ne l'était pas. En analyse multivariée, en associant
une réponse tumorale, mais que c'est la modifi- positivité des marges et réponse métabolique,
cation relative des valeurs par rapport aux valeurs seule la réponse métabolique précoce et la positi-
préthérapeutiques qui témoigne du degré de vité des marges étaient prédictives. Comme pour
nécrose. l'étude de diffusion en IRM, la réponse métabo-
Il a été montré en TEP-FDG que la réponse méta- lique tumorale est évaluée sur les modifications
bolique tumorale précoce (après 1 à 2 cycles de relatives des SUV par rapport aux valeurs préthé-
chimiothérapie) ou tardive (en préopératoire, rapeutiques, mais sans valeur consensuelle admise,
après plusieurs cycles de chimio ± radiothérapie) en particulier pour affirmer la réponse métabo-
était corrélée d'une part à la réponse histologique lique tardive. La TEP montre des performances
234 Imagerie post-thérapeutique en oncologie

supérieures à celles de l'IRM, quand l'analyse de cas d'efficacité thérapeutique. À noter que l'utili-
cette dernière repose sur les critères RECIST sation de la TEP-TDM se justifie également pour
[18]. Une comparaison des résultats obtenus en l'évaluation de la réponse métabolique tumorale
TEP-TDM et en IRM fonctionnelle serait intéres- lors des traitements en cas de récidive et/ou de
sante à réaliser, mais difficile à mettre en œuvre. Il situation métastatique (fig. 12.5).
faut noter que la méthodologie utilisée pour
mesurer l'activité métabolique tumorale était dif-
●● Points essentiels
férente pour toutes ces études, probablement en Pour évaluer la réponse tumorale au(x) traitement(s),
raison des avancées technologiques. Cette consta- seule une diminution du volume tumoral a de la
tation reflète également les difficultés à prendre en valeur. Dans le cas contraire, il faut se baser sur des
compte, avec l'index SUV, la signification de l'hé- critères fonctionnels, en IRM avec des séquences
térogénéité tumorale que l'on sait être fréquente dynamique et de diffusion [19] et en TEP-TDM, car
pour les sarcomes, qui se majore à la fois du fait de la réponse métabolique précoce serait un biomar-
la progression tumorale spontanée mais aussi en queur précoce prédictif de la survie globale.

A B

C D E F
Fig. 12.5. Nouvelle récidive d'un sarcome de haut grade de l'avant-bras et du bras droits évoluant malgré plusieurs exérèses
chirurgicales et chimiothérapies depuis 1 an chez un homme de 68 ans.
Sur les coupes coronales d'IRM en séquence T1 FS et injection de gadolinium, des nodules tissulaires sont observés sur le bras
avec un rehaussement homogène (A, flèche), et sur l'avant-bras avec un rehaussement annulaire (B, flèches).
Les TEP-TDM réalisées avant et après 3 cycles de trabectédine montrent l'absence de réponse tumorale avec un SUVmax inchangé
sous traitement (SUVmax proche de 8 et 20 sur les deux lésions) (C et D : MIP avant et après la chimiothérapie ; E et F : axial fusion
avant-bras droit), corrélée à la progression locale clinique. Le patient est décédé 8 mois plus tard de la progression de la
maladie.
Chapitre 12. Imagerie post-thérapeutique des sarcomes des parties molles 235

Imagerie après chirurgie raître comme hypermétaboliques de même inten-


première sité que des lésions malignes.

La faible fréquence d'environ 1 % des sarcomes ●● Points essentiels


des tissus mous par rapport à celle des tumeurs La présence d'une masse en hypersignal T2 se
bénignes conduit très souvent, en particulier pour rehaussant en IRM est l'aspect le plus fréquent des
les lésions superficielles et de petite taille, à une résidus tumoraux. La TEP-TDM n'aurait un rôle com-
excision locale dont les marges ne sont pas tou- plémentaire que dans de rares cas où l'IRM ne per-
jours saines, exposant à un taux de récidive élevé met pas de conclure, mais la nécessité d'études avec
(70–90 %). Le rôle de l'imagerie IRM est alors une méthodologie plus robuste paraît nécessaire [20].
d'identifier un résidu tumoral en vue d'orienter la
décision thérapeutique, tout en sachant que la pré- Imagerie après la fin
sence de remaniements post-chirurgicaux pourra du traitement
perturber l'analyse. Il y a nécessité de procéder à
une comparaison avec l'imagerie préopératoire.
L'IRM, et la TDM dans les situations décrites pré-
Après exérèse inadéquate d'un sarcome des tissus
cédemment, sont les modalités adaptées afin de
mous, la recherche d'un résidu tumoral en image-
détecter une récidive tumorale, en sachant que
rie intervient en postopératoire précoce, d'autant
leur interprétation doit tenir compte des modifi-
plus précocement que l'exérèse est limite ou
cations post-radiques et post-opératoires [13, 22].
incomplète, ou si l'intérêt d'un traitement com-
plémentaire (radiothérapie) est discuté. En IRM,
la présence d'une masse en hypersignal T2 FS avec Modifications post-radiques
rehaussement correspond généralement à un
résidu tumoral. D'autres critères, tels qu'un épais- Elles concernent en IRM l'ensemble des structures,
sissement focal du fascia de plus de 2 mm, un en particulier médullaire et des parties molles.
épaississement focal ou irrégulier de la paroi d'un Moelle osseuse
hématome ou d'une collection liquidienne sont
également évocateurs d'un résidu tumoral [20]. Elle subit, entre 1 et 6 semaines après le début de la
Dans cette étude incluant 35 patients présentant radiothérapie, une involution graisseuse, qui peut
en grande majorité des tumeurs superficielles (au- devenir complète en 6 à 8 semaines, responsable
dessus de l'aponévrose superficielle) comparant les d'un hypersignal T1. Par ailleurs, des anomalies
résultats de l'IRM et de la TEP-TDM, il était focales de l'os surviennent fréquemment, pour plus
observé, en cas de résidu tumoral, d'une part la d'un tiers des patients dans les tumeurs des membres,
présence de portions de rehaussement focales limi- mais de façon plus tardive (1 à 50 mois après la radio-
tées en IRM et, d'autre part, une augmentation de thérapie). Elles se présentent sous forme de petites
l'activité métabolique tumorale avec un seuil de zones mal limitées en hyposignal T1, et en hypersi-
SUVmax supérieur à 2 en TEP-TDM. Toutefois, gnal T2, pouvant se rehausser après injection de
l'IRM présente comme avantage de fournir des PDC. Elles peuvent augmenter dans le temps puis se
informations indispensables pour orienter l'inter- stabiliser. Elles correspondent probablement à des
vention chirurgicale, telles que les rapports du lésions d'ostéite post-radique et ne doivent pas être
résidu tumoral avec les structures avoisinantes, confondues avec des lésions secondaires (fig. 12.6).
dont les vaisseaux. Bien qu'il ait été montré dans
Tissu sous-cutané
une étude [21] que la sensibilité de la TEP-TDM
était supérieure à celle de l'IRM, il faut rappeler Il peut présenter un aspect réticulé, en hypersignal T2
que sa spécificité est limitée dans cette situation du qui augmente progressivement, pour atteindre un
fait de la fréquence élevée de remaniements maximum vers 12 à 18 mois et avec un retour à la
inflammatoires postopératoires, qui peuvent appa- normale chez la moitié des patients 2 à 3 ans plus tard.
236 Imagerie post-thérapeutique en oncologie

A B
Fig. 12.6. Sarcome à cellules fusiformes de la racine de la cuisse gauche traité par chirurgie, chimiothérapie puis radiothé-
rapie, chez un homme de 59 ans.
L'apparition de petites anomalies focales du signal intramédullaires fémorales gauches, mal limitées en hyposignal T1, rehaussées
après gadolinium (flèches), sur l'IRM réalisée 18 mois après la fin du traitement (A : coronal T1 ; B : coronal T1 + gadolinium FS)
situées en zone irradiée, est en faveur d'une ostéite post-radique banale.

Muscles Sérome
Ils peuvent présenter des anomalies en plage, dif- C'est une collection liquidienne bien limitée,
fuses, en hypersignal T2 et de rehaussement homogène. Elle peut être entourée d'un cerne en
modéré et tardif. hyposignal T2 par dépôts d'hémosidérine, avec
une fine prise de contraste périphérique. Elle se
Pseudo-tumeur inflammatoire résorbe généralement en 3 à 18 mois (fig. 12.7).
Elle est rare (5–10 % des cas), et survient à dis-
Hématome
tance de la radiothérapie (40 mois en moyenne,
mais parfois jusqu'à 12 ans après). Les séquences C'est une collection à contenu hématique (intérêt
dynamiques sont particulièrement utiles dans ce de séquences en écho de gradient T2 pour mieux
cas difficile (cf. fig. 12.2). Il s'agit d'une masse mettre en évidence les dépôts d'hémosidérine).
mimant une récidive tumorale, de signal variable Lorsque le signal spontané est élevé en T1, les tech-
(souvent hypersignal T2), se rehaussant après niques de soustraction sont particulièrement utiles,
injection de façon tardive (après 3 minutes), à la recherche du rehaussement d'un nodule tumo-
contrairement à une récidive, où le rehaussement ral associé (fig. 12.8). La surveillance rapprochée
est plus précoce. est recommandée pour ne pas méconnaître une
petite récidive ayant saigné, où l'hématome mas-
Sarcome radio-induit querait le nodule tumoral. Un hématome peut par-
Enfin, comme après toute irradiation, un sar- fois augmenter de taille et présenter une prise de
come radio-induit, habituellement indifférencié, contraste, rendant nécessaire une biopsie des zones
peut apparaître entre 4 et 30 ans après la radio- nodulaires rehaussées.
thérapie. Il touche plus souvent les parties molles
que l'os.
Névrome

Modifications postopératoires C'est un remaniement cicatriciel hyperplasique réac-


tionnel à une lésion nerveuse, non tumoral. Le
Elles peuvent être liées à la survenue de collec- névrome peut être « terminal », après transsection
tions, de complications et à la réalisation d'inter- d'un nerf ou amputation, ou « en continuité »
vention de chirurgie reconstructrice. lorsque la continuité du nerf sur lequel il se déve-
Chapitre 12. Imagerie post-thérapeutique des sarcomes des parties molles 237

A B

C D
Fig. 12.7. Léiomyosarcome de la veine rénale gauche chez une femme de 69 ans traité par néphrectomie gauche élargie
3 ans auparavant.
Sur la TDM préopératoire (A : axial ; B : reconstruction coronale), il existe une masse rétropéritonéale tissulaire hétérogène, bien limitée.
Une collection liquidienne rétropéritonéale postopératoire est retrouvée sur une TDM réalisée 3 mois après l'intervention (C : axial ;
D : reconstruction coronale) avec un niveau liquide-liquide (flèche).

loppe est préservée. Cette masse apparaîtra sous contraste précoce de signal presque toujours com-
forme d'un épaississement nodulaire à l'extrémité parable à celui de la tumeur initiale (fig. 12.1 et
distale du nerf qui a été sectionné (fig. 12.9) dans le 12.10).
premier cas, et sous forme d'un épaississement foca-
lisé en continuité avec le nerf dans le deuxième cas. En cas de chirurgie reconstructrice
Les névromes sont bien limités, en signal intermé- L'exérèse tumorale étendue, fréquente pour les
diaire T1, intermédiaire ou élevé T2, avec un rehaus- sarcomes des parties molles, peut nécessiter l'uti-
sement intense et homogène. La clinique (douleur lisation de lambeaux musculocutanés. Leur
neurogène selon un trajet nerveux, déficit sensitivo- aspect en IRM change avec le temps, aussi bien
moteur associé), le type d'intervention chirurgicale en taille qu'en signal et en rehaussement. Ces
et le rapport avec une racine nerveuse sont les prin- modifications sont notamment liées à la dénerva-
cipaux éléments qui orientent vers le diagnostic, rap- tion et une vascularisation plus ténue que pour
pelant l'importance de l'interprétation de l'imagerie les autres muscles. Elles sont majorées lorsqu'une
en fonction du contexte clinique. radiothérapie est associée. Tous les lambeaux
montrent un certain degré d'atrophie (diminu-
Récidive tumorale
tion de taille avec infiltration graisseuse), la plu-
Elle se caractérise par une masse, habituellement part voit leur signal augmenter en T1 (63 %) et
en hypersignal T2, qui présente une prise de en T2 (83 %). Une prise de contraste en plage est
238 Imagerie post-thérapeutique en oncologie

C D
Fig. 12.8. Sarcome à cellules claires de grade 2 de la fesse gauche chez une femme de 53 ans, traité par exérèse et irradiation.
Sur l'IRM de surveillance réalisée 3 ans plus tard (A : axial T1  ; B : axial T1 FS ; C : axial T1 + gadolinium FS avec soustraction), il
est observé une collection hématique de 60 mm de diamètre en hypersignal T1, non effacée par la saturation de graisse, non
rehaussée après gadolinium.
Sur la TEP-TDM synchrone (D : MIP), des foyers hypermétaboliques médiastinaux, pulmonaire droit et pleural gauche sont en
faveur d'une évolution métastatique, mais sans évolution locale, confirmant le résultat de l'IRM.

A B
Fig. 12.9. Tumeur maligne des gaines des nerfs périphériques (nerf sciatique) de grade 3 chez un homme de 37 ans traité
par exérèse complète R0, avec une récidive poplitée traitée par reprise chirurgicale 4 ans plus tard, suivie d'une
chimiothérapie.
Sur l'IRM réalisée 6 mois après la reprise chirurgicale, il est noté une masse bilobée développée à l'extrémité sectionnée du nerf
sciatique (flèches) (A : sagittal T1 ; B : sagittal T1 + gadolinium FS) en faveur d'un névrome. Une récidive ne pouvant être éliminée,
une exérèse a été réalisée et a confirmé ce diagnostic.
Chapitre 12. Imagerie post-thérapeutique des sarcomes des parties molles 239

A B

C D E
Fig. 12.10. Liposarcome de grade 2 paravertébral droit chez une femme de 62 ans, traité par exérèse complète après
3 cycles de chimiothérapie néoadjuvante, suivie par une irradiation.
Sur les coupes axiales de TDM (A) et d'IRM (B : T1 + gadolinium FS) préopératoire, la lésion sous-cutanée est bien limitée, mais
adhérente à l'aponévrose profonde, constituée de composantes graisseuse et tissulaire.
Une récidive, présentant les mêmes caractéristiques que la lésion initiale, est découverte 9 mois plus tard sur l'IRM (C : axial T1 ;
D : axial T1 + gadolinium FS).
Une perte de substance après exérèse est notée sur l'IRM de contrôle réalisée un an plus tard (E : axial T1), d'aspect stable 4 ans
plus tard.

fréquente (71 %). Ces modifications ont ten- sation de la TEP-TDM dans ce cas serait acces-
dance à s'atténuer avec le temps, mais peuvent soire, réservée aux situations non résolues par
persister [13, 23]. l'IRM. En outre, elle permet de détecter une pro-
gression métastatique non suspectée cliniquement
(cf. fig. 12.8).
TEP-TDM
Les publications s'étant intéressées à ce sujet sont ●● Points essentiels
anciennes, mais il semble que la TEP présente de La sémiologie en imagerie, en rapport avec des
modifications post-radiques et/ou postopératoires,
bonnes performances dans cette situation, pour le
en particulier dans les suites d'une chirurgie
diagnostic de récidive, en rappelant le lien entre le reconstructrice, est suffisamment variée et com-
SUV et le grade histologique [24–26]. Toutefois, plexe avec une évolution dans le temps, pour
la persistance prolongée de phénomènes inflam- requérir une expertise des spécialistes d'imagerie
matoires cutanés au niveau du moignon, notam- en charge de l'interprétation des examens réalisés
ment des membres inférieurs, complique et disposant de toutes les informations néces-
l'identification d'une récidive locale [27]. L'utili- saires concernant les traitements reçus.
240 Imagerie post-thérapeutique en oncologie

Conclusion [3] ESMO, European Sarcoma Network Working group.


Soft tissue and visceral sarcomas : ESMO clinical prac-
tice guidelines for diagnosis, treatment and follow-up.
Les sarcomes des tissus mous sont des tumeurs Ann Oncol 2012 ; 23(Suppl. 7) : vii92–9.
rares, parfois découvertes de façon imprévue après [4] Vanel D, Shappero L, De Baere T, et al. MR Imaging
exérèse chirurgicale d'une tumeur de présentation in the follow-up of malignant and aggressive soft-­
tissue tumors : results of 511 examinations. Radiology
initiale faussement rassurante. Ils peuvent conduire 1994 ; 190 : 263–8.
à des situations parfois difficiles compte tenu des [5] Biondetti P, Ehman R. Soft-tissue sarcomas : use of
modifications induites par la chirurgie. La princi- textural patterns in skeletal muscle as a diagnostic fea-
pale question dans ce cas est de s'assurer de l'ab- ture in postoperative MR Imaging. Radiology 1992 ;
sence de résidu tumoral postopératoire (une 183 : 845–8.
[6] Fayad L, Jacobs M, Wang X, et al. Musculoskeletal
exérèse incomplète exposant à un risque majeur de tumors : how to use anatomical, functional, and meta-
récidive et constituant un facteur de mauvais pro- bolic MR techniques. Radiology 2012 ; 265 :
nostic), et de l'absence de récidive au cours de la 340–56.
surveillance. C'est essentiellement l'IRM (ou la [7] Vanel D, Shapeero L, Tardivon A, et al. Dynamic
TDM pour les lésions abdominales) qui peut y contrast-enhanced MRI with substraction of aggres-
sive soft tissue tumors after resection. Skeletal Radiol
répondre, avec la mise en évidence d'une masse, de 1998 ; 27 : 505–10.
signal comparable à la lésion initiale, si toutefois [8] Bastiaannet E, Groen H, Jager PL, et al. The value of
une imagerie préopératoire a été réalisée. Le rôle FDG-PET in the detection, grading and response to
de la TEP-TDM au FDG peut être complémen- therapy of soft tissue and bone sarcomas : a systema-
taire dans cette situation, mais est essentiellement tic review and meta-analysis. Cancer Treat Rev 2004 ;
30 : 83–101.
indiqué pour l'évaluation de la réponse tumorale [9] Folpe, Lyles RH, Sprouse JT, et al. (F-18) fluoro-
au(x) traitement(s) néoadjuvant(s), notamment de deoxyglucose positron emission tomography as a pre-
chimiothérapie, qui entraîne(nt) une diminution dictor of pathologic grade and other prognostic
de l'activité métabolique en cas de réponse. variables in bone and soft tissue sarcoma. Clin Cancer
Res 2000 ; 6 : 1279–87.
Parmi les voies de recherche actuelles, d'autres [10] Schuetze SM, Rubin BP, Vernon C, et al. Use of posi-
traceurs que le FDG sont à l'étude, tels que des tron emission tomography in localized extremity soft
marqueurs de l'hypoxie, de la prolifération, de la tissue sarcoma treated with neoadjuvant chemothe-
perfusion pour permettre une meilleure caractéri- rapy. Cancer 2005 ; 103 : 339–48.
[11] Eary JF, O'Sullivan F, O'Sullivan F, et al. Sarcoma
sation biologique tumorale et en particulier
tumor FDG uptake measured by PET and patient
d'identifier des paramètres de résistance à la outcome : a retrospective analysis. Eur J Nucl Med
chimiothérapie et/ou à la radiothérapie [28]. En 2002 ; 29 : 1149–54.
IRM, la recherche est surtout axée sur la diversifi- [12] Eary JF, O'Sullivan F, O'Sullivan J, et al. Spatial hete-
cation et les performances des outils fonctionnels. rogeneity in sarcoma 18F-FDG uptake as a predictor
of patient outcome. J Nucl Med 2008 ; 49 : 1973–9.
En outre, parmi les évolutions technologiques,
[13] Garner H, Kransdorf M, Bankroft L, et al. Benign and
les appareils de TEP/IRM apparus depuis malignant soft-tissue tumors : posttreatment MR
quelques années pourraient trouver leur place Imaging. Radiographics 2009 ; 29 : 119–34.
dans ce cadre. [14] Stacchiotti S, Collini P, Messina A, et al. High-grade
soft-tissue sarcomas : tumor response assessment-pilot
study to assess the correlation between radiologic and
Références pathologic response using RECIST and Choi criteria.
Radiology 2009 ; 251 : 447–56.
[1] Pisters PW, Leung DH, Woodruff J, et al. Analysis of [15] Roberge D, Skamene T, Nahal A, et al. Radiological
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soft tissue sarcomas of the extremities. J Clin Oncol radiotherapy for soft-tissue sarcoma. Radiother Oncol
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[2] Whooley B, Gibbs J, Mooney M, et al. Primary extre- [16] Benz MR, Czernin J, Allen-Auerbach MS, et al.
mity sarcoma : what is the appropriate follow-up ? FDG-PET/CT imaging predicts histopathologic
Ann Surg Oncol 2000 ; 7 : 9–14. treatment responses after the initial cycle of neoadju-
Chapitre 12. Imagerie post-thérapeutique des sarcomes des parties molles 241

vant chemotherapy in high-grade soft-tissue sarco- reconstructive surgery. AJR Am J Roentgenol 2006 ;
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[17] Herrmann K, Benz MR, Czernin J, et al. 18F-FDG- [24] Garcia JR, Kim EE, Wong FCL, et al. Comparison of
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glucose metabolic activity is more accurate than emission tomography using 18F-fluorodeoxyglucose.
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neoadjuvante therapy in high-grade soft tissue sar- [26] Weyl Ben Arush M, Israel O, Postovsky S, et al.
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tron emission tomography with fluorine-18-­ Pour en savoir plus
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97–101. pediatric sarcomas in 2011. Bull Cancer 2011 ; 98 :
[23] Fox M, Bancroft L, Peterson J, et al. MRI appearance 501–14.
of myocutaneous flaps commonly used in orthopedic
Chapitre 13
Traitements des métastases
osseuses

A. Feydy • F. Paycha • S. Wong-Hee-Kam

Bilan initial et place logiques, des fractures pathologiques et des


de la radiothérapie hypercalcémies. Bien qu'elles signent la dissémi­
dans le traitement actuel nation de la maladie, les perspectives de survie
des métastases osseuses sont très variables, dépendantes du type histolo­
gique initial et de la localisation. Elles s'éche­
Physiopathologie et généralités lonnent de quelques mois pour les cancers du
poumon par exemple à plusieurs mois et années
La voie de dissémination des métastases osseuses pour les cancers du sein et de la prostate sans
est en premier lieu hématologique [1, 2] et métastases viscérales [6]. La prise en charge est
touche le squelette axial (colonne vertébrale, donc variée, avec des traitements locaux (chirurgie
sacrum, pelvis) et les os longs (partie proximale lourde orthopédique, radiothérapie) et systé­
des fémurs) [3, 4]. L'atteinte du squelette péri­ miques (chimiothérapie, radiothérapie vectorielle,
phérique est rare, et toute image osseuse des hormonothérapie, thérapies ciblées). Les indica­
extrémités doit faire discuter un diagnostic diffé­ tions tiennent compte des possibilités thérapeu­
rentiel : lésion bénigne, enchondrome, géode tiques et de leur efficacité attendue mais aussi de la
d'arthropathie. Comme pour le bilan initial, durée de survie escomptée du patient et de sa qua­
l'interprétation de l'imagerie du suivi et de la lité de vie.
récidive doit tenir compte de l'atteinte préféren­
Ainsi, l'imagerie garde toute son importance dans
tielle du squelette axial.
ces contextes cliniques extrêmement différents qui
Les métastases osseuses affectent les stades avancés vont de situations très favorables, par exemple la
des cancers du sein et de la prostate dans 70 % des chirurgie de la métastase unique, la réponse à la
cas, ainsi que les cancers du poumon (30–65 %), de chimiothérapie ou l'hormonothérapie jusqu'à
la thyroïde (47 %) et du rein (30 %) [3, 5]. Les l'extrêmement défavorable en situation palliative
atteintes les plus rares concernent les cancers de la douloureuse. Dans tous les cas, l'imagerie doit
vessie et les cancers utérins. On ne traitera pas dans essayer de répondre aux demandes spécifiques des
ce chapitre le myélome et les autres hémopathies. différents acteurs de cette prise en charge clinique
Les métastases osseuses se manifestent principale­ (chirurgie, radiothérapie, chimiothérapie, soins
ment par des douleurs, des compressions neuro­ palliatifs, etc.).

