Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Manuel pratique d’anesthésie, par Albrecht Éric, Jean-Pierre Haberer, Éric Buchser, Véronique Moret,
2015, 864 pages.
La douleur en ORL – Rapport 2014 de la Société française d’ORL et de chirurgie cervico-faciale, par
Jean-Michel Prades, 2014, 240 pages.
Manuel pratique d’anesthésie locorégionale échoguidée, par Éric Albrecht, Sébastien Bloc, Hugues Cadas,
Véronique Moret, 2014, 296 pages.
Posturologie clinique. Comprendre, évaluer, soulager les douleurs, par l’API (Association de Posturologie
Internationale), Bernard Weber, Philippe Villeneuve, 2012, 224 pages.
Anesthésie loco-régionale et traitement de la douleur, par Pierre Gauthier-Lafaye, André Muller, Elisabeth
Gaertner, 2009, 4e édition, 720 pages.
Douleurs rachidiennes : 100 défis cliniques, par Lynton G.F Giles, édition française coordonnée par
Fabrice Duparc, 2012, 568 pages.
Christophe Perruchoud
Médecin-chef, centre lémanique d’antalgie et de neuromodulation, département d’anesthésiologie,
hôpital de Morges, Suisse,
Médecin agréé, centre d’antalgie, service d’anesthésiologie, centre hospitalier universitaire Vaudois (CHUV),
Lausanne, Suisse,
Privat docent et maître d’enseignement et de recherche de l’université de Lausanne (UNIL).
Éric Albrecht
Médecin-adjoint, service d’anesthésiologie, centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV), Lausanne, Suisse, Privat docent
et maître d’enseignement et de recherche de l’université de Lausanne (UNIL), Auteur du Manuel pratique d’anesthésie
et du Manuel pratique d’anesthésie locorégionale échoguidée.
Véronique Moret
Ancien médecin associé, service d’anesthésiologie, centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV), Lausanne, Suisse
Avec la collaboration de Élodie Andrieux-Chastonay, Chantal Berna, Sébastien Bloc, Vincent Bourquin,
Michèle Bovy, Éric Buchser, Matthieu Cachemaille, Laurence Clivaz-Mariotti, Martine Jacot-Guillarmod,
Carlos Madrid, Bruno Marchand, Nicolas Mariotti, Benoît Marlier, Jean-Pierre Mustaki, Charles Peltier,
Philippe Rigoard, Alexandra Simard, Marc Suter, Tanguy Vendeuvre et Dragana Viceic
Elsevier Masson SAS, 65, rue Camille-Desmoulins, 92442 Issy-les-Moulineaux cedex, France
Manuel pratique d’algologie - Prise en charge de la douleur chronique, de Christophe Perruchoud, Éric Albrecht
et Véronique Moret.
© 2017 Elsevier Masson SAS
ISBN : 978-2-294-74493-8
e-ISBN : 978-2-294-74534-8
Illustrations réalisées par Alain Jacot-Guillarmod : figures 2.1, 2.2, 2.3, 2.5, 2.6, 3.10, 8.3, 26.1, 27.7, 27.11,
27.24, 27.34 et 27.35.
Les indications et posologies de tous les médicaments cités dans ce livre ont été recommandées dans la littérature
médicale et concordent avec la pratique de la communauté médicale. Elles peuvent, dans certains cas particuliers,
différer des normes définies par les procédures d’AMM. De plus, les protocoles thérapeutiques pouvant évoluer dans
le temps, il est recommandé au lecteur de se référer en cas de besoin aux notices des médicaments, aux publications
les concernant et à l’Agence du médicament. L’auteur et l’éditeur ne sauraient être tenus pour responsables des
prescriptions de chaque médecin.
Tous droits de traduction, d’adaptation et de reproduction par tous procédés, réservés pour tous pays. Toute repro-
duction ou représentation intégrale ou partielle, par quelque procédé que ce soit, des pages publiées dans le présent
ouvrage, faite sans l’autorisation de l’éditeur est illicite et constitue une contrefaçon. Seules sont autorisées, d’une
part, les reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective
et, d’autre part, les courtes citations justifiées par le caractère scientifique ou d’information de l’œuvre dans laquelle
elles sont incorporées (art. L. 122-4, L. 122-5 et L. 335-2 du Code de la propriété intellectuelle).
+ Ce logo a pour objet d’alerter le lecteur sur la menace que représente pour l’avenir de l’écrit,
tout particulièrement dans le domaine universitaire, le développement massif du « photo-copil-
lage ». Cette pratique qui s’est généralisée, notammentdans les établissements d’enseignement,
provoque une baisse brutale des achats de livres, au point que la possibilité même pour les
auteurs de créer des œuvres nouvelles et de les faire éditer correctement est aujourd’hui mena-
cée. Nous rappelons donc que la reproduction et la vente sans autorisation, ainsi que le recel,
sont passibles de poursuites. Les demandes d’autorisation de photocopier doivent être adressées
à l’éditeur ou au Centre français d’exploitation du droit de copie : 20, rue des Grands-Augustins,
75006 Paris. Tél. 01 44 07 47 70.
Élodie Andrieux-Chastonay, cheffe de clinique, service Bruno Marchand, médecin-chef, service de radiologie, hôpi-
d’anesthésiologie, centre hospitalier Universitaire Vaudois tal de Morges, Suisse
(CHUV), Lausanne, Suisse
Nicolas Mariotti, médecin-chef adjoint, centre de traitement
Chantal Berna, cheffe de clinique, centre d’antalgie, service de la douleur, service d’anesthésiologie et de réanimation,
d’anesthésiologie, centre hospitalier universitaire vaudois HFR-Fribourg hôpital cantonal, Fribourg, Suisse
(CHUV), Lausanne, Suisse
Benoît Marlier, neurochirurgien, service de neurochirurgie,
Sébastien Bloc, médecin anesthésiste-réanimateur, hôpital centre hospitalier universitaire Maison-Blanche, Reims, France
privé Claude Galien, Quincy-sous-Sénart, France
Jean-Pierre Mustaki, médecin-chef, centre lémanique
Vincent Bourquin, médecin consultant, médecine interne et d’antalgie et de neuromodulation, département d’anesthésio-
néphrologie, hôpital de la Tour, Genève, Suisse logie, Hôpital de Morges, Suisse
Michèle Bovy, médecin-cheffe, centre lémanique d’antalgie et Charles Peltier, neurochirurgien, Unité du rachis et de
de neuromodulation, département d’anesthésiologie, hôpital neurostimulation, centre hospitalier universitaire de la Milé-
de Morges, Suisse trie, Poitiers, France
Éric Buchser, médecin-chef, Centre lémanique d’antalgie et Philippe Rigoard, professeur de neurochirurgie, unité du
de neuromodulation, département d’anesthésiologie, hôpital rachis et de neurostimulation, centre hospitalier universitaire
de Morges, Suisse. de la Milétrie, Poitiers, France
Matthieu Cachemaille, chef de clinique, centre d’antalgie, Alexandra Simard, anesthésiste, clinical and research fellow
service d’anesthésiologie, centre hospitalier universitaire vau- neuromodulation, centre hospitalier universitaire de Québec –
dois (CHUV), Lausanne, Suisse université de Laval, Québec, Canada.
Laurence Clivaz Mariotti, médecin-adjointe, centre cantonal Marc Suter, médecin associé, centre d’antalgie, service
d’addictologie, Réseau fribourgeois de santé mentale (RFSM), d’anesthésiologie, centre hospitalier universitaire vaudois
Fribourg, Suisse (CHUV), Lausanne, Suisse
Martine Jacot-Guillarmod, médecin-associée, département Tanguy Vendeuvre, chef de clinique en orthopédie, Unité du
femme-mère-enfant, centre hospitalier universitaire vaudois rachis et de neurostimulation, centre hospitalier universitaire
(CHUV), Lausanne, Suisse de la Milétrie, Poitiers, France
Carlos Madrid, médecin-associé, division de chirurgie orale Dragana Viceic, cheffe de clinique, service de neurologie,
et maxillo-faciale, centre hospitalier universitaire vaudois centre hospitalier du valais romand, hôpital de Sion, Suisse
(CHUV), Lausanne, Suisse
Abréviations
Chapitre 1
L’épidémiologie
de la douleur chronique
Marc Suter, Christophe Perruchoud
éducationnelles nécessaires aux praticiens de avaient encore une activité. Moins de 2 % des
premier recours. patients souffrant de douleurs chroniques ont
L’incidence est définie comme le nombre de consulté une clinique spécialisée, les autres étant
nouveaux cas sur une période donnée (géné- suivis par les médecins de premier recours, voire
ralement une année) rapportée à la population pas suivis du tout.
générale. L’incidence de la douleur chronique est La plupart des études de prévalence sont trans-
difficile à préciser, les patients ne se rappelant sou- versales. Landmark et al. [12] ont effectué un
vent pas du début des symptômes et ne consultant suivi longitudinal sur une année avec un ques-
souvent que lorsque la douleur est déjà présente tionnaire tous les 3 mois, qui a permis de valider
depuis un certain temps [9]. la reproductibilité des données sur la durée.
La douleur est tellement fréquente si l’on Environ 75 % des sujets ont répondu au premier
considère tous les épisodes (seul 1 patient sur questionnaire et la moitié aux quatre. La préva-
5 rapporte ne pas avoir eu de douleur durant lence de douleur moyenne à sévère est de 31 %.
le mois précédent [10]) qu’il est plus utile
de se concentrer sur la douleur chronique et Influence du genre
invalidante. sur la douleur
L’étude téléphonique réalisée en 2006 par
Breivik [11], dans 15 pays européens et Israël, a La prévalence de la douleur chronique est plus
conclu à une prévalence de la douleur chronique élevée chez les femmes que chez les hommes. Les
de 19 %, définie par une douleur présente depuis femmes ont un seuil de sensibilité à la douleur
plus de 6 mois, avec au moins deux épisodes par inférieur aux hommes [13].
semaine, présente le mois précédent, d’intensité Pourtant, malgré ces facteurs de risques aug-
supérieure ou égale à 5 sur une échelle de mentés, les femmes sont régulièrement exclues
numérique de 1 à 10 lors du dernier épisode. Les des études cliniques, et par conséquent, les résul-
localisations les plus fréquentes étaient la région tats rarement exprimés en fonction du sexe. On
lombaire (18 %), suivie du genou (14 %), de la retrouve les mêmes biais de sélection dans les
jambe (14 %), de la tête (15 %), de l’épaule (9 %), études précliniques [14].
de la colonne cervicale et de la hanche (8 %), de Cette discrépance entre hommes et femmes
la main (6 %), de la colonne dorsale (5 %). La est influencée par le fait que certaines sociétés
durée des douleurs était de 2 à 15 ans chez 60 % concèdent aux femmes qui souffrent le droit de
des participants. La cause de douleurs selon la s’exprimer plus bruyamment que les hommes.
réponse donnée par les participants, aidés par Sont mises en cause les hormones : d’un côté,
une liste de propositions, était l’arthrose (34 %), l’effet antinociceptif et protecteur de la testos-
un problème discal (15 %), un traumatisme térone, de l’autre la versatilité des œstrogènes et
(12 %), une polyarthrite (8 %), des céphalées/ de la progestérone. Des études précliniques ont
migraines (7 %), une fracture/détérioration de récemment démenti l’implication de la microglie
la colonne (6 %), un dommage d’un nerf (4 %) (monocyte-macrophages du système nerveux cen-
ou d’un cartilage (4 %), un « coup du lapin » tral) chez les animaux femelles. Ce mécanisme
(4 %) ou une chirurgie (3 %). Douze pour d’interaction neuro-immune établi depuis plus de
cent des répondants ignoraient la cause de leur 10 ans peut être induit chez les animaux femelles
douleur. L’impact sur les activités quotidiennes traités par de la testostérone [15].
était marqué, avec 56 % des sondés qui men- Femmes et hommes affrontent la douleur de
tionnaient que leur sommeil était affecté et 9 % manière différente. Les hommes auraient ten-
qui ne dormaient plus. Un quart prétendait que dance à utiliser des techniques de distraction
les douleurs avaient impacté leur statut profes- alors que les femmes recourent de préférence au
sionnel. Un absentéisme moyen de 7,8 jours sur support social ou à des techniques d’entraînement
les 6 derniers mois était rapporté par ceux qui attentionnel.
douleurs dorsales [22]. Concernant des pathologies 12. Landmark T, Romundstad P, Dale O, Borchgre-
comme le diabète, le coût déjà élevé de la patholo- vink PC, Kaasa S. Estimating the prevalence of
chronic pain: validation of recall against longi-
gie de base est augmenté lorsque se surajoutent les
tudinal reporting (the HUNT pain study). Pain.
troubles neurologiques sous forme de fourmille- 2012;153(7):1368–73. Epub 2012/05/12.
ments et d’insensibilité [23]. 13. Bartley EJ, Fillingim RB. Sex differences in pain: a
brief review of clinical and experimental findings.
Références British journal of anaesthesia 2013;111(1):52–8.
1. Merskey H, Bogduk N. Classification of chronic Epub 2013/06/26.
pain. Descriptions of chronic pain syndromes and 14. Beery AK, Zucker I. Sex bias in neuroscience
definitions of pain terms. Prepared by the Task Force and biomedical research. Neuroscience and bio-
on Taxonomy of the International Association for the behavioral reviews 2011;35(3):565–72. Epub
Study of Pain, 2nd ed. Seattle (VA): IASP Press, 1994. 2010/07/14.
2. American Society of Anesthesiologists. Practice gui- 15. Sorge RE, Mapplebeck JC, Rosen S, Beggs S,
delines for chronic pain management. A report by Taves S, Alexander JK, et al. Different immune cells
the American Society of Anesthesiologists Task Force mediate mechanical pain hypersensitivity in male and
on Pain Management. Chronic Pain Section. Anes- female mice. Nature neuroscience 2015;18(8):1081–
thesiology 1997;86:995–1004. 3. Epub 2015/06/30.
3. World Health Organization. A new understanding 16. Weisse CS, Sorum PC, Sanders KN, Syat BL.
chronic pain. In : Kaplun A, ed. Health promotion Do gender and race affect decisions about pain
and chronic illness. Discovering a new quality of management? Journal of general internal medicine
health. Copenhagen: WHO Regional Publications; 2001;16(4):211–7. Epub 2001/04/25.
1992 : 141-226. 17. van Hecke O, Torrance N, Smith BH. Chronic
4. Brennan F, Carr DB, Cousins M. Pain manage- pain epidemiology - where do lifestyle factors fit
ment: a fundamental human right. AnesthAnalg in ? British journal of pain 2013;7(4):209–17. Epub
2007;105(1):205–21. 2013/11/01.
5. Tracey I, Bushnell MC. How neuroimaging studies 18. Darlow B, Fullen BM, Dean S, Hurley DA, Baxter
have challenged us to rethink: is chronic pain a GD, Dowell A. The association between health care
disease ? J. Pain 2009;10(11):1113–20. professional attitudes and beliefs and the attitudes
6. Treede RD, Rief W, Barke A, Aziz Q, Bennett and beliefs, clinical management, and outcomes of
MI, Benoliel R, et al. A classification of chronic patients with low back pain: a systematic review. Eur
pain for ICD-11. Pain 2015;156(6):1003–7. Epub J Pain 2012 Jan;16(1):3–17.
2015/04/07. 19. McBeth J, Wilkie R, Bedson J, Chew-Graham C,
7. Torrance N, Elliott AM, Lee AJ, Smith BH. Severe Lacey RJ. Sleep disturbance and chronic widespread
chronic pain is associated with increased 10 year pain. Current rheumatology reports 2015;17(1):469.
mortality. A cohort record linkage study. European Epub 2015/01/22.
journal of pain (London, England) 2010;14(4):380– 20. Gaskin DJ, Richard P. The economic costs of pain in
6. Epub 2009/09/04. the United States. The journal of pain: official journal
8. Van Hecke O, Torrance N, Smith BH. Chronic of the American Pain Society 2012;13(8):715–24.
pain epidemiology and its clinical relevance. British Epub 2012/05/23.
journal of anaesthesia 2013;111(1):13–8. Epub 21. Stewart WF, Ricci JA, Chee E, Morganstein D,
2013/06/26. Lipton R. Lost productive time and cost due to
9. Macfarlane GJM, J, Jones GT. Epidemiology of common pain conditions in the US workforce. JAMA
Pain. In : McMahon S, Koltzenburg M, Tracey I, 2003;290(18):2443–54. Epub 2003/11/13.
Turk DC, ed. Wall and Melzack’s Textbook of Pain: 22. Ricci JA, Stewart WF, Chee E, Leotta C, Foley K,
Churchill Livingstone; 2013 : 232-247. Hochberg MC. Back pain exacerbations and lost
10. Jones EA, McBeth J, Nicholl B, Morriss RK, Dickens productive time costs in United States workers.
C, Jones GT, et al. What characterizes persons Spine (Phila Pa 1976) 2006;31(26):3052–60. Epub
who do not report musculoskeletal pain? Results 2006/12/19.
from a 4-year Population-based longitudinal study 23. Stewart WF, Ricci JA, Chee E, Hirsch AG, Bran-
(the Epifund study). The Journal of rheumatology denburg NA. Lost productive time and costs due
2009;36(5):1071–7. Epub 2009/04/17. to diabetes and diabetic neuropathic pain in the US
11. Breivik H, Collett B, Ventafridda V, Cohen R, Galla- workforce. Journal of occupational and environmen-
cher D. Survey of chronic pain in Europe: Prevalence, tal medicine/American College of Occupational and
impact on daily life, and treatment. Eur J Pain Environmental Medicine 2007;49(6):672–9. Epub
2006;10(4):287–333. 2007/06/15.
Chapitre 2
Physiopathologie
et mécanismes de la douleur
Marc Suter, Christophe Perruchoud
L’étude de la physiopathologie et des mécanismes [2,3]. Le corps cellulaire de ce neurone est situé
de la douleur chronique passe par l’évocation des dans les ganglions spinaux ou dans le ganglion
différents types de douleurs et la physiologie de trigéminal. Son axone se projette d’un côté vers
la nociception. le tissu-cible en périphérie (terminaison libre) et
de l’autre vers la moelle épinière (terminaison
centrale). Il est de type C, non myélinisé, ou de
Voies de la douleur type A delta, finement myélinisé (tableau 2.1). Il
est composé des quatre éléments suivants :
On peut schématiser la transmission d’un stimulus • La terminaison périphérique (récepteur
nociceptif de la périphérie au système nerveux nociceptif) qui traduit le signal potentiellement
central par l’activation successive de trois neurones : nocif en potentiels d’action électriques.
• Le neurone nocicepteur transmet l’information • La fibre nerveuse qui conduit ces potentiels le
du site de stimulation (peau, muscle, articula- long de l’axone.
tion) jusqu’à la moelle épinière. • Le corps cellulaire qui maintient l’identité et
• Le deuxième transfère cette information au l’intégrité de la cellule.
thalamus par le tractus spinothalamique. • La terminaison centrale qui est l’élément pré
• Le dernier relais transmet l’information du thala- synaptique du premier relais.
mus au cortex somatosensoriel primaire [1]. Les récepteurs nociceptifs sont spécifiques aux
différentes modalités que sont la chaleur (TRV1
ou TRPV2), le froid (TRPA1 ou TRPM8), les
Le neurone nociceptif stimulations mécaniques ou chimiques (ASIC
pour les stimuli acides, récepteurs purinergiques
Un neurone nociceptif est une cellule nerveuse P2X ou P2Y pour les dérivés de nucléotides).
spécialisée dans la détection des stimuli nociceptifs La stimulation de ces récepteurs entraîne la
spinothalamique latérale se termine au niveau cérébral avec les noyaux végétatifs de la substance
des cortex somatosensoriels primaire et secon- réticulée et des nerfs crâniens (III, VII, IX, X)
daire. Elle code de manière spécifique l’intensité, sont responsables des modifications végétatives
la spatialité, et la modalité du stimulus. de l’activité cardiovasculaire (tachycardie, hyper-
• La voie spinothalamique médiale (faisceau paléo- tension), respiratoires (tachypnée) et mydriase.
spino-réticulo-thalamique) se termine au niveau Le concept de « pain matrix » intègre toutes
du cortex limbique, qui comprend le cortex cin- les zones concernées par le phénomène de la dou-
gulaire antérieur et l’insula rostrale. Ces structures leur au niveau cérébral. Les éléments de ce réseau
sont responsables de la composante émotionnelle traitent de manière spécifique mais non exclusive
de la douleur. La projection d’informations noci- les divers aspects de la douleur, comme l’antici-
ceptives sur l’hypothalamus est à l’origine de pation, la discrimination, la perception affective.
réponses neuroendocrines à la douleur (augmen- Appartiennent à cet immense réseau : les cortex
tation de la sécrétion des hormones médullosurré- somatosensoriels primaire et secondaire, les cor-
naliennes). De plus, les réflexes au niveau du tronc tex cingulaires antérieur et postérieur, le cortex
BIBLIOTHEQUE DE LA RECHERCHE BIBLIOGRAPHIQUE SCIENCE MEDICALE
10 BIBLIOTHEQUE
Principes générauxDE LA RECHERCHE BIBLIOGRAPHIQUE SCIENCE MEDICALE
préfrontal, le cortex pariétal postérieur, l’insula, utilité en phase aiguë, permettant la mise au
le thalamus, l’hypothalamus, l’amygdale, la subs- repos pendant la réparation du dommage ;
tance grise périaqueducale, les noyaux parabra- • neuropathique : associée à une lésion ou une
chiaux et les ganglions de la base [6]. atteinte du système nerveux somatosensoriel,
(par exemple : radiculopathie ou névralgie pos-
therpétique) ;
Classification et type • dysfonctionnelle : douleur chronique dont
de douleurs l’origine n’est a priori ni une inflammation, ni
une lésion nerveuse évidente. La cause serait
Les douleurs sont généralement classées en quatre un traitement inadéquat de l’information par
groupes [7] : les centres modulateurs de la douleur, d’origine
• nociceptive : douleur transitoire résultant de centrale, résultant en un équilibre perturbé
lésions tissulaires et de l’activation des nocicep- entre excitation et inhibition et un seuil de
teurs (par exemple : fracture ou entorse). Elle est perception douloureuse abaissé (par exemple :
aiguë et implique un système nerveux afférent fibromyalgie, côlon irritable ou céphalées ten-
normal, spécialisé dans le signalement du danger ; sionnelles).
• inflammatoire : autrefois appelée douleur par
excès de nociception, elle résulte d’une hypersen-
sibilité secondaire à une lésion tissulaire ou à une Modulation du signal
inflammation. Elle peut être aiguë (par exemple : douloureux
douleur postopératoire ou coup de soleil) ou
chronique dans le cadre d’une atteinte rhuma- Différents filtres limitent l’afflux d’informations
tologique de type arthrosique. Elle présente une émanant du système nociceptif vers le cerveau.
La théorie du portillon
(gate control theory)
La théorie du portillon (figure 2.4) décrit le
blocage de l’influx nociceptif par un stimulus
non nociceptif entre le neurone périphérique et le
neurone central au niveau de la moelle épinière.
Cette réaction semble résulter de l’inhibition du
neurone central par des interneurones inhibiteurs
de la corne dorsale. Cette théorie, décrite par
Wall et Melzack en 1965, a permis de combler
partiellement les lacunes des théories de l’inten-
sité (les influx nociceptifs suivent les mêmes
voies que les influx non douloureux, mais ont
une intensité plus forte), et de la spécificité (la
transmission des modalités douloureuses et non
douloureuses se fait par des voies entièrement
séparées) [8].
L’inhibition descendante
Les voies descendantes inhibitrices prennent leurs
origines dans la substance grise périaqueducale
(PAG), la moelle rostroventrale (RVM), le locus
coeruleus, le gyrus cingulaire antérieur, l’amygdale
et l’hypothalamus (figure 2.5). Une série de neu-
rotransmetteurs sont impliqués : la sérotonine, la
noradrénaline, la dopamine et les opiacés endo-
gènes [1]. Le contrôle descendant est subdivisé
en deux systèmes : Figure 2.5. Voies descendantes.
• le système PAG-RVM, médian, agit préféren- central. La distinction entre douleur inflamma-
tiellement sur les influx nociceptifs transmis par toire et douleur neuropathique n’est pas tou-
les fibres C ; jours aisée. Dans les deux cas, les mécanismes
• le système latéral implique le noyau réticulaire qui sous-tendent la chronicisation se super-
dorsal et la moelle ventrolatérale [9]. posent souvent. Le concept de « neuro-inflam-
Le contrôle descendant n’est pas purement mation » implique une communication entre
inhibiteur. Au niveau de la RVM, il est composé le système nerveux et le système immunitaire/
de cellules on/off recrutées par les centres supé- inflammatoire.
rieurs impliqués dans la peur, la maladie ou
le stress. Ces cellules maintiennent un seuil de
stimulation dépendant des conditions du moment La sensibilisation périphérique
et contribuent aux états douloureux chroniques
pathologiques. Elles semblent jouer un rôle Après une lésion tissulaire périphérique, les cel-
aussi dans l’effet placebo, ou dans les réponses lules lésées et les cellules inflammatoires attirées
à diverses techniques utilisées dans le traitement sur le site de la lésion libèrent de nombreux
des douleurs chroniques, comme l’hypnose [10]. médiateurs, la « soupe inflammatoire » (pros-
taglandines PGE1 et PGE2, ATP/ADP, séroto-
nine, bradykinine, nerve growth factor, ions H+).
Conséquences cliniques Ces médiateurs agissent sur des récepteurs spé-
cifiques situés sur les neurones nocicepteurs. La
La douleur nociceptive aiguë est un signal « soupe inflammatoire » induit, par exemple, une
d’alarme nécessaire à notre survie. Les patients modification des récepteurs TRPV1 et TRPA1, à
atteints d’insensibilité congénitale ont une espé- l’origine de l’abaissement du seuil de sensibilité
rance de vie réduite en raison de l’accumulation au chaud et au froid. Les influx se dirigent vers
de traumatismes les plus divers au cours de leur la terminaison centrale, mais reviennent aussi
existence. vers la périphérie (réflexe axonal antidromique).
Les phénomènes de sensibilisation et de modu- Cela libère des neuromédiateurs, la substance P
lation interviennent dans la présentation clinique et le peptide relié au gène calcitonine (CGRP),
et la prise en charge. L’allodynie et l’hyperalgésie présents dans les nocicepteurs, responsables de
peuvent être la conséquence d’une sensibilisation l’inflammation neurogène. Ces médiateurs agis-
périphérique ou centrale. Une bonne connais- sent au niveau de leurs récepteurs (neurokinin 1
sance de la pathophysiologie, des concepts de sen- et CGRP1) et activent le chimiotactisme des cel-
sibilisation et de la modulation de la douleur est lules inflammatoires (neutrophiles, macrophages
nécessaire à la compréhension, l’évaluation et au et lymphocytes), la dégranulation des mastocytes,
traitement de la douleur chronique. Peu d’études l’accélération du flux sanguin, la perméabilité de
précliniques basées sur la pathophysiologie ont l’endothélium vasculaire, et l’allumage des cellules
abouti à ce jour à des traitements efficaces. La dendritiques responsables de la différentiation de
dimension multifacettaire de la douleur nécessite lymphocytes T [11]. La lésion tissulaire induit des
une approche thérapeutique plus globale. changements d’expression génétique au niveau du
ganglion spinal qui, sur le long terme, modifient
la réponse des fibres afférentes (plasticité du noci-
cepteur). L’expression des canaux sodiques est
Sensibilisation centrale augmentée, celle des canaux potassiques est dimi-
et périphérique nuée. Les canaux sodiques proches des lésions
nerveuses participent à l’excitabilité périphérique.
Lorsque la stimulation nociceptive se prolonge, Une activité ectopique dans les nerfs lésés et non
des phénomènes de sensibilisation apparais- lésés adjacents contribue à la sensibilisation cen-
sent, tant au niveau périphérique qu’au niveau trale (figure 2.6).
Chapitre 3
L’évaluation de la douleur
chronique
Christophe Perruchoud
Figure 3.1. Échelle numérique papier, échelle visuelle analogique papier et réglette.
24
Évaluation de la douleur et examens complémentaires
Figure 3.6. Le questionnaire concis sur les douleurs.
simplicité, est l’EuroQoL 5-dimensions (EQ- psychologique est d’autant plus importante que
5D). Les cinq aspects explorés sont la mobilité, les douleurs chroniques peuvent être à l’origine
l’autonomie, les activités courantes, la douleur de troubles psychiatriques, l’inverse étant égale-
ou la gêne, la dépression ou l’anxiété. Pour le ment possible. L’aspect psychologique est sou-
calcul de l’index, le patient indique la gravité des vent inclus dans les questionnaires d’évaluation
problèmes rencontrés dans chacune des dimen- multidimensionnelle de la douleur chronique.
sions considérées. L’EQ-5D inclut l’EQ-5D Deux échelles simples, traduites en français,
VAS, constituée d’une échelle visuelle verticale permettent d’explorer spécifiquement la dimen-
de 20 cm, numérotée de 0 à 100, sur laquelle le sion dépressive (Beck Depression Inventory
patient note son état de santé actuel (figure 3.7). ou BDI), l’anxiété et la dépression (Hospital
Anxiety and Depression Scale ou HAD). Le
HAD contient 14 questions, graduées de 0 à 3,
Évaluation psychologique également réparties entre dépression et anxiété
(tableau 3.2). Un score compris entre 8 et 10
L’anxiété et la dépression sont deux paramètres doit faire évoquer un état dépressif ou anxieux,
fréquemment pris en compte. L’évaluation un total de 10/21 le confirme.
Anxiété
13. Je me réjouis d’avance à l’idée de h Autant qu’avant
faire certaines choses h Un peu moins qu’avant
h Bien moins qu’avant
h Presque jamais
14. Je peux prendre plaisir à un bon h Souvent
livre ou à une bonne émission radio ou h Parfois
télévision h Rarement
h Très rarement
Résultats : Cette échelle explore les symptômes anxieux et dépressifs. Faire le total du versant anxiété et dépression : 21 points maximum pour chacun. Entre 8 et
10 : état anxieux ou dépressif douteux. Au-delà de 10 : état anxieux ou dépressif certain.
traction latérale de ses deux mains, on induit sciatique par une hernie discale L5-S1 produi-
un relâchement des autres groupes musculaires. sant une douleur radiculaire S1).
L’hyperréflexie est le signe d’une atteinte centrale. • Les douleurs référées sont plus complexes et
Il est important de rechercher une extension de la sont la conséquence du phénomène de conver-
zone réflexogène, un clonus (secousses répétées gence. Des influx nociceptifs de diverses origines
à l’étirement d’un muscle) ou un polycinétisme (cutanée, tendinomusculaire, ligamentaire,
(réponses musculaires multiples après une stimu- ostéoarticulaire ou viscérale) convergent, sans
lation unique). atteinte des voies nerveuses, vers le même neu-
On recherche les irradiations douloureuses au rone de la corne postérieure de la moelle qui
niveau des dermatomes (figure 3.8), des terri- transmet les afférences au niveau du thalamus et
toires des nerfs périphériques (figures 3.9 et 3.10) du cortex. L’origine de ces influx est mal inter-
ou des nerfs crâniens (figure 3.11). prétée par le cortex qui possède une capacité
Les douleurs projetées peuvent être de deux discriminative précise pour la peau ou les articu-
types : rapportées ou référées. lations, mais beaucoup plus imprécise pour les
• Les douleurs rapportées sont liées à une atteinte muscles et quasiment absente pour les viscères.
située sur les voies nerveuses et sont perçues Ainsi la sensation douloureuse provenant d’un
dans le territoire d’innervation correspondant viscère peut être localisée à tort dans la zone
à ces voies (par exemple : compression du nerf cutanée correspondant au même métamère.
Chapitre 4
L’IRM du rachis dégénératif
Bruno Marchand
Ce chapitre fournit des clés de lecture simples blanc, bien différencié de la moelle, des racines
de l’IRM du rachis dégénératif. Il comprend un et des disques qui sont en hyposignal. En T2, la
bref rappel des données techniques de base, des graisse est également blanche et des séquences
principales pathologies discales et dégénératives T2 avec saturation de graisse sont utilisées afin
du rachis couramment diagnostiquées par IRM. d’annuler ce signal : elles permettent de mieux
Les atteintes microcristallines, inflammatoires, détecter les zones d’œdème intraosseux ou périar-
infectieuses ou tumorales sont évoquées à titre de ticulaire. Bien que non spécifique, cet œdème est
diagnostic différentiel. alors particulièrement bien visible. Il peut corres-
pondre à une poussée œdémateuse congestive
d’arthrose, aussi bien qu’à une lésion traumatique,
Rappels techniques tumorale, inflammatoire ou microcristalline. La
saturation de graisse peut être réalisée par diverses
L’IRM est une technique d’imagerie basée sur le techniques comme la Fat Sat, ou des séquences
phénomène de résonance magnétique des pro- dites en inversion-récupération (utilisées notam-
tons d’hydrogène. Elle est donc sensible aux effets ment en cas d’exploration en présence de matériel
paramagnétiques. En conséquence, elle attire les en titane ou en métal afin de réduire les artefacts)
corps étrangers métalliques, caractéristique qui ou, enfin, récemment par la technique Dixon. Le
exige que soient respectées les contre-indications, T2 Dixon offre l’avantage de donner en un seul
absolues et relatives, et que certaines précautions temps des images T2 et des images T2 avec satura-
soient prises avant la réalisation d’un examen : tion de graisse. Les séquences T1 avec injection de
s’enquérir de la présence d’un pace-maker (cer- produits de contraste chélates de l’ion gadolinium
tains sont compatibles dans certaines conditions sont réservées à des cas particuliers : suspicion
à appliquer pendant et après l’IRM) ; obtenir les d’un processus infectieux ou tumoral, récidive
comptes rendus opératoires antérieurs afin de véri- de hernie discale opérée, recherche de granu-
fier la compatibilité de divers implants cardiaques lome à l’extrémité d’un cathéter ou d’une pompe
ou neurologiques avec l’IRM et son niveau de intrathécale. Ces produits peuvent être toxiques
champ magnétique ; connaître la compatibilité en cas d’insuffisance rénale, des cas mortels de
des pompes et des électrodes intrathécales à visée fibrose néphrogénique ont été rapportés dans la
antalgique. littérature [1]. On a trouvé récemment des dépôts
Les images ont une pondération dite T1 ou d’ions gadolinium dans les noyaux gris centraux
T2 selon les caractéristiques d’électrostimulation cérébraux, sans que leur signification clinique ne
et de recueil du champ magnétique sur la zone soit connue à ce jour [2].
anatomique explorée. Les images dites T1 (pondé-
rées T1) donnent des informations essentiellement
anatomiques : ainsi, la graisse est en hypersignal Rachis normal
(blanc) et le liquide en hyposignal (noir). En pon-
dération T2, les liquides sont en hypersignal blanc. Sur le plan morphologique, les courbures du
Sur les images T2 du rachis, le LCR est donc rachis doivent être harmonieuses. Il faut garder
Manuel pratique d'algologie
© 2017 BIBLIOTHEQUE
Elsevier Masson SAS. DE
TousLA RECHERCHE
droits réservés. BIBLIOGRAPHIQUE SCIENCE MEDICALE
40 BIBLIOTHEQUE DE LAetRECHERCHE
Évaluation de la douleur BIBLIOGRAPHIQUE SCIENCE MEDICALE
examens complémentaires
et de moelle jaune qui doit être différencié d’un Le cône terminal prend fin entre D12 et L2. S’il
processus tumoral, notamment myélomateux (une s’insère plus bas, il faut rechercher une moelle
immunoélectrophorèse des protéines sanguines attachée par un filum terminale. Les racines de
peut être indiquée en cas de doute). Les veines la queue-de-cheval sont bien visibles au niveau
intracorporéales normales sont fréquemment lombaire, cernées de LCR dans le sac dural. L’IRM
visibles (figure 4.3). permet une bonne analyse des racines depuis leur
émergence dans le récessus latéral, puis le long de
leur trajet foraminal et extrarachidien (figure 4.6).
Les disques
Le disque normal est composé d’une partie cen- Pathologies discales
trale, le nucleus pulposus, et d’une partie fibreuse
périphérique, l’annulus fibrosus (figure 4.4). Le
nucleus pulposus est riche en protéinoglycanes, sa
Discopathies dégénératives
partie centrale présente donc un signal liquidien, Le premier stade de dégénérescence discale se
bien visible en T2. Le nucleus pulposus est ratta- traduit par une diminution de l’hydratation du
ché à l’anneau fibreux par des fibres, et reste en
hyposignal T2. L’anneau fibreux se fixe dans les
corps vertébraux, selon un équivalent d’enthèse,
au niveau des coins antérieurs et postérieurs des
corps vertébraux, ainsi que dans leur partie cen-
trale (zone des hernies de Schmörl).
Le canal
Le contenu du canal rachidien est bien analysé en
T2 : le sac dural contenant le LCR est en franc
hypersignal tandis que le cordon médullaire central
et les racines ont un signal intermédiaire. Le cordon
médullaire est régulier et homogène, sans hyper-
signal T2 central (figure 4.5). Au niveau cervical
Figure 4.4. Disque normal en pondération T2.
toutefois, une lame liquidienne centrale est parfois
Le disque normal a un hypersignal T2 liquidien central
visible en regard de C5-C6 ; elle correspond au normal (étoile blanche) entouré par l’hyposignal T2
renflement physiologique du canal épendymaire. de l’anneau fibreux (flèches noires).
Figure 4.10. Hernie discale extraligamentaire L5-S1 droite (T2 sagittal et axial).
Hernie discale se traduisant par une saillie discale focale (flèche blanche). Elle a franchi le complexe anneau
fibreux-ligament commun vertébral postérieur (flèche noire). Une hernie est extraligamentaire si elle occupe 50 % ou plus
du diamètre antéropostérieur du canal rachidien.
du foramen et venir au contact du ganglion notion de conflit entre la HD et la racine est suggé-
spinal (figure 4.13). Ainsi, une HD foraminale rée par divers signes. Le terme de « conflit » sous-
apparaissant uniquement en regard du disque est entend une notion de contrainte dynamique, stricto
rarement conflictuelle [8]. sensu non définissable en IRM, car l’examen est
Au niveau cervical, les séquences T1 sagit- réalisé couché et au repos. Toutefois, cette notion
tales permettent de différencier formellement de conflit peut être évoquée en présence des signes
un débord disco-ostéophytique d’une vraie HD suivants : la racine en aval du contact avec la HD
(figure 4.14). est hypertrophiée et/ou œdématiée (contrairement
Les coupes axiales T2 montrent bien les rapports à la racine en amont) ; la gaine de cette racine prend
entre la HD et les racines. La seule réserve reste la nettement le contraste (en cas d’examen injecté et à
réalisation d’un examen en position couchée. La l’exclusion d’une opération antérieure).
BIBLIOTHEQUE DE LA RECHERCHE BIBLIOGRAPHIQUE SCIENCE MEDICALE
46 BIBLIOTHEQUE DE LAetRECHERCHE
Évaluation de la douleur BIBLIOGRAPHIQUE SCIENCE MEDICALE
examens complémentaires
Figure 4.18. Lyse spontanée d’une calcification d’apatite T5-T6 (diagnostic différentiel : lésion Modic 1
ou spondylodiscite).
a. Sagittal T1.
b. Sagittal T2.
c. Sagittal T1 Fat Sat gadolinium.
d. Reconstruction TDM sagittal sans injection. Patiente se plaignant de dorsalgies hautes invalidantes depuis 2 mois, sans
anomalie biologique, avec un début initial brutal sans facteur déclenchant.
a à c. Œdème marqué du plateau vertébral inférieur de T5 (flèches rouges), œdème plus discret au niveau du plateau
supérieur de T6 avec prise de contraste au gadolinium, évoquant une discopathie de type Modic 1 ou une spondylite
inflammatoire. L’asignal centrodiscal (flèches rouges) présent sur toutes les séquences fait suspecter une calcification discale.
d. Le scanner sans injection, sur les reconstructions MPR sagittales, confirme la présence d’une calcification centrodiscale
à bords flous (flèche rouge). Ce dernier élément signe la lyse spontanée d’une calcification d’apatite discale, associée à
un œdème périphérique marqué [sclérose du plateau inférieur de T5 (flèche blanche)].
Figure 4.21. Kyste arthrosynovial interfacettaire postérieur L5-S1 droit en conflit avec la racine S1 droite.
a. Sagittal T2.
b. et c. Axial. Le kyste arthrosynovial interfacettaire postérieur, de signal liquidien (flèche rouge), est bien visible,
raccordé à l’interligne articulaire postérieur L5-S1 droit (flèche blanche). Ce kyste refoule la racine S1 droite (flèche jaune)
vers l’avant à la différence des HD qui refoulent les racines vers l’arrière.
Figure 4.22. Infiltration sous scanner du kyste arthrosynovial interfacettaire postérieur L4-L5 droit (même
cas que figure 4.20).
a. Coupes de repérage natives. Le kyste arthrosynovial interfacettaire postérieur n’est spontanément pas visible.
b. Injection de produit de contraste. La ponction et l’injection de contraste dans l’articulation interfacettaire postérieure
L4-L5 droite permettent d’opacifier le kyste intracanalaire (flèche rouge).
c. Infiltration. Le kyste opacifié est ponctionné par voie translamaire avec une aiguille spinale 22 G 3 ½. L’aspiration
du contenu du kyste est suivie de l’infiltration lente d’un médicament anti-inflammatoire à base de cristaux de cortisone
dans le kyste pour l’assécher (flèche blanche). Les récidives sont possibles et sont traitées de la même façon.
antérieure du foramen et peut être à l’origine d’un moins complet du LCR entre les racines au niveau
conflit avec la racine dans son trajet foraminal. lombaire, ou autour du cordon médullaire au
niveau cervical. Le RC apparaît secondairement à
une hypertrophie dégénérative des massifs osseux,
Rétrécissement à un débord discal marqué, et/ou une HD, mais
canalaire dégénératif surtout en association avec un spondylolisthésis
dégénératif lombaire. Les kystes interfacettaires
Au niveau lombaire postérieurs et l’hypertrophie de la graisse épidu-
rale postérieure peuvent également participer au
Le rétrécissement canalaire (RC) induit un rétré- rétrécissement. Tous ces éléments sont parfaite-
cissement du sac dural avec effacement plus ou ment analysés par l’IRM. Le RC est défini par un
Figure 4.23. Infiltration sous scanner du kyste arthrosynovial interfacettaire postérieur L5-S1 droit (même cas
que figure 4.20).
a. Coupes de repérage. Le kyste arthrosynovial interfacettaire postérieur (flèche rouge) est visible spontanément. L’abord
foraminal L5-S1 droit est le seul possible.
b. et c. Ponction et injection de produit de contraste iodé intrakystique. Ponction directe avec une aiguille spinale 22 G
3½. Injection de 0,5 ml de contraste iodé qui confirme le positionnement intrakystique de l’extrémité de l’aiguille (flèche
blanche), puis infiltration lente intra- et périkystique (l’injection intrakystique reproduit exactement la radiculalgie S1 droite).
Figure 4.24. Goutte tophacée interapophysaire postérieure L5-S1 confirmée par biopsie.
a. T1.
b. T2.
a. et b. Arthropathie interapophysaire postérieure bilatérale L5-S1, irrégularités des surfaces articulaires (étoile rouge),
hypertrophie des parties molles adjacentes très inflammatoires [en hypersignal T2 (étoile rouge)].
c. Scanner sans injection. L’examen précédent motive la réalisation d’un scanner sans injection qui révèle des signes
d’arthropathie destructrice (flèche rouge), ainsi que des calcifications des parties molles postérieures périarticulaires
(flèche blanche).
d. Ponction-biopsie au trocard 14 G. La suspicion de goutte est confirmée par la biopsie.
Figure 4.26. Rétrécissement canalaire (RC) lombaire sévère L4-L5 de stade C (classification de Lausanne).
a. Sagittal T2.
b. Axial T2. Rétrécissement canalaire serré (potentiellement symptomatique). Le LCR est complètement effacé entre les
racines (flèche blanche). Ce signe permet de diagnostiquer un RC d’un seul coup d’œil. Dûment mesuré, le diamètre
antéropostérieur du sac dural est de 5 mm. La composante dégénérative postérieure (étoile rouge), cause primaire du RC,
est aggravée par une composante antérieure marquée, secondaire à un antélisthésis L4-L5 (flèche rouge), à l’origine d’un
bombement discal postérieur global.
pathologique. De la présence et de l’étendue discs and extruded disc fragments. Skeletal Radiol
de ces hypersignaux T2 dépend la récupération 1989;18:527–30.
8. Parlier-Cuau C, Chicheportiche V, Laredo JD. Imagerie
fonctionnelle postopératoire [16]. À un stade
de la lomboradiculagie commune du membre inférieur.
avancé, la myélopathie cervicarthrosique peut être Savoir Faire en radiologie ostéoarticulaire. 2012
le siège d’une cavité syringomyélique, de lésions 9. Modic MT, Steinberg PM, Ross JM, et al. Degene-
de myélomalacie, voire d’une atrophie du cordon rative disk disease: assessment of changes in verte-
médullaire. bral body marrow with MR imaging. Radiology
1988;166:193–9.
10. Resnik D. In Diagnosis of Bone and Joint Disorders.
Références 4th Edit. 2002 Saunders; 1388-1405.
1. Todd Dj, Kay J. Gadolinium-induced fibrosis. Ann. 11. Parlier-Cuau C, Wibier M, Nizard R, et al. Symp-
Rev. Med 2016;67:273–91. tomatic lumbar facet joint synovial cysts: clinical
2. Rhamalho J, Castillo MJ, Al Obaidy M, et al. High assessment of facet joint steroid injection after 1 and
signal intensity in globus pallidus and dentate nucleus 6 months and long term follow-up in 30 patients.
on unenhanced T1-weighted MR images: evaluation Radiology 1999;210:509–13.
of two linear gadolinium-based contrast agents. 12. Euvrard T, Biron F, Blineau N, et al. Factitious
Radiology 2015;276:836–44. disorder revealed by polymicrobial septic arthritis
3. Aprill C, Bogduk N. High–intensity zone. A diagnos- of a lumbar facet joint diagnosed by percutaneous
tic sign of painful lumbar disc on magnetic resonance biopsy]. J Radiol 2004;85(1):43–6.
imaging. Br J Radiol 1992;65:1361–8. 13. Bouariouia W, Menesson N, Marchand B, et al.
4. Weihaupt D, Zanetti M, Hodler J, et al. Painful lum- Localisation rachidienne d’une arthrite goutteuse -
bar disk derangement: relevance of endplate abnor- Revue de la Littérature : à propos d’un cas. Rhuma-
malities at MR Imaging. Radiology 2001;218:420–7. tologie 2005;57(4):17–20.
5. Fardon DF, Milette PC. Nomenclature and Clas- 14. Schonstrom NSR, Bolender NF, Spengler DM. The
sification of Lumbar Disc Pathology. Recommen- patho-morphology of spinal stenosis as seen on CT-
dations of the Combined Task Forces of the North scans of the lumbar spine. Spine 1985;10:806–11.
America Spine Society, American Society of Spine 15. Schizas C, Theumann N, Burn A, et al. Qualitative
Radiology and American Society of Neuroradiology. grading of severity of lumbar spinal stenosis based
Spine 2001:26; E93-E113. on the morphology of the dural sac on magnetic
6. Wiltse IL, Berger PE, Mc Culloch JA. A system for resonance images. Spine 2010;35(21):1919–24.
reporting the size and the location of lesions in the 16. Suri A, Chabbra RP, Mehta VS, et al. Effect of intra-
spine. Spine 1997;22:1534–7. medullary signal changes on the surgical outcome of
7. Glickstein MF, Burke L, Kressel HY. Magnetic patients with cervical spondylotic myelopathy. Spine
resonance demonstration of hyperintense herniated J 2003;3(1):33–45.
BIBLIOTHEQUE DE LA RECHERCHE BIBLIOGRAPHIQUE SCIENCE MEDICALE
BIBLIOTHEQUE DE LA RECHERCHE BIBLIOGRAPHIQUE SCIENCE MEDICALE
Chapitre 5
L’électroneuromyogramme
Christophe Perruchoud
Figure 5.1. EMG d’un patient présentant des signes de dénervation aiguë au niveau du muscle fléchisseur du gros
orteil secondaire (d.) à une hernie discale irritative L5-S1 droite et une dénervation de la musculature paravertébrale
(c.) dans un contexte postopératoire (deux cures de hernie discale).
Chapitre 6
Céphalées et algies de la face
Dragana Viceic
Les céphalées constituent un motif fréquent de • d’identifier les facteurs qui déclenchent et
consultation, aussi bien aux urgences qu’au cabi- influencent les céphalées du patient ;
net du médecin de famille. Il est primordial de • de reconstituer l’historique des traitements, des
distinguer les céphalées primaires sans cause sous- dosages utilisés, de leur efficacité et de leurs
jacente clairement définie des céphalées secon- effets secondaires ;
daires, dont l’origine peut engager le pronostic • d’évaluer la qualité de sommeil, l’activité phy-
vital, par exemple les céphalées sur rupture d’ané- sique, les habitudes et l’environnement socio-
vrysme. La distinction entre céphalées primaires professionnel.
et secondaires n’est pas toujours évidente et Une attention particulière est portée à l’état
requiert parfois l’avis spécialisé d’un neurologue. psychique du patient, à d’éventuels antécédents
La migraine et la céphalée de tension font partie psychiatriques, à des expériences traumatiques,
des céphalées primaires les plus fréquentes. La à son attitude vis-à-vis de la maladie et à ses
céphalée de tension par rapport à la migraine est attentes. Un examen clinique minutieux permettra
de loin la plus fréquente dans la population géné- d’aiguiller le diagnostic. En l’absence d’éléments
rale. Dans la majorité des cas, les céphalées de ten- concrets en faveur de céphalées secondaires, le
sion sont peu invalidantes et répondent bien aux praticien proposera différents traitements, s’effor-
traitements antalgiques simples. Les migraines, en cera d’impliquer activement le patient dans le
revanche, représentent le motif de consultation choix du traitement. Il l’encouragera à en docu-
le plus courant au cabinet médical. Du fait de menter l’efficacité et organisera un suivi régulier.
leur prévalence élevée, ces deux affections ont un
impact socioéconomique important. Elles engen-
drent des coûts financiers élevés, en termes de Migraine (ICHD-3
prise en charge et par l’absentéisme qu’elles génè- bêta 1.0 Migraine)
rent. De plus, elles altèrent souvent la qualité
de vie des patients, perturbent les relations et Dans la population, quatre femmes et deux
les interactions avec l’entourage familial, social hommes sur 10 vont souffrir de migraine au
et professionnel. Une prise en charge précoce, cours de leur existence [2]. Dans l’étude sur
adéquate et individualisée est primordiale pour les dépenses mondiales de morbidité («Global
un bon pronostic et pour éviter une évolution en Burden of Disease Study ») mise à jour en 2013,
céphalées chroniques réfractaires aux traitements. la migraine occupe la 3e position des affections
La prise en charge commence par une anamnèse les plus répandues au monde et la 1re place
sémiologique destinée à caractériser les céphalées des atteintes neurologiques. Elle représente la
sur la base des critères diagnostiques validés par 6e cause d’invalidité dans le monde. Les coûts
les experts internationaux publiés dans la classifi- engendrés par la migraine dépassent largement
cation ICHD-3 bêta (International Classification les dépenses occasionnées par l’ensemble des
of Headache Disorders, 3e édition, version bêta) en autres maladies neurologiques, y compris les acci-
2013 [1]. Il importe également : dents vasculaires cérébraux, la sclérose en plaques
afin d’éviter l’apparition de céphalées par sur- de l’ergot. Ils sont administrés en spray nasal (une
consommation de médicaments. Inducteurs de nébulisation de 0,5 mg dans chaque narine, à
céphalées iatrogènes, les opioïdes, peu efficaces, répéter après 15 min, maximum 2 mg/j) ou en
ne devraient jamais être administrés lors de crise intraveineux (0,5 à 1 mg, à répéter après 1 h, max
migraineuse. 3 mg/j).
Les agents thérapeutiques spécifiques de la crise
migraineuse sont les triptans (tableau 6.3) [2–4].
Bien que l’injection sous-cutanée de sumatriptan Quelle attitude en cas d’échec
(6 mg) soit la plus efficace, les patients préfèrent de traitement aux triptans ?
généralement les formes orales aux injections
L’absence de réponse à une première prise de trip-
ou aux sprays. La comparaison entre les formes
tans ne doit pas être nécessairement considérée
orales des différents triptans ne montre pas de
comme un échec. Il est en effet recommandé de
différence importante, en dehors du frovatriptan,
tester le même triptan au moins trois fois de suite
qui s’avère moins efficace, mais de plus longue
avant de conclure à son inefficacité.
durée d’action. Les triptans agissent généralement
En cas d’échec de traitement, il existe plusieurs
en 20 à 60 min. La prise peut être répétée 2 à 4 h
options : augmenter la dose, changer de formu-
plus tard. On peut les combiner avec des AINS ou
lation, associer un traitement adjuvant (par exem-
des antiémétiques. Leur prescription est contre-
ple, les AINS, max. 15 doses/mois), instaurer un
indiquée chez les patients vasculaires, coronariens,
traitement de fond. Il importe de rechercher des
hypertendus chroniques mal contrôlés ou présen-
céphalées tensionnelles, de répéter l’anamnèse à la
tant des antécédents d’AVC.
recherche de substances provoquant des céphalées
L’effet des dérivés de l’ergot est moins spé-
(médicaments, café, antalgiques, etc.).
cifique que celui les triptans dans le traitement
de la crise migraineuse. Responsables d’effets
secondaires plus importants, ils sont actuelle- Traitement de fond
ment moins utilisés. Certains patients les trouvent
néanmoins plus efficaces que les triptans. Les Le traitement de fond a pour but de diminuer la
maladies vasculaires, l’hypertension, l’insuffisance fréquence, la durée et la sévérité des crises migrai-
rénale, l’insuffisance hépatique et la grossesse sont neuses, de potentialiser la réponse au traitement
des contre-indications à la prescription des dérivés des crises [4]. Il permet de limiter la souffrance,
Tableau 6.4. Signaux d’alarme (« red flags ») Tableau 6.5. Critères diagnostiques de la céphalée
pour les céphalées secondaires. de tension épisodique fréquente (ICDH-3 bêta : 2.2)
Âge < 5 ans et > 50 ans A. Au moins 10 épisodes de céphalées survenant de 1 à 14 jours
par mois en moyenne, sur une durée > 3 mois (≥ 12 et < 180
Céphalée nouvelle ou décrite comme « la pire douleur jamais
jours/an) et remplissant les critères B-D
ressentie »
B. Céphalée se prolongeant de 30 min à 7 jours
Existence d’une néoplasie sous-jacente, d’une hypertension
artérielle, d’un VIH, d’une maladie de système, d’un traitement C. Céphalée possédant au moins deux sur quatre caractéristiques
immunosuppresseur suivantes :
1. localisation bilatérale
Céphalée récente et d’installation rapidement progressive
2. qualité sous forme de pression ou de serrement
Céphalée récente et d’installation brusque (non pulsatile)
Céphalée inhabituelle chez un patient connu pour céphalées 3. intensité légère ou modérée
4. absence d’aggravation lors des activités physiques
Présence de signes neurologiques de routine
Céphalée d’effort, provoquée par une manœuvre de Valsalva, D. Les deux critères suivants :
des rapports sexuels 1. absence de nausées et de vomissements
Présence de signes généraux (fièvre, vitesse de sédimentation 2. un seul des deux signes suivants : photophobie
augmentée) ou phonophobie
Céphalée secondaire à un accouchement, un traumatisme E. Non attribuable à une autre affection définie par l’ICHD-3
crânien, une ponction durale
Céphalée avec syncope ou crise d’épilepsie
riches en tyramines (chocolat, fromage) ou encore Afin d’optimiser la prise en charge et d’évaluer
la consommation d’alcool, d’aspartame ou de l’efficacité des traitements médicamenteux et non
nitrites peuvent entraîner des céphalées. Chez cer- médicamenteux, on recommande aux patients
tains patients, l’élimination du gluten (même en de tenir un agenda des crises, indiquant avec
l’absence de maladie cœliaque) peut contribuer précision les dates et heures, l’intensité et la
à diminuer la fréquence et la sévérité des crises. durée de la douleur, les facteurs déclenchants, les
Une grande consommation de caféine, connue médicaments et les moyens non médicamenteux
pour son effet analgésique comparable à celui utilisés pendant et hors des crises.
des opiacés, peut provoquer une tolérance et une
dépendance. Le sevrage de caféine peut aggraver
des céphalées. Encourager le patient à tenir un Céphalées
agenda de son alimentation afin d’identifier les trigémino-autonomiques
aliments induisant les céphalées s’avère très utile. (ICHD-3 bêta : 3.0 Céphalées
Le déficit en magnésium semble contribuer à trigémino-autonomiques)
l’apparition de céphalées. Le dosage du magné-
sium sérique est un faible reflet des réserves
Les céphalées trigémino-autonomiques (CTA)
de magnésium dans le cerveau. La présence de
sont des céphalées primaires responsables de
symptômes (contractions musculaires, crampes au
crises unilatérales sévères, décrites parfois comme
niveau des pieds et des mollets, fatigue, extrémités
atroces. Elles résultent de l’activation simultanée
froides, intolérance au froid, insomnie, palpita-
des voies nociceptives trigéminovasculaires et du
tions, syndrome prémenstruel) est le meilleur
système nerveux autonome intracrânien.
témoin d’un éventuel déficit en magnésium.
Les CTA sont prioritairement localisées dans
L’administration de 400 mg/j de magnésium
la région périorbitaire (dans le territoire V1).
pendant 1 mois est considérée comme poten-
Elles sont associées à des signes dysautonomiques
tiellement bénéfique.
latéralisés, ipsilatéraux à la céphalée. Elles sont
Les déficits en cofacteurs mitochondriaux, la
classées en fonction de leur fréquence et de leur
coenzyme Q10 et la vitamine B2 (riboflavine) ont
durée. La distinction des différents types de CTA
un effet délétère dans le cadre des céphalées. Une
est importante, car les traitements diffèrent.
substitution en coenzyme Q10 (100 mg 3 x/j
Font partie des CTA l’algie vasculaire de la face,
pendant 1 mois) et en riboflavine (400 mg/j pen-
l’hémicrânie paroxystique, les céphalées névralgi-
dant 3 mois) est efficace pour diminuer l’intensité
formes unilatérales de courte durée (« SUNHA-
et la fréquence des céphalées. Insomnie et dys-
Short-lasting unilateral neuralgiform headache
pepsie font partie des effets secondaires.
attacks ») et l’hémicrânie continue. L’hémicrânie
Certaines plantes telles que la pétasite (Petasites
continue, initialement classée dans le chapitre
hypridus) et la grande camomille (Tanacetum
ICHD-2 des autres céphalées primaires, vient
parthenium) se sont révélées efficaces dans la pré-
d’être intégrée dans le groupe des CTA [1].
vention des migraines. Ainsi, une étude récente
conclut que l’administration d’extrait de pétasite
officinale (75 mg 2 x/j) réduit de 48 % le nombre Critères diagnostiques
de crises de migraine chez les patients qui subis-
saient au moins deux à six crises par mois. Ce Les critères diagnostiques de l’algie vasculaire de la
traitement a obtenu un niveau d’efficacité A dans face se trouvent dans le tableau 6.6. Il s’agit de
les récentes recommandations pour la prévention la CTA la plus fréquente. Sa prévalence est 1/1
des migraines. La grande camomille est générale- 000 avec une nette prépondérance masculine
ment administrée sous forme de capsules dans la (3-4 hommes : 1 femme). Le début des crises
prévention des migraines. D’autres formulations se situe entre 20-40 ans. Les crises apparaissent
existent, qui contiennent des concentrations dif- par périodes (semaines ou mois), séparées par
férentes de l’ingrédient actif (parthénolide). des intervalles de rémission de plusieurs mois
Tableau 6.6. Critères diagnostiques de l’algie vasculaire Tableau 6.7. Critères diagnostiques de l’hémicrânie
de la face (ICHD-3 bêta : 3.1). continue (ICHD-3 bêta : 3.4).
A. Au moins cinq crises remplissant les critères B-D A. Céphalée unilatérale remplissant les critères B-D
B. Douleur unilatérale, sévère ou très sévère, orbitaire, B. Présente depuis > 3 mois, avec des exacerbations d’intensité
supraorbitaire et/ou temporale, d’une durée de 15 à 180 minutes modérée ou sévère
en l’absence de traitement
C. Présence d’un ou des deux éléments suivants :
C. Présence d’un ou des deux éléments suivants : 1. La crise est associée à au moins un des symptômes
1. La crise est associée à au moins un des symptômes ou signes suivants du côté ipsilatéral à la céphalée :
ou signes suivants du côté de la céphalée : a) injection conjonctivale et/ou larmoiement
a) injection conjonctivale et/ou larmoiement b) congestion nasale et/ou rhinorrhée
b) congestion nasale et/ou rhinorrhée c) œdème de la paupière
c) œdème de la paupière d) sudation du front et de la face
d) sudation du front et de la face e) rougeur du front et de la face
e) rougeur du front et de la face f) sensation de la plénitude dans l’oreille
f) sensation de la plénitude dans l’oreille g) myosis et/ou ptosis
g) myosis et/ou ptosis 2. Impatience ou agitation motrice, ou aggravation de la
2. Impatience ou agitation motrice douleur par les mouvements
D. Fréquence de une à huit crises/jour D. Réponse complète aux doses thérapeutiques d’indométacine
E. Non attribuable à une autre affection définie par l’ICHD-3 E. Non attribuable à une autre affection définie par l’ICHD-3
à années. Les algies vasculaires de la face sont derrière l’oreille. Certains symptômes migraineux
caractérisées par une rythmicité circadienne et comme la photo- et la phonophobie sont pré-
circannuelle. La forme chronique, qui se carac- sents, mais seulement du côté de la douleur et des
térise par l’absence de période de rémission, est signes dysautonomiques.
plus rare, ne touchant que 10-15 % des patients ; Les hémicrânies paroxystiques représentent
25 % des patients présentent une crise unique. La environ 3 à 6 % des CTA. Leur prévalence est esti-
douleur est localisée dans les régions périorbitaire mée à 1/50 000 avec une légère prédominance
(92 %), supraorbitaire et temporale (70 %) ou féminine. Elles apparaissent vers l’âge moyen de
touche plusieurs de ces territoires. L’intensité des 40 ans. Les crises sont plus courtes que dans les
douleurs est qualifiée « d’atroce ». Il s’agit en effet algies vasculaires de la face, mais elles sont plus
des céphalées primaires les plus douloureuses. Le fréquentes (> 5 x/j). Les symptômes dysautono-
comportement des patients pendant les crises per- miques associés sont moins sévères (tableau 6.8).
met de distinguer l’algie vasculaire de la migraine :
les patients sont très agités et incapables de rester
couchés tranquillement. Les facteurs déclenchants Traitement
sont l’alcool, l’histamine, la nitroglycérine, une
odeur désagréable ou la sieste [3]. Comme les CTA sont très intenses, leur traite-
Les hémicrânies continues, plus rares que les ment doit être rapide et efficace [2]. Il comprend
algies vasculaires, se manifestent également entre le traitement de la crise, un traitement de fond
20 à 40 ans, mais touchent plus fréquemment les et, dans le cas d’algies vasculaires de la face, un
femmes (3 F :1 H). Les crises sont plus courtes traitement de transition [2]. Le traitement aigu
(tableau 6.7), mais plus fréquentes. Les symp- vise à soulager le patient en moins de 15 min
tômes dysautonomiques sont moins sévères que et à obtenir une rémission rapide au moyen des
dans les algies vasculaires de la face. La douleur traitements de fond et de transition. Le traitement
est sévère, « atroce », décrite comme un « coup de transition est prolongé jusqu’à ce que le trai-
de poignard ». Contrairement à la pathologie tement de fond devienne efficace, ce qui nécessite
précédente, le patient préfère rester immobile. parfois plusieurs semaines de titration progressive.
La douleur maximale se situe dans la région Dans les algies vasculaires de la face, le traite-
oculotemporale, au niveau du front, au-dessus et ment oral est déconseillé parce que trop lent. Sont
Cette situation peut apparaître lorsqu’une Toute céphalée chronique doit faire l’objet
migraine épisodique évolue en migraine chronique d’une recherche systématique de surconsomma-
(2,5 %/an). Certains médicaments utilisés dans le tion médicamenteuse, au moyen d’un agenda des
traitement des crises migraineuses (opioïdes et céphalées établi par le patient.
analgésiques contenant les dérivés barbituriques)
peuvent augmenter le risque de chronicisation
d’une migraine épisodique. La recrudescence des Traitement
céphalées provoquées par la surconsommation
de médicaments incite le patient à consommer Le traitement a pour but un sevrage complet
encore plus de médicaments, ce qui crée un cer- du médicament incriminé, et par conséquent,
cle vicieux. En principe, toute substance utilisée la diminution de la fréquence et de la sévérité
dans le traitement des céphalées peut induire des des céphalées ainsi que le retour à des céphalées
céphalées par surconsommation. Le sevrage de la épisodiques. Le sevrage médicamenteux améliore
substance incriminée est associé à une diminution également la réponse aux traitements de crise et
de la fréquence et de l’intensité des céphalées. Les de fond. Après la phase aiguë de sevrage, l’objectif
rechutes dans la première année après le sevrage à long terme consiste à empêcher une rechute.
sont fréquentes (environ 40 %), d’où importance La prise en charge globale associe des approches
d’un suivi régulier. Certains facteurs sont de non pharmacologiques à un traitement de fond,
mauvais pronostic : consommation d’opioïdes, au sevrage du médicament surutilisé et à l’intro-
de substances psychoactives non antalgiques duction d’un autre traitement.
