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Chirurgie en obstétrique
Chirurgie de la femme enceinte et de l'accouchement
Dr A.Amine Recherche bibliographique SCI-MED
Autres ouvrages
Prise en charge de l'IVG. Recommandations CNGOF pour la pratique clinique, Collège national des gynécologues et obstétriciens
français (CNGOF), 2020, 240 pages.
Gynécologie-obstétrique. Réussir les ECN, par le Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF), G. Body,
X. Deffieux, P. Deruelle, O. Graesslin, C. Huissoud, 4e édition, 2020, 768 pages.
Endocrinologie en gynécologie et obstétrique, par B. Letombe, S. Catteau-Jonard, G. Robin, 2e édition, 2019, 360 pages.
Protocoles en gynécologie obstétrique, Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF), 4e édition, 2018,
352 pages.
Gynécologie pour le praticien, par J. Lansac, H. Marret, 9e édition, 2018, 656 pages.
La pratique chirurgicale en gynécologie-obstétrique, par J. Lansac, G. Body, G. Magnin, 2011, 560 pages.
Dr A.Amine Recherche bibliographique SCI-MED
Chirurgie en obstétrique
Chirurgie de la femme enceinte
et de l'accouchement
Philippe Deruelle
Pôle d'obstétrique Femme, mère et nouveau-né, CHRU de Strasbourg
Gilles Kayem
Service de gynécologie-obstétrique, hôpital Trousseau, AP-HP Paris
Sorbonne Université, Paris
Loïc Sentilhes
Service de gynécologie-obstétrique, CHU de Bordeaux
Elsevier Masson SAS, 65, rue Camille-Desmoulins, 92442 Issy-les-Moulineaux cedex, France
Chirurgie en obstétrique – Chirurgie de la femme enceinte et de l'accouchement, 2e édition, de Phlippe Deruelle, Gilles Kayem et Loïc
Sentilhes.
© 2020, Elsevier Masson SAS
ISBN : 978-2-294-76722-7
e-ISBN : 978-2-294-76774-6
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Dr A.Amine Recherche bibliographique SCI-MED
Deruelle Philippe pôle Femme, mère et nouveau-né, CHRU Foulon Arthur centre de gynécologie-obstétrique et méde-
de Lille. cine de la reproduction, CHU Amiens-Picardie, université
Picardie Jules-Verne, Amiens
Kayem Gilles service de gynécologie-obstétrique, hôpital
Armand-Trousseau, Paris ; Sorbonne Université. Froeliger Alizée service de gynécologie-obstétrique, CHU de
Bordeaux.
Sentilhes Loïc service de gynécologie-obstétrique, CHU de
Bordeaux. Fuchs Florent service de gynécologie-obstétrique, hôpi-
tal Bicêtre, CHU du Kremlin-Bicêtre, Inserm U1018 CESP
« Reproduction et développement de l'enfant », université
Avec la collaboration de Paris-Sud.
Goffinet François service de gynécologie, maternité de Port-
Arvieux Catherine clinique universitaire de chirurgie diges- Royal, Paris.
tive et de l'urgence, CHU de Grenoble ; université Joseph-
Fourier, Grenoble.
Hamidouche Amina hôpital Armand-Trousseau, AP–HP,
Paris
Barranger Emmanuel directeur général du Centre Antoine Hourbracq Melissa service de gynécologie-obstétrique, CHU
Lacassagne (UNICANCER), Université Côte d'Azur, Nice.
de Bordeaux.
N. Barry Delongchamps service d'urologie, hôpital Cochin, Houssin Clémence service de gynécologie-obstétrique, CHU
Paris.
de Bordeaux.
Benachi Alexandra service de gynécologie-obstétrique
Le Dref Olivier service de radiologie interventionnelle, hôpi-
et médecine de la reproduction, hôpital Antoine-Béclère,
tal Lariboisière, Paris.
Clamart, faculté de médecine, université Paris-Sud, Orsay.
Brot Amaury service de gynécologie-obstétrique, CHU de Leroy Audrey pôle Femme, mère et nouveau-né, CHU de Lille.
Bordeaux. Leroy Véronique Arras. (© dessins réalisés chapitre 4).
Cabrol Dominique gynécologue-obstétricien, ancien chef Louis-Sylvestre Christine département Mère-Enfant, Insti-
de service de la maternité de Port-Royal, Paris. tut mutualiste Montsouris, Paris.
Coatleven Frédéric service de gynécologie-obstétrique, CHU Madar Hugo service de gynécologie-obstétrique, CHU de
de Bordeaux. Bordeaux.
Deffieux Xavier service de gynécologie-obstétrique et méde- Marcellin Louis service de gynécologie, maternité de Port-
cine de la reproduction, hôpital Antoine-Béclère, Clamart, Royal, Paris.
faculté de médecine, université Paris-Sud, Orsay.
Mattuizzi Aurélien service de gynécologie-obstétrique, CHU
Defline Alix département Mère-Enfant, Institut mutualiste de Bordeaux.
Montsouris, Paris
Mignon Alexandre maternité de Port-Royal, Paris.
Delorme Pierre hôpital Armand-Trousseau, AP–HP, université Raiffort Cyril CHU Louis Mourier, Colombes.
Pierre et Marie Curie, Paris.
Deruelle Philippe chef de pôle, hôpital de Hautepierre, Reche Fabian clinique universitaire de chirurgie digestive et
de l'urgence, CHU de Grenoble.
Strasbourg.
Fernandez Hervé chef du service de gynécologie obsté- Resch Benoît unité de chirurgie gynécologique et chirurgie
du sein, clinique Mathilde, Rouen.
trique, hôpital Bicêtre, CHU du Kremlin-Bicêtre, Inserm U1018
CESP « Reproduction et développement de l'enfant », univer- Sarrau Marie service de gynécologie-obstétrique, CHU de
sité Paris-Sud. Bordeaux, France.
VII
Drauteurs
Liste des A.Amine Recherche bibliographique SCI-MED
Senat Marie-Victoire service de gynécologie-obstétrique Ricbourg Aude service de gynécologie obstétrique, hôpital
et médecine de la reproduction, hôpital Antoine-Béclère, Lariboisière, Paris.
Clamart ; service de gynécologie obstétrique, hôpital Bicêtre,
CHU du Kremlin-Bicêtre.
Toumi Myriam service de gynécologie-obstétrique, CHU de
Bordeaux.
Sergent Fabrice service de gynécologie-obstétrique, CHU Vignaux Olivier service de radiologie, hôpital Cochin,
d'Amiens.
Paris.
Silvera Stéphane service de radiologie, hôpital Cochin, Paris. Vincienne Marie service de gynécologie-obstétrique, CHU de
Soudan Marie-Charlotte service de gynécologie-obsté- Bordeaux.
trique, CHU de Bordeaux.
VIII
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em-consulte.com/e-complement/476722
Chapitre 3 Cette vidéo est extraite du film Prise en charge chirurgicale des
Vidéo e3.1
hémorragies de la délivrance, réalisé par Resch B, Sergent F, Blanc S,
Technique «un fil/un nœud». Baron M, Roman H, Sentilhes L, Diguet A, Verspyck E, Marpeau L
pour les 30es Journées nationales du Collège national de gynécologie-
Chapitre 4 obstétrique (2006).
Vidéo e4.1 Chapitre 10
Suture d'une déchirure périnéale de stade IV.
Vidéo e10.1
Chapitre 9 Compressions utérines (B-Lynch, Haymann) ou capitonnage utérin
(Cho).
Vidéo e9.1 Cette vidéo est extraite du film Prise en charge chirurgicale des
Ligature bilatérale des artères hypogastriques (artères iliaques hémorragies de la délivrance, réalisé par Resch B, Sergent F, Blanc S,
internes). Baron M, Roman H, Sentilhes L, Diguet A, Verspyck E, Marpeau L
Vidéo e9.2 pour les 30es Journées nationales du Collège national de gynécologie-
Triple ligature de Tsirulnilkov avec une ligature étagée (doublée) de obstétrique (2006).
l'artère utérine.
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Abréviations
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Chapitre 1
Cerclage du col utérin
F. Fuchs, H. Fernandez
PLAN DU C HAPITRE
Indications du cerclage 2
Contre-indications du cerclage 3
Différentes techniques chirurgicales
du cerclage du col 3
Complications des cerclages 10
Surveillance des cerclages 13
Ablation du cerclage 13
Conclusion 13
Chirurgie en obstétrique
© 2020, Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
Dren A.Amine
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1. Cerclage du col utérin
●
des valves vaginales type Bresky ;
Ce sont :
●
de longues pinces en «cœur» ;
●
le travail actif, qu'il faut différencier d'une incompétence
●
un porte-aiguille ;
cervicale diagnostiquée tardivement ;
●
une pince à disséquer à griffe longue ;
●
les anomalies fœtales ;
●
une paire de ciseaux ;
●
un saignement d'origine endo-utérine inexpliqué ;
●
la ligature choisie et des compresses ;
●
une infection locale ou une chorioamniotite (dans le
●
pour les cerclages «à chaud» : un ballonnet de trocart
premier cas, la date du cerclage est différée après un traite- cœlioscopique ou de sonde vésicale à demeure, ou un
ment local). tampon monté fait de compresses non tissées humidifiées
par du sérum physiologique positionnées sur une pince
longuette.
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Dren A.Amine
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A B
Figure 1.1.
Cerclage du col utérin selon la technique de McDonald modifiée par Hervet (d'après [22]).
A. Entrée de l'aiguille du Mersutures® n° 5 à la face antérieure du col à la jonction exocol-vagin, puis faufilage sous-muqueux du col
(5 à 6 prises). B. Nœud à 12 h 00 en laissant les chefs assez longs.
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1. Cerclage du col utérin
A B C
D E
Figure 1.2.
Cerclage du col utérin à chaud selon la technique de McDonald modifiée par Hervet avec suspension-traction du col par des points
simples non noués à 3, 6, 9 et 12 h 00 [30] selon la technique du «parachute».
A. Gonflage du ballon en rapport avec l'ouverture du col. B. Insertion du ballonnet permettant de refouler la poche des eaux. C. Cerclage
autour du mandrin qui est ensuite retiré, ballonnet dégonflé. D. Passage du fil de cerclage. E. Nœud à 12 h 00.
5
Dren A.Amine
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●
utilisation d'un ballonnet initialement employé en réalisées au niveau du repli vaginal du col, après instillation
endoscopie pour la dissection prépéritonéale (référence de lidocaïne à 1 % adrénalinée, diluée dans 20 ml de sérum
OMS-PDB1000, AutoSuture, France) permettant de refou- physiologique dans le but de réaliser une vasoconstriction
ler les membranes [32] ; locale et de faciliter le décollement. La dissection paracer-
●
amniocentèse à travers la hernie cervicale des mem- vicale peut être réalisée à l'aide de ciseaux et on utilise un
branes [33]. Cette technique est peu recommandée en dissecteur pour passer un Crinoruban® sous les ponts ainsi
raison du risque important de provoquer une rupture des réalisés. Le Crinoruban® est alors noué à 12 h 00. On ferme
membranes. les quatre incisions avec un fil résorbable 2/0 en points
Le col est saisi par de longues pinces en «cœur» à 3 et inversés qui permettent d'enfouir les nœuds dans la paroi
9 h 00. Les membranes sont refoulées dans la cavité utérine vaginale. Une antibioprophylaxie est réalisée de façon sys-
à l'aide du dispositif préférentiellement choisi. Un cerclage tématique en peropératoire par 1 g d'amoxicilline-acide
type McDonald-Hervet est alors réalisé autour du man- clavulanique.
drin à l'aide d'un fil non résorbable type Mersutures® n° 3 Un cerclage de type McDonald-Hervet peut être associé,
ou n° 5. Le système de refoulement de la poche des eaux permettant de fixer le Crinoruban® et d'éviter son déplace-
est ensuite dégonflé et/ou retiré progressivement, tout en ment secondaire.
serrant le fil de cerclage (figure 1.3). Si les membranes sont La sortie se fait à J1 après réalisation d'une échographie
toujours visualisées, un deuxième cerclage est placé au-des- du col pour vérifier la position du cerclage, la longueur du
sus du premier. Dans certains cas, il peut être nécessaire de col, la fermeture de l'orifice interne et la vitalité fœtale.
réaliser un deuxième cerclage 48 heures après le premier Une variante décrite par Mann et al. [34] consiste en un
afin de permettre de placer un fil plus haut sur le col, cette cerclage cervico-isthmique qui pousse plus loin la dissec-
fois sans transfixier le col mais en faufilant celui-ci, après tion antérieure et postérieure du col, jusqu'à la réflexion
contrôle échographique de la persistance d'une protrusion. péritonéale. La suture transfixie les ligaments utérosacrés au
Une antibioprophylaxie est réalisée de façon systéma- niveau de l'orifice interne. Le nœud est antérieur et serré
tique en peropératoire par 1 g d'amoxicilline- acide cla- sur une bougie de Hegar n° 4, une deuxième suture est
vulanique. Les patientes sont traitées 48 heures par des réalisée, plus distale de 1 à 2 cm par rapport à la première.
anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) de façon systé- Cette technique n'est que rarement utilisée et a été décrite
matique, à visée tocolytique. en dehors de la grossesse ; c'est une alternative au cerclage
cervico-isthmique par voie transabdominale, lorsque le col
Technique de Shirodkar est très court et cicatriciel.
La technique de Palmer diffère de celle de Shirodkar par
Décrite en 1955, cette technique de cerclage par voie vagi-
le fait qu'après la colpotomie antérieure horizontale, un fil
nale utilisait à l'origine une bandelette de fascia lata de la
de nylon serti est passé autour du col dans le tissu paracer-
patiente. Deux incisions étaient réalisées sur la paroi vagi-
vical en six fois, en repassant dans l'orifice par lequel il vient
nale : une transversale antérieure permettant le refoulement
de sortir.
vésical, puis une verticale sur la paroi vaginale postérieure
Ce cerclage, dont l'efficacité a bien été démontrée [35],
permettant le refoulement du fascia rectovaginal vers le
reste une technique chirurgicale assez lourde, à la fois par
bas. Ces dissections avaient pour but de rester au plus près
son temps opératoire de dissection paracervicale pouvant
de l'orifice cervical interne. Une fois la dissection réalisée, les
mener à des complications hémorragiques mais aussi par
deux bandelettes de fascia lata précédemment disséquées
la nécessité, en cas de cerclage par bandelette Crinoruban®,
étaient passées puis nouées et, enfin, les incisions de la dis-
d'un accouchement par césarienne. Ce type de cerclage
section primitive étaient refermées.
complique par là même les modalités d'expulsion des fausses
De nombreuses variantes chirurgicales de cette tech-
couches précoces, tardives et des interruptions de grossesses.
nique ont été décrites, avec notamment l'utilisation d'une
bandelette de Crinoruban® à la place du fascia lata. Une de
ces variantes est présentée figure 1.4.
Technique de cerclage cervico-isthmique
Au bloc opératoire, sous anesthésie générale, la patiente Le cerclage cervico-isthmique décrit initialement en 1965
est installée en position gynécologique, en léger Tren- par Benson et Duffee est réalisé en dehors de la grossesse et
delenburg. Deux valves vaginales (antérieure et postérieure) consiste à placer un cerclage entre les branches ascendantes
sont mises en place. Le col est saisi par deux pinces de Bab- et descendantes de l'artère utérine au niveau de la jonction
cock. Quatre incisions longitudinales à 12, 3, 6 et 9 h 00 sont cervicocorporéale.
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1. Cerclage du col utérin
A B
C
Figure 1.3.
Cerclage du col utérin à chaud selon la technique de McDonald modifiée par Hervet avec refoulement de la poche des eaux à l'aide d'un
ballonnet (d'après [22]).
A. Gonflage du ballon en rapport avec l'ouverture du col. B. Insertion du ballonnet permettant de refouler la poche des eaux. C. Cerclage
autour du mandrin qui est ensuite retiré, ballonnet dégonflé.
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Dren A.Amine
Chirurgie obstétrique Recherche bibliographique SCI-MED
A B
C D
Figure 1.4.
Cerclage du col utérin selon une variante de la technique de Shirodkar (d'après [22]).
A. Instillation de lidocaïne 1 % adrénalinée diluée dans 20 ml de sérum physiologique. B. Incisions longitudinales au niveau du repli vaginal du
col à 12, 3, 6 et 9 h 00. C. Dissection paracervicale aux ciseaux. D. Passage du Crinoruban® sous les ponts à l'aide d'un dissecteur.
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1. Cerclage du col utérin
3 6
E
4
Figure 1.4. Suite.
E. Nœud à 12 h 00.
F ernandez [13, 23]. Elle consiste en un cerclage cervico-isth- avec leurs conséquences propres. La technique vaginale de
mique avec une bandelette de polypropylène mais réalisé Fernandez limite le nombre d'interventions abdominales à
par voie vaginale, diminuant ainsi les risques opératoires une césarienne. L'avantage de laisser le cerclage en place est
par rapport à la voie abdominale (figures 1.6, 1.7). Le col qu'il peut être utile pour une autre grossesse.
de l'utérus est saisi par deux pinces de Pozzi qui sont pla-
cées sur les berges antérieure et postérieure. Tout d'abord, Autres techniques de cerclage
on réalise une infiltration des tissus vaginaux paracervicaux
Le procédé de Wurm est une occlusion cervicale à l'aide
avec 10 ml d'un mélange sérum physiologique/lidocaïne
de deux points de Nylon transfixiant le col et passés
(5 %). La colpotomie est réalisée de façon semi-circulaire en
perpendiculairement.
avant et en arrière au niveau de la jonction cervico-vaginale.
Saling a proposé en 1984 une technique de fermeture
Les incisions mesurent 2 à 3 cm de longueur et ne sont pas
cervicale après désépidermisation de l'orifice externe et
confluentes. La vessie est disséquée, puis réclinée de la face
réalisation de points inversés de fils résorbables [43]. À elle
antérieure du col grâce à une valve vaginale étroite. Cette
seule, cette technique n'empêche pas un accouchement
dissection vésicale est poursuivie sur toute la hauteur de la
par voie vaginale. Elle a été reprise par Dargent pour cercler
ligne médiane jusqu'à ce que la jonction cervico-isthmique
les patientes enceintes après trachélectomie. Cette tech-
soit exposée. En arrière, après une brève dissection, le cul-
nique de fermeture cervicale, encore peu développée en
de-sac de Douglas est ouvert aux ciseaux, ce qui expose les
France, est surtout utilisée en Allemagne et le plus souvent
ligaments utérosacrés et la face postérieure de la jonction
en complément d'un cerclage vaginal.
cervico-isthmique. La bandelette synthétique est ensuite
La technique de Lash et Lash [44] est indiquée en cas
mise en place de part et d'autre de la jonction cervico-isth-
d'incompétence cervicale avec déchirure antérieure impor-
mique, au-dessus de l'insertion des ligaments utérosacrés et
tante du col. Une incision longitudinale est pratiquée sur la
en dessous du niveau de la crosse de l'artère utérine. La ban-
muqueuse du col jusqu'à 2 cm au-dessus de l'orifice externe,
delette est mise en place grâce à une aiguille d'Emmet, ou
en repoussant la vessie si nécessaire. En cas d'incompétence
grâce aux introducteurs courbes spécifiques fournis avec la
cervicale très importante, on peut réséquer une portion
bandelette. Une fois passée, autour de l'isthme, la bande-
triangulaire du col. Une plicature de cette muqueuse est
lette est serrée et fixée sur l'isthme par un fil non résorbable
ensuite pratiquée par des points séparés de fil résorbable
de polypropylène. Le péritoine du cul-de-sac de Douglas
2/0, réduisant le diamètre du canal cervical.
est suturé ainsi que la muqueuse vaginale au fil résorbable.
On citera enfin une technique de cerclage non invasif
Cette technique avait déjà partiellement été décrite
par utilisation de dispositif pessaire cervical en cas d'incom-
auparavant par Golfier et al. [24] et Katz et Abrahams [25]
pétence cervicale [45–50].
mais utilisait un simple fil non résorbable à la place d'une
bandelette synthétique. Les données récentes tendent à
montrer une supériorité des bandelettes de polypropylène
par rapport au fil non résorbable en termes de réduction Complications des cerclages
des accouchements prématurés [13, 23–25].
Les cerclages cervico-isthmiques, outre leur efficacité Complications précoces [51, 52]
très prometteuse, restent des cerclages dont la technique
chirurgicale est lourde de conséquences. En effet, ces cer- Le principal risque immédiat, en dehors du risque anes-
clages nécessitent quasiment tous un accouchement par thésique, est l'hémorragie qui est plus fréquente avec la
césarienne, ce qui peut compliquer la prise en charge des technique de Shirodkar [1]. La rupture traumatique ou
grossesses arrêtées du 1er et du 2e trimestre. Toutefois, Katz réactionnelle des membranes survient dans 1 à 9 % des cer-
et Abrahams ont décrit une technique de cerclage cervico- clages toutes techniques confondues [38], mais elle peut
isthmique que l'on retire à l'accouchement [25]. Dans le cas atteindre jusqu'à 30 % dans les cerclages «à chaud» [53].
des cerclages cervico-isthmiques réalisés par cœlioscopie, il Des contractions utérines peuvent être prévenues par une
s'agit de techniques difficiles, ayant une durée opératoire tocolyse sans qu'aucune étude contrôlée n'ait démontré
importante et donc réservées à certains chirurgiens expéri- l'efficacité de cette thérapeutique sur des contractions qui
mentés. Dans le cas des cerclages cervico-isthmiques réalisés seraient spontanément résolutives [1]. Les autres compli-
par laparotomie, la patiente acceptant cette chirurgie s'ex- cations notées sont des douleurs abdominales, des plaies
pose donc à deux laparotomies (cerclage puis césarienne) vésicales et des déchirures cervicales.
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Dr A.Amine Recherche bibliographique SCI-MED
1. Cerclage du col utérin
A B
C D
Figure 1.6.
Technique du cerclage cervico-isthmique par voie vaginale selon la technique de Fernandez (d'après [13, 23]).
A. Après colpotomie antérieure semi-circulaire, la vessie est disséquée et réclinée grâce à une valve vaginale. B. Mise en place de la bandelette
synthétique autour de la jonction cervico-isthmique, au-dessus de l'insertion des ligaments utérosacrés. C. Après colpotomie postérieure
et ouverture du cul-de-sac de Douglas, les ligaments utérosacrés et la face postérieure de l'isthme utérin sont exposés. D. Après serrage, la
bandelette est fixée sur la face antérieure de l'isthme et les colpotomies sont refermées.
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Dr A.Amine Recherche bibliographique SCI-MED
A B C
D E F
G H I
Figure 1.7.
Technique du cerclage cervico-isthmique par voie vaginale selon la technique de Fernandez (d'après [13, 23]).