Imagerie post-thérapeutique en oncologie


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244 Imagerie post-thérapeutique en oncologie

Bilan d'extension initial saire : aspects atypiques, discordances, doutes


des métastases ostéomédullaires diagnostiques.
Dans sa demande, le clinicien doit préciser la
Le bilan d'extension initial est fonction du type symptomatologie précise notamment doulou­
histologique (par exemple scintigraphie osseuse reuse. Il n'y a pas de corrélation entre l'aspect en
systématique des cancers du sein et de la prostate) imagerie (ostéolyse, ostéocondensation, mixte) et
mais s'adaptera à la situation clinique. On utilisera la douleur. Les douleurs sont le plus souvent liées
ainsi les fenêtres osseuses du scanner thoraco- à des métastases avec rupture corticale, fracture
abdomino-pelvien (fig. 13.1 et 13.2) ou le TEP- pathologique, envahissement des parties molles.
scanner en cas d'atteinte viscérale associée. Le scanner est l'examen clé pour l'analyse de la
La prise en charge multidisciplinaire des métas­ corticale et du périoste. Pour les douleurs neuro­
tases osseuses implique des demandes variées logiques par envahissement et/ou compression,
d'imagerie : bilan local et d'opérabilité pour la une IRM est indiquée en urgence.
chirurgie, bilan local et notamment du caractère En pratique quotidienne, la prise en charge néces­
unique ou multiple des métastases avec détermi­ site des RCP avec visualisation « en direct » des
nation de la taille du champ d'irradiation pour la imageries (historique, évolution, etc.). La com­
radiothérapie, bilan préthérapeutique et de suivi munication entre les services et les centres est un
du traitement systémique adapté au type histolo­ élément capital pour faciliter les transferts de dos­
gique du cancer. siers d'imagerie.
En premier lieu, le clinicien recherche l'imputa- Nous attirons l'attention sur la situation de la
bilité entre la symptomatologie clinique (dou­ métastase osseuse unique ou de l'oligométas­
loureuse, neurologique, etc.) et la localisation tase. Ce diagnostic souvent uniquement radiolo­
des métastases osseuses ainsi que la concordance gique peut classer à tort le patient dans la maladie
entre l'aspect en imagerie et le type histologique avancée, considérée le plus souvent incurable et
: lésions majoritairement ostéolytiques pour les engager un traitement local et/ou général lourd.
cancers du sein, ostéocondensantes pour les can­ Ainsi, le clinicien peut demander la réalisation
cers de la prostate [7]. En cas de discordance d'autres modalités d'imagerie avant d'entre­
flagrante, on poursuivra les investigations radio­ prendre un traitement local curateur chirurgical
logiques. La réalisation de biopsies osseuses ou radiochirurgical afin de confirmer ce caractère
ciblées guidées par l'imagerie est parfois néces­ unique.

A B
Fig. 13.1. Patient suivi pour une tumeur neuroendocrine bronchique.
Le scanner réalisé dans le cadre du bilan d'extension initial montre des lésions ostéocondensantes iliaques bilatérales. Aspect
métastatique. Biopsie percutanée de confirmation.
Chapitre 13. Traitements des métastases osseuses 245

A B

C D
Fig. 13.2. Scanner thoraco-abdomino-pelvien et analyse des lésions osseuses.
Deux patientes suivies pour un cancer du sein. A et B. Progression osseuse avec majoration et/ou apparition de lésions ostéo­
condensantes. C et D. Progression avec apparition de métastases hépatiques.

L'imagerie morphologique osseuse est utilisée nables : aspect ostéolytique, ostéocondensant ou


pour la détection et la caractérisation. C'est l'IRM mixte, limite [10]. L'IRM est en effet une assez
qui est la modalité la plus performante pour la mauvaise modalité pour analyser les composantes
détection, grâce à son potentiel d'évaluation de la minéralisées, l'intensité de la sclérose et ses limites.
moelle osseuse (fig. 13.3). En pratique clinique,
les séquences T1 et STIR (Short Ti Inversion
Recovery) sont indispensables, et l'injection IV de Traitement
gadolinium est souvent utile en complément.
Même si la technologie d'IRM corps entier est Traitement étiologique
disponible depuis plusieurs années, son usage est Il est entrepris chaque fois que possible.
encore restreint par la durée d'acquisition. L'hormonothérapie est souvent le traitement de
L'exploration de base plus rapide comprend donc première intention des cancers du sein et de la pros­
une IRM du rachis entier, souvent complétée par tate hormonosensibles ne présentant que des métas­
une IRM du pelvis osseux [8, 9]. tases osseuses, remplacé par la chimiothérapie en cas
Pour la caractérisation lésionnelle en complément de progression osseuse ou viscérale. Dans les autres
de l'IRM, les radiographies (os longs) et le scanner cancers, la chimiothérapie, les thérapies ciblées, les
(squelette axial, rachis et pelvis) sont incontour­ antiangiogéniques sont adaptés à l'étiologie.
246 Imagerie post-thérapeutique en oncologie

A B

C
Fig. 13.3. Sémiologie IRM T1 et STIR pour des atteintes métastatiques du rachis.
A. Cancer du sein. B. Mélanome. C. Suivi évolutif d'un cancer de la prostate (2008–2010) avec apparition de métastases lom­
baires et sacrées.

Traitement antalgique • d'une fracture pathologique ou d'une menace


fracturaire : chirurgie, radiothérapie externe, radio­
Il propose :
logie interventionnelle (cimentoplastie, radiofré­
• anti-inflammatoires ;
quence, cryothérapie, chimioembolisation).
• antalgiques y compris morphiniques ;
• corticothérapie ;
• radiothérapie externe ;
Particularités du traitement
• radiothérapie vectorisée ; par radiothérapie
• radiologie interventionnelle. Place de la radiothérapie
Parmi les traitements des métastases osseuses, la
Traitement spécifique
radiothérapie externe intervient dans plusieurs
Il s'agit de la prise en charge : situations cliniques (antalgique, consolidation,
• d'une hypercalcémie : hydratation, corticothé­ décompression médullaire, etc.) et éventuelle­
rapie, biphosphonates ; ment à plusieurs reprises pour un patient
• d'une compression médullaire ou neurologique : (­ré-­irradiations). Nous tentons ici de rapporter
corticothérapie, chirurgie suivie de radiothérapie une approche simplifiée des indications, des
[11], radiothérapie externe seule ; volumes et des schémas d'irradiation.
Chapitre 13. Traitements des métastases osseuses 247

La situation antalgique est la plus fréquente, éventuelle des parties molles. Cette atteinte des
lorsque le traitement notamment morphinique est parties molles est par conséquent un élément
insuffisant ou mal toléré. important de l'évaluation radiologique initiale
Quel que soit le type histologique, l'efficacité antal­ pour le clinicien car le scanner radiothérapique est
gique de la radiothérapie est de l'ordre de 50 à 80 % souvent de moindre qualité.
avec 30 % de réponse complète [12] principale­ En effet, le patient bénéficie de trois scanners
ment pour les cancers du sein et de la prostate. avant son traitement (scanner diagnostique, scan­
Ainsi la dose prescrite et le schéma d'irradiation ne ner embarqué des machines hybrides, scanner
sont pas uniquement déterminés par le type histo­ radiothérapique) mais les images de ces scanners
logique mais plutôt indirectement par l'espérance sont de qualités différentes.
de vie dans le contexte [13], le caractère unique Le scanner radiothérapique, même lorsqu'il est
ou multiple des métastases, l'envahissement des réalisé sur l'appareil utilisé en radiologie diagnos­
parties molles ainsi que l'état général, le degré tique, n'a souvent pas la même qualité d'image
d'urgence (compression médullaire), la qualité de qu'un scanner classique. En effet, la résolution
vie escomptée, les contraintes de transport et l'in­ peut être dégradée lorsque les coupes sont trai­
confort prolongé imposé par les séances répétées tées dans les logiciels de préparation du traite­
de radiothérapie [12, 14]. ment de radiothérapie qui simulent l'interaction
Au total, 20 % des patients pourront être ré-­ des rayonnements avec la matière, appelés TPS
irradiés, et 60 % d'entre eux en retireront un (Treatment Planning System). Il est parfois néces­
bénéfice antalgique [15]. saire d'augmenter l'épaisseur des coupes afin de
visualiser l'entièreté du volume à traiter, avec une
perte de la résolution fine. Des efforts sont faits
Schémas d'irradiation dans l'amélioration de la qualité des images.
Les schémas d'irradiation les plus utilisés sont : Enfin, ces scanners sont fréquemment réalisés
• classique 40–46 Gy en 20–23 séances (appelées sans injection de produit de contraste chez ces
fractions), de 5 séances par semaine soit patients au capital rénal souvent diminué par les
5–5,5 semaines ; traitements, notamment les chimiothérapies par
• hypofractionné 30–36 Gy en 10–12 fractions et sels de platine et les antiangiogéniques. Ceci prive
2–2,3 semaines et 20 Gy en 5 fractions et d'informations complémentaires concernant les
1 semaine ; tissus mous.
• séance unique 8 Gy en 1 fraction.
En cas d'atteinte multiple, il peut être proposé Dose limitante
une irradiation hémicorporelle en une ou plu­
sieurs fractions. Chaque organe ne peut recevoir qu'une dose limi­
tée d'irradiation (mesure donnée en Gy) sans
Plusieurs essais randomisés et méta-analyses ont
subir le risque de complications irréversibles telles
montré l'équivalence de ces schémas en termes
que la nécrose ou la fibrose.
d'efficacité antalgique initiale quel que soit le type
histologique. Mais les patients traités par des sché­ Lorsque plusieurs organes se trouvent dans un
mas courts sont plus souvent ré-irradiés (20 %) et champ d'irradiation, la dose maximale délivrable
présentent davantage de fractures pathologiques correspond à la dose limitante la plus basse des
[12, 16]. Les schémas longs qui atteignent les organes vitaux.
doses maximales acceptables pour la moelle épi­ Par exemple, dans le cas de métastases osseuses
nière ne permettent souvent pas la ré-irradiation, rachidiennes, une dose supérieure à 45 Gy ou 45 Gy
mais ils gardent la préférence des cliniciens en cas équivalent délivrée à la moelle épinière expose à un
de bon pronostic de la maladie cancéreuse. Ceci risque de myélite radique définitive avec para ou
est donc indirectement dépendant du type histo­ tétraplégie. Sauf exception, il ne sera donc pas déli­
logique, d'une espérance de survie prolongée et vré de dose supérieure même si le type histologique
d'un bon état général mais aussi d'une atteinte de la tumeur primitive peut le nécessiter.
248 Imagerie post-thérapeutique en oncologie

Champ d'irradiation centes (aile iliaque gauche et tête fémorale droite)


sera plus difficile à réaliser (fig. 13.4 à 13.9).
La radiothérapie externe délivre un faisceau de
particules chargées dont l'interaction avec la La forme et la taille de chaque faisceau sont déter­
matière entraîne des lésions d'ADN (acide minées définitivement lors de la simulation par les
désoxyribonucléique). logiciels. Il est donc important de disposer du
bilan lésionnel précis à cette étape, voire d'image­
Afin de diminuer les doses aux organes sains, la
ries complémentaires alors même que le diagnos­
dose de chaque séance est divisée en plusieurs fais­
tic de métastase osseuse concordante avec la
ceaux (au minimum deux), qui convergent vers la
symptomatologie est établi.
cible tumorale préalablement déterminée. Chaque
faisceau issu de la tête de l'accélérateur linaire tra­ En effet, il peut être difficile voire impossible de
verse la matière, donc le patient, en formant une ré-irradier une zone déjà irradiée ou située de
­
sorte de « tunnel » avec une dose qui décroît pro­ manière très proche d'un autre champ de traitement
gressivement en bordure du champ. Une marge même lorsqu'il existe une indication formelle d'irra­
est donc appliquée autour des cibles et constitue diation par la suite. Par exemple, une épidurite inté­
une zone d'imprécision de dose. Une distance de ressant des vertèbres préalablement irradiées à dose
sécurité est nécessaire entre des groupes de fais­
ceaux traitant des zones différentes car les impré­
cisions de repositionnement ou les mouvements
du patient pourraient provoquer la superposition
des bordures de faisceaux et l'accumulation de
dose au-delà des valeurs limitantes.
D'autre part, la tolérance du traitement (douleurs
abdominales, nausées, déplétion médullaire, etc.)
est d'autant plus mauvaise que le volume irradié
est important et que la dose par séance est forte
(au-delà de 2 Gy). Le radiothérapeute cherchera
donc à limiter le volume, tout en appliquant des
marges et en respectant les distances de sécurité
entre chaque groupe de faisceaux.
La particularité des métastases osseuses tient à la
multiplicité des lésions et à la variété des localisa­
tions. Par exemple, le traitement de multiples
lésions unilatérales du pelvis pourrait être réalisé
dans un volume constitué de l'« hémibassin ». Il
comprend notamment la hanche, l'aile iliaque et
l'articulation sacro-iliaque. Ces entités anato­
miques peuvent constituer des champs d'irradia­
tion plus restreints afin de limiter le volume
irradié. Par exemple, dans un cas de métastase de
L5, de S1, de l'aile iliaque droite et de la tête
fémorale gauche, on pourrait réaliser une irradia­
tion du « rachis lombaire étendu à l'aile iliaque
droite » associé à une irradiation de la « hanche Fig. 13.4. Reconstruction 3D d'un scanner de simulation.
gauche » (comprenant le toit du cotyle et la tête Les organes d'intérêt sont dessinés manuellement (reins,
moelle, rectum, vessie). Les volumes cibles tumoraux sont
fémorale) plutôt que du « bassin en totalité » afin dessinés : hémi bassin gauche (CTV HBASSIN G) et vertèbres
de limiter la toxicité digestive et hématologique. lombaires (CTV LOMB). Volumes cibles définitifs après adjonc­
Mais une irradiation ultérieure des zones adja­ tion des marges de sécurité (PTV HBASSIN G et PTV LOMB).
Chapitre 13. Traitements des métastases osseuses 249

maximale dans un but antalgique ne pourrait pas de petits volumes tumoraux. D'importantes doses
être irradiée à nouveau, même s'il survient un déficit sont délivrées, en un petit nombre de séances
neurologique. (d'une à moins d'une dizaine), au moyen d'un
Au contraire de la radiothérapie externe classique, grand nombre (plusieurs dizaines) de très petits
la radiothérapie stéréotaxique ne s'applique qu'à faisceaux d'irradiation. Dans ce cas, les portes
d'entrée des faisceaux sont multiples et dans
toutes les directions. De faibles doses d'irradiation
sont délivrées dans un vaste volume autour de la
lésion et non en « tunnel ».

Fig. 13.5. Détermination de la forme du champ d'irradiation. Fig. 13.7. Simulation de la distribution de dose sur coupe
L'ouverture des lames de l'accélérateur dessine la forme des transverse par deux faisceaux opposés.
volumes cibles. Des doses les plus importantes (rouge) aux plus faibles (bleu).

Fig. 13.6. Simulation d'un champ de radiothérapie antérieur sur les coupes transverse, coronale et sagittale.
250 Imagerie post-thérapeutique en oncologie

Évaluation de la réponse :
quelle imagerie ? Quels critères ?
Choix de la modalité d'imagerie,
sémiologie et critères d'évaluation
Le problème des critères d'évaluation
pour les métastases osseuses
L'évaluation en imagerie de la réponse des
métastases osseuses est particulièrement déli­
cate, en l'absence d'outils validés sur des
cohortes. En effet, les critères RECIST validés
seulement pour les métastases parenchymateuses
(foie, etc.) ne sont pas applicables tels quels pour
l'évaluation de la réponse des métastases osseuses
Fig. 13.8. Simulation de la distribution de dose sur coupe [17, 18]. En pratique et en l'absence d'outils de
transverse par deux faisceaux opposés. mesure validés pour l'os, on utilise les Skeletal
Des doses les plus importantes (rouge) aux plus faibles (bleu).
Noter l'atteinte de la paroi vésicale par les faisceaux. En rose,
Related Events ou SRE dont les limitations sont
volume cible du bassin avec marge de sécurité. [18, 19]. En cas d'atteinte métastatique osseuse
prédominante, l'appréciation de la réponse ou
de la progression est donc difficile. Nous expo­
serons dans ce chapitre les données validées
concernant l'évaluation des métastases des can­
cers solides ostéophiles : prostate, sein, rein, thy­
roïde et poumon.

Imagerie morphologique
Radiographies
Les radiographies ne sont pas adaptées pour cette
évaluation car les signes de réponse sont retardés,
absents ou d'interprétation difficile [20].

Scanner
De manière générale, l'apparition de sclérose par­
tielle ou complète d'une image antérieurement
lytique est en faveur d'une réponse au traitement
(fig. 13.10) tandis que l'extension ou l'apparition
d'images lytiques sans sclérose ou de zones mixtes
est en faveur d'une progression tumorale.
Toutefois, il convient d'être prudent car les réac­
tions de sclérose osseuse avec reminéralisation
peuvent donner à tort l'impression d'une progres­
sion tumorale métastatique (lésions initiales
méconnues). Le scanner post-thérapeutique doit
donc être interprété avec prudence [21, 22].
Fig. 13.9. Simulation de la distribution de dose sur coupe
sagittale par deux faisceaux opposés. L'évaluation de la réponse en cas de métastases
Des doses les plus importantes (rouge) aux plus faibles (bleu). osseuses avec ruptures corticales et masses tissu­
Chapitre 13. Traitements des métastases osseuses 251

A B

C D
Fig. 13.10. Patiente traitée pour un cancer du sein, suivi évolutif de lésions du rachis et du sacrum avec imagerie scanner
et IRM.
En 2011, lésions ostéolytiques étendues bien visibles en scanner (A) et en IRM pondérée en T1 (C) STIR et T1 avec injection
de gadoliniem fat sat (D). En 2012, l'imagerie montre une calcification partielle (B et C) et une involution graisseuse des lésions
(C et D).

laires visibles en scanner est beaucoup plus simple :


elle repose sur la comparaison volumétrique des
masses avant et après traitement. Le scanner est la
modalité essentielle pour guider les biopsies percu­
tanées (fig. 13.11).

