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Imagerie
post-thérapeutique
en oncologie
Ouvrage réalisé sous l'égide de
La Société Française de Radiologie
La Société Française de Médecine Nucléaire
La Société Française de Radiothérapie Oncologique
Direction d'ouvrage
Alain Luciani
Coordination
Société Française de Médecine Nucléaire : Frédéric Courbon
Société Française de Radiothérapie Oncologique :
Fabrice Denis, Yoann Pointreau
Société Française de Radiologie : Alain Luciani
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ments d'enseignement, provoque une baisse brutale des achats de livres, au point que la
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rectement est aujourd'hui menacée.
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Liste des collaborateurs
Alberini J.-L., service de médecine nucléaire, Daly-Schveitzer N., département de radiothéra-
hôpital Huguenin, Université Versailles pie, institut Gustave Roussy, Villejuif.
St-Quentin (UVSQ). De Bazelaire C., service de radiologie, hôpital
Ammari S., service d'imagerie diagnostique, Saint-Louis, Paris.
Institut Gustave Roussy, Villejuif. De Kerviler E., service de radiologie, hôpital
Balleyguier C., service d'imagerie diagnostique, Saint-Louis, Paris.
Institut Gustave Roussy, Villejuif. Delanian S., service de cancérologie-radiothéra-
Barthélémy P., Département d'hématologie et pie, hôpital Saint-Louis, Paris.
d'oncologie, hôpital de Hautepierre, CHU Destrieux C., service de neurochirurgie, hôpital
Strasbourg. Bretonneau, CHRU Tours.
Belhadj K., service de radiothérapie, CHU Henri Dubray B., département de radiothérapie et phy-
Mondor – Albert Chenevier, Créteil. sique médicale, CLCC Henri Becquerel, Rouen.
Benyoucef A., département de radiothérapie et Dubrulle F., service de radiologie, hôpital Claude
physique médicale, CLCC Henri Becquerel, Huriez, CHU Lille.
Rouen. Fakhry N., Service de chirurgie ORL, hôpital de
Bidault F., service d'imagerie diagnostique, insti- la Timone, CHU Marseille.
tut Gustave Roussy, Villejuif. Feydy A., service de radiologie ostéoarticulaire,
Bonardel G., service de médecine nucléaire, HIA hôpital Cochin, Université Paris-Descartes, Paris.
du Val-de-Grâce, Paris. Ghouti L., service de chirurgie digestive, hôpital
Cazals X., service de radiologie générale, neuro- Purpan, CHU Toulouse.
radiologie diagnostique et thérapeutique, hôpital Giraud P., Université Paris Descartes, service
Bretonneau, CHRU Tours. d'oncologie radiothérapie, hôpital européen
Chalaye J., service de médecine nucléaire, CHU Georges Pompidou, Paris.
Henri Mondor – Albert Chenevier, Créteil. Groheux D., service de médecine nucléaire,
Chapet S., service de radiothérapie, hôpital hôpital Saint-Louis, Paris.
Bretonneau, CHRU Tours. Haie-Meder C., service de radiothérapie, Institut
Chevalier A., département d'oncologie gynéco- Gustave Roussy, Villejuif.
logique, centre Oscar Lambret, Lille. Herin E., service d'imagerie médicale, CHU
Chevalier D., oto-rhino-laryngologie et chirurgie Henri Mondor – Albert Chenevier, Créteil.
cervico-faciale, hôpital Claude Huriez, CHU Itti E., service de médecine nucléaire, CHU
Lille. Henri Mondor – Albert Chenevier, Université
Cottier J.-P., service de radiologie générale, neu- Paris-Est-Créteil, Créteil.
roradiologie diagnostique et thérapeutique, hôpi- Jausset F., service de radiologie adultes, CHU
tal Bretonneau, CHRU Tours. Vandœuvre-lès-Nancy.
Courbon F., département d'imagerie, institut Kolesnikov-Gauthier H., unité de médecine
Claudius Regaud, Toulouse. nucléaire, Centre Oscar Lambret, Lille.
VI Liste des collaborateurs
Remerciements à Frédéric Roz pour le travail éditorial en lien avec les référents de chaque société.
Introduction
Les vœux des fondateurs du Centre Antoine années qui suivent dans la recherche des récidive
Béclère étaient de rassembler les imagiers et les locales et des métastases et les modifications tissu-
thérapeutes utilisateurs des rayons X. laires liées aux séquelles et complications. Les ana-
À l'occasion du 60e anniversaire du Centre lyses morphologiques mais aussi fonctionnelles
Antoine Béclère, la Société Française de Radiologie devenant indispensables dans l'appréciation des
a proposé à la Société Française de Médecine résultats thérapeutiques.
Nucléaire et à la Société Française de Radiothérapie La connaissance par chacun des techniques des
Oncologique de participer à un ouvrage commun autres spécialités, de leurs limites, de leur efficacité
sur l'imagerie post-thérapeutique en oncologie. est indispensable, la gravité des décisions post-
Le Centre Antoine Béclère ne pouvait que sous- thérapeutiques, leur impact sur le patient et son
crire à cette initiative qui permettait à la fois de entourage, le coût pour la collectivité montrent la
souder des équipes sur un travail commun et de nécessité d'une parfaite appréciation de l'imagerie
montrer l'évolution des idées et les perspectives post-thérapeutique.
dans un domaine parfois mal connu. Alain Luciani, Un grand merci aux auteurs pour la qualité de leur
Fabrice Denis, Yoann Pointreau et Frédéric travail, la rapidité de leur exécution. Merci aux dif-
Courbon ont su coordonner les équipes et, dans férentes sociétés savantes d'avoir si spontanément
un délai très limité, aboutir à la rédaction d'une répondu favorablement à l'élaboration de cette
monographie qui fera date. monographie qui doit devenir un outil indispen-
Il était important que les spécialistes reconnus de sable aux spécialistes radiodiagnosticiens, méde-
leur discipline montrent la place actuelle des exa- cins nucléaires et oncologues radiothérapeutes.
mens d'imagerie dans le suivi des patients. Ce suivi
est essentiel non seulement en phase post-théra- François Eschwège
peutique immédiate mais dans les mois et les Président du Centre Antoine Béclère
Préface de la Société
Française de Radiologie
À l'occasion du soixantième anniversaire du centre ment, suivi post-thérapeutique – nous participons
Antoine Béclère, la SFR est heureuse d'avoir réuni à la diminution de la mortalité et à l'amélioration
des experts français de médecine nucléaire, radio- de la survie des patients atteints de cancer.
logie et radiothérapie pour rédiger cette mono- Dans le domaine de la recherche, l'imagerie fonc-
graphie sur l'imagerie post-thérapeutique en tionnelle et moléculaire est devenue incontour-
oncologie. nable pour l'évaluation de nouveaux traitements
Médecins unis par la pensée que nous pouvons et pour améliorer la balistique en radiothérapie ou
améliorer le service médical rendu aux patients par en imagerie interventionnelle. Les traitements
les méthodes d'imagerie, nous œuvrons à leur sont ainsi de plus en plus personnalisés : l'identifi-
perfectionnement, leur application et leur diffu- cation par l'imagerie de paramètres de réponses
sion dans le cadre des bonnes pratiques médicales aux traitements du cancer souvent plus précoces
issues de la recherche. C'est dans l'esprit du guide que les éléments clinico-biologiques sont désor-
du bon usage des examens d'imagerie (gbu.radio- mais au cœur des essais thérapeutiques. Avec nos
logie.fr) actualisé cette année que s'inscrit cette collègues oncologues, cliniciens, anatomo-
volonté d'utiliser au mieux les techniques d'ima- pathologistes et chirurgiens, nous cherchons dans
gerie, en limitant l'exposition aux radiations ioni- les réunions de concertation pluri-disciplinaires les
santes, en encourageant le recours aux techniques meilleures décisions pour chaque malade.
d'IRM dans l'imagerie du cancer, et en travaillant Remercions les auteurs qui, au travers de ces
sur l'intégration des techniques d'imagerie fonc- 14 chapitres, nous font partager certains des pro-
tionnelle et d'imagerie hybride dans la prise en grès les plus marquants de ces dernières années et
charge des patients en oncologie. nous font entrevoir comment les recherches
Présents à chaque étape de la lutte contre le can- actuelles pourront modifier nos pratiques et nos
cer – prévention, dépistage, diagnostic, traite- organisations futures.
Il convient de saluer ici l'initiative qui a conduit thérapie concerne 175 000 patients par an et plus
les auteurs de ce projet à proposer à l'occasion du de 40 % des cancers guéris le sont grâce à la radio-
60e anniversaire du centre Antoine Béclère, une thérapie, seule ou associée à la chirurgie ou à la
monographie sur le thème de l'imagerie post-thé- chimiothérapie. Tous les patients traités sont
rapeutique en oncologie. En effet, s'il existe une ensuite suivis, réglementairement au moins
littérature scientifique abondante sur la place de annuellement pendant cinq ans, et souvent au-
l'imagerie dans le dépistage, le diagnostic et le delà. L'imagerie, sous ses différentes modalités, a
bilan initial de la plupart des cancers, l'interpréta- une place essentielle dans ce suivi et son interpré-
tion et la place de l'imagerie dans le suivi post thé- tation doit prendre en compte les évolutions des
rapeutique restent un sujet difficile et moins bien techniques de radiothérapie. La SFRO, qui depuis
documenté, singulièrement après radiothérapie. sa fondation en 1990, regroupe les oncologues
L'imagerie a pourtant une place essentielle pour radiothérapeutes français autour de ses missions
l'évaluation du contrôle local de la maladie, la scientifiques, notamment de formation et d'élabo-
recherche de récidives ou de métastases à distance, ration de référentiels de bonne pratique, se devait
l'évaluation des séquelles éventuelles et le dia- de s'associer à ce projet.
gnostic différentiel entre séquelle et récidive. Une monographie regroupant les trois sociétés
Comme l'imagerie et ses techniques, la radiothé- scientifiques SFR, SFMN et SFRO est donc la
rapie a bénéficié de progrès importants et rapides bienvenue. Gageons que cet ouvrage fera réfé-
ces dernières années (radiothérapie conformation- rence sur cette thématique difficile.
nelle avec modulation d'intensité, radiothérapie
stéréotaxique, radiothérapie guidée par l'image, Bruno Chauvet
synchronisation respiratoire) qui ont augmenté Président de la Société Française de
son efficacité et amélioré sa tolérance. La radio- Radiothérapie Oncologique
Préface
de la Société Française
de Médecine Nucléaire
5FU 5-fluoro-uracile
aaIPI Age-adjusted International Prognostic Index
ABC Activated B Cell
ABVD Doxorubicine, bléomycine, vinblastine, dacarbazine
ABVPP Doxorubicine, bléomycine, vinblastine, procarbazine, prednisone
ACE Antigène carcino-embryonnaire
ACR American College of Radiology
ACVBP Doxorubicine, cyclophosphamide, vincristine, bléomycine et prednisone
ADC Apparent Diffusion Coefficient
ADN Acide désoxyribonucléique
AFP Alphafœtoprotéine
AFU Association française d'urologie
ALAT Alanine-aminotransférases
AMM Autorisation de mise sur le marché
ANOCEF Association des neuro-oncologues d'expression française
ANSM Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé
ASAT Aspartate-aminotransférases
ASL Arterial Spin Labeling
BCNU Bis-chloroéthyl nitroso-urée
BEACOPP Bléomycine, étoposide, doxorubicine, cyclophosphamide, vincristine,
procarbazine, prednisone
BF Blood Flow
BHE Barrière hématoencéphalique
BPTM Buccopharyngectomie transmandibulaire
BSA Body Surface Area
BSGI Breast Specific Gamma Imaging
BV Blood Volume
CA Carbohydrate Antigen
CA-CP Commissure antérieure – commissure postérieure
CBNPC Carcinome bronchique non à petites cellules
CC Craniocaudale (incidence)
CCAFU Comité de cancérologie de l'Association française d'urologie
XVIII Abréviations
IL Interleukine
INCA Institut national du cancer
INR International Normalized Ratio
INRT Involved Nodes Radiation Therapy
InVS Institut de veille sanitaire
IPI International Prognostic Index
IPS International Prognostic Score
IRM Imagerie par résonance magnétique
IV Intraveineuse
LBDGC Lymphome B diffus à grandes cellules
LCC Left Craniocaudal
LCS Liquide cérébrospinal
LDH Lactate-déshydrogénase
LEMP Leucoencéphalopathie multifocale progressive
LHRH Luteinizing Hormone Releasing Hormone
LML Left Medial Lateral
LMLO Left Mediolateral Oblique
LNH Lymphome non hodgkinien
MAP Mitogen Activated Proteins
MdH Maladie de Hodgkin
MGMT O-6-méthylguanine-DNA-méthyltransférase
MIBI Méthoxy-isobutylisonitrile
MIP Maximum Intensity Projection
MLO Médiolatérale oblique (incidence)
MOPP Méchlorétamine, vincristine, procarbazine, prednisone
MOPP/ABV méchloréthamine, vincristine, procarbazine, prednisone/doxorubicine,
bléomycine, vinblastine
MPM Mésothéliome pleural malin
MPR Multiplanar Reformation
MRI Magnetic Resonance Imaging
mTOR mammalian Target Of Rapamycin
MTT Mean Transit Time
NAA N-acétylaspartate
NASH Non-Alcoholic Steatohepatitis
NCCN National Comprehensive Cancer Network
NCI National Cancer Institute
NSABP National Surgical Adjuvant Breast and Bowel Project
OMS Organisation mondiale de la santé
OS Overall Survival
Abréviations XXI
PA Petit axe
PD Progression Disease
PDC Produit de contraste
PDGF Plateled Derived Growth Factor
PEM Position Emission Mammography
PFS Progression-Free Survival
PHRC Programme hospitalier de recherche clinique
PI3K Phospho-inositide-kinase
PNI Pneumopathie non infectieuse
PP Pseudo-progression
PRS Pourcentage relatif de récupération du signal
PS Performance Status
PSA Prostate Specific Antigen
PTV Planning Target Volume (volume cible de planification)
QIE Quadrant inféroexterne
QII Quadrant inféro-interne
QSE Quadrant supéroexterne
RANO Response of Assessment in Neuro-Oncology working group
RAR Radiothérapie asservie à la respiration
RC3D Radiothérapie conformationnelle tridimentionnelle
RC Réponse complète
RCC Right Craniocaudal
RCMI Radiothérapie conformationnelle avec modulation d'intensité
(IMRT = Intensity-Modulated Radiation Therapy)
RCP Réunion de concertation pluridisciplinaire
RCT Radio-chimiothérapie
RCu Réponse complète incertaine
RD Relpase Disease
RE Radioembolisation
RECIST Response Evaluation Criteria In Solid Tumors
RF Radiofréquence
RMLO Right Mediolateral Oblique
RP Réponse partielle
rPH Hauteur relative du pic
RR Risque relatif
RS Radiothérapie stéréotaxique
RT Radiothérapie
RT3D Radiothérapie tridimensionnelle
RTC Radiothérapie conformationnelle
XXII Abréviations
J.-P. Cottier • M. Ribeiro • S. Chapet • C. Destrieux • X. Cazals • M.-A. Lauvin • Y. Pointreau • A. Raimbault
L'incidence des gliomes est estimée en France à incité les différentes équipes de recherche clinique
6/100 000 habitants par an et cette incidence est à tester des traitements adjuvants à la chirurgie.
en augmentation progressive et régulière depuis
1950 [1]. Ils représentent actuellement en France Radiothérapie
42 % des tumeurs cérébrales primitives, et chez
La radiothérapie est la thérapeutique la plus géné-
l'adulte 80 % de ces gliomes sont malins (10 % de
ralement proposée en postopératoire ou après
grade IV et 70 % de grade III) [2]. Avec des
biopsie lorsque la résection optimale n'est pas
médianes de survie de 14 mois, leur pronostic est
envisageable. Dans une méta-analyse canadienne,
redoutable [3].
Laperriere et al. [4] ont analysé 758 observations
issues de 6 essais randomisés comparant la radio-
thérapie postopératoire à l'absence de traitement
Place de la thérapeutique complémentaire. Ils retrouvaient un bénéfice
oncologique médicale significatif (p < 0,00001) en termes de survie en
et radiothérapique cas de radiothérapie par rapport aux soins de
confort seuls.
Les astrocytomes de grade IV et III bénéficient
chaque fois que possible d'une résection chirurgi- Chimiothérapie
cale optimale associée à une radiothérapie focale Les nitroso-urées étaient les chimiothérapies le
en raison du caractère très infiltrant de ces plus souvent utilisées après traitement radiochi-
tumeurs. Les modalités de la radiothérapie sont rurgical. Dans une méta-analyse regroupant
ajustées aux facteurs pronostiques des tumeurs 12 essais randomisés de chimiothérapie adjuvante,
cérébrales : âge, état général et neurologique du l'apport des nitroso-urées représentait un gain de
patient, histologie, qualité de la résection chirur- survie absolue de 6 % à 1 an et une réduction rela-
gicale du gliome. tive de 15 % du risque de décès [5].
Chimioradiothérapie concomitante
Indications de la chimio
et radiothérapie Une des voies de recherche pour améliorer les
résultats des traitements adjuvants des gliomes de
En dépit d'une faible radio et chimiosensibilité, le haut grade a été la radiosensibilisation de ces
pronostic fatal à court terme des glioblastomes a tumeurs hypoxiques effectuée soit par l'inhalation
d'oxygène associé à du dioxyde de carbone, soit méthylé de l'enzyme était un facteur pronostic-
par l'utilisation d'un dérivé imidazolé. Les résul- indépendant. La médiane de survie des patients
tats n'ont pas été concluants alors que la synergie porteurs de cette méthylation était de 22 mois ver-
entre un agent alkylant : le témolozomide (TMZ : sus 15 mois dans le cas contraire. Ce protocole de
Temodal) et les radiations ionisantes s'est révélée chimioradiothérapie concomitante puis adjuvante
plus efficace. Initialement utilisé dans les récidives avec le TMZ est devenu le protocole de référence
de gliomes de haut grade aux doses de 150 à des patients de moins de 70 ans en bon état géné-
200 mg/m2, per os, 5 jours/mois le TMZ a été ral (OMS [Organisation mondiale de la santé] de
testé à la dose de 75 mg/m2, 7 jours/7, délivré grade 0-1) après résection optimale du glioblas-
de manière concomitante à une irradiation focali- tome. Pour les tumeurs de grade 3, (astrocytome
sée à la dose de 60 Gy (grays) en 30 fractions suivi et/ou oligodendrogliome anaplasique), le traite-
par 6 cycles de chimiothérapie mensuelle. Cette ment standard reste la chirurgie, suivie d'une radio-
étude de phase II avait inclus 64 patients. La tolé- thérapie. La chimiothérapie par TMZ est débutée
rance hématologique était bonne avec une proba- en cas de récidive tumorale.
bilité de survie à 2 ans de 31 % [6]. Ces résultats
prometteurs ont été le point de départ d'un large
Chez les sujets en bon état général
essai randomisé multicentrique de phase III,
de plus de 70 ans
mené sous l'égide de l'Organisation européenne
de recherche et traitement du cancer (EORTC) et L'incidence croissante des gliomes de haut grade
du National Cancer Institute (NCI) canadien [3]. chez les sujets âgés et le mauvais pronostic de ces
tumeurs ont incité la communauté médicale à
entreprendre plusieurs essais randomisés pour
Chez les sujets en bon état général définir la prise en charge la mieux adaptée chez ces
de moins de 70 ans patients fragiles. L'essai randomisé français de
Cet essai rapporté par Stupp et al. en 2005 [3] a l'Association des neuro-oncologues d'expression
inclus 573 patients d'âge compris entre 18 et française (ANOCEF), rapporté par Keime-
70 ans porteurs d'un glioblastome (grade 4) opéré Guibert et al. en 2007 [7], a inclus 85 patients de
depuis moins de 6 semaines, avec bilan biologique plus de 70 ans avec un indice de Karnofsky supé-
normal. Il comparait la radiothérapie standard de rieur à 70 %. Il comparait les soins de confort asso-
60 Gy en 30 séances et 6 semaines au traitement ciés ou non à une irradiation focale à la dose de
expérimental rapporté dans la phase II. Dans cha- 50 Gy en fractions de 1,8 Gy, 5 fractions/semaine.
cun des deux bras de traitement, 40 % des patients La médiane de survie était significativement amé-
avaient eu une chirurgie macroscopiquement com- liorée de 17 à 29 semaines chez les patients qui
plète et 45 % une résection partielle, 15 % n'avaient recevaient une radiothérapie. L'étude de la qualité
eu qu'une biopsie. La tolérance hématologique de vie et l'évaluation des fonctions neurocogni-
était bonne avec 7 % de neutropénie et/ou throm- tives ne retrouvaient pas de différence significative
bopénie importante. L'analyse de la survie à 2 ans entre les deux groupes.
montrait un bénéfice significatif (p < 0,001) en L'essai randomisé allemand NOA-08 publié en
faveur de la chimiothérapie concomitante avec une 2012 a comparé chez des patients de plus de
augmentation des probabilités de survie de 10 à 65 ans avec un index de Karnofsky supérieur à 60
27 %. La réduction du risque relatif de décès était le TMZ à 100 mg/m2/jour une semaine sur 2 à
de 37 % pour les patients recevant le TMZ en une radiothérapie normofractionnée à la dose de
concomitant puis en adjuvant. La méthylation du 60 Gy. Les résultats globaux en termes de survie
gène codant pour une enzyme de réparation des étaient comparables. La survie sans maladie était
lésions induites par la chimiothérapie, la O-6- significativement améliorée chez les patients por-
méthylguanine-DNA-méthyltransférase (MGMT), teurs de la méthylation du gène MGMT quand ils
était associée à une meilleure sensibilité à la chimio- recevaient du TMZ. Les auteurs concluaient à la
thérapie. Parmi les 206 patients testés, le statut non-infériorité du TMZ seul par rapport à la
Chapitre 1. Imagerie post-thérapeutique des gliomes de haut grade 3
A B
Fig. 1.1. Planification de la radiothérapie d'un glioblastome.
A. Coupe pondérée en T1 après injection d'un chélate de gadolinium. Glioblastome occipital gauche.
B. Reconstruction 3D des volumes cibles à irradier (Gross Tumor Volume [GTV] en rose foncé, Clinical Target Volume [CTV] en rose
clair, Planning Tumor Volume [PTV] en violet) et des organes à risques (globes oculaires, cristallins, nerfs optiques, chiasma, hypo-
physe, tronc cérébral).
Chapitre 1. Imagerie post-thérapeutique des gliomes de haut grade 5
A B C
D E F
Fig. 1.2. Imagerie postopératoire précoce après exérèse d'un glioblastome touchant les gyri pariétal et cingulaire droit :
coupes pondérées en T1 après injection.
A, D. IRM préopératoire.
B, E. IRM réalisée à J1 de l'exérèse : prises de contrastes nodulaire cingulaire (B) et linéaire épaisse pariétale (E) suspectes de
reliquats tumoraux. Reprise chirurgicale avec exérèse de bourgeons tumoraux résiduels.
C, F. IRM à J1 de la nouvelle intervention : absence de reliquat tumoral décelable.
La survenue de phénomènes hémorragiques rend actuels. Ils fournissent une évaluation radiolo-
plus difficile l'appréciation d'une prise de contraste. gique standardisée de la réponse tumorale basée
Présent dans le quart des imageries postopératoires une mesure surfacique de la composante se
précoces, l'hypersignal de la méthémoglobine en rehaussant (produit des deux axes principaux per-
T1 est visualisé très rapidement dans la cavité opé- pendiculaires). Ces critères d'imagerie (critères
ratoire (J1-J2). La comparaison des images pon- de MacDonald) sont associés à la notion de corti-
dérées en T1 avant et après injection est alors cothérapie et à l'état neurologique des patients.
fondamentale, associée à l'analyse dans les trois Initialement développés pour la tomodensitomé-
dimensions. trie et extrapolés à l'IRM, ces critères avaient été
développés pour améliorer la capacité des clini-
ciens traitant les patients atteints de glioblastomes
Évaluation après chirurgie, radio à comparer les taux de réponse entre essais cli-
et chimiothérapie niques. Bien que leur utilité ait été prouvée dans
de nombreux essais cliniques, ces anciens critères
En 1990 étaient publiés des critères de réponse présentaient un certain nombre de limites,
clinique et radiologique pour les tumeurs céré- notamment depuis l'introduction de nouvelles
brales malignes qui restent la base des critères thérapies systémiques. La composante tumorale
8 Imagerie post-thérapeutique en oncologie
une rupture de la BHE et un œdème, sont transi- La toxicité hématologique du TMZ apparaît le
toires et régressifs sous corticothérapie. Bien qu'un plus souvent durant la période de traitement adju-
œdème cérébral diffus ait été décrit, l'imagerie dans vant, après la phase de chimioradiothérapie conco-
cette période précoce est habituellement inchangée mitante. Il s'agit plus souvent d'une atteinte de la
[21]. Le risque épileptogène est variable selon la lignée plaquettaire que d'une leuconeutropénie
topographie de la tumeur et son volume. Un traite- [3]. Des cas de pneumopathies opportunistes à
ment anticomitial est parfois maintenu pendant Pneumocystis carinii ont été observés, conduisant
toute la durée du traitement. La fatigue est réguliè- à la recommandation d'utiliser une prophylaxie
rement associée au tableau clinique. L'alopécie sur- par antibiotique au long cours.
vient en 3e semaine de traitement dessinant la
géométrie des portes d'entrée des faisceaux. Elle est Pseudo-progression
réversible après la fin du traitement.
Dans les semaines ou mois qui suivent la fin de la
radiothérapie, on observe dans 20 à 30 % des cas
Effets subaigus ou retardés une augmentation franche de la taille de la prise
précoces de contraste liée au traitement qui mime une
réelle progression tumorale [21] (fig. 1.3). Cette
Dans cette phase subaiguë, les patients ayant phase d'exacerbation des images qui est suivie par
bénéficié d'une radiothérapie peuvent également une amélioration secondaire ou une stabilisation
présenter une fatigue et une somnolence. L'IRM sans traitement complémentaire est appelée
montre des hypersignaux T2 d'œdème, de nou- « pseudo-progression » (PP). Elle est décrite éga-
veaux foyers de rehaussement ou une discrète lement avec d'autres chimiothérapies systémiques
majoration des prises de contraste dans la tumeur ou après mise en place de billes de BCNU dans la
ou à sa périphérie (restant dans le champ d'irradia- cavité opératoire. Chez la plupart des patients
tion). La survenue de ces événements dépend for- (70 %), cette réaction subaiguë est asymptoma-
tement de la dose et la taille de la zone irradiée. Ils tique. Elle est en rapport avec une réaction tissu-
régressent en quelques semaines avec une régres- laire locale marquée, avec une composante
sion facilitée par les corticoïdes. inflammatoire, de l'œdème et une perméabilité
A B C
Fig. 1.3. Pseudo-progression.
Patient âgé de 32 ans, ralentissement idéomoteur et trouble du langage conduisant à la découverte à un volumineux glioblastome
fronto-calleux.
A. Coupe pondérée en T1 après injection : lésion infiltrante fronto-calleuse avec des prises de contraste nodulaires. Mise en route
d'une radiochimiothérapie de type protocole Stupp associée à une corticothérapie.
B. IRM avec injection réalisée un mois après la fin de la radiothérapie : nette majoration des prises de contraste en opposition avec
une amélioration clinique (bon état général, moindre ralentissement idéomoteur). Poursuite du traitement par TMZ et diminution
progressive de la corticothérapie.
C. IRM de contrôle avec injection 3 mois plus tard. Diminution des prises de contraste avec un état clinique stable.
Chapitre 1. Imagerie post-thérapeutique des gliomes de haut grade 11
anormale des vaisseaux. La PP pourrait représen- mais elle est plus fréquente et plus précoce en cas
ter une réponse exagérée à une thérapeutique d'association. Une radiothérapie efficace entraîne
efficace, impliquant une modification précoce de une rupture de la BHE qui facilite le passage de la
l'endothélium vasculaire, de la BHE et des lésions drogue avec pour résultante une augmentation de
oligodendrogliales qui conduisent à l'inflamma- son activité. En cas de nécrose radique précoce,
tion et l'augmentation de la perméabilité. on décrit aussi dans ces tissus une gliose associée à
Certaines études ont montré une association entre des modifications inflammatoires sans cellule
l'incidence de la PP et la survie, la PP pouvant tumorale viable. La radionécrose précoce consti-
représenter une réponse inflammatoire active tue en fait une variante de PP et certains auteurs
contre la tumeur [22]. Actuellement, la seule ont proposé que le concept de nécrose induite par
méthode pour distinguer une PP d'une progres- la thérapeutique et ses manifestations radiolo-
sion précoce de la maladie est le suivi car l'image- giques soit associé au terme de PP et remplace
rie conventionnelle est incapable de distinguer les l'ancien terme de radionécrose précoce [23].
deux entités et les techniques d'imagerie fonction-
nelle ou métabolique n'ont pas été encore validées Diagnostic radiologique de la PP
par des essais prospectifs.
Les conséquences d'un diagnostic erroné de pro-
Le statut de méthylation du promoteur de la gression sont l'arrêt d'une thérapeutique efficace
MGMT est aujourd'hui considéré comme un fac- et la mise en route d'un traitement souvent encore
teur pronostique de la réponse au TMZ car les expérimental dont l'efficacité serait en revanche
cellules malignes qui sont déficientes en MGMT surestimée (ses effets thérapeutiques reposant sur
(en raison de la méthylation de son promoteur) une fausse progression). Le suivi thérapeutique est
ont une sensibilité accrue au TMZ. Ces patients, essentiel au diagnostic : la prise de contraste reste
qui bénéficient ainsi plus du traitement adjuvant stable ou diminue avec le temps dans la PP. Il n'y
par TMZ, présentent également plus fréquem- a pas à ce jour de technique validée pour établir
ment des PP : le statut du promoteur de la MGMT avec certitude le diagnostic de PP.
permet ainsi de prédire une PP en cas de prise de
L'imagerie pondérée en diffusion montre des
contraste précoce chez plus de 90 % des patients
hétérogénéités de signal avec des aires de réduc-
présentant un GB (Genome Biology) « méthylé »
tion des coefficients apparents de diffusion qui
alors qu'une probabilité d'environ 60 % de vraie
peuvent représenter des zones de haute cellularité
progression tumorale est observée chez les
tumorale et/ou le processus inflammatoire [23].
tumeurs avec un promoteur MGMT non méthylé
En spectroscopie, PP et vraie progression pré-
[22]. Une MGMT méthylée est un bon indicateur
sentent un dysfonctionnement/perte neuronale
de la réponse thérapeutique et de bon pronostic
(NAA abaissé), une altération des membranes cel-
avec une augmentation de la survie globale chez
lulaires (Cho = choline élevée) et un métabolisme
ces patients. La PP a été rapportée essentiellement
anaérobie (pic de lactate et lipides). L'imagerie de
dans les 3 premiers mois (4 à 12 semaines après la
perfusion serait un meilleur indicateur de PP.
fin de la RT = radiothérapie) mais elle peut surve-
Mangla et al. [24] ont noté une réduction en
nir dans les premières semaines et jusqu'à 6 mois.
moyenne de 41 % du VSCr (volume sanguin céré-
Pour pouvoir être rapportée à une PP, le rehausse-
bral relatif) en cas de PP et une augmentation de
ment doit survenir dans les limites du champ
12 % en cas de vraie progression tumorale (sensi-
d'irradiation.
bilité : 77 % spécificité 86 %). Kong et al. [25] ont
aussi récemment montré qu'il existait une diffé-
PP et radionécrose précoce
rence significative entre le VSC moyen des PP et
Les caractéristiques de la PP (majoration ou appa- des récurrences tumorales : un ratio supérieur à
rition d'une prise de contraste de survenue pré- 1,49 avait 81,5 % de sensibilité et 77,8 % de spéci-
coce et diminuant avec le temps) sont également ficité pour le diagnostic de récidive tumorale et le
rencontrées lors d'une radiothérapie sans TMZ, VSCr était encore un meilleur indice de récidive
12 Imagerie post-thérapeutique en oncologie
peuvent survenir des années voire décades après la évolution péjorative transitoire possible. D'après
RT). Lors de cette phase chronique apparaissent Mullins et al. [28], certaines combinaisons de
des épaississements des parois vasculaires par hyali- prises de contraste à distance du site initial seraient
nisation, une nécrose fibrinoïde pariétale avec des plus en faveur d'une récidive tumorale : atteinte du
thrombi pariétaux et endoluminaux qui conduisent corps calleux associée avec de multiples foyers de
à un infarctus et une nécrose tissulaire. Il est à rehaussement, atteinte du corps calleux associée à
noter que les lésions post-radiques sont toujours des prises de contraste subépendymaires. L'image-
présentes à un degré variable dans les analyses his- rie de susceptibilité montre plus fréquemment des
tologiques d'exérèse de tissu provenant de la zone remaniements hémorragiques en cas de radioné-
irradiée, représentant entre 30 et 65 % du tissu pré- crose qu'en cas de récidive [29].
levé dans les récidives de glioblastome.
Techniques avancées
IRM Imagerie de diffusion
Imagerie conventionnelle Dans la littérature, les valeurs du coefficient appa-
L'aspect classique est celui d'une plage à limites rent de diffusion (ADC) proposées pour séparer
irrégulières se rehaussant après injection et avec récidive de radionécrose sont contradictoires [30].
une zone centrale nécrotique. La prise de contraste Certaines études ont montré une baisse significative
traduit la rupture de la BHE secondaire à la lésion de l'ADC dans les récurrences tumorales comparati-
radio-induite de l'endothélium. Les lésions sur- vement aux radionécroses. D'un point de vue histo-
viennent habituellement sur le site de la dose maxi- logique, la récurrence tumorale possède des aires de
male d'irradiation. Elles prédominent dans la cellules tumorales viables comportant des noyaux
substance blanche qui est le siège d'une nécrose pléiomorphiques et un dense réseau de processus
coagulative périvasculaire. Le type de prise de cytoplasmiques, alors que dans la nécrose tissulaire
contraste est très variable : nodulaire, linéaire ou radique on note une pauvreté cellulaire avec une
curviligne, annulaire hétérogène formant un aspect augmentation de l'eau dans les espaces interstitiels.
de « bulles de savon » ou en « gruyère ». Lorsque le Si un ADC bas est souvent noté dans les récurrences
cortex est touché, la prise de contraste peut être tumorales en raison d'une cellularité élevée, les
gyriforme. Si ces atteintes prédominent dans les valeurs d'ADC peuvent aussi être augmentées par
sites tumoraux initiaux, des prises de contraste une microangiogenèse ou des phénomènes nécro-
post-radiques, unique ou multifocales, peuvent tiques. À l'inverse, des lésions de fibrose, des phéno-
également être présentes à distance de la tumeur mènes inflammatoires avec afflux de macrophages
(corps calleux, hémisphère controlatéral, fosse pos- et de polynucléaires expliquent une baisse de l'ADC
térieure). L'évolution immédiate des prises de dans la radionécrose. Les remaniements hémorra-
contraste est variable, suivant celle du processus giques avec des dépôts d'hémosidérine peuvent éga-
physiopathologique dynamique des lésions de lement entraîner une diminution du signal par effet
radionécrose. Pendant la période d'observation de T2* ou T2 dark-through.
quelques mois décidée en cas de possible radioné- La fraction d'anisotropie (FA) obtenue par l'ima-
crose, certaines lésions continuent de grandir avec gerie en tenseur de diffusion est influencée par des
majoration transitoire de l'œdème cytotoxique, données histologiques telles que la cellularité, la
certaines lésions sont stables avant de régresser, et vascularisation et l'organisation structurelle des
d'autres vont régresser d'emblée. Dans les lésions fibres. On note ainsi une relation entre la chute
expansives évolutives symptomatiques, la chirurgie des valeurs de FA et l'agressivité des lésions gliales.
peut être rapidement nécessaire pour diminuer Dans les radionécroses, les fibres et cellules nor-
l'effet de masse et obtenir la ce rtitude diagnos males sont détruites avec pour conséquence une
tique. Les caractéristiques morphologiques des diminution de la FA. Cette diminution de la FA
lésions de radionécrose sont très proches de celle associée à une augmentation de la diffusivité
d'une récurrence tumorale : type de prise de moyenne touche aussi la substance blanche appa-
contraste, siège (dans le site tumoral et à distance), remment normale adjacente à l'œdème.
14 Imagerie post-thérapeutique en oncologie
A C
B
Fig. 1.5. Radionécrose.
A. Récidive d'une lésion primitive maligne précentrale gauche (tumeur initialement traitée par chirurgie et radiothérapie convention-
nelle). Nouveau traitement par radiothérapie stéréotaxique.
B. IRM de contrôle 8 mois après la ré-irradiation. Nette majoration de la taille et du rehaussement de la lésion. Perfusion avec
analyse de la courbe de premier passage d'un chélate de gadolinium : VSCr = 1,4, PRS = 92 %, rHP = 0,88. Mise en route d'une
corticothérapie. Régression très progressive de la lésion confirmant la radionécrose.
C. IRM de contrôle à distance (2 ans).
A B C
D E F
Fig. 1.7. Pseudo-réponse.
Glioblastome de la région des noyaux gris centraux.
A. Coupe pondérée en T1 après injection.
B, C. Coupes pondérées en T2 Flair. Mise en route d'un traitement par bévacizumab après échec du TMZ.
D–F. IRM de surveillance, 6 mois après le début du traitement par l'agent antiangiogénique (D : coupe pondérée en T1 après
injection, E et F : coupes pondérées en T2 Flair). Régression des prises de contrastes. Majoration de l'infiltration en T2 dans les
régions frontale droite, temporales, cingulaire postérieure gauche et cérébelleuse supérieure gauche.
18 Imagerie post-thérapeutique en oncologie
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Chapitre 2
Aspects post-thérapeutiques
des carcinomes épidermoïdes
de l'oropharynx de la cavité buccale
F. Bidault • A. Varoquaux •
A. Reyre • N. Daly-Schveitzer • G. Bonardel • N. Fakhry • S. Ammari
L'imagerie après traitement répond à trois indica- peut concourir au diagnostic précoce de mala-
tions : l'évaluation de la réponse au traitement, la dies liées aux mêmes facteurs de risque : deu-
recherche d'une poursuite évolutive ou d'une xième cancer ORL ou thoracique, pathologies
récidive, et l'exploration des complications (ex : cardiovasculaires. Le suivi est aussi l'occasion
ostéonécrose). d'encourager le sevrage alcoolotabagique s'il y a
Environ la moitié des récidives tumorales, soit lieu, d'organiser les soins de support, de faciliter
locales soit métastatiques, surviennent dans les la réinsertion. Outre la survie, le suivi carcinolo-
deux premières années suivant le traitement d'un gique permet d'améliorer la qualité de vie du
cancer de l'oropharynx et/ou de la cavité buccale. patient et celle de ses proches.
La chirurgie de rattrapage est habituellement pro- Devant la présence d'un cancer ORL ou de sa réci-
posée aux patients atteints d'une récidive locoré- dive, la proposition thérapeutique est élaborée lors
gionale potentiellement résécable [1] ; dans les de la réunion de concertation multidisciplinaire.
autres cas, une irradiation ou une ré-irradiation Cette proposition dépend de multiples facteurs
associée ou non à une chimiothérapie peut être relatifs aux caractéristiques de la tumeur, à l'état
retenue, voire une chimiothérapie seule en cas général du patient et aux éventuelles comorbidités
d'évolution métastatique. présentes. Il n'est pas possible ici de développer
L'imagerie post-thérapeutique d'une tumeur l'ensemble des éventualités thérapeutiques pou-
maligne de l'oropharynx et de la cavité buccale vant être retenues : on peut toutefois rappeler
complète le suivi clinique sans jamais le rempla- quelques principes généraux. Un traitement à visée
cer [2]. L'objectif premier de l'imagerie post- curative comporte le plus souvent une chirurgie
thérapeutique est d'aider au diagnostic précoce et/ou une radiothérapie, voire une succession des
d'une récidive locale ou locorégionale potentiel- deux (notamment en cas d'atteinte ganglionnaire).
lement curable par un deuxième traitement. Une atteinte osseuse (par exemple mandibulaire)
Dans une moindre mesure, l'imagerie peut faire ne plaide pas pour la réalisation d'une r adiothérapie
le diagnostic d'une évolution métastatique seule ; la chirurgie de l'os atteint est souhaitable.
débouchant alors habituellement sur un traite- Le traitement, qu'il soit chirurgical ou radiothéra-
ment palliatif symptomatique. Enfin, l'imagerie pique, doit prendre en compte la tumeur initiale
Tableau 2.1 Glossaire technique des différentes chirurgies des VADS [5]
Localisation anatomique Chirurgie Reconstruction Séquelles attendues Durée approximative
sur la déglutition d'hospitalisation
Langue
Bord libre Glossectomie partielle Non Non < 1 sem.
Latéral Hémiglossectomie ± Non 1 sem.
Médiane Glossectomie subtotale Oui ± 2 sem.
Base Basiglossectomie Oui Oui 2 sem.
Plancher buccal
Sillon pelvilingual Pelviglossectomie Oui Oui 10 j
Plancher Pelvectomie ± ± 1 sem.
Tumeur gingivomandibulaire Mandibulectomie ± BPTM Oui Oui 10 j à > 2 sem.
Oropharynx
Amygdale Oropharyngectomie ± Non 1 sem.
latérale
Voile du palais Oropharyngectomie ± Oui 1 sem.
postérieure
Paroi postérieure Oropharyngectomie Oui Oui 2 sem.
circulaire
VADS : voies aérodigestives supérieures ; BPTM : buccopharyngectomie transmandibulaire.
à des facteurs locaux et génétiques. Au niveau diens, le muscle mylohyoïdien, le muscle digastrique
cutané cette variation peut aller d'une cicatrice à (ventre postérieur) sont innervés par les fibres
peine visible aux cicatrices chéloïdes ou aux botryo- motrices du V. Le nerf facial innerve les muscles
mycomes. À moindre degré, de telles variations superficiels notamment le buccinateur, le risorius,
existent au niveau de la surface muqueuse et posent l'orbiculaire de la bouche et le platysma. Le nerf
parfois des problèmes diagnostiques. Si le volume vague innerve quant à lui les muscles constricteurs
des cicatrices est strictement imprévisible, leur (inférieur, moyen et supérieur) du pharynx, les
aspect en imagerie et en clinique varie avec le muscles stylopharyngiens, palatoglosse, palato-
temps. Habituellement les lésions cicatricielles pharyngien ainsi que l'élévateur du voile du palais.
jeunes (10 jours – 3 mois) sont le siège d'un Les évidements ganglionnaires radicaux, parfois
œdème et de prises de contrastes en scanner et en associés aux résections tumorales, comportent un
IRM, parfois pseudo-tumorales (granulomes pos- risque de lésion du nerf spinal, innervant les
topératoires). Tardivement ces lésions présentent muscles trapèze et sterno-cléido-mastoïdien.
une prise de contraste moins perceptible lors de la À l'état normal, seule la portion cisternale des
phase veineuse de l'injection. nerfs crâniens est accessible à l'exploration IRM
L'IRM est particulièrement démonstrative pour à l'aide des séquences écho de gradient T2 volu-
mettre en évidence ces modifications. miques inframillimétriques (ex : CISS = Constructive
Habituellement la fibrose jeune est en hypersignal Interference in Steady State). Certains auteurs
T2 puis le signal baisse proportionnellement à la s'accordent sur l'intérêt de la mesure de la fraction
diminution de l'œdème jusqu'à apparaître en d'anisotropie en tenseur de diffusion IRM qui
franc hyposignal. À ce stade, ces lésions sont rare- permettrait une autre approche anatomique extra-
ment de morphologie nodulaire mais plutôt crânienne de certains nerfs crâniens. Leur intérêt
linéaires voire rétractiles. en carcinologie n'a pas été évalué.
Du fait de la difficulté d'interprétation des lésions Des signes de paralysie nerveuse, survenant tardi-
inflammatoires et cicatricielles « jeunes », la plupart vement ou sans rapport direct avec l'exérèse prati-
des recommandations internationales [5, 6] préco- quée, doivent conduire à élargir le champ
nisent de réaliser une imagerie post-thérapeutique d'exploration pour couvrir l'intégralité de la topo-
de référence entre 3 et 6 mois après la fin du traite- graphie nerveuse afin de ne pas négliger une réci-
ment pour permettre une comparaison ultérieure. dive tumorale liée à une extension périnerveuse.
Neuropathies séquellaires
Au niveau de la cavité buccale et de l'oropharynx, Statut post-reconstructions
des amyotrophies secondaires au traitement sont Lambeaux et greffes osseuses
fréquemment retrouvées. Leur mécanisme est une
désafférentation nerveuse des fibres motrices res- La réalisation d'un lambeau de reconstruction a
ponsable d'une paralysie ou d'une parésie parfois pour but de limiter les séquelles liées à l'exérèse
cliniquement frustre. Ces lésions nerveuses peuvent chirurgicale. La restitution ad integrum de la plas-
être secondaires à la chirurgie ou moins fréquem- tique et de la fonction est impossible. Cependant,
ment causées par une atteinte tumorale périneurale. en permettant de rétablir un volume satisfaisant, la
L'atteinte du nerf hypoglosse est particulièrement mise en place d'un lambeau conduit à une amélio-
illustrative, en montrant un remplacement grais- ration nette de la déglutition et de l'élocution.
seux de l'hémi-langue respectant le raphé médian. La plupart des équipes réalisent des lambeaux de
Au niveau de la langue, seul le muscle palatoglosse reconstruction dans le même temps opératoire
est épargné par l'amyotrophie, en raison de son que l'exérèse. Ces reconstructions primaires sont
innervation par le nerf vague. préférées aux reconstructions secondaires : le ter-
D'autres amyotrophies peuvent survenir, elles rain cicatriciel et/ou traité par radiothérapie rend
témoignent du nerf atteint. Les muscles ptérygoï- le geste plus délicat et les résultats plus aléatoires.
Chapitre 2. Aspects post-thérapeutiques des carcinomes épidermoïdes 25
et les berges du lambeau est alors bien visible et son Secondairement, la mise en place d'implants den-
aspect bien « net » est un bon signe d'absence taires est envisageable dans certains cas, le plus sou-
d'évolution tumorale. vent en l'absence de radiothérapie postopératoire.
Fig. 2.3. Aspect post-irradiation de ganglions du groupe Ia arrondis non tumoraux, stables.
Patient de 65 ans, aux antécédents de carcinomes épidermoïdes du plancher buccal et de l'oropharynx traités par radiothérapie
exclusive. Présence d'un ganglion non tumoral arrondi du groupe Ia morphologiquement stable dans le temps : à 4 mois de la fin
des traitements (imagerie de référence, A, flèche) ; à 46 mois de la fin des traitements (B, flèche).
la porte d'entrée est quasi exclusivement celle du carotide externe et des veines cervicales (jugulaire
site opératoire. D'autre part, les voies d'extensions interne ou externe). Il est important de savoir
infectieuses ne sont plus uniquement condition- qu'habituellement une seule des deux veines est
nées par les fascias et les espaces profonds, mais laissée perméable, l'autre est souvent obstruée par
également par la voie d'abord chirurgicale. Si les un clip chirurgical, ce qui ne doit pas faire porter
lésions élémentaires sont communes à toutes les à tort le diagnostic de thrombose veineuse d'une
infections (cellulite, fascéite, myosite, abcès et des deux veines du lambeau.
phlegmons) [11], les distinguer de l'œdème et de
l'inflammation périopératoire est parfois délicat à
Hémorragie du lambeau ou du site d'exérèse
un stade initial de l'infection. À titre d'exemple, la
présence de bulles gazeuses et d'infiltration des fas- Une hémorragie aiguë, au 10e jour (classique
cias au niveau de la voie d'abord chirurgicale est chute d'escarre) ou retardée est une complication
classique et ne signifie pas qu'il coexiste une fasciite rare (< 1 %). Sa gravité dépend de multiples
nécrosante. De même, il est parfois délicat devant facteurs dont la taille et le type de vaisseau lésé ;
une collection cervicale de la distinguer d'un simple la rupture carotidienne en est la forme la plus
sérome postopératoire. En cas de doute diagnos- redoutable. L'hémorragie est soit d'emblée exté-
tique, la réalisation d'une reprise chirurgicale ou riorisée, notamment par l'intermédiaire d'un drain
d'une ponction diagnostique peut être nécessaire. en place, soit à l'origine d'hématome parfois res-
ponsable de détresse respiratoire aiguë (héma-
Complications vasculaires tome suffocant). Les hémorragies postopératoires
Nécrose de lambeaux nécessitent une prise en charge immédiate.
L'hémostase est parfois contrôlée médicalement
Le diagnostic de nécrose des lambeaux revient à et peut nécessiter une reprise chirurgicale ou
poser l'indication d'une ré-intervention en urgence requérir un traitement endovasculaire [12].
pour exploration ou reprise des anastomoses. Le
diagnostic est clinique et repose sur la chaleur, la
Orostomes et pharyngostomes
couleur, le pouls capillaire du lambeau (recoloration
en moins de 3 secondes après pression), éventuelle- Les pharyngostomes et les orostomes sont des com-
ment aidé par un test de saignement. La couleur du plications assez fréquentes en chirurgie c ervicofaciale
lambeau contribue à prédire le vaisseau en cause : avec effraction muqueuse. Cette effraction conduit
• un lambeau blanc peut être le signe d'une à une fuite de salive qui s'extériorise par un orifice
thrombose artérielle ; cutané. Le diagnostic d'orostome pourra aussi être
• un lambeau bleu témoigne d'une thrombose recherché par un transit pharyngé ou une TDM
veineuse ; balisée par du produit de contraste. Leur traitement
• un lambeau violacé ou marbré peut présenter consiste en la mise en place d'une sonde nasogas-
une thrombose artérielle et/ou veineuse. trique et nécessite parfois un geste chirurgical d'ob-
Les lambeaux enfouis en profondeur sont plus dif- turation avec ou sans lambeau.
ficiles à surveiller. La surveillance initiale ne peut
être réalisée qu'avec un contrôle Doppler régulier
sur le trajet des artères et des veines du lambeau. Complications post-radiothérapie
Un angioscanner des vaisseaux du cou est parfois En préambule il convient de préciser que le lien de
réalisé d'une part pour confirmer le diagnostic et causalité entre la radiothérapie et les complications
d'autre part pour préciser la cartographie vascu- mentionnées ci-après n'est ni propre ni exclusif.
laire préopératoire permettant des nouvelles Les complications dépendent de la dose délivrée,
sutures sur des vaisseaux sains. de son fractionnement, de la zone anatomique
Les pédicules nourriciers des lambeaux libres irradiée, de l'état général du patient et des comor-
comportent habituellement une artère et deux bidités (ex : athérome, diabète), du volume de la
veines qui sont anastomosées aux branches de la maladie initiale et des autres traitements reçus.
30 Imagerie post-thérapeutique en oncologie
intègre des données visibles à l'imagerie : lyse du aux parties molles adjacentes. Elle est souvent
rebord inférieur de la mandibule, fracture patho- bordée d'une prise de contraste fine avec la pré-
logique. Les examens d'imagerie sont souvent le sence d'images hydroaériques arrondies corres-
cliché rétroalvéolaire et l'orthopantomogramme pondant à une stase salivaire. Pour toute ulcération
au stade I, le dentascanner aux stades II et III. il convient d'en préciser la proximité éventuelle
Une ostéolyse est recherchée sur les clichés avec un axe vasculaire artériel. L'hémorragie bru-
radiographiques. tale au contact d'une ulcération représente une
Le scanner permet de préciser un séquestre osseux, complication potentielle qui peut justifier un
de décrire les extensions de l'ostéolyse. Il est utile de traitement endovasculaire (embolisation, pose de
décrire l'ostéolyse en mentionnant le siège des dents stent couvert) ou une chirurgie de couverture vas-
concernées, en précisant le contact avec les corticales culaire par lambeau. Le diagnostic différentiel
interne et externe, le rebord basilaire (inférieur) de la entre ulcération et récidive peut s'avérer difficile.
mandibule, le canal du nerf alvéolaire (branche du Le scanner et/ou l'IRM recherche la présence
V3). L'ostéolyse peut être mesurée en longueur sur éventuelle de tissu tumoral sous les bords de l'ul-
les coupes axiales, en largeur et hauteur sur les cération (cf. infra « Récidive tumorale ») (fig. 2.6).
images perpendiculaires à l'axe de la mandibule.
Tumeurs induites
Ulcération, nécrose des parties molles,
Plusieurs types de tumeurs malignes peuvent être
fistules et risque vasculaire
suspects d'être radio-induits : carcinome épider-
Une ulcération muqueuse peut survenir au niveau moïde, tumeur des glandes salivaires, sarcomes
du site tumoral traité ou ailleurs dans la zone irra- osseux ou des parties molles, cancers thyroïdiens
diée. Sémiologiquement cette ulcération corres- [15]. Le délai de survenue d'une tumeur radio-
pond à une perte de substance muqueuse étendue induite est habituellement long (supérieur à 5 ans,
utile ». Elle repose sur une TDM cervicale et/ou Au-delà de ces recommandations, il faut rappeler que
une IRM cervicale (selon la localisation tumorale et l'échographie cervicale est performante, non irradiante
les examens initialement pratiqués). et peu onéreuse pour rechercher des adénopathies cer-
Pendant le suivi, « le scanner et/ou l'IRM ne sont vicales résiduelles [20]. La cytologie couplée à l'écho-
pas systématiques mais orientés par la clinique. graphie donne d'excellents résultats avec une sensibilité
Pour les patients difficiles à surveiller clinique- de 89 % et une spécificité de 96 % [21]. Certaines
ment et chez lesquels il reste une possibilité théra- équipes recommandent des examens échogra-
peutique à visée curative, une imagerie est phiques systématiques dans cette indication [22].
souhaitable. La TEP-FDG n'est pas un examen de
routine dans le suivi des récidives locales et régio- Récidive tumorale
nales des cancers des VADS. Elle peut être cepen-
Après chirurgie, dans la grande majorité des cas, la
dant utile pour le suivi grâce à sa bonne valeur
récidive survient au niveau des berges de résection
prédictive négative de récidive. Elle est recom-
de la pièce opératoire. Disposer de l'imagerie pré-
mandée dans les cas difficiles, si le scanner ou
thérapeutique est utile pour retrouver sa localisa-
l'IRM ne sont pas contributifs. Aucun marqueur
tion initiale. Le diagnostic d'une lésion évolutive
biologique n'est recommandé dans le suivi. »
nécessite quant à lui une confrontation à l'imagerie
Par ailleurs, le National comprehensive cancer de référence. En l'absence d'un de ces examens, le
network [6], organisation américaine à but non diagnostic de récidive juxta ou infracentimétrique
lucratif regroupant 21 centres anticancéreux, édite sera plus délicat.
des recommandations similaires à l'HAS. Entre
Habituellement en scanner avec injection (bipha-
autres, toutes deux préconisent la recherche systé-
sique), la récidive se présente sous forme d'un syn-
matique d'une localisation métachrone par une
drome de masse infiltratif, siège d'une prise de
radiographie de thorax annuelle complétée d'une
contraste (d'intensité supérieure à celle des
TDM thoracique en cas de doute.
muscles) (fig. 2.7 et 2.8).
Fig. 2.8. Artefacts dentaires en TDM masquant une récidive tumorale après traitement chirurgical.
Patient de 72 ans porteur d'un pacemaker aux antécédents de BPTM interruptrice et TOVL en péroné pour carcinome pelvilingual
(A). Scout view (A), TDM après injection biphasique de produit de contraste iodé en coupe sagittale et fenêtre parties molles (B),
en coupe axiale et fenêtre parties molles (C) et osseuses (D). Statut post-chirurgical d'une BPTM interruptrice et mise en place
d'un TOVL en péroné (A). Artefacts métalliques d'origine dentaire et d'ostéosynthèse masquant la cavité buccale malgré la tenta-
tive de manœuvre dynamique en bouche ouverte (B, C, flèches). Volumineuse récidive ulcérée et infiltrant le plancher partiellement
visible sous forme d'une prise de contraste irrégulière (B, têtes de flèches). À noter une pseudarthrose parasymphysaire droite du
TOVL (D, flèche) et une fracture de la plaque d'ostéosynthèse associée (D, tête de flèche).
En IRM, les récidives présentent aussi un rehaus- séquences de diffusion en IRM sont prometteuses
sement supérieur aux muscles. Un isosignal ou, dans cette indication [23] en montrant une lésion
moins fréquemment, un hyposignal par rapport en hypersignal sur les séries utilisant un gradient
aux muscles après injection est moins habituel élevé (b800, b1000) et une restriction de la diffu-
(fig. 2.9). L'hyposignal T2 correspond dans la sion sur la cartographie ADC (fig. 2.10).
grande majorité des cas à des lésions fibrocicatri-
cielles à un stade tardif. Le diagnostic différentiel
le plus redoutable correspond aux lésions de Récidive ganglionnaire
fibrose précoce dont la prise de contraste apparaît
pseudo-tumorale. La diminution du volume La récidive ganglionnaire peut soit survenir dans
lésionnel et la chute du signal en T2 sur les exa- une adénopathie préexistante, soit survenir à dis-
mens ultérieurs sont autant d'arguments de valeur tance dans le flux du drainage lymphatique. La
en faveur du diagnostic de fibrose précoce. Les topographie initiale des adénopathies est f onction
Chapitre 2. Aspects post-thérapeutiques des carcinomes épidermoïdes 35
Fig. 2.9. IRM de référence et de suivi d'une récidive tumorale après traitement chirurgical.
Patiente de 67 ans aux antécédents de carcinome épidermoïde peu différencié du plancher buccal pT4a N1 traité par pelvi-
glosso-mandibulectomie interruptrice, lambeau de péroné, évidement radical modifié suivi de radiothérapie.
IRM de référence (A, B) et de surveillance post-thérapeutique (D, E) en pondération T2 (A, D), T1 gadolinium (B, E). TDM axiale
post-thérapeutique après injection de produit de contraste iodé (F) et scout view (C). Stigmates d'une BPTM interruptrice avec
lambeau libre osseux de péroné (C, flèche). L'IRM et la TDM de surveillance montrent une masse tissulaire en signal intermédiaire
T2 rehaussé par le produit de contraste (D, F, flèches), et une dilatation par envahissement de l'ostium du conduit partotidien
(D, E, F, têtes de flèches). Cette lésion tissulaire n'était pas présente sur l'IRM de référence avec notamment un conduit partotidien
fin (A, B, petites flèches) et correspond à une récidive histologiquement prouvée.