(tabac, alcool, benzodiazépines) et troubles du Les approches non pharmacologiques comp
sommeil. Les opioïdes et les dérivés barbituriques rennent l’éducation thérapeutique, la gestion et
altèrent les voies de signalisation nociceptive res- l’adaptation du mode de vie, ainsi que l’évite-
ponsables de céphalées continues qui ne cèdent ment des facteurs provoquant la céphalée. Les
pas à un sevrage médicamenteux. approches cognitivocomportementales, les tech-
Les céphalées par surconsommation de médica- niques de relaxation, la gestion du stress et le
ments sont définies par la présence de céphalées rétrocontrôle biologique sont particulièrement
au moins 15 jours par mois chez un sujet souf- efficaces. Les troubles du sommeil provoquent
frant de céphalées consommant régulièrement un ou exacerbent les céphalées, incitent parfois les
ou plusieurs traitements symptomatiques depuis 3 patients à l’automédication (benzodiazépines ou
mois consécutifs. La surutilisation est définie par hypnotiques). Il est donc important d’investiguer
le nombre de jours par mois durant lesquels il y la qualité du sommeil et d’enseigner une bonne
a consommation d’un traitement de crise, quelle hygiène de sommeil. En présence d’une authen-
que soit sa quantité journalière. Le nombre de tique dépendance (par exemple aux opioïdes), un
jours définis varie en fonction des différentes avis spécialisé en addictologie s’avérera utile.
classes de médicaments : Plusieurs traitements de fond sont efficaces
• 10 jours par mois pour les opioïdes, les dérivés dans le traitement de la migraine épisodique.
de l’ergot, les triptans ou les formulations Cependant, peu d’études ont démontré l’effica-
combinées d’antalgiques (c’est-à-dire les médi- cité des traitements de fond dans les migraines
caments associant plusieurs principes actifs) ; chroniques et les céphalées par surconsommation
• 15 jours par mois pour les antalgiques simples de médicaments, sauf pour le topiramate et la
(paracétamol, acide acétylsalicylique, AINS) ; toxine botulinique de type A. L’efficacité d’un
• 10 jours par mois pour toute combinaison de traitement de fond médicamenteux est déterminée
dérivés de l’ergot, de triptans, d’antalgiques après 2 à 3 mois de prescription thérapeutique. La
simples ou d’opioïdes, même si l’identité ou la toxine botulinique de type A est administrée sous
quantité de la substance ne peut pas être établie forme d’injections intramusculaires (5 unités)
de manière fiable [1]. dans 31 sites céphaliques et cervicaux toutes les
12 semaines. L’efficacité est évaluée après 2 ou forme bénigne de céphalées 2 mois après le
3 cycles de traitement. Pour plus d’informations, sevrage parlent pour une migraine chronique.
il est conseillé de consulter l’étude multicen-
trique PREEMPT (phase III,Research Evaluating
Migriane Prophylaxis Therapy) [6]. Céphalée cervicogénique
Les données actuelles sont insuffisantes pour (ICHD-3 bêta : 11.2.1
recommander un protocole de sevrage particulier, Céphalée cervicogénique)
qu’il soit lent ou rapide [2]. Un sevrage lent
(en 4 à 6 semaines) s’effectue en ambulatoire et
La céphalée cervicogénique est une céphalée
comporte les étapes suivantes :
secondaire provoquée par une pathologie de la
• introduction du traitement de fond (4 à 6
colonne cervicale au niveau de ses composantes
semaines) ;
osseuses, des disques intervertébraux ou du tissu
• détermination de la date d’arrêt de la substance
mou [7]. Elle peut être associée ou non à un
surutilisée, généralement après 4 semaines, date à
traumatisme crânien ou cervical. Il s’agit d’une
laquelle ce traitement ne devrait plus être utilisé ;
douleur référée dans une ou plusieurs parties
• proposition de traitement de crise spécifique
de la tête ou du visage par la stimulation des
pour les céphalées sévères à utiliser au maxi-
racines cervicales C1-C3 qui activent le noyau
mum 2 jours par semaine ;
caudal du trijumeau situé dans le segment supé-
• éducation thérapeutique, soutien psycholo-
rieur de la partie cervicale de la moelle épinière.
gique et choix d’une approche non pharmaco-
Dans ce contexte, toute structure innervée par
logique [2].
les nerfs spinaux C1-C3 peut être à l’origine
Le nouveau traitement devrait être choisi dans
d’une céphalée cervicogénique. La prévalence de
une autre classe thérapeutique et le patient ins-
la céphalée cervicogénique varie de 0,4 % à 2,5 %
truit de l’utilisation optimale de ce nouveau
dans la population générale, de 15 à 20 % chez les
médicament. Contrairement aux céphalées peu
patients souffrant de céphalées chroniques. Elle
fréquentes où le traitement doit être pris dès les
est plus fréquente chez les femmes (4 F : 1H).
premiers symptômes, les céphalées chroniques
Le début de la présentation se situe autour de la
légères doivent être abordées essentiellement par
quarantaine. Certains patients sont plus à risque
des méthodes non pharmacologiques : relaxa-
de développer une céphalée cervicogénique : les
tion, repos en chambre sombre, massages et
patients atteints d’anomalies congénitales de la
compresses froides sur les aires douloureuses.
jonction craniovertébrale et de la colonne supé-
L’utilisation médicamenteuse devrait être limitée
rieure, de tumeurs primaires ou secondaires de la
à 2 jours maximum par semaine.
région atlanto-occipitale, de la maladie de Paget,
La procédure de sevrage rapide effectuée en
d’ostéomyélite, de myélome multiple, de polyar-
ambulatoire ou en milieu hospitalier consiste
thrite rhumatoïde, de spondylarthrite ankylosante
à interrompre l’administration du médicament
du rachis cervical, de tendinite rétropharyngée, de
incriminé en une journée, à introduire un trai-
dystonies cervicales ou présentant des antécédents
tement de transition (AINS, stéroïdes, triptans,
de traumatisme ou d’entorse cervicale, avec éti-
dérivés ergotés) et un traitement de fond le même
rement des structures musculoligamentaires (par
jour. Cette manière de faire est particulièrement
exemple lors d’une accélération suivie d’une décé-
appropriée lorsque le patient présente d’impor-
lération brusque de la tête ou « coup du lapin »).
tantes comorbidités médicales et psychiatriques,
que les doses du médicament en cause sont
élevées ou que le patient ne bénéficie d’aucun Critères diagnostiques
soutien familial.
La disparition des céphalées confirme le diag- La céphalée cervicogénique est une douleur uni-
nostic. La réapparition et la persistance d’une latérale ressentie dans la nuque et dans la région
occipitale. Elle peut irradier vers les régions fron- cervicogénique est toujours unilatérale et ne
tale, orbitaire, temporale, jusqu’au vertex. Elle a change pas de côté (« side-locked pain ») [1]. La
un caractère non pulsatile et continu, d’intensité pression des doigts sur les muscles de la nuque
modérée, déclenchée ou exacerbée par les mou- ou lors des mouvements de la tête provoque une
vements ou une posture vicieuse persistante de douleur typique, irradiant dans l’axe postéroanté-
la nuque. Elle ne présente aucune des caractéris- rieur. Elle est parfois associée à une gêne dans le
tiques des douleurs et atteintes radiculaires. bras ipsilatéral.
L’examen clinique met en évidence une sensibi- Bien que de valeur limitée, l’imagerie diagnos-
lité augmentée, des spasmes musculaires cervicaux tique (IRM, CT-scan) peut néanmoins être utile
et paraspinaux, une posture cervicale anormale au diagnostic d’éventuelles causes secondaires
ou des mouvements passifs limités de la nuque. nécessitant un traitement chirurgical ou autre :
À la palpation, on note une hypertrophie ou une tumeurs de la fosse postérieure, malformations
contracture des muscles de la nuque. En l’absence d’Arnold-Chiari, spondylose cervicale, hernie du
de trouble dégénératif de la colonne cervicale, disque intervertébral avec compression des nerfs
une douleur myofasciale isolée correspond à une spinaux, dissection vertébrale et tumeurs intra- et
céphalée de tension. La présence de troubles extramédullaires.
dégénératifs isolés de la colonne cervicale n’est
pas un argument suffisant pour poser le diagnostic
de céphalée cervicogénique. Traitement
Pour répondre aux critères diagnostiques
Les traitements médicamenteux seuls sont limi-
d’ICHD-3, l’apparition de la céphalée a un lien
tés, une approche multidimensionnelle est néces-
temporel avec l’atteinte de la colonne cervicale.
saire [7].
Elle s’améliore ou disparaît après l’améliora-
Le traitement médicamenteux comprend des
tion ou la résolution de la pathologie primaire
antidépresseurs tricycliques, des antiépileptiques
(tableau 6.9) [1]. Le bloc anesthésique de C2 ou
et des antalgiques simples, avec en appoint des
du grand nerf occipital dissipe la céphalée.
relaxants musculaires à activité centrale de type
La céphalée cervicogénique est difficile à dis-
tizanidine et baclofène. Le traitement médica-
tinguer de la céphalée de tension en raison de
menteux améliore la compliance du patient à des
nombreux points communs. Contrairement à la
thérapies physiques. Les traitements médicamen-
céphalée de tension et à la migraine, la céphalée
teux sont généralement prescrits à faibles doses,
et augmentés progressivement pour atteindre la
Tableau 6.9. Critères diagnostiques de la céphalée dose thérapeutique tolérée.
cervicogénique (ICHD-3 bêta : 11.2.1)
A. Céphalée remplissant le critère C
B. Évidence clinique, biologique ou radiologique d’un trouble ou Névralgie du trijumeau
d’une lésion de la colonne cervicale ou des tissus mous du cou, (ICHD-3 bêta : 13.1
reconnus ou généralement acceptés comme cause de céphalée
Névralgie du trijumeau)
C. Preuve d’un lien de causalité démontrée par au moins deux
des quatre éléments suivants :
1. la céphalée s’est développée en relation temporelle au La névralgie du trijumeau est la plus fréquente et
début du trouble ou de la lésion de la colonne cervicale la plus douloureuse des névralgies crâniennes [2].
2. amélioration ou disparition de la céphalée avec Sa prévalence se situe entre 5 et 29/100 000 per-
amélioration ou résolution du trouble ou de la lésion
de la colonne cervicale
sonnes/an, son incidence annuelle entre 4 et
3. limitation des mouvements de la nuque et augmentation 5/100 000. Cette pathologie est définie par une
de la céphalée par des manœuvres provocatrices douleur intense de type lancinante dans le terri-
4. disparition de la céphalée après un bloc diagnostique toire sensitif du nerf trijumeau. Cette pathologie
au niveau d’une structure cervicale ou de son nerf sensitif
touche typiquement les sujets au-delà de 50 ans
D. Non attribuable à une autre affection définie par l’ICHD-3. et les femmes plus fréquemment que les hommes
(1,70 F : 1 H). La forme classique est souvent La douleur typique dure une fraction de
liée à la compression neurovasculaire de la racine seconde, mais peut aller jusqu’à 2 minutes.
du nerf trijumeau près de l’entrée de sa partie La fréquence des crises varie de 1 à 50 par jour. La
dorsale par l’artère cérébelleuse supérieure. Les douleur aiguë peut être associée à une douleur
formes secondaires (environ 15 %), actuellement faciale de fond persistante et d’intensité modérée,
désignées dans la classification ICHD-3 bêta sous signe de sensibilisation centrale. Les paroxysmes
le nom de neuropathies trigéminales douloureuses, douloureux peuvent survenir spontanément ou
sont associées à différentes pathologies : sclérose en être déclenchés à partir de points gâchettes qui ne
plaques, infection herpétique, trauma ou processus coïncident pas nécessairement avec la localisation
expansif intracrâniens (tumeurs ou anévrismes). de la douleur. Ces zones gâchettes se situent le
Tous les patients souffrant d’une névralgie du plus souvent dans la partie centrale de la face,
trijumeau devraient bénéficier d’une IRM et d’une autour du nez et la bouche (plis nasolabiaux).
angio-IRM au gadolinium avec des coupes fines La douleur peut être déclenchée par un stimulus
sur le trajet du nerf trijumeau. mécanique dans le territoire du nerf trijumeau
(toucher léger, souffle d’air), par des mouvements
de la face (sourire, parler, manger), par un stimu-
Critères diagnostiques lus tactile (rasage, maquillage).
À l’examen clinique, les sensibilités tactile
Les critères diagnostiques minimaux pour une et algique sont préservées. La présence d’une
névralgie du trijumeau incluent la localisation de hypoesthésie et d’une hypoanalgésie indique une
la douleur exclusivement dans le territoire d’une atteinte axonale qui nécessite des investigations
ou plusieurs divisions du nerf trijumeau, ainsi pour exclure une cause secondaire. L’intensité et
que le caractère paroxystique de la douleur. Le la présentation de la douleur font que le patient
tiers postérieur du scalp, l’oreille et l’angle de la se souvient exactement de la date de la première
mandibule ne sont pas innervés par le trijumeau, crise.
mais par les nerfs cervicaux [8]. Une douleur
dans ces territoires exclut donc le diagnostic de
névralgie du trijumeau. Même si la névralgie de la Traitements
division ophtalmique est la plus rare (< 5 %), il
n’y a pas d’évidence claire qu’elle est associée Le traitement de première ligne (niveau A) est
à une pathologie sous-jacente. En revanche, il sans conteste la carbamazépine [9]. Des doses
importe de la distinguer des autres types de faibles de 100 mg 2 x/jour suffisent initialement.
céphalées primaires (hémicrânies paroxystiques, Ce traitement peut être augmenté jusqu’à 1
par exemple). La névralgie du trijumeau secon- 200 mg/j. Les effets secondaires, neutropénie et
daire, bilatérale, touche des personnes jeunes. hyponatrémie, requièrent des contrôles sanguins
Elle est associée à des troubles sensitifs alors que réguliers.
les signes dysautonomiques francs de la face sont En cas d’échec ou de traitement insuffisant,
absents. il est possible d’introduire l’oxcarbazépine avec
La douleur de la névralgie du trijumeau est moins d’effets secondaires (600-1 800 mg/j)
de type paroxystique avec un début et une fin (niveau B), la lamotrigine, le baclofène, la gaba-
brusques [8]. Le paroxysme typique est une dou- pentine et la phénytoïne (niveau C) [9].
leur brève, sous forme de lancée ou de choc élec- En cas d’échec des traitements médicamen-
trique d’intensité très forte. La douleur intense teux (contrôle insuffisant de la douleur, effets
provoque une contraction ipsilatérale de la face, secondaires intolérables), la neurochirurgie par
appelée « tic douloureux ». Le paroxysme est suivi abord direct ou par voie percutanée peut s’avé-
d’une période réfractaire de plusieurs secondes à rer utile [10]. La décompression microvasculaire
minutes durant laquelle une nouvelle douleur ne (opération de Jannetta) est une procédure neuro-
peut être déclenchée. chirurgicale effectuée sous anesthésie générale :
on accède au nerf trijumeau par une petite cranio- Finalement, les résultats cliniques obtenus dans
tomie et on place un petit fragment de Dacron® des études préliminaires de stimulation électrique
ou de Téflon® entre le nerf et le vaisseau compres- cérébrale profonde sont prometteurs.
sif. Cette procédure a pour but de préserver la
fonction du nerf trijumeau. Les taux de réussite
sont élevés, les complications très faibles, mais
le taux de récidive d’environ 20 % à 5 ans. Cette
Névralgie occipitale
méthode est proposée aux patients sans comor- (ICHD-3 bêta : 13.4
bidités importantes chez qui on a démontré un Névralgie occipitale)
conflit vasculaire.
Les approches percutanées (thermocoagulation La névralgie occipitale est une douleur qui prend
sélective du ganglion de Gasser par radiofré- naissance dans la région de la nuque, suit le trajet
quence, compression par ballonnet et rhizolyse au d’un des trois nerfs suivants : nerf grand occipital
glycérol), consistant à introduire une canule par (racine du C2), nerf petit occipital (racines du
le foramen ovale pour provoquer une lésion du C2-C3), 3e nerf occipital (racine du C3), pour
ganglion ou de la racine du nerf trijumeau, sont irradier finalement vers le vertex, et parfois jusque
moins invasives. Elles ne nécessitent pas d’ouver- dans la région frontoorbitaire [2]. La douleur est
ture du crâne et sont réalisées en ambulatoire sous paroxystique, unilatérale dans 85 % des cas, de
anesthésie de courte durée. type décharge électrique ou coup de poignard, et
La thermocoagulation permet d’effectuer des dure de quelques secondes à quelques minutes.
lésions du nerf par radiofréquence à durée et Elle peut aussi être constante, avec des élance-
température contrôlées : 60-70°C pendant 60 ments sur fond de brûlure. Certains mouvements
secondes. L’objectif est atteint lorsqu’on obtient de la tête et de la nuque, des stimuli inoffensifs
une analgésie à la piqûre sans perte complète de (exposition au froid ou brossage de cheveux)
la sensibilité au toucher et sans altération de la peuvent déclencher la douleur. Celle-ci peut éga-
sensibilité cornéenne. L’efficacité immédiate est lement diffuser dans les territoires adjacents aux
d’environ 94 %, de 60 % à long terme. Les effets nerfs impliqués. À l’examen clinique, on retrouve,
secondaires incluent une hypoesthésie faciale, un dans 50 % des cas, une dysesthésie ou une allody-
déficit masticateur, une kératite, des dysesthésies nie dans le même territoire nerveux, ou encore
et une anesthésie douloureuse. une hyperpathie du cuir chevelu décrite par les
La compression par ballonnet produit une patients comme un « mal aux cheveux ». Une
lésion mécanique au moyen d’un cathéter et contracture musculaire ou une diminution de
d’un ballon gonflable. Le soulagement est immé- l’amplitude des mouvements de la nuque peuvent
diat dans 96 % des cas et se maintient à long être également associées.
terme dans 67 % des cas. Hypoesthésie faciale et Il s’agit d’une pathologie rare dont l’incidence
parésie masticatrice sont les effets secondaires les et la prévalence sont inconnues par manque de
plus fréquents. consensus à propos des critères diagnostiques. En
La rhizolyse au glycérol consiste à provoquer effet, le diagnostic est fréquemment attribué à tort
une lésion chimique du nerf trijumeau par injec- à toutes sortes de douleurs dans la région occipi-
tion de glycérol anhydre. tale. L’étiologie est la plus souvent idiopathique.
Le traitement de radiochirurgie stéréotaxique Les causes secondaires incluent un traumatisme
par rayons gamma (Gamma Knife) dirigés sur le impliquant l’un des trois premiers nerfs cervicaux,
ganglion de Gasser est une technique non invasive leur compression ou la compression de leur racine
pratiquée sous anesthésie locale qui nécessite la par les processus dégénératifs ou les discopa-
mise en place d’un cadre de stéréotaxie. Le délai thies cervicales, une tumeur affectant les racines
d’action de quelques mois constitue un sérieux nerveuses C2 et C3. D’autres causes doivent être
inconvénient de la technique. La récidive à 5 ans recherchées : infections, inflammations locales,
est d’environ 40 %. goutte, diabète et vasculites.
Références
Traitement
1. Headache Classification Committee of the Inter-
Un traitement conservateur par application de national Headache S. The International Classification
chaleur locale, massages et physiothérapie (pour of Headache Disorders, 3rd edition (beta version).
Cephalalgia: an international journal of headache
améliorer la posture et reprendre une activité 2013;33:629–808.
précoce dans les cas post-traumatiques) permet 2. Headache. Continuum : Lifelong Learning in Neuro-
de diminuer la douleur et les spasmes musculaires. logy 2015;21:939–1249.
Les traitements médicamenteux comprennent 3. Headache. Continuum : Lifelong Learning in Neuro-
les AINS, les relaxants musculaires, les antiépi- logy 2012;18:741–988.
leptiques (carbamazépine, gabapentine, phény- 4. Lanteri-Minet MVD, Géraud G, Lucas C, Donnet A.
Société française d’études des migraines et des cépha-
toïne, acide valproïque) ou les antidépresseurs lées. Prise en charge diagnostique et thérapeutique de
tricycliques [2]. Les infiltrations au niveau du la migraine chez l’adulte et chez l’enfant. Rev Neurol
nerf occipital constituent le traitement de choix, (Paris) 2013;169:14–29.
à condition qu’il soit effectué par des spécialistes 5. Lantéri-Minet MDG, Alchaar H, Bonnin J, Cornet
entraînés. Pratiquée dans un but diagnostique puis P, Douay X, Dousset V. Démarche diagnostique
générale devant une céphalée chronique quoti-
dienne (CCQ) – Prise en charge d’une CCQ chez
le migraineux: céphalée par abus médicamenteux
Tableau 6.10. Critères diagnostiques de la névralgie et migraine chronique / Recommandation de la
occipitale (ICHD-3 bêta : 13.4) SFEMC. ANLLF et SFETD. Revue Neurologique
2014;170:162–76.
A. Douleur unilatérale ou bilatérale remplissant les critères B-E
6. Diener HC, Dodick DW, Aurora SK, et al. Onabo-
B. La douleur est localisée dans la zone distribution des nerfs tulinumtoxinA for treatment of chronic migraine:
grand occipital, petit occipital et/ou du 3e nerf occipital results from the double-blind, randomized, pla-
C. La douleur présente deux des trois caractéristiques suivantes : cebo-controlled phase of the PREEMPT 2 trial.
1. survenue au cours des crises paroxystiques qui durent Cephalalgia: an international journal of headache
de quelques secondes à minutes 2010;30:804–14.
2. intensité sévère 7. Biondi DM. Cervicogenic headache: a review of
3. qualité lancinante, en coup de poignard diagnostic and treatment strategies. The Journal
D. La douleur est associée aux deux éléments suivants : of the American Osteopathic Association 2005;105:
1. dysesthésies et/ou allodynie apparente au cours d’une 16S–22S.
stimulation inoffensive du cuir chevelu et/ou des cheveux 8. Cruccu G, Finnerup NB, Jensen TS, et al. Trigeminal
2. un ou deux des éléments suivants : neuralgia: New classification and diagnostic grading
a) sensibilité au niveau des branches nerveuses touchées for practice and research. Neurology 2016;87:220–8.
b) points de déclenchement à l’émergence du nerf grand 9. Cruccu G, Gronseth G, Alksne J, et al. AAN-EFNS
occipital ou dans la zone de la distribution de C2 guidelines on trigeminal neuralgia management.
E. La douleur est atténuée temporairement par un bloc European journal of neurology 2008;15:1013–28.
anesthésique local du nerf atteint 10. Sindou MKY, Simon E, Mertens P. Névralgie du
trijumeau et neurochirurgie. Neurologie: EMC
F. Non attribuable à une autre affection définie par l’ICHD-3
(Elsevier Masson SAS, Paris); 2012.
Chapitre 7
Les douleurs buccales chroniques
Carlos Madrid
Définition Épidémiologie
Souvent méconnu, le SBB est une affection rela-
Le terme « stomatodynie », issu du grec stoma
tivement fréquente, particulièrement chez les
(la bouche) et odyne (la douleur), recouvre dif-
femmes âgées. Sa prévalence dans la population
férentes entités pathologiques. Selon Marie E.
générale varie au gré des définitions et des critères
Zakrzewska, on distingue la stomatodynie idio-
diagnostiques entre 0,6 à 15 % (12 à 18 % chez
pathique ou syndrome de la bouche brûlante
les femmes ménopausées) [4]. Selon les études,
(Burning Mouth Syndrome), de la stomatodynie
le ratio femmes/hommes fluctue entre 3 à 20
secondaire, symptôme isolé d’une affection sous-
pour 1 [5,6]. Cette affection n’apparaît que très
jacente, qu’il s’agit d’identifier [1]. La figure 7.1
rarement en dessous de 30 ans, n’a jamais été
résume la démarche diagnostique permettant de
rapportée chez l’enfant ou l’adolescent [7].
discriminer ces entités.
exacerbées par l’ingestion d’aliments chauds, systémiques, sur des tests sanguins à la recherche
épicés ou acides et par le stress. Elles cessent à d’une carence martiale ou vitaminique et des
l’endormissement et ne réveillent pas les patients. cultures microbiennes. Le pronostic du SBB
Les symptômes primaires sont souvent asso- isolé est meilleur que celui de la stomatodynie
ciés à d’autres types de sensations : gonflement secondaire. Le tableau 7.1 précise les signes et
des tissus ou de la langue tout entière, rugo- symptômes cliniques du syndrome des brûlures
sité des muqueuses, présence d’un dépôt dentaire. buccales.
Ces perceptions sensorielles inhabituelles, sur
fond d’examen clinique normal, font trop souvent Physiopathologie
l’objet d’inutiles explorations ORL, dentaires ou
stomatologiques. Anciennement considéré comme une maladie
Les patients atteints de stomatodynie primaire psychogène, le SBB semble être lié à une atteinte
ont généralement un profil médical particulier. neuropathique des petites fibres de l’étage
L’anamnèse révèle de multiples investigations liées sous-épithélial de la muqueuse buccale et des
à la symptomatologie buccale, la présence conco- bourgeons gustatifs. Plusieurs études ont mis
mitante de céphalées chroniques, de douleurs au en évidence des interactions anormales entre
niveau de l’articulation temporomandibulaire, de les fonctions sensitives et sensorielles du nerf
vertiges, de troubles musculosquelettiques mal sys- facial et du nerf trijumeau [10]. Des altérations
tématisés, d’une fibromyalgie, d’un syndrome du histologiques ou immuno-histo-chimiques des
côlon irritable, de lésions dermatologiques (langue petites fibres ont été démontrées au niveau épi-
géographique ou glossite exfoliatrice marginée) ou thélial et sous-papillaire [11]. Des altérations
encore de troubles d’origine psychiatrique [9]. du système dopaminergique nigrostrié condui-
Le diagnostic repose essentiellement sur l’anam- sant à une diminution de la régulation centrale
nèse, sur l’exclusion de pathologies locales ou de la douleur semblent également associées au
BIBLIOTHEQUE DE LA RECHERCHE BIBLIOGRAPHIQUE SCIENCE MEDICALE
BIBLIOTHEQUE DE LA RECHERCHE BIBLIOGRAPHIQUE SCIENCE
Chapitre 7. Les douleurs MEDICALE
buccales chroniques 79
Traitement
Les stomatodynies
secondaires
Le traitement est inhérent à l’origine neuropa-
thique de l’affection. Dans les cas de douleurs de Les stomatodynies secondaires sont classées
faible intensité, des applications topiques ou des d’après leur origine : locale, référée et systémique.
doses faibles de médicaments systémiques sont Le tableau 7.2 résume les principales caractéris-
généralement suffisantes. tiques des stomatodynies secondaires.
BIBLIOTHEQUE DE LA RECHERCHE BIBLIOGRAPHIQUE SCIENCE MEDICALE
80 BIBLIOTHEQUE DE LA
Syndromes douloureux RECHERCHE BIBLIOGRAPHIQUE SCIENCE MEDICALE
chroniques
affecter les ATM au même titre que les autres objectifs suivants : rétablir la mandibule dans une
articulations. La symptomatologie, identique à position musculairement stable, qu’il s’agit de
celle de l’ostéoarthrite, se manifeste chez des pérenniser par une contention des mouvements
sujets généralement plus jeunes et déjà connus de subluxation, en particulier condylienne [23].
pour une arthrite rhumatismale [18]. Les attelles de libération et de repositionnement
antérieur permettent de mettre rapidement l’arti-
culation au repos. La gouttière de stabilisation est
Traitements une attelle de décharge, qui a pour but de lever
immédiatement les contraintes musculaires par
La prise en charge des douleurs de l’ATM dif-
l’interposition d’un dispositif empêchant l’occlu-
fère en fonction de leur présentation aiguë ou
sion dentaire totale. L’attelle de repositionnement
chronique.
antérieur, en revanche, permet de réduire la luxa-
Traitement aigu tion distale en plaçant la mandibule et la capsule
dans une position antérieure favorable. Elle n’est
Les manœuvres de forçage articulaire doivent être pas portée en permanence et fait l’objet d’un
proscrites lors d’épisodes aigus et douloureux de contrôle régulier [24].
luxation ou de subluxation. Le recours à l’anes- Les injections de toxine botulinique dans les
thésie générale peut être indiqué (manœuvre de muscles masticateurs, en particulier dans le mas-
Nélaton douloureuse, refus du patient). séter, donnent des résultats convaincants sur
Lorsque le mouvement articulaire est possible les douleurs dues aux dysfonctionnements de
bien que douloureux, plusieurs stratégies peuvent l’ATM [25].
être appliquées successivement ou simultanément. La chirurgie, quant à elle, n’occupe plus qu’une
L’infiltration extra-articulaire d’anesthésique place mineure dans le traitement des dysfonctions
local (1,8 ml d’articaïne adrénalinée 1/200 000) craniomandibulaires. Elle est réservée aux situa-
dans la partie haute de l’espace interptéry- tions post-traumatiques et aux formes sévères
goïdien a un effet immédiat sur la douleur et d’ostéoarthrite destructrice.
fournit une bonne myorésolution à distance de
l’infiltration [19]. Références
Une corticothérapie brève (1 à 1,5 mg/kg
1. Zakrewska JM, Forsell H, Glenny AM. Interven-
en prise unique le matin pendant 3 jours) pro-
tions for treatment of burning mouth syndrome.
cure des résultats rapides. Les injections intra- Cochrane Database of Systematic Review 2005; doi:
articulaires sont réservées aux formes sévères et 10.1002/14651858.CD002729.pub2. Issue I. Art.
évolutives d’ostéoarthrite. Leurs résultats restent No : CD002729.
controversés [20,21]. 2. Madrid C, Bouferrache K, Abarca M. Rares mais
Les myorelaxants permettent également de rebelles affections de la muqueuse buccale. Forum
Med Suisse 2013;13(25):499–504.
lever les contraintes musculaires à moyen terme. 3. Grinspan D, Fernandez Blanco G, Allevato MA,
La tizanidine (3 x 2 mg/j jusqu’à 3 x 4 mg/j) Stengel FM. Burning mouth syndrome. Int J Derma-
semble généralement mieux toléré que la tolpé- tol 1995;34:483–7.
risone, à l’inverse de ce qui est rapporté dans le 4. Aravindhan R, Vidyalakshmi S, Kumar MS, Satheesh
traitement de la spasticité des muscles longs [22]. C, Balasubramanium AM, Prasad VS. Burning mouth
syndrome: A review on its diagnostic and therapeutic
approach. J Pharm Bioall Sci 2014;6(Suppl S1):
Traitement chronique
21–5.
Le traitement des douleurs de l’ATM à moyen 5. Scala A, Checchi L, Montevecchi M, Marini I, Giam-
et long terme est mal codifié et dépend de la berardino MA. Update on burning mouth syndrome:
Overview and patient management. Crit Rev Oral
spécialité (stomatologie, chirurgie maxillofaciale,
Biol Med 2003;14:275–91.
occlusodontie). 6. Sun A, Wu KM, Wang YP, Lin HP, Chen HM,
Tous les spécialistes s’accordent sur le recours, Chiang CP. Burning mouth syndrome: A review and
même précoce, à la physiothérapie, avec les update. J Oral Pathol Med 2013;42:649–55.
Chapitre 8
Les douleurs lombaires
Christophe Perruchoud
Drapeaux jaunes (yellow flags) : sportive régulière, de préférence axée sur les
facteurs psychologiques sports d’endurance (vélo, natation, ski de
et comportementaux fond), permet de diminuer la fréquence de sur-
venue d’une récidive. Aucune autre technique
• état dépressif, anxiété, stress ; (ceinture ou support lombaire) n’a démontré
• fausses croyances concernant le mal de dos ; son efficacité.
• attentes excessives concernant les traitements ;
• attitude passive face à la maladie.
Prescription d’examens
Drapeaux noirs (black flags) : complémentaires
facteurs occupationnels
ou environnementaux Les examens complémentaires, notamment radio-
logiques, ne sont généralement pas indiqués dans
• insatisfaction au travail ; la phase aiguë et en l’absence de critères de gravité
• chômage ; (red flags). En effet, il est fréquent de trouver des
• conflits assécurologiques ; anomalies sur les examens IRM des patients ne
• faible soutien social dans l’environnement de présentant aucun symptôme douloureux. Une
travail ; étude a noté la présence d’une hernie discale chez
• arrêt de travail > 8 jours ; 36 %, une sténose canalaire chez 21 %, et des dis-
• mauvaise ergonomie au travail (posture inadé- copathies dégénératives avec ou sans prolapsus
quate, port de charges répété) ; discal chez plus de 90 % des personnes asympto-
• faible qualification professionnelle ; matiques âgées de 60 ans et plus [1].
• inadéquation entre travail et salaire. Les examens radiologiques doivent donc tou-
jours être prescrits en fonction des symptômes et
des signes cliniques [2]. Dans une autre revue,
Drapeaux bleus (blue flags) : l’incidence de canal lombaire étroit asymptoma-
en relation avec le patient tique dans une population âgée de 40 ans atteint
les 10 à 15 %. En outre, il n’existe aucune évidence
• âge ;
qu’un diagnostic anatomique précis améliore le
• sexe ;
devenir des patients chez qui on a correctement
• données anthropométriques ;
diagnostiqué une lombalgie chronique mécanique
• condition physique ;
ou aspécifique.
• tabagisme ;
• localisation de la douleur.
Les signes de douleurs non organiques (signes
de Waddel) et de kinésiophobie sont également Étiologies des lombalgies
recherchés lors de l’examen clinique du patient d’origine non mécanique
lombalgique.
• maladies rhumatismo-inflammatoires : spondy-
larthrites séronégatives (maladie de Bechterew) ;
Prévention • traumatismes ;
• infections : spondylodiscites, abcès épiduraux ;
• En prévention primaire, aucune intervention • tumeurs : métastases osseuses, plus rarement
n’a montré son efficacité pour diminuer la tumeurs osseuses primaires ;
fréquence de survenue d’un premier épisode de • maladies malformatives du rachis ;
lombalgie. • maladies viscérales : atteinte retropéritonéale et
• En prévention secondaire, soit après l’apparition urogénitale ;
d’un premier épisode de lombalgie, la pratique • maladies métaboliques.
les douleurs récidivent fréquemment quelques une distribution dermatomale. Il s’agit d’une
jours ou semaines plus tard. douleur persistante aiguë, tranchante, aggravée
Les AINS sont efficaces dans les phases aiguës par les mouvements, la toux ou les éternuements.
ou subaiguës. Ils sont souvent insuffisants lors L’étiologie la plus fréquente est la hernie discale
de douleurs chroniques en raison de leur mau- (figure 8.2). Le mécanisme pathophysiologique
vaise absorption par les tissus cicatriciels. Les est plus inflammatoire que compressif. L’irritation
myorelaxants sont généralement inefficaces et de la racine nerveuse dans le foramen interverté-
pourvoyeurs d’effets secondaires (sédation, som- bral par des modifications dégénératives (sténose
nolence, faiblesse généralisée). Les blocs facet- foraminale) est également possible.
taires et les injections épidurales peuvent être La douleur radiculaire n’est pas synonyme
bénéfiques pour traiter les lésions du segment de radiculopathie. La radiculopathie est définie
postérieur, respectivement antérieur, à l’origine comme une altération de la conduction d’une
de douleurs myofasciales. L’acupuncture et le dry racine nerveuse, pouvant se manifester par des
needling ont été appliqués avec un certain succès déficits sensitifs ou moteurs, ou par des pares-
dans les douleurs myofasciales. Le dry needling thésies. Les déficits moteurs (parésie ou paralysie)
est une technique qui consiste à piquer dans les suivent une distribution myotomale alors que
points gâchettes avec précision à l’aide d’une les déficits sensitifs (hypoesthésie ou anesthésie)
aiguille très fine, sans injecter de médicament. ont une distribution dermatomale. Une radicu-
La stimulation électrique nerveuse transcuta- lopathie n’est pas forcément accompagnée d’une
née (TENS) apporte un soulagement temporaire douleur radiculaire et inversement.
[4]. La contraction musculaire provoquée par Contrairement à la croyance populaire, il est
l’« acupuncture-like » TENS a un effet identique souvent difficile de différencier cliniquement les
à un massage localisé et améliore la circulation hernies discales L4, L5 et S1 lorsqu’il n’existe
sanguine régionale [5]. qu’une douleur radiculaire. C’est souvent la radi-
L’injection d’anesthésiques locaux (lidocaïne culopathie qui permet de préciser l’atteinte, grâce
ou procaïne 0,5 %) est recommandée pour inac- à la distribution des troubles sensitifs et aux
tiver les points gâchettes. Parmi les muscles les modifications des réflexes ostéotendineux (L3 et
plus fréquemment infiltrés figurent les muscles L4 pour le réflexe rotulien, et S1 pour le réflexe
paravertébraux, les muscles iliocostaux, longis- achilléen).
simi, multifidi et carrés des lombes. Lorsque la Le traitement pharmacologique comprend les
cible est un muscle profond, l’aiguille est dirigée antalgiques habituels et des adjuvants (antidé-
perpendiculairement à la région douloureuse, car presseurs tricycliques et antiépileptiques). L’infil-
la palpation simultanée du point gâchette est tration épidurale (interlaminaire ou foraminale)
difficile à réaliser. L’injection intramusculaire de d’anesthésiques locaux et de corticoïdes, y compris
stéroïdes est déconseillée en raison du risque dans la phase aiguë, apporte un soulagement
de myotoxicité. La toxine botulinique A bloque la transitoire qui permet de reprendre une activité
libération présynaptique d’acétylcholine au niveau ou de suivre un traitement de physiothérapie dans
de la plaque motrice et relâche le muscle cible. de meilleures conditions.
Son action a été bien documentée dans le traite-
ment des douleurs myofasciales [6,7]. Canal lombaire étroit
Douleurs radiculaires L’étiologie du canal lombaire étroit acquis
inclut principalement les troubles dégénératifs
Les douleurs radiculaires sont provoquées par qui entraînent une diminution progressive du
l’irritation et l’inflammation d’une racine nerveuse volume du canal rachidien (prolapsus ou hernie
ou de son ganglion spinal. La douleur prend son discale, hypertrophie du ligament jaune ou des
origine dans la région lombaire pour irradier typi- articulations facettaires, lipomatose épidurale)
quement dans la fesse et le membre inférieur selon (figure 8.3). La sténose est parfois associée à
Figure 8.2. Hernie discale S1 droite (A) et L3 gauche (B), à l’origine de douleurs radiculaires.
d’autres altérations dégénératives, à un spondylo- Lors de sténose latérale, la distribution des dou-
listhésis, par exemple, à l’origine d’une instabilité leurs peut être dermatomale et ressembler à une
rachidienne. La sténose peut être centrale ou douleur radiculaire sur hernie discale foraminale.
localisée au niveau des récessus latéraux. Cer- En l’absence de signes de sévérité (syndrome
taines formes de canal (canal en forme de trèfle), de la queue-de-cheval), le traitement initial est
prédisposent à la sténose latérale, moins fréquente conservateur. L’adjonction de gabapentine au
lorsque le canal est rond ou ovale. traitement antalgique classique s’est révélée très
La forme congénitale se rencontre dans les modestement efficace dans une étude rando-
cas de pédicules constitutionnellement courts. misée et contrôlée par placebo [9]. Il n’existe
Les mécanismes pathophysiologiques incluent la actuellement pas d’évidence concernant l’utilisa-
compression et/ou l’ischémie des racines lombo- tion bénéfique des antidépresseurs tricycliques et
sacrées dues au rétrécissement central ou latéral des inhibiteurs de la recapture de la noradrénaline
du canal rachidien. et de la sérotonine (SNRI). La physiothérapie et
Le symptôme cardinal d’une sténose lombaire les techniques d’hygiène posturale visant à réduire
centrale est la claudication intermittente neuro- la lordose lombaire peuvent être utiles. Selon
gène ou pseudo-claudication (par opposition à la une récente revue Cochrane, les données des 21
claudication vasculaire). Les patients rapportent études randomisées évaluant l’efficacité des trai-
aussi une fatigabilité importante au niveau des tements conservateurs dans la prise en charge du
cuisses ou des jambes, des paresthésies sous forme canal lombaire étroit symptomatique ne permet-
de fourmillements ou d’engourdissement, et des tent pas d’élaborer des recommandations [10].
crampes. Les douleurs au niveau des membres En cas d’échec des traitements conservateurs,
inférieurs, uni- ou bilatérales, sont rarement défi- les investigations radiologiques permettent de
citaires. La symptomatologie apparaît de façon guider les traitements interventionnels, voire
graduelle pendant la marche, limite le périmètre de poser l’indication à une chirurgie de décom-
de marche et oblige le patient à s’arrêter ou à pression. IRM et CT-scan permettent de mesurer
s’asseoir quelques minutes avant de pouvoir pour- la surface du sac dural. Le diamètre d’un canal
suivre son chemin. Les douleurs de repos peuvent lombaire normal se situe entre 15 et 27 mm
apparaître dans les cas sévères. À la différence de [11]. Le sac dural est considéré comme libre
la claudication d’origine vasculaire, les limitations lorsque le diamètre du canal est ≥ 12 mm et
et les distances de marche varient en fonction sa surface > 130 mm2. Le rétrécissement est
des jours. La douleur est souvent plus prononcée limite lorsque le diamètre est < 10 mm et la sur-
à la descente qu’à la montée, car le patient face < 80 mm2. Enfin, la compression est quali-
doit se redresser lors de la marche en descente : fiée de critique lorsque le diamètre est < 6 mm et
l’augmentation de la lordose lombaire entraîne la surface < 50 mm [2].
une diminution de la surface du canal rachidien. La hauteur normale d’un foramen se situe entre
La flexion antérieure soulage les douleurs, raison 20 et 23 mm. Une hauteur ≤ 15 mm indique
pour laquelle les patients adoptent naturellement une sténose foraminale. Comme les divergences
une position penchée vers l’avant (camptocormie) entre surface du canal et sévérité des symptômes
et prennent volontiers appui sur un déambulateur sont fréquentes, les chirurgiens orthopédistes de
ou un chariot (signe du Caddie). Lausanne (Suisse) ont développé une classification
Lorsqu’une lombalgie est présente, elle est basée sur la morphologie du canal rachidien sur
généralement sans relation avec la marche et l’IRM (figure 8.4) [12].
reflète davantage la composante inflammatoire La chirurgie n’est indiquée dans le traitement
liée aux troubles arthrosiques des articulations du canal lombaire étroit qu’en cas d’échec du
facettaires. Le périmètre de marche est limité de traitement conservateur ou en cas d’urgence neu-
manière plus importante en présence d’un canal rologique.
lombaire étroit que d’une coxarthrose ou d’une Les configurations de degré A (A1 à A4) sont
gonarthrose [8]. normales, le degré B décrit une sténose relative,
le degré C une sténose sévère et le degré D une cas sévères, l’atteinte motrice peut conduire à une
sténose extrême. Les degrés C et D sont grevés paraplégie flasque avec amyotrophie. Les réflexes
d’un risque 30 fois supérieur de ne pas répondre ostéotendineux aux membres inférieurs ainsi que
aux traitements conservateurs. les réflexes périnéaux, anaux, bulbocaverneux et
clitorido-anaux sont habituellement abolis. Les
Syndrome de la queue-de-cheval troubles génitosphinctériens apparaissent pré-
cocement : difficulté à commencer la miction,
La queue-de-cheval constitue l’ensemble des nécessité de pousser pour uriner. Les mictions
racines lombaires et sacrées, réunies dans le canal impérieuses avec incontinence urinaire sont fré-
lombaire, en dessous de la terminaison de la quentes, ainsi que la perte de sensibilité pendant
moelle épinière. Le cône médullaire se situe habi- le passage urinaire. La constipation est plus fré-
tuellement à hauteur de L1-L2. Un syndrome de quente que l’incontinence fécale. Les atteintes
la queue-de-cheval peut être complet (atteinte de génitales se manifestent par une impuissance ou
L3 à S5), incomplet (atteinte L5 à S5) ou latéral. une anesthésie vaginale.
Les troubles sensitifs comprennent des douleurs La hernie discale et le canal lombaire étroit
de type radiculalgie (cruralgies, sciatalgies), des représentent les causes les plus fréquentes du
douleurs pluriradiculaires uni- ou bilatérales, syndrome de la queue-de-cheval. Les épendy-
des douleurs sacrées, périnéales et génitales favo- momes du filum terminale sont d’évolution plus
risées par la manœuvre de Valsalva, des paresthé- lente, mais peuvent s’accompagner d’hémorragies
sies ou une anesthésie de topographie radiculaire méningées brutales à l’origine de douleurs lom-
au niveau des membres inférieurs. Il existe une baires intenses. Les neurinomes, les métastases ou
hypoesthésie du périnée, des organes génitaux les processus infectieux sont plus rares.
externes et de l’anus (anesthésie en selle). Les Le syndrome de la queue-de-cheval, confirmé
troubles moteurs ont une topographie mono- ou par IRM, représente une urgence neurochirurgi-
pluriradiculaire, uni- ou bilatérale, le plus souvent cale. Le pronostic fonctionnel, particulièrement
asymétrique. Le déficit moteur se manifeste par des troubles sphinctériens, dépend de la durée et
l’impossibilité de marcher sur la pointe des pieds de l’intensité de la compression des racines lom-
(atteinte de la racine S1) ou sur les talons (L5), bosacrées. L’objectif consiste à décomprimer les
d’étendre la jambe sur la cuisse (L3, L4) ou de racines lombosacrées par laminectomie lombaire
fléchir la cuisse sur le bassin (L1, L2). Dans les et exérèse de la masse compressive.
Syndrome de la charnière
dorsolombaire (syndrome
de Maigne)
La jonction dorsolombaire est une région anato-
mique très sollicitée, car elle se situe à l’interface
entre un segment mobile (la colonne lombaire)
et un segment plus fixe (la colonne dorsale), sur
lequel repose la cage thoracique. Contrairement
à la colonne dorsale, la colonne lombaire est éga-
Figure 8.5. Irradiations de la douleur d’origine lement beaucoup moins mobile en rotation. La
facettaire. vertèbre D12 est une vertèbre de transition qui
possède les caractéristiques des vertèbres dorsales de distinguer une douleur superficielle d’une dou-
sur sa face supérieure et celles des vertèbres lom- leur profonde. En présence de douleur au niveau
baires sur sa face inférieure. Les zones concernées lombaire bas ou de la hanche, la palpation de la
sont le plus souvent le segment T12-L1, plus crête iliaque latérale met en évidence le « point
rarement T11-T12, L1-L2, parfois T10-T11. de crête », soit la zone de croisement entre les
Cette atteinte segmentaire est souvent provo- branches nerveuses latérales et la crête iliaque. Ce
quée par un déséquilibre intervertébral mineur point se situe habituellement à 7 ou 8 cm de la
au niveau de l’articulation postérieure, parfois par ligne médiane dans les lombalgies basses, latéra-
une arthrose articulaire postérieure, rarement par lement au-dessus du trochanter dans les douleurs
une discopathie. référées de la hanche (figure 8.6). L’anesthésie
Le syndrome de Maigne se caractérise par des articulations postérieures responsables de la
des douleurs essentiellement référées, à distance symptomatologie élimine les douleurs des points
de la colonne dorsolombaire. La plainte la plus de crête et du « pincé-roulé » des zones cutanées
fréquente est une lombalgie basse évoquant à correspondantes.
tort une origine lombosacrée ou sacro-iliaque. Le traitement du syndrome de Maigne, iden-
Les douleurs référées se situent au niveau du tique à celui du syndrome facettaire, fait essen-
dermatome innervé par les branches cutanées tiellement appel aux infiltrations des articulations
des branches latérales du rameau dorsal du nerf zygapophysaires de la charnière dorsolombaire.
rachidien concerné (figure 8.6). Les branches
latérales de D12 et L1 innervent la région lom-
baire inférieure, la partie supérieure des fesses, Douleur discogénique
le pli de l’aine, le sacrum, les grandes lèvres ou
le scrotum, la région trochantérienne et la face La discopathie est une source fréquente de
latérale de la cuisse. douleur lombaire chronique. Peu spécifiques, les
Le diagnostic repose principalement sur l’exa- symptômes sont essentiellement représentés par
men segmentaire du rachis lombaire, tel que des douleurs axiales sans irradiation radiculaire
décrit en détail dans le chapitre 3. Parfois, seule [17]. Les facteurs de dégénérescence discale
une discrète hypoesthésie thermique est présente sont multiples : extrinsèques (surcharges, immo-
en regard de la charnière dorsolombaire (signe de bilisation, vibrations) ou intrinsèques (tabac,
Foletti). Le « pincé-roulé » sur la zone cutanée maladies vasculaires, diabète, perte d’apports
référée est douloureuse. Cette manœuvre permet nutritifs sanguins). La dégénérescence du noyau
pulpeux à l’intérieur du disque s’accompagne de (Bioclavid®) pendant 100 jours a apporté une
fissures radiales ou concentriques de l’anneau amélioration très significative des douleurs après
fibreux. Les mécanismes pathophysiologiques à une année [19].
la base des douleurs chroniques impliquent la Dans une étude chinoise publiée en 2010,
croissance de terminaisons nociceptives en pro- l’injection intradiscale de bleu de méthylène en
fondeur de l’anneau fibreux et la libération de cas de douleur discogénique a montré d’excel-
molécules (damage-associated molecular patterns lents résultats [20]. Dans une étude plus récente
ou DAMPs), comme l’acide hyaluronique ou la appliquant le même protocole, les douleurs ont
fibronectine, capables d’induire et de maintenir diminué de 30 % chez 40 % des patients [21].
durablement une inflammation stérile du disque La discographie de provocation vise à repro-
[18]. Une infection anaérobie subclinique, favo- duire la douleur habituelle du patient par l’injec-
risée par des conditions hypoxiques, pourrait tion sous pression de produit de contraste dans
également jouer un rôle dans le développement le disque suspect. L’utilité clinique de ce test
de la discopathie. Cette hypothèse a été rete- est controversée en raison de sa faible spécifi-
nue par certains auteurs qui préconisent un cité. Outre les éventuelles complications liées
traitement antibiotique dans cette indication. à l’intervention, la ponction du disque atteint
Dans une étude randomisée, contrôlée par pla- ou du disque contrôle est susceptible d’accé-
cebo, incluant 162 patients atteints de lombal- lérer sa dégénérescence par atteinte structu-
gie chronique avec modification Modic de type relle, barotraumatisme ou toxicité du produit de
1 (figure 8.7), l’administration d’antibiotique contraste [22].
Instabilité rachidienne
Une instabilité lombaire peut être la conséquence
d’une lésion osseuse vertébrale, d’une hyperlaxité
ligamentaire ou d’une lésion de l’appareil dis-
coligamentaire. Rares, les instabilités postopéra-
toires sont surtout observées après laminectomie
étendue, élargie latéralement par une foraminoto-
mie, ouverture des recessus latéraux ou résection
partielle des facettes articulaires. Les modifica-
tions de la stabilité ont des répercussions sur les
trois fonctions rachidiennes principales : la sta-
tique, la dynamique et la protection des structures
médullaires ou radiculaires. Même démontrés par
des examens dynamiques, les signes radiologiques
évocateurs de lésions dégénératives instables n’ont
pas toujours une traduction clinique. L’origine
dynamique d’une symptomatologie douloureuse
reste difficile à documenter avec précision.
La spondylolyse lombaire touche 6 % de la
population. Elle est définie par la perte de conti-
nuité de l’isthme articulaire (pars interarticula-
ris) situé entre les deux apophyses articulaires
supérieure et inférieure. Dans 85 à 90 % des Figure 8.8. Spondylolyse sur lyse isthmique L5-S1
cas, elle se situe en L5. Elle peut être uni- ou (flèche) avec minime spondylolisthésis de L5 de degré I.
bilatérale, provoquer une micro-instabilité ou
une hypermobilité de l’arc vertébral postérieur.
Dans la plupart des cas, il s’agit d’une fracture tion normale. Responsable d’une augmentation
de fatigue, due à des microtraumatismes répétés du diamètre antéropostérieur, la lyse isthmique
sur un isthme parfois congénitalement déficient. n’entraîne pas de canal lombaire étroit.
La perte de continuité s’organise sous la forme Avant la rupture, la lombalgie est due à la solli-
d’un tissu fibreux (plus rarement pseudokys- citation excessive sur l’isthme. Après la fracture de
tique) appelé nodule de Gill. Le sport est incon- l’isthme, la lyse et l’instabilité du disque peuvent
testablement un facteur favorisant, l’incidence être douloureuses. La lombalgie est typiquement
moyenne dans la population de sportifs de haut mécanique, en barre horizontale basse, améliorée
niveau se situe autour des 20 %. Les sports par la position en cyphose lombaire. La radicu-
impliquant des positions en lordose, des sollicita- lalgie peut être provoquée par la sténose forami-
tions du rachis lombaire en hyperextension sont nale, l’étirement/glissement radiculaire, par les
particulièrement concernés : plongeon acroba- nodules fibrocartilagineux issus de la lyse (nodules
tique, haltérophilie, danse, aviron, gymnastique de Gill), par la compression de la racine entre
artistique, judo. Dans 50 % des cas de spondy- l’apophyse transverse et l’aileron sacré. Elle n’est
lolyse, on note une translation horizontale qui pas augmentée par la manœuvre de Valsalva, mais
définit le spondylolisthésis (figure 8.8). Le spon- peut être aggravée par la marche. La radiculalgie
dylolisthésis par lyse isthmique représente un sur lyse isthmique L5-S1 est de topographie L5.
glissement antérieur du corps vertébral, accom- De nombreux spondylolisthésis sont totalement
pagné de ses pédicules, des processus transverses asymptomatiques. Une stabilisation spontanée est
et articulaires supérieurs. Les lames, l’épineuse et également possible grâce à la formation d’un
les articulaires inférieures restent dans leur posi- ostéophyte antérieur au niveau du sacrum.
Par opposition à la lyse isthmique, le spondy- radiologique non corrélée à la clinique est inva-
lolisthésis arthrosique apparaît chez le sujet âgé. riablement vouée à l’échec.
Il est dû à des lésions arthrosiques, sans rup- Certains types de chirurgie du rachis sont asso-
ture vertébrale. Le glissement est généralement ciés à de meilleurs résultats que d’autres. Par
minime, rarement supérieur à 1 cm. Le glissement exemple, une cure de hernie discale sera plus
simultané de l’arc postérieur et du corps vertébral efficace en cas de sciatalgie que lors de lombalgies
provoque la diminution de la taille du canal et pures. De même, une spondylodèse pour insta-
donc un canal lombaire étroit acquis. bilité rachidienne aura de meilleurs résultats en
Les quatre degrés de glissement sont définis cas de spondylolisthésis que lors de discopathies
par rapport au plateau sacré de S1 divisé en trois pluriétagées.
tiers : un déplacement < 1/3 définit un glis- Parmi les autres causes de douleurs persistantes
sement de degré I, un déplacement entre 1/3 et après chirurgie du rachis, on retiendra les fusions
2/3 est de degré II, un déplacement > 2/3 est incomplètes ou insuffisantes, le syndrome du seg-
de degré III. Au-delà, lorsque L5 perd sa relation ment adjacent, les décompressions insuffisantes,
avec le sacrum, il s’agit d’un degré IV ou d’une les récidives de hernie discale (5 à 10 % dans les
spondyloptose. 3 mois) ou de sténose canalaire, les séquelles
En cas d’échec du traitement conservateur, persistantes de compression nerveuse, les lésions
le traitement chirurgical consiste en la recons- nerveuses peropératoires ou le développement
truction isthmique ou la spondylodèse. La recons- d’une fibrose épidurale ou périradiculaire.
truction isthmique permet de restaurer l’anatomie Une fusion nécessite entre 3 et 12 mois pour
et comprend l’excision du tissu fibreux d’inter- être solide. Pour cette raison, la plupart des chi-
position, la greffe osseuse et l’ostéosynthèse. Elle rurgiens n’envisagent pas de réopération durant
s’adresse à des patients jeunes, présentant une lyse cette période, à moins qu’une rupture évidente du
isthmique peu déplacée et avec un disque sain. matériel d’ostéosynthèse (vis pédiculaire, par exem-
La spondylodèse est envisagée en cas d’échec des ple) ne soit objectivée. La récidive plus tardive de
traitements médicaux et de contre-indication à la douleur peut être liée à la dégénération du segment
reconstruction isthmique. en dessous ou au-dessus du niveau fusionné. Cette
dégénération du segment adjacent est plus fré-
Douleur persistante quente en cas de spondylodèse sur plusieurs niveaux
après chirurgie du rachis et chez les jeunes patients (entre 30 et 50 ans), et
plus rare en cas de fusion isolée de L5-S1.
La douleur persistante après chirurgie du rachis Après une chirurgie de décompression, la récu-
ou failed back surgery syndrome en anglais est pération du nerf lésé peut prendre jusqu’à 3 mois,
un terme générique, utilisé pour décrire une période durant laquelle le succès de l’opération
évolution défavorable après une chirurgie du est très difficile à évaluer. Les autres symptômes
rachis, avec apparition ou persistance de douleur neurologiques tels les paresthésies, hypoesthé-
rachidienne avec ou sans irradiation dans les sies ou parésies peuvent persister beaucoup plus
membres. Il n’existe pas de terme équivalent longtemps.
pour d’autres types de chirurgie. Les raisons de Les complications opératoires ou postopéra-
l’échec sont nombreuses, même en l’absence toires sont parfois responsables de l’évolution
de complications chirurgicales. La chirurgie du défavorable : intervention réalisée au mauvais niveau,
rachis permet de corriger une structure anato- traumatisme nerveux peropératoire, hématome,
mique génératrice de douleurs, en libérant un infection, fibrose. La rééducation et les exercices
nerf comprimé ou en stabilisant une articulation d’étirement postopératoires diminuent l’appari-
douloureuse. Il est donc essentiel que l’étiologie tion de fibrose épidurale ou périradiculaire. La
douloureuse soit clairement identifiée avant la fibrose épidurale est souvent tenue comme res-
chirurgie. Une chirurgie ciblée sur une struc- ponsable de la persistance ou récidive de douleurs.
ture indolore ou visant à corriger une image Toutefois, son rôle est probablement surestimé,
notamment chez les patients qui présentent des sieurs auteurs, la douleur d’origine sacro-iliaque
douleurs pré- et postopératoires identiques ou se situe principalement dans la région fessière et
des récidives tardives. En revanche, une réappari- irradie dans la région trochantérienne.
tion progressive de douleurs après une période Dans le cas d’un syndrome sacro-iliaque,
favorable de 6 à 12 semaines peut être associée à notamment en cas d’atteinte bilatérale, il faut
la formation d’une cicatrice fibreuse, adhérente évoquer une cause rhumatismale inflammatoire,
à la racine nerveuse. en particulier une spondylarthrite séronégative.
Finalement, une douleur persistante après chi-
rurgie du rachis est parfois liée à une rééducation Références
postopératoire insuffisante.
1. Boden SD, Davis DO, Dina TS. Abnormal magnetic-
resonance scans of the lumbar spine in asymptomatic
Douleur sacro-iliaque subjects. A prospective investigation. J Bone Joint
Surg Am 1990;72(3):403–8.
L’articulation sacro-iliaque est une articulation 2. Chou R, Deyo RA, Jarvik JG. Appropriate use of lum-
particulière qui assure la stabilité et la mobilité du bar imaging for evaluation of low back pain. Radiol
haut du corps. Son innervation complexe n’est pas Clin North Am 2012;50(4):569–85.
3. Sikdar S, Shah JP, Gebreab T, et al. Novel applications
encore entièrement élucidée. Le rameau dorsal de of ultrasound technology to visualize and characterize
L5 et les branches latérales de S1 à S3 participent myofascial trigger points and surrounding soft tissue.
à son innervation sensitive. L’implication des arti- Arch Phys Med Rehabil 2009;90:1829–38.
culations sacro-iliaques dans la douleur lombaire, 4. Hsueh TC, Cheng PT, Kuan TS, et al. The imme-
bien reconnue de nos jours, peut être provoquée diate effectiveness of electrical nerve stimulation and
par l’arthrose, une entorse ou une enthésopathie, electrical muscle stimulation on myofascial trigger
points. Am J Phys Med Rehabil 1997;76:471–6.
via des mécanismes aussi divers que des tensions 5. Tanrikut A, Özaras N, Kaptan HA, et al. High
ligamentaires ou capsulaires, des compressions voltage galvanic stimulation in myofascial pain syn-
ou des cisaillements, l’hypermobilité ou un dés- drome. J Musculoske Pain 2003;11(2):11–5.
équilibre myofascial. 6. Acquadro MA, Borodic GE. Treatment of myofas-
La douleur d’origine sacro-iliaque échappe cial pain with botulinum A toxin. Anesthesiology
1994;80:705–6.
souvent au diagnostic. Elle devrait pourtant être
7. Cheshire WP, Abashian SW, Mann JD. Botulinum
évoquée en présence de douleurs aggravées par toxin in the treatment of myofascial pain syndrome.
la position assise ou les changements de posi- Pain 1994;59:65–9.
tion. Pour certains patients, le décubitus latéral 8. Winter CC, Brandes M, Muller C, Schubert T,
peut aussi être inconfortable. L’examen clinique Ringling M, Hillmann A, et al. Walking ability during
de l’articulation sacro-iliaque est décrit dans le daily life in patients with osteoarthritis of the knee or
the hip and lumbar spinal stenosis: a cross-sectional
chapitre 3. study. BMC Musculoskeletal Disorders 2010;11:233.
Dans une étude concernant 50 patients soula- 9. Yaksi A, Ozgönenel L, Ozgönenel B. The efficiency
gés par une injection d’anesthésique local dans of gabapentin therapy in patients with lumbar spinal
l’articulation, la douleur se situait dans la région stenosis. Spine 2007;32:939–42.
fessière (94 %), la région lombaire basse (72 %), 10. Ammendolia C, Stuber KJ, Rok E, Rampersaud
la face postérieure de la cuisse (50 %), la région R, Kennedy CA, Pennick V, et al. Nonoperative
treatment for lumbar spinal stenosis with neuroge-
sous-géniculaire (28 %) [23]. Certains patients nic claudication. Cochrane Database of Systematic
présentaient même des irradiations douloureuses Reviews 2013; doi: 10.1002/14651858.CD010712.
jusque dans les pieds (12 %) et dans la région Issue 8. Art. CD010712.
lombaire haute (6 %). Il n’est toutefois pas exclu 11. Ciricillo SF, Weinstein PR. Lumbar spinal stenosis.
que certaines irradiations puissent être dues à West J Med 1993;158(2):171–7.
12. Schizas C, Theumann N, Burn A, Tansey R, Wardlaw
une authentique douleur radiculaire, soulagée
D, Smith FW, Kulik G. Qualitative grading of severity
par une fuite d’anesthésique local vers les racines of lumbar spinal stenosis based on the morphology of
L4-S1, phénomène bien connu avec les infiltra- the dural sac on magnetic resonance images. Spine
tions intra-articulaires sacro-iliaques. Selon plu- 2010 Oct 1;35(21):1919–24.
13. Cohen SP, Raja SN. Pathogenesis, diagnosis, and low back pain and vertebral bone edema (Modic
treatment of lumbar zygapophysial (facet) joint pain. type 1 changes): a double-blind randomized clinical
Anesthesiology 2007;106(3):591–614. controlled trial of efficacy. Eur Spine J 2013 Apr;
14. Filippiadis DK, Kelekis A. A review of percuta- 22(4):697–707. doi: 10.1007/s00586-013-2675-y.
neous techniques for low back pain and neural- Epub 2013 Feb 13.
gia: current trends in epidural infiltrations, 20. Peng B, Pang X, Wu Y, Zhao C, Song X. A randomi-
intervertebral disk and facet joint therapies. Br J zed placebo-controlled trial of intradiscal methylene
Radiol 2016;89(1057):20150357. doi: 10.1259/bjr. blue injection for the treatment of chronic discogenic
20150357. low back pain Pain 2010 Apr;149(1):124–9. Epub
15. Beresford ZM, Kendall RW, Willick SE. Lumbar facet 2010 Feb 18.
syndromes. Curr Sports Med Rep 2010;9(1):50–6. 21. Kallewaard JW, Geurts JW, Kessels A, Willems P,
16. Jackson RP, Jacobs RR, Montesano PX. 1988 Volvo van Santbrink H, van Kleef M. Efficacy, Safety, and
award in clinical sciences. Facet joint injection in low- Predictors of Intradiscal Methylene Blue Injection
back pain. A prospective statistical study. Spine (Phila for Discogenic Low Back Pain: Results of a Multi-
Pa 1976) 1988;13(9):966–71. center Prospective Clinical Series. Pain Pract 2016
17. He L, Hu X, Tang Y, et al. Efficacy of coblation Apr;16(4):405–12. doi: 10.1111/papr.12283. Epub
annuloplasty in discogenic low back pain: a pros- 2015 Mar 6.
pective observational study. Medicine (Baltimore) 22. Cuellar JM, Stauff MP, Herzog RJ, et al. Does pro-
2015;94(19):e846. vocative discography cause clinically important injury
18. Quero L, Klawitter M, Schmaus A, et al. Hyaluro- to the lumbar intervertebral disc? A 10-year matched
nic acid fragments enhance the inflammatory and cohort study. Spine J 2016;16(3):273–80.
catabolic response in human intervertebral disc cells 23. Slipman CW, Jackson HB, Lipetz JS, Chan KT, Lenrow
through modulation of toll-like receptor 2 signalling D, Vresilovic EJ. Sacroiliac joint pain referral zones.
pathways. Arthritis Res Ther 2013;15(4):R94. Arch Phys Med Rehabil 2000 Mar;81(3):334–8.
19. Albert HB, Sorensen JS, Christensen BS, Manniche
C. Antibiotic treatment in patients with chronic
Chapitre 9
Les coccygodynies
Jean-Pierre Mustaki, Christophe Perruchoud
Figure 9.1. A. Radiographie standard de profil mettant en évidence une luxation traumatique de la dernière pièce
coccygienne (flèche rouge). B. Œdème d’origine traumatique des deux dernières pièces coccygiennes (flèche rouge)
visible sur l’IRM.
Traitements
Présentations cliniques
La rareté des publications concernant ce sujet
spécifique, le manque d’études comparatives et les
La douleur est généralement localisée unique-
faibles collectifs de patients étudiés ne permettent
ment au coccyx et n’irradie pas. En cas de spasmes
pas de définir les pratiques ni de privilégier une
musculaires, des irradiations peuvent apparaître,
prise en charge plutôt qu’une autre [7].
en direction du plancher pelvien. La douleur sur-
vient typiquement en position assise, et lorsque
le patient s’incline vers l’arrière. Elle s’accroît Traitements d’épargne
parfois lors du passage de la position assise à la
position debout, lors de la défécation ou des Ils constituent la prise en charge initiale et le trai-
rapports sexuels. Le patient est capable de définir tement d’appoint des coccygodynies. Ils consis-
la localisation avec précision. Une douleur plus tent à privilégier la position assise en légère flexion
diffuse, présente aussi bien en position debout ou antérieure, de manière à ce que la contrainte
assise, doit faire évoquer une autre cause : dou- s’exerce sur les tubérosités ischiatiques plutôt
leurs lombaires irradiant vers le coccyx, douleurs que sur le coccyx. En position assise, on peut
fonctionnelles, névralgie pudendale, douleurs également utiliser un coussin ou une bouée pour
d’origine anale, douleurs sacro-iliaques. limiter l’appui direct sur le coccyx.
Hormis ces caractéristiques, l’histoire de cette L’application locale de glace ou de chaleur
coccygodynie est précisée lors de l’anamnèse : dépend des bénéfices décrits par le patient.
nerveuse périphérique ou sous-cutanée lors de 8. Jeffcoach DR, Sams VG, Lawson CM, Enderson BL,
coccygodynies [16,17]. Cependant, cette option Smith ST, Kline H, et al. Nonsteroidal anti-inflam-
matory drugs’ impact on nonunion and infection
doit être envisagée en raison du caractère peu
rates in long-bone fractures. University of Tennessee
invasif et de la réversibilité de la procédure. Medical Center, Department of Surgery. J Trauma
Acute Care Surg. 2014 Mar;76(3):779–83.
9. Foye PM, Shupper P, Wendel I. Coccyx fractures
Traitement chirurgical treated with intranasal calcitonin. Pain Physician
2014;17:E229.