IRM
Comme pour le bilan d'extension initial, c'est la
modalité essentielle. L'IRM permet de détecter
des changements de signal de la moelle osseuse
bien avant l'apparition d'une ostéolyse ou d'une
ostéocondensation (RX [rayons X] ou scanner). À
ce stade comme lors du bilan initial, on distingue
Fig. 13.11. Patient suivi pour un cancer bronchique.
en IRM les atteintes métastatiques nodulaires et Lésion hypermétabolique du corps vertébral de T3 au TEP-
les atteintes diffuses. FDG. Biopsie percutanée guidée par le scanner.
252 Imagerie post-thérapeutique en oncologie

Cette IRM d'évaluation doit couvrir l'essentiel du moelle osseuse régénérative après chimiothérapie :
squelette, soit avec une technique corps entier [23], le rehaussement est en principe plus important et
soit avec une exploration du rachis entier et du pel­ plus hétérogène en cas d'infiltration médullaire
vis qui couvre l'essentiel du squelette axial [24]. tumorale. En cas d'extension extra-osseuse, l'injec­
L'IRM du squelette entier est ainsi devenue incon­ tion de gadolinium IV permet de délimiter la masse
tournable pour le bilan d'extension morphologique tumorale et les conséquences sur les tissus adja­
des principaux cancers ostéophiles (fig. 13.12). Bien cents : engainement des racines nerveuses, atteinte
sûr, l'évaluation de la réponse pour une métastase articulaire (fig. 13.14).
focale unique peut nécessiter une IRM centrée. Le suivi sous traitement des lésions nodulaires peut
montrer des aspects de rehaussement résiduel ou
Séquences anatomiques habituelles
persistant dont l'interprétation n'est pas toujours
Avec pondération en T1 et en STIR, elles restent facile : activité tumorale ou tissu cicatriciel ?
indispensables pour évaluer la réponse après traite­
ment. L'évolution d'une lésion vers un signal Pièges diagnostiques de l'IRM morphologique
graisseux homogène est un signe de réponse favo­
rable. Ce signal graisseux apparaît souvent comme Certains sont à connaître. Une exploration trop
un halo périphérique sur les lésions nodulaires du centrée peut méconnaître l'apparition de lésions
rachis ou du pelvis. À l'inverse, l'extension en halo dans une autre région du squelette. Les traite­
d'un signal tissulaire non graisseux et/ou l'appari­ ments par facteurs de croissance hématopoïétiques
tion de nouvelles lésions nodulaires sont des peuvent induire une prise de contraste trop forte
signes de réponse défavorable (fig. 13.13). et inhabituelle de la moelle osseuse, en l'absence
L'évolution d'un aspect multinodulaire vers une d'infiltration tumorale.
infiltration médullaire diffuse en IRM est considé­ Une fracture vertébrale pathologique peut surve­
rée comme extrêmement défavorable. nir au cours du suivi sous traitement, et l'IRM
devra être interprétée avec attention. Une fracture
Injection de gadolinium IV récente sur un os non tumoral mais fragilisé par les
Elle est utile en cas de doute diagnostique entre une traitements peut ressembler au premier abord à
moelle osseuse infiltrée de manière diffuse et une une fracture vertébrale pathologique. Une analyse

A B
Fig. 13.12. Patiente de 75 ans suivie pour un mélanome malin.
Progression métastatique fulgurante en 1 mois (A et B).
Chapitre 13. Traitements des métastases osseuses 253

B C

D E

Fig. 13.13. Sémiologie IRM corps entier T1 et STIR,


patients suivis pour des néoplasies prostatiques.
A. Homme de 75 ans : IRM corps entier pondérée en
T1, absence de lésion métastatique, discopathie
dégénérative érosive en L4-L5. B et C. Homme de
64 ans : métastases rachidiennes multiples, épidurite
tumorale en L1. D-F. Homme de 65 ans : métastases
multiples du rachis et du pelvis. Signal lésionnel
variable. Diminution du signal STIR de certaines
F lésions du rachis. Scintigraphie osseuse (D).
254 Imagerie post-thérapeutique en oncologie

A B

C D
Fig. 13.14. Patient suivi pour un CHC.
Atteinte métastatique du rachis lombaire avec une fracture pathologique de L4, des lésions nodulaires de L3 et L5 et une masse
tumorale paravertébrale et épidurale en L4 (A et B). Suivi évolutif à 2 mois (2012), après une chirurgie de stabilisation du rachis :
progression de la masse tumorale paravertébrale (C). Suivi évolutif (2013), stabilisation des lésions vertébrales osseuses mais
progression de l'atteinte épidurale lombosacrée (D).

attentive et un complément d'exploration par Techniques d'IRM avancée


scanner permettent le plus souvent de retrouver Celles qui sont applicables pour l'étude de la moelle
tous les fragments osseux, signe caractéristique osseuse sont l'IRM de diffusion (DWI) et l'IRM de
des fractures vertébrales bénignes. perfusion avec analyse dynamique (DCE-MRI).
Rôle de l'IRM quantitative de la moelle osseuse Plusieurs études sur des séries encore limitées ont
été publiées. Leur validation clinique est en cours.
Il n'est pas clairement défini à l'heure actuelle. Une
évaluation quantitative des métastases osseuses Les limites de l'IRM morphologique sont évi­
nécessite de valider des outils fiables et reproduc­ dentes en cas de lésions persistantes, visibles sur les
tibles, inspirés des critères RECIST, mais adaptés séquences classiques, avec un signal et une prise de
aux différentes présentations sémio­ logiques en contraste dont l'interprétation est difficile : acti­
IRM. Les critères de nombre et de volume restent vité tumorale ou lésion quiescente, voire cicatri­
essentiels, l'objectif étant de pouvoir différencier les cielle ? Stabilité, régression ou progression ?
progressions, les réponses complètes, les réponses
partielles et les aspects stables. Les premières études IRM pondérée en diffusion
publiées concernent les métastases de cancer du Elle permet une approche indirecte de la cellula­
sein et de la prostate [22, 25]. rité tissulaire. Pour une étude performante de la
Chapitre 13. Traitements des métastases osseuses 255

moelle osseuse, il faut des images fortement pon­ cas, avec application de modèles). Pour la moelle
dérées en diffusion (b élevé) couvrant le squelette osseuse, cette technique semble utile pour le suivi
entier ou le squelette axial, et une reconstruction du myélome multiple (fig. 13.15) et prometteuse
des images en mode MPR (Multiplanar pour le suivi des patients sous traitement anti­
Reformation) ou MIP. Cette visualisation simple angiogénique [29].
autorise une analyse qualitative rapide, les lésions Les limites principales résultent de la rapidité
suspectes apparaissant comme des zones de signal nécessaire : résolution spatiale faible, champ d'ex­
beaucoup plus élevé que la moelle osseuse nor­ ploration limité. La reproductibilité est variable
male. Il s'agit donc d'une imagerie de détection, à selon les séquences et les modèles utilisés.
comparer aux séquences anatomiques. La techno­
logie actuelle facilite la réalisation en routine avec
des séquences rapides fortement pondérées en dif­ Aspects post-thérapeutiques
fusion acquises en respiration libre avec suppres­
sion du signal graisseux (DWIBS).
spécifiques – Quand évaluer
Certains pièges sont à connaître avec des images Chirurgie
DWI faussement positives ou faussement néga­ Après un traitement de chirurgie orthopédique,
tives. L'intensité du signal DWI reflète la cellula­ une imagerie de référence est indiquée dans un
rité mais aussi le contenu en eau (effet T2), et délai d'un mois pour évaluer la zone de résection
certaines lésions bénignes peuvent apparaître en et la position des implants éventuels. Les radiogra­
hypersignal : arthrose, fractures, angiomes bénins, phies (fig. 13.16) et le scanner sont relativement
ostéopathie radique. Les faux négatifs sont liés aux faciles à interpréter dans ce contexte, et moins
lésions calcifiées, comme certaines métastases sensibles que l'IRM aux artefacts.
ostéoscléreuses. L'analyse couplée des images
L'imagerie après chirurgie est souvent plus difficile,
DWI et des images anatomiques habituelles est
car les implants métalliques sont source d'artefacts
donc indispensable pour optimiser la sensibilité et
en TDM et en IRM :
la spécificité de l'exploration [22, 26].
• en TDM : durcissement du faisceau avec images
Une approche quantitative est possible, avec la en étoiles et analyse très difficile des interfaces
mesure du coefficient apparent de diffusion sur entre l'implant et l'os. Une acquisition volu­
une ou plusieurs lésions cibles. Au cours du suivi mique avec un filtre intermédiaire (pas trop
sous traitement des métastases osseuses, une évo­ dur), et des fenêtres élargies permettent d'amé­
lution est considérée comme favorable si le signal liorer la qualité des images ;
diminue en parallèle d'une élévation de l'ADC. • en IRM : zones de signal hétérogène, ou perte
L'interprétation reste cependant complexe en rai­ de signal, avec déformations géométriques. Il
son de l'hétérogénéité des métastases et de l'inte­ faut privilégier les séquences les plus robustes
raction entre les lésions et le tissu osseux (FSE, TSE [Turbo Spin Echo], STIR), élargir la
trabéculaire [27, 28]. bande passante, ce qui limite un peu les pro­
blèmes d'artefacts. Sur les IRM de nouvelle
IRM de perfusion dynamique génération, des algorithmes spécifiques de
Elle apporte des informations sur la perfusion tis­ reconstruction améliorent la qualité des images
sulaire et la perméabilité vasculaire. Cette tech­ (exemple : la technique MAVRIC).
nique repose sur l'acquisition répétée d'une Cette imagerie postopératoire précoce a pour but
séquence rapide pondérée en T1 après l'injection de mettre en évidence les limites de la zone de
intraveineuse d'un chélate de gadolinium. Les résection, les interfaces entre l'os tumoral et l'os
modifications du signal tissulaire après injection non atteint. La présence de collections postopéra­
sont liées à la diffusion extravasculaire et extracel­ toires est fréquente (rachis, pelvis). Une injection
lulaire du gadolinium. L'analyse du signal est qua­ intraveineuse est utile pour délimiter des abcès
litative, semi-quantitative ou quantitative (dans ce éventuels en cas de sepsis.
256 Imagerie post-thérapeutique en oncologie

A B C

D E
Fig. 13.15. Patiente de 67 ans suivie pour myélome multiple.
IRM de perfusion corps entier, couplée à une acquisition de diffusion axiale (b = 800 s/mm2) mettant en évidence une lésion focale
(A, flèche), se rehaussant précocement (B, flèche) et s'accompagnant d'une épidurite postérieure ainsi que d'une extension aux
parties molles avec diminution progressive du rehaussement sur les temps tardifs (C, flèche). Il est possible d'extraire une courbe
de rehaussement (D) au cours du temps montrant un rehaussement significatif dépassant 300 %. En imagerie de diffusion axiale
(E), la lésion est en diffusion restreinte.

L'imagerie postopératoire plus tardive associe qui permet une réduction significative des douleurs
volontiers plusieurs modalités quand une compli­ chez 95 % des patients dès la 1re semaine [30].
cation ou une récidive est suspectée (fig. 13.17). Un bilan d'imagerie préthérapeutique est indis­
pensable avant une cimentoplastie ou une ablation
Radiologie interventionnelle
tumorale percutanée, avec un recours fréquent à
La vertébroplastie et la cimentoplastie sont des tech­ différentes techniques d'imagerie. Ce bilan servira
niques de consolidation très utiles en cas de fracture de référence pour l'évaluation de l'efficacité et le
vertébrale pathologique, ou de fragilisation doulou­ suivi ultérieur. L'IRM permet d'apprécier l'at­
reuse du pelvis (acétabulum, aile iliaque). Les tech­ teinte des parties molles et s'avère particulière­
niques d'ablation osseuse percutanée constituent ment utile pour les lésions rachidiennes à risque
une alternative intéressante en cas de douleurs d'envahissement canalaire. Le scanner démontre
réfractaires ou d'intolérance aux autres thérapeu­ bien le caractère ostéolytique ou ostéocondensant
tiques. Elles permettent un soulagement beaucoup des lésions et permet de quantifier la perte osseuse.
plus rapide que la radiothérapie et la réduction des Ce point est particulièrement important pour les
doses d'antalgiques. Les techniques de référence os porteurs qui peuvent nécessiter un traitement
sont l'ablation par radiofréquence et la cryoablation complémentaire de consolidation (injection de
Chapitre 13. Traitements des métastases osseuses 257

A B

C
Fig. 13.16. Patiente suivie pour un cancer du rein, apparition d'une douleur de hanche gauche avec impotence
fonctionnelle.
Fracture pathologique de l'extrémité supérieure du fémur gauche en rapport avec une métastase ostéolytique (A), traitée chirurgi­
calement en 2012 avec prothèse massive (B). Au cours du suivi évolutif (2013), nouvel épisode d'impotence fonctionnelle qui
révèle une luxation de la prothèse (C).

ciment, vissage percutané ou ostéosynthèse reminéralisation de zones initialement lytiques. La


chirurgicale) afin de prévenir le risque de fracture thermocoagulation RF entraîne une réaction
pathologique. inflammatoire des tissus au contact de la région
Après un traitement de radiologie intervention­ traitée (fig. 13.18). Cette réaction est visible en
nelle (cimentoplastie et/ou ablation percutanée), IRM dans les semaines qui suivent le traitement :
l'imagerie de suivi de la réponse doit idéalement : œdème de l'os spongieux, œdème tissulaire
• visualiser la zone traitée, le ciment in situ, les (fig. 13.19). Une évolution favorable sera caracté­
interfaces entre la lésion traitée et l'os restant ; risée par l'absence de récidive tumorale, l'absence
• détecter les signes de reliquat métastatique et/ d'hypervascularisation de la zone traitée, associée
ou de récidive locale. à un aspect cicatriciel de l'os bordant : évolution
vers un signal hypergraisseux, sclérose partielle ou
Cette évaluation repose sur le scanner osseux en
complète.
coupes fines sans injection, et l'IRM avec des
séquences T1, STIR, T1 gadolinium. La cimento­
Radiothérapie
plastie ne provoque pas de réaction visible du tissu
osseux au contact du ciment. Les traitements En cours de radiothérapie, il n'est pas réalisé
médicaux associés peuvent avoir un effet visible de d'imagerie spécifique.
258 Imagerie post-thérapeutique en oncologie

B C

E F
Fig. 13.17. Patiente suivie pour un cancer de la thyroïde.
En 2011 (A), métastase iliaque droite avec imagerie hybride (iode-131 et scanner). Suivi évolutif sous traitement en 2012 avec une
IRM qui montre la persistance d'une masse tissulaire iliaque avec nécrose centrale (B et C). Le scanner (D) montre une ostéosclé­
rose en périphérie de la lésion. Décision opératoire avec une prothèse totale de hanche droite et reconstruction de l'acétabulum.
Le suivi évolutif radiographique (E) montre l'apparition d'une ostéolyse de la corticale fémorale en regard de la tige. Cet aspect est
confirmé par un scanner (F).
Chapitre 13. Traitements des métastases osseuses 259

A B
Fig. 13.18. Métastase iliaque lytique d'un cancer du rein.
Traitement par procédure combinée associant embolisation, thermocoagulation RF et cimentoplastie (A). Contrôle IRM à J14 (B),
excellente visualisation du ciment en hyposignal, avec une nécrose et une réaction inflammatoire extra-osseuse.

Fig. 13.19. Patient suivi pour un cancer du rein, apparition d'une douleur de hanche gauche qui limite la marche.
Le bilan d'imagerie révèle une métastase unique ostéolytique de la colonne antérieure de l'acétabulum avec une fracture patholo­
gique (A). Décision d'un traitement percutané de thermocoagulation par radiofréquence (B). Suivi évolutif à 1 mois en IRM (C) :
l'image axiale pondérée en T1 fat sat après injection IV de gadolinium montre une nécrose complète de la métastase, et une prise
de contraste périphérique en rapport avec la cicatrisation et une synovite résiduelle. Le suivi évolutif à 1 an est excellent, avec une
reprise complète des activités et une absence de récidive tumorale locale.

Après un traitement antalgique, sans atteinte neu­ Sur un os long, le champ d'irradiation pourra être
rologique et en l'absence de nouveaux symp­ localisé avec une marge de 1 à 2 cm autour du
tômes, il n'est pas réalisé d'imagerie de contrôle volume cible. En revanche, l'entièreté de l'os est
spécifique. On utilisera les scanners de surveillance traitée lorsqu'un matériel orthopédique a été mis
de chaque type de cancer pour faire le bilan en place (prothèse de hanche, clou centromédul­
osseux. L'amélioration des douleurs est de 1 à laire) car les manœuvres d'abrasion de l'os spon­
4 semaines et la durée de l'effet antalgique de 11 à gieux disséminent les cellules tumorales le long du
24 semaines. Un rebond douloureux dans la 1re fût de l'os.
semaine est fréquent [31]. Pour le rachis, le champ d'irradiation comporte une
En cas d'atteinte neurologique améliorée par le trai­ marge d'une et le plus souvent deux vertèbres
tement, une imagerie IRM de la zone lésionnelle au-dessus et en dessous des vertèbres atteintes.
­
servira de référence en cas d'aggravation ultérieure. Chaque vertèbre est irradiée en totalité autant que
260 Imagerie post-thérapeutique en oncologie

possible. Lorsque deux lésions sont proches, il est des traitements orthopédiques et radiothérapiques
recommandé de les traiter dans le même champ qui sont ponctuels sur une métastase, et com­
d'irradiation mais des champs de trop grande taille portent plusieurs lignes successives de traitement.
exposent à une mauvaise tolérance clinique en par­
ticulier digestive et hématologique de l'irradiation.
Pour le rachis en IRM, on retrouve ainsi une déli­ Problématique de l'interprétation
mitation nette du champ d'irradiation, les ver­ du signal de la moelle osseuse traitée
tèbres non irradiées gardant un signal normal. Les
Les chimiothérapies avec antiangiogéniques, les thé-
aspects post-thérapeutiques d'efficacité comme de rapies ciblées peuvent entraîner différentes réactions
complication se situent dans ces trajets unique­ médullaires en IRM. La moelle osseuse peut devenir
ment. Les vertèbres non métastatiques irradiées atrophique avec une transformation graisseuse
présentent un œdème médullaire et des zones de majeure, ou au contraire hyperplasique notamment
nécrose sous forme d'un hypersignal en STIR en cas de facteur de croissance limitant les risques
pendant les 2 premières semaines. Puis il apparaît d'aplasie. Cette moelle osseuse hyperplasique appa-
un hypersignal médullaire sur les séquences pon­ raît en hyposignal relatif sur les séquences pondérées
dérées T1 traduisant la conversion graisseuse de la en T1. Des îlots de moelle hyperplasique peuvent être
moelle, cet aspect est le plus souvent définitif. difficiles à différencier de nodules tumoraux. Après
traitement avec antiangiogéniques, des images en
Une reminéralisation se produit plus fréquemment cocarde sont parfois visibles, leur aspect stable lors
en cas de schéma long de radiothérapie et plus fré­ du suivi est un critère d'efficacité [22].
quemment pour les cancers du sein et du poumon.
Sur chacun des trajets de faisceaux d'irradiation, tous
les organes vont être traversés par le faisceau de Évaluation de la toxicité
rayonnement ionisant. Ceci explique la modification thérapeutique osseuse
d'aspect d'organes sains tels que le sternum pour une
radiothérapie du rachis dorsal, du foie ou des reins Fractures
après une radiothérapie du rachis dorsolombaire.
En revanche, pour l'arcthérapie, consistant en une Au niveau du rachis elles sont souvent méconnues,
rotation de l'accélérateur de radiothérapie autour avec un diagnostic tardif. On évoque en premier
du patient pendant l'irradiation, la radiochirurgie lieu une inefficacité de la radiothérapie ou une
et la radiothérapie stéréotaxique, les faisceaux sont progression métastatique. L'IRM rétablit le dia­
multiples et non en « tunnel » et de faible dose. gnostic en montrant un ou plusieurs tassements
d'aspect bénin sur un ou plusieurs des corps verté­
braux inclus dans le champ d'irradiation. La
Traitements systémiques :
sémiologie est comparable à celle de fractures
chimiothérapie, hormonothérapie,
ostéoporotiques banales.
thérapies ciblées
Au niveau du pelvis les fractures concernent à la fois
La réponse des métastases osseuses sera évaluée en le sacrum et les branches ilio et ischiopubiennes.
fonction du type histologique et de la cinétique Elles apparaissent le plus souvent chez des femmes
d'efficacité connue de chacun des traitements, soit de plus de 50 ans traitées pour un cancer gynécolo­
par une imagerie spécifique morphologique (IRM gique. Les contraintes mécaniques, associées aux
du rachis par exemple) ou fonctionnelle (scintigra­ radiolésions et à une ostéoporose favorisent l'appa­
phie osseuse), soit dans le bilan global de la maladie rition de fractures étendues à la présentation parti­
(fenêtres osseuses du scanner thoraco-abdomino- culière, en général symétrique, donnant un aspect
pelvien, TEP-scanner) afin de limiter le nombre en H à la scintigraphie au 99mTc. Des fractures uni­
d'examens auxquels le patient est soumis. latérales et asymétriques sont possibles. Le diagnos­
En effet, les traitements systémiques se poursuivent tic est fait par le scanner et/ou l'IRM. Le délai
sur des durées relativement longues, au contraire d'apparition peut être tardif après plusieurs années.
Chapitre 13. Traitements des métastases osseuses 261