Fig. 2.10. IRM d'une récidive tumorale surinfectée après traitement chirurgical.
Récidive au sein d'un lambeau chinois plusieurs mois après pelvectomie
Imagerie dans un plan axial passant par le plancher buccal, en IRM pondéré T2 (A), T1 (B), T1 après injection de gadolinium (C),
diffusion en gradient b1000 (D), cartographie ADC (E), TEP-FDG (F). Statut post-chirurgical d'une pelvectomie antérieure avec
mise en place d'un lambeau chinois comblant la cavité de pelvectomie médiane. L'imagerie met en évidence une lésion médiane
de contenu kystique (flèche) au sein du lambeau, de contenu non strictement liquidien en diffusion (D, E) et hypométabolique (F),
correspondant à de la nécrose surinfectée. Il existe une lésion charnue au niveau de la berge latérale droite (têtes de flèches)
irrégulière présentant une restriction de la diffusion et un hypermétabolisme focal suspect dans le contexte, correspondant à une
récidive histologiquement prouvée.
additionnelles avec des manœuvres dynamiques intention dans l'imagerie de référence et de sur-
apportent de réels bénéfices diagnostiques [25]. La veillance est réalisée dans la plupart des centres.
plus utilisée est la série bouche ouverte langue tirée Les autres l'utilisent en cas de doute diagnostique
(amygdale, voile, langue, sillon amygdaloglosse). notamment lorsque les artefacts dentaires gênent
Le suivi d'un carcinome jugal peut aussi bénéficier l'interprétation en TDM malgré les manœuvres
d'une série additionnelle « joues gonflées ». dynamiques. En ce qui concerne le protocole
En ce qui concerne l'injection de produit de technique, l'IRM réalisée lors du suivi des patients
contraste, les carcinomes épidermoïdes présentent ne diffère pas de celle effectuée lors de l'évaluation
un rehaussement progressif pendant environ préthérapeutique. La plupart des équipes utilisent
60 secondes [26]. Plusieurs auteurs [27, 28] pré- des séquences en écho de spin et au moins deux
conisent la réalisation d'une injection de produit plans de coupe, en n'omettant pas de couvrir l'en-
de contraste iodée en deux phases (biphasique), semble des aires ganglionnaires. Les séquences
une phase lente dite « d'imprégnation » suivie comportant plusieurs des gradients de diffusion
d'une phase rapide dite de « contraste vasculaire ». peuvent être utilisées dans cette indication [29].
En outre, les manœuvres dynamiques nécessitent
aussi, dans la mesure du possible, une réinjection. Évaluation de la réponse
L'utilisation de l'IRM dans le suivi des carcinomes
précoce au traitement
de l'oropharynx et de la cavité buccale est fonc- Comme nous l'avons vu, l'imagerie évaluant la
tion des habitudes des équipes et de la disponibi- réponse au traitement n'est pas indiquée avant un
lité des appareils. Son utilisation en première délai de 3 mois suivant la fin du traitement.
Chapitre 2. Aspects post-thérapeutiques des carcinomes épidermoïdes 37
Cependant, depuis l'avènement des essais de présence d'une lésion évolutive. L'imagerie du
chimiothérapies dites ciblées (ex : cétuximab, suivi des cancers de la cavité buccale et de l'oro-
Erbitux) et des essais de chimiothérapies néoadju- pharynx repose principalement sur le scanner et
vantes pour les stades avancés, la demande des l'IRM. L'échographie ganglionnaire (éventuelle-
chirurgiens, des oncologues et des radiothéra- ment couplée à la cytoponction) et la TEP-FDG
peutes va croissante pour permettre une évaluation présentent une bonne valeur prédictive négative
précoce d'un éventuel reliquat néoplasique. Cette de maladie évolutive rendant leur pratique
évaluation précoce aurait pour but une adaptation intéressante.
rapide du traitement curatif pour permettre d'amé-
liorer la morbimortalité des patients [1, 30]. Références
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33]. Ces études portent sur une trentaine de portail/jcms/c_892164/ald-n-30-cancer-des-voies-
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38 Imagerie post-thérapeutique en oncologie
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Chapitre 3
Imagerie post-thérapeutique
des carcinomes épidermoïdes
du larynx et de l'hypopharynx
par voie endoscopique (laser), la laryngectomie ensuite rapprochées en avant après fixation anté-
frontolatérale, la laryngectomie frontale anté- rieure du pied de l'épiglotte. Sur le plan glottique,
rieure avec épiglottoplastie (intervention de un seul pli vocal est enlevé dans sa totalité et seul
Tücker) et la laryngectomie supracricoïdienne le tiers antérieur du pli vocal controlatéral est résé-
avec cricohyoïdoépiglottopexie (CHEP) [1, 2]. qué, ainsi que la commissure antérieure (fig. 3.2).
L'étude du plan de coupe intermédiaire passant Ces éléments constituent les principales diffé-
par le ou les cartilages aryténoïdes est particulière rences permettant de distinguer un larynx opéré
ment utile pour différencier ces 4 techniques de par laryngectomie frontolatérale d'un larynx
laryngectomie partielle réalisées pour des lésions opéré par laryngectomie frontale antérieure avec
de l'étage glottique. épiglottoplastie, le plan de coupe intermédiaire
étant le plan le plus utile pour différencier ces
Cordectomie par voie endoscopique deux aspects postopératoires.
Ce type d'intervention n'intéressant que l'étage Il se constitue fréquemment une synéchie en
glottique, le plan de coupe intermédiaire passant regard de la commissure antérieure ou de la sous-
par les plis vocaux est le seul à présenter des modi- glotte après laryngectomie frontolatérale, qu'il ne
fications comparativement à un larynx normal non faut pas confondre avec une récidive tumorale
opéré. sous réserve de la confrontation à l'examen cli-
À partir d'une cordectomie de type III, le larynx nique et à la réalisation éventuelle de biopsies.
présente des modifications en TDM sous forme
d'une asymétrie du plan vocal avec amputation Laryngectomie frontale antérieure
partielle ou totale d'un pli vocal du côté opéré avec épiglottoplastie (intervention de Tücker)
(fig. 3.1) [2].
Cette technique chirurgicale [3–5] s'applique aux
cancers glottiques unilatéraux mobiles atteignant la
Laryngectomie frontolatérale commissure antérieure ainsi que les cancers glot-
Cette intervention s'adresse aux tumeurs des deux tiques bilatéraux superficiels. Les deux principales
tiers antérieurs du pli vocal arrivant au voisinage différences avec la technique de laryngectomie
de la commissure antérieure sans l'envahir. Seule frontolatérale sont l'importance de la résection du
la partie médiale et antérieure du cartilage thy- pli vocal controlatéral, comprenant les deux tiers du
roïde est réséquée. Les ailes thyroïdiennes sont pli vocal, et celle du cartilage thyroïde qui concerne
Fig. 3.1. Coupe TDM axiale passant par le plan glottique : Fig. 3.2. Coupe TDM axiale passant par le plan glottique
aspect TDM après cordectomie de type III. après laryngectomie frontolatérale pour carcinome épider-
Noter l'asymétrie des plis vocaux aux dépens du pli vocal moïde du pli vocal gauche.
gauche opéré ainsi que la condensation du cartilage thyroïde On observe l'absence de pli vocal gauche et du tiers antérieur
en regard de la portion réséquée du pli vocal gauche (flèches). du pli vocal droit.
Chapitre 3. Imagerie post-thérapeutique des carcinomes épidermoïdes 41
Fig. 3.5. Laryngectomie horizontale avec CHEP : coupe Fig. 3.7. Coupe TDM axiale passant par l'os hyoïde après
TDM axiale passant par les aryténoïdes. laryngectomie horizontale avec CHEP permettant de visua-
Les plis vocaux ne sont plus visualisés. La corne thyroïdienne liser la portion supra-hyoïdienne de l'épiglotte laissée en
inférieure droite (flèche) a été laissée en place afin de ne pas place (flèche).
léser le nerf laryngé inférieur.
Étage supraglottique
Laryngectomie horizontale supracricoïdienne
avec cricohyoïdopexie
Cette intervention [3, 8, 9] s'adresse aux tumeurs
supraglottiques avec atteinte de la glotte, du ventri-
cule, de la commissure antérieure et/ou de la loge
Fig. 3.6. Laryngectomie horizontale avec CHEP : coupe préépiglottique mais uniquement dans sa moitié
TDM axiale passant par le cricoïde. inférieure. L'exérèse comprend le cartilage thy-
Seule la partie postérieure du cartilage thyroïde est laissée
roïde, l'épiglotte dans sa totalité, la loge préépiglot-
en place (flèches).
tique, les deux plis vocaux, les deux plis vestibulaires
et un cartilage aryténoïde. Sont laissés en place le
cas de CHEP alors qu'elles sont réséquées en cas cricoïde, au moins un cartilage aryténoïde et l'os
de CHP. La coupe axiale TDM supérieure permet hyoïde. La reconstruction consiste à rapprocher et
de visualiser la partie de l'épiglotte laissée en place à aligner médialement le bord inférieur de l'os
en cas de CHEP (fig. 3.7). hyoïde au bord supérieur du cartilage cricoïde.
La distance séparant le bord inférieur de l'os hyoïde La coupe supérieure est donc fondamentale pour
et le bord supérieur du cartilage cricoïde mesurée l'analyse de ce type d'intervention. Elle met en évi-
sur la coupe sagittale médiane permet d'évaluer la dence l'absence de visualisation de la loge préépi-
qualité de la pexie. La figure 3.8 montre la compa- glottique et de l'épiglotte, contrairement à une
raison entre la situation pré et postopératoire de intervention de type laryngectomie horizontale avec
cette mesure, illustrant le rapprochement du bord CHEP. On visualise en arrière de l'os hyoïde, à la
inférieur de l'os hyoïde au bord supérieur du carti- place de l'épiglotte et de la vallécule, un tissu corres-
lage cricoïde après CHEP. Cette distance doit être pondant à la base de la langue. Sur cette coupe, du
la plus courte possible. Il est admis qu'un écart fait de la pexie, on visualise également les aryté-
Chapitre 3. Imagerie post-thérapeutique des carcinomes épidermoïdes 43
A B
Fig. 3.8. Coupes TDM sagittales avant (A) et après (B) laryngectomie horizontale avec CHEP.
La reconstruction consiste à rapprocher le bord inférieur de l'os hyoïde (H) du bord supérieur du cartilage cricoïde (C). La qualité
de la pexie s'apprécie par la mesure entre ces deux structures (trait rouge). En A, on visualise le cartilage thyroïde (T), qui n'est plus
visualisé en B après résection.
A B
Fig. 3.9. Coupes TDM axiales après laryngectomie supracricoïdienne avec CHP.
A. Absence de la loge préépiglottique et de l'épiglotte. Du fait de la pexie, on visualise l'aryténoïde résiduel (A) à hauteur de l'os
hyoïde (H).
B. Le bord inférieur de l'os hyoïde (H) et le cartilage cricoïde (C) sont rapprochés et visualisés sur une même coupe du fait de la
cricohyoïdopexie.
noïdes, le cartilage cricoïde et l'os hyoïde (fig. 3.9A Laryngectomie horizontale supraglottique
et 3.9B). Les coupes intermédiaire et inférieure ont Elle s'adresse aux tumeurs de la face laryngée de
un aspect identique à celui observé en cas de laryn- l'épiglotte ou du complexe pied de l'épiglotte —
gectomie horizontale avec CHEP. Tout comme en pli vestibulaire, nommé complexe pied – bande
cas de laryngectomie supracricoïdienne avec CHEP, dans l'ancienne nomenclature, terme encore lar-
la qualité de la reconstruction s'apprécie par la gement utilisé actuellement. Le pli vestibulaire ne
mesure sur une coupe sagittale médiane de la dis- doit pas être envahi sur plus de sa moitié anté-
tance entre le bord inférieur de l'os hyoïde et le rieure, les deux aryténoïdes étant libres et mobiles
bord supérieur du cartilage cricoïde. de même que les plis vocaux [3]. Cette technique
44 Imagerie post-thérapeutique en oncologie
chirurgicale consiste à réséquer le tiers supérieur coupe axiale passant par l'os hyoïde, il manque la
du cartilage thyroïde, la loge préépiglottique, moitié de l'épiglotte, de la loge préépiglottique et
l'épiglotte, les replis aryépiglottiques et le pli ves- de l'os hyoïde homolatérale à la lésion (fig. 3.11A).
tibulaire. L'os hyoïde est le plus souvent réséqué Sur la coupe passant par la région des trois replis,
[10] même si son exérèse n'est pas indispensable on observe qu'il manque la région des trois replis
d'un point de vue carcinologique [11]. Le plan de homolatérale à la lésion (fig. 3.11B). Le plan pas-
coupe supérieur montre l'absence de l'épiglotte et sant par les plis vocaux est intact, cette interven-
de la loge préépiglottique, ainsi que de l'os hyoïde tion conservant le plan glottique à la différence de
dans la majorité des cas (fig. 3.10A). Cette parti- l'hémipharyngolaryngectomie supracricoïdienne.
cularité est également bien illustrée sur une coupe L'étage sous-glottique est par conséquent non
sagittale médiane (fig. 3.10B). La coupe intermé- modifié.
diaire et la coupe inférieure ne présentent pas de
Hémipharyngolaryngectomie supracricoïdienne
modifications par rapport à une imagerie laryngée
normale. Cette technique chirurgicale est de réalisation
moins fréquente [12, 13]. Elle s'adresse aux
Hémilaryngopharyngectomie tumeurs siégeant sur la margelle latérale ou posté-
Hémipharyngolaryngectomie supraglottique rieure, les parois médiales ou latérales et l'angle
antérieur du sinus piriforme membraneux. Les
D'indication fréquente, cette intervention [12, modifications observées en TDM après ce type de
13] s'adresse aux tumeurs situées dans l'angle chirurgie ne diffèrent pas de celles observées après
antérieur du sinus piriforme, dans le carrefour des hémipharyngolaryngectomie supraglottique, à
trois replis et par extension au niveau de la mar- l'exception du plan de coupe passant par les plis
gelle laryngée latérale et antérieure. Dans tous les vocaux. En effet, cette technique chirurgicale ne
cas, la mobilité glottique doit être préservée, le conservant pas le pli vocal homolatéral à la lésion,
plan situé sous les ventricules devant être intact. on observe de ce fait une asymétrie de l'étage
Cette intervention consiste en l'exérèse d'un glottique (fig. 3.12A). Il est possible d'observer
hémipharynx et d'un hémilarynx. Les principales une hypertrophie compensatrice du pli vocal
différences par rapport aux autres techniques sont controlatéral restant (fig. 3.12B), à confronter à
visibles sur les coupes supracricoïdiennes. Sur la l'examen clinique et à la réalisation éventuelle de
A B
Fig. 3.10. Coupes TDM après laryngectomie horizontale supraglottique.
A. Coupe axiale dans le plan supérieur (passant à hauteur de l'os hyoïde). Noter l'absence d'épiglotte, de la loge préépiglottique
et de l'os hyoïde.
B. Coupe sagittale médiane. Absence d'épiglotte et de la loge préépiglottique (croix rouge) en arrière du cartilage thyroïde (T). On
remarque également l'absence d'os hyoïde.
Chapitre 3. Imagerie post-thérapeutique des carcinomes épidermoïdes 45
A B
Fig. 3.11. Coupes TDM dans le plan axial après hémipharyngolaryngectomie supraglottique.
A. Coupe axiale passant par l'os hyoïde. Il manque la moitié gauche de l'os hyoïde, de l'épiglotte et de la loge préépiglottique.
B. Coupe axiale passant par le carrefour des trois replis. Noter l'absence de la région des trois replis à gauche.
A B
Fig. 3.12. Coupes TDM axiales passant par le plan glottique après hémipharyngolaryngectomie supracricoïdienne.
A. Noter l'asymétrie du plan glottique : le pli vocal droit a été réséqué. L'aryténoïde droit du côté atteint a été réséqué ainsi que la
partie latérale droite de l'aile thyroïdienne.
B. Il existe une hypertrophie compensatrice du pli vocal gauche (tête de flèche). Cet aspect a été confronté à l'examen clinique et
à la réalisation de biopsies, qui n'ont pas retrouvé d'argument en faveur d'une récidive tumorale locale.
biopsies. Tout comme en cas d'hémipharyngola- aux récidives de tumeur laryngée après chirurgie
ryngectomie supraglottique, le plan de coupe pas- partielle ou radiothérapie.
sant par l'os hyoïde illustre la résection de la L'exérèse comprend les cartilages cricoïde et thy-
moitié de l'os hyoïde et de l'épiglotte du côté roïde ainsi que l'os hyoïde, la loge préépiglot-
lésionnel. Le plan passant par le cartilage cricoïde tique, les muscles constricteurs, le larynx et les
ne montre pas de modification. sinus piriformes (fig. 3.13). Le néopharynx,
étendu de la base de la langue à l'œsophage cervi-
Laryngectomie totale cal, est constitué d'une musculature constrictrice
inférieure et de la muqueuse hypopharyngée ; il
La laryngectomie totale s'adresse aux tumeurs présente une forme ovoïde (fig. 3.14). Les patients
laryngées étendues aux cartilages laryngés et à opérés d'une laryngectomie totale sont porteurs
l'étage sous-glottique (atteinte du cricoïde) ou d'une trachéostomie définitive (fig. 3.15).
46 Imagerie post-thérapeutique en oncologie
A B
Fig. 3.18. Coupes TDM axiales en fenêtre parties molles (A) et cartilagineuses (B).
Récidive locale sur le pli vocal controlatéral d'un patient traité par cordectomie laser de type III d'un carcinome épidermoïde du pli
vocal gauche. Épaississement se rehaussant après injection de produit de contraste de la face inférieure du pli vocal controlatéral
(A, flèche), associé à une irrégularité de la corticale interne de l'aile thyroïdienne en regard (B, flèche).
48 Imagerie post-thérapeutique en oncologie
A B
Fig. 3.19. Coupes TDM axiale (A) et coronale (B) : récidive au repli aryépiglottique droit chez un patient traité par laryngecto-
mie horizontale avec CHEP d'un carcinome épidermoïde du pli vocal gauche.
A. Épaississement se rehaussant après injection du repli aryépiglottique droit.
B. Récidive au repli aryépiglottique droit s'étendant au sommet du cartilage aryténoïde droit restant.
Fig. 3.20. Coupe axiale TDM : récidive sous-glottique Fig. 3.21. Coupe axiale TDM : récidive sous-glottique après
(flèche) après laryngectomie horizontale avec CHEP. laryngectomie horizontale avec CHEP.
À noter une adénopathie latérocervicale gauche en rupture
capsulaire (tête de flèche).
A B
C D
Fig. 3.24. Patient présentant une tumeur bourgeonnante de l'épiglotte, bord libre et partie haute de la face laryngée (A, flèche
longue et B), adénopathie nécrotique jugulaire haute droite de 2 cm (A, flèche courte).
Décision en RCP de préservation laryngée avec curage chirurgical droit puis chimiothérapie d'induction. Bilan après 2 cures de
chimiothérapie : séquelle de curage droit (C, tête de flèche), persistance d'une discrète prise de contraste de la région épiglottique,
la régression est estimée à plus de 80 % (C, flèche longue et D). Décision de RCP, poursuite du traitement conservateur : 3e cure
de chimiothérapie puis radiothérapie.
A B
C D
Fig. 3.25. Patient présentant une tumeur du sinus piriforme droit étendu en région rétro-cricoaryténoïdienne (A), présence
d'adénopathie bilatérale jugulaire haute IIa (B, flèches) : décision de traitement de préservation par chimiothérapie d'induction.
Bilan après 2 cures de chimiothérapie : régression complète de la tumeur (C) et régression des adénopathies > 80 % (D). Décision
prise en RCP, poursuite du traitement conservateur avec 3e cure de chimiothérapie puis radiothérapie.
Fig. 3.26. Aspect post-radiochimiothérapie d'une tumeur Fig. 3.27. Aspect post-radiochimiothérapie à 3 mois d'une
supraglottique à 3 mois de la fin du traitement. tumeur supraglottique, aspect séquellaire attendu : infiltra-
Aspect séquellaire attendu avec important phénomène inflam- tion et aspect réticulé de la graisse sous cutanée (flèche
matoire et œdème des replis aryépiglottiques en particulier longue), épaississement du platysma (tête de flèche),
(flèche longue) mais sans lésion focale sans asymétrie (score 1). œdème des replis aryépiglottiques (flèche courte) (score 1).
Autres aspects classiques post-radiothérapie : épaississe- Persistance d'un ganglion totalement nécrotique de 8 mm du
ment et réticulation de la graisse sous-cutanée (flèche courte), groupe III gauche (flèche épaisse). Décision de TEP-FDG qui
épaississement du muscle platysma (tête de flèche), perte de ne montre pas de fixation, suivi TDM à 2 mois (non illustré ici),
volume des glandes submandibulaires avec prise de contraste ganglion nécrotique inchangé. Pas de récidive ultérieure (suivi
(flèche épaisse). à 24 mois).
52 Imagerie post-thérapeutique en oncologie
Ces modifications doivent être symétriques, sans une confirmation anatomopathologique restant
effet de masse, sans prise de contraste nodulaire indispensable pour affirmer le diagnostic de réci-
ou en masse et doivent diminuer dans le temps si dive tumorale locale [14, 23].
un nouveau contrôle est proposé. L'œdème de la Pour ce qui est du score de niveau 2, plusieurs
margelle laryngée peut être très important dans études ont montré que 50 % des patients présente-
les premiers mois (fig. 3.26) [22, 23, 25]. ront une récidive tandis que 50 % seront porteurs
Les cartilages laryngés ne doivent normalement uniquement de remaniements inflammatoires
pas se modifier, il a cependant été décrit des post-thérapeutiques.
diminutions de l'ostéocondensation au voisinage Pour les scores 2 et 3, de nouvelles biopsies au
de la tumeur [26]. Toute autre modification des décours d'une panendoscopie sont souvent indi-
cartilages dans la zone tumorale initiale est sus- quées pour analyser ce tissu résiduel. On peut toute-
pecte [14]. fois s'aider de la TEP-FDG qui, si elle ne montre
Un autre aspect classique post-radiothérapie à aucune fixation au niveau de la masse résiduelle,
connaître est l'augmentation modérée de taille des peut faire surseoir à l'endoscopie avec biopsies qui
ganglions sous-mentaux médians, qui doivent sont souvent difficiles à réaliser (cf. infra « Apport
cependant rester non nécrotiques (cf. fig. 3.29A). de la TEP »).
Certains auteurs ont également décrit l'intérêt de
Masse ou infiltration résiduelle prenant l'IRM de diffusion avec calcul du coefficient appa-
le produit de contraste lors du premier rent de diffusion en cas d'imagerie douteuse post-
contrôle initial à 3 mois thérapeutique car l'inflammation ne donne pas de
La présence d'un tissu résiduel au niveau du site de restriction de diffusion alors que l'évolution
la lésion initiale pose un problème d'interprétation. tumorale se traduit par une restriction de diffusion
avec un ADC bas [28, 29].
Il est parfois très difficile de faire la différence
entre une persistance tumorale et des remanie- Il ne faut pas hésiter à répéter les examens en par-
ments inflammatoires et/ou infectieux [14, 15]. ticulier l'endoscopie dans ces groupes difficiles
(groupe 2 ou 3 avec biopsies négatives et TEP-
Un aspect nettement nodulaire avec une prise de
FDG positive) afin de différencier la poursuite
contraste hétérogène est en faveur d'une pour-
évolutive des remaniements inflammatoires
suite évolutive [27].
(fig. 3.28) [14, 23].
Des critères ont été proposés pour essayer de pré-
voir le contrôle local à long terme [14, 16, 23] :
• score 1 : aspect séquellaire post-thérapeutique Suivi à long terme par examens
attendu avec disparition complète de la lésion d'imagerie
primitive, aspect symétrique des tissus pharyn- Le risque de survenue d'une récidive locale ou
golaryngés (fig. 3.27) ; régionale ganglionnaire d'un carcinome épider-
• score 2 : masse focale de diamètre maximum moïde des voies aéro-digestives supérieures dimi-
inférieur à 1 cm et/ou aspect asymétrique des nue avec le temps, la période de risque maximal
tissus pharyngolaryngés (cf. fig. 3.31B) ; couvrant les deux premières années post-
• score 3 : masse focale d'un diamètre supérieur à thérapeutiques. À long terme, le suivi en imagerie
1 cm ou réduction de la masse initiale inférieure servira le plus souvent à évaluer une seconde loca-
à 50 % (fig. 3.28C). lisation des VADS découverte cliniquement,
Des études ont montré qu'un score de 1 est très beaucoup plus que pour la recherche d'une réci-
fortement en faveur d'un contrôle à long terme de dive locale ou ganglionnaire.
la lésion initiale. La surveillance devra donc comprendre un scanner
Inversement, un score de 3 est plutôt en faveur cervicothoracique avec injection incluant toutes les
d'un échec du traitement avec poursuite évolutive ; VADS et le thorax. Le rythme de la surveillance
cependant les faux positifs demeurent fréquents, dépend de la localisation et du stade initial.
Chapitre 3. Imagerie post-thérapeutique des carcinomes épidermoïdes 53
A B
C D
Fig. 3.28. Patient présentant une tumeur bourgeonnante du sinus piriforme gauche (A, flèche) étendue en région rétro-
aryténoïdienne (B, flèche).
Décision de traitement conservateur par radiochimiothérapie concomitante. Premier bilan de contrôle à 3 mois de la fin de la
radiochimiothérapie : persistance d'une formation tissulaire asymétrique de l'hypopharynx > 1 cm – score 3 (C, flèche) : des biop-
sies réalisées sous endoscopie directe sont négatives. Nouvelle imagerie à 3 mois (D) : diminution de l'œdème mais persistance
d'une prise de contraste et d'un épaississement asymétrique de l'hypopharynx gauche (D, flèche) : nouvelles biopsies positives,
décision de pharyngolaryngectomie totale.
A B C
Fig. 3.29. A et B. Bilan à 3 mois de la fin d’une radiochimiothérapie pour tumeur du sinus piriforme droit sans adénopathie,
aspect séquellaire attendu post-radiochimiothérapie. C. Récidive ganglionnaire dans la première année.
Épaississement œdémateux symétrique sans lésion nodulaire des replis aryépiglottiques droit et gauche (A et B, flèches courtes),
épaississement du platysma (A et B, tête de flèche), ganglion sous-mental médian centimétrique non nécrotique (A, flèche longue),
pas d'adénopathie significative. Cinq mois après, apparition d'une adénopathie nécrotique jugulaire basse droite (C, flèche) sans
récidive locale.
Parfois une surveillance rapprochée sera néces- Une diminution importante de la taille du gan-
saire pour différencier d'importants remanie- glion, supérieure à 50 % avec aspect de nécrose
ments inflammatoires, parfois nécrotiques, d'une complète et prise de contraste importante de la
authentique récidive ; une nouvelle imagerie 2 à paroi du ganglion peut être rencontrée. Cette
3 mois après traitement inflammatoire permettra nécrose complète peut être compatible avec une
le plus souvent de conduire à une nouvelle endos- réponse complète au traitement (cf. fig. 3.27).
copie avec biopsies. L'analyse de ces adénopathies résiduelles est sou-
Certains auteurs ont décrit également un intérêt vent difficile en imagerie classique et là encore, la
de l'IRM de diffusion avec calcul de l'ADC en cas TEP-FDG apparaît très intéressante pour vérifier
d'imagerie douteuse à la phase tardive [28, 29]. l'absence de captation résiduelle.
Il ne faut pas hésiter à répéter les imageries après Si l'imagerie ne permet pas de conclure entre gan-
traitement anti-inflammatoire en cas de doute. glions résiduels non pathologiques et ganglions
Cependant, actuellement, la TEP-FDG permet le métastatiques persistants, un évidement ganglion-
plus souvent d'objectiver ces récidives tumorales naire cervical pourra être indiqué pour apporter
tardives (cf. infra « Apport de la TEP »). une preuve anatomopathologique.
Aspect post-thérapeutique
des adénopathies Complications post-thérapeutiques
L'analyse post-thérapeutique des adénopathies
Nécrose laryngée –
non traitées chirurgicalement est importante : on
Chondro-radionécrose
considère qu'il y a une réponse complète si l'adé-
nopathie initiale a repris une taille normale (infé- La nécrose laryngée est une complication rare mais
rieur ou égal à 10 mm de diamètre transverse, grave du traitement, qui garde un taux de morbi-
inférieur ou égal à 12 mm pour le territoire jugu- dité élevé [22]. Elle survient dans 1 % des séries
laire haut IIA), sans nécrose centrale. La réappari- environ, habituellement plusieurs mois après la fin
tion d'un hile graisseux central est également un de la radiothérapie [23, 30] ; des cas ont été décrits
argument en faveur de la réponse complète. plusieurs années après traitement [31].
Il peut cependant persister, après traitement radio- L'aspect en imagerie de la chondronécrose est le
chimiothérapique, des ganglions nécrotiques. plus souvent typique avec (fig. 3.30) [30] :
Chapitre 3. Imagerie post-thérapeutique des carcinomes épidermoïdes 55
A B
Fig. 3.30. Chondronécrose laryngée avec inflammation et prise de contraste mal limitée des tissus pharyngolaryngés
et extra-laryngés, bulles d'air au niveau du cartilage thyroïde droit et de part et d'autre du cartilage.
A. Fenêtrage parties molles.
B. Fenêtrage osseux.
Images de François Bidault.
• présence de bulles d'air autour des cartilages, La TEP-FDG peut également être utile pour
cet aspect étant très évocateur ; essayer de différencier la nécrose laryngée de la
• inflammation majeure des tissus avec prise de poursuite évolutive, en particulier s'il montre l'ab-
contraste hétérogène mal limitée de part et sence de fixation [33]. Cependant, le plus sou-
d'autre du cartilage ; vent, il existe également une fixation intense avec
• parfois fragmentation des cartilages avec déplace SUV élevée qui ne permet pas de faire la diffé-
ment antérieur des cartilages aryténoïdes par rence (fig. 3.31).
disjonction cricoaryténoïdienne. Très fréquemment, l'imagerie reste donc non spé-
La chondronécrose intéresse le plus souvent le cifique et des biopsies sont refaites, leur négativité
cartilage thyroïde, plus rarement l'aryténoïde et le ne dispensant pas d'une surveillance rapprochée.
cricoïde [22]. Le suivi en imagerie d'une nécrose cartilagineuse
Si l'aspect est moins typique, en particulier si la est un élément important, il montrera en cas de
nécrose laryngée ne s'associe pas à la présence de nécrose laryngée, après une phase d'augmentation
bulles d'air, l'aspect peut être alors difficile à diffé- des lésions, une phase de stabilisation puis de
rencier d'une poursuite tumorale évolutive [26, régression, avec disparition des bulles d'air autour
27, 32]. De plus la coexistence d'une nécrose du cartilage et surtout une diminution de l'œdème
laryngée et d'une récidive tumorale est classique. et des prises de contraste (fig. 3.31).
La nécrose des tissus s'accompagne toujours En cas de chondronécrose évoluée, une partie du
d'une surinfection, l'imagerie montrera un épais- cartilage peut s'éliminer avec des séquelles sou-
sissement mal limité des tissus pharyngolaryngés vent importantes, justifiant parfois le recours à
avec une prise de contraste souvent hétérogène, une laryngectomie [22].
parfois un aspect de masse.
Le recours à l'examen IRM avec diffusion peut
Autres complications après
être utile car l'inflammation ne donnera pas de
radiothérapie
restriction de diffusion, alors que la poursuite
tumorale montrera une restriction de diffusion Ce sont essentiellement des aspects de fibrose des
avec un ADC bas. Cependant la possibilité d'une tissus cervicaux mais également des tissus laryn-
association nécrose et récidive rend difficile l'utili- gés, avec immobilité de l'épiglotte et/ou ferme-
sation de ce seul critère [28]. ture du vestibule [16].
56 Imagerie post-thérapeutique en oncologie
A B
C D
Fig. 3.31. Patient présentant une tumeur du sinus piriforme gauche (A, flèche).
Décision en RCP de traitement conservateur par radiochimiothérapie. Premier
bilan de contrôle à 4 mois de la fin du traitement montrant la persistance d'une
prise de contraste asymétrique < 1 cm, score 2 (B) ; les bilans de contrôle ulté-
rieur montrent une diminution de cette asymétrie. Onze mois après la fin du trai-
tement, le patient consulte pour hémorragie laryngée, l'imagerie montre une prise
de contraste avec présence de bulles d'air au sein de la prise de contraste et du
cartilage thyroïde (C, flèche) : le patient est mis sous triple antibiothérapie. Trois
semaines plus tard, la TEP-FDG est fortement positive dans cette zone (D). Le
contrôle en imagerie à 2 mois montre la régression de l'œdème et de la prise
de contraste ainsi que la disparition des bulles d'air (E) : des biopsies réalisées
sont négatives. Le patient poursuit sa surveillance rapprochée clinique et en ima-
E gerie pour cette chondronécrose laryngée d'évolution favorable.
Ces complications peuvent donner des signes cli- Séquences de diffusion IRM
niques importants : dyspnée, dysphagie, nécessi-
Plusieurs articles récents montrent que le calcul de
tant parfois le recours à une trachéotomie voire
l'ADC au sein de la tumeur et des adénopathies
même à une laryngectomie en cas de larynx non
serait capable d'identifier des tumeurs accessibles à
fonctionnel [22].
un traitement de préservation d'organe, à type de
radiochimiothérapie concomitante ou de chimio-
Apport des nouvelles séquences thérapie d'induction [34–36].
en imagerie dans le choix Un ADC initialement bas serait plus en faveur d'une
du traitement bonne réponse au traitement car une population
cellulaire hyperkinétique est caractérisée par un
De nouvelles techniques en IRM et en TDM ADC bas, alors qu'un tissu tumoral siège d'une
semblent prometteuses pour « détecter » les patients nécrose avec un fort contingent cellulaire apopto-
bons répondeurs à la radiochimiothérapie ou à la tique s'accompagne d'un ADC élevé et donc poten-
chimiothérapie d'induction. tiellement moins bon répondeur au traitement.
Chapitre 3. Imagerie post-thérapeutique des carcinomes épidermoïdes 57
Mais surtout, une augmentation significative de Plusieurs études [45–47] ont montré que les
l'ADC, en début de traitement, serait en faveur tumeurs avec initialement des niveaux élevés du
d'une bonne réponse thérapeutique. Ktrans présentaient des réponses favorables à la
Il faut toutefois rester prudent dans l'interpréta- radiochimiothérapie ou à la chimiothérapie
tion des séquences de diffusion et le calcul de d'induction.
l'ADC car il existe des problèmes de reproductibi- Ces constantes et ces courbes permettraient égale-
lité entre les centres du fait de : différences dans les ment de déterminer les tumeurs peu chimiosen-
appareils, les champs magnétiques, les séquences sibles dès 2 ou 3 cycles de traitement.
de diffusion (multiples b-values ou non), ainsi que Les résultats de ces études préliminaires sont pro-
les méthodes de calcul de l'ADC. Une « standardi- metteurs et suggèrent que l'imagerie pourrait être
sation » de la technique semble nécessaire. capable de « prédire » la réponse à un traitement
Le calcul d'un ΔADC, comparant l'ADC initial et de préservation d'organe, en particulier de diffé-
l'ADC en début de traitement sur un même appa- rencier les tumeurs radio et/ou chimiosensibles. Il
reil, a vraisemblablement plus d'intérêt que le seul serait alors possible d'individualiser la stratégie
chiffre d'ADC initial [37]. thérapeutique en fonction de ces données d'ima-
gerie fonctionnelle [44].
Séquences dynamiques d'injection,
séquences de perfusion et perméabilité
tumorale Apport de la TEP
Perfusion en TDM La tomographie par émission de positons au fluoro
Plusieurs études récentes [38–44] montrent que la déoxyglucose, désormais systématiquement cou-
perfusion en TDM serait capable de détecter par plée au scanner X, a profondément modifié la prise
l'étude de différents paramètres les tumeurs qui en charge des patients porteurs d'affections néopla-
seraient susceptibles de répondre favorablement à un siques, notamment en ORL où la proportion de
traitement par radiothérapie et/ou chimiothérapie : carcinomes épidermoïdes est prédominante, ces
Blood Flow (BF), Blood Volume (BV), Mean Transit derniers ayant la particularité d'être très hyperméta-
Time (MTT), et Capillary Permeability (CP). boliques. Très performante pour le bilan d'exten-
Ces paramètres seraient corrélés à la densité sion ganglionnaire régional ou à distance, comme
microvasculaire de la tumeur et donc avec une pour la détection de néoplasies synchrones, sa place
hypoxie tumorale potentielle. est également importante pour la recherche de
lésions résiduelles et la détection précoce des réci-
En particulier des valeurs de BF initialement éle-
dives. L'évaluation de la réponse des tumeurs aux
vées seraient un facteur en faveur d'une bonne
traitements par chimiothérapie et l'optimisation
réponse au traitement.
des volumes de radiothérapie s'avèrent également
De même, une diminution importante du BV être des applications pleines d'avenir d'autant plus
pendant le traitement serait un critère de bonne que la technique est en évolution constante avec le
réponse au traitement, alors qu'une augmentation développement de nouveaux traceurs appelés à
progressive du BV serait un critère en faveur d'une dépasser les limites du FDG.
mauvaise réponse.
ment la séquence thérapeutique initiale des cancers En outre, l'effet d'une chimiothérapie sur les
ORL. Ce traitement non chirurgical de prime abord lésions malignes peut entraîner un phénomène de
peut être choisi pour deux raisons principales : soit sidération cellulaire transitoire qui impose de res-
dans le cadre d'un protocole de préservation d'or- pecter un délai de 2 à 3 semaines après la fin d'un
gane pour les cancers du larynx afin d'éviter une cycle avant la réalisation d'un examen TEP afin
chirurgie d'emblée mutilante, soit dans le cas où le d'éviter de sous-estimer la fixation réelle des
traitement radiochimiothérapique a prouvé sa lésions tumorales.
supériorité vis-à-vis du traitement chirurgical. Dans tous les cas, il est capital de rappeler,
Dans ces cas, la TEP-FDG peut être particulière- comme pour toute technique d'imagerie, que
ment utile pour évaluer l'efficacité de la réponse l'utilisation de la TEP dans l'évaluation de l'effi-
au traitement [48, 49]. En effet, l'importance de cacité thérapeutique n'est pertinente que si l'on
la fixation du FDG est proportionnelle à l'acti- dispose d'une imagerie de référence préthéra-
vité proliférative des tumeurs et à la viabilité des peutique.
cellules qui les composent. Le mode habituel Au-delà du FDG reflétant le métabolisme gluci-
d'évaluation de la réponse d'une lésion maligne dique des cellules, d'autres traceurs fluorés sont en
à la chimiothérapie est la réduction du volume développement. Ainsi, la 18-fluoro-L-thymidine,
des lésions sur des images consécutives de scan- s'accumulant peu dans les foyers inflammatoires,
ner. Cette réduction du volume est la consé- pourrait permettre de suivre de façon plus spéci-
quence de l'élimination des cellules détruites. fique la réponse thérapeutique en tant que mar-
Or, cette destruction cellulaire est nécessaire- queur de la prolifération cellulaire. Les résultats
ment due aux altérations métaboliques induites préliminaires de ce radiopharmaceutique testé dans
par les médicaments de chimiothérapie qui vont les cancers de la sphère ORL sont encourageants
conduire à la mort cellulaire. De ce fait, une [50, 51]. L'imagerie de l'hypoxie cellulaire repré-
modalité d'imagerie métabolique fournit une sentée par le FMISO (fluoromisonidazole) consti-
information plus précoce quant aux effets de la tue un autre exemple de ces nouvelles cibles de
chimiothérapie qu'une modalité anatomique. Ce l'imagerie TEP. L'analyse globale ou régionale de
caractère précoce de la réponse métabolique est l'hypoxie tumorale par la TEP trouve un intérêt
à l'origine de travaux concernant la possibilité de avec les progrès de la radiothérapie, la technique
prédire la réponse de la tumeur à une chimiothé- permettant à la fois de prédire l'efficacité des traite-
rapie dès le premier cycle afin de conforter le cli- ments, d'optimiser les champs et la distribution de
nicien dans son choix thérapeutique en cas dose et d'évaluer précocement leur efficacité
d'extinction du signal métabolique ou au [52–54].
contraire, en cas de persistance d'une activité
métabolique intense, d'éviter la répétition de
cycles inefficaces, générateurs d'effets secon- Diagnostic de maladie résiduelle
daires importants et coûteux. et de récidive
Par ailleurs, en cas d'hétérogénéité clonale, la Après un traitement par chirurgie et/ou radiothé-
chimiothérapie aboutit à l'élimination d'un clone rapie, la persistance d'une formation tissulaire
sensible et à la sélection d'un clone résistant. Ce résiduelle peut poser un problème diagnostique
dernier peut être à l'origine d'une récidive tumo- important. Une telle lésion peut correspondre à
rale précoce. Dans cette situation, la réduction du de la fibrose cicatricielle inactive, mais peut égale-
volume tumoral ne correspond qu'à l'élimination ment représenter un foyer de persistance de la
du clone sensible. L'intérêt de la TEP-FDG est maladie qui impose un traitement complémen-
alors de mettre en évidence la persistance d'une taire pour éviter une aggravation éventuellement
fixation d'intensité constante ou accrue au sein difficile à contrôler. De même, en cas de rémission
d'une lésion de volume plus faible. complète après le traitement initial, il est nécessaire de
Chapitre 3. Imagerie post-thérapeutique des carcinomes épidermoïdes 59
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Chapitre 4
Nouvelles techniques
d'imagerie et de radiothérapie
en oncologie pulmonaire
P. Giraud • F. Laurent • S. Thureau • P. Vera
La convergence progressive des nouvelles tech- Nous verrons successivement les nouvelles tech-
nologies et des nouveaux concepts permet une niques de radiothérapie, puis les nouveaux
radiothérapie de plus en plus précise et ciblée, concepts utilisés en imagerie fonctionnelle que
permettant d'envisager des compléments de dose nous limiterons à la tomographie par émission de
sur les tumeurs pulmonaires et ainsi un meilleur positons.
contrôle local. Le guidage par l'imagerie multi-
fonctionnelle permet de mieux cibler des zones à
risque de récidive, tout en épargnant les tissus
sains. Les nouveaux concepts s'étendent jusqu'à
la notion de dose painting ou de dose sculpting. Nouvelles techniques
Les nouvelles techniques de radiothérapie, et de radiothérapie
leur impact sur l'imagerie post-thérapeutique —
radiologie et médecine nucléaire — seront Radiothérapie de conformation
exposés.
Radiothérapie conformationnelle
Les nouvelles techniques de radiothérapie visent à
tridimensionnelle
obtenir une irradiation de haute précision inté-
grant dans la procédure de traitement les derniers Le concept de radiothérapie conformationnelle
développements technologiques en matière tridimensionnelle date déjà de plus de 30 ans.
d'imagerie médicale, de contention, de dosimétrie Mais cette technique n'a pu être réellement testée
et d'appareils de traitement, au prix cependant que dans les 15 dernières années grâce au dévelop-
d'une grande complexité. Aujourd'hui, l'irruption pement conjoint de la puissance des stations de
en radiothérapie thoracique de l'imagerie numé- calcul et de la technologie des accélérateurs [1–3].
rique tridimensionnelle, de l'imagerie fonction- Elle représente aujourd'hui le mode d'irradiation
nelle, et de récentes technologies comme les thoracique le plus habituel en France. Trois étapes
collimateurs multilames, les systèmes d'asservisse- schématiques caractérisent la démarche conforma-
ment respiratoire ou l'irradiation en conditions tionnelle :
stéréotaxiques font naître des espoirs nouveaux • l'acquisition tridimensionnelle des données ana-
pour le traitement des pathologies tumorales tomiques en position de traitement décrivant le
thoraciques. patient et la maladie ;
Tomothérapie
Le principe de la tomothérapie hélicoïdale (TH)
consiste à embarquer sur un statif de scanner un
petit accélérateur d'électrons pour la production des
faisceaux de photons de moyenne énergie (6 MV)
(fig. 4.2). Le faisceau est mis en forme par un sys-
Fig. 4.1. Radiothérapie conformationnelle tridimension-
tème de collimation en fente permettant une irra-
nelle : planification dosimétrique prévisionnelle 3D avec la
projection des 4 faisceaux d'irradiation (3 antérieurs et un diation sur 40 cm de largeur par 1 à 5 cm d'épaisseur
oblique postérieur gauche en jaune). couvrant ainsi une « tranche » (d'où le terme
Chapitre 4. Nouvelles techniques d'imagerie et de radiothérapie en oncologie pulmonaire 65
un niveau, toujours identique, du cycle respira- naire moyenne (12,8 Gy vs 15,6 Gy, p < 0,0001)
toire [17]. Les premiers résultats chez des patients respectivement entre la RAR et la RTC. Ce bénéfice
traités pour un cancer du poumon, du foie ou dosimétrique, notamment dans le sous-groupe avec
mammaires semblent très prometteurs [15, 17, blocage inspiratoire, était corrélé à une diminution
20–23]. de la toxicité pulmonaire aiguë et tardive observée
Récemment ces différentes approches ont été éva- sur le plan clinique et fonctionnel (épreuves fonc-
luées pour les cancers du sein et les cancers du pou- tionnelles respiratoires). Cette réduction de la toxi-
mon dans le cadre d'un programme de soutien aux cité grâce aux différentes techniques de RAR a été
innovations diagnostiques et thérapeutiques coû- également observée pour le cœur et l'œsophage. En
teuses (STIC) suite à l'appel d'offres lancé en 2003. revanche, il n'y avait pas de différence en termes
Vingt services ou départements de radiothérapie des d'efficacité (survies globale et spécifique) selon les
Centres de lutte contre le cancer (CLCC) et de techniques de RAR [23].
Centres hospitalo-universitaires (CHU) se sont
ainsi regroupés dans le but d'éclaircir les décideurs
et fournir des indications précises pour favoriser ou Radiothérapie stéréotaxique
non la diffusion des différentes techniques d'asser-
Généralités
vissement de la respiration en les comparant aux
techniques de radiothérapie conformationnelles Le développement de la radiothérapie stéréo-
classiques (RTC). Six cent soixante-huit patients taxique (RS) permet un ciblage particulièrement
ont été inclus, 319 patients dans le groupe RAR précis. Ces systèmes permettent une réduction des
(radiothérapie asservie à la respiration) et 349 dans volumes de traitement en facilitant l'hypofraction-
le groupe de référence (RTC). Pour les cancers du nement avec des doses quotidiennes nettement
poumon (435 patients), globalement l'ensemble du augmentées (> 10 Gy) et réduisent de façon signi-
traitement reste malheureusement limité en termes ficative la durée du traitement global. On appelle
d'efficacité et relativement toxique. Le grand sous le terme générique de radiothérapie stéréo-
nombre de rechutes locales à l'intérieur des champs taxique une radiochirurgie qui délivre la dose non
d'irradiation associé à une toxicité pulmonaire et seulement en une fraction unique mais aussi en
œsophagienne non négligeable confirme la néces- plusieurs fractions. Elle est le plus souvent
sité d'une technique de très grande précision afin hypofractionnée (3 à 6 fractions) mais peut dans
d'augmenter la dose dans le volume cible tout en certains cas être normofractionnée (dose par frac-
protégeant au mieux les tissus sains avoisinants. La tion comprise entre 1,8 et 2 Gy). Le terme de
RAR pourrait être l'une de ces techniques. Le pre- radiochirurgie est habituellement réservé aux irra-
mier résultat important de cette partie de l'étude diations intracrâniennes en séance unique avec
montre la bonne reproductibilité des différents sys- cadre invasif de repérage stéréotaxique. Cette
tèmes de contrôle de la respiration. Le second point approche offre une haute dose biologique efficace
retient l'augmentation importante du volume pul- de la cible tout en minimisant les effets toxiques
monaire total dans le groupe RAR avec pour corol- sur les tissus normaux. Comme pour la radiochi-
laire une diminution de tous les paramètres rurgie cérébrale, la RS pulmonaire peut être réali-
dosimétriques prédictifs de la toxicité pulmonaire. sée soit par un accélérateur dédié (Cyberknife),
Ce bénéfice est beaucoup plus important pour les soit par un accélérateur classique associé à un sys-
deux systèmes de blocage en inspiration proche de tème spécifique d'immobilisation, de contention,
la maximale par rapport au dispositif de synchroni- et de repérage dans l'espace. Takeda et al. ont
sation respiratoire conduisant à une réduction signi- montré l'intérêt de la TEP-FDG chez les patients
ficative des paramètres dosimétriques prédictifs de bénéficiant d'une RS, avec un meilleur pronostic
pneumopathies interstitielles comme le volume de de récidive locale si la SUVmax (Standardized
poumon recevant une dose de 20 Gy, ou V20, Uptake Value) était inférieure à 6 avant la RS, que
(22,8 % vs 26,5 %, p < 0,0001), ou de 25 Gy ou V25 les patients aient un cancer T1b ou T2, ou qu'ils
(18,8 % vs 23,2 %, p < 0,0001), et la dose pulmo- aient bénéficié de 40 ou 50 Gy [24].
Chapitre 4. Nouvelles techniques d'imagerie et de radiothérapie en oncologie pulmonaire 67
Hadrons
Le terme « Hadronthérapie » inclut une large
panoplie de particules utilisées, ou potentielle-
ment applicables à la radiothérapie incluant les
protons, les neutrons, des ions légers (hélium,
oxygène, carbone) et des ions lourds (néon,
argon). Les protons sont les particules les plus
utilisées dans le monde. Par rapport aux photons
X des accélérateurs linéaires classiques, les pro-
Fig. 4.4. Cyberknife® (Accuray). tons sont caractérisés par un dépôt de dose élevé
68 Imagerie post-thérapeutique en oncologie
sur une très courte distance en fin de parcours reconstruites à partir des coupes TDM. Après éta-
(appelé « pic de Bragg »). Cette propriété phy- lonnage, les unités Hounsfield sont corrélées aux
sique spécifique limite l'irradiation aux tissus densités électroniques des milieux traversés, per-
sains avoisinant le volume cible et facilite ainsi le mettant des calculs dosimétriques précis.
traitement de tumeurs très proches d'organes La place de la TEP-FDG est bien établie lors du
sains très radiosensibles. Sur le plan clinique, cer- bilan d'extension initial des cancers bronchiques.
taines indications sont maintenant solidement Son rôle dans l'évaluation précoce de la réponse
validées, c'est le cas des tumeurs oculaires, des tumorale est en cours d'investigation. D'une
chordomes ou chondrosarcomes de la base du façon générale, le recours à une imagerie multi-
crâne. D'autres sont en cours d'évaluation comme modalité (TDM et TEP-FDG) impose de résoudre
les méningiomes, les tumeurs du cavum locale- des difficultés organisationnelles (accès aux
ment évoluées, certaines tumeurs pédiatriques, équipements sans retarder la prise en charge),
les tumeurs prostatiques, et c'est également le cas techniques (fusion et traitement des images) et
des tumeurs thoraciques [34]. Dans ce domaine médicales (délinéation des volumes cibles).
des protons, des nouveautés se préparent en par-
L'intérêt de la TEP au FDG (dite TEP staging)
ticulier par l'évolution vers une compacité plus
dans le bilan d'extension initial des cancers bron-
grande des cyclotrons amenant à moyen terme à
chiques non à petites cellules est validé [35], et ne
une plus grande diffusion et une meilleure inté-
sera pas traité dans ce chapitre. La TEP peut inter-
gration de la protonthérapie dans les plateaux
venir dans la planification du traitement dite TEP
techniques traditionnels.
planning. Lin et al. ont montré sur 26 patients
que 61 % des patients progressaient entre la TEP
du staging réalisée avant la CT d'induction et une
Place de l'imagerie fonctionnelle TEP-FDG réalisée immédiatement avant la RT
par TEP avant et pendant (ou RCT = radiochimiothérapie) [36]. La conclu-
la radiothérapie pulmonaire sion des auteurs était que si le délai entre la TEP-
FDG staging et la TEP-FDG planning est
Les enjeux actuels concernant l'imagerie en radio- supérieur à 4 semaines, il est probablement préfé-
thérapie sont multiples : rable de refaire la TEP au FDG.
• améliorer l'imagerie préthérapeutique pour une
meilleure définition des indications et des
volumes cibles ; TEP-FDG et volumes cibles
• améliorer la précision du repositionnement en en radiothérapie
cours de traitement, afin de réduire les marges
de sécurité : cette approche ne sera pas abordée Les volumes cibles en radiothérapie
dans ce chapitre ; La description des volumes cible en radiothérapie
• évaluer plus précocement l'efficacité thérapeu- obéit à une terminologie précise (International
tique, à un moment où le traitement peut encore Commission on Radiation Units and Measurements
être modifié et adapté à la sensibilité tumorale. ou ICRU) :
La tomodensitométrie réalisée en position de • le volume cible macroscopique (GTV) comprend
traitement reste incontournable pour les radio- toutes les lésions tumorales (tumeur, ganglions
thérapeutes. L'information anatomique est utili- hilaires ou médiastinaux) visibles en imagerie/
sée d'une part pour la délinéation des volumes endoscopie ;
cibles et des organes à risque lors de la prépara- • le volume cible anatomoclinique (CTV) inclut
tion de l'irradiation, et d'autre part pour vérifier les zones non modifiées en imagerie mais sus-
le positionnement du patient et des faisceaux en ceptibles de contenir des cellules tumorales.
cours de traitement à l'aide d'images de référence Le CTV correspond à l'envahissement micros-
(Digitally Reconstructed Radiographs ou DRR) copique en périphérie de la tumeur primitive ou
Chapitre 4. Nouvelles techniques d'imagerie et de radiothérapie en oncologie pulmonaire 69
aux aires ganglionnaires de drainage (les gan- 10 %) passe de 37 % avec la TDM seule à 84 % avec la
glions augmentés de volume à la TDM ou siège TEP-FDG (p = 0,004) [47]. Des résultats similaires
d'un hypermétabolisme significatif à la TEP- ont été obtenus par Steenbakkers et al. [43], bien que
FDG font partie du GTV) ; le contourage puisse rester difficile en cas d'hypermé-
• Le volume cible de planification (PTV) inclut les tabolisme diffus correspondant probablement à des
marges de sécurité tenant compte des incertitudes zones inflammatoires au sein de l'atélectasie.
de repositionnement sous l'appareil de traitement En fait, la difficulté principale des radiothéra-
et les mouvements internes des organes. peutes tient à l'absence de méthode univoque
Les volumes cibles (ainsi que les organes à risque) reproduisant de façon fiable le contour tumoral.
doivent être tracés par le radiothérapeute sur la Celui-ci varie de façon importante avec les para-
TDM en position de traitement. Le CTV tumoral mètres de visualisation et le seuil choisi pour la
est dessiné autour du GTV soit par expansion iso- valeur de SUV, que la délinéation soit manuelle ou
tropique (marges homogènes de 6 mm pour les automatique. La seule étude publiée confrontant
carcinomes épidermoïdes, de 8 mm pour les adéno volume anatomique (sur pièce opératoire) et
carcinomes autour de la tumeur [37]), soit en volume dessiné sur une TEP-FDG préopératoire
tenant compte d'éventuelles barrières anato- est peu encourageante [48]. Cette limitation tient
miques. Le CTV ganglionnaire correspond habi- au moins en partie à la résolution des images
tuellement aux aires ganglionnaires médiastinales TEP (5 mm vs 1 mm avec la TDM), aux effets de
anatomiques, définies par les chirurgiens [38]. volumes partiels, et aux incertitudes de recalage
Traditionnellement, le médiastin (sauf le hile des images TEP sur la TDM (même lorsque les
controlatéral) et les aires sus-claviculaires étaient acquisitions sont faites sur un appareil associant les
inclus en totalité dans le CTV ganglionnaire. deux modalités).
Anticipant les résultats des études cliniques, l'évo- À ce jour, aucune méthode de segmentation n'a
lution s'est faite vers une irradiation sélective montré sa supériorité :
(voire l'omission complète…) des aires ganglion- • le contourage manuel est à l'origine de grandes
naires en fonction du risque d'envahissement [39] variabilités inter et intra-opérateurs ;
et pour limiter les complications pulmonaires. • les techniques basées sur le seuillage arbitraire
ou adaptatif dépendent d'un modèle mathéma-
TEP-FDG et GTV tumoral tique faisant intervenir la caméra, le filtrage et le
En l'absence d'atélectasie ou d'envahissement par traceur, ce qui complexifie leur généralisation
contiguïté du médiastin ou de la paroi thoracique, compte tenu notamment de la standardisation
le contourage d'une tumeur entourée de poumon et du contrôle de qualité insuffisants ;
sain est aisé sur la TDM, en utilisant les paramètres • la segmentation par détection du gradient d'in-
de visualisation adaptés au parenchyme. La TEP- tensité n'est pas actuellement applicable à la
FDG peut être avantageuse en cas d'hyperméta- TEP compte tenu du flou des images obtenues.
bolisme localisé au sein d'une atélectasie [40–43].