Il est envisagé lorsque tous les autres traite- 10. Foye PM, Shupper P, Wendel I. Coccyx fractures
ments se sont révélés inefficaces et consiste en treated with intranasal calcitonin. Pain Physician
l’ablation partielle ou complète du coccyx. Les 2014;17:E229.
résultats obtenus semblent excellents [18,19]. 11. Mitra R, Cheung L, Perry P. Efficacy of fluoroscopi-
Cette option doit cependant être envisagée avec cally guided steroid injections in the management of
coccydynia. Pain Physician 2007;10:775.
prudence en l’absence d’études randomisées. 12. Foye PM. Ganglion impar injection techniques for
Les complications inhérentes au geste chirurgical coccydynia (coccyx pain) and pelvic pain. Anes-
comprennent hématomes et surinfections. thesiology 2007;106:1062.
13. Datir A, Connell D. CT-guided injection for ganglion
Références impar blockade: a radiological approach to the mana-
gement of coccydynia. Clin Radiol. 2010;65:21–5.
1. Maigne JY, Doursounian L, Chatellier G. Causes and 14. Gunduz OH, Sencan S, Kenis-Coskun O. Pain Relief
mechanisms of common coccydynia: role of body due to Transsacrococcygeal Ganglion Impar Block
mass index and coccygeal trauma. Spine 2000;25: in Chronic Coccygodynia: A Pilot Study. Pain Med
3072–9. 2015;16:1278.
2. Nathan ST, Fisher BE, Roberts CS. Coccydynia: a 15. Demircay E, Kabatas S, Cansever T, Yilmaz C,
review of pathoanatomy, aetiology, treatment and Tuncay C, Altinors N. Radiofrequency thermocoa-
outcome. J Bone Joint Surg B. 2010 Dec;92(12): gulation of ganglion impar in the management of
1622–7. coccydynia: preliminary results. Turk Neurosurg.
3. Maigne JY, Rusakiewicz F, Diouf M. Postpartum 2010;20:328–33.
coccydynia: a case series study of 57 women. Eur J 16. Kothari S. Neuromodulatory approaches to chronic
Phys Rehabil Med 2012;48:387. pelvic pain and coccygodynia. Acta Neurochir Suppl.
4. Lirette LS, Chaiban G, Tolba R, Eissa H. Coccy- 2007;97:365–71.
dynia: an overview of the anatomy, etiology, and 17. Feler Ca, Whitworth LA, Fernadez J. Sacral neuro-
treatment of coccyx pain. Ochsner J 2014;14:84. modulation for chronic pain conditions. Anesthesiol
5. Patel R, Appannagari A, Whang PG. Coccydynia. Clin North America 2003 Dec;21(4):785–95.
Curr Rev Musculoskelet Med 2008;1:223. 18. Kerr EE, Benson D, Schrot RJ. Coccygectomy
6. Maigne JY. Soulager le mal de dos. Paris, Masson for chronic refractory coccygodynia: clinical case
2009 185-196. series and literature review. J Neurosurg Spine 2011
7. Howard Paul D, Dolan Andrea N, Falco Anthony N, May;14(5):654–63.
Holland Brett M, Wilkinson Caitlin F, Zink Anna M. 19. Haddad B, Prasad V, Khan W, et al. Favourable out-
A comparison of conservative interventions and their comes of coccygectomy for refractory coccygodynia.
effectiveness for coccydynia: a systematic review. J Ann R Coll Surg Engl 2014;96:136.
Man Manip Ther. 2013 Nov;21(4):213–9.
Chapitre 10
Le syndrome douloureux
régional complexe
Christophe Perruchoud
Figure 10.3. Radiographie de la main : présence d’une ostéopénie périarticulaire au niveau des articulations métacar-
pophalangiennes de la main gauche.
Figure 10.4. Scintigraphie d’un patient présentant un SDRC des deux mains (hypercaptation en phase tardive).
Lors de la phase aiguë, en présence de signes inflam- L’efficacité de la prégabaline est pratiquement
matoires prédominants, les anti-inflammatoires identique à celle de la gabapentine et elle est
non stéroïdiens (AINS) traditionnels ou COX-2 souvent mieux tolérée. La prégabaline représente
sélectifs peuvent s’avérer utiles. une alternative acceptable même en l’absence de
Les corticoïdes sont potentiellement efficaces preuve. Une étude randomisée chez des patients
dans la phase aiguë, même s’il n’existe pas de souffrant de SDRC de type I conclut que la
consensus à propos des doses et de la durée du prise de 600 mg/j de carbamazépine pendant
traitement [21]. Plusieurs schémas sont décrits : 8 jours diminue considérablement les douleurs
prednisone 0,5 à 1 mg/kg per os avec diminu- par rapport au placebo [27].
tion progressive sur 3 mois ; méthylprednisolone L’efficacité des opiacés a été largement docu-
80 mg intramusculaire tous les 15 jours pendant mentée en cas de douleurs neuropathiques
2 mois (quatre injections au total). Les traite- en général, mais jamais spécifiquement dans
ments systémiques au long cours sont déconseillés le SDRC. La prescription d’opiacés est néanmoins
en raison des effets secondaires. Dans le syndrome raisonnable comme traitement de 2e ou 3e ligne
épaule-main après un accident vasculaire cérébral, des douleurs modérées à sévères dues au SRDC.
une étude a démontré la supériorité de la pred- Le tramadol et la méthadone sont les opiacés de
nisone (40 mg/j pendant 2 semaines suivi d’une choix pour leurs effets additionnels respective-
diminution progressive de 10 mg/semaine) par ment SNRI et anti-NMDA.
rapport au piroxicam (AINS) en ce qui concernait Les antagonistes des récepteurs NMDA
l’amélioration des douleurs et de l’amplitude des (kétamine, amantadine ou dextrométhorphane)
mouvements de l’épaule, ainsi que la diminution ont été étudiés spécifiquement dans le SDRC.
de l’œdème [22]. Leurs effets toxiques aux doses efficaces limitent
L’efficacité des capteurs de radicaux considérablement leur utilisation. L’efficacité de
libres ou antioxydants, comme le diméthy la kétamine intraveineuse à dose subanesthésique
lsulfoxyde (DMSO) 50 % ou le N-acétylcys- (10 à 50 mg/h) a été évaluée chez 33 patients
téine (NAC) a été prouvée dans une étude présentant un SDRC de type I ou II. Douze
randomisée incluant 146 patients traités soit par patients ont récidivé et bénéficié d’une deuxième
DMSO 50 % en application topique 5 fois par perfusion, trois patients ont reçu une troisième
jour, soit par NAC 600 mg 3 fois par jour per os perfusion. La durée moyenne de l’effet antalgique
pendant 17 semaines. Le DMSO 50 % semblait était de 9,4 mois [28].
être plus efficace dans les cas de SDRC-I chaud, Les biphosphonates sont de puissants inhibi-
le NAC en cas de SDRC-I froid [23]. L’adminis- teurs de la résorption osseuse et sont captés par le
tration d’anti-TNF alpha semble bénéfique selon squelette au niveau des sites de remodelage actif.
plusieurs petites séries de cas [24]. Les indications principales sont l’ostéoporose,
Lorsque le SDRC s’accompagne de douleurs les maladies métaboliques (maladie de Paget, par
à composante neuropathique (allodynie, hyper- exemple) et les métastases osseuses douloureuses.
algésie ou hyperpathie), un traitement anti- Les bisphosphonates agissent par réduction de
épileptique et/ou antidépresseur est souvent l’activité ostéoclatique, mais dans le cas du SDRC,
prescrit. Il n’existe pourtant aucune évidence le mode d’action est probablement plus complexe
de l’efficacité de la prégabaline, des antidépres- (réduction de la production d’acide lactique, inhi-
seurs tricycliques ou inhibiteurs de la recapture bition des macrophages et de la prolifération des
de la sérotonine et noradrénaline (SNRI) en monocytes, diminution du Nerve Growth Factor
cas de SDRC [25]. La gabapentine, adminis- et différentes cytokines, prévention de l’apoptose
trée précocement (dans les 2 premiers mois), des ostéoblastes et ostéoclastes) [29]. Plusieurs
à des doses entre 600 et 1 800 mg par jour, études de bonne qualité démontrant le bénéfice
peut apporter une diminution modérée des des bisphosphonates (alendronate, clodronate,
douleurs et possiblement de l’allodynie et de pamidronate ou neridronate) dans le SDRC ont
l’hyperalgésie dans le SDRC de type I [26]. été publiées ces dernières années.
chez 23 patients avec un SRDC type I du mem- 5. Gellman H, Keenan MA, Stone L, Hardy SE,
bre supérieur. Les effets positifs obtenus sur la Waters RL, Stewart C. Reflex sympathetic dys-
trophy in brain-injured patients. Pain 1992
diminution des douleurs pendant la période de
Dec;51(3):307–11.
stimulation (10 sessions) offre des perspectives 6. Rosen PS, Graham W. The shoulder-hand syndrome:
intéressantes pour les atteintes réfractaires [41]. historical review with observations on seventy-three
patients. Can Med Assoc J. 1957 Jul 15;77(2):86–
91.
Chirurgie 7. Veldman PH, Reynen HM, Arntz IE, Goris RJ.
Signs and symptoms of reflex sympathetic dys-
L’efficacité de la sympathectomie chirurgicale trophy: Prospective study of 829 patients. Lancet
a été étudiée dans une revue systématique [42], 1993;342:1012–6.
portant sur l’analyse rétrospective de cohortes 8. Veldman P, Goris R. Multiple reflex sympathetic
incluant de 7 à 73 personnes. Toutes les études dystrophy. Which patients are at risk for developing
a recurrence of reflex sympathetic dystrophy in the
rapportent une nette réduction de la douleur same or another limb. Pain 1996;64:463–6.
après la sympathectomie, avec toutefois une perte 9. Bruehl S. An update on the pathophysiology of
d’efficacité au fil du temps. Les études à long complex regional pain syndrome. Anesthesiology
terme montrent que les chances de succès sont 2010;113:713–25.
plus grandes si le traitement est réalisé précoce- 10. Bonica J. Causalgia and other reflex sympathetic dys-
ment (< 1 année) après le traumatisme initial. trophies. In: Bonica J, editor. Management of pain.
Philadelphia: Lea and Feibiger; 1990. p. 220–43.
Une amputation est parfois proposée pour 11. Demangeat JL, Constantinesco A, Brunot B, Fou-
améliorer la qualité de vie de patients atteints cher G, Farcot JM. Three-phase bone scanning in
de SDRC qui présentent des complications reflex sympathetic dystrophy of the hand. J Nucl
sérieuses, surinfection ou handicap fonctionnel Med. 1988;29:26–32.
important. Deux études rétrospectives ont éva- 12. Ringer R, Wertli M, Bachmann ML, Buck FM, Brun-
ner F. Concordance of qualitative bone scintigraphy
lué les résultats de l’amputation : dans la pre-
results with presence of clinical complex regional pain
mière [43], parmi les sept patients amputés, trois syndrome 1: Meta-analysis of test accuracy studies.
se disaient satisfaits et quatre insatisfaits ou indécis. Eur J Pain 2012;16:1347–56.
Dans la seconde étude [44], sur les 28 patients 13. Reuben SS, Pristas R, Dixon D, et al. The incidence
amputés, seuls deux patients ne ressentaient plus of complex regional pain syndrome after fasciectomy
de douleur. Une amélioration fonctionnelle était for Dupuytren’s contracture: a prospective observa-
tional study of four anesthetic techniques. Anesth
obtenue chez neuf patients. L’amputation d’un Analg 2006;102:499–503.
membre atteint de SDRC doit rester une solution 14. Oerlemans HM, Oostendorp RA, de Boo T, Goris RJ.
exceptionnelle et de dernier recours, après échec Pain and reduced mobility in complex regional pain
de toutes les autres options thérapeutiques. syndrome I: outcome of a prospective randomised
controlled clinical trial of adjuvant physical therapy
versus occupational therapy. Pain 1999;83:77–83.
Références
15. Grunert-Pluss N, Hufschmid U, Santschi L, Grunert
1. Wilson PR, Stanton-Hicks M, Harden RN. CRPS. J. Mirror therapy in hand rehabilitation: a review
Current Diagnosis and Therapy. Progress in Pain of the litterature, the St-Gallen protocol for mirror
Research and Management Series, Vol. 32. Seattle, therapy and evaluation of a cases series of 52 patients.
WA: IASP Press; 2005. Journal of Hand Therapy 2008;13(1):4–9.
2. Li Z, Smith BP, Tuohy C, Smith TL, Andrew Koman 16. Cacchio A. Mirror therapy for chronic regional pain
L. Complex regional pain syndrome after hand sur- syndrome type I and stroke. New England Journal of
gery. Hand Clin. 2010;26:281–9. Medecine 2009;361(6):634–5.
3. Zyluk A. Complex regional pain syndrome type I. 17. De Blasis E, Cacchio A, Necozione S, Di Orlo
Risk factors, prevention and risk of recurrence. J F, Santilli V. Mirror therapy in complex regional
Hand Surg Br. 2004;29:334–7. pain syndrome type I of the upper limb in stroke
4. Collins E. Complex regional pain syndrome. In: patients. Neurorehabilitation and Neural Repair.
Trumble T, Budoff J, Cornwall R, editors. Hand, 2009;23(8):792–9.
elbow, and shoulder: Core knowledge in orthopedics. 18. Moseley L. Graded motor imagery for pathologic
Philadelphia: Mosby Elsevier; 2006. p. 255–9. pain. Neurology 2006;67:2129–34.
19. Barnhoorn KJ, van de Meent H, van Dongen RTM. nate: a randomized, double-blind, placebo-control-
Pain exposure physical therapy (PEPT) compared led study. Rheumatology (Oxford) 2013;52:534–42.
to conventional treatment in complex regional pain 32. Perez RS, Kwakkel G, Zuurmond WW, de Lange
syndrome type 1: a randomised controlled trial. BMJ JJ. Treatment of reflex sympathetic dystrophy
Open 2015 Dec 1;5(12):e008283. doi: 10.1136/ (CRPS type 1): a research synthesis of 21 rando-
bmjopen-2015-008283. mized clinical trials. J Pain Symptom Manage Jun,
20. Bruehl P. Psychological Interventions. In: Wilson 2001;21(6):511–26.
P, Stanton-Hicks M, Harden NH, editors. CRPS: 33. Wertli MM, Kessels AG, Perez RS, Bachmann LM,
current diagnosis and therapy. Progress in pain Brunner F. Rational pain management in complex
research and management. IASP, Press Seattle; 2005. regional pain syndrome 1 (CRPS 1) — a network
p. 201–16. meta-analysis. Pain Med. 2014 Sep;15(9):1575–89.
21. Christensen K, Jensen EM, Noer I. The reflex dys- 34. Letter on Drugs and Therapeutics. In Brief: Cancer
trophy syndrome response to treatment with systemic Risk with Salmon Calcitonin. The Medical Letter
corticosteroids. Acta Chir Scand 1982;148:653–5. Online 2013;(1414):29.
22. Kalita J, Vajpayee A, Misra UK. Comparison of pred- 35. Muizelaar JP, Kleyer M, Hertogs IA, DeLange DC.
nisolone with piroxicam in complex regional pain Complex regional pain syndrome (reflex sympa-
syndrome following stroke: a randomized controlled thetic dystrophy and causalgia): management with
trial. QJM 2006 Feb;99(2):89–95. the calcium channel blocker nifedipine and/or the
23. Perez RS, Zuurmond WW, Bezemer PD, et al. The alphasympathetic blocker phenoxybenzamine in
treatment of complex regional pain syndrome type I 59 patients. Clin Neurol Neurosurg 1997;99:26–30.
with free radical scavengers: a randomized controlled 36. Taskaynatan MA, Ozgul A, Tan AK, et al. Bier block
study. Pain 2003;102:297–307. with methylprednisolone and lidocaïne in CRPS type
24. Huygen FJ, Niehof S, Zijlstra FJ, et al. Successful I: a randomized, double-blinded, placebo-controlled
treatment of CRPS 1 with anti-TNF. J Pain Symptom study. Reg Anesth Pain Med 2004;29:408–12.
Manage 2004;27:101–3. 37. Cepeda MS, Carr DB, Lau J. Local anesthetic sympa-
25. Perez RS, Zollinger PE, Dijkstra PU, Thomassen- thetic blockade for complex regional pain syndrome.
Hilgersom IL, Zuurmond WW, Rosenbrand KC, Cochrane Database Syst Rev 2005;19(4):CD004598.
Geertzen JH. CRPS I task force. Evidence based 38. Rauck RL, Eisenach JC, Jackson K, et al. Epidural
guidelines for complex regional pain syndrome type clonidine treatment for refractory reflex sympathetic
1. BMC Neurol. 2010 Mar 31;10:20. dystrophy. Anesthesiology 1993;79:1163–9.
26. Vusse AC van de, Berg SG Stomp-van den, Kessels 39. Kemler MA, de Vet HC, Barendse GA, van den
AH, Weber WE. Randomised controlled trial of Wildenberg FA, van Kleef M. The effect of spinal
gabapentin in Complex Regional Pain Syndrome cord stimulation in patients with chronic reflex
type 1. BMC Neurol 2004,4 :13. sympathetic dystrophy: two years’ follow-up of
27. Harke H, Gretenkort P, Ladleif HU, Rahman S, the randomized controlled trial. Ann Neurol
Harke O. The response of neuropathic pain and 2004;55:13–8.
pain in complex regional pain syndrome I to car- 40. Taylor RS, Van Buyten JP, Buchser E. Spinal cord
bamazepine and sustained-release morphine in stimulation for complex regional pain syndrome: a
patients pre-treated with spinal cord stimulation: systematic review of the clinical and cost effectiveness
A double-blinded randomized study. Anesth Analg literature and assessment of prognostic factors. Eur J
2001;92:488–95. Pain 2006;10:91–101.
28. Correll GE, Maleki J, Gracely EJ, Muir JJ, Har- 41. Picarelli H, Teixeira MJ, de Andrade DC. Repetitive
but RE. Subanesthetic ketamine infusion therapy: a transcranial magnetic stimulation is efficacious as
retrospective analysis of a novel therapeutic approach an add-on to pharmacological therapy in complex
to complex regional pain syndrome. Pain Med regional pain syndrome (CRPS) type I. J Pain
2004;5:263–75. 2010;11(11):1203–10.
29. Varenna M, Adami S, Sinigaglia L. Bisphosphonates 42. Mailis A, Furlan A. Sympathectomy for neuropathic
in complex regional pain syndrome type I: how do pain. Cochrane Database Syst Rev 2003;CD002918.
they work? Clin Exp Rheumatol 2014;32:451–4. 43. Stam HJ, Rijst HV. The results of amputation in
30. Manicourt DH, Brasseur JP, Boutsen Y. Role of reflex sympathetic dystrophy of the upper extremity
alendronate in therapy for post-traumatic complex — an analysis of 7 cases. Physical Med Rehabil
regional pain syndrome type I of the lower extremity. 1994;4:134–6.
Arthritis Rheum 2004;50:3690–7. 44. Dielissen PW, Claassen AT, Veldman PH, Goris RJ.
31. Varenna M, Adami S, Rossini M. Treatment of Amputation for reflex sympathetic dystrophy. J Bone
complex regional pain syndrome type I with neridro- Joint Surg Br 1995;77:270–3.
Chapitre 11
Les neuropathies périphériques
Michèle Bovy, Christophe Perruchoud
La neuropathie est un terme générique décrivant atteintes, on distingue les neuropathies motrices,
une atteinte fonctionnelle ou structurelle d’un sensitives, autonomes et sensitivomotrices.
nerf et regroupant un ensemble d’atteintes neu- La neuropathie sensitive peut être due l’atteinte
rologiques hétérogènes. Le terme de « névrite des grosses fibres myéliniques, des petites fibres
périphérique » est parfois utilisé comme syno- myéliniques ou des fibres amyéliniques. L’atteinte
nyme de neuropathie périphérique. Plusieurs des grosses fibres se manifeste par des troubles
étiologies sont possibles, incluant les étiologies proprioceptifs (marche talonnante, signe de
toxiques (médicaments, chimiothérapie), métabo- Romberg, hypopallesthésie, troubles sensibilité
liques (diabète, carence vitaminique, insuffisance arthrocinétique, hypo-/aréflexie). Une atteinte
rénale), infectieuses (Herpes zoster, HIV) ou héré- des petites fibres entraîne des troubles de la sen-
ditaires (maladie de Charcot). Les neuropathies sibilité tactile, au froid, au chaud et à la douleur,
peuvent être accompagnées ou non de symptômes ainsi qu’une atteinte dysautonomique. La sensibi-
et de douleurs. lité proprioceptive est conservée. La topographie
des lésions peut être symétrique ou asymétrique.
La mononeuropathie est une atteinte isolée
Épidémiologie d’un nerf. Les mononeuropathies multiples dési-
gnent l’atteinte simultanée de plusieurs troncs
nerveux. Cette atteinte est échelonnée dans le
La neuropathie périphérique est l’une des princi-
temps. Chaque nerf étant touché isolément, elle
pales raisons de consultation chez le neurologue.
aboutit à une répartition inégale et asymétrique
La prévalence de la douleur neuropathique péri-
des lésions.
phérique est d’environ 2,4 % de la population
Les polyneuropathies (PNP) se caractérisent
générale [1]. La prévalence augmente avec l’âge
par la symétrie des troubles neurologiques et leur
et atteint 8 % chez le patient âgé de plus de
prédominance distale. Elles échappent à une sys-
55 ans. La neuropathie périphérique est plus fré-
tématisation tronculaire ou radiculaire. L’atteinte
quente chez les patients diabétiques, infectés par
porte aussi bien sur les fibres sensitives, motrices
HIV, présentant des troubles dysprotéinémiques
ou végétatives. On distingue deux sous-groupes :
et ceux traités par chimiothérapie [2].
les PNP distales et les PNP proximales et distales :
• les PNP distales concernent les extrémités
(généralement des membres inférieurs) ;
Classification • les PNP proximales et distales sont le plus
et physiopathologie souvent des polyradiculoneuropathies ou poly-
radiculonévrites. Elles se différencient des PNP
Selon le mode d’installation et la durée des symp- distales par une atteinte neurologique diffuse,
tômes, les neuropathies sont classées en aiguës touchant aussi bien la racine que les extrémités
(< 4 semaines), subaiguës (entre 4 et 8 semaines) des membres et s’étendant aux muscles du
et chroniques (> 8 semaines). En fonction des tronc et aux nerfs crâniens.
perte d’appétit et de poids avec importante amyo- L’atteinte motrice est beaucoup plus rare (fibres
trophie, décrit dans la littérature sous le terme de plus résistantes à l’hyperglycémie chronique) et
« cachexie de la neuropathie diabétique ». accompagne le plus souvent les atteintes sensitives
L’atteinte des membres inférieurs peut aussi sévères.
se manifester sous la forme d’une cruralgie, avec
apparition rapide de douleurs souvent décrites
comme des brûlures sur la face antérieure de Neuropathie hyperalgique
la cuisse ou parfois sur la face antéroexterne de
la jambe. Ces douleurs sont à recrudescence Cette forme clinique de polyneuropathie est
nocturne et insomniantes. Elles s’associent à une marquée par des douleurs très invalidantes,
hypoesthésie dans le territoire correspondant avec à prédominance nocturne, associées parfois à
amyotrophie quadricipitale et déficit générale- des hyperesthésies cutanées ou des sensations
ment modéré. En cas de déficit plus sévère, on de brûlure spontanée. L’atteinte des membres
parle alors de syndrome de l’amyotrophie proxi- supérieurs est possible mais beaucoup plus rare
male des membres inférieurs. Ce syndrome est et tardive. Ces formes hyperalgiques répondent
caractérisé par un déficit moteur le plus souvent favorablement à l’insulinothérapie et à l’amélio-
asymétrique avec amyotrophie quadricipitale, ration du contrôle du diabète. En effet, l’hyper-
entraînant une gêne à la marche, principalement glycémie influence la perception des douleurs
lors de la montée des escaliers. en abaissant le seuil via un effet modulateur du
L’atteinte des membres supérieurs est beaucoup glucose sanguin sur les récepteurs morphiniques.
plus rare et touche particulièrement les nerfs à Les variations rapides de la glycémie sont pro-
fort contingent de fibres sensitives comme le bablement plus délétères qu’une hyperglycémie
médian et le cubital. Le syndrome du canal car- stable, comme le suggère l’apparition de neuro-
pien est une complication neurologique classique pathie douloureuse lors de la mise en route d’un
du diabète en cas de compression du nerf médian. traitement insulinique et lors de la correction
L’atteinte des nerfs oculomoteurs est classique rapide d’une hyperglycémie.
dans le diabète. Les nerfs les plus communé-
ment touchés sont les nerfs oculaires communs
(III) et externe (VI). Leur atteinte entraîne une Examens complémentaires
diplopie, le plus souvent transitoire. L’atteinte
du nerf trochléaire (IV) est plus rarement iden- Le diagnostic de polyneuropathie diabétique
tifiée. L’évolution des paralysies oculomotrices se fonde sur l’anamnèse et l’examen clinique.
est favorable en quelques semaines ou mois, mais L’électromyographie confirme l’atteinte neuro
la récidive du même côté ou du côté opposé est logique périphérique, en objectivant une diminu-
possible. tion précoce des vitesses de conduction sensitives
À l’examen clinique, des troubles de la sensibi- et motrices et la présence d’une axonopathie
lité profonde liés à une atteinte des grosses fibres démyélinisante.
sont objectivés par une perturbation précoce du
test au diapason. Une abolition ou diminution
des réflexes ostéotendineux achilléens puis rotu- Traitement de la polyneuropathie
liens sont associées. La proprioception du gros
orteil est également perturbée. Il peut exister des Les moyens thérapeutiques ont pour objectifs
anomalies de la perception du tact fin à la partie l’amélioration de l’équilibre glycémique par
distale des membres. La perte de la sensibilité l’optimisation du traitement antidiabétique
thermoalgique caractérisée par une atteinte des (insulinothérapie conventionnelle ou intensive
petites fibres est responsable de traumatismes par pompe). Le contrôle glycémique est souvent
indolores, entraînant dans un second temps des plus efficace lors de diabète de type I que de
troubles trophiques [7]. type II.
Neuropathie toxique
Neuropathies héréditaires
Les chimiothérapies sont responsables de la majo-
rité des neuropathies toxiques. Les neuropathies
Plus de 30 gènes sont impliqués dans la survenue
liées aux métaux lourds, plus rares, correspondent
de neuropathies héréditaires.
généralement à des syndromes facilement identi-
fiables. L’alcool peut induire une neuropathie
même en l’absence de carence alimentaire ou de Maladie de Charcot-Marie-Tooth
déficit vitaminique.
La neuropathie toxique est dose-dépendante Cette maladie concerne environ 1 naissance sur
et potentialisée par une neuropathie préexistante. 2 500. Il s’agit d’une neuropathie périphérique
Si plusieurs agents neurotoxiques sont présents héréditaire sensitivomotrice touchant aussi bien
simultanément, ils agissent de manière synergique les hommes que les femmes. La maladie entraîne
et provoquent des lésions nerveuses plus pro- des troubles de la marche avec une faiblesse mus-
noncées. Habituellement, les manifestations de la culaire progressive, touchant principalement les
neuropathie toxique se stabilisent ou disparaissent extrémités, ainsi qu’une déformation des pieds
si l’exposition à l’agent toxique est interrompue. secondaire à une atrophie musculaire et une perte
Selon les toxiques (chimiothérapie à base de pla- de la sensibilité.
tine, par exemple), la symptomatologie peut tou- La maladie de Charcot-Marie-Tooth est clas-
tefois progresser durant des semaines, voire des sifiée sur la base :
mois après l’arrêt du toxique. Les fibres nerveuses • de la partie du nerf atteinte : myéline ou axone ;
sensitives sont plus fréquemment touchées, mais • du mode de transmission génétique : domi-
une atteinte motrice peut être présente et même nante, récessive ou liée au chromosome X.
dominer le tableau (tableau 11.1A et 11.1B). Les La plupart des cas sont autosomiques liées
neuropathies toxiques peuvent être associées à des au chromosome X. Cliniquement, la neuropa-
myopathies, à une atteinte du système nerveux thie héréditaire est suggérée par une apparition
central, à une neuropathie optique ou à d’autres insidieuse des symptômes avec une progression
atteintes systémiques [22]. lente sur plusieurs années. Les plaintes sont sur-
Certains médicaments cardiovasculaires sont tout motrices distales plutôt que sensitives. Les
aussi incriminés dans la survenue de neuropathie symptômes sensitifs sont essentiellement négatifs
périphérique : (perte de sensibilité). Une déformation des pieds
au niveau du dos, des fesses et des cuisses. Infection au Virus Varicella Zoster
La physiopathologie exacte du syndrome de
Guillain-Barré est inconnue mais 50-70 % des La réactivation du Virus Varicella Zoster (cf. chap.
cas surviennent 1-2 semaines après une infection 13) survient chez la personne âgée ou immunosu-
respiratoire ou gastro-intestinale ou tout autre primée. La complication la plus fréquente est la
stimulus induisant une réponse auto-immune névralgie postherpétique de distribution derma-
aberrante. Le diagnostic doit être aussi précoce tomale. Une neuropathie motrice des extrémités
que possible et repose sur l’histoire, la clinique est rare mais a été reportée, particulièrement si la
et l’analyse du liquide céphalorachidien mettant réactivation a lieu dans les ganglions des racines
en évidence une dissociation cyto-albuminolo- nerveuses cervicales ou lombaires.
gique (numération cellulaire normale avec taux
de protéines élevé). Des anticorps antiganglio-
sides sériques sont retrouvés chez 50 % des
Neuropathie périphérique
patients. La prise en charge est symptomatique, et maladie cœliaque
comprenant le soutien respiratoire et hémo-
dynamique. Les douleurs sont habituellement La maladie cœliaque peut provoquer des troubles
soulagées par l’administration d’opioïdes et neurologiques divers, incluant une neuropathie
d’AINS. Des perfusions d’immunoglobulines et périphérique, une ataxie, une démence ou des
l’échange plasmatique font partie de la prise en troubles convulsifs. En cas de neuropathie péri-
charge habituelle. Des traitements émergents tels phérique, l’atteinte est à prédominance sensitive.
l’interféron-béta, la cyclophosphamide, le rituxi- Celle-ci peut apparaître avant les symptômes
mab ou l’eculizumab sont en cours d’évaluation digestifs. Un screening sérologique à la recherche
[25,26]. d’anticorps anti-tissue transglutaminase (anti-tTG)
semble le test le plus sensible avec, en revanche,
une specificité limitée [28]. Une biopsie de l’intes-
Virus de l’immunodéficience tin grêle est nécessaire avant d’attribuer une neu-
humaine (HIV) ropathie périphérique à la maladie cœliaque.
La dysfonction du système nerveux périphérique
secondaire à une infection par le HIV est bien Syndrome paranéoplasique
décrite. La présentation clinique habituelle est (syndrome de Denny-Brown)
celle d’une polyneuropathie distale symétrique.
Elle touche près de 30-50 % des patients à
Deux tiers des patients avec une atteinte neu-
un stade avancé de la maladie. Les symptômes
rologique liée à un syndrome paranéoplasique
sont typiquement des paresthésies en chaussettes-
consultent avant que la tumeur ne soit connue.
gants, mais près de 70 % peuvent être asympto-
Le syndrome paranéoplasique peut entraîner une
matiques. Le traitement repose sur le contrôle de
atteinte nerveuse périphérique, musculaire ou de
l’infection, même si plusieurs traitements antiré-
la jonction neuromusculaire. Une atteinte cen-
troviraux sont incriminés dans le développement
trale est aussi possible. La neuropathie périphé-
de conditions similaires [27].
rique classique ou syndrome de Denny-Brown
est une atteinte sensitive, subaiguë, asymétrique
Infection à cytomégalovirus et douloureuse avec une perte de propriocep-
(CMV) ou au virus tion. Il en résulte une ataxie sensitive sévère
d’Epstein-Barr (EBV) avec diminution, voire une abolition des réflexes.
L’identification des anticorps anti-Hu a une
Les infections à CMV et EBV sont également valeur diagnostique importante (spécificité 99 %
associées à une polyneuropathie démyélinisante et sensibilité 82 %), mais leur absence n’exclut pas
inflammatoire aiguë. la présence d’une néoplasie.
in the US population 40 years of age or older. J 27. Kranick SM, Nath A. Neurologic complications of
Diabetes 2013;5(2):207–15. HIV-1 infection and its treatment in the era of anti-
25. Schaller B, Radziwill AJ, Steck AJ. Successful treat- retroviral therapy. Contin Lifelong Learn Neurol
ment of Guillain-Barré Syndrome with combined 2012;18(6):1319–37.
administration of interferon-beta-1 and intravenous 28. McKeon A, Lennon VA, Pittock SJ, Kryzer TJ, Mur-
immunoglobulin. Eur Neurol 2001;46:167–8. ray J. The neurologic significance of celiac disease
26. Ostronoff F, Perales MA, Stubblefield MD, Hsu KC. biomarkers. Neurology 2014;83(20):1789–96.
Rituximab-responsive Guillain-Barré syndrome fol-
lowing allogenic hematopoietic SCT. Bone Marrow
Transplant 2008;42:71–2.
Chapitre 12
Douleur fantôme après amputation
Élodie Andrieux-Chastonay, Christophe Perruchoud
Des symptomatologies identiques ont été décrites La physiopathologie des sensations et des dou-
après avulsion de plexus ou en présence d’une leurs fantôme fait intervenir des mécanismes ner-
paraplégie. veux périphériques, médullaires, sous-corticaux
et corticaux. Les facteurs psychologiques ne sem-
blent pas contribuer à l’apparition de la sympto-
Épidémiologie de la douleur matologie, mais exercent une influence certaine
du membre fantôme sur l’évolution et la sévérité des douleurs [10].
L’implication de la moelle épinière dans la
Entre 70 et 100 % des patients amputés rappor- genèse des douleurs fantôme passe par un pro-
tent des sensations fantômes non douloureuses. cessus de sensibilisation centrale, caractérisé par
L’incidence des douleurs varie de 10 à 80 % en l’augmentation de l’excitabilité des neurones de
fonction des études. Dans une étude réalisée la corne dorsale, la diminution des voies inhibi-
auprès des vétérans américains, 85 % des amputés trices spinales (réduction de l’activité GABA et
présentaient des douleurs fantôme d’intensité régulation à la baisse des récepteurs opioïdes), et
suffisante pour empêcher toute activité profes- des changements structurels au niveau des ter-
sionnelle ou sociale [4]. minaisons des neurones sensoriels primaires, des
L’apparition d’une douleur fantôme semble interneurones et des neurones de projection. Les
être une donnée indépendante de l’ethnie, du neurones de la lamina II reçoivent normalement
sexe ou de l’âge du patient. Font exceptions des influx des fibres A delta et C, correspondant
les très jeunes patients (< 4 ans), qui ne pré- à des stimulations nociceptives. Une lésion des
sentent que très rarement des sensations ou des nerfs périphériques provoque la dégénérescence
douleurs fantôme [5]. Les patients nés avec une des terminaisons afférentes des fibres C dans
agénésie d’un membre peuvent éprouver des la lamina II. Les terminaisons des afférences
sensations fantômes (membre fantôme congé- mécanoceptives A bêta, présentes normalement
nital) [6]. dans les laminae III et IV, envahissent alors les
Les amputations proximales et bilatérales s’accom- laminae I et II. Les influx transmis par les fibres
pagnent fréquemment de douleurs fantôme [7]. A bêta sont alors interprétés comme des influx
L’association entre douleur du membre fantôme nociceptifs, à l’origine de l’allodynie [11].
et douleur du moignon est, elle aussi, relativement Au niveau cérébral, amputation et déafféren-
fréquente. La douleur du moignon, constante dans tation semblent entraîner des modifications de la
la période postopératoire immédiate, a tendance structure fonctionnelle du cortex somatosensoriel
à diminuer au fur et à mesure du processus de primaire (S1) controlatéral. Chez des patients
cicatrisation. L’intensité de la douleur aiguë, qui amputés d’un bras ou d’une main, la stimulation
précède ou succède à l’amputation, constitue un du visage (toucher, piqûre, froid) peut provo-
facteur de risque indépendant de chronicisation. quer des sensations fantômes du même côté que
La douleur chronique du moignon est également l’amputation [12]. Plusieurs études d’imagerie
liée à la durée de la douleur avant l’amputation [8]. fonctionnelle ont confirmé que l’amputation d’un
Contrairement aux sensations fantômes, les crises bras ou d’une main entraînait un déplacement
douloureuses semblent diminuer en nombre et en de la représentation de la bouche vers l’aire de
durée avec le temps, quand bien même l’intensité projection de la main au niveau du cortex soma-
des douleurs reste inchangée [9]. tosensoriel primaire (figure 12.2). L’intensité
de la douleur fantôme semble proportionnelle à
l’importance du déplacement. Cette réorganisa-
Physiopathologie tion touche aussi bien le cortex somatosensoriel
que le cortex moteur primaire [13]. Ces chan-
En raison de mécanismes différents, la présence gements corticaux peuvent dans certains cas être
simultanée de douleurs de moignon, de sen- reversés par une anesthésie du membre résiduel,
sations et de douleurs fantôme est possible. la thérapie du miroir ou l’imagerie mentale [14].
télescopage, de rétraction du membre fantôme en une douleur déclenchée par des stimuli répétés
direction du membre résiduel, à l’origine d’une (sommation temporelle). Dans de nombreux cas,
sensation de rapprochement de la main ou du des points gâchettes myofasciaux peuvent déclen-
pied. Des études rapportent une augmentation de cher des sensations et des douleurs fantôme [20].
la perception sensitive (évaluée par la discrimina- Les névromes ou les compressions musculaires
tion spatiale de deux points) et l’abaissement des et osseuses sont souvent à l’origine des douleurs
seuils douloureux au niveau du membre résiduel du moignon. Les douleurs rebelles interfèrent
comparé au membre intact controlatéral. considérablement avec l’appareillage prothétique
Après énucléation oculaire, les sensations et la réhabilitation des patients.
fantômes incluent également les hallucinations
visuelles simples (formes ou taches) ou complexes
(objets, scènes ou personnes, parfois en relation Diagnostic et investigations
avec des expériences passées) [19]. des douleurs fantôme
11. Flor H. Phantom-limb pain: characteristics, causes, double-blind, placebo-controlled, cross-over study.
and treatment. Lancet Neurol 2002;1:182–9. Reg Anesth Pain Med 2002;27:481–6.
12. Ramachandran VS, Rogers-Ramachandran DC, 27. Patterson JF. Carbamazepine in the treatment of
Stewart M. Perceptual correlates of massive cortical phantom limb pain. South Med J. 1988;81:1100–2.
reorganization. Science 1992;258:1159–60. 28. Elliott F, Little A, Milbrandt W. Carbamazepine for phan-
13. Lotze M, Flor H, Grodd W, Larbig W, Birbaumer tom-limb phenomena. N Engl J Med 1976;295:678.
N. Phantom movements and pain: an fMRI study in 29. Huse E, LarbigW, Flor H, Birbaumer N. The effect
upper limb amputees. Brain 2001;124:2268–77. of opioids on phantom limb pain and cortical reorga-
14. MacIver K, Lloyd D, Kelly S, Roberts N, Nur- nization. Pain 2001;90:47–55.
mikko T. Phantom limb pain, cortical reorganization 30. Wu CL, Agarwal S, Tella PK, Klick B, Clark MR,
and the therapeutic effect of mental imagery. Brain Haythornthwaite JA. Morphine versus mexiletine for
2008;131(8):2181–91. treatment of postamputation pain: a randomized,
15. Nikolajsen L, Jensen T. Phantom limb pain. Br J placebo-controlled, crossover trial. Anesthesiology
Anaesth 2001;87:107–16. 2008;109:289–96.
16. Danielsen N, Shyu BC, Dahlin LB, Lundborg G, 31. Sindrup SH, Andersen G, Madsen C, Smith T,
Andersson SA. Absence of ongoing activity in fibres Brosen K, Jensen TS. Tramadol relieves pain and
arising from proximal nerve ends regenerating into allodynia in polyneuropathy: a randomised, double-
mesothelial chambers. Pain 1986;26:93–104. blind, controlled trial. Pain 1999;83:85–90.
17. Bartels H, Staal MJ, Albers FW. Tinnitus and neural 32. Wilder-Smith CH, Hill LT, Laurent S. Postampu-
plasticity of the brain. Otol Neurotol. 2007;28:178– tation pain and sensory changes in treatment-naive
84. patients : characteristics and responses to treatment
18. Kehlet H, Jensen TS, Woolf CJ. Persistent post- with tramadol, amitriptyline, and placebo. Anes-
surgical pain: risk factors and prevention. Lancet thesiology 2005;103:619–28.
2006;367:1618–25. 33. Omote K, Ohmori H, Kawamata M, Matsumoto
19. M. L. R. Rasmussen, J.U. Prause, M.J. Ocularist, and M, Namiki A. Intrathecal buprenorphine in the
P. B. Toft, “Phantom eye syndrome: types of visual treatment of phantom limb pain. Anesth Analg
hallucinations and related phenomena,” Ophthalmic 1995;80:1030–2.
Plastic & Reconstructive Surgery 2009, vol. 25, 34. Wu CL, Tella P, Staats PS, Vaslav R, Kazim DA, Wes-
n° 5 : 390-393. selmann U. Analgesic effects of intravenous lidocaïne
20. Kern KU, Martin C, Scheicher S, Müller H. Referred and morphine on postamputation pain: a randomized
pain from amputation stump trigger points into the double-blind, active placebo-controlled, crossover
phantom limb. Schmerz 2006;20:300–6. trial. Anesthesiology 2002;96:841–8.
21. Nikolajsen L, Ilkjaer S, Christensen JH, Kroner K, 35. Dahl E, Cohen SP. Perineural injection of etanercept
Jensen TS. Randomised trials of epidural bupiva- as a treatment for postamputation pain. Clin J Pain
caïne and morphine in prevention of stump and 2008;24:172–5.
phantom pain in lower-limb amputation. Lancet 36. Sherman RA. Stump and phantom limb pain. Neurol
1997;350:1353–7. Clin 1989;7:249–64.
22. Economides JM, DeFazio MV, Attinger CE, Barbour 37. Lotze M, Flor H, Grodd W, Larbig W, Birbaumer
JR. Prevention of Painful Neuroma and Phantom N. Phantom movements and pain: an fMRI study in
Limb Pain After Transfemoral Amputations Through upper limb amputees. Brain 2001;124:2268–77.
Concomitant Nerve Coaptation and Collagen Nerve 38. MacIver K, Lloyd DM, Kelly S, Roberts N, Nur-
Wrapping. Neurosurgery 2016 Jun 15. mikko T. Phantom limb pain, cortical reorganization
23. Wiech K, Preissl H, Kiefer T, et al. Prevention of and the therapeutic effect of mental imagery. Brain
phantom limb pain and cortical reorganization in the 2008;131:2181–91.
early phase after amputation in humans. Soc Neurosci 39. Barbin J, Seetha V, Casillas JM, Paysant J, Pérennou
Abstr 2001;28:163–9. D. The effects of mirror therapy on pain and motor
24. Robinson LR, Czerniecki JM, Ehde DM, et al. Trial control of phantom limb in amputees: A systematic
of amitriptyline for relief of pain in amputees: results review. Ann Phys Rehabil Med. 2016 May 30. pii :
of a randomized controlled study. Arch Phys Med S1877-0657 (16)30031-8.
Rehabil 2004;85:1–6. 40. Topper R, Foltys H, Meister IG, Sparing R, Boroo-
25. Nikolajsen L, Finnerup NB, Kramp S, Vimtrup AS, jerdi B. Repetitive transcranial magnetic stimulation
Keller J, Jensen TS. A randomized study of the of the parietal cortex transiently ameliorates phan-
effects of gabapentin on postamputation pain. Anes- tom limb pain-like syndrome. Clin Neurophysiol
thesiology 2006;105:1008–15. 2003;114(8):1521–30.
26. Bone M, Critchley P, Buggy DJ. Gabapentin in 41. Di Rollo A, Pallanti S. Phantom limb pain: low
post-amputation phantom limb pain: a randomized, frequency repetitive transcranial magnetic stimula-
tion in unaffected hemisphere. Case Report Med 46. Krainick JU, Thoder U. Spinal cord stimulation in
2011;2011:130751. post-amputation pain. In: Siegfried J, Zimmerman
42. Gruber H, Glodny B, Kopf H, et al. Practical expe- M, ed. Phantom and Stump Pain. Berlin: Springer-
rience with sonographically guided phenol instillation Verlag ; 2002 :527-553.
of stump neuroma: predictors of effects, success, and 47. Lima MC, Fregni F. Motor cortex stimulation for
outcome. AJR Am J Roentgenol 2008;190:1263–9. chronic pain. Systematic review and meta-analysis of
43. Wilkes D, Ganceres N, Solanki D, Hayes M. Pulsed the literature. Neurology 2008;70(24):2329–37.
radiofrequency treatment of lower extremity phan- 48. Fontaine D, Hamani C, Lozano A. Efficacy and safety
tom limb pain. Clin J Pain 2008;24:736–9. of motor cortex stimulation for chronic neuropathic
44. Restrepo-Garces CE, Marinov A, McHardy P, Faclier pain: critical review of the literature. J Neurosurg
G, Avila A. Pulsed radiofrequency under ultrasound 2009;110(2):251–6.
guidance for persistent stump-neuroma pain. Pain 49. Nguyen JP, Nizard J, Keravel Y, Lefaucheur JP.
Pract 2011;11:98–102. Invasive brain stimulation for the treatment of neuro
45. Ramanavarapu V, Simopoulos TT. Pulsed radiofre- pathic pain. Nat Rev Neurol 2011;7(12):699–709.
quency of lumbar dorsal root Ganglia for chro-
nic post-amputation stump pain. Pain Physician
2008;11:561–6.
Chapitre 13
Zona et névralgie postherpétique
Christophe Perruchoud
neuralgia and in acute herpes zoster pain. Anesth 16. Johnson MD, Burchiel KJ. Peripheral stimulation for
Analg 2002 Mar;94(3):694–700. treatment of trigeminal postherpetic nerualgia and
15. Dunteman E. Peripheral nerve stimulation for unre- trigeminal postherpetic pain: a pilot study. Neurosur-
mitting opthalmic posherpetic neuralgia. Neuro gery 2004;55:135–42.
modulation 2002;5:279–90.
Chapitre 14
Les douleurs cancéreuses
Nicolas Mariotti, Christophe Perruchoud
Figure 14.1. Incidence des douleurs cancéreuses selon le type ou la localisation de la tumeur [5].
Dans d’autres situations, le recours à des chez les patients atteints de cancer. Ces recom-
techniques antalgiques interventionnelles pourra mandations ont ensuite été adaptées dans une
s’avérer nécessaire. La plupart du temps, les publication datant de 1997, avec notamment
patients sont soumis à une importante surcharge l’introduction d’un quatrième palier intégrant les
émotionnelle et un soutien psychologique est procédures interventionnelles (figure 14.2).
souvent très bénéfique. D’une manière générale, Le traitement pharmacologique constitue un
une prise en charge optimale nécessite une équipe élément central du traitement de la douleur can-
pluridisciplinaire incluant, par exemple, le méde- céreuse. On pourra distinguer :
cin de premier recours, les oncologues, les radio- • les traitements analgésiques, qui ont une acti-
thérapeutes, les chirurgiens, les anesthésistes, les vité analgésique primaire et opèrent au niveau
antalgistes, les psychiatres, les palliatologues, les des mécanismes physiologiques de la douleur ;
psychologues, les physiothérapeutes, les ergothé- • les traitements adjuvants, qui ont une indica-
rapeutes, les infirmiers spécialisés et les aumôniers. tion primaire différente et qui, dans certaines
situations cliniques, peuvent avoir un effet anal-
Traitement pharmacologique gésique.
L’utilisation des analgésiques dans la douleur
En 1986, l’Organisation mondiale de la Santé cancéreuse est bien établie et suit des recomman-
(OMS) a présenté suite aux recommandations dations claires basées sur l’introduction séquen-
d’un groupe d’experts internationaux une échelle tielle de médications de puissance croissante qui
analgésique progressive pour le traitement de la sont titrées jusqu’à l’obtention du résultat recher-
douleur cancéreuse. Ce document a été traduit ché. Ces médicaments seront administrés selon
en 22 langues et a permis d’attirer l’attention des une méthode qui est résumée en cinq phrases —
soignants sur l’importance de traiter la douleur traduit de l’anglais (tableau 14.1) :
Ces principes fondamentaux nous indiquent œdème. On pense en particulier aux symptômes
que les analgésiques doivent être administrés et douleurs liés à l’augmentation de la pres-
régulièrement, dans une galénique la plus simple sion intracrânienne lors de métastases cérébrales
possible (per os si possible) à intervalle approprié ou aux douleurs abdominales lors de métastases
à la pharmacocinétique de chaque molécule, afin hépatiques. Ils peuvent être utiles également dans
de maintenir un taux sérique efficace. Cela permet les douleurs neuropathiques ou secondaires à des
de prévenir l’apparition des douleurs, plutôt que métastases osseuses, lors de syndromes compres-
d’attendre leur retour inéluctable. sifs de l’abdomen, du petit bassin, de la nuque
Le choix des analgésiques sera adapté à l’inten- ou de la tête. Leur utilisation sera en revanche
sité des symptômes et l’augmentation de puis- limitée dans le temps et à la dose la plus faible
sance du traitement suivra les paliers de l’OMS. possible en raison des nombreux effets indési-
Néanmoins, il va de soi qu’en cas de douleurs rables de ces traitements, comme les troubles
extrêmement intenses à l’initiation du traitement, de l’équilibre glycémique, l’hypertension arté-
il est illusoire de pouvoir contrôler les symptômes rielle, les troubles électrolytiques, du sommeil, de
avec des analgésiques de palier 1 et que le choix l’humeur et neuropsychologiques, l’immunosup-
d’un traitement de palier 2, voire 3 d’emblée pression, l’inhibition de l’axe corticosurrénalien,
s’imposera. On veillera toutefois à adapter le la myopathie et les troubles cutanés et osseux.
dosage aux spécificités du patient, en particulier En cas d’utilisation prolongée, on diminuera les
s’il fait partie d’un groupe à risque comme la doses graduellement afin de limiter le risque
population gériatrique. La prudence voudra que d’insuffisance corticosurrénalienne.
l’on débute le traitement à petite dose, notam-
ment pour les paliers 3, et que l’augmentation Benzodiazépines
des doses soit prudente, selon la formule anglo- Les benzodiazépines (BZD) sont utilisées prin-
saxonne : « Start low, rise slow ». cipalement lorsque le patient présente des signes
Tout au long du traitement, un accès à des d’anxiété, d’agitation, d’insomnies liées aux dou-
médications de réserve, à dose appropriée, afin de leurs et pouvant majorer la perception de ces
traiter les accès de douleurs paroxystiques doit être dernières. On choisira la BZD avec la durée
prévu. On prendra également soin d’anticiper, de d’action adaptée à l’indication : courte pour un
prévenir si possible, sinon de traiter les effets indé- problème d’endormissement isolé, plus longue
sirables des traitements analgésiques introduits, en s’il y a un trouble anxieux surajouté. Elles peuvent
particulier la constipation et les nausées. également être utilisées à but myorelaxant.
L’efficacité des traitements sera évaluée à intervalle
régulier, afin d’interrompre ceux devenus inefficaces Neuroleptiques
au profit de traitements alternatifs. Les différents
médicaments analgésiques de paliers 1 à 3, ainsi En cas d’agitation n’ayant pas répondu aux traite-
que les principaux adjuvants, sont décrits dans le ments de BZD, de confusion ou d’hallucinations,
chapitre 18. Les adjuvants spécifiquement utiles lors le recours à un traitement neuroleptique peut
de douleurs cancéreuses incluent principalement les s’avérer nécessaire. Lors de l’utilisation d’halo-
corticoïdes, les benzodiazépines, les neuroleptiques, péridol, qui sera également utile dans le cadre
les myorelaxants et les biphosphonates. de nausées, on sera attentif à la survenue d’effets
extrapyramidaux.
Corticoïdes
Les corticoïdes sont utilisés fréquemment à des Myorelaxants
stades avancés de la maladie pour ses effets béné- Baclofène (Liorésal®), tizanidine (Sirdalud®)
fiques non spécifiques, comme l’amélioration du ou tolpérisone (Mydocalm®) sont utilisés à but
bien-être, de l’appétit, la diminution des nausées myorelaxant lors de spasmes, myoclonies ou
et de la fatigue. Ils sont également prescrits pour contractures musculaires. Ils sont toutefois grevés
leurs effets spécifiques comme la diminution d’un d’effets indésirables importants : étourdissements,
somnolence, vertiges, faiblesse musculaire et Ces blocs en injection unique ne sont malheu-
hypotension artérielle. À l’arrêt brutal du baclo- reusement efficaces que pour une durée limitée.
fène, un syndrome de sevrage peut se manifester Ils peuvent être pratiqués de manière répétée,
sous forme d’hallucinations, de psychose, de crise permettant ainsi, dans un certain nombre de cas,
convulsive. de diminuer les douleurs de manière prolongée.
Dans certaines localisations, la mise en place
Biphosphonates et inhibiteur RANKL d’un cathéter périnerveux est possible. La per-
Les biphosphonates sont utilisés dans les cas fusion continue d’anesthésiques locaux permet
de métastases osseuses avec une diminution de une analgésie prolongée sur quelques semaines,
la morbidité liée à ces dernières. Ils diminuent dépendant de la technique d’insertion. Toutefois,
l’activité ostéoclastique par diminution du recru- les risques infectieux finissent par devenir pro-
tement, de la différenciation et de l’action des blématiques et l’inconvénient de la connexion à
ostéoclastes. Ils sont généralement bien tolérés un dispositif de perfusion externe peut s’avérer
mais peuvent occasionnellement provoquer une gênant pour les patients et leur autonomie malgré
toxicité rénale et osseuse se manifestant par une la miniaturisation de certains dispositifs.
ostéonécrose de la mâchoire. La pratique de blocs neurolytiques chimiques
Le dénosumab est un anticorps monoclonal (alcool, phénol) ou thermiques (radiofréquence,
dirigé contre le ligand du récepteur RANK cryothérapie) demeure une possibilité pour assu-
(RANKL) empêchant l’activation du récepteur rer un effet prolongé. Ces techniques ciblent
RANK et ainsi la formation, la fonction et la préférentiellement les nerfs purement sensitifs afin
survie des ostéoclastes. Le récepteur RANK est d’éviter les risques de déficits moteurs. Ils sont
situé à la surface des ostéoclastes et de ses pré- précédés d’un bloc réversible aux anesthésiques
curseurs [6]. locaux, à visée diagnostique ou pronostique. La
régénération nerveuse est imprévisible et le déve-
Traitement interventionnel loppement de névrome ou de nouvelles douleurs
de désafférentation est possible, entraînant une
Dans un certain nombre de situations, le traite- récidive des douleurs, parfois même plus intenses
ment pharmacologique sera complété ou remplacé qu’avant le traitement. Les techniques de radio-
par des procédures antalgiques interventionnelles. fréquence trouvent principalement leur place dans
L’espérance de vie du patient est un élément à le cas de douleurs neuropathiques lors d’infil-
prendre en considération pour décider de la nature tration du plexus lombosacré ou de douleurs
et du timing du traitement interventionnel. Il est intercostales, par exemple. Les deux types de
toutefois important de rappeler que, même dans radiofréquence, continue ou pulsée, au niveau
contexte oncologique gravissime, il est toujours des ganglions rachidiens thoraciques, lombaires
possible de péjorer la situation, notamment lors de ou des racines sensitives sacrée peuvent soulager
la survenue de complications sévères, consécutives efficacement ce type de douleurs [7,8].
à une procédure interventionnelle (déficit moteur, Les traitements neurolytiques, y compris la
paraplégie, infection). neurolyse intrathécale, sont décrits dans le cha-
pitre consacré à ces thérapies (cf. chap. 26).
Blocs périphériques
Blocs sympathiques
Les blocs analgésiques périphériques sont prin-
cipalement indiqués pour des lésions périphé- L’implication du système nerveux sympathique
riques, au niveau des membres par exemple, au dans certains syndromes douloureux, notamment
niveau thoracique en cas de douleurs costales les douleurs cancéreuses, est connue de longue
ou encore au niveau inguinal pour des douleurs date. Le système nerveux sympathique est acces-
inguinopérinéales. L’utilisation de l’échographie, sible à diverses infiltrations diagnostiques ou thé-
en complément des techniques par neurostimula- rapeutiques. Les principales indications à ce type
tion, permet la réalisation de blocs très sélectifs. de procédure sont les douleurs neuropathiques,
qu’elles soient d’origine traumatique, toxique ou 15 % des patients [10]. Les complications infec-
infiltrative, de même que les douleurs viscérales tieuses ainsi que les migrations du cathéter en
abdominales [9]. Les blocs sympathiques sont dehors de l’espace épidural sont moins fréquentes
décrits dans le chapitre 23. avec les ports sous-cutanés implantables qu’avec
les cathéters tunnélisés [11].
Analgésie neuraxiale : administration Une revue systématique de la littérature
épidurale et intrathécale incluant 12 études (4 628 patients) a conclu à un
L’analgésie neuraxiale, qu’elle soit intrathécale ou taux d’infection profonde de 1 pour 2 391 jours
épidurale, offre des possibilités de traitement à de traitements ou 0,4 par 100 jours de traitement
cours, moyen ou long terme. Comparativement [12]. En d’autres termes, un patient sur 35 ayant
aux autres voies systémiques, l’administration un cathéter épidural en place pendant 74 jours
périmédullaire d’opiacés permet une analgésie développera une infection épidurale.
plus efficace avec une dose nettement plus faible
(rapport IV : épidural de 10:1 et IV : intrathécal de Administration intrathécale
100:1) et des effets indésirables nettement moin-
dres. De plus, la voie périmédullaire permet l’admi- L’administration intrathécale est une alternative à
nistration de médicaments adjuvants, comme des l’administration épidurale. En théorie, l’utilisation
anesthésiques locaux ou de la clonidine. d’un cathéter externalisé est indiquée chez les
La mise en place d’un cathéter épidural est indi- patients ayant une espérance de vie courte (< 6
quée pour un traitement à court terme, inférieur à semaines). Entre 6 et 12 semaines d’espérance de
3 mois, chez des patients présentant une maladie vie, l’implantation d’une chambre sous-cutanée
avancée. Ils sont posés par abord percutané et est proposée [13] et au-delà de 3 mois, une
peuvent sortir au niveau dorsal ou être tunnélisés pompe implantable est envisagée (figure 14.3).
dans le flanc. Il est également possible de les
connecter à une chambre implantable type « port-
à-cath ». L’indication généralement admise à la
mise en place d’une chambre implantable est une
espérance de vie supérieure à 6 semaines. Les
médicaments le plus souvent administrés en épidu-
ral sont les anesthésiques locaux de longue durée
d’action (bupivacaïne, ropivacaïne), les opiacés
(morphine, fentanyl) et la clonidine, seuls ou en
association. Ce type de traitement est compatible
avec une prise en charge ambulatoire pour peu
qu’un suivi à domicile puisse être proposé. Il existe
en effet de nombreux modèles de pompes externes
disponibles sur le marché : réutilisables ou à usage
unique, électriques ou non (pompe élastomérique,
pompe à pression négative ou à pression positive),
programmables ou à débit continu.
Les complications les plus fréquentes de l’admi-
nistration épidurale d’opiacés sont la rétention
urinaire, les problèmes infectieux superficiels
(4-40 %) ou profonds comme les abcès épiduraux
(1-15 %), les problèmes liés au cathéter lui-même, Figure 14.3. Radiographie d’un patient porteur d’une
pompe implantée dans la paroi abdominale gauche,
comme les fuites, les obstructions, les déplace- reliée à un cathéter intrathécal (radiotransparent), dont
ments ou encore les ruptures qui nécessitent le l’extrémité se situe à hauteur de D11-D12 (flèche rouge).
changement ou le retrait chez approximativement Seule la pointe du cathéter est radio-opaque.
Toutefois, l’estimation de l’espérance de vie d’un espérance de vie limitée et consiste à interrom-
patient cancéreux est extrêmement hasardeuse et pre le faisceau spinothalamique latéral du côté
peut être radicalement modifiée par un contrôle controlatéral aux douleurs. Les lésions du faisceau
adéquat des douleurs. C’est pourquoi de nom- antérolatéral provoquent un déficit de sensation
breux spécialistes posent l’indication d’une douloureuse et de température du côté contro-
pompe intrathécale implantée en l’absence de latéral, deux à cinq segments sous le niveau de
signes de mort imminente. Tous les patients ne la cordotomie. Les fibres ont une disposition
sont pourtant pas de bons candidats et l’évalua- somatotopique, avec les segments cervicaux dis-
tion des comorbidités, de facteurs psychosociaux posés antéromédialement et les segments sacrés
en complément de l’évaluation de l’espérance de disposés postérolatéralement. La cordotomie est
vie devra être faite avec beaucoup de soin. le plus fréquemment utilisée dans le cadre de
Des études évaluant le rapport coût-bénéfice douleurs liées à un syndrome de Pancoast, à un
de cette technique comparée à la prise en charge mésothéliome, des lésions osseuses. Un soulage-
médicale ont conclu à un rapport bénéfique ment immédiat est obtenu chez plus de 60 % des
en faveur de la pompe intrathécale dès 3 mois patients [19]. Les complications rencontrées sont
d’utilisation. principalement liées à une lésion accidentelle d’un
En cas de douleurs non cancéreuses, l’implan- faisceau adjacent au faisceau spinothalamique laté-
tation définitive du système est souvent précédée ral. Différentes modalités de radioguidage sont
d’une ou plusieurs injections intrathécales, voire envisageables (radioscopie, CT-scan, IRM), ainsi
d’une perfusion intrathécale sur plusieurs jours. que le monitorage électrophysiologique.
Lors de ces injections test, on déterminera l’effi-
cacité du traitement prévu et les éventuels effets Cimentoplasties, vertébroplasties
indésirables. En cas de douleurs cancéreuses réfrac- et kyphoplasties
taires, l’implantation sans test préalable se justifie Les cimentoplasties, initialement développées
par la volonté de contrôler au plus vite les douleurs. pour le traitement minimalement invasif des frac-
Les médicaments le plus souvent utilisés sont les tures vertébrales (vertébroplasties), permettent
opiacés (morphine, fentanyl, hydromorphone), les de consolider un os fragilisé. Les indications
anesthésiques locaux (bupivacaïne), le ziconotide principales sont l’ostéoporose et les fractures qui
(Prialt®) et la clonidine. Ces médicaments peuvent peuvent en résulter, ainsi que les fractures patho-
être administrés seuls ou en combinaison. Des logiques ou les tumeurs primaires au niveau verté-
algorithmes décisionnels ont été élaborés par des bral, mais également dans d’autres localisations
groupes d’experts pour guider les praticiens dans comme le bassin [20]. La technique consiste à
la prise en charge des douleurs nociceptives ou injecter sous guidage radiologique (radioscopie
neuropathiques [14]. Des études prospectives ont +/- CT-scan), du ciment acrylique radio-opaque
montré une supériorité du traitement intrathécal (PMMA) au travers d’aiguilles introduites par
en comparaison d’un traitement conventionnel voie percutanée. L’abord vertébral est effectué
dans ce contexte clinique. Une amélioration de la en antérolatéral ou transbuccal au niveau cervical
survie a même été suggérée [15,16]. et en postérolatéral au niveau thoracolombaire,
Le traitement par dispositif implantable intra- généralement par voie transpédiculaire.
thécal est décrit en détail dans le chapitre 31. La kyphoplastie consiste à restaurer la hauteur
vertébrale par une expansion vertébrale à l’aide
Cordotomie d’un ballonnet avant l’injection du ciment.
La cordotomie cervicale percutanée est une Ces procédures, dépendant du nombre de
technique interventionnelle permettant de traiter niveaux à traiter, peuvent être effectuées en anes-
des patients souffrant de douleurs cancéreuses thésie locale. Cela permet de traiter des patients
sévères, réfractaires au traitement convention- dont l’état ne permettrait pas de procéder à une
nel, décrite dans les années 1960 [17,18]. Elle anesthésie générale. Le mécanisme d’action est
est généralement réservée aux patients avec une probablement multifactoriel, lié à la stabilisation
mécanique, mais également à une potentielle ther- n’est ni utile ni judicieux d’attendre un échappe-
mocoagulation des terminaisons nociceptives et ment de la situation au palier 3 pour proposer un
des cellules tumorales, lors de la polymérisation traitement interventionnel, par exemple. De plus,
du PMMA. Un effet cytotoxique du ciment est une espérance de vie réduite ne doit nullement
également possible, comme l’a montré la nécrose à être un frein au soulagement du patient présen-
l’interface PMMA-tumeur [21]. Les résultats mon- tant des douleurs cancéreuses.
trent une diminution partielle ou une disparition
des douleurs chez 50 à 97 % des patients avec un
Références
suivi de quelques semaines à 18 mois [22]. L’une
des complications principales est l’extravasation 1. Bruera E, Lawlor P. Cancer pain management. Acta
Anaesthesiol Scand 1997 Jan;41(1 Pt 2):146–53.
de ciment, souvent asymptomatique. Toutefois, la
2. Van den Beuken-van Everdingen M, de Rijke J, Kes-
fuite dans le canal rachidien ou le neuroforamen sels A, Schouten H, van Kleef M, Patijn J. Prevalence
peut provoquer respectivement une compression of pain in patients with cancer: a systematic review
médullaire et une radiculopathie, nécessitant dans of the past 40 years. Annals of Oncology. 2007 Aug
les cas sévères une décompression chirurgicale. La 13;18(9):1437–49.
fuite dans le réseau veineux paravertébral peut être 3. Van den Beuken-van Everdingen MHJ, de Rijke JM,
Kessels AG, Schouten HC, van Kleef M, Patijn J.
à l’origine d’une embolie pulmonaire. Le risque
High prevalence of pain in patients with cancer in
augmenté de fracture des vertèbres adjacentes est a large population-based study in The Netherlands.
également reporté [23]. Pain 2007 Dec;132(3):312–20.
4. Van den Beuken-van Everdingen M. Chronic Pain
in Cancer Survivors: A Growing Issue. J Pain Palliat
Conclusion Care Pharmacother 2012 Dec;26(4):385–7.
5. Van den Beuken-van Everdingen M, de Rijke J, Kes-
sels A, Schouten H, van Kleef M, Patijn J. Prevalence
Le traitement des douleurs cancéreuses repose sur of pain in patients with cancer: a systematic review
une prise en charge multidisciplinaire médicale of the past 40 years. Annals of Oncology 2007 Aug
et non médicale. Les lignes directrices théra- 13;18(9):1437–49.