A. Infiltration à la lidocaïne adrénaline diluée. B. Colpotomie antérieure semi-circulaire. C. Décollement vésical. D. Ouverture du cul-de-sac de
Douglas. D. Introduction du guide. E. Retrait du guide avec bandelette fixée. F. Positionnement de la bandelette. H. Section de l'excédent de
bandelette après fixation. I. Fermeture vaginale après enfouissement du nœud.
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Dr A.Amine Recherche bibliographique SCI-MED
1. Cerclage du col utérin
Complications tardives Le fil de cerclage doit être adressé pour examen bactério-
logique car son ablation peut révéler et/ou disséminer un
Elles sont dominées par le risque infectieux qui peut se foyer infectieux latent, a fortiori si celle-ci est réalisée dans
manifester jusqu'à un mois après l'intervention. Celui-ci un contexte fébrile. Dans le cas d'un cerclage utilisant une
est d'autant plus précoce que le cerclage est tardif. Tous bandelette synthétique, celui-ci peut être laissé en place
les types d'infection post-cerclage ont été décrits, depuis pour une grossesse ultérieure. En cas de rupture prématu-
la vulvovaginite et l'endométrite jusqu'à l'abcès placentaire rée de la poche des eaux avec cerclage en place, aucune
[54, 55]. Une chorioamniotite survient dans 1 à 8 % des cas donnée de la littérature ne donne de réponse quant au
si le cerclage est précoce et jusqu'à 40 % s'il est tardif [56]. terme optimum de décerclage. Dans ces situations, il est
Des septicémies maternelles, des phlébites pelviennes et habituel, sauf contexte de chorioamniotite patente, de lais-
des péritonites [57] ont été rapportées. Les conséquences ser le cerclage en place pendant les 48 heures de la cure de
de ce geste simple peuvent donc être graves et soulignent corticoïdes puis de réaliser un décerclage au-delà de 28 SA
la nécessité d'une asepsie rigoureuse. Les signes d'appel de afin de limiter les risques d'infection.
l'infection peuvent être frustes et se résumer à l'apparition
de contractions utérines retardées [1, 27]. La plupart des
chorioamniotites sont cliniquement muettes [54].
Les autres complications, plus rarement rapportées, sont
Conclusion
le déplacement de la suture qui peut occasionner des plaies Le cerclage du col utérin constitue un des moyens permet-
du col (1 à 13 %) [1] et des douleurs cervicales [58]. Les tant de lutter contre l'incompétence cervicale. Son indica-
déchirures cervicales, décrites au cours du début de travail tion doit donc être précédée d'un interrogatoire précis de la
en cas de prématurité, existent et sont exceptionnelles et ne patiente concernant son histoire obstétricale. Une informa-
justifient en rien un changement quant au terme de décer- tion claire et objective sur les bénéfices et les risques d'un
clage habituel. Dans ces circonstances, un décerclage devra éventuel cerclage doit être apportée à la patiente.
être réalisé en début de travail. Les dystocies dynamiques ou
la fibrose du col [1] peuvent conduire à l'extraction par césa-
rienne dans 2 à 5 % des cas [1, 38] ou à la dilacération du col. Références
Enfin, des cas de nécrose du trigone et de fistule vésico- ou
utérovaginale [59, 60] ont été décrits [6, 61]. Enfin, des morts [1] Harger JH. Cervical cerclage: patient selection, morbidity, and suc-
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préférable de revoir la patiente 15 jours à un mois après le [6] Marcellin L. Prévention de l'accouchement prématuré par
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15
Dr A.Amine Recherche bibliographique SCI-MED
Chapitre 2
Particularités techniques de la
chirurgie chez la femme enceinte
F. Sergent, F. Reche, A. Foulon, C. Arvieux
PLAN DU C HAPITRE
Grands principes de la chirurgie non
obstétricale au cours de la grossesse 18
Particularités des différentes pathologies
chirurgicales 23
Chirurgie en obstétrique
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Dren A.Amine
Chirurgie obstétrique Recherche bibliographique SCI-MED
Points forts du chapitre enceinte, dans un second temps de décrire les particularités
Quel que soit le terme de grossesse, une urgence techniques rencontrées en fonction du type de pathologie
chirurgicale ne devrait jamais être différée. chirurgicale et, du fait de la grossesse, nous nous limiterons
Malgré le manque d'études spécifiques, certaines aux principales pathologies.
recommandations peuvent être énoncées dans le cas
général :
▶ le geste chirurgical doit être encadré par une Grands principes de la chirurgie
surveillance obstétricale stricte dans un établissement
capable de prodiguer une prise en charge obstétricale et non obstétricale au cours
néonatale adaptée si nécessaire ; de la grossesse
▶ la durée opératoire doit être la plus courte possible
pour réduire le risque d'hypoxie materno-fœtale ; La question de la chirurgie non obstétricale pendant la
▶ la corticothérapie prénatale et la tocolyse grossesse n'est pas dénuée de crainte pour le fœtus qui y
postopératoire ne sont pas systématiques ; est soumis tant d'un point de vue anesthésique qu'opéra-
▶ l'approche cœlioscopique est à privilégier. Les toire mais cette crainte doit être confrontée au risque que
principales pathologies chirurgicales non obstétricales : la pathologie maternelle fait courir à ce fœtus. En raison de
kystectomie ovarienne, appendicectomie, la difficulté de mener à grande échelle des essais cliniques
cholécystectomie, splénectomie et prise en charge randomisés dans cette population, il n'existe pas à l'heure
d'un hématome sous-capsulaire du foie présentent des actuelle de données qui permettent d'élaborer des recom-
spécificités techniques liées à la grossesse. mandations spécifiques, même si les études observation-
Les principales pathologies chirurgicales non obstétricales : nelles qui s'accumulent sont plutôt rassurantes [1].
kystectomie ovarienne, appendicectomie, cholécystecto- Quel que soit le trimestre de grossesse, une urgence
mie, splénectomie et prise en charge d'un hématome sous- chirurgicale ne devrait jamais être différée. Pour autant, une
capsulaire du foie présentent des spécificités techniques chirurgie non urgente ou non à risque sérieux de le devenir
liées à la grossesse. devrait être reportée après l'accouchement.
Les urgences abdominales représentent une situation
rare chez la femme enceinte. Elles concernent 0,5 à 1 % des Environnement chirurgical
grossesses. Elles sont dominées dans 90 % des cas par les
complications des kystes ovariens (torsion, hémorragie), Bien que certains agents anesthésiques soient tératogènes
l'appendicite et la cholécystite. D'autres situations sont pos- chez l'animal et dans certaines conditions, aucune drogue
sibles comme les complications d'un léiomyome, la rupture anesthésique n'a un effet tératogène prouvé chez l'homme.
splénique et l'hématome sous-capsulaire du foie où le pro- Les études cliniques suggèrent que les produits anesthé-
nostic vital du couple mère-fœtus est engagé. siques utilisés à des concentrations standard, et ce quel
En dehors de l'urgence, demeure la problématique des que soit l'âge gestationnel, n'augmentent pas le risque de
kystes ovariens organiques bénins, pour lesquels il semble malformation congénitale. Les risques de fausse couche, de
souhaitable d'intervenir avant la survenue de la compli- retard de croissance et d'accouchement prématuré sont
cation, qui constitue en soi un facteur de risque d'accou- significativement augmentés dans le contexte de la chirur-
chement prématuré, ou par crainte de laisser évoluer une gie en cours de grossesse, mais le rôle de l'anesthésie est très
tumeur ovarienne maligne. difficile à isoler de celui lié à la chirurgie, ou encore du risque
Les situations de la chirurgie chez la femme enceinte lié à la pathologie en elle-même [2].
sont donc très différentes en fonction du terme de la gros- En tout état de cause, quand ils sont rendus nécessaires,
sesse elle-même, du type de chirurgie et de sa voie d'abord les gestes chirurgicaux doivent être encadrés par une sur-
mais aussi de la pathologie rencontrée et de sa gravité avec veillance obstétricale avec monitorage du rythme car-
d'un côté les urgences chirurgicales classiques (on connaît diaque fœtal (RCF) et en fonction du terme, par Doppler,
le caractère favorisant de la grossesse sur la survenue de ou par cardiotocographe, dans un établissement qui sera
lithiases vésiculaires), de l'autre la pathologie cancéreuse capable de prodiguer une prise en charge obstétricale et
évolutive. néonatale adaptée en cas de besoin.
L'objectif de notre propos sera dans un premier temps Il n'existe pas de consensus pour l'utilisation d'une
de décrire les grands principes de la chirurgie de la femme tocolyse postopératoire, systématique pour certains, à la
18
Dr A.Amine Recherche
2. Particularités bibliographique
techniques SCI-MED
de la chirurgie chez la femme enceinte
demande pour d'autres seulement en cas de contractions limitant le risque de complication pariétale, notamment
utérines. Il faudra cependant être prudent avec l'utilisa- infectieuse, réduction de l'immobilisation de la femme
tion des inhibiteurs calciques qui renforcent l'hypotension enceinte et ainsi de la survenue de thrombose veineuse
maternelle. L'atosiban ne présente pas cet inconvénient. profonde. Cependant, l'existence d'un utérus gravide modi-
De même, la corticothérapie prénatale à partir de 24 SA fie les repères anatomiques habituels de la cœlioscopie et
dans un contexte de chirurgie non obstétricale n'est pas occasionne un certain nombre de contraintes techniques
consensuelle. Avant l'acte chirurgical, si celui-ci est réalisé qu'il est indispensable de prendre en compte.
en urgence, l'effet de la corticothérapie sera inopérant sur le En cas de chirurgie pelvienne, la canulation endo-utérine
cerveau et le poumon fœtal, rendant inutile sa prescription. est évidemment proscrite. Au besoin, l'opérateur pourra
Après la chirurgie, une discussion au cas par cas, en fonction s'aider d'un toucher vaginal doux ou d'un tampon monté
du risque d'accouchement prématuré, semble préférable à pour mobiliser l'utérus, dégager le cul-de-sac de Douglas ou
une prescription systématique. une fosse iliaque.
Dans l'intérêt de la mère comme de son fœtus, le chirur-
gien devra être rompu à la prise en charge de la pathologie
chirurgicale rencontrée.
Pneumopéritoine et mise en place
des trocarts
Voie d'abord La création du pneumopéritoine et la mise en place des
trocarts se feront à distance de l'utérus pour ne pas le bles-
Quand c'est possible, et le plus souvent ça l'est, en particu- ser. La taille de l'utérus étant normalement proportion-
lier pour les kystes ovariens, l'appendicite et la cholécystite, nelle au terme de la grossesse, la distance du fond utérin
parfois même à des termes avancés de grossesse, en fonc- par rapport à la symphyse pubienne et donc sa position
tion de la pathologie et de l'habilité du chirurgien, l'approche est en général connue. De façon mnémotechnique, de
cœlioscopique de la chirurgie devra être privilégiée [3]. Ainsi trois à sept mois, la distance symphyse pubienne – fond
la cœlioscopie peut encore être envisagée à six ou sept mois utérin correspond au nombre de mois de grossesse mul-
de grossesse pour réaliser une cholécystectomie, moins pour tiplié par 4. Ensuite, cette distance augmente de 2 cm par
un kyste ovarien ou une appendicectomie bien que certains mois les deux derniers mois (figure 2.1). En cas d'obésité
auteurs aient pu rapporter leur expérience à ce sujet [4, 5].
Avec l'avancée du terme de la grossesse, au cours d'un
acte chirurgical réalisé en décubitus dorsal, la diminution du
retour veineux liée à la compression cave se traduit par une
réduction significative du débit cardiaque avec hypotension
maternelle concomitante et diminution de la perfusion pla-
centaire. La prévention de l'hypotension liée à la compres-
sion cave repose sur l'utilisation du décubitus latéral gauche
(15°), en laparotomie comme en cœlioscopie mais par
sécurité pour cette dernière seulement, quand les trocarts
auront été mis en place et les organes concernés exposés.
Comme toujours, la prévention de la pneumopathie
d'inhalation repose la préoxygénation en O2 pur, la vidange
gastrique et sur les mesures pharmacologiques destinées à
augmenter le pH gastrique (anti-H2 notamment).
À ce jour, il n'existe aucune démonstration de niveau
de preuve élevé du caractère délétère de la cœlioscopie
sur la grossesse. Au contraire même, les avantages bien
connus que la cœlioscopie procure par rapport à la lapa-
rotomie sont particulièrement appréciables chez la femme
enceinte : retour rapide à une activité de vie quotidienne,
réduction des douleurs pariétales à l'origine d'une activité Figure 2.1.
contractile de l'utérus, réduction de la taille des cicatrices Variation de la hauteur utérine en fonction du terme.
19
Dren A.Amine
Chirurgie obstétrique Recherche bibliographique SCI-MED
ou si le fond utérin est mal perçu, le recours à l'échogra- De façon générale, les trocarts seront positionnés
phie sera facile pour le localiser précisément. plus haut qu'à l'accoutumée pour éviter l'utérus gravide
En cas de cœlioscopie fermée à l'aiguille de Veress ou (figure 2.4).
de Palmer, un tracé préopératoire au niveau de la peau en Il n'y a pas de règle stricte pour la création du pneu-
regard du fond utérin, par dermomarqueur, avant l'insuffla- mopéritoine, même si certains préconisent la technique
tion du pneumopéritoine peut être utile (figure 2.2). Une de cœlioscopie ouverte (open laparoscopy des auteurs
distance minimum de sécurité de deux à trois travers de anglo-saxons) avec un abord de toute façon à distance
doigt au-dessus du fond utérin pour l'introduction du 1er du fond utérin (figure 2.5). Cependant, en cas de cœlio-
trocart est souhaitable, même si cela conduit à placer ce scopie fermée, lorsque le fond utérin approche l'ombilic, il
1er trocart au-dessus de l'ombilic (figure 2.3). Si nécessaire, est nécessaire d'effectuer la création du pneumopéritoine
l'optique pourra être ensuite replacée grâce à l'introduction au niveau de l'hypocondre gauche, aiguille introduite per-
d'un autre trocart plus haut situé ou latéralisé par rapport pendiculairement à la paroi abdominale, estomac vidé
au premier. préalablement par une sonde d'aspiration gastrique. Les
repères pour l'introduction de l'aiguille de Veress ou de Pal-
mer se font au niveau du tiers externe de la ligne joignant
l'ombilic au rebord costal gauche, décalé de deux travers
20
Dr A.Amine Recherche
2. Particularités bibliographique
techniques SCI-MED
de la chirurgie chez la femme enceinte
Figure 2.7.
Ressauts perçus lors de l'introduction de l'aiguille de Veress au niveau de l'hypocondre gauche.
21
Dren A.Amine
Chirurgie obstétrique Recherche bibliographique SCI-MED
22
Dr A.Amine Recherche
2. Particularités bibliographique
techniques SCI-MED
de la chirurgie chez la femme enceinte
23
Dren A.Amine
Chirurgie obstétrique Recherche bibliographique SCI-MED
les données de la littérature sont actuellement insuffisantes pour Si la lésion est suspecte, une laparotomie doit être réali-
conclure entre chirurgie et expectative [10]. sée préférentiellement. Le risque de diffusion de la maladie
À partir du 2e trimestre, après 20 SA, chez une patiente même pour les stades débutants de cancer ovarien est sans
jusqu'alors totalement asymptomatique, le risque de tor- doute accentué par les difficultés techniques inhérentes à
sion devient faible. L'accessibilité pelvienne devient égale- la taille de l'utérus gravide. Si aucun signe de malignité n'est
ment moins aisée rendant la chirurgie cœlioscopique plus mis en évidence, le traitement peut être réalisé par voie
difficile. Par conséquent, les complications obstétricales endoscopique.
postopératoires deviennent plus fréquentes, surtout en cas Le diagnostic macroscopique d'un KO fonctionnel n'est
de conversion en laparotomie du fait de difficultés tech- pas toujours simple et il n'est pas rare de considérer un KO
niques. Par prudence, la chirurgie de ces masses ovariennes séreux comme un kyste fonctionnel. Pour cette raison, il
asymptomatiques et non suspectes diagnostiquées au faut proposer, en cas de doute, une tentative de kystecto-
milieu du 2e trimestre doit raisonnablement être reportée mie intrapéritonéale (KIP) possible pour près de la moitié
après l'accouchement ou dans le même temps opératoire des kystes fonctionnels. Si la kystectomie est impossible et
qu'une césarienne indiquée pour motif obstétrical. s'il n'existe aucun signe de malignité, le diagnostic de kyste
Mais quel que soit le trimestre de la grossesse, un KO fonctionnel est quasi certain devant une paroi friable, jau-
symptomatique, notamment associé à des douleurs pel- nâtre et hémorragique (figure 2.14). Pour être de taille suf-
viennes, est une indication chirurgicale formelle. fisante et fiable, la biopsie se fait à la pince et aux ciseaux
La confrontation à des lésions malignes ou borderline de cœlioscopiques.
l'ovaire n'étant pas exceptionnelle, la cœlioscopie doit être Si elle est nécessaire, l'hémostase est réalisée avec une pince
réalisée selon les modalités et les précautions habituelles de bipolaire fine. Elle peut être complétée soit par compression
la chirurgie carcinologique. à la pince atraumatique, soit par irrigation au sérum chaud.
Dès lors, l'évaluation cœlioscopique comporte une cyto- La KIP d'un kyste organique utilise deux ou trois instru-
logie péritonéale (prélèvement du liquide et/ou lavage), ments introduits dans des contrevoies positionnées selon
l'inspection de l'ovaire kystique et de l'ovaire controlatéral le volume utérin. Sont nécessaires des pinces grip type
(figure 2.12), du pelvis, des gouttières pariétocoliques, du Manhès, une canule d'aspiration, une pince bipolaire, un
diaphragme, du foie, de l'épiploon et du tube digestif. ciseau endoscopique (figure 2.15).
Les principaux signes de malignité sont la présence Deux techniques possibles : kystectomie après ponction et
de zones plus opaques observées à travers la paroi très kystectomie sans ponction qui limite le risque de dissémina-
fine d'un kyste pouvant correspondre à des végétations tion carcinologique ou de péritonite granulomateuse en cas
intrakystiques, de façon plus évidente, la présence de végé- de kyste dermoïde ou mucineux. La taille et la nature du kyste
tations extrakystiques ou de très nombreux vaisseaux d'as- peuvent rendre illusoire la KIP sans ponction. Par exemple,
pect anarchique à la surface du kyste, et bien sûr un aspect un endométriome sera rarement disséqué sans entraîner une
de carcinose péritonéale (figure 2.13). rupture de sa paroi (figure 2.16), rendant dans ces conditions
la ponction préalable de son contenu plus adaptée.
Pour autant, il n'existe pas de données dans la littérature
permettant de savoir s'il existe un risque élevé de récidive
ou de dissémination de la maladie endométriosique en cas
d'ouverture non contrôlée d'un endométriome [11].
Dans la technique avec ponction, la procédure débute
en général au niveau du bord antimésial de l'ovaire par
une ponction étanche du kyste dans un endosac avec
une aiguille ou un trocart en fonction de la taille du kyste
(figure 2.17). Une cytologie du contenu du KO est réalisée.
Une kystoscopie est effectuée à la recherche de végéta-
tion intrakystique. Il peut être nécessaire d'agrandir l'ori-
fice de ponction pour introduire l'optique de l'endoscope
(figure 2.18). L'inspection de l'incision ovarienne permet
Figure 2.12. d'identifier le plan de clivage (figure 2.19). Une pince grip
Évaluation systématique de l'ovaire controlatéral à l'ovaire est placée de chaque côté de ce plan et des tractions
pathologique. divergentes sur les deux pinces amorcent la dissection
24
Dr A.Amine Recherche
2. Particularités bibliographique
techniques SCI-MED
de la chirurgie chez la femme enceinte
A B
C D
Figure 2.13.
A. Kyste ovarien droit d'aspect bénin. B. Ovaires fortement suspects avec lésions végétantes à leur surface. C. Tumeur ovarienne droite
solide, hypervascularisée, suspecte. D. Galette épiploïque associée à une carcinose péritonéale.
25
Dren A.Amine
Chirurgie obstétrique Recherche bibliographique SCI-MED
Figure 2.16.
Figure 2.18.
Contenu d'un kyste ovarien compatible avec un diagnostic
Ouverture d'un kyste ovarien pour réalisation d'une kystoscopie
d'endométriome.
à la recherche de végétation ou d'une vascularisation atypique.
A B
C
Figure 2.17.
A. Introduction d'un ovaire kystique dans un endosac. B. Ponction étanche à l'aiguille fine d'un kyste ovarien dans un endosac.
C. Ponction directe d'un kyste ovarien avec un trocart laparoscopique.
26
Dr A.Amine Recherche
2. Particularités bibliographique
techniques SCI-MED
de la chirurgie chez la femme enceinte
Figure 2.19.
Identification du plan de clivage entre le parenchyme ovarien sain et le kyste lors d'une kystectomie.
Figure 2.20.
Figure 2.21.
Tractions divergentes exercées par les grip-pinces entre le
Kyste ovarien introduit dans un endosac avant extraction.
parenchyme ovarien et le kyste.
(figure 2.20). La kystectomie est poursuivie de proche en L'ovaire se remodelant spontanément, sa reconstruction
proche. Les changements de prise doivent être fréquents n'est pas nécessaire, au contraire même, elle augmenterait
afin d'exercer des prises au plus près du plan de clivage. En le risque adhérentiel annexiel du fait des fils de sutures lais-
effet, une traction à distance du plan de clivage est moins sés en place.
efficace en termes de force de traction exercée sur le kyste Dans la technique sans ponction, la surface de l'ovaire
à libérer, et expose plus volontiers au risque de fragmenter (qui correspond au parenchyme ovarien) est saisie par
le kyste, voire d'emporter du parenchyme ovarien sain que son côté antimésial avec une pince grip de façon à réali-
l'on s'efforcera de préserver. ser un pli. Ce pli est ensuite incisé au ciseau endoscopique
Pendant toute la dissection, l'opérateur doit pouvoir (figure 2.22). Le clivage entre le KO et le cortex ovarien peut
comprendre où est situé le plan de clivage. Quand celui-ci ainsi être amorcé (figure 2.23). Une large ovariotomie à la
est respecté, le saignement est généralement minime. Si coagulation bipolaire fine et au ciseau est réalisée, préparée
une hémostase est nécessaire, elle est réalisée au fur et à par des mouvements de diffraction des mors de la pince
mesure de la dissection avec une pince bipolaire, complé- entre le KO et le cortex pour libérer le kyste du paren-
tée si besoin par une irrigation au sérum chaud pour avoir chyme ovarien, limitant ainsi le risque de rupture du kyste
en permanence une vision nette du plan de dissection. (figure 2.24). Ensuite, le clivage entre le kyste et le paren-
Le kyste définitivement libéré est ressorti sans contact chyme est poursuivi perpendiculairement et de part et
direct avec la paroi au moyen d'un endosac (figure 2.21). d'autre de la ligne d'ovariotomie mais avec des instruments
27
Dren A.Amine
Chirurgie obstétrique Recherche bibliographique SCI-MED
28
Dr A.Amine Recherche
2. Particularités bibliographique
techniques SCI-MED
de la chirurgie chez la femme enceinte
Figure 2.25.