TEP-FDG et GTV/CTV ganglionnaire
Ainsi, Nestle et al. observent une modification des
médiastinal
faisceaux chez 52 % des patients en cas d'atélecta-
sie, contre 17 % en l'absence d'atélectasie Les incertitudes sur la pertinence du contour du/
(p = 0,003) [40]. des GTV ganglionnaire(s) sont moins préoccu-
Par ailleurs, plusieurs études [44–47] ont souligné pantes car le CTV (incluant le GTV correspon-
l'ampleur des discordances intra- et inter-radiothéra- dant) est défini par ses limites anatomiques [37].
peutes lors du contourage du GTV tumoral sans En l'absence de ganglion médiastinal d'aspect
l'aide d'une TEP-FDG. Ainsi, Ashamalla et al. ont pathologique, la définition du CTV repose sur un
montré dans une étude prospective sur 19 patients raisonnement probabiliste, tenant compte du
que la concordance de planification de traitement risque de métastase ganglionnaire (en général, pas
entre deux radiothérapeutes (variabilité inférieure à d'irradiation en cas de risque inférieur à 10 %) et
70 Imagerie post-thérapeutique en oncologie
de la toxicité pulmonaire prévisible. Les travaux qu'il était possible de faire ce complément de dose
fondateurs sont les revues de Giraud et al. [39] et de RT sur les données de la TEP. La définition du
la méta-analyse de Gould et al. [49]. Une étude CTV était celle utilisant l'hypermétabolisme
théorique sur 29 patients suggère que le volume tumoral et ganglionnaire en TEP. Les auteurs
médiastinal à irradier aurait pu être diminué chez n'ont trouvé aucune toxicité de grade 4, une
25 d'entre eux [50]. médiane de survie de 19,3 mois et seulement
Faute d'études randomisées publiées à ce jour, la 1 récidive ganglionnaire médiastinale sur 23 [55].
validation clinique de cette démarche reste très Enfin, l'étude de phase III PET START (ASCO
partielle. Le risque de rechute ganglionnaire en 2011) a montré que la survie globale à 2 ans était
médiastin non irradié apparaît faible, mais les identique entre les patients ayant bénéficié d'une
observations publiées peuvent aussi s'expliquer RT basée sur les données de la TDM ou de la
(au moins en partie) par la sélection des patients, TEP-FDG (39 % vs 47 % ; p = 0,8). L'ensemble de
l'action de la chimiothérapie séquentielle ou ces éléments conforte l'idée de proposer un com-
concomitante, et les doses non négligeables reçues plément de dose de RT, basé sur les données de la
à proximité des volumes cibles ou sur le trajet des TEP-FDG.
faisceaux (irradiation non intentionnelle). En pra-
tique, les radiothérapeutes ont déjà pris l'habitude
de réduire les volumes médiastinaux irradiés à titre Perspectives
prophylactique, préférant remplir les objectifs
La TEP-FDG contribue à améliorer la pertinence
(doses et volumes) de traitement dans les zones
et la concordance des volumes cible dessinés par
où la présence de cellules tumorales est objective-
les radiothérapeutes. Schématiquement, les
ment démontrée (GTV) sans compromettre la
volumes cible sont diminués, inchangés ou aug-
tolérance pulmonaire du traitement.
mentés dans environ 30 % des cas respectivement
TEP-FDG et synchronisation avec, potentiellement, d'importantes consé-
respiratoire (gated PET) quences thérapeutiques. La réduction des
volumes cibles ouvre la voie à une moindre toxi-
Toutes les études ayant réalisé de la synchronisa- cité (à dose égale) ou à une augmentation de la
tion respiratoire montrent une diminution des dose totale (à toxicité inchangée). L'augmentation
déplacements mesurés, une meilleure estimation des volumes cibles doit permettre d'éviter l'omis-
des volumes et une augmentation de la SUVmax sion d'une partie du volume cible, mais peut aussi
[51, 52]. Des études ont montré l'intérêt de la amener à contre-indiquer une irradiation qui
TEP-FDG synchronisée à la respiration pour la serait trop toxique. L'individualisation des traite-
définition du PTV [53], ce d'autant que les sys- ments passe donc par une meilleure sélection des
tèmes les plus récents permettent désormais une patients.
synchronisation en TEP et en TDM. Si la RT se L'utilisation de la TEP-FDG pour la planification
fait progressivement avec asservissement respira- de la radiothérapie rencontre plusieurs difficultés
toire, il est probable que la TEP-TDM synchroni- concrètes :
sée deviendra elle aussi indispensable. • l'accessibilité de la caméra TEP dans un délai
raisonnable pour ne pas retarder le début de la
Complément de dose de radiothérapie
radiothérapie ;
sur les zones hypermétaboliques
• des procédures d'assurance de qualité rigou-
En 2010, Bradley et al. ont montré qu'il était pos- reuses, notamment pour la mesure de la SUV et
sible de faire un complément de dose de RT dans la délinéation des zones hyperactives ;
les CPNPC [54]. L'équipe de Freiburg a ensuite • la validation des modalités de délinéation des
montré dans l'étude PET-PLAN (phase II), sur zones hyperactives, en concertation entre
32 patients ayant un CBPNC stade II-III (16 radiothérapeutes, radiologues et médecins
compléments de dose, allant de 66,6 à 73,8 Gy), nucléaires.
Chapitre 4. Nouvelles techniques d'imagerie et de radiothérapie en oncologie pulmonaire 71
demi-vie plus longue que le fluor-18 (t½=110 min) médecine nucléaire (SFMN) est en cours de mise
comme les 89Zn, 124I, 86Y, 64Cu ou produits par en place visant a étudié l'intérêt d'un complément
générateurs (68Ga, 82Rb) permettront probable- de dose de radiothérapie dans les cancers pulmo-
ment à court terme l'émergence de nouveaux tra- naires non opérables basé sur l'imagerie TEP au
ceurs à usage clinique. FMISO (essai RTEP5 – PHRC [Programme hos-
En cancérologie pulmonaire, nous avons mon- pitalier de recherche clinique] 2011).
tré qu'il était possible de faire plusieurs images
TEP avec différents traceurs (FDG pour le Synthèse
métabolisme, FLT pour la prolifération cellu-
En radiothérapie, la tendance actuelle est d'installer des
laire et FMISO pour l'hypoxie), avant et en équipements permettant d'une part l'irradiation confor-
cours de RT (essai RTEP4 [62]) (fig. 4.5), per- mationnelle avec modulation d'intensité (RCMI) et
mettant d'envisager de l'imagerie fonctionnelle d'autre part le contrôle de la position du patient par ima-
multitraceurs [63]. gerie « 3D » embarquée sur l'appareil de radiothérapie
ou en position fixe dans la salle de traitement pour véri-
fier le positionnement du patient [64]. Des solutions sont
Intérêt potentiel d'un traceur également proposées pour adapter l'irradiation aux
de l'hypoxie changements de forme ou de taille du volume cible et
pour synchroniser avec les mouvements d'organes à
Nous avons vu ci-dessus qu'avait émergé le chaque séance (gating, tracking, etc.). Un autre attrait
concept de complément de doses de RT. Dans la de ces technologies de haute précision limitant l'irradia-
mesure où l'hypoxie tumorale est un facteur de tion des tissus sains et la toxicité induite concerne leurs
radiorésistance, des auteurs ont évoqué la possibi- associations potentiellement plus aisées et moins mor-
lité d'effectuer un complément de dose de RT sur bides avec les chimiothérapies et les nouvelles thérapies
les volumes hypoxiques. De nombreuses revues ciblées qu'avec la radiothérapie classique. Pour sa part,
ont été publiées, mais peu d'études prospectives la radiothérapie stéréotaxique est une technique de
sont actuellement disponibles dans la littérature et haute précision potentiellement capable d'améliorer le
contrôle local, et peut-être, par voie de conséquence,
elles concernent surtout les tumeurs de la sphère
la survie des patients traités pour un CBNPC. L'analyse
ORL. Un essai prospectif entre la Société française des résultats cliniques actuels est encore difficile
de radiothérapie (SFRO) et la Société française de
Fig. 4.5. Patient étudié avec du FLT (gauche), FDG (centre) et FMISO (droite) avant et pendant une radiothérapie pulmonaire.
Chapitre 4. Nouvelles techniques d'imagerie et de radiothérapie en oncologie pulmonaire 73
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Chapitre 5
Cancers du sein : diagnostic,
traitement et aspect
post-thérapeutique
traitement conservateur avec radiothérapie, qui etc. La topographie peut être marquée par un
est préféré à la mastectomie pour des tumeurs qui clip déposé au centre de la tumeur au moment
ne dépassent pas 3 cm [2]. En revanche la mastec- des prélèvements. De même, la topographie de la
tomie réduit le risque de récidive locale [2]. Le lésion pourra être indiquée au chirurgien grâce à
bilan d'extension locale vise donc à bien sélection- la mise en place par ponction percutanée d'un
ner les patientes candidates au traitement conser- hameçon au centre du lit tumoral (fig. 5.1). Ce
vateur pour réduire le risque d'exérèse incomplète. repérage guide ensuite le chirurgien jusqu'à la
Le bilan radiologique local détermine la taille de tumeur.
la lésion, sa topographie, son extension et la pré- L'échographie complète la mammographie à la
sence d'autres lésions associées. Il comprend sys- recherche de lésions surnuméraires dans des seins
tématiquement une mammographie (fig. 5.1) et denses. Elle permet également d'explorer les aires
une échographie. La mammographie diagnos- ganglionnaires en incluant l'aisselle et les creux sus
tique (incidences face et oblique) est complétée et sous-claviculaires.
avec le profil strict du sein pathologique pour L'IRM mammaire est plus sensible que l'image-
déterminer précisément la topographie de la rie mammographique et échographique pour
lésion et les clichés en compression avec agran- détecter des tumeurs multiples [3]. La sensibi-
dissement géométrique pour améliorer l'analyse lité de détection de cancer additionnel serait de
des anomalies — microcalcifications, spicules, 81 % pour l'IRM contre 66 % pour la mammo-
A C
Fig. 5.1. Prise en charge d'un CCIS (carci-
nome canalaire in situ) visible sous la forme
d'un foyer de microcalcification du QSE (qua-
drant supéroexterne) du sein gauche (têtes de
flèches) chez une femme de 55 ans, macro-
biopsié sous stéréotaxie.
Le bilan d'extension local se limite aux clichés
réalisés à la phase diagnostique (clichés de
face, obliques, de profils et agrandissement).
Ce sont ces clichés qui sont utilisés au moment
du repérage par mise en place d'un hameçon
(flèche) au sein du lit tumoral par ponction per-
cutanée sous contrôle radiographique.
LCC : Left Craniocaudal ; LMLO : Left Mediolateral
B Oblique ; LML : Left Medial Lateral.
Chapitre 5. Cancers du sein : diagnostic, traitement et aspect post-thérapeutique 79
graphie. L'IRM retrouverait 3 à 4 % de cancers in situ isolées ou les composantes in situ asso-
controlatéraux. En revanche, l'adjonction de ciées à un cancer invasif [4] avec des sensibili-
l'IRM au bilan conventionnel augmente le taux tés de 56 et 92 % pour la mammographie et
de faux positifs et par conséquent le nombre de l'IRM respectivement [4] (fig. 5.2). L'IRM
biopsies inutiles. L'IRM est également légère- permet de mesurer plus précisément la taille
ment plus performante pour détecter les formes des lésions que la mammographie avec des
A
B
D
Fig. 5.2. Épisode de mastite chez une femme de 28 ans.
La mammographie (A et B) montre des seins denses (type 4) sans lésion suspecte et l'échographie (C) une masse de 10 mm, hypo-
échogène, ovalaire et circonscrite dans le QII (quadrant inféro-interne) du sein gauche classée ACR 3 (American College of Radiology).
Une biopsie à l'aveugle d'une induration du QIE (quadrant inféroexterne) du sein gauche trouve un CCIS. Une IRM est réalisée au cours du
bilan d'extension chez cette femme de moins de 40 ans à fort risque de cancer multiples. Elle retrouve une prise de contraste segmentaire
dans le QIE du sein gauche (D, têtes de flèches) correspondant au CCIS biopsié et la masse ovalaire bien limitée avec un rehaussement
peu intense et progressif (type I) dans le QII du sein gauche (D, flèche) correspondant à l'image échographique classée ACR 4a compte
tenu du risque élevé de la patiente. La microbiopsie sous échographie de cette masse montre un CCI (cancer canalaire infiltrant).
RCC : Right Craniocaudal ; RMLO : Right Mediolateral Oblique.
80 Imagerie post-thérapeutique en oncologie
mesures similaires à celle de l'histologie dans les résultats devraient être discutés en RCP.
38–64 % des cas pour les IRM et 27–43 % pour Toute découverte d'une lésion modifiant le traite
la mammographie [5, 6]. ment doit systématiquement être contrôlée
La sensibilité de l'IRM pour le bilan d'exten- histologiquement avant de changer la stratégie
sion des carcinomes lobulaires invasifs serait thérapeutique.
de 93 %. Cet examen détecterait 32 % de
lésions supplémentaires dans le sein homolaté- Les indications potentielles de l'IRM sont :
ral et 7 % dans le sein controlatéral (fig. 5.3). 1. les femmes à risque de cancer multiples :
Le geste chirurgical serait modifié dans 28 % – en cas d'histologie de carcinome lobulaire invasif
des cas [7]. (cancers additionnels ipsilatéraux dans 32 % des cas,
controlatéraux dans 7 % des cas),
L'IRM mammaire permettrait d'éviter dans 5 à
– chez des femmes de moins de 40 ans (fig. 5.2),
10 % des cas une irradiation partielle du sein ina- – chez les femmes à haut risque de cancer du sein
daptée, décidée sur le bilan conventionnel seul en raison d'une mutation génétique (BRCA, etc.),
[8–11]. – d'une irradiation médiastinale (cancers multiples
Néanmoins, l'IRM mammaire n'est pas toujours dans 50 %) ;
indiquée. En effet, si l'IRM est l'examen le plus 2. les choix thérapeutiques difficiles :
sensible pour la détection des lésions mammaires, – en cas de discordance entre la clinique et l'image-
ce gain en détection ne s'accompagne pas d'une rie standard (fig. 5.4),
– en cas de choix entre la chirurgie oncoplastique,
amélioration de la prise en charge chirurgicale
le traitement conservateur et la mastectomie après
initiale dans la population générale. L'étude
chimiothérapie néoadjuvante.
COMICE portant sur 1 623 patientes retrouve
plus de mastectomies dans le groupe de patientes
ayant eu un bilan d'extension avec IRM (7 %) que L'ensemble des éléments colligés par les examens
dans le groupe sans IRM (1 %). Il n'y a donc pas cliniques et paracliniques du bilan initial précé-
d'indication à la réalisation systématique de cet demment décrit permet une évaluation de l'ex-
examen. De plus, son ajout ne doit pas retarder la tension locorégionale de la tumeur. La recherche
prise en charge thérapeutique. Les indications et de métastases (par l'imagerie ou la biologie) n'est
A B
Fig. 5.3. Bilan d'extension en IRM d'un CLI (cancer lobulaire infiltrant) infiltrant et rétractant le sein gauche (A, flèche) chez
une femme de 58 ans.
L'IRM révèle la présence d'une seconde masse de forme irrégulière, spiculée au contact de kystes dans le QSE du sein droit
(A, têtes de flèches). L'échographie de second look (B) retrouve la masse initialement passée inaperçue masquée par les kystes.
La microbiopsie échoguidée de cette masse retrouve un CLI.
Chapitre 5. Cancers du sein : diagnostic, traitement et aspect post-thérapeutique 81
pas systématique et doit être réservée aux (ganglions axillaires suspects fixés entre eux ou à
patientes présentant des points d'appel cliniques. d'autres structures ou ganglion thoracique
Elle ne doit pas retarder la prise en charge en interne suspect en l'absence de ganglion a xillaire
milieu spécialisé. Le scanner thoracoabdominal suspect) ou N3 (ganglions sus-claviculaires
est indiqué dans le bilan initial d'extension en cas homolatéraux suspects ou mammaires internes
de cancer à risque élevé de métastases. Il s'agit des homolatéraux suspects avec ganglions axillaires
cancers du sein classés T3 (tumeur supérieure à suspects) (fig. 5.5). Un scanner thoraco-abdo-
5 cm) ou T4 (tumeur avec une extension directe mino-pelvien est également indiqué en cas de
soit à la paroi thoracique soit à la peau) ou N2 point d'appel clinique.
A B
Fig. 5.4. Palpation d'une masse de 4 × 4 cm dans le QSE du sein gauche chez une femme de 56 ans.
L'échographie (A) retrouve deux masses de forme et de contours irréguliers de 7 et 8 mm distantes de 10 mm dans le QSE gauche
classé ACR 4b. La discordance entre l'examen clinique et l'échographie impose la réalisation d'une IRM afin d'orienter le chirur-
gien vers une tumorectomie ou une mastectomie. L'IRM (B) montre une masse de forme et de contours irréguliers de 4 cm (flèche).
Fig. 5.5. Bilan d'extension chez une jeune femme de 43 ans prise en charge pour un cancer du sein inflammatoire.
Le cancer du sein inflammatoire se présente volontiers sous une forme de cancers multiples et 5 % des femmes prises en charge
pour ce type de cancer sont métastatiques d'emblée. L'IRM mammaire montre une non-masse segmentaire infiltrant le tiers moyen
du sein droit (étoile), une masse homogène de forme ovalaire et de contours circonscrits (tête de flèche) dans le QSE, une infiltration
du muscle pectorale (flèche creuse), un épanchement pleural spécifique (tête de flèche creuse), une lésion controlatérale (flèche).
82 Imagerie post-thérapeutique en oncologie
Fig. 5.6. Mammographie (4 images à gauche) et mammoscintigraphie (4 images à droite) chez une patiente présentant un
petit carcinome canalaire infiltrant du sein droit.
La mammographie montre une petite zone dense aux contours irréguliers au niveau du quadrant supéroexterne du sein droit. La
mammographie montre que la petite structure du quadrant supéroexterne du sein droit fixe fortement le MIBI, ce qui est en faveur
d'une origine maligne. La fixation du MIBI en regard des mamelons est physiologique.
Figures fournies par West Valley Imaging.
Chapitre 5. Cancers du sein : diagnostic, traitement et aspect post-thérapeutique 83
pénètre dans le cytoplasme et il se fixe à l'intérieur dépistage chez des patientes asymptomatiques. Elle
des mitochondries. Sa captation est liée au degré doit être utilisée comme une procédure diagnos-
d'angiogenèse, au métabolisme oxydatif, à une tique complémentaire à la mammographie quand
forte activité mitotique (valeur élevée du Ki-67), et celle-ci est douteuse ou difficile à interpréter.
à un grade SBR (Scarff Bloom Richardson) élevé Cependant, des industriels commercialisent depuis
[12, 13]. La captation dépend aussi du type histo- peu des caméras dédiées (Breast Specific Gamma
logique, les carcinomes mucineux à faible cellula- Imaging : BSGI). Ces caméras dédiées ont une
rité ne fixant quasiment pas le Sestamibi [14]. La sensibilité accrue [18–20].
99m
Tc-Tetrofosmine+ est également un cation lipo-
Dans une étude portant sur 82 patientes, la modi-
phile ; sa captation tumorale est très proche de celle
fication de la prise en charge chirurgicale suite à un
du Sestamibi, mais elle fait intervenir en plus la
examen effectué avec une caméra de type BSGI a
pompe Na-K ATPase [15]. Le principe de détec-
été de 22 % [21]. Une autre technologie, basée sur
tion est celui de l'imagerie d'émission monophoto-
des détecteurs à semi-conducteur (CZT :
nique. Ces deux traceurs sont marqués par du
Cadmium Zinc Telluride), permet de détecter des
technétium 99m qui émet des photons secondaire-
lésions de 4 mm, L'irradiation à la glande serait
ment détectés par le système d'imagerie. Le traceur
comparable à celle d'une mammographie [21–23].
est injecté dans le bras opposé à la lésion ou au
Le positionnement clinique de la scintimammo-
niveau d'une veine du pied en cas de lésions bilaté-
graphie avec des détecteurs dédiés reste à valider.
rales. Les images sont acquises une dizaine de
Les caméras dédiées semblent d'ores et déjà utiles
minutes après l'injection. Le sein est disposé entre
en cas de seins denses, pour lesquels l'association
deux détecteurs et différentes incidences peuvent
avec la mammographie apparaît pertinente [24].
être enregistrées.
Les indications de la scintimammographie reposent
Ces traceurs permettent de visualiser les
essentiellement sur les données acquises avec le
tumeurs primitives, et parfois également les 99m
Tc-Sestamibi. Les principaux sous-groupes de
adénopathies envahies. Les performances du
patientes qui pourraient bénéficier de cette scinti-
99m
Tc-Sestamibi pour la détection du cancer pri-
graphie sont :
mitif ont été assez largement étudiées [12, 16,
• les patientes avec un tissu mammaire dense à la
17]. La sensibilité semble varier de 80 à 90 %
mammographie. En effet, la sensibilité du
avec une moyenne de 85 %. Elle est plus élevée
Sestamibi est alors meilleure que celle de la
s'il s'agit d'une masse palpable ; la sensibilité est
mammographie ;
basse pour les lésions inférieures à 10 mm et les
• les patientes avec des modifications iatrogé-
lésions de moins de 5 mm ne sont le plus sou-
niques du sein. La spécificité de la mammogra-
vent pas détectables. La spécificité est un peu
phie est dans ces cas moins bonne que pour les
plus élevée avec une moyenne de 89 %. Bien
seins non traités ;
que le 99mTc-Sestamibi soit plus avidement
• les patientes avec des implants mammaires. La
concentré dans les cancers du sein que dans les
mammographie est souvent difficile à interpré-
lésions bénignes, ces dernières peuvent néan-
ter dans ce cas, tandis que la scintigraphie n'est
moins fixer le traceur et être responsables de
pas affectée par l'implant ;
faux positifs, en particulier les lésions fibrokys-
• les patientes avec une masse palpable et une
tiques prolifératives. Dans les lésions bénignes,
mammographie normale ou douteuse.
la fixation est d'intensité faible ou modérée,
habituellement hétérogène, et plus souvent dif- Avec le développement de l'imagerie par émission de
fuse que focalisée. positons, la scintimammographie est aujourd'hui
concurrencée par la mammo-TEP (en anglais :
Cette technique est peu disponible sur le territoire
Position Emission Mammography, PEM). Comme la
français. En raison de sa mauvaise sensibilité pour
scintimammographie, la mammo-TEP est une tech-
les lésions de moins de 10 mm, la scintimammo-
nique d'imagerie nucléaire dédiée à l'exploration de
graphie ne doit pas être utilisée comme test de
la glande mammaire. L'imagerie TEP corps entier
84 Imagerie post-thérapeutique en oncologie
conventionnelle est effectuée à l'aide de détecteurs Par ailleurs, avec la mammo-TEP comme avec la
habituellement positionnés à environ 20–30 cm des TEP-TDM, des examens faussement positifs sont
glandes mammaires, ce qui limite la sensibilité [25]. possibles : fixation du FDG parfois faible par cer-
De plus, les cristaux élémentaires des détecteurs taines tumeurs bénignes et fixation relativement
conventionnels sont relativement larges (> 4 mm), ce élevée par les mastites inflammatoires. À ce propos,
qui limite la résolution spatiale [25]. Les systèmes certaines équipes réalisent des images tardives cen-
TEP dédiés à l'imagerie de la glande mammaire trées sur la glande mammaire (1 h 30 à 2 h après
(mammo-TEP) sont composés par des détecteurs l'injection du FDG) en complément de l'enregistre-
positionnés à proximité de la glande mammaire et ment effectué à 1 h, car la fixation du FDG a ten-
formés par des cristaux élémentaires de petite taille dance à augmenter lors du second enregistrement
[25]. Ces systèmes, le plus souvent constitués par pour les lésions malignes alors qu'elle a plutôt ten-
deux détecteurs planaires accolés de part et d'autre dance à diminuer pour les lésions bénignes [46, 47].
de la glande mammaire, ont une sensibilité et une Au total, ni la scintimammographie, ni la mammo-
résolution spatiale accrues [25–27]. La résolution TEP ne sont recommandées en routine pour l'éva-
spatiale est proche de 1,8 mm [26]. Des résultats luation de la tumeur primitive, pour déterminer le
préliminaires ont montré que la mammo-TEP pré- T-score et pour aider à la décision du geste chirurgi-
sente de meilleures performances que les systèmes cal. À l'heure actuelle, l'utilisation de ces deux tech-
TEP corps entier [28–30]. La mammo-TEP a égale- niques ne peut être envisagée qu'en seconde
ment été comparée à l'IRM. Dans l'étude de Berg, intention, lorsque les techniques d'imagerie conven-
388 femmes qui devaient subir une chirurgie conser- tionnelle sont insuffisantes.
vatrice ont bénéficié d'une IRM avec injection de
produit de contraste et d'une mammo-TEP [31].
Place de la médecine nucléaire pour le bilan
L'IRM avait une meilleure sensibilité pour la détec-
d'extension du cancer du sein
tion des petites lésions et pour déterminer les indica-
tions de mastectomie. En revanche, la mammo-TEP L'imagerie nucléaire joue un rôle important dans le
avait une spécificité supérieure [31]. bilan d'extension des tumeurs à risque métasta-
tique significatif. Compte tenu de la faible préva-
Pour la mammo-TEP comme pour la TEP-TDM
lence de métastases pour les patientes atteintes de
corps entier, les performances de l'imagerie au FDG
tumeur T1 et T2 sans envahissement ganglionnaire
dépendent des caractéristiques histologiques et bio-
clinique, il n'est pas nécessaire de réaliser un bilan
logiques de la tumeur. La fixation du FDG est plus
d'extension, en l'absence de point d'appel [48].
élevée pour le carcinome canalaire infiltrant que
pour le carcinome lobulaire infiltrant, qui peut être
source d'examen faussement négatif [32–37]. Le Les experts de l'Institut national du cancer (INCA)
carcinome canalaire in situ ne fixe pas ou fixe très recommandent un bilan d'extension [48] :
faiblement le FDG [15]. L'intensité de la captation • pour les tumeurs cT3-T4 ou cN + (que les patientes
est fortement corrélée au grade SBR [32, 38–41]. reçoivent ou non un traitement systémique néoadjuvant) ;
Les tumeurs avec une prolifération tumorale élevée • après la chirurgie, en cas d'envahissement ganglion-
(Ki67 élevée) sont également plus fixantes [33, 34, naire macrométastatique.
38, 41]. Des séries récentes ont montré que les Pour les experts de l'INCA, le bilan d'extension peut
tumeurs qui n'expriment pas les récepteurs hormo- reposer sur l'une des trois options suivantes :
• la radiographie de thorax + l'échographie abdominale +
naux sont plus fixantes [32, 38, 42, 43, 44]. La plu-
la scintigraphie osseuse ;
part des équipes n'a pas trouvé de corrélation entre • la TDM thoracoabdominale + la scintigraphie osseuse ;
la captation du FDG et la surexpression de HER2 • la TEP-TDM au FDG seule.
[32, 34]. Les tumeurs de phénotype triple négatif
(tumeurs n'exprimant ni les récepteurs de l'œstro-
gène, ni ceux de la progestérone, et sans surexpres- Plusieurs études ont montré la valeur importante
sion de HER2) présentent également une fixation de la TEP-TDM au FDG pour le bilan d'exten-
accrue du FDG [32, 37, 45]. sion des patientes avec un cancer de stade III,
Chapitre 5. Cancers du sein : diagnostic, traitement et aspect post-thérapeutique 85
localement avancé ou inflammatoire [49, 51, 52]. maire interne). La mise en évidence d'une adénopa-
Certaines études récentes ont montré que la TEP- thie extra-axillaire peut être utile pour définir le plan
TDM pourrait également être utile pour les de traitement, notamment pour délimiter le volume
femmes présentant un cancer de stade II [53, 60]. cible de radiothérapie et/ou éventuellement pour
Ces travaux suggèrent que la TEP-TDM pourrait programmer un curage ganglionnaire.
fournir d'importantes informations en détectant La TEP-TDM au FDG est également utile pour la
des adénopathies extra-axillaires et/ou des métas- détection des métastases à distance. Le cancer du
tases occultes à distance. sein inflammatoire est associé à un taux élevé de
La TEP-TDM peut être utilisée pour rechercher métastases, et la TEP-TDM est utile pour détecter
une atteinte des ganaglions lymphatiques en cas de les métastases occultes chez ces patientes [49–52].
tumeur avancée (fig. 5.7). Le couplage TEP-TDM En dehors du cancer inflammatoire, plusieurs
est particulièrement performant [49, 53–60]. Les études ont suggéré que la TEP-TDM pourrait
données morphologiques TDM de l'examen TEP- aussi être utile pour détecter des métastases chez
TDM permettent de corriger les faux positifs les patientes atteintes d'un cancer de stade II ou
comme un hypermétabolisme au niveau de la III [54–56, 58]. Dans une série prospective de
graisse brune ou au sein d'un muscle. De plus, la 254 patientes que nous avons suivies pendant plu-
TDM sous-jacente permet de localiser précisément sieurs années, la TEP-TDM a été très utile sur leur
les adénopathies métastatiques. Il est ainsi possible prise en charge initiale avec un impact important
de différencier une adénopathie axillaire du niveau sur la survie pour les groupes de stades IIB (T3N0
III d'une adénopathie plus bas située (niveaux I et ou T2N1), IIIA (T3N1 ou T1-3 N2), IIIB
II). Cette information est importante car habituel- (T4N0-2) et IIIC (TxN3) [55]. L'impact a été
lement le curage ganglionnaire se limite aux moins net pour les patientes de stade IIA (T2N0
niveaux I et II, un curage du niveau III étant source ou T1N1).
d'une morbidité élevée. De plus, la TEP-TDM per- En dehors du cerveau, la TEP-TDM au FDG est
met de rechercher des métastases ganglionnaires sensible pour la détection des métastases dans les
extra-axillaires (région sus-claviculaire, chaîne mam- différents tissus et organes comme l'os, les chaînes
Fig. 5.7. Rôle de la TEP-TDM pour le bilan d'extension initial du cancer du sein.
Patiente présentant un carcinome canalaire infiltrant du sein droit de forme inflammatoire. En plus de la tumeur primitive, la
TEP-TDM montre une atteinte locorégionale avec la présence d'adénopathies hypermétaboliques axillaires, mammaires internes
et sus-claviculaires droites. La tumeur est classée T4dN3cM0 (stade IIIC).
86 Imagerie post-thérapeutique en oncologie
ganglionnaires (notamment cervicales, axillaires, ment difficile en raison de la fréquence des lésions
médiastino-hilaires et abdominales), le poumon, dégénératives rachidiennes. En cas de point chaud
la plèvre, le foie, la rate, les ovaires, etc. unique sur le rachis, un peu plus de la moitié des
Parmi les sites métastatiques, l'os est le plus fré- cas (57 %) se révèle être bénin [62]. En l'absence
quent. Trois techniques d'imagerie nucléaire d'imagerie TEMP/TDM, de nombreuses hyper-
peuvent être utilisées pour la recherche d'une fixations de la scintigraphie osseuse planaire
atteinte osseuse : la TEP-TDM au FDG, la TEP- restent de nature indéterminée et requièrent une
TDM au FNa et la scintigraphie osseuse aux confrontation avec d'autres modes d'imagerie
biphosphonates-99mTc (MDP-99mTc, EHDP- pour pouvoir trancher. Les radiographies osseuses
99mTc et HMDP-99mTc). standards ne sont pas d'une grande aide car pour
être visible, la lésion doit être relativement volu-
La scintigraphie aux biphosphonates-99mTc a
mineuse, avec une perte importante de l'os trabé-
joué et joue encore un rôle important dans l'éva-
culaire. La lésion scintigraphique précède la lésion
luation de l'atteinte osseuse du cancer du sein. Il
radiographique de 4 à 18 mois [63]. Pour tran-
s'agit d'un examen corps entier alors que le plus
cher sur l'origine d'un foyer détecté en scintigra-
souvent la TEP-TDM au FDG s'arrête à la racine
phie planaire, il est souhaitable de recourir aux
des cuisses. Bien que sa sensibilité soit assez éle-
techniques tomographiques de type TEMP/
vée, la scintigraphie planaire peut comporter des
TDM ou à l'IRM, ou encore à la TEP [51, 54,
faux négatifs en particulier pour les lésions lytiques
61]. Contrairement à la scintigraphie osseuse, en
sans composante ostéoblastique et pour les lésions
TEP-TDM au FDG, le radiopharmaceutique se
de petite taille. Un super bone scan qui correspond
concentre dans les cellules tumorales et non pas
à un important envahissement ostéomédullaire ne
dans l'os réactionnel péritumoral [64]. Les métas-
doit pas être confondu avec une scintigraphie nor-
tases ostéolytiques sont ainsi beaucoup mieux
male. Le super bone scan correspond à « une trop
détectées. Il a été suggéré que la TEP-TDM au
belle image », le squelette axial (notamment le
FDG pourrait manquer de sensibilité pour la
rachis et le bassin) fixant fortement le traceur alors
détection des métastases ostéocondensantes [65].
que les membres et les reins sont à peine visibles.
En accord avec plusieurs études récentes, dans
La scintigraphie planaire corps entier est actuelle-
notre expérience, la scintigraphie osseuse ne nous
ment souvent complétée par une étude tomogra-
semble pas nécessaire lorsqu'une TEP-TDM au
phique (en 3D) et associée à un enregistrement
FDG est réalisée pour le bilan d'un cancer du
tomodensitométrique. Ces nouveaux systèmes
sein [51, 55, 60, 66].
d'imagerie (tomographie par émission monopho-
tonique couplée à la tomodensitométrie : TEMP/ Un traceur différent du FDG peut être utilisé
TDM, SPECT/CT en anglais) ont révolutionné pour l'imagerie TEP-TDM : le FNa. Ce radio-
la scintigraphie planaire conventionnelle [61]. Ils pharmaceutique a obtenu une AMM en juillet
ont permis d'augmenter la sensibilité, en particu- 2008. Il s'agit d'un traceur à tropisme exclusive-
lier au niveau du rachis, mais aussi la spécificité en ment osseux. Le mécanisme de la captation du
montrant la position des anomalies sur les ver- 18F-fluorure est similaire à celui des biphospho-
tèbres et en apportant la sémiologie du scanner X. nates utilisés lors de la scintigraphie osseuse. Son
La scintigraphie osseuse planaire convention- accumulation dépend de l'activité ostéoblastique
nelle souffre en effet d'une spécificité médiocre. et du flux vasculaire local [67]. Il ne s'agit pas
Une hyperactivité focale n'est pas spécifique d'un traceur spécifique des métastases puisque
d'une métastase. D'autres lésions focales, comme toute cause d'augmentation du métabolisme
une ostéoarthrite, des fractures de côte, peuvent osseux (foyers de fracture, ostéomyélite, maladie
donner la même image scintigraphique et rendre de Paget, dysplasie fibreuse, etc.) est à l'origine
le diagnostic difficile. En l'absence de TEMP/ d'une fixation accrue du FNa. Sans augmenter la
TDM, l'interprétation des hyperfixations uniques dose reçue par le patient, la TEP au FNa pré-
ou multiples au niveau du rachis est particulière- sente des performances diagnostiques supé-
Chapitre 5. Cancers du sein : diagnostic, traitement et aspect post-thérapeutique 87
( doxorubicine) et les taxanes (docétaxel, paclitaxel). cancer du sein [72, 73]. Le choix des traitements
Les anthracyclines ont comme principaux effets (chimiothérapie adjuvante, champs de radiothé-
secondaires une toxicité hématologique et une toxi- rapie, etc.) va dépendre entre autres du statut
cité cardiaque. Les taxanes ont comme principaux ganglionnaire. Le curage axillaire systématique
effets secondaires une toxicité hématologique et devant tout cancer invasif a longtemps été consi-
une toxicité neurologique à type de neuropathie déré comme un standard thérapeutique [74]. La
périphérique. généralisation du dépistage par mammographie
et l'autopalpation font que le cancer est décou-
Hormonothérapie vert à des stades de plus en plus précoces. La pro-
babilité d'envahissement ganglionnaire axillaire
Le cancer du sein est un cancer classiquement hor-
dépend de la taille de la tumeur. Elle est de
monosensible ; un traitement adjuvant par hormo-
l'ordre de 5–10 % pour les tumeurs T1a (≤ 5 mm),
nothérapie pourra être délivré en cas d'expression
15 % pour les tumeurs T1b (6–10 mm), 30 %
de récepteurs hormonaux par les cellules cancé-
pour les tumeurs T1c (11–20 mm), et elle
reuses (70 % des cancers du sein) et la présence de
dépasse 40 % dans les tumeurs de plus grande
facteurs de risque de récidive de la maladie. Deux
taille [72, 73]. Le prélèvement du (ou des)
types d'hormonothérapie sont classiquement envi-
ganglion(s) sentinelle(s) a pour objectif d'obtenir
sageables :
la même information sur le statut ganglionnaire,
• le tamoxifène qui est un antagoniste du récep-
tout en évitant un curage axillaire aux patientes
teur aux œstrogènes ;
indemnes de métastases.
• et les inhibiteurs de l'aromatase qui inhibent la
conversion de stéroïdes en œstrogènes au La technique du ganglion sentinelle repose sur le
niveau périphérique. principe d'une progression ordonnée de l'invasion
lymphatique ganglionnaire, qui suit l'ordre de
Thérapie ciblée drainage à partir du site tumoral, permettant de
prédire l'absence d'atteinte ganglionnaire si le pre-
Certains cancers du sein ont comme particularité mier relais est indemne [75–77]. L'identification
de surexprimer au niveau de la membrane cellu- de ce premier relais ganglionnaire peut se faire en
laire l'oncoprotéine cerbB2. Cette surexpression injectant à proximité du lit tumoral soit des parti-
identifiée par immunohistochimie est un facteur de cules colorées (bleu patenté, bleu isosulfan), soit
mauvais pronostic et est retrouvée dans environs des colloïdes radiomarqués (sulfure de rhénium
20 % des cancers du sein. La prise en charge des colloïdal marqué au 99mTc ; nanocolloïdes d'albu-
patientes dont la tumeur surexprime cerbB2 a été mine humaine marquées au 99mTc). Suite à la
révolutionnée par le trastuzumab qui est un anti- migration de ces particules au niveau des voies
corps monoclonal dirigé contre le récepteur lymphatiques, l'identification chirurgicale du (ou
cerbB2. Ce traitement est délivré pendant la des) ganglion(s) sentinelle(s) est possible grâce à
chimiothérapie puis administré à l'issue de celle-ci la coloration et/ou à la radioactivité détectée à
pour une durée totale de 1 an. l'aide d'une sonde peropératoire. Ces deux tech-
Avant d'envisager toute stratégie thérapeutique, il niques sont le plus souvent associées, ce qui per-
est indispensable de réaliser un bilan clinique, bio- met d'accroître la probabilité de détection du
logique et radiologique pour évaluer l'extension ganglion sentinelle. Les traceurs radioactifs per-
locorégionale de la maladie et s'assurer de l'ab- mettent un repérage préopératoire par une scinti-
sence d'atteinte métastatique à distance. graphie (fig. 5.8). Grâce aux nouveaux appareils
hybrides, associant gammacaméra et scanner, il est
possible de réaliser une acquisition tomoscintigra-
Ganglion sentinelle
phique couplée à un scanner de repérage (TEMP-
La connaissance du statut ganglionnaire est fon- TDM). La position du foyer hyperfixant est ainsi
damentale pour la stadification et l'évaluation mieux précisée grâce à l'image anatomique sous-
pronostique chez une patiente porteuse d'un jacente (fig. 5.9) [78–81].
Chapitre 5. Cancers du sein : diagnostic, traitement et aspect post-thérapeutique 89
Fig. 5.8. Recherche du ganglion sentinelle chez une patiente présentant un carcinome canalaire infiltrant du sein gauche.
L'examen scintigraphique planaire de face montre 1 foyer hyperfixant en région axillaire gauche. L'image de profil montre qu'il
existe probablement 2 foyers hyperfixants supplémentaires, moins intenses, localisés derrière le foyer principal. La scintigraphie
planaire va être complétée par un examen tomoscintigraphique (fig. 5.9).
Fig. 5.9. TEMP-TDM centrée sur le sein gauche et ses aires ganglionnaires de drainage (même patiente que celle présentée
en fig. 5.8).
La TEMP-TDM permet de retrouver les 3 ganglions sentinelles du niveau 1 du creux axillaire détectés par les images planaires
(fig. 5.8), et de détecter des ganglions sentinelles en régions sous-pectorale et sous-claviculaire gauche.
L'injection du traceur a lieu la veille ou le matin de repèrent le ganglion d'abord. Le colorant est
l'intervention. Le chirurgien utilise une sonde injecté avant de débuter la dissection. Le chirur-
pour repérer la radioactivité émise par le ganglion. gien repère le ganglion visuellement en raison de
Ce repérage se fait d'abord à travers la peau puis sa couleur bleutée. En fonction des résultats de
après l'incision du creux axillaire. Certains chirur- l'examen anatomopathologique des ganglions
giens préfèrent réaliser le repérage du ganglion sentinelles (fournis en per ou en postopératoire),
après la tumorectomie pour être moins gênés par un curage ganglionnaire axillaire peut compléter
la radioactivité parasite du site d'injection, d'autres l'acte chirurgical initial. Pour la majorité des
90 Imagerie post-thérapeutique en oncologie
patientes avec un ganglion sentinelle positif, il en réponse clinique avec la réponse radiologique
résulte une intervention en deux temps. En seront des éléments déterminants pour décider du
France, cette technique est surtout utilisée pour type de chirurgie à l'issue de la chimiothérapie en
les tumeurs invasives de petite taille à faible préva- cas de tumeur non inflammatoire (traitement
lence d'atteinte ganglionnaire (essentiellement les conservateur ou mastectomie). En revanche,
T1N0 cliniques et pour certaines équipes les l'examen clinique n'est pas un examen très perfor-
T2N0). mant en ce qui concerne la prédiction de la
La technique du ganglion sentinelle s'est dévelop- réponse complète histologique qui est générale-
pée dans le but d'éviter aux patientes la morbidité ment surestimée cliniquement [92–95], même si
d'un curage axillaire lorsque celui-ci est inutile. certaines études rapportent des résultats assez
Cette morbidité comporte dans les suites immé- proches [96, 97].
diates les risques suivants : lymphocèle, dysesthé-
sies et limitation des mouvements de l'épaule, et à
plus long terme : lymphœdème, douleurs chro- Radiologie
niques et enraidissement de l'épaule [74]. Pour les
Les chimiothérapies néoadjuvantes sont indiquées
patientes ayant reçu la technique du ganglion sen-
chez les patientes inopérables d'emblée afin de
tinelle sans curage complémentaire, le taux de
permettre une intervention carcinologiquement
morbidité est faible mais non nul [82]. Le gain en
efficace (50 à 80 %), dans les formes inflamma-
termes de morbidité est néanmoins reconnu [83].
toires de cancer du sein ou chez les patientes opé-
Par ailleurs, la technique du ganglion sentinelle ne
rable mais nécessitant une mastectomie (> 2 cm
semble pas augmenter le risque de récidive axil-
ou < 2 cm avec N+) afin de réduire le volume de
laire [84–89]. Dans l'étude américaine du NSABP
la tumeur et permettre un traitement conservateur
(National Surgical Adjuvant Breast and Bowel
(28 à 89 %) [98, 99]. Une évaluation précoce du
Project) B-32, le taux de rechute axillaire a été de
volume tumoral résiduel pendant la chimiothéra-
0,7 % (14/2 011) à 8 ans [89]. Plusieurs études
pie est donc utile pour aider le clinicien à décider
ont par ailleurs montré que la technique du gan-
de la poursuite du traitement en cas d'efficacité
glion sentinelle n'avait pas d'impact péjoratif sur la
avérée ou d'une modification de ce dernier dans le
survie globale et sur la survie sans récidive
cas contraire. Une évaluation précise du volume
[89–91].
tumoral résiduel après la chimiothérapie est égale-
ment indispensable pour aider le chirurgien à
choisir entre une mastectomie et un geste moins
Évaluation en cours agressif. L'évaluation de la réponse tumorale a
de traitement également une valeur pronostique majeure. Une
réponse complète après chimiothérapie est un fac-
Cette évaluation concerne les tumeurs localement teur de bon pronostic pour la survie globale et la
avancées. survie sans récidive.
La mammographie permet de déterminer l'évolu-
Clinique tion de la taille des tumeurs aux contours réguliers
dans les seins peu denses (type 1 ou 2). La mam-
En cours de chimiothérapie néoadjuvante, l'éva- mographie est le seul examen qui permet de suivre
luation de la réponse thérapeutique au niveau de les microcalcifications qui peuvent persister après
la tumeur mammaire et des adénopathies est fon- traitement (fig. 5.10) ou apparaître en cas de
damentale pour s'assurer de l'efficacité du proto- nécrose de la tumeur [100]. La mammographie
cole de chimiothérapie. L'examen clinique est performante pour suivre les distorsions archi-
évaluera la régression de la taille tumorale et des tecturales. L'échographie est efficace dans les seins
adénopathies ainsi que des signes inflammatoires denses. Mais de nombreuses études montrent que
en cas de tumeur inflammatoire. En effet, la l'IRM est plus performante pour évaluer la
Chapitre 5. Cancers du sein : diagnostic, traitement et aspect post-thérapeutique 91
Fig. 5.10. Surveillance d'un CCI avec large composante in situ du QSE du sein gauche.
La comparaison avant (A) et après chimiothérapie néoadjuvante (B) montre la persistance de microcalcification dans le lit
tumoral.
réponse tumorale à la chimiothérapie néoadju- tinguer les masses unifocales rétrécissant sous traite-
vante que la mammographie [101–105] ou ment excellentes candidates à une tumorectomie
l'échographie [102, 105–107]. Les modifications (fig. 5.11) et les tumeurs répondant sous la forme de
sous traitement sont évaluées en pourcentage de masses résiduelles multiples pour lesquelles la mas-
réduction ou d'augmentation selon les critères tectomie est recommandée (fig. 5.14).
RECIST (Response Evaluation Criteria In Solid Cependant les performances de l'IRM ne sont pas
Tumors) ou WHO (World Health Organization) parfaites et une IRM normale ne permet pas d'ex-
(fig. 5.11). L'IRM permet de prédire précoce- clure une tumeur résiduelle [101]. Les sous- et
ment (1er ou 2e cycle) la réponse au traitement et surestimations sont estimées de 2 à 23 % et de 6 à
d'adapter théoriquement le traitement (fig. 5.12). 26 % respectivement [114, 115]. Le risque de sous-
Néanmoins, le changement de traitement en cas estimation des tumeurs résiduelles serait plus impor-
de réponse précoce insuffisante (réduction infé- tant pour les non-masses que pour les masses [116].
rieure à 25 %) est rarement pratiqué chez ces L'imagerie fonctionnelle trouverait ici de bonnes
patientes (< 17 %) alors que le taux de réponse indications en améliorant les performances de l'IRM
favorable atteint 73 % parmi ces dernières [101]. pour déterminer précocement la réponse au traite-
L'observation d'une très bonne réponse en cours ment et pour évaluer en fin de chimiothérapie néo-
de traitement, permet de décider de poser un clip adjuvante le volume résiduel. Les modifications des
au sein de la tumeur avant qu'elle ne soit plus paramètres microcirculatoires précèdent les modifi-
visible afin de permettre au chirurgien de retrou- cations morphologiques et seraient même plus
ver et de retirer le lit tumoral dans de bonnes sensibles et plus spécifiques [117, 118]. La microcir-
conditions carcinologiques (fig. 5.13). culation tumorale commencerait à se normaliser dès
À la fin de la chimiothérapie, l'IRM joue donc un la 6e semaine de traitement chez les patientes pré-
rôle important dans le choix en RCP de la stratégie sentant une bonne réponse histologique après la
thérapeutique en particulier chirurgicale. Le volume chirurgie. Une diminution d'au moins 50 % de la
résiduel déterminé en IRM serait mieux corrélé aux perméabilité des capillaires, du volume sanguin
données de l'anatomopathologie (r = 0,65–0,98) intratumoral et de la perfusion tissulaire serait en
que celui obtenu en mammographie ou en faveur d'une bonne réponse. À l'inverse, chez les
échographie [103, 106–113]. L'IRM permet de dis- patientes non répondeuses ces paramètres tendent à
92 Imagerie post-thérapeutique en oncologie
Fig. 5.11. Surveillance d'un CCI (A, flèche, B) et d'un adénofibrome (C, tête de flèche, D) avant (A et C) et après (B et D)
chimiothérapie néoadjuvante.
La chimiothérapie permet d'obtenir une réduction de la taille du cancer > 70 % et une modification de l'aspect de la courbe de
rehaussement qui passe d'un type III (lavage) à un type I (progressif). Aucune modification n'est observée dans l'adénofibrome.
augmenter. En revanche, les modifications de taille pour les carcinomes lobulaires (50 %) que pour les
enregistrées en IRM à la 6e semaine ne permettent carcinomes canalaires infiltrants (3 %) [121].
pas de distinguer les patients répondeurs des patients
Médecine nucléaire
non répondeurs (fig. 5.15 et 5.16). La perméabilité
capillaire serait le meilleur paramètre fonctionnel Évaluation de la réponse à la chimiothérapie
pour prédire une mauvaise réponse avec une sensibi- néoadjuvante par la TEP-TDM au FDG
lité de 90 à 94 % et une spécificité de 80–83 % [117, La chimiothérapie néoadjuvante, initialement uti-
118]. Néanmoins, ces études portent sur un petit lisée uniquement pour le cancer du sein locale-
nombre de patientes et des résultats avec des effectifs ment avancé ou inflammatoire (cancer non
plus importants sont attendus. opérable d'emblée), est aujourd'hui couramment
Le risque de sous-estimation dépendrait égale- utilisée pour les patientes atteintes d'un cancer du
ment du traitement et serait plus élevé avec des sein opérable d'emblée mais trop volumineux
chimiothérapies contenant des taxanes ou du pour permettre une chirurgie conservatrice. Les
bévacizumab qui réduisent la vascularisation patientes avec réponse complète histologique
tumorale avant de réduire le volume tumoral tumorale ont une survie globale augmentée par
[119, 120]. Enfin, le risque de résection incom- rapport à celles sans réponse complète histolo-
plète suivi de mastectomie serait plus important gique tumorale.
Chapitre 5. Cancers du sein : diagnostic, traitement et aspect post-thérapeutique 93
A B
MLO G D
TEP en pratique clinique quotidienne, probable- unique et les critères d'évaluation devraient prendre
ment en raison de résultats hétérogènes entre les en compte les caractéristiques tumorales et les
différentes études. Plusieurs facteurs peuvent sous-types de cancer du sein (tumeurs exprimant
expliquer les différences observées, notamment les récepteurs hormonaux et sans surexpression
l'absence de consensus dans la définition de la de HER2 ; tumeurs avec surexpression de HER2
réponse histologique (faut-il chercher à démontrer et tumeurs triples négatives) [139]. Nous avons
une réponse partielle ou une réponse complète ?), et rapporté des résultats dans un petit groupe de
l'absence de consensus pour la date optimale de 20 patientes avec une tumeur triple négative. Dès
l'examen d'évaluation (après 1 cure ? après 2 cures ?). le 2e cycle de chimiothérapie, la TEP-FDG s'est
Par ailleurs, le cancer du sein n'est pas une entité avérée efficace pour déterminer les patientes qui
Chapitre 5. Cancers du sein : diagnostic, traitement et aspect post-thérapeutique 95
Fig. 5.14. Surveillance en IRM (séquences T1 en soustraction après injection) d'un CCI (A, flèche) chez une femme de 64 ans
traitée par chimiothérapie néoadjuvante.
A. Examen de référence. B. Contrôle à C6 : la tumeur a diminué de taille mais s'est également divisée en 3 nodules (têtes de
flèches) imposant une mastectomie.
A D
B E
C F
Fig. 5.15. Évaluation précoce (2 cycles) de l'efficacité d'une chimiothérapie néoadjuvante sur un CCI du sein gauche.
La comparaison de la taille et des paramètres microcirculatoires avant (A-C) avec les données obtenues à 2 cycles (D-F) montre
une diminution de 80 % de la taille de la tumeur. L'analyse de la microcirculation montre que la perméabilité capillaire chute de
99 % et que la fraction volumique interstitielle augmente de 40 %. L'analyse de la pièce opératoire à la fin de la chimiothérapie
montrait une réponse complète (Sataloff A).
96 Imagerie post-thérapeutique en oncologie
A D
B E
C F
Fig. 5.16. Évaluation précoce (après 2 cycles) de l'efficacité d'une chimiothérapie néoadjuvante sur un CCI du sein droit.
La comparaison de la taille et des paramètres microcirculatoires avant (A-C) avec les données obtenues à 2 cycles (D-F) montre
une diminution de 70 % de la taille de la tumeur. En revanche l'analyse de la microcirculation montre que la perméabilité capillaire
était initialement basse et qu'elle ne diminue par conséquent pas sous traitement. La fraction volumique interstitielle est également
stable à 2 cycles. L'analyse de la pièce opératoire à la fin de la chimiothérapie indiquait une réponse histologique inférieure à 50 %
(Sataloff C).
Fig. 5.17. Aspect TEP-FDG d'une patiente répondeuse et d'une non-répondeuse à la chimiothérapie néoadjuvante pour
cancer du sein localement avancé.
Le FDG peut être particulièrement utile pour éva- concerne les viscères et les ganglions, les modifi-
luer la réponse thérapeutique du cancer du sein cations structurelles en cas de réponse favorable
métastatique alors que l'imagerie convention- ne surviennent que secondairement après les
nelle est souvent mise en défaut. Les figures 5.18 modifications du métabolisme de la cellule cancé-
et 5.19 illustrent l'intérêt de la TEP-FDG pour reuse. La TEP-TDM permet de déterminer la
évaluer la réponse au traitement par chimiothé- réponse thérapeutique plus précocement que
rapie. Des données récentes montrent que ces l'imagerie conventionnelle. Cela est encore plus
changements sont prédictifs de l'intervalle de marqué pour évaluer l'efficacité d'une thérapeu-
temps sans progression de la maladie [140]. Les tique ciblée, car ce type de traitement peut entraî-
métastases osseuses posent particulièrement des ner une inactivité des cibles tumorales sans
difficultés d'évaluation thérapeutique. Si la scinti- engendrer pour autant de modification significa-
graphie osseuse, l'IRM et le scanner sont perfor- tive de leur taille.
mants pour la détection des sites métastatiques,
Enfin, certaines métastases sont traitées par radio
ces modalités évaluent moins bien la réponse au
fréquence et certaines études ont montré que la
traitement. Des études récentes ont montré que
TEP-FDG permettait le diagnostic précoce des
le FDG pouvait être utile pour mesurer la réponse
récidives et des exérèses incomplètes [142].
des métastases osseuses et que les modifications de
fixation sont corrélées avec la réponse clinique et
le taux du CA (Carbohydrate Antigen) 15-3. Évaluation de la réponse à l'hormonothérapie
par la TEP-TDM au FDG
En TEP-TDM, lorsque les métastases osseuses Une augmentation paradoxale de la fixation du
répondent favorablement au traitement, le taux FDG après l'instauration d'une hormonothéra-
de fixation du FDG (reflété par la valeur de la pie a été notée chez des patientes présentant
SUVmax) diminue alors que sur les données TDM, une bonne réponse thérapeutique. Ce phéno-
l'os se densifie (augmentation de la valeur des uni- mène a été décrit dans la littérature anglo-
tés Hounsfield) [141] (fig. 5.20). En ce qui saxonne sous le terme metabolic flare [143].
98 Imagerie post-thérapeutique en oncologie
Fig. 5.18. Évaluation par TEP-FDG d'une patiente porteuse d'un cancer du sein multimétastatique traité par chimiothérapie :
réponse complète après 6 cures de traitement.
Fig. 5.19. Évaluation par TEP-FDG d'une patiente porteuse d'un cancer du sein multimétastatique traité par chimiothérapie :
stabilité de la maladie après 6 cures de traitement.
Cet effet survient typiquement 7 à 10 jours avec les anti-aromatases et avec le fulvestrant
après l'instauration de l'hormonothérapie [145]. Ces résultats ont été décrits sur des
[143]. Une hyperfixation du FDG par les cel- effectifs réduits et des travaux supplémentaires
lules tumorales lors d'un examen TEP réalisé seront nécessaires pour mieux analyser ce phé-
précocement après la mise en route de l'hormo- nomène. Par ailleurs le metabolic flare est beau-
nothérapie pourrait donc être prédictive d'une coup moins fréquent que l'effet flare-up qui
bonne réponse thérapeutique [144–146]. Cet peut être rencontré avec le FNa et les
effet a été observé avec le tamoxifène [146], biphosphonates-99mTc.
Chapitre 5. Cancers du sein : diagnostic, traitement et aspect post-thérapeutique 99
Fig. 5.20. Examen TEP-TDM initial montrant un cancer du sein droit associé à des adénopathies axillaires et la présence de
nombreuses métastases osseuses condensantes et hypermétaboliques (ligne du haut).
La tumeur est classée T4N1M1 (stade IV). Après chimiothérapie, il existe une très bonne réponse, la lésion primitive et les adéno-
pathies axillaires ont régressé (ligne du bas, première image). Les foyers hypermétaboliques osseux ont disparu et l'os en regard
s'est densifié (ligne du bas, 3 dernières images).