6. Rolfo C, Raez LE, Russo A, Reguart N, Campelo
peutiques contenues dans l’échelle analgésique
RG, Bronte G, Papadimitriou K, Silvestris F. Mole-
de l’OMS ont ouvert la voie à de nombreuses cular target therapy for bone metastasis: starting a
améliorations dans la prise en charge de la douleur new era with denosumab, a RANKL inhibitor. Expert
cancéreuse, mais conviennent d’être constam- Opin Biol Ther 2014 Jan;14(1):15–26.
ment adaptées à chaque situation particulière. En 7. Yadav N, Philip FA, Gogia V, Choudhary P, Rana
effet, les différentes possibilités thérapeutiques SPS, Mishra S, et al. Radio Frequency Ablation in
Drug Resistant Chemotherapy-induced Peripheral
complémentaires aux trois paliers doivent être Neuropathy: A Case Report and Review of Litera-
intégrées dans un continuum (figure 14.4) et il ture. Indian J Palliat Care 2010 Jan;16(1):48–51.
8. Uchida K-I. Radiofrequency treatment of the thora-
cic paravertebral nerve combined with glucocorticoid
for refractory neuropathic pain following breast can-
cer surgery. Pain Physician 2009 Jul;12(4):E277–83.
9. Erdine S. Interventional treatment of cancer pain.
European Journal of Cancer Supplements 2005
Oct;3(3):97–106.
10. Smitt PS, Tsafka A, Teng-van de Zande F, van
der Holt R, Elswijk-de Vries I, Elfrink E, et al.
Outcome and complications of epidural analgesia
in patients with chronic cancer pain. Cancer 1998
Figure 14.4. Adaptation de l’échelle analgésique de Nov1;83(9):2015–22.
l’OMS n’ajoutant pas de palier supplémentaire, mais 11. De Jong PC, Kansen PJ. A comparison of epidural
plutôt un ensemble de prises en charge pouvant prendre catheters with or without subcutaneous injection
place à différents moments de l’évolution quelle que soit ports for treatment of cancer pain. Anesth Analg
l’intensité des douleurs. 1994 Jan;78(1):94–100.
12. Ruppen W, Derry S, McQuay HJ, Moore RA. 17. Mullan S, Harper PV, Hekmatpanah J, Torres H,
Infection rates associated with epidural indwelling Dobbin G. Percutaneous interruption of spinal-pain
catheters for seven days or longer: systematic review tracts by means of a strontium 90 needle. J. Neuro-
and meta-analysis. BMC Palliat Care 2007 Apr surg 1963 Nov;20(11):931–9.
4;6:3. 18. Rosomoff HL, Brown CJ, Sheptak P. Percutaneous
13. Bedder MD, Burchiel K, Larson A. Cost analy- radiofrequency cervical cordotomy: technique. J.
sis of two implantable narcotic delivery systems. Neurosurg. 1965 Dec;23(6):639–44.
Journal of Pain and Symptom Management 1991 19. Raslan AM, Cetas JS, McCartney S, Burchiel KJ.
Aug;6(6):368–73. Destructive procedures for control of cancer pain: the
14. V Deer TR, Pope JE, Hayek S, Bux A, Buchser case for cordotomy. J. Neurosurg. American Associa-
E, Eldabe S, et al. The Polyanalgesic Consensus tion of Neurological Surgeons 2011 Jan;114(1):155–
Conference (PACC): Recommendations on Intra- 70.
thecal Drug Infusion Systems Best Practices and Gui- 20. Fourney DR, Schomer DF, Nader R, Chlan-Fourney
delines. Neuromodulation 2017 Jan;2 doi: 10.1111/ J, Suki D, Ahrar K, et al. Percutaneous vertebroplasty
ner.12538. and kyphoplasty for painful vertebral body frac-
15. Smith TJ, Staats PS, Deer T, Stearns LJ, Rauck RL, tures in cancer patients. J. Neurosurg 2003 Jan;98(1
Boortz-Marx RL, et al. Randomized clinical trial of Suppl):21–30.
an implantable drug delivery system compared with 21. Gangi A, Guth S, Imbert JP, Marin H, Dietemann
comprehensive medical management for refractory J-L. Percutaneous vertebroplasty: indications, tech-
cancer pain: impact on pain, drug-related toxicity, nique, and results. Radiographics 2003 Mar;23(2):
and survival. J Clin Oncol 2002;20:4040–9. e10–20.
16. Smith TJ, Coyne PJ, Staats PS, Deer T, Stearns LJ, 22. Wu AS, Fourney DR. Supportive Care Aspects of
Rauck RL, Boortz-Marx RL, Buchser E, Català E, Vertebroplasty in Patients with Cancer. Support Can-
Bryce DA, Cousins M, Pool GE. An implantable cer Ther 2012 Dec 28;2(2):98–104.
drug delivery system (IDDS) for refractory cancer 23. Uppin AA, Hirsch JA, Centenera LV, Pfiefer BA,
pain provides sustained pain control, less drug-rela- Pazianos AG, Choi IS. Occurrence of new ver-
ted toxicity, and possibly better survival compared tebral body fracture after percutaneous vertebro-
with comprehensive medical management (CMM). plasty in patients with osteoporosis. Radiology 2003
Ann Oncol 2005 May;16(5):825–33. Jan;226(1):119–24.
Chapitre 15
La douleur chronique
postopératoire
Matthieu Cachemaille, Christophe Perruchoud
La douleur chronique postopératoire est devenue hommes [4], de même que les patients jeunes,
un problème de santé publique majeur du fait moins tolérants à la douleur que les patients plus
notamment de l’augmentation des interventions âgés.
chirurgicales ces dernières années. Selon les cri- Les patients dépressifs, anxieux ou souffrant
tères de l’International Association for the Study de surmenage sont également plus sujets aux
of Pain (IASP), il s’agit d’une douleur persistant douleurs postopératoires chroniques [5]. Compa-
plus de 2 mois après une opération chirurgicale. rés au syndrome d’anxiété généralisé, le catas-
La définition exclut les douleurs préexistantes au trophisme, la tendance à exagérer les sensations
niveau du site chirurgical ou en relation avec des douloureuses, ou encore un sentiment de vulné-
complications non résolues [1]. rabilité avant une opération, apparaissent comme
des facteurs prédictifs importants [6].
Actuellement, les facteurs génétiques font
l’objet de recherches importantes. Des muta-
Épidémiologie et facteurs tions au niveau des canaux sodiques seraient à
de risques l’origine de certains syndromes comme l’insen-
sibilité congénitale à la douleur, et de douleurs
Dans une grande étude norvégienne publiée chroniques à l’instar de l’érythermalgie primi-
en 2012 incluant plus de 10 000 cas, 40,4 % des tive. D’autres gènes codant pour des récepteurs
patients chirurgicaux présentaient des douleurs type TRP (Transient Receptor Potential) ou pour
persistantes dont 18,3 % d’intensité modérée les enzymes COMT (catéchol-O-méthyl-trans-
à sévère [2]. Une deuxième étude européenne férase) semblent être impliqués dans la chronicité
plus récente a montré que des douleurs modé- de la douleur. Dans le cas précis des douleurs
rées à sévères sont encore présentes chez près postopératoires, le gène GCH1 codant l’enzyme
de 12 % des patients une année après un acte GTP-cyclo-hydrolase impliquée dans la synthèse
chirurgical [3]. de neurotransmetteurs, élèverait le seuil de sen-
Selon la littérature, l’incidence globale des dou- sibilité douloureuse chez près de 15 % de la
leurs postopératoires est estimée à 20-30 %, toutes population [7]. Le groupe d’étude GENDOL-
chirurgies confondues. Les facteurs de risques CAT [8] a analysé 90 marqueurs génétiques de
sont liés au patient (sexe, âge, histoire doulou- 1 000 patients chirurgicaux, dont 50 % avaient
reuse, facteurs psychosociaux et génétiques), au développé des douleurs chroniques postopéra-
type de chirurgie ou au type d’anesthésie (ges- toires. En l’absence de différence significative
tion de la douleur postopératoire aiguë, lésions entre les patients et les sujets contrôles, les auteurs
nerveuses). démontrent un lien entre l’apparition des dou-
Les femmes sont plus souvent sujettes aux leurs chroniques postopératoires et les facteurs
douleurs postopératoires chroniques que les cliniques suivants : type d’opération, âge, santé
physique, santé mentale, douleur préopératoire au thoracique (34,5 %), chirurgie du sein (31,0 %),
niveau du site chirurgical, douleur préopératoire chirurgie prothétique de la hanche et du
autre. genou (19,8 %), prélèvement au niveau de la crête
Une étude précédente [5] avait relevé l’associa- iliaque (18,7 %), prostatectomie (14 %), chirur-
tion entre la douleur chronique postopératoire et gie gynécologique (13,7 %), chirurgie abdomi-
cinq facteurs liés au patient : nale (11 %), ostéotomie mandibulaire (10 %),
• burn-out au cours des 6 mois précédant la néphrectomie (donneur vivant) (9,6 %), hernie
chirurgie ; inguinale (7 %) et cure de varices (4,7 %) [9].
• douleur préopératoire au niveau du site chirur- Pour d’autres interventions, amputations (50-
gical ; 85 %) et chirurgie cardiaque (30-55 %) [10],
• douleur préopératoire sur un autre site ; la grande variabilité d’incidence est due aux
• intensité de la douleur postopératoire ; grandes tailles des populations analysées, à des
• facteurs de stress ≥ 1 (troubles du sommeil, biais de sélection, ou encore à la grande diversité
troubles anxieux, épuisement, vertiges, tachycar- des techniques chirurgicales et anesthésiques.
die, tremblements, consommation de sédatifs). Une étude récente révèle des douleurs modérées
L’addition de ces éléments permettrait de cal- à sévères chez encore 17 % des patients 1 an
culer le risque qu’un patient développe une dou- après cholécystectomie ouverte et chez près de
leur chronique 6 mois après un acte chirurgical : 8 % des patients après prothèse du genou [3].
• 0 facteur : 12 % ; Dans plus de 65 % des cas, les douleurs chro-
• 1 facteur : 30 % ; niques après chirurgie du sein et thoracotomie
• 2 facteurs : 37 % ; présentent des caractéristiques neuropathiques,
• 3 facteurs : 68 % ; attribuées à des lésions nerveuses iatrogènes
• 4 facteurs : 82 % ; mécaniques des nerfs intercostaux et intercos-
• 5 facteurs : 71 %. tobrachiaux. La proportion est plus faible dans
Les facteurs de risque en fonction de la phase la chirurgie herniaire (31 %) et prothétique de la
périopératoire sont présentés dans le tableau 15.1. hanche et du genou (6 %) [9].
Le type de chirurgie joue également un rôle Dans les centres spécialisés, environ 20 % des
dans l’apparition des douleurs chroniques post- consultations concernent des douleurs consécu-
opératoires, par ordre de prévalence : chirurgie tives à une intervention chirurgicale.
Tableau 15.1. Facteurs de risque pour le développement d’une douleur postopératoire chronique.
Phase préopératoire Phase peropératoire Phase postopératoire
Sexe féminin Type de chirurgie (ouverte vs mini-invasive) Durée et intensité de la douleur aiguë
postopératoire
Patients jeunes Chirurgie longue Douleurs à caractère neuropathique
Réopération
Troubles anxieux Absence d’infiltration cicatricielle ou
Catastrophisme d’anesthésie locorégionale
Troubles du sommeil
État dépressif
Signes de surmenage
Antécédents de douleurs chroniques Absence de traitement médicamenteux
(postopératoires) préventif (kétamine, magnésium,
gabapentinoïdes ?)
Facteur génétique ?
nerveux central. Cette neuro-inflammation active réduire les douleurs aiguës et les phénomènes
à son tour les récepteurs NMDA au glutamate, d’hyperexcitabilité qui en découlent.
provoquant ainsi une excitation neuronale, une Le magnésium exerce un effet inhibiteur sur les
inhibition de l’effet analgésique des opiacés et par récepteurs NMDA. Il bloque l’influx de calcium
conséquent une hypersensibilité [14]. Ce proces- intracellulaire et la neuroexcitabilité. En adminis-
sus très complexe semble être dose-dépendant. tration peropératoire (bolus entre 30-50 mg/kg),
Dans des études animales tout au moins, plus il permet de diminuer les scores de douleur et la
la dose augmente, plus le niveau et la durée consommation de morphine de 24 % à 24 h [18].
de l’hyperalgésie augmentent. Selon une revue Son efficacité dans la prévention des douleurs
clinique de la littérature récente, l’hyperalgésie chroniques postopératoires n’a pas encore été
postopératoire et la consommation de morphine démontrée.
à 24 h augmente significativement après des doses Le protoxyde d’azote aurait également un effet
peropératoires élevées de rémifentanil [15]. Ces antagoniste sur les récepteurs NMDA. Une seule
effets n’ont pas encore été démontrés avec d’autres étude a démontré ses effets positifs sur l’apparition
opiacés, du fait du nombre limité d’études. de douleurs chroniques chez des patients exposés
Dans tous les cas, il semble préférable de au protoxyde d’azote pendant la chirurgie [19].
réduire les doses peropératoires d’opiacés en y À ce jour, son administration systématique reste
associant d’autres substances dans le but de dimi- controversée.
nuer le risque d’hyperalgésie, la consommation D’autres molécules, comme l’amantadine ou le
d’opioïdes et leurs effets indésirables. dextrométhorphane, ont été utilisées dans la pré-
vention des douleurs aiguës postopératoires. Bien
qu’ils contribuent à diminuer la consommation
Antagonistes NMDA d’opiacés, ils ne sont pas utilisés en routine.
thoracique [22]. Les résultats sont contradictoires peropératoire de gabapentine diminuait l’inci-
pour les infiltrations de clonidine au niveau du site dence de douleurs chroniques 2 mois après la
chirurgical [23,24]. chirurgie. Seules trois études comparaient la pré-
Par manque d’expérience à long terme, ces gabaline avec un placebo et, malgré le fait qu’elles
deux traitements ne sont actuellement pas indi- portaient sur un faible nombre de patients et
qués dans la prévention systématique des douleurs concernaient des dosages différents, toutes mon-
chroniques postopératoires. traient un effet positif. Plus récemment, Schmidt
et al. [27] ont relevé six études positives contre
quatre négatives pour la gabapentine et trois
Gabapentinoïdes études positives contre trois négatives pour la
prégabaline dans la prévention d’une neuropathie
La prégabaline (Lyrica®) et la gabapentine (Neu- postopératoire.
rontin®) agissent en inhibant la sous-unité alpha- En conclusion, des études supplémentaires
2-delta des canaux calciques voltage-dépendants de sur de plus larges populations sont nécessaires
type N, principalement dans la moelle épinière. pour confirmer les effets des gabapentinoïdes
De structure analogue à l’acide γ-aminobuti- dans la prévention des douleurs chroniques
rique (GABA), ils n’influencent cependant pas ses postopératoires.
récepteurs. Ils réduisent la libération présynap-
tique des neuropeptides excitateurs et inhibent Anesthésie locorégionale
la transmission glutamatergique postsynaptique.
Leur influence sur les récepteurs NMDA n’est L’anesthésie locorégionale fait partie intégrante
pas claire. de l’analgésie multimodale periopératoire. L’utili-
Ces dernières années, de nombreuses études sation de la péridurale dans la chirurgie thoracique
ont montré que l’administration adjuvante de et abdominale permet de diminuer la morbidité
gabapentine atténue les douleurs précoces et (complications pulmonaires et digestives) et la
la consommation de morphine [25]. L’effet consommation d’opiacés per- et postopératoires
de la prégabaline, moins étudiée, est moins tout en assurant le confort du patient. Il est assez
clair. Cependant, une méta-analyse récente surprenant que peu d’études se soient intéres-
portant sur 55 études qui comparent la pré- sées au rôle préventif de l’anesthésie locorégio-
gabaline à un placebo montre globalement nale dans l’apparition des douleurs chroniques.
une diminution des scores de douleur et de la En 2013, une revue Cochrane [29] a démontré le
consommation d’opiacés (- 8 mg) 24 h après rôle préventif de la péridurale dans l’apparition de
la chirurgie [26]. Le moment de l’adminis- douleurs chroniques 6 mois après thoracotomie
tration du médicament varie selon les études (trois études, 250 patients, NNT 4). Le bloc
entre une dose préopératoire unique ou des paravertébral aurait les mêmes effets dans la chi-
doses répétées jusqu’à 24 heures après l’inter- rurgie du sein (deux études, 89 patients, NNT 5).
vention. Des doses de gabapentine entre 300 et Concernant les autres types de chirurgie (lapa-
1 200 mg et de prégabaline entre 75 et 300 mg rotomies, amputations, césariennes), les études
ont démontré des effets positifs [26,27]. Les ne parviennent pas à mettre en évidence un
effets indésirables (sédation, vertiges, troubles quelconque effet préventif à long terme de la péri-
visuels) sont dose-dépendants. Ces médica- durale ou des infiltrations, en raison d’un nombre
ments sont déconseillés chez les patients âgés de patients insuffisant ou de biais de performance.
et les patients atteints d’une insuffisance rénale Dans une étude incluant plus de 400 patients, les
ou d’un SAOS. infiltrations d’anesthésiques locaux avaient perdu
Concernant la prévention des douleurs chro- leur effet positif 3 mois après une cure de hernie
niques, les effets de ces deux médicaments inguinale [30]. Seule l’infiltration continue de la
divergent. Selon Clarke et al. [28], quatre crête iliaque après prélèvement osseux a montré
études sur huit indiquaient que l’administration des effets bénéfiques prolongés.
Lehman T, Meissner W. euCPSP group for the 16. Elia N, Tramèr MR. Ketamine and postoperative
Clinical Trial Network group of the European Society pain--a quantitative systematic review of randomised
of Anaesthesiology. Chronic postsurgical pain in trials. Pain 2005;113:61–70.
Europe: An observational study. Eur J Anaesthesiol 17. McNicol ED, Schumann R, Haroutounian S. A
2015;32:725–34. systematic review and meta-analysis of ketamine for
4. Mogil JS. Sex differences in pain and pain inhibition: the prevention of persistent post-surgical pain. Acta
multiple explanations of a controversial phenome- Anaesthesiol Scand 2014;58:1199–213.
non. Nat Rev Neurosci 2012;13:859–66. 18. Albrecht E, Kirkham KR, Liu SS, Brull R. Peri-
5. Althaus A, Hinrichs-Rocker A, Chapman R, operative intravenous administration of magnesium
Arránz Becker O, Lefering R, Simanski C, et al. sulphate and postoperative pain: a meta-analysis.
Development of a risk index for the prediction of Anaesthesia 2013;68:79–90.
chronic post-surgical pain. Eur J Pain Lond Engl 19. Chan MTV, Wan ACM, Gin T, Leslie K, Myles PS.
2012;16:901–10. Chronic postsurgical pain after nitrous oxide anes-
6. Theunissen M, Peters ML, Bruce J, Gramke H-F, thesia. Pain 2011;152:2514–20.
Marcus MA. Preoperative anxiety and catastrophi- 20. Blaudszun G, Lysakowski C, Elia N, Tramèr MR.
zing: a systematic review and meta-analysis of the Effect of perioperative systemic α2 agonists on post-
association with chronic postsurgical pain. Clin J Pain operative morphine consumption and pain intensity:
2012;28:819–41. systematic review and meta-analysis of randomized
7. Tegeder I, Costigan M, Griffin RS, Abele A, Belfer controlled trials. Anesthesiology 2012;116:1312–22.
I, Schmidt H, et al. GTP cyclohydrolase and tetrahy- 21. Lavand’homme P, Kock M De. The use of intrao-
drobiopterin regulate pain sensitivity and persistence. perative epidural or spinal analgesia modulates post-
Nat Med 2006;12:1269–77. operative hyperalgesia and reduces residual pain after
8. Montes A, Roca G, Sabate S, Lao JI, Navarro major abdominal surgery. Acta Anaesthesiol Belg
A, Cantillo J, Canet J. GENDOLCAT Study 2006;57:373–9.
Group. Genetic and Clinical Factors Associated 22. Ayad AE, Masry A El. Epidural steroid and clonidine
with Chronic Postsurgical Pain after Hernia for chronic intractable post-thoracotomy pain: a pilot
Repair, Hysterectomy, and Thoracotomy: A Two- study. Pain Pract Off J World Inst Pain 2012;12:7–
year Multicenter Cohort Study. Anesthesiology 13.
2015;122:1123–241. 23. Mohamed SA-B, Abdel-Ghaffar HS. Effect of the
9. Haroutiunian S, Nikolajsen L, Finnerup NB, Jen- addition of clonidine to locally administered bupiva-
sen TS. The neuropathic component in persistent caine on acute and chronic postmastectomy pain. J
postsurgical pain: a systematic literature review. Pain Clin Anesth 2013;25:20–7.
2013;154:95–102. 24. Bollag L, Richebe P, Siaulys M, Ortner CM, Gofeld
10. Macrae WA. Chronic post-surgical pain: 10 years on. M, Landau R. Effect of transversus abdominis plane
Br J Anaesth 2008;101:77–86. block with and without clonidine on post-cesarean
11. Martinez V, Ammar S Ben, Judet T, Bouhassira delivery wound hyperalgesia and pain. Reg Anesth
D, Chauvin M, Fletcher D. Risk factors predic- Pain Med 2012;37:508–14.
tive of chronic postsurgical neuropathic pain: the 25. Doleman B, Heinink TP, Read DJ, Faleiro RJ, Lund
value of the iliac crest bone harvest model. Pain JN, Williams JP. A systematic review and meta-regres-
2012;153:1478–83. sion analysis of prophylactic gabapentin for post-
12. Costigan M, Scholz J, Woolf CJ. Neuropathic pain: operative pain. Anaesthesia 2015;70:1186–204.
a maladaptive response of the nervous system to 26. Mishriky BM, Waldron NH, Habib AS. Impact of
damage. Annu Rev Neurosci 2009;32:1–32. pregabalin on acute and persistent postoperative pain:
13. Aasvang EK, Gmaehle E, Hansen JB, Gmaehle B, a systematic review and meta-analysis. Br J Anaesth
Forman JL, Schwarz J, Bittner R, Kehlet H. Predic- 2015;114:10–31.
tive risk factors for persistent postherniotomy pain. 27. Schmidt PC, Ruchelli G, Mackey SC, Carroll IR.
Anesthesiology 2010;112:957–69. Perioperative gabapentinoids: choice of agent, dose,
14. Hutchinson MR, Shavit Y, Grace PM, Rice KC, timing, and effects on chronic postsurgical pain.
Maier SF, Watkins LR. Exploring the neuroimmuno- Anesthesiology 2013;119:1215–21.
pharmacology of opioids: an integrative review of 28. Clarke H, Bonin RP, Orser BA, Englesakis M, Wijey-
mechanisms of central immune signaling and their sundera DN, Katz J. The prevention of chronic
implications for opioid analgesia. Pharmacol Rev postsurgical pain using gabapentin and pregabalin:
2011;63:772–810. a combined systematic review and meta-analysis.
15. Fletcher D, Martinez V. Opioid-induced hyperalgesia Anesth Analg 2012;115:428–42.
in patients after surgery: a systematic review and a 29. Andreae MH, Andreae DA. Regional anaesthesia
meta-analysis. Br J Anaesth 2014;112:991–1004. to prevent chronic pain after surgery: a Cochrane
systematic review and meta-analysis. Br J Anaesth 32. Terkawi AS, Sharma S, Durieux ME, Thammishetti
2013;111:711–20. S, Brenin D, Tiouririne M. Perioperative lidocaïne
30. Kurmann A, Fischer H, Dell-Kuster S, Rosenthal R, infusion reduces the incidence of post-mastectomy
Audigé L, Schüpfer G, Metzger J, Honigmann P. chronic pain: a double-blind, placebo-controlled
Effect of intraoperative infiltration with local anes- randomized trial. Pain Physician 2015;18:E139–146.
thesia on the development of chronic pain after 33. Finnerup NB, Attal N, Haroutounian S, McNicol E,
inguinal hernia repair: a randomized, triple-blinded, Baron R, Dworkin RH, et al. Pharmacotherapy for
placebo-controlled trial. Surgery 2015;157:144–54. neuropathic pain in adults: a systematic review and
31. Kranke P, Jokinen J, Pace NL, Schnabel A, Hollmann meta-analysis. Lancet Neurol 2015;14:162–73.
MW, Hahnenkamp K, Eberhart LHJ, Poepping DM, 34. Derry S, Wiffen PJ, Moore RA, Quinlan J. Topical
Weibel S. Continuous intravenous perioperative lido- lidocaïne for neuropathic pain in adults. Cochrane
caïne infusion for postoperative pain and recovery. Database Syst Rev 2014;7:CD010958.
Cochrane Database Syst Rev 2015;7:CD009642.
Chapitre 16
Les vulvodynies
Martine Jacot-Guillarmod
Les vulvodynies représentent la première cause Des troubles psychologiques tels qu’angoisse,
de dyspareunie superficielle chez les femmes de dépression, troubles du sommeil, addiction, dys
moins de 30 ans. Elles désignent des douleurs fonction sexuelle et difficultés dans la relation
vulvaires chroniques, souvent idiopathiques. On de couple constituent des complications de cette
distingue la vulvodynie provoquée de la vulvo maladie.
dynie généralisée. La vulvodynie provoquée Investiguer avec soin la plainte douloureuse
(anciennement vulvovestibulite) se caractérise par permet d’identifier le type de vulvodynie, provo
une douleur localisée au niveau du vestibule quée ou généralisée, et de cibler la prise en charge
et déclenchée par le simple contact (pression, thérapeutique de façon appropriée [3].
rapport sexuel, port de vêtements serrés). Cette
forme de vulvodynie ne s’accompagne pas de
douleur spontanée. Elle peut être primaire ou Examen clinique
secondaire selon son apparition dès les premiers
rapports sexuels avec pénétration vaginale ou L’examen clinique est crucial dans l’investigation
après une période de rapports sexuels indolores. d’une patiente souffrant de douleurs vulvaires. Il
La vulvodynie généralisée se caractérise, elle, par consiste à rechercher l’étiologie de la vulvodynie
une sensation de brûlure qui s’étend à l’ensemble afin d’en déterminer le traitement spécifique.
de la vulve sans facteur déclenchant identifié [1]. Pour ce faire, l’examen de la vulve au colposcope
La classification des douleurs vulvaires persis (vulvoscopie) [4] est très contributif, car il permet
tantes établie en 2015 différencie les douleurs d’identifier des modifications cutanées sugges
vulvaires liées à une cause spécifique (infectieuse, tives de pathologies dermatologiques (lichénifi
inflammatoire, traumatique, etc.) des vulvodynies cation, ulcération, dépigmentation, fissures, etc.),
dont l’origine reste incertaine, qui peuvent cepen d’atteintes infectieuses, d’atrophie sur carence
dant être accompagnées de facteurs associés. hormonale, d’une suspicion de néoplasie ou de
L’évaluation initiale d’une patiente souffrant traumatisme. Ces différentes lésions peuvent
de vulvodynie comprend une anamnèse médicale être à l’origine de douleurs vulvaires chroniques,
somatique générale, un interrogatoire ciblé sur la les reconnaître permet d’adapter le traitement
douleur, une appréciation psychologique et un exa antalgique à l’étiologie. Un érythème localisé au
men de la musculature du plancher pelvien. Les niveau de l’abouchement des glandes de Bartholin
questions porteront donc sur les caractéristiques ou des glandes de Skene est très évocateur d’une
de la douleur (durée, localisation, facteurs déclen vulvodynie provoquée. La présence de cet éry
chants, intensité), l’existence d’éventuelles maladies thème n’est toutefois pas un critère diagnostique
somatiques et psychologiques, le vécu de la sexua obligatoire de cette forme de vulvodynie.
lité et les traitements déjà expérimentés. Il existe L’examen génital est souvent source d’angoisse
de nombreux outils validés d’aide à l’investigation pour la patiente qui souffre de douleurs vulvaires.
comme le questionnaire FSFI (Female Sexual Func- En revanche, il peut aussi générer un senti
tion Index) pour les questions liées à la sexualité [2]. ment de confiance à l’égard du praticien lorsque
celui-ci met en évidence la douleur qui est dès lors vésical, les muscles élévateurs de l’anus, puis les
« validée ». La reconnaissance de la réalité de la épines sciatiques afin de localiser le nerf honteux à
douleur est la base sur laquelle peut se construire son entrée dans le canal d’Alcock. En cas de dou
la relation de confiance entre la patiente et son leurs à la palpation du nerf honteux, le diagnostic
thérapeute, essentielle à la bonne prise en charge s’oriente préférentiellement vers une névralgie
de cette pathologie douloureuse. pudendale. Si la patiente le tolère, l’examen de
Le test du coton-tige est le test de référence l’utérus et des annexes par un toucher bimanuel
pour le diagnostic de vulvodynie provoquée. Il se classique clôture l’examen [3].
pratique en exerçant une légère pression avec un Il existe d’autres moyens permettant d’objecti
coton-tige de préférence humide sur tout le pour ver la douleur, parmi lesquels le test du tampon
tour du vestibule (figure 16.1). Il est dit positif (introduction d’un tampon hygiénique lubrifié
lorsqu’il déclenche la douleur. Lorsque la douleur dans l’orifice vaginal), qui reproduit les conditions
est confinée au vestibule postérieur (5 h-7 h), les plus proches de la réalité. Son utilité est surtout
elle est souvent associée à une hypertonie de démontrée pour les travaux de recherche évaluant
la musculature du plancher pelvien, tandis que la performance de traitements étudiés [5].
lorsqu’elle concerne l’ensemble du vestibule, elle Un bilan sanguin endocrinien (œstradiol,
résulte plutôt d’une atteinte intrinsèque de la testostérone, Sex Hormone Binding Globuline
muqueuse vestibulaire. ou SHBG) est recommandé, particulièrement
L’examen neurologique sensoriel de l’ensemble chez les jeunes femmes sous contraception
de la région anogénitale, toujours à l’aide d’un orale combinée, puisqu’une telle contraception
coton-tige humide, permet d’identifier des zones entraîne une baisse de la testostérone libre
de réponse anormale à la douleur distinctes du responsable d’altérations de la muqueuse ves
vestibule. tibulaire. Le dosage de la Follicle Stimulating
L’examen au spéculum est effectué à l’aide Hormone (FSH) a un intérêt lorsqu’une carence
d’un spéculum pédiatrique. Selon la sévérité des œstrogénique est suspectée.
douleurs, cette étape de l’examen n’est pas tou La vulvodynie est une maladie trop souvent
jours réalisable lors des premières consultations méconnue des professionnels de la santé, ce
et doit être différée. Après l’inspection des parois qui explique des parcours de patientes mar
vaginales, un prélèvement des sécrétions suivi qués par une multitude de consultations et
d’une analyse du pH vaginal et d’un examen sans d’essais thérapeutiques avant l’établissement du
préparation au microscope permet d’exclure une diagnostic. Ce parcours génère découragement,
cause infectieuse (vaginose, mycose). baisse d’estime de soi et perte de confiance à
Le toucher vaginal se pratique préférentielle l’égard du corps médical chez les patientes.
ment à un doigt. On palpe l’urètre, le trigone Créer un lien de confiance, prendre le temps
vulvar vestibulitis syndrome. Am J Obstet Gynecol 15. Burrows LJ, et al. The treatment of vulvodynia
2004;191(3):762–6. with topical estradiol and testosterone. Sex Med
11. Goldstein AT, et al. Polymorphisms of the andro 2013;1(1):30–3.
gen receptor gene and hormonal contraceptive 16. Leo RJ, et al. A systemic review of the utility of
induced provoked vestibulodynia. J Sex Med antidepressant pharmacotherapy in the treatment of
2014;11(11):2764–71. vulvodynia pain. J Sex Med 2013;10:2497–505.
12. Falsetta ML, et al. A review of the available clini 17. Foster DC, et al. Oral desipramine and topical lido
cal therapies for vulvodynia management and new caïne for vulvodynia: a randomized controlled trial.
data implicating proinflammatory mediators in Obstet Gynecol 2010;116:583–93.
pain elicitation. BJOG 2016; doi: 10.1111/147- 18. Donders GG, et al. Cream with cutaneous fibroblast
0528.14157. lysate for the treatment of provoked vestibulodynia: a
13. Reed BD, et al. Relationship between vulvodynia and double-blind randomized placebo-controlled crosso
chronic comorbid pain conditions. Obstet Gynecol ver study. J Low Genital Tract Dis 2012;16:427–36.
2012;120(1):145–51. 19. Schlaeger JM, et al. Acupunture for the treatment of
14. Ponte M, et al. Effects of vulvodynia on quality of vulvodynia: a randomized wait-list controlled pilot
life. J Am Acad Dermatol 2009;60(1):70–6. study. J Sex Med 2015;12(4):1019–27.
Chapitre 17
La fibromyalgie
Christophe Perruchoud
Figure 17.1. Critères diagnostiques de la fibromyalgie selon l’American College of Rheumatology (2010).
174
Syndromes douloureux chroniques
Figure 17.2. Fibromyalgia Impact Questionnaire (FIQ).
Calcul du score : Dans la première section, les réponses vont de 0 (toujours) à 3 (jamais). La moyenne (somme des réponses divisée par le nombre de questions
auxquelles le patient a répondu) est multipliée par 3,3 pour obtenir une valeur entre 0 et 10. Pour la question 2, on soustrait de 7 le chiffre correspondant à la réponse,
et on multiplie le résultat par 1,43 pour obtenir une valeur entre 0 et 10. La réponse à la question 3 est directement multipliée par 1,43 pour obtenir une valeur entre 0
et 10. Les réponses 4 à 10 sont comprises entre 0 et 10. Le score global va de 0 à 100 (ou à 80, si le patient n’a pas d’activité professionnelle).
BIBLIOTHEQUE DE LA RECHERCHE BIBLIOGRAPHIQUE SCIENCE MEDICALE
BIBLIOTHEQUE DE LA RECHERCHE BIBLIOGRAPHIQUE SCIENCE
Chapitre 17. LaMEDICALE
fibromyalgie 175
multidisciplinaire et adaptée aux besoins de (SNRI) sont plus efficaces que les inhibiteurs purs
chaque patient. Le traitement médicamenteux de la recapture de la sérotonine (SSRI). Deux
seul est rarement suffisant. La prise en charge SNRIs sont reconnus dans la fibromyalgie : la
de ces patients vise essentiellement à réduire les duloxetine (Cymbalta®) et le milnacipran (Ixel®).
symptômes et restaurer la capacité fonctionnelle. Les agonistes dopaminergiques constituent
L’éducation thérapeutique du patient et de une classe de médicaments prometteuse : en effet,
son entourage est primordiale. Elle contribue la fibromyalgie est associée à des changements
à la reconnaissance des plaintes et de la souf- du métabolisme de la dopamine. L’efficacité du
france réelle du patient [14,15]. Le patient doit pramipexole et du ropinirole (Adartrel®, géné-
être conscient qu’il n’existe pas de médicaments ralement prescrit dans le syndrome des jambes
ou d’injections miracle et que l’évolution de sans repos), a été démontrée [26,27]. L’agoniste
la maladie est souvent faite d’alternances de dopaminergique partiel tergulide a amélioré de
périodes d’accalmie et d’exacerbation doulou- façon significative les symptômes dans un sous-
reuse. L’objectif principal de la prise en charge est groupe de fibromyalgiques présentant une sté-
de permettre au patient une amélioration générale nose canalaire cervicale [28]. La droxidopa et la
de la qualité de vie et la fonctionnalité. Les trai- carbidopa ont donné des résultats négatifs dans
tements en piscine chauffée et la balnéothérapie une étude randomisée contrôlée.
sont efficaces pour diminuer les douleurs et les Les opiacés forts, peu efficaces aux doses habi-
troubles fonctionnels [16]. Des programmes sur tuelles, ne sont pas recommandés dans le traite-
mesure incluant des exercices aérobiques et de ment de la fibromyalgie. Le tramadol constitue une
renforcement musculaire sont recommandés. Les exception, probablement en raison de ses proprié-
thérapies cognitivocomportementales, le soutien tés agonistes Mu et SNRI [29,30]. L’hyperacti-
psychologique, les techniques de relaxation, vité des opiacés endogènes abaisse la disponibilité
d’hypnose et d’autohypnose peuvent se révéler des récepteurs agonistes Mu au niveau du système
bénéfiques chez certains patients. nerveux central chez les patients atteints de fibro-
myalgie. La faible efficacité des opiacés exogènes
pourrait être expliquée par l’hyperactivité des
Traitements pharmacologiques opiacés endogènes responsable d’une hyperalgésie
induite [31]. Cette observation a fait récemment
La prégabaline (Lyrica®) est actuellement le seul l’objet d’une étude double aveugle, randomisée et
antiépileptique approuvé dans le traitement de contrôlée par placebo : l’administration de petites
la fibromyalgie aux États-Unis et dans 25 pays doses (4,5 mg/jour) de naltrexone (antagoniste
non européens. Elle n’est pas encore recon- des opiacés) a amélioré de manière significative les
nue en Europe pour cette indication. Dans un douleurs et la fatigue chez des patients atteints de
modèle animal, le lacosamide (Vimpat®), nouvelle fibromyalgie [32]. Il semble toutefois que l’effet
molécule antiépileptique, réduit l’hyperalgésie de la naltrexone aux doses décrites soit davantage
(douleur musculaire induite par TNF-alpha) de lié à l’effet anti-inflammatoire sur les cellules de la
manière plus efficace que la prégabaline ou que la microglie qu’à l’antagonisation des opiacés.
gabapentine (Neurontin®) [17]. Son efficacité ne Le système endocannabinoïde représente une
s’est pas révélée supérieure à celle du placebo dans cible thérapeutique intéressante. L’efficacité du
une étude randomisée chez des patients atteints nabilone, cannabinoïde synthétique administré
de fibromyalgie [18]. oralement, a été démontrée dans le cadre d’une
Les antidépresseurs (amitriptyline, fluoxé- étude en double aveugle, contrôlée par placebo
tine [19,20], duloxétine [21,22], milnaci- (diminution des douleurs et amélioration des
pran [23], moclobémide [24], pirlindole [25]) capacités fonctionnelles) [33]. Une autre étude,
atténuent les douleurs et améliorent souvent avec un protocole identique [34], a obtenu des
la fonction. Les molécules qui augmentent les résultats positifs sur la qualité du sommeil, mais
concentrations de sérotonine et de noradrénaline n’a pas confirmé l’effet bénéfique sur les douleurs.
Les récepteurs NMDA jouent un rôle impor- coûteuse que la rTMS, réside principalement dans
tant dans le développement de la sensibilisation sa simplicité d’utilisation et de programmation.
centrale. L’administration d’antagonistes NMDA En conclusion, la prise en charge des patients
(dextrométhorphane [35], mémentine [36] ou atteints de fibromyalgie représente un défi.
kétamine [37,38]), évaluée chez des patients Des résultats insatisfaisants sont fréquents. De
présentant une fibromyalgie, donne des résultats nouvelles approches médicamenteuses et des
disparates. Des observations anecdotiques non procédures non invasives actuellement à l’étude
confirmées scientifiquement recommandent des pourraient prochainement compléter l’arsenal
régimes sans aspartame (agonistes NMDA) [39]. thérapeutique.
Références
Traitements 1. Abeles AM, Pillinger MH, Solitar BM, Abeles M.
non pharmacologiques « Narrative review: the pathophysiology of fibromyal-
gia ». Annals of Internal Medicine 2007;726–34.
La stimulation magnétique transcrânienne répé- 2. Goldenberg DL. Clinical manifestations and diag-
nosis of fibromyalgia in adults. UpToDate, 2016.
titive (rTMS) est une technique de neuromodu- http://www.uptodate.com/contents/clinical-mani-
lation non invasive. Elle permet de stimuler des festations-and-diagnosis-of-fibromyalgia-in-adults.
régions corticales spécifiques grâce à un courant 3. Henriksson KG. Fibromyalgia - From syndrome to
magnétique induit par une bobine placée à la disease. Overview of pathogenetic mechanisms. Jour-
surface du scalp. Le courant magnétique se trans- nal of Rehabilitation Medicine, Supplement 2003;
41:89–94.
forme en courant électrique au contact du tissu
4. Desmeules JA, Cedraschi C, Rapiti E, Baumgartner
nerveux. Dans une revue systématique d’études E, Finckh A, Cohen P, et al. Neurophysiologic
incluant des patients atteints de fibromyalgie, la evidence for a central sensitization in patients with
stimulation magnétique transcrânienne répétitive fibromyalgia. Arthritis & Rheumatism 2003;1420–9.
s’est révélée plus efficace que la stimulation pla- 5. Staud R, Cannon RC, Mauderli AP, Robinson ME,
cebo 1 mois après le début de la thérapie avec Price DD, Vierck CJ Jr. Temporal summation of
pain from mechanical stimulation of muscle tissue in
une amélioration significative des symptômes normal controls and subjects with fibromyalgia syn-
dépressifs, des scores de douleurs et de la qualité drome. Pain 2003;102:87–95.
de vie [40]. Les zones de stimulation doivent 6. Kosek E, Ekholm J, Hansson P. Sensory dysfunction
encore être décrites avec plus de précision et les in fibromyalgia patients with implications for patho-
protocoles optimalisés. La brièveté de l’effet cli- genic mechanisms. Pain 1996;68:375–83.
nique, principale limitation de la technique, peut 7. McBeth J, Macfarlane GJ, Benjamin S, Silman AJ.
Features of somatization predict the onset of chronic
être partiellement compensée par des séances widespread pain: Results of a large population-based
quotidiennes répétées pendant plusieurs jours, study. Arthritis & Rheumatism 2001;44:940–6.
suivies de séances de maintenance à intervalles 8. Geisser ME, Casey KL, Brucksch CB, Ribbens CM,
dégressifs. Appleton BB, Crofford LJ. Perception of noxious
La stimulation transcrânienne à courant and innocuous heat stimulation among healthy
women and women with fibromyalgia: Association
direct (tDCS) est une autre méthode non inva-
with mood, somatic focus, and catastrophizing. Pain
sive de stimulation cérébrale. Peu d’études ayant 2003;102:243–50.
évalué ses effets dans le cadre de la fibromyalgie, 9. Clauw DJ. Fibromyalgia and Related Conditions.
le niveau d’évidence reste inférieur à celui de Mayo Clin Proc May 2015;680–92.
la rTMS. Les résultats d’une étude randomisée 10. Cathébras P, Roblès A, Vergnon D. Algies diffuses,
contrôlée suggèrent que la tDCS a le potentiel que faire ? Rev Patr Med Gen 2012;26:867–73.
11. Wolfe F, Smythe HA, Yunus MB, Bennett RM,
d’induire une analgésie statistiquement significa- Bombardier C, Goldenberg DL, et al. The American
tive comparé au placebo, mais l’ampleur de l’effet college of rheumatology, 1990 criteria for the clas-
est insuffisante pour en confirmer l’utilité cli- sification of fibromyalgia. Arthritis & Rheumatism
nique [41]. L’avantage de cette technique, moins 1990;33:160–72.
12. Jensen KB, Kosek E, Petzke F, Carville S, Fransson 24. Hannonen P, Malminiemi K, Yli-Kerttula U, Isomeri
P, Marcus H, et al. Evidence of dysfunctional pain R, Roponen P. A randomized, double-blind, placebo-
inhibition in Fibromyalgia reflected in rACC during controlled study of moclobemide and amitriptyline
provoked pain. Pain. 2009 Jul;144(1-2):95–100. in the treatment of fibromyalgia in females without
13. Jensen KB, Srinivasan P, Spaeth R, Tan Y, Kosek E, psychiatric disorder. British Journal of Rheumatology
Petzke F, et al. Overlapping structural and functio- 1998;37:1279–86.
nal brain changes in patients with long-term expo- 25. Ginsberg F, Mancaux A, Joos E, Vanhove P, Famaey
sure to fibromyalgia pain. Arthritis Rheum. 2013 J-P. A randomized placebo-controlled trial of sus-
Dec;65(12):3293–303. tained-release amitriptyline in primary fibromyalgia.
14. Adams N, Sim J. Rehabilitation approaches in Journal of Musculoskeletal Pain 1996;4:37–47.
fibromyalgia. Disability & Rehabilitation 2005;27: 26. Holman AJ, Myers RR. A randomized, double-blind,
711–23. placebo-controlled trial of pramipexole, a dopamine
15. Burckhardt CS, Mannerkorpi K, Hedenberg L, Bjelle agonist, in patients with fibromyalgia receiving
A. A randomized, controlled clinical trial of educa- concomitant medications. Arthritis and Rheumatism
tion and physical training for women with fibromyal- 2005;2495–505.
gia. Journal of Rheumatology 1994;21:714–20. 27. Holman AJ. Ropinirole, open preliminary observa-
16. Altan L, Bingol U, Aykac M, Koc Z, Yurtkuran M. tions of a dopamine agonist for refractory fibromyal-
Investigation of the effects of pool-based exercise on gia. Journal of Clinical Rheumatology 2003;277–9.
fibromyalgia syndrome. Rheumatology International 28. Distler O, Eich W, Dokoupilova E. Evaluation of
2004;24:272–7. the efficacy and safety of terguride in patients with
17. Beyreuther BK, Geis C, Stöhr T, Sommer C. Anti- fibromyalgia syndrome: results of a twelve-week,
hyperalgesic efficacy of lacosamide in a rat model for multicenter, randomized, double-blind, placebo-
muscle pain induced by TNF. Neuropharmacology controlled, parallel-group study. Arthritis and Rheu-
Apr 2007;1312–7. matism 2010;291–300.
18. Wiffen PJ, Derry S, Moore RA, Aldington D, Cole 29. Russell J, Kamin M, Bennett RM, Schnitzer TJ,
P, Rice AS, et al. « Antiepileptic drugs for neuropa- Green JA, Katz WA. Efficacy of tramadol in treat-
thic pain and fibromyalgia. An overview of Coch- ment of pain in fibromyalgia. Journal of Clinical
rane reviews. Cochrane Database Syst Rev. 11 Nov Rheumatology 2000;6:250–7.
2013;(11):CD010567. doi: 10.1002/14651858. 30. Bennett RM, Kamin M, Karim R, Rosenthal N.
CD010567.pub2. Tramadol and acetaminophen combination tablets in
19. Goldenberg D, Mayskiy M, Mossey C, Ruthazer the treatment of fibromyalgia pain: a double-blind,
R, Schmid C. A randomized, double-blind cros- randomized, placebo-controlled study. American
sover trial of fluoxetine and amitriptyline in the Journal of Medicine 2003;114:537–45.
treatment offibromyalgia. Arthritis & Rheumatism 31. Harris RE, Clauw DJ, Scott DJ, McLean SA, Gra-
1996;39:1852–9. cely RH, Zu.bieta JK. Decreased central mu-opioid
20. Arnold LM, Hess EV, Hudson JI, Welge JA, Berno receptor availability in fibromyalgia. Journal of Neuro
SE, Keck PE Jr. A randomized, placebo-controlled, science 2007;1000–6.
double-blind, flexible-dose study of fluoxetine in the 32. Younger J, Noor N, McCue R, Mackey S. Low-
treatment of women with fibromyalgia. American dose naltrexone for the treatment of fibromyalgia:
Journal of Medicine 2002;112:191–7. findings of a small, randomized, double-blind, pla-
21. Arnold LM, Lu Y, Crofford LJ, Wohlreich M, Detke cebo ontrolled, counter balanced, crossover trial
MJ, Iyengar S, et al. A double-blind, multicen- assessing daily pain levels. Arthritis and Rheumatism
ter trial comparing duloxetine with placebo in the 2013;529–38.
treatment of fibromyalgia patients with or without 33. Skrabek RQ, Galimova L, Ethans K, Perry D. Nabi-
major depressive disorder. Arthritis & Rheumatism lone for the treatment of pain in fibromyalgia. Jour-
2004;50:2974–84. nal of Pain 2008;164–73.
22. Arnold LM, Rosen A, Pritchett YL, D’Souza DN, 34. Ware MA, Fitzcharles MA, Joseph L, Shir Y. The
Goldstein DJ, Iyengar S, et al. A randomized, double- effects of nabilone on sleep in fibromyalgia: results
blind, placebo-controlled trial of duloxetine in the of a randomized controlled trial. Anesthesia and
treatment of women with fibromyalgia with or without Analgesia 2010;604–10.
major depressive disorder. Pain 2005;119:5–15. 35. Staud R, Vierck CJ, Robinson ME, Price DD. Effects
23. Vitton O, Gendreau M, Gendreau J, Kranzler J, of the N-methyl-D-aspartate receptor antagonist dex-
Rao SG. A double-blind placebo-controlled trial of tromethorphan on temporal summation of pain are
milnacipran in the treatment of fibromyalgia. Human similar in fibromyalgia patients and normal control
Psychopharmacology 2004;19:S27–35. subjects. J Pain May 2005;323–32.
36. Olivan-Blázquez B, Herrera-Mercadal P, Puebla- 39. Smith JD, Terpening CM, Schmidt SO, Gums JG.
Guedea M2, Pérez-Yus MC, Andrés E3, Fayed N, Relief of fibromyalgia symptoms following disconti-
López-Del-Hoyo Y, et al. Efficacy of memantine nuation of dietary excitotoxins. Ann Pharmacother
in the treatment of fibromyalgia: A double-blind, June 2001;702–6.
randomised, controlled trial with 6-month follow-up. 40. Knijnik LM, Dussán-Sarria JA, Rozisky JR, Torres IL,
Pain, December 2014 : 2517-2525. Brunoni AR, Fregni F, Caumo W. Repetitive Trans-
37. Graven-Nielsen T, Aspegren Kendall S, Henriksson cranial Magnetic Stimulation for Fibromyalgia: Sys-
KG, Bengtsson M, Sörensen J, Johnson A, et al. tematic Review and Meta-Analysis. Pain Pract. 2016
Ketamine reduces muscle pain, tem - poral summa- Mar;16(3):294–304. doi : 10.1111/papr.12276.
tion, and referred pain in fibromyalgia patients. P. Epub 2015 Jan 12.
Pain 2000;483–91. 41. Fagerlund AJ1, Hansen OA, Aslaksen PM. Trans-
38. Noppers I, Niesters M, Swartjes M, Bauer M, Aarts cranial direct current stimulation as a treatment for
L, Geleijnse N, et al. Absence of long- term anal- patients with fibromyalgia: a randomized controlled
gesic effect from a short-term S-ketamine infusion tria. Pain, Jan 2015: 62-71.
on fibromyalgia pain: A randomized, prospective,
double blind, active placebo-controlled trial. Eur J
Pain 2011;942–9.
Chapitre 18
Le traitement pharmacologique
des douleurs
Christophe Perruchoud
Figure 18.2. Variation de la concentration plasmatique lors d’administration à la demande et à heures fixes.
Des données animales suggèrent également une paracétamol inhibe les effets du NO, neurotrans-
action analgésique via les récepteurs 5-hydroxy- metteur impliqué dans la transmission nociceptive
tryptamine de type 3 (5-HT3) et une potentia- au niveau spinal.
lisation de l’activité inhibitrice descendante de Le paracétamol est métabolisé par le cyto-
la voie sérotoninergique [2]. Chez l’homme, le chrome hépatique P450 (isoenzyme CYP2E1),
tropisetron (antagoniste 5-HT3) administré en puis conjugué selon deux voies distinctes
même temps que le paracétamol, neutralise son (glucuro- ou sulfuroconjugaison) en N-acétyl-1,4-
effet antalgique [3]. benzoquinone imine hépatotoxique, et en
Le p-aminophénol, un métabolite actif du para- 3-hydroxy-acétaminophène. Le N-acétyl-1,4
cétamol, est un puissant activateur du récepteur -benzoquinone imine est rapidement détoxifié
vanilloïde TRPV1 à l’origine d’une augmentation par la glutathion S-transférase en un métabolite
des cannabinoïdes endogènes [4]. Finalement, le non toxique. L’élimination des métabolites est
BIBLIOTHEQUE DE LA RECHERCHE BIBLIOGRAPHIQUE SCIENCE MEDICALE
BIBLIOTHEQUE DE LA RECHERCHE
ChapitreBIBLIOGRAPHIQUE SCIENCE MEDICALE
18. Le traitement pharmacologique des douleurs 185
urinaire. Du fait de sa courte demi-vie d’élimi- et de 100 mg/kg en 16 h. Le traitement doit être
nation (1 à 3 h), 98 % d’une dose unique de instauré lorsque le taux d’ALAT est supérieur à
paracétamol sont éliminés après 24 heures. 50 U/l ou que le taux plasmatique de paracétamol
La dose de paracétamol efficace varie de est supérieur à 10 mg/l (66 mmol/l).
500 mg à 1 g toutes les 6 à 8 heures et ne doit
pas dépasser 4 g par jour. La dose et l’intervalle
dépendent du poids du patient ainsi que d’une Les anti-inflammatoires
éventuelle maladie hépatique. Ainsi, lors d’insuf- non stéroïdiens
fisance hépatocellulaire, d’éthylisme chronique ou
de dénutrition sévère, on limitera la dose à 3 g par Les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS)
jour, voire moins. sont probablement les médicaments analgésiques
L’administration simultanée de paracétamol et de les plus anciens. L’utilisation de décoctions
morphine permet de diminuer les doses d’opiacés d’écorce de saule, précurseur de l’acide salicy-
d’environ 20 %. Les effets indésirables cardiaques, lique, est décrite dans des parchemins égyptiens.
digestifs ou rénaux sont quasiment inexistants lors À la fin du xix siècle, un chimiste allemand de la
de traitements courts. Une élévation transitoire et firme Bayer synthétise l’acide acétylsalicylique pur
cliniquement insignifiante des enzymes hépatiques qui deviendra l’aspirine. L’activité antipyrétique,
peut se produire chez 25 à 40 % des volontaires analgésique et anti-inflammatoire des AINS
sains ingérant des doses thérapeutiques de paracé- est due à leur action inhibitrice des différentes
tamol pendant 1 à 2 semaines [5]. En revanche, sa isoformes de la cyclo-oxygénase (COX) sur la
consommation quotidienne et prolongée accroît le cascade des prostaglandines. L’enzyme constitu-
risque d’hypertension, d’infarctus myocardique et tive COX-1 est responsable de l’élaboration des
d’insuffisance cardiaque. prostaglandines physiologiques, protectrices des
En cas de surdosage aigu ou de prise prolongée à muqueuses gastrique et rénale. L’enzyme induc-
dose suprathérapeutique, on s’expose à des risques tive COX-2 apparaît dans les foyers inflamma-
d’hépatotoxicité potentiellement létale. Le sur- toires et déclenche la synthèse de prostaglandines
dosage en paracétamol représente la cause princi- à action délétère. Les AINS qui inhibent sélec-
pale d’insuffisance hépatique aiguë dans le monde tivement la COX-2, mais préservent la COX-1,
occidental. L’overdose de paracétamol est traitée conserveraient l’activité anti-inflammatoire et
par un antidote, l’acétylcystéine (Fluimicil®). Les entraîneraient théoriquement moins d’effets
autres mesures thérapeutiques incluent le charbon indésirables sur la muqueuse gastrique et le rein.
actif (dose unique ou répétée), le lavage gastrique, La réalité est plus complexe, puisqu’on a constaté
l’hémodialyse précoce (dans les 12 heures) et la récemment que la COX-1 pouvait aussi être
méthionine. En cas d’insuffisance hépatique aiguë induite par l’inflammation, alors que la COX-2
sévère, il faut envisager une greffe hépatique. Les pouvait aussi être constitutive au niveau du rein
effets secondaires les plus fréquents de l’acétylcys- et du cerveau. Cela permettrait d’expliquer en
téine sont les réactions gastro-intestinales (nausées, particulier les effets secondaires similaires des
vomissements, diarrhées) et allergiques (urticaire, AINS non sélectifs et des inhibiteurs spécifiques
bronchospasme, choc anaphylactique). Le traite- de la COX-2 sur les reins.
ment du surdosage est fonction de la concen- Les AINS peuvent être classés en fonction de
tration plasmatique de paracétamol, du délai après leur structure chimique (tableau 18.1), de leur
l’ingestion (courbe de Prescott), ainsi que du sélectivité ou de leur demi-vie d’élimination.
taux d’enzymes hépatiques (LDH, ASAT et alAT). Il existe quatre catégories d’AINS selon leur
Bien qu’aucune étude ne spécifie la dose optimale degré de sélectivité et d’inhibition pour une
d’acétylcystéine, le traitement per os comprend isoforme donnée de COX :
généralement une dose de charge de 140 mg/kg, • Classe 1 : inhibiteurs sélectifs de la COX-1.
suivie de 70 mg/kg aux 4 h pendant 72 heures. Le L’aspirine à faible dose (100 à 300 mg) utilisée
traitement intraveineux commence par 150 mg/ comme antiagrégant plaquettaire fait partie de
kg administré en 1 h, suivi de 50 mg/kg en 4 h cette classe.
BIBLIOTHEQUE DE LA RECHERCHE BIBLIOGRAPHIQUE SCIENCE MEDICALE
186 BIBLIOTHEQUE
Traitements DE LA RECHERCHE BIBLIOGRAPHIQUE SCIENCE MEDICALE
Tableau 18.1. Classification des anti-inflammatoires chez les patients de plus de 75 ans. Les manifes-
non stéroïdiens en fonction de la structure chimique. tations digestives sont les effets secondaires les
AINS non sélectifs (inhibition COX-1 et COX-2) plus connus et surtout les plus fréquents. Les
Salicylés Aspirine, Aspégic®, Diflunisal® symptômes peuvent être mineurs (dyspepsie,
Pyrazolés Phénylbutazone gastralgies, nausées, vomissements) ou sévères
Indoliques Indométacine, sulindac
(ulcères, hémorragies, perforations digestives).
Les risques digestifs augmentent avec l’âge
Dérivés aryl-carboxyliques Diclofénac, aceclofénac,
kétoprofène, ibuprofène, naproxène
(> 65 ans), avec les doses élevées, lors d’associations
médicamenteuses (avec des antiagrégants plaquet-
Fénamates Acide méfénamique, acide
niflumique taires, des anticoagulants ou des corticostéroïdes),
en présence d’une infection à Helicobacter Pylori
Oxicams Piroxicam, méloxicam
et d’antécédents d’ulcères gastriques. Les coxibes
AINS sélectifs (inhibition COX-2 seulement)
entraînent moins d’effets secondaires gastro-intes-
Coxibes Célécoxib, étoricoxib tinaux que les AINS non sélectifs, avantage effacé
par la prise simultanée de 100 mg d’aspirine.
• Classe 2 : inhibiteurs non spécifiques de La voie parentérale ne diminue pas le risque
la COX, représentés par les AINS classiques et digestif. Environ 30 % des patients traités avec
l’aspirine à haute dose. des AINS présentent une dyspepsie, 10 à 20 % des
• Classe 3 : inhibiteurs préférentiels de la COX-2, ulcères gastro-intestinaux et 1 % des complications
représentés par le méloxicam et le nimésulide. graves, comme des hémorragies ou des perfora-
Cette spécificité disparaît lors de l’adminis- tions digestives. En présence de facteurs de risque
tration à haute dose. gastro-intestinaux, l’adjonction d’un inhibiteur de
• Classe 4 : inhibiteurs spécifiques de la COX-2 la pompe à protons est fortement conseillée.
ou coxibes, représentés par le célécoxib et Comme les prostaglandines interviennent dans
l’étoricoxib. le maintien du débit de filtration glomérulaire, les
La troisième classification tient compte de la patients qui présentent une hypoperfusion rénale
demi-vie d’élimination de l’AINS qui conditionne préexistante (secondaire à une insuffisance car-
la fréquence d’administration : diaque, à une hypovolémie par déshydratation, à un
• Les AINS dont la demi-vie est inférieure à traitement diurétique, à un syndrome néphrotique
6 heures, nécessitent deux à trois administra- ou à une cirrhose décompensée) sont à haut risque
tions quotidiennes : ibuprofène, kétoprofène, de développer une insuffisance rénale. Ce risque est
diclofénac et acide niflumique. équivalent pour les coxibes et les AINS non sélectifs.
• Les AINS à demi-vie supérieure à 12 heures, dont Les réactions allergiques ou d’intolérance se
les oxicams et la phénylbutazone, ne requièrent manifestent par un prurit, un bronchospasme, une
en principe qu’une seule prise quotidienne. rhinite, un œdème de Quincke et des réactions
Les AINS sont des analgésiques efficaces dans le anaphylactiques. Les manifestations plus sévères
traitement des douleurs faibles à modérées. Leurs de type dermite bulleuse (syndrome de Stevens-
propriétés anti-inflammatoires peuvent avoir un effet Johnson et de Lyell) sont rares. Les céphalées,
analgésique adjuvant. Ils sont caractérisés par un les vertiges et les acouphènes sont souvent dus
effet plafond, au-dessus duquel l’augmentation de la aux dérivés indoliques, même aux posologies
dose n’approfondit pas l’analgésie. La dose à laquelle habituelles. Ces effets secondaires témoignent
se manifeste l’effet plafond varie d’un patient à également d’un surdosage à l’aspirine.
l’autre, ce qui nécessite une titration. Cela concerne Les complications hématologiques, associées
particulièrement les patients oncologiques chez qui principalement aux dérivés pyrazolés, incluent de
la pharmacocinétique des AINS peut être perturbée. rares neutropénies et thrombopénies, exception-
Responsables du quart des réactions indési- nellement des agranulocytoses.
rables déclarées, les AINS ont des effets secon- La polémique autour des effets cardiovasculaires
daires importants qui limitent leur utilisation. Les dus aux AINS a commencé avec les coxibes.
AINS et les coxibes ne sont pas recommandés Tous les AINS peuvent provoquer des œdèmes
BIBLIOTHEQUE DE LA RECHERCHE BIBLIOGRAPHIQUE SCIENCE MEDICALE
BIBLIOTHEQUE DE LA RECHERCHE
ChapitreBIBLIOGRAPHIQUE SCIENCE MEDICALE
18. Le traitement pharmacologique des douleurs 187
périphériques et une hypertension artérielle par l’activation des voies inhibitrices descendantes et
rétention hydrosodée et par action sur le système un effet sur les cyclo-oxygénases au niveau périphé-
rénine-angiotensine [6]. Les modifications de la rique et central. Le métamizole est un traitement
pression artérielle induites par les AINS sont légères alternatif lors de douleurs à composante spastique,
chez le patient normotendu, plus marquées chez le ou de contre-indication aux AINS (insuffisance
sujet hypertendu. L’augmentation de la pression rénale). Il n’a pratiquement pas d’effet sur la
artérielle dépend aussi du traitement antihyperten- fonction rénale, à de rares exceptions près, et
seur prescrit et de l’AINS utilisé : les diurétiques, les peu d’effet sur la muqueuse gastro-intestinale
inhibiteurs de l’enzyme de conversion et les bêta- sauf à haute dose [7–9]. Il n’entraîne pas de
bloquants ont un effet plus marqué que les antical- complication cardiovasculaire. La complication la
ciques. L’hypertension artérielle est plus importante plus redoutée est l’agranulocytose, dont l’inci-
avec le naproxène, l’indométacine ou l’étoricoxib. dence, très variée, est estimée entre 1:1 439 et
La rétention hydrosodée, l’altération de la fonction 1:1 000 000 [10]. Lorsque le médicament est
rénale et l’élévation de la pression artérielle peuvent stoppé et la prise en charge appropriée, le taux
entraîner une insuffisance cardiaque. de mortalité est inférieur à 7 % [11]. Le risque de
Contrairement à l’aspirine, l’effet antiagrégant décéder d’une agranulocytose induite par le méta-
plaquettaire in vitro des AINS ne leur confère mizole est plus faible que le risque de mort cardio-
pas le statut de traitement préventif de complica- vasculaire induit par les AINS classiques.
tions cardiovasculaires. Certains AINS (ibupro-
fène, naproxène, célécoxibe, diclofénac) inhibent
l’effet de l’aspirine à faible dose en raison d’une Les opioïdes
compétition au niveau du site de liaison sur le
récepteur COX-1. Lors d’utilisation de coxibes, Le pavot à opium (Papaver somniferum) était
le risque thrombotique artériel est lié au déséqui- cultivé en Mésopotamie dès 3 400 avant J.-C. Le
libre entre la production de thromboxane A2 et terme opiacé se réfère à un mélange d’alcaloïdes
de prostacycline. Une dose de célécoxib inférieure obtenu naturellement à partir de la graine de
à 400 mg/jour n’entraîne pas une plus grande pavot (par exemple : morphine et codéine), alors
toxicité cardiovasculaire que les AINS classiques. que le terme opioïde est utilisé plus largement
Les AINS sont contre-indiqués en présence pour décrire tous les composés qui agissent au
d’ulcère gastroduodénal, d’insuffisance hépatique niveau des récepteurs opioïdes.
ou rénale, de risque hémorragique acquis ou Depuis la découverte des endorphines (mor-
inné, pendant le troisième trimestre de grossesse. phines endogènes) en 1975, plusieurs récepteurs
L’aspirine n’est pas recommandée en période et sous-types de récepteurs ont été identifiés. La
d’allaitement. La prudence est de mise lors de majorité des opioïdes exercent leur activité au
maladie cardiaque ou cérébrovasculaire. niveau du récepteur Mu et sont donc considérés
La prescription d’un AINS dépend du rapport comme des agonistes Mu. Les récepteurs Mu sont
risque-bénéfice, des contre-indications et des également dénommés OP3 ou MOR (morphine
risques d’interactions médicamenteuses. La poso- opioid receptors), les récepteurs Kappa, OP2 ou
logie minimale efficace et la durée d’utilisation KOR (kappa opioid receptors) et les récepteurs
doivent être respectées. L’utilisation à long terme Delta, OP1 ou DOR (delta opioid receptors).
des AINS est proscrite. Le récepteur Sigma-σ est responsable des effets
psychomimétiques, dysphorétiques et dépressifs
induits par le stress. Il est actuellement davantage
Le métamizole considéré comme un récepteur à la phencycli-
dine (PCP) qu’un récepteur opioïde. On trouve
Le dérivé pyrazolé métamizole (Novalgine®, des récepteurs opioïdes dans le système nerveux
Minalgine®) a des propriétés analgésiques, antipy- central et les tissus périphériques (tableau 18.2).
rétiques et spasmolytiques, mais n’a pas d’action Les récepteurs opioïdes se situent sur la terminai-
anti-inflammatoire. Son mécanisme d’action inclut son nerveuse présynaptique des fibres C et A-delta.
BIBLIOTHEQUE DE LA RECHERCHE BIBLIOGRAPHIQUE SCIENCE MEDICALE
188 BIBLIOTHEQUE
Traitements DE LA RECHERCHE BIBLIOGRAPHIQUE SCIENCE MEDICALE
Leur activation par un agoniste inhibe le relargage de méthyl-D-aspartate (NMDA). À l’inverse, une
neurotransmetteurs pronociceptifs (glutamate, subs- stimulation de ces mêmes récepteurs NMDA
tance P, calcitonin gene-related peptide), et active les peut être à l’origine d’une hyperalgésie et d’une
récepteurs présynaptiques des neurones GABA. Il tolérance. Les nociceptines endogènes (orpha-
en résulte une diminution de la sécrétion de GABA nines), identifiées en 1995, possèdent un puissant
et l’activation des fibres dopaminergiques (sensation effet hyperalgésique et agissent via les récepteurs
de plaisir ou de récompense). ORL-1 (opioid-receptor-like).