Tractions divergentes lors d'une kystectomie sans ponction du kyste (A, B).
Figure 2.26.
Ponction à la paroi d'un volumineux kyste ovarien lors d'une
kystectomie transpariétale.
Figure 2.27.
A. Écarteur d'Alexis. B. Extraction d'un kyste ovarien à travers l'écarteur d'Alexis.
29
Dren A.Amine
Chirurgie obstétrique Recherche bibliographique SCI-MED
30
Dr A.Amine Recherche
2. Particularités bibliographique
techniques SCI-MED
de la chirurgie chez la femme enceinte
Figure 2.31.
Installation de l'équipe pour une appendicectomie laparoscopique. L'opérateur est situé à gauche de la patiente.
Figure 2.32.
Figure 2.33.
Épanchement péritonéal purulent. Ponction du pus avec une
Exposition du méso appendiculaire.
aiguille cœlioscopique.
31
Dren A.Amine
Chirurgie obstétrique Recherche bibliographique SCI-MED
32
Dr A.Amine Recherche
2. Particularités bibliographique
techniques SCI-MED
de la chirurgie chez la femme enceinte
Figure 2.42.
Installation de l'équipe pour une cholécystectomie laparoscopique. L'opérateur est situé entre les jambes de la patiente.
34
Dr A.Amine Recherche
2. Particularités bibliographique
techniques SCI-MED
de la chirurgie chez la femme enceinte
35
Dren A.Amine
Chirurgie obstétrique Recherche bibliographique SCI-MED
fermeture de l'aponévrose est systématique pour les trocarts Sur le plan technique, la patiente est installée en décubitus
de 10 mm au fil 0 de Polyglactine®. Sauf contexte de gangrène dorsal. Un billot peut être placé au niveau de la pointe des
vésiculaire ou de péritonite, un drainage n'est pas nécessaire. omoplates pour ouvrir l'angle costo-iliaque. Une sonde naso-
gastrique est mise en place afin d'affaisser l'estomac. L'opérateur
est placé à droite de la patiente. Un seul aide est générale-
Splénectomie ment suffisant si l'on dispose d'un piquet placé à gauche de la
La rupture splénique est surtout observée au 3e trimestre patiente pour y fixer une valve de Rochard (figure 2.52).
de la grossesse. L'erreur diagnostique est classique avec les La voie d'abord est une médiane sus-ombilicale, suscep-
grandes urgences obstétricales communes comme l'héma- tible d'être agrandie par une sous-costale (figure 2.52).
tome rétroplacentaire, la rupture utérine, voire l'embolie L'exploration de l'abdomen est complète. La lésion splé-
amniotique [15]. nique supposée est confirmée par la présence de sang et de
Quatre circonstances peuvent en être responsables : caillots dans l'hypocondre gauche. À ce stade, le rebord cos-
la rupture traumatique, la rupture sur rate pathologique tal gauche est rétracté par une valve sous-costale et la table
(pathologie hématologique, tumorale ou infectieuse), la est légèrement inclinée vers l'opérateur. Si l'hémodynamique
rupture sur rate de prééclampsie ou idiopathique, la rup- le permet, on peut incliner la table en procubitus. Si la lésion
ture d'un anévrisme de l'artère splénique. est très hémorragique et l'hémodynamique de la patiente
Dans l'urgence, la prise en charge est double : réanima- précaire, il peut être nécessaire de réaliser une hémostase
tion pour stabiliser le choc hémorragique et chirurgie pour temporaire. Le geste le plus efficace, même sur une rate très
traiter la cause. Le plus souvent, il s'agira d'une splénecto- lésée, consiste à empaumer la rate de la main gauche et de la
mie chez la femme enceinte précédée, en fonction des cir- plaquer contre le rachis (figure 2.53), tout en disposant trois
constances de survenue de la rupture, de l'état d'instabilité ou quatre compresses insérées à l'aide d'une pince tenue
hémodynamique de la patiente et du terme de la grossesse, dans la main droite qui vont permettre, dans la majorité des
par une césarienne. cas, une hémostase temporaire et une réinstallation.
Les deux principaux risques chirurgicaux de la splénec- Le premier temps de l'intervention va consister en
tomie sont l'atteinte accidentelle de l'angle colique gauche la mobilisation de la rate. La main gauche empaume
et de la portion caudale du pancréas [16]. Ces accidents la convexité de la rate et exerce une traction douce
sont en grande partie évités par une mobilisation première vers la ligne médiane (figure 2.53), de façon à inciser le
du bloc pancréatosplénique (figure 2.51). péritoine pariétal postérieur (ou ligament liénorénal)
Figure 2.51.
L'angle colique gauche et la queue du pancréas constituent les rapports anatomiques à risque au moment de la splénectomie.
36
Dr A.Amine Recherche
2. Particularités bibliographique
techniques SCI-MED
de la chirurgie chez la femme enceinte
Figure 2.54.
Section des attaches péritonéales inférieures de la rate.
Figure 2.52.
Installation de l'opérée.
Figure 2.53.
La main gauche de l'opérateur réalise une hémostase temporaire Figure 2.55.
en empaumant la rate.
Exposition du péritoine pariétal postérieur.
(figure 2.54). Il est important de sectionner le péritoine au sous la valve tenue par l'aide, tandis que la main gauche de
ras de la rate pour limiter au minimum la zone dépéritoni- l'opérateur présente le pôle inférieur entre pouce et index
sée (figure 2.55). La libération du pôle inférieur est réalisée (figure 2.56). Des compresses tassées dans la loge splénique
en exerçant une légère traction vers le haut. L'angle colique font remonter la rate vers la surface (figure 2.57). Pour la
gauche est maintenu à distance par une compresse repliée libération du pôle supérieur, le péritoine est sectionné au
37
Dren A.Amine
Chirurgie obstétrique Recherche bibliographique SCI-MED
Figure 2.58.
Figure 2.57. Splénectomie en urgence : présentation du ligament
Mise en place de compresses pour empêcher la rate de retomber. gastrosplénique.
38
Dr A.Amine Recherche
2. Particularités bibliographique
techniques SCI-MED
de la chirurgie chez la femme enceinte
Figure 2.61.
Figure 2.60. Splénectomie en urgence : ligature et clampage du pédicule
Splénectomie en urgence : accès direct du pédicule splénique. splénique. Artère et veine sont liées par des ligatures appuyées
Après section des vaisseaux courts, l'arrière-cavité des épiploons avec un fil serti non résorbable de type Prolène® 3/0, ensemble ou
est totalement ouverte. La queue du pancréas est bien visible. séparément, et en plusieurs prises si le pédicule est étalé.
39
Dren A.Amine
Chirurgie obstétrique Recherche bibliographique SCI-MED
Figure 2.63.
Exposition chirurgicale large par laparotomie médiane
permettant de visualiser correctement un hématome sous-
capsulaire du foie.
40
Dr A.Amine Recherche
2. Particularités bibliographique
techniques SCI-MED
de la chirurgie chez la femme enceinte
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41
Dr A.Amine Recherche bibliographique SCI-MED
Chapitre 3
Épisiotomie
P. Deruelle, A. Leroy, V. Leroy
PLAN DU C HAPITRE
Rappel sur l'anatomie du périnée 44
Technique de l'épisiotomie 44
Chirurgie en obstétrique
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Dren A.Amine
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Points forts du chapitre ajorité des cas non suturée pour limiter les risques infec-
m
La pratique de l'épisiotomie a beaucoup régressé depuis tieux, et faciliter les accouchements ultérieurs.
15 ans. En France, en 2016, 34,9 % des primipares et 9,8 % des
Il s'agit d'un acte chirurgical à réaliser dans des multipares ont eu une épisiotomie. Ce chiffre est en nette
conditions strictes d'asepsie. diminution par rapport à 1998 (71,3 % des primipares et
Ce geste douloureux requiert une analgésie assurée par 36,2 % des multipares) et par rapport à 2010 (44,8 % des
l'anesthésie péridurale le cas échéant ou par anesthésie primipares et 14,4 % des multipares) grâce aux recomman-
locale. dations du CNGOF parues en 2005 qui visaient à en limiter
La variante médio-latérale est la plus fréquemment la pratique systématique, notamment chez la primipare. En
réalisée en France. réalité, les données publiées montrent clairement que l'épi-
L'opérateur est généralement installé à gauche ou du siotomie est un geste qui ne prévient pas les lésions obsté-
côté où il est le plus à l'aise. tricales du sphincter anal et dont les indications doivent
Il est mieux de la réaliser à l'acmé d'une contraction et
rester très limitées.
d'un effort expulsif.
Les complications de l'épisiotomie sont l'hémorragie Principes techniques
(saignements à surveiller), les infections secondaires et
le défaut de cicatrisation. Matériel et réalisation
Deux techniques de suture existent : classique en trois
L'épisiotomie est un geste chirurgical, elle doit être réali-
plans et « un fil/un nœud » ; chacune impose à son issue
un toucher vaginal pour ne pas laisser de compresses
sée dans un contexte le plus aseptique possible. Pour cela,
intravaginales. l'opérateur doit porter un masque et des gants stériles après
avoir effectué un lavage chirurgical des mains. Une toilette
périnéale avec un antiseptique doit être réalisée avant le
Rappel sur l'anatomie du périnée début des efforts expulsifs. Le rasage ou la tonte du périnée
ne sont pas nécessaires.
Le périnée est divisé en deux parties : en avant le périnée
La réalisation de l'épisiotomie, tout comme sa réfec-
urogénital (traversé par l'urètre et le vagin) et en arrière le
tion, nécessite la préparation du matériel chirurgical sur
périnée anal. Le périnée urogénital est composé de plusieurs
une table recouverte d'un champ stérile. On retrouve une
parties. Tout d'abord, l'espace superficiel, qui encadre l'orifice
paire de ciseaux droits ou angulés, des compresses, et le
vulvaire, contient le clitoris, les glandes vestibulaires majeures,
nécessaire pour clamper le cordon (pince Kocher, pince à
les muscles ischiocaverneux, bulbospongieux et transverse
clamp). Avant de commencer l'accouchement, il faut sys-
superficiel. C'est la partie la plus exposée aux déchirures obs-
tématiquement vérifier la présence des ciseaux droits sté-
tétricales. Ensuite, la membrane périnéale qui correspond
riles sur la table qui sont indispensables pour la réalisation
à une épaisse lame fixatrice des corps érectiles est fixée
d'une épisiotomie. Les ciseaux doivent être testés (sur une
latéralement sur la face interne des branches ischiopubiennes
compresse par exemple) pour vérifier qu'ils coupent suffi-
et adhère au centre tendineux du périnée. Elle forme en avant
samment bien pour pouvoir sectionner en un seul coup les
le ligament transverse du périnée. Enfin, l'espace profond
tissus périnéaux.
du périnée contient le diaphragme urogénital composé du
Il existe deux types d'épisiotomies : la médiane, notam-
muscle sphincter de l'urètre et du muscle transverse profond.
ment réalisée aux États-Unis, et la médiolatérale réalisée
dans la majorité des cas en France et recommandée par le
CNGOF. L'épisiotomie médiane est responsable dans 20 %
Technique de l'épisiotomie des cas d'atteinte du sphincter anal, suite à une extension
vers l'anus par section du raphé médian, créant alors une
Objectifs de l'épisiotomie zone de faiblesse ainsi qu'une augmentation du taux de
fistules vésico-vaginales à distance de l'accouchement.
et épidémiologie L'épisiotomie médiane semble être plus douloureuse en
L'épisiotomie a probablement été réalisée pour la première postopératoire et souvent hémorragique.
fois par Felding Ould en 1742. Elle avait pour but de faci- La réalisation d'une épisiotomie est douloureuse, c'est
liter les expulsions difficiles. Initialement, elle était dans la pourquoi il est nécessaire d'effectuer une analgésie. Actuel-
44
Dr A.Amine Recherche bibliographique SCI-MED
3. Épisiotomie
45
Dren A.Amine
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A B
C D
E F
G
Figure 3.1.
Suture d'une épisiotomie de grande taille (technique en trois plans).
A. Différents plans de l'épisiotomie : plan vaginal, plan musculaire et plan cutané écartés par la main de l'opérateur. B. La suture du plan
vaginal est débutée au niveau de l'angle situé entre les deux doigts de l'opérateur. C. Poursuite du surjet vaginal. D. Fin du surjet vaginal
avec affrontement des brides hyménéales. E, F. Suture du plan musculaire par des points séparés avec du fil à résorption lente permettant le
rapprochement des muscles du périnée. Le point d'entrée se fait à la jonction entre le muscle et le tissu sous-cutané et doit prendre le muscle
dans toute son épaisseur. G. Suture du plan cutané par des points séparés simples avec du fil à résorption rapide.
46
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3. Épisiotomie
B C
D E
Figure 3.2.
Suture d'une épisiotomie de petite taille (technique en trois plans).
A. Différents plans de l'épisiotomie avant suture. Mise en place d'une mèche intravaginale pour éviter la gêne liée au saignement d'origine
intra-utérine. B. Suture de la muqueuse vaginale par un sujet avec un fil à résorption rapide. C. Fin de la suture vaginale. Le nœud se trouve à
la jonction muqueuse vaginale – peau de la vulve. D. Suture musculaire. La réalisation des points musculaires permet un rapprochement des
berges cutanées. E. Suture cutanée par des points séparés.
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Chapitre 4
Déchirures
PLAN DU C HAPITRE
Déchirures du col et du périnée 50
Déchirures cervicales 53
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50
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4. Déchirures
B C
D E
Figure 4.1.
Suture d'une déchirure simple (grade II).
A. Suture de la muqueuse vaginale par surjet. La déchirure s'est faite dans le plan médian entre la fourchette vulvaire et l'anus sans atteindre ce
dernier.
B. Suture musculaire par des points séparés.
C. Réalisation d'un point en X qui permet de prendre le muscle dans toute son épaisseur.
D, E. Fermeture du plan cutané par réalisation d'un surjet intradermique qui permet un affrontement des berges avec une cicatrice moins visible.
51
Dren A.Amine
Chirurgie obstétrique Recherche bibliographique SCI-MED
Figure 4.2.
Suture bout à bout.
Figure 4.4.
Déchirure périnéale stade IV.
52
Dr A.Amine Recherche bibliographique SCI-MED
4. Déchirures
Un toucher vaginal est fait en fin de geste pour s'assurer Déchirures cervicales
qu'il n'existe pas de point transfixiant la muqueuse.
En cas de stade III ou IV, il faut instaurer systéma- P. Deruelle
tiquement pendant la suture une dose intraveineuse
d'antibiotiques en prophylaxie, actifs sur les germes
digestifs. Diagnostic
En cas d'hémorragie de la délivrance, une déchirure cervi-
Soins en post-partum cale doit être recherchée.
Quel que soit le stade, des soins locaux au savon doux L'exposition est capitale avec un aide et deux valves
puis un séchage avec une serviette une fois par jour sont vaginales, l'une placée en avant et décalée latéralement en
suffisants. Ils sont réalisés par la patiente elle-même ou fonction de la partie du col examinée et l'autre postérieure.
le personnel de suite de naissance. Il n'est pas nécessaire Il est nécessaire de disposer d'instruments suffisamment
d'utiliser des antiseptiques ou de sécher la cicatrice avec un longs pour saisir le col. Nous préférons des pinces triangu-
sèche-cheveux. laires moins traumatiques (pinces d'Alice) que des pinces
En cas de douleur, les AINS sont les antalgiques à de Pozzi ou de Museux.
utiliser en première intention. En cas d'inefficacité, les
opioïdes peuvent être proposés. Cependant, leur ten-
dance à la constipation doit les faire éviter en cas de
Réfection
déchirure III ou IV. Le plus souvent, la déchirure se trouve sur le bord latéral du col
Concernant le transit, les laxatifs osmotiques et des et mesure de 2 à 3 cm. Elle sera suturée par un surjet à l'aide d'un
règles hygiéno-diététiques sont souvent instaurés sans fil résorbable 0 (décimale 3,5) en commençant par le haut de la
étude réalisée sur l'efficacité de ces mesures. En revanche, déchirure. De petites déchirures de l'ordre du centimètre sont
l'allaitement favorise la constipation, une bonne hydrata- physiologiques et ne nécessitent généralement pas de suture.
tion doit donc être maintenue. Les mucilages ne doivent Exceptionnellement, la déchirure peut être plus impor-
pas être prescrits de façon systématique. tante, atteignant l'isthme utérin, ce qui peut nécessiter une
En cas de stade III–IV, une antibioprophylaxie efficace conversion par laparotomie quand la suture complète par
sur les germes d'origine digestive est systématiquement voie vaginale n'est pas possible.
mise en place pendant cinq à sept jours, sans réelle preuve
scientifique de l'intérêt de prescrire une antibiothérapie
prolongée. Section volontaire du col
En cas d'accouchement très prématuré (en général avant
28 SA) par le siège, le col peut se rétracter autour du cou du
Déchirures vulvaires nouveau-né. Il est alors nécessaire de le sectionner. C'est pour
Lésions des petites lèvres cette raison qu'il est toujours indispensable d'avoir à disposi-
tion des valves prêtes ainsi que des ciseaux dans cette situation.
Il peut s'agir d'une désinsertion de la petite lèvre ou d'une Les deux valves vaginales sont placées à 2 et 10 h 00 à la
déchirure plus ou moins grande. Les lésions peuvent être partie antérieure du vagin, le col est alors sectionné longi-
suturées à l'aide d'un fil à résorption rapide 3.0 (décimale 2). tudinalement sur environ 3 cm, à sa partie médiane, per-
Lorsqu'elles sont de petite taille et sans saignement, elles mettant de lever la tension cervicale autour du cou et de
peuvent être laissées en l'état. terminer l'accouchement. Le col sera ensuite suturé à l'aide
d'un fil résorbable 0 ou 2.0 (décimale 3,5 ou 3).
Déchirures antérieures
Elles peuvent être clitoridiennes ou périurétrales. Elles
seront suturées par un surjet à l'aide de fil à résorption Pour en savoir plus
rapide 2.0 ou 3.0 (décimale 3 ou 2). Il peut être nécessaire
Simon E, Laffon M. Soins maternels après accouchement voie basse
de mettre temporairement une sonde vésicale pour réaliser et prise en charge des complications du post-partum immédiat:
la suture lorsque la déchirure est proche du méat urétral et recommandations pour la pratique clinique. J Gynecol Obstet Biol
afin d'éviter une atteinte de ce dernier. Reprod (Paris) 2015;44:1101–10.
53
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``Compléments en ligne
Des compléments numériques sont associés à ce chapitre (ils
sont indiqués dans le texte par un picto ). Pour voir ces
compléments, connectez-vous sur http://www.em-consulte.
com/e-complement/476722. et suivez les instructions.
Vidéo e4.1.
Suture d'une déchirure périnéale de stade IV.
54
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Chapitre 5
Réparations des complications
obstétricales vulvo-périnéales
C. Louis-Sylvestre, A. Defline
PLAN DU C HAPITRE
Introduction 55
Grands principes de la chirurgie
vulvo-périnéale 55
Rappels anatomiques 55
Lésions antérieures 55
Périnée postérieur 55
Chirurgie en obstétrique
© 2020, Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
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Figure 5.1.
Plan cutané du périnée.
Figure 5.2.
Plan musculaire superficiel du périnée.
57
Dren A.Amine
Chirurgie obstétrique Recherche bibliographique SCI-MED
cielle (loge des organes érectiles) dans sa partie antérieure pression prolongée peut se produire au détroit moyen ou
et le sphincter externe de l'anus dans la partie postérieure ; au détroit inférieur. Elle est alors plus grave car il y a une
●
un plan moyen (figure 5.3), qui n'existe que dans la partie atteinte de la région cervico-urétrale, ce qui peut compro-
antérieure du périnée. Il est compris entre les fascias supérieur mettre la continence. Plus rarement, les lésions peuvent
et inférieur de l'aponévrose moyenne. Cet espace moyen être la conséquence de manœuvres d'extraction fœtale.
est constitué du muscle transverse profond et du sphincter L'évaluation clinique précise de la fistule nécessite sou-
externe de l'urètre qui forment le diaphragme uro-génital ; vent un examen sous anesthésie générale. Elle doit détermi-
●
un plan profond (figure 5.4) appelé diaphragme pelvien, ner les différents caractères de la fistule (siège, en particulier
qui est formé de deux muscles pairs qui délimitent la par- localisation par rapport aux méats urétéraux, diamètre, état
tie basse de l'excavation pelvienne : le muscle élévateur de du tissu avoisinant).
l'anus qui est constitué de plusieurs faisceaux, et le muscle Pour aboutir à une amélioration de la qualité de vie, le traite
coccygien. Le diaphragme pelvien sépare la cavité pelvienne ment de la fistule vésico-vaginale doit procurer la restitution
du périnée. intégrale de l'étanchéité, mais aussi de la continence. Il existe
de nombreuses techniques de réparation en rapport avec une
très grande hétérogénéité de la taille et de la localisation des
Lésions antérieures fistules. Nous avons choisi de décrire l'opération de Latzko qui
est l'intervention la plus fréquemment pratiquée [1, 2] :
la patiente est placée en position gynécologique avec
Fistules vésico-vaginales
●
Figure 5.3.
Plan musculaire moyen du périnée.
58
Dr A.Amine 5.Recherche
Réparations desbibliographique SCI-MED
complications obstétricales vulvo-périnéales
●
fermeture de l'orifice fistuleux vésical après avivement a ●
suture des berges vaginales par points séparés de fil
minima des berges (figure 5.8). Ceci peut se faire par une bourse résorbable ;
ou par surjet de fil résorbable selon la taille du défect. Cette ●
en cas de tissus très dégradés, il est possible d'interposer
suture est réalisée en deux plans dans la technique originale ; entre les deux sutures un lambeau musculo-graisseux de
Figure 5.4.
Plan musculaire profond du périnée.
Figure 5.5.
Exposition du trajet fistuleux par mise en place d'une sonde Figure 5.6.
de Foley. Incision périorificielle en quadrants.
Source : Cortese A, Colau A, Fistules vésicovaginales. Encyclopédie Médico-Chirurgicale - Source : Cortese A, Colau A, Fistules vésicovaginales. Encyclopédie Médico-Chirurgicale -
Techniques chirurgicales - Urologie (2004) [Article : 41-175] Techniques chirurgicales - Urologie (2004) [Article : 41-175]
59
Dren A.Amine
Chirurgie obstétrique Recherche bibliographique SCI-MED
Figure 5.15.