Évaluation de la réponse au traitement par la des lacunes. Dans les 6 premiers mois d'un traite-
scintigraphie osseuse aux biphosphonates-99mTc ment hormonal ou chimiothérapique, l'augmen-
et par la TEP-TDM au FNa tation de l'intensité de la fixation des métastases
Il semble que la réponse thérapeutique au niveau osseuses en scintigraphie aux biphosphonates-
de l'os soit plus difficile à évaluer avec les traceurs
99m
Tc ne signe pas obligatoirement une progres-
à tropisme osseux comme le FNa et les biphos- sion de la maladie [72]. Cela peut même
phonates-99mTc qu'avec le FDG. Le FNa et les correspondre à un bon indice d'efficacité théra-
biphosphonates-99mTc sont des marqueurs de la peutique. Malgré ces difficultés d'interprétation,
matrice osseuse et non pas des cellules tumorales. la scintigraphie osseuse reste utile pour mesurer
Après une réponse favorable sous traitement, l'os l'efficacité thérapeutique.
se reconstruit et il peut être à l'origine d'un effet
flare-up [147]. Il s'agit d'une accumulation des Autres techniques de médecine nucléaire
marqueurs de l'ostéoblastose (biphosphonates, pouvant être utiles lors de la surveillance
fluorures, etc.) au niveau du site de reconstruction d'un cancer du sein sous traitement
de la matrice osseuse laissé vacant après la mort des Certains agents de chimiothérapie comme les
cellules tumorales. Cela est surtout vrai pour les anthracyclines et certains traitements ciblés
métastases lytiques car elles peuvent laisser place à comme le trastuzumab sont cardiotoxiques. La
100 Imagerie post-thérapeutique en oncologie
fonction cardiaque doit être vérifiée régulièrement loppent. Le FES, fluoro-œstradiol, actuelle-
pour les patientes traitées avec ces molécules. La ment en développement clinique, permet de
fraction d'éjection ventriculaire gauche peut être détecter les récepteurs hormonaux et de prédire
mesurée de façon fiable par les méthodes isoto- l'efficacité thérapeutique. Linden et al. mon-
piques (fig. 5.21). Ces méthodes reposent sur des traient en 1996 que la TEP au FES prédisait la
molécules marquées au 99mTc et véhiculées par le réponse à un traitement hormonal de rattrapage
flux sanguin [148]. chez des patientes atteintes de cancer du sein
précédemment lourdement traitées. La fixation
Vers une imagerie phénotypique du cancer du FES était significativement corrélée à la
du sein réponse à l'hormonothérapie. Une étude plus
Les tumeurs dont le comportement est potentielle- récente montrait que la TEP au FES détectait
ment variable sont des indications intéressantes pour des variations pharmacodynamiques et l'effica-
l'imagerie phénotypique. Les tumeurs répondant à cité du blocage entre les différentes formes
une signalisation hormonale le sont également d'hormonothérapie chez des patientes atteintes
[149]. Pour les tumeurs hormonodépendantes, le de cancer du sein métastatiques [150]. Plusieurs
phénotype endocrine est associé à une indolence et équipes ont également évalué des approches
à une réponse à l'hormonothérapie alors que la d'immuno-TEP avec différents anticorps et
perte de ces fonctions est synonyme d'agressivité et radioéléments pour l'imagerie de HER2/neu2.
de résistance à l'hormonothérapie. L'expression des Des minibodies et des scFv-Fc marqués au 64Cu
récepteurs hormonaux et la captation du FDG par ont été comparés dans des modèles animaux de
les tumeurs présentent des tendances en général carcinomes mammaires [151, 152]. Des travaux
opposées. sur animaux ont également étudié le trastuzu-
Le cancer du sein, exprimant le plus souvent des mab marqué au 89Zr [153]. En clinique, l'équipe
récepteurs et antigènes bien caractérisés, repré- de Baum a évalué le ciblage de HER2/neu avec
sente une indication intéressante pour l'image- de petites molécules appelées Affibody mar-
rie phénotypique, d'autant que des traitements quées au gallium-68 avec du DOTA (ABY-002)
innovants potentiellement efficaces se déve- [154]. Les auteurs concluaient que ABY-002
avait le potentiel pour localiser des métastases
in vivo, tout en apportant des informations
complémentaires par rapport à l'imagerie con
ventionnelle, permettant de déterminer le statut
HER2 de façon non invasive sans biopsie. Les
tumeurs triple-négatives (pas d'expression des
récepteurs hormonaux ni de HER2/neu) sont
considérées comme celles dont le pronostic est
le plus péjoratif avec peu de traitements effi-
caces. Elles constituent un challenge diagnos-
tique et thérapeutique important. Le récepteur
de I'IGF-1 (Insulin-like Growth Factor-1) est
une nouvelle cible pour le traitement de ces
tumeurs avec des anticorps anti-IGF-1R.
Heskamp et al. ont montré récemment que
l'anticorps anti-IGF-1R R1507 marqué au 89Zr
était un traceur innovant pour déterminer de
façon non invasive l'expression in vivo de IGF-1
Fig. 5.21. Ventriculographie isotopique de référence avant
dans des cancers mammaires, pouvant dans le
de débuter une chimiothérapie à base d'anthracyclines.
La contraction du ventricule gauche est normale et la fraction futur permettre de sélectionner les patientes
d'éjection est mesurée à 60 %. pour une thérapie ciblée adaptée [155]. Le syn-
Chapitre 5. Cancers du sein : diagnostic, traitement et aspect post-thérapeutique 101
decan-1 est une autre cible intéressante pour les mode d'évolution peuvent être des éléments
tumeurs mammaires triple-négatives. Nous d'orientation sans que ceux-ci soient spécifiques.
avons montré la faisabilité de l'immuno-TEP Certains signes cliniques peuvent également
avec l'anticorps anti-syndécan-1 marqué à orienter vers une toxicité tardive du traitement
l'iode-124 dans une étude récente menée dans comme la présence de télangiectasies. Ces modifi-
un modèle de xénogreffe d'une lignée triple- cations cliniques sont à confronter au bilan par
négative chez la souris [156]. imagerie et en cas de forte suspicion de récidive
tumorale, un contrôle anatomopathologique sera
réalisé (fig. 5.22 et 5.23).
Surveillance post-thérapeutique
Cette évaluation concerne les tumeurs localement
avancées et localisées, la problématique étant de
distinguer les récidives des effets post-thérapeu-
tiques.
Clinique
Récidive intramammaire versus toxicité
Il est très difficile cliniquement de distinguer une
récidive locale d'une fibrose au niveau du lit de
tumorectomie surtout en cas de réalisation d'un
complément d'irradiation localisé [157] car l'as-
pect clinique de la fibrose (induration sous-cuta-
née, rétraction mammaire, rétraction cicatricielle, Fig. 5.22. Lymphœdème du membre supérieur droit +
rétraction mammaire droite, calcifications présternales
etc.) peut être proche de celle d'une récidive préperforatives après association radiochirurgicale axillo-
mammaire. Le délai de survenue ainsi que le sus-claviculaire, sans récidive tumorale.
Fig. 5.23. Mammographie de surveillance : macrocalcification de plus de 1 cm palpable, pierreuse dans le prolongement axillaire.
Ce dernier a reçu une plus forte dose d'irradiation du fait de sa plus faible épaisseur. S'y associent de multiples calcifications du
reste de la glande mammaire peu spécifiques.
102 Imagerie post-thérapeutique en oncologie
A B
Fig. 5.25. Patiente de 52 ans, développant une neuropathie isolée attribuée à des séquelles de radiothérapie alors que les
aires ganglionnaires n'ont pas été traitées (A) !
B. La patiente est de plus très algique. La TEP-TDM permet de mettre en évidence une rechute le long des vaisseaux subclaviers
droits. Le traitement sera, « contre toute attente », une irradiation prudente du plexus brachial pour clôturer la réduction tumorale
initialement obtenue par chimiothérapie.
Elle peut compléter la mammographie en cas Ainsi, la place de l'IRM mammaire dans la surveil-
d'anomalie mammographique, de difficultés de lance après cancer du sein reste limitée. On retient
lecture de la mammographie dans les seins denses, l'intérêt des IRM mammaires annuelles chez les
ou pour examiner la région péri-cicatricelle patientes à haut risque de cancer du sein en raison
(fig. 5.31 et 5.32). L'échographie est également de facteur génétique ou d'un traitement incom-
intéressante en cas de signes d'appel clinique plet (fig. 5.34). Elle est également indiquée en cas
situés hors du champ de vue de la mammographie de suspicion de récidive locale en imagerie stan-
tels que des adénopathies axillaires, des récidives dard ou en présence de signes clinique suspects
pariétales (fig. 5.33), ou pour évaluer une pro- (modification de la cicatrice, rétraction ou écoule-
thèse mammaire. La majorité des récidives de can- ment mamelonaire) avec bilan d'imagerie stan-
cer du sein sont détectées sous mammographie et dard normal (fig. 5.35). Les performances de
confirmées par biopsies sous stéréotaxie ou l'IRM diminuent si l'examen est réalisé trop tôt
échoguidées. après la fin du traitement car les remaniements
post-thérapeutiques peuvent créer des faux positifs
comme l'œdème post-radiothérapie qui régresse
normalement en 18 mois et peut simuler une infil-
tration tumorale ou une infection (fig. 5.36). Un
délai de 6 mois est recommandé. Néanmoins il est
possible de distinguer une tumeur résiduelle en
IRM dès le 1er mois post-traitement avec une
valeur prédictive positive de 68 % et une sensibilité
de 73 % [160]. L'IRM est particulièrement utile
pour distinguer les cicatrices des récurrences avec
Fig. 5.28. Patiente de 58 ans, traitée pour un cancer du une sensibilité de 90–100 % et une spécificité de
sein gauche en 2005 par association radiochirurgicale. 89–92 % (fig. 5.35) [161, 162]. L'IRM serait éga-
Rechute locale en 2007 traitée par mastectomie gauche suivie
lement utile pour l'analyse de la paroi après mas-
d'un traitement par chimiothérapie. À partir de 2008, une toux
chronique permanente, insomniante, révèle une fibrose pul- tectomie (fig. 5.33) [163]. En cas de détection
monaire paramédiastinale gauche. d'une lésion évocatrice de récidive en IRM, une
Fig. 5.30. Apparition d'un foyer segmentaire de microcalcifications irrégulières du QSE du sein gauche chez une femme de
72 ans au cours de la surveillance d'un cancer traité 30 ans auparavant.
La macrobiopsie sous stéréotaxie du foyer a retrouvé un CCIS.
Fig. 5.32. Surveillance post-thérapeutique chez une patiente de 53 ans traitée pour un CCI à l'union des quadrants supé-
rieurs du sein gauche par tumorectomie 5 ans auparavant.
La mammographie montre des remaniements cicatriciels à UQS (union des quadrants supérieurs) du sein gauche. Le complément
échographique permet de détecter une masse verticale se développant 10 mm en regard de la cicatrice. La microbiopsie de cette
masse retrouve un CCI.
Fig. 5.33. Surveillance post-thérapeutique chez une jeune patiente de 34 ans traitée par mastectomie pour un CCI étendu dans
les quadrants externes du sein droit par tumorectomie 1 an auparavant.
La patiente décrit des masses à l'extrémité externe de la cicatrice de mastectomie sous le creux axillaire. L'échographie guidée (B)
par la patiente retrouve deux masses rondes circonscrites de 10 mm environ également vues en IRM (A, flèches) et correspondant
en histologie à des récidives du CCI.
l'examen TEP-TDM au FDG semble être plus Dans les différentes études, la sensibilité de la
performant que l'imagerie conventionnelle [162– TEP-TDM au FDG varie entre 85 et 97 %, la spé-
175]. Néanmoins les études ont certaines limites. cificité entre 52 et 100 %, et l'exactitude diagnos-
La plupart d'entre elles sont rétrospectives. La tique entre 60 et 98 %. L'exactitude a été
TEP-TDM a parfois été comparée à sa propre particulièrement élevée (98 %) dans l'étude de
composante TDM, le scanner étant alors le plus Dirisamer [169]. Dans ce travail, la composante
souvent réalisé à faible dose, en respiration libre et TDM de la TEP-TDM était réalisée avec un scan-
sans injection de produit de contraste. ner multidétecteur à dose diagnostique (140 kV et
Chapitre 5. Cancers du sein : diagnostic, traitement et aspect post-thérapeutique 107
C
Fig. 5.34. Surveillance chez une patiente de 57 ans traitée pour un cancer du QSE du sein gauche par tumorectomie et
radiothérapie en 2009.
Récidive dans le sein gauche en 2010 traitée par tumorectomie en raison d'un refus de la mastectomie de la patiente et exérèse dans
le même temps d'un adénofibrome du sein droit. Le bilan mammographique (A) et échographique (B) montre des remaniements cica-
triciels. Une IRM est indiquée car la patiente est à risque en raison d'un traitement insuffisant à gauche. L'IRM (C) montre une masse
se rehaussant en regard du foyer de cytostéatonécrose gauche (têtes de flèches) et des remaniements cicatriciels à droit liés à l'exérèse
de l'adénofibrome (flèches). L'échographie de second look (D) retrouve une masse correspondant en histologie (microbiopsie) à un CCI.
120 mA) et après l'injection de 100 mL de pro- queur tumoral qui augmentait alors que l'ima-
duit de contraste iodé. gerie conventionnelle (la mammographie, le
La TEP-TDM est à l'origine d'une modification scanner thoracoabdominal avec injection de
du traitement pour un nombre substantiel de produit de contraste, l'échographie abdominale
patientes [165, 170, 171]. Cette technique et la scintigraphie osseuse) était négative. La
d'imagerie joue un rôle particulièrement impor- TEP-TDM a permis de détecter une récidive chez
tant pour les patientes asymptomatiques, sans 40 patientes (45 %), 23 femmes présentant une
anomalies en imagerie conventionnelle mais lésion isolée. Pour 7 de ces 23 patientes (30 %),
avec des marqueurs en hausse. Bien souvent, une rémission de la maladie d'une durée supé-
l'examen au FDG permet de montrer précoce- rieure à 1 an a pu être obtenue [171].
ment la récidive et d'envisager un traitement sal- La TEP-TDM est efficace pour détecter les métas-
vateur. Dans l'étude de Grassetto, 89 patientes tases à distance et les rechutes locorégionales, en
traitées pour un cancer du sein avaient un mar- particulier au niveau de la paroi thoracique, du
108 Imagerie post-thérapeutique en oncologie
B C
Fig. 5.35. Rétraction mamelonnaire nouvellement apparue chez une patiente de 64 ans traitée pour un CCI du QSE gauche
traitée par tumorectomie 15 ans auparavant.
Une IRM mammaire est indiquée car la mammographie et l'échographie sont normales (A). L'IRM montre une masse (flèche)
paracicatricielle (têtes de flèches) qui est retrouvée sur l'échographie de second look (B). La microbiopsie confirme la récidive sous
la forme d'un CCI (C).
creux axillaire et au sein des aires ganglionnaires Lorsque la récidive du cancer du sein est docu-
extra-axillaires (fig. 5.37). De plus, l'imagerie TEP mentée ou soupçonnée par un examen d'ima-
peut permettre de différencier une plexite radique gerie conventionnelle, la TEP-TDM conserve
d'une récidive locorégionale [166, 167]. Plusieurs un rôle important, notamment en précisant le
études ont montré que la TEP-TDM est plus effi- caractère isolé ou non de la récurrence. Parmi
cace que la TDM ou l'IRM pour détecter les réci- 56 patientes admissibles à une chirurgie cura-
dives ganglionnaires [59, 168, 169]. Dans l'étude tive pour une récidive locale, la TEP-TDM a
de Schmidt, la TEP-TDM était plus sensible que montré des lésions à distance, non détectées par
l'IRM corps entier pour détecter les récidives gan- l'imagerie conventionnelle, chez 25 femmes
glionnaires locales (n = 21 vs n = 16) mais l'IRM (45 %) [170].
était légèrement plus sensible (n = 154 vs n = 147) Deux méta-analyses sur la détection des réci-
pour détecter les métastases à distance [168]. dives du cancer du sein ont été publiées en 2010
Chapitre 5. Cancers du sein : diagnostic, traitement et aspect post-thérapeutique 109
[176, 177]. Ces méta-analyses regroupaient des ficité [177]. Aucune différence significative n'a
études sur la TEP et d'autres sur la TEP-TDM. été notée entre la TEP-TDM et l'IRM (pour la
Dans la première méta-analyse, l'IRM et la TEP sensibilité et pour la spécificité), mais seule
(et/ou la TEP-TDM) étaient plus efficaces que l'étude de Schmidt était incluse [168].
l'échographie et le scanner [176]. Aucune diffé-
rence n'a été observée entre l'IRM et la TEP,
mais la TEP et la TEP-TDM n'ont pas été sépa- En conclusion, la TEP-TDM au FDG est performante pour
rées dans cette analyse [176]. Dans la seconde la détection d'une récidive et pour la re-stadification du
méta-analyse, les modalités TEP et TEP-TDM cancer du sein. L'IRM corps entier semble avoir des per-
ont été évaluées séparément [177]. L'imagerie formances proches de la TEP-TDM, comme suggéré par
Hybride TEP-TDM avait une sensibilité signifi- une méta-analyse récente comparant la TEP-TDM à
cativement plus élevée que le scanner mais la l'IRM corps entier pour des cancers de diverses origines
différence en termes de spécificité n'était pas [178, 179]. À l'avenir les systèmes TEP-IRM couplant
significative. La TEP-TDM avait également une l'imagerie TEP à l'IRM pourraient aussi avoir un rôle à
sensibilité plus élevée que la TEP seule, sans dif- jouer, mais des études seront nécessaires pour évaluer
l'impact de ces nouveaux appareils [180].
férence significative en ce qui concerne la spéci-
110 Imagerie post-thérapeutique en oncologie
Fig. 5.37. Patiente traitée par une chimiothérapie néoadjuvante, une mastectomie et une radiothérapie pour un cancer du
sein gauche initialement classé T4dN3cM0.
Quelques mois après la fin du traitement, la TEP-TDM montre une rechute locorégionale avec un foyer hypermétabolique de la
loge de mastectomie (ligne du haut) et une rechute axillaire homolatérale (ligne du bas). Les fixations visibles en régions paraver-
tébrales correspondent à des artefacts en rapport avec une activation de la graisse brune.
Recherche de récidive
par la scintigraphie osseuse
La scintigraphie osseuse régulièrement répétée à
la recherche de métastases chez les patientes
asymptomatiques est jugée par de nombreuses
équipes comme non nécessaire et non rentable
économiquement. Une scintigraphie osseuse tous
les 6 mois détecte plus de métastases que la simple
surveillance clinique mais la survie à 5 ans n'est
pas changée [181]. Le meilleur argument pour
demander une scintigraphie osseuse durant la
surveillance est l'apparition de nouveaux signes
cliniques, biologiques ou radiologiques (fig. 5.38
et 5.39). Les patientes avec hypercalcémie ont
habituellement des métastases osseuses diffuses.
Devant le développement de la TEP-TDM au
FDG qui semble être plus performante que la
scintigraphie planaire pour évaluer l'os et qui per-
met en outre de rechercher des métastases viscé-
rales, l'examen aux biphosphonates-99mTc est
moins utile. Fig. 5.38. Recherche de récidive chez une patiente traitée
7 ans auparavant pour un carcinome canalaire infiltrant
pT2pN2M0 (stade IIIA).
La scintigraphie osseuse est prescrite en raison de l'élévation
du CA et des phosphatases alcalines. L'examen planaire
corps entier (face antérieure et face postérieure) montre de
nombreux foyers hyperfixants du squelette axial évocateurs
de métastases osseuses. Cet examen va être complété par
une exploration tomoscintigraphique (fig. 5.39).
Chapitre 5. Cancers du sein : diagnostic, traitement et aspect post-thérapeutique 111
Fig. 5.39. Tomoscintigraphie couplée à un scanner et centrée sur le bassin et le rachis lombaire (même patiente que celle
présentée en fig. 5.38).
La tomoscintigraphie permet de visualiser plus de foyers hyperfixants que la scintigraphie planaire. Certains foyers hyperfixants n'ont
pas de traduction sur les données TDM (en raison du caractère plus précoce des anomalies scintigraphiques) et d'autres corres-
pondent à des lésions ostéocondensantes. Il s'agit donc de métastases ostéoblastiques en formation.
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Chapitre 6
Imagerie post-thérapeutique
du cancer du rectum
La prise en charge du cancer du rectum a beaucoup thérapeutique repose sur la chirurgie, associée selon
évolué ces dernières années. Un certain nombre les cas à une chimiothérapie et/ou une radiothéra-
d'évolutions sont communes avec d'autres cancers pie. Toutefois, les modalités après traitement néoad-
mais d'autres sont particulières, liées à la situation juvant sont de plus en plus discutées. Le stade initial
anatomique et au rôle fonctionnel du rectum. de la maladie n'est peut-être pas le meilleur élément
L'incidence du cancer du rectum est de 15 000 prédictif du résultat. Certains groupes de patients
nouveaux cas par an en France [1]. Il s'agit pourraient bénéficier d'une démarche chirurgicale
essentiellement d'adénocarcinomes du rectum et moins agressive. La réponse tumorale initiale pour-
nous traiterons dans ce chapitre uniquement de rait guider une prise en charge personnalisée.
ce type de tumeur, les lymphomes et tumeurs
endocrines faisant l'objet d'une prise en charge
différente. La survie à 5 ans est de 55 % tous Place du traitement médical
stades confondus [1]. et de la radiothérapie
Pour comprendre les différents défis de la prise en
charge de ce cancer, il faut revenir sur quelques La prise en charge d'un patient avec une tumeur
considérations anatomiques et fonctionnelles. La du rectum est multidisciplinaire reposant sur une
continuité du rectum avec l'anus met en avant les concertation entre gastroentérologues, chirur-
difficultés de préservation de l'appareil sphincté- giens, radiologues, radiothérapeutes, oncologues
rien. Contrairement à d'autres segments digestifs, et anatomopathologistes.
le rectum est en partie extrapéritonéal et entouré
du mésorectum, espace graisseux contenant le
drainage lymphatique. Le mésorectum est large à Principes du bilan d'extension
sa partie haute mais très étroit en bas, très proche initial
du fascia mésorectal qui le limite.
Le cancer du rectum a un risque de récidive locale La stratégie thérapeutique repose sur un bilan
important, associé à l'éventualité plus classique de d'extension locorégional (échographie endorectale
dissémination métastatique hépatique et pulmo- [EER], IRM) et à distance (TDM thoraco-abdo-
naire. La probabilité de contrôle local a été amélio- mino-pelvien). Le bilan d'opérabilité du patient est
rée ces dernières décennies grâce à l'évolution de la aussi un élément majeur de la prise en charge.
technique chirurgicale et l'introduction de traite- La classification TNM est aujourd'hui utilisée et a
ments néoadjuvants. Aujourd'hui, la prise en charge remplacé la classification de Dukes. Pour l'extension
clinique initiale, le préfixe « c » est utilisé, associé aux images tubulaires ou serpigineuses dans la graisse
données TNM. Pour mémoire, le préfixe « p » fait mésorectale suivant ou au sein de structures vas-
référence à la classification anatomopathologique culaires. L'IRM localise aussi la tumeur par rap-
après résection chirurgicale. Ces éléments classiques port à la réflexion antérieure du feuillet péritonéal.
sont complétés par l'évaluation de l'extension en Elle permet de classer la lésion intra ou extrapéri-
profondeur et de l'atteinte du fascia mésorectal. tonéale. L'atteinte directe du feuillet se présente
avec un aspect nodulaire greffé sur la ligne de
Stade T, extension en profondeur réflexion péritonéale visible dans le plan sagittal.
et atteinte du fascia mésorectal L'imagerie par TEP-FDG n'est pas indiquée pour
L'extension de la tumeur à travers la paroi rectale l'évaluation locorégionale. Les faux positifs de la
correspond au stade T. fixation du FDG d'origine inflammatoire ou
infectieuse ainsi que les faux négatifs (carcinomes
L'EER permet une meilleure classification et est
mucineux, petites tumeurs, etc.) font que la TEP-
plus reproductible que l'examen au doigt, grâce à
FDG n'est pas pertinente en première intention
la visualisation directe des couches de la paroi rec-
[8]. Il y a cependant une situation qui mérite une
tale. L'EER a une très bonne sensibilité et spécifi-
attention particulière. Une fixation rectocolique
cité pour les tumeurs T1-T2. En revanche, elle est
du FDG chez un patient indemne de cancer
moins performante pour l'analyse du mésorectum
colorectal connu doit faire rechercher une lésion,
et peut surestimer certains stades T2 [2].
une accumulation focale du FDG correspondant
L'IRM est aujourd'hui un examen clé pour l'ex- à une situation histopathologique particulière
tension T, principalement pour les tumeurs locale- (bénigne ou maligne) dans 70 % des cas [9, 10].
ment avancées. Elle est réalisée sans antenne
endorectale. Par comparaison avec l'EER, elle est Stade N
moins performante pour distinguer un stade T1
L'atteinte ganglionnaire est un des éléments pré-
d'un T2 ou un T2 d'un T3 [3].
dictifs les plus péjoratifs notamment pour le risque
L'IRM permet d'apprécier les relations de la de récidive locale. L'imagerie est plus en difficulté
tumeur avec le fascia mésorectal et donc de pré- pour déterminer correctement le statut N.
dire l'atteinte initiale de la marge de résection cir- L'atteinte ganglionnaire est plus fréquente pour
conférentielle [4]. La proximité immédiate de la les stades T3/T4 que pour les stades T1/T2. Les
tumeur avec le fascia mésorectal augmente le critères sémiologiques classiques morphologiques,
risque d'une atteinte de la marge circonférentielle taille des ganglions supérieure à 8 mm, contour
de résection après chirurgie d'exérèse qui est un irrégulier, signal hétérogène, sont insuffisants
facteur majeur et indépendant de récidive locale [11]. C'est pourquoi des produits de contraste
[5]. Cette extension vers le fascia mésorectal est spécifiques ont été étudiés dans cette indication.
déterminée avec une performance élevée en IRM
Dans le diagnostic des micrométastases ganglion-
et aujourd'hui la valeur seuil est à 1 mm du fascia
naires, la sensibilité de la TEP-FDG est médiocre,
[6]. L'IRM est également performante pour
comparable à celle de la TDM.
apprécier l'extension en hauteur et l'atteinte
sphinctérienne. L'analyse du mésorectum en IRM
Extension systémique
apporte des éléments pronostiques pour les
tumeurs localement avancées [7]. Elle peut préci- Les métastases initiales visibles en TDM sont plus
ser l'extension vasculaire extramurale et l'exten- fréquentes que dans le cancer colique en raison du
sion en profondeur dans la graisse mésorectale qui drainage veineux systémique du bas et moyen rec-
sont de mauvais pronostic. Ce dernier item est à la tum. Un scanner thoraco-abdomino-pelvien est
base d'une sous-classification pour les stades T3 l'examen de choix pour la recherche de métastases
(T3c : 5–15 mm, T3d : > 15 mm) qui n'est pas pulmonaires et hépatiques qui sont les deux sites les
encore intégrée officiellement à la classification plus fréquemment concernés. La place de la TEP-
TNM. L'extension vasculaire se traduit par des FDG est discutée. Malgré la découverte de métas-
Chapitre 6. Imagerie post-thérapeutique du cancer du rectum 121
tases inconnues au terme du bilan conventionnel, la facteur majeur de récidive locorégionale. L'exérèse
TEP ne peut être considérée comme un examen du mésorectum réduit significativement les réci-
standard en première intention [8]. Dans le cas dives et constitue une avancée majeure dans la prise
particulier des métastases hépatiques potentielle- en charge [15]. Toutefois, le taux de récidive reste
ment résécables, deux études [12, 13] ont rapporté élevé lorsque le traitement chirurgical est réalisé seul
des sensibilités et spécificités de 88 et 96,1 % pour et que les marges de la pièce sont atteintes, justifiant
la TEP-FDG et de 82,7 et 84,1 % pour la TDM. un traitement oncologique complémentaire.
Pour les lésions extra-hépatiques, les performances Concernant les tumeurs du bas et moyen rectum
sont plus élevées pour la TEP-FDG que pour la localement évoluées, le traitement chirurgical de
TDM (91,5 et 95,4 % pour la TEP-FDG ; 60,9 et référence reste une exérèse radicale du rectum et
91,1 % pour la TDM, respectivement). du mésorectum par laparotomie ou laparoscopie
[16–19]. Une conservation sphinctérienne est
En résumé envisageable lorsqu'une marge distale de résection
sous le pôle inférieur de la tumeur d'au moins
L'IRM et l'EER ont une place reconnue pour le bilan d'ex- 1 cm peut être obtenue [20].
tension. L'EER est préférée pour les tumeurs T1-T2 et le
diagnostic du stade T3, l'IRM pour les facteurs pronos-
tiques des stades T3 et T4. L'évaluation de l'extension Place du traitement néoadjuvant
systémique repose sur le scanner thoraco-abdomino-
pelvien. La prise en charge sera très différente pour les et perspectives
tumeurs classées T1-T2 en EER et T3-T4 en IRM. Le
Indications
bilan d'extension initial a aussi un rôle pronostique [2].
La TEP-FDG n'est pas un examen de pratique systéma- Plusieurs études randomisées ont démontré le
tique dans le bilan initial des cancers colorectaux. En bénéfice en termes de contrôle local d'une irradia-
accord avec les recommandations de l'HAS 20081 sa tion, seule ou associée à une chimiothérapie, en
prescription dans cette indication peut se révéler perti- situation néoadjuvante ou adjuvante [21–27]
nente au cas par cas, validée en RCP. La TEP au FDG
pour les cancers localement évolués. L'exérèse
dans cette indication peut modifier la décision médicale
dans 29 % des cas [14].
totale du mésorectum n'a pas remis en cause la
nécessité d'une radiothérapie préopératoire.
Pour les tumeurs rectales localement évoluées
Principes généraux du traitement (T3, T4, N+), l'intérêt d'une irradiation externe
chirurgical radical conformationnelle préopératoire a été démontré
par un essai randomisé hollandais [28].
L'étape thérapeutique principale du traitement du L'association d'une irradiation préopératoire à
cancer du rectum est l'exérèse chirurgicale. Sa qua- une chirurgie à visée curative intégrant une marge
lité est un facteur essentiel du pronostic. Les moda- latérale de résection d'au moins 1 mm par exérèse
lités varient selon la localisation de la tumeur, son totale du mésorectum est associée à une réduction
extension, le terrain et l'état sphinctérien. Les petites significative du risque de récidive locorégionale.
lésions parfaitement sélectionnées peuvent bénéfi- L'attitude thérapeutique classique en Europe est
cier d'une résection locale. Pour le reste, l'exérèse de préférer la radiothérapie/radiochimiothérapie
du mésorectum est aujourd'hui recommandée. En préopératoire, par rapport à un traitement adju-
effet les résidus tumoraux laissés en place sont un vant, du fait de sa supériorité en termes de contrôle
local et de tolérance précoce et tardive [21, 29].
1
HAS Guide – ALD. Tumeur maligne, affection maligne Les tumeurs du haut rectum ne relèvent pas d'une
du tissu lymphatique ou hématopoïétique. Cancer colorec- radiothérapie sauf si elles envahissent le moyen
tal. Ref. GUIALDCCRMD10. Le guide ALD médecin sur
rectum ou les organes de voisinage [1].
le cancer colorectal est disponible sur les sites Internet de
l'institut national du cancer www.e-cancer.fr et de la HAS Deux schémas thérapeutiques d'irradiation préo-
www.has-sante.fr. pératoire ont été proposés. Le schéma court
122 Imagerie post-thérapeutique en oncologie
mitive, les chaînes iliaques internes pour l'exten- rieure à 1 cm sous la jonction anorectale (insertion
sion ganglionnaire), les aires à haut risque de des muscles releveurs de l'anus = limite inférieure
récidive locale (pelvis inférieur et région présa- du mésorectum), les limites latérales au fascia rec-
crée) (fig. 6.1 et 6.2) [37–41]. tal. Pour les tumeurs du bas rectum, le CTV inclut
Le volume cible anatomoclinique (CTV) sera dif- l'ensemble du mésorectum (cf. ci-dessus) jusqu'à
férent selon le siège moyen ou bas de la tumeur la jonction moyen-haut rectum en haut. Dans
primitive. Pour les tumeurs du moyen rectum, le tous les cas, le CTV inclut systématiquement les
CTV inclut l'ensemble du mésorectum, les régions aires ganglionnaires iliaques internes jusqu'à la
périrectale, présacrée et iliaque interne. La limite bifurcation iliaque interne-externe. L'irradiation
supérieure est fixée à la jonction rectosigmoï- des aires iliaques externes et des ganglions ingui-
dienne ou à 2 cm au-dessus du GTV, la limite infé- naux est proposée en cas d'extension au-delà du
fascia du mésorectum ou aux organes adjacents
(prostate, vagin, utérus, vessie).
Évaluation de la réponse
précoce et tardive au traitement
Bien que la chirurgie reste le traitement standard
du cancer du rectum, ses nombreux inconvénients
justifient la recherche de critères pronostiques
plus précis et de moyens non invasifs de dépistage
Fig. 6.2. Coupe transversale tomodensitométrique d'un d'une éventuelle maladie résiduelle préopératoire.
traitement conformationnel d'un cancer rectal : isodose en
Le suivi des patients en imagerie mais aussi les
color wash entre 95 % (bleu) et 107 % (vert-orange avec
point maximum à 103,5 %) – contours des volumes cibles conclusions anatomopathologiques après traite-
et des organes à risque (vessie, têtes fémorales). ment néoadjuvant ont mis en évidence de nouveaux
124 Imagerie post-thérapeutique en oncologie
éléments potentiellement intéressants dans la prise sans remaniements fibreux (pas de réponse). Le
en charge. Ainsi certaines tumeurs fondent voire downsizing est une diminution de taille de la
disparaissent, parfois du tissu persiste mais il est lésion et ne correspond pas forcément à une
fibreux, des ganglions potentiellement malins ont régression de la composante tumorale. Un lien
diminué voire ne sont pas retrouvés. Ce sous- fort existe entre la réponse complète sur la pièce
groupe de patients que l'on peut qualifier de opératoire, c'est-à-dire p CR (ypT0N0M0 ou
répondeurs au traitement néoadjuvant a un bien TRG 0) obtenue après radiochimiothérapie et
meilleur pronostic. Ainsi, la prise en charge après amélioration de la survie [43]. Ceci est retrouvé
traitement néoadjuvant doit-elle reposer sur les chez 5 à 42 % des patients.
conclusions du staging initial ou bien sur un nou-
veau staging ? Le concept de restaging n'est pas
totalement récent mais sa prise en compte comme Délai d'évaluation
élément décisif pour la suite du traitement l'est.
Identifier des éléments pronostiques de réponse Dans l'idée d'adapter au moins en partie le traite-
est important car les répondeurs pourraient se voir ment comme par exemple la préservation sphinc-
proposer des prises en charge différentes surtout térienne sur la réponse à la radiochimiothérapie, il
moins invasives. L'utilisation de techniques faut déterminer précisément le moment de l'éva-
chirurgicales d'exérèse locale dépend des possibili- luation. Celui-ci doit prendre en compte l'effet
tés à prédire la réponse histologique par différents tumoricide de la radiochimiothérapie. Aujourd'hui
moyens génétiques, moléculaires ou d'imagerie. l'intervalle recommandé est de 8 à 12 semaines
Ceci a comme corollaire une responsabilité impor- [44]. Certaines équipes étudient la possibilité
tante de cette nouvelle évaluation en sachant qu'il d'explorer plus précocement les patients dans un
persistait déjà des difficultés lors du staging but pronostique.
initial.
Moyens cliniques, biologiques
Terminologie et endoscopiques
L'examen clinique au doigt est répété par le
Il est nécessaire pour la caractérisation de la
même chirurgien mais c'est un bilan incomplet.
réponse tumorale d'avoir de bons outils et une
Les biopsies ne sont pas pertinentes pour appré-
terminologie adaptée. La classification TNM peut
cier la réponse. Le dosage de l'antigène carci-
être répétée après traitement néoadjuvant et por-
noembryonnaire (ACE) confronté à la valeur
tera alors le préfixe « y ». Le downstaging corres-
initiale est intéressant mais ne peut pas être uti-
pond à un changement vers un stade pronostique
lisé seul.
inférieur et non un simple changement de stade T
ou N. La régression tumorale est appréhendée
par le grade de régression tumorale TRG (Tumor
Regression Grade). Ce terme est souvent utilisé Exploration morphologique
pour témoigner de la réponse tumorale sous pelvienne par IRM standard
traitement. Mais en théorie il fait référence au
Rappel technique
ratio sur la pièce opératoire entre tumeur visible
et tissu cicatriciel. En effet, les anatomopatholo- Cet examen peut être réalisé avec un imageur 1,5
gistes peuvent déterminer un ratio entre les cel- ou 3 T, ce dernier permettant d'augmenter la
lules tumorales restantes et la nécrose qui qualité de l'image mais au prix de potentiels arte-
détermine le TRG [42]. Différentes classifica- facts. La distension du rectum par du gel hydrique
tions sont proposées allant du remplacement est discutée. Si elle est réalisée, elle doit l'être avec
complet lésionnel par du tissu fibreux (réponse une petite quantité afin de ne pas gêner l'analyse
complète) à la persistance de cellules tumorales du mésorectum comprimé par un rectum trop
Chapitre 6. Imagerie post-thérapeutique du cancer du rectum 125
Fig. 6.3. Coupes IRM axiales en pondération T2 chez le même patient (tumeur du moyen rectum de stade T3) au même niveau
anatomique, nécessaire à obtenir pour permettre une comparaison pré (A) et post (B) traitement néoadjuvant.
À noter la distension modérée habituelle du rectum avec du gel hydrique permettant de bien délimiter la lésion sur le versant luminal.
Fig. 6.4. Coupes IRM sagittales en pondération T2 chez la même patiente au même niveau anatomique pré (A) et post (B)
traitement néoadjuvant montrant une diminution de taille de la tumeur initiale T3 (étoiles) circonférentielle et étendue (flèches).
À noter une opacification vaginale faite sur l'IRM de contrôle.
126 Imagerie post-thérapeutique en oncologie
Fig. 6.5. Coupes IRM pré et post-traitement néoadjuvant chez la même patiente avec distension vaginale et rectale montrant
l'évolution tumorale en coupes sagittales T2 (A, C) et axiales T1 après injection (B, D) d'une lésion T3 (étoiles) qualifiée de T3
fort par son extension étendue dans la graisse mésorectale (flèche fine) et avec une atteinte du mésorectum bien visible en
postérieur (flèche large).
la lésion. Mais au sein du tissu fibreux prédomi- L'IRM permet d'isoler les tumeurs limitées à la
nant peuvent persister des îlots de cellules tumo- musculeuse (ypT0-2 N0) des autres avec une per-
rales difficiles à identifier en IRM. Ces îlots se formance de 90 % [47].
présentent avec un signal intermédiaire sur les De manière générale, l'analyse de la corrélation
séquences en pondération T2 ou un signal équiva- interobservateur montre des valeurs plus basses à la
lent à celui de la tumeur initiale et ont un aspect différence du bilan initial, témoignant des difficul-
plus nodulaire [45]. Des modifications d'aspect tés d'analyse des images après radiothérapie [48].
de la tumeur qui peut présenter des lacs mucineux
De plus l'IRM permet également à nouveau d'ap-
sont possibles après radiochimiothérapie, entraî-
porter des informations spécifiques pour le chirur-
nant un hypersignal marqué sur les séquences en
gien aussi bien pour apprécier les relations de la
pondération T2.
tumeur avec le fascia mésorectal que l'extension
L'IRM permet d'étudier la réduction tumorale précise vers l'appareil sphinctérien.
(fig. 6.7 et 6.8). Des mesures simples de longueur
comme ce qui est fait classiquement pour les cri-
tères RECIST semblent insuffisantes avec un Imagerie fonctionnelle
manque de reproductibilité interobservateur [45]. et approches spécifiques en IRM
L'analyse du volume tumoral en IRM pré et post- et TEP pour l'évaluation
traitement est préférable. En effet, il a été montré thérapeutique
qu'une réduction du volume tumoral d'au moins
70 % mesurée en IRM était associée avec un TRG Certaines séquences d'IRM ainsi que la TEP
3 ou 4, ce qui correspond à bonne régression ana- apportent des informations complémentaires au
tomopathologique, ainsi qu'à la survie [46]. classique bilan morphologique en permettant une
Chapitre 6. Imagerie post-thérapeutique du cancer du rectum 127
Fig. 6.6. Coupes IRM axiales et sagittales en pondération T2 pré et post-traitement néoadjuvant chez la même patiente
montrant l'évolution tumorale d'une lésion T3.
Fig. 6.7. Coupes IRM coronales en pondération T2 chez le même patient (tumeur T3) en pré (A) et post (B) traitement
néoadjuvant mettant en évidence une mauvaise réponse tumorale (flèche longue) et la persistance d'anomalies nodulaires
dans la graisse mésorectale (flèche courte).
approche des tissus à l'échelle moléculaire. Ces des modifications des tissus. L'enjeu est de complé-
techniques prennent toute leur importance dans ce ter les informations anatomiques par une approche
contexte de suivi sous traitement où l'on s'attend à plus cellulaire permettant de distinguer des lésions
128 Imagerie post-thérapeutique en oncologie
Fig. 6.8. Coupes IRM axiales en pondération T1 chez le même patient en pré (A) et post (B) traitement néoadjuvant mettant
en évidence une réponse avec diminution de la lésion initiale (flèche).
Fig. 6.9. Coupes IRM axiales en pondération T2, T1 et diffusion B600 d'une tumeur circonférentielle du haut rectum en post-
traitement néoadjuvant mettant en évidence une meilleure délimitation tumorale de l'extension dans la graisse en diffusion.
Chapitre 6. Imagerie post-thérapeutique du cancer du rectum 129
niveau du fascia mésorectal après traitement néo- Les particules de type USPIO sont phagocytées
adjuvant par rapport aux séquences en pondéra- par les macrophages des ganglions. Par effet de
tion T2 seules (fig. 6.9). De même les séquences susceptibilité magnétique elles entraînent une
de diffusion améliorent la sélection des patients chute du signal sur les séquences en pondération
présentant une réponse complète (ypT0) après T2* réalisées 24 heures après l'administration
traitement néoadjuvant [49]. intraveineuse. Le critère diagnostique utilisé est le
En ce qui concerne les ganglions, les séquences de pourcentage d'hypersignal restant dans le gan-
diffusion permettent une bonne détection de glion [52].
ceux-ci (fig. 6.10). Toutefois, associées aux En résumé ces agents ont montré de meilleures
séquences T2 elles n'améliorent pas la perfor- performances diagnostiques pour le restaging
mance diagnostique mais le coefficient apparent mais avec une place clinique qui reste à préciser
de diffusion est plus élevé dans les ganglions histo- selon leur commercialisation [51, 52].
logiquement malins [50].
Comme dans le bilan initial, des agents de contraste L'IRM de contraste dynamique après injection
spécifiques ont été étudiés. Il s'agit des USPIO de chélates de gadolinium ou IRM de perfusion
(Ultrasmall Superparamagnetic Iron Oxides) et du permet d'obtenir des données quantitatives
gadofosveset (blood-pool contrast agent). bicompartimentales. Les paramètres de perfusion
sont une autre piste pour différencier les répon-
Le gadofosveset se lie à l'albumine sérique. Le deurs des non-répondeurs. Ainsi la valeur Ktrans
mécanisme d'action pour expliquer sa fixation diminue significativement en cas de réponse
dans le système lymphatique n'est pas clairement complète [53].
établi. La caractérisation des ganglions sur une
IRM après injection de gadofosveset repose sur
l'analyse du signal du ganglion et sur la présence
IRM corps entier de diffusion
d'un artefact de déplacement chimique [51]. À
l'inverse des ganglions malins, les ganglions bénins Les développements de l'IRM corps entier
prennent fortement le contraste comme les struc- reposent principalement sur les séquences de dif-
tures vasculaires avec un renforcement de l'arte- fusion en 3D. Le principal problème de cette tech-
fact de déplacement chimique sur les bords nique aujourd'hui est une faible spécificité qui ne
donnant un aspect de ganglion en relief [51]. permet pas de la recommander au quotidien.
Fig. 6.10. Coupes IRM axiales post-traitement néoadjuvant en pondération T2 (A) et diffusion (B) montrant l'apport de la
diffusion pour la détection des ganglions du mésorectum (flèches).
130 Imagerie post-thérapeutique en oncologie
Fig. 6.11. Coupes IRM axiales en pondération T2 et image correspondante en diffusion dans un examen de routine d'une
tumeur sténosante du haut rectum de stade T3 après traitement néoadjuvant.
Chapitre 6. Imagerie post-thérapeutique du cancer du rectum 131
marqueur utilisable, plutôt pour les métastases de la dose totale reçue, de son fractionnement et
hépatiques que pour la récidive locorégionale. de son étalement, et enfin du volume irradié. La
L'IRM est performante pour le diagnostic de réci- physiopathologie et la prise en charge des effets
dive locorégionale [63]. Cet examen reste difficile secondaires de la radiothérapie font distinguer les
car il faut pouvoir différencier les cicatrices ou les effets précoces (survenant pendant et au décours
collections postopératoires fréquentes des récidives immédiat de la radiothérapie) des effets tardifs qui
tissulaires tumorales. Il faut également rechercher peuvent être définitifs (séquelles). Dans le cadre
une atteinte du nerf sciatique ou une infiltration tis- de cette monographie, le rectum et l'anus sont les
sulaire sacrée qui sont des contre-indications pour principaux organes à risque. Nous n'aborderons
un nouveau geste chirurgical curatif. Des critères pas la tolérance des voies urinaires, du tube diges-
morphologiques existent pour caractériser une tif bas (côlon, sigmoïde, grêle) et des têtes fémo-
image comme une récidive : des limites spiculées, rales. Les réactions cutanées ont quasiment
des bords convexes ou une prise de contraste impor- disparu avec les rayons X de haute énergie, sauf
tante après injection de chélates de gadolinium. pour les plis et le périnée notamment chez les
patients obèses.
L'imagerie fonctionnelle a été étudiée également
dans cette situation. Les séquences de diffusion en La rectite aiguë peut survenir en cours de radio-
plus de séquences morphologiques classiques n'aug- thérapie et durer jusqu'à un mois après la fin de la
mentent pas la performance mais améliorent la spé- radiothérapie. Elle témoigne de l'inflammation
cificité et la concordance interobservateur [50]. réversible de la paroi intestinale. Cliniquement, la
rectite se manifeste par une diarrhée éventuelle-
La TEP permet de différencier, devant une masse
ment impérieuse, des ténesmes, des faux besoins,
pelvienne, une fibrose d'une récidive postopéra-
plus rarement des rectorragies. Une anite peut s'y
toire [8]. Une méta-analyse a évalué les perfor-
associer en cas d'irradiation du bas rectum.
mances de la TEP-FDG, de la TDM et de l'IRM
L'imagerie complémentaire est rarement néces-
dans le diagnostic de récidive des cancers colorec-
saire. Une endoscopie rectale retrouverait une
taux [64]. Dans l'analyse par patient, les sensibili-
inflammation, un œdème ou une ulcération dont
tés estimées de la TDM, de l'IRM et de la
le grade lésionnel n'est pas corrélé avec la sévérité
TEP-FDG ont été respectivement de, 64,7, 75,8
clinique. Les traitements symptomatiques sont
et 94,6 %. Dans l'analyse par patient, la TEP-FDG
habituellement suffisants. La véritable complica-
est significativement plus sensible que la TDM et
tion est l'interruption de la radiothérapie, notam-
l'IRM. Dans l'analyse par lésion, les sensibilités
ment chez des patients âgés ou peu motivés, avec
estimées de la TDM, de l'IRM et de la TEP-FDG
un risque très significatif de perte d'efficacité.
ont été respectivement de 63,8, 64,4 et 75,9 %. La
TEP-FDG est indiquée pour la localisation des La rectite chronique apparaît plusieurs mois après
récidives en cas d'élévation confirmée de l'ACE et la radiothérapie, mais persistera toute la vie du
de négativité du bilan par ailleurs. patient. La muqueuse s'atrophie et devient fragile,
facilement hémorragique, notamment en cas de
En ce qui concerne l'extension à distance, la TDM
traitement anticoagulant associé. Une endoscopie
thoraco-abdomino-pelvienne sera utilisée pour la
peut être nécessaire afin d'éliminer d'autres causes
surveillance des cancers métastatiques.
de rectorragies. Les complications sévères (hémor-
ragies justifiant des transfusions, ulcération, perfo-
ration) ne se rencontrent qu'à des doses totales ou
Évaluation de la toxicité par fractions plus élevées ou en cas d'erreur tech-
des traitements nique. L'irradiation du canal anal peut entraîner
une sténose cicatricielle. À titre d'exemple, les
La radiothérapie pelvienne et ses effets secondaires taux de toxicité de grade 3–4 (digestive, vésicale,
sont bien connus. Ceux-ci dépendent de la nature sous-cutanée, fistules, abcès, thromboses) étaient
des organes à risque inclus dans le volume traité, de 5 à 8 %, quel que soit le schéma d'irradiation.
Chapitre 6. Imagerie post-thérapeutique du cancer du rectum 133
Ce tableau relativement favorable pourrait chan- [6] Taylor FGM, Quirke P, Heald RJ, et al. on behalf of
ger avec les orientations des essais visant à aug- the MERCURY study group. One millimetre is the
safe cut-off for magnetic resonance imaging predic-
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lués est en train de trouver sa place dans une per- E, Tubiana-Mathieu N. Recommendations for clinical
sonnalisation de la démarche thérapeutique, practice: use of TEP-FDG in cancer of the esophagus,
notamment dans sa composante chirurgicale. stomach, colon and rectum, anal canal, large intestine,
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de distinguer le tissu fibreux du tissu tumoral. [10] Even-Sapir E, Lerman H, Gutman M, et al. The pre-
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Les défis à relever portent sur la spécificité du lesions incidentally found on PET-CT. Eur J Nucl
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capacité de détection de la maladie résiduelle [11] Brown G, Richards CJ, Bourne MW, et al.
microscopique. Les méthodes d'acquisition et de Morphologic predictors of lymph node status in rectal
traitement de signal doivent évoluer pour amélio- cancer with use of high spatial-resolution MR ima-
ging with histopathologic comparison. Radiology
rer la reproductibilité des analyses paramétriques 2003 ; 227 : 371–7.
et la pertinence des moyens de segmentation [12] Langenhoff BS, Oyen WJ, Jager GJ, et al. Efficacy of
d'image. fluorine-18-deoxyglucose positron emission tomo-
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Chapitre 7
Aspects post-thérapeutiques
des carcinomes hépatocellulaires
Le carcinome hépatocellulaire (CHC) est le nombreux progrès ont été conduits notamment
6e cancer mondial en termes d'incidence, et le pour les traitements locaux — incluant notam-
3e en termes de décès. L'incidence du CHC dans ment radiofréquence, radiothérapie stéréotaxique
le monde est évaluée à environ 600 000 nouveaux conformationnelle — et les thérapeutiques par
cas par an et à 5 000 à 6 000 nouveaux cas par an voie artérielle (chimioembolisation artérielle, ou
en France. Les prévisions indiquent une progres- radioembolisation). Toutes ces techniques utili-
sion importante d'ici 2020 puisqu'elle serait mul- sées seules ou combinées rendent possible le
tipliée par 3, secondairement à une plus grande contrôle local du CHC.
fréquence des hépatites C et la croissance des Dans les situations de CHC avancés, une thérapie
NASH (stéatohépatites non alcooliques). ciblée administrée par voie systémique — le sora-
Durant les 20 dernières années, la transplantation fénib — permet d'augmenter la survie [4].
hépatique et l'hépatectomie partielle ont été les L'évaluation de la réponse de chaque traitement
seuls traitements curatifs [1]. est donc capitale pour analyser l'efficacité du
La transplantation hépatique [2] est considérée traitement choisi et en cas de réponse partielle
comme le seul traitement curatif pour les patients ou de non-réponse pouvoir envisager de nou-
porteurs d'un CHC sur cirrhose en raison du taux velles options thérapeutiques le plus précoce-
élevé de récidive sur un foie de cirrhose [3]. Mais ment possible.
cette possibilité est devenue plus limitée notam- La cirrhose étant une maladie diffuse, il faut égale
ment du fait de la pénurie de greffons. La survie ment détecter au cours des traitements entrepris
globale à 5 ans des patients opérés d'un CHC est d'éventuels nouveaux CHC intra-hépatiques, ou
de 40 à 70 %. Cependant, seuls 10 à 30 % des une extension extrahépatique de la maladie — les
patients peuvent bénéficier d'un traitement lésions secondaires pulmonaires, péritonéales et
chirurgical au moment du diagnostic en raison du osseuses étant les sites métastatiques les plus fré-
stade trop avancé de la maladie locale, ou de la quemment retrouvés.
présence d'une atteinte extrahépatique, d'un
Scanner, échographie avec injection de produit de
bourgeon néoplasique vasculaire, ou d'une insuf-
contraste et IRM jouent un rôle fondamental
fisance hépatocellulaire majeure secondaire à la
pour l'évaluation de la réponse tumorale.
cirrhose sous-jacente. Dans le même temps, de
à électrode dédiée est placée dans la tumeur sous lorsque les patients sont dans les critères de Milan,
guidage échographique ou scanographique [23]. RF et résection donnent des résultats similaires.
Un courant de radiofréquence est appliqué, les
régions traversées par ce courant subissant une agita-
tion ionique qui induit par friction entre les particules Aspects normaux précoces
un échauffement tissulaire. Les cellules tumorales (délai < 2 mois)
exposées à une température supérieure à 60 °C subi-
Il est recommandé d'effectuer le premier contrôle
ront une dénaturation cellulaire irréversible.
1 mois après la procédure. Il existe en effet avant
La radiofréquence est aussi bien utilisée pour les ce délai des phénomènes périlésionnels avec pré-
tumeurs hépatiques primitives que secondaires. sence d'une prise de contraste périphérique qui
Elle peut être utilisée en percutané ou en peropé- peut être la conséquence d'une inflammation du
ratoire — par laparotomie ou laparoscopie. Elle parenchyme adjacent à la zone d'ablation et qu'il
peut constituer le traitement unique de la lésion ne faut pas confondre avec un résidu tumoral [26].
ou être combinée à d'autres traitements. Ce traite-
ment est réservé habituellement à des tumeurs de
moins de 5 cm, mais la plupart des équipes privilé- Scanner [27–31]
gient des tumeurs de taille inférieure à 3 cm, car le Avant injection, la zone d'ablation tumorale corres-
taux d'échec est plus élevé en cas de lésion supé- pond à la zone de nécrose de coagulation générée
rieure à 4 cm. La localisation idéale est à distance par la RF. Cette zone a une taille supérieure à la
de la capsule, de la convergence biliaire et des gros lésion initiale avec des marges circonférentielles de
vaisseaux. taille supérieure, de l'ordre de 5 à 10 mm supplé-
Les résultats obtenus avec cette technique sont mentaires par rapport à la tumeur. Cette marge est
excellents puisque dans l'étude de Lai et al. [24], la équivalente aux marges de résection chirurgicale.
survie globale des patients traités par radiofré- La lésion est hypodense, majoritairement homo-
quence était similaire à celle des patients ayant gène (72 % des cas) (fig. 7.1), avec parfois quelques
bénéficié d'une résection chirurgicale (patients plages hyperdenses spontanément qui corres-
porteurs de 3 nodules de moins de 3 cm). Tohme pondent à de la nécrose de coagulation et à des
et al. [25] ont confirmé ces données avec des taux débris sanguins. La forme de la lésion traitée peut
de survie globale et de survie sans progression équi- être variable, elle peut être ronde, ovale ou
valente dans les deux groupes. Il semble donc que oblongue, en fonction du type et du nombre
d'électrodes utilisées. Après injection, en cas de traitement complet et efficace, mais il peut persister
traitement complet de la lésion, il n'existe plus dans certains cas une prise de contraste fine, péri-
aucune prise de contraste. La zone d'ablation phérique sans lavage de cette zone, dont la caracté-
apparaît bien limitée. Il peut parfois exister (dans risation apparaît limitée sur ce contrôle précoce.
45 %) des cas une prise de contraste périphérique, En cas de doute, l'analyse est optimisée par la réa-
liée à des phénomènes inflammatoires secondaires lisation d'une soustraction de l'acquisition obte-
à la blessure thermique. Lorsque cette prise de nue à la phase artérielle à celle obtenue sans
contraste périphérique existe, elle ne présente injection. L'aspect de la lésion après injection doit
jamais de lavage à la phase portale ou tardive. être systématiquement analysé avec l'aspect en
pondération T1 avant injection, afin d'éviter des
IRM erreurs grossières, c'est-à-dire considérer qu'il
En IRM [28, 31], avant injection, sur les séquences existe une prise de contraste à la phase artérielle
pondérées T2 (Fast Spin Echo T2), la lésion se pré-
sente en hyposignal T2 cernée par un fin liséré en
hypersignal (fig. 7.2). Lorsqu'elle se présente en
hypersignal T2 franc, cela correspond une liqué-
faction ou la formation d'un bilome.
Sur les séquences pondérées T1 (de type écho de
gradient), la lésion est en hypersignal T1 avec et
sans saturation de graisse (fig. 7.2), sans modifica-
tion sur les séquences In Phase/Out of Phase. Ces
aspects peuvent persister relativement longtemps
au cours du temps et évoluent de façon variable, en
ayant tendance à devenir beaucoup plus homo-
gènes associés à une réduction de taille de la zone
d'ablation tumorale. Après injection (fig. 7.3), la Fig. 7.3. Aspect normal en IRM après injection.
lésion ne présente pas de rehaussement en cas de Pas de rehaussement de la lésion, contours réguliers.
A B
Pour certains auteurs, le terme de récidive est ina- Imagerie des récidives
dapté car il ne s'agit pas pour la plupart du temps La récidive présente en imagerie en coupes après
d'une réelle récidive mais probablement d'une injection de produit de contraste la même sémiolo-
tumeur initiale incomplètement traitée, non visua- gie que la tumeur initiale, c'est-à-dire prise de
lisée sur les premiers contrôles en imagerie, qui contraste à la phase artérielle et lavage à la phase
progresse. Ces auteurs recommandent donc d'uti- portale (fig. 7.7). Ces récidives peuvent se présen-
liser le terme progression locale de la tumeur. Il ter sous forme nodulaire, ou sous forme en crois-
est ainsi impossible de déterminer dans un certain sant et se situent en périphérie de la lésion traitée.
nombre de cas s'il s'agit d'une véritable lésion
Dans l'étude de Chopra et al. portant sur 35 lésions
incomplètement traitée qui grandit, ou d'une
de CHC [32], l'aspect scanographique de 12 réci-
nouvelle lésion (lésion de CHC fille ou satellite)
dives — prouvées par biopsie — a été étudié : 67 %
qui se greffe sur le site de radiofréquence.
146 Imagerie post-thérapeutique en oncologie
apparaissaient sous forme d'un nodule, 25 % sous la Les facteurs de risque de récidive locale sont mul-
forme d'un halo et aucune sous la forme d'un élar- tiples : la taille de la lésion notamment en cas
gissement de la taille lésionnelle. Kei et al. [33] ont supériorité à 3 cm. Kim et al. [36] ont objectivé ce
étudié 62 patients porteurs de 65 lésions de CHC facteur de risque comme primordial. De plus, le
ayant présenté une récidive locale. Ils ont classé ces délai de survenue de la récidive est significative-
récidives en extrazonales (lorsqu'elles se déve- ment plus élevé pour les lésions de moins de 3 cm.
loppent sur le versant externe de la zone d'ablation) Plusieurs études [34, 37–39] ont démontré que la
ou intrazonales (la lésion se développe dans la zone taille de la lésion initiale constituait le seul facteur
de traitement). Ils ont ensuite étudié l'aspect mor- de risque indépendant de récidive locale. Ceci
phologique de ces récidives : nodule, croissant, s'explique par les difficultés techniques à traiter de
halo pour les lésions extrazonales (86,2 %) et elles grandes zones, la réalisation de plusieurs sphères
se présentaient sous la forme d'un nodule dans d'ablation devient alors nécessaire pour traiter
96 % des cas, et sous la forme d'un croissant dans complètement ces lésions afin de ne pas laisser de
3 % des cas. La forme en halo et l'augmentation de tumeur résiduelle susceptible d'évoluer. Certains
taille de la zone traitée n'ont pas été retrouvées. auteurs [37] fixent donc la taille limite tumorale à
3 cm pour permettre un traitement optimal.