Les opioïdes peuvent également activer les Les opioïdes sont classés en fonction de leur affi-
voies inhibitrices descendantes sérotoninergiques nité (force d’interaction avec le récepteur) et de leur
et noradrénergiques, et antagoniser les récepteurs efficacité (force de l’effet). Un agoniste possède
l’affinité et l’efficacité, un agoniste partiel pos- La naltrexone est plus efficace en administration
sède l’affinité mais une efficacité partielle, un orale et possède une durée d’action plus longue.
antagoniste possède l’affinité mais pas d’effica-
cité (figure 18.3). Les opioïdes peuvent avoir des
affinités et des efficacités variables en fonction Métabolisme des opiacés
des sous-types de récepteurs (par exemple, ago-
niste-antagoniste). La plupart des opioïdes sont métabolisés au niveau
Les opioïdes agonistes purs (morphine) ont une hépatique par le cytochrome P450 (métabolisme
réponse analgésique linéaire dose-dépendante. de phase I), puis conjugués par sulfuro- ou
L’augmentation de la dose est essentiellement limi- glucuroconjuguaison (métabolisme de phase II).
tée par les effets secondaires, également dose-dépen- La famille du cytochrome CYPP450 contient plus
dants. En revanche, les opioïdes agonistes partiels de 2 500 isoenzymes, CYP3A4 et CYP2D6 étant
(buprénorphine) et les agonistes-antagonistes (pen- les plus impliqués dans le métabolisme. Les taux
tazocine, nalbuphine, butorphanol, nalorphine) ont de ces isoenzymes peuvent varier d’un facteur 30
un effet plafond au-delà duquel l’augmentation de d’un individu à l’autre, ce qui explique les grandes
la dose n’apporte pas d’analgésie supplémentaire, différences en termes de biotransformation de
mais seulement des effets secondaires. Ils peuvent prodrogue (codéine, par exemple) ou d’élimina-
également déclencher un syndrome de sevrage s’ils tion de substance-mère active (méthadone, par
sont administrés chez un patient traité par un exemple). Pour les mêmes doses de prodogue,
agoniste pur. De plus, les effets secondaires, et les métaboliseurs lents (5 à 13 % de la population
notamment la dépression respiratoire, ne sont que caucasienne, 1 à 2 % de la population asiatique
partiellement réversés par les antagonistes. et africaine) ne bénéficieront d’aucun ou de peu
La naloxone (Narcan®) et la naltrexone sont d’effet analgésique [12], alors que les métabo-
des antagonistes compétitifs au niveau central liseurs ultrarapides (2 à 10 % de la population
et périphérique pour les récepteurs Mu, Kappa et caucasienne, 1 à 2 % de la population asiatique et
Delta, avec une affinité particulière pour le récep- africaine) [13] seront très sensibles et présenteront
teur Mu. La naloxone a une faible biodisponi- des risques d’intoxication, voire de décès [14]. Le
bilité orale. En perfusion intraveineuse, le délai polymorphisme du gène OPRM1, encodant pour
d’action est rapide et la durée d’action courte : le récepteur Mu, contribue également à la grande
cela entraîne un risque de réintoxication en cas variation de sensibilité aux opioïdes (analgésie,
de surdosage d’opioïdes à longue durée d’action. tolérance et dépendance) entre les individus [15].
Tableau 18.4. Principaux inducteurs et inhibiteurs des cytochromes impliqués dans le métabolisme des opioïdes.
Inhibiteur CYP450 Inducteur CYP450
CYP2D6 CYP3A CYP2B6 CYP3A CYP2B6
Amiodarone Amiodarone Clopidogrel Carbamazépine Carbamazépine
Celecoxib Chloramphénicol Ticlopidine Dexaméthasone Phénobarbital
Citalopram Ciprofloxacine Voriconazole Oxcarbazépine Phénytoïne
Duloxétine Clarithromycine Phénobarbital Rifampicine
Fluoxétine Diltiazem Phénytoïne
Méthadone Fluconazole Rifampicine
Métoclopramide Fluoxétine
Paroxétine Kétoconazole
Quinidine Vérapamil
Sertraline
Tableau 18.5. Effets secondaires des opioïdes cytochrome CYP2D6 pour exercer leur action
en fonction de leur fréquence. analgésique. Ces deux substances ont la même
Fréquents Occasionnels Rares puissance analgésique.
Nausées Hallucinations Dépression Seuls 2 à 10 % de la codéine sont métabolisés en
Vomissements Troubles de respiratoire morphine par le CYP2D6 et le CYP3A4, le reste
Constipation l’humeur Délire étant principalement métabolisé en codéine-6-
Sédation Anxiété Convulsions
Vertiges Prurit Hyperalgésie glucuronide, dépourvue d’action analgésique signi-
Troubles cognitifs Myoclonies Allodynie ficative. Lors d’administration de tramadol chez les
Myosis Sécheresse buccale Spasme biliaire métaboliseurs lents, la diminution de l’effet analgé-
Rétention urinaire Stase gastrique Œdème pulmonaire sique se fera au profit de l’inhibition du recaptage
Bronchoconstriction non cardiogénique
Tolérance de la sérotonine et noradrénaline [17].
Dépendance Les effets secondaires du tramadol et de la
physique codéine sont similaires à ceux des autres opioïdes
Addiction agonistes. Le tramadol semble entraîner moins de
dépression respiratoire et moins de constipation.
En revanche, les nausées sont plus fréquentes
Opioïdes de palier 2 : (effet sérotoninergique). Le risque de syndrome
tramadol et codéine sérotoninergique est corrélé à la dose, à l’âge du
patient et à l’administration d’autres médicaments
Le tramadol, analogue de la codéine, est un inhibant le recaptage de la sérotonine (IMAO,
opioïde atypique de par ses propriétés d’agoniste ISRS, inhibiteurs de la CYP2D6). Le tramadol
partiel Mu et d’inhibiteur de la recapture de la peut également déclencher des crises d’épilepsie.
noradrénaline et de la sérotonine (IRSN). Indi-
qué dans le traitement les douleurs modérées, le
tramadol est régulièrement utilisé lors des syn- Opioïdes de palier 3
dromes de sevrage [16].
Substance isolée en 1832, la codéine est le pro- Morphine
totype de l’opiacé faible. Sa puissance analgésique Les propriétés hydrophiles de la morphine expli-
est d’environ 50 % celle de la morphine, avec une quent pourquoi seulement 50 % de la dose admi-
demi-vie de 2,5 à 3 heures. nistrée par voie orale atteint le système nerveux
Le tramadol et la codéine sont des prodrogues central. La demi-vie d’élimination est de 2 heures
qui doivent d’abord être métabolisées par le environ.
BIBLIOTHEQUE DE LA RECHERCHE BIBLIOGRAPHIQUE SCIENCE MEDICALE
192 BIBLIOTHEQUE
Traitements DE LA RECHERCHE BIBLIOGRAPHIQUE SCIENCE MEDICALE
risque de torsade de pointes sur allongement du par phosphorylation, ce qui entraîne une baisse
segment QT. d’affinité et d’efficacité de la transduction. Le
nombre de récepteurs opioïdes à la surface de la
Buprénorphine cellule est également régulé à la baisse par inter-
nalisation des récepteurs.
Grâce à ses caractéristiques hautement lipophiles, La dépendance physique se caractérise par
la buprénorphine (Temgésic®) per os a une excel- l’apparition de troubles physiques à l’arrêt du
lente biodisponibilité. Elle est métabolisée par le médicament ou lors d’administration d’un anta-
cytochrome CYP3A4. Son administration à des goniste. Le développement de la dépendance phy-
patients traités par des agonistes purs est contre- sique aux opioïdes implique le système nerveux
indiquée en raison du risque de syndrome de central. Le locus coeruleus, riche en récepteurs
sevrage. Un surdosage entraîne une dépression opioïdes Mu, est le lieu d’origine des neurones
respiratoire qui nécessite des hautes doses de noradrénergiques qui se projettent au niveau du
naloxone. système limbique. La stimulation électrique de ces
neurones noradrénergiques déclenche des symp-
Tapentadol tômes comparables à ceux qui surviennent lors du
Le tapentadol est un opioïde de moyenne puis- sevrage aux opioïdes. L’activation chronique des
sance, qui allie des propriétés d’agoniste Mu et récepteurs opioïdes Mu du locus coeruleus induit
d’inhibiteur de la recapture de la noradrénaline. une augmentation de l’activité des neurones
Il se lie également aux récepteurs Delta et Kappa. noradrénergiques. À l’inverse, la clonidine ou
Sa structure chimique est distincte de celle du la dexmédétomidine, agonistes alpha-2 centraux,
tramadol. Il est essentiellement glucuroconjugué diminuent l’activité des neurones noradréner-
en métabolites inactifs. Toutefois, lors d’accumula- giques et sont capables d’atténuer les symptômes
tion importante, le tapentadol-O-glucuronide peut du sevrage aux opiacés. Les récepteurs opioïdes
éventuellement déclencher des crises d’épilepsie. Delta sont également impliqués dans la dépen-
dance physique aux opioïdes.
Certains patients éprouvent un sentiment
Tolérance, dépendance d’euphorie lors de la prise d’opioïdes, qu’ils
et addiction aux opioïdes décrivent comme une sensation de plénitude ou
d’absence d’inquiétude. Cet effet est indépendant
La tolérance, ou accoutumance, est un méca- de l’effet analgésique des opioïdes et ne se pro-
nisme physiologique qui se manifeste par la duit que chez une faible proportion de patients.
diminution ou l’épuisement de la réponse à un On dit qu’un patient a une addiction ou une
médicament au fur et à mesure que l’organisme dépendance psychologique quand il recherche
y est exposé. Cette réaction implique que l’orga- compulsivement cet effet euphorique malgré
nisme supporte mieux les effets du médicament, les difficultés et les problèmes qu’engendre ce
et que, pour retrouver les effets obtenus en début comportement. De plus, la tolérance à cet effet
de traitement, il faut augmenter la dose. La euphorique se développe rapidement, poussant le
tolérance à un opioïde peut se développer pour patient dépendant à augmenter constamment les
tous ses effets pharmacologiques ou seulement doses. La dépendance aux opioïdes prescrits par
pour une partie d’entre eux (tolérance partielle). des médecins et les décès par surdosages ont aug-
Par exemple, une tolérance aux effets analgésiques menté dramatiquement en Amérique du Nord au
et dépresseurs respiratoires peut survenir en cours des 10 dernières années. Selon une récente
l’absence d’une tolérance à l’effet constipant. Les méta-analyse, 3,3 % des patients traités avec
opioïdes ont une action beaucoup plus longue des opioïdes pour des douleurs chroniques non
que les endorphines endogènes qui sont dégra- cancéreuses présentaient une dépendance. Les
dées en quelques minutes. Lors d’un traitement comportements déviants avaient une prévalence
prolongé, les récepteurs Mu sont désensibilisés de 11,5 % [18]. Le diagnostic d’une addiction est
souvent difficile, car les patients hésitent souvent à le médicament est inefficace (métaboliseur lent)
parler de leurs symptômes et des comportements ou en présence d’effets secondaires exagérés
associés. (métaboliseur ultrarapide). S’il est disponible,
Les neurones dopaminergiques qui proviennent un génotype peut être proposé pour guider la
de l’aire tegmentale ventrale et se projettent rotation vers un opioïde mieux adapté. En cas
dans le noyau accumbens sont impliqués dans la de douleurs chroniques à composante neuropa-
dépendance psychologique aux opioïdes. L’admi- thique, un opioïde possédant des propriétés IRSN
nistration chronique d’opioïdes augmente la libé- (tapendatol, tramadol) ou antagoniste NMDA
ration de dopamine dans le noyau accumbens (méthadone) peut être plus efficace.
via la stimulation des récepteurs opioïdes Mu Les comportements abusifs peuvent se manifes-
et Delta. La stimulation des récepteurs opioïdes ter par une consommation supérieure à la pres-
Kappa préviendrait l’apparition d’une addiction cription, par la perte récurrente de médicaments et
aux opioïdes. L’effet stimulateur des opioïdes d’ordonnances, ou encore par l’utilisation détour-
sur les neurones dopaminergiques s’exerce par née des comprimés (en administration intravei-
l’inhibition de la neurotransmission GABA. Le neuse, par exemple). Des antécédents d’abus ou
baclofène, un agoniste GABA, est utile pour d’addiction à d’autres molécules (alcool, mari-
lutter contre les phénomènes de dépendance psy- juana, benzodiazépines) constituent un facteur
chologique. de risque. La prescription de formules combinant
un opioïde et de la naloxone prévient l’utilisa-
Rotation des opioïdes tion intraveineuse abusive. Certains opioïdes sont
également disponibles en comprimés résistants à
Lorsqu’on met en route un traitement par opioïde, l’écrasement ou à la dissolution dans un liquide.
il faut en contrôler l’efficacité, de même que la Les opioïdes agonistes-antagonistes (buprénor-
compliance des patients, les effets secondaires et phine) et les agonistes associés à de la naloxone
un éventuel comportement d’utilisation abusive. exercent moins d’effets subjectifs positifs (plaisir
Dans certains cas, une réponse insuffisante, des intense, euphorie ou sensation de légèreté), ce qui
effets secondaires insupportables ou l’apparition les rend moins attractifs pour les toxicomanes. De
d’une tolérance à un opioïde donné nécessitent plus, à l’instar des agonistes partiels, ces opioïdes
qu’il soit substitué par rotation avec une autre présentent un effet plafond, ce qui signifie que
molécule potentiellement mieux adaptée aux leur efficacité est limitée en dessus d’une certaine
besoins du patient. L’accumulation de métabo- dose. En cas d’abus avérés, un sevrage s’impose.
lites toxiques ou de composés responsables d’une La conversion de la dose peut être calculée
hyperalgésie induite par les opioïdes peut égale- en utilisant des tabelles publiées (calculateurs en
ment justifier une rotation. De la même manière ligne, applications pour smartphones). Les cal-
qu’il n’existe pas de base scientifique claire pour culateurs le plus souvent utilisés sont le Johns
choisir un opioïde plutôt qu’un autre en début Hopkins Opioid Conversion Program Calculator,
de traitement, il n’en existe pas non plus pour le GlobalRPH calculator et le Practical Pain
choisir un nouvel opioïde lors d’une rotation. Le Management Opioid Calculator.
choix est principalement basé sur les préférences Les grandes variations interindividuelles et
et les habitudes du prescripteur, sur les différentes la tolérance croisée incomplète entre les diffé-
formules disponibles et les caractéristiques du rents opioïdes rendent les équivalences de doses
patient. Comme le métabolisme et certains effets approximatives et difficiles à établir. Lors de la
secondaires peuvent être spécifiques à un opioïde substitution d’un opioïde par un autre, ou du
donné, il faut tenir compte des comorbidités changement de voie d’administration, les doses
cardiovasculaires (intervalle QT, par exemple), équivalentes calculées sont d’autant plus approxi-
rénales et hépatiques. matives que les doses sont importantes. Lors
Lors de l’utilisation d’une prodrogue, il faut du calcul de conversion, il convient donc de
suspecter un polymorphisme génétique lorsque faire preuve de prudence en réduisant la dose
Sudations Tremblements
Au cours de la dernière demi-heure, sans relation avec la tempéra- Examen des mains tendues
ture ambiante ou l’activité du patient
0. Le patient ne signale ni frissons ni sensation de chaleur 0. Absence de tremblement
1. Le patient signale des frissons ou une sensation de chaleur 1. Un tremblement est perçu mais n’est pas visible
2. L’examinateur observe un visage rouge ou moite 2. Tremblement fin visible
3. Perles de sueur sur le front ou le visage 4. Tremblement important ou contractions musculaires
4. Visage ruisselant de sueur
Agitation Bâillements
Telle qu’observée pendant l’examen Tels qu’observés pendant l’examen
0. Le patient est capable de rester assis tranquillement 0. Absence de bâillement
1. Le patient signale des difficultés à rester assis tranquillement, 1. Un ou deux bâillements pendant l’examen
mais il est capable de le faire
3. Le patient change fréquemment de position ou présente des 2. Plus de trois bâillements pendant l’examen
mouvements parasites des jambes ou des bras
5. Le patient est incapable de rester immobile plus de quelques 4. Bâillements plusieurs fois par minute
secondes
Diamètre pupillaire Anxiété ou Irritabilité
0. Pupilles punctiformes ou de taille normale pour la luminosité 0. Aucune anxiété ou irritabilité
ambiante
1. Pupilles éventuellement plus larges que normales dans la 1. Le patient signale une anxiété ou une irritabilité croissante
luminosité ambiante
2. Pupilles modérément dilatées 2. Le patient est manifestement anxieux ou irritable
5. Pupilles dilatées au point que seul le bord de l’iris est visible 4. Le patient est si irritable ou si anxieux que sa participation
à l’examen est difficile
Douleurs osseuses ou articulaires Chair de poule
Ne tenir compte que de douleurs imputables au sevrage
0. Absence de douleur 0. La peau est lisse
1. Inconfort léger et diffus 3. Piloérection perceptible sur les bras
2. Le patient signale des douleurs articulaires et musculaires 5. Piloérection marquée
diffuses mais sévères
4. Le patient masse ses articulations ou ses muscles et est
incapable de rester tranquillement assis à cause de l’inconfort
Écoulement nasal ou larmoiement Score total___________ = somme des 11 éléments
Sans relation avec des symptômes grippaux ou des allergies Scores de sevrage
0. Absence d’écoulement nasal ou de larmoiement 5-12 : léger
1. Congestion nasale ou yeux anormalement humides 13-24 : modéré
2. Écoulement nasal ou larmoiement 25-36 : modérément sévère
4. Écoulement nasal ininterrompu ou ruissellement de larmes > 36 : sévère
Pour chaque signe ou symptôme, entourez le chiffre qui correspond le mieux à la description du patient. N’évaluez que la relation directe avec le sevrage aux
opioïdes. Par exemple, une tachycardie due à un effort physique (jogging) juste avant l’examen ne doit pas être prise en compte.
Extrait de Wesson DR, Ling W. Psychoactive Drugs, 2003, Apr-Jun ; 35 (2) : 253-259.
chaque semaine. Les symptômes de sevrage sont En l’absence complète d’effet primaire ou en
traités par AINS (myalgies, frissons), antidiar- présence d’effets secondaires importants, il est
rhéiques et anxiolytiques (agitation, angoisse). La justifié de choisir un médicament d’une autre
clonidine, la lofexidine ou la dexmédétomidine classe thérapeutique d’efficacité égale. Lorsqu’un
(agonistes alpha-2-centraux) atténuent les symp- traitement n’est que partiellement efficace, les
tômes de sevrage. associations médicamenteuses suivantes sont
admises : antidépresseur tricyclique et antiépilep-
tique, inhibiteur de la recapture de la sérotonine
Traitement pharmacologique et noradrénaline et antiépileptique, opiacé et
de la douleur neuropathique antiépileptique. L’association de tramadol avec
un antidépresseur (tricyclique, inhibiteur de la
En raison de leurs effets secondaires, les médi- recapture de la sérotonine et de la noradrénaline)
caments contre la douleur neuropathique sont est contre-indiquée en raison du risque de syn-
administrés d’abord à faibles doses. La posologie drome sérotoninergique. La combinaison de deux
augmente tous les 5 à 7 jours en fonction de la antidépresseurs de la même classe est également
tolérance et de l’efficacité (titration). Le trai- déconseillée. En cas de douleurs d’origine mixte,
tement se prolonge plusieurs mois (≥ 6 mois), il ne faut pas oublier de traiter la composante
au cours desquels la tolérance et l’efficacité sont nociceptive ou inflammatoire par les analgésiques
régulièrement évaluées. Les doses sont progres- appropriés.
sivement réduites après 6 à 8 mois de traitement Le patient doit être averti du fait que ces
efficace à doses constantes. médicaments sont prescrits pour leurs propriétés
Tableau 18.8. Principales molécules utilisées dans la prise en charge de la douleur neuropathique et dysfonctionnelle.
Substance Exemple Dose initiale Palier de titration Dosage efficace Prise par jour *
Antiépileptiques
Prégabaline Lyrica® 50-75 mg 50-75 mg 150-600 mg 2à3
Gabapentine Neurontin® 300 mg 100-300 mg 900-3 600 mg 3
Clonazépam Rivotril® 0,5 mg 0,5 mg 0,5-1,5 mg 1à3
Carbamazépine Tégrétol® 200 mg 100 mg/2 j 800-1 200 mg 3à4
Antidépresseurs tricycliques
Amitriptyline Saroten® 10-25 mg 10-25 mg 50-150 mg 1à2
Imipramine Tofranil® 25 mg 25 mg 25-75 mg 1à2
Clomipramine Anafranil® 10 mg 10 mg 30-50 mg 1à2
Inhibiteurs de la recapture de la sérotonine et de la noradrénaline (IRSN)
Duloxétine Cymbalta® 30 mg 30 mg 60-120 mg 1à2
Venlafaxine Efexor® 37,5 mg 37,5 mg 75-225 mg 1à2
Antidépresseurs par antagonisme central des récepteurs α2-présynaptiques
Mirtazapine Remeron® 15 mg 15 mg 15-45 mg 1à2
Miansérine Tolvon® 30 mg 15 mg 60-90 mg 1à2
Agonistes dopaminergiques
Pramipexole Sifrol® 0,125 mg 0,125 mg 0,125-0,75 mg 1
Mémantine Axur® 5 mg 5 mg 20 mg 1
* La dose thérapeutique peut être divisée et répartie en plusieurs prises journalières.
et muscariniques [27]. Elle peut être adminis- postherpétique et des lésions nerveuses périphé-
trée par voie orale (30 à 60 mg/j), intranasale, riques. Elle est moins bien établie dans d’autres
sous-cutanée ou en perfusion intraveineuse types de douleurs neuropathiques. Les effets
(voir ci-dessous). La biodisponibilité de la kéta- secondaires sont quasi inexistants.
mine orale est de 20 %, avec un important effet
de premier passage hépatique. Elle est métabo-
lisée en norkétamine, qui possède environ 30 %
Les traitements en perfusion
de l’effet analgésique de la kétamine. intraveineuse
Lidocaïne
Les traitements topiques
Les effets systémiques de la lidocaïne ont été
rapportés pour la première fois en 1962 dans
Capsaïcine le cadre du traitement des douleurs aiguës
La capsaïcine, le composé vanilloïde qui donne postopératoires [28]. L’activation des canaux
au piment sa saveur épicée, se lie aux récep- sodiques voltage-dépendant est impliquée dans
teurs TRPV1 des fibres périphériques terminales la pathogenèse et la perpétuation des douleurs
des nocicepteurs. Elle peut agir comme sensibili- neuropathiques et inflammatoires, spontanées et
sateur et désensibilisateur neuronal. En injection provoquées.
cutanée, la capsaïcine provoque une hyperalgésie, La concentration plasmatique de lidocaïne
une allodynie et divers symptômes d’hypersen- nécessaire pour obtenir un effet analgésique est
sibilité cutanée. Toutefois, lors d’administration de l’ordre de 5 à 10 µm, inférieure à celle qui
prolongée ou répétée, la capsaïcine entraîne une bloque la conduction nerveuse. Récemment, une
inactivation et une désensibilisation des terminai- méta-analyse a passé en revue les études rando-
sons nociceptives. misées disponibles. Elle conclut à la supériorité
Divers patchs et crèmes locales disponibles de l’administration de lidocaïne intraveineuse et
sans ordonnance dans le commerce, délivrent des per os par rapport au placebo, à la morphine, à la
concentrations de capsaïcine entre 0,025-0,1 %. gabapentine, à l’amitriptyline ou à l’amantadine
Un patch hautement concentré (Qutenza® 8 %) dans la douleur neuropathique [29]. Les effets
est apparu récemment sur le marché. Des précau- secondaires sont dose-dépendants et nombreux :
tions d’application sont nécessaires afin d’éviter convulsions, somnolence, état confusionnel,
tout contact avec les mains et les muqueuses. céphalées, nausées et vomissements, engourdis-
Avant d’appliquer le gel de capsaïcine, il est sements et picotements, vertiges, goût métal-
conseillé de recouvrir la zone à traiter (surtout lique, sécheresse buccale, arythmies cardiaques
si elle est hyperalgique ou allodynique) de crème et instabilité hémodynamique. Les douleurs liées
anesthésique (EMLA) pendant 1 h. Le patch de aux neuropathies diabétiques, traumatiques ou
capsaïcine est laissé sur place pendant environ dues à un accident vasculaire cérébral semblent
1 h, puis remplacé par de la glace pour atténuer de meilleures indications que les polyneuropathies
la sensation de brûlure. Le traitement peut être du VIH, qui, comme les neuropathies d’origine
répété après 3 mois. tumorale, répondent mal à cette thérapie.
Les protocoles d’administration les plus fré-
quemment utilisés dans la littérature décrivent
Lidocaïne des doses totales de 5 mg/kg perfusées en 30 à
60 min. Certains auteurs préconisent des perfu-
La xylocaïne est disponible en patchs (Neurodol®, sions répétées pendant 5 jours.
Versatis®) à appliquer directement sur la zone Afin de limiter le risque d’arythmies, la lidocaïne
douloureuse (en peau saine). Son efficacité est ne doit être administrée qu’à des patients dont
démontrée dans le traitement de la névralgie l’électrocardiogramme et les électrolytes sont
normaux. L’administration à long terme constitue previous use of analgesics and non-steroidal anti-
l’obstacle principal de ce type de traitement. inflammatory drugs. Catalan Countries Study on
Upper Gastrointestinal Bleeding. Lancet 1991 Jan
12;337(8733):85–9.
Kétamine 9. Bianchi Porro G, Ardizzone S, Petrillo M, Caruso I,
Montrone F. Endoscopic assessment of the effects of
À dose subanesthésique, la kétamine a une action dipyrone (metamizol) in comparison to paracetamol
and placebo on the gastric and duodenal mucosa
antihyperalgique, antiallodynique et antitolérance of healthy adult volunteers. Digestion 1996;57(3):
aux opioïdes. Elle peut être administrée en cas de 186–90.
résistance aux opioïdes ou de douleurs patholo- 10. Hedenmalm K, Spigset O. Agranulocytosis and other
giques avec sensibilisation centrale. blood dyscrasias associated with dipyrone (metami-
Associée à un opioïde, elle potentialise les zole). Eur. J. Clin. Pharmacol. Springer-Verlag ; 2002
Jul;58 (4):265-274.
effets antinociceptifs. À faibles doses, l’incidence
11. Liechti ME. Pharmacologie des analgésiques pour
d’effets indésirables est d’environ 10 % (halluci- la pratique - première partie : paracétamol, AINS
nations, cauchemars, troubles visuels). Les effets et métamizole. Forum Médical Suisse 2014;14(22–
psychocognitifs sont dose-dépendants. Ils sont 23):437–40.
rares avec les perfusions de 2,5 µg/kg/min, qui 12. Weinshilboum R. Inheritance and drug response. N.
ne dépassent pas 200 à 300 mg/24 h. À hautes Engl. J. Med. 2003 Feb 6;348(6):529–37.
13. Yue QY, Hasselström J, Svensson JO, Säwe J.
doses, la kétamine agit clairement comme anal-
Pharmacokinetics of codeine and its metabolites in
gésique, mais provoque des effets indésirables, Caucasian healthy volunteers : comparisons between
tachyarythmies, hallucinations et troubles du extensive and poor hydroxylators of debrisoquine.
comportement. Br J Clin Pharmacol. Wiley-Blackwell ; 1991 Jun;31
(6) :635-642.
Références 14. Gasche Y, Daali Y, Fathi M, Chiappe A, Cottini S,
Dayer P, et al. Codeine intoxication associated with
1. World Health Organisation. WHO’s cancer pain ultrarapid CYP2D6 metabolism. N. Engl. J. Med.
ladder for adults. [en ligne] www.who.int/cancer/ 2004 Dec 30;351(27):2827–31.
palliative/painladder/en/. (page consultée le 30 15. Han W, Soichiro I, Sora I, Yamamoto H, Ikeda K.
mars 2016). A possible genetic mechanism underlying individual
2. Pickering G, Esteve V, Loriot MA, et al. Acetamino- and interstrain differences in opioid actions: Focus on
phen reinforces descending inhibitory pain pathways. the mu opioid receptor gene. Ann New York Acad Sci
Clin Pharmacol Ther 2008;84:47–51. 2004;1025:370–5.
3. Pickering G, Loriot MA, Libert F, et al. Analgesic 16. Threlkeld M, Parran T, Adelman C, Grey S, Yu J.
effect of acetaminophen in humans: first evidence of Tramadol versus buprenorphine for the management
a central serotonergic mechanism. Clin Pharmacol of acute heroin withdrawal: A retrospective cohort
Ther 2006;79:371–8. controlled study. Am J Addict 2006;15:186–91.
4. Zygmunt PM, Chuang H, Movahed P, et al. The 17. Stamer UM, Musshoff F, Kobilay M, Madea B, Hoeft
anandamide transport inhibitor AM404 activates A, Stuber F. Concentrations of tramadol and O-
vanilloid receptors. Eur J Pharmacol 2000;396: desmethyltramadol enantiomers in different CYP2D6
39–42. genotypes. Clinical Pharmacology & Therapeutics
5. Watkins PB, Kaplowitz N, Slattery JT, et al. Amino- 2007 Jul;82(1):41–7.
transferase elevations in healthy adults receiving 4 18. Fishbain DA, Cole B, Lewis J, Rosomoff HL, Roso-
grams of acetaminophen daily: a randomized control- moff RS. What percentage of chronic nonmalignant
led trial. JAMA 2006;296(1):87–93. pain patients exposed to chronic opioid analgesic
6. Farkouh ME, Greenberg BP. An evidence-based therapy develop abuse/addiction and/or aberrant
review of the cardiovascular risks of nonsteroidal drug-related behaviors? A structured evidence-based
anti-inflammatory drugs. Am. J. Cardiol. Elsevier; review. Pain Med 2008;9(4):444–59.
2009 May;103 s(9):1227-1237. 19. Wesson DR, Ling WJ. The Clinical Opiate With-
7. Hassan K, Khazim K, Hassan F, Hassan S. Acute drawal Scale (COWS). Psychoactive Drugs 2003
kidney injury associated with metamizole sodium Apr-June;35(2):253–9.
ingestion. Ren Fail. 2011;33(5):544–7. 20. Bauer CS, Nieto-Rostro M, Rahman W, Tran-
8. Laporte JR, Carné X, Vidal X, Moreno V, Juan Van-Minh A, Ferron L, Douglas L, et al. The
J. Upper gastrointestinal bleeding in relation to increased trafficking of the calcium channel subunit
alpha2-delta-1 to presynaptic terminals in neuropa- 25. Beaulieu P, Ware M. Reassessment of the role of
thic pain is inhibited by the alpha2delta ligand pre- cannabinoids in the management of pain. Curr. Opin.
gabalin. J Neurosci. 2009;29:4076–88. Anaesthesiol. 2007;20:473.
21. Dworkin RH, O’Connor AB, Backonja M, Farrar 26. Anand P, Whiteside G, Fowler CJ, Hohmann AG.
JT, Finnerup NB, Jensen TS, et al. Pharmacologic Targeting CB2 receptors and the endocannabinoid
management of neuropathic pain: evidence based system for the treatment of painBrain Res. Rev.
recommendations. Pain 2007;132. 237-225. 2009;60:255.
22. Finnerup NB, Sindrup SH, Jensen TS. The evidence 27. Reich DL, Silvay G. Ketamine: an update on the first
for pharmacological treatment of neuropathic pain. twenty-five years of clinical experience. Can J Anaesth
Pain 2010;150:573–81. 1989;36:186–97.
23. Attal N, Cruccu G, Baron R. EFNS guidelines on 28. Bartlett EE, Hutaserani Q. Lidocaïne (xylocaine) for
pharmacological treatment of neuropathic pain. 2009 the relief of postoperative pain. J Am Med Womens
revision. Eur J Neurol. 2010;17. 1113-e88. Assoc 1962;17:809–15.
24. Yalcin I, Choucair-Jaafar N, Benbouzid M, Tessier 29. Tremont-Lukats IW, Challapalli V, McNicol ED, Lau
LH, Muller A, Hein L, et al. Bêta(2)-adrenoceptors J, Carr DB. Systemic administration of local anesthe-
are critical for antidepressant treatment of neuropa- tics to relieve neuropathic pain: A systematic review
thic pain. Ann Neurol. 2009;65:218–25. and meta-analysis. Anesth Analg 2005;101:1738–49.
Chapitre 19
Le traitement médicamenteux
antalgique lors d’insuffisance
rénale ou hépatique
Vincent Bourquin
• évaluer la fonction rénale avec la formule Tableau 19.1. Débit de filtration glomérulaire
CKD-EPI et si possible, vérifier l’absence estimé (DFGe) selon KDIGO (2012).
d’albuminurie ; Stade DFGe (ml/ Interprétation de l’insuffisance
• modifier le schéma posologique en fonction min/1,73 m2) rénale
du DFGe. La dose peut être diminuée et/ou G1 ≥ 90 Normale ou élevée (hyperfiltration)
l’intervalle de prise allongé ; G2 60-89 légère
• évaluer la réponse au traitement antalgique G3a 45-59 Légère à modérée
(échelles d’autoévaluation) ; G3b 30-44 Modérée à sévère
• surveiller le patient quant à l’apparition
G4 15-29 Sévère
d’effet(s) toxique(s) ou indésirable(s) attendu(s)
G5 < 15 Terminale
du médicament.
L’algorithme (figure 19.1) proposé et per-
mettant le choix d’un analgésique en fonction
du stade d’IRC (tableau 19.1) contient trois d’une albuminurie ou d’une incertitude quant
niveaux : au DFGe incitera à choisir l’échelle « sûre ».
1. DFGe inférieur à 30 ml/min/1,73 m2 pour Sans cela, l’adaptation se fait selon les recom-
lequel l’échelle de l’OMS est remplacée par une mandations du tableau 19.2.
échelle dite « sûre » avec trois paliers adaptés. La présence de comorbidités complique le choix
Le palier 1 est le paracétamol, le palier 2 le posologique des analgésiques en cas d’IRC. L’âge
tramadol et le palier 3 la buprénorphine. est un facteur important, étant donné qu’au-
2. DFGe supérieur à 60 ml/min/1,73 m2 permet dessus de 70 ans, le nombre de comorbidités
la prescription de n’importe quel analgésique est de 5 contre 2,5 pour les moins de 70 ans
selon l’échelle « classique » de l’OMS. [6]. Cette catégorie de patients prend souvent
3. DFGe entre 30 et 60 ml/min/1,73 m2 pour plusieurs traitements pouvant interagir et modifier
lequel le choix doit se faire entre l’échelle la pharmacocinétique des analgésiques. Les effets
« sûre » et « classique ». La présence de comor- indésirables sont plus importants dans cette popu-
bidités(s), d’une insuffisance rénale aiguë, lation en raison des interactions médicamenteuses.
Tableau 19.2. Adaptation posologique des différents analgésiques couramment utilisés en cas d’insuffisance rénale.
Antalgiques Dosage habituel per os DFGe < 30 ml/ DFGe entre 30 et 60 ml/ DFGe > 60 ml/
min/1,73 m2 min/1,73 m2 min/1,73 m2
AINS 600 mg 3 x/j pour l’ibuprofène Contre-indiqués Contre-indiqués 100 %
Paracétamol 1 000 mg 4 x/j 100 % 100 % 100 %
Codéine 15-120 mg toutes les 4 à 6 h 50 % 75 % 100 %
Tramadol 50-100 mg toutes les 4 à 6 h 50-100 mg toutes les 12 h (max 200 mg/j) 100 %
(max 400 mg/j)
Morphine 5-120 mg toutes les 4 à 6 h 50 % en dose unique 75 % 100 %
(max 1,5 mg/kg par jour)
Oxycodone 2,5 à 5 mg toutes les 6 h 50 % en dose unique 75 % 100 %
Fentanyl 25-50 mcg/h (patch) 100 % 100 % 100 %
Buprénorphine 0,3 mg toutes les 6 à 8 h 100 % 100 % 100 %
(70 %) et dans les urines (20 %). Les métabolites prescription à un patient présentant une insuffi-
sont inactifs. Les propriétés pharmacocinétiques sance hépatique :
du fentanyl et de la buprénorphine en font les • Confirmer l’indication du traitement en tenant
analgésiques de choix pour la prise en charge compte du rapport risque-bénéfice.
de la douleur modérée à sévère chez les patients • Privilégier les traitements à marge thérapeu-
insuffisants rénaux. tique large et à élimination extrahépatique.
• Les antidépresseurs tricycliques et les inhibi- • Évaluer la sévérité de l’atteinte hépatique par les
teurs sélectifs de la recapture de la sérotonine scores validés.
ne nécessitent pas d’adaptation posologique • Modifier le schéma posologique en fonction de
particulière en cas d’insuffisance rénale. l’atteinte hépatique. La dose peut être dimi-
• En ce qui concerne les antiépiléptiques, la nuée et/ou l’intervalle de prise allongé.
carbamazépine est métabolisée principalement • Évaluer la réponse au traitement antalgique
par le foie et ne nécessite une réduction de dose (échelles d’autoévaluation).
qu’en cas d’insuffisance rénale terminale. Les • Surveiller le patient pour l’apparition d’effet(s)
antiépileptiques de seconde génération comme toxique(s) ou indésirable(s) attendu(s) du
la gabapentine et la prégabaline, nécessitent une médicament.
adaptation posologique en fonction du DFGe. Les AINS sont métabolisés par voie hépatique
En cas d’IRC modérée à sévère, la dose de et présentent une hépatotoxicité directe. Ils sont
gabapentine est de maximum 300 mg 3 x par responsables de 10 % des atteintes hépatiques
jour et de 300 mg par jour pour la prégabaline. d’origine médicamenteuse [14]. La prise d’AINS
En cas d’insuffisance sévère, la gabapentine augmente le risque hémorragique chez les patients
peut être donnée à raison de 300 mg tous les cirrhotiques [15]. Après administration d’AINS,
2 jours et la prégabaline est contre-indiquée. le débit de filtration glomérulaire diminue chez
les patients avec atteinte hépatique. L’utilisa-
tion d’AINS est également à proscrire chez les
L’insuffisance hépatique patients avec insuffisance hépatique, comme pour
les patients avec insuffisance rénale. Le risque
Le foie est indispensable au métabolisme de nom- d’hépatoxicité directe est important, ainsi que le
breux médicaments. La clairance hépatique d’un risque de complications graves hémorragiques et
médicament est déterminée par le flux sanguin rénales (syndrome hépatorénal).
hépatique, sa liaison aux protéines plasmatiques Une faible proportion du paracétamol est oxy-
et l’activité métabolique intrinsèque du foie. En dée en un métabolite hépatotoxique. Celui-ci est
cas d’atteinte hépatique, ces trois déterminants détoxifié par le glutathion. En cas de surdosage,
de la clairance sont altérés [13]. Il existe plusieurs une nécrose hépatique peut se produire lorsque le
scores de sévérité de l’atteinte hépatique, dont glutathion est épuisé. Des cas d’hépatites médica-
le Child-Pugh et le Model for End-Stage Liver menteuses graves peuvent survenir avec les doses
Disease (MELD). Il n’existe cependant pas de habituelles de paracétamol chez des patients pré-
marqueur sanguin, comme la créatinine pour sentant une consommation d’alcool chronique,
les reins, qui permette d’anticiper le risque de une malnutrition et la prise concomitante d’un
toxicité hépatique lors d’administration d’un inducteur des cytochromes [16]. La demi-vie
antalgique. L’adaptation posologique est de ce d’élimination du paracétamol augmente de 50 à
fait plus complexe. 100 % en cas d’insuffisance hépatique [17]. Le
Lors d’insuffisance hépatique, on peut noter paracétamol semble toutefois être bien toléré à
une augmentation de la biodisponibilité de cer- court terme chez les patients avec une atteinte
taines molécules, de la fraction libre de substance hépatique peu sévère. Il est toutefois recom-
fortement liées aux protéines et une diminution mandé de limiter la durée du traitement et la
du métabolisme intrinsèque. Il convient de res- dose journalière du paracétamol à 2 à 3 grammes
pecter les précautions suivantes lors de toute chez les patients avec une insuffisance hépatique
Tableau 19.3. Adaptation posologique des différents analgésiques couramment utilisés en cas d’insuffisance
hépatique.
Antalgiques Dosage habituel per os Considération en cas d’insuffisance hépatique
AINS 600 mg 3 x/j pour l’ibuprofène Contre-indiqué. Hépatotoxicité directe. Risque de complications (hémorragies,
insuffisance rénale aiguë, décompensation d’ascite)
Paracétamol 1 000 mg 4 x/j Maximum 2 à 3 g/j, sur une courte période. Hépatotoxicité directe. Demi-vie
augmentée de 2 fois.
Codéine 15-120 mg toutes les 4 à 6 h Transformation en morphine diminuée.
Tramadol 50-100 mg toutes les 4 à 6 h Réduire les doses et doubler l’intervalle entre les prises. Transformation
(max 400 mg/j) en morphine diminuée. Demi-vie augmentée de 2 fois. Risque de syndrome
sérotoninergique.
Morphine 5-120 mg toutes les 4 à 6 h En IV, doubler l’intervalle entre les prises.
(max 1,5 mg/kg/j) En per os, doubler l’intervalle entre les prises et réduire les doses. Demi-vie
et biodisponibilité augmentées de 2 fois.
Oxycodone 2,5 à 5 mg toutes les 6 h Réduire les doses et augmenter l’intervalle entre les prises. Biodisponibilité
augmentée de 1,5 à 3 fois.
Fentanyl 25-50 mcg/h (patch) En intraveineux, pas de modification. Éviter les patchs, car augmentation
de la concentration.
Buprénorphine 0,3 mg toutes les 6 à 8 h Réduire les doses et surveillance étroite. Absence de données.
Modifié selon Innaurato [2].
[18,19]. Le tableau 19.3 résume l’adaptation est glucuroconjugée au niveau du foie par le cyto-
posologique des principaux analgésiques utilisés chrome P450 3A4. Sa pharmacocinétique n’est
en cas d’insuffisance hépatique. pas connue en cas d’insuffisance hépatique.
Tous les opiacés ont un métabolisme hépa- L’utilisation d’antidépresseurs tricycliques est
tique. Il existe un risque d’accumulation liée à une possible en cas d’insuffisance hépatique, en tout
clairance diminuée et/ou à une biodisponibilité cas dans le court terme, sans entraîner de som-
augmentée [20]. La codéine a une action anal- nolence ou d’encéphalopathie. Il faut toutefois
gésique par sa transformation en morphine via débuter avec la plus petite posologie possible et
le cytochrome P450 2D6. En cas d’insuffisance augmenter progressivement la dose. La desvenla-
hépatique, une diminution d’efficacité secondaire faxine est mieux tolérée que les autres inhibiteurs
à l’atteinte des cytochromes est généralement sélectifs de la recapture de la sérotonine, comme
observée. La demi-vie d’élimination du trama- la duloxétine ou la venlafaxine, car elle n’est pas
dol est doublée en cas d’insuffisance hépatique. métabolisée par le cytochrome P450.
La molécule mère s’accumule avec risque de En ce qui concerne les antiépileptiques, la
syndrome sérotoninergique. Il faut augmenter carbamazépine est métabolisée principalement par
l’intervalle entre les prises de tramadol et éviter les le foie et est contre-indiquée. Les traitements
formes retard. La morphine est glucuroconjugée antiépileptiques de seconde génération comme
au niveau hépatique. Sa demi-vie d’élimination la gabapentine ou la prégabaline sont autorisés et
augmente jusqu’à 100 % chez les patients avec n’ont pas besoin d’adaptation posologique en cas
une insuffisance hépatique sévère. Il faut doubler d’insuffisance hépatique.
l’intervalle posologique et réduire la dose en En conclusion, l’adaptation des analgésiques
cas d’administration per os. Lors d’administration en cas d’insuffisance rénale ou hépatique est une
intraveineuse, la pharmacocinétique du fentanyl gageure. Les recommandations données dans ce
n’est pas modifiée en cas d’insuffisance hépatique. chapitre sont principalement des avis d’experts.
Par voie transdermique, la demi-vie augmente et On retiendra toutefois que les AINS sont contre-
cette forme galénique n’est pas recommandée en indiqués en cas d’insuffisance rénale et hépa-
cas d’insuffisance hépatique. La buprénorphine tique. Le paracétamol peut être donné en cas
d’insuffisance rénale et d’insuffisance hépatique 10. Lee CR, McTavish D, Sorkin EM: Tramadol. A
sous réserve d’adapter la dose. Pour les opiacés, preliminary review of its pharmacodynamic and phar-
macokinetic properties, and therapeutic potential
il faut se référer aux tableaux et algorithme pour
in acute and chronic pain states. Drugs 1993;46:
une prescription adaptée au degré d’insuffisance 313–40.
de l’organe concerné. 11. Wolff J, Bigler D, Christensen CB, Rasmussen SN,
Andersen HB, Tønnesen KH. Influence of renal
Références function on the elimination of morphine and mor-
phine glucuronides. Eur J Clin Pharmacol 1988;34:
1. Bourquin V, Petignat P-A, Besson M, Piguet V. 353–7.
Analgesia and renal insufficiency. Rev Med Suisse 12. Osborne R, Joel S, Grebenik K, Trew D, Slevin M.
2008, 4:2218;20:2222-2223. The pharmacokinetics of morphine and morphine
2. Innaurato G, Piguet V, Simonet ML. Analgesia in glucuronides in kidney failure. Clin Pharmacol Ther
patients with hepatic impairment. Rev Med Suisse 1993;54:158–67.
2015;11(4):1380–2. 13. Dwyer JP, Jayasekera C, Nicoll A. Analgesia for the
3. Kidney Disease/Improving Global Outcomes. CKD cirrhotic patient: a literature review and recommen-
Evaluation & Management. [en ligne] www.kdigo.org/ dations. J Gastroenterol Hepatol 2014;29:1356–60.
home/guidelines/ckd-evaluation-management/. 14. Bessone F. Non-steroidal anti-inflammatory drugs:
(page consultée le 6 mars 2017). What is the actual risk of liver damage? World J Gas-
4. Cockcroft DW, Gault MH. Prediction of creati- troenterol 2010;16:5651–61.
nine clearance from serum creatinine. Nephron 15. Lee Y-C, Chang C-H, Lin J-W, Chen H-C, Lin M-S,
1976;16:31–41. Lai M-S. Non-steroidal anti-inflammatory drugs use
5. Levey AS, Stevens LA, Schmid CH, Zhang YL, and risk of upper gastrointestinal adverse events in
Castro AF, Feldman HI, et al. CKD-EPI (Chronic cirrhotic patients. Liver Int 2012;32:859–66.
Kidney Disease Epidemiology Collaboration): A new 16. Claridge LC, Eksteen B, Smith A, Shah T, Holt AP.
equation to estimate glomerular filtration rate. Ann Acute liver failure after administration of paracetamol
Intern Med 2009;150:604–12. at the maximum recommended daily dose in adults.
6. Luke RG, Beck LH. Gerontologizing nephrology. BMJ 2010;341:c6764–c6764.
Journal of the American Society of Nephrology 17. Bosilkovska M, Walder B, Besson M, Daali Y, Des-
1999;10:1824–7. meules J. Analgesics in patients with hepatic impair-
7. Ackerman Z, Cominelli F, Reynolds TB. Effect of ment: pharmacology and clinical implications. Drugs
misoprostol on ibuprofen-induced renal dysfunction 2012;72:1645–69.
in patients with decompensated cirrhosis: results of a 18. Benson GD, Koff RS, Tolman KG. The therapeutic
double-blind placebo-controlled parallel group study. use of acetaminophen in patients with liver disease.
Am J Gastroenterol. 2002;97:2033–9. Am J Ther 2005;12:133–41.
8. Mazer M, Perrone J. Acetaminophen-induced 19. Chandok N, Watt KDS. Pain management in the
nephrotoxicity: pathophysiology, clinical manifesta- cirrhotic patient: the clinical challenge. Mayo Clinic
tions, and management. J Med Toxicol 2008;4:2–6. Proceedings 2010;85:451–8.
9. Guay DR, Awni WM, Findlay JW, Halstenson CE, 20. Tegeder I, Lötsch J, Geisslinger G. Pharmacokine-
Abraham PA, Opsahl JA, et al. Pharmacokinetics tics of opioids in liver disease. Clin Pharmacokinet
and pharmacodynamics of codeine in end-stage renal 1999;37:17–40.
disease. Clin Pharmacol Ther 1988;43:6–71.
Chapitre 20
Le traitement médicamenteux
antalgique durant la grossesse
et l’allaitement
Christophe Perruchoud
En cours de grossesse, les douleurs peuvent être du canal artériel, une insuffisance rénale et un
aiguës (traumatismes, infections) ou chroniques hydramnios chez le fœtus. Ils sont également
(douleurs préexistantes). Suite à l’œdème tis- responsables d’une prolongation de la gestation
sulaire dû aux modifications hormonales, des et d’un ralentissement du travail. Suspects de
douleurs neuropathiques compressives peuvent favoriser le déclenchement d’hémorragies fœtales
être déclenchées ou aggravées par la grossesse et néonatales, les AINS sont formellement contre-
(tunnels carpiens, méralgies paresthésiques, indiqués après la 24e semaine de gestation.
névralgies intercostales inférieures). L’aspirine peut aussi contribuer aux saigne-
Plus de 85 % des femmes prennent un traite- ments maternels et fœtaux. Une méta-analyse
ment pendant la grossesse. Après les vitamines, suggère la possible association entre la prise d’aspi-
les analgésiques sont les médicaments les plus rine au cours du 1er trimestre et le risque accru de
prescrits (plus de 50 %) [1]. La majorité d’entre laparoschisis (protrusion des viscères à travers
eux n’ont pas été testés dans le cadre d’études un défaut de la paroi abdominale antérieure)
bien contrôlées et ne doivent être prescrits [3]. Cependant, de larges études ont démontré
qu’après une évaluation soigneuse du rapport que l’aspirine à faible dose est un médicament
risque-bénéfice. sûr, dont les effets sont généralement positifs
sur la grossesse, notamment dans la prévention
des complications (pré-éclampsie) et des fausses
Grossesse couches à répétition.
Depuis longtemps, les opioïdes ont été utilisés
À doses thérapeutiques, le paracétamol est effi- à doses thérapeutiques par les femmes enceintes
cace et sûr pendant toute la grossesse. Bien que sans qu’un lien n’ait été établi avec un risque de
sa forme non conjuguée traverse le placenta, le malformation, majeure ou mineure. Les données
paracétamol ne présente aucun risque d’anomalies à long terme concernant le développement psy-
congénitales ou de complications gravidiques, chomoteur des nouveau-nés exposés aux opioïdes
selon une étude récente portant sur des milliers in utero sont également rassurantes. La principale
de grossesse [2]. préoccupation concernant la prise d’opioïde est le
Aucune étude animale ni humaine n’a démon- développement d’une tolérance et d’une dépen-
tré de risque tératogène associé à la prise d’AINS dance chez la mère et la possibilité d’un syndrome
pendant le 1er trimestre de la grossesse. Toutefois, de sevrage chez le nouveau-né. L’administration de
leur ingestion au cours du 3e trimestre de la gros- buprénorphine à la mère est préférable car semble
sesse peut provoquer la fermeture prématurée être bénéfique au nouveau-né en termes de poids
10. Winterfeld U, Merlob P, Baud D, Rousson V, Pan- 11. Koren G, Cairns J, Chitayat D, Gaedigk A, Leeder
chaud A, Rothuizen LE, Bernard N, Vial T, Yates SJ. Pharmacogenetics of morphine poisoning in a
LM, Pistelli A, Ellfolk M, Eleftheriou G, de Vries breastfed neonate of a codeine-prescribed mother.
LC, Jonville-Bera AP, Kadioglu M, Biollaz J, Buclin Lancet 2006;368:704.
T. Pregnancy outcome following maternal exposure
to pregabalin may call for concern. Neurology 2016
Jun 14;86(24):2251–7.
Chapitre 21
La stimulation nerveuse
électrique transcutanée
Christophe Perruchoud
Figure 21.1. Modèles de TENS et d’accessoires (électrodes, gants, chaussettes, genouillères, sonde endorectale).
des neurones de la substantia gelatinosa de la d’antagonistes sélectifs confirme le rôle des opiacés
corne postérieure de la moelle par la stimulation endogènes : l’effet antihyperalgésique du TENS à
des fibres afférentes de gros calibre (Aß) qui basse fréquence est atténué par l’administration
inhibent la transmission des fibres nociceptives de naloxone (antagoniste du récepteur µ) et celui
de petit diamètre (C). Il a ensuite été démontré du TENS à haute fréquence par l’administration
qu’il existait également un mécanisme supraspinal de naltrindole (antagoniste du récepteur ∂) [7].
contribuant à l’effet analgésique par l’activation Finalement, le TENS pourrait potentiellement
des voies corticospinales inhibitrices des afférences avoir des effets sur le système nerveux autonome.
douloureuses. Chez l’animal, l’effet du TENS à Une augmentation régionale du flux sanguin a
haute fréquence est partiellement antagonisé par été décrite lors de stimulation TENS à basse ou
la section des fibres inhibitrices descendantes [1]. haute fréquence et à des intensités supérieures au
Les voies inhibitrices descendantes sont issues seuil sensitif [8].
de la substance grise périaqueducale et la moelle
rostroventrale. L’effet antinociceptif s’exerce via
la libération de sérotonine et d’endorphines au Efficacité clinique du TENS
niveau des cornes postérieures de la moelle. Le
blocage des récepteurs opioïdes au niveau de la Même si le nombre d’études évaluant l’efficacité
moelle rostroventrale produit la même diminu- du TENS dans différents syndromes douloureux a
tion d’effet du TENS que la section des voies des- considérablement augmenté durant ces dernières
cendantes [2]. La déplétion en sérotonine réduit années, la qualité méthodologique des études est
l’effet de la stimulation à haute fréquence chez souvent insuffisante pour tirer des conclusions
l’animal intact, mais pas chez l’animal dont les définitives sur l’efficacité de la thérapie.
voies descendantes ont été sectionnées [3].
Le TENS, même à haute fréquence, ne produit
pas de bloc de conduction. Les effets rémanents, Lombalgies chroniques
observés parfois plusieurs heures après l’arrêt de
Une revue systématique Cochrane [9] a inclus
la thérapie, parlent en faveur d’un mécanisme
cinq études randomisées contrôlées sur la prise
différent. Une autre théorie propose que l’adé-
en charge de la lombalgie chronique (plus de
nosine sécrétée par les fibres de gros calibre (Aß)
3 mois) par le TENS. Les modalités d’application
exerce un effet antinociceptif [4]. Cette théorie
du TENS et les mesures varient significativement
est soutenue par le fait que l’administration de
d’une étude à l’autre (1 et 4 séances/j et le place-
caféine, un bloqueur des récepteurs à l’adénosine,
ment des électrodes n’est pas standardisé). Dans
réduit significativement l’effet du TENS dans une
ce contexte, les auteurs concluent à l’absence
étude contrôlée chez des volontaires sains [5].
d’évidence en faveur de cette thérapie. Un autre
La libération d’opioïdes endogènes est souvent
essai visant à déterminer le placement optimal des
citée comme élément de base du mécanisme
électrodes pour chaque patient s’est révélé positif
d’action du TENS. Chez les volontaires sains, les
et recommande le traitement dans la lombalgie
concentrations d’endorphines augmentent dans
chronique.
le plasma et le liquide céphalorachidien après
traitement par TENS à haute ou basse fréquence.
La méthionine enképhaline et la dynorphine A Gonarthrose
(deux agonistes opioïdes) sont retrouvées en plus
fortes concentrations dans le liquide céphalora- Plusieurs études randomisées évaluant l’efficacité
chidien après une séance de TENS respectivement du TENS conventionnel ou du TENS acupunc-
à basse et haute fréquences [6]. Il existe ainsi au ture-like ont conclu à la supériorité du TENS par
niveau spinal une sécrétion d’endorphines et une rapport au placebo dans le traitement symptoma-
activation des récepteurs aux opiacés qui dépen- tique de la gonarthrose [10]. La durée d’applica-
dent de la fréquence du TENS. L’administration tion variait d’une séance unique de 30 minutes à
des séances quotidiennes pendant une semaine. Les première génération. Il est largement admis
séances répétées semblent avoir un effet cumulatif. que les instruments actuels ne contre-indiquent
plus l’utilisation d’un TENS. Par mesure de
précaution, les électrodes cutanées ne devraient
Dysménorrhée primaire pas être appliquées en regard du boîtier de
stimulation et du trajet des électrodes, particu-
Dans cette indication, les électrodes sont placées
lièrement lorsque celles-ci sont sous-cutanées.
au niveau du bas abdomen. Une revue systéma-
• L’utilisation du TENS durant le travail et
tique de neuf études randomisées et contrôlées
l’accouchement n’est pas contre-indiquée, mais
établit la supériorité du TENS à haute fréquence
peut interférer avec le monitoring fœtal.
par rapport au placebo, et l’absence de différence
• L’utilisation du TENS sur les régions épiphy-
entre le TENS à basse fréquence et le placebo.
saires actives reste controversée chez l’enfant.
Le temps de thérapie variait de 30 minutes à
8 heures [11].
Références
1. Woolf CJ, Mitchell D, Barrett GD. Antinociceptive
Douleurs postopératoires aiguës effect of peripheral segmental electrical stimulation
in the rat. Pain 1980;8:237–52.
L’utilisation du TENS dans le traitement des 2. Kalra A, Urban MO, Sluka KA. Blockade of opioid
receptors in rostral ventral medulla prevents anti-
douleurs postopératoires aiguës implique la mise
hyperalgesia produced by transcutaneous electrical
en place d’électrodes stériles sur une ligne paral- nerve stimulation (TENS). J Pharmacol Exp Ther
lèle à l’incision avec parfois une paire d’électrodes 2001;298:257–63.
complémentaire en regard des racines nerveuses 3. Woolf CJ, Mitchell D, Barrett GD. Antinociceptive
correspondantes. Plusieurs études ont évalué les effect of peripheral segmental electrical stimulation
scores de douleurs et la consommation d’analgé- in the rat. Pain 1980;8:237–52.
4. Salter MW, Henry JL. Evidence that adenosine
siques chez les patients traités par TENS en post- mediates the depression of spinal dorsal horn neurons
opératoire [12]. Sur 17 travaux randomisés, 15 induced by peripheral vibration in the cat. Neuro
ne mettent en évidence aucun bénéfice du TENS science 1987;22:631–50.
dans cette indication alors que 17 des 19 études 5. Marchand S, Li J, Charest J. Effects of caffeine
non randomisées ont conclu à des effets positifs on analgesia from transcutaneous electrical nerve
stimulation. N Engl J Med 1995;333:325–6.
du TENS.
6. Han JS, Chen XH, Sun SL, Xu XJ, Yuan Y, Yan SC,
En l’absence d’études bien construites, le TENS Hao JX, Terenius L. Effect of low and high frequency
ne peut pas être actuellement recommandé dans TENS on metenkephalin-arg-phe and dynorphin
le traitement des douleurs postopératoires aiguës. A immunoreactivity in human lumbar CSF. Pain
1991;47:295–8.
7. Sluka KA, Deacon M, Stibal A, Strissel S, Terpstra
A. Spinal blockade of opioid receptors prevents the
Contre-indications analgesia produced by TENS in arthritic rats. J
Pharmacol Exp Ther 1999;289:840–6.
• Patient non coopérant ou incapable de 8. Wikstrom SO, Svedman P, Svensson H, Tanweer
comprendre les instructions relatives à la mani- AS. Effect of transcutaneous nerve stimulation on
microcirculation in intact skin and blister wounds in
pulation et au réglage du TENS. healthy volunteers. Scand J Plast Reconstr Surg Hand
• Lésions cutanées au site d’application des élec- Surg 199;33:195-201.
trodes. 9. Milne S, Welch V, Brosseau L, Saginur M, Shea
• Positionnement des électrodes sur les paupières B, Tugwell P, Wells G. Transcutaneous electrical
ou à la face antérieure du cou (sinus caroti- nerve stimulation (TENS) for chronic low back pain.
Chochrane Data Base Syst Rev 2001.
diens : contre-indication relative).
10. Osiri M, Welch V, Brosseau L, Shea B, McGowan J,
• Les pacemakers et autre stimulateurs élec- Tugwell P, Wells G. Transcutaneous electrical nerve
triques implantés ont constitué des contre- stimulation for knee osteoarthritis. Chochrane Data
indications relatives avec les dispositifs de Base Syst Rev 2001.
11. Igwea SE, Tabansi-Ochuogu CS, Abaraogu UO. 12. Schulz KF, Chalmers I, Hayes RJ, Altman DG. Empi-
TENS and heat therapy for pain relief and quality rical evidence of bias: Dimensions of methodological
of life improvement in individuals with primary dys- quality associated with estimates of treatment effects
menorrhea: A systematic review. Complement Ther in controlled trials. JAMA 1995;273:408–12.
Clin Pract. 2016 Aug;24:86–91.
Chapitre 22
Hypnose médicale et douleurs
chroniques
Laurence Clivaz Mariotti, Nicolas Mariotti
douloureux chroniques, dont la symptomatologie le souhaitera et au moment qu’il aura choisi (lors
évoluait depuis plus de 5 ans pour 54 % d’entre de la crise douloureuse ou dans d’autres circons-
eux, retrouvait une dépression chez 35,5 % et un tances). Cet apprentissage requiert en moyenne
état anxieux chez 47 % des patients. [5]. entre cinq et 10 séances avec un hypnothérapeute.
Il est aussi utile de faire dessiner sa douleur au Avec cet outil, le patient se sent moins démuni,
patient. Durant cet exercice, il pourra localiser la et donc aussi moins anxieux. Agir sur l’anxiété a
douleur sur un schéma corporel, lui donner des bien souvent un impact important sur les douleurs
couleurs spécifiques, des formes ou même un elles-mêmes.
nom. Il s’agit du processus de « chosification » de
la douleur qui permettra de la traiter comme une
entité spécifique. Indications
L’anamnèse révélera des souvenirs pénibles et
désagréables, ainsi que l’existence de phobies Le champ d’application de l’hypnose dans le
ou d’autres troubles psychologiques. Ces élé- cadre de la douleur chronique est assez large :
ments sont utiles pour que le thérapeute évite céphalées, brûlures, douleurs abdominales (côlon
de suggérer des situations angoissantes durant irritable, maladie de Crohn), lombalgies chro-
la transe et provoque ainsi des « abréactions » niques, arthrite chronique, fibromyalgie, dou-
(fortes décharges émotionnelles) de la part du leurs fantôme, dyspepsie, douleurs cancéreuses.
patient [6]. Les contre-indications à l’utilisation de l’hypnose
relèvent de l’expérience du thérapeute, qui, en
signant une charte éthique pendant sa forma-
Déroulement tion, s’engage à traiter les patients de façon
respectueuse et avec leur consentement éclairé,
Classiquement, une séance d’hypnose se déroule sans dépasser les limites de ses compétences. Les
en quatre temps : patients psychotiques, notamment, devraient être
• Induction : en fixant le regard sur un point par référés à un spécialiste.
exemple.
• Dissociation : la réalité extérieure s’estompe
pour laisser la place à la sensorialité intérieure : Recherche
le corps s’engourdit et les perceptions auditives,
visuelles et kinesthésiques sont atténuées. Plusieurs études scientifiques ont mis en évidence
• Perceptude : le patient se détache de sa douleur l’impact de l’hypnose au niveau cérébral. En effet,
et s’ouvre aux suggestions thérapeutiques. au PET-Scan, l’hypnose modifie la réponse corti-
• Sortie de transe. cale à la douleur par une variation du flux sanguin
Le thérapeute va s’appuyer principalement sur dans le cortex cingulaire antérieur (dimension
des métaphores, idéalement celles que le patient a affective de la douleur) ainsi que dans l’aire S1
utilisées dans l’anamnèse pour qualifier sa douleur (dimension sensorielle de la douleur) [8]. L’hyp-
(« coups de couteau », « décharges électriques », nose agit donc sur les deux composantes de la
« feu dévorant »). « Il s’agit là de l’outil le plus douleur, la sensation douloureuse et l’émotion
pointu et le plus caractéristique de la pratique de qui lui est associée. M.-E. Faymonville a démontré
l’hypnose » [7]. La séance d’hypnose se construit que l’hypnose réduisait la perception de la douleur
autour du patient et évolue avec lui. Elle intègre de 50 % [9]. Deux revues de la littérature, publiées
un travail sur les compétences propres du patient, en 2006 et 2007, confirment l’effet antalgique de
qui consiste à rehausser une estime de soi souvent l’hypnothérapie pour différents type de douleurs,
médiocre, ainsi que l’apprentissage de l’auto- effet qui se prolonge à moyen terme (jusqu’à
hypnose, qui permettra au patient de participer une année) [10,11]. Des résultats similaires ont
activement à son traitement. Utilisant ses propres été à nouveau rapportés dans une étude publiée
ressources, il pourra ainsi agir aussi souvent qu’il en 2014 portant sur une centaine de patients
souffrant de lombalgies chroniques et traités par 3. Bioy A. Hypnosis and pain: current and pers-
hypnose avec plus de la moitié des patients présen- pective knowledge. Rev Med Suisse. 2012 Jun
27;8(347):1399–400. 1402-1403.
tant une amélioration de la symptomatologie et un
4. Basler H-D, Kröner-Herwig B, Franz C, Rehfisch HP.
maintien de ce gain à 6 mois [12]. Psychologische Schmerztherapie. Springer; 2003.
5. Le Goaziou MF, Moreau A, Letrilliart L, Zerbib Y.
Patients and their chronic pain: how do they perceive
Conclusion it? A descriptive study in French general practice. Eur
J Gen Pract. 2005 Mar;11(1):25–6.
6. Forster A, Kooger N, Cuddy N. Les possibi-
Dans la prise en charge des douleurs chroniques, lités et les limites de l’hypnose dans l’approche
l’hypnose offre l’opportunité d’aborder ces patho- de la médecine psychosomatique. Rev Med Suisse
logies complexes par une approche différente, 2004;62(2476):725–7.
7. Bioy A, Keller P-H. Hypnose clinique et principe
centrée sur la personne dans son ensemble. En se
d’analogie. Fondements d’une pratique psychothéra-
détachant de son corps et donc de sa douleur, au peutique. Ed. De Boeck Supérieur, 2009.
travers de sa relation avec son thérapeute qui le 8. Rainville P, Hofbauer RK, Bushnell MC, et al. Hyp-
guide, le patient peut expérimenter de nouvelles nosis modulates activity in brain structures involved
perceptions, agir sur ses émotions en les adaptant in the regulation of consciousness. J Cogn Neurosci
à la réalité, et s’ouvrir progressivement à une nou- 2002;14(6):887–901.
9. Faymonville M-E, Roediger L, Del Fiore G, et al.
velle façon de vivre sa douleur et la rendre plus
Increased cerebral functional connectivity underlying
supportable. L’hypnose doit être pratiquée par the antinociceptive effects of hypnosis. Cogn Brain
des thérapeutes formés dans des écoles reconnues Res. 2003 Jul;17(2):255–62.
par la Société internationale d’Hypnose. 10. Jensen M, Patterson DR. Hypnotic treatment of
chronic pain. J Behav Med. 2006 Feb;29(1):95–124.