Petite lèvre déchirée : vue latérale. Figure 5.17.
Vulve béante : le diastasis des releveurs et la faiblesse du noyau
conduite et prolongée, et en cas de retentissement impor- fibreux central du périnée expliquent l'aspect trop ouvert de la vulve.
tant sur la qualité de vie de la patiente.
Colpo-périnéo-myorraphie
Reprise d'épisiotomie Lorsqu'un diastasis des faisceaux élévateurs des releveurs est
Lorsqu'il s'agit d'une désunion d'épisiotomie, la correction responsable de la béance, une colpo-périnéo-myorraphie
chirurgicale consiste en une reprise de cette dernière : postérieure peut être indiquée. Elle vise à réséquer du tissu
●
avivement de la zone de désunion (zone souvent losan- vaginal excédentaire et à reconstituer un noyau fibreux
gique et recouverte d'une réépithélialisation fine) ; central du périnée par adossement des muscles releveurs
●
réapproximation des plans vaginal, musculaire, conjonc- de l'anus. Cette intervention est potentiellement dyspareu-
tif sous-cutané puis cutané en trois plans de fil 2 ou 3/0 niante (d'une part, en raison de la nouvelle cicatrice vulvo-
à résorption lente, suivant la technique un fil un nœud périnéale et, d'autre part, car on peut dépasser l'objectif et
comme classiquement dans une réfection d'épisiotomie refermer trop l'orifice vulvaire) et cela doit avoir été discuté
immédiatement après l'accouchement. avec la patiente.
63
Dren A.Amine
Chirurgie obstétrique Recherche bibliographique SCI-MED
Béance vaginale
Il n'existe pas de définition objective de la béance vaginale.
Il s'agit d'une gêne ressentie par la patiente au quotidien
(impossibilité de garder un tampon, un ovule, etc.), et lors
des rapports sexuels. À l'examen au spéculum, on observe
un important bombement latéral dans l'espace d'ouverture
du spéculum.
Le traitement curatif comporte une première phase de
rééducation périnéale afin de renforcer les muscles du plan-
cher pelvien.
Si la patiente n'est pas améliorée par une rééducation
bien conduite, on peut lui proposer dans un deuxième
temps différentes techniques, dont le lipomodelage, le trai-
tement vaginal par laser fractionné ou la résection d'une Figure 5.20.
partie du vagin en excès (colpectasie). Colpo-périnéo-myorraphie : découpe du losange de résection
partie vaginale.
64
Dr A.Amine 5.Recherche
Réparations desbibliographique SCI-MED
complications obstétricales vulvo-périnéales
Figure 5.21.
Colpo-périnéo-myorraphie : résection du losange de tissu excédentaire. Figure 5.23.
Colpo-périnéo-myorraphie : aspect final.
65
Dren A.Amine
Chirurgie obstétrique Recherche bibliographique SCI-MED
Figure 5.24.
Cure de béance vaginale : découpe d'un losange sur chaque face Figure 5.26.
latérale du vagin. Cure de béance vaginale : suture par surjet.
Figure 5.27-28.
Vulvo-périnéoplastie : découpe cutanée périnéale en U, ce tissu sera réséqué.
Figure 5.30.
Figure 5.29. Vulvo-périnéoplastie découpe du lambeau vaginal postérieur
Vulvo-périnéoplastie : abord de la zone cicatricielle scléreuse qui quadrangulaire qui viendra combler la perte de substance
se trouvait à hauteur de l'hymen. périnéale.
On réalise : ●
une suture transversale en deux plans par des points
●
une incision verticale de la fourchette vulvaire jusqu'à séparés de fil résorbables 3/0 ou 4/0 (figure 5.34).
hauteur du démarrage du vagin avec résection de la zone
fibrosée dyspareuniante (figure 5.33) ;
●
une libération des berges muqueuses et cutanées sur Fistule recto-vaginale
quelques millimètres pour permettre une mobilisation des Les fistules recto-vaginales postobstétricales sont rares dans
tissus et un bon affrontement ; les pays développés. Elles surviennent le plus souvent après
67
Dren A.Amine
Chirurgie obstétrique Recherche bibliographique SCI-MED
Figure 5.33.
Périnéotomie médiane : incision verticale de la bride jusqu'à
l'ouvrir complètement.
Figure 5.31.
Vulvo-périnéoplastie : abaissement et suture du lambeau vaginal
postérieur qui couvre la perte de substance périnéale.
Figure 5.34.
Périnéotomie médiane : aspect final après la suture horizontale
de l'incision qui avait été faite verticalement.
68
Dr A.Amine 5.Recherche
Réparations desbibliographique SCI-MED
complications obstétricales vulvo-périnéales
La technique de Musset
En cas d'échec d'une première réparation ou en cas d'at-
teinte du sphincter, on aura recours à l'intervention de
Musset qui consiste en une mise à plat par périnéotomie
médiane, suivie d'une reconstruction complète plan par
plan [5, 8–10].
Elle peut être réalisée en un seul temps quand les tissus
sont sains, non infectés. Figure 5.35.
Elle a été décrite initialement en deux temps et ces deux Technique de Musset : repérage de la fistule.
temps sont nécessaires en cas de tissus très inflammatoires
et infectés. Un simple lavement la veille de l'intervention
suffit, une antibioprophylaxie est nécessaire. La patiente
est en position de la taille sous anesthésie générale ou
locorégionale :
●
1er temps : cathétérisme et mise à plat de la fistule par
section complète verticale du corps périnéal. La plaie cica-
trise spontanément en six à huit semaines en formant une
bride transversale. (figures 5.35 à 5.37).
●
2e temps : effectué environ deux mois plus tard (ou
d'emblée en cas de tissus sains) :
– pose de fils repères : deux fils sont posés au niveau des
extrémités postérieures des grandes lèvres et deux au
niveau des fossettes cutanées qui repèrent les extrémités
du sphincter externe sectionné lors du premier temps
opératoire (figure 5.38). Un autre moyen de repérer ces
fossettes est d'observer la zone de disparition des plis
radiés de l'anus et de se porter en dehors ;
– traction sur les fils à 45°, ce qui tend la bride cicatri-
cielle à concavité postérieure puis incision arciforme sur
la bride poursuivie par une dissection inter-recto-vagi-
nale sur 2 à 3 cm au-delà de la fistule de manière à pou-
voir mobiliser les tissus. Cette incision peut être étendue
latéralement si besoin pour atteindre les tissus muscu-
laires qui seront interposés entre les deux plans anorectal Figure 5.36.
et vaginal (figure 5.39) ; Technique de Musset : mise à plat du trajet fistuleux.
69
Dren A.Amine
Chirurgie obstétrique Recherche bibliographique SCI-MED
70
Dr A.Amine 5.Recherche
Réparations desbibliographique SCI-MED
complications obstétricales vulvo-périnéales
Les Lambeaux
Dans les fistules complexes ou récidivantes, il faut
interposer un lambeau de tissu vascularisé entre plan
vaginal et plan rectal. Les deux lambeaux les plus sou-
vent utilisés sont le lambeau de Martius et le lambeau
de gracilis.
Le lambeau de gracilis, une fois prélevé aux dépens
de la face interne de la cuisse, est passé dans un tunnel
sous-cutané réalisé depuis la partie proximale de l'inci-
sion jusqu'à la cloison recto-vaginale. Le muscle placé
entre le rectum et le vagin est alors fixé sur la tubérosité
ischiatique controlatérale à l'aide d'une incision sup-
plémentaire. Les conséquences fonctionnelles et cica-
tricielles de ce lambeau le font pratiquer en deuxième
Figure 5.41. intention seulement, ou quand la zone à couvrir est
Technique de Musset : repérage du sphincter externe de l'anus importante.
par des fils repères.
71
Dren A.Amine
Chirurgie obstétrique Recherche bibliographique SCI-MED
Références
[1] Rochat CH. Fistules vésicovaginales et fistules obstétricales. EMC
(Elsevier Masson SAS, Paris), Techniques chirurgicales – Urologie
2011;41–175.
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Extrait des Mises à jour en Gynécologie et obstétrique CNGOF
2009;491–7.
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ou non à une fistule urinaire d'origine obstétricale. Extrait des Mises
à jour en Gynécologie et obstétrique CNGOF 2009;559–73.
[4] Cortesse A, Colau A. Fistules vésicovaginales. Annales Urologie
2004;38:52–66.
[5] Cosson M, Lucot JP, Rubod C, Collinet P, Vinatier D. Cure de la fistule
obstétricale rectovaginale en un temps selon Musset. Extrait des
mises à jour en Gynécologie et obstétrique CNGOF 2009;321–8.
[6] Paniel BJ. Chirurgie des lésions bénignes de la vulve CNGOF
2008;121–44.
[7] Loterszjtan N, Panel P. Vulvo-périnéoplastie : indications, tech-
niques et résultats. Mises à jour en Gynécologie et obstétrique
CNGOF 2009;301–16.
[8] Manaouil D, Dumont F, Regimbeau JM. Fistules recto-vaginales
acquises de l'adulte. Gastroenterol Clin Biol 2004;28:1267–79.
[9] Denis J, Ganansia R, Puy-Montbrun T. Techniques chirurgicales
proctologiques : fistules recto-vaginales. Comment je fais ? Tech-
nique de Musset. SNFCP.
Figure 5.43. [10] Musset R. Fistule rectovaginale. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris),
Technique de Musset : reconstitution de la fourchette vaginale Techniques chirurgicales - Urologie-Gynécologie 1978.
par des points séparés.
Figure 5.44.
Technique de Musset vue finale : reconstitution de la zone
vulvo-périnéale.
72
Dr A.Amine Recherche bibliographique SCI-MED
Chapitre 6
Prise en charge des femmes
victimes de mutilations sexuelles
en salle de naissance
A. Hamidouche
PLAN DU C HAPITRE
Introduction 74
Rappel anatomique 74
Différents types des mutilations sexuelles
féminines 75
Conséquences obstétricales de l'excision 75
Technique de désinfibulation 75
Conclusion 76
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74
Dr A.Amine Recherche
6. Prise en charge des femmes bibliographique
victimes de SCI-MED
mutilations sexuelles en salle de naissance
Figure 6.2.
A. Type I : atteinte du prépuce avec ou sans excision du gland clitoridien. B. Type II : Atteinte du gland clitoridien, prépuce avec ablation
partielle ou totales des petites lèvres. C. Type III : Infibulation avec fermeture quasi complète de la vulve par ablation et accolement des
petites lèvres et ou des grandes lèvres, avec ou sans excision du clitoris.
Différents types des mutilations au type II, et nous ne retrouvons pas d'augmentation du
risque de complications obstétricales dans les mutila-
sexuelles féminines tions de type I.
Ces données concernent les pays d'Afrique dont la prise
L'OMS a établi une classification des mutilations sexuelles en charge et les moyens utilisés sont différents de notre pays.
féminines en quatre types. Les types I à III sont classés Néanmoins, sur les deux études rétrospectives réalisées au
en fonction de l'atteinte des organes génitaux externes Royaume-Uni [8] et en Australie [9], on n'a pas démontré
(figure 6.2). Un quatrième type regroupe toutes les formes de différence significative sur le taux de césarienne, le taux
non classées : piercing, élongation des petites lèvres, cauté- de déchirures périnéales, d'hémorragie de la délivrance et
risation par brûlure et introduction de substances corro- de morbidité néonatale. Il y a néanmoins un taux plus élevé
sives dans le vagin par exemple. d'épisiotomie.
75
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Tableau 6.1. Complications obstétricales maternelles et néonatales chez les patientes excisées.
Étude Type Nombre de patientes Déchirures Taux de HPP Morbidité
d'étude périnéales césarienne néonatale
Banks Meirik [3] Cas-témoin n = 6856 type I Type II : RR = 1,29 Type II : RR = 1,21 Type II :
n = 7771 type II (1,09–1,52) (1,01–1,43) RR = 1,28
n = 6595 type III Type III : Type III : (1,10–1,49)
n = 7171 non excisées RR = 1,31 RR = 1,69 Type III :
(1,01–1,70) (1,34–2,12) RR = 1,66
(1,33–2,10)
Anikwe [5] Transversale n = 260 excisées a OR = 0,76 p = 0,64 p > 0,05
n = 260 non excisées (0,63–0,91)
Théra [6] Cas-témoin n = 140 excisées a RC = 8,9 RC = 3,72 RC = 9,7
n = 140 non excisées (1,9–57,2) (1,36–10,74) (4,3–22,3)
p < 0,001 p < 0,05 p < 0,001
Millogo-Traore Cas-témoin n = 227 excisées a RR = 1,77 RR = 5,18
[7] n = 227 non excisées p = 0,008 p < 0,01
Balachandran [8] Cas-témoin n = 121 excisées a 27,2 % 26% excisées 7,4 % excisées
n = 121 non excisées excisées versus versus 29,75 % versus 10,7 %
29,7 % p > 0,05 p = 0,30
p > 0,05
Davis [9] Cas-témoin n = 141 excisées* p > 0,05 p > 0,05 p > 0,05
n = 142 non excisées
RR (IC 95 %) : risque relatif. RC (IC 95 %) : rapport de cote. OR (IC 95 %) : odds ratio. HPP : hémorragie du post-partum.
a
Excision de types I à III.
Figure 6.3.
Technique de désinfibulation. A. Patiente 2e pare, infibulation. B. Ouverture vulvaire limite, méat urinaire non visualisé. C. Pose d'une
sonde urinaire à demeure. D. Traction par des ciseaux sur la cicatrice médiane. E. Incision de la cicatrice médiane. F. Suture par deux
surjets de chacune des berges libérées. G. Même patiente, après réparation clitoridienne associée.
77
Dren A.Amine
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78
Dr A.Amine Recherche bibliographique SCI-MED
Chapitre 7
Les techniques chirurgicales
de la césarienne
G. Kayem, C. Raiffort, P. Delorme
PLAN DU C HAPITRE
Introduction 80
Rappel anatomique 80
Préparation de l'intervention et installation 80
Intervention 81
Particularités techniques : revue
de la littérature détaillant les différents
éléments techniques 88
Cas particuliers 90
Conclusion 94
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afin d'obtenir leur consentement éclairé. La réalisation d'un sus-pubiennes de tailles différentes, deux bistouris à lame
enregistrement du RCF ou du contrôle des bruits du cœur froide, deux écarteurs de Farabeuf, deux écarteurs de Hart-
fœtal avant l'incision est en général pratiquée. mann, deux ciseaux et une paire de ciseaux à fil ;
Le rasage est réalisé avec une tondeuse pour limiter les ●
deux ou trois fils sertis résorbables type Vicryl® 1 ;
micro-effractions cutanées qui augmenteraient le risque ●
un forceps de Pajot ou un de Suzor ainsi qu'une ven-
infectieux et comprend uniquement les poils gênant la touse doivent être disponibles dans la salle ;
suture de la peau. ●
l'écarteur abdominal est peu utilisé.
Une sonde urinaire à demeure dans des conditions
aseptiques est posée avant l'installation des champs. Une
préparation pariétale avec double badigeonnage avec un Intervention
produit iodé en allant de l'apophyse xiphoïde au bas du
tiers supérieur des cuisses est réalisée et permettrait de Plusieurs techniques opératoires ont été rapportées pour
réduire le risque septique [4]. réaliser une césarienne et celles-ci ont évolué dans le
La patiente est installée sur la table de césarienne avec temps. Celle de référence a longtemps été la technique
des bas de contention pour diminuer le risque throm- de Pfannenstiel qui a introduit l'incision transversale. Une
boembolique et légèrement en décubitus latéral gauche version simplifiée utilisant une incision transversale, intro-
(15°) pour faciliter le retour veineux jusqu'au moment de duite par Joël-Cohen, située légèrement plus haut sur
la naissance, même si les bénéfices sur le fœtus ne sont pas une ligne joignant les épines iliaques et réalisée presque
démontrés. Un abord vaginal doit être possible, si néces- exclusivement aux doigts a été diffusée à l'hôpital Misgav
saire en cas de survenue d'une hémorragie. Ladach (Israël) par Michael Stark et est actuellement la plus
L'anesthésie doit s'adapter au degré d'urgence du geste répandue.
et peut être générale ou locorégionale. Cette dernière doit
être privilégiée car sa morbidité est inférieure et peut être,
selon les équipes, par voie rachidienne, par voie péridurale Choix du type de l'incision
ou par l'association des deux techniques. abdominale
Elle doit permettre d'assurer une extraction fœtale facile,
Matériel ne pas être traumatisante pour les tissus maternels et être
L'opérateur doit avoir à sa disposition un matériel chirurgical satisfaisante sur le plan esthétique.
de base ainsi que, en cas de besoin, une boîte d'hystérectomie. Les deux différentes voies d'abord sont les incisions
Le matériel de base est constitué de (figure 7.1) : médianes sous-ombilicales et les incisions transversales
●
une ou deux portes aiguilles, deux pinces Kocher, sus-pubienne (figure 7.2). Ces dernières peuvent être de
deux pinces plates, deux pinces Bingolea, deux valves type Pfannenstiel, de type Joël-Cohen, de type transrectale
avec (Morley) ou non ligature des vaisseaux épigastriques
(Mouchel).
Le choix de l'incision dépend de nombreux cri-
tères : qualité de l'exposition, obésité de la patiente, délai
d'accès à l'utérus, antécédents chirurgicaux. Une incision
verticale a été associée à un temps d'accès plus rapide à
la cavité abdominale en comparaison avec une technique
classique de césarienne mais au prix d'un allongement de
la durée opératoire totale et sans bénéfice néonatal signi-
ficatif [5]. Chez des femmes obèses, le risque infectieux et
d'éventration est plus élevé en cas d'incision verticale [6].
Le mode d'entrée dans l'abdomen (type «Pfannenstiel»
ou «Joël-Cohen», a été étudié par cinq essais analysés
dans une revue de la Cochrane et montre un bénéfice
en termes de temps opératoire, de douleurs et de fièvre
Figure 7.1. postopératoires [7]. Cependant, les risques d'adhérences
Les instruments utiles à la réalisation d'une césarienne. postopératoires et de rupture utérine ou de placenta
81
Dren A.Amine
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Figure 7.2.
Type d'incision.
accreta lors de la grossesse suivante n'étaient pas éva- arciforme après relâchement de la peau. L'incision cutanée
luables. La médiane sous-ombilicale a été abandonnée, sauf peut se faire de gauche à droite si l'opérateur (droitier) est à
cas particuliers, au profit des incisions transversales et ce gauche de la patiente avec un bistouri à lame arrondie tenu
même en cas d'antécédent de laparotomie médiane pour comme un archet.
certains auteurs [8]. Les raisons de ce succès sont multiples : Le tissu cellulaire sous-cutané est incisé de manière légè-
la solidité de la cicatrice, la morbidité moindre, la rapidité rement oblique vers le haut pour aborder perpendiculai-
d'accès à l'utérus, les résultats esthétiques. rement l'aponévrose. L'incision aponévrotique est médiane
Les indications de la médiane sous-ombilicale restent et paramédiane. L'exposition de toute l'aponévrose étant
indiquées par certains pour quelques cas particuliers : l'obé- ensuite aisée par traction divergente des écarteurs de Fara-
sité, les troubles de la coagulation, les antécédents de lapa- beuf chargeant le tissu sous-cutané en prenant contact
rotomie médiane, les suspicions documentées de placenta avec l'aponévrose. Cette procédure permet de récliner sans
accreta ou percreta. léser les vaisseaux et nerfs latéraux sous-cutanés.
L'incision transversale est plus esthétique que l'incision Sur l'aponévrose, on réalise une boutonnière centrale
médiane et comporte l'avantage majeur d'être plus solide au bistouri froid ou au bistouri électrique élargie latérale-
avec un risque d'éventration postopératoire moins important. ment de part et d'autre de la ligne médiane sur 3–4 cm.
Les écarteurs de Farabeuf, tractant légèrement vers le haut
permettent d'exposer l'aponévrose dont la section est
Technique de Pfannenstiel
poursuivie latéralement aux ciseaux de Mayo ou au bistouri
C'est la technique traditionnelle d'incision transversale. électrique selon un trajet oblique en haut et en dehors.
L'incision est réalisée 3 cm (ou deux doigts) au-dessus du L'incision réalisée est plus arciforme que celle de la peau et
rebord supérieur du pubis, légèrement arciforme sur envi- atteint une longueur totale d'environ 16 cm.
ron 12–14 cm suffisamment large pour éviter une extrac- L'aponévrose est ensuite décollée vers le haut. Deux
tion fœtale difficile. Elle peut suivre le pli cutané qui adopte pinces (Kocher ou J.-L. Faure) sont posées de part et d'autre
spontanément cette disposition, ce qui permet d'améliorer de la ligne médiane. La gaine aponévrotique n'est pas adhé-
encore l'aspect esthétique postopératoire. En pratique, si rente aux muscles droits et ceux-ci sont faciles à cliver au
on tend la peau en tractant légèrement vers le haut, on doigt de part et d'autre de la ligne médiane sur 5–6 cm.
peut réaliser une incision horizontale qui sera légèrement L'attache médiane au niveau de la ligne blanche entre
82
Dr A.Amine Recherche7. bibliographique SCI-MED
Les techniques chirurgicales de la césarienne
l'aponévrose et le muscle est ensuite sectionnée progres- plus haut possible. Celle-ci est agrandie transversalement
sivement vers le haut au bistouri électrique ou aux ciseaux en exerçant une traction divergente. Habituellement, cette
de Mayo. ouverture est non hémorragique et ne nécessite pas l'utili-
La même procédure est réalisée vers le bas. Les pyrami- sation du bistouri électrique. La description habituelle de
daux qui sont repérés doivent être si possible laissés acco- l'intervention comprend une hystérotomie segmentaire
lés aux muscles grands droits qui sont ensuite totalement sans incision préalable du péritoine viscéral ni décollement
séparés aux ciseaux jusqu'à leur insertion pubienne. vésico-utérin. L'hystérotomie est réalisée par l'opérateur au
L'ouverture du péritoine pariétal s'effectue le plus haut moyen de ses deux index en étirant latéralement les fibres
possible après saisie par deux pinces plates, réalisation d'un musculaires pour obtenir une hystérotomie transversale
pli transversal et vérification digitale de l'absence de vessie dite «par digitoclastie». Après l'extraction fœtale, la suture
ou d'anses digestives dans le pli. Une incision prudente du de l'hystérotomie se fait en un plan et le péritoine (pariétal
péritoine est alors réalisée aux ciseaux puis élargie vers le et viscéral) n'est pas suturé (figure 7.4).
haut dans la limite du décollement musculo-aponévrotique
et vers le bas jusqu'à 1 cm de la vessie.