Facteurs de risque de résidu et de récidive Le respect des marges d'ablation constitue un élé-
Il existe plusieurs facteurs de risque susceptibles ment important dans le risque de survenue d'une
d'influencer la survenue d'une récidive locale, fac- récidive. La taille de la zone traitée doit être plus
teurs liés aux caractéristiques de la lésion (taille, importante que la lésion avec des marges d'au
topographie au contact du dôme, capsule, vais- moins 5 mm. Dans l'étude de Kei et al. [33], la
seau), au terrain (dysmorphie hépatique sous- concordance entre le site de récidive et le site de
jacente) à la technique de RF utilisée (modalité marge était de 83,3 %. Ce taux de concordance
d'examen, taille de l'aiguille) et aux résultats de la élevé suggère que l'obtention de marges suffi-
RF (existence ou non d'un anneau de rehausse- santes est importante pour minimiser le risque de
ment périphérique, respect des marges de traite- récidive locale et qu'il est essentiel de surveiller
ment). Dans l'étude d'Ayav et al. [34], portant sur attentivement ces marges lorsqu'elles ont été
les métastases hépatiques et les CHC, quatre insuffisantes pour des raisons techniques.
facteurs de risque de reliquat ont été objectivés en La proximité de la lésion avec une structure vascu-
analyse univariée : le sexe du patient (risque plus laire constitue également un facteur de risque,
élevé chez les hommes), la taille de la lésion mais ce point reste controversé dans la littérature.
(> 30 mm), le type de lésion (récidive plus fré- En effet le flux sanguin entraînerait une dissipa-
quente pour les CHC que pour les métastases) et la tion de la chaleur et donc une diminution de l'ef-
modalité technique (la récidive étant plus fréquente fet thermique de la RF en empêchant une bonne
pour les patients ayant bénéficié d'une RF par voie montée en température au sein de la lésion avec
transpariétale). En analyse multivariée, seule la taille un risque majoré de marges d'ablation insuffi-
et la technique étaient des facteurs de risque indé- santes, et donc la persistance de cellules tumo-
pendants. Dans l'étude de Paulet et al. [35], les rales. Certains auteurs montrent que ce contact
auteurs ont mis en évidence un taux de reliquat vasculaire joue un rôle significatif sur la survenue
tumoral de 13,7 % (20 lésions/146), le CHC d'une récidive locale [36, 40], mais non reconnu
représentant 68 % de ces résidus. Cette étude sug- comme tel dans d'autres études [37, 38]. Ces der-
gère également que les lésions hyperéchogènes, nières études avancent une autre hypothèse : le
hétérogènes en scanner ou hyperintenses en IRM tissu cirrhotique autour de la tumeur se compor-
sur les séquences pondérées T2 sont à plus fort terait comme un isolant thermique et favoriserait
risque de reliquat tumoral. La présence d'un la montée en température au sein de la lésion,
anneau périphérique post-thérapeutique en IRM empêchant ainsi la transmission de la chaleur au
constitue également un facteur de risque de surve- tissu adjacent. Dans leur étude, Kei et al. [33] se
nue d'un reliquat. sont intéressés à la concordance entre le site de
Chapitre 7. Aspects post-thérapeutiques des carcinomes hépatocellulaires 147
récidive tumorale et le site de la zone d'ablation tème de contention, les 150 à 200 faisceaux non
situé au plus près d'un vaisseau. La concordance coplanaires. Ainsi la dose aux tissus sains avoisi-
entre ces deux sites était de 57,9 % alors que dans nant la zone à traiter et les marges prenant en
41,2 % des cas, le site de récidive lésionnelle ne compte les mouvements du foie liés à la respira-
correspondait pas à la partie de la zone traitée tion sont réduites. Il devient possible de délivrer
contiguë au vaisseau. Dans cette étude les auteurs une dose tumoricide élevée sans risque majeur de
ont conclu que la récidive n'était pas attribuable à toxicité et la radiothérapie stéréotaxique utilisée
la proximité vasculaire. depuis des années pour des tumeurs intracéré-
La proximité de la lésion avec le dôme ou la cap- brales peut être envisagée pour des lésions extracé-
sule constitue également un sujet controversé rébrales.
dans la littérature. Si certains auteurs ont montré Il s'agit d'une radiothérapie hypofractionnée
que cette proximité est un facteur de risque indé- employant de nombreux faisceaux convergents de
pendant de récidive tumorale, d'autres ont mon- petites dimensions afin d'irradier de manière très
tré l'inverse, c'est-à-dire que la récidive n'était sélective un volume cible de très petite taille avec
pas significativement plus élevée pour les lésions une précision millimétrique. Ce système permet
situées près de la capsule ou du dôme que pour donc d'administrer une forte dose dans un petit
les lésions situées à distance de ces structures. Kei volume en épargnant au maximum les tissus adja-
et al. [33] ont montré que 41,7 % des progres- cents. La particularité est de faire un tracking en
sions tumorales se développant sur des CHC direct, c'est-à-dire que deux tubes à rayons X per-
sous-capsulaires n'étaient pas corrélées à la zone mettent de réaliser des clichés orthogonaux pour
sous-capsulaire de la zone d'ablation mais se le contrôle du positionnement du patient avant
développaient sur le versant central hépatique. chaque tir de faisceau (adaptation en temps réel au
Paulet et al. [35] ont mis en évidence que la pré- rythme respiratoire du patient).
sence d'un rehaussement périphérique autour de
la zone d'ablation sur le premier contrôle en Indications
IRM effectué 6 semaines après la procédure L'irradiation est proposée comme traitement cura-
constituait un facteur de risque de récidive locale. tif local par ablation non invasive pour les CHC
Cette progression locale a été vue chez 34,5 % localisés prouvés histologiquement ou présentant
des patients porteurs de ce rehaussement péri- les critères radiologiques de Barcelone avec 1 à
phérique alors qu'il n'est survenu que chez 5 % 3 lésions(s) de moins de 6 cm de grand axe.
des patients ne présentant pas ce rehaussement
Elle concerne des patients en bon état général
périphérique.
(statut OMS 0 à 2) sans limite d'âge, pouvant pré-
Là encore, l'analyse comparative de l'imagerie ini- senter une cirrhose de stade de Child-Pugh A6 ou
tiale et post-thérapeutique est capitale. B7 au plus. L'existence d'une cirrhose classée C
est une contre-indication quasi absolue.
Aspects des CHC après Les indications sont proposées en réunion de
radiothérapie stéréotaxique (RTS) concertation pluridisciplinaire, après discussion
de transplantation hépatique ou de résection
Rappel technique, indications, résultats chirurgicale.
Le système de radiothérapie stéréotaxique (notam- La radiothérapie stéréotaxique peut alors être pro-
ment Cyberknife) utilise la robotique pour traiter posée en alternative à l'ablation par radiofré-
par irradiation stéréotaxique des tumeurs intra ou quence des tumeurs accessibles. Elle constitue une
extracérébrales. Ses innovations techniques sont indication de recours sans contre-indication pour
déterminantes dans la prise en charge des lésions les lésions périphériques proches de la capsule ou
hépatiques : la précision millimétrique des fais- du diaphragme, et les lésions proches des vais-
ceaux, le suivi en temps réel des mouvements des seaux. L'existence d'une ascite n'est pas une
organes sans asservissement respiratoire ni sys- contre-indication absolue.
148 Imagerie post-thérapeutique en oncologie
transplantation hépatique et peut donc être utili- cret hypersignal sur les séquences pondérées T2
sée dans une stratégie d'attente « bridge ». et en hypersignal sur les séquences pondérées en
Pour les tumeurs évoluées, elle peut être utilisée en diffusion (fig. 7.9). Après injection on note une
traitement des récidives locales ou intra-hépatiques prise de contraste précoce de ces phénomènes
après chirurgie, radiofréquence, chimioembolisa- périlésionnels et cette prise de contraste persiste
tion ou d'une première irradiation. sur les acquisitions à la phase portale, mais dis-
paraît fréquemment sur les acquisitions les plus
Imagerie [52] tardives. Cette prise de contraste autour de la
Compte tenu de l'application récente de cette tech- lésion initiale est très étendue bien au-delà du
nique qui est de plus peu répandue, on ne dispose PTV et peut mesurer jusqu'à 4 cm. Ses bords
que d'un faible nombre de données dans la littéra- sont nets et rectilignes et ne présentent pas de
ture. Les aspects en imagerie sont tirés de notre expé- lavage portal. La lésion située au centre de ces
rience locale avec inclusion à ce jour d'une soixantaine phénomènes inflammatoires reste en hyposignal
de patients porteurs d'un ou plusieurs CHC (maxi- sur les acquisitions après injection (fig. 7.9) ;
mum 3 nodules de CHC) de moins de 3 cm. • à la phase plus tardive (> 12 mois), il est
En scanner, l'analyse des aspects post-thérapeutiques observé une régression en taille de la lésion et
est très délicate en raison de la pose de fiduciaires une régression de l'importance des phéno-
qui génèrent des artefacts de durcissement de fais- mènes inflammatoires périlésionnels. Celle-ci
ceau (fig. 7.8). L'analyse de la réponse apparaît persiste longtemps mais devient moins
donc plus aisée en IRM. intense et moins étendue. Une rétraction
capsulaire peut également être constatée si la
On distingue deux phases : lésion initiale était de topographie sous-cap-
• à la phase précoce, c'est-à-dire moins de 3 mois sulaire (fig. 7.10 et 7.11).
après la réalisation de la procédure, on observe
une régression en taille de la lésion et parfois Les données dans la littérature sont peu impor-
une régression de l'aspect en hypersignal diffu- tantes et les critères d'évaluation de la réponse
sion de la lésion traitée (mais ce signe est incons- tumorale difficiles à établir. La récidive est possible
tant). Il est noté très fréquemment l'apparition et se manifeste par l'apparition de marges
de phénomènes inflammatoires majeurs en péri- irrégulières avec prise de contraste en phase
phérie de la lésion traitée se manifestant en dis- artérielle et lavage de cette zone (fig. 7.12 à 7.14).
Fig. 7.11. IRM après radiothérapie stéréotaxique, avec régression de la portion de tissu viable au cours du temps.
A. Lésion avant traitement. B. Contrôle à 2 mois : persistance d'une prise de contraste à la phase artérielle et régression par
rapport à la lésion initiale. C. 4 mois plus tard, disparition quasi complète de la prise de contraste résiduelle constatée sur le pré-
cédent examen.
Chapitre 7. Aspects post-thérapeutiques des carcinomes hépatocellulaires 151
Fig. 7.13. Même patient que fig. 7.12, 4 mois après radiothérapie stéréotaxique.
Présence de phénomènes inflammatoires périlésionnels, la lésion principale ne prend plus le contraste.
Fig. 7.14. Même patient que fig. 7.12, 12 mois après radiothérapie stéréotaxique.
Apparition de contours irréguliers avec prise de contraste nodulaire à la face postérieure de la zone traitée : récidive.
152 Imagerie post-thérapeutique en oncologie
Imagerie après traitements drugs eluting beads a permis une meilleure activité
palliatifs de la doxorubicine ou du cisplatine comparative-
ment aux émulsions composées d'une drogue et
de l'huile iodée (Lipiodol) [56]. Les candidats
Traitements palliatifs idéaux traités par chimioembolisation sont les
locorégionaux patients dont la fonction hépatique est conservée
Chimioembolisation (Child-Pugh A), sans extension extra-hépatique
ou envahissement vasculaire. Ces patients traités
Rappel technique, indications, ont une survie supérieure à 2,7 ans, versus 1,9 an
et résultats obtenus sans traitement (p = 0, 0001). Les complications
La chimioembolisation est le premier traitement et décès sont significativement plus importants si
palliatif endovasculaire du CHC développé. Selon les patients ont une fonction hépatique dégradée
les recommandations, il s'agit de la première ligne ou une extension vasculaire tumorale [57].
thérapeutique des CHC larges ou multifocaux, ou La principale limite de la chimioembolisation est
de stade BCLC B. Il consiste à administrer par l'absence de protocole standardisé quant à la
voie intra-artérielle sous fluoroscopie un agent nature, la dose des drogues, le rythme et la sélec-
chimiothérapique. Il existe deux vecteurs permet- tivité de l'administration [57]. Il est cependant
tant l'administration de la chimiothérapie : soit le convenu qu'en cas de réponse partielle, il existe un
Lipiodol soit les billes chargées drugs eluting beads bénéfice à proposer de nouvelles séances de
DC Bead. chimioembolisation [58].
Le Lipiodol est un agent huileux qui présente une Lors d'étude de transplants traités par chimioem-
forte sélectivité vasculaire secondaire aux grandes bolisation, seulement 16 % des patients traités par
forces tensioactives de surfaces et donc une nette chimioembolisation conventionnelle [59] et 50 %
accumulation dans les CHC [53]. Miyayama et al. de ceux traités par chimioembolisation avec drugs
[54] ont démontré que ce passage portal réduisait eluting beads présentaient une nécrose complète,
le risque de récidive. Les deuxièmes vecteurs sont alors que l'imagerie observe respectivement 0
des particules d'embolisation calibrées permettant [60] et 30 % de réponse complète.
un relargage progressif de la drogue, un passage Il n'existe pas de différence significative entre la
systémique moindre, et une meilleure standardisa- chimioembolisation ou le sorafénib, excepté pour
tion des protocoles. Les drogues utilisées initiale- les patients BCLC C [60]. La survie globale est
ment étaient la doxorubicine (30 mg) ou le cisplatine meilleure lorsque l'injection est très sélective et
(100 mg). séquentielle [61].
Le mode d'administration dépend de la tolérance
et de l'efficacité de la première cure. Les indica- Imagerie
tions de la chimioembolisation sont un score de Le rythme de surveillance post-chimioembolisa-
Child-Pugh inférieur à B8, un état général tion par scanner ou IRM est tous les 3 mois.
conservé (OMS 0 voire 1), l'absence de localisa- L'aspect du Lipiodol est hyperdense sans injection.
tion secondaire métastatique. Le pourcentage de fixation est évalué lors de
Les contre-indications sont l'insuffisance rénale chaque contrôle. L'interprétation de la prise de
sévère (clairance de la créatinine < 30 mL/min), contraste en scanner est délicate en raison de l'hy-
une thrombose portale, une anastomose bilio- perdensité spontanée du Lipiodol (fig. 7.15), de la
digestive et la présence d'un TIPS (Transjugular diminution de l'apport sanguin soit par embolisa-
Intrahepatic Portosystemic Shunt). tion via les macromolécules, soit par la portion
La chimioembolisation permet une augmentation nécrotique [62]. La portion tumorale rehaussée
de la survie selon un fort niveau de preuve (confir- correspond à la portion du résidu tumoral [63].
mée par deux essais randomisés et deux méta- En IRM, le Lipiodol a peu d'effet sur l'intensité du
analyses [55]). Le développement récent des signal [58]. Une analyse anatomopathologique de
Chapitre 7. Aspects post-thérapeutiques des carcinomes hépatocellulaires 153
Fig. 7.16. CHC multifocal avant traitement par chimioembolisation lipiodolée (CEL).
Prises de contraste nodulaires à la phase artérielle correspondant à un CHC multifocal.
154 Imagerie post-thérapeutique en oncologie
Fig. 7.17. Scanner de contrôle après CEL (même patient que fig. 7.16).
Fixation intense et complète de la lésion du foie gauche, la seconde lésion a un tatouage partiel (< 30 % de la lésion), persistance
de tissu tumoral viable au sein de la seconde lésion.
L'injection dure 30 à 45 minutes via un système Les facteurs limitants de la radioembolisation sont
protégé comprenant un microcathéter, après une connus [69]. L'existence d'un bourgeon tumoral
préparation précautionneuse. En fin de procé- portal ampute la survie et l'efficacité de la radioem-
dure, il faut rincer le dispositif, s'assurer de l'ab- bolisation. Ces patients relèveraient plutôt d'un
sence d'activité résiduelle. L'exposition au thorax traitement systémique général : la PFS devient de
pour le radiologue est de 30,6 μSv et de 3,6 μSv 5,6 mois pour les patients Child A et 4,9 pour les
pour l'isotopiste. patients Child B contre respectivement 10,8 et
8,4 mois [75]. Effectivement, le bourgeon tumoral
Efficacité intrinsèque
est un facteur prédictif de la survenue de métastases
En 2004, Geschwind et al. [70] ont rapporté une extra-hépatiques [76]. Les autres facteurs défavo-
augmentation de la survie de 628 et 324 jours rables sont un état général précaire, un CHC mul-
(patients respectivement stades Okuda I et II) tifocal (> 5 nodules), et un INR supérieur à 1,2.
(P = 0,02), chez 80 patients atteints de CHC pal-
Actuellement, il n'existe pas de résultat de supé-
liatifs lors de 108 séances de radioembolisation.
riorité entre la radioembolisation et le sorafénib
Salem et al. en 2005 [67] ont montré chez
(Nexavar). L'étude SARAH (Sorafenib versus
43 patients une réponse tumorale objective et une
Radioembolization in Advanced Hepatocellular
augmentation de la survie de 20,8 et 11,1 mois
carcinoma) débutée en février 2012 a pour objec-
respectivement chez les patients à bas et haut
tif de comparer l'efficacité de la radioembolisation
risque. En 2010, Salem et al. ont présenté une
par yttrium-90 à celle du sorafénib dans le traite-
cohorte de 291 patients révélant un taux de
ment des CHC à un stade avancé. Parallèlement,
réponse partielle de 57 % selon les critères EASL,
sont étudiés la tolérance, la sécurité de la radioem-
une survie sans progression moyenne de 7,9 mois
bolisation, la qualité de vie des deux groupes, et le
(15,5 mois chez les patients classés Child Pugh A
coût ed ces deux alternatives.
et 13 mois chez les patients classés Child Pugh B).
La survie médiane était de 17,2 mois, 26,9 mois
pour les patients classés BCLC A, 17,2 mois pour Imagerie post-traitement [71, 77–79]
les patients classés BCLC B et 7,3 mois pour les Le suivi post-thérapeutique est réalisé par image-
patients classés BCLC C [71]. rie : soit par scanner abdominopelvien multipha-
Sangro et al. [72] ont observé une régression sique soit par IRM hépatique. Actuellement, il
tumorale chez 19 des 24 patients en stade Child A. n'existe pas de consensus sur le rythme de
La radioembolisation permet également un contrôle. Un bilan iconographique à court et
donwstaging tumoral et ainsi de réévaluer l'indi- moyen terme après une radioembolisation semble
cation d'un traitement curatif. Kulik et al. [73] licite dès le 1er mois puis à 3 mois, puis par un
ont montré, chez 66 % des 35 patients, le passage contrôle ultérieur semestriel. L'évolution radiolo-
d'un stade T3 à un stade T2, avec nécrose tumo- gique se mesure selon deux critères : les critères
rale importante [27]. Ibrahim et al. [74], ont mRECIST et les critères RECIST 1.1.
confirmé ces résultats sur une petite cohorte de Riaz et al. en 2009 [63] ont établi une corrélation
8 patients dont 50 % ont vu leur évaluation tumo- radiologique/anatomopathologique de 38 CHC
rale UNOS (United Network for Organ Sharing) radioembolisés non palliatifs, avant traitement
diminuée de T3 à T2. curatif chirurgical (âge moyen : 59 ans [43–75] ;
Riaz et al. [63] en 2009 ont présenté une corréla- BCLC : A 40 %, B 34 %, C 26 % ; nombre de
tion radiopathologique de 38 CHC traités par traitements : 1 ; dose moyenne : 93,5 mGy/cm ;
radioembolisation avant traitement curatif chirur- durée moyenne entre yttrium-90 et exérèse chirur-
gical. Les auteurs ont mis en évidence chez 33 gicale : 6 mois). L'évolution nécrotique retrouvée
d'entre eux (61 %) une involution nécrotique, chez 33 patients (61 %) était classée selon trois
d'autant plus important que leur taille était infé- types de rehaussement : absent, annulaire fin
rieure à 3 cm, même chez un patient 12 heures périphérique, annulaire périphérique irrégulier.
après la séance de radioembolisation [63]. L'analyse radiologique révélait une décroissance
158 Imagerie post-thérapeutique en oncologie
tumorale chez plus de 90 % des patients, dont 50 % Il a été montré que l'absence de rehaussement signi-
en réponse partielle selon RECIST et EASL, et fiait une nécrose totale systématique, un fin rehaus-
30 % de réponse complète (fig. 7.22 à 7.24). Le sement périphérique persistait dans 93 % des cas de
délai moyen entre la radioembolisation et l'évalua- nécrose, mais un rehaussement nodulaire témoi-
tion radiologique était de 126 jours. gnait d'une lésion encore viable (fig. 7.25 et 7.26).
A B
C D
Fig. 7.22. IRM, un mois après une radioembolisation (RE).
A, B. IRM, phase artérielle, avant le traitement : CHC multifocal. C, D. IRM, un mois le traitement par RE : apparition de phéno-
mènes inflammatoires périlésionnels (flèches), la lésion est alors difficilement individualisée.
A B
Fig. 7.24. IRM, après RE, contrôle un an plus tard.
A. Phénomènes inflammatoires majeurs périlésionnels (flèches). B. Maladie en régression selon les critères mRECIST, régression
de la taille tumorale et persistance de tissu viable (flèches en pointillés) (régression > 30 %) par rapport à la lésion initiale.
A B
C D
Fig. 7.25. TDM avant et après traitement par RE.
A, B. CHC diffus du foie droit. C, D. TDM un mois plus tard : apparition de plages de nécrose au sein de la lésion infiltrante du foie
droit (flèche).
160 Imagerie post-thérapeutique en oncologie
A B
C D
Fig. 7.26. Même patient que fig. 7.25, IRM avant et après traitement par RE.
A, B. CHC diffus du foie droit. C, D. IRM un mois plus tard : apparition de plages de nécrose au sein de la lésion infiltrante du foie
droit (flèches).
Fig. 7.28. CHC 2 mois après mise en route du traitement par sorafénib.
Apparition de plages de nécrose apparaissant hypodenses au sein de la lésion (flèche).
à-dire incluant réponse complète, réponse par- des patients non répondeurs notamment centrées
tielle et maladie stable) (fig. 7.29). sur l'évaluation de la fraction de perfusion lors
Dans l'étude de Hsu et al. [57], 31 patients ont été d'une imagerie de diffusion [18].
évalués cette fois-ci selon les critères RECIST : 19 Une étude observationnelle à l'échelle mondiale
ont été considérés comme non progresseurs et 12 est en cours afin de mieux définir les critères de
comme progresseurs (fig. 7.30). sélection thérapeutique et de l'évaluation de la
Les données morphologiques semblent insuffi- réponse tumorale : Global Investigation of Thera-
santes à prendre en compte, c'est la survie globale peutic Decisions in hepatoCellular Carcinoma and
its Treatment with sorafénib (GIDEON) study
[84]. Cette étude a inclus 3 000 patients dans
et la survie sans progression qui sont les éléments plus de 40 pays, avec un suivi de plus de 5 ans afin
capitaux. de collecter toutes les données importantes :
Actuellement des méthodes d'imagerie fonction- caractéristiques, étiologies, traitements, suivi, en
nelle sont en cours d'évaluation afin de détecter le vue d'optimiser la prise en charge de ces patients
plus précocement possible les patients répondeurs à l'avenir.
162 Imagerie post-thérapeutique en oncologie
A B
C D
E F
Fig. 7.29. CHC, suivi à 2 et 5 mois.
A, B. Scanner, phase artérielle : volumineux CHC du foie droit, avant mise en route du traitement. C, D. Évaluation de la réponse
tumorale à 2 mois : maladie stable. E, F. Évaluation de la réponse tumorale à 5 mois : maladie en rémission partielle selon les cri-
tères mRECIST.
A B
Fig. 7.30. CHC, évolution sous sorafénib.
A. Scanner, avant traitement. B. Évaluation de la réponse au traitement : nette majoration en taille de la plus grosse lésion = mala-
die progressive selon les critères m RECIST.
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Chapitre 8
Aspect post-thérapeutique
du cancer du rein
La décision dépend actuellement de la taille tumo- Biologie moléculaire des cancers du rein
rale, de son extension, de la cinétique de progres- Voie VHL-HIF-VEGF
sion, de l'état général du patient, de son âge et de Le cancer du rein conventionnel (75 % des cas) se
la présence de comorbidités. Certaines équipes caractérise sur le plan moléculaire par une inactiva-
considèrent que la néphrectomie de principe dans tion somatique du gène suppresseur de tumeur Von
les formes métastatiques permet une réduction de Hippel Lindau localisé sur le bras court du chromo-
la masse tumorale, et une meilleure réponse aux some 3. L'inactivation de ce gène conduit à la perte
traitements systémiques. Plusieurs études sont de fonction de la protéine pVHL qui joue un rôle
actuellement en cours pour évaluer l'impact de la essentiel dans la régulation de la dégradation de pro-
néphrectomie sur la survie des patients à l'ère des téines par le protéasome en particulier les protéines
thérapies ciblées (étude CARMENA, etc.). de la famille HIF (Hypoxia Inducible Factor). Il
La métastasectomie peut avoir sa place à visée pal- existe deux formes de HIF : HIF1 et HIF2, toutes
liative (douleurs, compressions, fractures, etc.) ou deux régulées par pVHL. La perte de fonction de
à visée curative. La métastasectomie à visée cura- pVHL conduit à une accumulation de HIF1 et
tive ne peut être envisagée que chez des patients HIF2, facteurs transcriptionnels qui contrôlent l'ex-
sélectionnés (bon pronostic, pauci-métastatiques) pression de près de 80 gènes parmi lesquels le gène
et en cas de néphrectomie préalable. VEGF et Plateled Derived Growth Factor (PDGF)
impliqués dans l'angiogenèse. Les carcinomes
Thérapeutiques médicales du cancer rénaux se caractérisent donc par une induction de
du rein avancé l'angiogenèse par hyperexpression du VEGF-A et de
molécules apparentées (VEGF-C, PDGF, VEGF-D)
L'immunothérapie a été pendant près de 20 ans
qui sont de puissants proangiogéniques.
la seule option thérapeutique disponible pour les
patients présentant un CCCR métastatique. La
Voie PI3K-Akt-mTOR
découverte fondamentale qu'un défaut du sys-
tème d'immunosurveillance pouvait être à la base L'activation de la voie PI3K (phospho-inositide-
du développement du cancer et que la restaura- kinases)/Akt/mTOR via des récepteurs de divers
tion des fonctions immunitaires pourrait induire facteurs de croissance est cruciale pour la proliféra-
des régressions tumorales a conduit au dévelop- tion et la survie des cellules dans de nombreux types
pement de l'immunothérapie. L'interleukine-2 de cancers, et plus particulièrement le cancer du rein,
et l'interféron, deux activateurs puissants du sys- qui en fait une cible thérapeutique privilégiée. mTOR
tème immunitaire en particulier des lympho- (mammalian Target of Rapamycin) est une sérine-
cytes, ont ainsi largement été utilisés dans le thréonine-kinase qui intervient dans la synthèse pro-
cancer du rein avancé. Mais seuls 10 à 15 % des téique par l'intermédiaire de la kinase S6 et du facteur
patients sont considérés comme répondeurs et au 4EBP1. La protéine mTOR régule l'expression de
prix de nombreux effets indésirables souvent très HIF1-α et β-HIF2, reliant ainsi la voie mTOR à celle
mal supportés. de l'angiogenèse. Le blocage de cette voie empêche
l'action du VEGF, et par conséquent la prolifération,
Le traitement des cancers du rein métastatique a
survie et migration des cellules endothéliales. Les
été bouleversé ces 5 dernières années par l'arrivée
inhibiteurs de mTOR, en diminuant l'expression de
des antiangiogéniques. Les avancées de la biologie
HIF, agissent ainsi sur l'angiogenèse tumorale.
moléculaire ont permis une meilleure compréhen-
sion de la carcinogenèse rénale et ont révélé le rôle
fondamental de l'angiogenèse. L'identification Antiangiogéniques et inhibiteurs mTOR : études
des voies de signalisation impliquées dans l'angio- et recommandations
genèse tumorale a conduit au développement de Les traitements peuvent être regroupés en trois
nombreux médicaments ciblant cette voie de familles : les inhibiteurs de tyrosine-kinase (TKI),
signalisation, avec actuellement sept thérapeu- les anticorps monoclonaux anti-VEGF ainsi que
tiques disponibles. les inhibiteurs de l'activité sérine/thréonine kinase
Chapitre 8. Aspect post-thérapeutique du cancer du rein 169
Tableau 8.1 Recommandations de l'European Society of Medical Oncology pour la prise en charge des carcinomes
rénaux avancés
Histologie et ligne de traitement Risque pronostique Standard Option
Carcinome à cellules claires
1re ligne Bon et intermédiaire Sunitinib Cytokines (IL-2 haute dose)
Bévacizumab + IFN Sorafénib
Pazopanib
Mauvais Temsirolimus Sunitinib
Sorafénib
2e ligne Post-cytokines Sorafénib Sunitinib
Pazopanib
Axitinib
Post-TKI Évérolimus Sorafénib
Axitinib
3e ligne Post-2 TKI Évérolimus
Autres types histologiques
Temsirolimus
Sunitinib
Sorafénib
IFN : interféron ; IL : interleukine.
170 Imagerie post-thérapeutique en oncologie
une réponse partielle sur le volume tumoral n'est calement lorsqu'elle progresse, tout en restant
obtenue que dans 20 à 30 % des cas. L'association dans la fenêtre de curabilité. Cette option, réservée
à la radiothérapie conventionnelle de l'exérèse à des cas particuliers, doit être discutée en RCP.
d'une métastase du SNC (système nerveux cen-
tral) peut permettre d'améliorer le pronostic, qui
néanmoins reste sombre. La radiothérapie stéréo- Évaluation de la réponse
taxique actuellement en plein développement précoce et tardive au traitement
laisse espérer de nouvelles indications d'irradia-
tion et devrait renforcer le rôle de la radiothérapie Place de l'imagerie
dans la prise en charge des cancers du rein métas-
tatiques (irradiation stéréotaxique cérébrale, irra-
morphologique et fonctionnelle
diation de la tumeur primitive, etc.). (fig. 8.1 et 8.2)
A B
C D
E F
Fig. 8.1. Tumeurs rénales bilatérales chez un patient de 55 ans : TDM avec injection.
A, B. TDM temps artériel : volumineuse masse à centre nécrotique gauche, masse polaire supérieure droite (A), petite masse de
la lèvre antérieure du rein droit (B). C, D. Traitement par axitinib, bilan fin de deuxième cure, TDM injectée. Elle montre au temps
parenchymateux, une réduction des dimensions des lésions et une liquéfaction des lésions, quasi complète à gauche (C) et com-
plète pour les deux lésions droites (D). Arrêt du traitement par le patient (effets indésirables majeurs). E, F. 6 semaines après,
décision RCP d'une néphrectomie partielle gauche, TDM postopératoire avec injection. Elle montre au temps parenchymateux
une nette repousse tissulaire intralésionnelle à droite.
172 Imagerie post-thérapeutique en oncologie
A B
Fig. 8.2. Tumeurs rénales bilatérales chez une patiente de 58 ans avec
antécédent de néphrectomie élargie gauche pour épithélioma 2 ans aupara-
vant : TDM avec injection.
A. Temps artériel précoce : apparition d'une tumeur rénale droite (flèche) et
infiltration tissulaire en latéro-aortique gauche interprétée comme fibrose
inflammatoire (tête de flèche). B. Fin de traitement par sunitinib – temps artériel
précoce : réduction de taille et hypodensité intralésionnelle de la lésion rénale,
réduction quasi complète de l'infiltration latéroaortique gauche. C. Contrôle à
C un an — temps artériel tardif — métastase surrénalienne droite (flèche), pas de
modification de la formation kystique du pôle inférieur droit (non montrée).
RECIST version 1.1 de 2009, de façon simple en De plus, si l'évaluation de la taille est fiable pour
déterminant la somme du plus grand diamètre des les drogues cytotoxiques, elle n'est pas applicable
lésions cibles définies comme mesurables supé- aux thérapies ciblées antiangiogéniques. Ces nou-
rieures à 10 mm et à contours nets (5 lésions par veaux traitements, dont l'efficacité est démon-
patient, 2 à 3 lésions par organe), en déterminant trée sur le cancer du rein, entraînent la destruction
des lésions non cibles mesurables ou non mais éva- de la néovascularisation avec apparition précoce
luables et en tenant compte des adénopathies supé- d'une nécrose, souvent sans modification de
rieures à 15 mm de petit axe. La réponse est évaluée volume, de ce fait les critères classiques morpholo-
sur le pourcentage de variation de cette somme en giques RECIST sont inadaptés. D'où la nécessité
quatre catégories : d'une imagerie fonctionnelle de la microvasculari-
• réponse complète (disparition de toutes les sation avec une analyse dynamique et une quanti-
lésions cibles et non cibles) ; fication afin d'évaluer précocement la réponse au
• réponse partielle des lésions cibles (diminution traitement. Elle peut se faire avec les trois modali-
de la somme des lésions cibles de plus de 30 %) ; tés d'imagerie avec une injection de produit de
• stabilité des lésions cibles (somme comprise contraste. Les produits de contrastes iodés et
entre +20 et –30 % sans nouvelles lésions) ; gadolinés diffusent dans l'interstitium. Le produit
• progression des lésions cibles (somme > 20 %). de contraste ultrasonore reste intravasculaire. Le
Ce référentiel présente deux types d'inconvénients scanner et l'IRM permettent une analyse séquen-
majeurs. D'une part, il est imprécis car il existe tielle composée d'une multitude d'acquisitions
une variabilité inter et intra-observateur, une après une injection à fort débit au même niveau
variabilité des mesures selon la fenêtre en TDM, lésionnel pendant plusieurs minutes.
une absence d'uniformité dans les protocoles d'in- L'échographie permet une analyse en temps réel
jection, une absence de consensus sur le temps de la prise de contraste. L'inconvénient de l'IRM
d'acquisition optimal (certaines métastases comme est la non-linéarité de l'intensité du signal avec la
celles de cancer du rein sont mieux identifiées au concentration en gadolinium, celui de la TDM
temps artériel que portal). La multiplication des reste l'exposition aux radiations ionisantes. Le
erreurs en additionnant tous ces facteurs aboutit à problème du recalage à cause des mouvements
un résultat final très imparfait. D'autre part, ce respiratoires n'est pas encore résolu. Par ailleurs,
référentiel ne tient pas compte du comportement l'analyse des données est complexe et nécessite des
interne de la lésion. logiciels dédiés qui fournissent différents para-
Chapitre 8. Aspect post-thérapeutique du cancer du rein 173
mètres de perfusion (volume sanguin tissulaire — tile. Sa prise de contraste est possible mais faible.
aire sous la courbe, maximum de rehaussement, Quelle que soit la modalité, l'apparition de nou-
flux sanguin tissulaire — pente, temps de transit velles lésions est également à prendre en compte.
moyen, perméabilité capillaire — Kps —, volume
de distribution interstitiel) [9, 10].
Il n'y a pas aujourd'hui de standardisation quant Place de la médecine nucléaire
au point de départ, au délai par rapport au début L'imagerie tumorale rénale en médecine nucléaire
du traitement, à la technique d'imagerie à utiliser repose essentiellement sur la TEP-TDM. Le radio-
ou encore de consensus sur les meilleurs para- traceur le plus utilisé en TEP-TDM est le fluoro-
mètres à utiliser pour évaluer la réponse précoce déoxyglucose marqué au 18F, analogue structurel du
au traitement. Une approche alternative a été pro- glucose qui permet l'appréciation du métabolisme
posée combinant les données morphologiques glucidique à l'échelle cellulaire. La TEP-TDM au
avec la densité tumorale, à savoir définir la réponse FDG est un examen incontournable en oncologie,
tumorale par une diminution de 10 % de la taille mais son usage dans les cancers rénaux reste toute-
de la lésion et/ou 15 % de densité sur le scanner fois assez limité. D'autres radiotraceurs, moins dis-
injecté. Dans ce cadre le temps portal appréciera le ponibles, ont démontré leur intérêt potentiel.
rehaussement tardif dans la lésion [11, 12].
L'imagerie de diffusion en IRM avec quantification
de la valeur de l'ADC est une autre voie pour l'éva- TEP-TDM au FDG (fig. 8.3)
luation précoce de la réponse tumorale. La diffu- TEP-TDM au FDG dans l'identification des sites
sion étant une mesure indirecte de la densité tumoraux
tissulaire, elle permet de différentier, grâce à l'ADC, La TEP-TDM au FDG n'apporte pas de bénéfice
le tissu tumoral viable qui a un ADC faible, du tissu clair comparativement à l'imagerie morpholo-
tumoral non viable — apoptose ou nécrose intratu- gique dans la caractérisation des tumeurs rénales.
morale induite par le traitement — qui se traduit Les performances de l'examen sont extrêmement
par une élévation de la valeur de l'ADC [13]. variables selon les études, avec des sensibilités
Cette imagerie est applicable en cas d'insuffisance variant de 32 à 88 %. Cette importante hétérogé-
rénale, controverse classique à de multiples injec- néité est liée aux nombreuses variantes histopatho
tions de produit de contraste. Elle est également logiques des cancers rénaux ayant une avidité
proposée pour évaluer la réponse aux thérapies variable pour le FDG. Les tumeurs les plus agres-
antiangiogéniques comme biomarqueur de la per- sives ont généralement une fixation plus intense
fusion au niveau des microcapillaires et de la diffu- du fait d'un métabolisme glucidique de ces lésions
sibilité des protons des molécules d'eau dans les plus élevé. En outre, l'élimination urinaire du
tissus. Cette estimation de la composante perfu- FDG peut être responsable d'une importante acti-
sive et diffusive d'une tumeur est possible grâce à vité pyélocalicielle qui peut gêner l'appréciation
l'utilisation de plusieurs valeurs de b. La modifica- de la fixation tumorale, en dépit d'acquisitions
tion des valeurs d'ADC permet une évaluation de réalisées sous couvert d'un traitement diurétique.
la réponse précoce au traitement [14, 15]. Elle n'est pas recommandée en routine.
La différenciation entre tissu fibreux et récidive Les données concernant l'intérêt de la TEP-TDM
tumorale pose parfois des difficultés, notamment au FDG dans le diagnostic et l'évaluation des
après radiothérapie en TDM : une récidive locale reprises évolutives locales après néphrectomie
apparaît en général comme une masse hypervascu- totale, partielle, ou traitement radiologique inter-
larisée dans la loge de néphrectomie, aussi bien en ventionnel sont très limitées. Il n'est à l'heure
IRM qu'en TDM, mais ces examens peuvent être actuelle pas possible d'en préciser la place.
pris en défaut. En IRM, en séquence T2w le tissu L'avidité des cancers rénaux pour le FDG étant
fibreux a un hyposignal franc pathognomonique, inconstante, la sensibilité et donc la valeur prédic-
entouré de travées, avec souvent un aspect rétrac- tive négative de l'examen est diminuée. L'absence
174 Imagerie post-thérapeutique en oncologie
Fig. 8.3. Patient de 62 ans avec antécédent de carcinome à cellules claires du rein gauche pT3N1M0 traité par néphrectomie
élargie 20 mois auparavant : TEP-TDM au FDG.
L'image de projection d'intensité maximale (A) et la coupe de fusion thoracique (B) montrent un hypermétabolisme glucidique
intense en regard d'une masse pulmonaire droite paramédiastinale métastatique sans autre anomalie notamment au niveau rétro-
péritonéal gauche (C).
d'hyperfixation du FDG ne permet donc pas d'in- une perspective de suivi thérapeutique, la propor-
firmer une récidive locale. À l'inverse, d'éventuels tion d'examens faussement négatifs est plus impor-
faux positifs inflammatoires liés aux remaniements tante que dans d'autres domaines oncologiques où
post-thérapeutiques sont à prendre en compte en la TEP est utilisée. Ces faux négatifs sont liés d'une
cas d'hyperfixation sur le site préalablement traité. part à l'avidité inconstante pour le FDG de cer-
Les résultats de l'examen sont donc à considérer tains types tumoraux et d'autre part à la résolution
avec une grande précaution, et à intégrer avec les spatiale moindre de la technique, d'où sa sensibi-
autres examens d'imagerie réalisés ainsi qu'avec lité inférieure à celle de l'imagerie morphologique
les données histopathologiques de la lésion préala- dans la détection des contingents tumoraux de
blement traitée. petite taille [17]. Bien qu'au final les performances
En revanche, les performances de la TEP-TDM globales de la TEP-TDM au FDG ne soient pas
au FDG dans la détection des atteintes extraré- significativement différentes de celles du scanner
nales sont plus élevées. Les sensibilité et spécificité ou de l'IRM dans le diagnostic de récidive tumo-
globales de l'examen sont respectivement de rale, l'ensemble des données ne permet donc pas
l'ordre de 63–100 % et 75–100 % [16]. de proposer la TEP-TDM au FDG de manière sys-
tématique dans la surveillance après traitement
Des études plus récentes se sont intéressées exclu-
curatif chirurgical ou interventionnel des cancers
sivement à la récurrence tumorale et retrouvent
rénaux. En revanche, l'examen présente un intérêt
des performances élevées dans la détection des
dans la caractérisation de lésions équivoques
lésions secondaires [17]. Elles seraient liées au
découvertes au scanner ou à l'IRM, notamment
caractère plus agressif des contingents tumoraux
grâce à sa valeur prédictive positive élevée.
métastatiques, ce qui explique que chez certains
patients des lésions secondaires pourtant infracenti- Pour la détection des lésions osseuses secondaires, la
métriques peuvent apparaître plus fixantes que la TEP-TDM au FDG apparaît plus sensible que la
tumeur primitive elle-même. Pour autant, dans scintigraphie osseuse [18] en rapport avec le carac-
Chapitre 8. Aspect post-thérapeutique du cancer du rein 175
tère plus fréquemment lytique de ces lésions. Mais rapeutiques en fonction de ces données reste encore
les études comparant ces deux examens sont à définir.
anciennes, et ne prennent pas en compte les der-
nières évolutions technologiques scintigraphiques Autres radiotraceurs
(acquisitions tomographiques couplées au scanner). Girentuximab marqué à l'iode-124
Enfin, la TEP-TDM au FDG revêt une valeur pro-
nostique : l'intensité de fixation maximale du Il est extrêmement prometteur dans la prise en charge
FDG est prédictive de la survie globale et de la des carcinomes rénaux à cellules claires. Il s'agit
survie sans récidive. Cette information pronos- d'un anticorps chimérique se liant à l'anhydrase car-
tique n'est pas utilisée pour l'instant dans la défi- bonique IX, antigène membranaire surexprimé de
nition de la stratégie thérapeutique. manière homogène dans plus de 95 % des carci-
nomes rénaux à cellules claires et absent dans le
TEP-TDM au FDG et évaluation de la réponse parenchyme rénal normal. Les sensibilités et spécifi-
aux thérapeutiques systémiques des cancers cité de la TEP-TDM au 124I-girentuximab dans la
rénaux avancés caractérisation des carcinomes rénaux à cellules
claires dépassent les 85 %, avec une valeur prédictive
La TEP-TDM au FDG n'est pas en mesure d'ap-
positive de 94 % en cas de fixation. Ces performances
précier de manière fiable la réponse à l'immunothé-
sont proches de la rentabilité diagnostique d'un pré-
rapie [19]. En revanche, l'examen semble pouvoir
lèvement histologique invasif, et ouvrent donc la
jouer un rôle important dans l'évaluation de la
perspective d'un diagnostic histologique positif par
réponse aux nouvelles thérapeutiques ciblées.
l'imagerie [21]. Ce radiotraceur a également montré
L'inhibition de plusieurs tyrosine-kinases par ces
son intérêt dans la détection de métastases ganglion-
traitements aboutit, entre autres effets, à une
naires et viscérales occultes des carcinomes à cellules
moindre expression des transporteurs membranaire
claires, mais son rôle dans le suivi thérapeutique des
du glucose, si bien que la fixation du FDG peut in
cancers traités reste à définir.
fine refléter l'ensemble des modifications métabo-
liques induites par le traitement. Plusieurs études
ont évalué la variation de la fixation tumorale du Acétate marqué au 11C
FDG en regard de cibles thérapeutiques avant et Ce radiotraceur reflète l'activité de l'acétyl-CoA-
après instauration d'un traitement par sorafénib ou synthétase qui est augmentée dans les cancers
sunitinib [20]. Une baisse de la fixation des lésions rénaux. La TEP-TDM au 11C-acétate semble per-
tumorales est observée chez les patients répon- mettre la détection des carcinomes rénaux avec
deurs, précédant parfois la réponse thérapeutique une sensibilité similaire à celle de la TEP-TDM au
observable selon les critères RECIST. La TEP- FDG, mais n'a à ce jour pas été évaluée dans des
TDM au FDG permet en outre l'évaluation de la stratégies de surveillance.
réponse au traitement des lésions osseuses, ce qui
n'est pas possible sur des critères exclusivement Nitro-imidazoles marqués au 18F
morphologiques. La réponse thérapeutique évaluée Le fluoromisonidazole marqué au 18F (FMISO)
par la TEP-TDM au FDG semble en outre avoir est un radiotraceur permettant d'apprécier l'hy-
une valeur pronostique indépendante : une dimi- poxie tumorale. La fixation est maximale dans
nution de plus 20 % de l'intensité de fixation des les conditions d'hypoxie sévère. L'importante
lésions tumorales entre un premier examen préthé- chimio et radiorésistance des carcinomes rénaux
rapeutique et un second examen réalisé après ins- étant pour partie en rapport avec des contingents
tauration du traitement est prédictive d'une survie tumoraux hypoxiques, ce radiotraceur a été pro-
sans progression et même d'une survie globale plus posé pour l'imagerie des cancers rénaux. La sensi-
élevées. Les seuils et les variations d'intensité de bilité de l'examen dans la caractérisation des
fixation prédictifs d'une réponse thérapeutique lésions rénales ou extrarénales hypoxiques est
sont en évaluation et l'adaptation des stratégies thé- décevante [22].
176 Imagerie post-thérapeutique en oncologie
TKI ainsi que les inhibiteurs de mTOR. traitement en dehors des rares cas d'HTA
Parmi les effets métaboliques, les inhibiteurs de malignes, d'insuffisance cardiaque associée, d'in-
mTOR sont pourvoyeurs d'hyperglycémie et farctus du myocarde, ou d'accidents vasculaires
d'hyperlipidémie, en raison du rôle de mTOR cérébraux.
dans l'adipogenèse et le métabolisme glucidique. La pneumopathie non infectieuse (PNI) est la toxi-
Une cytopénie est fréquente sous sunitinib, pou- cité la plus redoutée des inhibiteurs de mTOR.
vant imposer un arrêt du traitement. Une toxicité Cette pneumopathie de type interstitielle est le
hépatique est possible sous pazopanib. plus souvent asymptomatique (PNI de grade 1),
La toxicité cutanée, très rare avec le bévacizumab, mais peut se manifester par une légère dyspnée et/
s'observe avec tous les TKI et inhibiteurs de ou toux (PNI de grade 2) ou dans ses formes les
mTOR. On observe principalement des rashs plus graves (2–3 %) engager le pronostic vital
cutanés maculopapuleux, des sécheresses cutanées (PNI de grade 4). L'incidence est d'environ 35 %
ainsi que des prurits avec des fréquences variables et les premiers symptômes apparaissent en général
selon la molécule considérée. Le syndrome main- après 3–4 mois de traitement. La physiopatholo-
pied peut se voir avec tous les TKI en particulier le gie de la toxicité pulmonaire n'est quant à elle pas
sorafénib (30 % tous grades confondus) et se complètement élucidée. Elle pourrait être le résul-
caractérise par un érythème palmoplantaire pou- tat d'une toxicité directe des inhibiteurs de mTOR
vant être associé à des dysesthésies invalidantes. sur les pneumocytes, d'une dysfonction endothé-
liale ou encore d'un mécanisme immunoaller-
La toxicité des muqueuses se traduit par la survenue
gique. L'imagerie joue un rôle décisif dans le
de mucites, gastrites et diarrhées. La diarrhée est
diagnostic, le grading ainsi que la prise en charge
fréquemment observée avec les TKI (sunitinib,
des pneumopathies non infectieuses. L'aspect est
sorafénib, axitinib) alors que la mucite s'observe
caractéristique en TDM devant une image en
avec les TKI et mTOR.
verre dépoli, bilatérale et lobaire inférieure avec
La survenue de l'HTA a été rapportée avec tous fibrose, imagées réticulées et bronchectasies de
les antiangiogéniques quelle que soit la sous-classe traction (fig. 8.4).
à laquelle ils appartiennent. Cependant elle est
De rares cas d'encéphalopathie postérieure réver-
moins spécifique et fréquente sous inhibiteurs de
sible (céphalées, altération des fonctions mentales,
mTOR. Elle est expliquée par plusieurs méca-
troubles visuels, etc.), liée à une rupture de la bar-
nismes : diminution de la densité en capillaires,
rière hémato-encéphalique et à un œdème vasogé-
altération de la vasodilatation endothélium-
nique de la substance blanche, ont été rapportés.
dépendante et également glomérulopathie. Elle se
La responsabilité de l'HTA est évoquée. L'IRM
traduit par une protéinurie voire un syndrome
est spécifique de ce diagnostic. Le diagnostic dif-
néphrotique. Elle ne doit pas faire interrompre le
A B
Fig. 8.4. Pneumopathie interstitielle non infectieuse grade 3 chez une patiente traitée par Torisel (inhibiteur de mTOR).
Dyspnée majeure nécessitant une hospitalisation avec oxygénothérapie et corticothérapie. A. TDM initiale. Aspect typique : aspect
en verre dépoli lobaire inférieur, bilatéral avec images réticulées et bronchectasies de traction. B. TDM 10 jours post-thérapeutiques.
Régression des anomalies avec atélectasie sous segmentaire à droite.
178 Imagerie post-thérapeutique en oncologie
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Immunotherapy response evaluation with (18)F-FDG-
Chapitre 9
Aspect post-thérapeutique
du cancer de la prostate
peut avoir un impact sur la prise en charge théra- du patient après informations éclairées sur les dif-
peutique : définition des volumes cibles de l'irra- férentes options thérapeutiques possibles, avec
diation, et durée de l'hormonothérapie. leurs bénéfices et leurs effets indésirables
Le bilan d'extension à distance, comprenant une respectifs.
scanographie abdominopelvienne et une scintigra- La chirurgie (prostatectomie radicale) tient une
phie osseuse, est réservé aux patients atteints d'un place très importante dans la prise en charge des
cancer à haut risque. patients atteints de cancer localisé de la prostate,
Au terme de ce bilan, la tumeur est classée selon mais elle ne sera pas abordée dans ce chapitre.
son stade TNM (tableau 9.1), et selon la classifica-
tion de D'Amico qui distingue trois niveaux de Tableau 9.2 Classification du risque de récidive
risque de récidive biochimique à 10 ans selon les biochimique des cancers de la prostate à 10 ans
selon D'Amico
données du toucher rectal, de la valeur du PSA et
du score de Gleason (tableau 9.2). Faible Risque Haut
risque intermédiaire risque
Les stratégies thérapeutiques sont proposées au
cours de réunions de concertation pluridiscipli- Stade clinique ≤ T2a T2b T2c-T3a
d'un cancer de bas risque. Dans cette population une hormonothérapie courte de 4 mois ; et une
sélectionnée, la probabilité de survie sans rechute hormonothérapie longue de 3 ans associée ou non
biochimique à 5 ans est de l'ordre de 80 % [18]. En à une escalade de dose jusqu'à 80 Gy.
revanche, pour les patients avec une tumeur à haut
risque, cette probabilité chute à moins de 30 %. Les
curiethérapies à bas et à haut débit de dose sont en Chimiothérapie
court d'évaluation pour apporter un complément
La chimiothérapie peut être indiquée en cas de
d'irradiation après radiothérapie externe dans le
cancer métastatique résistant à la castration,
traitement des formes à risque intermédiaire.
notamment dans les formes symptomatiques. Le
docétaxel est la chimiothérapie à utiliser en pre-
mière intention. En cas de reprise évolutive après
Hormonothérapie docétaxel, d'autres médicaments sont maintenant
Le cancer de la prostate est particulièrement sen- disponibles, l'abiratérone ou le cabazitaxel.
sible au traitement hormonal, en particulier à la L'association de docétaxel, d'une hormonothéra-
suppression androgénique. L'hormonothérapie est pie et de radiothérapie est testée dans le cadre
un traitement efficace des cancers au stade métas- d'essais thérapeutiques pour des patients atteints
tatique, et son adjonction comme traitement adju- de cancer à haut risque [22].
vant à la radiothérapie a été testée depuis les années
1990. Actuellement, l'hormonothérapie de réfé-
rence est la suppression androgénique par ago- Indications thérapeutiques
nistes ou antagonistes de la Luteinizing Hormone
Releasing Hormone (LHRH). La durée du traite- L'INCA et l'Association française d'urologie
ment en association avec la radiothérapie est discu- (AFU) ont récemment mis à jour des recomman-
tée, entre 4 mois et 3 ans, et pourrait dépendre du dations pour la prise en charge des patients atteints
risque de récidive. Dans un essai randomisé testant de cancers localisés de la prostate.
l'adjonction d'une hormonothérapie pendant
4 mois, il a été observé que seuls les patients
Pour les tumeurs à faible risque, les options théra-
atteints d'un cancer à risque intermédiaire bénéfi-
peutiques sont :
ciaient de cette hormonothérapie courte, avec un • la prostatectomie radicale, plus ou moins étendue à la
gain de survie significatif à 10 ans, tandis que ce lymphadénectomie ;
traitement semblait inutile pour les patients avec • la RC3D ou la RCMI ;
une tumeur à faible risque, et insuffisant pour ceux • la curiethérapie par implants permanents d'iode-125.
avec un cancer à haut risque [19]. Pour des patients Pour les tumeurs à risque intermédiaire, les options
atteints de cancer à risque intermédiaire ou à haut thérapeutiques sont :
risque, l'hormonothérapie de longue durée pen- • la prostatectomie radicale, avec lymphadénectomie
dant 3 ans, associée à une radiothérapie délivrant recommandée ;
70 Gy, a montré un bénéfice en termes de survie à • la RC3D ou la RCMI avec escalade de dose ;
• la RC3D ou la RCMI sans escalade de dose mais
5 ans par rapport à la radiothérapie seule, et ces
associée à une hormonothérapie courte ;
résultats ont été confirmés à 10 ans [20, 21].
• la curiethérapie associée à la radiothérapie externe
La dose de radiothérapie utilisée en association est en cours d'évaluation dans cette indication.
avec l'hormonothérapie dans ces essais thérapeu- Pour les tumeurs à risque élevé, les recommanda-
tiques est de 70 Gy. L'escalade de la dose de radio- tions sont :
thérapie en association avec l'hormonothérapie est • la RC3D ou la RCMI, associée à une hormonothérapie
en cours d'évaluation. En France, deux essais thé- de longue durée ;
rapeutiques sont menés chez les patients avec une • la prostatectomie radicale avec lymphadénectomie à
discuter, alors souvent associé à une radiothérapie
tumeur de risque intermédiaire ou élevé : une
externe adjuvante ou retardée.
radiothérapie délivrant 80 Gy associée ou non à
Chapitre 9. Aspect post-thérapeutique du cancer de la prostate 185
consiste en l'ablation de la prostate, des vésicules anomalie de la loge prostatique. L'intérêt des
séminales, des ampoules déférentielles, avec une biopsies est discuté, car leur sensibilité reste faible,
anastomose vésico-urétrale. de l'ordre de 25 %, pour des valeurs de PSA de
Plusieurs techniques chirurgicales sont possibles : 1 ng/mL.
chirurgie ouverte, cœlioscopie ou robotique. Le
choix de l'une ou l'autre de ces techniques dépend L'IRM est l'examen de référence pour l'évaluation des
de l'expertise du chirurgien. Lorsque c'est carcino récidives locales, ses objectifs sont :
logiquement envisageable, la procédure chirurgi- • de détecter et de localiser les récidives très précoce-
cale préserve les bandelettes neurovasculaires, ment au niveau de la loge de prostatectomie ;
responsable de la fonction érectile, ainsi que le • d'orienter les biopsies si nécessaire ;
sphincter externe responsable de la continence. • de réaliser une cartographie précise pour adapter le
traitement de rattrapage (irradiation ou thérapie focale).
Objectifs de l'imagerie
Il n'y a pas d'indication à l'imagerie en dehors
d'un contexte de récidive biochimique, ou de Imagerie de la loge de prostatectomie
complication postopératoire (fistule, collection,
Aspect normal de la loge
infection, etc.).
de prostatectomie radicale
L'intérêt de l'imagerie lorsqu'il existe une suspi-
En IRM
cion de récidive clinique et biochimique est
d'identifier les patients avec une récidive locale La vessie occupe l'espace libéré par la prostate.
pouvant bénéficier d'un traitement de rattrapage Après prostatectomie radicale il existe une fibrose
par radiothérapie externe ou par des techniques périanastomotique en hyposignal T1 et T2
alternative comme l'HIFU ou la cryothérapie. (fig. 9.1A). Exceptionnellement il peut persister
La connaissance précise de la localisation des réci- du tissu prostatique résiduel.
dives permet de repérer le volume cible de la Les vésicules séminales peuvent avoir une architec-
radiothérapie, et d'adapter l'irradiation pour en ture partiellement conservée en hypersignal T2
augmenter l'efficacité tout en diminuant les tubulaires (20 %) ou se présenter sous forme de
risques d'effets secondaires. L'IRM peut être pro- structure linéaire en hyposignal évoquant un tissu
posée lorsque la récidive est authentifiée, c'est- fibreux résiduel (fig. 9.1B) [24]. Il n'y a pas d'aspect
à-dire lorsque la valeur du PSA devient supérieure spécifique d'une technique chirurgicale par rapport
à 0,2 ng/mL, ou que le toucher rectal détecte une à une autre en dehors de la cicatrice abdominale.