L'aspect des fractures post-radiques du grill costal sont d'incidence relativement modeste, compte
d'un sein irradié et du sacrum dans les cancers de tenu des traitements aux stades précoces des
la prostate est souvent trompeur en IRM (pseudo- cancers les plus ostéophiles (sein et prostate).
récidive tumorale) mais ces fractures se situent Une bonne information du stade initial et du
toujours sur le trajet d'un faisceau de traitement. stade actuel de la maladie est indispensable. Une
Les procédures de radiologie interventionnelle connaissance des principaux diagnostics diffé­
avec consolidation par cimentoplastie sont parti­ rentiels est nécessaire.
culièrement intéressantes dans ce contexte, si les • Bien sûr, l'apparition ou au contraire l'absence
fractures sont douloureuses : vertébroplastie, de métastases viscérales sont à prendre en
cimentoplastie du cotyle, sacroplastie. compte.
• L'avenir est dans l'imagerie hybride de coupe
TEP-scanner et l'IRM corps entier avec
Ostéonécrose séquences de diffusion et de perfusion.
• On relève un lien entre biphosphonates et Références
ostéonécrose de la mandibule (imagerie spéci­
fique, dont le scanner mandibulaire). [1] Joyce JA, Pollard JW. Microenvironmental regulation
of metastasis. Nat Rev Cancer 2009 ; 9(4) : 239–52.
• L'ostéoradionécrose ne se rencontre que dans le [2] Roodman GD. Mechanisms of bone metastasis. N
champ traité, en général au-delà de 50 Gy. Engl J Med 2004 ; 350(16) : 1655–64.
• Pour l'ostéonécrose des têtes fémorales, l'ima­ [3] Coleman RE. Clinical features of metastatic bone
gerie par IRM permet un diagnostic précoce, disease and risk of skeletal morbidity. Clin Cancer Res
avec une excellente sensibilité et spécificité. 2006 ; 12(20 Pt 2) : 6243s–9s.
[4] Coleman RE. Skeletal complications of malignancy.
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[5] Theriault RL, Theriault RL. Biology of bone metas­
Recommandations tases. Cancer Control 2012 ; 19(2) : 92–101.
[6] Landis SH, Murray T, Bolden S, et al. Cancer statis­
et perspectives tics, 1999. CA Cancer J Clin 1999 ; 49(1) : 8–31, 1.
[7] Lipton A, Uzzo R, Amato RJ, et al. The science and prac­
• Dans sa demande, le clinicien doit informer de tice of bone health in oncology : managing bone loss and
la situation thérapeutique : bilan d'évaluation metastasis in patients with solid tumors. J Natl Compr
programmée d'un traitement avec sa date de Canc Netur oct 2009 ; (7 Suppl. 7) : S1–29 ; quiz S30.
[8] Hwang S, Panicek DM. Magnetic resonance imaging
début voire de fin ou suspicion clinique et/ou of bone marrow in oncology, Part 2. Skeletal Radiol
biologique de progression. Ceci permettra de 2007 ; 36(11) : 1017–27.
comparer l'examen à l'examen de référence [9] Hanrahan CJ, Shah LM. MRI of spinal bone marrow :
adéquat. part 2, T1-weighted imaging-based differential dia­
• La complémentarité minimale est assurée par gnosis. AJR Am J Roentgenol 2011 ; 197(6) :
1309–21.
deux modalités d'imagerie, l'une morpholo­ [10] Groves AM, Beadsmoore CJ, Cheow HK, et al. Can
gique et l'autre fonctionnelle. 16-detector multislice CT exclude skeletal lesions
• Il convient autant que possible de garder la during tumour staging ? Implications for the cancer
même modalité d'imagerie pour la surveillance patient. Eur Radiol 2006 ; 16(5) : 1066–73.
que pour le bilan initial de la métastase osseuse. [11] Patchell RA, Tibbs PA, Regine WF, et al. Direct
decompressive surgical resection in the treatment of
• En cas de métastases osseuses uniquement, il spinal cord compression caused by metastatic cancer :
peut se discuter de n'utiliser que le scanner a randomised trial. Lancet 2005 ; 366(9486) : 643–8.
embarqué de l'imagerie fonctionnelle si des [12] Lutz S, Berk L, Chang E, et al. Palliative radiotherapy
images de qualité diagnostique sont disponibles for bone metastases : an ASTRO evidence-based guide­
(notamment avec techniques de reconstructions line. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2011 ; 79(4) :
965–76.
itératives). [13] Steenland E, Leer JW, Van Houwelingen H, et al.
• Enfin, il faut se garder d'une interprétation abu­ The effect of a single fraction compared to multiple
sive en termes de métastases osseuses car elles fractions on painful bone metastases : a global analysis
262 Imagerie post-thérapeutique en oncologie

of the Dutch Bone Metastasis Study. Radiother Oncol [23] Schmidt GP, Reiser MF, Baur-Melnyk A. Whole-body
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Chapitre 13. Traitements des métastases osseuses 263

Annexe
Les diagnostics différentiels principaux des métastases
osseuses en imagerie morphologique

Pour le rachis vent un aspect en cadre, et la moelle osseuse


contient presque toujours des zones de signal
• Les fractures vertébrales porotiques du sujet âgé graisseux.
intéressent typiquement les vertèbres thoraciques • La conversion en moelle hématopoïétique des
inférieures (en dessous de T7) et le rachis lom­ vertèbres est responsable d'un hyposignal vertébral
baire. Les anomalies de signal sont en bandes. en T1, mais d'un signal plus élevé que le signal
Une fracture récente apparaît en hyposignal T1 et discal. Les foyers de moelle rouge apparaissent le
hypersignal T2, avec une évolution vers une plus souvent en périphérie, en sous-cortical.
consolidation et une normalisation du signal. Souvent, il persiste un hypersignal central ou péri­
• Les atteintes dégénératives de plateaux verté­ phérique en T1. Il faut rechercher les facteurs bio­
braux ont une distribution anatomique particulière : logiques ou anatomiques qui peuvent expliquer
les anomalies de signal siègent de part et d'autre cette conversion : anémie chronique, traitement
d'un disque et sont plutôt en bandes. Il s'agit des par des facteurs de stimulation de l'érythropoïèse,
discopathies congestives (Modic Type 1), habituel­ sida, coureurs de fond, obésité, anorexie, insuffi­
lement faciles à reconnaître. sance cardiaque ou respiratoire.
• La hernie intraspongieuse (nodule de Schmorl) • Les spondylites infectieuses sont souvent asso­
présente un signal identique à celui du disque et ciées à une atteinte discale. La spondylite chro­
elle est en continuité avec le disque, il existe un nique est le plus souvent condensante. Si l'atteinte
enfoncement du plateau vertébral. Les limites sont osseuse est isolée, les contextes clinique et biolo­
nettes, avec une bordure d'ostéosclérose. gique sont alors primordiaux.
• L'hémangiome vertébral est de diagnostic facile • Le SAPHO (synovite, acné, pustulose palmoplan­
si la composante graisseuse est importante, avec un taire, hyperostose, ostéite) se traduit par des anomalies
signal élevé en T1 caractéristique. Environ 10 % de type spondylite ou spondylodiscite étagée, avec un
des corps vertébraux sont le siège d'un angiome. contexte particulier. Une hyperostose associée à la
Certains patients âgés ont des angiomes multiples condensation permet d'évoquer le diagnostic.
du rachis. S'il est plus actif, le diagnostic sera aidé • La sarcoïdose vertébrale, rare, est à l'origine de
par le scanner qui montre une trame osseuse lésions nodulaires en hyposignal T1 et hypersignal
typique, « grillagée » les travées devenant plus rares STIR, avec un rehaussement après gadolinium.
mais plus épaisses que dans une vertèbre normale C'est le contexte qui permet de faire le diagnostic.
(aspect en polka dot des Anglo-Saxons). Certains • Le lymphome osseux doit être évoqué en cas de
angiomes agressifs sont fragilisants, avec rupture vertèbre ivoire.
corticale, voire une masse épidurale. • Les îlots condensants bénins sont fréquents, ils
• La vertèbre pagétique est hypertrophique, sont typiquement très denses, à limites spiculées.
avec un élargissement du corps vertébral et de Ils ne provoquent aucune anomalie de la corticale
l'arc postérieur. La dédifférenciation donne sou­ ni du périoste.
264 Imagerie post-thérapeutique en oncologie

Pour le pelvis Pour les os longs


• La dysplasie fibreuse, avec une atteinte poly­ • La dysplasie fibreuse, en particulier pour le
morphe. La présence d'hyperdensité en verre dépoli fémur proximal.
et de cloisons à bords nets est très évocatrice. • L'infarctus osseux central de l'os médullaire,
• La maladie de Paget, avec une atteinte fré­ avec un aspect partiellement calcifié, des limites
quente de l'os iliaque. nettes et géographiques.
• Les fractures de fatigue, souvent douloureuses, • Les tumeurs osseuses primitives, rares.
avec un aspect inquiétant en IRM. Le scanner est
l'examen clé.
• Les géodes acétabulaires en rapport avec une
coxarthrose.
Chapitre 14
Lymphomes : principes
thérapeutiques et imagerie
post-thérapeutique

É. Herin • J. Chalaye • J.-L. Lagrange • K. Belhadj • É. De Kerviler • A. Luciani • A. Rahmouni • E. Itti

Principes thérapeutiques ces lymphomes et du besoin de définir des facteurs


des lymphomes de haut grade pronostiques biologiques plus stringents. L'étude
du profil d'expression génique a permis la caracté-
et des maladies de Hodgkin risation de deux sous-types moléculaires de lym-
phome diffus à grandes cellules B, les uns avec une
Lymphomes Non Hodgkiniens signature de type « centre germinatif » : GC B-like
Les lymphomes non hodgkiniens constituent la (GCB), de pronostic favorable ; les autres avec une
plus fréquente des hémopathies malignes, repré- signature de type « cellules B activées » : Activated
sentant 4 % des nouveaux cas de cancer aux États- B Cells-like (ABC), de pronostic défavorable [2].
Unis. Ils forment un groupe hétérogène de Cette distinction moléculaire n'est pour le moment
cancers parmi lesquels le lymphome diffus à pas encore employée en routine dans le choix des
grandes cellules B (DLBCL) est le plus fréquem- traitements car difficile à mettre en place à large
ment rencontré (20 à 35 % des cas). échelle et en multicentrique de façon prospective.

Principes thérapeutiques Traitements de première ligne


L'index pronostique international, et plus encore L'introduction du rituximab, un anticorps chimé-
son dérivé, l'index pronostique international ajusté rique anti-CD-20, antigène présent dans la majorité
à l'âge (aaIPI) prenant en compte le stade clinique, des lymphomes diffus à grandes cellules B, a permis
l'état général et le taux de LDH prédisent la l'amélioration de la survie sans progression et de la
réponse au traitement et guident le choix de la survie globale (OS) faisant de cet anticorps la pierre
stratégie thérapeutique [1]. Au total, et outre angulaire de tous les régimes de traitement [3–6].
l'âge, sont identifiés comme facteurs de risque les
éléments suivants : stade III ou IV d'Ann Arbor, Patients âgés (60 à 80 ans)
nombre de sites extraganglionnaires atteints >  1, La moitié des cas diagnostiqués concerne cette
augmentation des LDH, et performance status. Il tranche d'âge [7]. L'essai thérapeutique 98-5B du
existe néanmoins une certaine variabilité dans le GELA (Groupe d'étude des lymphomes de
devenir des patients au sein d'un même groupe de l'adulte) randomisant 8 cures de R-CHOP contre
patients défini par l'IPI témoignant d'une hétéro- 8 cures de CHOP administrés tous les 21 jours
généité certaine d'un point de vue biologique de chez des patients ayant au moins un facteur de
Imagerie post-thérapeutique en oncologie
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266 Imagerie post-thérapeutique en oncologie

l'aaIPI a démontré un bénéfice à l'adjonction de Présence de 2 ou 3 facteurs de mauvais


rituximab dans l'obtention d'une réponse complète pronostic de l'aaIPI
(RC) (76 % vs 63 % ; p = 0,0005) et en OS (70 % vs Il n'existe pas de consensus sur le traitement de
57 % ; p = 0,007), ce bénéfice a été confirmé avec sujets jeunes de mauvais risque de l'IPI. Si un
5 et 10 ans de suivi médian en FFProg et OS (p = régime à base de R-CHOP est acceptable, des
0,00001 et p = 0.0073 respectivement) [7–9]. régimes intensifiés sont également utilisés
L'essai allemand RICOVER 60 randomisant chez (R-CHOEP, R-ACVBP). Le débat sur une inten-
ces malades 6 R-CHOP14 (administrés tous les sification thérapeutique avec autogreffe de cellules
14 jours) suivis de 2 injections de rituximab contre souches est toujours posé. En France l'induction
8 R-CHOP14 ou contre 6 ou 8 CHOP14 suggé- par R-ACBP suivie d'une intensification par
rait la supériorité d'un régime de 6 R-CHOP BEAM et autogreffe de cellules souches périphé-
administré tous les 14 jours (pas de bénéfice à riques est considérée comme un standard de trai-
poursuivre le traitement jusqu'à 8 cures). Ces tement [14] avec une FFProg à 76 % et une OS à
résultats sont démentis par les résultats de l'essai 78 % à 4 ans. Une méta-analyse portant sur 15
LNH (lymphome non hodgkinien) 03–6B du études randomisées a échoué à démontrer un
GELA ne trouvant pas de bénéfice à 8 cures de bénéfice incontestable de cette procédure en pre-
R-CHOP14 contre 8 cures de R-CHOP21 [10]. mière ligne de traitement [15]. Il est vraisem-
blable que dans ces présentations l'obtention
Patients jeunes (18 à 60 ans) d'une rémission complète métabolique précoce
Les traitements des sujets jeunes sont stratifiés sur est un facteur pronostique stringent [16–22] à
l'aaIPI. même d'identifier les patients devant justifier
d'une intensification thérapeutique et donc servir
Présence d'un facteur de mauvais pronostic de base à l'élaboration d'un algorithme de traite-
de l'aaIPI ment. Cette question est posée par l'étude GELA
L'étude du GELA 93-1B testant l'ACVBP 2007-03B dont les résultats ne sont pas encore
(chimiothérapie intensive associant doxorubicine, connus.
cyclophosphamide, vincristine, bléomycine et pre- L'évaluation diagnostique initiale, et l'évaluation
dnisone) suivie d'une consolidation contre post-thérapeutique précoce et à distance jouent
4 CHOP suivis d'une irradiation focale a montré donc un rôle essentiel dans la prise en charge des
la supériorité de l'ACVBP en survie globale chez lymphomes non hodgkiniens.
des patients avec 0 facteur de l'aaIPI (OS à 5 ans
de 90 % vs 81 %, p = 0,03) [11].
À l'aire du rituximab, l'étude MInt portant sur plus Lymphomes hodgkiniens
de 800 malades avec 0 ou 1 facteur de l'aaIPI a
Moins fréquents que les lymphomes non hodgki-
démontré un bénéfice à l'adjonction de rituximab à
niens, les lymphomes de Hodgkin ont une inci-
6 cures deCHOP ou CHOP-like plus radiothérapie
dence de 2 à 3 nouveaux cas pour 100 000 habitants
focale en cas d'atteinte bulky ou extra-nodale :
et par an. Une très grande majorité des patients
FFProg 79,9 % vs 63,8 % (p < 0,0001) et OS :
souffrant d'un lymphome de Hodgkin guérissent
89,8 % vs 80 % (p = 0,001) [12].
avec un traitement de première ligne. Les progrès
L'étude du GELA 03-2B testant chez les patients récents dans le traitement de cette maladie
avec un facteur de l'aaIPI 4 cures de R-ACVBP sui- consistent à en diminuer la toxicité à long terme
vies d'une consolidation contre 8 cures de en maintenant ses résultats.
R-CHOP21 a démontré un bénéfice à 3 ans en sur-
vie sans événement (EFS) (80,9 % vs 66,7 %,
Principes thérapeutiques
p = 0,0035), en FFProg (86,8 % vs 73,4 %,
p = 0,0015) et en OS (92,2 % vs 83,8 %, p = 0,0071) Comme pour les lymphomes non hodgkiniens, le
au prix d'une toxicité néanmoins plus élevée [13]. choix d'un traitement dans le lymphome de
Chapitre 14. Lymphomes : principes thérapeutiques et imagerie post-thérapeutique 267

Hodgkin dépend des facteurs pronostiques ne montrait pas de différence en survie sans pro-
­initiaux au sein desquels le plus important est le gression et en survie entre les quatre groupes de
stade clinique qui permet de définir d'une part les traitement avec un excès de toxicité pour les
stades locorégionaux (IA, IB et IIA) et d'autre groupes avec 4 ABVD et/ou une radiothérapie à
part les stades avancés (IIB, II et IV) [23]. 30 Gy [29].
L'intégration de la TEP dans le bilan initial a
conduit dans 13 à 24 % des cas à majorer le stade Stades locorégionaux défavorables
clinique défini par le scanner avec, dans 7 à 15 % Le traitement combiné est la règle dans ce type de
des cas, un passage d'un stade locorégional à un présentation. Le groupe EORTC dans l'essai H9
stade avancé [24–26]. [33] a testé 4 ou 6 cures d'ABVD suivies d'une
Les stades locorégionaux sont divisés en favorable radiothérapie focale à la dose de 30 Gy avec une
ou défavorable en fonction de critères pronos- FFProg (87 % et 91 %, respectivement, à 4 ans) et
tiques au diagnostic tels que la vitesse de sédimen- une OS comparables. L'essai allemand H14 [34] a
tation, l'âge, les signes généraux ou une atteinte testé 4 cures d'AVBD contre 2 cures de BEA-
ganglionnaire médiastinale bulky [27], les diffé- COPP renforcé (bléomycine, étoposide, doxoru-
rents groupes coopérateurs varient malheureuse- bicine, cyclophosphamide, vincristine, procarbazine,
ment dans la définition de ces deux groupes [28] et prednisone) suivies de 2 cures d'ABVD. Dans les
rendant la comparaison des résultats des différents deux groupes de traitement, la chimiothérapie était
essais thérapeutiques délicate. Pour les stades suivie d'une radiothérapie focale. Le faible bénéfice
avancés, le score pronostique international (IPS) en FFProg du bras « 2+2 » (« 2+2 » : 97 % ; ABVD :
repose sur les facteurs pronostiques péjoratifs sui- 91 %, p =  0,0017) s'est fait au détriment d'une toxi-
vants : sexe masculin, âge >  45 ans, stade IV, albu- cité tardive probable (stérilité et risque de cancer
mine sérique <  40 g/L, hémoglobine <   10,5 g/ secondaire) jugée rédhibitoire. Le traitement par 4
dL, taux de leucocytes ≥ 15 000/mm3, lympho- cures d'ABVD suivies d'une irradiation focale est
cytes <   600 mm3 ou <   8 % du total des leucocytes. donc le traitement de référence de ces présentations.
La présence de plus de 3 facteurs définit le groupe
défavorable.
Stades avancés
Le MOPP (méchloréthamine, vincristine, procar-
Traitement de première ligne
bazine, et prednisone) a été introduit dans le trai-
Stades locorégionaux favorables tement des formes avancées il y a plus de 40 ans
Un traitement combiné comprenant une polychi- avec des taux de rémission de 50 %. Il a été rem-
miothérapie suivie d'une radiothérapie focale a placé par l'ABVD qui, outre une meilleure effica-
supplanté le traitement par radiothérapie exclusive cité, démontrait une moins grande toxicité dans
en diminuant le taux de rechutes par l'éradication plusieurs essais de phase III comparant l'ABVD au
des foyers tumoraux occultes et en diminuant la MOPP, au MOPP/ABV (méchloréthamine, vin-
toxicité à long terme de la radiothérapie par la cristine, procarbazine, prednisone/doxorubicine,
réduction de la taille des champs d'irradiation bléomycine, vinblastine) ou à une alternance de
[29–32]. MOPP et d'ABVD [35–38], faisant de l'ABVD le
régime de référence dans cette indication.
Longtemps, le traitement de référence a été 4
cycles d'ABVD (doxorubicine, bléomycine, vim- Dans ces essais traitant les formes avancées de lym-
blastine et dacarbazine) suivis d'une radiothérapie phome de Hodgkin par ABVD, la FFProg à 5 ans
focale à la dose de 36 Gy. Ce traitement est varie de 60 à 75 %, la moitié des patients rechutant
aujourd'hui clairement surdimensionné. Le étant rattrapés par un traitement de deuxième
groupe coopérateur allemand dans l'essai HD10 ligne [36, 37, 39–41].
randomisant 2 contre 4 cures d'ABVD suivies L'idée que ces présentations méritaient un traite-
d'une irradiation focale à la dose de 20 ou 30 Gy ment plus agressif pour obtenir un meilleur
268 Imagerie post-thérapeutique en oncologie