L'exposition du segment inférieur utérin ne nécessite en
Incision transversale selon Mouchel
général pas d'écarteur abdominal mais certains préfèrent Cette technique peut être très utile en cas d'antécédents
faciliter l'exposition par un écarteur de Gosset. La technique chirurgicaux (utérus uni- ou multicicatriciel, myomecto-
le plus souvent utilisée est celle de la mise en place d'une mie, etc.) lorsque l'abord est difficile en raison des nom-
valve sus-pubienne pour écarter la paroi vers le bas tandis breuses adhérences ou bien encore lorsqu'une très grande
qu'un écarteur de Hartmann réclinant le bord supérieur exposition est nécessaire.
permet d'avoir un jour suffisant sur le segment inférieur. L'abord jusqu'à l'aponévrose est le même que pour
l'incision de Pfannenstiel. L'incision est ensuite poursuivie
Incision transversale de Joël-Cohen transversalement sans décoller l'aponévrose des muscles
grands droits. Ce point est fondamental car la rétraction
adaptée par Stark des muscles gênerait ensuite leur cicatrisation.
Initialement décrite par Joël-Cohen dans les hystérecto- Les grands droits sont sectionnés au bistouri électrique
mies, elle a été adaptée en 1984 par Stark pour la césarienne (en coagulation) de dedans en dehors sur leur moitié
dans l'hôpital Misgav Ladach à Jérusalem. Ses avantages interne. L'abord du péritoine est réalisé avec les précautions
sont sa rapidité, sa simplicité et sa courbe d'apprentissage habituelles, le plus haut possible pour éviter la vessie et de
facile. Une revue de la Cochrane et une méta-analyse manière transversale.
incluant quatre essais randomisés trouvait une diminution La réparation est identique à celle des autres techniques.
des pertes sanguines, des infections du post-partum et des La suture des muscles droits n'est pas nécessaire en l'ab-
douleurs postopératoires [9]. De plus, aucune différence sence de décollement aponévrotique.
significative n'était observée concernant la survenue d'une
plaie vésicale d'un événement morbide postopératoire. Extraction
L'opérateur est placé à droite de la patiente et l'incision
se fait sur une largeur de 13 à 15 cm et à 3 cm au-dessous L'extraction du fœtus est le temps le plus délicat de l'inter-
de la ligne joignant les épines iliaques antéro-supérieures vention, car elle doit permettre une naissance atraumatique
soit, dans la description de l'intervention, un peu plus haut rapide sans agrandir involontairement l'hystérotomie ou
qu'en cas de Pfannenstiel. En pratique, une incision dans le générer un trait de refend ou une plaie vésicale.
pli permet aisément de réaliser l'intervention. Des traumatismes fœtaux sont rapportés dans envi-
L'incision est poursuivie dans sa région médiane hori- ron 1 % des césariennes : avec des fractures du fémur, de
zontalement sur 3 cm sur la graisse puis l'aponévrose l'humérus, des décollements épiphysaires, mais aussi des
(figure 7.3). On réalise alors une divulsion de la graisse et de paralysies du plexus brachial.
l'aponévrose par écartement digital avec, d'un côté, l'index L'extraction fœtale par césarienne peut nécessiter des
et le majeur de l'opérateur et, de l'autre, ceux de son aide. manœuvres particulières, cependant, lorsque le pôle fœtal
En miroir de nouveau on réalise une divulsion des muscles se présente au-dessus ou au niveau de l'incision, il n'y a en
grands droits en partant de la ligne blanche. Le péritoine général aucune difficulté pour extraire le fœtus après retrait
est ensuite crocheté pour réaliser une petite ouverture le de l'écarteur ou la valve sus-pubienne.
83
Dren A.Amine
Chirurgie obstétrique Recherche bibliographique SCI-MED
B
A
C
D
E
F
Figure 7.3.
L'incision de Joël Cohen modifiée par Starck (A à F).
84
Dr A.Amine Recherche7. bibliographique SCI-MED
Les techniques chirurgicales de la césarienne
A
Figure 7.4.
La suture de l'hystérotomie en un plan (A, B).
A B
Figure 7.5.
L'extraction du fœtus en présentation céphalique (A, B).
85
Dren A.Amine
Chirurgie obstétrique Recherche bibliographique SCI-MED
Version podalique
Elle est utilisée en cas de présentation transverse ou en
cas de difficultés d'extraction fœtale en présentation
céphalique. Lorsque l'hystérotomie se trouve par exemple
au niveau du plan des épaules, il peut paraître beaucoup
plus facile et moins risqué d'extraire le fœtus par version :
la recherche des deux pieds est en général facile et l'ex-
traction du siège est suivie du dégagement aisé de la tête
(figures 7.6). Dans l'éventualité d'un oligoamnios ou d'une
rupture prolongée des membranes avec utérus moulé sur
le fœtus, une utérorelaxation à l'aide de dérivés nitrés peut A
être utile.
Délivrance
La délivrance placentaire peut comprendre une révision
utérine, ou une délivrance dirigée associant l'injection
d'ocytociques, le massage utérin et la traction du cordon.
La délivrance implique la perfusion d'ocytocine et inclut
souvent une traction du cordon et un massage utérin. Elle
est associée à un risque plus faible d'HPP [10].
Exploration de la cavité
B
et de la fermeture
La qualité de la rétraction utérine est vérifiée manuellement
et peut nécessiter l'adjonction d'ocytociques. Une toilette
péritonéale est réalisée au niveau des gouttières pariéto-
coliques à l'aide d'un champ et/ou d'une aspiration en
s'aidant d'un écarteur de Hartmann.
La toilette péritonéale au sérum physiologique n'est pas
recommandée. On réalise un compte des champs et des
compresses.
Il est possible de réaliser un rapprochement musculaire
dans les incisions de type Pfannenstiel et dérivés mais la suture
musculaire en cas de technique de Mouchel est inutile.
La fermeture des feuillets aponévrotiques est réalisée
avec un point d'angle du côté de l'opérateur et un surjet C
de Vicryl® 1 en partant de l'angle opposé. Cette suture
doit être soigneuse pour éviter les risques d'éventration. Figure 7.6.
La paroi supérieure et inférieure peuvent être alors infil- L'extraction du fœtus en présentation podalique (A à C).
trées par un anesthésiant de longue durée d'action type
Naropéine®.
la technique utilisée, les difficultés rencontrées, le poids
Le compte-rendu opératoire et l'état de l'enfant ainsi que tous les renseignements
pouvant être utiles pour la prochaine grossesse. Des
L'opérateur réalise à la fin de l'intervention un compte- formats types de compte-rendu ont été proposés par
rendu opératoire précisant l'indication de la césarienne, le CNGOF.
86
Dr A.Amine Recherche7. bibliographique SCI-MED
Les techniques chirurgicales de la césarienne
Compte-rendu opératoire ■
Fermeture aponévrotique : type de suture et
type CNGOF type des fils ;
■
Drainage sous-aponévrotique :
Données administratives obligatoires devant figurer – absence de drainage sous-aponévrotique ;
dans le compte-rendu opératoire de la césarienne – drainage sous-aponévrotique par des redons
Le compte-rendu doit comporter le nom et les aspiratifs ou non.
coordonnées de l'établissement. ■
Fermeture cutanée : agrafes ou suture (surjet
Le compte-rendu doit être concis et précis. ou points séparés de Blair-Donati, surjet intrader-
Il doit comporter par ailleurs : mique) et types de fils (marque et calibre).
■
les noms (dont nom de naissance), prénom et ■
Aspect des urines en fin d'intervention.
date de naissance de la patiente ; ■
Volume total des pertes sanguines estimées en
■
la date d'intervention ; fin de césarienne. Transfusion (oui, non. Si oui,
■
le nom du ou des opérateurs/anesthésistes (avec types et quantité des produits).
leur grade ou statut) et des aides. ■
Qualité du globe utérin.
■
Aspect macroscopique du placenta et du cor-
Données médicales devant figurer dans le compte-
rendu opératoire de la césarienne don (notamment anomalie de longueur).
Indication, gestité, parité
■
Examen anatomopathologique ou bactériolo-
■
Le nombre de cicatrices utérines éventuelles. gique demandé.
■
Le terme au moment de la césarienne (en SA et Horodatage
jours selon la convention du CNGOF). ■
Heure de la décision en cas de césarienne en
■
Le type de césarienne (programmée/en travail/ urgence, de l'incision cutanée de la naissance et de
en urgence), la dilatation du col si en travail. la fin d'intervention ou durée d'intervention (en
■
L'indication. minutes).
Description de la césarienne Proposition éventuelle pour une prochaine
■
Type et moment de l'antibioprophylaxie. grossesse
■
Type d'anesthésie. Noter éventuellement une conduite à tenir préco-
■
Type du sondage vésical (à demeure ou non). nisée pour la grossesse suivante.
■
Type d'abord pariétal : Joël Cohen, Pfannenstiel, Validation du compte-rendu opératoire
Mouchel (transversale avec section des muscles Tout compte-rendu opératoire diffusé ou archivé
grands droits), médiane sous-ombilicale, doit être validé via une signature de l'opérateur.
vaginale. (Signature manuscrite ou électronique).
■
Préciser les éventuelles difficultés ou particulari- Une copie validée doit être remise à la patiente.
tés de l'abord utérin et si un décollement vésical a
été réalisé.
■
Type d'hystérotomie, refends, difficultés éventuelles. Césarienne selon la technique de
■
Liquide amniotique (aspect, quantité). Stark
■
Extraction : présentation, difficultés, manœuvres.
L'enfant : sexe, Apgar, poids, pH artériel. Opérateur à droite de la patiente
■
Délivrance : dirigée ou manuelle. Révision utérine. Incision sur une largeur de 13 à 15 cm et à 3 cm
Si dirigée : produit, dose et voie d'administration. au-dessous de la ligne joignant les épines iliaques
■
Hystérorraphie : type de suture et sur les déchi- antéro-supérieures.
rures éventuelles (surjet, points en X, simples sépa- Divulsion de la graisse et de l'aponévrose par écar-
rés ; un ou deux plans), type de fils utilisés (marque tement digital avec d'un côté l'index et le majeur
et calibre). de l'opérateur et de l'autre ceux de son aide
■
Décrire les annexes et l'utérus. Divulsion des muscles grands droits en partant de
■
Toilette péritonéale. la ligne blanche.
■
Fermeture du péritoine (oui/non). Une ouverture la plus haute possible est réalisée
■
Qualité de l'hémostase en fin d'intervention. en crochetant le péritoine. Elle est agrandie trans-
■
Compte des compresses. versalement en exerçant une traction divergente.
87
Dren A.Amine
Chirurgie obstétrique Recherche bibliographique SCI-MED
Mise en place d'une valve sus-pubienne pour avoir ostopératoire, abcès de paroi, endométrite et réhos-
p
accès au segment inférieur. On réalise une courte pitalisation (6,5–9 % ; risque relatif [RR] : 0,55 ; IC 95 % :
incision à 2 cm au niveau du repli vésico-utérin 0,26–1,11) [12]. Une méta-analyse de la Cochrane a repris
jusqu'au bombement des membranes. les résultats de quatre essais randomisés et montré que
L'hystérotomie transversale est poursuivie par l'antisepsie vaginale réduisait par deux le risque d'endo-
digitoclastie. métrite postopératoire (9,4–5,2 % ; RR : 0,57 ; IC 95 % :
Après extraction de l'enfant et une délivrance de 0,38–0,87) et par huit pour le groupe des patientes qui
préférence dirigée, l'utérus est extériorisé hors de avaient une rupture des membranes (15,4–1,4 % ; RR :
la cavité abdominale. 0,13 ; IC 95 % : 0,02–0,66) [13].
L'hystérorraphie est réalisée en un plan avec un
surjet de fil résorbable 1, auquel on peut rajouter
des points en X ou en U si l'hémostase n'est pas Décollement vésico-utérin
satisfaisante. La réalisation d'un décollement vésico-utérin est discu-
L'exposition peut, rarement, être insuffisante pour tée. Deux essais ont été réalisés portant respectivement
l'extraction aisée du fœtus et il peut être néces- sur 102 et 258 femmes sans [14], ou avec un antécédent
saire de compléter l'ouverture par une section de césarienne [15]. L'absence de décollement était asso-
musculaire partielle. ciée à un temps opératoire plus court, à une diminution
La fermeture est réalisée sans suture des feuillets des douleurs postopératoires et à une réduction des
péritonéaux ni point de rapprochement muscu- saignements.
laire. L'aponévrose est fermée avec un surjet de fil
résorbable type Vicryl® 1 en commençant avec un
point d'arrêt du côté de l'opérateur avec un point Type d'hystérotomie
inversant de sorte que le nœud se retrouve sous
l'aponévrose. Il est nécessaire avant de réaliser une césarienne de
En dehors des pédicules adipeux importants, le connaître la localisation placentaire pour pouvoir antici-
tissu sous-cutané n'est en général pas suturé. La per les placentas bas insérés ainsi et le risque de placenta
peau est affrontée avec au choix de l'opérateur du accreta.
fil ou des agrafes. Classiquement, l'incision est segmentaire transversale,
dans la direction des fibres et des vaisseaux myométriaux et
adaptée à la hauteur du pole fœtal. Une incision trop basse
peut rendre la suture difficile et expose à une plaie vésicale
Particularités techniques : revue en cas de trait de refend.
La réalisation de l'hystérotomie est initiée avec pré-
de la littérature détaillant les caution au bistouri froid. L'introduction dans la cavité
différents éléments techniques utérine peut être réalisée au bistouri, ou à la pince, ou
encore au doigt quand le myomètre incisé devient suf-
Antisepsie préopératoire fisamment fin pour le permettre. L'élargissement de
l'incision est réalisé par traction latérale par un doigt
L'antisepsie cutanée chirurgicale est systématique. L'anti- de chaque côté de l'incision ou aux ciseaux. Cela dimi-
sepsie vaginale est moins souvent pratiquée dans les nuerait le risque hémorragique en comparaison avec la
services alors qu'il existe plusieurs essais qui montrent section aux ciseaux [16]. Ces résultats n'ont cependant
son intérêt pour prévenir le risque d'infection postopé- pas été confirmés par l'essai CORONIS [2, 3]. Ce large
ratoire, en particulier d'endométrite. Un essai réalisé chez essai international randomisé ouvert a testé cinq inter-
300 femmes a montré que l'antisepsie vaginale rédui- ventions dont l'hystérotomie au ciseau (n = 4628) ou
sait le risque d'endométrite postopératoire (7–14,5 % ; aux doigts (n = 4619). Les auteurs n'ont pas trouvé de
adjusted odds ratio [ORa] : 0,44 ; intervalle de confiance différence entre les groupes pour tous les critères de
[IC] 95 % : 0,19–0,99) mais pas le risque d'abcès de paroi jugement étudiés incluant les taux d'HPP (transfusion,
ou d'hyperthermie postopératoire [11]. Un autre essai chirurgie de seconde ligne pour HPP), d'infection du
montrait une diminution non significative du risque de post-partum. De même, les temps opératoires étaient
survenue d'un indice composite incluant hyperthermie très proches dans les deux groupes.
88
Dr A.Amine Recherche7. bibliographique SCI-MED
Les techniques chirurgicales de la césarienne
des faiblesses méthodologiques (effectifs réduits, biais que le taux de patientes algiques à six semaines (2 versus
d'indications comme celui de la réalisation en un plan qui 2 %). Le suivi à trois ans a également été évalué en cas de
peut dépendre de l'épaisseur du segment inférieur ou du fermeture versus non fermeture du péritoine. Respective-
chirurgien) et ne permettent pas de conclure sur la tech- ment, les taux de douleurs pelvienne (5 versus 6 % ; ORa :
nique à utiliser. Deux essais randomisés ont été publiés [2, 0,9 ; IC 95 % : 0,75–1,08), de complications digestives (deux
34]. L'objectif était de comparer les suites immédiates en cas versus un cas) ou d'infertilité secondaire (2 versus 3 % ;
comparant la fermeture en un plan versus en deux plans ORa : 0,80 ; IC 95 % : 0,61–1,06) étaient comparables selon
puis le pronostic obstétrical lors de la grossesse suivante que les patientes aient eu une fermeture (n = 4036) ou
[34]. Aucune rupture utérine complète n'est survenue dans non du péritoine (n = 4087).
les deux groupes, respectivement de 70 et 75 femmes, mais
la puissance de l'essai n'était pas suffisante pour montrer
une différence entre les deux groupes. Plus récemment, les
Fermeture de la paroi
résultats du suivi à trois ans de l'étude CORONIS ont été Chez les patientes présentant une paroi épaisse, il peut être
publiés [2]. Le taux d'accouchement par voie basse n'était envisagé des points de rapprochement du fascia superficia-
que de 19 et 18 % respectivement dans les deux groupes lis pour éviter une désunion.
suture simple (n = 1611) versus suture double (n = 1623). Un surjet intradermique, des agrafes, des points séparés,
Les risques de complication obstétricale incluant rupture voire une colle biologique peuvent être utilisés pour la fer-
utérine, déhiscence, placenta praevia, hématome rétropla- meture de la paroi. Néanmoins, une méta-analyse publiée
centaire, hémorragie du post-partum étaient comparables en 2014 et incluant 3112 femmes montre que si la suture
dans les deux groupes. Une rupture utérine est survenue cutanée par un surjet intradermique rallonge le temps opé-
dans le groupe suture simple versus deux dans le groupe ratoire, il semble qu'elle soit associée à moins de désunions
suture double. cutanées (RR : 0,29 ; IC 95 % : 0,20–0,43) [38].
En conclusion, l'utilisation des deux techniques (suture
simple ou double) pour fermer l'hystérotomie sont possibles
et présentent des résultats à court et à long termes équivalents.
Cas particuliers
La césarienne est une intervention simple et bien standar-
Suture du péritoine viscéral disée. Cependant, dans certaines conditions, la réalisation
On ne réalise en général plus la suture du péritoine viscéral technique peut être difficile et nécessite un opérateur averti
qui provoque une ascension de la vessie. La non-fermeture et expérimenté.
du péritoine pariétal est préconisée par de nombreux
opérateurs. Elle est associée à une diminution du temps Césarienne à dilatation complète
opératoire et du risque de fièvre du post-partum [35].
Sur le long terme, une étude prospective comparative La césarienne à dilatation complète est une césarienne dif-
trouvait un risque plus élevé d'adhérences [36]. Ce résul- ficile car il y a un continuum entre le segment inférieur, le
tat n'a cependant pas été confirmé par un essai rando- col et le vagin.
misé portant sur 97 femmes pour lesquelles la présence L'hystérotomie doit être réalisée en prenant garde de
d'adhérence était évaluée lors de la deuxième césarienne ne pas être trop bas pour éviter de se situer sur le col,
[37]. Plus récemment, ont été publiés les résultats de l'essai voire le vagin avec des risques d'extension vers le liga-
CORONIS [2]. Les groupes « suture du péritoine pariétal ment large, les pédicules ou la vessie. Le risque est de
et viscéral » (n = 4824) ont été comparés à l'absence de se retrouver sur l'épaule ou le thorax, d'avoir éventuel-
fermeture (n = 4851) avec un suivi à court terme et à lement une procidence du bras difficile à réintégrer et
trois ans. À court terme (<6 semaines), les auteurs n'ont l'extraction peut alors se révéler difficile. Il est possible à
observé aucune différence entre les groupes pour les taux dilatation complète de demander à un aide de remonter
d'infection du post-partum, d'hémorragie du post-partum la présentation par voie vaginale sous les champs. L'opé-
ou la réalisation d'une reprise opératoire quelle qu'en soit rateur peut y associer un appui sur l'épaule d'une main
la cause. Le taux de patientes qui nécessitait une analgé- en glissant délicatement l'autre main pour remonter la
sie additionnelle à 48 heures du post-partum était com- tête sans mouvement de levier pour prévenir un trait de
parable dans les deux groupes (5 versus 5 %), de même refend.
90
Dr A.Amine Recherche7. bibliographique SCI-MED
Les techniques chirurgicales de la césarienne
91
Dren A.Amine
Chirurgie obstétrique Recherche bibliographique SCI-MED
Placenta accreta
L'attitude consensuelle concernant le placenta accreta est
de ne pas tenter une délivrance forcée qui peut provo-
quer une hémorragie cataclysmique [43]. Deux types de
prise en charge sont possibles : la césarienne associée à
une hystérectomie et un traitement conservateur consis-
tant en l'abandon du placenta dans la cavité utérine sans
hystérectomie. La difficulté de ces prises en charge est
qu'il n'existe pas de technique diagnostique qui permette
d'avoir l'assurance totale de la présence ou non d'un pla-
centa accreta.
Quelle que soit la méthode utilisée, le plateau technique
doit être suffisant. Les équipes anesthésique et chirurgicale
doivent être adaptées à la difficulté potentielle de l'interven-
tion. Le centre hospitalier doit être équipé d'une banque du
sang, d'un plateau de radiologie interventionnelle et d'une B
réanimation maternelle.
Figure 7.8.
L'information de la patiente et de sa famille des risques
Abord de la cavité amniotique par décollement placentaire en
de complication du placenta accreta est nécessaire. cas de placenta praevia (technique de Ward) (A, B).
L'âge gestationnel de l'accouchement est discuté
selon la symptomatologie, au cas par cas. Les auteurs patiente est totalement asymptomatique, il semble pré-
anglo-saxons proposent un accouchement à partir de férable de ne pas dépasser le terme de 38 SA pour que
34–35 SA pour diminuer le risque d'hémorragie sévère l'accouchement puisse être programmé dans des condi-
[44]. Mais ces recommandations reposent sur des études tions techniques optimales et éviter le risque d'hémor-
rétrospectives et de faible niveau de preuve. Lorsque la ragie sévère [45].
92
Dr A.Amine Recherche7. bibliographique SCI-MED
Les techniques chirurgicales de la césarienne
Césarienne
Désir maternel de fertilité Non et hystérectomie
Placenta percreta avec réalisation d'une césarienne en cas de confirmation
Hystérectomie semblant dangereuse diagnostique
peropératoire
Césarienne :
Localisation échographique précise du placenta
Hystérotomie verticale à distance du placenta
Extraction fœtale
Figure 7.9.
Prise en charge conservatrice du placenta accreta.