Références 11. Elkins G, Jensen MP, Patterson DR. Hypnotherapy
for the management of chronic pain. Int J Clin Exp
1. Roustang F. Qu’est-ce que l’hypnose ? Paris: Les Hypn. 2007 Jul;55(3):275–87.
Éditions de Minuit; 1994. 12. Tan G, Rintala DH, Jensen MP, Fukui T, Smith D,
2. Bioy A. Douleur chronique, une ignorance qui struc- Williams W. A randomized controlled trial of hypno-
ture. Hypnose et thérapies brèves. 2013 Mar;66–76. sis compared with biofeedback for adults with chronic
HS 7. low back pain. Eur J Pain 2015 Feb;19(2):271–80.
Chapitre 23
L’antalgie interventionnelle
Christophe Perruchoud, Éric Buchser
Les blocs à visée pronostique permettent de anesthésiques locaux : les substances actives dont
prédire l’efficacité d’un traitement définitif et le nom contient deux « i », (par exemple, bupi
de définir une stratégie thérapeutique. Un bloc vacaïne) sont des amides. Les autres molécules
nerveux temporaire peut, par exemple, permettre sont des esters (par exemple, procaïne).
de décider d’effectuer une procédure lésionnelle • Un groupe ionisable hydrophile (amine ter
ou chirurgicale bloquant l’activité nerveuse pour tiaire ou plus rarement secondaire) détermine
une analgésie durable. Il est néanmoins admis l’ionisation de la molécule et donc sa diffusion
que la durée de l’effet antalgique des procédures tissulaire.
lésionnelles dépasse rarement une année.
Les blocs thérapeutiques ont pour objectif Mécanisme d’action et propriétés
de traiter la douleur à moyen ou long terme. des anesthésiques locaux
Le bloc thérapeutique peut être une répétition Les anesthésiques locaux inhibent la conduction
du bloc diagnostique. Dans ce cas, on associe nerveuse de façon réversible en abaissant la per
généralement des corticoïdes aux anesthésiques méabilité membranaire aux ions sodium pendant
locaux pour en prolonger l’effet. Les blocs la phase de dépolarisation. Les fibres nerveuses
neurolytiques chimiques (phénol ou alcool), la sont inégalement sensibles à l’action des anes
dénervation par cryothérapie ou la radiofré thésiques locaux, les axones de petit diamètre,
quence sont aussi considérés comme des blocs sans gaine de myéline (fibres C), étant plus
thérapeutiques. sensibles que les axones myélinisés de plus grand
diamètre (bloc différentiel).
Les anesthésiques locaux bloquent d’abord
Médicaments couramment les fibres C, B et Aδ (système végétatif, dou
utilisés en pratique clinique leur, température), puis les fibres Aγ (sensibilité
tactile grossière), les fibres Aβ (sensibilité tac
Anesthésiques locaux tile épicritique et vibratoire) et finalement les
fibres Aα (motricité et proprioception).
Tous les anesthésiques locaux partagent une L’activité des anesthésiques locaux est détermi
structure moléculaire commune et un mode née par trois propriétés :
d’action semblable (tableau 23.1.) Leur structure • La solubilité lipidique : plus elle est élevée, plus
chimique est composée de trois parties : la molécule est puissante.
• Un groupe lipophile (cycle aromatique de type • La fixation aux protéines plasmatiques : les
acide benzoïque ou para-amino-benzoïque) favo molécules fortement liées aux lipoprotéines
risant la diffusion et la fixation de la molécule. tissulaires des membranes nerveuses se résor
• Une chaîne carbonée intermédiaire (fonction bent lentement et ont une durée d’action
ester, éther, ou amide), dont la longueur prolongée.
influence la liposolubilité ou l’hydrosolubilité, • Le pKa : les anesthésiques locaux ne peuvent
et détermine la puissance et la toxicité du médi traverser les membranes que sous forme neutre,
cament. La liaison ester est instable et les anes d’où l’importance du pKa (proportion entre
thésiques locaux de type ester sont rapidement forme ionisée et non ionisée) et du pH extra-
dégradés par les estérases plasmatiques. La liai et intracellulaire. Plus le pKa est élevé, plus
son amide est plus stable. Les anesthésiques de petite est la fraction libre qui seule traverse les
ce groupe subissent une dégradation hépatique membranes nerveuses, et plus long sera le délai
plus lente, expliquant leur durée d’action plus d’action.
longue et la formation de métabolites souvent L’adjonction de vasoconstricteurs (adrénaline
actifs. Il existe une astuce mnémotechnique pour ou noradrénaline) réduit l’absorption systémique
déterminer la classe à laquelle appartiennent les de l’anesthésique local et prolonge ses effets.
Les anesthésiques locaux possèdent des pro- sodiques : ils inhibent l’inflammation neurogène
priétés anti-inflammatoires intrinsèques dont le locale et pourraient diminuer les phénomènes
mécanisme d’action implique la modulation de la de sensibilisation et de chronicisation de la dou
libération locale et systémique de médiateurs de leur (hyperalgésie et allodynie). Ces propriétés
l’inflammation. L’intérêt des anesthésiques locaux intrinsèques présentent leur intérêt, notamment
ne réside donc plus seulement dans leur capacité à lors d’administration intraveineuse de lidocaïne
bloquer les influx nociceptifs au niveau des canaux dans les syndromes douloureux chroniques.
Les anesthésiques locaux possèdent également la du QRS, une tachycardie, une fibrillation ven
propriété d’inhiber l’agrégation plaquettaire in triculaire, une torsade de pointe ou une asys
vivo et in vitro. tolie. Une réanimation cardiopulmonaire, parfois
prolongée, est généralement nécessaire. La ropi
Toxicité des anesthésiques locaux vacaïne et la lévobupivacaïne sont réputées moins
cardiotoxiques que la bupivacaïne. Toutefois, ces
Tous les anesthésiques locaux sont toxiques pour
trois médicaments ont des puissances différentes
les neurones et cet effet est d’autant plus mar
et il n’est pas certain que, pour une intensité de
qué que la concentration est élevée. En dépit
blocage donnée, les différences entre ces trois
de l’impression clinique, il n’est pas confirmé
agents aient une signification clinique. L’adminis
que certains anesthésiques locaux sont moins
tration intraveineuse d’émulsion lipidique (Intra
neurotoxiques que d’autres. Des données expé
lipide®) est conseillée dès l’apparition des signes
rimentales suggèrent qu’à doses équipotentes, la
de toxicité nerveuse ou cardiaque (figure 23.1).
neurotoxicité de tous les anesthésiques locaux est
Le bien-fondé de ce traitement reste néanmoins
comparable [4].
discuté [5].
L’administration intrathécale de lidocaïne a
Les anesthésiques locaux à fortes concentrations
produit des effets neurotoxiques directs et per
sont particulièrement toxiques au niveau cellu
manents, sous forme de syndrome de la queue-
laire, car ils diminuent considérablement l’activité
de-cheval, de myélite ou d’arachnoïdite.
enzymatique de la chaîne respiratoire mitochon
L’incidence de ces complications est inférieure
driale. Ce phénomène pourrait expliquer la toxi-
à 1 cas/10 000. Des troubles neurologiques
cité musculaire des anesthésiques locaux. La
transitoires (radiculites) sont classiquement
bupivacaïne est utilisée depuis longtemps comme
associés à l’injection intrathécale (plus rarement
inducteur de la myopathie de Duchenne en expé
épidurale) de lidocaïne 5 % et de bupivacaïne
rimentation animale. Contrairement à la cardio
0,5 % (incidences respectives de 5 % et 1 %).
toxicité, il n’existe pas de stéréospécificité pour la
Les douleurs peuvent durer 1 à 2 semaines, et
toxicité musculaire.
sont parfois accompagnées d’une incontinence
L’allergie aux anesthésiques locaux de classe
urinaire passagère. Ces douleurs sont fréquem
amide est rare. La majorité des effets secondaires
ment aggravées par le mouvement et calmées par
rapportés après une anesthésie locale correspond
les AINS.
en fait au passage intravasculaire d’adrénaline.
Divers symptômes neurologiques annoncent
Les allergies vraies concernent principalement les
les effets toxiques systémiques des anesthésiques
anesthésiques locaux de type ester comme la
locaux : céphalées, fourmillements des extrémités
procaïne, la chloroprocaïne et la tétracaïne. Pour
et péribuccaux, goût métallique, bourdonnements
rappel, les préparations adrénalinées contiennent
d’oreille, vertiges, hallucinations visuelles ou audi
aussi des agents conservateurs allergisants (par
tives. Les signes objectifs (vomissements, trem
exemple, les sulfites).
blements, contractions musculaires) précèdent
les crises convulsives. L’incidence des accidents
convulsifs est estimée à 1/600 à 1/1 000 blocs. Corticoïdes
Les complications neurologiques sont plus fré
quentes lorsque les blocs sont effectués au niveau Les (gluco-) corticoïdes utilisés en clinique sont
cervical. des dérivés synthétiques des hormones naturelles
Les effets toxiques des anesthésiques locaux cortisol et cortisone, dont ils se distinguent par
s’exercent d’abord au niveau du système ner une action anti-inflammatoire plus marquée et un
veux, puis du système cardiovasculaire, à l’excep effet minéralocorticoïde moindre.
tion de la bupivacaïne qui peut être d’emblée L’indication à l’administration de corticoïdes
cardiotoxique. La toxicité cardiaque peut se repose principalement sur leur activité anti-
manifester par une bradycardie, un élargissement inflammatoire, laquelle se manifeste déjà aux
faibles doses (environ 0,1 mg/kg d’équivalent la douleur chronique secondaire à une discopa
prednisone). Les corticoïdes inhibent notamment thie. Les corticoïdes inhibent également la voie de
l’enzyme phospholipase A2, responsable de la la lipoxygénase et diminuent la formation de leu
conversion des phospholipides membranaires en cotriènes (médiateur inflammatoire) [6]. Outre
acide arachidonique, substrat de la formation des leur activité anti-inflammatoire, les corticoïdes
leucotriènes, prostaglandines et thromboxanes. limitent les dépôts de collagène et l’accumulation
De hautes concentrations de phospholipase A2 de fibrose, la perméabilité capillaire et la formation
semblent présentes dans les disques interverté d’œdèmes [7]. D’autres effets ont été démontrés,
braux, à l’origine d’un rôle non négligeable dans comme leur action antinociceptive directe par
altération de la conductivité des fibres C non de hernie discale [10]. Seule la dose de 5 mg était
myélinisées [8]. Des posologies plus élevées sont moins efficace.
nécessaires dans les traitements antiallergiques et Toutefois, l’utilisation des corticoïdes en injec
immunosuppresseurs. tion épidurale reste controversée. En effet, de
Il n’existe pas de recommandations unani nombreuses études ont mis en évidence une
mement reconnues quant aux doses optimales corrélation entre le volume d’injection et l’effi
et aux types de corticoïdes à injecter par voie cacité analgésique. L’injection de solution saline
épidurale (tableau 23.2). Les doses utiles sont (NaCl 0,9 %) sans corticoïde s’est révélée éga
probablement inférieures à celles généralement lement efficace, probablement par effet osmo
utilisées en clinique, exposant les patients à des tique et dilution des médiateurs inflammatoires
risques d’effets secondaires régionaux et sys ou par levée d’adhérences cicatricielles [11,12].
témiques moins importants (tableau 23.3). Le bénéfice lié à l’injection de grands volumes
Les résultats des études sont contradictoires : (généralement > 15 ml) doit être contrebalancé
les études observationnelles de bas niveau de par les risques de compression médullaire ou de
preuve rapportent un bénéfice analgésique et décompensation d’une sténose canalaire préexis
fonctionnel à court et long termes, alors que les tante, surtout au niveau cervical.
études de haut niveau de preuve ne confirment Une étude publiée en 2014 dans le prestigieux
pas toujours ce bénéfice. Une étude randomisée New England Journal of Medicine a comparé
récente n’a pas montré de différence d’efficacité l’injection épidurale d’anesthésiques locaux avec
entre une dose de 40 mg et une dose de 80 mg ou sans corticoïde chez des patients souffrant
de dépo-méthyl-prednisolone en injection épi d’un canal lombaire étroit avec claudication neu
durale interlaminaire en cas de radiculopathie rogène [13]. À 3 semaines, l’adjonction de corti
lombaire [9]. De même, aucune différence n’a coïdes avait contribué à une amélioration modeste
été observée entre des doses de 10, 20 et 40 mg mais significative du score de douleur. Bien que
de triamcinolone en injection transforaminale lors ce bénéfice ne soit pas retrouvé 6 semaines après
Tableau 23.4. Gestion des AINS, antiagrégants et anticoagulants avant une procédure d’antalgie interventionnelle
de risque intermédiaire (injection épidurale ou bloc facettaire).
Substance Délai d’interruption avant la procédure Délai de reprise ou d’administration après
la procédure
Diclofénac (Diclofenac®) 24 heures * 24 heures *
Ibuprofène (Perdolan®) 24 heures * 24 heures *
Kétorolac (Toradol®) 24 heures * 24 heures *
Etodolac (Lodine®) 48 heures * 24 heures *
Aspirine (prophylaxie primaire) 6 jours 24 heures
Aspirine (prophylaxie secondaire) 4 jours 24 heures
Clopidogrel (Plavix®) 7 jours 12 heures (75 mg)
24 heures (dose de charge)
Prasugrel (Efient®) 7 à 10 jours 24 heures
Ticagrelor (Brilique®) 5 jours 24 heures
Acénocoumarol (Sintrom®) 3 jours 24 heures
INR normal
Warfarine (Coumadine®, Marevan®) 5 jours 24 heures
INR normal
Phenoprocoumone (Marcoumar®) 7 jours 24 heures
INR normal
Héparine non fractionnée (IV) 4 heures 2 heures
Héparine non fractionnée (SC) 8 à 10 heures 2 heures
Héparine de bas poids moléculaire (SC) : 12 heures (en l’absence d’insuffisance 12 heures
prophylaxie (< 1 mg/kg) rénale)
Héparine de bas poids moléculaire (SC) : 24 heures (en l’absence d’insuffisance 12 à 24 heures
thérapeutique (> 1 mg/kg) rénale)
Fondaparinux (Arixtra®) 4 jours 24 heures
Dabigatran (Pradaxa®) 4 à 5 jours (6 jours en cas d’atteinte de la 24 heures
fonction rénale)
Rivaroxaban (Xarelto®) 3 jours 24 heures
Apixaban 3 à 5 jours 24 heures
(Eliquis®)
Inhibiteurs des glycoprotéines IIb/IIIa : 2 à 5 jours Traitement en urgence, sous surveillance
Abciximab (ReoPro®) Tirofiban (Aggrasta®) neurologique
Eptifibatide (Integrilin®)
Agents thrombolytiques IV (Steptokinase®, 2 à 10 jours Traitement en urgence (si possible au min.
Urokinase®) 48 h après la procédure), sous surveillance
neurologique
* Il est conseillé d’interrompre les AINS seulement avant certaines procédures à risque intermédiaire (injections épidurales cervicales ou blocs du ganglion stellaire).
3. Tafelski S, Beutlhauser T, Gouliou-Mayerhauser E, 13. Friedly JL, Comstock BA, Turner JA, Heagerty PJ,
Fritzsche T, Denke C, Schafer M. Practice of regional Deyo RA, Sullivan SD, et al. A randomized trial of
anesthesia for chronic pain patients in specialized pain epidural glucocorticoid injections for spinal stenosis.
services: A nationwide survey in Germany. Schmerz N Engl J Med. 2014 Jul 3;371(1):11–21.
2015;29(2):186–94. 14. Manchikanti L, Cash KA, McManus CD, Pampati
4. Lirk P, Picardi S, Hollmann MW. Local anaesthetics: V, Fellows B. Results of 2-year follow-up of a rando
10 essentials. Eur J Anaesthesiol 2014;31:575–85. mized, doubleblind, controlled trial of fluoroscopic
doi: 10.1097/EJA.0000000000000137. caudal epidural injections in central spinal stenosis.
5. Litonius ES, Niiya T, Neuvonen PJ, Rosenberg PH. Pain Physician 2012;15:371–84.
Intravenous lipid emulsion only minimally influences 15. Manchikanti L, Nampiaparampil DE, Manchikanti
bupivacaïne and mepivacaine distribution in plasma KN, Falco FJE, Singh V, Benyamin RM, et al.
and does not enhance recovery from intoxication in Comparison of the efficacy of saline, local anesthetics,
pigs. Anesth Analg 2012;114:901–6. doi: 10.1213/ and steroids in epidural and facet joint injections for
ANE.0b013e3182367a37. the management of spinal pain: A systematic review
6. Manchikanti L, Singh V. Interventional Techniques of randomized controlled trials. Surg Neurol Int.
in Chronic Spinal Pain. Chapter 11: pharmacology of 2015;6(Suppl 4):S194–235.
neuraxial steroids. Paducah: ASIPP Publishing; 2007. 16. Virtanen R, Savola JM, Saano V, Nyman L. Charac
7. Baqai A, Bal R. The mechanism of action and side terization of the selectivity, specificity and potency of
effects of epidural steroids. Tech Reg Anesth Pain medetomidine as an alpha 2-adrenoceptor agonist.
Manag. 2009;13:205–11. Eur J Pharmacol 1988;150(1–2):9–14.
8. Johansson A, Hao J, Sjolund B. Local corticosteroid 17. Kobinger. Central alpha-adrenergic systems as targets
application blocks transmission in normal nociceptive for hypotensive drugs. Rev Physiol Biochem Pharma
C-fibers. Acta Anaesthesiol Scand. 1990;34:335–58. col 1978;81:39–100.
9. Owlia MB, Sami R, Akhondi M, et al. Comparison 18. Yaksh T. Pharmacology of spinal adrenergic sys
of two doses of corticosteroid in epidural steroid tems which modulate spinal nociceptive processing.
injection for lumbar radicular pain. Singapore Med J. PharmacolBiochemBehav 1985;22:845–58.
2007;48:241–5. 19. Narouze S, Benzon HT, Provenzano DA, Buvanen
10. Kang SS, Hwang BM, Son HJ, et al. The dosages dran A, De Andres J, Deer TR, Rauck R, Huntoon
of corticosteroid in transforaminal epidural steroid MA. Interventional spine and pain procedures in
injections for lumbar radicular pain due to a hernia patients on antiplatelet and anticoagulant medi
ted disc. Pain Physician 2011;14:361–70. cations: guidelines from the American Society of
11. Rabinovitch DL, Peliowski A, Furlan AD. Influence Regional Anesthesia and Pain Medicine, the Euro
of lumbar epidural injection volume on pain relief pean Society of Regional Anaesthesia and Pain The
for radicular leg pain and/or low back pain. Spine J. rapy, the American Academy of Pain Medicine, the
2009;9:509–17. International Neuromodulation Society, the North
12. Manchikanti L, Singh V. Interventional Techniques American Neuromodulation Society, and the World
in Chronic Spinal Pain. Chapter 23: lumbar inter Institute of Pain. Reg Anesth Pain Med. 2015 May-
laminar epidural steroid injections. Paducah: ASIPP Jun;40(3):182–212.
Publishing; 2007.
Chapitre 24
Les injections rachidiennes
Christophe Perruchoud, Éric Buchser
Les injections rachidiennes incluent les injec- combinaison de douleurs au niveau des membres
tions épidurales, les blocs facettaires et les blocs inférieurs ou des membres supérieurs et du rachis
sympathiques. lombaire ou cervical, souvent secondaires à des
troubles dégénératifs des segments adjacents tels
que pseudarthrose et instabilité postopératoires,
Injection épidurale décompression insuffisante ou sténose canalaire
persistante.
Avec un taux de succès moindre et une durée
Les premières injections épidurales de stéroïdes
d’efficacité plus courte, les douleurs dues à un
et d’anesthésiques locaux par voie caudale à visée
canal lombaire étroit font partie des indications
antalgique ont été décrites dès 1900 [1]. L’injec-
reconnues. Certains travaux font état d’une asso-
tion épidurale de stéroïdes compte actuellement
ciation positive entre le taux de succès et le degré
parmi les infiltrations les plus couramment effec-
de sténose [4] et une association négative [5]
tuées dans les centres de la douleur à travers
entre le taux de succès et la durée des symptômes.
le monde, avec un taux quadruplé depuis les
Divers syndromes douloureux neuropathiques
années 1990 [2]. Toutefois, les méta-analyses
des membres peuvent être allégés par une infiltra-
relèvent la pauvreté de la littérature concernant
tion épidurale : SDRC, névralgie postherpétique,
le nombre optimal d’injections, le produit à uti-
neuropathie douloureuse d’origine diabétique,
liser, la voie d’abord et l’absence de comparaison
douleur fantôme ou encore douleurs consécutives
directe avec l’administration systémique.
à un envahissement nerveux tumoral.
La douleur axiale du rachis (souvent disco-
Indications génique) est une indication controversée, étant
donné le faible pourcentage de patients qui en
• douleurs radiculaires sur hernie discale ; bénéficient.
• sténoses canalaires ; Certains facteurs sont associés à un mauvais
• douleurs axiales du rachis ; résultat : la durée prolongée des symptômes,
• douleurs neuropathiques des membres infé- les symptômes non radiculaires, le tabagisme
rieurs ou supérieurs. chronique, l’échec des traitements précédents,
L’indication principale concerne la douleur de hautes doses d’antalgiques per os, les dou-
radiculaire causée par une hernie discale. Les leurs non influencées par l’activité physique, le
compressions peu marquées semblent mieux chômage [6,7].
répondre à l’injection épidurale, possiblement Une infiltration épidurale peut aussi être pro-
en raison d’une douleur plus inflammatoire posée lors de douleurs aiguës survenant dans le
que compressive [3]. Les douleurs persistantes cadre d’un zona, d’une atteinte vasospastique ou
après chirurgie du rachis constituent également vaso-occlusive, d’une lésion radiculaire d’origine
une indication fréquente. Elles résultent d’une traumatique.
Figure 24.4. Approches épidurales : interlaminaire (A), caudale (B) et transforaminale (C).
par approche transforaminale, même sous fluoro- adjacentes). L’arc-en-C est ensuite incliné en
scopie ou CT-Scan, en raison des complications direction du foramen, de façon à ce que l’apo-
potentielles sévères. Pour un bloc diagnostique physe épineuse se projette au niveau de la
au niveau cervical, une approche extraforaminale facette controlatérale.
sous ultrason est une alternative raisonnable (voir • Marquage du point de ponction au niveau
« Bloc sous ultrason, chap. 27 »). du quadrant supéro-externe du foramen. On
Injection épidurale transforminale : recherche le classique triangle de sécurité qui
• Repérage sous fluoroscopie : on recherche habituellement ne contient aucune structure
une vue antéropostérieure stricte au niveau du vasculaire ou nerveuse. Ce triangle est formé
foramen concerné (alignement des plateaux cranialement par la face inférieure du pédicule
supérieurs et inférieurs des deux vertèbres supérieur, latéralement par une ligne reliant
Complications Indications
• En relation avec la procédure :
Le syndrome facettaire est une cause fréquente
– hématome superficiel et profond (rétropéri-
de douleurs chroniques chez 15 % à 45 % des
tonéal en cas de ponction transforaminale) ;
patients souffrant de lombalgies chroniques [15-
– infection superficielle (cutanée et sous-cutanée) ;
17], 54-67 % des patients présentant des cervical-
– infection profonde (méningite, abcès épidural) ;
gies [18, 19] et 48 % des patients des douleurs
– lésion neurologique (sur traumatisme ner-
dorsales [20].
veux direct ou lésion vasculaire en cas de
L’efficacité des blocs des branches médiales
variation anatomique du trajet de l’artère
avec ou sans corticoïde a été évaluée dans des
d’Adamkiewicz) ;
études randomisées, contrôlées et en double
– céphalées post-ponctionnelles sur brèche
aveugle chez des patients présentant des douleurs
durale accidentelle.
chroniques cervicales ou dorsales d’origine pré-
• En relation avec les médicaments injectés :
sumée facettaire [21,22]. À 1 an, environ 80 %
– anesthésiques locaux : bloc moteur, rachia-
des patients rapportaient de manière significative
nesthésie sur ponction durale accidentelle,
une amélioration fonctionnelle ainsi qu’une dimi-
toxicité systémique, embolie sur injection
nution des scores de douleurs. Les corticoïdes
vasculaire, rétention urinaire ;
ne s’avéraient pas supérieurs aux anesthésiques
– glucocorticoïdes : les effets secondaires et
locaux. En moyenne, 3-4 injections étaient néces-
indésirables sont résumés dans le tableau 23.2.
saires. Une revue systématique publiée en 2007
conclut à une évidence modérée en faveur de
l’efficacité à court et long termes des blocs répétés
Blocs facettaires des branches médiales (avec ou sans corticoïde) au
niveau lombaire, thoracique ou cervical [23]. En
C’est en 1911 que le chirurgien orthopédiste ce qui concerne les blocs facettaires intra-articu-
américain J. E. Goldthwait désigne pour la laires, l’évidence est modérée au niveau lombaire,
première fois les facettes articulaires lombaires faible au niveau cervical.
Au niveau thoracique, entre D1-D4 et D9-D10, tubercule accessoire (en arrière de la transverse)
les branches médiales croisent au niveau des et le tubercule mamillaire (en arrière de l’articu-
angles supéroexternes des apophyses transverses. lation postérieure), avant d’innerver l’articulation
Entre D5 et D8, les branches médianes apparais- zygapophysaire (figure 24.15).
sent comme suspendues dans l’espace entre les
apophyses transverses, sans réel contact osseux. La
branche médiale de D11 court le long du proces- Technique
sus articulaire supérieur de D12 et celle de D12
suit le même trajet que les branches médiales Les blocs facettaires sont généralement effectués
lombaires (figure 24.14). sous contrôle fluoroscopique. Toutefois l’utilisa-
Au niveau lombaire, les branches médiales tion de l’ultrason se développe de plus en plus,
cheminent au travers de la jonction entre le surtout au niveau cervical. Dans un grand nombre
processus articulaire supérieur et l’apophyse de cas, cette technique permet même de visualiser
transverse et passent ensuite au-dessous du directement la branche médiale (voir « Bloc sous
ligament mamillo-accessoire, situé entre le ultrason, chap. 27 »).
d’exclure l’apparition d’une complication immé- 8. Rho ME, Tang CT. The efficacy of lumbar epidural
diate, par exemple un bloc moteur ipsilatéral en cas steroid injections: transforaminal, interlaminar and
caudal approaches. Phys Med Rehabil Clin N Am.
de diffusion de l’anesthésique local vers la racine
2011;22:139–48.
nerveuse. L’évaluation systématique des scores de 9. Goldthwait JE. The lumbo-sacral articulation : An
douleurs avant et immédiatement après la procédure explanation of many cases of lumbago, sciatica, and
représente un intérêt diagnostique et pronostique. paraplegia. Boston Med and Surg J. 1911;164:365–72.
10. Putti V. New concepts in the pathogenesis of sciatic
pain. Lancet 1927;2:53–60.
Complications 11. Ghormley RK. Low back pain. With special reference
to the articular facets, with presentation of an opera-
Les complications des blocs des branches médianes tive procedure. JAMA 1933;101:1773–7.
12. Badgley CE. The articular facets in relation to low
sont rares. Elles incluent les infections (spondylo-
back pain and sciatic radiation. J Bone Joint Surg Am.
discite ou arthrite septique), la recrudescence tran- 1941;23:481–96.
sitoire de douleurs, des paresthésies, une parésie 13. Hirsch C, Inglemark BE, Miller M. The anatomi-
ou une paralysie temporaire. Au niveau cervical, et cal basis for low back pain. Acta Orthop Scand.
principalement après des blocs intra-articulaires, 1963;33:1.
des complications neurologiques ont été rappor- 14. Mooney V, Robertson J. The facet syndrome. Clin
Orthop Relat Res. 1976;115:149–56.
tées, telles que tétraplégie transitoire, lésion de 15. Schwarzer AC, Aprill CN, Derby R, Fortin J, Kine G,
l’artère vertébrale, injection rachidienne, ménin- Bogduk N. The relative contributions of the disc and
gite chimique, bloc phrénique ou ataxie transitoire zygapophyseal joint in chronic low back pain. Spine
sur bloc du troisième nerf occipital [24–27]. Au 1994;19(7):801–6.
niveau thoracique, la survenue d’un pneumo- 16. Schwarzer AC, Wang SC, Bogduk N, McNaught PJ,
thorax est une complication rare mais redoutée. Laurent R. Prevalence and clinical features of lumbar
zygapophysial joint pain: A study in an Australian
population with chronic low back pain. Am Rheum
Références Dis. 1995;54(2):100–6.
1. Sicard A. Les injections médicamenteuses extra- 17. Manchikanti L, Pampati V, Fellows B, Bakhit CE.
durales par voie sacro-coccygienne. CR Soc Biol Prevalence of lumbar facet joint pain in chronic low
Paris. 1901;53:369. back pain. Pain Physician 1999;2(3):59–64.
2. Manchikanti L. The growth of interventional pain 18. Barnsley L, Lord SM, Wallis BJ, Bogduk N. The
management in the new millennium: a critical ana- prevalence of chronic cervical zygapophyseal joint
lysis of utilization in the Medicare population. Pain pain after whiplash. Spine. 1995;20(1):20–6.
Physician 2008;7:465–82. 19. Manchikanti L, Singh V, Rivera J, Pampati V. Preva-
3. Ghahreman A, Bogduk N. Predictors of a favorable lence of cervical facet joint pain in chronic neck pain.
response to transforaminal injection of steroids in Pain Physician. 2002;5(3):243–9.
patients with lumbar radicular pain due to disc 20. Manchikanti L, Singh V, Pampati V, Beyer CD,
herniation. Pain Med. 2011;12:871–9. Damron KS. Evaluation of the prevalence of facet
4. Kapural L, Mekhail N, Bena J, et al. Value of the joint pain in chronic thoracic pain. Pain Physician.
magnetic resonance imaging in patients with painful 2002;5(4):354–9.
lumbar spinal stenosis (LSS) undergoing lumbar epi- 21. Manchikanti L, Singh V, Falco FJ, Cash KM, Fellows
dural steroid injections. Clin J Pain 2007;23:571–5. B. Cervical medial branch blocks for chronic cervical
5. Jeong HS, Lee JW, Kim SH, et al. Effectiveness of facet joint pain: a randomized, double-blind, control-
transforaminal epidural steroid injection by using a led trial with one-year follow-up. Spine 2008 Aug
preganglionic approach: a prospective randomized 1;33(17):1813–20.
controlled study. Radiology 2007;245:584–90. 22. Manchikanti L, Singh V, Falco FJ, Cash KA, Pampati
6. Hopwood MB, Abram SE. Factors associated with V. Effectiveness of thoracic medial branch blocks
failure of lumbar epidural steroids. Reg Anesth. in managing chronic pain: a preliminary report of
1993;18:238–43. a randomized, double-blind controlled trial. Pain
7. Jamison RN, VadeBoncouer T, Ferrante FN. Low Physician 2008 Jul-Aug;11(4):491–504.
back pain patients unresponsive to epidural steroid 23. Boswell MV, Colson JD, Sehgal N, Dunbar EE,
injection: identifying predictive factors. Clin J Pain Epter R. A systematic review of therapeutic facet joint
1991;7:311–7. interventions in chronic spinal pain. Pain Physician.
2007 Jan;10(1):229–53.
24. Heckmann JG, Maihöfner C, Lanz S, Rauch C, 26. Alcock E, Regaard A, Browne J. Facet joint injection:
Neundörfer B. Transient tetraplegia after cervical a rare form cause of epidural abscess formation. Pain
facet joint injection for chronic neck pain adminis- 2003;103(1-2):209–10.
tered without imaging guidance. Clinical Neurosur- 27. Windsor RE, Pinzon EG, Gore HC. Complications
gery and Neurology 2006;108(7):709–11. of common selective spinal injections: Prevention
25. Thomson SJ, Lomax DM, Collett BJ. Chemi- and management. Am J Orthop. 2000;29(10):759–
cal meningism after lumbar facet joint block 70.
with local anaesthetic and steroids. Anaesthesia
1991;46(7):563–4.
Chapitre 25
Les blocs sympathiques
Christophe Perruchoud, Éric Buchser
Anatomie Préparation
La chaîne sympathique cervicale est formée des Le patient est installé en décubitus dorsal. Il
ganglions cervicaux supérieur, moyen et inférieur. est recommandé de l’équiper d’un monitoring
Dans environ 80 % des cas, le ganglion cervical cardiaque et d’une voie veineuse périphérique. Le
inférieur est fusionné avec le premier ganglion repérage fluoroscopique du niveau C6-C7 s’effec-
thoracique pour former le ganglion cervicotho- tue en plaçant l’arc-en-C en position antéroposté-
racique ou ganglion stellaire. Il donne des effé- rieure et en ajustant son inclinaison pour effacer le
rences sympathiques aux membres supérieurs, à double contour des plateaux vertébraux C6-C7.
la tête, au cou et au cœur. Il est situé en avant et
latéralement au corps vertébral de C7, à proximité
de plusieurs structures anatomiques importantes : Procédure
la gaine carotidienne contenant la carotide (en
avant), la veine jugulaire interne et le nerf vague Après désinfection et anesthésie locale, la ponc-
(en dessous), l’apex pulmonaire, l’œsophage, le tion à l’aiguille 20 G de 50 mm est réalisée au
canal thoracique, la thyroïde, les nerfs laryngés niveau de la jonction entre l’apophyse trans-
récurrents et la trachée (médialement), le muscle verse et le corps vertébral de C6 ou de C7. Au
scalène antérieur, le nerf phrénique, le plexus contact osseux, on vérifie sur une vue oblique que
brachial et ses branches, l’artère vertébrale et le l’extrémité de l’aiguille est située antérieurement
muscle long du cou (en arrière). au foramen intervertébral. On effectue un test
d’aspiration et, s’il est négatif, on injecte 0,5 à • enrouement, en cas de propagation de l’anes-
1 ml de produit de contraste. Sur les vues antéro- thésique local vers le nerf laryngé récurrent ;
postérieure et oblique, on observe la propagation • douleur à la déglutition, en cas de ponction de
du produit de contraste en direction craniale et l’œsophage.
caudale. Après confirmation du bon placement
de l’aiguille, on injecte 5 ml d’anesthésique local
(lidocaïne 1 % ou bupivacaïne 0,25 %). Le bloc Contre-indication spécifique
du ganglion stellaire provoque l’apparition d’un
Le bloc du ganglion stellaire est contre-indiqué
syndrome de Claude-Bernard-Horner (ptose pal-
chez les patients présentant une paralysie récuren-
pébrale, myosis, enophtalmie, vasodilatation et
tielle ou phrénique controlatérale au bloc projeté.
anhidrose).
La procédure peut être effectuée sous contrôle
ultrasonographique plutôt que radiologique (cf.
chapitre 27).
Bloc du plexus cœliaque
Anatomie
Complications Le plexus cœliaque, anciennement appelé
« plexus solaire », est situé dans le rétropéritoine,
• injection intravasculaire (artère vertébrale) ; en regard des vertèbres D12 et L1, en avant
• lésion vasculaire, hématome ; des piliers du diaphragme. Il entoure l’aorte
• injection sous-arachnoïdienne ; abdominale ainsi que les artères cœliaque et
• chylothorax ; mésentérique supérieures. Il est composé de fibres
• paralysie diaphragmatique, dyspnée ; nerveuses sympathiques et parasympathiques. Il
• pneumothorax, injection dans la cavité pleurale ; contient trois paires de ganglions (semi-lunaires,
Abord transabdominal
(antécrural - bloc cœliaque)
Actuellement, le bloc du plexus cœliaque est effec-
tué de plus en plus fréquemment sous contrôle
tomodensitométrique ou ultrasonographique, Figure 25.2. Les différents abords du bloc cœliaque.
par voie antérieure ou transabdominale. Le bloc
neurolytique du ganglion cœliaque peut aussi être Pour les blocs thérapeutiques, on administre des
réalisé par abord chirurgical direct, ou par voie volumes de 2 à 10 ml d’anesthésiques locaux
endoscopique (transgastrique). Les différentes ou d’alcool à 98 %. L’abord antécrural néces-
approches du plexus cœliaque sont résumées dans site l’administration de volume beaucoup plus
la figure 25.2. L’anesthésie des nerfs splanch- important, variant selon la distribution de l’injecta
niques se fait par abord rétrocrural, celle du plexus de 15 à 40 ml. Pour évaluer la diffusion des médi-
cœliaque par abord antécrural (figure 25.3). caments, la solution peut être mélangée avec un
Pour les blocs diagnostics par approche rétro- produit de contraste. Avant de retirer les aiguilles,
crurale, on injecte dans chaque aiguille 2 à 5 ml il convient de bien rincer l’agent neurolytique afin
de lidocaïne 1 % ou de bupivacaïne 0,25 %. de diminuer le risque de fistule.
Figure 25.4. Bloc sympathique lombaire gauche. Sur la vue antéropostérieure, la diffusion du produit de contraste est
visible le long du bord antérolatéral du corps vertébral (flèches).
Complications
Préparation
• infections ;
Le patient est installé en décubitus ventral avec
• hématomes ;
un coussin placé sous le bassin. L’articulation
• ponction du rectum.
sacrococcygienne est identifiée sous fluoroscopie.
Référence
Procédure 1. Lim SJ, Park HJ, Lee SH, Moon DE. Ganglion
Impar block with botulinum toxin type a for chro-
Après désinfection et anesthésie locale, une aiguille nic perineal pain -a case report. Korean J Pain
est insérée à travers le ligament sacrococcygien. 2010;23:65–9.
Chapitre 26
Les procédures lésionnelles
Christophe Perruchoud, Éric Buchser
La littérature médicale décrit l’utilisation plus rare laire ou l’administration intrathécale continue,
d’autres agents neurolytiques comme le glycérol, ont progressivement remplacé la neurolyse chi-
les solutions salines hypertoniques, les sels d’alumi- mique, y compris dans le traitement des douleurs
nium ou les anesthésiques locaux à forte concen- cancéreuses et de la spasticité. De par son faible
tration (xylocaïne 5 à 10 % ou bupivacaïne 2 %). coût, la neurolyse chimique reste néanmoins très
utile dans les pays en voie de développement ou
en cas d’échec des autres moyens thérapeutiques.
Indications
Les indications analgésiques de la neurolyse au Contre-indications
niveau d’un tronc nerveux périphérique sont les
suivantes : destruction d’un névrome cicatriciel, Les contre-indications générales incluent la dia-
traitement de douleurs neuropathiques par envahis- thèse hémorragique, l’infection locale ou sys-
sement néoplasique ou d’origine paranéoplasique, témique, le refus du patient et l’absence de
traitement des manifestations douloureuses par consentement éclairé.
atteintes virales (zona et névralgies postherpétiques). Le phénol provoque fréquemment d’impor-
Les neurolyses périphériques peuvent être tantes lésions vasculaires et de nombreux auteurs
effectuées au niveau de la plupart des troncs et déconseillent son injection dans des régions
plexus, ainsi que des paires crâniennes. L’utilisa- richement vascularisées (par exemple, le plexus
tion des blocs neurolytiques pour traiter la spas- cœliaque).
ticité, initialement proposée par le Pr Guy Tardieu
chez les infirmes moteurs cérébraux (IMC) [6],
se limite actuellement au traitement des séquelles Technique
spastiques des hémiplégies et des paraplégies post-
traumatiques ou après accident vasculaire céré- Neurolyse périphérique
bral. Quatre sites nerveux périphériques sont Un bloc à visée pronostique précède en toutes
couramment ciblés : l’anse des pectoraux, le nerf circonstances une neurolyse périphérique. Si le
médian, le nerf obturateur et le nerf tibial. bloc pronostique est positif, une injection de 1
Toutefois, la nécessité de répéter la procédure à à 2 ml de phénol aqueux (6 à 12 %) ou alcool
intervalles réguliers et les risques de complications absolu (95° à 100°) provoquera un bloc neuro-
parfois sévères ont entaché la popularité de la lytique (à effectuer sous anesthésie locale de 1
neurolyse chimique. Des techniques plus précises à 2 ml de lidocaïne 2 %). Si le bloc pronostique
et sûres comme la radiofréquence thermique, la est négatif (analgésie insuffisante, bloc moteur
cryothérapie et les procédures non lésionnelles de ou hypoesthésie gênante), on renoncera au bloc
neuromodulation, comme la stimulation médul- neurolytique.
• La destruction de fibres sympathiques peut similaire à une coagulation monopolaire, qui est
conduire à des dysfonctions autonomes se transmis par une électrode à une structure ner-
manifestant par une hypotension orthostatique, veuse cible. Le courant chemine de l’électrode
une anhidrose, des troubles érectiles, vésicaux (ou pointe de l’aiguille de radiofréquence) à
ou intestinaux. l’électrode de mise à terre en passant par les tis-
sus. L’intensité du champ électrique à l’extrémité
Surveillance après la procédure de l’aiguille provoque une augmentation de la
température (limitée par les appareils modernes
Lors de neurolyses périphériques, une surveil- à 90°C) conduisant à une lésion nerveuse (et tis-
lance de quelques heures est souvent nécessaire, sulaire). Une température supérieure à 65-75°C
surtout lorsque la procédure est effectuée sous provoque une lésion neuronale. La taille de la
sédation. On recherche une parésie ou une para- lésion dépend de la longueur de l’extrémité active
lysie motrice ainsi que d’éventuelles complications de l’électrode, de la température générée et de
hémorragiques. En cas de neurolyse centrale ou la durée d’exposition. Les caractéristiques tis-
sympathique, il est conseillé de garder le patient sulaires comme le contenu en eau, la proximité
pour une surveillance neurologique et hémodyna- de vaisseaux sanguins ou de liquide céphalorachi-
mique pendant 24 à 48 heures. dien, agissant comme des échangeurs thermiques,
influencent également la taille de la lésion.
La durée de l’effet dépend du temps de régé-
Radiofréquence nération des nerfs coagulés. La lésion obte-
thermique continue nue est de forme ovale, parallèle à l’aiguille et
ne s’étend généralement pas au-delà la pointe.
La première description de l’utilisation de la radio- C’est pourquoi l’électrode est idéalement pla-
fréquence thermique à visée antalgique est attri- cée parallèlement à la structure nerveuse ciblée
buée à M. Krischner qui traita en 1931 un cas de (figure 26.2). La lésion thermique se déroule
névralgie du trijumeau par thermocoagulation du en plusieurs phases sur une durée d’environ 3
ganglion de Gasser [8]. Dans les années 1950, les semaines : coagulation, réaction inflammatoire
premiers équipements firent leur apparition sur le aiguë nécrose, dépôt de collagène et formation
marché, grâce notamment aux travaux de Cosman d’une cicatrice fibreuse. L’endonèvre et la lame
et Aronow [9]. N. Shealy décrivit en 1975 la pre- basale des cellules de Schwann étant conservés,
mière dénervation par radiofréquence d’une articu- le nerf peut ensuite régénérer spontanément.
lation zygapophysaire [10]. La technique, modifiée De nombreuses publications ont postulé que
par la suite, a rapidement gagné en popularité. la radiofréquence avait une action sélective sur
Bien que la plupart des études randomisées et les fibres C et Aδ. Cette hypothèse a été régu-
contrôlées concernent les articulations facettaires lièrement contestée dans de multiples études
lombaires et cervicales, la radiofréquence a été histologiques [11,12] et il est maintenant admis
décrite dans le cadre de douleurs chroniques
diverses : articulation sacro-iliaque, articulations
zygapophysaires thoraciques, névralgie du triju-
meau, douleurs d’origine sympathique, céphalées
cervicogéniques, névralgies intercostales et moelle
épinière (cordotomie).
Principe
La radiofréquence continue est une technique
qui utilise un courant alternatif à haute fré- Figure 26.2. Caractéristiques de la radiofréquence
quence (100-500 kHz) produit par un générateur continue.
indication absolue lorsqu’il existe un risque les plaies pour en diminuer les douleurs [14].
d’hémorragie occulte et de structures que l’on Dominique-Jean Larrey, chirurgien militaire sous
ne peut pas comprimer (hémorragie thoracique Napoléon, observa que les soldats français, souf-
lors de radiofréquence intercostale, hémorragie frant d’engelures durant la bataille de Moscou,
intracrânienne lors de radiofréquence du gan- toléraient une amputation d’un membre avec
glion de Gasser) ; relativement peu de douleurs [15]. En 1848,
• infection locale ou systémique ; J. Arnott rapportait les effets anesthésiants et
• absence de consentement éclairé. hémostatiques de l’application d’un mélange de
glace et de sels à - 20°C dans certains cas de
douleurs cancéreuses et neuropathiques [16].
Complications Richardson introduisit le spray d’éther en 1866,
puis le spray de chlorure d’éthyle en 1891, pour
Les complications générales comportent les sai-
l’anesthésie locale [17]. Trendelburg démontra en
gnements, les hématomes, l’infection et les lésions
1917 les effets lésionnels du froid sur les structures
nerveuses traumatiques directes. Les complica-
nerveuses, et l’absence de névrome après leur
tions spécifiques incluent les douleurs de désaffé-
régénération [18]. Cooper développa en 1961 un
rentation et les lésions thermiques involontaires
équipement fonctionnant à l’azote liquide capable
de structures nerveuse adjacentes, notamment
d’atteindre des températures de - 190°C [19].
sensitives et motrices.
Quelques années plus tard, S.P. Amoils, chirurgien
La radiofréquence du ganglion de Gasser, en
ophtalmique, conçut un appareil portable utilisant
cas de névralgie du trijumeau, peut se compliquer
le dioxyde de carbone ou le protoxyde d’azote à
d’une anesthésie de la cornée, d’une faiblesse du
des températures de - 70°C, facilitant ainsi l’utili-
masséter (lésion de la branche mandibulaire issue
sation de la cryoanalgésie [20].
de V3) ou plus rarement d’une diplopie (lésion du
nerf trochléaire ou IVe nerf crânien, lésion du nerf
abducens ou VIe nerf crânien). Ces complications Principe
sont dans la plupart des cas passagères.
La sonde est composée d’un tube externe creux
de grand diamètre contenant un petit tube interne
Surveillance après la procédure dans lequel est injecté un gaz (généralement du
N2O ou du CO2) sous une pression de 600 à 800
En l’absence de complications immédiates ou de
psi (figure 26.3). Le gaz pénètre ensuite dans le
sédation, aucune surveillance particulière n’est
tube externe grâce à de fines ouvertures situées
nécessaire lors des procédures périphériques. La
à l’extrémité de la sonde. L’expansion rapide du
radiofréquence du ganglion de Gasser nécessite
gaz à l’intérieur du tube externe entraîne une
en revanche une surveillance neurologique de
baisse de la température (effet Joule-Thompson).
plusieurs heures.
La pointe de la sonde peut atteindre – 90°C et
Cryoanalgésie
La cryothérapie (cryoanalgésie, cryoablation ou
cryoneurolyse) est une technique qui produit
une analgésie prolongée par l’application de froid
(généralement entre - 70°C et - 80°C) au voisi-
nage de structures nerveuses sensitives.
L’utilisation à visée antalgique du froid est
connue de très longue date. Hippocrate (460-
377 av. J. C.) décrivit l’application de neige sur Figure 26.3. Schéma d’une sonde de cryothérapie.
Figure 26.5. Cryothérapie des branches médiales L3-L4, L4-L5 et L5-S1 gauche sous contrôle fluoroscopique.
être testée avec une stimulation à 2 Hz jusqu’à d’une hypoesthésie, voire d’une anesthésie dans
une intensité de 3 volts. le territoire du nerf sensitif traité.
Une fois la sonde en place, on effectue deux
à trois cycles de cryothérapie séparés par des Surveillance après la procédure
périodes de dégel. Des cycles de 3 minutes produi-
sent une densité optimale de la boule de glace. Des En l’absence de complications immédiates ou de
cycles plus longs n’apportent pas de bénéfice sup- sédation, aucune surveillance particulière n’est
plémentaire, la glace agissant comme isolant. Une nécessaire.
brève période de dégel (entre 20 et 40 secondes)
permet au cycle suivant d’augmenter la taille de la
boule de glace. La cryothérapie est généralement
Autres méthodes
indolore à l’exception parfois des premières 10 à de cryoanalgésie
15 secondes, durant lesquelles la température n’a
pas encore atteint le seuil du bloc de conduction La cryothérapie du corps entier se réalise au
(- 20°C). La majorité des sondes dispose d’un cap- moyen d’une cabine de cryosauna fonctionnant
teur de température intégré mesurant en continu à l’azote liquide. L’évaporation de gaz liquéfié
la température à l’extrémité de la sonde. Avant de permet d’obtenir rapidement des températures
retirer la sonde en fin de procédure, il faut atten- de - 120°C et - 150°C. Le patient entre dans la
dre une vingtaine de secondes que la sonde dégèle cabine, vêtu de vêtements de protection (gants,
à nouveau et n’adhère plus aux tissus. chaussettes de coton épais et maillot de bain).
La tête reste à l’extérieur de la cabine. La séance
dure 3 minutes. Bien que cette technique soit sur-
Contre-indications tout utilisée par les sportifs de haut niveau à des
fins de récupération musculaire, son application
• diathèse hémorragique. S’agissant de procédures s’est étendue ces dernières années aux douleurs
le plus souvent périphériques, les risques hémor- chroniques inflammatoires et diffuses. Une étude
ragiques constituent une contre-indication italienne a conclu que 15 séances consécutives
absolue lorsqu’il existe un risque d’hémorragie de cryosauna amélioraient significativement les
occulte et intéressant des structures que l’on ne scores de douleurs, de fatigue et de qualité de vie
peut pas comprimer (hémorragie thoracique sur chez des patients souffrant de fibromyalgie [21].
cryothérapie intercostale, hémorragie rétropéri- Une étude récente décrit l’utilisation répétée
tonéale sur cryothérapie du nerf obturateur) ; d’azote liquide vaporisé sur la peau de patients
• infection locale ou systémique ; souffrant d’une névralgie postherpétique [22].
• absence de consentement éclairé. La vaporisation s’effectue directement sur le der-
matome atteint dans le but de refroidir et non de
Complications léser la peau. Les résultats ont été considérés bons
à excellents dans 94 % des cas après environ cinq
Les complications générales comportent les séances hebdomadaires.
saignements, les hématomes, l’infection et les
lésions nerveuses traumatiques directes. Les Références
complications spécifiques incluent les risques 1. Seddon HJ, Medawar PB, Smith H. Rate of regene-
d’hyperpigmentation et d’alopécie au site de ration of peripheral nerves in man. The Journal of
cryothérapie. Ces manifestations peuvent être Physiology 1943;102 doi: 10.1113/jphysiol.1943.
particulièrement gênantes au niveau du visage sp004027.
ou des sourcils. En cas de cryoanalgésie du 2. Sunderland S. Nerves and Nerve Injuries. Edinburgh
& London: Livingstone, 1968:180.
nerf supraorbitaire, la sonde doit être placée 3. Luton A. Étude sur la médication substitutive. Pre-
à distance du sourcil. Il est important de bien mière partie, de la substitution parenchymateuse.
informer les patients de l’apparition possible Arch Gen Med 1863;2:57.
4. Stookey B, Ransohoff J. Trigeminal neuralgia: its 14. Hippocrates. Heracleitus on the Universe, Apho-
history and treatment. Springfield: IL: Charles C. risms, Vol. 4. Heinemann, London, 1931;5:165,
Thomas; 1959. 7 :201.
5. Haxton HA. Chemical sympathectomy. Br Med J 15. Larrey DJ. Mémoires de chirurgie militaire et cam-
1949 Jun 11;1(4614):1026–8. pagnes. Tome 4. Édition J. Smith (Paris) 1812.
6. Tardieu G, Tardieu C, Hariga J. Selective partial 16. Arnott J. On the treatment of cancer by the regulated
denervation by alcohol injections and their results in application of an anesthetic temperature. London: J
spasticity. Reconstr Surg Traumatol 1972;13:18–36. Churchill; 1851. 32- 54.
7. Korevaar WC. Transcatheter thoracic epidural 17. Richardson BW. On a new and ready mode of
neurolysis using ethyl alcohol. Anesthesiology producing local anaesthesia. Med Times and Gazette
1988;69:989–93. 1866;1:115.
8. Kirschner M. Zur Elektrochirurgie. Arch. Klin. Chir 18. Trendelenburg W. Uber Landauende Nervenaus-
1931;167:761. schaltung mit sicher Regenerationsfahigkeit. Zeit-
9. Aronow S. The use of radiofrequency power in mar- schrift für die gesamte experimentelle Medizin
king lesions in the brain. J. Neurosurg 1960;17:431– 1917;5:371–4.
8. 19. Cooper IS, Grissman F, Johnson R. A complete
10. Shealy CN. Percutaneous radiofrequency denerva- system for cytogenic surgery. St Barnab Hosp Med
tion of spinal facets. Treatment for chronic back pain Bull 1962;11–6.
and sciatica. J Neurosurg 1975;43:448–51. 20. Amoils SP. The Joules Thompson cryoprobe. Arch
11. Smith HP, McWhorter JM, Challa VR. Radiofre- Ophthalmol 1967;78:201–7.
quency neurolysis in a clinical model. J. Neurosurg 21. Bettoni L, Bonomi FG, Zani V, Manisco L, Indeli-
1981;55:246–53. cato A, Lanteri P, Banfi G, Lombardi G. Effects of
12. Letcher FS, Goldring S. The effect of radiofrequency 15 consecutive cryotherapy sessions on the clinical
current and heat on peripheral nerve action in the cat. output of fibromyalgic patients. Clin Rheumatol
J. Neurosurg 1968;29:42–7. 2013 Sep;32(9):1337–45.
13. Peters G, Nurmikko TJ. Peripheral and gasserian 22. Calandria L. Cryoanalgesia for post-herpetic neu-
ganglion level procedures for the treatment of trige- ralgia. International Journal of Dermatology
minal neuralgia. Clin J Pain 2002;18:28–34. 2011;50:746–50.
Chapitre 27
Les blocs périphériques sous
contrôle ultrasonographique
Éric Albrecht, Sébastien Bloc
Approche et injection
Anatomie d’anesthésique local
Le nerf grand occipital est formé du rameau • insérez l’aiguille dans ou hors du plan ;
postérieur de C2. Il émerge en dessous de l’arc • injectez 5-10 ml d’anesthésique local.
postérieur de l’atlas (C1), chemine avec l’artère
occipitale, remonte le long du muscle oblique Technique alternative
inférieur de la tête et le traverse pour innerver la
Une autre technique consiste à placer la sonde au
peau de la partie postérieure du crâne.
niveau de l’apophyse épineuse de C2, facilement
reconnaissable à sa forme bifide (figure 27.3).
Procédure
Installation et matériel
• Installez le patient sur le ventre ou en position
assise, la tête légèrement fléchie.
• Utilisez une sonde linéaire à haute fréquence.
• Posez-la en position transverse entre la tubé-
rosité occipitale et l’apophyse mastoïdienne
(figure 27.1).
• Sélectionnez une profondeur de champ entre
1 et 2 cm ; le nerf se situe généralement à 0,5-
1,0 cm de profondeur ;
• Prenez une aiguille 21-22 G, d’une longueur Figure 27.1. Bloc du nerf grand occipital : position de
de 50 mm. la sonde (patient en position ventrale).
Approche et injection
d’anesthésique local
• Les approches dans et hors du plan sont pos-
sibles.
• Injectez 5-10 ml d’anesthésique local.
Figure 27.5. Bloc du nerf accessoire. Position de la
sonde et insertion de l’aiguille en direction postéro
antérieure (patient en position latérale gauche).
Astuces cliniques
le foramen jugulaire, conjointement avec les nerfs Les auteurs ayant décrit le bloc du nerf accessoire
glossopharyngien et vague, et la veine jugulaire ont également réussi à insérer un cathéter [3].
interne. Il descend le long de la carotide interne et
traverse ensuite le muscle sterno-cléido-mastoïdien.
Il émerge près du milieu du bord postérieur de ce
Revue de la littérature
dernier dans la région cervicale latérale et se dirige Il n’existe aucune étude comparative du bloc du
inférieurement à la surface du muscle élévateur de nerf accessoire sous échographie avec d’autres
la scapula vers la face profonde du muscle trapèze. techniques.
Au niveau du bord postérieur du muscle sterno-
cléido-mastoïdien, le nerf accessoire chemine
parallèlement au nerf grand auriculaire, plus
superficiel d’environ 1 cm.
Procédure
Installation et matériel
• Installez le patient en position latérale.
• Utilisez une sonde linéaire à haute fréquence.
• Posez-la en position transverse sur le muscle
sterno-cléido-mastoïdien (figure 27.5).
• Sélectionnez une profondeur de champ entre 1
et 2 cm ; le nerf se situe généralement à 0,5 cm
de profondeur.
• Prenez une aiguille 21-22 G, d’une longueur
de 50 mm. Figure 27.6. Bloc du nerf accessoire (profondeur de
champ : 1-2 cm).
A. Image échographique native.
Sonoanatomie B. Image échographique annotée. Le nerf accessoire
Identifiez (figure 27.6) : (nAcc), hypoéchogène, est posé sur le muscle élévateur
de la scapula (mEdS). L’aiguille est insérée dans le plan en
• le muscle sterno-cléido-mastoïdien, en super- direction postéroantérieure (flèche orange). mSM : muscle
ficie ; scalène moyen ; mSCM : muscle sterno-cléido-mas-
• le muscle scalène moyen, en profondeur ; toïdien ; mTr : muscle trapèze ; TSC : tissu sous-cutané.
Anatomie
Issu du tronc supérieur du plexus brachial (C5),
le nerf suprascapulaire, qui reçoit parfois des
rameaux des racines C4, se dirige sous les mus-
cles trapèze et omohyoïdien, au-dessus du plexus
brachial, en direction de la fosse supraépineuse
par l’incisure scapulaire située sur la face médiale
de l’apophyse coracoïde. Il passe au-dessous du Figure 27.7. Nerf suprascapulaire et ses rameaux.
ligament transverse supérieur de la scapula alors RAS : rameau articulaire supérieur ; RAI : rameau
que l’artère et la veine suprascapulaires passent articulaire inférieur ; RSE : rameau pour le muscle
supraépineux ; RIE : rameau pour le muscle infraépineux.
généralement au-dessus.
Le nerf suprascapulaire innerve le muscle
supraépineux, le muscle infraépineux, l’articu-
lation acromioclaviculaire, la partie postérieure
de la capsule articulaire de l’épaule, ainsi que
les ligaments coracoacromial et coracoclaviculaire
(figure 27.7).
Procédure
Installation et matériel
• Installez le patient en position assise.
Figure 27.8. Bloc du nerf suprascapulaire. Position de
• Utilisez une sonde linéaire à haute fréquence. la sonde et insertion de l’aiguille hors du plan (patient en
• Posez-la en position transverse sur le côté position assise).
médial l’apophyse coracoïde (figure 27.8).
• Sélectionnez une profondeur de champ entre 3 – le muscle trapèze ;
et 5 cm ; l’incisure scapulaire se trouve généra- – le muscle supraépineux ;
lement à moins de 5 cm de profondeur. – l’incisure scapulaire, recouverte par le muscle
• Prenez une aiguille 21-22 G, d’une longueur trapèze et le muscle supraépineux ;
de 50 à 80 mm. – le ligament transverse supérieur de la scapula ;
– l’artère suprascapulaire, adjacente au ligament
Sonoanatomie
transverse supérieur de la scapula, visible au
• Inclinez la sonde en direction céphalocaudale, Doppler couleur (figure 27.10) ;
avec une discrète rotation dans le plan coronal. – le nerf suprascapulaire, fine structure hyper-
• Identifiez (figure 27.9) : échogène, à proximité immédiate de l’artère,
Astuces cliniques
En cas d’identification difficile, il est recommandé
de procéder à une infiltration sous le ligament
transverse supérieur de la scapula.
Revue de la littérature
Le bloc du nerf suprascapulaire sous échogra-
phie est une technique récente [4]. L’équipe de
Figure 27.9. Bloc du nerf suprascapulaire (profondeur
Siegenthaler a décrit une approche supraclavi-
de champ : 3-5 cm). culaire antérieure [5], sans toutefois comparer
A. Image échographique native. l’efficacité des techniques pratiquées.
B. Image échographique annotée. Le nerf suprascapulaire
(nSpSc) se trouve sous le ligament transverse supérieur
de la scapula (lTrSc), au niveau de l’incisure scapulaire.
L’aiguille est insérée dans le plan en direction médiolaté- Bloc du nerf intercostal
rale (flèche orange). mSE : muscle supraépineux ; mTr :
muscle trapèze ; TSC : tissu sous-cutané.
Indication
en dessous du ligament transverse supérieur Un bloc du nerf intercostal est indiqué dans le
de la scapula. traitement des douleurs thoraciques après chirur-
gie ou traumatisme.
Approche et injection
d’anesthésique local
Anatomie
• Les approches dans et hors du plan sont pos-
sibles. En cas d’approche dans le plan, insérez Les muscles intercostaux forment trois couches :
l’aiguille à l’extrémité médiale de la sonde. externe, interne, intime. Le paquet vasculoner-
• Injectez 5-10 ml d’une solution d’anesthésique veux se situe entre les muscles interne et intime
local. (figure 27.11). Contrairement aux idées reçues,
Figure 27.11. Coupe transverse de la paroi thoracique. Figure 27.12. Bloc intercostal. Position longitudinale
de la sonde à une distance de 10-15 cm de l’apophyse
épineuse.
Approche et injection
d’anesthésique local
Procédure
• Les approches dans et hors du plan sont
Installation et matériel possibles, jusqu’à atteindre l’espace trian-
gulaire ; lors d’une approche dans le plan,
• Installez le patient en position ventrale, latérale
l’aiguille est insérée en rasant le bord de la
ou assise.
côte inférieure.
• Utilisez une sonde linéaire à haute fréquence.
• Injectez 5 ml d’anesthésique local.
• Posez-la en position longitudinale à une dis-
tance de 10-15 cm latéralement au processus
épineux, de manière à visualiser deux côtes Astuces cliniques
adjacentes en court axe (figure 27.12).
• Sélectionnez une profondeur de champ entre 1 Un pneumothorax peut être exclu si l’image
et 3 cm ; les nerfs intercostaux se situent géné- en « queue de comète » persiste et que la
ralement entre 0,5 et 1,5 cm de profondeur. plèvre fluctue de manière synchrone avec la
• Prenez une aiguille 21-22 G de 50 mm. respiration.
Anatomie
Les nerfs ilioinguinal et iliohypogastrique, issus de
L1, émergent sous le ligament arqué médial à la
partie supérolatérale du psoas. Le nerf ilioingui-
nal, plus fin, a un trajet plus vertical que le nerf
iliohypogastrique. Après avoir croisé le muscle
carré des lombes antérieurement, les deux nerfs
traversent le muscle transverse de l’abdomen. Ils
cheminent ensuite entre le muscle transverse et le
muscle oblique interne à une distance variable de
l’épine iliaque antérosupérieure avant de traverser
les muscles obliques interne et externe.
Le nerf ilioinguinal est responsable de l’inner-
vation motrice des parties inférieures des mus-
cles oblique interne et transverse de l’abdomen,
et sensitive de la partie supéromédiale de la
cuisse, du scrotum et des grandes lèvres. Le nerf
Figure 27.13. Bloc intercostal droit (profondeur de
champ : 1-3 cm).
iliohypogastrique est un nerf moteur (muscles
A. Image échographique native. pyramidal, droit, transverse et oblique interne de
B. Image échographique annotée. Le site d’injection se l’abdomen) et sensitif (peau du scrotum et des
trouve entre les muscles intercostaux externe et interne grandes lèvres). Il arrive que la branche cutanée
(mIC) et le muscle intercostal intime (mICint), en dessous
de la côte supérieure. L’aiguille est insérée dans le plan
latérale du nerf iliohypogastrique traverse les mus-
en direction caudocéphalique (flèche orange). mEdR : cles obliques interne et externe juste au-dessus de
muscles érecteurs du rachis, TSC : tissu sous-cutané. la crête iliaque pour innerver le quadrant supéro-
latéral de la fesse ; il est donc approprié d’effectuer
le bloc derrière l’épine iliaque antérosupérieure.
Revue de la littérature
La technique décrite ci-dessus a été utilisée Procédure
initialement en antalgie chronique lors de
cryothérapie des nerfs intercostaux après tho- Installation et matériel
racotomie [7]. • Installez le patient en position dorsale.
• Exposez la partie inférieure de l’abdomen, la
crête iliaque et le pli de l’aine.
Bloc des nerfs ilio-inguinal • Utilisez une sonde linéaire à haute fréquence.
et iliohypogastrique • Placez-la au-dessus de la ligne virtuelle qui
relie l’épine iliaque antérosupérieure à l’ombilic
Indication (figure 27.14).
• Sélectionnez une profondeur de champ entre 3
En raison de leur position anatomique, les nerfs et 5 cm ;
ilioinguinal, iliohypogastrique et génitofémoral • Prenez une aiguille 21-22 G, d’une longueur
peuvent être lésés par une incision chirurgicale de 50 à 80 mm.
Sonoanatomie
• Identifiez (figure 27.15) :
– la cavité péritonéale et les mouvements des
anses intestinales en dessous du muscle trans-
verse de l’abdomen ;
– le muscle transverse de l’abdomen ;
– le muscle oblique interne, plus épais ; Figure 27.15. Bloc des nerfs ilioinguinal et iliohypogas-
– le muscle oblique externe, plus superficiel, trique (profondeur de champ : 3-5 cm).
A. Image échographique native.
qui peut être aussi fin qu’une aponévrose, au B. Image échographique annotée et technique d’injection
niveau de la paroi inféromédiale de l’abdo- avec une insertion de l’aiguille dans le plan (flèches orange).
men ; L’extrémité de l’aiguille est placée à proximité des nerfs
– l’os iliaque recouvert par le muscle iliaque ilioinguinal (nII) et iliohypogastrique (nIH). L’anesthésique
local diffuse le long du fascia. AI : anse intestinale ; CP :
latéralement ; cavité péritonéale ; EIAS : épine iliaque antérosupérieure ;
– les nerfs ilioinguinal et iliohypogastrique, mOE : muscle oblique externe ; mOI : muscle oblique
souvent hypoéchogènes, se trouvent dans interne ; mPso : muscle psoas ; mTA : muscle transverse
le fascia qui sépare le muscle transverse de de l’abdomen ; TSC : tissu sous-cutané.
l’abdomen du muscle oblique interne, au-
dessus de l’épine iliaque antérosupérieure. Il
peut arriver que les deux nerfs traversent le
muscle oblique interne au niveau de l’épine l’aiguille sur le bord médial de la sonde jusqu’au
iliaque antérosupérieure et qu’on les trouve plan transverse.
entre les muscles obliques interne et oblique • Une aiguille à biseau court permet de sentir des
externe. ressauts (« pops ») lors du passage des aponé-
• Déplacez la sonde en direction caudale pour vroses superficielles et profondes du muscle
suivre les nerfs jusque derrière l’épine iliaque oblique interne.
antérosupérieure. • Injectez 5 à 10 ml d’anesthésique local (AL) à
• Identifiez au Doppler couleur les vaisseaux qui proximité des deux nerfs ; si les nerfs ne sont
se trouvent dans le même plan que le nerf. pas visibles, injectez l’AL dans le fascia qui
sépare le muscle transverse de l’abdomen du
Approche et injection
muscle oblique interne, à proximité des vais-
d’anesthésique local
seaux.