contrôle à long terme de la maladie a conduit à complète après 2 BEACOPP renforcés, soit un
tester plusieurs régimes dont le BEACOPP s'est régime d'escalade thérapeutique par BEACOPP
avéré le plus prometteur. Trois études randomi- après rémission partielle métabolique après 2 ABVD
sées ont comparé l'ABVD au BEACOPP avec des et ce tant dans les formes avancées que dans les
résultats contrastés : formes localisées dont nous attendons les résultats.
• la première [42] testait 6 cures d'ABVD contre Après un rappel de la place de la radiothérapie
4 cures de BEACOPP renforcé suivies de 4 cures dans la prise en charge des lymphomes, l'impact
de BEACOPP standard chez 205 patients avec de l'évaluation post-thérapeutique en imagerie
un bénéfice pour le BEACOPP par diminution dans les lymphomes sera exposé dans ce chapitre.
du risque de progression dont la FFProg à 5 ans
de 81 % vs 68 % pour le groupe ABVD (p = 0,038)
sans traduction en OS (92 % vs 84 %) ;
• la deuxième étude [43] testait également 6 ABVD
Radiothérapie
contre 4 BEACOPP renforcés suivies de
4 BEACOPP standard. Elle concernait Évolution des traitements des
321 malades et ne montrait pas de différence avec formes localisées de la maladie
une EFS à 7 ans de 78 % contre 71 % (p = 0,15) de Hodgkin : un exemple de
et une OS de 89 % contre 84 % (p = 0,39) ; désescalade raisonnée des
• la troisième étude [44] testait 8 ABVD contre traitements par irradiation
4 cures de BEACOPP renforcés suivies de 4
cures de BEACOPP standard chez 550 patients L'irradiation de la maladie de Hodgkin est l'une des
avec un IPS à 3 ou plus, elle échouait également techniques les plus compliquées et qui a le plus évo-
à montrer un bénéfice du BEACOPP avec une lué depuis qu'il a été montré que cette maladie pou-
EFS à 4 ans de 63,7 % contre 69,3 % (p = 0,313) vait être guérie et que de longues survies étaient
et une OS de 86,7 % contre 90,3 % (p = 0,208). obtenues. La compréhension de l'extension tumo-
rale de site en site puis les progrès des techniques
Rôle de la radiothérapie dans les formes avancées d'irradiation et les risques de développement de
L'essai H89 du GELA [45] a démontré qu'une complications ou de séquelles à long terme sont à
radiothérapie chez des patients en rémission com- l'origine de cette évolution. La mise à disposition de
plète à 6 cycles d'un régime de type MOPP/ABV rayonnement de haute énergie et la possibilité d'ir-
ou ABVPP (doxorubicine, bléomycine, vinblas- radier de grands champs incluant toutes les aires
tine, procarbazine, prednisone) n'était pas supé- ganglionnaires sus et sous-diaphragmatiques
rieure à 2 cycles supplémentaires de la chimiothérapie sont à l'origine des gains thérapeutiques initiaux.
(survie sans maladie à 78 % vs 73 %, p = 0,07 et L'adjonction de la chimiothérapie, la mise en évi-
survie globale 79 % vs 84 %, p=0,29). La place de dence des effets à long terme de l'irradiation ont
la radiothérapie et les nouvelles stratégies de radio- conduit à une réflexion par plusieurs groupes per-
thérapie seront développées plus bas. mettant la réduction des volumes irradiés, la diminu-
tion des doses délivrées. Enfin les techniques récentes
Impact de la réponse précoce à la TEP : d'imagerie comme la TEP conduisent à une meil-
un marqueur pronostique indiscutable leure définition des aires ganglionnaires atteintes
La démonstration du caractère pronostique béné- [48]. Aussi nous centrerons notre propos autour des
fique de l'obtention d'une rémission métabolique améliorations techniques et les modifications de
précoce a été faite dans le lymphome de Hodgkin dose conduisant aux techniques d'irradiation
avancé. L'obtention de cette dernière efface le actuelles. Toutefois les effets à long terme se déve-
caractère péjoratif de l'IPS [46, 47]. Ces résultats loppent plusieurs années après une irradiation, chez
ont conduit à des projets thérapeutiques différents ces patients ayant une survie de plusieurs années
testant soit un régime de désescalade thérapeutique aussi est-il utile de connaître les techniques qui ont
par de l'ABVD en cas de rémission métabolique été utilisées 10 ou 20 ans auparavant voire plus.
Chapitre 14. Lymphomes : principes thérapeutiques et imagerie post-thérapeutique 269

Évolution des techniques être modifiée selon les circonstances. Ainsi dès
d'irradiation 1970 un cache sous la carène a été institué au-delà
de 25–30 Gy afin de protéger le cœur et le péri-
Kaplan le premier a décrit une technique d'irradia- carde. Dans certaines situations rares, avec expan-
tion prenant en compte toutes les aires ganglion- sion tumorale dans les poumons à partir de l'atteinte
naires sus et sous-diaphragmatiques. Ainsi dès 1956 ganglionnaire hilaire, une irradiation pulmonaire
est utilisée l'irradiation en mantelet qui permet en peut être effectuée soit grâce à un cache d'épaisseur
un seul champ antéropostérieur d'irradier toutes les réduite laissant passer une partie de l'irradiation soit
aires ganglionnaires au-dessus du diaphragme tout par l'absence de cache initial au niveau du poumon et
en protégeant les poumons. Progressivement la sa mise en place à une dose de l'ordre de 20 Gy [49].
technique s'est affinée avec l'introduction d'un
cache infraclaviculaire et un cache sous-carénaire
afin de limiter la dose au cœur. Enfin le champ cou- Irradiation sous-diaphragmatique
vrant l'anneau de Waldeyer a été introduit depuis
L'irradiation sous-diaphragmatique est décrite
1964 pour certains patients [49].
généralement sous le terme d'Y inversé. Tous les
Au niveau sous-diaphragmatique les champs cou- ganglions rétropéritonéaux, iliaques externes et
vraient aussi l'ensemble des aires ganglionnaires internes sont pris dans ces champs. La rate peut
ainsi que la rate. aussi être incluse dans ces champs.
Les aires ganglionnaires inguinales sont ajoutées
lorsqu'il y a une atteinte iliaque externe.
Description du mantelet La largeur des champs au niveau lomboaortique
est généralement de 10 à 12 cm. Concernant l'ir-
Il inclut l'ensemble des aires ganglionnaires au-des- radiation de la rate, il faut prendre en compte les
sus du diaphragme considéré comme étant à haut mouvements induits par la respiration, cela
risque d'envahissement. Il s'étend des mandibules implique un important volume thoracique inclus
aux insertions du diaphragme. L'énergie des pho- dans les champs conduisant à une irradiation pul-
tons recommandée est de 6 MV, toutefois de nom- monaire, cardiaque. Il en résulte aussi une irradia-
breuses équipes utilisent des énergies plus élevées, tion du rein gauche.
atteignant 25 MV. La position du patient doit être Au niveau pelvien, des caches sont préparés afin de
reproductible et permettre la protection des régions protéger au maximum l'intestin, la moelle osseuse
non atteintes. La limite supérieure est située 1 cm ainsi que les gonades chez l'homme. En revanche
au-dessus de la pointe mastoïdienne, la limite infé- chez la femme il est quasiment impossible de pro-
rieure au niveau de l'interligne T10–T11. Au téger les ovaires si une irradiation des aires gan-
niveau médiastinal l'ensemble du médiastin ainsi glionnaires iliaques est programmée.
que des hiles pulmonaires sont inclus avec une
marge d'environ 1 cm. Les aires axillaires sont
incluses dans un volume dont la limite externe est Irradiation limitée
définie par la moitié du fût diaphysaire huméral et
1 cm en dedans du grill costal. Et la limite inférieure Des champs plus réduits sont actuellement utili-
est située au niveau de la pointe de la scapula. Cette sés. Si plusieurs études essaient de mettre en
limite interne rejoint la limite du médiastin en sui- œuvre des irradiations limitées aux atteintes gan-
vant le 5e espace intercostal, passant sous la clavi- glionnaires initiales, ou une irradiation localisée
cule. Au niveau de la cavité buccale un cache est des aires ganglionnaires initialement atteintes :
préparé qui suit la mandibule. Enfin un cache pos- Involved Nodes Radiation Therapy (INRT) la
térieur allant de C1 à C7 inclus permet de protéger règle reste celle de l'irradiation des aires ganglion-
la moelle épinière. En antérieur un petit cache est naires initialement atteintes : Involved Field
mis en regard du larynx. Cette forme de base peut Radiation Therapy (IFRT).
270 Imagerie post-thérapeutique en oncologie

A B
Fig. 14.1. Irradiation des aires ganglionnaires initialement envahies : IFRT.

Irradiation IFRT (fig. 14.1) donnée à la suite des travaux de Kaplan. Cependant
cette démarche a été progressivement réintroduite
L'irradiation IFRT concerne donc une portion
avec la mise en œuvre de traitements combinés de
des champs classiques du mantelet ou Y inversé.
chimio et radiothérapie. Elle est actuellement en
Dans cette situation l'ensemble d'une aire gan-
cours d'évaluation en particulier dans le protocole
glionnaire telle que décrite pour la maladie de
EORTC-GELA H10. Dans cette démarche est prise
Hodgkin est irradiée dans un seul champ dès qu'il
en compte l'atteinte ganglionnaire initiale ainsi que la
y a une atteinte ganglionnaire. Ainsi au niveau cer-
régression tumorale. Cela suppose une grande
vical, l'atteinte d'un ganglion jugulocarotidien
rigueur d'évaluation des atteintes par tomodensito-
implique l'irradiation de toutes les aires ganglion-
métrie et tomographie à positron [51].
naires cervicales homolatérales : sus-claviculaire et
jugulocarotidienne. Les champs sont étendus Afin que les volumes soient définis précisément il est
depuis la mastoïde jusqu'à la clavicule. En cas indispensable que le radiothérapeute voie le patient
d'atteinte sus-claviculaire, l'ensemble de l'hémi- avant tout traitement et que les examens pussent
cou homolatéral est inclus. Une atteinte médiasti- être fusionnés. Ceci implique aussi que les examens
nale implique l'irradiation du médiastin et des autant que faire se peut soient effectués en position
hiles. Elle s'étend de T1 à T8–9 [50]. de traitement et sur une table horizontale afin de les
utiliser pour définir les volumes qui seront irradiés et
Irradiation INRT (fig. 14.2) de fusionner les différents scanners de repérage.
La définition des volumes est fonction du siège de
L'irradiation uniquement des atteintes ganglion-
l'atteinte ganglionnaire avant toute chimiothérapie.
naires initiales a été historiquement utilisée puis aban-
Elle a été effectuée uniquement pour les présenta-
tions sus-diaphragmatiques. Elle utilise la nomen-
clature de l'ICRU [52] : GTV (Grosss Tumor
Volume), CTV (Clinical Target Volume) et PTV
(Planning Target Volume).
Pour les atteintes cervicales ou axillaires, le CTV
contouré correspond au volume ganglionnaire
initial avant chimiothérapie ainsi que les exten-
sions. Il prend en compte les déplacements des
structures normales. Toutefois en cas de réponse
complète incertaine (RCu) le volume retenu n'in-
Fig. 14.2. Irradiation des ganglions initialement envahis : clut pas les déformations des tissus sains. Mais en
INRT. cas de ganglion persistant il est inclus dans le CTV.
Chapitre 14. Lymphomes : principes thérapeutiques et imagerie post-thérapeutique 271

Ainsi les limites supérieures et inférieures ne sont le rôle de l'irradiation en grands champs et montré
pas modifiées, en revanche latéralement les limites l'intérêt de l'association IFRT et MOPP compara-
sont réduites. Le volume qui sera irradié ou PTV tivement à une irradiation lymphoïde subtotale. Ils
est défini par des expansions autour du CTV géné- pouvaient écrire que le MOPP en adjuvant pouvait
ralement de 1 cm. remplacer l'irradiation de la maladie occulte chez
Au niveau médiastinal l'ensemble du médiastin est des patients PS (Performance Status) IA-IIA [54].
considéré comme le CTV. L'atteinte ganglion- D'autres groupes ont confirmé la supériorité de
naire est contourée sur les scanners préchimiothé- la stratégie combinée à l'irradiation seule. Ainsi
rapie et en cas de RCu, le médiastin est contouré l'essai HD 7 du GHSG (German Hodgkin Study
sans dépasser ses limites latérales. S'il persiste des Group) comparant une irradiation étendue (EF)
adénopathies, les limites latérales peuvent être seule à la dose de 30 Gy suivi d'un complément
agrandies. Afin de protéger les poumons il est localisé de 10 Gy à une association de 2 cycles
généralement admis que la longueur irradiée cor- d'ABVD suivis d'une irradiation selon le même
respond à la longueur initiale de l'atteinte gan- schéma. À 7 ans la survie sans échec du traite-
glionnaire et la largeur correspond à la largeur ment (FFTF) était de 67 % versus 88 %
résiduelle des masses. Le volume final irradié sera (p <   0,001) [55]. Dès lors que la supériorité de
défini avec une marge de 1 cm. cette stratégie était établie, il était alors possible
En cas de réponse partielle, le volume ganglion- dans des essais de stratégie de tenter d'une part
naire résiduel sera délinéé afin de définir le volume de réduire les volumes irradiés et d'autre part de
qui recevra un complément de dose [53]. diminuer la dose. En effet ces deux facteurs sont
impliqués dans le risque de développer des
complications.
Position du patient
La reproductibilité de la position du patient est Désescalade des volumes
fondamentale pour toutes les techniques d'irra- irradiés : des grands champs
diation. Il en résulte des contraintes qui s'ap- à l'irradiation INRT
pliquent lors de tout le processus en cours depuis
l'imagerie de repérage à la réalisation quoti- Les patients ont été traités selon les groupes à
dienne du traitement. Afin de faciliter cette posi- risque favorable ou défavorable. Ces groupes
tion, des contentions sont utilisées pour les têtes, présentent de discrètes différences, toutefois la
les membres inférieurs. Les bras sont posés sur synthèse de ces études confirme l'équivalence
l'abdomen, mains croisées. La tête est défléchie d'une irradiation limitée (IFRT) à une irradia-
en arrière afin de protéger la cavité buccale. Le tion étendue (EFRT) (tableau 14.1). Bonadonna
plateau de la table est plat. Idéalement cette posi- et al. [50] ont rapporté les résultats à long terme
tion devrait être utilisée pour tous les examens de l'essai de Milan comparant une irradiation
d'imagerie. subtotale incluant la rate à une irradiation des
involved fields après une chimiothérapie par
ABVD. Cette étude s'adressait à des patients
Traitement combiné ayant des stades cliniques IA, IB, IIA. Les doses
dans la maladie de Hodgkin étaient de 36 Gy en cas de réponse complète et
de 40 Gy en cas de RCu ou de réponse partielle
Afin d'améliorer les résultats thérapeutiques, plu- (RP) au niveau des aires ganglionnaires atteintes.
sieurs groupes ont réalisé des essais randomisés Dans les aires ganglionnaires non atteintes,
combinant l'irradiation et la chimiothérapie. Il a lorsqu'elles étaient irradiées les doses étaient de
ainsi pu être montré, pour les formes localisées, la 30,6 Gy. Cent quarante patients ont été inclus et
supériorité d'une stratégie combinée. Rosenberg 136 étaient évaluables avec un suivi médian de
et Kaplan à Standford ont progressivement établi 116 mois. Les deux groupes étaient équilibrés et
272 Imagerie post-thérapeutique en oncologie

Tableau 14.1 Évolution des volumes irradiés dans les essais avec randomisation sur l'extension des volumes irradiés
Auteurs Étude Groupes Volume Résultats
Noordijk [61] H7 Favorable IFRT vs EFRT EFS : IFRT >  EFRT
OS : IFRT = EFRT
Engert [62] HD8 Défavorable IFRT vs EFRT FFTF et OS identiques
Bonadonna [50] Milan STNI vs IFRT FFProg : 93 vs 94 %
OS : 96 vs 94 %
Ferme [63] H8U Défavorable IFRT vs STNI EFS : 88 % vs 87 % a
OS : 85 % vs 84 % a
H8F Favorable IFRT vs STNI EFS : 98 % vs 74 % p <  0,001 (5 ans)
OS : 97 % vs 92 % p =  0,001 (10 ans)
OS : Overall Survival ; EFS : Event Free Survival ; FFProg : Free From Progression.
a
Bras 4 cycles MOPP-ABV.

comprenaient 15 stades IA, 81 stades II favo- Désescalade de la dose :


rables et 40 stades II défavorables. Plus de trois de 40 à 20 Gy
sites étaient envahis dans 24 cas et une maladie
Bulky était présent dans 28 cas (ces patients La maladie de Hodgkin est une maladie radiosen-
avaient soit un rapport médiastinothoracique de sible. Des doses relativement faibles permettaient
0,33 soit des masses ganglionnaires >  10 cm) ; à d'obtenir une régression tumorale temporaire. Les
long terme 93 % du groupe STNI (Subtotal travaux de Kaplan ont montré que le contrôle
Nodal Irradiation) et 94 % du groupe IFRT durable de la maladie pouvait être obtenu avec des
étaient sans évolution clinique (free of disease). doses de 40 à 45 Gy. Mais ces doses étaient respon-
La survie globale était respectivement de 94 et sables de toxicité à long terme. Avec le développe-
96 %. Bien que l'échantillon ne soit pas suffisant ment des traitements combinés et devant ces
pour prouver la non-infériorité de la stratégie risques, la désescalade de dose a été proposée de
IFRT, cette dernière est considérée comme manière progressive. De nombreux essais théra-
effective. De plus la tolérance à long terme était peutiques ont été effectués dans cet objectif. Par
excellente [50]. ailleurs les travaux ce Cosset et Dubray [56, 57]
Cette stratégie a été évaluée par le groupe alle- ont montré que le risque de complications pulmo-
mand GHSG dans l'essai HD8. Après une naire et cardiaque était lié à la dose par fraction. En
chimiothérapie de 2 cycles de COPP (cyclophos- effet ils ont montré à partir de 499 patients por-
phamide, vincristine, procarbazine, prednisone)/ teurs de maladie de Hodgkin traités de 1971 à
ABVD, les patients recevaient soit une EF (bras 1984 à l'institut Gustave Roussy que l'incidence à
A) soit une irradiation localisée (bras B). La dose 10 ans des péricardites était de 9,5 %, celle des
prévue était de 30 Gy dans les aires ganglionnaires infarctus de 3,9 % alors qu'en l'absence d'irradia-
initialement et un complément de 10 Gy était réa- tion chez 138 patients traités pendant la même
lisé en cas d'atteinte massive. Les deux groupes période aucune toxicité cardiaque n'était retrou-
étaient équilibrés. Mille deux cent quatre patients vée. Les doses par fraction utilisées à cette époque
ont été inclus et 1 064 étaient évaluables. Avec un étaient de 2,5 Gy 4 fois/semaine, 3 ou 3,3 Gy par
recul de 55 mois (0,7–100,7 mois) la survie glo- fraction 3 fois/semaine et les doses totales de 35 à
bale était de 91,1 % pour l'ensemble des patients. 43 Gy. L'analyse multivariée a montré que le risque
Dans le bras A la réponse était de 98,5 % contre de péricardite était lié à la dose totale (> 41 Gy, RR
97,2 % pour le bras B ; les réponses partielles res- [risque relatif] 3,25 ; p =  0,006) et à la dose par
pectivement de 0,6 et 0,4 % et les progressions de fraction >   3 Gy (RR 2,0 ; p =  0,06). Cet effet lié à
0,8 et 1,9 %. La survie globale était de 92,4 et la dose par fraction sur le risque de complication
90,4 % (p = 0,0235). pulmonaire a aussi été mis en évidence par Dubray
Chapitre 14. Lymphomes : principes thérapeutiques et imagerie post-thérapeutique 273

à partir des patients inclus dans les essais de défavorables (tableau 14.2). Il avait pour objectif
l'EORTC H1, H2, H5. Ils avaient reçu une dose d'évaluer les possibilités d'utiliser une chimiothé-
totale de 35–40 Gy et par fraction 5 × 1,8 Gy, 5 × rapie plus intensive et une irradiation. Dans cette
2,0 Gy, 4 × 2,5 Gy, 3 × 3,3 Gy/semaine. En analyse étude randomisée à 4 bras les patients ont reçu
multivariée il y avait une augmentation du risque soit une chimiothérapie de type ABVD soit
de pneumopathie liée à la dose par fraction (RR BEACOPP associée à une irradiation de 30 Gy ou
2,22/Gy, de la dose totale médiastinale 1,06/Gy). de 20 Gy. Mille trois cent quatre-vingt-quinze
Ceci justifie que la dose par fraction préconisée patients ont été inclus. À 5 ans, 85 % d'entre eux
actuellement soit de 1,8 à 2 Gy chez l'adulte. étaient sans échec thérapeutique, la survie globale
Plusieurs essais thérapeutiques évaluent actuelle- était de 94,5 % et la survie sans progression de
ment les possibilités de réduire les doses à 20 Gy 86 %. S'il n'y avait pas de différence selon les bras
voire de ne pas irradier du tout. selon la chimiothérapie ou la dose d'irradiation,
en revanche la toxicité reliée au traitement était
L'essai HD10 du groupe GHSG compare une irra-
plus importante dans les bras intensifiés. Pour ces
diation de 20 Gy à celle de 30 Gy au niveau des aires
patients la référence reste une chimiothérapie par
initialement atteintes chez des patients de stade I
4 cycles d'ABVD et une irradiation de 30 Gy des
ou II sans facteur de risque afin d'évaluer les possi-
aires ganglionnaires initialement atteintes [59].
bilités de désescalade de dose de chimio et de radio-
thérapie (tableau 14.2). Mille cent trente et un L'EORTC a évalué les possibilités de réduction de
patients ont été randomisés pour recevoir 4 ou la dose chez des patients porteurs de maladie de
2 cycles d'ABVD et une irradiation de 20 versus Hodgkin de stade I-II (tableau 14.3). Selon les
30 Gy ; 1 370 patients ont été inclus dans cet essai à facteurs pronostiques les patients ont été classés
5 ans. Les deux stratégies de chimiothérapie ne dif- en favorables ou défavorables. Dans le bras H9-F,
féraient pas en termes de survie sans échec du trai- 6 cycles EBVP (épirubicine, bléomycine, vinblas-
tement. Celle-ci était de 93 % (4 ABVD) et 91,1 % tine, prednisone) ont été suivis d'une irradiation
(2 ABVD). Lorsque l'on considère la dose d'irra- de 36, 20 ou 0 Gy. Sept cent quatre-vingt-trois
diation, il n'y avait pas de différence entre les deux patients ont été inclus, 79 % d'entre eux en RCu
bras (p = 1,00) pour la survie sans échec au traite- ont été randomisés pour la dose d'irradiation. Le
ment ou pour la survie globale (p = 0,61). Ainsi bras sans irradiation a été interrompu en raison du
pour les formes favorables selon la classification du nombre d'échec plus élevé que le nombre attendu.
GHSG, 2 cycles d'ABVD et 20 Gy au niveau des La survie sans événement à 33 mois était de 87 %
involved fields (territoires initialement atteints) versus 84 et 70 % respectivement (p = 0,001) mais
semblent suffisants et moins toxiques que la straté- la survie globale à 4 ans était de 98 % quel que soit
gie comprenant 4 cycles d'ABVD et 30 Gy [58]. le bras 20 Gy ou 36 Gy. Cette étude montre que
l'absence d'irradiation est responsable d'un taux
L'essai HD11 concernait les patients ayant une
d'échec inacceptable mais que 20 Gy donnent des
maladie de Hodgkin stade I-II ayant des facteurs
résultats équivalents à une irradiation de 36 Gy.
Toutefois le schéma de chimiothérapie utilisé ici
Tableau 14.2 Évolution des doses
n'est peut-être pas optimal. En revanche pour les
Auteur Étude Groupe Doses Résultats patients défavorables, la désescalade de dose n'a
Engert HD10 Favorable IFRT 20 vs FFTF (p = 1) pas été évaluée dans H9-U [60].
[58, 62] 30 Gy OS (p = 0,61)
Eich [65] HD11 IFRT 20 vs ABVD + 30 Gy
30 Gy Conclusion
Noordijk H9F Favorable IFRT 36 vs EFS : 87 %/84 %
[61] 20 Gy OS : 98 %/98 % La maladie de Hodgkin est une maladie curable
Campbell Non EFRT/ PFS : 97 % avec une survie prolongée. Les effets à long terme
[66] rando­ IFRT/INRT OS : 95 % des traitements et particulièrement le risque de can-
misée cer secondaire doivent être pris en compte dans la
274 Imagerie post-thérapeutique en oncologie