93
Dren A.Amine
Chirurgie obstétrique Recherche bibliographique SCI-MED
Une description de la procédure a été proposée (uni- [2] Abalos E, Addo V, Brocklehurst P, El Sheikh M, Farrell B, Gray S,
quement à titre indicatif) [52] : et al. Caesarean section surgical techniques: 3 year follow-up of the
CORONIS fractional, factorial, unmasked, randomised controlled
●
en cas de découverte lors de la délivrance, la révision trial. Lancet 2016;388(10039):62–72.
utérine n'est pas forcée. Le placenta adhérent est laissé en [3] Abalos E, Addo V, Brocklehurst P, El Sheikh M, Farrell B, Gray S,
place partiellement ou en totalité, si l'état hémodynamique et al. Caesarean section surgical techniques (CORONIS): a frac-
est stable et qu'il n'y a pas de signes cliniques ou biologiques tional, factorial, unmasked, randomised controlled trial. Lancet
2013;382(9888):234–48.
d'infections ;
[4] Weed S, Bastek JA, Sammel MD, Beshara M, Hoffman S, Srinivas SK.
●
quand le placenta accreta est fortement suspecté avant Comparing postcesarean infectious complication rates using two
l'accouchement sur l'existence de facteurs de risque et different skin preparations. Obstet Gynecol 2011;117(5):1123–9.
d'une imagerie en faveur du diagnostic, la prise en charge [5] Wylie BJ, Gilbert S, Landon MB, Spong CY, Rouse DJ, Leveno KJ,
inclut alors les étapes suivantes. La position du placenta et al. Comparison of transverse and vertical skin incision for emer-
gency cesarean delivery. Obstet Gynecol 2010;115:1134–40.
est déterminée avec précision par échographie. Une césa- [6] McLean M, Hines R, Polinkovsky M, Stuebe A, Thorp J, Strauss R.
rienne est programmée comportant une incision cutanée Type of skin incision and wound complications in the obese partu-
médiane élargie en sus-ombilical si cela était nécessaire. rient. Am J Perinatol 2012;29:301–6.
L'abord utérin se fait par une incision médiane à distance [7] Hofmeyr GJ, Mathai M, Shah A, Novikova N. Techniques for cae-
sarean section. Cochrane database of systematic reviews (Online)
du lit placentaire. Après l'extraction de l'enfant, une tenta-
2008;(1).
tive prudente de délivrance du placenta est réalisée en cas [8] Querleu D. Technique chirurgicales en gynécologie. 1998. Paris.
de doute, son échec permettant de confirmer le diagnostic. [9] Mathai M, Hofmeyr GJ, Mathai NE. Abdominal surgical incisions
Dans ce cas, le cordon est sectionné au ras de l'insertion for caesarean section. Cochrane database of systematic reviews
placentaire et la cavité utérine est refermée. Pour tenter de (Online) 2013;(5).
[10] Anorlu RI, Maholwana B, Hofmeyr GJ. Methods of delivering the
diminuer le risque infectieux, une antibiothérapie posto- placenta at caesarean section. Cochrane database of systematic
pératoire (amoxicilline et acide clavulanique) pendant dix reviews (Online) 2008;(3).
jours à titre prophylactique peut être administrée, en parti- [11] Starr RV, Zurawski J, Ismail M. Preoperative vaginal preparation with
culier en cas de rupture prématurée des membranes ; povidone-iodine and the risk of postcesarean endometritis. Obstet
Gynecol 2005;105(5 Pt 1):1024–9.
●
le suivi ultérieur de ces patientes est ensuite réalisé de
[12] Haas DM, Pazouki F, Smith RR, Fry AM, Podzielinski I, Al-Darei SM,
manière hebdomadaire jusqu'à la résorption complète du et al. Vaginal cleansing before cesarean delivery to reduce posto-
placenta. Il comprend un examen clinique, une échogra- perative infectious morbidity: a randomized, controlled trial. Am J
phie pelvienne et un bilan biologique à la recherche d'une Obstet Gynecol 2010;202. 310.e1-6.
infection débutante (prélèvement vaginal et C reactive [13] Haas DM, Morgan S, Contreras K. Vaginal preparation with anti-
septic solution before cesarean section for preventing postopera-
protein). Une prise en charge psychologique peut aussi être tive infections. Cochrane database of systematic reviews (Online)
proposée dans ce contexte très anxiogène. 2014;(12).
[14] Hohlagschwandtner M, Ruecklinger E, Husslein P, Joura EA. Is the
formation of a bladder flap at cesarean necessary ? A randomized
trial. Obstet Gynecol 2001;98:1089–92.
Conclusion [15] Tuuli MG, Odibo AO, Macones GA. Utility of the bladder flap at
cesarean delivery: a randomized controlled trial. Obstet Gynecol
La césarienne est en principe une intervention simple et bien 2012;120:709.
[16] Magann EF, Chauhan SP, Bufkin L, Field K, Roberts WE, Martin Jr.
codifiée. Le risque d'hémorragie du post-partum, les rapports JN. Intra-operative haemorrhage by blunt versus sharp expansion
anatomiques avec la vessie et l'uretère, l'impact des techniques of the uterine incision at caesarean delivery: a randomised clinical
utilisées sur le pronostic obstétrical utilisé impliquent de la trial. BJOG 2002;109:448–52.
part de l'opérateur une réelle vigilance. Enfin, certains aspects [17] Cromi A, Ghezzi F, Di Naro E, Siesto G, Loverro G, Bolis P. Blunt
expansion of the low transverse uterine incision at cesarean deli-
techniques ont réellement fait la preuve d'une efficacité pour
very: a randomized comparison of 2 techniques. Am J Obstet
diminuer la morbidité maternelle et doivent être utilisés. Gynecol 2008;199. 292 e1-6.
[18] Bethune M, Permezel M. The relationship between gestational age
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inserm.fr/wp-content/uploads/2017/10/ENP2016_rapport_com- rean: a meta-analysis of morbidity and mortality. Obstet Gynecol
plet.pdf. 1991;77:465–70.
94
Dr A.Amine Recherche7. bibliographique SCI-MED
Les techniques chirurgicales de la césarienne
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delivery. Number 5, July 1999 (replaces practice bulletin number primary cesarean delivery and adhesions. Obstet Gynecol
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95
Dr A.Amine Recherche bibliographique SCI-MED
Chapitre 8
Rupture utérine
X. Deffieux, H. Fernandez, M.-V. Senat, A. Benachi
PLAN DU C HAPITRE
Diagnostic 97
Décision thérapeutique 97
Techniques de réparation 97
Devenir obstétrical 97
Conclusion 97
Chirurgie en obstétrique
© 2020, Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
Dren A.Amine
Chirurgie obstétrique Recherche bibliographique SCI-MED
Points forts du chapitre maternelle liée à ces ruptures utérines sur utérus cicatriciel
La réparation chirurgicale d'une rupture utérine est une est très basse dans les pays développés, bien inférieure à
circonstance rare. celle qui serait associée à une politique de césarienne sys-
Il existe une multiplicité des types de rupture (étiologie, tématique de toutes les femmes ayant un utérus cicatriciel
localisation, épaisseur de la paroi utérine restante, etc.). [2]. En dehors de l'utérus cicatriciel et des manœuvres, les
Compte tenu de la multiplicité de ces types de rupture et autres facteurs de risque sont la grande multiparité, l'âge,
de leur rareté, les différentes techniques de réparation une dystocie dynamique (durée du travail dépassant
possibles (surjet versus points séparés, un plan versus 15 heures) ou de présentation (épaule, transverse, front),
deux plans, type de fil, etc.) n'ont pas été comparées les une disproportion fœtopelvienne (macrosomie, hydro-
unes par rapport aux autres. céphalie, etc.) et l'usage d'utérotoniques (ocytocine) [3].
La ligature des artères hypogastriques ou utérines ne
doit pas être systématique dans le cas d'une réparation
de rupture utérine. Diagnostic
L'hystérectomie ne doit plus être systématique après
rupture utérine.
Il ne faut pas réaliser de technique hémostatique
Classification
complémentaire « systématique » car celle-ci peut en La définition d'une rupture utérine complète (vraie) cor-
théorie altérer la vascularisation et donc le phénomène respond à l'existence d'une déchirure de l'ensemble des
de cicatrisation au niveau de la suture de la rupture. couches tissulaires (péritoine, myomètre et endomètre).
Le risque de récidive de la rupture utérine est de Elle peut s'étendre à la vessie ou au ligament large (rupture
l'ordre de 10 % lors d'une prochaine grossesse (rupture latérale à risque de plaie du pédicule utérin), survenant
spontanée ou lors de la mise en travail). Une césarienne pendant la grossesse ou le travail (figure 8.1A). Une rup-
systématique avant mise en travail sera donc proposée
ture utérine incomplète (déhiscence) est une déchirure
si une nouvelle grossesse survient.
ou une solution de continuité qui touche l'endomètre
et le myomètre sans atteinte de la séreuse péritonéale
Dans le monde, la prévalence des ruptures utérines est
(figure 8.1B) [4].
estimée à 0,05 % des grossesses en population générale [1].
Cette prévalence est beaucoup plus élevée, de l'ordre de
0,1 %, dans les pays en voie de développement où ce sont Facteurs de risque
surtout des dystocies qui en sont la cause (stagnation du
travail pendant de nombreuses heures) et où seulement Pour ne pas «passer à côté» du diagnostic, la priorité est
un tiers des ruptures surviennent sur des utérus cicatri- d'en connaître les facteurs de risque et d'être vigilant lors
ciels, alors que, dans les pays «développés», ces ruptures du travail chez ces femmes à risque (utérus cicatriciel, anté-
surviennent dans la très grande majorité des cas sur un cédent de perforation utérine ou de myomectomie, usage
utérus cicatriciel (antécédent de césarienne ou de chirurgie de prostaglandines, grande multiparité, travail très long).
utérine). Le risque de rupture utérine augmente avec le nombre
Les ruptures spontanées précoces (avant six mois de d'antécédents de césariennes, une cicatrice corporéale,
grossesse) sont très rares et surviennent au niveau d'une un intervalle court entre deux césariennes (< 6 mois) et le
corne utérine (grossesse cornuale), ou sur utérus malformé déclenchement ou la direction du travail [4, 5]. Le risque
(bicorne avec corne hypoplasique ou pseudo-unicorne), est plus important avec les prostaglandines E2 qu'avec
soit au niveau de l'isthme (perforation négligée lors d'une l'ocytocine ou les méthodes mécaniques. Le misoprostol
interruption de grossesse). est contre-indiqué en raison d'un risque majeur de rup-
Les ruptures en cours de travail sont les plus fréquentes. ture [6]. Récemment, Harper et al. ont essayé de déter-
Elles sont spontanées, ou traumatiques (lors de manœuvres miner quels pourraient être les paramètres du travail qui
utérines internes ou externes) et elles peuvent survenir sur seraient annonceurs de la survenue d'une rupture utérine
utérus cicatriciel (antécédent de césarienne, de myomec- [7]. Toutefois, cette étude a montré que le profil évolutif
tomie ou de perforation utérine) ou exceptionnellement de dilatation aboutissant à une rupture utérine n'a rien de
sur utérus sain. L'incidence de la rupture utérine sur utérus particulier par rapport à celui aboutissant à un échec de
cicatriciel (antécédent de césarienne) est de l'ordre de 1 %. voie basse sans complication (ayant résulté en une césa-
Cette incidence est donc faible. Par ailleurs, la mortalité rienne ne montrant pas de rupture utérine). En revanche,
98
Dr A.Amine Recherche bibliographique SCI-MED
8. Rupture utérine
Figure 8.1.
Définition d'une rupture utérine complète.
A. Rupture utérine complète corporéale.
B. Rupture incomplète (déhiscence) alors que la poche des eaux est intacte. La poche des eaux contenant le liquide amniotique fait donc
saillie sous le péritoine.
99
Dren A.Amine
Chirurgie obstétrique Recherche bibliographique SCI-MED
cette étude a une nouvelle fois souligné le fait qu'un travail siment toujours associée à d'autres signes évocateurs (dou-
déclenché, l'usage de l'ocytocine et une dilatation cervicale leur, saignement vaginal). D'autres modifications contractiles
qui progresse lentement après 7 cm de dilatation sont asso- ont été décrites lors de rupture utérine : contracture, hyper-
ciés à une augmentation du risque de rupture utérine (avec cinésie, modification de l'amplitude et/ou de la fréquence
toutefois une valeur prédictive médiocre). des contractions. En cas d'utilisation d'une tocométrie
interne, les anomalies sont souvent discordantes. Les cap-
teurs de pression intra-utérine ne permettent pas d'anticiper
Symptômes et signes de rupture le diagnostic. Ainsi, leur utilisation systématique sur utérus
utérine cicatriciel n'est pas recommandée [6].
Un saignement vaginal est rapporté dans 30 à 40 % des
Le diagnostic est évoqué en cours de travail dans 75 à 80 % cas de rupture utérine. La prévalence de l'hémopéritoine
des cas (le plus souvent en 1re phase du travail) [4]. Les signes n'est pas connue dans ce contexte. Un état de choc mater-
cliniques ont une faible valeur diagnostique. La douleur nel et/ou un hémopéritoine important sont rares, car la
en regard d'une cicatrice de césarienne est bien entendu plupart des ruptures concernent le segment inférieur cica-
évocatrice mais elle n'est pas pathognomonique, de même triciel donc fin, scléreux, peu vascularisé. C'est dans le cas où
que la survenue d'une violente douleur abdominale ou la déchirure s'étend (myomètre adjacent plus vascularisé,
pelvienne, brutale et d'apparition secondaire, surtout si elle vessie, etc.) ou s'il s'agit d'une rupture sur utérus «sain»
est associée à des anomalies brutales du rythme cardiaque (non cicatriciel) que l'hémorragie peut être plus sévère.
fœtal (figure 8.2), des saignements extériorisés par le vagin Les anomalies du rythme cardiaque fœtal survenant
et/ou à un collapsus qui sont les autres symptômes décrits lors d'une rupture utérine n'ont rien de spécifique (bra-
dans ce contexte. L'anesthésie péridurale peut toutefois dycardie sévère, tachycardie, diminution de la variabilité,
masquer une grande partie des douleurs associées à la décélérations variables sévères, etc.) et elles doivent donc
rupture utérine en per partum. Dans ces conditions, toute toutes être suspectes de rupture utérine dès lors qu'elles
douleur nouvelle ou inhabituelle doit faire évoquer le diag sont observées chez une femme en travail ayant un utérus
nostic, comme par exemple une douleur irradiant dans les cicatriciel [9]. Des anomalies du RCF sont retrouvées dans
épaules (fréquente en cas d'hémopéritoine) [8]. 50 à 90 % des cas de rupture utérine.
La disparition complète de l'activité contractile utérine Certains auteurs décrivent des déformations utérines
(enregistrée en tocométrie externe ou interne) n'est obser- survenant avant la rupture ou concomitantes à la rupture,
vée que dans 5 % des cas de rupture utérine [9]. Bien que en particulier une forme en sablier (figure 8.3) avec un
rare, elle est très évocatrice, mais il faut noter qu'elle est qua- anneau de striction médian (Bandl's ring), un fond utérin
Figure 8.2.
Exemple d'enregistrement cardiotocographique observé lors d'une rupture utérine. Il existe une hypercinésie de fréquence des
contractions (et même une hypertonie au début) et l'apparition d'anomalies du RCF avec des décélérations profondes résiduelles. La
césarienne réalisée en urgence confirmera l'existence d'une rupture utérine complète. Il s'agissait d'une femme ayant un utérus cicatriciel
qui avait une maturation cervicale par dispositif intravaginal délivrant un utérotonique (prostaglandines).
100
Dr A.Amine Recherche bibliographique SCI-MED
8. Rupture utérine
Figure 8.3.
Utérus en sablier.
Modification de forme de l'utérus et donc de l'abdomen, survenant en prérupture pour certains (signe de dystocie et de lutte utérine) ou lors
d'une rupture utérine du segment inférieur pour d'autres. Anneau de striction médian, fond utérin rétracté sur lui-même et segment inférieur
distendu (A à C).
rétracté sur lui-même et un segment inférieur distendu Le diagnostic peut être porté, moins fréquemment, en
par la « lutte » témoignant d'une dystocie. Il est à noter post-partum immédiat lors d'une révision utérine réalisée
que, pour certains auteurs, c'est un signe de pré-rupture en présence de signes évocateurs de rupture utérine en fin
alors que, pour d'autres, un signe de rupture avérée. Au de travail (métrorragies, troubles du RCF).
final, la valeur diagnostique réelle de ce signe de l'utérus
déformé « en sablier » (sensibilité, spécificité, etc.) n'a
jamais été étudiée. Il aurait même été rapporté que cet Décision thérapeutique
anneau utérin de rétraction pourrait causer des lésions
fœtales cérébrales [10]. De façon anecdotique, on peut
aussi signaler que quand le fœtus a été expulsé dans la
Expectative (abstention
cavité péritonéale lors de la rupture, ses membres sont thérapeutique)
alors palpables directement sous la peau de l'abdomen
En cas de déhiscence asymptomatique (diagnostic de déhis-
de la patiente.
cence lors d'une révision utérine) lors d'un accouchement
L'échographie abdominopelvienne au moment de la
par voie vaginale chez une femme ayant un utérus cicatri-
suspicion de rupture utérine peut montrer un hémopé-
ciel, il est possible de simplement surveiller la patiente. Si
ritoine ou exceptionnellement un membre fœtal extra-
elle est complètement asymptomatique (absence de dou-
utérin, mais la valeur diagnostique réelle de cet examen
leur, d'hémorragie extériorisée, d'hémopéritoine à l'écho-
(sensibilité, spécificité, etc.) n'a pas été évaluée dans cette
graphie, de troubles hémodynamiques), il est possible de
circonstance.
101
Dren A.Amine
Chirurgie obstétrique Recherche bibliographique SCI-MED
ne rien faire car il n'a jamais été montré que le fait de réaliser l'installation car ces tables d'accouchement sont en général
une suture changeait le pronostic de ces patientes, or cette très larges et le chirurgien se retrouvera mal à l'aise, penché
suture nécessiterait une laparotomie. Les dernières recom- en avant, dans une salle parfois mal conçue pour la chirur-
mandations du CNGOF indiquent que la pertinence du gie (asepsie, matériel pour l'anesthésie et la surveillance de
diagnostic clinique de déhiscence par la révision utérine est l'opérée, scialytique, table, bistouri électrique, etc.). Une
faible (avis d'experts). Une suspicion de déhiscence utérine étude récente portant sur 36 ruptures utérines montre que
asymptomatique lors d'une révision utérine ne nécessite si l'extraction a lieu dans les 18 minutes qui suivent la suspi-
pas de correction chirurgicale (accord professionnel) [6]. Il cion de rupture utérine, le pH de l'enfant à la naissance est
est à noter que ce ne sont que les déhiscences qui sont cen- supérieur à 7,00 [12]. Il est donc recommandé de procéder
sées être asymptomatiques. Les ruptures complètes sont, à l'extraction dans les 15–20 minutes suivant la suspicion.
sauf exception, symptomatiques. Au final, la laparotomie sur table d'accouchement doit être
La crainte d'une rupture utérine passée inaperçue après réservée à des cas exceptionnels.
un accouchement par voie basse d'une patiente porteuse
d'un utérus cicatriciel a entraîné de nombreuses équipes
à réaliser systématiquement une révision manuelle immé- Traitement conservateur ou radical ?
diatement après l'accouchement, de façon à « vérifier » la
L'hystérectomie pour rupture utérine doit rester exception-
cicatrice. Toutefois, la plupart des ruptures complètes sont
nelle. Jusque dans les années 1960, les chirurgiens interve-
symptomatiques et une révision utérine peut être iatro-
nant sur des ruptures utérines optaient, dans 50 à 75 % des
gène et provoquer une rupture utérine complète en déhis-
cas, pour l'hystérectomie et, sinon, réalisaient une ligature
cence ou favoriser une endométrite. De plus, le diagnostic
tubaire stérilisante dans de nombreux cas de traitement
de déhiscence de la cicatrice ou de rupture complète à
conservateur. Les données rassurantes sur le devenir obsté-
la révision utérine est subjectif (valeur diagnostique non
trical des femmes ayant eu une suture pour rupture utérine
étudiée). En outre, l'existence d'une déhiscence asympto-
permettent depuis de proposer un traitement conserva-
matique n'impose pas de traitement particulier et son diag
teur (hystérorraphie) dans la plupart des cas.
nostic pourrait être à l'origine d'indications abusives de
césarienne ultérieure.
Dans une étude rétrospective portant sur une durée
de dix ans (période au cours de laquelle cette équipe Techniques de réparation
pratiquait une révision utérine systématique), Perrotin
et al. ont montré qu'aucune des 14 déhiscences utérines La prise en charge réanimatoire (remplissage vasculaire,
(2 % des accouchements) diagnostiquées à la révision transfusion de dérivés sanguins et correction des troubles
utérine n'avait nécessité de traitement chirurgical. Plu- de la coagulation) ne sera pas abordée dans ce chapitre car
sieurs de ces patientes chez qui avait été notée une elle n'a pas de spécificité par rapport aux autres circons-
« déhiscence asymptomatique » avaient par la suite tances d'hémorragies du post-partum. Seuls les points
accouché par voie vaginale sans rupture utérine et sans chirurgicaux et stratégiques seront traités. Rappelons
nouvelle déhiscence utérine lors de la nouvelle révision simplement qu'il existe des différences importantes dans la
utérine [11]. gravité et la prise en charge des ruptures utérines selon le
Au final, dans le cadre de l'accouchement sur utérus niveau de développement des pays. Le recours à la trans-
cicatriciel, le CNGOF recommande de réserver la révision fusion de culots globulaires et autres dérivés sanguins en
utérine uniquement aux patientes symptomatiques [6]. cas de rupture utérine est de 14 à 44 % dans les pays déve-
loppés [13–15] et de 80 à 90 % dans les pays en voie de
développement [16, 17].
Degré d'urgence
Dans tous les autres cas, dès que la patiente suspecte de rup- Exposition
ture utérine est symptomatique, une laparotomie sera réa-
lisée en (extrême) urgence. La laparotomie est parfois faite Elle est importante et souvent difficile. Une fois le fœtus
directement sur la table d'accouchement quand le RCF est extrait (la vraie urgence n° 1 est là), il faut prendre le
très inquiétant ou absent, mais si cette option a le mérite de temps de s'exposer correctement, si besoin en élargissant
la rapidité, il faudra alors faire abstraction de l'inconfort de (largement) la précédente cicatrice cutanée et en incisant
102
Dr A.Amine Recherche bibliographique SCI-MED
8. Rupture utérine
éventuellement les muscles droits. Un écarteur de Gosset sée pour suspicion de rupture utérine et si l'examen simple
est placé pour écarter la paroi abdominale, des champs ne met pas en évidence de déchirure évidente sur le seg-
abdominaux sont disposés en haut pour refouler les anses ment inférieur, une palpation manuelle intra-utérine devra
digestives et une valve carrée refoulant ces champs est soli- être réalisée à la recherche d'une solution de continuité, la
darisée sur l'écarteur de Gosset (figure 8.4). face postérieure de l'utérus devra être examinée (au besoin
Les berges d'une cicatrice de césarienne saignent peu en extériorisant l'utérus) et tout hématome du ligament
dans la plupart des cas, et le saignement provient plutôt large devra faire évoquer l'existence d'une rupture latérale.
des déchirures secondaires (la déchirure sur la cicatrice a
«filé»). La déchirure file souvent latéralement ou vers la
vessie, mais des déchirures complexes sont aussi observées.