• Les approches dans et hors du plan sont pos- • Observez la diffusion de l’AL par un balayage
sibles. En cas d’approche dans le plan, insérez céphalocaudal de l’abdomen.
Sonoanatomie
Approche et injection
Identifiez (figure 27.18) :
d’anesthésique local
• l’artère fémorale ; modifiez l’orientation de la
sonde jusqu’à obtenir une image en long axe ; • Les approches dans ou hors du plan sont pos-
• l’artère iliaque externe, en déplaçant la sonde sibles.
en direction céphalique ; • Utilisez une solution d’AL sans adrénaline.
• le cordon spermatique chez l’homme/le liga- • Injectez 5 ml d’AL à l’extérieur et 5 ml à l’inté-
ment rond de l’utérus chez la femme (en rieur du cordon spermatique (ou du ligament
déplaçant la sonde légèrement médialement), rond).
Astuces cliniques
Chez l’homme, la palpation douce du cordon
spermatique au contact de l’os pubien permet de
préciser le placement de la sonde.
Revue de la littérature
À notre connaissance, le bloc du nerf génitofémo-
ral sous échographie n’a été décrit que dans un
seul article rétrospectif [10].
Figure 27.19. Bloc du nerf cutané latéral de la cuisse.
Position de la sonde et insertion de l’aiguille dans le
plan en direction latéromédiale (patient en position
dorsale).
Bloc du nerf cutané
latéral de la cuisse
Indication
• Utilisez une sonde linéaire à haute fréquence.
Le bloc du nerf cutané latéral de la cuisse est • Posez-la en position transverse le long du pli
indiqué dans le traitement de la méralgie pares- inguinal (figure 27.19).
thétique. Cette atteinte du nerf cutané latéral • Sélectionnez une profondeur de champ entre
de la cuisse est le plus souvent due à la compres- 1 et 3 cm ; le nerf se situe généralement à une
sion du nerf lors de son passage sous le ligament profondeur de 0,5 à 1,5 cm.
inguinal. • Prenez une aiguille 21-22 G d’une longueur de
50 mm.
Anatomie
Sonoanatomie
Issu des branches dorsales des racines L2-L3,
le nerf cutané latéral de la cuisse émerge latéra- Identifiez (figure 27.20) :
lement du muscle psoas et descend le long de • l’artère fémorale et la veine fémorale ;
son bord latéral en direction de l’épine iliaque • le muscle iliopsoas, en profondeur, en dessous
antérosupérieure. Il passe ensuite sous le ligament des vaisseaux fémoraux ;
inguinal, 1 cm à l’intérieur de l’épine iliaque • le fascia lata et le fascia iliaca, lignes hyper-
antérosupérieure, entre le muscle tenseur du fas- échogènes ;
cia lata et le muscle sartorius, puis se divise en • le muscle sartorius, puis le muscle tenseur du
plusieurs branches. fascia lata, qui apparaissent lorsque la sonde
Il est responsable de l’innervation sensitive de la est déplacée latéralement ; ces deux muscles
face latérale de la cuisse jusqu’au genou. se trouvent en dessous des fascias lata et
iliaca;
• les branches du nerf cutané latéral de la cuisse
Procédure (fine structure hypo- ou hyperéchogène) sont
situées dans le triangle formé par le fascia
Installation et matériel lata (superficiellement), le muscle sartorius
• Installez le patient en position dorsale. (médialement), et le muscle tenseur du fascia
• Exposez le pli inguinal, qui se trouve 4 à 5 cm lata (latéralement). Le nerf peut être difficile à
en dessous du ligament inguinal. visualiser.
Figure 27.20. Bloc du nerf cutané latéral de la cuisse (profondeur de champ : 1-3 cm).
A. Image échographique native.
B. Image échographique annotée. Le nerf cutané latéral de la cuisse (nCLC) se trouve entre le muscle sartorius (mSa) et
le muscle tenseur du fascia lata (mTFL). L’aiguille est insérée dans le plan, en direction latéromédiale (flèche orange). FL :
fascia lata ; FI : fascia iliaca ; mgF : muscle grand fessier ; mIP : muscle iliopsoas.
Sonoanatomie
Anatomie
• Déplacez la sonde en direction céphalocaudale
Le nerf pudendal est formé des rameaux anté- pour repérer la longue ligne hyperéchogène de
rieurs des racines S2 à S4. Accompagné de l’artère l’ischion.
pudendale interne, il quitte le bassin par la grande • Identifiez (figure 27.22) :
échancrure sciatique entre les muscles pyriforme – l’épine ischiatique, épaississement de la ligne
et coccygien pour rejoindre l’épine ischiatique. hyperéchogène de l’ischion ;
À ce niveau, le nerf se situe entre les ligaments – l’artère pudendale interne ;
sacrospinal et sacrotubéral. C’est par la petite – le nerf sciatique sur l’épine ischiatique, latéra-
échancrure sciatique et le canal d’Alcock, situé sur lement à l’artère ;
la face médiale du muscle obturateur interne, qu’il – le nerf pudendal, sur la face médiale de
retourne dans le pelvis, où il donne trois branches l’artère.
Infiltration du muscle
piriforme
Indication
L’infiltration du muscle piriforme est indiquée
dans le traitement des douleurs chroniques de la
fesse et de la hanche.
Certaines douleurs fessières, irradiant parfois
dans le membre inférieur, peuvent avoir leur ori-
gine au niveau du muscle piriforme. Elles sont la
conséquence d’une atteinte du muscle lui-même
Figure 27.22. Bloc du nerf pudendal (profondeur de ou d’une compression du nerf sciatique au niveau
champ : 5-7 cm).
A. Image échographique native.
du muscle.
B. Image échographique annotée. Le nerf pudendal (nP)
se trouve sur la face médiale de l’artère pudendale (aP),
alors que le nerf sciatique (nSc) se trouve sur la face Anatomie
latérale. L’aiguille est insérée dans le plan en direction
médiolatérale (flèche orange). EI : épine ischiatique ; mgF : Le muscle piriforme est un muscle de petite taille
muscle grand fessier.
en profondeur du muscle grand fessier. Il prend
son origine sur le bord antérolatéral du sacrum
Approche et injection de S2 à S4, et s’insère dans la fosse piriforme du
d’anesthésique local grand trochanter. Il permet la rotation externe
• Les approches dans et hors du plan sont pos- de la hanche lorsqu’elle est en extension et son
sibles. abduction lorsqu’elle est en flexion.
• Injectez 5-10 ml d’AL avec ou sans corticoïde
selon indication.
Procédure
Astuces cliniques
Installation et matériel
Si le nerf n’est pas visualisé, placez l’aiguille • Installez le patient en position ventrale.
dans le plan interligamentaire à la face médiale de • Utilisez une sonde linéaire à basse fréquence.
l’artère pudendale interne et injectez l’AL. • Posez-la en position transverse sur l’épine
iliaque postérosupérieure.
Revue de la littérature • Sélectionnez une profondeur de champ entre 5
et 7 cm.
Dans une étude prospective de faisabilité incluant • Prenez une aiguille 22-25 G d’une longueur de
17 patients, Rofaeel et al. valident la technique 80-120 mm.
Approche et injection
d’anesthésique local
• Insérez l’aiguille dans le plan en direction
médiolatérale.
• Injectez 5-10 ml de la solution appropriée (par
exemple, AL avec toxine botulinique) dans le
muscle piriforme, en évitant la région où se
situe le nerf sciatique (figure 27.23).
Astuces cliniques
Muscle difficile à visualiser
Figure 27.23. Infiltration du muscle piriforme (profon- L’identification du muscle piriforme est facilitée
deur de champ : 5-7 cm).
A. Image échographique native.
par la rotation externe passive de la hanche,
B. Image échographique annotée. Le muscle piriforme avec le genou fléchi, ce qui fait glisser le muscle
(mPi) se trouve sous le muscle grand fessier (mGF). piriforme sous le muscle grand fessier.
L’aiguille est insérée dans le plan en direction latéromé-
diale (flèche orange). GT : grand trochanter ; Il : ilion ; Sa :
sacrum.
Prévention d’une injection
à proximité du nerf sciatique
La stimulation électrique à 0,5-0,8 mA permet
d’éviter l’injection inappropriée de médica-
Sonoanatomie ments à proximité du nerf sciatique. L’appari-
tion d’une réponse motrice (flexion dorsale ou
• Déplacez la sonde en direction caudale pour
plantaire du pied) est une contre-indication à
visualiser le sacrum en position médiale et
l’injection.
l’épine iliaque postéro-inférieure en position
latérale.
• Identifiez (figure 27.23) : Revue de la littérature
– le sacrum, ligne hyperéchogène médiale ;
– l’épine iliaque postéro-inférieure, ligne Smith et al. ont validé la technique décrite ci-
hyperéchogène latérale ; dessus dans le cadre d’une étude prospective
– le grand trochanter, ligne hyperéchogène de faisabilité [14]. Dans une étude incluant 10
encore plus latérale ; pièces anatomiques, l’équipe de Finnoff et al.
– le muscle grand fessier, superficiel ; la considère équivalente à la technique fluoro-
– le muscle piriforme, en profondeur. scopique [15].
Figure 27.24. Représentation schématique des apophyses transverses de C6 et C7 avec traduction échographique.
Sonoanatomie
Identifiez (figure 27.26) :
• les racines C4, C5, C6 et C7 : déplacez la
sonde légèrement vers l’arrière, pour chercher les
processus transverses et visualiser les racines cor-
Figure 27.25. Bloc sélectif de la racine cervicale.
respondantes ; les apophyses transverses de C4,
Position de la sonde et insertion de l’aiguille en direction C5 et C6 possèdent deux tubercules, qui forment
postéroantérieure (patient en position latérale gauche). une image en U avec une ombre osseuse ;
Astuces cliniques
Autre méthode de recherche du plexus
brachial dans le sillon interscalénique
Si les racines nerveuses sont difficiles à repérer,
placez la sonde en dessous de la clavicule pour
identifier les troncs et les divisions du plexus
brachial (image en « grappe de raisins » autour
de l’artère sous-clavière), et suivez les nerfs en
direction céphalique.
Complications fatales
Des complications graves sont rapportées dans
Figure 27.27. Bloc sélectif de la racine cervicale C6 la littérature, consécutives à l’injection de cor-
(profondeur de champ : 2-3 cm).
A. Image échographique native.
ticoïdes : lésions de l’artère vertébrale [17,18],
B. Image échographique annotée. L’aiguille est insérée infarcissement de la moelle épinière [19–21] ou
dans le plan, en direction postéroantérieure (flèche infarctus cérébelleux [22,23]. Ces complications
orange). L’absence de diffusion de l’anesthésique local ont conduit la plupart des praticiens à abandon-
autour de la racine atteste de sa dispersion dans l’espace
péridural. aCA : artère carotide commune ; mSCM :
ner le bloc sélectif des racines cervicales, et, cas
muscle sterno-cléido-mastoïdien ; TA : tubercule antérieur échéant, de n’utiliser que des anesthésiques locaux.
de l’apophyse transverse de C6 ; TP : tubercule postérieur
de l’apophyse transverse de C6.
Revue de la littérature
Le repérage des petites artères radiculaires est parfois
• l’apophyse transverse de C7 possède un tuber- difficile, surtout chez les patients obèses. Bien que
cule antérieur rudimentaire et un tubercule la technique échographique permette d’éviter une
postérieur proéminent ; l’image échographique injection intravasculaire, c’est la fluoroscopie qui
présente un aspect asymétrique qui facilite reste la valeur étalon pour la détecter [24].
l’identification de la racine C7 ;
• les autres racines sont identifiées dans le sillon
interscalénique par un déplacement céphalique Bloc facettaire cervical
de la sonde ;
• l’artère vertébrale qui se situe en dessous ou en Indication
avant de l’apophyse transverse de C6.
Le bloc facettaire est indiqué dans le traitement
Approche et injection des douleurs cervicales réfractaires aux traitements
d’anesthésique local conservateurs et médicamenteux. L’origine des
• Insérez l’aiguille dans le plan en direction pos- douleurs est généralement liée à un mouvement
téroantérieure (figure 27.27). brutal d’extension-flexion (« coup du lapin »).
Anatomie
Figure 27.29. Bloc facettaire cervical (profondeur de
Les articulations facettaires ou zygoapophysaires
champ : 1-3 cm).
cervicales sont composées du processus articu- A. Image échographique native.
laire inférieur d’une vertèbre et du processus B. Image échographique annotée. La branche médiale
articulaire supérieur de la vertèbre inférieure. du nerf C3 (BM C3), structure hypoéchogène, se trouve
entre les articulations facettaires C2-C3 et C3-C4, le IIIe
Les fibres articulaires, issues des branches
nerf occipital (TNO), au sommet de l’articulation C2-C3.
médiales des rameaux cervicaux dorsaux, inner- L’aiguille est insérée dans le plan en direction caudo
vent les articulations facettaires supérieures et céphalique ou hors du plan (flèches orange).
inférieures. En dessous de C2-C3, chaque arti-
culation reçoit donc une double innervation. • Prenez une aiguille 21-22 G d’une longueur de
La branche médiale du rameau cervical C3 50 mm.
donne une branche profonde et une branche
superficielle, plus large. Cette dernière, appelée Sonoanatomie
également IIIe nerf occipital, innerve l’ensemble
Identifiez (figure 27.29) :
de l’articulation facettaire C2-C3 ainsi que la peau
• l’apophyse transverse de C1 en déplaçant légè-
de la région sous-occipitale.
rement la sonde en direction caudale ;
• l’artère vertébrale, par un déplacement encore
Procédure commune plus caudal de la sonde ; suivez-la jusque dans
le foramen transverse de C2 ;
Installation et matériel • l’articulation C2-C3 postérieurement.
• Installez le patient en position latérale.
Bloc du IIIe nerf occipital : approche
• Utilisez une sonde linéaire à haute fréquence.
et injection d’anesthésique local
• Posez-la en position longitudinale juste en des-
sous de l’apophyse mastoïde (figure 27.28). • Insérez l’aiguille hors du plan, juste en dessous
• Sélectionnez une profondeur de champ entre 1 de la sonde en direction de la convexité de
et 3 cm. l’articulation jusqu’au contact osseux.
• Puis tournez la sonde de 90°, afin d’obtenir pour la première fois par Eichenberger et al. [25].
une meilleure visualisation du nerf ; le IIIe L’espace C2-C3 était repéré correctement chez
nerf occipital, petite structure hypoéchogène, 27 patients sur 28 et l’aiguille positionnée correc-
se trouve juste à l’extérieur de l’articulation, au tement chez 23 d’entre eux. Il n’existe, à notre
sommet de la ligne hyperéchogène. connaissance, aucune autre étude de faisabilité ni
aucune étude comparative entre les techniques
Bloc de la branche médiale échographique et fluoroscopique.
cervicale : approche et injection
d’anesthésique local
• Après repérage de l’espace C2-C3, tournez la Bloc facettaire lombaire
sonde de 90°, afin d’obtenir une vue longitudi-
nale de l’articulation. Indication
• Déplacez la sonde en direction caudale jusqu’à
visualisation du niveau désiré. Le bloc facettaire est indiqué dans le traite-
• La branche médiale cervicale se situe entre les ment des lombalgies réfractaires aux traitements
deux articulations, sur la ligne hyperéchogène conservateurs et médicamenteux.
concave. Quel que soit le niveau anatomique concerné,
• Insérez l’aiguille dans le plan. le bloc facettaire consiste en une infiltration de la
branche médiale du rameau dorsal.
Astuces cliniques
Fluoroscopie Anatomie
Le IIIe nerf occipital et les branches médiales sont À la sortie du foramen intervertébral, les racines
parfois difficiles à visualiser. Il peut être plus sûr lombaires donnent des rameaux postérieur et
d’utiliser la fluoroscopie lorsqu’une procédure antérieur ; le rameau postérieur se divise ensuite
extrêmement précise est requise (par exemple, en trois branches, médiale, intermédiaire et laté-
thermoablation par radiofréquence). rale. De la branche médiale partent des fibres ner-
veuses à destination des articulations facettaires
Différence entre l’articulation C2-C3 (zygapophysaires) du même niveau et du niveau
et les autres articulations cervicales supérieur ; ainsi, l’articulation facettaire L2-L3
est innervée par les branches médiales des racines
L’articulation facettaire C2-C3 n’est innervée que
L2 et L3. Pour rappel, les articulations facettaires
par le IIIe nerf occipital, contrairement aux arti-
ou zygapophysaires sont composées du processus
culations sous-jacentes qui reçoivent une double
articulaire inférieur d’une vertèbre et du proces-
innervation. En dessous de C3, il est donc néces-
sus articulaire supérieur de la vertèbre inférieure
saire d’infiltrer les deux branches médiales de l’arti-
(figure 27.30).
culation pour obtenir un bloc facettaire complet.
Cette double innervation explique le caractère
diffus et mal localisé des douleurs facettaires
Injection facettaire intra-articulaire d’origine dégénérative et la nécessité de procéder
En utilisant la même technique, il est possible à des injections pluriétagées.
d’infiltrer les articulations facettaires en plaçant
l’aiguille à l’intérieur de l’articulation. Il n’existe
aucune évidence scientifique que cette technique Procédure commune
soit plus efficace que le bloc sélectif des branches
Installation et matériel
médiales, qui reste la technique de référence.
Le bloc facettaire cervical effectué sous écho- • Installez le patient en position ventrale.
graphie et contrôlé par fluoroscopie a été décrit • Utilisez une sonde linéaire à basse fréquence.
Astuces cliniques
Fluoroscopie
La profondeur des structures complique la visua-
lisation de l’aiguille et de l’injectat. Un contrôle
par fluoroscopie permet d’exclure une injection
intravasculaire.
Revue de la littérature
L’infiltration de la branche médiale du rameau
postérieur décrite par Greher et al. [27], a été
validée dans des études sur cadavres [28] et en
clinique [29]. C’est en 2005 que l’équipe de
Galiano décrit l’injection intra-articulaire écho-
guidée [30] qu’ils comparent à la technique sous
CT 2 ans plus tard [31].
Sonoanatomie
constituent la chaîne cervicale sympathique. Le Identifiez (figure 27.37) :
ganglion stellaire résulte de la fusion du dernier • l’apophyse transverse de C6 avec son tubercule
ganglion cervical et du premier ganglion thora- antérieur proéminent et son tubercule pos-
cique. Il est situé en avant du processus transverse térieur plus petit ;
de C7, près de la tête de la première côte, à côté • la racine C6 ;
du muscle long du cou et derrière l’artère verté- • le muscle long du cou, structure ovalaire proche
brale. Une partie des fibres post-ganglionnaires de l’apophyse transverse et du corps vertébral
cheminent ensuite avec les racines cervicales C7 de C6 ; le muscle long de la tête, plus super-
et C8 et la première racine thoracique T1 : elles ficiel, est parfois également visible ;
sont responsables de l’innervation sympathique • le fascia prévertébral, au-dessus du muscle long
des membres supérieurs (figure 27.35). Une autre du cou ;
partie forme le nerf cardiaque inférieur, passant • l’artère carotidienne, la veine jugulaire interne,
le long de la trachée, à destination du cœur. Un et la glande thyroïde, situées médialement ;
troisième contingent de fibres participe au plexus • l’œsophage en position médiale, visible depuis
nerveux sympathique autour de l’artère vertébrale. le côté gauche.
Approche et injection
Procédure d’anesthésique local
• Les approches dans et hors du plan sont pos-
Installation et matériel
sibles ; en cas d’approche dans le plan, insérez
• Installez le patient en position dorsale, la tête l’aiguille au niveau du bord latéral de la sonde.
tournée du côté controlatéral. • Placez son extrémité sous le fascia prévertébral
• Utilisez une sonde linéaire à haute fréquence. à proximité de l’artère carotidienne et de la
• Posez-la en position transverse à la hauteur du glande thyroïde.
cartilage cricoïde sur le muscle sterno-cléido- • Injectez 5-10 ml d’une solution d’AL avec ou
mastoïdien (figure 27.36). sans corticoïde selon l’indication.
17. Wallace MA, Fukui MB, Williams RL, Ku A, Baghai to diagnose C2-C3 zygapophysial joint pain. Anes-
P. Complications of cervical selective nerve root thesiology 2006;104:303–8.
blocks performed with fluoroscopic guidance. AJR 26. Galiano K, Obwegeser AA, Bodner G, et al. Real-
Am J Roentgenol 2007;188:1218–21. time sonographic imaging for periradicular injections
18. Rozin L, Rozin R, Koehler SA, et al. Death during in the lumbar spine : a sonographic anatomic study of
transforaminal epidural steroid nerve root block (C7) a new technique. J Ultrasound Med 2005;24:33–8.
due to perforation of the left vertebral artery. Am J 27. Greher M, Scharbert G, Kamolz LP, et al. Ultra-
Forensic Med Pathol 2003;24:351–5. sound-guided lumbar facet nerve block: a sonoa-
19. Baker R, Dreyfuss P, Mercer S, Bogduk N. Cervical natomic study of a new methodologic approach.
transforaminal injection of corticosteroids into a Anesthesiology 2004;100:1242–8.
radicular artery: a possible mechanism for spinal cord 28. Greher M, Kirchmair L, Enna B, et al. Ultrasound-
injury. Pain 2003;103:211–5. guided lumbar facet nerve block: accuracy of a
20. Muro K, O’Shaughnessy B, Ganju A. Infarction of new technique confirmed by computed tomography.
the cervical spinal cord following multilevel trans- Anesthesiology 2004;101:1195–200.
foraminal epidural steroid injection: case report 29. Shim JK, Moon JC, Yoon KB, Kim WO, Yoon DM.
and review of the literature. J Spinal Cord Med Ultrasound-guided lumbar medial-branch block: a
2007;30:385–8. clinical study with fluoroscopy control. Regional
21. Brouwers PJ, Kottink EJ, Simon MA, Prevo RL. A Anesthesia and Pain Medicine 2006;31:451–4.
cervical anterior spinal artery syndrome after diag- 30. Galiano K, Obwegeser AA, Bodner G, et al. Ultra-
nostic blockade of the right C6-nerve root. Pain sound guidance for facet joint injections in the
2001;91:397–9. lumbar spine: a computed tomography-control-
22. Tiso RL, Cutler T, Catania JA, Whalen K. Adverse led feasibility study. Anesthesia and Analgesia
central nervous system sequelae after selective trans- 2005;101:579–83.
foraminal block: the role of corticosteroids. Spine J 31. Galiano K, Obwegeser AA, Walch C, Schatzer R,
2004;4:468–74. Ploner F, Gruber H. Ultrasound-guided versus
23. Beckman WA, Mendez RJ, Paine GF, Mazzilli MA. computed tomography-controlled facet joint injec-
Cerebellar herniation after cervical transforaminal tions in the lumbar spine: a prospective randomized
epidural injection. Regional Anesthesia and Pain clinical trial. Regional Anesthesia and Pain Medicine
Medicine 2006;31:282–5. 2007;32:317–22.
24. Narouze SN. Ultrasound-guided cervical spine 32. Kapral S, Krafft P, Gosch M, Fleischmann D, Weins-
injections : ultrasound “prevents” whereas tabl C. Ultrasound imaging for stellate ganglion
contrast fluoroscopy “detects” intravascular injec- block: direct visualization of puncture site and
tions. Regional Anesthesia and Pain Medicine local anesthetic spread. A pilot study. Reg Anesth
2012;37:127–30. 1995;20:323–8.
25. Eichenberger U, Greher M, Kapral S, et al. Sonogra- 33. Shibata Y, Fujiwara Y, Komatsu T. A new approach
phic visualization and ultrasound-guided block of the of ultrasound-guided stellate ganglion block. [letter].
third occipital nerve: prospective for a new method Anesth Analg 2007;105(2):550–1.
IV
Neuromodulation
Plan de la section
Généralités 300
Chapitre 28. La stimulation médullaire 301
Chapitre 29. La radiofréquence pulsée 311
Chapitre 30. La stimulation magnétique transcrânienne répétitive 315
Chapitre 31. L’administration continue de médicaments par voie intrathécale 319
Chapitre 28
La stimulation médullaire
Christophe Perruchoud, Éric Buchser
périphériques, du syndrome douloureux régional ou apparaissent dans les suites d’une chirurgie
complexe, des douleurs chroniques postopéra- lombaire ou cervicale, techniquement satisfaisante
toires (hernie inguinale, thoracotomie ou pro- et sans complication.
thèse de genou) [4]. L’étiologie des douleurs est mal comprise,
mais a sans doute une origine mixte, mécanique
et neuropathique. L’incidence de ce syndrome
Indications à la stimulation varie de 20 à 40 % selon les séries. Dans l’étude
randomisée PROCESS [5], 48 % des patients
médullaire traités par stimulation médullaire conventionnelle
contre seulement 9 % des patients traités conser-
Douleurs persistantes vativement ont vu leurs douleurs diminuer d’au
après chirurgie du rachis moins 50 % à 1 an. La qualité de vie, la capacité
fonctionnelle et la satisfaction vis-à-vis de la pro-
Indication principale à l’implantation d’un neu- cédure étaient aussi significativement supérieures
rostimulateur, le syndrome douloureux après dans le groupe traité par stimulation médullaire.
chirurgie rachidienne (failed back surgery syn- Ces effets favorables sont maintenus lorsque les
drome) est défini par des douleurs axiales et/ patients sont réévalués 2 ans après l’implanta-
ou irradiant dans les membres qui persistent tion [6]. Dans une autre étude randomisée [7],
la stimulation médullaire conventionnelle était au niveau des membres inférieurs, mais aussi au
plus efficace que la réopération en cas de dou- niveau lombaire, dans deux études randomisées
leurs persistantes après chirurgie du rachis (suivi et contrôlées par placebo [15, 16]. Toutefois, le
moyen de 3 ans). Plusieurs travaux montrent faible nombre de patients inclus dans l’étude et
qu’en comparaison avec les traitements conven- un suivi à trop court terme empêche de tirer des
tionnels, le rapport coûts-bénéfice est largement conclusions définitives. Une étude randomisée et
en faveur de la stimulation médullaire [8-13]. Sur multicentrique incluant 198 patients, comparant
la base de ces études, la stimulation médullaire la stimulation à haute fréquence (10 kHz) à la
conventionnelle a obtenu un niveau de recom- stimulation conventionnelle conclut à la supé-
mandation B (modérée) pour le Failed Back Sur- riorité de la première sur les douleurs des mem-
gery Syndrome [14]. bres inférieurs et les douleurs lombaires [17].
Plusieurs études récentes ont évalué en double À une année, les douleurs avaient diminué de
aveugle l’efficacité des nouveaux modes de stimu- moitié chez 80 % et 50 % des patients traités res-
lation. Des résultats prometteurs ont été obte- pectivement par stimulation haute fréquence et
nus avec la stimulation Burst, non seulement stimulation conventionnelle.
Figure 28.4 . Radiographie standard de la colonne lombaire : électrodes de stimulation DRG (Dorsal Root Ganglion)
dans les foramens L4 et L5 droit (flèches) chez un patient présentant une douleur neuropathique chronique de la
cheville droite.
proposée que trop tardivement, après épuisement amélioration de la qualité de vie. Une étude pros-
des options chirurgicales ou endovasculaires. pective et randomisée compare l’efficacité de la
Dans un contexte d’ischémie aiguë ou dépassée, stimulation médullaire (n = 51) à celle des pon-
les résultats risquent alors d’être décevants. Les tages aortocoronariens (n = 53) chez 104 patients
auteurs d’une revue de 2011, portant sur le coronariens [33]. Les symptômes angineux dimi-
traitement des vasculites et des maladies vas- nuent significativement et de manière identique
culaires périphérique chroniques, concluent à un dans les deux groupes. Toutefois, la mortalité et
haut niveau d’évidence en faveur de la stimulation les complications sont inférieures dans le groupe
médullaire conventionnelle [29]. Il n’existe en traité par stimulation médullaire, faisant de cette
revanche aucune donnée concernant les effets de approche une alternative raisonnable au pontage
la stimulation Burst ou à haute fréquence dans coronarien, en particulier chez les patients à
cette indication. haut risque ou lorsque la revascularisation car-
diaque complète n’est pas possible. La stimulation
médullaire n’agit pas en masquant les symptômes
Douleurs angineuses angineux, potentiellement protecteurs d’une
ischémie myocardique, mais en augmentant la
La stimulation médullaire a été utilisée depuis performance cardiaque et le seuil d’ischémie et en
les années 1980 pour traiter l’ « angine de poi- diminuant les arythmies. Suivis pendant 37 mois
trine chronique réfractaire », définie comme une dans le cadre d’une étude prospective, 10 patients
douleur thoracique secondaire à une insuffisance ayant présenté un infarctus myocardique aigu
coronarienne, mal contrôlée par un traitement alors qu’ils étaient traités par stimulation médul-
médical, endovasculaire ou chirurgical. laire ont clairement décrit une douleur différente
Plusieurs études [30-32] démontrent de celle de leur angor habituel [34]. Dans cette
une réduction des symptômes angineux et indication, seule la stimulation conventionnelle a
de la consommation de dérivés nitrés et une été décrite.
Autres indications
et perspectives d’avenir Complications
La stimulation médullaire a été utilisée dans le traite- Si la stimulation électrique médullaire n’a pas
ment des douleurs chroniques associées aux névral- d’effet secondaire majeur, elle n’est pas dénuée
gies postherpétiques, aux neuropathies diabétiques, de complications. Souvent d’ordre technique,
aux douleurs fantôme, aux lésions médullaires, aux les plus fréquentes concernent l’électrode, avec
2. Deer TR, Grigsby E, Weiner RL, Wilcosky B, Kramer 15. De Ridder D, Plazier M, Kamerling N, Menovsky T,
JM. A prospective study of dorsal root ganglion Vanneste S. Burst spinal cord stimulation for limb and
stimulation for the relief of chronic pain. Neuromo- back pain. World Neurosurg 2013 Nov;80(5):642–9.
dulation 2013 Jan;16(1):67–71. discussion: 71-2. 16. Schu S, Slotty PJ, Bara G, von Knop M, Edgar D,
3. Liem L, Russo M, Huygen FJPM, Van Buyten J-P, Vesper J. A prospective, randomised, double-blind,
Smet I, Verrills P, et al. One-year outcomes of spinal placebo-controlled study to examine the effectiveness
cord stimulation of the dorsal root ganglion in the of burst spinal cord stimulation patterns for the
treatment of chronic neuropathic pain. Neuromodu- treatment of failed back surgery syndrome. Neuro-
lation 2015 Jan;18(1):41–8. discussion: 48-49. modulation. 2014 Jul;17(5):443–50.
4. Liem L. Stimulation of the Dorsal Root Ganglion. 17. Kapural L, Yu C, Doust MW, Gliner BE, Vallejo
Prog Neurol Surg. S. Karger AG 2015;29:213–24. R, Sitzman BT, Amirdelfan K, et al. Novel 10-kHz
5. Kumar K, Taylor RS, Jacques L, et al. Spinal cord High-frequency Therapy (HF10 Therapy) Is Super-
stimulation versus conventional medical manage- ior to Traditional Low-frequency Spinal Cord Sti-
ment for neuropathic pain: a multicentre randomized mulation for the Treatment of Chronic Back and
controlled trial in patients with failed back surgery Leg Pain: The SENZA-RCT Randomized Control-
syndrome. Pain 2007;132:179–88. led Trial. Anesthesiology 2015 Oct;123(4):851–
6. Kumar K, et al. The effects of spinal cord stimula- 60.
tion in neuropathic pain are sustained: a 24-month 18. Kemler MA, Barendse GA, van Kleef M, et al. Spinal
follow-up of the prospective randomized controlled cord stimulation in patients with chronic reflex sym-
multicenter trial of the effectiveness of spinal cord pathetic dystrophy. N Engl J Med 2000;343:618–24.
stimulation. Neurosurgery 2008;63:762–70. 19. Kemler MA, De Vet HC, Berendse GA, et al. The
7. North RB, Kidd DH, Farrokhi F, et al. Spinal cord effect of spinal cord stimulation in patients with
stimulation versus repeated lumbosacral spine sur- reflex sympathetic dystrophy: two years’ follow-up
gery for chronic pain: a randomized controlled trial. of the randomized controlled trial. Ann Neurol
Neurosurgery 2005;56:98–107. 2004;55:13–8.
8. Kumar K, Hunter G, Demeria DD. Treatment 20. Kemler MA, De Vet HC, Berendse GA, et al. Effect
of chronic pain by using intrathecal drug therapy of spinal cord stimulation for chronic complex regio-
compared with conventional pain therapies: a cost- nal pain syndrome Type I: five-year final follow-up
effectiveness analysis. Journal of Neurosurgery of the randomized controlled trial. J Neurosurg
2002;97:803–10. 2008;108:292–8.
9. Kumar K, Malik S, Demeria D. Treatment of chronic 21. Taylor RS, Van Buyten JP, Buchser E. Spinal cord
pain with spinal cord stimulation versus alternative stimulation for complex regional pain syndrome: a
therapies: cost-effectiveness analysis. Neurosurgery systematic review of the clinical and cost effectiveness
2002;51:106–15. discussion : 115-106. literature and assessment of prognostic factors. Eur J
10. Taylor RS, Van Buyten JP, Buchser E. Spinal cord Pain 2006;10:91–101.
stimulation for complex regional pain syndrome: a 22. Kriek N, Groeneweg G, Huygen FJ. Burst Spinal
systematic review of the clinical and cost-effectiveness Cord Stimulation in a Patient with Complex Regio-
literature and assessment of prognostic factors. Eur J nal Pain Syndrome: A 2-year Follow-Up. Pain Pract.
Pain 2006;10:91–101. 2015 Jul;15(6):E59–64. doi: 10.1111/papr.12295.
11. Taylor RS, et al. The cost effectiveness of spinal Epub 2015 Apr 10.
cord stimulation in the treatment of pain: a sys- 23. Russo M, Van Buyten JP. 10-kHz High-Frequency
tematic review of the literature. J Pain Symptom SCS Therapy : A Clinical Summary. Pain Medicine
Manage 2004;27:370–8. doi:10. 1016/j.jpainsym- 2014;16:934–42.
man.2003.09.009. 24. Kupers RC, Van den Oever R, Van Houndenhove B,
12. Taylor RJ, Taylor RS. Spinal cord stimulation for et al. Spinal cord stimulation in Belgium: a nationwide
failed back surgery syndrome: a decision-analytic survey on the incidence, indications and therapeutic
model and cost-effectiveness analysis. Int J Technol efficacy by the health insurer. Pain 1994;56:211–6.
Assess Health Care 2005;21:351–8. 25. Jivegard LE, Augustinsson LE, Holm J, et al. Effects
13. Taylor RS, et al. The cost-effectiveness of spinal cord of spinal cord stimulation (SCS) in patients with
stimulation in the treatment of failed back surgery inoperable severe lower limb ischemia: a prospective
syndrome. Clin J Pain 2010;26:463–9. randomized controlled study. Eur J Vasc Endovasc
14. Cruccu G, et al. EFNS guidelines on neurostimu- Surg 1995;9:421–5.
lation therapy for neuropathic pain. Eur J Neurol 26. Amann W, Berg P, Gersbach P, Gamain J, Raphael
2007;14:952–70. JH, Ubbink DT. Spinal cord stimulation in the
treatment of non-reconstructable stable critical leg mia during daily life in patients with severe coronary
ischaemia: results of the European Peripheral Vas- artery disease: a prospective ambulatory electrocar-
cular Disease Outcome Study (SCS-EPOS). Eur J diographic study. Br Heart J 1994;71:413–8.
Vasc Endovasc Surg. 2003 Sep;26(3):280–6. 32. Mannheimer C, Augustinsson LE, Carlsson CA.
27. Ubbink DT, Spincemaille GH, Prins MH, Reneman Epidural spinal electrical stimulation in severe angina
RS, Jacobs MJ. Microcirculatory investigations to pectoris. Br Heart J 1988;59:56–61.
determine the effect of spinal cord stimulation for cri- 33. Mannheimer C, Eliasson T, Augustinsson LE, et al.
tical leg ischemia: the Dutch multicenter randomized Electrical stimulation versus coronary artery bypass
controlled trial. J Vasc Surg 1999;30:370–1. surgery in severe angina pectoris: the ESBY study.
28. Ubbink DT, Vermeulen H. Spinal cord stimulation Circulation 1998;97:1157–63.
for the non-reconstructable chronic critical leg ische- 34. Andersen C, Hole P, Oxhoj H, Will SCS. treatment
mia [update of Cochrane Database Syst Rev 2003 ; for angina pectoris conceal myocardial infarction? Br
CD004001]. Cochrane Database Syst Rev 2005. Heart J 1994;71:419–21.
CD004001. 35. Flacco ME, et al. Head-to-head randomized trials are
29. Raso L, Deer T. Spinal Cord Stimulation in the mostly industry sponsored and almost always favor
Treatment of Acute and Chronic Vasculitis: Clinical the industry sponsor. J Clin Epidemiol 2015;68:811–
Discussion and Synopsis of the Literature. Neuromo- 20. doi: 10.1016/j.jclinepi.2014.12.016.
dulation 2011;14:225–8. 36. Turner JA, Loeser JD, Deyo RA, et al. Spinal cord
30. Augustinsson LE. Spinal cord electrical stimulation stimulation for patients with failed back surgery
in severe angina pectoris: surgical technique, intra syndrome or complex regional pain syndrome: a
operative physiology, complications, and side effects. systematic review of effectiveness and complications.
Pacing Clin Electrophysiol 1989;12(4 part 2):693–4. Pain 2004;108(1–2):137–47.
31. De Jongste MJ, Haaksma J, Hautvast RW, et al.
Effectsof spinal cord stimulation on myocardial ische-
Chapitre 29
La radiofréquence pulsée
Christophe Perruchoud, Éric Buchser
Bien que la compagnie Cosman Medical ait silence (480 ms) nécessaires à l’élimination de
construit le premier générateur de radiofré- chaleur. L’effet de la RF pulsée est incertain et a
quence (RF) dans les années 1950, la technique été attribué à l’effet thermique, au champ élec-
ne fut appliquée au traitement des douleurs trique à haut voltage ou à l’effet combiné des
chroniques qu’en 1974. Durant les premières deux phénomènes.
années, les contraintes techniques limitaient Le débat concernant l’effet minimalement
l’application de la RF aux branches médiales des lésionnel de la RF pulsée se poursuit. La notion
rameaux dorsaux chez des patients présentant selon laquelle le champ électrique généré pourrait
un syndrome facettaire. Le développement, dans influencer la membrane neuronale est soutenue
les années 1980, des canules de radiofréquence par plusieurs études neurophysiologiques mon-
de petit calibre (22 G) a permis de traiter trant des modifications de la transmission synap-
des régions anatomiques plus précises et de tique induites par électroporation (déstabilisation
mieux contrôler la taille des lésions [1]. La tech- membranaire). Pendant la RF pulsée, la produc-
nique rencontrait encore un important obstacle, tion de chaleur dépend de la résistance tissulaire,
notamment la lésion accidentelle de nerfs mixtes du temps d’exposition et de l’ampérage délivré.
et le risque d’engendrer des déficits moteurs ou Les équipements disponibles sur le marché déli-
de nouvelles douleurs par désafférentation. C’est vrent des signaux d’une durée comprise entre 5
dans ce contexte que fut conçue la RF pulsée et 50 ms et d’une fréquence entre 1 à 10 Hz. La
où la température de l’extrémité de l’aiguille séquence la plus communément utilisée est à une
ne dépasse pas 45 °C, prévenant ainsi les effets fréquence de 2 Hz et d’une durée d’impulsion
lésionnels. La radiofréquence pulsée a été utilisée de 20 ms. L’oscillation intrinsèque du signal à
pour la première fois en 1998 au niveau d’un l’intérieur de chaque impulsion est d’environ
ganglion spinal lombaire [2]. Depuis lors, la 420 kHz (figure 29.1).
technique a été appliquée avec succès dans de
nombreux syndromes douloureux chroniques,
dont les douleurs radiculaires cervicales ou lom-
baires, les névralgies du trijumeau, les syndromes
facettaires, les douleurs sacro-iliaques, les dou-
leurs postopératoires chroniques et les douleurs
myofasciales.
Pour une intensité de courant donnée iden- RF continue [10]. La seconde étude, méthodo-
tique, l’augmentation moyenne de température logiquement moins robuste, ne montre aucune
générée par la RF pulsée est largement inférieure à différence en termes de scores de douleurs ou
celle de la RF classique. Pour cette raison, on peut de fonction (OWS - Oswestry Low Back Pain and
utiliser des voltages plus élevés en mode pulsé, Disability Score) entre la radiofréquence continue
sans dépasser le seuil de température de 45 °C qui et pulsée [11].
dénature les tissus. Néanmoins, des expériences
in vitro ont mis en évidence des pics de chaleurs
à l’extrémité de l’électrode de 45 à 50 °C en Douleurs radiculaires
fonction de l’impédance tissulaire. L’ampleur de
Une étude randomisée non contrôlée publiée
ces pics est considérablement réduite lorsque la
en 2008, incluant des patients atteints de dou-
longueur d’impulsion est abaissée de 20 à 10 ms.
leurs radiculaires lombosacrées, a comparé un
L’effet potentiellement lésionnel de ces pics de
traitement de RF pulsée seule avec un traitement
chaleur reste encore à clarifier. Chez l’animal,
de RF pulsée suivi de RF continue à la tempéra-
l’étude histologique des ganglions spinaux de
ture la plus élevée supportée par le patient [12].
rats [3] ou de lapins [4] traités par RF pulsée
Aucune différence n’a été observée entre les deux
n’a mis en évidence qu’un œdème transitoire
groupes en termes de diminution des scores de
de l’endonèvre. Des études en microscopie élec-
douleurs. Aucune complication (bloc moteur ou
tronique ont identifié des modifications struc-
trouble sensitif) n’a été décrite non plus. Une
turelles au niveau des membranes cellulaires et
récidive partielle des douleurs était rapportée par
des mitochondries, ainsi qu’une désorganisation
les patients des deux groupes, 2 et 4 mois après
des microtubules et des microfilaments [5]. Du
la procédure. À 8 mois, la majorité des patients
point de vue préclinique, la RF pulsée a des
présentait des douleurs identiques à celles qui
effets bénéfiques sur l’allodynie mécanique et
précédaient le traitement.
thermique dans plusieurs modèles animaux de
Selon une étude randomisée contrôlée concer-
douleurs neuropathiques [6,7].
nant des douleurs radiculaires cervicales, l’évolu-
tion à 3 mois des patients traités par RF pulsée
était meilleure que celle du groupe placebo en
Indications termes d’amélioration globale (> 50 %) ou de
score de douleurs (diminution de 20 points/100
Syndrome facettaire sur l’échelle visuelle analogique) [13]. L’évolu-
tion à moyen et long termes montre que le NNT
L’efficacité de la RF pulsée a été évaluée dans de
pour la radiofréquence pulsée est respectivement
nombreux travaux cliniques, de qualité variable.
de 1,1 à 3 mois et 1,6 à 6 mois.
À titre d’exemple, deux études rétrospectives
ont été effectuées chez des patients avec syn-
drome facettaire soulagé par un bloc aux anes- Douleurs faciales et céphalées
thésiques locaux. Un traitement de RF à 42 °C
pendant 120 secondes sur les branches médiales a Une étude randomisée contrôlée a comparé l’effi-
apporté 50 % d’amélioration à 4 mois chez 59 % cacité de la RF continue à celle de la RF pulsée
(68/114) [8] et 75 % (21/28) [9] des patients. appliquée au ganglion de Gasser chez des patients
Deux études randomisées ont comparé la radio- souffrant de névralgie essentielle du trijumeau.
fréquence pulsée à la radiofréquence continue. Trois mois après le traitement, seuls deux des
Dans la première, les deux traitements (RF pulsée 20 patients du groupe RF pulsée contre 20 des
à 42 °C pendant 120 secondes ou RF continue 20 patients du groupe RF continue ont rapporté
à 80 °C pendant 90 secondes) sont également une analgésie significative [14]. Dans une autre
efficaces 6 mois plus tard, mais l’amélioration ne travail, trois des cinq patients traités par RF
persiste à 1 année que chez les patients traités par pulsée (42 °C pendant 120 secondes) ont eu
une analgésie complète à moyen terme (10 à périphérique paraissent constituer l’indication la
20 mois), un patient une analgésie quasi complète plus prometteuse à l’application de RF pulsée.
(90 %) à 22 mois, et un patient une analgésie L’application de RF pulsée au niveau des nerfs
partielle (75 %) à 1 mois [15]. Ce dernier a ilio-inguinal et génitofémoral, ou des racines corres-
rapidement bénéficié d’une microdécompression pondantes (D12, L1 et L2), a été évaluée chez des
vasculaire (opération de Janetta). patients présentant des douleurs inguinales chro-
Dans la névralgie occipitale, les traitements par niques après cure de hernie inguinale. Les résultats
RF pulsée au niveau des branches médiales des ont montré une amélioration durable des douleurs
rameaux dorsaux de C1 et C2 ont une efficacité pendant plusieurs mois après la procédure [21,22].
partielle à moyen terme [16]. La RF pulsée a également été appliquée au
niveau des racines nerveuses lors de thoracodynies
post-chirurgicales. Une étude rétrospective de
Douleurs inguinales 46 patients a conclu à la supériorité (> 50 % de
diminution de la douleur à 12 semaines) de la tech-
La RF pulsée (42 °C pendant 120 secondes) nique par rapport au traitement médicamenteux
appliquée aux nerfs ilio-inguinal et génitofémoral (p = 0,06) ou à la RF pulsée appliquée directe-
lors de douleurs inguinales ou scrotales a entraîné ment sur les nerfs intercostaux (p = 0,01) [23].
la disparition complète des douleurs à 6 mois dans
de petites séries de patients [17].
Technique,
contre-indications
Scapulalgies chroniques et complications
Une étude a comparé l’injection intra-articulaire La technique et le matériel sont identiques à ceux
de corticoïdes à la RF pulsée du nerf supras- utilisés avec la radiofréquence continue. Seuls les
capulaire [18]. Les deux procédures améliorent paramètres du traitement diffèrent. Les contre-
diminuent les douleurs, augmentent, l’amplitude indications et les complications sont les mêmes
des mouvements et la qualité de vie de manière que celles mentionnées pour les autres procédures
significative 3 mois après le traitement. L’injection d’antalgie interventionnelles. Toutefois, contrai-
intra-articulaire de corticoïdes est toutefois supé- rement à la RF continue, la RF pulsée n’entraîne
rieure à la RF pulsée pour ce qui est du contrôle pas de déficit moteur, de réactions de type névrite
des douleurs et de l’amélioration de l’amplitude ou de douleurs de désafférentation.
des mouvements. Les bénéfices de la RF pulsée
sont rapportés dans des séries observationnelles
jusqu’à 6 mois après la procédure [19]. Surveillance après
Shah et Racz ont décrit un traitement répété la procédure
de RF pulsée du nerf suprascapulaire (trois cycles
à 42 °C pendant 120 secondes) pour des douleurs Lorsque le traitement est réalisé sans sédation ni
sur capsulite rétractile. Chaque séance de RF pul- complication immédiate (malaise, exacerbation
sée a entraîné une analgésie significative et une des douleurs, etc.), aucune surveillance particu-
amélioration de la fonction de l’épaule pendant 4 lière n’est requise.
à 5 mois [20].
Références
3. Podhajsky RJ, Sekiguchi Y, Kikuchi S, et al. The 13. Van Zundert J, Patijn J, Kessels A, Lame I, van Suijle-
histologic effects of pulsed and continuous radio- kom H, van Kleef M. Pulsed radiofrequency adjacent
frequency lesions at 42 degrees C to rat dorsal root to the cervical dorsal root ganglion in chronic cervical
ganglion and sciatic nerve. Spine 2005;30:1008–13. radicular pain: a double blind sham controlled rando-
4. Erdine S, Yucel A, Cimen A, et al. Effects of pul- mized clinical trial. Pain 2007;127(1–2):173–82.
sed versus conventional radiofrequency current on 14. Erdine S, Ozyalcin NS, Cimen A, Celik M, Talu
rabbit dorsal root ganglion morphology. Eur J Pain GK, Disci R. Comparison of pulsed radiofrequency
2005;9:251–6. with conventional radiofrequency in the treatment
5. Erdine S, Bilir A, Cosman ER, Cosman ER Jr. of idiopathic trigeminal neuralgia. Eur J Pain
Ultrastructural changes in axons following expo- 2007;11(3):309–13.
sure to pulsed radiofrequency fields. Pain Pract 15. Van Zundert J, Brabant S, van de Kelft E, et al. Pul-
2009;9(6):407–17. sed radiofrequency treatment of the Gasserian gan-
6. Aksu R, Ugur F, Bicer C, Menku A, Guler G, Made- glion in patients with idiopathic trigeminal neuralgia.
noglu H, Canpolat DG, Boyaci A. The efficiency Pain 2003;104:449–52.
of pulsed radiofrequency application on L5 and l6 16. Navani A, Mahajan G, Kreis P, et al. A case of pulsed
dorsal roots in rabbits developing neuropathic pain. radiofrequency lesioning for occipital neuralgia. Pain
Reg Anesth Pain Med 2010;35(1):11–5. Med 2006;7:453–6.
7. Tun K, Cemil B, Gurcay AG, Kaptanoglu E, Sargon 17. Cohen SP, Foster A. Pulsed radiofrequency as a
MF, Tekdemir I, Comert A, Kanpolat Y. Ultras- treatment for groin pain and orchialgia. Urology
tructural evaluation of Pulsed Radiofrequency and 2003;61:645.
Conventional Radiofrequency lesions in rat sciatic 18. Eyigor C, Eyigor S, Korkmaz OK, Uyar M.
nerve. Surg Neurol 2009;72(5):496–500. Intra-articular corticosteroid injections versus
8. Mikeladze G, Espinal R, Finnegan R, et al. Pulsed pulsed radiofrequency in painful shoulder: a pros-
radiofrequency application in treatment of chronic pective, randomized, single-blinded study. Clin J Pain
zygapophyseal joint pain. Spine J 2003;3:360–2. 2010;26(5):386–92.
9. Lindner R, Sluijter ME, Schleinzer W. Pulsed radio- 19. Liliang PC, Lu K, Liang CL, Tsai YD, Hsieh CH,
frequency treatment of the lumbar medial branch Chen HJ. Pulsed radiofrequency lesioning of the
for facet pain: a retrospective analysis. Pain Med suprascapular nerve for chronic shoulder pain: a
2006;7:435–9. preliminary report. Pain Med 2009;10(1):70–5.
10. Tekin I, Mirzai H, Ok G, et al. A comparison of 20. Shah RV, Racz GB. Pulsed mode radiofrequency lesio-
conventional and pulsed radiofrequency denervation ning of the suprascapular nerve for the treatment of
in the treatment of chronic facet joint pain. Clin J chronic shoulder pain. Pain Physician 2003;6:503–6.
Pain 2007;23:524–9. 21. Martin DC. Pulsed radiofrequency application
11. Kroll HR, Kim D, Danic MJ, Sankey SS, Gariwala M, for inguinal herniorraphy pain. Pain Physician
Brown M. A randomized, double-blind, prospective 2006;9:271.
study comparing the efficacy of continuous versus 22. Rozen D, Ahn J. Pulsed radiofrequency for the treat-
pulsed radiofrequency in the treatment of lumbar ment of ilioinguinal neuralgia after inguinal hernior-
facet syndrome. J Clin Anesth 2008;20(7):534–7. rhaphy. Mt Sinai J Med 2006;73:716–8.
12. Simopoulos TT, Kraemer J, Nagda JV, Aner M, 23. Cohen SP, Sireci A, Wu CL, et al. Pulsed radio-
Bajwa ZH. Response to pulsed and continuous radio- frequency of the dorsal root ganglia is superior to
frequency lesioning of the dorsal root ganglion and pharmacotherapy or pulsed radiofrequency of the
segmental nerves in patients with chronic lumbar intercostal nerves in the treatment of chronic postsur-
radicular pain. Pain Physician 11(2):137-144. gical thoracic pain. Pain Physician 2006;9:227–35.
Chapitre 30
La stimulation magnétique
transcrânienne répétitive
Christophe Perruchoud, Éric Buchser
ont aussi mis en évidence l’activation des sys- • les douleurs neuropathiques périphériques
tèmes opioïdes via la rTMS, qui pourraient focales ;
expliquer certains effets antalgiques diffus [2,3]. • les douleurs neuropathiques d’origine centrale ;
De même, la stimulation transcrânienne à cou- • la fibromyalgie, ou syndrome douloureux chro-
rant direct [transcranial Direct Curent Stimula- nique diffus ;
tion (tDCS)] du cortex préfrontal dorsolatéral a • la dépression pharmacorésistante ;
un effet antalgique qui n’est probablement pas • l’acouphène ;
dû à l’action locale au site de stimulation, mais • la schizophrénie, principalement en cas d’hallu-
à une diminution de l’activité neuronale dans les cinations auditives.
deux thalamus [4].
Technique
Indications Lorsqu’une stimulation magnétique transcrâ-
nienne est appliquée à une intensité suffisante
La plupart des études qui étudient l’efficacité en regard du cortex moteur primaire (M1), un
analgésique de la rTMS se concentrent sur des potentiel évoqué moteur est mesurable au niveau
syndromes douloureux chroniques réfractaires des muscles de l’hémicorps controlatéral. La
aux traitements conventionnels : la fibromyalgie contraction observée représente environ 10 % de
et les douleurs neuropathiques périphériques (dia- la contraction maximale du muscle ciblé. Les
bétiques, post-traumatiques, postherpétiques) ou bobines circulaires provoquent une stimulation
centrales (accidents vasculaires cérébraux, lésions diffuse, permettant de couvrir le cortex moteur
de la moelle épinière). Une revue systématique primaire, raison pour laquelle elles sont générale-
incluant 30 études randomisées contrôlées qui ment utilisées pour les explorations fonctionnelles
évaluent l’efficacité antalgique de la rTMS a neurologiques. Les bobines en forme de 8 ou
conclu à un effet bénéfique à court terme de hélicoïdales exercent une stimulation plus focale,
la rTMS à haute fréquence appliquée au cortex limitée à quelques centimètres carrés. Des bobines
moteur primaire (M1). À l’opposé, la rTMS à double cône ou H-coils ont été développées, dans
basse fréquence semble inefficace [5]. La répé- le but de stimuler le tissu cérébral en profondeur
tition des séances à une fréquence décroissante (deep rTMS). En pratique clinique, la stimulation
pourrait améliorer l’intensité et la durée de du cortex moteur primaire, se réalise au moyen
l’effet antalgique. Les récentes recommandations de bobines hélicoïdales. Au niveau du cortex
d’experts parlent en faveur de l’utilisation de moteur primaire, la zone cible est repérée grâce à
la rTMS à des fins antalgiques. La recomman- la génération d’un potentiel évoqué moteur situé
dation est d’utiliser une stimulation à haute généralement au niveau de la main (« hotspot »
fréquence appliquée au cortex moteur primaire moteur). Aucun repérage électrophysiologique
controlatéral à la zone douloureuse (évidence de n’étant possible pour ce qui concerne les zones
grade A). Un effet antidépresseur a également corticales autres que M1, elles sont localisées en
été rapporté pour la rTMS à haute fréquence du mesurant la distance par rapport à M1. Le cortex
cortex préfrontal dorsolatéral gauche (évidence préfrontal est généralement situé 5 à 7 cm en
de grade A) [6]. avant du hotspot moteur, sur une ligne parallèle
De plus, il existe un intérêt pronostique de au sillon interhémisphérique. Cette technique
la rTMS à haute fréquence de M1 puisqu’elle comporte toutefois des imprécisions et n’est pas
semble pouvoir prédire l’effet antalgique à long reproductible de manière fiable d’une séance à
terme de la stimulation du cortex moteur par des l’autre. Pour améliorer la localisation correcte du
électrodes épidurales corticales implantées [7]. site de stimulation, des systèmes de neuronavi-
Les indications thérapeutiques actuelles les plus gation ont été développés. La neuronavigation
répandues de la rTMS incluent : permet de superposer, en temps réel, les images
radiologiques du patient (IRM) avec le site de chroniques, notamment lorsque les traitements
stimulation dépendant de la position de la bobine. conventionnels et pharmacologiques ont échoué
Lors de la rTMS du cortex moteur primaire, ou sont mal tolérés. Toutefois, les zones corti-
l’amplitude de stimulation se situe généralement cales cibles ainsi que les paramètres optimaux de
entre 80 et 90 % du seuil moteur. Dans ces condi- stimulation doivent être davantage précisés. Par
tions, les stimulations sont indolores et ne génè- ailleurs, des travaux complémentaires sont néces-
rent aucune contraction musculaire. La rTMS du saires, pour préciser la place de cette modalité et
cortex préfrontal dorsolatéral est appliquée le plus améliorer et documenter son efficacité.
souvent à des amplitudes supérieures, entre 100
et 120 % du seuil moteur. Références
Les protocoles de stimulations incluent habi- 1. Barker AT, Jalinous R, Freeston IL. Non-invasive
tuellement des séances d’induction et de mainte- magnetic stimulation of human motor cortex. Lancet
nance. Les séances d’induction sont quotidiennes 1985;1:1106–7.
pendant 5 à 10 jours. Les séances de maintenance 2. De Andrade DC, Mhalla A, Adam F, Texeira MJ,
suivent un rythme dégressif, d’abord hebdoma- Bouhassira D. Neuropharmacological basis of rTMS-
induced analgesia: the role of endogenous opioids.
daire, bimensuel puis mensuel. Un protocole
Pain 2011;152:320–6.
complet inclut un total de 15 à 20 séances. 3. Maarrawi J, Peyron R, Mertens P, Costes N, Magnin
L’amplitude de stimulation est proportionnelle M, Sindou M, et al. Brain opioid receptor density
au seuil moteur de chaque patient et les para- predicts motor cortex stimulation efficacy for chronic
mètres de stimulation (nombre de chocs, nom- pain. Pain 2013;154:2563–8.
bre de trains, durée inter-trains) sont propres à 4. Stagg CJ, Lin RL, Mezue M, Segerdahl A, Kong
Y, Xie J, et al. Widespread modulation of cere-
chaque site de stimulation. bral perfusion induced during and after trans-
cranial direct current stimulation applied to the
left dorsolateral prefrontal cortex. J. Neuroscience
Contre-indications 2013;33:11425–31.
et complications 5. O’Connell NE, Wand BM, Marston L, Spencer S,
Desouza LH. Non-invasive brain stimulation tech-
niques for chronic pain. Cochrane Database Syst Rev.
La seule contre-indication absolue à la rTMS est 2014 Apr 11;(4):CD008208.
la présence de matériel ferromagnétique (clip 6. Lefaucheur JP, André-Obadia N, Antal A, Ayache
cérébral, corps étranger métallique intracérébral SS, Baeken C, Benninger DH, et al. Evidence-
ou intraoculaire) ou de dispositifs implantés de based guidelines on the therapeutic use of repeti-
tive transcranial magnetic stimulation (rTMS). Clin
neurostimulation (implant cochléaire, implants
Neurophysiol. 2014 Nov;125(11):2150–206.
de stimulation corticale motrice ou cérébrale pro- 7. Lefaucheur J-P, Ménard-Lefaucheur I, Goujon C,
fonde). Les pacemakers cardiaques et les stimula- Keravel Y, Nguyen J-P. Predictive value of rTMS in
teurs médullaires sont acceptables si l’on tient la the identification of responders to epidural motor
bobine éloignée des boîtiers de stimulation [8]. cortex stimulation therapy for pain. J. Pain Off. J.
Lorsque les précautions d’utilisation sont res- Am. Pain Soc. 2011;12:1102–11.
8. Lefaucheur J-P, André-Obadia N, Poulet E, Devanne
pectées, le risque de convulsion est estimé à moins H, Haffen E, Londero A, et al. French guidelines
de 0,5 %. Toutefois, des antécédents d’épilepsie on the use of repetitive transcranial magnetic stimu-
et de stimulation à haute fréquence, sont des lation (rTMS): safety and therapeutic indications.
facteurs défavorables. Neurophysiol. Clin. 2011;41:221–95.
Conclusion
La rTMS est une technique de neuromodulation
non invasive, sûre, bien tolérée et efficace pour
la prise en charge à court terme des douleurs
Chapitre 31
L’administration continue
de médicaments
par voie intrathécale
Christophe Perruchoud, Éric Buchser
C’est par un effet direct au niveau de leur site implantable (dispositif similaire aux Port-a-
d’action que les médicaments administrés par voie Cath). Les systèmes externes, moins onéreux et
intrathécale confèrent une antalgie supérieure et moins invasifs, sont généralement réservés aux
entraînent moins d’effets secondaires. Les effets tests pré-implantatoires de longue durée ou aux
d’1 mg de morphine injectée dans l’espace intra- patients cancéreux dont l’espérance de vie est
thécal équivalent à ceux de 10 mg administrés par inférieure à 3 mois.
voie épidurale ou de 300 mg absorbés per os. Les pompes implantables à débit constant ne
En 1898, August Bier procède à la pre- contiennent pas de batterie et ont, en théorie, une
mière injection intrathécale de cocaïne chez durée de vie illimitée. Elles contiennent un gaz
l’homme [1]. Peu après, Rudolph Matas ajoute sous pression (souvent du fréon), qui propulse
de la morphine à la cocaïne afin d’en diminuer les le médicament au travers d’une valve à débit
effets secondaires [2]. La rachianesthésie devient constant. Elles sont adaptées aux patients présen-
une technique courante dès les années 1940. La tant des douleurs chroniques d’intensité égale,
découverte des récepteurs spinaux aux opiacés sans accès paroxystique. En effet, le système ne
en 1973 [3] est à l’origine de l’utilisation de permet pas d’injecter des bolus ni de modifier les
pompes implantables pour l’administration de dosages sans changer la concentration du mélange,
médicaments par voie intrathécale en continu. ce qui nécessite des ponctions fréquentes dans le
La première implantation chez l’homme date réservoir et augmente les risques d’infections. Les
de 1981 [2]. pompes à débit constant coûtent moins cher que
Les premiers modèles permettent uniquement les pompes programmables. Les pompes Codman
d’administrer un débit fixe ; les doses ne peuvent 3 000® (Codman and Shurtleff, Massachusetts,
être adaptées qu’en modifiant la concentration du États-Unis), Medstream® (Codman and Shur-
mélange contenu dans le réservoir. La première tleff, Massachusetts, États-Unis) ou Isomed®
pompe programmable est introduite sur le mar- (Medtronic Inc, Minneapolis, États-Unis) sont
ché en 1991 [4]. Le modèle Patient Controlled des systèmes à débit constant (tableau 31.1). Les
Analgesia est disponible depuis 2004. pompes implantables à débit programmable, de
Actuellement, il existe deux types de pompes : type Synchromed II® (Medtronic Inc, Minnesota,
• les pompes implantables, à débit constant ou États-Unis) ou Prometra® (Flowonix Inc, New
programmable ; Jersey, États-Unis) permettent l’administration
• les pompes externes connectées directement d’un débit continu, variable ou par bolus. La
à un cathéter intrathécal, ou à une chambre programmation nécessite l’aide d’un dispositif
Réservoir 20 et 40 ml 20 ml 20 et 40 ml 20 ml
Compatibilité IRM 3T 1,5 T 3T 3T
Disponibilité Europe, États-Unis Europe, États-Unis Allemagne, Autriche, Italie En attente de la
certification FDA
externe. À l’heure actuelle, la majorité des pompes de la pompe (par exemple : fusion spinale, sco-
à débit constant ont été retirées du marché au liose, poche de colostomie, néphrostomie ou
profit des modèles programmables. cathéter vésical sus-pubien).
Douleurs cancéreuses
Indications
Au cours des 20 dernières années, l’adminis-
Les candidats à l’implantation d’une pompe intra- tration de médicaments par voie intrathécale a
thécale sont des patients souffrant d’effets secon- été admise comme alternative acceptable au trai-
daires importants lors d’un traitement aux opiacés tement médical conventionnel chez les patients
par voie orale, transdermique ou intraveineuse, souffrant de douleurs cancéreuses réfractaires. Les
ainsi que les patients pour lesquels de hautes doses diverses combinaisons médicamenteuses permet-
de morphiniques n’apportent pas de soulagement tent un traitement personnalisé et significative-
suffisant. D’autres facteurs doivent être pris en ment moins d’effets secondaires qu’un traitement
considération : échec d’un traitement conserva- aux opiacés per os. La voie intrathécale per-
teur, absence d’indication à un traitement chirur- met également d’administrer des anesthésiques
gical curateur, compliance thérapeutique, facteurs locaux, très efficaces en présence de douleurs
psychologiques, considérations anatomiques et cancéreuses au niveau abdominal ou thoracique.
techniques pouvant interférer avec l’implantation Plusieurs études prospectives et/ou randomisées
médicaments à l’aide d’une aiguille de rachia- de médicaments. Outre les ponctions répétées,
nesthésie. Les effets sont évalués au cours des cette technique présente l’inconvénient de ne
heures suivant l’injection. Le test, peu onéreux, pouvoir être réalisée qu’en position lombaire
est facile à réaliser en ambulatoire. Il peut être basse (en dessous de L2), ce qui rend difficile
répété au besoin à quelques jours d’intervalle, l’évaluation des syndromes douloureux de la
avec des doses ou des combinaisons différentes partie supérieure du corps.
Remplissage
Les intervalles de remplissage varient entre 1 et
6 mois. Ils dépendent essentiellement du débit
de la pompe, du nombre de bolus effectués
par le patient et de la stabilité des médicaments
en solution. Le fabricant fournit une trousse
contenant des aiguilles de ponction ainsi qu’un
Figure 31.1. Pompe externe CADD-micro® utilisée pour gabarit facilitant l’identification du port d’accès
un test intrathécal avec cathéter externe.
au réservoir. Le remplissage doit être réalisé dans
les conditions d’asepsie les plus strictes. L’aiguille
Une autre méthode consiste à insérer un cathé- introduite dans le réservoir au travers de la cloison
ter externe dans l’espace intrathécal pour adminis- de silicone permet d’aspirer le contenu résiduel
trer des bolus répétés ou une perfusion continue. du réservoir. La comparaison du volume résiduel
Les pompes externes ne permettent toutefois réel avec le volume prédit par la télémétrie permet
pas des débits aussi bas que ceux des pompes d’évaluer la précision de la pompe et d’identifier
implantées, à l’exception de la pompe CADD- d’éventuelles dysfonctions (excès ou déficit de
micro® dont le débit continu minimal est de perfusion). On injecte ensuite dans la pompe le
20 microlitres/h (figure 31.1). nouveau volume du médicament ou du mélange
Selon une publication récente, il n’existe pas de approprié au travers du filtre antibactérien. En cas
différence entre un test par bolus répétés ou un de difficulté, notamment chez les patients obèses,
test par perfusion pour prédire l’efficacité à long l’accès au réservoir peut être identifié par fluoro-
terme [14]. scopie ou ultrason (figure 31.3).