A B
Fig. 9.1. IRM après prostatectomie radicale, aspect habituel de la loge : séquence axiale T2.
A. Fibrose périanastomotique en hyposignal T2 (flèche). B. Vésicules séminales : architecture partiellement conservée en hyper
signal T2, ou structure linéaire en hyposignal évoquant un tissu fibreux résiduel (flèche).
Chapitre 9. Aspect post-thérapeutique du cancer de la prostate 187
Les clips chirurgicaux peuvent également être • au niveau des vésicules séminales restantes ;
visibles dans le champ chirurgical en hyposignal T1 • au niveau de l'espace rétrovésical (entre vessie et
et T2, en fonction de leur nombre et de leur distri- rectum).
bution ils peuvent modifier l'analyse des structures
adjacentes et masquer une récurrence [24]. En IRM
Après curage ganglionnaire, des lymphocèles La récidive se présente sous forme d'une lésion
peuvent être observées dans 12 à 24 % des cas, se tissulaire en signal intermédiaire, plus haut que le
présentant sous forme kystique le long des axes muscle ou la fibrose, isointense en T1 et discrète-
vasculaires pelviens. Elles peuvent persister jusqu'à ment hyperintense en T2 par rapport au muscle
une année. Elles sont en hyposignal T1 et hyper (fig. 9.2A).
signal T2 avec une paroi fine, uniloculaire, sans
Le site le plus fréquent se situe au niveau de l'anas-
rehaussement après injection de produit de
tomose urétrovésicale, à proximité du col vésical
contraste.
et de l'urètre membraneux (40 à 55 %).
Les autres sites de récidives sont l'espace rétrové-
En échographie sical (entre vessie et rectum), au niveau du fond
Après prostatectomie radicale, la loge prostatique des vésicules séminales (fig. 9.3A et 9.3B), ou la
peut présenter des aspects variables : partie antérieure ou latérale de la loge prostatique
• hypoéchogénicité de la fibrose périanastomo- (au contact des muscles releveurs de l'anus).
tique, prédominant antérieurement ; Le plus souvent l'aspect des récidives se distingue
• régularité, sans excroissance ; facilement de la fibrose postopératoire grâce aux
• persistance partielle de vésicules séminales qui séquences de perfusion. En effet la séquence de
peut être normale ou pathologique. perfusion permet de distinguer une prise de
contraste intense et précoce du tissu tumoral avec
Aspect de la récidive un lavage sur les temps veineux, alors que le tissu
La récidive tumorale est à rechercher : fibreux se rehausse peu ou modérément sur le
• sur l'anastomose urétrovésicale (col vésical/ temps veineux. Cette séquence permet d'augmen-
urètre membraneux) dans 40 à 55 % des cas ; ter la sensibilité de 48 à 88 % et la spécificité de
• sur la berge antérieure ou latérale du lit chirur- 52 à 100 % par rapport à la séquence T2 seule
gical (releveur de l'anus) ; (fig. 9.2A et 9.3A) [25].
B
Fig. 9.2. Imagerie après prostatectomie radicale, aspect de récidive : séquence axiale en pondération T2 (A), et T1 (B) après
injection de gadolinium.
Hyposignal nodulaire situé en arrière de l'anastomose urétrovésicale (A, flèche). Intense vascularisation sur le temps précoce de
l'injection évoquant une récidive locorégionale (B, flèche).
188 Imagerie post-thérapeutique en oncologie
A B
Fig. 9.3. Imagerie après prostatectomie radicale, aspect de récidive : séquence axiale T2 (A), et T1 après injection de
gadolinium (B).
Infiltration tissulaire en franc hyposignal T2 (A, flèche) au niveau du fond des vésicules séminales restantes, intensément vascularisée
sur le temps précoce de l'injection (B, flèche) évoquant une récidive à ce niveau.
A B
D E F
avec une augmentation de l'intensité de signal de tifiables sous forme d'un hyposignal nodulaire
la moelle en T1. plus franc que le reste du parenchyme prostatique
Les lésions tumorales se modifient également avec adjacent sur le site de la lésion index, associé ou
une diminution de volume, une diminution des non à une déformation des contours, et un effet
contacts avec la capsule, une régression de l'exten- de masse (fig. 9.4A et 9.4D). Tout hyposignal
sion extra-prostatique. Ces modifications sont franc nodulaire n'est cependant pas synonyme
secondaires à l'atrophie et à la fibrose induites par de récidive. En effet, la différence de contraste
la radiothérapie. entre le tissu glandulaire traité et la tumeur est
moindre qu'entre un tissu glandulaire non traité
Aspect IRM de la récidive et une tumeur. La détection des récidives est donc
plus difficile et ce d'autant que tout hyposignal
Après radiothérapie les récidives sont plus fréquem- focal ne correspond pas forcément à une lésion
ment situées sur le site de la lésion initiale [30]. récurrente mais éventuellement à une lésion traitée.
Séquence morphologique Séquence de perfusion
Après radiothérapie il existe un aspect global en Les séquences de perfusion sont très informatives,
hyposignal de l'ensemble de la prostate et des vési- puisqu'il existe un important différentiel de
cules séminales, avec une perte de l'anatomie rehaussement entre la fibrose et la récidive dont le
zonale et une diminution globale du volume pros- rehaussement est intense, précoce et nodulaire
tatique. Les lésions cancéreuses peuvent être iden- avec un lavage rapide (fig. 9.4B et 9.4E) [31].
190 Imagerie post-thérapeutique en oncologie
A B
Fig. 9.5. Imagerie après hormonothérapie, séquence axiale T2 : aspect habituel.
La modification du signal de la prostate dépend du type et de la durée du traitement courte (A), longue (B), avec une perte de
volume de la prostate et un hyposignal global de la prostate périphérique. L'aspect est semblable à un aspect post-radique, sans
la modification des organes de voisinage
IRM à 6 mois (fig. 9.7A et 9.7B) existe un épaississement de la paroi rectale anté-
Sur les séquences morphologiques T2, il existe rieure qui est accolée à la capsule prostatique
une perte de volume prostatique de plus de 45 %. postérieure.
Certaines études montrent un parallélisme entre le
Aspect de la récidive (fig. 9.8A et 9.8B)
volume résiduel de prostate vascularisée évalué
précocement et la valeur du nadir du PSA, ainsi Les séquences morphologiques sont le plus sou-
que le volume prostatique à 6 mois. La prostate vent ininterprétables, et la distinction entre hypo-
est globalement en hyposignal T2 avec une perte signal tumoral et zone de fibrose est le plus
de l'anatomie zonale. Il peut exister une cavité en souvent impossible. L'association des séquences
continuité avec l'urètre (identique à celle d'une de perfusion et de diffusion est indispensable.
résection transurétrale). Les vésicules séminales La séquence de perfusion est dans ce contexte la
sont globalement en hyposignal T2. Par ailleurs il plus sensible pour la détection des récidives. Elle
permet de différencier un foyer tumoral récidi-
vant, intensément rehaussé sur le temps précoce
de l'injection, d'une zone de fibrose peu vasculari-
sée. L'association des séquences T2 et perfusion
permet de guider les prélèvements biopsiques et
d'en augmenter la rentabilité [39]. Cette séquence
de perfusion est plus sensible mais reste cependant
moins spécifique que l'association T2 diffusion :
perfusion Se 80 % > T2 + diffusion 63 % et Sp per-
fusion 63 % < T2 + diffusion 74 % [40].
Cryothérapie
La cryothérapie induit une destruction des tissus
par des températures extrêmement froides.
Fig. 9.6. Imagerie après HIFU, évaluation précoce à J10 : La définition de la récidive n'est pas standardisée,
séquence de perfusion.
l'évaluation de la valeur du PSA est fonction du
Zone de nécrose au niveau du lobe périphérique gauche,
entourée d'une couronne, hypervasculaire continue qui suit la volume traité. Le diagnostic de récidive repose
capsule (flèche). surtout sur les biopsies randomisées de la prostate
A B
Fig. 9.7. Évaluation après HIFU à 6 mois : séquence morphologique T2.
Perte de volume de la prostate. Aspect globalement hypo-intense de la prostate avec une perte de l'anatomie zonale. Présence
d'une cavité en continuité avec l'urètre identique à celle d'une résection transurétrale (flèche), hyposignal des vésicules séminales,
épaississement de la paroi antérieure du rectum.
Chapitre 9. Aspect post-thérapeutique du cancer de la prostate 193
A B
Fig. 9.8. Imagerie à 6 mois après HIFU, séquence de perfusion (A) et de diffusion (B) : aspect de récidive.
Intense prise de contraste nodulaire de la région apico-médiane droite (A, flèche) avec une intense restriction
en faveur d'une récidive tumorale (B, flèche).
traitée. Ce traitement peut être renouvelé en cas prostatectomie), la réalisation d'une scintigraphie
de récidive, une radiothérapie externe peut égale- osseuse ou d'une TEP-TDM au FNa est indiquée
ment être proposée. chez des patients symptomatiques ou à fort risque
métastatique, c'est-à-dire s'ils présentent un ou
Imagerie après cryothérapie plusieurs des critères suivants :
IRM : imagerie précoce • tumeur initiale agressive (score de Gleason ≥ 8,
Elle est au mieux effectuée avec des séquences de envahissement des vésicules séminales ou
perfusion non dynamique. Elle permet une éva- atteinte secondaire ganglionnaire) ;
luation du volume et de la localisation de la zone • délai de récidive biochimique < 1–2 ans après
traitée. Elle recherche d'éventuelles complications traitement initial ;
notamment rectales. • temps de doublement de la valeur du PSA
≤ 10 mois.
Imagerie tardive à 6 mois Ce bilan chez un patient à faible risque reste dis-
L'échographie est peu performante, de même que cuté [43–45].
l'IRM morphologique. Comme après HIFU, les La scintigraphie osseuse est actuellement l'exa-
séquences de perfusion dynamique, de diffusion men le plus couramment prescrit pour la détec-
voire de spectroscopie pourraient avoir un intérêt tion des métastases osseuses. Elle est réalisée à
pour la détection des récidives, orienter les prélève- partir de molécules phosphatées marquées au
ments biopsiques et guider ainsi une nouvelle 99m
Tc dont la fixation osseuse dépend de l'acti-
séance de traitement [41, 42]. vité ostéoblastique et du débit sanguin régional
[46]. L'activité administrée en IV (intravei-
neuse) chez l'adulte est de 8 à 10 MBq/kg. Des
Médecine nucléaire images corps entier sont acquises sur une gam-
après traitement du cancer macaméra 2 à 5 heures après injection, de plus
de la prostate si nécessaire une acquisition précoce 1 à
10 minutes après injection peut être réalisée. La
Scintigraphie osseuse sensibilité de la scintigraphie osseuse est bonne
(70 %) mais sa spécificité reste faible (57 %) [45].
et TEP-TDM au FNa
Afin d'améliorer les performances de la scinti-
En cas de récidive biochimique (PSA > 2 ng/mL graphie osseuse planaire, une acquisition TEMP-
après radiothérapie et PSA > 0,2 ng/mL après TDM sur caméra hybride (consistant en une
194 Imagerie post-thérapeutique en oncologie
acquisition tomographique suivie immédiate- cielle peut continuer à être positive dans ces
ment d'une acquisition tomodensitométrique modalités du fait de la réaction ostéoblastique de
sur TDM low-dose embarquée actuellement dis- l'os non pathologique [46].
ponible dans la plupart des services de médecine
nucléaire) permet d'augmenter respectivement TEP-TDM au FDG
de 92 et 82 % la sensibilité et la spécificité de
l'examen [45]. Le FDG, analogue du glucose, est le traceur TEP
Le FNa, traceur TEP utilisant les mêmes proprié- le plus utilisé. Il a été validé pour la stadification
tés que la scintigraphie osseuse, permet d'atteindre initiale, le suivi thérapeutique ou la recherche de
100 % de sensibilité et de spécificité chez les récidive dans de nombreux cancers.
patients à haut risque métastatique [45] (fig. 9.9). L'activité administrée de FDG est de 2 à 6 MBq/
L'activité administrée en IV lente de FNa est de kg (en fonction des caractéristiques techniques de
2 à 5 MBq/kg (en fonction des caractéristiques l'appareillage) en perfusion ou en IV directe.
techniques de l'appareillage). Les images sont Les images sont acquises sur une caméra TEP-
acquises sur une caméra TEP-TDM habituelle- TDM 60 minutes après injection.
ment 60 minutes après injection (entre 30 minutes Les études avec le FDG dans le cancer de la pros-
et 4 heures). tate montrent des résultats décevants du fait de la
Les principaux inconvénients de ces modalités faible activité glycolytique de l'adénocarcinome
scintigraphiques sont qu'elles ne permettent pas prostatique. Schöder et al. ont étudié la TEP-
de détecter des lésions osseuses lytiques ou intra- TDM au FDG sur une cohorte de 91 patients
médullaires pures [47] et qu'une lésion cicatri- présentant une récidive biochimique après prosta-
Fig. 9.9. TEP-TDM au FNa : images MIP (Maximum Intensity Projection) (à gauche), TEP en coupes axiale et coronale
(au centre) et TDM en coupes axiale et coronale (à droite).
Contexte clinique : adénocarcinome prostatique métastatique en 2e ligne de chimiothérapie. Résultats : mise en évidence d'un
foyer hyperfixant de l'arc antérieur de la 5e côte gauche d'allure secondaire et d'un franc foyer du cadre obturateur droit se projetant
sur une lésion secondaire ostéocondensante.
Chapitre 9. Aspect post-thérapeutique du cancer de la prostate 195
tectomie, la TEP n'a été positive que dans 31 % s'accumuler dans d'autres atteintes néoplasiques
des cas [48]. comme par exemple le cancer pulmonaire, le car-
La TEP-TDM au FDG peut néanmoins présenter cinome hépatocellulaire, le cancer du sein, etc.
un intérêt pronostique, diagnostique et pour le Après un traitement curatif de cancer prostatique,
suivi thérapeutique dans les cancers prostatiques il n'existe plus d'hypermétabolisme prostatique
peu différenciés métastatiques [49]. ou de la loge de prostatectomie, tout foyer hyper-
métabolique en Fcholine de cette région devient
suspect de récidive.
TEP-TDM à la choline La TEP-TDM à la Fcholine a une AMM en
France depuis 2010 pour la recherche de localisa-
La choline, utilisée en imagerie TEP, est un pré- tions osseuses secondaires dans le cancer de la
curseur de la synthèse des phospholipides mem- prostate. Picchio et al. ont comparé la 11C-choline
branaires. Les premières études de la choline en et la scintigraphie osseuse au 99mTc chez 78
pathologie prostatique ont été réalisées à partir patients pour la recherche de métastases osseuses :
d'un radiomarquage au 11C. La courte demi-vie la choline est apparue être l'examen le plus spéci-
radioactive du 11C (20 minutes) restreint son fique et la scintigraphie osseuse l'examen le plus
usage aux sites disposant d'un cyclotron [50]. sensible [53]. Les mêmes résultats ont été obte-
Pour permettre son utilisation en routine, un mar- nus par Beheshti et al. qui ont comparé les perfor-
quage au 18F ayant une demi-vie radioactive de mances de la TEP-TDM à la Fcholine et de la
110 minutes a été réalisé [51]. La supériorité de la TEP TDM au FNa : la sensibilité et la spécificité
choline par rapport au FDG dans le bilan d'exten- respectives de ces deux examens étaient de 74 et
sion initial ou en cas de récidive biochimique de 99 % pour la Fcholine et de 81 et 93 % pour la
cancer prostatique a été prouvée [52]. FNa [54]. Dans cette étude, la choline s'est avé-
L'ANSM (Agence nationale de sécurité du médi- rée plus performante dans la détection précoce
cament et des produits de santé) recommande des métastases osseuses en particulier pour les
d'injecter en intraveineux direct une activité de métastases médullaires. Dans une étude complé-
fluorocholine-(18F) (Fcholine) entre 200 et mentaire, Beheshti et al. ont montré que la TEP-
500 MBq chez un adulte de 70 kg en fonction TDM à la Fcholine pouvait être négative en cas
du type de caméra utilisée. À l'heure actuelle il de lésions osseuses secondaires très sclérotiques
n'existe pas de protocole d'acquisition standard ; (densité TDM > 825 unités Hounsfield) : néan-
néanmoins il est recommandé en pathologie pros- moins il s'agissait de lésions secondaires chez des
tatique de réaliser une première série d'images patients sous hormonothérapie : ces lésions
dynamiques centrées sur le bassin immédiatement étaient-elles viables [55] ? En pratique, il est pré-
après injection pendant 8 à 10 minutes, sur une conisé de réaliser les deux modalités d'examen
caméra TEP-TDM, afin de s'affranchir de l'élimi- scintigraphique (TEP à la choline et TEP au FNa
nation urinaire de la Fcholine. Juste après cette ou scintigraphie osseuse) afin d'obtenir une
acquisition dynamique, il doit être réalisé une caractérisation plus précise des lésions osseuses
acquisition « corps entier » (du crâne jusqu'à secondaires et de mieux en évaluer la réponse thé-
mi-cuisse). Si nécessaire, l'examen peut être com- rapeutique [49].
plété par une acquisition plus tardive centrée sur La TEP-TDM à la Fcholine présente un intérêt
une région d'intérêt. majeur en cas de récidive biologique mais n'est
La biodistribution physiologique de la choline pas pour le moment encore validée dans la
comprend une fixation des glandes salivaires, du recherche de récidive locale ou ganglionnaire. La
foie, de la rate, du pancréas, et de façon incons- revue de la littérature des études de la 11C-choline
tante de l'hypophyse et de l'intestin grêle. Comme et de la Fcholine, réalisées dans le cadre de réci-
pour le FDG, la Fcholine peut s'accumuler dans dive biochimique de cancer prostatique, montre
des lésions inflammatoires. Elle peut également que la sensibilité de cet examen varie de 38 à
196 Imagerie post-thérapeutique en oncologie
98 % [49]. Cette variabilité de sensibilité est liée Malgré les faibles données de la littérature, la
à l'hétérogénéité des populations étudiées. Par Fcholine semble avoir également un intérêt
exemple la TEP-TDM à la choline semble plus dans le cadre de récidive biologique après traite-
sensible après radiothérapie (78 %) qu'après ments focaux en particulier après curiethérapie
prostatectomie (38 %) [56]. De plus, la positivité [60].
de cet examen dépend de l'agressivité initiale du L'hormonothérapie a été décrite comme pouvant
cancer (score de Gleason, stade, statut ganglion- faire diminuer l'intensité de fixation de la
naire), de la concentration sérique du PSA, de sa 11
C-choline [49], cet effet est plus controversé
vélocité et de son temps de doublement. Par avec la 18F-choline [61] néanmoins il semble plus
exemple, Castellucci et al. ont étudié la TEP- judicieux de réaliser la TEP à la Fcholine avant
TDM à la 11C-choline chez 102 patients traités l'instauration d'une hormonothérapie en cas de
par prostatectomie radicale et présentant une récidive biochimique.
récidive biochimique avec une concentration
sérique du PSA inférieure à 1,5 ng/mL [57].
Pour cette concentration la choline s'est avérée TEP à la Fcholine et récidive
positive dans 28 % des cas. De plus un temps de biochimique occulte
doublement inférieur à 7,25 mois ou une atteinte
Quand demander l'examen ?
ganglionnaire initiale se sont avérés être des fac-
• Après prostatectomie radicale, lorsque PSA > 0,2 ng/
teurs indépendants de positivité de la choline. mL
Pelosi et al. relatent un taux de positivité de la • Après radiothérapie, lorsque PSA > 2 ng/mL
Fcholine de 20 % lorsque la concentration sérique • Éventuellement après traitements focaux
de PSA est inférieure ou égale à 1 ng/mL, de Absence de consensus sur la valeur seuil du PSA
44 % pour un PSA compris entre 1 et 5 ng/mL La probabilité de positivité de l'examen sera élevée
et de 82 % pour un PSA supérieur à 5 ng/mL en cas de :
dans leur cohorte de 56 patients présentant une • concentration sérique du PSA élevée ;
récidive biochimique post-prostatectomie [58]. • tumeur initialement agressive (Gleason ≥ 8, atteinte
Schillaci et al. recommandent de réaliser une des VS ou ganglionnaire) ;
TEP-TDM à la Fcholine chez des patients ayant • récidive biochimique précoce : < 1–2 ans après trai-
subi une prostatectomie lorsque : le PSA dépasse tement initial ;
2 ng/mL, le temps de doublement du PSA est • temps de doublement du PSA ≤ 10 mois.
inférieur ou égal à 6 mois et la vélocité du PSA Ne pas débuter l'hormonothérapie avant la réalisation
de l'examen.
est supérieure à 2 ng/mL [59] (fig. 9.10 à 9.12).
Fig. 9.10. TEP-TDM à la 18F-fluorocholine : image de fusion en coupe axiale (à droite) et coupe TDM axiale (à gauche).
Contexte clinique : adénocarcinome prostatique Gleason 6 traité par HIFU à deux reprises, nadir du PSA à 0,2 ng/mL. 2 ans plus
tard ascension du PSA à 2,8 ng/mL. Résultat : franc hypermétabolisme prostatique gauche traduisant une récidive néoplasique
locale.
Chapitre 9. Aspect post-thérapeutique du cancer de la prostate 197
B
Fig. 9.11. TEP-TDM à la 18F-fluorocholine : images MIP (A), images de fusion (en haut), images TDM (B).
Contexte clinique : adénocarcinome prostatique Gleason 8 (4 + 4) traité par prostatectomie radicale classé pT3bN0 et ayant béné-
ficié d'une radiothérapie de rattrapage. Réascension du PSA à 1,19 ng/mL. Résultats : deux foyers hypermétaboliques ganglion-
naires : l'un iliaque externe gauche (images de droite), le second présacré gauche (images de gauche) traduisant une récidive
ganglionnaire.
198 Imagerie post-thérapeutique en oncologie
B
Fig. 9.12. TEP-TDM à la 18F-fluorocholine : images MIP, images de fusion, images TDM.
Contexte clinique : adénocarcinome prostatique Gleason 6, classé T2 avec un PSA initialement élevé à 72 ng/mL traité par hormono-
radiothérapie (hormonothérapie terminée il y a 2 ans). Nadir du PSA à 0,45 ng/mL. Actuellement réascension du PSA à 3,08 ng/mL.
Résultat : franc hypermétabolisme prostatique gauche traduisant une récidive locale (A) associé à un foyer du corps vertébral de L3
se projetant en regard d'une discrète plage condensante traduisant la présence d'une atteinte métastatique osseuse unique (B).
Chapitre 9. Aspect post-thérapeutique du cancer de la prostate 199
B
Fig. 9.13. TEP-TDM à la 18F-fluorocholine.
A. En haut : images de fusion en coupes axiale et coronale, en bas images TDM en coupes axiale et coronale. B. En haut : images
TEP en coupes axiale et coronale, en bas images TDM en coupes axiale et coronale.
Contexte clinique : adénocarcinome prostatique Gleason 7 (4 + 3) découvert en avril 2011, PSA à 40 ng/mL, classé T3 en IRM,
traité par Firmagon, persistance d'un PSA élevé : modification thérapeutique avec traitement par Décapeptyl. PSA restant élevé à
11,22 ng/mL en avril 2012. TEP-TDM à la 18F-fluorocholine en avril 2012 : aspect en faveur d'une atteinte néoplasique prostatique
droite (A) associée à une atteinte secondaire ganglionnaire iliaque externe droite (B). Introduction d'un antiandrogène et réévalua-
tion thérapeutique (PSA en octobre 2012 à 1,96 ng/mL). TEP-TDM à la 18F-fluorocholine en octobre 2012 : aspect en faveur d'une
réponse métabolique complète.
200 Imagerie post-thérapeutique en oncologie
Différentes échelles de toxicité ont été proposées Tableau 9.4 Classification SOMA-LENT
pour évaluer les effets secondaires des traitements
Classification SOMA-LENT de l'évaluation des effets tardifs
des cancers, et de la radiothérapie en particulier. de la radiothérapie
Elles ont pour objectif de proposer un outil uni-
L'évaluation de la toxicité se fait en quatre parties :
forme et reproductible d'évaluation de la toxicité.
S = subjectif Symptômes perçus par le patient
L'utilisation d'échelles communes permet notam-
ment une comparaison plus aisée des résultats O = objectif Morbidité évaluée par le clinicien
d'études cliniques, des traitements, des tech- M = management Traitements entrepris pour lutter
niques. Deux grandes échelles sont utilisées : la contre les symptômes
classification du National Cancer Institute : A = analytique Examens paracliniques permettant
Common Terminology Criteria for Adverse Events une évaluation de la fonction tissulaire
(CTCAE), et la classification SOMA-LENT Classification SOMA
(Subjective Objective Management Analytic – Late Grade 1 Symptômes légers ne nécessitant
Effects of Normal Tissues). pas de traitement
Grade 2 Symptômes nécessitant un traitement
L'échelle CTCAE classe les effets précoces et les
symptomatique
effets tardifs en 5 grades, et les symptômes tardifs
Grade 3 Symptômes sévères ayant un impact
selon leurs probabilités de lien avec le traitement significatif sur la qualité de vie du patient
antérieurement reçu (tableau 9.3). Une échelle de et nécessitant un traitement plus agressif
toxicité est proposée pour chaque organe ou tissu Grade 4 Atteinte fonctionnelle irréversible
sain. Les grades sont définis selon des critères de nécessitant des interventions
traitement (hospitalisation, utilisation de traite- thérapeutiques majeures
ments symptomatiques ou nécessité de traite- Grade 5 Décès du patient suite à une toxicité
ments spécifiques, etc.). ou perte de l'organe
Chapitre 9. Aspect post-thérapeutique du cancer de la prostate 201
La fréquence des effets indésirables graves ou Après radiothérapie externe seule, ou après curie-
sévères a considérablement diminué depuis le thérapie, environ 40 % des patients rapportent une
développement de la RC3D, et surtout de la dysfonction de l'érection, qui peut néanmoins
RCMI. Le rectum peut être le siège d'une rec- répondre à un traitement spécifique.
tite, à des degrés divers, de la simple émission
glaireuse, souvent liée à l'ingestion de certains
aliments, à des rectorragies du fait du saigne-
ment de télangiectasies. Cette complication Guidelines d'évaluation
apparaît de 6 mois à 3 ans après le traitement.
Le plus souvent, un traitement anti-inflamma-
Détection des récidives locales
toire local et quelques conseils d'hygiène diété-
tiques suffisent pour faire cesser ces symptômes.
Rarement, ces rectorragies sont abondantes et
Après prostatectomie radicale
quotidiennes, avec installation progressive d'une
anémie par carence martiale, rendant une inter- Définition de la récidive biologique
vention locale nécessaire pour cautériser ces PSA > 0,2 ng/mL
télangiectasies par applications de plasma d'ar- Imagerie
gon. Plus rarement encore, la rectite chronique • Si suspicion de récidive clinique ou biologique
évolue vers une sténose ou une fistulisation dans • Détection précoce d'une récidive locale
la vessie. Au niveau du canal anal, peuvent s'ob- (adapter la radiothérapie) :
server une anite, une sténose et parfois une – IRM multiparamétrique, séquence de perfusion
nécrose, souvent douloureuse, et dont le traite- +++
– TEP-TDM à la choline
ment est toujours délicat.
Les effets tardifs vésicaux sont plus rares. Ils cor-
respondent à une fibrose, un épaississement de la
paroi vésicale et à une diminution de la capacité
vésicale du fait de la rigidité de la paroi. Il peut Après radiothérapie
s'ajouter des ulcérations muqueuses, des télan-
Définition de la récidive biologique
giectasies à l'origine d'hématuries, qui peuvent Nadir du PSA + 2 ng/mL (critères de Phœnix)
être abondantes avec formation de caillots, ces
Imagerie
derniers pouvant être responsables de rétentions
• Si suspicion de récidive clinique ou biologique
aiguës d'urine. Les sténoses urétérales sont rares, • Récidive locale (détecter les récidives/cibler les b iopsies/
pouvant nécessiter la pose de sondes double J. guider un traitement de rattrapage) :
Les sténoses de l'urètre peuvent survenir au – IRM multiparamétrique (perfusion et diffusion)
niveau de son trajet intraprostatique, et nécessi- – TEP-TDM à la choline
tant parfois des dilatations itératives. Elles ne
surviennent que s'il y a eu une intervention pré-
alable à l'irradiation, comme une résection tran-
surétrale (RTU) de prostate. Il est recommandé Après curiethérapie
de laisser au moins 4 à 6 mois entre une RTU et
le début d'une radiothérapie pour cancer de Définition de la récidive biologique
prostate. Non standardisée
La fréquence des dysfonctions érectiles est très Imagerie
variable après radiothérapie. Elle est constante Détecter précocement les récidives, cibler les biopsies,
guider un nouveau traitement :
lorsqu'une hormonothérapie est associée à la
• IRM de perfusion, spectroscopie ?
radiothérapie, liée à une baisse de la libido, au
• ± TEP-TDM à la choline
moins pendant la durée d'action du traitement.
202 Imagerie post-thérapeutique en oncologie
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Chapitre 10
Aspect post-thérapeutique
du cancer du col utérin
Tableau 10.1 Classification FIGO des cancers du col, mise à jour 2009
Stade I Cancer strictement limité au col
IA Cancer invasif diagnostiqué seulement à l'histologie avec invasion en profondeur ≤ 5 mm et extension latérale ≥ 7 mm
IA1 Envahissement du stroma ≤ 3,0 mm en profondeur et extension ≤ 7,0 mm
IA2 Envahissement du stroma > 3,0 mm et ≤ 5,0 mm avec une extension ≤ 7,0 mm
IB Lésions cliniquement visibles limitées au col utérin ou cancers précliniques supérieurs au stade IA
IB1 Lésions cliniquement visibles ≤ 4,0 cm de plus grand diamètre
IB2 Lésions cliniquement visibles > 4,0 cm de plus grand diamètre
Stade II Cancer du col s'étendant au-delà de l'utérus, sans atteindre la paroi pelvienne ou le tiers inférieur du vagin
IIA Sans extension paramétriale
IIA1 Lésion cliniquement visible ≤ 4,0 cm de plus grand diamètre
IIA2 Lésion cliniquement visible > 4,0 cm de plus grand diamètre
IIB Avec atteinte paramétriale
Stade III Tumeur étendue à la paroi pelvienne et/ou envahissant le tiers inférieur du vagin et/ou avec hydronéphrose ou rein non
sécrétant
IIIA Tumeur envahissant le tiers inférieur du vagin, sans extension à la paroi pelvienne
IIIB Extension à la paroi pelvienne et/ou hydronéphrose ou rein non sécrétant
Stade IV Extension extrapelvienne ou avec envahissement de la muqueuse vésicale ou rectale
IVA Extension aux organes adjacents
IVB Extension à distance
FIGO Committee On Gynecologic Oncology. Int J Gynaecol Obstet. 2009 ; 105 : 103-4.
évolués. La toxicité de l'association radiochimio- du col utérin de stade FIGO I à IV. La dose déli-
thérapie, principalement hématologique et diges- vrée en curiethérapie varie suivant l'inverse du
tive est supérieure à celle d'une irradiation seule. carré de la distance et permet de délivrer une
Ce traitement est donc aujourd'hui le traitement de dose très élevée tout en protégeant les tissus sains
référence des tumeurs de stade IB2 et au-delà [6]. environnants. Il est possible aujourd'hui de défi-
nir par IRM les volumes d'irradiation en curie-
La curiethérapie joue un rôle fondamental dans
thérapie de façon beaucoup plus précise qu'avec
le traitement des patientes présentant un cancer
n'importe quelle autre modalité d'imagerie.
du col utérin. Les caractéristiques physiques de la
L'imagerie par IRM a ainsi conduit à une amélio-
curiethérapie sont représentées par un gradient
ration de la connaissance de la tumeur et de ses
de dose élevé, permettant de délivrer une dose
extensions. Au moment de la curiethérapie, la
élevée dans la tumeur, tout en maintenant des
mise en place d'applicateurs vaginaux compa-
doses relativement faibles dans les organes sains
tibles avec l'IRM a permis également de progres-
(essentiellement la vessie, le rectum et le sig-
ser dans l'évaluation des volumes tumoraux
moïde). Ces caractéristiques physiques, associées
résiduels après radiochimiothérapie concomi-
aux possibilités actuelles d'optimisation, per-
tante [8]. Outre des définitions volumétriques et
mettent à la curiethérapie gynécologique de
anatomiques, les recommandations du groupe
conserver une place compétitive, même compa-
gynécologie du GEC-ESTRO (Groupe européen
rée à des techniques sophistiquées d'irradiation,
de curiethérapie – European Society for Radiotherapy
comme la protonthérapie ou la modulation d'in-
and Oncology) ont porté sur les doses à délivrer
tensité [7]. En conséquence, la curiethérapie
dans les deux CTV reconnus (volumes d'intérêt
représente toujours une étape fondamentale dans
tumoral à traiter) : dose d'au moins 60 Gy dans
le traitement des patientes atteintes d'un cancer
le CTV-IR (Clinical Target Volume – Intermediate
Chapitre 10. Aspect post-thérapeutique du cancer du col utérin 207
A B
Fig. 10.2. Patiente de 49 ans, cancer du col IIIA traité par radiochimiothérapie, curiethérapie : séquence sagittale en pondé-
ration T2 avant traitement (A) et après 6 semaines après la fin du traitement (B).
La masse tumorale envahit initialement le col utérin, le vagin jusqu'à son tiers inférieur. Après traitement, la tumeur n'est plus
visible ; le col apparaît atrophié, ce qui est normal après radiochimiothérapie et curiethérapie.
Chapitre 10. Aspect post-thérapeutique du cancer du col utérin 209
A B C
E F
Fig. 10.3. Patiente de 60 ans, adénocarcinome endométrioïde de l'endocol IIB, traité par radiochimiothérapie concomitante
et curiethérapie.
La tumeur centrée sur l'endocol est en hypersignal en pondération T2 (A). La tumeur résiduelle après radiochimiothérapie conco-
mitante est traitée par curiethérapie. L'IRM percuriethérapie (B) permet de visualiser le reliquat tumoral, le positionnement des
sources de curiethérapie et le calcul des doses de curiethérapie, les images étant transférées sur le logiciel de calcul. Le contrôle
IRM après traitement (C) montre la persistance de tissu discrètement hyperintense en T2 au niveau du col, avec apparition d'une
sténose isthmique et d'une rétention utérine, avec prise de contraste hétérogène du col utérin (D) faisant suspecter un reliquat
tumoral, confirmé par la biopsie cervicale. La patiente a été traitée par hystérectomie secondairement. La lésion tumorale initiale
était hyperfixante sur la TEP-TDM réalisée dans le bilan d'extension (E), sans adénopathies lomboaortiques suspectes. Un curage
lomboaortique avait été réalisé avant le début de la radiochimiothérapie du fait de la négativité de la TEP (pour ne pas méconnaître
des adénopathies envahies non fixantes en TEP) avec pour conséquence le développement d'une lymphocèle (F).
210 Imagerie post-thérapeutique en oncologie
dire la réponse tumorale [15]. L'évaluation par (disparition de toute fixation résiduelle), 30 %
TEP de la réponse à 3–4 mois de la fin du traite- pour celles ayant une réponse métabolique par-
ment par radiochimiothérapie concomitante est tielle (persistance d'une fixation anormale) et 0 %
prédictive de la survie sans récidive et de la survie pour les patientes ayant une maladie progressive
globale des patientes, avec une survie significative- sur le plan métabolique (apparition de nouveaux
ment différente selon la persistance ou non d'une sites hyperfixants) [18].
hyperfixation du 18FDG (fig. 10.4 et 10.5), ou Le type de récidive est également différent selon le
l'apparition d'un nouveau foyer à distance [16, groupe de répondeuses (tableau 10.2).
17]. Ainsi, sur une série de 238 patientes, la survie
L'existence d'une fixation du 18FDG à 3 mois ne
à 5 ans s'est avérée significativement différente
signe cependant pas toujours une persistance évo-
selon la réponse métabolique : 73 % pour les
lutive. En effet, le 18FDG est un traceur non spéci-
patientes avec réponse métabolique complète
A B
C D
Fig. 10.4. Patiente de 46 ans traitée par radiochimiothérapie pour un carcinome du col utérin.
A. Image 3D (MIP) avant traitement montrant une fixation sus-vésicale significative (intersection des lignes rouge et orange). B. La
TEP réalisée en bilan à 3 mois de la fin du traitement montre une disparition de toute fixation locale sus-vésicale (réponse com-
plète). En revanche, il est apparu un petit foyer mammaire droit (A, ligne rouge et C) associé à un petit foyer ganglionnaire axillaire
droit (A, ligne orange et D), faisant suspecter un cancer du sein. Les biopsies échoguidées vont confirmer l'existence d'un carci-
nome canalaire infiltrant, triple négatif.
Chapitre 10. Aspect post-thérapeutique du cancer du col utérin 211
A B
Fig. 10.5. Patiente traitée pour un carcinome du col utérin, reliquat tumoral.
L'IRM de contrôle post-thérapeutique (A) montre la persistance d'un nodule de la lèvre antérieure de l'endocol à la partie moyenne
de celui-ci compatible avec des remaniements post-thérapeutiques sans que l'on puisse éliminer formellement une persistance
évolutive. La TEP réalisée à la même époque (A) montre la persistance d'un foyer (SUV 4,9). Malgré la présence de nécrose ren-
dant illusoire la possibilité de prélèvement, des biopsies sont réalisées dans le mois suivant, s'avérant toutes négatives. L'IRM de
contrôle 10 semaines plus tard montre une augmentation de taille de la lésion centrée sur la lèvre antérieure de l'endocol (20 mm
versus 11 mm) suspecte. La TEP réalisée avant chirurgie de rattrapage (B) confirme la majoration de l'hypermétabolisme précé-
demment décrit en regard du col utérin (SUV 6,8).
Tableau 10.2 Pourcentages et types de récidive selon le groupe de réponse métabolique évaluée par TEP à 3 mois de la
fin du traitement [18]
Réponse TEP Taux de récidive dans les Type de récidive
5 ans
Locorégionale À distance
Complète 23 % 15 % 85 %
Partielle 65 % 58 % 42 %
Progression 100 % 4% 96 %
fique et environ 35 % des fixations résiduelles lement traitée ait régressé [19]. En pratique,
correspondent en fait à des processus inflamma- cette récidive survient le plus souvent dans les 2
toires post-radiques. Cette fixation peut parfois à 3 ans qui suivent la fin du traitement, dans 70 %
être intense, et la valeur de la SUV ne permet pas des cas sous forme de métastases à distance avec
de prédire s'il s'agit d'une persistance évolutive ou ou sans association à une récidive locorégionale.
d'une inflammation [18]. Les facteurs de risque de récidive d'un cancer
du col incluent les caractéristiques histologiques
de la tumeur, le statut ganglionnaire initial et la
Stratégie de surveillance réponse au traitement. La détection des réci-
à long terme dives locales est souvent difficile en raison des
modifications tissulaires fibrotiques survenant
Environ 30–35 % des patientes suivies pour un après chirurgie et/ou radiothérapie. Le dia-
cancer du col invasif vont présenter une récidive gnostic est alors souvent tardif, s'appuyant sur
(ou une persistance évolutive). Une récidive est la symptomatologie clinique, à un stade où le
définie comme une reprise tumorale locale ou le volume tumoral requiert une chirurgie exten-
développement de métastases à distance surve- sive avec un bénéfice néanmoins limité en
nant au moins 6 mois après que la lésion initia- termes de survie.
212 Imagerie post-thérapeutique en oncologie
La détection précoce des récidives ou des persis- Détection des récidives locales
tances évolutives après traitement peut améliorer en IRM
la survie des patientes. Cependant, aucun exa-
men d'imagerie systématique n'est aujourd'hui L'examen clinique est le plus souvent difficile en
recommandé dans le suivi après cancer du col raison des remaniements chirurgicaux ou liés à la
utérin, en dehors des patientes traitées par tra- radiothérapie. Les biopsies centrées sur le col sont
chélectomie qui sont suivies annuellement par utiles seulement dans le cas de lésions extériori-
IRM pendant 5 ans, en raison du risque plus sées, accessibles. L'IRM est un examen adapté
élevé de récidives dans cette population. Les exa- pour la détection des récidives locales. L'IRM de
mens d'imagerie, et en premier lieu l'IRM sont surveillance après radiothérapie doit comporter
prescrits en cas d'anomalie clinique suspecte, de des séquences pondérées en T2 et des séquences
douleur inexpliquée ou d'apparition d'une après injection de chélate de gadolinium [20]. La
hydronéphrose. Le site le plus fréquent de réci- performance de l'IRM pour la détection de réci-
dive est le pelvis. Les options thérapeutiques des dives locales varie de 78 à 83 % (VPP = 65 % ;
récidives sont la chirurgie, l'irradiation et la VPN = 97 %) [20]. Ainsi, une IRM normale, sans
chimiothérapie, en fonction du traitement de la prise de contraste ou sans lésion hyperintense en
tumeur initiale, de la localisation et de l'exten- séquence pondérée en T2, permet quasiment
sion de la récidive. Les récidives locales centrales d'éliminer le diagnostic de récidive. Des faux
sont traitées habituellement par pelvectomie négatifs de l'IRM sont cependant possibles
antérieure, postérieure ou totale ; la pelvectomie lorsque l'examen est réalisé dans un trop court
chez des patientes bien sélectionnées permet délai après la fin de l'irradiation (< 3 mois).
d'obtenir des taux de survie à 5 ans supérieurs à
Récidives pelviennes
82 % avec de faibles complications. En revanche
lorsque la récidive est latérale et atteint la paroi Les récidives sont habituellement hyperintenses en
pelvienne, il n'y a alors plus de possibilités théra- séquence pondérée T2 comme la tumeur initiale.
peutiques chirurgicales. On peut proposer aux Elles sont visibles sous la forme de masses tissulaires
patientes de participer à des protocoles de hétérogènes avec des degrés variables de nécrose sur
chimiothérapie de phase I. Il est donc tout parti- les images avec injection de produit de contraste
culièrement important d'affirmer par l'imagerie (fig. 10.6). Parfois les récidives pelviennes peuvent
l'existence et la localisation d'une récidive du fait avoir un aspect kystique au sein d'une masse solide
de ces thérapeutiques lourdes. peu importante. Si la récidive survient sur un col
A B
Fig. 10.6. Patiente de 55 ans, antécédent de cancer du col traité par chirurgie, récidive latéro-pelvienne droite visible en IRM.
Une masse hétérogène en pondération T2 latéro-pelvienne droite est visible le long des vaisseaux (A, flèche). Cette masse est
hyperintense sur la séquence de diffusion (B, flèche). Cette localisation est inaccessible à un traitement chirurgical. La patiente a
été incluse dans un protocole de chimiothérapie de phase I.
Chapitre 10. Aspect post-thérapeutique du cancer du col utérin 213
résiduel, l'obstruction du canal cervical peut alors de fréquence décroissante. Les métastases périto-
entraîner une hydrométrie. Chez les patientes qui néales sous forme de carcinose sont les plus fré-
ont été traitées par irradiation, la distinction entre quentes et sont suspectées sur l'apparition d'une
fibrose radique et récidive tumorale peut être diffi- ascite, d'images d'empreintes sur les contours du
cile, si bien que la biopsie est alors nécessaire. Le foie (scalloping) ou d'épaississements nodulaires
rehaussement précoce, en faveur de la récidive péritonéaux. Dans ce cas, il peut être plus facile de
tumorale, est mieux visible sur les séquences dyna- faire un bilan par tomodensitométrie que par
miques après injection, qui permettent de faire le IRM. Cependant l'IRM pelvienne semble plus
diagnostic dans plus de 82 % des cas [13]. De plus, la performante que le scanner pour la détection de
comparaison des IRM de suivi à l'IRM initiale est carcinose pelvienne.
essentielle pour différencier la fibrose, qui tend à être
stable ou à diminuer dans le temps, des récidives.
Détection des récidives locales
Les récidives pelviennes sont soit centrales soit
latérales. La récidive centrale pelvienne d'un can-
en TEP
cer du col peut être localisée dans le reliquat cervi- Chez les patientes à risque, la TEP présente un
cal ou dans le cul-de-sac vaginal. Les images intérêt dans le diagnostic précoce des récidives
acquises dans les plans sagittal et axial sont alors (fig. 10.7). En effet, elle peut permettre une
utiles pour la détection tumorale et la combinaison détection des récidives asymptomatiques chez des
des images pondérées en T1 et en T2 permet de patientes présentant une élévation des marqueurs
caractériser les lésions. Les récidives sont aussi bien tumoraux (SCC : Squamous Cell Carcinoma) et
visibles en séquence de diffusion, et il apparaît une imagerie anatomique négative [17, 22]. Elle
important d'inclure ces séquences dans le proto- peut parfois permettre une chirurgie à visée cura-
cole d'examen IRM. Elles apparaissent en hypersi- tive [23]. Ainsi sur une série prospective de 103
gnal en séquence de diffusion avec un ADC abaissé patientes ayant eu une TEP de contrôle systéma-
[21]. Les récidives centrales à développement tique à 1 an de la fin de traitement, 30 patientes
antérieur peuvent entraîner une obstruction urété- présentaient une récidive, dont 21 symptoma-
rale par englobement du bas uretère ou par infiltra- tiques. La survie à 3 ans était de 19 % en cas de
tion du mur vésical qui aboutit à l'obstruction de récidive symptomatique contre 59 % en cas de
l'orifice urétéral. Dans des cas plus rares, les réci- récidive asymptomatique [23].
dives centrales pelviennes peuvent s'étendre en
La sensibilité de la TEP-TDM pour le diagnostic
arrière et envahir le rectum ou entraîner une fistule
de récidive est de 96,1 % et sa spécificité de 84,4 %
rectovaginale ; elles peuvent également s'étendre
dans une série de 121 patientes [24] avec une pré-
latéralement pour envahir la paroi pelvienne. Les
cision diagnostique de 91,7 %. La TEP a une meil-
récidives latérales entraînent très fréquemment des
leure sensibilité que la TDM ou l'IRM pour la
obstructions du bas uretère avec hydronéphrose.
détection globale des lésions (91 % vs 67 %,
p = 0,001) et notamment la détection des lésions
métastatiques (92 % vs 60 %, p = 0,0003) alors que
Récidives ganglionnaires ou à distance
les sensibilités des techniques sont similaires (90 %
Il faut aussi rechercher des récidives ganglion- vs 84 %) en termes de détection de la récidive
naires pelviennes ou lomboaortiques. Moins fré- locale (fig. 10.8) [25].
quemment, les récidives ganglionnaires peuvent Yen et al. [26] ont étudié, sur une série prospective
être extra-pelviennes ou extra-abdominales et de 150 patientes présentant une récidive connue
inclure les territoires péribronchique, sus-clavicu- ou suspectée, le bénéfice de la TEP par rapport au
laire et axillaire. Ces dernières localisations sont le couple TDM/IRM. La TEP a corrigé les faux
plus souvent détectées par la TEP-TDM. positifs (69/93) et les faux négatifs (24/93) de
Les métastases à distance du cancer du col peuvent l'imagerie anatomique TDM/IRM dans 73,8 %
atteindre l'abdomen, le thorax ou l'os, par ordre des cas (93/126). À l'inverse, le couple TDM/
214 Imagerie post-thérapeutique en oncologie
C
Fig. 10.7. Patiente traitée pour un carcinome du col utérin, récidive latéro-pelvienne.
L'IRM pelvienne post-curiethérapie montre une lésion suspecte de 3 cm de l'endocol. Une TEP est réalisée avant exentération
pelvienne. Celle-ci confirme la récidive locale (A) et montre deux foyers pulmonaires gauches suspects (B, C). Une antibiothérapie
d'épreuve est alors entreprise et une TDM pulmonaire de contrôle réalisée 15 jours plus tard confirme la persistance des foyers
hypermétaboliques intrathoraciques. La patiente est alors placée sous chimiothérapie.
IRM a corrigé les faux positifs (24/33) et les faux tération pelvienne) vers un traitement palliatif en
négatifs (9/23) dans 26,2 % des cas (33/126). raison de l'extension des lésions.
Quand toutes les modalités sont interprétées En cas de suspicion de récidive, la survie des
conjointement, 12 % seulement des lésions restent patientes est significativement plus élevée si la
mal classées, et 48,5 % des patientes (32/66) ont TEP est négative [27].
une modification de leur plan de traitement, d'une
La TEP joue par ailleurs un rôle majeur dans les
chirurgie à visée curative (hystérectomie ou exen-
bilans d'opérabilité des récidives, avant exentéra-
Chapitre 10. Aspect post-thérapeutique du cancer du col utérin 215
A B
Fig. 10.8. Patiente de 48 ans, récidive vésicale d'un cancer du col utérin.
L'IRM en séquence sagittale en pondération T2 retrouve une masse hétérogène hyperintense entre la symphyse et le col vésical
(A, flèche) suspecte de récidive. L'IRM après injection de produit de contraste et suppression de graisse (B, flèche) confirme
l'apparition d'une lésion hypervasculaire évocatrice de récidive, confirmée par biopsie. Le traitement a consisté en une
hystérectomie.
[26] Yen TC, Lai CH, Ma SY, et al. Comparative benefits and tron emission tomography (18FDG PET) in iden-
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Chapitre 11
Imagerie post-thérapeutique
des cancers de l'ovaire
Avec 4 430 nouveaux cas estimés en 2008, le de l'ovaire est la 4e cause de décès par cancer
cancer de l'ovaire est la 7e cause de cancer chez chez la femme avec plus de 3 000 décès estimés
la femme. L'âge médian lors du diagnostic est en 2008 [1]. En effet, en raison d'un diagnos-
de 65 ans [1]. Les types histologiques des tic souvent tardif, son pronostic reste sombre,
lésions ovariennes organiques sont représentés trois quarts de ces cancers étant diagnostiqués
par : les tumeurs épithéliales (85 %), les à un stade avancé (stades IIIB à IV). La survie
tumeurs germinales (8 à 15 %), les tumeurs à 5 ans tous stades confondus est d'environ
mésenchymateuses (5 %). Les lésions ova- 45 %. Le traitement est adapté selon la stadifi-
riennes organiques sont bénignes dans 75 % cation lésionnelle formalisée en cancérologie
des cas. Les lésions malignes sont épithéliales gynécologique par la FIGO [3] (tableau 11.1).
dans plus de 95 % des cas [2]. Ce sont celles Le suivi et les aspects post- thérapeutiques
qui sont concernées par ce chapitre. Le cancer dépendent du traitement.
Prise en charge thérapeutique 2 ans, puis tous les 6 mois pendant 3 ans, puis
des cancers de l'ovaire annuel. Aucun examen d'imagerie n'est systéma-
tique hormis en cas de traitement conservateur
(tumeurs épithéliales) [1] pour surveiller l'ovaire restant ou pour évaluer la
réponse thérapeutique lors d'une chimiothérapie
Le bilan d'extension comporte un scanner néoadjuvante afin de décider de la date de la chirur-
thoraco-abdomino-pelvien et un dosage du mar- gie : intervallaire à 3 ou 4 cures ou finale [1].
queur CA 125. Dans les formes mucineuses, un
dosage des marqueurs CA 19-9 et ACE est égale-
ment indiqué. La prise en charge pluridisciplinaire
doit être réalisée sans tarder par une équipe spéciali- Évaluation de la réponse à
sée au sein d'un établissement autorisé pour la la chimiothérapie néoadjuvante
chirurgie des cancers gynécologiques. La chirurgie
est le premier temps du traitement ; elle consiste en Les patientes qui ne peuvent pas bénéficier d'une
une hystérectomie totale avec annexectomie bilaté- exérèse complète d'emblée (stades IIIC et IV)
rale et une stadification complète : omentectomie sont traitées par chimiothérapie néoadjuvante [5].
infracolique, appendicectomie dans les formes L'imagerie, en association avec le taux de CA 125,
mucineuses, biopsies péritonéales étagées et lym- est systématique pour évaluer la réponse au traite-
phadénectomies pelviennes et para-aortiques bilaté- ment et programmer la chirurgie d'intervalle. Le
rales. Son objectif est la résection complète des scanner (thoraco)-abdomino-pelvien multidétec-
lésions cancéreuses. L'absence de résidu tumoral est teur avec reconstructions coronales est l'examen
le principal facteur pronostique. La chimiothérapie de référence. L'analyse de la régression lésionnelle
est indiquée à titre adjuvant après chirurgie com- se fait selon les critères RECIST [6]. La précision
plète (sauf pour les stades IA G1). Lorsque la du scanner dans cette indication reste néanmoins
chirurgie complète d'emblée n'est pas envisageable, assez faible notamment quand les lésions de carci-
une chimiothérapie néoadjuvante est indiquée. nose péritonéale ne peuvent pas être prises pour
cibles (formes micronodulaires, infiltration omen-
tale hétérogène), quand il existe une ascite avec des
lésions de milliaire carcinomateuse ou des lésions
Objectifs du suivi infracentimétriques disséminées sur l'intestin grêle
post-thérapeutique (fig. 11.1). Enfin il peut persister des anomalies
morphologiques au scanner sous la forme de tra-
Dans les stades avancés (FIGO IIB à IV), avec un vées d'épaississement du péritoine ou de nodules
traitement combinant chirurgie et chimiothérapie, sans lésions histologiques actives (fig. 11.2).
une rémission complète clinique et radiologique Deux études récentes proposent d'utiliser les
peut être obtenue dans environ 75 % des cas. séquences de diffusion en IRM [7, 8] couplée avec
Malgré tout, près de 80 % des patientes vont rechu- des séquences de perfusion (IRM-DCE) et de spec-
ter après un délai médian de 18 mois. Cette rechute troscopie du proton hydrogène [8] pour améliorer
est le plus souvent péritonéale et diffuse [4]. Dans les performances de cette évaluation. Concernant le
les stades localisés (FIGO IA à IIA), le taux de réci- coefficient apparent de diffusion, ces deux études,
dives est plus faible, de l'ordre de 20 à 30 % [4]. portant sur respectivement 42 et 22 patientes en
Ces récidives sont le plus souvent pelviennes. Le situation de prise en charge initiale (23 + 22
traitement de la rechute vise essentiellement à obte- patientes) ou de récidive (19 patientes) objectivent
nir une nouvelle rémission, les guérisons étant à ce une augmentation significative de celui-ci dès la 1re
stade exceptionnelles. Après traitement complet à cure, se confirmant à la 3e cure pour les patientes
visée curative, le suivi des patientes repose sur l'exa- répondeuses avec une bonne reproductibilité intra et
men clinique et le dosage des marqueurs s'ils interobservateur. Néanmoins si ces données sont
étaient initialement élevés, tous les 4 mois pendant significatives sur les populations étudiées, il existe un
Chapitre 11. Imagerie post-thérapeutique des cancers de l'ovaire 221
A B
A B
chevauchement important des valeurs d'ADC pour siques. Ces données doivent être prises en compte
les deux populations. L'ajout des données des dans l'interprétation des foyers hyperfixants.
séquences de perfusion (Ktrans, Kep, Ve) ou du pic
de choline mesuré en spectroscopie protonique ne
permet pas de différencier les patientes répon- Surveillance des patientes
deuses des non-répondeuses après la totalité du en rémission
traitement de manière plus précise [8].
Concernant la TEP au 18FDG, il a été suggéré que Ce suivi repose sur l'examen clinique et le dosage
cet examen pourrait prédire de façon précoce, dès des marqueurs si ceux-ci étaient informatifs en pré-
le 1er cycle, la réponse à la chimiothérapie néoad- thérapeutique. L'imagerie sera donc réalisée en cas
juvante dans ces stades avancés de carcinome ova- d'anomalies cliniques ou d'élévation des mar-
rien. Avril et al. [9] ont ainsi étudié un groupe de queurs. Les performances du scanner restent
33 patientes recevant une chimiothérapie néoad- modérées : le taux de détection d'un nodule de
juvante. Ils ont montré que la diminution de la carcinose péritonéale infracentimétrique a été éva-
SUV (de 20 % après le 1er cycle et de 55 % après le lué à 25–50 % [10] et la sensibilité globale de cet
3e cycle), attestant de la réponse métabolique examen selon les séries varie de 40 à 93 % [11]. De
TEP, était mieux corrélée à la survie globale que la plus il n'est pas prouvé que traiter précocement les
réponse histologique. La survie à 2 ans était de patientes sur les données exclusives d'une augmen-
70 % en cas de réponse TEP contre 40 % en cas de tation de marqueur avec imagerie tomodensitomé-
réponse histologique, avec une différence des sur- trique négative apporte un bénéfice en survie [12].
vies entre répondeuses et non-répondeuses res- La méta-analyse de Gu et al. [13] a considéré 34
pectivement de 38,7 mois si la réponse était études/272 réalisées entre 1995 et 2007 et a per-
évaluée par TEP et de 19,7 mois par histologie. mis de préciser la place de la TEP-TDM dans cette
Néanmoins pour évaluer la maladie résiduelle, la indication comparativement à la TEP non couplée,
TEP au 18FDG semble jouer un rôle limité dans la au scanner, à l'IRM et au dosage du CA 125. La
détection de la maladie occulte chez les patientes TEP couplée à la tomodensitométrie présente
atteintes d'un cancer de l'ovaire à un stade avancé la meilleure sensibilité pour la détection des
ayant une réponse complète clinique et biologique récidives : 0,91 (IC95 % : 0,88–0,94), le CA 125 la
après la 1re ligne de chimiothérapie. En effet, cet meilleure spécificité : 0,93 (IC95 % : 0,89–0,95).
examen présente des limites d'ordre technique et Le scanner et l'IRM obtiennent des résultats infé-
physiologique. La résolution des appareils TEP- rieurs, les deux techniques étant équivalentes. Il
TDM est actuellement de l'ordre de 4 mm, et paraît assez logique au vu de ces résultats de propo-
quels que soient les progrès futurs, elle ne pourra ser la TEP-TDM en première intention devant une
descendre en dessous de 2 mm car le libre par- augmentation du CA 125 lors de la surveillance des
cours moyen des positons laissera toujours un cancers avancés de l'ovaire en rémission (fig. 11.3).
doute sur le lieu d'émission. Cela dit, la visibilité Le traitement des récidives des cancers de l'ovaire
des lésions dépend non seulement de leur taille, dépend du caractère unique ou multiple de la
mais aussi de leur avidité pour le FDG, traduisant localisation de cette récidive et du délai depuis la
l'agressivité tumorale. Ceci explique que de petites fin de la chimiothérapie. Le caractère localisé de la
lésions millimétriques peuvent être visualisées en récidive est un élément essentiel pour la décision
TEP. Par ailleurs, dans l'abdomen et le pelvis, des de reprise chirurgicale. Dans ce cas encore, la
erreurs de recalage peuvent exister en raison du TEP-TDM de par sa sensibilité supérieure au
péristaltisme intestinal entre la réalisation de la scanner ou à l'IRM va permettre de poser au
TDM et de la TEP. Enfin, le traceur reste un tra- mieux l'indication thérapeutique (fig. 11.4). Dans
ceur non spécifique et peut s'accumuler dans des l'étude de Mangili et al. [14], la TEP-TDM est
processus post-thérapeutiques inflammatoires, plus sensible que la TDM seule pour le diagnostic
parfois difficiles à différencier des lésions néopla- des récidives (respectivement 91 % et 62 %). Près
Chapitre 11. Imagerie post-thérapeutique des cancers de l'ovaire 223
A B
C
Fig. 11.3. Patiente de 72 ans suivie pour une carcinose péritonéale d'origine ovarienne séreuse, traitée par chimiothérapie
néoadjuvante et chirurgie en avril 2010.