Tableau 14.3 Facteurs de risque et groupes de traitement dans la maladie de Hodgkin selon les groupes de recherche
Groupe EORTC GH5G ECOG NCI-C
Facteurs de risque – Rapport médiastinothoracique ≥ 0,35 – Rapport médiastinothoracique ≥ 0,33 – Histologie CM ou DL
– Âge ≥  50 ans – Atteinte extraganglionnaire – Âge ≥ 40 ans
– A + VS ≥  50 mm/B + VS >  30 mm – A + VS ≥  50/B + VS >  30 – VS élevée ou symptômes B ou
– ≥ 4 aires ganglionnaires atteintes – ≥ 3 aires ganglionnaires atteintes ≥ 4 aires ganglionnaires atteintes
Groupes de traitement
– Favorable Stade I-II sans facteur de risque Stade I-II sans facteur de risque Stade I-II sans facteur de risque
– Intermédiaire Stade I ou IIA avec 1 ou plusieurs
facteurs de risque
– Défavorable Stade I-II avec un ou plusieurs facteurs Stade IIB avec VS élevée et ≥  3 aires Stade I-II avec un ou plusieurs
de risque ganglionnaires atteintes facteurs de risque
ECOG : Eastern Cooperative Oncology Group ; VS : vitesse de sédimentation ; CM : cellularité mixte ; DL : Déplétion lymphocitaire; A et B : absence ou présence d'un des
trois signes suivants : amaigrissement de plus de 10 % du poids du corps en moins de 6 mois, sueurs nocturnes, fièvre évoluant depuis plusieurs semaines.

définition de la stratégie de traitement. En outre les Rôle de l'imagerie : du diagnostic


données de l'imagerie permettent une meilleure au staging – Recommandations
appréciation de l'extension de la maladie. La com-
binaison de la chimiothérapie et de l'irradiation a
actuelles
amélioré les résultats obtenus. Cela rend possible la Définition du ganglion pathologique
réduction des volumes irradiés et des doses.
Cependant cette évolution doit être faite en pre- La définition du ganglion pathologique dans le
nant en compte les facteurs pronostiques définis par lymphome repose depuis longtemps sur des cri-
les différents groupes. Au terme des programmes tères morphologiques. Il est admis que plus un
en cours, il sera peut-être possible de réduire les ganglion est grand, plus il a de chance d'être
volumes irradiés et de proposer une INRT, voire envahi. Il est communément utilisé la taille de 1 cm
dans certains cas de ne pas irradier les patients. de petit axe [67–69] (PA) pour définir l'envahisse-
ment d'un ganglion (ou 1 cm de grand axe dans les
critères de Cheson 1999 [70]). La taille maximale
Radiologie dans la prise d'un ganglion sain est cependant difficile à déter-
en charge diagnostique miner de manière exacte [68]. Elle semble varier
et post-thérapeutique d'une région anatomique à l'autre ou d'un indi-
des lymphomes agressifs vidu à l'autre [71, 72]. Dans ce contexte, quel est
et de Hodgkin l'apport d'autres techniques d'imagerie de coupe ?
L'échographie couplée au Doppler apporte une
Les lymphomes se caractérisent par l'envahisse- information morphologique et vasculaire. Sa haute
ment tumoral d'éléments du système lymphatique, résolution spatiale notamment pour les ganglions
d'organes adjacents, ou d'organes profonds. Le superficiels et l'information apportée par le
rôle de l'imagerie est de détecter et de caractériser Doppler ont permis d'identifier des critères spéci-
l'envahissement tumoral spécifique, de confirmer fiques d'envahissement : un cortex épaissi de
le diagnostic de la maladie et de proposer une éva- manière focale, un aspect irrégulier du contour du
luation pronostique de celle-ci. Nous verrons suc- ganglion, un flux Doppler montrant une vasculari-
cessivement dans les prochains paragraphes, d'une sation périphérique sont plus fréquemment retrou-
part les critères d'envahissement ganglionnaire en vés dans les ganglions atteints [73]. Ces données
imagerie morphologique, d'autre part le potentiel résultent d'abord de l'évaluation ganglionnaire de
de l'imagerie pour aider au diagnostic histolo- tumeurs solides, mais ont de faibles performances
gique, enfin l'apport de l'imagerie pour le staging diagnostiques [74, 75] et ne s'appliquent pas dans
initial et l'évaluation pronostique de la maladie. les lymphomes [76]. Plus récemment l'échographie de
Chapitre 14. Lymphomes : principes thérapeutiques et imagerie post-thérapeutique 275

contraste semble apporter des informations plus per- Aide au diagnostic histologique
tinentes, notamment concernant la sémiologie de la
En cas de suspicion de lymphome, il est désormais
vascularisation ganglionnaire [74, 75]. La résolution
possible de confirmer le diagnostic anatomopa-
en profondeur de l'échographie est limitée, rendant
thologique sur une biopsie guidée par l'imagerie
son utilisation difficile pour le bilan exhaustif d'un
[77, 78]. La quasi-totalité des sites ganglionnaires
lymphome.
de l'organisme sont accessibles à ces ponctions
Depuis les années 2000, de nouveaux produits de percutanées [79]. Réalisées avec des aiguilles de
contraste IRM, les Super Paramagnetic Iron calibre satisfaisant (16 ou 14 G dans l'idéal), avec
Oxides (SPIO) ont fait l'objet de nombreuses des prélèvements fixés dans le formol, frais et
recherches et ont été évalués pour leur apport au congelés, elles fournissent à l'anatomopatholo-
diagnostic d'envahissement ganglionnaire tumo- giste un matériel suffisant pour le diagnostic histo-
ral. Néanmoins, à ce jour, aucun SPIO ne dispose logique, et la réalisation de l'immunohistochimie
d'une AMM dans cette indication. afin de poser un diagnostic complet dans 90 à
Tout ceci illustre la difficulté en imagerie conven- 96 % des biopsies [77]. Ces biopsies ont de nom-
tionnelle d'établir l'envahissement lymphoma- breux avantages pour le patient et en termes de
teux d'un ganglion pour ceux dont la taille se coût, permettant de s'affranchir de la chirurgie de
situe autour de 1 cm. Cette limite est actuelle- résection ganglionnaire [80].
ment repoussée par l'imagerie métabolique La biopsie peut en outre être guidée par les don-
(TEP-TDM au FDG) et plus récemment l'IRM nées d'imagerie (notamment TEP-TDM), afin de
avec séquences pondérées en diffusion, dont biopsier la lésion la plus fixante en TEP-TDM
nous reparlerons par la suite. (fig. 14.3), et ainsi éviter les portions nécrotiques

A B

C
Fig. 14.3. Patient de 29 ans traité pour maladie de Hodgkin.
Masse médiastinale antérieure résiduelle unique (A), hyperfixante en TEP-TDM (B). La TEP a permis d'orienter le geste, afin de
biopsier la zone la plus métaboliquement active (C), et d'éviter la zone de remaniement fibro-nécrotique. La biopsie a permis de
faire le diagnostic de rechute de maladie de Hodgkin chez ce patient.
276 Imagerie post-thérapeutique en oncologie

ou fibreuses. La TEP permet aussi de chercher la permettent de choisir de manière personnalisée les
meilleure cible pour prouver la transformation stratégies thérapeutiques.
d'un lymphome indolent [81, 82]. À titre d'exemple une maladie de Hodgkin locali-
sée sus-diaphragmatique (stade I ou II) et du
Staging – Classification de Ann Arbor groupe « favorable », sera traitée par 3 cycles de
Dans les LNH et les lymphomes hodgkiniens, chimiothérapie ABVD et une irradiation des terri-
l'évaluation de l'extension initiale de la maladie toires ganglionnaires atteints. À l'inverse une
(staging) est primordiale. Le traitement est adapté maladie de Hodgkin disséminée (stade III ou IV)
et personnalisé en fonction de cette atteinte ini- sera traitée par 6 à 8 cycles de chimiothérapie
tiale. Ces traitements ciblés ont permis des pro- (ABVD ou BEACOPP renforcé), sans radiothéra-
grès considérables sur la morbimortalité. pie, selon les dernières recommandations de
l'INCA [87].
Le stade de la maladie est établi selon la classifica-
tion d'Ann Arbor [83], publiée en 1971 et dont
les fondements sont aujourd'hui toujours valables, Tableau 14.4 Classification d'Ann Arbor
malgré l'évolution des techniques d'imagerie Stade I Atteinte d'un seul groupe ganglionnaire
(fig. 14.4 ; tableau 14.4). Celle-ci a été légèrement ou d'un seul organe extralymphatique (IE)
modifiée en ce qui concerne le lymphome de Stade II Du même côté du diaphragme : atteinte de deux
Hodgkin en 1988 par la conférence de Cotswolds ou plusieurs groupes ganglionnaires ou atteinte
[84], en y ajoutant notamment le stade Bulky (X) d'un organe extralymphatique et d'un ou plusieurs
(fig. 14.5) et les atteintes devenues décelables par groupes ganglionnaires (IIE)
l'avènement de la TDM. Stade III Atteinte des deux côtés du diaphragme de groupes
ganglionnaires, et éventuellement d'un organe
La classification d'Ann Arbor comporte 4 stades. extralymphatique (IIIE)
Les aires ganglionnaires considérées dans la classi- Stade IV Atteinte diffuse d'un ou plusieurs organes
fication sont : axillaire, cervicale, médiastinale, extralymphatiques, avec ou sans atteinte
l'anneau de Waldeyer, la rate, le ganglion du hile ganglionnaire, au-delà d'une atteinte d'organe
de la rate, les aires cœliaque, portale, mésenté- définie par le stade E
rique, iliaque ou inguinale. L'ajout de la lettre E à côté du stade se réfère uniquement aux envahissements
d'organe par contiguïté, à partir d'une structure ganglionnaire, et qui se limite
Au-delà du stade d'Ann Arbor, l'EORTC [85] localement à une atteinte pouvant être traitée dans le même champ de
radiothérapie que le ganglion concerné. Une atteinte plus diffuse d'un organe
puis le GHSG [86] ont identifié des groupes thé- extraganglionnaire est classée stade IV.
rapeutiques, en fonction non seulement du stade X : maladie Bulky (masse ≥ 10 cm ou index largeur médiastin/largeur thorax
mais aussi d'autres paramètres cliniques, biolo- ≥ 0,33, mesuré à hauteur des vertèbres T5-T6).

giques et radiologiques (nombre d'aires ganglion-


naires envahies). Ces groupes thérapeutiques

Fig. 14.4. Classification d'Ann Arbor. Fig. 14.5. Radiographie thoracique d'un lymphome de
Hodgkin Bulky.
Chapitre 14. Lymphomes : principes thérapeutiques et imagerie post-thérapeutique 277

Le staging initial obtenu grâce à la classification TDM a une faible sensibilité (15 % environ) alors
d'Ann Arbor est un paramètre qui participe au pro- que la TEP-TDM est beaucoup plus sensible
nostic du malade. Dans la maladie de Hodgkin, (environ 70 %) [90, 91, 95] et très spécifique. De
l'IPS [88] est utilisé. Il repose sur 7 paramètres cli- plus, la découverte d'une atteinte osseuse dans un
niques et radiologiques, dont l'âge supérieur à lymphome ganglionnaire a un impact clinique
45 ans, le sexe masculin, le stade IV d'Ann Arbor. important car elle reclasse le malade en stade IV
Chacun des paramètres grève de 8 % la survie sans d'Ann Arbor, le plus péjoratif. Une étude récente
progression à 5 ans. Dans les lymphomes non hodg- montre qu'il est ainsi possible de se passer de la
kiniens, comme évoqué dans le chapitre introductif, biopsie ostéomédullaire dans certains cas
on utilise l'IPI [89]. Ce score contient lui 5 para- lorsqu'une TEP-TDM a été réalisée [96].
mètres (âge >  60 ans, stade III ou IV d'Ann Arbor, L'atteinte osseuse est également bien décelée en
nombre de sites extraganglionnaires atteints >   1, IRM, qui peut compléter les données des autres
augmentation des LDH [lactate-déshydrogénases], modalités d'examen. Les performances diagnos-
et performance status). Ces scores pronostiques tiques de la TEP-TDM et de l'IRM sont proches,
composites sont intéressants car ils sont plus perfor- avec un discret avantage pour la TEP-TDM [97,
mants que la classification d'Ann Arbor seule. 98]. Les études en IRM corps entier débutent
Nous l'avons vu, la bonne définition du staging ini- cependant seulement depuis quelques années.
tial est primordiale, du fait de son impact sur la thé- Concernant l'atteinte splénique ou pulmonaire, la
rapeutique et le pronostic du malade. Nous allons TEP-TDM est plus sensible que la TDM, au prix
voir comment arriver à définir au mieux l'extension de quelques faux positifs supplémentaires [90].
initiale, grâce aux techniques actuelles d'imagerie. Ces faux positifs peuvent être rattrapés parfois par
la TDM avec injection, et parfois nécessitent des
Quelle est l'imagerie la plus adaptée investigations complémentaires (IRM, biopsie).
aux différentes atteintes (ganglion, L'échographie est plus sensible que la TDM pour
rate, foie, os, poumon, encéphale) ? rechercher les atteintes hépatiques ou spléniques,
Depuis les années 2000 et l'avènement de la TEP- mais serait moins performante que la TEP-TDM
TDM, de nombreuses études ont souligné les [90, 99]. L'échographie avec injection de produit
fortes sensibilité et spécificité de la TEP-TDM de contraste (microbulles) semble quant à elle
dans les lymphomes agressifs et la maladie de beaucoup plus utile pour identifier l'atteinte splé-
Hodgkin [90–94]. nique, permettant de détecter de nombreuses
Concernant l'atteinte ganglionnaire, la TEP-TDM atteintes manquées par la TEP-TDM [100].
va au-delà des critères morphologiques, et permet Dans l'atteinte cérébrale, la TEP-TDM est insuffi-
de montrer l'envahissement tumoral indépendam- sante, et c'est l'IRM qui est l'examen de référence.
ment de la taille des lésions (notamment infracenti-
métriques). Les sensibilité et spécificité de la Recommandations actuelles
TEP-TDM (92 et 99 % respectivement) sont supé- concernant l'imagerie lors
rieures à celles de la TDM diagnostique (83–88 et de la prise en charge initiale
86–89 % respectivement) [90, 91]. La TDM avec Nous l'avons vu, la TEP-TDM apporte une infor-
injection permet parfois de rattraper les rares faux mation métabolique complémentaire par rapport
négatifs de la TEP-TDM [91]. Les deux modali- à la TDM, conduisant soit à majorer le stade
tés d'imagerie sont donc complémentaires dans le d'Ann Arbor — jusque dans 15 à 30 % des cas [94,
staging. 101], soit à minorer le stade – jusque dans 5 à
L'atteinte osseuse est rarement présente au 10 % des cas selon les études. Dans un certain
moment du diagnostic initial (1 à 5 % des cas), elle nombre de situations, la TEP modifie la stratégie
se voit en revanche plus fréquemment dans les thérapeutique du malade – jusqu'à 7–20 % des cas
récidives (15 %). Dans ce type d'atteinte, la TEP- [92, 94]) et jusqu'à 45 % des cas dans la série de
TDM a une nette supériorité sur la TDM. La Raanani et al. [102].
278 Imagerie post-thérapeutique en oncologie

La TEP-TDM a éliminé certaines limitations de la diagnostique (injectée et en coupes fines) sont


TDM. La TEP s'interprète en fonction de la fixa- toutes les deux indispensables au staging d'un
tion du traceur, selon des règles consensuelles malade atteint d'une maladie de Hodgkin ou d'un
[103], et permet de s'affranchir du critère morpho- lymphome B diffus à grandes cellules.
logique (taille >  1 cm) pour définir l'envahissement Il est bien sûr possible, si cela est techniquement
d'un ganglion. Elle permet une meilleure détection faisable, de réaliser une TEP-TDM basse dose
des lésions ganglionnaires infracentimétriques, des complétée par un scanner injecté diagnostique,
lésions osseuses, spléniques ou hépatiques. lors du même temps d'examen comme cela se fait
Quelle place reste-t-il pour l'imagerie traditionnelle dans certains centres, selon le principe du one-stop
dans le staging ? shop anglo-saxon.
La TEP-TDM conserve certaines limites [104] : La Société française de radiologie (SFR) a publié
on peut ainsi citer l'absence d'injection de produit un compte rendu type en 2008, rappelant les
de contraste intraveineuse, ainsi que des faux posi- points importants dans l'interprétation d'une
tifs en cas d'infection ou d'inflammation. Ces TDM (annexe 1).
écueils, bien que connus, ne permettent pas de
s'affranchir d'une TDM diagnostique qui est réali-
sée avec injection, et en coupe fines (inframillimé- Évaluation de la réponse
triques). La TDM injectée complète l'information
de la TEP-TDM, en apportant une information thérapeutique en imagerie
précieuse permettant parfois de rectifier certains morphologique avec critères
faux positifs ou faux négatifs de la TEP-TDM. de Cheson : évolution de 1999
En pratique clinique, les informations apportées à 2007
par chacune des deux techniques peuvent être
La première version des critères de Cheson a été
confrontées en RCP, avec la participation
publiée en 1999 [70], ceux-ci permettant une
conjointe du radiologue, du médecin nucléaire et
évaluation globale de la réponse au traitement
de l'hématologue. On sait qu'en cas de concor-
(clinique, biologique et radiologique). Les critères
dance des deux examens, on obtient d'excellentes
de Cheson ont été proposés par un consensus
performances diagnostiques.
d'experts internationaux devant la nécessité d'uti-
C'est pour toutes ces raisons que dans les der- liser une règle unique et reproductible pour com-
nières recommandations nationales ou internatio- parer l'efficacité des traitements dans les essais
nales (tableau 14.5), la TEP-TDM et la TDM thérapeutiques. Ils sont actuellement l'outil de
référence et ont été réactualisés en 2007 à l'ère de
Tableau 14.5 Examens recommandés pour le staging l'imagerie métabolique (tableau 14.6). Les cri-
selon les différents organismes tères de 1999 permettent de classer la réponse en
complète (fig. 14.6), complète incertaine
Organisme Maladie de Lymphome B LNH
Hodgkin diffus à agressifs (fig. 14.7), partielle, en maladie stable (SD) ou en
grandes autres progression/rechute (PD ou RD). Pour cela les
cellules critères combinent la réponse scanographique, la
INCA 2012 TEP- TEP-TDM + TDM TDM [105] réponse clinique et la biopsie ostéomédullaire.
(France) TDM + TDM [105] TEP-TDM au
Concernant l'évaluation radiologique, il faut choi-
[87] cas par cas
sir jusqu'à 6 cibles mesurant plus de 1 cm de grand
NCCN 2013 TEP- TEP-TDM + TDM TDM
(États-Unis) TDM + TDM [107] TEP-TDM au
axe (ganglion ou nodule hépatique ou splénique)
[106] cas par cas et mesurer chacune d'elle dans deux diamètres
[107] orthogonaux (grand et petit axes : GA et PA), dans
ESMO TEP + TDM TEP + TDM le plan de coupe transversal, afin d'établir la somme
2012 [108] [109] du produit de ces diamètres (SPD). Il faut choisir
(Europe) pour ces 6 cibles des lésions facilement mesurables
Chapitre 14. Lymphomes : principes thérapeutiques et imagerie post-thérapeutique 279

Tableau 14.6 Critères de Cheson


Réponse 6 cibles : ganglion ou nodule Lésions non cibles Biopsie Examen clinique
hépatosplénique ostéomédullaire
RC Disparition des cibles Disparition des non-cibles Normale Normal
Pas de nouvelle lésion
RCu Disparition des cibles, mais avec Pas de nouvelle lésion Normale ou Normal
persistance d'une masse résiduelle indéterminée
dont la SPD diminue de >  75 %
RP Diminution de la SPD >  50 % Pas de nouvelles lésions Quel que soit le Normal ou diminution
Pas d'augmentation de taille des lésions résultat de l'hépatosplénomégalie
non cibles préexistantes
Normalisation Normalisation Positive
SD Ni RP ni PD
PD ou Augmentation de la SPD >   50 % Apparition d'une nouvelle lésion Réapparition Nouveau site
RD par rapport au nadir Augmentation de taille d'une lésion non cible

A B C

D E F
Fig. 14.6. Lymphome non hodgkinien stade IV.
L'évaluation initiale (A et B) retrouve une atteinte médiastinale et surrénalienne gauche. Réévaluation 1 mois après le début du
traitement (C et D) et en fin de traitement (E et F) montrant une réponse complète sans cible résiduelle mesurable.