Suture de la déchirure myométriale
Il faut prendre des repères anatomiques nets au niveau Les plus grandes séries et revues de cas sur le sujet sont
de la vessie, du paramètre et du vagin. Comme il s'agira dans celles de Agüero et Kizer et de Sheth rapportant respective-
la plupart des cas d'une rupture en cours de travail, le col ment 462 et 41 cas de suture de rupture utérine, mais elles
est dilaté, raccourci, ramolli, en tout cas il ne constitue plus datent de 1968, elles comportent beaucoup de déhiscences
un repère solide évident. Il faut donc demander à un aide simples et ne donnent aucun détail sur les techniques de
(expérimenté) de placer une main dans le vagin de façon à suture utilisées [18, 19].
repérer la limite entre le vagin et le col. Le nombre de plans peut faire débat, puisqu'une étude
cas-témoin ne semblait avoir mis en évidence qu'une
Inspection suture myométriale en un seul plan lors d'une première
césarienne augmenterait le risque de rupture utérine lors
Le premier temps consiste à faire une inspection de la d'une grossesse ultérieure par rapport à une suture en deux
déchirure, c'est-à-dire de son étendue, de ses limites, de ses plans (OR : 2,69 ; IC 95 % : 1,37-5,28) [20]. Par extension, on
berges, des organes proches éventuellement concernés. La pourrait donc se poser la question concernant la suture
localisation de la rupture peut ne pas être évidente si la myométriale en cas de rupture utérine. Toutefois, une des
déchirure est limitée, en particulier si elle siège en posté- principales limites à cette étude (et aux autres portant sur
rieur ou dans le ligament large. Si une laparotomie est réali- cette thématique « suture myométriale en un plan versus
en deux plans ») est qu'il n'est jamais précisé pourquoi les
opérateurs ont fait une ou deux sutures (choix délibéré,
impossibilité de faire deux plans ou choix de faire deux
plans car le premier n'était pas satisfaisant) et que de nom-
breux facteurs confondants ne sont pas pris en compte.
Seul un essai randomisé permettrait de répondre à cette
question. Par ailleurs, l'équipe canadienne qui prône cette
suture en deux plans rapporte des taux de rupture utérine
bien supérieurs à ceux observés par bon nombre d'équipes
occidentales pratiquant la suture en un seul plan. Enfin,
d'autres auteurs ont indiqué des résultats opposés. Dans
une étude également rétrospective, Durnwald et Mercer
n'ont pas mis en évidence d'augmentation du risque de
rupture utérine après une suture myométriale en un plan
par rapport à une suture en deux plans. Ils avaient en
revanche observé une diminution de la durée opératoire
et de la prévalence des endométrites après suture en un
seul plan [21]. Les dernières recommandations pour la
pratique clinique du CNGOF rappellent qu'il n'existe pas
d'étude ayant une valeur méthodologique suffisante pour
Figure 8.4.
affirmer la supériorité d'un type de suture utérine lors de
L'écarteur de Gosset est en place, ainsi que la valve carrée la césarienne pour réduire le risque de rupture utérine
refoulant les anses digestives. (accord professionnel) [22].
103
Dren A.Amine
Chirurgie obstétrique Recherche bibliographique SCI-MED
Il n'existe pas de règle non plus concernant le type de Suture vésicale complémentaire en
suture à utiliser. Pour les cas simples, un surjet unique peut
être suffisant (figure 8.5A) mais, dans beaucoup de cas, des cas de déchirure vésicale associée
points séparés (en U ou en X) seront nécessaires. Aucune Les ruptures utérines se compliquent fréquemment de
étude n'a pu montrer la supériorité de l'une ou l'autre de ces déchirures au niveau de la vessie. L'apparition d'une héma-
types de suture. Il faut faire un surjet «non passé» (unlocked turie sera d'emblée évocatrice. Toute rupture proche de la
single layer suture) car les surjets passés (locked single layer vessie devra donc être suspecte d'une plaie vésicale asso-
suture) pourraient altérer la qualité de la cicatrisation par un ciée. Les déchirures vésicales associées sont de taille et de
effet de dévascularisation plus important (figure 8.5B) [23]. gravité variables. Il nous est arrivé une fois de retrouver
La suture est réalisée avec des fils résorbables (à résorption la tête de l'enfant passée à travers la rupture utérine et
lente) type Vicryl® 0. dans la vessie, cette dernière s'étant déchirée en trois
La question de la résection des berges fait également lambeaux.
débat, sans qu'il n'existe aucune étude publiée sur ce point. La suture vésicale est réalisée par un surjet en un plan
Quand les bords de la déchirure sont dévascularisés et (plan total incluant la muqueuse) ou en deux plans (un
déchiquetés ou nécrosés, il est logique de faire une exérèse plan muqueux et un plan détrusorien) grâce à des fils
limitée de ces berges, de façon à favoriser une cicatrisation à résorption lente type PDS® ou Vicryl® 3/0 ou 4/0. Il est
optimale. Dans les autres cas, il n'y a pas lieu de faire cette possible de faire une épiploplastie pour les sutures vésicales
exérèse de façon systématique. complexes, afin de limiter le risque de fistulisation à travers
En fin d'intervention, un drainage n'est pas nécessaire, la suture utérine toute proche.
mais il faudra en revanche faire une épreuve de remplissage La mise en place de sondes JJ et surtout un contrôle
vésical au bleu de méthylène afin d'être certain qu'il n'y échographique (± uroscanner) à J1 et J4 sont indispen-
avait pas de déchirure vésicale associée à la rupture utérine. sables dès que la déchirure et/ou la suture vésicale sont
Figure 8.5.
Technique de suture déchirure utérine : surjet continu, non passé, pour la suture de la déchirure utérine.
A. Suture idéale où les plans sont identifiables, ce qui est exceptionnel en cas de rupture utérine. Cela est vrai uniquement pour les ruptures
sur utérus sain ou dans le cas où la déchirure file vers le corps utérin, les plans sont alors souvent plus facilement identifiables. On peut ainsi se
permettre de faire une suture extra-muqueuse ou en prenant aussi la muqueuse en cas de doute sur les plans. B. Cas le plus fréquent pour les
ruptures du segment inférieur sur utérus cicatriciel. Le tissu utérin déchiré est fin, scléreux et un seul plan est visible, souvent sans muqueuse. La
suture est alors la plus simple possible, en prenant un maximum de tissu.
104
Dr A.Amine Recherche bibliographique SCI-MED
8. Rupture utérine
proches des méats urétéraux (les sondes JJ sont facile- n'est qu'en cas d'hématome très rapidement progressif et
ment mises en place lorsque la vessie est « ouverte »). quand une embolisation n'est pas possible très rapidement
Un contrôle de l'étanchéité vésicale en fin d'intervention que le chirurgien devra se risquer à ouvrir le rétropéritoine
sera bien entendu réalisé (remplissage de la vessie par un pour tenter une ligature hypogastrique et une tentative
colorant bleu). La suture doit être étanche. Il faudra garder d'hémostase des vaisseaux du ligament large. Un autre point
la sonde urinaire 10 à 14 jours au minimum. Un contrôle potentiellement délétère de cette ligature hypogastrique est
d'étanchéité par cystographie peut être réalisé avant abla- qu'elle gênera une éventuelle embolisation complémentaire.
tion de la sonde. Par ailleurs, la ligature de l'artère hypogastrique va entraîner
le développement de collatérales parfois très difficiles à
traiter en embolisation. Par conséquent, la règle en cas d'hé-
Prise en charge d'un hématome du matome du ligament large est plutôt de ne pas tenter de
ligament large associé à une rupture l'ouvrir et de plutôt s'orienter vers une embolisation rapide.
Si la déchirure utérine se situe dans le ligament large, elle
utérine peut être parfois suturée par voie endo-utérine, ce qui peut
En cas de constatation d'un hématome du ligament à l'ins- éviter de devoir entrer dans le ligament large pour la suturer.
pection initiale (figure 8.6), il faut immédiatement essayer Dans tous les cas, il faudra vérifier si une dilatation urété-
de comprimer cet hématome (packing temporaire pour rale n'apparaît pas dans les suites opératoires (échographie
limiter son évolution). Si l'hématome n'est pas encore très rénale systématique à J1 et éventuellement à J4). Elle peut
étendu et si les vaisseaux iliaques sont facilement acces- être liée à la compression par l'hématome ou par les sutures
sibles, une ligature des artères hypogastriques est possible. réalisées.
Celle-ci peut arrêter ou limiter le saignement dans le liga-
ment large et il peut parfois être moins dangereux de faire
une ligature hypogastrique que de passer des «gros points
Hémostase complémentaire
à l'aveugle» dans le ligament large. Il faut toutefois se rap- Il n'y a donc pas d'indication à réaliser une ligature vascu-
peler que l'ouverture du péritoine postérieur va transformer laire systématiquement associée à la suture d'une rupture
l'hématome rétropéritonéal (donc en partie comprimé) en utérine dès lors que la suture stoppe l'hémorragie. Un des
hémorragie intrapéritonéale. Il nous semble donc que ce objectifs étant que cette cicatrice soit solide, il est préférable
Figure 8.6.
Hématome du ligament large compliquant une rupture utérine. Ce schéma illustre une rupture du segment inférieur s'étant étendue
(ayant «filé») au ligament large gauche provoquant un hématome rétropéritonéal.
105
Dren A.Amine
Chirurgie obstétrique Recherche bibliographique SCI-MED
d'éviter une hypoperfusion de la zone suturée, une bonne trial est important. Les ruptures utérines représentent plus
vascularisation des berges étant un des points cruciaux d'un quart des indications d'hystérectomie obstétricale
pour favoriser une cicatrisation optimale. (tableau 8.1) [29–32]. Dans les cas d'utérus cicatriciel, qui
En cas d'atonie associée avec hémorragie du post- représente la majorité des cas de rupture utérine, l'hysté-
partum, il faudra recourir aux ligatures vasculaires rectomie pour rupture «non suturable» est assez peu fré-
(hypogastriques ou utérines) et/ou à des techniques de quemment pratiquée (5 %) [33]. La nécessité de recourir à
contention/tamponnement par suture type B-Lynch une hystérectomie (hémostase ou utérus non suturable) en
(appelées encore parfois techniques de « saucissonnage » ; cas de rupture utérine est inférieure à 10 % dans les pays
cf. chapitres 8, 9). Dans le millier de cas rapportés de développés [14, 34] contre 50 à 80 % dans les pays en voie
technique de B-Lynch, 25 ont utilisé cette technique de de développement [15, 16]. La mortalité maternelle dans les
façon concomitante à une suture de rupture utérine [3]. pays développés est inférieure à 0,5 % [14, 33, 34] alors qu'elle
Il n'existe pas de données sur le devenir obstétrical de ces est de 10 % dans les pays en voie de développement [17].
cas de B-Lynch associé à une suture de rupture utérine. En
revanche, il faut bien comprendre que cette technique de
Compte-rendu opératoire
saucissonnage utérin est elle-même pourvoyeuse d'une
certaine hypoperfusion et que ses effets sur la cicatrisa- Il devra comporter tous les détails concernant la locali-
tion ne sont pas connus. Plusieurs cas de rupture utérine sation et l'étendue de la rupture et les gestes réalisés sur
lors d'une grossesse ultérieure après technique de B-Lynch l'utérus (résection des berges, type de matériel de suture,
sur utérus sain ont été décrits [24–26]. type de suture, etc.), la vessie et les éventuelles techniques
L'utilisation d'un ballon de Bakri comme technique d'hémostase complémentaires. L'opérateur pourra donner
d'hémostase complémentaire lors de la réparation d'une son avis concernant une éventuelle future grossesse (auto-
rupture utérine a été décrite [27] mais, là encore, il n'existe risation sous réserve d'une césarienne systématique ou
pas de données sur le devenir de ces patientes et il est contre-indication).
quand même fortement probable que la distension du bal-
lon puisse entraîner une traction importante sur les sutures,
ce qui ne doit pas favoriser le phénomène de cicatrisation.
Nous avons-nous même observé un cas de migration d'un
ballon de Bakri dans le ligament large alors qu'une rupture
utérine latérale était méconnue (figure 8.7). Il n'est pas exclu
dans ce cas que l'inflation du ballon de Bakri ait provoqué
l'agrandissement de la rupture utérine.
Une technique d'embolisation est toujours possible, sur-
tout si le saignement ne réapparaît qu'après la fermeture
de la laparotomie. Quand le chirurgien est encore en train
d'opérer, il semble plus logique de procéder à des ligatures
vasculaires (hypogastriques ou utérines) plutôt que de
refermer la laparotomie et d'envoyer la patiente en embo-
lisation, sauf dans les cas où il existe un hématome du liga-
ment large ayant diffusé en rétropéritonéal (cf. supra).
106
Dr A.Amine Recherche bibliographique SCI-MED
8. Rupture utérine
107
Dren A.Amine
Chirurgie obstétrique Recherche bibliographique SCI-MED
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109
Dr A.Amine Recherche bibliographique SCI-MED
Chapitre 9
Ligatures vasculaires
A. Mattuizzi, B. Resch, H. Madar, A. Froeliger, A. Brot, M. Sarrau,
M. Vincienne, C. Houssin, F. Coatleven, L. Sentilhes
PLAN DU C HAPITRE
Ligature bilatérale des artères hypogastriques
(artères iliaques internes) 112
Ligature bilatérale des artères utérines 115
Triple ligature de Tsirulnikov 116
« Stepwise uterine devascularization » 117
Ligature des ligaments lombo-ovariens 118
« Triple ligature étagée » 118
Ligature des artères utérines par voie
vaginale 118
Quelle ligature vasculaire utiliser
en première intention ? 119
Conclusion 119
Chirurgie en obstétrique
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Dren A.Amine
Chirurgie obstétrique Recherche bibliographique SCI-MED
Tableau 9.1. Études ayant évalué l'efficacité de la ligature des artères hypogastriques dans la prise en charge de l'hémorragie
du post-partum (d'après [10]).
Auteurs Année Pays Taux de succès (%)
Evans et McShane [11] 1985 États-Unis 42,9 (6/14)
Clark et al. [12] 1985 États-Unis 42,1 (8/19)
Fernandez et al. [13] 1988 France 100 (8/8)
Thavarasah et al. [14] 1989 Malaisie 64,3 (9/14)
Chattopadhyay et al. [15] 1990 Arabie Saoudite 65,5 (19/29)
Likeman [16] 1992 Australie 100 (9/9)
Allahbadia [17] 1993 Inde 76,5 (13/17)
Das et Biswas [18] 1998 Inde 90,9 (10/11)
Ledee et al. [19] 2001 France 89,6 (43/48)
Papp et al. [20] 2005 Hongrie 39,3 (11/28)
Total 69,0 (136/197)
114
Dr A.Amine Recherche bibliographique9.SCI-MED
Ligatures vasculaires
Ligature bilatérale ●
une ligature-section du ligament rond qui peut faci-
liter l'accès au pédicule utérin en ouvrant latéralement
des artères utérines l'espace paravésical. Cependant, ne présentant pas de
conséquence fonctionnelle ultérieure, cette ligature-
Technique chirurgicale section du ligament rond peut être le plus souvent
évitée ;
Elle a été initialement décrite par Waters en 1952 [24]. ●
un repérage au doigt de l'artère utérine le long du corps
D'après cet auteur, cette ligature permettrait de dimi- utérin par son caractère pulsatile, puis une incision sous
nuer l'apport sanguin vers l'utérus d'environ 90 % (contre contrôle de l'index de la zone avasculaire du feuillet pos-
48 % seulement pour la ligature des artères hypogas- térieur de la pars flaccida, au bistouri électrique, verticale-
triques) [24] (vidéo e9.2) . Réalisée par voie abdominale ment sur 3–4 cm ;
(incision transversale de Pfannenstiel ou incision de ●
une ligature en masse, réalisée au fil résorbable (fil
Mouchel), elle consiste à lier en masse la branche ascen- tressé résorbable type Vicryl® 1, aiguille 37 mm [Ethicon,
dante des artères utérines avec le paquet veineux qui Jonhson et Jonhson]), en s'appuyant sur le myomètre,
l'accompagne en profondeur. Pour chaque pédicule, 2 à 3 cm en dessous du niveau de l'hystérotomie, de la
cette ligature pourra être étagée (figure 9.3). Cette tech- branche ascendante des artères utérines avec le paquet
nique doit être systématiquement bilatérale, comme veineux qui l'accompagne en profondeur. Cette ligature
pour toutes les ligatures, compte tenu de l'important en masse doit être réalisée d'arrière en avant pour éviter
réseau collatéral de suppléance développé durant la toute lésion digestive et faciliter la récupération de l'ai-
grossesse. Elle consiste en [7, 8] : guille (figure 9.4) ;
●
une extériorisation de l'utérus qui est tracté vers le haut ●
une deuxième ligature dite «basse» ou étagée éventuel-
et du côté opposé au côté concerné, et la mise en place lement réalisée 2 à 3 cm sous la précédente afin de lier les
d'un écarteur orthostatique ; branches à destinée cervicale (figures 9.3, 9.4) ;
●
une préparation de la ligature en incisant le péritoine ●
après réalisation de la ligature, vérification de l'absence
vésico-utérin ou en poursuivant son décollement 3 à de pouls au niveau du pédicule utérin, en aval de la ligature
4 cm sous l'hystérotomie dans le cas d'une césarienne. [7, 8].
La vessie sera protégée par la mise en place d'une valve
sus-pubienne ;
Figure 9.4.
Ligature étagée du pédicule utérin du côté droit. Utérus tracté
en haut et en dehors par l'aide, le ligament rond (LR) a été
Figure 9.3. sectionné et la vessie refoulée par la valve vaginale. Ouverture
Ligature étagée distale du pédicule utérin. Ligature bilatérale d'une fenêtre péritonéale (FP) puis, aiguillage d'arrière en
des artères utérines 2 à 3 cm sous l'hystérotomie si elle existe avant prenant largement le myomètre permettant de réaliser
(1). Ligature basse des artères utérines prenant les branches une ligature haute (LH) puis, basse (LB) du pédicule utérin
cervicales 2 à 3 cm sous la ligature précédente, d'après [7] (2). (d'après [8]).
115
Dren A.Amine
Chirurgie obstétrique Recherche bibliographique SCI-MED
diagnostiquée par le chirurgien malgré la vérification de échec de la triple ligature de Tsirulnikov, puisse avoir un
l'absence de pouls au niveau du pédicule utérin, en aval quelconque intérêt dans le contrôle de l'HPP. En revanche,
de la ligature [22]. La persistance de la perméabilité de le risque de faillite ovarienne et/ou de synéchie semble,
l'artère utérine (objectivée par artériographie) peut être d'après cette étude, important après un tel geste [30]. Nous
responsable d'un échec de la procédure avec l'absence de pensons donc que la ligature des ligaments lombo-ovariens
contrôle de l'HPP [22]. Elle a même été décrite après une ne doit pas faire partie de l'arsenal chirurgical pour contrô-
double ligature étagée de chaque artère utérine [22]. De ler l'HPP.
plus, contrairement à la ligature simple des artères uté-
rines, la ligature étagée dévascularise le segment inférieur
et la partie haute du col. Elle permettrait donc de prendre « Triple ligature étagée »
en charge la pathologie du segment inférieur [3]. Comme
pour la ligature isolée des artères utérines, un fil résorbable Cette ligature combine les avantages de la triple ligature de
sera impérativement utilisé. Tsirulnikov et ceux de la stepwise uterine devascularization
d'AbdRabbo. Elle consiste à réaliser systématiquement, en
Résultats cas d'HPP sévère :
●
une triple ligature selon la technique de Tsirulnikov [31] ;
AbdRabbo a reporté sur une série de 103 patientes un ●
et une ligature basse des deux artères utérines, 2 cm sous les
taux de succès de 100 % [33]. La simple double ligature ligatures précédentes après décollement vésico-utérin, comme
étagée bilatérale des artères utérines (étapes n° 1 à 3) a décrit dans la technique d'AbdRabbo (étape n° 3) [33].
permis de contrôler l'HPP chez 96 d'entre elles (93,2 %) La ligature bilatérale de l'artère utérine est double et dite
[33]. Les étapes n° 4 et 5 ont été nécessaires essentielle- «étagée».
ment chez des patientes présentant une afibrinogéné- Cette «triple ligature étagée» présente l'avantage théo-
mie ou un utérus dit « couvelaire » [33]. Dans la seule rique de contrôler les artères cervicovaginales, de diminuer
autre série ayant évalué la ligature étagée d'AbdRabbo, le risque d'échec de ligature des artères utérines, tout en
le taux de succès était de 70,2 % (17/57) [30]. Ce taux contrôlant le flux sanguin au niveau des ligaments ronds
est étonnamment peu élevé, en comparaison avec celui et utéro-ovariens. Elle a notre préférence, même si aucune
observé dans la série d'AbdRabbo [30, 32], ou avec ceux étude n'a spécifiquement évalué ses résultats.
des auteurs ayant évalué la ligature simple bilatérale
de l'artère utérine (procédure incluse dans la ligature
étagée) [24, 25]. Ligature des artères utérines
Par ailleurs, la simple ou double ligature bilatérale des
artères utérines associée ou non à la ligature bilatérale des
par voie vaginale
ligaments utéro-ovariens ne semble pas altérer la fertilité
Philippe et al. ont décrit pour la première fois en 1997 la
et le pronostic obstétrical ultérieur des patientes [30, 33].
possibilité de réaliser la ligature des artères utérines par voie
En revanche, la double ligature bilatérale des artères uté-
vaginale [34]. Nous soulignons que nous n'avons aucune
rines associée à la ligature bilatérale des ligaments lombo-
expérience de cette technique. Selon Philippe et al., la dis-
ovariens semble altérer la fertilité des patientes (dans 30 %
section par voie vaginale est facilitée du fait de la présence
[4/12] des cas) [30].
d'un œdème tissulaire lié à la grossesse. Elle consiste en :
●
une colpotomie antérieure circonférentielle ;
une section du fascia vésico-utérin ;
Ligature des ligaments
●
●
une ligature bilatérale de l'artère utérine au niveau de son
lombo-ovariens point le plus déclive («boucle») situé en regard de l'isthme
utérin (figure 9.7) ;
Une équipe a réalisé, dans un nombre très limité de cas, des ●
une fermeture de la colpotomie antérieure.
ligatures des ligaments lombo-ovariens en cas d'échec de Philippe et al. préconisent d'introduire une valve vaginale
la triple ligature de Tsirulnikov pour contrôler l'HPP, la liga- dans l'espace vésico-utérin pour limiter le risque de plaies
ture du lombo-ovarien étant proposée par AbdRabbo [33]. urétérales [34].