A. Récidive en septembre 2010, traitée par Taxol et Avastin. Lésion du ligament phrénicocolique gauche (flèche). B. Régression et
stabilité jusqu'en octobre 2012, le marqueur CA 125 est stable entre 29 et 34 UI/mL. C, D. Bilan TEP en novembre 2012 car désir
de la patiente de bénéficier d'une exérèse chirurgicale de la lésion résiduelle. La TEP montre de multiples foyers péritonéaux
(flèches), traduisant l'activité métabolique de la maladie, en faveur d'une persistance évolutive.
d'une patiente sur deux présentant une lésion adressées en chimiothérapie a augmenté (soit par
unique en TDM avait des lésions multiples en annulation d'une chirurgie initialement prévue,
TEP-TDM, et seulement 17 % des patientes avec soit par mise en route d'un traitement au lieu
une TDM négative étaient négatives en TEP- d'une attitude de surveillance). Sur la série pros-
TDM. Ainsi, sur les 32 patientes de l'étude, 44 % pective de Risum et al. [15], qui évaluait
ont eu une modification de leur prise en charge 60 patientes en situation de récidive, la TEP a
suite au résultat de la TEP-TDM. Notamment, le objectivé une récidive dans 50 % des cas de TDM
nombre d'actes chirurgicaux invasifs à visée dia- négative, et son caractère multifocal dans 42 % des
gnostique a diminué et le nombre de patientes cas où la récidive paraissait isolée en TDM.
224 Imagerie post-thérapeutique en oncologie
A B
C
Fig. 11.4. Patiente de 57 ans suivie pour un carcinome ovarien en récidive péritonéale.
A. Premier bilan TEP : lésions disséminées sur le grêle. B, C. Contrôle TEP après 6 cures de chimiothérapie : évolutivité avec
majoration des lésions sur le grêle et apparition d'une adénopathie sus claviculaire droite (flèche).
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Chapitre 12
Imagerie post-thérapeutique
des sarcomes des parties molles
Les sarcomes des tissus mous sont des tumeurs tic [1] sont : l'âge du patient (plus de 50 ans) et
rares et correspondent à un groupe très hétéro- certains sous-types histologiques (fibrosarcomes
gène composé de plus de 50 sous-types histolo- et sarcomes de gaines nerveuses) [2]. Le risque
giques. Rappelons qu'il s'agit de cancers provenant de rechute locale, mais également métastatique
du tissu mésenchymateux, intéressant des struc- pulmonaire, est élevé (40 à 60 % des cas). Pour
tures très variées, telles que tissu conjonctif, les patients à haut risque, les rechutes inter-
muscles, graisse, nerfs périphériques et vaisseaux. viennent en général dans les 3 premières années,
Leur localisation anatomique peut être extrême- alors qu'elles peuvent être plus tardives pour les
ment variable. Ils affectent majoritairement les patients à faible risque. La surveillance fait
adultes, en dehors des rhabdomyosarcomes, et à la encore l'objet de controverses concernant
différence des sarcomes osseux, qui peuvent notamment l'impact réel de l'imagerie.
concerner aussi bien les enfants que les adultes. Habituellement elle consiste en une surveillance
Nous présenterons dans ce chapitre les données clinique et par imagerie, associant radiographie
d'imagerie post-thérapeutique rencontrées dans thoracique, complétée par un scanner en cas
les principaux sous-types : sarcomes indifférenciés d'anomalie, et imagerie de la zone opératoire
(anciennement histiocytomes fibreux malins), par IRM pour les membres, et par TDM ou IRM
liposarcomes, léiomyosarcomes, myxofibrosar- pour l'abdomen (lésions habituellement rétro-
comes, angiosarcomes, synovialosarcomes. Les péritonéales). Pour les sarcomes de haut grade,
tumeurs stromales gastro-intestinales (GIST) et le rythme de surveillance est de tous les 3 à
les tumeurs desmoïdes ne seront pas abordées ici. 4 mois pendant les 2 à 3 premières années,
bisannuel jusqu'à la 5e année, puis annuel, alors
Sont de mauvais pronostic les tumeurs de haut
que pour les sarcomes de bas grade, le rythme
grade (prenant en compte l'index mitotique et la
est bisannuel pendant 5 ans puis annuel, selon
nécrose), de grande taille (plus de 10 cm de dia-
les recommandations actuelles de l'European
mètre), de siège profond (sous l'aponévrose
Sarcoma Network Working group de l'ESMO
superficielle ou rétropéritonéal) et celles dont
(European Society for Medical Oncology) [3].
l'exérèse a été limite ou incomplète, avec une
survie à 5 ans voisine de 50 % pour l'adulte [1], En théorie, les tumeurs doivent faire l'objet d'une
ainsi que la survenue d'une récidive locale ou à biopsie initiale diagnostique, afin de guider l'inter
distance. Les autres facteurs de mauvais pronos- vention chirurgicale et de discuter de l'instauration
A B C
D E
Fig. 12.1. Liposarcome bien différencié du muscle vaste médial droit traité par exérèse chez une femme de 60 ans.
Sur l'IRM préopératoire, il est observé une masse intramusculaire essentiellement graisseuse, avec quelques cloisons plus ou
moins fines rehaussées après gadolinium et un nodule centimétrique rehaussé à sa partie inférieure (flèche) (A : axial T1 ; B :
axial T1 FS [Fat Saturation] + gadolinium ; C : sagittal T1 + gadolinium FS).
Sur l'IRM réalisée 4 mois après l'exérèse, il persiste une lésion de signal comparable à la lésion initiale préopératoire et sans prise
de contraste significative, située dans le lit opératoire de siège sous-aponévrotique (flèches) (D : axial T1 ; E : axial T1 + gadolinium
FS). La reprise chirurgicale large a confirmé la présence d'un résidu tumoral très bien différencié.
230 Imagerie post-thérapeutique en oncologie
A B
C D E
Fig. 12.2. Sarcome musculaire à cellules claires de haut grade de la cuisse droite chez une femme de 75 ans, traité par
exérèse et irradiation.
Sur l'IRM réalisée 18 mois après l'irradiation (A : axial T2 FS ; B : axial T1 + gadolinium FS), outre le signal œdémateux en plage
des parties molles en hypersignal T2, d'aspect post-thérapeutique, une masse en hypersignal T2 (A), nettement rehaussée après
gadolinium (B), fait suspecter une récidive locale (flèche).
Une séquence dynamique et de diffusion a été réalisée lors d'une IRM complémentaire montrant un hypersignal en diffusion
(flèche) (C : axial T1) avec ADC élevé 2,5 × 10–3 (D : mesure de l'ADC) et une courbe de rehaussement progressive et tardive (E)
en faveur d'une pseudo-tumeur inflammatoire confirmée par l'évolution.
A B C
Fig. 12.3. Sarcome pléomorphe de grade 3 chez une femme de 88 ans, découvert sur l'étude histologique d'un nodule de la
jambe gauche, considéré à tort comme un hématome, pour lequel il n' y a pas eu d'imagerie pré-opératoire.
Sur l'IRM réalisée 1 mois après l'exérèse, outre l'hypersignal en plage de la zone opératoire œdémateuse (A : coronal T2 FS), un
nodule centimétrique rehaussé en T1 des parties molles localisées au contact du bord médial de la diaphyse tibiale fait évoquer la
présence d'un résidu tumoral, confirmé lors de la reprise chirurgicale (flèches) (B : coronal T1 + gadolinium FS ; C : axial T1 +
gadolinium FS). Seule l'acquisition avec gadolinium (C) a permis de détecter le nodule tumoral de 13 mm confirmé par chirurgie.
A
D
B C
Fig. 12.4. Myxofibrosarcomes mammaires bilatéraux récidivants chez une femme de 54 ans, traités par de multiples exérèses
pratiquées depuis 5 ans.
Sur la TEP-TDM (A : axial fusion TEP-TDM ; B : TDM ; C : MIP), il est observé un foyer hypermétabolique sous-cutané sous-mam-
maire droit (flèches), dont l'exérèse (limite R1) a montré qu'il s'agissait d'une nouvelle récidive. La récidive sous-cutanée est en
hypersignal sur la séquence de diffusion de l'IRM réalisée avant l'exérèse (flèche) (D : axial diffusion).
des séquences dynamiques et de diffusion en [16] et d'autre part à la survie [17]. Dans cette
IRM, ainsi qu'à la TEP-TDM. Les zones nécro- dernière étude incluant 39 patients avec un suivi
tiques ne sont pas rehaussées. Pour l'étude de la médian de 55 mois, la survie globale à 5 ans pas-
diffusion, l'ADC est plus élevé en cas de nécrose sait d'environ 50 % pour les non-répondeurs
en comparaison avec sa valeur préthérapeutique, métaboliques à plus de 80 % pour les répondeurs
alors qu'il est bas dans les régions où la cellula- métaboliques (p = 0,068) et il était confirmé que
rité tumorale est préservée en l'absence de les critères de taille RECIST ne permettaient pas
réponse tumorale. Même si les résultats obtenus de prédire la réponse histologique. Par ailleurs, la
avec cette méthode procurant des paramètres positivité des marges d'exérèse était prédictive de
quantitatifs restent à valider, il faut signaler qu'il la survie globale, alors que la réponse histologique
n'existe pas de valeur seuil d'ADC pour indiquer ne l'était pas. En analyse multivariée, en associant
une réponse tumorale, mais que c'est la modifi- positivité des marges et réponse métabolique,
cation relative des valeurs par rapport aux valeurs seule la réponse métabolique précoce et la positi-
préthérapeutiques qui témoigne du degré de vité des marges étaient prédictives. Comme pour
nécrose. l'étude de diffusion en IRM, la réponse métabo-
Il a été montré en TEP-FDG que la réponse méta- lique tumorale est évaluée sur les modifications
bolique tumorale précoce (après 1 à 2 cycles de relatives des SUV par rapport aux valeurs préthé-
chimiothérapie) ou tardive (en préopératoire, rapeutiques, mais sans valeur consensuelle admise,
après plusieurs cycles de chimio ± radiothérapie) en particulier pour affirmer la réponse métabo-
était corrélée d'une part à la réponse histologique lique tardive. La TEP montre des performances
234 Imagerie post-thérapeutique en oncologie
supérieures à celles de l'IRM, quand l'analyse de cas d'efficacité thérapeutique. À noter que l'utili-
cette dernière repose sur les critères RECIST sation de la TEP-TDM se justifie également pour
[18]. Une comparaison des résultats obtenus en l'évaluation de la réponse métabolique tumorale
TEP-TDM et en IRM fonctionnelle serait intéres- lors des traitements en cas de récidive et/ou de
sante à réaliser, mais difficile à mettre en œuvre. Il situation métastatique (fig. 12.5).
faut noter que la méthodologie utilisée pour
mesurer l'activité métabolique tumorale était dif-
●● Points essentiels
férente pour toutes ces études, probablement en Pour évaluer la réponse tumorale au(x) traitement(s),
raison des avancées technologiques. Cette consta- seule une diminution du volume tumoral a de la
tation reflète également les difficultés à prendre en valeur. Dans le cas contraire, il faut se baser sur des
compte, avec l'index SUV, la signification de l'hé- critères fonctionnels, en IRM avec des séquences
térogénéité tumorale que l'on sait être fréquente dynamique et de diffusion [19] et en TEP-TDM, car
pour les sarcomes, qui se majore à la fois du fait de la réponse métabolique précoce serait un biomar-
la progression tumorale spontanée mais aussi en queur précoce prédictif de la survie globale.
A B
C D E F
Fig. 12.5. Nouvelle récidive d'un sarcome de haut grade de l'avant-bras et du bras droits évoluant malgré plusieurs exérèses
chirurgicales et chimiothérapies depuis 1 an chez un homme de 68 ans.
Sur les coupes coronales d'IRM en séquence T1 FS et injection de gadolinium, des nodules tissulaires sont observés sur le bras
avec un rehaussement homogène (A, flèche), et sur l'avant-bras avec un rehaussement annulaire (B, flèches).
Les TEP-TDM réalisées avant et après 3 cycles de trabectédine montrent l'absence de réponse tumorale avec un SUVmax inchangé
sous traitement (SUVmax proche de 8 et 20 sur les deux lésions) (C et D : MIP avant et après la chimiothérapie ; E et F : axial fusion
avant-bras droit), corrélée à la progression locale clinique. Le patient est décédé 8 mois plus tard de la progression de la
maladie.
Chapitre 12. Imagerie post-thérapeutique des sarcomes des parties molles 235
A B
Fig. 12.6. Sarcome à cellules fusiformes de la racine de la cuisse gauche traité par chirurgie, chimiothérapie puis radiothé-
rapie, chez un homme de 59 ans.
L'apparition de petites anomalies focales du signal intramédullaires fémorales gauches, mal limitées en hyposignal T1, rehaussées
après gadolinium (flèches), sur l'IRM réalisée 18 mois après la fin du traitement (A : coronal T1 ; B : coronal T1 + gadolinium FS)
situées en zone irradiée, est en faveur d'une ostéite post-radique banale.
Muscles Sérome
Ils peuvent présenter des anomalies en plage, dif- C'est une collection liquidienne bien limitée,
fuses, en hypersignal T2 et de rehaussement homogène. Elle peut être entourée d'un cerne en
modéré et tardif. hyposignal T2 par dépôts d'hémosidérine, avec
une fine prise de contraste périphérique. Elle se
Pseudo-tumeur inflammatoire résorbe généralement en 3 à 18 mois (fig. 12.7).
Elle est rare (5–10 % des cas), et survient à dis-
Hématome
tance de la radiothérapie (40 mois en moyenne,
mais parfois jusqu'à 12 ans après). Les séquences C'est une collection à contenu hématique (intérêt
dynamiques sont particulièrement utiles dans ce de séquences en écho de gradient T2 pour mieux
cas difficile (cf. fig. 12.2). Il s'agit d'une masse mettre en évidence les dépôts d'hémosidérine).
mimant une récidive tumorale, de signal variable Lorsque le signal spontané est élevé en T1, les tech-
(souvent hypersignal T2), se rehaussant après niques de soustraction sont particulièrement utiles,
injection de façon tardive (après 3 minutes), à la recherche du rehaussement d'un nodule tumo-
contrairement à une récidive, où le rehaussement ral associé (fig. 12.8). La surveillance rapprochée
est plus précoce. est recommandée pour ne pas méconnaître une
petite récidive ayant saigné, où l'hématome mas-
Sarcome radio-induit querait le nodule tumoral. Un hématome peut par-
Enfin, comme après toute irradiation, un sar- fois augmenter de taille et présenter une prise de
come radio-induit, habituellement indifférencié, contraste, rendant nécessaire une biopsie des zones
peut apparaître entre 4 et 30 ans après la radio- nodulaires rehaussées.
thérapie. Il touche plus souvent les parties molles
que l'os.
Névrome
A B
C D
Fig. 12.7. Léiomyosarcome de la veine rénale gauche chez une femme de 69 ans traité par néphrectomie gauche élargie
3 ans auparavant.
Sur la TDM préopératoire (A : axial ; B : reconstruction coronale), il existe une masse rétropéritonéale tissulaire hétérogène, bien limitée.
Une collection liquidienne rétropéritonéale postopératoire est retrouvée sur une TDM réalisée 3 mois après l'intervention (C : axial ;
D : reconstruction coronale) avec un niveau liquide-liquide (flèche).
loppe est préservée. Cette masse apparaîtra sous contraste précoce de signal presque toujours com-
forme d'un épaississement nodulaire à l'extrémité parable à celui de la tumeur initiale (fig. 12.1 et
distale du nerf qui a été sectionné (fig. 12.9) dans le 12.10).
premier cas, et sous forme d'un épaississement foca-
lisé en continuité avec le nerf dans le deuxième cas. En cas de chirurgie reconstructrice
Les névromes sont bien limités, en signal intermé- L'exérèse tumorale étendue, fréquente pour les
diaire T1, intermédiaire ou élevé T2, avec un rehaus- sarcomes des parties molles, peut nécessiter l'uti-
sement intense et homogène. La clinique (douleur lisation de lambeaux musculocutanés. Leur
neurogène selon un trajet nerveux, déficit sensitivo- aspect en IRM change avec le temps, aussi bien
moteur associé), le type d'intervention chirurgicale en taille qu'en signal et en rehaussement. Ces
et le rapport avec une racine nerveuse sont les prin- modifications sont notamment liées à la dénerva-
cipaux éléments qui orientent vers le diagnostic, rap- tion et une vascularisation plus ténue que pour
pelant l'importance de l'interprétation de l'imagerie les autres muscles. Elles sont majorées lorsqu'une
en fonction du contexte clinique. radiothérapie est associée. Tous les lambeaux
montrent un certain degré d'atrophie (diminu-
Récidive tumorale
tion de taille avec infiltration graisseuse), la plu-
Elle se caractérise par une masse, habituellement part voit leur signal augmenter en T1 (63 %) et
en hypersignal T2, qui présente une prise de en T2 (83 %). Une prise de contraste en plage est
238 Imagerie post-thérapeutique en oncologie
C D
Fig. 12.8. Sarcome à cellules claires de grade 2 de la fesse gauche chez une femme de 53 ans, traité par exérèse et irradiation.
Sur l'IRM de surveillance réalisée 3 ans plus tard (A : axial T1 ; B : axial T1 FS ; C : axial T1 + gadolinium FS avec soustraction), il
est observé une collection hématique de 60 mm de diamètre en hypersignal T1, non effacée par la saturation de graisse, non
rehaussée après gadolinium.
Sur la TEP-TDM synchrone (D : MIP), des foyers hypermétaboliques médiastinaux, pulmonaire droit et pleural gauche sont en
faveur d'une évolution métastatique, mais sans évolution locale, confirmant le résultat de l'IRM.
A B
Fig. 12.9. Tumeur maligne des gaines des nerfs périphériques (nerf sciatique) de grade 3 chez un homme de 37 ans traité
par exérèse complète R0, avec une récidive poplitée traitée par reprise chirurgicale 4 ans plus tard, suivie d'une
chimiothérapie.
Sur l'IRM réalisée 6 mois après la reprise chirurgicale, il est noté une masse bilobée développée à l'extrémité sectionnée du nerf
sciatique (flèches) (A : sagittal T1 ; B : sagittal T1 + gadolinium FS) en faveur d'un névrome. Une récidive ne pouvant être éliminée,
une exérèse a été réalisée et a confirmé ce diagnostic.
Chapitre 12. Imagerie post-thérapeutique des sarcomes des parties molles 239
A B
C D E
Fig. 12.10. Liposarcome de grade 2 paravertébral droit chez une femme de 62 ans, traité par exérèse complète après
3 cycles de chimiothérapie néoadjuvante, suivie par une irradiation.
Sur les coupes axiales de TDM (A) et d'IRM (B : T1 + gadolinium FS) préopératoire, la lésion sous-cutanée est bien limitée, mais
adhérente à l'aponévrose profonde, constituée de composantes graisseuse et tissulaire.
Une récidive, présentant les mêmes caractéristiques que la lésion initiale, est découverte 9 mois plus tard sur l'IRM (C : axial T1 ;
D : axial T1 + gadolinium FS).
Une perte de substance après exérèse est notée sur l'IRM de contrôle réalisée un an plus tard (E : axial T1), d'aspect stable 4 ans
plus tard.
fréquente (71 %). Ces modifications ont ten- sation de la TEP-TDM dans ce cas serait acces-
dance à s'atténuer avec le temps, mais peuvent soire, réservée aux situations non résolues par
persister [13, 23]. l'IRM. En outre, elle permet de détecter une pro-
gression métastatique non suspectée cliniquement
(cf. fig. 12.8).
TEP-TDM
Les publications s'étant intéressées à ce sujet sont ●● Points essentiels
anciennes, mais il semble que la TEP présente de La sémiologie en imagerie, en rapport avec des
modifications post-radiques et/ou postopératoires,
bonnes performances dans cette situation, pour le
en particulier dans les suites d'une chirurgie
diagnostic de récidive, en rappelant le lien entre le reconstructrice, est suffisamment variée et com-
SUV et le grade histologique [24–26]. Toutefois, plexe avec une évolution dans le temps, pour
la persistance prolongée de phénomènes inflam- requérir une expertise des spécialistes d'imagerie
matoires cutanés au niveau du moignon, notam- en charge de l'interprétation des examens réalisés
ment des membres inférieurs, complique et disposant de toutes les informations néces-
l'identification d'une récidive locale [27]. L'utili- saires concernant les traitements reçus.
240 Imagerie post-thérapeutique en oncologie
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Chapitre 13
Traitements des métastases
osseuses
A B
Fig. 13.1. Patient suivi pour une tumeur neuroendocrine bronchique.
Le scanner réalisé dans le cadre du bilan d'extension initial montre des lésions ostéocondensantes iliaques bilatérales. Aspect
métastatique. Biopsie percutanée de confirmation.
Chapitre 13. Traitements des métastases osseuses 245
A B
C D
Fig. 13.2. Scanner thoraco-abdomino-pelvien et analyse des lésions osseuses.
Deux patientes suivies pour un cancer du sein. A et B. Progression osseuse avec majoration et/ou apparition de lésions ostéo
condensantes. C et D. Progression avec apparition de métastases hépatiques.
A B
C
Fig. 13.3. Sémiologie IRM T1 et STIR pour des atteintes métastatiques du rachis.
A. Cancer du sein. B. Mélanome. C. Suivi évolutif d'un cancer de la prostate (2008–2010) avec apparition de métastases lom
baires et sacrées.
La situation antalgique est la plus fréquente, éventuelle des parties molles. Cette atteinte des
lorsque le traitement notamment morphinique est parties molles est par conséquent un élément
insuffisant ou mal toléré. important de l'évaluation radiologique initiale
Quel que soit le type histologique, l'efficacité antal pour le clinicien car le scanner radiothérapique est
gique de la radiothérapie est de l'ordre de 50 à 80 % souvent de moindre qualité.
avec 30 % de réponse complète [12] principale En effet, le patient bénéficie de trois scanners
ment pour les cancers du sein et de la prostate. avant son traitement (scanner diagnostique, scan
Ainsi la dose prescrite et le schéma d'irradiation ne ner embarqué des machines hybrides, scanner
sont pas uniquement déterminés par le type histo radiothérapique) mais les images de ces scanners
logique mais plutôt indirectement par l'espérance sont de qualités différentes.
de vie dans le contexte [13], le caractère unique Le scanner radiothérapique, même lorsqu'il est
ou multiple des métastases, l'envahissement des réalisé sur l'appareil utilisé en radiologie diagnos
parties molles ainsi que l'état général, le degré tique, n'a souvent pas la même qualité d'image
d'urgence (compression médullaire), la qualité de qu'un scanner classique. En effet, la résolution
vie escomptée, les contraintes de transport et l'in peut être dégradée lorsque les coupes sont trai
confort prolongé imposé par les séances répétées tées dans les logiciels de préparation du traite
de radiothérapie [12, 14]. ment de radiothérapie qui simulent l'interaction
Au total, 20 % des patients pourront être ré- des rayonnements avec la matière, appelés TPS
irradiés, et 60 % d'entre eux en retireront un (Treatment Planning System). Il est parfois néces
bénéfice antalgique [15]. saire d'augmenter l'épaisseur des coupes afin de
visualiser l'entièreté du volume à traiter, avec une
perte de la résolution fine. Des efforts sont faits
Schémas d'irradiation dans l'amélioration de la qualité des images.
Les schémas d'irradiation les plus utilisés sont : Enfin, ces scanners sont fréquemment réalisés
• classique 40–46 Gy en 20–23 séances (appelées sans injection de produit de contraste chez ces
fractions), de 5 séances par semaine soit patients au capital rénal souvent diminué par les
5–5,5 semaines ; traitements, notamment les chimiothérapies par
• hypofractionné 30–36 Gy en 10–12 fractions et sels de platine et les antiangiogéniques. Ceci prive
2–2,3 semaines et 20 Gy en 5 fractions et d'informations complémentaires concernant les
1 semaine ; tissus mous.
• séance unique 8 Gy en 1 fraction.
En cas d'atteinte multiple, il peut être proposé Dose limitante
une irradiation hémicorporelle en une ou plu
sieurs fractions. Chaque organe ne peut recevoir qu'une dose limi
tée d'irradiation (mesure donnée en Gy) sans
Plusieurs essais randomisés et méta-analyses ont
subir le risque de complications irréversibles telles
montré l'équivalence de ces schémas en termes
que la nécrose ou la fibrose.
d'efficacité antalgique initiale quel que soit le type
histologique. Mais les patients traités par des sché Lorsque plusieurs organes se trouvent dans un
mas courts sont plus souvent ré-irradiés (20 %) et champ d'irradiation, la dose maximale délivrable
présentent davantage de fractures pathologiques correspond à la dose limitante la plus basse des
[12, 16]. Les schémas longs qui atteignent les organes vitaux.
doses maximales acceptables pour la moelle épi Par exemple, dans le cas de métastases osseuses
nière ne permettent souvent pas la ré-irradiation, rachidiennes, une dose supérieure à 45 Gy ou 45 Gy
mais ils gardent la préférence des cliniciens en cas équivalent délivrée à la moelle épinière expose à un
de bon pronostic de la maladie cancéreuse. Ceci risque de myélite radique définitive avec para ou
est donc indirectement dépendant du type histo tétraplégie. Sauf exception, il ne sera donc pas déli
logique, d'une espérance de survie prolongée et vré de dose supérieure même si le type histologique
d'un bon état général mais aussi d'une atteinte de la tumeur primitive peut le nécessiter.
248 Imagerie post-thérapeutique en oncologie
maximale dans un but antalgique ne pourrait pas de petits volumes tumoraux. D'importantes doses
être irradiée à nouveau, même s'il survient un déficit sont délivrées, en un petit nombre de séances
neurologique. (d'une à moins d'une dizaine), au moyen d'un
Au contraire de la radiothérapie externe classique, grand nombre (plusieurs dizaines) de très petits
la radiothérapie stéréotaxique ne s'applique qu'à faisceaux d'irradiation. Dans ce cas, les portes
d'entrée des faisceaux sont multiples et dans
toutes les directions. De faibles doses d'irradiation
sont délivrées dans un vaste volume autour de la
lésion et non en « tunnel ».
Fig. 13.5. Détermination de la forme du champ d'irradiation. Fig. 13.7. Simulation de la distribution de dose sur coupe
L'ouverture des lames de l'accélérateur dessine la forme des transverse par deux faisceaux opposés.
volumes cibles. Des doses les plus importantes (rouge) aux plus faibles (bleu).
Fig. 13.6. Simulation d'un champ de radiothérapie antérieur sur les coupes transverse, coronale et sagittale.
250 Imagerie post-thérapeutique en oncologie
Évaluation de la réponse :
quelle imagerie ? Quels critères ?
Choix de la modalité d'imagerie,
sémiologie et critères d'évaluation
Le problème des critères d'évaluation
pour les métastases osseuses
L'évaluation en imagerie de la réponse des
métastases osseuses est particulièrement déli
cate, en l'absence d'outils validés sur des
cohortes. En effet, les critères RECIST validés
seulement pour les métastases parenchymateuses
(foie, etc.) ne sont pas applicables tels quels pour
l'évaluation de la réponse des métastases osseuses
Fig. 13.8. Simulation de la distribution de dose sur coupe [17, 18]. En pratique et en l'absence d'outils de
transverse par deux faisceaux opposés. mesure validés pour l'os, on utilise les Skeletal
Des doses les plus importantes (rouge) aux plus faibles (bleu).
Noter l'atteinte de la paroi vésicale par les faisceaux. En rose,
Related Events ou SRE dont les limitations sont
volume cible du bassin avec marge de sécurité. [18, 19]. En cas d'atteinte métastatique osseuse
prédominante, l'appréciation de la réponse ou
de la progression est donc difficile. Nous expo
serons dans ce chapitre les données validées
concernant l'évaluation des métastases des can
cers solides ostéophiles : prostate, sein, rein, thy
roïde et poumon.
Imagerie morphologique
Radiographies
Les radiographies ne sont pas adaptées pour cette
évaluation car les signes de réponse sont retardés,
absents ou d'interprétation difficile [20].
Scanner
De manière générale, l'apparition de sclérose par
tielle ou complète d'une image antérieurement
lytique est en faveur d'une réponse au traitement
(fig. 13.10) tandis que l'extension ou l'apparition
d'images lytiques sans sclérose ou de zones mixtes
est en faveur d'une progression tumorale.
Toutefois, il convient d'être prudent car les réac
tions de sclérose osseuse avec reminéralisation
peuvent donner à tort l'impression d'une progres
sion tumorale métastatique (lésions initiales
méconnues). Le scanner post-thérapeutique doit
donc être interprété avec prudence [21, 22].
Fig. 13.9. Simulation de la distribution de dose sur coupe
sagittale par deux faisceaux opposés. L'évaluation de la réponse en cas de métastases
Des doses les plus importantes (rouge) aux plus faibles (bleu). osseuses avec ruptures corticales et masses tissu
Chapitre 13. Traitements des métastases osseuses 251
A B
C D
Fig. 13.10. Patiente traitée pour un cancer du sein, suivi évolutif de lésions du rachis et du sacrum avec imagerie scanner
et IRM.
En 2011, lésions ostéolytiques étendues bien visibles en scanner (A) et en IRM pondérée en T1 (C) STIR et T1 avec injection
de gadoliniem fat sat (D). En 2012, l'imagerie montre une calcification partielle (B et C) et une involution graisseuse des lésions
(C et D).
IRM
Comme pour le bilan d'extension initial, c'est la
modalité essentielle. L'IRM permet de détecter
des changements de signal de la moelle osseuse
bien avant l'apparition d'une ostéolyse ou d'une
ostéocondensation (RX [rayons X] ou scanner). À
ce stade comme lors du bilan initial, on distingue
Fig. 13.11. Patient suivi pour un cancer bronchique.
en IRM les atteintes métastatiques nodulaires et Lésion hypermétabolique du corps vertébral de T3 au TEP-
les atteintes diffuses. FDG. Biopsie percutanée guidée par le scanner.
252 Imagerie post-thérapeutique en oncologie
Cette IRM d'évaluation doit couvrir l'essentiel du moelle osseuse régénérative après chimiothérapie :
squelette, soit avec une technique corps entier [23], le rehaussement est en principe plus important et
soit avec une exploration du rachis entier et du pel plus hétérogène en cas d'infiltration médullaire
vis qui couvre l'essentiel du squelette axial [24]. tumorale. En cas d'extension extra-osseuse, l'injec
L'IRM du squelette entier est ainsi devenue incon tion de gadolinium IV permet de délimiter la masse
tournable pour le bilan d'extension morphologique tumorale et les conséquences sur les tissus adja
des principaux cancers ostéophiles (fig. 13.12). Bien cents : engainement des racines nerveuses, atteinte
sûr, l'évaluation de la réponse pour une métastase articulaire (fig. 13.14).
focale unique peut nécessiter une IRM centrée. Le suivi sous traitement des lésions nodulaires peut
montrer des aspects de rehaussement résiduel ou
Séquences anatomiques habituelles
persistant dont l'interprétation n'est pas toujours
Avec pondération en T1 et en STIR, elles restent facile : activité tumorale ou tissu cicatriciel ?
indispensables pour évaluer la réponse après traite
ment. L'évolution d'une lésion vers un signal Pièges diagnostiques de l'IRM morphologique
graisseux homogène est un signe de réponse favo
rable. Ce signal graisseux apparaît souvent comme Certains sont à connaître. Une exploration trop
un halo périphérique sur les lésions nodulaires du centrée peut méconnaître l'apparition de lésions
rachis ou du pelvis. À l'inverse, l'extension en halo dans une autre région du squelette. Les traite
d'un signal tissulaire non graisseux et/ou l'appari ments par facteurs de croissance hématopoïétiques
tion de nouvelles lésions nodulaires sont des peuvent induire une prise de contraste trop forte
signes de réponse défavorable (fig. 13.13). et inhabituelle de la moelle osseuse, en l'absence
L'évolution d'un aspect multinodulaire vers une d'infiltration tumorale.
infiltration médullaire diffuse en IRM est considé Une fracture vertébrale pathologique peut surve
rée comme extrêmement défavorable. nir au cours du suivi sous traitement, et l'IRM
devra être interprétée avec attention. Une fracture
Injection de gadolinium IV récente sur un os non tumoral mais fragilisé par les
Elle est utile en cas de doute diagnostique entre une traitements peut ressembler au premier abord à
moelle osseuse infiltrée de manière diffuse et une une fracture vertébrale pathologique. Une analyse
A B
Fig. 13.12. Patiente de 75 ans suivie pour un mélanome malin.
Progression métastatique fulgurante en 1 mois (A et B).
Chapitre 13. Traitements des métastases osseuses 253
B C
D E
A B
C D
Fig. 13.14. Patient suivi pour un CHC.
Atteinte métastatique du rachis lombaire avec une fracture pathologique de L4, des lésions nodulaires de L3 et L5 et une masse
tumorale paravertébrale et épidurale en L4 (A et B). Suivi évolutif à 2 mois (2012), après une chirurgie de stabilisation du rachis :
progression de la masse tumorale paravertébrale (C). Suivi évolutif (2013), stabilisation des lésions vertébrales osseuses mais
progression de l'atteinte épidurale lombosacrée (D).
moelle osseuse, il faut des images fortement pon cas, avec application de modèles). Pour la moelle
dérées en diffusion (b élevé) couvrant le squelette osseuse, cette technique semble utile pour le suivi
entier ou le squelette axial, et une reconstruction du myélome multiple (fig. 13.15) et prometteuse
des images en mode MPR (Multiplanar pour le suivi des patients sous traitement anti
Reformation) ou MIP. Cette visualisation simple angiogénique [29].
autorise une analyse qualitative rapide, les lésions Les limites principales résultent de la rapidité
suspectes apparaissant comme des zones de signal nécessaire : résolution spatiale faible, champ d'ex
beaucoup plus élevé que la moelle osseuse nor ploration limité. La reproductibilité est variable
male. Il s'agit donc d'une imagerie de détection, à selon les séquences et les modèles utilisés.
comparer aux séquences anatomiques. La techno
logie actuelle facilite la réalisation en routine avec
des séquences rapides fortement pondérées en dif Aspects post-thérapeutiques
fusion acquises en respiration libre avec suppres
sion du signal graisseux (DWIBS).
spécifiques – Quand évaluer
Certains pièges sont à connaître avec des images Chirurgie
DWI faussement positives ou faussement néga Après un traitement de chirurgie orthopédique,
tives. L'intensité du signal DWI reflète la cellula une imagerie de référence est indiquée dans un
rité mais aussi le contenu en eau (effet T2), et délai d'un mois pour évaluer la zone de résection
certaines lésions bénignes peuvent apparaître en et la position des implants éventuels. Les radiogra
hypersignal : arthrose, fractures, angiomes bénins, phies (fig. 13.16) et le scanner sont relativement
ostéopathie radique. Les faux négatifs sont liés aux faciles à interpréter dans ce contexte, et moins
lésions calcifiées, comme certaines métastases sensibles que l'IRM aux artefacts.
ostéoscléreuses. L'analyse couplée des images
L'imagerie après chirurgie est souvent plus difficile,
DWI et des images anatomiques habituelles est
car les implants métalliques sont source d'artefacts
donc indispensable pour optimiser la sensibilité et
en TDM et en IRM :
la spécificité de l'exploration [22, 26].
• en TDM : durcissement du faisceau avec images
Une approche quantitative est possible, avec la en étoiles et analyse très difficile des interfaces
mesure du coefficient apparent de diffusion sur entre l'implant et l'os. Une acquisition volu
une ou plusieurs lésions cibles. Au cours du suivi mique avec un filtre intermédiaire (pas trop
sous traitement des métastases osseuses, une évo dur), et des fenêtres élargies permettent d'amé
lution est considérée comme favorable si le signal liorer la qualité des images ;
diminue en parallèle d'une élévation de l'ADC. • en IRM : zones de signal hétérogène, ou perte
L'interprétation reste cependant complexe en rai de signal, avec déformations géométriques. Il
son de l'hétérogénéité des métastases et de l'inte faut privilégier les séquences les plus robustes
raction entre les lésions et le tissu osseux (FSE, TSE [Turbo Spin Echo], STIR), élargir la
trabéculaire [27, 28]. bande passante, ce qui limite un peu les pro
blèmes d'artefacts. Sur les IRM de nouvelle
IRM de perfusion dynamique génération, des algorithmes spécifiques de
Elle apporte des informations sur la perfusion tis reconstruction améliorent la qualité des images
sulaire et la perméabilité vasculaire. Cette tech (exemple : la technique MAVRIC).
nique repose sur l'acquisition répétée d'une Cette imagerie postopératoire précoce a pour but
séquence rapide pondérée en T1 après l'injection de mettre en évidence les limites de la zone de
intraveineuse d'un chélate de gadolinium. Les résection, les interfaces entre l'os tumoral et l'os
modifications du signal tissulaire après injection non atteint. La présence de collections postopéra
sont liées à la diffusion extravasculaire et extracel toires est fréquente (rachis, pelvis). Une injection
lulaire du gadolinium. L'analyse du signal est qua intraveineuse est utile pour délimiter des abcès
litative, semi-quantitative ou quantitative (dans ce éventuels en cas de sepsis.
256 Imagerie post-thérapeutique en oncologie
A B C
D E
Fig. 13.15. Patiente de 67 ans suivie pour myélome multiple.
IRM de perfusion corps entier, couplée à une acquisition de diffusion axiale (b = 800 s/mm2) mettant en évidence une lésion focale
(A, flèche), se rehaussant précocement (B, flèche) et s'accompagnant d'une épidurite postérieure ainsi que d'une extension aux
parties molles avec diminution progressive du rehaussement sur les temps tardifs (C, flèche). Il est possible d'extraire une courbe
de rehaussement (D) au cours du temps montrant un rehaussement significatif dépassant 300 %. En imagerie de diffusion axiale
(E), la lésion est en diffusion restreinte.
L'imagerie postopératoire plus tardive associe qui permet une réduction significative des douleurs
volontiers plusieurs modalités quand une compli chez 95 % des patients dès la 1re semaine [30].
cation ou une récidive est suspectée (fig. 13.17). Un bilan d'imagerie préthérapeutique est indis
pensable avant une cimentoplastie ou une ablation
Radiologie interventionnelle
tumorale percutanée, avec un recours fréquent à
La vertébroplastie et la cimentoplastie sont des tech différentes techniques d'imagerie. Ce bilan servira
niques de consolidation très utiles en cas de fracture de référence pour l'évaluation de l'efficacité et le
vertébrale pathologique, ou de fragilisation doulou suivi ultérieur. L'IRM permet d'apprécier l'at
reuse du pelvis (acétabulum, aile iliaque). Les tech teinte des parties molles et s'avère particulière
niques d'ablation osseuse percutanée constituent ment utile pour les lésions rachidiennes à risque
une alternative intéressante en cas de douleurs d'envahissement canalaire. Le scanner démontre
réfractaires ou d'intolérance aux autres thérapeu bien le caractère ostéolytique ou ostéocondensant
tiques. Elles permettent un soulagement beaucoup des lésions et permet de quantifier la perte osseuse.
plus rapide que la radiothérapie et la réduction des Ce point est particulièrement important pour les
doses d'antalgiques. Les techniques de référence os porteurs qui peuvent nécessiter un traitement
sont l'ablation par radiofréquence et la cryoablation complémentaire de consolidation (injection de
Chapitre 13. Traitements des métastases osseuses 257
A B
C
Fig. 13.16. Patiente suivie pour un cancer du rein, apparition d'une douleur de hanche gauche avec impotence
fonctionnelle.
Fracture pathologique de l'extrémité supérieure du fémur gauche en rapport avec une métastase ostéolytique (A), traitée chirurgi
calement en 2012 avec prothèse massive (B). Au cours du suivi évolutif (2013), nouvel épisode d'impotence fonctionnelle qui
révèle une luxation de la prothèse (C).
B C
E F
Fig. 13.17. Patiente suivie pour un cancer de la thyroïde.
En 2011 (A), métastase iliaque droite avec imagerie hybride (iode-131 et scanner). Suivi évolutif sous traitement en 2012 avec une
IRM qui montre la persistance d'une masse tissulaire iliaque avec nécrose centrale (B et C). Le scanner (D) montre une ostéosclé
rose en périphérie de la lésion. Décision opératoire avec une prothèse totale de hanche droite et reconstruction de l'acétabulum.
Le suivi évolutif radiographique (E) montre l'apparition d'une ostéolyse de la corticale fémorale en regard de la tige. Cet aspect est
confirmé par un scanner (F).
Chapitre 13. Traitements des métastases osseuses 259
A B
Fig. 13.18. Métastase iliaque lytique d'un cancer du rein.
Traitement par procédure combinée associant embolisation, thermocoagulation RF et cimentoplastie (A). Contrôle IRM à J14 (B),
excellente visualisation du ciment en hyposignal, avec une nécrose et une réaction inflammatoire extra-osseuse.
Fig. 13.19. Patient suivi pour un cancer du rein, apparition d'une douleur de hanche gauche qui limite la marche.
Le bilan d'imagerie révèle une métastase unique ostéolytique de la colonne antérieure de l'acétabulum avec une fracture patholo
gique (A). Décision d'un traitement percutané de thermocoagulation par radiofréquence (B). Suivi évolutif à 1 mois en IRM (C) :
l'image axiale pondérée en T1 fat sat après injection IV de gadolinium montre une nécrose complète de la métastase, et une prise
de contraste périphérique en rapport avec la cicatrisation et une synovite résiduelle. Le suivi évolutif à 1 an est excellent, avec une
reprise complète des activités et une absence de récidive tumorale locale.
Après un traitement antalgique, sans atteinte neu Sur un os long, le champ d'irradiation pourra être
rologique et en l'absence de nouveaux symp localisé avec une marge de 1 à 2 cm autour du
tômes, il n'est pas réalisé d'imagerie de contrôle volume cible. En revanche, l'entièreté de l'os est
spécifique. On utilisera les scanners de surveillance traitée lorsqu'un matériel orthopédique a été mis
de chaque type de cancer pour faire le bilan en place (prothèse de hanche, clou centromédul
osseux. L'amélioration des douleurs est de 1 à laire) car les manœuvres d'abrasion de l'os spon
4 semaines et la durée de l'effet antalgique de 11 à gieux disséminent les cellules tumorales le long du
24 semaines. Un rebond douloureux dans la 1re fût de l'os.
semaine est fréquent [31]. Pour le rachis, le champ d'irradiation comporte une
En cas d'atteinte neurologique améliorée par le trai marge d'une et le plus souvent deux vertèbres
tement, une imagerie IRM de la zone lésionnelle au-dessus et en dessous des vertèbres atteintes.
servira de référence en cas d'aggravation ultérieure. Chaque vertèbre est irradiée en totalité autant que
260 Imagerie post-thérapeutique en oncologie
possible. Lorsque deux lésions sont proches, il est des traitements orthopédiques et radiothérapiques
recommandé de les traiter dans le même champ qui sont ponctuels sur une métastase, et com
d'irradiation mais des champs de trop grande taille portent plusieurs lignes successives de traitement.
exposent à une mauvaise tolérance clinique en par
ticulier digestive et hématologique de l'irradiation.
Pour le rachis en IRM, on retrouve ainsi une déli Problématique de l'interprétation
mitation nette du champ d'irradiation, les ver du signal de la moelle osseuse traitée
tèbres non irradiées gardant un signal normal. Les
Les chimiothérapies avec antiangiogéniques, les thé-
aspects post-thérapeutiques d'efficacité comme de rapies ciblées peuvent entraîner différentes réactions
complication se situent dans ces trajets unique médullaires en IRM. La moelle osseuse peut devenir
ment. Les vertèbres non métastatiques irradiées atrophique avec une transformation graisseuse
présentent un œdème médullaire et des zones de majeure, ou au contraire hyperplasique notamment
nécrose sous forme d'un hypersignal en STIR en cas de facteur de croissance limitant les risques
pendant les 2 premières semaines. Puis il apparaît d'aplasie. Cette moelle osseuse hyperplasique appa-
un hypersignal médullaire sur les séquences pon raît en hyposignal relatif sur les séquences pondérées
dérées T1 traduisant la conversion graisseuse de la en T1. Des îlots de moelle hyperplasique peuvent être
moelle, cet aspect est le plus souvent définitif. difficiles à différencier de nodules tumoraux. Après
traitement avec antiangiogéniques, des images en
Une reminéralisation se produit plus fréquemment cocarde sont parfois visibles, leur aspect stable lors
en cas de schéma long de radiothérapie et plus fré du suivi est un critère d'efficacité [22].
quemment pour les cancers du sein et du poumon.
Sur chacun des trajets de faisceaux d'irradiation, tous
les organes vont être traversés par le faisceau de Évaluation de la toxicité
rayonnement ionisant. Ceci explique la modification thérapeutique osseuse
d'aspect d'organes sains tels que le sternum pour une
radiothérapie du rachis dorsal, du foie ou des reins Fractures
après une radiothérapie du rachis dorsolombaire.
En revanche, pour l'arcthérapie, consistant en une Au niveau du rachis elles sont souvent méconnues,
rotation de l'accélérateur de radiothérapie autour avec un diagnostic tardif. On évoque en premier
du patient pendant l'irradiation, la radiochirurgie lieu une inefficacité de la radiothérapie ou une
et la radiothérapie stéréotaxique, les faisceaux sont progression métastatique. L'IRM rétablit le dia
multiples et non en « tunnel » et de faible dose. gnostic en montrant un ou plusieurs tassements
d'aspect bénin sur un ou plusieurs des corps verté
braux inclus dans le champ d'irradiation. La
Traitements systémiques :
sémiologie est comparable à celle de fractures
chimiothérapie, hormonothérapie,
ostéoporotiques banales.
thérapies ciblées
Au niveau du pelvis les fractures concernent à la fois
La réponse des métastases osseuses sera évaluée en le sacrum et les branches ilio et ischiopubiennes.
fonction du type histologique et de la cinétique Elles apparaissent le plus souvent chez des femmes
d'efficacité connue de chacun des traitements, soit de plus de 50 ans traitées pour un cancer gynécolo
par une imagerie spécifique morphologique (IRM gique. Les contraintes mécaniques, associées aux
du rachis par exemple) ou fonctionnelle (scintigra radiolésions et à une ostéoporose favorisent l'appa
phie osseuse), soit dans le bilan global de la maladie rition de fractures étendues à la présentation parti
(fenêtres osseuses du scanner thoraco-abdomino- culière, en général symétrique, donnant un aspect
pelvien, TEP-scanner) afin de limiter le nombre en H à la scintigraphie au 99mTc. Des fractures uni
d'examens auxquels le patient est soumis. latérales et asymétriques sont possibles. Le diagnos
En effet, les traitements systémiques se poursuivent tic est fait par le scanner et/ou l'IRM. Le délai
sur des durées relativement longues, au contraire d'apparition peut être tardif après plusieurs années.
Chapitre 13. Traitements des métastases osseuses 261
L'aspect des fractures post-radiques du grill costal sont d'incidence relativement modeste, compte
d'un sein irradié et du sacrum dans les cancers de tenu des traitements aux stades précoces des
la prostate est souvent trompeur en IRM (pseudo- cancers les plus ostéophiles (sein et prostate).
récidive tumorale) mais ces fractures se situent Une bonne information du stade initial et du
toujours sur le trajet d'un faisceau de traitement. stade actuel de la maladie est indispensable. Une
Les procédures de radiologie interventionnelle connaissance des principaux diagnostics diffé
avec consolidation par cimentoplastie sont parti rentiels est nécessaire.
culièrement intéressantes dans ce contexte, si les • Bien sûr, l'apparition ou au contraire l'absence
fractures sont douloureuses : vertébroplastie, de métastases viscérales sont à prendre en
cimentoplastie du cotyle, sacroplastie. compte.
• L'avenir est dans l'imagerie hybride de coupe
TEP-scanner et l'IRM corps entier avec
Ostéonécrose séquences de diffusion et de perfusion.
• On relève un lien entre biphosphonates et Références
ostéonécrose de la mandibule (imagerie spéci
fique, dont le scanner mandibulaire). [1] Joyce JA, Pollard JW. Microenvironmental regulation
of metastasis. Nat Rev Cancer 2009 ; 9(4) : 239–52.
• L'ostéoradionécrose ne se rencontre que dans le [2] Roodman GD. Mechanisms of bone metastasis. N
champ traité, en général au-delà de 50 Gy. Engl J Med 2004 ; 350(16) : 1655–64.
• Pour l'ostéonécrose des têtes fémorales, l'ima [3] Coleman RE. Clinical features of metastatic bone
gerie par IRM permet un diagnostic précoce, disease and risk of skeletal morbidity. Clin Cancer Res
avec une excellente sensibilité et spécificité. 2006 ; 12(20 Pt 2) : 6243s–9s.
[4] Coleman RE. Skeletal complications of malignancy.
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et perspectives tics, 1999. CA Cancer J Clin 1999 ; 49(1) : 8–31, 1.
[7] Lipton A, Uzzo R, Amato RJ, et al. The science and prac
• Dans sa demande, le clinicien doit informer de tice of bone health in oncology : managing bone loss and
la situation thérapeutique : bilan d'évaluation metastasis in patients with solid tumors. J Natl Compr
programmée d'un traitement avec sa date de Canc Netur oct 2009 ; (7 Suppl. 7) : S1–29 ; quiz S30.
[8] Hwang S, Panicek DM. Magnetic resonance imaging
début voire de fin ou suspicion clinique et/ou of bone marrow in oncology, Part 2. Skeletal Radiol
biologique de progression. Ceci permettra de 2007 ; 36(11) : 1017–27.
comparer l'examen à l'examen de référence [9] Hanrahan CJ, Shah LM. MRI of spinal bone marrow :
adéquat. part 2, T1-weighted imaging-based differential dia
• La complémentarité minimale est assurée par gnosis. AJR Am J Roentgenol 2011 ; 197(6) :
1309–21.
deux modalités d'imagerie, l'une morpholo [10] Groves AM, Beadsmoore CJ, Cheow HK, et al. Can
gique et l'autre fonctionnelle. 16-detector multislice CT exclude skeletal lesions
• Il convient autant que possible de garder la during tumour staging ? Implications for the cancer
même modalité d'imagerie pour la surveillance patient. Eur Radiol 2006 ; 16(5) : 1066–73.
que pour le bilan initial de la métastase osseuse. [11] Patchell RA, Tibbs PA, Regine WF, et al. Direct
decompressive surgical resection in the treatment of
• En cas de métastases osseuses uniquement, il spinal cord compression caused by metastatic cancer :
peut se discuter de n'utiliser que le scanner a randomised trial. Lancet 2005 ; 366(9486) : 643–8.
embarqué de l'imagerie fonctionnelle si des [12] Lutz S, Berk L, Chang E, et al. Palliative radiotherapy
images de qualité diagnostique sont disponibles for bone metastases : an ASTRO evidence-based guide
(notamment avec techniques de reconstructions line. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2011 ; 79(4) :
965–76.
itératives). [13] Steenland E, Leer JW, Van Houwelingen H, et al.
• Enfin, il faut se garder d'une interprétation abu The effect of a single fraction compared to multiple
sive en termes de métastases osseuses car elles fractions on painful bone metastases : a global analysis
262 Imagerie post-thérapeutique en oncologie
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Chapitre 13. Traitements des métastases osseuses 263
Annexe
Les diagnostics différentiels principaux des métastases
osseuses en imagerie morphologique
Hodgkin dépend des facteurs pronostiques ne montrait pas de différence en survie sans pro-
initiaux au sein desquels le plus important est le gression et en survie entre les quatre groupes de
stade clinique qui permet de définir d'une part les traitement avec un excès de toxicité pour les
stades locorégionaux (IA, IB et IIA) et d'autre groupes avec 4 ABVD et/ou une radiothérapie à
part les stades avancés (IIB, II et IV) [23]. 30 Gy [29].
L'intégration de la TEP dans le bilan initial a
conduit dans 13 à 24 % des cas à majorer le stade Stades locorégionaux défavorables
clinique défini par le scanner avec, dans 7 à 15 % Le traitement combiné est la règle dans ce type de
des cas, un passage d'un stade locorégional à un présentation. Le groupe EORTC dans l'essai H9
stade avancé [24–26]. [33] a testé 4 ou 6 cures d'ABVD suivies d'une
Les stades locorégionaux sont divisés en favorable radiothérapie focale à la dose de 30 Gy avec une
ou défavorable en fonction de critères pronos- FFProg (87 % et 91 %, respectivement, à 4 ans) et
tiques au diagnostic tels que la vitesse de sédimen- une OS comparables. L'essai allemand H14 [34] a
tation, l'âge, les signes généraux ou une atteinte testé 4 cures d'AVBD contre 2 cures de BEA-
ganglionnaire médiastinale bulky [27], les diffé- COPP renforcé (bléomycine, étoposide, doxoru-
rents groupes coopérateurs varient malheureuse- bicine, cyclophosphamide, vincristine, procarbazine,
ment dans la définition de ces deux groupes [28] et prednisone) suivies de 2 cures d'ABVD. Dans les
rendant la comparaison des résultats des différents deux groupes de traitement, la chimiothérapie était
essais thérapeutiques délicate. Pour les stades suivie d'une radiothérapie focale. Le faible bénéfice
avancés, le score pronostique international (IPS) en FFProg du bras « 2+2 » (« 2+2 » : 97 % ; ABVD :
repose sur les facteurs pronostiques péjoratifs sui- 91 %, p = 0,0017) s'est fait au détriment d'une toxi-
vants : sexe masculin, âge > 45 ans, stade IV, albu- cité tardive probable (stérilité et risque de cancer
mine sérique < 40 g/L, hémoglobine < 10,5 g/ secondaire) jugée rédhibitoire. Le traitement par 4
dL, taux de leucocytes ≥ 15 000/mm3, lympho- cures d'ABVD suivies d'une irradiation focale est
cytes < 600 mm3 ou < 8 % du total des leucocytes. donc le traitement de référence de ces présentations.
La présence de plus de 3 facteurs définit le groupe
défavorable.
Stades avancés
Le MOPP (méchloréthamine, vincristine, procar-
Traitement de première ligne
bazine, et prednisone) a été introduit dans le trai-
Stades locorégionaux favorables tement des formes avancées il y a plus de 40 ans
Un traitement combiné comprenant une polychi- avec des taux de rémission de 50 %. Il a été rem-
miothérapie suivie d'une radiothérapie focale a placé par l'ABVD qui, outre une meilleure effica-
supplanté le traitement par radiothérapie exclusive cité, démontrait une moins grande toxicité dans
en diminuant le taux de rechutes par l'éradication plusieurs essais de phase III comparant l'ABVD au
des foyers tumoraux occultes et en diminuant la MOPP, au MOPP/ABV (méchloréthamine, vin-
toxicité à long terme de la radiothérapie par la cristine, procarbazine, prednisone/doxorubicine,
réduction de la taille des champs d'irradiation bléomycine, vinblastine) ou à une alternance de
[29–32]. MOPP et d'ABVD [35–38], faisant de l'ABVD le
régime de référence dans cette indication.
Longtemps, le traitement de référence a été 4
cycles d'ABVD (doxorubicine, bléomycine, vim- Dans ces essais traitant les formes avancées de lym-
blastine et dacarbazine) suivis d'une radiothérapie phome de Hodgkin par ABVD, la FFProg à 5 ans
focale à la dose de 36 Gy. Ce traitement est varie de 60 à 75 %, la moitié des patients rechutant
aujourd'hui clairement surdimensionné. Le étant rattrapés par un traitement de deuxième
groupe coopérateur allemand dans l'essai HD10 ligne [36, 37, 39–41].
randomisant 2 contre 4 cures d'ABVD suivies L'idée que ces présentations méritaient un traite-
d'une irradiation focale à la dose de 20 ou 30 Gy ment plus agressif pour obtenir un meilleur
268 Imagerie post-thérapeutique en oncologie
contrôle à long terme de la maladie a conduit à complète après 2 BEACOPP renforcés, soit un
tester plusieurs régimes dont le BEACOPP s'est régime d'escalade thérapeutique par BEACOPP
avéré le plus prometteur. Trois études randomi- après rémission partielle métabolique après 2 ABVD
sées ont comparé l'ABVD au BEACOPP avec des et ce tant dans les formes avancées que dans les
résultats contrastés : formes localisées dont nous attendons les résultats.