A B
Fig. 14.7. Patiente suivie pour maladie de Hodgkin, avec masse médiastinale antérieure.
Le scanner initial (A) et en fin de traitement (B) montre la persistance d'une masse résiduelle, dont la SPD a diminué de plus de 75 %.
Réponse classée RCu selon les critères de Cheson.
280 Imagerie post-thérapeutique en oncologie

selon les 2 axes, les plus dispersées possibles, et de Nous reverrons à la fin de ce chapitre les modalités
préférence dans le médiastin ou le rétropéritoine actuelles de surveillance.
lorsque ces atteintes sont présentes. Les autres
ganglions de plus de 1 cm sont des lésions non
cibles. La mesure par TDM d'une éventuelle hépa-
tosplénomégalie n'a pas été incluse dans les critères
Perspective en imagerie
de Cheson, l'évaluation de celle-ci devant être cli- fonctionnelle IRM diffusion
nique. L'atteinte d'organes autres que les gan- corps entier
glions, le foie ou la rate ne sont pas pris en compte.
Optimisation instrumentale
Les paramètres radiologiques sont ainsi définis :
• RC : tous les ganglions doivent mesurer après L'utilisation des séquences single shot echo planar
traitement moins de 1,5 cm de grand axe. Si imaging s'est maintenant généralisée à l'ensemble
certains mesuraient initialement entre 1,1 et des techniques d'IRM de diffusion. L'utilisation
1,5 cm, ils sont considérés en réponse complète d'asservissement respiratoire et d'acquisition
s'ils mesurent ≤ 1 cm après traitement ; parallèle a permis l'application de ces séquences de
• RCu : la définition est identique à CR, sauf qu'il diffusion à l'échelle du corps entier. Les lym-
peut persister une masse résiduelle (> 1,5 cm de phomes sont connus pour l'importante restriction
grand axe) dont la SPD a régressé de >  75 %. en diffusion qu'ils engendrent en cas d'envahisse-
ment tumoral, en particulier liée à leur haute cel-
Néanmoins ces critères ont plusieurs inconvénients :
lularité, et à un haut rapport nucléocytoplasmique
1. ils posent problème pour les masses résiduelles
[112, 113]. C'est pour cette raison que les lésions
visibles sur les TDM de suivi. On sait qu'il peut
de lymphome sont particulièrement bien visibles
persister une masse résiduelle chez 40 % des
sur les imageries de diffusion.
malades, en particulier dans les LNH agressifs.
Celles-ci peuvent être composées de cellules
tumorales actives, ou simplement de fibrose et
de remaniement nécrotique ou inflammatoire Apport actuel de l'IRM de diffusion
inactifs. Parmi les masses résiduelles, seulement corps entier au staging et dans la
10 à 20 % contiennent une maladie active ; réponse thérapeutique des lymphomes
2. on leur attribue une mauvaise reproductibilité Les travaux en IRM de diffusion corps entier sont
interobservateur, bien que celle-ci n'ait pas été récents, les premières études publiées remontant à
statistiquement étayée ; 2004 [114]. Plusieurs auteurs ont inclus des
3. la catégorie RCu a posé de nombreux pro- cohortes de patients en faible nombre et ont com-
blèmes, pour sa compréhension par le corps paré les résultats de l'IRM de diffusion soit à la
médical et son utilisation en clinique. tomodensitométrie [115], soit plus récemment à
Du fait des limites énoncées ci-dessus et surtout la TEP-TDM [116].
de l'utilisation plus large de la TEP-TDM au Lors du staging initial, la sensibilité de l'IRM de dif-
18
FDG, ces critères ont été entièrement refondus fusion pour la détection des lésions lymphoma-
dans une 2e version, publiée en 2007 [110]. teuses, incluant l'analyse visuelle à la fois de la taille
Les critères de Cheson modifiés en 2007 ne ganglionnaire et de la restriction d'ADC comparati-
prennent plus en compte la réponse par TDM, vement au muscle, retrouvait une bonne corrélation
celle-ci est désormais évaluée par TEP-TDM, avec les données de la TEP-TDM (fig. 14.8). Les
dont les avantages sont nombreux. auteurs rapportent également un excellent contraste
Les critères de 1999 restent utilisables dans cer- pour détecter des atteintes des organes profonds,
taines situations : lorsque la TEP-TDM n'a pas été notamment des reins, du foie et de la moelle.
réalisée avant le traitement, ou lorsque le lym- Reste que l'IRM de diffusion corps entier ne peut
phome fixe insuffisamment le 18FDG (plutôt pour s'affranchir de certains faux positifs, en particulier
les lymphomes de bas grade [111]). car certains lymphomes folliculaires ou indolents
Chapitre 14. Lymphomes : principes thérapeutiques et imagerie post-thérapeutique 281

B
Fig. 14.8. Patient de 45 ans, avec maladie de Hodgkin stade II.
Staging initial (A) et clôture thérapeutique (B) montrant la diminution conjointe de la taille des ganglions médiastinaux (flèches), ainsi
que l'élévation de leur ADC sur une cartographie calculée à partir de trois valeurs de diffusion b (50, 400, 800 s/mm2).

se caractérisent également par une importante mortalité importante (40 %). Le scanner thoracique
­restriction de la diffusion, notamment du fait de réalisé précocement permet d'orienter rapidement
leur haute cellularité. L'apport à la fois au staging, le diagnostic et de diminuer la mortalité.
et dans l'évaluation thérapeutique de l'IRM de Devant une symptomatologie respiratoire, il va
diffusion corps entier comparativement aux tech- pouvoir orienter l'étiologie de la dyspnée : infec-
niques d'imagerie métabolique est d'ores et déjà tieuse (bactérienne, fongique, virale) ou réorien-
en cours d'évaluation au travers de projets inter- ter le diagnostic vers une étiologie non infectieuse
nationaux prospectifs. (embolie pulmonaire, réaction du greffon contre
À ce jour l'IRM de diffusion corps entier n'est l'hôte, œdème pulmonaire, extension lymphoma-
donc pas encore incluse dans l'arsenal de suivi teuse au parenchyme pulmonaire). À noter que les
conventionnel des patients avec lymphome. infections iatrogènes sont rarement la cause de
L'IRM reste incontournable notamment dans les faux positifs en TEP-TDM même si elles fixent
atteintes osseuses, en particulier du squelette axial, systématiquement le FDG à partir du moment où
pour la recherche d'envahissements extra-axiaux, un examen de référence préthérapeutique est dis-
ainsi que dans les lymphomes cérébraux primitifs, ponible et ne montre pas d'atteinte pulmonaire
qui ne font pas l'objet spécifiquement de cette initiale.
publication. L'anamnèse, le type de traitement (oncologique,
anti-infectieux, prophylaxie pneumocystose), le
type d'immunodépression sont autant de para-
Détection des complications mètres permettant d'évoquer ou d'écarter cer-
post-thérapeutiques taines hypothèses infectieuses.
Complications liées à la chimiothérapie On peut citer trois formes d'immunodépression
retrouvées chez les patients traités pour lymphome :
Aplasie et complications infectieuses
• la neutropénie, souvent présente au décours
Les infections pulmonaires sont fréquentes chez les d'une chimiothérapie, favorise les pneumopa-
patients traités pour hémopathies malignes (50 % thies bactériennes ou fongiques invasives si la
des patients en souffriront), et c'est une cause de neutropénie se poursuit au-delà d'une semaine ;
282 Imagerie post-thérapeutique en oncologie

• le déficit de l'immunité cellulaire (corticothéra-


pie au long cours) favorise les infections bacté-
riennes intracellulaires, les mycobactéries, les
pneumopathies virales, fongique (type pneumo-
cystose, récemment reclassé dans la famille des
champignons) ;
• le déficit de l'immunité humorale (anticorps
anti-CD20 [rituximab], splénectomie ou irra-
diation splénique) favorise les pneumopathies à
pneumocoque ou Haemophilus influenzae.
Bien qu'aucun signe scanographique ne soit spéci-
fique d'un germe en particulier, la TDM permet Fig. 14.9. Patiente de 27 ans, fébrile sous chimiothérapie
d'orienter vers des familles de germes [117] et d'induction en vue d'une allogreffe, malgré une antibiothé-
rapie à large spectre.
permet de guider les prélèvements : le lavage On retrouve un nodule avec halo de verre dépoli correspon-
bronchoalvéolaire, la biopsie transbronchique ou dant à une aspergillose pulmonaire invasive.
la biopsie percutanée [118].

Signes évocateurs d'une pneumopathie Signes évocateurs d'une pneumocystose


bactérienne Parmi les patients suivis pour lymphome, on retrou-
Il n'existe pas d'atteinte spécifique [119]. Il s'agit vera en particulier cette infection opportuniste chez
classiquement d'une condensation alvéolaire sys- les patients allogreffés [123]. Elle se présente par
tématisée avec bronchogramme aérien. des opacités en verre dépoli, bilatérales, prédomi-
nant dans les territoires supérieurs (fig. 14.10). Les
Les bactéries atypiques (intracellulaires) peuvent se
autres présentations décrites chez les patients VIH
présenter par des atteintes interstitielles bilatérales.
(virus de l'immunodéficience humaine), crazy
Signes évocateurs d'une aspergillose paving ou lésion kystique, sont peu retrouvées chez
ou d'autre infection fongique les patients atteints d'hémopathies [124].
Pour l'aspergillose, la sérologie est devenue un outil Signes évocateurs d'une pneumopathie virale
diagnostic majeur. Elle permet, en cas d'élévation,
Les plus fréquentes sont les infections à herpes,
d'évoquer le diagnostic avant même l'apparition de
cytomégalovirus, ou varicelle-zona virus. Elles se
symptômes. L'aspergillose pulmonaire invasive est
présentent habituellement sous forme de verre
responsable d'une mortalité élevée, de 50 à 90 %.
dépoli ou de réticulation [125], mais des formes
Les infections fongiques surviennent après une nodulaires [126] ou des plages de condensations
neutropénie ayant duré au moins une semaine. [127] sont également possibles (fig. 14.11).
D'autres champignons (candidose, mucormy-
cose) peuvent donner des tableaux clinicoradiolo- Signes évocateurs d'une tuberculose
giques similaires. Le scanner peut retrouver des ou mycobactérie atypique
images de condensations alvéolaires non spéci- Ces germes se présentent classiquement sous
fiques [120]. Il peut également mettre en évi- forme de condensations et de nodules broncho-
dence un ou plusieurs nodules entourés d'un halo gènes atteignant les apex. Les formes miliaires,
en verre dépoli (fig. 14.9), plus spécifique, mais avec des nodules de distribution hématogènes,
non pathognomonique d'une infection fongique. peuvent être également retrouvées en cas de défi-
Ce signe du halo se voit dans d'autres pathologies cit immunitaire sévère.
infectieuses (virus, mycobactéries), inflammatoires
(Wegener) ou tumorales (maladie de Kaposi) Toxicité pulmonaire à la bléomycine
[121]. La sortie de neutropénie est souvent mar- La bléomycine est un agent de chimiothérapie fré-
quée par l'apparition d'un croissant aérique [122]. quemment utilisé dans le traitement des lymphomes.
Chapitre 14. Lymphomes : principes thérapeutiques et imagerie post-thérapeutique 283

La pneumopathie à la bléomycine peut évoluer Cancers secondaires


jusqu'à la fibrose pulmonaire et serait la cause de La survie des malades traités pour lymphome est
décès chez 3 % de l'ensemble des patients traités par désormais excellente (plus de 80 % à 5 ans pour un
cette chimiothérapie [128]. Au scanner, il n'y a pas malade atteint de Hodgkin, tous stades confondus).
de signe spécifique. Dans sa forme débutante, elle se Mais les traitements utilisés — chimiothérapie et
présente souvent sous forme d'une infiltration radiothérapie — pour permettre au malade d'entrer
interstitielle, ou alvéolaire, prédominant aux bases. en rémission sont une cause de cancer secondaire.
On peut aussi retrouver aux bases de petites lésions
L'utilisation actuellement de traitement personnalisé
linéaires ou nodulaires sous-pleurales [129]. En cas
à chaque malade permet d'optimiser les doses de
d'évolution défavorable, on notera l'apparition de
chimiothérapies et de radiothérapie délivrées. Le
lésions fibrosantes (fig. 14.12).

Fig. 14.10. Patiente de 44 ans : opacités en verre dépoli Fig. 14.12. Pneumopathie fibrosante chez un patient traité
bilatérales correspondant à une pneumocystose. par bléomycine, atteignant de façon préférentielle les deux
bases.

A B
Fig. 14.11. Patiente de 38 ans : plages de verre dépoli (A), nodules et plage de condensation (B).
Il s'agissait d'une pneumopathie à VZV.
284 Imagerie post-thérapeutique en oncologie

risque de cancer varie selon le type de traitement reçu. Le risque relatif de développer un cancer pulmonaire
Après chimiothérapie ou radiochimiothérapie, le est de 4. Ce risque s'ajoute aux autres facteurs de
risque est plus élevé qu'après radiothérapie exclusive. risque classiques (sexe masculin, tabagisme, etc.) et
De par l'apparition retardée des cancers secondaires au jeune âge au moment du traitement du lymphome
(une dizaine d'années en moyenne), les données [131]. Il n'existe pas de recommandations pour le
actuelles de la littérature reflètent les effets secon- dépistage du cancer du poumon chez ces patients.
daires des traitements utilisés avant 2000.
Les cancers secondaires les plus fréquents sont le LEMP chez les patients traités par rituximab
cancer du sein ou du poumon, les leucémies Le rituximab est un anticorps monoclonal chimé-
aiguës et les lymphomes secondaires. rique, dirigé contre la protéine membranaire
Le risque relatif de cancer du sein est de 8. Ce CD-20. Il fait partie des chimiothérapies utilisées
risque est d'autant plus élevé que la patiente est en première ligne dans les lymphomes de type B
jeune lors du traitement ou que le traitement a (fig. 14.13). Mais plusieurs dizaines de cas de leu-
inclus de la radiothérapie [130]. Ce cancer fait coencéphalopathie multifocale progressive (LEMP)
l'objet d'un dépistage particulier (cf. Surveillance ont été décrites dans la littérature, chez des patients
page 77). Néanmoins, le risque de cancer induit ayant reçu du rituximab [132–134]. Une fois le
par la radiothérapie a diminué avec les protocoles diagnostic posé, le pronostic est sombre avec 90 %
de radiothérapie conformationnelle. de décès et une survie médiane de 2 mois.

A B

C D
Fig. 14.13. Patient de 67 ans, lymphome folliculaire traité par rituximab, apparition de troubles cognitifs.
IRM en séquence Flair (A) montrant des hypersignaux de la substance blanche infiltrant le genou du corps calleux. Les T1 sans
injection (B) et avec injection (C) ne montrent pas de prise de contraste. La diffusion est restreinte au centre, et augmentée en
périphérie (D).
Chapitre 14. Lymphomes : principes thérapeutiques et imagerie post-thérapeutique 285

Imagerie métabolique est réalisée après 1 à 4 cures sur des traitements


et moléculaire dans l'évaluation comprenant 6 à 8 cures de chimiothérapie et
plus communément après 2 cures à l'heure
post-thérapeutique des actuelle. Dans les lymphomes agressifs, une TEP
lymphomes précoce négative est liée à un taux plus impor-
tant de réponse complète en fin de traitement,
Critères de réponse : quoi de de survie sans progression et de survie globale
neuf depuis Cheson 2007 ? quel que soit l'IPI ou l'utilisation de rituximab
[142, 143].
De nombreuses études ont démontré la très
bonne valeur diagnostique et pronostique de la
TEP ou de la TEP-TDM au FDG en fin de traite- Critères IHP 2007 (International
ment pour les lymphomes B diffus à grandes cel- Harmonization Project) [110]
lules et la maladie de Hodgkin après une première La TEP a été intégrée dans les critères actualisés de
ligne, une chimiothérapie de rattrapage ou une réponse en fin de traitement IHP 2007. Ces critères,
intensification [135–138]. Devant le problème basés sur une interprétation visuelle, prennent
posé par les masses résiduelles en TDM, la TEP a comme référence le bruit de fond médiastinal pour
permis de faire la différence entre les masses évaluer la positivité des lésions résiduelles supérieures
fibreuses (RC) et les masses actives (RP), et a fait ou égales à 2 cm quelle que soit leur localisation. Les
disparaître le statut de RCu en augmentant le lésions de moins de 2 cm et les ganglions de taille
nombre de RC (fig. 14.14 et 14.15) [139]. normale sur la TDM (≤ 1 × 1 cm de diamètre) sont
La valeur pronostique de la TEP a également été quant à eux considérés comme positifs s'ils présentent
prouvée dans l'évaluation précoce de la réponse une fixation supérieure au bruit de fond environnant
[140, 141], dans le but de guider la stratégie [103]. Des critères spécifiques pour l'évaluation des
thérapeutique en fonction du risque stratifié par lésions spléniques, hépatiques, pulmonaires et ostéo-
rapport à la chimiosensibilité. La TEP précoce médullaires ont également été proposés. Ces critères

A B
Fig. 14.14. Exemple d'une maladie de Hodgkin (MdH) cervicomédiastinale avec TEP et TDM injectée au bilan initial (A) et
après 2 cycles de traitement (B).
La réponse à deux cycles est classée RCu en TDM et RC en TEP en raison d'une masse médiastinale résiduelle non hyperméta-
bolique. Persistance d'une RC en fin de traitement, absence de rechute.
286 Imagerie post-thérapeutique en oncologie

A B C
Fig. 14.15. Exemple d'une TEP-TDM de staging d'un LNH agressif : atteinte ganglionnaire sus et sous-diaphragmatique,
hépatique et osseuse.
A. TEP. B. TDM. C. Fusion.

A B C
Fig. 14.16. Exemple d'un LNH B diffus à grandes cellules stade IV (A) en RC à 2 cycles (B) et en fin de traitement (C).
La négativité de la TEP précoce s'est également révélée être liée à une réponse durable et à une survie plus longue chez les
patients atteints de la maladie de Hodgkin [144] et être un facteur pronostique plus important que l'IPS pour les stades
­avancés [145].