La technique du cathéter externe permet Afin d’éviter les problèmes de sevrage, l’alarme
d’effectuer des tests de longue durée et d’essayer de la pompe est réglée à un volume résiduel de 1
plusieurs médicaments, en différentes combi- ou 2 ml. La date du prochain remplissage doit
naisons et dosages. Relativement onéreuse, elle être communiquée au patient.
requiert l’hospitalisation du patient et présente
des risques infectieux non négligeables. Certains
auteurs recommandent d’éviter cette étape chez Complications
les patients présentant des douleurs réfractaires
d’origine cancéreuse. Les complications de l’administration intrathécale
sont liées à l’intervention chirurgicale, à la médi-
cation administrée, au remplissage et au matériel
Technique d’implantation implanté.
Les complications chirurgicales incluent les
L’implantation d’un système d’administration hémorragies, les infections, les séromes, les fuites
intrathécale (figure 31.2) comporte deux étapes persistantes de liquide céphalorachidien (LCR) et
distinctes. La première, généralement réalisée en les lésions neurologiques. Le respect des règles
anesthésie locale, consiste en la mise en place du d’asepsie et l’administration d’une antibiothé-
cathéter dans l’espace intrathécal. La seconde rapie prophylactique limitent considérablement
phase inclue la tunnélisation du cathéter et le nombre d’infections postopératoires. L’appa-
l’implantation de la pompe. Cette dernière peut rition d’une infection, surtout si elle concerne le
cathéter ou l’espace intrathécal, requiert souvent post-ponction due à une fuite persistante de LCR
l’ablation complète du matériel implanté. Dans les affecte environ 20 % des implantations de cathé-
séries publiées, l’incidence des infections super- ter intrathécal [15]. En présence de symptômes
ficielles se situe entre 2 et 5 %. Le risque plus sévères, un blood patch peut s’avérer nécessaire,
sérieux d’infections profondes (abcès épidural ou mais il existe un risque que l’aiguille de ponction
méningite) est inférieur à 0,5 %. La céphalée endommage le cathéter.
Figure 31.3. Repérage du réservoir sous fluoroscopie (a) et sous ultrason (b).
a. Fluoroscopie. Accès au réservoir (flèche bleue) ; port accessoire ou accès au cathéter (flèche rouge).
b. Ultrason. Septum de silicone et accès au réservoir (flèche bleue) ; surface de la pompe (flèches vertes) ; artéfacts de
réverbération (flèches orange).
Les complications pharmacologiques sont talité est de 0,088 % 3 jours après l’implantation,
inhérentes à la molécule administrée. Les compli- de 0,39 % à 1 mois et de 3,89 % à 1 an. Compa-
cations sérieuses incluent les réactions anaphy- rés à des patients traités par neurostimulation,
lactiques, la dépression ou l’arrêt respiratoire. les patients traités par voie intrathécale ont un
Les effets secondaires et les manifestations de risque supplémentaire de décès de 7,56 % à
sevrage sont résumés dans le tableau 31.4. Chez 3 jours, de 3,64 % à 1 mois et de 2,25 % à 1 an.
les patients traités par pompe intrathécale, la mor- Cette surmortalité s’explique probablement par
Tableau 31.4. Complications et symptômes de sevrage des principaux médicaments utilisés par voie intrathécale.
Médicament Effets secondaires Symptômes Prise en charge
et surdosage de sevrage du sevrage
Opiacés (morphine, - Nausées Dans les 3 jours : - Morphine 0,05 à 0,1 mg/kg IV toutes les
hydromorphone, - Vomissements - hyperalgésie 15 minutes jusqu’à disparition des symptômes,
fentanyl, sufentanyl) - Sédation - agitation, anxiété puis relais par morphine per os.
- Prurit - myalgies - L’administration de clonidine (0,2 à 0,5 mcg/
- Constipation - mydriase kg/min) ou de dexmédétomidine (0,7 à 1,4 µg/
- Rétention urinaire - frissons kg/h) réduit l’anxiété, l’agitation, la tachycardie,
- Troubles cognitifs - larmoiement l’hypertension, les myalgies et les crampes
- Céphalées - insomnie abdominales
- Dépression respiratoire - écoulement nasal
- Arrêt respiratoire - sudations
- Hyperalgésie - bâillement
- Troubles endocriniens - trouble de l’odorat
(diminution de la - crampes abdominales
libido, hypogonadisme, - diarrhées
aménorrhée, - nausées
impuissance) - vomissements
- Obésité - tachycardie
- granulome - hypertension
Figure 31.4. Contrôle d’un système intrathécal par injection de produit de contraste.
Opacification du cathéter (flèche bleue) ; myélogramme (flèche rouge).
Chapitre 32
La prise en charge chirurgicale
des pathologies rachidiennes
Benoît Marlier, Tanguy Vendeuvre, Charles Peltier, Alexandra Simard, Philippe Rigoard
Figure 32.1. Hernie discale L5-S1 gauche en coupe axiale et coupe sagittale.
discoradiculaire, elle répondra à une décompres- de plus en plus indépendante des efforts menés
sion chirurgicale. La « guérison » est possible. par le patient. Nous nous trouvons alors dans
une phase intermédiaire où il sera nécessaire
de reverser la situation avant qu’elle ne se
Caractérisation chronicise.
physiopathologique
de la douleur inflammatoire
Caractérisation
Lors d’un processus d’inflammation chronique, physiopathologique de la douleur
un phénomène d’hyperalgésie primaire survient chronique neuropathique
progressivement, impliquant, non seulement le
système nerveux périphérique, mais aussi le sys- Le stade ultime correspond à la phase 3 de la
tème nerveux central (phase 2 de la figure 31.4). figure 31.4 et implique des modifications irréver-
Il s’agit de modifications adaptatives restant sibles du système nerveux périphérique et central.
encore réversibles mais si le stimulus persiste, on Il traduit un processus de chronicisation de la
observera une perte progressive de cette plasticité douleur responsable d’une altération neuronale
adaptative neurale pour engendrer des modifica- pour laquelle tout traitement à visée étiologique,
tions plus définitives. La douleur inflammatoire qu’il soit pharmacologique ou non, sera voué à
peut encore être contrôlée par des antalgiques l’échec. Nous sommes alors en présence d’une
antinociceptifs ou des anti-inflammatoires [4] véritable lésion nerveuse, telle que B. Bennett
dans sa phase initiale. et Xie en 1990 définissent la douleur neuropa-
On peut illustrer ce propos en évoquant thique [9]. La composante mécanique sur le plan
l’exemple de la sacro-iliite, responsable de de l’interrogatoire et de l’examen sémiologique
lombalgies inflammatoires. Progressivement, sera absente et tout geste de décompression
la symptomatologie continuera à évoluer de infructueux. Les traitements antalgiques anti-
manière diurne mais aussi nocturne, devenant nociceptifs n’auront plus lieu d’être prescrits.
Le patient devra donc s’inscrire au niveau de non spécifiques, complètement dépendant des
son parcours de soins dans une démarche non compétences du praticien et de sa rigueur
plus à visée étiologique, mais à visée palliative d’analyse [13]. Si l’on admet que la lombalgie
ou symptomatologique. Il n’y aura plus de place correspond à une irradiation douloureuse sur
pour la chirurgie rachidienne dans ce contexte, des métamères compris entre la zone T11 et S3,
bien évidemment. et que toute douleur traduit une agression
du système nerveux, on peut supposer qu’à
l’origine de la lombalgie, correspond une agres-
Caractérisation sémiologique sion des branches postérieures responsables de
de la composante neuropathique l’innervation métamérique de cette région, et
donc des branches postérieures des racines T11
Une douleur neuropathique présente des caracté- à S3 [4].
ristiques sémiologiques comprenant [10,11] : De même, si l’on admet qu’une douleur neu-
• une indépendance vis-à-vis des efforts et des ropathique peut être secondaire à une lésion
sollicitations mécaniques ; nerveuse et que la radiculalgie peut être neu-
• un caractère nocturne ; ropathique, il est logique et légitime d’émettre
• des caractéristiques à type de brûlure, de sensa- l’hypothèse qu’une lombalgie puisse également
tion d’étau, de décharges électriques, avec des être neuropathique, au moins partiellement, si
pics paroxystiques ; l’on s’en réfère au processus de chronicisation de
• une zone d’hypoesthésie ou de modification de la douleur décrit ci-dessus [14,15].
la perception ;
• une zone d’allodynie ;
• une non-réponse à des traitements antalgiques Synthèse de l’analyse
à visée antinociceptive. sémiologique
À l’opposé, les douleurs mécaniques sont
plutôt : Composante périphérique radiculaire
• impulsives à la toux ; C’est la première à caractériser. L’analyse n’est pas
• dépendantes des efforts et des sollicitations si délicate, dans la mesure où il faut rester binaire :
mécaniques ; • Soit le praticien fera face à une radiculalgie plu-
• accentuées au cours de la journée ; tôt mécanique, volontiers aiguë, pour laquelle
• absentes pendant le sommeil ou la station de la symptomatologie sera dépourvue de conno-
décubitus ; tation neuropathique. L’examen clinique met-
• absentes en position antalgique ; tra volontiers en évidence des signes de tension
• accessibles aux antalgiques classiques ; radiculaire de type Lasègue ou une impulsivité
• dépourvues de connotation neuropathique à la toux. Une imagerie devra être effectuée
(brûlure, décharges électriques, fourmis, pour rechercher un conflit discoradiculaire ou
engourdissement, etc.). une explication mécanique/biomécanique à la
douleur présentée par le patient. Dans ce cas,
Description de la lombalgie on aboutira au final à une expertise chirurgicale
rachidienne pour savoir s’il existe un conflit à
neuropathique
l’origine d’un substrat pouvant être accessible à
D’une manière générale, la lombalgie affecte un geste à visée étiologique, dans un contexte
entre 70 et 85 % la population l’adulte au résistant à la prise en charge ou dans le cadre
cours de sa vie [12] ; 45 à 75 % des patients d’une urgence.
expérimentent cette douleur pendant au moins • Soit la douleur radiculaire sera neuropathique,
12 mois [2]. Un diagnostic précis ne peut pas avec ou sans antécédents chirurgicaux. Les
être posé chez environ 85 % des patients, ce arguments mécaniques au niveau sémiologique
qui se traduit par un étiquetage de lombalgies seront pauvres. Il n’y aura, par exemple, pas
épineux, lames et bords internes des isthmes d’imagerie préopératoire (voir précédemment).
reliant les processus articulaires. La décompres- Cependant, il convient de se méfier, car toute
sion correspond le plus souvent à un geste de mobilité pathologique n’est pas forcément
laminectomie. L’abord du canal vertébral se fait symptomatique ou visible sur des éléments
d’abord par ouverture du ligament jaune puis d’imagerie statique.
par l’exérèse bilatérale des lames, à la pince de • Une arthrectomie totale uni- ou bilatérale
Kerrison le plus souvent. La compression est engendre une déstabilisation du segment, et
ainsi levée sur la dure-mère en libérant l’espace doit être complétée par une stabilisation [28].
épidural qui ne comporte plus de graisse épi- • L’orientation des processus articulaires
durale à cet endroit. Il faut ensuite libérer plus (facettes), lorsqu’ils sont très sagittalisés, expose
latéralement, au plus près des articulaires, sans au risque de déstabilisation comme le décrivent
toutefois compromettre la stabilité si un geste de Sato et al [29].
stabilisation complémentaire n’est pas envisagé. • La prise en compte de l’équilibre sagittal et
La décompression peut s’étendre au foramen, de frontal du rachis : un déséquilibre principale-
manière oblique, en réalisant une foraminotomie ment de l’axe antéropostérieur est un argument
associée, afin de parfaire la libération radiculaire. supplémentaire pour stabiliser.
Tout comme pour la cure de hernie discale, Il existe de nombreux exemples d’instabilité tel
il existe également des techniques dites mini- que le spondylolisthésis, qui peut être clinique-
invasives, parfois avec abord endoscopique, ment asymptomatique et ne requiert alors aucune
réalisées à l’identique. Si la compression est correction chirurgicale [30]. À l’inverse, un spon-
franchement latéralisée, il peut être décidé dylolisthésis symptomatique pourra nécessiter une
d’opérer par un abord unilatéral ou par un chirurgie.
abord interépineux. Il faut donc ne pas omettre l’analyse des
La morbidité opératoire reste faible, avec 70 facettes articulaires et de leur sagittalisation [29],
à 90 % de bons résultats sur ce type d’inter- mais aussi l’évaluation et la mesure de l’équilibre
ventions [26]. À l’identique de la chirurgie de frontal et sagittal du rachis entier, afin de pouvoir
la hernie discale, la chirurgie de la sténose cana- décider de la procédure chirurgicale la plus
laire apporte un bénéfice plus important sur les adaptée.
signes radiculaires que sur les lombalgies, ce
dont le patient doit être clairement informé en
préopératoire. Comment fixer ?
L’arthrodèse lombaire a pour objectif de fixer
Quand stabiliser ? définitivement une ou plusieurs des articulations
intervertébrales.
Quelle que soit la lésion incriminée, il faut tou- La voie postérieure est plus souvent utilisée
jours veiller à ne pas engendrer d’instabilité iatro- que la voie antérieure [25], puisqu’elle permet
gène. Le rachis doit répondre aux trois fonctions d’intervenir sur le canal rachidien et de lever une
de base que sont la statique, le dynamisme et éventuelle compression associée (figure 32.5).
la protection des éléments nerveux. La fixation Comparées aux chirurgies de canal lombaire étroit
chirurgicale des vertèbres permet de corriger et de cure de hernie discale, les indications de chi-
l’altération d’une de ces fonctions au niveau du rurgie d’arthrodèse lombaire sont plus variées et
segment pathologique. controversées [30]. Toutes les techniques chirur-
Les éléments de choix stratégiques incluent : gicales ont leurs avantages et leurs inconvénients,
• L’instabilité préopératoire : la littérature tend avec toujours pour principe d’obtenir une fusion
à montrer que l’adjonction d’une stabilisation osseuse des vertèbres au moyen de vis implantées
améliore les résultats fonctionnels constatés dans les corps vertébraux et reliées par des tiges
[27], ce qui souligne l’importance des bilans ou plaques de différents matériaux.
Extraforaminal Lumbar
Interbody Fusion (ELIF)
Il s’agit d’une voie encore plus latérale que le mi-
TLIF, et réalisée par voie intermusculaire entre
les muscles longissimus et multifidus [37]. Elle
permet des résultats comparables en termes de Figure 32.7. Fusion intersomatique latérale XLIF L2-L3
gauche sus-jacente à une arthrodèse par voie pos-
fusion, mais avec encore moins de délabrement térieure L3-L4-L5.
musculaire que les voies mini-invasives classiques.
discal au travers du psoas, afin de ne pas léser des Les principales indications de l’ALIF sont les
rameaux nerveux. douleurs discogéniques ainsi que les lombalgies
postopératoires en rapport avec une hernie dis-
cale sans radiculalgie. L’un des avantages de la
Anterior Lumbar Interbody technique est l’absence de lésion ou de rétraction
Fusion (ALIF) musculaire ainsi que la limitation des saignements
peropératoires, un accès complet et symétrique
Initialement développée par Capener en 1932 au disque et une préparation sans équivalent des
pour traiter un spondylolisthésis par voie anté- plateaux vertébraux.
rieure, puis par Burns en 1933, cette technique Si les étages sont fusionnés à l’aide d’une
fut progressivement délaissée au profit des « cage » avec greffe osseuse, on parle alors bien
approches postérieures pour leur plus faible taux d’arthrodèse, mais à l’inverse, la mise en place
de complications opératoires et de morbidité. Elle d’une prothèse, assurant un certain degré de
constitue pourtant une approche très intéressante, mobilité rachidienne, peut être indiquée en cas de
notamment en L5-S1. lombalgies isolées sans radiculalgies (figure 32.8).
Figure 32.8. Arthrodèse lombaire antérieure L5-S1 avec mise en place d’une cage intervertébrale de type ALIF, avec
double ancrage.
Les étages opérés sont le plus souvent les étages du matériel [35]. À ce stade de la procédure,
inférieurs L5-S1 et/ou L4-L5, du fait de l’impos- la taille de l’implant est choisie en fonction de
sibilité d’accéder à la partie antérieure du disque l’espace aménagé, qu’il s’agisse d’une cage de
intervertébral aux étages supérieurs, gêné par les fusion osseuse (arthrodèse) ou d’une prothèse
axes vasculaires aortocaves et leurs bifurcations discale (arthroplastie).
iliaques. Un bilan d’imagerie vasculaire (angios- Pour résumer, le geste d’arthrodèse intersoma-
canner ou angio-IRM) est indispensable afin de tique permet de :
déterminer la hauteur de la bifurcation des axes • reconstituer une hauteur de l’espace intersoma-
aortiques et cave pour planifier l’intervention et tique équivalente à celle du disque [35] ;
choisir la meilleure approche. • créer une fusion antérieure grâce à une greffe
Par opposition à l’arthrodèse lombaire posté- osseuse concomitante ;
rieure, la fusion osseuse ne peut s’envisager qu’en • réouvrir les foramens latéraux intervertébraux
avant sur le disque intervertébral, sans possibilité et ainsi réaliser une décompression radiculaire
de geste sur les processus articulaires postérieurs. indirecte.
On accède à la partie antérieure du rachis L’association d’une stabilisation intersomatique
lombaire par une incision à la partie basse de à une instrumentation postérieure définit une
l’abdomen (semblable à celle de la césarienne de arthrodèse circonférentielle [40], permettant aux
Pfannenstiel), menant à l’espace rétropéritonéal. trois systèmes articulaires de fusionner.
Après incision, les muscles droits de l’abdomen Ces chirurgies présentent une faible morbidité
sont réclinés pour permettre de mobiliser le péri- dans la plupart des séries publiées [41].
toine avec ses viscères sans l’ouvrir, et ainsi accé- Les principales complications peropératoires
der à l’espace rétropéritonéal. Les complications sont :
spécifiques à cette chirurgie sont essentiellement • La brèche de dure-mère, pouvant être à l’ori-
dues à la voie d’abord et comprennent principa- gine d’un méningocèle, d’une fistule cutanée,
lement les lésions vasculonerveuses et du tractus voire d’une méningite postopératoire. Cette
urogénital. On pourra mentionner : complication peut conduire à une ou plusieurs
• Les éléments nerveux, tels que le nerf géni- réintervention(s).
tofémoral sur la face antérieure du psoas, et • Les lésions du système nerveux, allant de
le plexus hypogastrique accolé au péritoine l’embrochage radiculaire à la contusion médul-
en avant du rachis lombaire, le plus souvent laire.
en L5-S1, encadré par les chaînes sympathiques Les complications chirurgicales postopératoires
latérovertébrales. sont de différents ordres :
• Les éléments vasculaires, tels que la veine iliaque • L’hématome (cutané, sous-cutané, sous-apo-
gauche commune, la veine cave inférieure et la névrotique ou intracanalaire) : complication
veine iliolombaire [38], et parfois l’artère sacrée souvent précoce, qui se situe souvent sur la
moyenne qui est inconstante. voie d’abord, et peut provoquer des douleurs
• Les éléments urologiques avec les uretères ou l’apparition d’un déficit neurologique. Elle
s’abouchant à la vessie, ainsi que le péritoine impose parfois une reprise chirurgicale en
lui-même en rapport avec des ganglions lym- urgence sans attendre d’imagerie.
phatiques. • Une infection peut également survenir en
• L’éjaculation rétrograde par lésion du plexus général plus à distance de la chirurgie (du 8e
hypogastrique chez l’homme et la sécheresse au 15e jour). Elle peut nécessiter une reprise
vaginale chez la femme [39]. chirurgicale au cours de laquelle sont réalisés de
Suite à la bonne exposition chirurgicale de nombreux prélèvements. Une antibiothérapie
l’espace intervertébral, aidé d’un repérage sco- de 6 à 8 semaines est actuellement recom-
pique par amplificateur de brillance, on réalise mandée en cas d’infection profonde [42]. En
une discectomie pour extraire le disque et aviver présence de matériel, et en cas d’échec après un
les plateaux vertébraux en vue de la mise en place premier lavage, il est conseillé d’en pratiquer
Figure 32.10. Correction chirurgicale d’un trouble de l’équilibre sagittal après extension d’une arthrodèse thoraco-
lombosacrée avec ostéotomie transpédiculaire (OTP).
communes et l’intégration nécessaire du chirur- 12. Hult L. Cervical, dorsal and lumbar spinal syn-
gien du rachis dans une réflexion plus globale de dromes; a field investigation of a non-selected mate-
rial of 1200 workers in different occupations with
prise en charge de la douleur.
special reference to disc degeneration and so-called
muscular rheumatism. Acta Orthop Scand Suppl.
Références 1954;17:1–102.
1. Fayad F, Lefevre-Colau MM, Poiraudeau S, Ferma- 13. Airaksinen O, Brox JI, Cedraschi C, Hildebrandt J,
nian J, Rannou F, Wlodyka Demaille S, et al. Chro- Klaber-Moffett J, Kovacs F, et al. European guide-
nicity, recurrence, and return to work in low back lines for the management of chronic nonspecific low
pain: common prognostic factors. Ann Readaptation back pain. Eur Spine J Off Publ Eur Spine Soc Eur
Med Phys Rev Sci Soc Francaise Reeducation Fonct Spinal Deform Soc Eur Sect Cerv Spine Res Soc.
Readaptation Med Phys. 2004 May;47(4):179–89. 2006 Mar;15(Suppl 2):S192–300.
2. Hart LG, Deyo RA, Cherkin DC. Physician office 14. Attal N, Perrot S, Fermanian J, Bouhassira D. The
visits for low back pain. Frequency, clinical evalua- Neuropathic Components of Chronic Low Back
tion, and treatment patterns from a U.S. national Pain: A Prospective Multicenter Study Using the
survey. Spine 1995 Jan 1;20(1):11–9. DN4 Questionnaire. J Pain. 2011 Oct;12(10):1080–
3. Awad JN, Moskovich RM. Lumbar Disc Herniations: 7.
Surgical versus Nonsurgical Treatment. Clin Orthop. 15. Baron R, Binder A, Attal N, Casale R, Dickenson
2006 Feb;443:183–97. AH, Treede R-D. Neuropathic low back pain in
4. Nijs J, Apeldoorn A, Hallegraeff H, Clark J, Smeets clinical practice. Eur J Pain. 2016 Jul;20(6):861–73.
R, Malfliet A, et al. Low back pain: guidelines for 16. Assaker R, Zairi F. Failed back surgery syndrome:
the clinical classification of predominant neuropa- to re-operate or not to re-operate? A retrospective
thic, nociceptive, or central sensitization pain. Pain review of patient selection and failures. Neurochirur-
Physician. 2015 Jun;18(3):E333–346. gie 2015 Mar;61(Suppl 1):S77–82.
5. Shamji MF, Shcharinsky A. Use of neuropathic 17. Pfirrmann CW, Metzdorf A, Zanetti M, Hodler J,
pain questionnaires in predicting persistent post- Boos N. Magnetic resonance classification of lumbar
operative neuropathic pain following lumbar dis- intervertebral disc degeneration. Spine 2001 Sep
cectomy for radiculopathy. J Neurosurg Spine. 2016 1;26(17):1873–8.
Feb;24(2):256–62. 18. Thompson KJ, Dagher AP, Eckel TS, Clark M,
6. Fehlings MG, Perrin RG. The Timing of Surgical Reinig JW. Modic changes on MR images as studied
Intervention in the Treatment of Spinal Cord Injury: with provocative diskography: clinical relevance. A
A Systematic Review of Recent Clinical Evidence. retrospective study of 2457 disks. Radiology 2009
Spine 2006 May;31(Supplement):S28–35. Mar;250(3):849–55.
7. Ahn UM, Ahn NU, Buchowski JM, Garrett ES, Sieber 19. Modic MT, Steinberg PM, Ross JS, Masaryk TJ,
AN, Kostuik JP. Cauda equina syndrome secondary to Carter JR. Degenerative disk disease: assessment of
lumbar disc herniation: a meta-analysis of surgical changes in vertebral body marrow with MR imaging.
outcomes. Spine 2000 Jun 15;25(12):1515–22. Radiology 1988 Jan;166(1 Pt 1):193–9.
8. Blond S, Mertens P, David R, Roulaud M, Rigoard 20. Coppes MH, Marani E, Thomeer RTWM, Oudega
P. From “mechanical” to “neuropathic” back pain M, Groen GJ. Innervation of annulus fibrosis in low
concept in FBSS patients. A systematic review based back pain. The Lancet 1990 Jul 21;336(8708):189–
on factors leading to the chronification of pain (part 90.
C). Neurochirurgie 2015 Mar;61(Suppl 1):S45–56. 21. Courvoisier A, Garin C, Vialle R, Kohler R. The
9. Bennett GJ, Xie YK. A peripheral mononeuropathy change on vertebral axial rotation after posterior
in rat that produces disorders of pain sensation like instrumentation of idiopathic scoliosis. Childs Nerv
those seen in man. Pain. 1988 Apr;33(1):87–107. Syst. 2015 Dec 1;31(12):2325–31.
10. Bouhassira D, Attal N, Alchaar H, Boureau F, Bro- 22. Guigui P, Levassor N, Rillardon L, Wodecki P,
chet B, Bruxelle J, et al. Comparison of pain syn- Cardinne L. Physiological value of pelvic and spinal
dromes associated with nervous or somatic lesions parameters of sagital balance: analysis of 250 healthy
and development of a new neuropathic pain diagnos- volunteers. Rev Chir Orthop Reparatrice Appar Mot.
tic questionnaire (DN4). Pain. 2005 Mar;114(1– 2003 Oct;89(6):496–506.
2):29–36. 23. Morvan G. Imaging of lumbar stenosis. J Radiol.
11. Nijs J, Torres-Cueco R, van Wilgen CP, Girbes EL, 2002 Sep;83(9 Pt 2):1165–75. discussion 1177-
Struyf F, Roussel N, et al. Applying modern pain 1179.
neuroscience in clinical practice: criteria for the clas- 24. Lee SY, Kim T-H, Oh JK, Lee SJ, Park MS. Lumbar
sification of central sensitization pain. Pain Physician. Stenosis: A Recent Update by Review of Literature.
2014 Oct;17(5):447–57. Asian Spine J 2015;9(5):818.
25. Wiltse LL, Spencer CW. New uses and refinements 39. Sasso RC, Kenneth Burkus J, Le Huec J-C.
of the paraspinal approach to the lumbar spine. Spine Retrograde Ejaculation After Anterior Lumbar
1988 Jun;13(6):696–706. Interbody Fusion: Transperitoneal Versus Retroperi-
26. Transfeldt EE, Topp R, Mehbod AA, Winter RB. toneal Exposure. [Miscellaneous Article]. Spine 2003
Surgical outcomes of decompression, decompression May;28(10):1023–6.
with limited fusion, and decompression with full 40. Mofidi A, Sedhom M, O’Shea K, Fogarty EE, Dow-
curve fusion for degenerative scoliosis with radiculo- ling F. Is high level of disability an indication for
pathy. Spine 2010 Sep 15;35(20):1872–5. spinal fusion? Analysis of long-term outcome after
27. Lee C-H, Hyun S-J, Kim K-J, Jahng T-A, Kim H- posterior lumbar interbody fusion using carbon fiber
J. Decompression Only Versus Fusion Surgery for cages. J Spinal Disord Tech. 2005 Dec;18(6):479–
Lumbar Stenosis in Elderly Patients Over 75 Years 84.
Old: Which is Reasonable? Neurol Med Chir (Tokyo) 41. Deyo RA, Cherkin DC, Loeser JD, Bigos SJ, Ciol
2013;53(12):870–4. MA. Morbidity and mortality in association with
28. Johnsson KE, Willner S, Johnsson K. Postoperative operations on the lumbar spine. The influence of
instability after decompression for lumbar spinal ste- age, diagnosis, and procedure. J Bone Jt Surg.
nosis. Spine 1986 Mar;11(2):107–10. 74(4) :536-543.
29. Sato K, Wakamatsu E, Yoshizumi A, Watanabe N, Irei 42. Kasliwal MK, Tan LA, Traynelis VC. Infection with
O. The configuration of the laminas and facet joints spinal instrumentation: Review of pathogenesis, diag-
in degenerative spondylolisthesis. A clinicoradiologic nosis, prevention, and management. Surg Neurol Int.
study. Spine 1989 Nov;14(11):1265–71. 2013 Oct 29;4(Suppl 5):S392–403.
30. Rillardon L, Guigui P. Les instabilités: indications et 43. Epstein NE. A review: Reduced reoperation rate
techniques de stabilisation. Cah Enseign SOFCOT. for multilevel lumbar laminectomies with nonins-
2003;83:74–89. trumented versus instrumented fusions. Surg Neurol
31. Cloward RB. The treatment of ruptured lumbar Int. 2016;7(Suppl 13):S337–346.
intervertebral discs by vertebral body fusion. I. Indi- 44. Roussouly P, Gollogly S, Berthonnaud E, Dimnet J.
cations, operative technique, after care. J Neurosurg. Classification of the normal variation in the sagittal ali-
1953 Mar;10(2):154–68. gnment of the human lumbar spine and pelvis in the
32. Ghasemi AA. Transforaminal lumbar interbody standing position. Spine. 2005 Feb 1;30(3):346–53.
fusion versus instrumented posterolateral fusion in 45. Legaye J, Duval-Beaupère G, Hecquet J, Marty C.
degenerative spondylolisthesis: An attempt to eva- Pelvic incidence: a fundamental pelvic parameter for
luate the superiority of one method over the other. three-dimensional regulation of spinal sagittal curves.
Clin Neurol Neurosurg. 2016 Nov;150:1–5. Eur Spine J. 1998 May;7(2):99–103.
33. Pradhan BB, Nassar JA, Delamarter RB, Wang JC. 46. Boissière L, Vital J-M, Aunoble S, Fabre T, Gille O,
Single-level lumbar spine fusion: a comparison of Obeid I. Lumbo-pelvic related indexes: impact on
anterior and posterior approaches. J Spinal Disord adult spinal deformity surgery. Eur Spine J. 2015 Jun
Tech. 2002 Oct;15(5):355–61. 1;24(6):1212–8.
34. Ozgur BM, Aryan HE, Pimenta L, Taylor WR. 47. Le Huec JC, Leijssen P, Duarte M, Aunoble S.
Extreme Lateral Interbody Fusion (XLIF): a novel Thoracolumbar imbalance analysis for osteotomy
surgical technique for anterior lumbar interbody planification using a new method: FBI technique.
fusion. Spine J 2006 Jul;6(4):435–43. Eur Spine J. 2011 Sep;20(Suppl 5):669–80.
35. Tropiano P, Huang RC, Girardi FP, Cammisa FP, 48. Charles YP, Schuller S, Sfeir G, Steib J-P. Mini open
Marnay T. Lumbar total disc replacement. Surgical tumor resection and percutaneous instrumentation
technique. J Bone Joint Surg Am. 2006 Mar;88(Suppl for T11 renal cell carcinoma metastasis. Eur Spine J.
1 Pt 1):50–64. 2013 Jun;22(6):1440–2.
36. Mehta VA, McGirt MJ, Garcés Ambrossi GL, 49. Park P, Garton HJM, Gala VC, Hoff JT, McGilli-
Parker SL, Sciubba DM, Bydon A, et al. Trans- cuddy JE. Adjacent Segment Disease after Lumbar or
foraminal versus posterior lumbar interbody fusion : Lumbosacral Fusion: Review of the Literature. Spine
comparison of surgical morbidity. Neurol Res. 2011 2004 Sep;29(17):1938–44.
Jan;33(1):38–42. 50. Baber Z, Erdek MA. Failed back surgery syndrome:
37. Epstein NE. Extreme lateral lumbar interbody fusion: current perspectives. J Pain Res. 2016 Nov 7;9:979–
Do the cons outweigh the pros? Surg Neurol Int. 87.
2016;7(Suppl 25):S692–700. 51. Waddell G, Burton AK. Occupational health gui-
38. Tribus CB, Belanger T. The Vascular Anatomy delines for the management of low back pain at
Anterior to the L5-S1 Disk Space. Spine 2001 work: evidence review. Occup Med. 2001 Mar
Jun;26(11):1205–8. 1;51(2):124–35.
52. Celestin J, Edwards RR, Jamison RN. Pretreatment do current and past physical and psychosocial occu-
Psychosocial Variables as Predictors of Outcomes pational factors explain care-seeking for low back pain
Following Lumbar Surgery and Spinal Cord Stimu- in a working population?: Results from the Musculos-
lation: A Systematic Review and Literature Synthesis. keletal Intervention Center-Norrtalje Study. Spine
Pain Med 2009 May 1;10(4):639–53. 2000 Feb;25(4):493–500.
53. Zigmond AS, Snaith RP. The hospital anxiety 61. Krause N, Ragland DR, Fisher JM, Syme SL. Psycho-
and depression scale. Acta Psychiatr Scand. 1983 social job factors, physical workload, and incidence
Jun;67(6):361–70. of work-related spinal injury: a 5-year prospective
54. Million R. Back Pain: New Approaches to Reha- study of urban transit operators. Spine. 1998 Dec
bilitation and Education. Ann Rheum Dis 1990 1;23(23):2507–16.
Jul;49(7):493. 62. Muller CFD, Monrad T, Biering-Sorensen F, Darre
55. Adams MA, Mannion AF, Dolan P. Personal risk E, Deis A, Kryger P. The influence of previous
factors for first-time low back pain. Spine 1999 Dec low back trouble, general health, and working
1;24(23):2497–505. conditions on future sick-listing because of low
56. Takenaka S, Aono H. Prediction of Postoperative Cli- back trouble: A 15-year follow-up study of risk
nical Recovery of Drop Foot Attributable to Lumbar indicators for self-reported sick-listing caused by
Degenerative Diseases, via a Bayesian Network. Clin low back trouble. [Miscellaneous Article]. Spine
Orthop Relat Res. 2016 Dec 2;1–9. 1999 Aug;24(15).
57. Schaafsma FG, Anema JR, van der Beek AJ. Back 63. Borenstein D. Epidemiology, etiology, diagnostic
pain: Prevention and management in the work- evaluation, and therapy of low back pain. Curr Opin
place. Best Pract Res Clin Rheumatol. 2015 Rheumatol. 1994 Mar;6(2):217–22.
Jun;29(3):483–94. 64. Morken T, Riise T, Moen B, Bergum O, Hauge
58. Valat JP, Goupille P, Rozenberg S, Urbinelli R, SHV, Holien S, et al. Frequent musculoskeletal
Allaert F. Spine group of the Societe Francaise. symptoms and reduced health-related quality of life
Acute low back pain: predictive index of chronicity among industrial workers. Occup Med. 2002 Mar
from a cohort of 2487 subjects. Spine Group of the 1;52(2):91–8.
Société Française de Rhumatologie. Jt Bone Spine 65. Watson PJ, Main CJ, Waddell G, Gales TF, Purcell-
Rev Rhum. 2000;67(5):456–61. Jones G. Medically certified work loss, recurrence
59. Williams RA, Pruitt SD, Doctor JN, Epping-Jordan and costs of wage compensation for back pain: a
JE, Wahlgren DR, Grant I, et al. The contribution follow-up study of the working population of Jersey.
of job satisfaction to the transition from acute to Br J Rheumatol. 1998 Jan;37(1):82–6.
chronic low back pain. Arch Phys Med Rehabil. 1998 66. Druss BG, Rosenheck RA, Sledge WH. Health
Apr;79(4):366–74. and disability costs of depressive illness in a
60. Vingard E, Alfredsson L, Hagberg M, Kilbom A, major U.S. corporation. Am J Psychiatry 2000
Theorell TM, Waldenstrom M, et al. To What extent Aug;157(8):1274–8.
Chapitre 33
L’effet placebo en antalgie
Chantal Berna
ou non. Une méta-analyse des études évaluant comparée à un groupe contrôle conditionné à un
l’effet positif des suggestions sur les attentes de échec de traitement) [20].
patients lors de procédures médicales ou expé- Parallèlement au conditionnement, d’autres
rimentales a démontré une forte diminution des formes d’apprentissage ont été impliquées dans
douleurs [17]. l’effet placebo, comme l’apprentissage social,
qu’il soit le fruit d’observations de tiers ou de
Apprentissage rumeurs [21,22].
L’étude séparée de ces processus de modu-
Le conditionnement classique est une forme lation des attentes et d’apprentissage suggère
reconnue d’apprentissage implicite. Il s’agit que le conditionnement engendre une analgésie
d’apparier répétitivement un stimulus neutre avec placebo plus solide que des attentes induites
un stimulus menant avec certitude à un change- par des suggestions isolées [23,24]. Cette dis-
ment physiologique (le stimulus inconditionné). tinction est néanmoins ténue, sachant qu’il est
Par la suite, lorsque le stimulus neutre est pré- difficile de conditionner un humain sans impli-
senté seul, il entraîne une réponse conditionnée. À quer une modulation des attentes [25,26]. Il
ce stade, il devient un stimulus conditionné. Ainsi, est encore plus difficile d’isoler ces facteurs en
par exemple, l’administration de morphine est un clinique [17,27], où ils pourraient conjointe-
stimulus inconditionné puisqu’elle entraîne de ment créer un cercle vertueux : le patient dont
manière prédictible une réduction de la douleur. la première expérience est positive développera
Après administration répétée de morphine sous de plus grandes attentes vis-à-vis des bénéfices
la forme d’un comprimé vert (stimulus neutre), thérapeutiques, un conditionnement positif
la prise d’un comprimé vert ne contenant pas de amplifié lors d’un nouveau traitement, et au
morphine (stimulus conditionné) entraînera éga- final un effet placebo accru [28].
lement une analgésie (réponse conditionnée). En
clinique, n’importe quelle partie du rituel médical
(soignant particulier, technique d’injection, lieu, Mécanismes
odeur), peut faire l’objet d’un conditionnement. neurobiologiques
Dans la recherche expérimentale sur l’analgésie
placebo, le conditionnement consiste soit à associer Structures cérébrales
un traitement antalgique avec des stimuli induits
répétés (dont l’intensité est réellement diminuée La compréhension actuelle des structures céré-
par la substance pharmacologique active), ou à brales impliquées dans l’effet placebo repose
apparier un traitement placebo avec une séquence sur la démonstration dans des modèles animaux
de stimuli induits dont l’intensité est réduite à que l’excitabilité nociceptive spinale peut être
l’insu du volontaire. Ce type de procédés entraîne modulée par des informations descendantes [29].
une analgésie placebo qui peut durer jusqu’à Un système descendant inhibiteur de la dou-
7 jours [18]. Un stimulus conditionné peut mener leur a été décrit également chez l’humain, avec
à un effet placebo même s’il est présenté de des relais centraux incluant le cortex préfrontal,
manière subliminale, soit pendant une durée trop le cortex cingulaire antérieur, la matière grise
courte pour une reconnaissance consciente [19]. périacqueductale et un site d’action primaire dans
Il est important de noter que le conditionnement la corne postérieure de la moelle épinière [30].
d’une analgésie placebo dépend d’expériences Différentes études de neuro-imagerie fonction-
antérieures : ainsi un traitement initial inefficace nelle ont démontré l’implication des régions clés
peut influencer de manière négative les effets d’un de ce système dans l’analgésie placebo, du cortex
médicament actif administré en deuxième inten- préfrontal à la moelle épinière, établissant ainsi
tion [18]. De manière similaire, un deuxième que la voie descendante inhibitrice est vraisem-
traitement placebo peut bénéficier d’un premier blablement la voie neuroanatomique responsable
conditionnement positif (analgésie renforcée de cette modulation de la douleur [31-34].
D’une part, un plan de traitement caché ver- les éléments valorisant le traitement (sans mentir
sus ouvert (figure 33.1B) implique l’adminis- pour autant). Les patients atteints de démence
tration d’un médicament actif à l’insu du patient peuvent avoir besoin de doses d’antalgiques
comparé au même traitement associé à tout le accrues. Les prises en charge interventionnelles
rituel médical, et possibles attentes du patient. ou invasives peuvent recruter des effets placebos
Ceci permet d’évaluer la part des effets placebo- importants. En l’absence de preuve scientifique,
like dans le bénéfice global d’un traitement. les bénéfices et les risques associés à ces inter-
Ainsi, une étude sur les douleurs induites chez ventions doivent être soigneusement évalués.
des volontaires sains a démontré que les effets Les effets placebo-like ou effets non spéci-
d’une perfusion de rémifentanil étaient nette- fiques liés au traitement peuvent être étudiés
ment diminués si elle était administrée à l’insu en administrant un traitement placebo associé
des participants, et qu’ils étaient même abolis à différentes modulations d’aspects relationnels
lorsqu’on les informait que le traitement avait (figure 33.1C). Par exemple, on peut mesurer
été interrompu et qu’ils encouraient un risque l’amélioration de l’analgésie placebo obtenue
d’hyperalgésie [53]. Les aspects implicites du lorsque des volontaires ont le libre choix du médi-
rituel médical comme la taille, la couleur ou le cament (deux préparations inertes identiques pré-
prix d’un comprimé de placebo ont aussi un sentées comme des antalgiques différents) [63].
impact sur l’effet placebo [54-56]. D’autre facteurs relationnels peuvent être étudiés :
Dans le contexte clinique, l’importance de des patients atteints de côlon irritable réfractaire
l’étiquette sur une boîte de médicaments a été au traitement standard ont été randomisés dans
démontrée dans un groupe de patients souf- trois conditions : liste d’attente vs pseudo-acu-
frant de fréquentes migraines [57]. L’analgésie puncture effectuée par un thérapeute soit limitant
placebo -like s’avère plus importante lorsque l’interaction interpersonnelle au strict minimum ;
l’étiquette mentionne un médicament actif ou très chaleureux, empathique, à l’écoute et
(« risatriptan »), versus un placebo (« placebo ». rassurant [64].
Aussi, le traitement « placebo ouvert » est plus L’interaction optimisée a apporté de meil-
efficace que l’absence de traitement. Cependant, leurs résultats que l’interaction limitée, qui reste
les patients atteints de démence, incapables de plus efficace que l’absence de traitement. Ces
développer des attentes, représentent un cas données font penser que le rituel thérapeutique
particulier, puisqu’ils ne bénéficient pas des effets (aiguilles d’acupuncture) associé à une bonne
accrus d’un traitement ouvert comparé à un relation médecin-patient apporte des bénéfices
traitement caché [58]. aux patients de manière indépendante.
Par ailleurs, un rituel médical important De ces études, nous retiendrons l’impor-
entraîne un effet placebo renforcé comparé à tance d’impliquer les patients dans les choix de
un rituel moins invasif [59, 60]. Les études traitements afin de favoriser une réponse béné-
comparatives impliquant des gestes chirurgicaux fique. Une relation thérapeutique harmonieuse
ou des procédures antalgiques versus des pla- constitue le terrain favorable à des attentes
cebos actifs et crédibles sont rares et difficiles à positives.
réaliser [61]. Dès lors, de nombreux traitements
interventionnels antalgiques sont fournis sans
preuve scientifique de leur supériorité par rapport Utilisation de l’effet
à un placebo [62]. placebo en clinique
Toutes ces études soulignent le rôle crucial du
rituel médical et des attentes du patient dans les Pratique courante
effets thérapeutiques. La répétition d’informa- et questions éthiques
tions claires et pertinentes relatives aux médi-
caments administrés fait partie de ce rituel. Il Plusieurs enquêtes ont révélé que les médecins
s’agit avant tout d’informer les patients de tous prescrivent souvent des traitements placebo,
Tableau 33.2. Considérations éthiques relatives à la prescription d’un placebo impur ou d’un traitement
au mécanisme d’action incertain.
1. Absence de malveillance, bienfaisance
A. La substance peut-elle être nocive ?
B. Le traitement empêche-t-il le patient de recevoir un traitement plus efficace ou validé ?
En cas de réponse positive à A ou B, le traitement ne devrait pas être administré.
Questions corollaires :
Quelles sont les chances de succès thérapeutique ?
Quelle est la gravité de la maladie traitée ?
2. Autonomie du patient, consentement éclairé
- Quelle explication reçoit le patient ?
- À quel traitement le patient consent-il ?
- Quelles sont les motivations du médecin ?
- Est-ce que la confiance du patient pourrait être ébranlée ?
le plus fréquemment sous la forme de « pla- impurs méritent discussion. Certains patients
cebos impurs » — multivitamines, sédatifs, ont de grandes attentes envers des traitements
ou autres substances actives sans effet analgé- peu validés, la plupart souhaitent un traitement
sique prouvé (voir tableau 33.1) —, rarement symptomatique. Quelle attitude adopter ? Le
des « placebos purs » [65-68]. Cette pratique tableau 33.2 propose une grille de réflexion per-
a d’importantes implications éthiques. Par le mettant d’éviter les traitements dangereux. En
passé, la prescription de traitements placebo l’absence de risque, le clinicien peut exercer son
était justifiée par le principe de dissimulation libre choix, qu’il pourra expliciter de manière
bienveillante (vérité cachée pour le bien du rationnelle au patient qui le demande. Il est
patient). Néanmoins, la prescription intention- recommandé d’évaluer les risques liés à la rup-
nelle d’un traitement placebo en lieu et place ture de la relation thérapeutique et les bénéfices
d’un traitement actif implique un mensonge, escomptés du traitement.
qui dénature le consentement éclairé et rompt
De nouvelles études impliquant un traitement
le contrat de confiance entre le patient et le
placebo administré en tant que tel (« open-label
médecin [68]. Les recommandations pratiques
placebo ») remettent en question la notion que
diffèrent : la German Medical Association
la dissimulation est nécessaire pour produire une
autorise l’utilisation d’un traitement placebo
analgésie placebo en clinique. Une étude rando-
tant que le principe de bienfaisance est res-
pecté [70] (tableau 33.2), alors que l’American misée contrôlée comparant les effets d’un médi-
Medical Association considère la dissimulation cament placebo contre l’absence de traitement
bienveillante comme une forme de paternalisme pour des patients souffrant de côlon irritable
inacceptable [71]. Les recommandations améri- a démontré une amélioration significative des
caines autorisent cependant explicitement la dis- symptômes sous placebo [72].
simulation consentie, soit l’accord préliminaire D’autres études plaident également en faveur
donné par le patient à son prescripteur de de l’efficacité de traitements placebo ouvertement
recevoir des informations limitées par exemple déclarés dans la migraine [73], ou les lombal-
quant au rythme d’un sevrage ou une liste gies [74]. Dans l’ensemble, ces études semblent
d’effets secondaires. indiquer qu’une information adéquate sur le
Les traitements dont l’efficacité n’a pas été mécanisme d’action potentiel d’un placebo ne
démontrée scientifiquement et les placebos l’empêcherait pas d’exercer des effets bénéfiques.
Néanmoins, ces résultats restent à valider sur le facteurs favorisent une bonne analgésie pla-
plus long terme. cebo : traits de personnalité tels que l’optimisme,
Finalement, au-delà de la prescription ou de l’altruisme, l’extroversion et l’empathie [21,
l’administration d’un traitement placebo, la 78-80], ou facteurs neuroanatomiques tels
recherche suggère qu’il est possible d’amplifier qu’une plus grande quantité de substance
les effets placebo-like de traitements actifs, en grise dans des régions cérébrales riches en
favorisant les attentes positives du patient, en dopamine [81]. Dans une étude clinique de
augmentant le rituel médical ou en soignant la patients souffrant de lombalgies chroniques,
relation thérapeutique [75]. Obtenir ces résul- le niveau de dépression et d’anxiété est cor-
tats (tableau 33.3) constitue un élément central rélé avec de meilleurs résultats en réponse
d’une consultation d’antalgie chronique tout en à une injection intraveineuse de saline [82].
s’accordant avec les valeurs éthiques de transpa- La réponse à un traitement placebo pourrait
rence et de partage des décisions thérapeutiques cependant dépendre plus de la situation que
caractéristique de la prise en charge médicale des caractéristiques psychologiques du patient
actuelle [76]. (par exemple, la croyance aux bienfaits de l’acu-
puncture) [83,84]. Il est néanmoins important
de noter que la réponse à un traitement placebo
Existe-t-il un profil de répondeur ne fournit pas d’indication quant à la cause de la
au traitement placebo ? douleur. A priori, tout patient et toute douleur
peuvent répondre à ce genre de traitement, à
La recherche sur des volontaires sains avec l’exception de patients atteints de démence ou
des douleurs induites suggère que certains d’une affection du cortex préfrontal [58].
7. Levine J, Gordon N, Fields H. The mechanism of pla- involves the cyclooxygenase-prostaglandins pathway.
cebo analgesia. The Lancet 1978;312(8091):654–7. Pain. 2014;155(5):921–8.
8. Price DD, Milling LS, Kirsch I, Duff A, Montgomery 23. Voudouris NJ, Peck CL, Coleman G. The role of
GH, Nicholls SS. An analysis of factors that contri- conditioning and verbal expectancy in the placebo
bute to the magnitude of placebo analgesia in an response. Pain. 1990;43(1):121–8.
experimental paradigm. Pain. 1999;83(2):147–56. 24. Amanzio M, Benedetti F. Neuropharmacological
9. Finniss DG, Kaptchuk TJ, Miller F, Benedetti F. dissection of placebo analgesia: Expectation-acti-
Biological, clinical, and ethical advances of placebo vated opioid systems versus conditioning- activa-
effects. Lancet. 2010;375(9715):686–95. ted specific subsystems. The Journal Neuroscience
10. Schwarz KA, Pfister R, Buchel C. Rethinking Explicit 1999;19(1):484–94.
Expectations: Connecting Placebos, Social Cogni- 25. Montgomery GH, Kirsch I. Classical conditioning
tion, and Contextual Perception. Trends Cogn Sci and the placebo effect. Pain. 1997;72(1-2):107–
2016. 13.
11. Ploghaus A, Tracey I, Gati JS, et al. Dissociating pain 26. Benedetti F, Pollo A, Lopiano L, Lanotte M, Vighetti
from its anticipation in the human brain. Science S, Rainero I. Conscious expectation and unconscious
1999;284(5422):1979–81. conditioning in analgesia, motor, and hormonal pla-
12. Fairhurst M, Wiech K, Dunckley P, Tracey I. Antici- cebo/nocebo responses. The Journal Neuroscience
patory brainstem activity predicts neural processing 2003;23(10):4315–23.
of pain in humans. Pain. 2007;128(1-2):101–10. 27. Stewart-Williams S, Podd J. The placebo effect: dis-
13. Atlas LY, Bolger N, Lindquist MA, Wager TD. solving the expectancy versus conditioning debate.
Brain mediators of predictive cue effects on per- Psychological bulletin 2004;130(2):324.
ceived pain. The Journal of neuroscience: the 28. Finniss DG, Kaptchuk TJ, Miller FG, Benedetti F.
official journal of the Society for Neuroscience Biological, clinical, and ethical advances of placebo
2010;30(39):12964–77. effects. The Lancet 2010;375(9715):686–95.
14. Koyama T, McHaffie JG, Laurienti PJ, Coghill RC. 29. Basbaum AI, Fields HL. Endogenous pain control
The subjective experience of pain: Where expecta- systems: brainstem spinal pathways and endor-
tions become reality. Proceedings of the National phin circuitry. Annual Review of Neuroscience
Academy of Sciences of the United States of America 1984;7:309–38.
2005;102(36):12950–5. 30. Tracey I, Mantyh PW. The cerebral signature
15. Kongsted A, Vach W, Axo M, Bech RN, Hestbaek for pain perception and its modulation. neuron
L. Expectation of recovery from low back pain: a 2007;55(3):377–91.
longitudinal cohort study investigating patient cha- 31. Petrovic P, Kalso E, Petersson KM, Ingvar M. Pla-
racteristics related to expectations and the association cebo and opioid analgesia: Imaging a shared neuronal
between expectations and 3-month outcome. Spine. network. Science 2002;295(5560):1737–40.
2014;39(1):81–90. 32. Eippert F, Bingel U, Schoell ED, et al. Activa-
16. Cormier S, Lavigne GL, Choiniere M, Rainville P. tion of the Opioidergic Descending Pain Control
Expectations predict chronic pain treatment out- System Underlies Placebo Analgesia. Neuron.
comes. Pain. 2016;157(2):329–38. 2009;63(4):533–43.
17. Peerdeman KJ, van Laarhoven AI, Keij SM, et al. Relie- 33. Eippert F, Finsterbusch J, Bingel U, Buchel C. Direct
ving patients’ pain with expectation interventions: A evidence for spinal cord involvement in placebo
meta-analysis. Pain 2016 Jun;157(6):1179–91. analgesia. Science 2009;326(5951):404.
18. Colloca L, Benedetti F. How prior experience shapes 34. Wager TD, Rillings JK, Smith EE, et al. Placebo-
placebo analgesia. Pain. 2006;124(1):126–33. induced changes in fMRI in the anticipation and
19. Jensen KB, Kaptchuk TJ, Kirsch I, et al. Noncons- experience of pain. Science 2004;303(5661):1162–7.
cious activation of placebo and nocebo pain res- 35. Zubieta JK, Bueller JA, Jackson LR, et al. Pla-
ponses. PNAS 2012;109(39):15959–64. cebo Effects Mediated by Endogenous Opioid
20. Kessner S, Wiech K, Forkmann K, Ploner M, Bingel Activity on {micro}-Opioid Receptors. J. Neurosci.
U. The effect of treatment history on therapeutic 2005;25(34):7754–62.
outcome: an experimental approach. JAMA internal 36. Wager TD, Scott DJ, Zubieta JK. Placebo effects
medicine 2013;173(15):1468–9. on human mu-opioid activity during pain. Pro-
21. Colloca L, Benedetti F. Placebo analgesia indu- ceedings of the National Academy of Sciences
ced by social observational learning. Pain. 2007;104(26):11056–61.
2009;144(1):28–34. 37. Zubieta JK, Bueller JA, Jackson LR, et al. Placebo
22. Benedetti F, Durando J, Vighetti S. Nocebo and effects mediated by endogenous opioid activity on
placebo modulation of hypobaric hypoxia headache mu-opioid receptors. The Journal of neuroscience:
the official journal of the Society for Neuroscience. spinal fractures. The New England journal of medi-
2005;25(34):7754–62. cine 2009;361(6):569–79.
38. Eser D, Leicht G, Lutz J, et al. Functional neuroana- 53. Bingel U, Wanigasekera V, Wiech K, et al. The
tomy of CCK-4-induced panic attacks in healthy volun- effect of treatment expectation on drug effi-
teers. Human brain mapping 2009;30(2):511–22. cacy: imaging the analgesic benefit of the opioid
39. Hebb AL, Poulin JF, Roach SP, Zacharko RM, remifentanil. Science translational medicine
Drolet G. Cholecystokinin and endogenous opioid 2011;3(70):70ra14.
peptides: interactive influence on pain, cognition, and 54. Waber RL, Shiv B, Carmon Z, Ariely D. Commercial
emotion. Progress in neuro-psychopharmacology & Features of Placebo and Therapeutic Efficacy. JAMA
biological psychiatry. 2005;29(8):1225–38. 2008;299(9):1016–7.
40. Benedetti F. Cholecystokinin Type A and Type B 55. Buckalew LW, Ross S. Relationship of perceptual
Receptors and Their Modulation of Opioid Analge- characteristics to efficacy of placebos. Psychological
sia. News Physiol Sci. 1997;12:263–8. Reports 1981;49(3):955–61.
41. Benedetti F, Amanzio M, Thoen W. Disruption of 56. Buckalew LW, Coffield KE. An investigation of drug
opioid-induced placebo responses by activation of expectancy as a function of capsule color and size and
cholecystokinin type-2 receptors. Psychopharmaco- preparation form. Journal of clinical psychopharma-
logy 2011;213(4):791–7. cology 1982;2(4):245–8.
42. Benedetti F, Amanzio M, Maggi G. Potentiation 57. Kam-Hansen S , Jakubowski M , Kelley JM , et al.
of placebo analgesia by proglumide. The Lancet Altered placebo and drug labeling changes the out-
1995;346(8984):1231. come of episodic migraine attacks. Science translational
43. Benedetti F, Amanzio M, Vighetti S, Asteggiano G. medicine 2014;6(218): 218ra215.
The biochemical and neuroendocrine bases of the 58. Benedetti F, Arduino C, Costa S, et al. Loss of
hyperalgesic nocebo effect. The Journal of neuros- expectation-related mechanisms in Alzheimer’s
cience: the official journal of the Society for Neuro disease makes analgesic therapies less effective. Pain.
science. 2006;26(46):12014–22. 2006;121(1-2):133–44.
44. Leknes S, Tracey I. A common neurobio- 59. Kaptchuk TJ, Goldman P, Stone DA, Stason WB. Do
logy for pain and pleasure. Nat Rev Neurosci. medical devices have enhanced placebo effects? Jour-
2008;9(4):314–20. nal of Clinical Epidemiology 2000;53(8):786–92.
45. Scott DJ, Stohler CS, Egnatuk CM, Wang H, Koeppe 60. Kaptchuk TJ, Stason WB, Davis RB, et al. Sham
RA, Zubieta JK. Placebo and nocebo effects are defi- Device Versus Inert Pill: Randomised Controlled
ned by opposite opioid and dopaminergic responses. Trial Of Two Placebo Treatments. BMJ: British
Arch Gen Psychiatry 2008;65(2):220–31. Medical Journal. 2006;332(7538):391–4.
46. Wrobel N, Wiech K, Forkmann K, Ritter C, Bingel 61. Jonas WB, Crawford C, Colloca L, et al. To what
U. Haloperidol blocks dorsal striatum activity but not extent are surgery and invasive procedures effective
analgesia in a placebo paradigm. Cortex; a journal beyond a placebo response? A systematic review with
devoted to the study of the nervous system and meta-analysis of randomised, sham controlled trials.
behavior. 2014;57:60–73. BMJ Open 2015;5(12):e009655.
47. Benedetti F, Amanzio M, Rosato R, Blanchard 62. Diener HC, Bingel U. Surgical treatment for
C. Nonopioid placebo analgesia is mediated migraine: Time to fight against the knife. Cephalalgia
by CB1 cannabinoid receptors. Nature medicine 2015;35(6):465–8.
2011;17(10):1228–30. 63. Geers AL, Rose JP, Fowler SL, Rasinski HM, Brown
48. Kessner S, Sprenger C, Wrobel N, Wiech K, Bingel JA, Helfer SG. Why does choice enhance treatment
U. Effect of oxytocin on placebo analgesia: a rando- effectiveness? Using placebo treatments to demons-
mized study. Jama 2013;310(16):1733–5. trate the role of personal control. Journal of Persona-
49. Rief W, Glombiewski JA. The hidden effects of blin- lity and Social Psychology 2013;105(4):549–66.
ded, placebo-controlled randomized trials: an experi- 64. Kaptchuk TJ, Kelley JM, Conboy LA, et al. Compo-
mental investigation. Pain. 2012;153(12):2473–7. nents of placebo effect: randomised controlled trial
50. Rutherford BR, Roose SP. A model of placebo res- in patients with irritable bowel syndrome. BMJ.
ponse in antidepressant clinical trials. Am J Psychia- 2008;336(7651):999–1003.
try. 2013;170(7):723–33. 65. Meissner K, Höfner L, Fässler M, Linde K. Wides-
51. Buchbinder R, Osborne RH, Ebeling PR, et al. A pread use of pure and impure placebo interventions by
randomized trial of vertebroplasty for painful osteo- GPs in Germany. Family practice 2012;29(1):79–85.
porotic vertebral fractures. The New England journal 66. Howick J, Bishop FL, Heneghan C, et al. Placebo
of medicine 2009;361(6):557–68. use in the United kingdom: results from a natio-
52. Kallmes DF, Comstock BA, Heagerty PJ, et al. A nal survey of primary care practitioners. PloS one.
randomized trial of vertebroplasty for osteoporotic 2013;8(3):e58247.
67. Tilburt JC, Emanuel EJ, Kaptchuk TJ, Curlin 78. Peciña M, Azhar H, Love TM, et al. Persona-
FA, Miller FG. Prescribing “placebo treatments”: lity trait predictors of placebo analgesia and
results of national survey of US internists and neurobiological correlates. Neuropsychopharmaco-
rheumatologists. BMJ. 2008 Oct 23;337:a1938. doi: logy 2012;38(4):639–46.
10.1136/bmj.a1938. 79. Geers AL, Wellman JA, Fowler SL, Helfer SG, France
68. Hrobjartsson A, Norup M. The use of placebo CR. Dispositional Optimism Predicts Placebo Anal-
interventions in medical practice--a national ques- gesia. The Journal of Pain 2010;11(11):1165–71.
tionnaire survey of Danish clinicians. Eval Health 80. Kelley JM, Lembo AJ, Ablon JS, et al. Patient
Prof. 2003;26(2):153–65. and practitioner influences on the placebo effect in
69. Annoni M, Miller FG. Placebos in clinical prac- irritable bowel syndrome. Psychosomatic medicine
tice: an ethical overview. Douleur et Analgesie. 2009;71(7):789.
2014;27(4):215–20. 81. Schweinhardt P, Seminowicz DA, Jaeger E, Duncan
70. Kupferschmidt K. More placebo use promoted in GH, Bushnell MC. The anatomy of the mesolimbic
Germany. Canadian Medical Association Journal reward system: a link between personality and the
2011;183(10):E633–4. placebo analgesic response. The Journal of Neuros-
71. Bostick NA, Sade R, Levine MA, Stewart DM. Pla- cience 2009;29(15):4882–7.
cebo use in clinical practice: report of the American 82. Wasan AD, Kaptchuk TJ, Davar G, Jamison RN. The
Medical Association Council on Ethical and Judicial association between psychopathology and placebo
Affairs. Journal of Clinical Ethics. 2008;19(1):58. analgesia in patients with discogenic low back pain.
72. Kaptchuk TJ, Friedlander E, Kelley JM, et al. Place Pain Medicine 2006;7(3):217–28.
bos without deception: a randomized controlled 83. Hoffman GA, Harrington A, Fields HL. Pain and
trial in irritable bowel syndrome. PloS one. the placebo: what we have learned. Perspectives in
2010;5(12):e15591. biology and medicine. 2005;48(2):248–65.
73. Kam-Hansen S, Jakubowski M, Kelley JM, et al. Alte- 84. Liberman R. An experimental study of the placebo
red placebo and drug labeling changes the outcome response under three different situations of pain.
of episodic migraine attacks. Science translational Journal of psychiatric research. 1964;2(4):233–46.
medicine 2014;6(218):218ra215. 85. Bingel U, Enck P, Rief W, Schedlowski M. Avoiding
74. Carvalho C, Caetano JM, Cunha L, Rebouta P, nocebo effects to optimize treatment outcome. Jama.
Kaptchuk TJ, Kirsch I. Open-label placebo treatment 2014;312(7):693–4.
in chronic low back pain: a randomized controlled- 86. Wells RE, Kaptchuk TJ. To tell the truth, the whole
trial. Pain. 2016;157(12):2766-2772. truth, may do patients harm: the problem of the
75. Benedetti F. Mechanisms of placebo and placebo- nocebo effect for informed consent. Amer J Bioethics
related effects across diseases and treatments. Annual 2012;12(3).
review of pharmacology and toxicology 2008;48:33– 87. Barsky AJ, Saintfort R, Rogers MP, Borus JF. Non
60. specific medication side effects and the nocebo phe-
76. Blease C. The principle of parity: the ‘placebo effect’ nomenon. JAMA 2002;287(5):622–7.
and physician communication. Journal of medical 88. Myers MG, Cairns JA, Singer J. The consent form as
ethics. 2012;38(4):199–203. a possible cause of side effects. Clinical Pharmacology
77. Varelmann D, Pancaro C, Cappiello EC, Camann & Therapeutics 1987;42(3):250–3.
WR. Nocebo-induced hyperalgesia during local 89. Spiegel H. Nocebo: the power of suggestibility.
anesthetic injection. Anesthesia and analgesia Preventive medicine 1997;26(5):616–21.
2010;110(3):868–70.
Index
Électromyogramme, 55 M
Électroneuromyogramme, 55 Maladie
Endocannabinoïdes, 362 –– de Bechterew, 86
EuroQoL 5-dimensions (EQ-5D)., 26 –– de Charcot-Marie-Tooth, 125
Extraforaminal Lumbar Interbody Fusion (ELIF), 344 –– de Lyme, 81, 120, 129
eXtreme Lateral Interbody Fusion (XLIF), 342 –– de Sudeck, 105
F Manœuvre
Failed back surgery syndrome, 96, 303 –– de Jendrassik, 28
Fentanyl, 205 –– de Lasègue, 34
Fibre nerveuse, 7 –– de Nélaton, 83
Foramen vertébral, 242 –– de Roos, 32
Fulranumab, 125 –– de Spurling, 32
G Matière grise périacqueductale, 361
Gabapentine, 198, 210 McGill Pain Questionnaire (MPQ), 21
Gamma Knife, 74 Medical Outcome Study Short Form-36 (MOS SF-36), 23
Ganglion Mépéridine, 192
–– de Gasser, 74, 265, 266, 312 Métamizole, 187
–– de Walther, 259 Méthadone, 192
–– impar, 259 Métoprolol, 64
–– spinal, 302 Mirogabaline, 124
–– stellaire, 253, 295 Modic, 46, 94, 339
Ganglions sympathiques lombaires, 257 Moelle rostroventrale, 11
Gate control theory, 11, 216 Morphine, 191, 205
Glycérol, 74, 263 Multidimensional Pain Inventory (MPI), 22
Granulome, 327 Myélogramme, 242
Grossesse, 209 N
Gyrus cingulaire antérieur, 11 Naloxone, 189
H Naltrexone, 189
Hémicrânie continue, 67 Neurapraxie, 261
Hémicrânie paroxystique, 67 Neurone nocicepteur, 7
Hernie discale, 43 Neuropathic Pain Questionnaire (NPQ), 21
High signal Intensity Zone, 43 Neurostimulation
Hospital Anxiety and Depression Scale (HAD), 26 –– du nerf occipital, 75
Hydromorphone, 192 Neurotmésis, 261
Hypothalamus, 11 Nodule de Gill, 95
I O
Imagerie EOS, 340 Oblique Lumbar Interbody Fusion (OLIF), 344
K Ocytocine, 362
Kétamine, 199, 201 Onde F, 55
Kinésiophobie, 86, 112 Opération
Kyphoplasties, 153 –– de Jannetta, 73
Kystes articulaires postérieurs, 47 Opioïdes, 187
L –– agonistes partiels, 189
Lacosamide, 124 –– agonistes purs, 189
Lamotrigine, 73 –– agonistes-antagonistes, 189
Leeds Assessment of Neuropathic Symptoms and Signs Oswestry Disability Index (ODI), 23
(LANSS), 21 Oxcarbazépine, 73
Lidocaïne, 200 Oxycodone, 192, 205
Locus coeruleus, 11 P
Lofexidine, 197 Pain matrix, 9
Lumbar Lateral Interbody Fusion (LLIF), 344 PainDETECT, 21
Lupus érythémateux, 120 Paracétamol, 183, 205, 206, 209, 210
Lyse isthmique, 95 Phénol, 262, 268