• la première [42] testait 6 cures d'ABVD contre Après un rappel de la place de la radiothérapie
4 cures de BEACOPP renforcé suivies de 4 cures dans la prise en charge des lymphomes, l'impact
de BEACOPP standard chez 205 patients avec de l'évaluation post-thérapeutique en imagerie
un bénéfice pour le BEACOPP par diminution dans les lymphomes sera exposé dans ce chapitre.
du risque de progression dont la FFProg à 5 ans
de 81 % vs 68 % pour le groupe ABVD (p = 0,038)
sans traduction en OS (92 % vs 84 %) ;
• la deuxième étude [43] testait également 6 ABVD
Radiothérapie
contre 4 BEACOPP renforcés suivies de
4 BEACOPP standard. Elle concernait Évolution des traitements des
321 malades et ne montrait pas de différence avec formes localisées de la maladie
une EFS à 7 ans de 78 % contre 71 % (p = 0,15) de Hodgkin : un exemple de
et une OS de 89 % contre 84 % (p = 0,39) ; désescalade raisonnée des
• la troisième étude [44] testait 8 ABVD contre traitements par irradiation
4 cures de BEACOPP renforcés suivies de 4
cures de BEACOPP standard chez 550 patients L'irradiation de la maladie de Hodgkin est l'une des
avec un IPS à 3 ou plus, elle échouait également techniques les plus compliquées et qui a le plus évo-
à montrer un bénéfice du BEACOPP avec une lué depuis qu'il a été montré que cette maladie pou-
EFS à 4 ans de 63,7 % contre 69,3 % (p = 0,313) vait être guérie et que de longues survies étaient
et une OS de 86,7 % contre 90,3 % (p = 0,208). obtenues. La compréhension de l'extension tumo-
rale de site en site puis les progrès des techniques
Rôle de la radiothérapie dans les formes avancées d'irradiation et les risques de développement de
L'essai H89 du GELA [45] a démontré qu'une complications ou de séquelles à long terme sont à
radiothérapie chez des patients en rémission com- l'origine de cette évolution. La mise à disposition de
plète à 6 cycles d'un régime de type MOPP/ABV rayonnement de haute énergie et la possibilité d'ir-
ou ABVPP (doxorubicine, bléomycine, vinblas- radier de grands champs incluant toutes les aires
tine, procarbazine, prednisone) n'était pas supé- ganglionnaires sus et sous-diaphragmatiques
rieure à 2 cycles supplémentaires de la chimiothérapie sont à l'origine des gains thérapeutiques initiaux.
(survie sans maladie à 78 % vs 73 %, p = 0,07 et L'adjonction de la chimiothérapie, la mise en évi-
survie globale 79 % vs 84 %, p=0,29). La place de dence des effets à long terme de l'irradiation ont
la radiothérapie et les nouvelles stratégies de radio- conduit à une réflexion par plusieurs groupes per-
thérapie seront développées plus bas. mettant la réduction des volumes irradiés, la diminu-
tion des doses délivrées. Enfin les techniques récentes
Impact de la réponse précoce à la TEP : d'imagerie comme la TEP conduisent à une meil-
un marqueur pronostique indiscutable leure définition des aires ganglionnaires atteintes
La démonstration du caractère pronostique béné- [48]. Aussi nous centrerons notre propos autour des
fique de l'obtention d'une rémission métabolique améliorations techniques et les modifications de
précoce a été faite dans le lymphome de Hodgkin dose conduisant aux techniques d'irradiation
avancé. L'obtention de cette dernière efface le actuelles. Toutefois les effets à long terme se déve-
caractère péjoratif de l'IPS [46, 47]. Ces résultats loppent plusieurs années après une irradiation, chez
ont conduit à des projets thérapeutiques différents ces patients ayant une survie de plusieurs années
testant soit un régime de désescalade thérapeutique aussi est-il utile de connaître les techniques qui ont
par de l'ABVD en cas de rémission métabolique été utilisées 10 ou 20 ans auparavant voire plus.
Chapitre 14. Lymphomes : principes thérapeutiques et imagerie post-thérapeutique 269
Évolution des techniques être modifiée selon les circonstances. Ainsi dès
d'irradiation 1970 un cache sous la carène a été institué au-delà
de 25–30 Gy afin de protéger le cœur et le péri-
Kaplan le premier a décrit une technique d'irradia- carde. Dans certaines situations rares, avec expan-
tion prenant en compte toutes les aires ganglion- sion tumorale dans les poumons à partir de l'atteinte
naires sus et sous-diaphragmatiques. Ainsi dès 1956 ganglionnaire hilaire, une irradiation pulmonaire
est utilisée l'irradiation en mantelet qui permet en peut être effectuée soit grâce à un cache d'épaisseur
un seul champ antéropostérieur d'irradier toutes les réduite laissant passer une partie de l'irradiation soit
aires ganglionnaires au-dessus du diaphragme tout par l'absence de cache initial au niveau du poumon et
en protégeant les poumons. Progressivement la sa mise en place à une dose de l'ordre de 20 Gy [49].
technique s'est affinée avec l'introduction d'un
cache infraclaviculaire et un cache sous-carénaire
afin de limiter la dose au cœur. Enfin le champ cou- Irradiation sous-diaphragmatique
vrant l'anneau de Waldeyer a été introduit depuis
L'irradiation sous-diaphragmatique est décrite
1964 pour certains patients [49].
généralement sous le terme d'Y inversé. Tous les
Au niveau sous-diaphragmatique les champs cou- ganglions rétropéritonéaux, iliaques externes et
vraient aussi l'ensemble des aires ganglionnaires internes sont pris dans ces champs. La rate peut
ainsi que la rate. aussi être incluse dans ces champs.
Les aires ganglionnaires inguinales sont ajoutées
lorsqu'il y a une atteinte iliaque externe.
Description du mantelet La largeur des champs au niveau lomboaortique
est généralement de 10 à 12 cm. Concernant l'ir-
Il inclut l'ensemble des aires ganglionnaires au-des- radiation de la rate, il faut prendre en compte les
sus du diaphragme considéré comme étant à haut mouvements induits par la respiration, cela
risque d'envahissement. Il s'étend des mandibules implique un important volume thoracique inclus
aux insertions du diaphragme. L'énergie des pho- dans les champs conduisant à une irradiation pul-
tons recommandée est de 6 MV, toutefois de nom- monaire, cardiaque. Il en résulte aussi une irradia-
breuses équipes utilisent des énergies plus élevées, tion du rein gauche.
atteignant 25 MV. La position du patient doit être Au niveau pelvien, des caches sont préparés afin de
reproductible et permettre la protection des régions protéger au maximum l'intestin, la moelle osseuse
non atteintes. La limite supérieure est située 1 cm ainsi que les gonades chez l'homme. En revanche
au-dessus de la pointe mastoïdienne, la limite infé- chez la femme il est quasiment impossible de pro-
rieure au niveau de l'interligne T10–T11. Au téger les ovaires si une irradiation des aires gan-
niveau médiastinal l'ensemble du médiastin ainsi glionnaires iliaques est programmée.
que des hiles pulmonaires sont inclus avec une
marge d'environ 1 cm. Les aires axillaires sont
incluses dans un volume dont la limite externe est Irradiation limitée
définie par la moitié du fût diaphysaire huméral et
1 cm en dedans du grill costal. Et la limite inférieure Des champs plus réduits sont actuellement utili-
est située au niveau de la pointe de la scapula. Cette sés. Si plusieurs études essaient de mettre en
limite interne rejoint la limite du médiastin en sui- œuvre des irradiations limitées aux atteintes gan-
vant le 5e espace intercostal, passant sous la clavi- glionnaires initiales, ou une irradiation localisée
cule. Au niveau de la cavité buccale un cache est des aires ganglionnaires initialement atteintes :
préparé qui suit la mandibule. Enfin un cache pos- Involved Nodes Radiation Therapy (INRT) la
térieur allant de C1 à C7 inclus permet de protéger règle reste celle de l'irradiation des aires ganglion-
la moelle épinière. En antérieur un petit cache est naires initialement atteintes : Involved Field
mis en regard du larynx. Cette forme de base peut Radiation Therapy (IFRT).
270 Imagerie post-thérapeutique en oncologie
A B
Fig. 14.1. Irradiation des aires ganglionnaires initialement envahies : IFRT.
Irradiation IFRT (fig. 14.1) donnée à la suite des travaux de Kaplan. Cependant
cette démarche a été progressivement réintroduite
L'irradiation IFRT concerne donc une portion
avec la mise en œuvre de traitements combinés de
des champs classiques du mantelet ou Y inversé.
chimio et radiothérapie. Elle est actuellement en
Dans cette situation l'ensemble d'une aire gan-
cours d'évaluation en particulier dans le protocole
glionnaire telle que décrite pour la maladie de
EORTC-GELA H10. Dans cette démarche est prise
Hodgkin est irradiée dans un seul champ dès qu'il
en compte l'atteinte ganglionnaire initiale ainsi que la
y a une atteinte ganglionnaire. Ainsi au niveau cer-
régression tumorale. Cela suppose une grande
vical, l'atteinte d'un ganglion jugulocarotidien
rigueur d'évaluation des atteintes par tomodensito-
implique l'irradiation de toutes les aires ganglion-
métrie et tomographie à positron [51].
naires cervicales homolatérales : sus-claviculaire et
jugulocarotidienne. Les champs sont étendus Afin que les volumes soient définis précisément il est
depuis la mastoïde jusqu'à la clavicule. En cas indispensable que le radiothérapeute voie le patient
d'atteinte sus-claviculaire, l'ensemble de l'hémi- avant tout traitement et que les examens pussent
cou homolatéral est inclus. Une atteinte médiasti- être fusionnés. Ceci implique aussi que les examens
nale implique l'irradiation du médiastin et des autant que faire se peut soient effectués en position
hiles. Elle s'étend de T1 à T8–9 [50]. de traitement et sur une table horizontale afin de les
utiliser pour définir les volumes qui seront irradiés et
Irradiation INRT (fig. 14.2) de fusionner les différents scanners de repérage.
La définition des volumes est fonction du siège de
L'irradiation uniquement des atteintes ganglion-
l'atteinte ganglionnaire avant toute chimiothérapie.
naires initiales a été historiquement utilisée puis aban-
Elle a été effectuée uniquement pour les présenta-
tions sus-diaphragmatiques. Elle utilise la nomen-
clature de l'ICRU [52] : GTV (Grosss Tumor
Volume), CTV (Clinical Target Volume) et PTV
(Planning Target Volume).
Pour les atteintes cervicales ou axillaires, le CTV
contouré correspond au volume ganglionnaire
initial avant chimiothérapie ainsi que les exten-
sions. Il prend en compte les déplacements des
structures normales. Toutefois en cas de réponse
complète incertaine (RCu) le volume retenu n'in-
Fig. 14.2. Irradiation des ganglions initialement envahis : clut pas les déformations des tissus sains. Mais en
INRT. cas de ganglion persistant il est inclus dans le CTV.
Chapitre 14. Lymphomes : principes thérapeutiques et imagerie post-thérapeutique 271
Ainsi les limites supérieures et inférieures ne sont le rôle de l'irradiation en grands champs et montré
pas modifiées, en revanche latéralement les limites l'intérêt de l'association IFRT et MOPP compara-
sont réduites. Le volume qui sera irradié ou PTV tivement à une irradiation lymphoïde subtotale. Ils
est défini par des expansions autour du CTV géné- pouvaient écrire que le MOPP en adjuvant pouvait
ralement de 1 cm. remplacer l'irradiation de la maladie occulte chez
Au niveau médiastinal l'ensemble du médiastin est des patients PS (Performance Status) IA-IIA [54].
considéré comme le CTV. L'atteinte ganglion- D'autres groupes ont confirmé la supériorité de
naire est contourée sur les scanners préchimiothé- la stratégie combinée à l'irradiation seule. Ainsi
rapie et en cas de RCu, le médiastin est contouré l'essai HD 7 du GHSG (German Hodgkin Study
sans dépasser ses limites latérales. S'il persiste des Group) comparant une irradiation étendue (EF)
adénopathies, les limites latérales peuvent être seule à la dose de 30 Gy suivi d'un complément
agrandies. Afin de protéger les poumons il est localisé de 10 Gy à une association de 2 cycles
généralement admis que la longueur irradiée cor- d'ABVD suivis d'une irradiation selon le même
respond à la longueur initiale de l'atteinte gan- schéma. À 7 ans la survie sans échec du traite-
glionnaire et la largeur correspond à la largeur ment (FFTF) était de 67 % versus 88 %
résiduelle des masses. Le volume final irradié sera (p < 0,001) [55]. Dès lors que la supériorité de
défini avec une marge de 1 cm. cette stratégie était établie, il était alors possible
En cas de réponse partielle, le volume ganglion- dans des essais de stratégie de tenter d'une part
naire résiduel sera délinéé afin de définir le volume de réduire les volumes irradiés et d'autre part de
qui recevra un complément de dose [53]. diminuer la dose. En effet ces deux facteurs sont
impliqués dans le risque de développer des
complications.
Position du patient
La reproductibilité de la position du patient est Désescalade des volumes
fondamentale pour toutes les techniques d'irra- irradiés : des grands champs
diation. Il en résulte des contraintes qui s'ap- à l'irradiation INRT
pliquent lors de tout le processus en cours depuis
l'imagerie de repérage à la réalisation quoti- Les patients ont été traités selon les groupes à
dienne du traitement. Afin de faciliter cette posi- risque favorable ou défavorable. Ces groupes
tion, des contentions sont utilisées pour les têtes, présentent de discrètes différences, toutefois la
les membres inférieurs. Les bras sont posés sur synthèse de ces études confirme l'équivalence
l'abdomen, mains croisées. La tête est défléchie d'une irradiation limitée (IFRT) à une irradia-
en arrière afin de protéger la cavité buccale. Le tion étendue (EFRT) (tableau 14.1). Bonadonna
plateau de la table est plat. Idéalement cette posi- et al. [50] ont rapporté les résultats à long terme
tion devrait être utilisée pour tous les examens de l'essai de Milan comparant une irradiation
d'imagerie. subtotale incluant la rate à une irradiation des
involved fields après une chimiothérapie par
ABVD. Cette étude s'adressait à des patients
Traitement combiné ayant des stades cliniques IA, IB, IIA. Les doses
dans la maladie de Hodgkin étaient de 36 Gy en cas de réponse complète et
de 40 Gy en cas de RCu ou de réponse partielle
Afin d'améliorer les résultats thérapeutiques, plu- (RP) au niveau des aires ganglionnaires atteintes.
sieurs groupes ont réalisé des essais randomisés Dans les aires ganglionnaires non atteintes,
combinant l'irradiation et la chimiothérapie. Il a lorsqu'elles étaient irradiées les doses étaient de
ainsi pu être montré, pour les formes localisées, la 30,6 Gy. Cent quarante patients ont été inclus et
supériorité d'une stratégie combinée. Rosenberg 136 étaient évaluables avec un suivi médian de
et Kaplan à Standford ont progressivement établi 116 mois. Les deux groupes étaient équilibrés et
272 Imagerie post-thérapeutique en oncologie
Tableau 14.1 Évolution des volumes irradiés dans les essais avec randomisation sur l'extension des volumes irradiés
Auteurs Étude Groupes Volume Résultats
Noordijk [61] H7 Favorable IFRT vs EFRT EFS : IFRT > EFRT
OS : IFRT = EFRT
Engert [62] HD8 Défavorable IFRT vs EFRT FFTF et OS identiques
Bonadonna [50] Milan STNI vs IFRT FFProg : 93 vs 94 %
OS : 96 vs 94 %
Ferme [63] H8U Défavorable IFRT vs STNI EFS : 88 % vs 87 % a
OS : 85 % vs 84 % a
H8F Favorable IFRT vs STNI EFS : 98 % vs 74 % p < 0,001 (5 ans)
OS : 97 % vs 92 % p = 0,001 (10 ans)
OS : Overall Survival ; EFS : Event Free Survival ; FFProg : Free From Progression.
a
Bras 4 cycles MOPP-ABV.
à partir des patients inclus dans les essais de défavorables (tableau 14.2). Il avait pour objectif
l'EORTC H1, H2, H5. Ils avaient reçu une dose d'évaluer les possibilités d'utiliser une chimiothé-
totale de 35–40 Gy et par fraction 5 × 1,8 Gy, 5 × rapie plus intensive et une irradiation. Dans cette
2,0 Gy, 4 × 2,5 Gy, 3 × 3,3 Gy/semaine. En analyse étude randomisée à 4 bras les patients ont reçu
multivariée il y avait une augmentation du risque soit une chimiothérapie de type ABVD soit
de pneumopathie liée à la dose par fraction (RR BEACOPP associée à une irradiation de 30 Gy ou
2,22/Gy, de la dose totale médiastinale 1,06/Gy). de 20 Gy. Mille trois cent quatre-vingt-quinze
Ceci justifie que la dose par fraction préconisée patients ont été inclus. À 5 ans, 85 % d'entre eux
actuellement soit de 1,8 à 2 Gy chez l'adulte. étaient sans échec thérapeutique, la survie globale
Plusieurs essais thérapeutiques évaluent actuelle- était de 94,5 % et la survie sans progression de
ment les possibilités de réduire les doses à 20 Gy 86 %. S'il n'y avait pas de différence selon les bras
voire de ne pas irradier du tout. selon la chimiothérapie ou la dose d'irradiation,
en revanche la toxicité reliée au traitement était
L'essai HD10 du groupe GHSG compare une irra-
plus importante dans les bras intensifiés. Pour ces
diation de 20 Gy à celle de 30 Gy au niveau des aires
patients la référence reste une chimiothérapie par
initialement atteintes chez des patients de stade I
4 cycles d'ABVD et une irradiation de 30 Gy des
ou II sans facteur de risque afin d'évaluer les possi-
aires ganglionnaires initialement atteintes [59].
bilités de désescalade de dose de chimio et de radio-
thérapie (tableau 14.2). Mille cent trente et un L'EORTC a évalué les possibilités de réduction de
patients ont été randomisés pour recevoir 4 ou la dose chez des patients porteurs de maladie de
2 cycles d'ABVD et une irradiation de 20 versus Hodgkin de stade I-II (tableau 14.3). Selon les
30 Gy ; 1 370 patients ont été inclus dans cet essai à facteurs pronostiques les patients ont été classés
5 ans. Les deux stratégies de chimiothérapie ne dif- en favorables ou défavorables. Dans le bras H9-F,
féraient pas en termes de survie sans échec du trai- 6 cycles EBVP (épirubicine, bléomycine, vinblas-
tement. Celle-ci était de 93 % (4 ABVD) et 91,1 % tine, prednisone) ont été suivis d'une irradiation
(2 ABVD). Lorsque l'on considère la dose d'irra- de 36, 20 ou 0 Gy. Sept cent quatre-vingt-trois
diation, il n'y avait pas de différence entre les deux patients ont été inclus, 79 % d'entre eux en RCu
bras (p = 1,00) pour la survie sans échec au traite- ont été randomisés pour la dose d'irradiation. Le
ment ou pour la survie globale (p = 0,61). Ainsi bras sans irradiation a été interrompu en raison du
pour les formes favorables selon la classification du nombre d'échec plus élevé que le nombre attendu.
GHSG, 2 cycles d'ABVD et 20 Gy au niveau des La survie sans événement à 33 mois était de 87 %
involved fields (territoires initialement atteints) versus 84 et 70 % respectivement (p = 0,001) mais
semblent suffisants et moins toxiques que la straté- la survie globale à 4 ans était de 98 % quel que soit
gie comprenant 4 cycles d'ABVD et 30 Gy [58]. le bras 20 Gy ou 36 Gy. Cette étude montre que
l'absence d'irradiation est responsable d'un taux
L'essai HD11 concernait les patients ayant une
d'échec inacceptable mais que 20 Gy donnent des
maladie de Hodgkin stade I-II ayant des facteurs
résultats équivalents à une irradiation de 36 Gy.
Toutefois le schéma de chimiothérapie utilisé ici
Tableau 14.2 Évolution des doses
n'est peut-être pas optimal. En revanche pour les
Auteur Étude Groupe Doses Résultats patients défavorables, la désescalade de dose n'a
Engert HD10 Favorable IFRT 20 vs FFTF (p = 1) pas été évaluée dans H9-U [60].
[58, 62] 30 Gy OS (p = 0,61)
Eich [65] HD11 IFRT 20 vs ABVD + 30 Gy
30 Gy Conclusion
Noordijk H9F Favorable IFRT 36 vs EFS : 87 %/84 %
[61] 20 Gy OS : 98 %/98 % La maladie de Hodgkin est une maladie curable
Campbell Non EFRT/ PFS : 97 % avec une survie prolongée. Les effets à long terme
[66] rando IFRT/INRT OS : 95 % des traitements et particulièrement le risque de can-
misée cer secondaire doivent être pris en compte dans la
274 Imagerie post-thérapeutique en oncologie
Tableau 14.3 Facteurs de risque et groupes de traitement dans la maladie de Hodgkin selon les groupes de recherche
Groupe EORTC GH5G ECOG NCI-C
Facteurs de risque – Rapport médiastinothoracique ≥ 0,35 – Rapport médiastinothoracique ≥ 0,33 – Histologie CM ou DL
– Âge ≥ 50 ans – Atteinte extraganglionnaire – Âge ≥ 40 ans
– A + VS ≥ 50 mm/B + VS > 30 mm – A + VS ≥ 50/B + VS > 30 – VS élevée ou symptômes B ou
– ≥ 4 aires ganglionnaires atteintes – ≥ 3 aires ganglionnaires atteintes ≥ 4 aires ganglionnaires atteintes
Groupes de traitement
– Favorable Stade I-II sans facteur de risque Stade I-II sans facteur de risque Stade I-II sans facteur de risque
– Intermédiaire Stade I ou IIA avec 1 ou plusieurs
facteurs de risque
– Défavorable Stade I-II avec un ou plusieurs facteurs Stade IIB avec VS élevée et ≥ 3 aires Stade I-II avec un ou plusieurs
de risque ganglionnaires atteintes facteurs de risque
ECOG : Eastern Cooperative Oncology Group ; VS : vitesse de sédimentation ; CM : cellularité mixte ; DL : Déplétion lymphocitaire; A et B : absence ou présence d'un des
trois signes suivants : amaigrissement de plus de 10 % du poids du corps en moins de 6 mois, sueurs nocturnes, fièvre évoluant depuis plusieurs semaines.
contraste semble apporter des informations plus per- Aide au diagnostic histologique
tinentes, notamment concernant la sémiologie de la
En cas de suspicion de lymphome, il est désormais
vascularisation ganglionnaire [74, 75]. La résolution
possible de confirmer le diagnostic anatomopa-
en profondeur de l'échographie est limitée, rendant
thologique sur une biopsie guidée par l'imagerie
son utilisation difficile pour le bilan exhaustif d'un
[77, 78]. La quasi-totalité des sites ganglionnaires
lymphome.
de l'organisme sont accessibles à ces ponctions
Depuis les années 2000, de nouveaux produits de percutanées [79]. Réalisées avec des aiguilles de
contraste IRM, les Super Paramagnetic Iron calibre satisfaisant (16 ou 14 G dans l'idéal), avec
Oxides (SPIO) ont fait l'objet de nombreuses des prélèvements fixés dans le formol, frais et
recherches et ont été évalués pour leur apport au congelés, elles fournissent à l'anatomopatholo-
diagnostic d'envahissement ganglionnaire tumo- giste un matériel suffisant pour le diagnostic histo-
ral. Néanmoins, à ce jour, aucun SPIO ne dispose logique, et la réalisation de l'immunohistochimie
d'une AMM dans cette indication. afin de poser un diagnostic complet dans 90 à
Tout ceci illustre la difficulté en imagerie conven- 96 % des biopsies [77]. Ces biopsies ont de nom-
tionnelle d'établir l'envahissement lymphoma- breux avantages pour le patient et en termes de
teux d'un ganglion pour ceux dont la taille se coût, permettant de s'affranchir de la chirurgie de
situe autour de 1 cm. Cette limite est actuelle- résection ganglionnaire [80].
ment repoussée par l'imagerie métabolique La biopsie peut en outre être guidée par les don-
(TEP-TDM au FDG) et plus récemment l'IRM nées d'imagerie (notamment TEP-TDM), afin de
avec séquences pondérées en diffusion, dont biopsier la lésion la plus fixante en TEP-TDM
nous reparlerons par la suite. (fig. 14.3), et ainsi éviter les portions nécrotiques
A B
C
Fig. 14.3. Patient de 29 ans traité pour maladie de Hodgkin.
Masse médiastinale antérieure résiduelle unique (A), hyperfixante en TEP-TDM (B). La TEP a permis d'orienter le geste, afin de
biopsier la zone la plus métaboliquement active (C), et d'éviter la zone de remaniement fibro-nécrotique. La biopsie a permis de
faire le diagnostic de rechute de maladie de Hodgkin chez ce patient.
276 Imagerie post-thérapeutique en oncologie
ou fibreuses. La TEP permet aussi de chercher la permettent de choisir de manière personnalisée les
meilleure cible pour prouver la transformation stratégies thérapeutiques.
d'un lymphome indolent [81, 82]. À titre d'exemple une maladie de Hodgkin locali-
sée sus-diaphragmatique (stade I ou II) et du
Staging – Classification de Ann Arbor groupe « favorable », sera traitée par 3 cycles de
Dans les LNH et les lymphomes hodgkiniens, chimiothérapie ABVD et une irradiation des terri-
l'évaluation de l'extension initiale de la maladie toires ganglionnaires atteints. À l'inverse une
(staging) est primordiale. Le traitement est adapté maladie de Hodgkin disséminée (stade III ou IV)
et personnalisé en fonction de cette atteinte ini- sera traitée par 6 à 8 cycles de chimiothérapie
tiale. Ces traitements ciblés ont permis des pro- (ABVD ou BEACOPP renforcé), sans radiothéra-
grès considérables sur la morbimortalité. pie, selon les dernières recommandations de
l'INCA [87].
Le stade de la maladie est établi selon la classifica-
tion d'Ann Arbor [83], publiée en 1971 et dont
les fondements sont aujourd'hui toujours valables, Tableau 14.4 Classification d'Ann Arbor
malgré l'évolution des techniques d'imagerie Stade I Atteinte d'un seul groupe ganglionnaire
(fig. 14.4 ; tableau 14.4). Celle-ci a été légèrement ou d'un seul organe extralymphatique (IE)
modifiée en ce qui concerne le lymphome de Stade II Du même côté du diaphragme : atteinte de deux
Hodgkin en 1988 par la conférence de Cotswolds ou plusieurs groupes ganglionnaires ou atteinte
[84], en y ajoutant notamment le stade Bulky (X) d'un organe extralymphatique et d'un ou plusieurs
(fig. 14.5) et les atteintes devenues décelables par groupes ganglionnaires (IIE)
l'avènement de la TDM. Stade III Atteinte des deux côtés du diaphragme de groupes
ganglionnaires, et éventuellement d'un organe
La classification d'Ann Arbor comporte 4 stades. extralymphatique (IIIE)
Les aires ganglionnaires considérées dans la classi- Stade IV Atteinte diffuse d'un ou plusieurs organes
fication sont : axillaire, cervicale, médiastinale, extralymphatiques, avec ou sans atteinte
l'anneau de Waldeyer, la rate, le ganglion du hile ganglionnaire, au-delà d'une atteinte d'organe
de la rate, les aires cœliaque, portale, mésenté- définie par le stade E
rique, iliaque ou inguinale. L'ajout de la lettre E à côté du stade se réfère uniquement aux envahissements
d'organe par contiguïté, à partir d'une structure ganglionnaire, et qui se limite
Au-delà du stade d'Ann Arbor, l'EORTC [85] localement à une atteinte pouvant être traitée dans le même champ de
radiothérapie que le ganglion concerné. Une atteinte plus diffuse d'un organe
puis le GHSG [86] ont identifié des groupes thé- extraganglionnaire est classée stade IV.
rapeutiques, en fonction non seulement du stade X : maladie Bulky (masse ≥ 10 cm ou index largeur médiastin/largeur thorax
mais aussi d'autres paramètres cliniques, biolo- ≥ 0,33, mesuré à hauteur des vertèbres T5-T6).
Fig. 14.4. Classification d'Ann Arbor. Fig. 14.5. Radiographie thoracique d'un lymphome de
Hodgkin Bulky.
Chapitre 14. Lymphomes : principes thérapeutiques et imagerie post-thérapeutique 277
Le staging initial obtenu grâce à la classification TDM a une faible sensibilité (15 % environ) alors
d'Ann Arbor est un paramètre qui participe au pro- que la TEP-TDM est beaucoup plus sensible
nostic du malade. Dans la maladie de Hodgkin, (environ 70 %) [90, 91, 95] et très spécifique. De
l'IPS [88] est utilisé. Il repose sur 7 paramètres cli- plus, la découverte d'une atteinte osseuse dans un
niques et radiologiques, dont l'âge supérieur à lymphome ganglionnaire a un impact clinique
45 ans, le sexe masculin, le stade IV d'Ann Arbor. important car elle reclasse le malade en stade IV
Chacun des paramètres grève de 8 % la survie sans d'Ann Arbor, le plus péjoratif. Une étude récente
progression à 5 ans. Dans les lymphomes non hodg- montre qu'il est ainsi possible de se passer de la
kiniens, comme évoqué dans le chapitre introductif, biopsie ostéomédullaire dans certains cas
on utilise l'IPI [89]. Ce score contient lui 5 para- lorsqu'une TEP-TDM a été réalisée [96].
mètres (âge > 60 ans, stade III ou IV d'Ann Arbor, L'atteinte osseuse est également bien décelée en
nombre de sites extraganglionnaires atteints > 1, IRM, qui peut compléter les données des autres
augmentation des LDH [lactate-déshydrogénases], modalités d'examen. Les performances diagnos-
et performance status). Ces scores pronostiques tiques de la TEP-TDM et de l'IRM sont proches,
composites sont intéressants car ils sont plus perfor- avec un discret avantage pour la TEP-TDM [97,
mants que la classification d'Ann Arbor seule. 98]. Les études en IRM corps entier débutent
Nous l'avons vu, la bonne définition du staging ini- cependant seulement depuis quelques années.
tial est primordiale, du fait de son impact sur la thé- Concernant l'atteinte splénique ou pulmonaire, la
rapeutique et le pronostic du malade. Nous allons TEP-TDM est plus sensible que la TDM, au prix
voir comment arriver à définir au mieux l'extension de quelques faux positifs supplémentaires [90].
initiale, grâce aux techniques actuelles d'imagerie. Ces faux positifs peuvent être rattrapés parfois par
la TDM avec injection, et parfois nécessitent des
Quelle est l'imagerie la plus adaptée investigations complémentaires (IRM, biopsie).
aux différentes atteintes (ganglion, L'échographie est plus sensible que la TDM pour
rate, foie, os, poumon, encéphale) ? rechercher les atteintes hépatiques ou spléniques,
Depuis les années 2000 et l'avènement de la TEP- mais serait moins performante que la TEP-TDM
TDM, de nombreuses études ont souligné les [90, 99]. L'échographie avec injection de produit
fortes sensibilité et spécificité de la TEP-TDM de contraste (microbulles) semble quant à elle
dans les lymphomes agressifs et la maladie de beaucoup plus utile pour identifier l'atteinte splé-
Hodgkin [90–94]. nique, permettant de détecter de nombreuses
Concernant l'atteinte ganglionnaire, la TEP-TDM atteintes manquées par la TEP-TDM [100].
va au-delà des critères morphologiques, et permet Dans l'atteinte cérébrale, la TEP-TDM est insuffi-
de montrer l'envahissement tumoral indépendam- sante, et c'est l'IRM qui est l'examen de référence.
ment de la taille des lésions (notamment infracenti-
métriques). Les sensibilité et spécificité de la Recommandations actuelles
TEP-TDM (92 et 99 % respectivement) sont supé- concernant l'imagerie lors
rieures à celles de la TDM diagnostique (83–88 et de la prise en charge initiale
86–89 % respectivement) [90, 91]. La TDM avec Nous l'avons vu, la TEP-TDM apporte une infor-
injection permet parfois de rattraper les rares faux mation métabolique complémentaire par rapport
négatifs de la TEP-TDM [91]. Les deux modali- à la TDM, conduisant soit à majorer le stade
tés d'imagerie sont donc complémentaires dans le d'Ann Arbor — jusque dans 15 à 30 % des cas [94,
staging. 101], soit à minorer le stade – jusque dans 5 à
L'atteinte osseuse est rarement présente au 10 % des cas selon les études. Dans un certain
moment du diagnostic initial (1 à 5 % des cas), elle nombre de situations, la TEP modifie la stratégie
se voit en revanche plus fréquemment dans les thérapeutique du malade – jusqu'à 7–20 % des cas
récidives (15 %). Dans ce type d'atteinte, la TEP- [92, 94]) et jusqu'à 45 % des cas dans la série de
TDM a une nette supériorité sur la TDM. La Raanani et al. [102].
278 Imagerie post-thérapeutique en oncologie
A B C
D E F
Fig. 14.6. Lymphome non hodgkinien stade IV.
L'évaluation initiale (A et B) retrouve une atteinte médiastinale et surrénalienne gauche. Réévaluation 1 mois après le début du
traitement (C et D) et en fin de traitement (E et F) montrant une réponse complète sans cible résiduelle mesurable.
A B
Fig. 14.7. Patiente suivie pour maladie de Hodgkin, avec masse médiastinale antérieure.
Le scanner initial (A) et en fin de traitement (B) montre la persistance d'une masse résiduelle, dont la SPD a diminué de plus de 75 %.
Réponse classée RCu selon les critères de Cheson.
280 Imagerie post-thérapeutique en oncologie
selon les 2 axes, les plus dispersées possibles, et de Nous reverrons à la fin de ce chapitre les modalités
préférence dans le médiastin ou le rétropéritoine actuelles de surveillance.
lorsque ces atteintes sont présentes. Les autres
ganglions de plus de 1 cm sont des lésions non
cibles. La mesure par TDM d'une éventuelle hépa-
tosplénomégalie n'a pas été incluse dans les critères
Perspective en imagerie
de Cheson, l'évaluation de celle-ci devant être cli- fonctionnelle IRM diffusion
nique. L'atteinte d'organes autres que les gan- corps entier
glions, le foie ou la rate ne sont pas pris en compte.
Optimisation instrumentale
Les paramètres radiologiques sont ainsi définis :
• RC : tous les ganglions doivent mesurer après L'utilisation des séquences single shot echo planar
traitement moins de 1,5 cm de grand axe. Si imaging s'est maintenant généralisée à l'ensemble
certains mesuraient initialement entre 1,1 et des techniques d'IRM de diffusion. L'utilisation
1,5 cm, ils sont considérés en réponse complète d'asservissement respiratoire et d'acquisition
s'ils mesurent ≤ 1 cm après traitement ; parallèle a permis l'application de ces séquences de
• RCu : la définition est identique à CR, sauf qu'il diffusion à l'échelle du corps entier. Les lym-
peut persister une masse résiduelle (> 1,5 cm de phomes sont connus pour l'importante restriction
grand axe) dont la SPD a régressé de > 75 %. en diffusion qu'ils engendrent en cas d'envahisse-
ment tumoral, en particulier liée à leur haute cel-
Néanmoins ces critères ont plusieurs inconvénients :
lularité, et à un haut rapport nucléocytoplasmique
1. ils posent problème pour les masses résiduelles
[112, 113]. C'est pour cette raison que les lésions
visibles sur les TDM de suivi. On sait qu'il peut
de lymphome sont particulièrement bien visibles
persister une masse résiduelle chez 40 % des
sur les imageries de diffusion.
malades, en particulier dans les LNH agressifs.
Celles-ci peuvent être composées de cellules
tumorales actives, ou simplement de fibrose et
de remaniement nécrotique ou inflammatoire Apport actuel de l'IRM de diffusion
inactifs. Parmi les masses résiduelles, seulement corps entier au staging et dans la
10 à 20 % contiennent une maladie active ; réponse thérapeutique des lymphomes
2. on leur attribue une mauvaise reproductibilité Les travaux en IRM de diffusion corps entier sont
interobservateur, bien que celle-ci n'ait pas été récents, les premières études publiées remontant à
statistiquement étayée ; 2004 [114]. Plusieurs auteurs ont inclus des
3. la catégorie RCu a posé de nombreux pro- cohortes de patients en faible nombre et ont com-
blèmes, pour sa compréhension par le corps paré les résultats de l'IRM de diffusion soit à la
médical et son utilisation en clinique. tomodensitométrie [115], soit plus récemment à
Du fait des limites énoncées ci-dessus et surtout la TEP-TDM [116].
de l'utilisation plus large de la TEP-TDM au Lors du staging initial, la sensibilité de l'IRM de dif-
18
FDG, ces critères ont été entièrement refondus fusion pour la détection des lésions lymphoma-
dans une 2e version, publiée en 2007 [110]. teuses, incluant l'analyse visuelle à la fois de la taille
Les critères de Cheson modifiés en 2007 ne ganglionnaire et de la restriction d'ADC comparati-
prennent plus en compte la réponse par TDM, vement au muscle, retrouvait une bonne corrélation
celle-ci est désormais évaluée par TEP-TDM, avec les données de la TEP-TDM (fig. 14.8). Les
dont les avantages sont nombreux. auteurs rapportent également un excellent contraste
Les critères de 1999 restent utilisables dans cer- pour détecter des atteintes des organes profonds,
taines situations : lorsque la TEP-TDM n'a pas été notamment des reins, du foie et de la moelle.
réalisée avant le traitement, ou lorsque le lym- Reste que l'IRM de diffusion corps entier ne peut
phome fixe insuffisamment le 18FDG (plutôt pour s'affranchir de certains faux positifs, en particulier
les lymphomes de bas grade [111]). car certains lymphomes folliculaires ou indolents
Chapitre 14. Lymphomes : principes thérapeutiques et imagerie post-thérapeutique 281
B
Fig. 14.8. Patient de 45 ans, avec maladie de Hodgkin stade II.
Staging initial (A) et clôture thérapeutique (B) montrant la diminution conjointe de la taille des ganglions médiastinaux (flèches), ainsi
que l'élévation de leur ADC sur une cartographie calculée à partir de trois valeurs de diffusion b (50, 400, 800 s/mm2).
se caractérisent également par une importante mortalité importante (40 %). Le scanner thoracique
restriction de la diffusion, notamment du fait de réalisé précocement permet d'orienter rapidement
leur haute cellularité. L'apport à la fois au staging, le diagnostic et de diminuer la mortalité.
et dans l'évaluation thérapeutique de l'IRM de Devant une symptomatologie respiratoire, il va
diffusion corps entier comparativement aux tech- pouvoir orienter l'étiologie de la dyspnée : infec-
niques d'imagerie métabolique est d'ores et déjà tieuse (bactérienne, fongique, virale) ou réorien-
en cours d'évaluation au travers de projets inter- ter le diagnostic vers une étiologie non infectieuse
nationaux prospectifs. (embolie pulmonaire, réaction du greffon contre
À ce jour l'IRM de diffusion corps entier n'est l'hôte, œdème pulmonaire, extension lymphoma-
donc pas encore incluse dans l'arsenal de suivi teuse au parenchyme pulmonaire). À noter que les
conventionnel des patients avec lymphome. infections iatrogènes sont rarement la cause de
L'IRM reste incontournable notamment dans les faux positifs en TEP-TDM même si elles fixent
atteintes osseuses, en particulier du squelette axial, systématiquement le FDG à partir du moment où
pour la recherche d'envahissements extra-axiaux, un examen de référence préthérapeutique est dis-
ainsi que dans les lymphomes cérébraux primitifs, ponible et ne montre pas d'atteinte pulmonaire
qui ne font pas l'objet spécifiquement de cette initiale.
publication. L'anamnèse, le type de traitement (oncologique,
anti-infectieux, prophylaxie pneumocystose), le
type d'immunodépression sont autant de para-
Détection des complications mètres permettant d'évoquer ou d'écarter cer-
post-thérapeutiques taines hypothèses infectieuses.
Complications liées à la chimiothérapie On peut citer trois formes d'immunodépression
retrouvées chez les patients traités pour lymphome :
Aplasie et complications infectieuses
• la neutropénie, souvent présente au décours
Les infections pulmonaires sont fréquentes chez les d'une chimiothérapie, favorise les pneumopa-
patients traités pour hémopathies malignes (50 % thies bactériennes ou fongiques invasives si la
des patients en souffriront), et c'est une cause de neutropénie se poursuit au-delà d'une semaine ;
282 Imagerie post-thérapeutique en oncologie
Fig. 14.10. Patiente de 44 ans : opacités en verre dépoli Fig. 14.12. Pneumopathie fibrosante chez un patient traité
bilatérales correspondant à une pneumocystose. par bléomycine, atteignant de façon préférentielle les deux
bases.
A B
Fig. 14.11. Patiente de 38 ans : plages de verre dépoli (A), nodules et plage de condensation (B).
Il s'agissait d'une pneumopathie à VZV.
284 Imagerie post-thérapeutique en oncologie
risque de cancer varie selon le type de traitement reçu. Le risque relatif de développer un cancer pulmonaire
Après chimiothérapie ou radiochimiothérapie, le est de 4. Ce risque s'ajoute aux autres facteurs de
risque est plus élevé qu'après radiothérapie exclusive. risque classiques (sexe masculin, tabagisme, etc.) et
De par l'apparition retardée des cancers secondaires au jeune âge au moment du traitement du lymphome
(une dizaine d'années en moyenne), les données [131]. Il n'existe pas de recommandations pour le
actuelles de la littérature reflètent les effets secon- dépistage du cancer du poumon chez ces patients.
daires des traitements utilisés avant 2000.
Les cancers secondaires les plus fréquents sont le LEMP chez les patients traités par rituximab
cancer du sein ou du poumon, les leucémies Le rituximab est un anticorps monoclonal chimé-
aiguës et les lymphomes secondaires. rique, dirigé contre la protéine membranaire
Le risque relatif de cancer du sein est de 8. Ce CD-20. Il fait partie des chimiothérapies utilisées
risque est d'autant plus élevé que la patiente est en première ligne dans les lymphomes de type B
jeune lors du traitement ou que le traitement a (fig. 14.13). Mais plusieurs dizaines de cas de leu-
inclus de la radiothérapie [130]. Ce cancer fait coencéphalopathie multifocale progressive (LEMP)
l'objet d'un dépistage particulier (cf. Surveillance ont été décrites dans la littérature, chez des patients
page 77). Néanmoins, le risque de cancer induit ayant reçu du rituximab [132–134]. Une fois le
par la radiothérapie a diminué avec les protocoles diagnostic posé, le pronostic est sombre avec 90 %
de radiothérapie conformationnelle. de décès et une survie médiane de 2 mois.
A B
C D
Fig. 14.13. Patient de 67 ans, lymphome folliculaire traité par rituximab, apparition de troubles cognitifs.
IRM en séquence Flair (A) montrant des hypersignaux de la substance blanche infiltrant le genou du corps calleux. Les T1 sans
injection (B) et avec injection (C) ne montrent pas de prise de contraste. La diffusion est restreinte au centre, et augmentée en
périphérie (D).
Chapitre 14. Lymphomes : principes thérapeutiques et imagerie post-thérapeutique 285
A B
Fig. 14.14. Exemple d'une maladie de Hodgkin (MdH) cervicomédiastinale avec TEP et TDM injectée au bilan initial (A) et
après 2 cycles de traitement (B).
La réponse à deux cycles est classée RCu en TDM et RC en TEP en raison d'une masse médiastinale résiduelle non hyperméta-
bolique. Persistance d'une RC en fin de traitement, absence de rechute.
286 Imagerie post-thérapeutique en oncologie
A B C
Fig. 14.15. Exemple d'une TEP-TDM de staging d'un LNH agressif : atteinte ganglionnaire sus et sous-diaphragmatique,
hépatique et osseuse.
A. TEP. B. TDM. C. Fusion.
A B C
Fig. 14.16. Exemple d'un LNH B diffus à grandes cellules stade IV (A) en RC à 2 cycles (B) et en fin de traitement (C).
La négativité de la TEP précoce s'est également révélée être liée à une réponse durable et à une survie plus longue chez les
patients atteints de la maladie de Hodgkin [144] et être un facteur pronostique plus important que l'IPS pour les stades
avancés [145].
A B C
Fig. 14.17. Exemple d'une maladie de Hodgkin stade III Aa (A) en RP à 2 cycles (B) et en progression en fin de traitement (C).
Bien qu'il n'y ait pas encore de preuve que le changement de stratégie thérapeutique en fonction des résultats de la TEP précoce
modifie la survie des patients atteints de lymphome, des études en cours évaluent le bénéfice des stratégies d'escalade ou de
désescalade thérapeutique en fonction des résultats de la TEP précoce [146].
Chapitre 14. Lymphomes : principes thérapeutiques et imagerie post-thérapeutique 287
de fin de traitement sont énoncés pour les lym- pas disponible. Les critères de Deauville qui per-
phomes agressifs mais une étude récente a mettent une interprétation plus facile et reproduc-
démontré la très bonne valeur pronostique de la tible de la TEP devraient à terme remplacer les
TEP en fin de traitement sur 121 patients naïfs critères IHP 2007 en fin de traitement.
traités pour un lymphome folliculaire de forte
masse tumorale [147]. Consensus de Menton 2011 [149]
Ces critères ne sont pas adaptés à l'évaluation pré- Les critères décrits ci-dessus basés sur une analyse
coce car ils sont source de faux positifs en raison visuelle revêtent une certaine subjectivité et
de la variabilité interobservateur de la mesure de peuvent être suboptimaux pour les essais de straté-
taille des masses résiduelles qui s'ajoute à la varia- gie thérapeutique guidée par la TEP précoce, car
bilité d'interprétation visuelle de la TEP-TDM. certains patients présentant une fixation résiduelle
À l'heure actuelle, ces critères sont encore recom- minime en cours de traitement ont quand même
mandés pour l'évaluation en fin de traitement. un bon pronostic [150]. L'analyse quantitative de
la réduction du métabolisme tumoral sous traite-
ment (ΔSUVmax) permet de diminuer la variabilité
Critères de Deauville 2009 [148]
interobservateur de l'interprétation et d'améliorer
Les critères de Deauville ont été conçus pour éva- la valeur pronostique de la TEP-TDM précoce
luer la réponse au traitement dans des essais cli- dans le LDGCB [151, 152]. Le seuil au-delà
niques de stratégies guidées par la TEP-TDM. duquel un patient peut être considéré en bonne
Cette échelle semi-quantitative à 5 points a été réponse à 2 cures de chimiothérapie est fixé à plus
choisie pour mieux caractériser les fixations rési- de 66 % dans deux séries indépendantes. Cette
duelles minimes (tableau 14.7). Aucune mesure mesure s'applique aux essais cliniques de stratégie
de taille des lésions résiduelles n'est nécessaire et guidée par la TEP-TDM ; en cas de SUV initial
cette échelle est applicable à tous les lymphomes. bas (< 10) ou de SUV précoce élevé (> 5), le
Le seuil de positivité est ainsi adaptable selon le ΔSUVmax est probablement moins fiable et l'inter-
type histologique de lymphome et la question cli- prétation visuelle avec l'échelle de Deauville 2009
nique posée. Par exemple, si un allégement théra- doit être préférée [153].
peutique est envisagé en cas de bonne réponse
précoce, un seuil bas sera choisi pour éviter les
faux négatifs (score 2) ; à l'inverse, si une intensifi- En pratique : TEP-TDM dans
cation thérapeutique est envisagée en cas de mau- la surveillance post-thérapeutique
vaise réponse précoce, un seuil haut sera choisi des lymphomes
pour éviter les faux positifs (score 4). Cette échelle
est particulièrement appliquée à la MdH et dans Évaluation précoce
les études concernant les LBDGC (lymphomes B Aucune stratégie adaptée au risque n'étant validée
diffus à grandes cellules) où la TEP initiale n'est à l'heure actuelle, la réalisation d'une TEP-TDM
précoce devrait être réservée aux essais cliniques.
Pourtant, la TEP-TDM est très souvent effectuée
Tableau 14.7 Échelle de Deauville
dans les lymphomes diffus à grandes cellules B et
Score 5 Fixation > > foie et/ou progression de Hodgkin après 2 à 4 cures de chimiothérapie et
Score 4 Fixation > foie peut entraîner, en cas de mauvaise réponse méta-
Score 3 Fixation > médiastin mais < foie bolique, une modification de la stratégie théra-
peutique. Il est important de connaître et d'utiliser
Score 2 Fixation < médiastin
les critères de Deauville/Menton pour l'évalua-
Score 1 Pas d'hyperfixation
tion précoce de la réponse.
288 Imagerie post-thérapeutique en oncologie
Tableau 14.8 Recommandations de suivi par imagerie après une rémission complète
INCA 2012 [87] NCCN 2012 [106] ESMO 2011 [108]
TDM 6 à 12 mois puis annuelle 6 à 12 mois Inutile une fois que la rémission
complète a été documentée
Durée totale de surveillance 5 ans 3 ans 0
par imagerie
TEP-TDM systématique Non recommandée sauf si Non recommandée Non recommandée
suspicion de récidive
NCCN : National Comprehensive Cancer Network ; ESMO : European Society for Medical Oncology.
Chapitre 14. Lymphomes : principes thérapeutiques et imagerie post-thérapeutique 289
Tableau 14.9 Recommandations pour le dépistage des cancers solides chez les patients traités pour Hodgkin
INCA 2012 [87] NCCN 2012 [106]
Dépistage du Débuter 8 ans après la fin du traitement Concerne seulement les patients irradiés sur le thorax : débuter
cancer du sein ou à partir de 30 ans 8 ans après l'irradiation ou à partir de 40 ans, par mammographie.
Modalité d'imagerie et périodicité laissées L'American Cancer Society recommande en plus une IRM mammaire
à l'appréciation de l'équipe si l'irradiation a eu lieu entre 10 et 30 ans
Dépistage du Pas de stratégie particulière dans cette Imagerie thoracique (RX ou TDM) annuelle chez les patients à risque
cancer du poumon population (radiothérapie ou tabagique ou utilisation d'un agent alkylant)
LNH agressifs [5] Maloney DG, Grillo-Lopez AJ, White CA, et al. IDEC-
C2B8 (Rituximab) anti-CD20 monoclonal antibody
Le lymphome de Burkitt ne nécessite pas de sur- therapy in patients with relapsed low-grade non-Hodg-
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Pour le lymphome B diffus à grande cellule, les [7] Coiffier B, Lepage E, Briere J, et al. CHOP chemo-
therapy plus rituximab compared with CHOP alone
recommandations sont proposées dans le
in elderly patients with diffuse large-B-cell lymphoma.
tableau 14.10. N Engl J Med 2002 ; 346 : 235–42.
La surveillance systématique soulève les mêmes cri- [8] Feugier P, Van HA, Sebban C, et al. Long-term
tiques que pour les lymphomes hodgkiniens quant results of the R-CHOP study in the treatment of
elderly patients with diffuse large B-cell lymphoma : a
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296
Groupe Imagerie CAncérologique de la SFR
-----------------------------------------------------------------------------------------------------------------
LYMPHOME
Version 1 – Janvier 2008 TDM
Lymphome
Alain RAHMOUNI Bilan
Fréderic PIGNEUR
Eric de KERVILER
-----------------------------------------------------------------------------------------------------------------
Nom, coordonnées et spécialité du correspondant
Technique
Acquisition spiralée avec injection incluant les creux axillaires
Balisage digestif recommandé
Interprétation sur console
Documents en coupes axiales de 5 mm jointives pour reproductibilité
Déroulement de l'examen : satisfaisant ou non
Résultats
Atteinte ganglionnaire : topographie
Aires ganglionnaires sus-diaphragmatiques
■ Aires ganglionnaires périphériques accessibles à la palpation
⚬ Cervicales
⚬ Sus-claviculaires
⚬ Axillaires
■ Aires ganglionnaires profondes médiastinales
⚬ Médiastin supérieur
⚬ Médiastin antérieur
⚬ Médiastin moyen
⚬ Hiles
⚬ Médiastin postérieur/Espace infra-médiastinal postérieur
⚬ Diaphragmatiques/Péricardiques
Aires ganglionnaires sous-diaphragmatiques
■ Aire ganglionnaire périphérique accessible à la palpation
⚬ Inguinale
■ Aires ganglionnaires profondes abdominales
⚬ Cœliaque
⚬ Hilaire hépatique
⚬ Hilaire splénique
⚬ Péripancréatique
⚬ Mésentérique
⚬ Rétropéritonéale médiane
⚬ Iliaque primitive/externe/interne
Atteinte extra-ganglionnaire
Poumons, foie, reins, etc.
■ En cas de nodules multiples : mesure du plus gros nodule et nombre de nodules
Les épanchements des séreuses doivent être notés et quantifiés
Pour la caractérisation, des examens complémentaires d'Imagerie peuvent être proposés pour éliminer
une autre étiologie
Tube digestif
Pour l'atteinte digestive, estimer l'épaisseur pariétale et sa longueur limitées par l'état de réplétion
digestive (reproductibilité)
Préciser le caractère unique ou segmentaire
Atteinte médullaire
Une atteinte de la moelle osseuse sous forme de lésions, le plus souvent ostéolytiques en cas de maladie
agressive, ou de lésions mixtes voire ostéocondensantes seront notées en précisant leur topographie
ainsi que leur spécificité et la nécessité d'éventuels examens complémentaires pour caractérisation telle
une IRM. L'existence d'une épidurite doit être recherchée.
Synthèse et Conclusion
Regrouper les éléments décisionnels positifs
■ La classification d'Ann Arbor est utilisée dans l'extension initiale de la maladie.
■ La classification de Cheson, utilisée pour apprécier la réponse au traitement, sera basée sur les
mesures initiales. Cette classification est différente des critères RECIST utilisés pour l'évaluation des
tumeurs solides.
Particularités
■ Lymphome folliculaire : critère de forte masse tumorale
A Complément de doses, 72
Ablation, 256 Consensus, 173
Adhérences, 207 Critères
Ann Arbor (classification de), 276 –– de Cheson, 274
Antiangiogéniques, 3, 168 –– RECIST 1.1, 139, 172
Anticorps monoclonaux anti-VEGF, 168 –– RANO, 8
Appareil sphinctérien, 119 Cryothérapie, 193
Arcthérapie dynamique, 64 Curage ganglionnaire cervical, 46
ASL (Arterial Spin Labeling), 14 Curiethérapie, 183, 190, 206
Aspect séquellaire, 51 Cyberknife, 67
Cytologie, 33
B Cytostéatonécrose, 105
Bévacizumab, 3
Bilan d'extension, 77, 220 D
DCE-MRI, 37
C Dose, 247
Cancer Dose painting, 73
–– de l'ovaire, 219–226 Downstaging, 124
–– de la prostate, 181–204
E
–– de l'hypopharynx, 39–62
Échographie, 33, 78, 119, 188
–– du col utérin, 205–218
–– avec injection de produit de contraste, 137
–– du larynx, 39–62
Évaluation
–– du poumon, 63–76
–– postopératoire, 6
–– du rectum, 119–136
–– post-thérapeutique, 285
–– du rein
–– – métastatique, 167 F
–– du sein, 77–118 Facteurs pronostiques, 170
Carcinome hépatocellulaire, 137–166 Faisceau, 248
Cavité buccale, 21–38 Fascia mésorectal, 120
Cheson (critères de), 274 FDG, 57
Chimioembolisation, 140, 152 Fibrose, 208
–– artérielle, 137 FIGO, 205, 219
Chimiothérapie, 184 Fistule, 31
Chimiothérapie néoadjuvante, 90 FLT, 58
Chirurgie d'évidement ganglionnaire cervical, 22 Fluorodéoxyglucose, 82
Chondronécrose, 54 FMISO, 58, 72
Chondro-radionécrose, 54 Fracture, 252, 260
Cicatrice, 104
Cimentoplastie, 256 G
Classification Ganglion sentinelle, 82, 88
–– de Ann Arbor, 276 Gating respiratoire, 65
–– FIGO, 205, 219 Gliome, 1–20
Coefficient de diffusion, 208 Grade de régression tumorale, 124
300 Index
H –– progression, 278
Hadronthérapie, 67 –– rechute, 278
Hémorragie, 29 –– réponse complète
HER2, 94 –– – incertaine, 278
Hodgkin (maladie de), 276 –– réponse partielle, 278
Hormonothérapie, 184, 190 –– staging, 274
Hypertension artérielle, 177 –– TDM diagnostique, 277
Hypoxie cellulaire, 58 –– TEP-TDM, 277
I M
Imagerie Maladie
–– de référence, 49 –– de Hodgkin, 276
–– fonctionnelle de la microvascularisation, 172 –– – International Prognostic Idex, 277
–– post-thérapeutique, 185 –– – International Prognostic Score, 277
Immunothérapie, 168 –– résiduelle, 222
Inhibiteurs Mammographie, 78
–– de l'activité sérine/thréonine Mammo-TEP, 82
kinase de mTOR, 169 Marge circonférentielle de résection, 120
–– de tyrosine-kinase, 168 Masse résiduelle, 52, 280
IRM, 119, 137, 186, 206, 244, 245 Mastectomie, 90
–– diffusion, 13, 36, 37, 56, 128, 173, Médecine nucléaire, 193
190, 215, 220, 231 Métastases ostéomédullaires, 243
–– – corps entier Méthodes scintigraphiques, 5
–– – – réponse thérapeutique, 280 Moelle osseuse, 251
–– – – staging, 280 mRECIST, 139
–– perfusion, 14, 57, 189
–– séquence dynamique, 230 N
Irradiation conformationnelle Nécrose, 90
avec modulation d'intensité, 64 –– de lambeaux, 29
–– laryngée, 54
L
Lambeaux O
–– libres, 25 Oropharynx, 21–38
–– pédiculés, 25 Orostome, 29
Laryngectomie Ostéocondensation, 244
–– partielle, 39 Ostéolyse, 244
–– totale, 45 Ostéonécrose, 30, 102, 261
Leucoencéphalopathie, 12
–– multifocale progressive (LEMP), 284 P
Lymphome Pelvis, 245
–– cancers secondaires, 283 Perméabilité tumorale, 57
–– diagnostic, 274 Persistance tumorale, 52
–– infections, 281 Pharyngolaryngectomie, 46
–– – mycobactérie atypique, 282 Pharyngostome, 29
–– – pneumocystose, 282 Pneumopathie non infectieuse, 177
–– – pneumopathie Post-radiochimiothérapie, 49
–– – – aspergillaire, 282 Post-radiothérapie, 49
–– – – bactérienne, 282 Poursuite évolutive, 52
–– – – virale, 282 Prolifération cellulaire, 58
–– – tuberculose, 282 Prostatectomie radicale, 182, 185
–– maladie stable, 278 Protocole IRM, 4
–– masses résiduelles, 280 Pseudo-progression, 10
Index 301
Tumeur V
–– induite, 31 Vertébroplastie, 256
–– triple négative, 94 Volume cible
–– anatomoclinique, 68, 123
U –– de planification, 69
Ulcération, 31 –– macroscopique, 68
Ultrasons focalisés à haute intensité (HIFU), 191