A B C
Fig. 14.17. Exemple d'une maladie de Hodgkin stade III Aa (A) en RP à 2 cycles (B) et en progression en fin de traitement (C).
Bien qu'il n'y ait pas encore de preuve que le changement de stratégie thérapeutique en fonction des résultats de la TEP précoce
modifie la survie des patients atteints de lymphome, des études en cours évaluent le bénéfice des stratégies d'escalade ou de
désescalade thérapeutique en fonction des résultats de la TEP précoce [146].
Chapitre 14. Lymphomes : principes thérapeutiques et imagerie post-thérapeutique 287

de fin de traitement sont énoncés pour les lym- pas disponible. Les critères de Deauville qui per-
phomes agressifs mais une étude récente a mettent une interprétation plus facile et reproduc-
démontré la très bonne valeur pronostique de la tible de la TEP devraient à terme remplacer les
TEP en fin de traitement sur 121 patients naïfs critères IHP 2007 en fin de traitement.
traités pour un lymphome folliculaire de forte
masse tumorale [147]. Consensus de Menton 2011 [149]
Ces critères ne sont pas adaptés à l'évaluation pré- Les critères décrits ci-dessus basés sur une analyse
coce car ils sont source de faux positifs en raison visuelle revêtent une certaine subjectivité et
de la variabilité interobservateur de la mesure de peuvent être suboptimaux pour les essais de straté-
taille des masses résiduelles qui s'ajoute à la varia- gie thérapeutique guidée par la TEP précoce, car
bilité d'interprétation visuelle de la TEP-TDM. certains patients présentant une fixation résiduelle
À l'heure actuelle, ces critères sont encore recom- minime en cours de traitement ont quand même
mandés pour l'évaluation en fin de traitement. un bon pronostic [150]. L'analyse quantitative de
la réduction du métabolisme tumoral sous traite-
ment (ΔSUVmax) permet de diminuer la variabilité
Critères de Deauville 2009 [148]
interobservateur de l'interprétation et d'améliorer
Les critères de Deauville ont été conçus pour éva- la valeur pronostique de la TEP-TDM précoce
luer la réponse au traitement dans des essais cli- dans le LDGCB [151, 152]. Le seuil au-delà
niques de stratégies guidées par la TEP-TDM. duquel un patient peut être considéré en bonne
Cette échelle semi-quantitative à 5 points a été réponse à 2 cures de chimiothérapie est fixé à plus
choisie pour mieux caractériser les fixations rési- de 66 % dans deux séries indépendantes. Cette
duelles minimes (tableau 14.7). Aucune mesure mesure s'applique aux essais cliniques de stratégie
de taille des lésions résiduelles n'est nécessaire et guidée par la TEP-TDM ; en cas de SUV initial
cette échelle est applicable à tous les lymphomes. bas (< 10) ou de SUV précoce élevé (> 5), le
Le seuil de positivité est ainsi adaptable selon le ΔSUVmax est probablement moins fiable et l'inter-
type histologique de lymphome et la question cli- prétation visuelle avec l'échelle de Deauville 2009
nique posée. Par exemple, si un allégement théra- doit être préférée [153].
peutique est envisagé en cas de bonne réponse
précoce, un seuil bas sera choisi pour éviter les
faux négatifs (score 2) ; à l'inverse, si une intensifi- En pratique : TEP-TDM dans
cation thérapeutique est envisagée en cas de mau- la surveillance post-thérapeutique
vaise réponse précoce, un seuil haut sera choisi des lymphomes
pour éviter les faux positifs (score 4). Cette échelle
est particulièrement appliquée à la MdH et dans Évaluation précoce
les études concernant les LBDGC (lymphomes B Aucune stratégie adaptée au risque n'étant validée
diffus à grandes cellules) où la TEP initiale n'est à l'heure actuelle, la réalisation d'une TEP-TDM
précoce devrait être réservée aux essais cliniques.
Pourtant, la TEP-TDM est très souvent effectuée
Tableau 14.7 Échelle de Deauville
dans les lymphomes diffus à grandes cellules B et
Score 5 Fixation > > foie et/ou progression de Hodgkin après 2 à 4 cures de chimiothérapie et
Score 4 Fixation > foie peut entraîner, en cas de mauvaise réponse méta-
Score 3 Fixation > médiastin mais < foie bolique, une modification de la stratégie théra-
peutique. Il est important de connaître et d'utiliser
Score 2 Fixation < médiastin
les critères de Deauville/Menton pour l'évalua-
Score 1 Pas d'hyperfixation
tion précoce de la réponse.
288 Imagerie post-thérapeutique en oncologie

En fin de traitement monte à plus de 80 % après les traitements de rat-


trapage [154]. Les rechutes surviennent le plus
La TEP-TDM permet de documenter l'obtention
souvent dans les 2 premières années après le der-
d'une réponse métabolique complète selon les cri-
nier traitement. Leur détection est clinique dans
tères IHP 2007. Elle est particulièrement utile en
80 % des cas, soit par le patient lui-même soit lors
cas d'atteinte ostéomédullaire initiale ou d'évalua-
d'une consultation de suivi [94].
tion intermédiaire positive (si celle-ci a été réali-
sée). Les délais d'imagerie à respecter en fin de La surveillance des lymphomes de Hodgkin est
traitement sont de 2–3 semaines post-chimiothé- bien codifiée par les recommandations des diffé-
rapie et 2–3 mois post-radiothérapie. rentes sociétés savantes. La surveillance est tout
d'abord clinique, à la recherche de symptômes ou
Lors de la surveillance de signes évoquant une rechute, mais aussi biolo-
La TEP-TDM peut être réalisée chez les patients gique et radiologique (tableau 14.8).
asymptomatiques qui présentaient une masse rési- La TEP-TDM n'est pas recommandée de manière
duelle en fin de traitement et lors de la réappari- systématique en raison du nombre élevé de faux
tion d'une adénopathie ou de signes généraux. positifs, de son coût élevé mais surtout du manque
d'études prospectives [155, 156].
Surveillance post-thérapeutique La TDM reste l'examen de référence selon les der-
nières recommandations de l'INCA et du NCCN.
des lymphomes : Mais l'ESMO et plusieurs publications vont à
recommandations l'encontre de la réalisation d'une TDM de façon
des sociétés savantes systématique. Selon celles-ci, la majorité des
rechutes seraient détectées par le patient ou le cli-
Les grands principes de la surveillance radiolo- nicien [157], la TDM venant simplement confir-
gique en fin de traitement sont : mer la rechute. La TDM systématique ne
• la confirmation de la rémission ; détecterait que 9 % des récidives [157]. De plus
• la détection précoce d'une récidive ; les TDM réalisées de manière systématique sont
• la détection des séquelles et des complications sources d'angoisse [158], d'un coût et d'une irra-
liées au traitement. diation non ­négligeables pour le patient [159]. La
surveillance de chaque patient devrait être adaptée
Maladie de Hodgkin à son risque de récidive.
Les patients traités pour maladie de Hodgkin
Avec les progrès de la thérapeutique, le pronostic subissent un sur-risque de cancer secondaire bien
de la maladie de Hodgkin s'est nettement amé- documenté dans la littérature, les plus fréquents
lioré depuis 40 ans. Une longue survie sans réci- étant les cancers du sein et du poumon. Les socié-
dive est obtenue dans 70 % des cas d'emblée tés savantes ont émis des recommandations parti-
après la première ligne de traitement, et ce chiffre culières chez ces patients (tableau 14.9).

Tableau 14.8 Recommandations de suivi par imagerie après une rémission complète
INCA 2012 [87] NCCN 2012 [106] ESMO 2011 [108]
TDM 6 à 12 mois puis annuelle 6 à 12 mois Inutile une fois que la rémission
complète a été documentée
Durée totale de surveillance 5 ans 3 ans 0
par imagerie
TEP-TDM systématique Non recommandée sauf si Non recommandée Non recommandée
suspicion de récidive
NCCN : National Comprehensive Cancer Network ; ESMO : European Society for Medical Oncology.
Chapitre 14. Lymphomes : principes thérapeutiques et imagerie post-thérapeutique 289

Tableau 14.9 Recommandations pour le dépistage des cancers solides chez les patients traités pour Hodgkin
INCA 2012 [87] NCCN 2012 [106]
Dépistage du Débuter 8 ans après la fin du traitement Concerne seulement les patients irradiés sur le thorax : débuter
cancer du sein ou à partir de 30 ans 8 ans après l'irradiation ou à partir de 40 ans, par mammographie.
Modalité d'imagerie et périodicité laissées L'American Cancer Society recommande en plus une IRM mammaire
à l'appréciation de l'équipe si l'irradiation a eu lieu entre 10 et 30 ans
Dépistage du Pas de stratégie particulière dans cette Imagerie thoracique (RX ou TDM) annuelle chez les patients à risque
cancer du poumon population (radiothérapie ou tabagique ou utilisation d'un agent alkylant)

Tableau 14.10 Recommandation surveillance d'un Lymphome B diffus à grandes cellules


HAS 2012 [105] NCCN 2012 [107] ESMO 2011 [108]
Périodicité TDM À 6 mois puis à 12 mois puis à adapter 6 mois Inutile une fois que la rémission
au stade et aux facteurs de risque complète a été documentée
Durée totale de la surveillance Non précisée 2 ans 0
TDM systématique
TEP-TDM systématique Non recommandée Non recommandée Non recommandée

LNH agressifs [5] Maloney DG, Grillo-Lopez AJ, White CA, et al. IDEC-
C2B8 (Rituximab) anti-CD20 monoclonal antibody
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Pour le lymphome B diffus à grande cellule, les [7] Coiffier B, Lepage E, Briere J, et al. CHOP chemo-
therapy plus rituximab compared with CHOP alone
recommandations sont proposées dans le
in elderly patients with diffuse large-B-cell lymphoma.
tableau 14.10. N Engl J Med 2002 ; 346 : 235–42.
La surveillance systématique soulève les mêmes cri- [8] Feugier P, Van HA, Sebban C, et al. Long-term
tiques que pour les lymphomes hodgkiniens quant results of the R-CHOP study in the treatment of
elderly patients with diffuse large B-cell lymphoma : a
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296
Groupe Imagerie CAncérologique de la SFR

BILAN LOCO-REGIONAL INITIAL DES PRINCIPAUX CANCERS : Comptes rendus type

-----------------------------------------------------------------------------------------------------------------

LYMPHOME
Version 1 – Janvier 2008 TDM
Lymphome
Alain RAHMOUNI Bilan
Fréderic PIGNEUR
Eric de KERVILER
-----------------------------------------------------------------------------------------------------------------
Nom, coordonnées et spécialité du correspondant

Renseignements cliniques & indications


Maladie de Hodgkin
Lymphome non hodgkinien agressif
Lymphome folliculaire
Évaluation initiale
Évaluation sous traitement
Évaluation fin de traitement
Suivi évolutif
Progression/Rechute

Technique
Acquisition spiralée avec injection incluant les creux axillaires
Balisage digestif recommandé
Interprétation sur console
Documents en coupes axiales de 5 mm jointives pour reproductibilité
Déroulement de l'examen : satisfaisant ou non

Type de machine : ……, Mise en service : …… , N° d'agrément : ……


Type d'archivage : ……
Support :
– films seuls (nombre – valeur moyennage des coupes),
– films (planche sélectionnée et CD),
– CD,
– PACS
297

Résultats
Atteinte ganglionnaire : topographie
Aires ganglionnaires sus-diaphragmatiques
■ Aires ganglionnaires périphériques accessibles à la palpation

⚬ Cervicales
⚬ Sus-claviculaires
⚬ Axillaires
■ Aires ganglionnaires profondes médiastinales
⚬ Médiastin supérieur
⚬ Médiastin antérieur
⚬ Médiastin moyen
⚬ Hiles
⚬ Médiastin postérieur/Espace infra-médiastinal postérieur
⚬ Diaphragmatiques/Péricardiques
Aires ganglionnaires sous-diaphragmatiques
■ Aire ganglionnaire périphérique accessible à la palpation

⚬ Inguinale
■ Aires ganglionnaires profondes abdominales

⚬ Cœliaque
⚬ Hilaire hépatique
⚬ Hilaire splénique
⚬ Péripancréatique
⚬ Mésentérique
⚬ Rétropéritonéale médiane
⚬ Iliaque primitive/externe/interne

Atteinte ganglionnaire : analyse morphologique


Les ganglions supérieurs ou égaux à 1 cm de diamètre axial transverse maximum doivent être pris en
compte
■ exception : plusieurs ganglions individualisés infracentimétriques, mais dont le nombre et leur caractère

en amas est suspect


Pour chaque aire, préciser les deux plus grands diamètres orthogonaux de la plus grosse adénomégalie et
estimer le nombre de ganglions totaux
Pour des adénomégalies confluentes, il est possible de prendre en compte la masse ganglionnaire dans
son ensemble
Préciser le caractère nécrotique (signe d'une forme agressive) ou le caractère atypique (type masse
kystique et/ou calcifiée)
Rate : Préciser la hauteur de la rate. En cas de splénomégalie, rechercher une autre étiologie comme,
par exemple, une hypertension portale. Les nodules de la rate seront mesurés : le diamètre du plus
grand nodule et le nombre de nodules, malgré la faible spécificité du scanner
Toutes les masses ganglionnaires compressives devront faire l'objet d'une description de la compres-
sion et en particulier déviation et/ou compression trachéale, déviation et/ou compression et/ou
thrombose veineuse, déviation et/ou compression urinaire ou biliaire
298

Atteinte extra-ganglionnaire
Poumons, foie, reins, etc.
■ En cas de nodules multiples : mesure du plus gros nodule et nombre de nodules
Les épanchements des séreuses doivent être notés et quantifiés
Pour la caractérisation, des examens complémentaires d'Imagerie peuvent être proposés pour éliminer
une autre étiologie

Tube digestif
Pour l'atteinte digestive, estimer l'épaisseur pariétale et sa longueur limitées par l'état de réplétion
digestive (reproductibilité)
Préciser le caractère unique ou segmentaire

Atteinte médullaire
Une atteinte de la moelle osseuse sous forme de lésions, le plus souvent ostéolytiques en cas de maladie
agressive, ou de lésions mixtes voire ostéocondensantes seront notées en précisant leur topographie
ainsi que leur spécificité et la nécessité d'éventuels examens complémentaires pour caractérisation telle
une IRM. L'existence d'une épidurite doit être recherchée.

Autres lésions mineures de découverte fortuite


et variantes congénitales

 Comparaison avec l'examen antérieur : ….


ou Absence de documents antérieurs

Synthèse et Conclusion
Regrouper les éléments décisionnels positifs
■ La classification d'Ann Arbor est utilisée dans l'extension initiale de la maladie.

■ La classification de Cheson, utilisée pour apprécier la réponse au traitement, sera basée sur les

mesures initiales. Cette classification est différente des critères RECIST utilisés pour l'évaluation des
tumeurs solides.
Particularités
■ Lymphome folliculaire : critère de forte masse tumorale

⚬ Une masse ganglionnaire >  7 cm


⚬ 3 masses ganglionnaires >  3 cm
⚬ Épanchement des séreuses ⊕ à la ponction
■ Hodgkin médiastinal : critère de forte masse tumorale (« Bulky »).

⚬ Masse >  10 cm de diamètre axial transverse


■ Pour la maladie de Hodgkin sus-diaphragmatique, la description des sites initiaux est déterminante

en cas de radiothérapie ultérieure.

Nom (en entier) du radiologue :


Relecture par :
Index

A Complément de doses, 72
Ablation, 256 Consensus, 173
Adhérences, 207 Critères
Ann Arbor (classification de), 276 –– de Cheson, 274
Antiangiogéniques, 3, 168 –– RECIST 1.1, 139, 172
Anticorps monoclonaux anti-VEGF, 168 –– RANO, 8
Appareil sphinctérien, 119 Cryothérapie, 193
Arcthérapie dynamique, 64 Curage ganglionnaire cervical, 46
ASL (Arterial Spin Labeling), 14 Curiethérapie, 183, 190, 206
Aspect séquellaire, 51 Cyberknife, 67
Cytologie, 33
B Cytostéatonécrose, 105
Bévacizumab, 3
Bilan d'extension, 77, 220 D
DCE-MRI, 37
C Dose, 247
Cancer Dose painting, 73
–– de l'ovaire, 219–226 Downstaging, 124
–– de la prostate, 181–204
E
–– de l'hypopharynx, 39–62
Échographie, 33, 78, 119, 188
–– du col utérin, 205–218
–– avec injection de produit de contraste, 137
–– du larynx, 39–62
Évaluation
–– du poumon, 63–76
–– postopératoire, 6
–– du rectum, 119–136
–– post-thérapeutique, 285
–– du rein
–– – métastatique, 167 F
–– du sein, 77–118 Facteurs pronostiques, 170
Carcinome hépatocellulaire, 137–166 Faisceau, 248
Cavité buccale, 21–38 Fascia mésorectal, 120
Cheson (critères de), 274 FDG, 57
Chimioembolisation, 140, 152 Fibrose, 208
–– artérielle, 137 FIGO, 205, 219
Chimiothérapie, 184 Fistule, 31
Chimiothérapie néoadjuvante, 90 FLT, 58
Chirurgie d'évidement ganglionnaire cervical, 22 Fluorodéoxyglucose, 82
Chondronécrose, 54 FMISO, 58, 72
Chondro-radionécrose, 54 Fracture, 252, 260
Cicatrice, 104
Cimentoplastie, 256 G
Classification Ganglion sentinelle, 82, 88
–– de Ann Arbor, 276 Gating respiratoire, 65
–– FIGO, 205, 219 Gliome, 1–20
Coefficient de diffusion, 208 Grade de régression tumorale, 124
300 Index

H –– progression, 278
Hadronthérapie, 67 –– rechute, 278
Hémorragie, 29 –– réponse complète
HER2, 94 –– – incertaine, 278
Hodgkin (maladie de), 276 –– réponse partielle, 278
Hormonothérapie, 184, 190 –– staging, 274
Hypertension artérielle, 177 –– TDM diagnostique, 277
Hypoxie cellulaire, 58 –– TEP-TDM, 277

I M
Imagerie Maladie
–– de référence, 49 –– de Hodgkin, 276
–– fonctionnelle de la microvascularisation, 172 –– – International Prognostic Idex, 277
–– post-thérapeutique, 185 –– – International Prognostic Score, 277
Immunothérapie, 168 –– résiduelle, 222
Inhibiteurs Mammographie, 78
–– de l'activité sérine/thréonine Mammo-TEP, 82
kinase de mTOR, 169 Marge circonférentielle de résection, 120
–– de tyrosine-kinase, 168 Masse résiduelle, 52, 280
IRM, 119, 137, 186, 206, 244, 245 Mastectomie, 90
–– diffusion, 13, 36, 37, 56, 128, 173, Médecine nucléaire, 193
190, 215, 220, 231 Métastases ostéomédullaires, 243
–– – corps entier Méthodes scintigraphiques, 5
–– – – réponse thérapeutique, 280 Moelle osseuse, 251
–– – – staging, 280 mRECIST, 139
–– perfusion, 14, 57, 189
–– séquence dynamique, 230 N
Irradiation conformationnelle Nécrose, 90
avec modulation d'intensité, 64 –– de lambeaux, 29
–– laryngée, 54
L
Lambeaux O
–– libres, 25 Oropharynx, 21–38
–– pédiculés, 25 Orostome, 29
Laryngectomie Ostéocondensation, 244
–– partielle, 39 Ostéolyse, 244
–– totale, 45 Ostéonécrose, 30, 102, 261
Leucoencéphalopathie, 12
–– multifocale progressive (LEMP), 284 P
Lymphome Pelvis, 245
–– cancers secondaires, 283 Perméabilité tumorale, 57
–– diagnostic, 274 Persistance tumorale, 52
–– infections, 281 Pharyngolaryngectomie, 46
–– – mycobactérie atypique, 282 Pharyngostome, 29
–– – pneumocystose, 282 Pneumopathie non infectieuse, 177
–– – pneumopathie Post-radiochimiothérapie, 49
–– – – aspergillaire, 282 Post-radiothérapie, 49
–– – – bactérienne, 282 Poursuite évolutive, 52
–– – – virale, 282 Prolifération cellulaire, 58
–– – tuberculose, 282 Prostatectomie radicale, 182, 185
–– maladie stable, 278 Protocole IRM, 4
–– masses résiduelles, 280 Pseudo-progression, 10
Index 301

Pseudo-réponse, 17 Schémas d'irradiation, 246, 247


Pseudo-tumeur inflammatoire, 230 Scintigraphie osseuse, 82, 193, 244
–– planaire, 82
Q Scintimammographie, 82
Quantification de la valeur de l'ADC, 173 Sclérose, 250
Sérome, 27
R Sorafénib, 137, 160
Rachis, 245, 259 SPECT/CT, 86
Radiochimiothérapie Spectroscopie, 16
–– concomitante, 205 Stade Bulky, 276
–– néoadjuvante, 123 Sténose vasculaire, 32
Radioembolisation, 137 Stupp, 2
–– à l'yttrium-90, 156 Suivi biologique, 176
Radiofréquence, 137, 140 Super bone scan, 86
Radiographies, 245 Surveillance, 185
Radionécrose, 11, 12 –– à long terme, 176
Radiosensibilité, 49 –– active, 171
Radiothérapie, 1, 188, 244 SUV post-traitement, 131
–– conformationnelle, 63 SUVmax, 71
–– des métastases osseuses, 170 Synchronisation respiratoire, 70
–– externe, 183
–– préopératoire, 121 T
–– stéréotaxique, 66, 137, 147 99m
Tc-biphosphonates, 82
Récepteurs hormonaux, 94 99m
Tc-Sestamibi, 82
Récidive, 208 TDM. Voir Scanner
–– à distance, 227 Technique de référence, 171
–– ganglionnaire, 52 Témolozomide, 2
–– locale, 52, 104, 119, 227 Temps d'acquisition précoce en phase artérielle, 176
–– métastatique pulmonaire, 227 TEP, 221
–– tumorale, 2, 5, 6, 11, 13, 14, 16, 33, 39, 47, 52 TEP-FDG, 27, 36, 57, 68, 120, 138
RECIST 1.1, 139, 172 TEP-TDM, 82, 86, 193, 207
Recommandations, 18, 138, 261 –– à la choline, 195
Régression tumorale, 49 –– au FDG, 173, 194
Reliquat tumoral, 211 –– au FNa, 193
Remaniements Thérapie
–– infectieux, 52 –– ciblée, 88, 137
–– inflammatoires, 52 –– focale, 191
–– post-thérapeutiques, 50, 104 Tissu fibreux versus récidive tumorale, 173
–– séquellaires, 50 Tomothérapie hélicoïdale, 64
Réponse Toxicité thérapeutique
–– à la chimiothérapie, 220 –– cutanée, 177
–– métabolique, 58, 233 –– effets
–– précoce et tardive au traitement, 171 –– – généraux, 176
–– tumorale, 234 –– – métaboliques, 177
Résidu tumoral, 228 Traceur de l'hypoxie, 72
Trachélectomie, 207
S Traitement
Sarcome, 32 –– conservateur, 49
–– des parties molles, 227–242 –– du cancer du rein métastatique, 167
Scanner, 137 –– palliatif
–– avec injection de produit de contraste, 171 –– – locorégional, 152
–– thoraco-abdomino-pelvien, 119, 244 –– – systémique, 160
302 Index

Tumeur V
–– induite, 31 Vertébroplastie, 256
–– triple négative, 94 Volume cible
–– anatomoclinique, 68, 123
U –– de planification, 69
Ulcération, 31 –– macroscopique, 68
Ultrasons focalisés à haute intensité (HIFU), 191

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