Il n'y a cependant aucune donnée dans la littérature sug- Dans sa description princeps, cet auteur reporte le cas
gérant que la ligature des ligaments lombo-ovariens, après de seulement deux patientes dont l'HPP a été contrôlée
118
Dr A.Amine Recherche bibliographique9.SCI-MED
Ligatures vasculaires
sage-femme). Les clés de la prise en charge résident dans la [9] Committee on Practice Bulletins-Obstetrics. Practice bulletin No.
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délai.
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Les ligatures vasculaires impliquant l'artère utérine et/ artery ligation for obstetric hemorrhage. Obstet Gynecol
ou l'artère hypogastrique ne semblent pas avoir d'impact 1985;66:353–6.
ultérieur sur la fertilité et le pronostic obstétrical des [13] Fernandez H, Pons JC, Chambon G, Frydman R, Papiernik E. Internal
patientes. Cependant, il semble que la ligature des artères iliac artery ligation in post-partum hemorrhage. Eur J Obstet Gyne-
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hypogastriques : [14] Thavarasah AS, Sivalingam N, Almohdzar SA. Internal iliac and ova-
●
ait une efficacité moindre ; rian artery ligation in the control of pelvic haemorrhage. Aust N Z J
●
soit associée à un taux de morbidité plus élevé ; Obstet Gynaecol 1989;29:22–5.
●
et soit de réalisation moins aisée en comparaison avec [15] Chattopadhyay SK, Deb Roy B, Edrees YB. Surgical control of obste-
tric hemorrhage: hypogastric artery ligation or hysterectomy ? Int J
les techniques de ligature étagée impliquant l'artère utérine.
Gynaecol Obstet 1990;32:345–51.
Pour ces raisons, nous privilégions de réaliser en pre- [16] Likeman RK. The boldest procedure possible for checking the
mière intention une triple ligature de Tsirulnikov ou une bleeding — a new look at an old operation, and a series of 13
«triple ligature étagée», c'est-à-dire une double ligature cases from an Australian hospital. Aust N Z J Obstet Gynaecol
bilatérale des artères utérine étagée (normale et basse) 1992;32:256–62.
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120
Dr A.Amine Recherche bibliographique9.SCI-MED
Ligatures vasculaires
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Vidéo e9.1
Ligature bilatérale des artères hypogastriques (artères iliaques
internes).
121
Dr A.Amine Recherche bibliographique SCI-MED
Chapitre 10
Compressions utérines
A. Mattuizzi, B. Resch, H. Madar, A. Froeliger, M. Hourbracq, M.-C. Soudan,
M. Toumi, C. Houssin, F. Coatleven, L. Sentilhes
PLAN DU C HAPITRE
Technique chirurgicale 124
Résultats 133
Quelle procédure utiliser en première
intention : compressions utérines ou
ligatures vasculaires ? 134
Quelle procédure proposer en deuxième
intention ? 135
Conclusion 136
Chirurgie en obstétrique
© 2020, Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
Dren A.Amine
Chirurgie obstétrique Recherche bibliographique SCI-MED
Figure 10.4.
Vue latérale de la technique d'Hayman et al. [6] (visualisation que
d'un seul fil sur les quatre).
126
Dr A.Amine Recherche bibliographique SCI-MEDutérines
10. Compressions
Figure 10.7.
Variante de Bhal [8].
A. Elle présente l'avantage de proposer une compression utérine
fondée sur les principes du B-Lynch (bretelles) et qui peut être
réalisée hystérotomie fermée.
B. Les brins des premiers points de sortie (3 et 6) des deux
bretelles sont alors noués entre eux (formant une première
suture transversale au niveau du segment inférieur, 3 cm sous
l'hystérotomie) ; tandis que les brins des deux points d'entrée (1 et
4) des deux bretelles sont noués entre eux (formant une deuxième
suture transversale au niveau du segment inférieur, 4 cm sous
l'hystérotomie).
face antéro-latérale de l'utérus. L'aiguille transperce ensuite donc aucun point transfixiant [9]. Cependant, cet avan-
la face antérieure de l'utérus, 3 cm au-dessus de l'hystéro- tage semble limité par la complexité de la procédure, la
tomie (qui est fermée) pour ressortir 2 cm au-dessous de mémoire pouvant faire défaut en urgence au moment
l'hystérotomie (point de sortie B), soit 1 cm au-dessus du de la réalisation de la technique. Selon Pereira, un autre
premier point d'entrée (A). La même procédure est réali- avantage théorique de sa procédure est d'exercer une
sée pour la deuxième bretelle (figure 10.7A). Les brins des compression sur les branches ascendantes des artères uté-
premiers points de sortie (B) des deux bretelles sont alors rines, résultant en une réduction du flux sanguin au niveau
noués entre eux (formant une première suture transversale utérin.
au niveau du segment inférieur, 3 cm sous l'hystérotomie) ;
tandis que les brins des deux points d'entrée (A) des deux Variante de Rudigoz [10]
bretelles sont noués entre eux (formant une deuxième
L'équipe de l'hôpital Croix-Rousse de Lyon a publié en 2012
suture transversale au niveau du segment inférieur, 4 cm
chez 30 patientes une technique de compression utérine
sous l'hystérotomie) (figure 10.7B). Les deux bretelles sont
non transfixiante, fondée uniquement sur quatre bretelles
donc solidarisées.
transversales (aucune bretelle longitudinale), pouvant
être considérée comme une variante de Pereira puisque
Variante de Pereira [9] les bretelles exercent une compression sur l'utérus et son
Pereira et al. ont proposé une autre technique de com- segment inférieur mais aussi sur les vaisseaux nourriciers de
pression utérine à l'aide de trois sutures transversales puis l'utérus (artères utérines, artères ovariennes, ligament rond)
de deux sutures longitudinales appliquées à l'aide d'un fil (figure 10.10) [10] :
serti de Vicryl® 1/0 [9] (figure 10.8). Cette technique n'a été ●
les bretelles supérieures circulaires traversent le corps
décrite initialement que sur une série de sept cas. utérin au niveau des parois latérales de l'utérus sans péné-
Les bretelles transversales au nombre de trois passent trer dans la cavité utérine et sans exercer de compression
dans le ligament large droit et gauche en zone avasculaire extrinsèque au niveau des artères utérines :
(juste sous les deux cornes utérines) de haut (figure 10.8A) – la première bretelle est placée dans la partie supé-
en bas (au niveau du segment inférieur) et une troisième rieure de l'utérus à travers les parois utérines d'avant en
à mi-distance entre les deux premières. Elles sont toutes arrière d'un côté puis d'arrière en avant du côté opposé
les trois nouées à la face antérieure de l'utérus. Elles réa- sous les cornes utérines. Les deux brins du fil sont noués
lisent un saucissonnage transversal de l'utérus sans points aussi forts que possible,
transfixiants. Dans un deuxième temps, sont appliquées – une deuxième bretelle supérieure identique est pas-
les deux sutures longitudinales qui correspondent aux sée d'arrière en avant toujours dans les parois latérales
deux bretelles médio-latérales verticales droite et gauche de l'utérus en englobant latéralement le ligament utéro-
de Hayman [6], sauf que ces bretelles ne sont pas trans- ovarien puis le ligament rond, et en prenant garde de
fixiantes. Elles sont nouées en postérieur à la suture trans- respecter les vaisseaux utérins et la trompe. Du côté
versale située au niveau du segment inférieur. Puis le fil opposé, le même trajet est réalisé d'avant en arrière. Il
se dirige vers le fond utérin, cheminant le long de la face faut faire très attention d'éviter les vaisseaux utérins
postérieure de l'utérus, qui est transfixiée superficiellement latéralement, en particulier les veines qui peuvent être
(en intramyométrial), à l'aide de l'aiguille sertie, à sa partie extrêmement dilatées. Les deux brins sont ensuite noués
supérieure (figure 10.9) avant d'atteindre le fond utérin. afin de comprimer le corps utérin ainsi que les vaisseaux
Arrivé au niveau du fond utérin, le fil se dirige en antérieur issus du ligament rond et du ligament utéro-ovarien,
pour cheminer le long de la face antérieure de l'utérus qu'il – une troisième bretelle circulaire est positionnée selon
va aussi traverser superficiellement (en intramyométrial) à le même principe au niveau de la moitié du corps utérin,
sa partie supérieure pour être finalement noué en anté- ●
la quatrième bretelle circulaire inférieure a pour but de
rieur à la suture transversale située au niveau du segment comprimer le segment inférieur et la branche ascendante
inférieur (figure 10.8B). des deux artères utérines. Elle est donc passée à travers le
Ces deux sutures longitudinales réalisent donc un sau- ligament large dans une zone avasculaire de façon bilaté-
cissonnage longitudinal de l'utérus et sont solidarisées, rale légèrement en dessous de l'hystérotomie ; cette suture
en arrière et en avant au niveau du segment inférieur, à la n'englobe pas le ligament rond. Les deux brins sont alors
suture transversale la plus basse située, par l'intermédiaire noués, exerçant une compression sur les artères utérines et
d'un nœud simple. Dans la technique de Pereira, il n'y a le segment inférieur (figure 10.10).
128
Dr A.Amine Recherche bibliographique SCI-MED
Figure 10.8.
Compression utérine de Pereira [9] : vue antérieure.
A. La suture transversale supérieure passe dans le ligament large droit et gauche de haut, en zone avasculaire (juste sous les deux cornes
utérines) et est nouée à la face antérieure de l'utérus. 1 : début de la suture transversale supérieure ; 2 : la suture transversale supérieure
passe dans le ligament large gauche de haut, en zone avasculaire ; 3 : fin de la suture transversale supérieure ; 4 : la suture transversale
supérieure est nouée à la face antérieure de l'utérus ; 5 : repli vésico-utérin ; 6 : ligament rond ; 7 : trompe ; 8 : ovaire.
B. Les trois sutures transversales (1, 2, 3) sont en place et nouées à la face antérieure de l'utérus. Les deux sutures longitudinales (4) sont
nouées en antérieur (5) à la suture transversale située au niveau du segment inférieur (3), après avoir traversé superficiellement (en
intramyométrial) la face antérieure de l'utérus à sa partie supérieure.
129
Dren A.Amine
Chirurgie obstétrique Recherche bibliographique SCI-MED
Figure 10.9.
Compression utérine de Pereira [9] : vue postérieure. Les trois sutures transversales sont en places et nouées à la face antérieure
de l'utérus (1, 2, 3). Une suture longitudinale (4) est nouée en postérieur à la suture transversale (3) située au niveau du segment
inférieur. Le fil se dirige vers le fond utérin, cheminant le long de la face postérieure de l'utérus, qui est transfixiée superficiellement
(en intramyométrial), à l'aide de l'aiguille sertie, à sa partie supérieure avant d'atteindre le fond utérin. Arrivé au niveau du fond
utérin, le fil se dirige en antérieur pour cheminer le long de la face antérieure de l'utérus qu'il va aussi traverser superficiellement (en
intramyométrial) à sa partie supérieure pour être finalement noué en antérieur à la suture transversale située au niveau du segment
inférieur.
Limites
de la cavité
utérine
Figure 10.10.
Compression utérine de Rudigoz [10] : vue postérieure (A, B). Les trois bretelles transversales circulaires supérieures traversent les parois
latérales de l'utérus sans pénétrer dans la cavité utérine. La seconde bretelle supérieure englobe de façon bilatérale les ligaments ronds
et utéro-ovariens mais respecte les trompes. La bretelle inférieure passe à travers le ligament large dans une zone avasculaire de façon
bilatérale légèrement en dessous de l'hystérotomie, en respectant le ligament rond afin de comprimer le segment inférieur et la branche
ascendante des deux artères utérines. 1 : fil passé en dedans de l'artère utérine ; 2 : fil passé en dehors de l'artère utérine.
130
Dr A.Amine Recherche bibliographique SCI-MEDutérines
10. Compressions
A B
(4)
D C
A B
(5)
D C
Figure 10.12.
Figure 10.11. Capitonnage utérin en cadre selon Cho et al. [13] : les quatre
Capitonnage utérin en cadre selon Cho et al. [13]. points d'entrée.
131
Dren A.Amine
Chirurgie obstétrique Recherche bibliographique SCI-MED
Cette technique a été proposée par Cho et al. aussi bien morts avec un risque de nécrose endométriale [7]. Leur
sur les atonies utérines qu'en cas de placenta praevia, voire technique propose de réaliser les deux premières étapes
accreta [2, 13]. Pour nous, cette technique semble surtout de Cho [13] puis de nouer les chefs du fil ensemble. Cette
intéressante pour les saignements en nappe et diffus du procédure consistant à accoler la paroi antérieure à la paroi
segment inférieur. Cette technique depuis sa description postérieure de l'utérus par des points simples est réalisée
princeps sur 23 cas s'est, comme le B-Lynch, largement plusieurs fois sur tout le corps utérin (créant forcément de
diffusée dans le monde. Elle est très probablement la multiples espaces morts).
technique de capitonnage utérin la plus réalisée à l'heure
actuelle. Comme pour de nombreux auteurs, il s'agit de la Capitonnage utérin selon Oury [12]
procédure de capitonnage utérin qui a notre préférence,
L'équipe de Robert Debré (Paris) a proposé une tech-
surtout lors de saignements du segment inférieur rencon-
nique de capitonnage reposant sur quatre points simples,
trés en cas de placenta praevia [2].
identiques sur le principe à ceux d'Hackethal et al. [7],
transfixiant complètement les parois antérieure et posté-
Capitonnage utérin selon Hwu [11] rieure de l'utérus [12]. Dans cette série de 20 patientes, ces
Hwu et al. [11] ont proposé une variante de la technique quatre points étaient toujours disposés de la même façon
de Cho [13] avec le souci de simplifier la procédure car (figure 10.13) :
Hwu et al. considèrent que la procédure décrite par Cho
●
une suture en regard de la corne utérine droite ;
est difficile à mémoriser. Cette variante présente l'incon-
●
une suture en miroir en regard de la corne utérine
vénient de ne pouvoir être réalisée qu'hystérotomie gauche ;
ouverte. Pour la réaliser, il est nécessaire à l'aide d'une
●
une suture transversale au milieu du corps utérin ;
aiguille sertie Vicryl® 0 de réaliser seulement deux points
●
une suture transversale au niveau du segment inférieur,
d'entrée (au lieu de quatre pour Cho). Le premier point sous l'hystérotomie suturée.
d'entrée est réalisé en transfixiant la paroi antérieure puis
postérieure de l'utérus. Contrairement à Cho et al. [13],
la paroi postérieure n'est pas transfixiée totalement ; la
transfixion est superficielle à travers le myomètre (res-
pect de la séreuse de la paroi postérieure de l'utérus).
Puis l'aiguille transfixe de nouveau la paroi antérieure du
même côté de la berge d'hystérotomie que le premier
point d'entrée, autrement dit, les points d'entrée et de
sortie sont au niveau du segment inférieur (berge infé-
rieure de l'hystérotomie), ou au niveau du corps utérin
(berge supérieure de l'hystérotomie). Les deux chefs du
fils sont alors noués pour accoler la paroi antérieure à la
paroi postérieure de l'utérus. L'opération peut être répé-
tée autant de fois que nécessaire. L'hystérotomie est fer-
mée une fois l'hémorragie contrôlée.
Bien que Hwu et al. aient décrit cette technique avec
succès chez 14 patientes ayant un placenta praevia [11],
nous pensons qu'elle présente l'inconvénient majeur de
nécessiter une hystérotomie ouverte.
132
Dr A.Amine Recherche bibliographique SCI-MEDutérines
10. Compressions
après compression utérine [18, 29–31]. La prévalence de ces nombre de compressions utérines (n = 199) suggère un
synéchies utérines pourrait être de l'ordre de 5 à 20 % [18, biais d'indication évident. Cela a été confirmé à la lecture
29–31]. La revue de la littérature d'Amorin-Costa et al. [32] des dossiers car une ligature vasculaire avait tendance à
portant sur 29 études observationnelles ou séries de cas col- être réalisée quand la situation clinique était plus grave et
lige d'autres complications : huit cas de nécrose utérine, deux plus complexe [31].
cas de pyométrie, un cas d'hématométrie et un cas d'érosion Chez une patiente hémodynamiquement instable, l'hys-
du mur utérin. En ce qui concerne le pronostic obstétrical térectomie d'hémostase doit être fortement envisagée,
ultérieur et la fertilité, une revue de la littérature incluant surtout si la patiente est «âgée», multipare et n'a a priori
125 femmes estime que 91 % des femmes retrouvent un pas de désir de grossesse ultérieure. Il ne faut cependant
cycle menstruel normal six mois après une procédure de pas oublier que cette intervention est associée à une mor-
compression utérine et que 75 % des femmes ayant un nou- bidité maternelle potentiellement non négligeable [34].
veau désir de grossesse ont obtenu une naissance vivante Pour cette raison, il peut être légitime de réaliser rapide-
(21/28 femmes) [23]. De plus, les données d'une étude cas- ment une ligature des artères utérines (première étape de
témoins portant sur 42 grossesses obtenues spontanément l'hystérectomie d'hémostase) ou une compression utérine
après avoir bénéficié d'une technique de compression uté- (procédures le plus souvent faciles et rapides à réaliser), afin
rine lors de la précédente grossesse ne rapportaient pas de d'éviter la morbidité liée à l'hystérectomie d'hémostase et/
différence sur le taux de fausses couches et d'accouchements ou de diminuer le volume des pertes sanguines.
à terme en comparaison avec le groupe sans antécédent de Chez une patiente hémodynamiquement stable, l'hysté-
compression utérine (appariement sur l'âge et la parité) [24]. rectomie d'hémostase ne doit pas être privilégiée puisque
En conclusion, quand aucune synéchie ne survient, il ne cette procédure ne semble pas être la moins morbide [34]
semble donc pas que les compressions utérines altèrent le et que, par définition, elle prive la patiente de la possibilité
pronostic obstétrical en cas de nouvelle grossesse [22–24]. d'avoir d'autres enfants.
Mais des complications graves de ces techniques ont été Nous ne pensons pas que la ligature des artères hypo-
décrites, pouvant se solder par une hystérectomie secon- gastriques doit être la procédure à proposer en première
daire [32]. intention. Notre ligature vasculaire privilégiée est la «triple
ligature étagée», c'est-à-dire la réalisation d'une triple liga-
ture de Tsirulnikov [35] mais avec une double (normale
Quelle procédure utiliser et basse) ligature bilatérale des artères utérines, comme le
en première intention : décrit AbdRabbo (figure 10.14) (cf. chapitre 8) [36].
Entre les techniques de compression ou de capitonnage
compressions utérines utérins et la «triple ligature étagée», nous privilégions en
ou ligatures vasculaires ? première intention la «triple ligature étagée», contraire-
ment à certains auteurs anglo-saxons [1, 37, 38] ou français
Actuellement, il n'existe aucune étude prospective ou (figure 10.14) [10, 12]. Ce choix ne résulte pas d'une croyance
rétrospective ayant comparé l'efficacité et la morbidité que le taux d'efficacité des ligatures vasculaires impliquant
des compressions utérines avec celles des ligatures vas- une ligature des artères utérines (environ 90 %) soit signi-
culaires. En l'absence d'une étude randomisée, dont la ficativement supérieur à celui des compressions utérines
mise en place semble difficile, aucune société savante (environ 75 %), car du fait de tous les biais possibles énoncés
n'a recommandé de réaliser en première intention telle précédemment, cette comparaison n'est bien entendu pas
procédure plutôt qu'une autre [33]. Dans une série pros- valide. Ce choix est essentiellement guidé par l'inquiétude
pective provenant toujours du Royaume-Uni (registre que l'on peut avoir avec les compressions utérines concer-
UKOSS) incluant 199 compressions utérines et 20 ligatures nant le risque de complications à court comme à long
vasculaires, le taux d'hystérectomie était supérieur dans termes, en particulier sur l'altération de la fertilité (pyomé-
le groupe ligature (64 % [IC 95 % : 35–87 %] versus 25 % trie, nécrose utérine, synéchies, etc.) [32] ; alors que pour
[IC 95 % : 19–33 %]) [31]. Le très faible taux de succès les ligatures vasculaires impliquant les artères utérines, nous
des ligatures vasculaires retrouvé dans cette étude inter- disposons de données à court et long termes qui sont ras-
pelle. Cela est probablement dû à l'existence de biais dans surantes. Actuellement, à l'exception de deux hématomes
cette étude prospective non contrôlée : le faible nombre du ligament large, aucune complication n'a été rapportée
de ligatures vasculaires (n = 20) en comparaison avec le après une «triple ligature étagée» [35, 36, 39, 40]. Enfin, il
134
Dr A.Amine Recherche bibliographique SCI-MEDutérines
10. Compressions
HPP
HPP
Ocytocine IV
Délivrance artificielle/Révision utérine.
Révision sous valves ± suture des déchirures cervicovaginales HPP persistante
Massage utérin
Ocytocine IV Sulprostone IV (Nalador)
HPP persistante
HPP persistante
Triple ligature de Tsirulnilkov [34]
Sulprostone IV (Nalador) avec une ligature étagée (doublée) de l'artère utérine
HPP persistante
Oui Non
Ligature des artères hypogastriques
si l'opérateur en a l'expérience
Embolisation artérielle Laparotomie exploratrice
Sinon, étape suivante
HPP persistante
Hystérectomie d'hémostase
HPP persistante
Figure 10.14.
Algorithme de la prise en charge des HPP, résistantes au traitement médical.
existe de nombreuses données suggérant que la fertilité et le Chez une patiente hémodynamiquement stable, il est
pronostic obstétrical ultérieur des patientes ne sont pas alté- possible de proposer si elle est jeune, nullipare, ayant un
rés après une «triple ligature étagée» [36, 40]. Une étude de désir de grossesse ultérieure, une deuxième procédure
cohorte française portant sur 109 maternités confirme d'ail- conservatrice (plutôt qu'une hystérectomie d'hémostase).
leurs que ce choix est privilégié par de nombreux centres En cas d'échec de la «triple ligature étagée» au décours
en cas de décision de chirurgie utérine conservatrice : 0,2 % d'une césarienne, du fait d'un manque de données dispo-
[0,1–0,4] des HPP traitées par compression utérine contre nibles autrefois concernant le B-Lynch, nous privilégions en
1,2 % [1,0–1,5] par ligature utérine [41]. deuxième intention la ligature des artères hypogastriques si
le praticien maîtrisait cette technique [14, 40, 42]. Les résul-
tats de cinq séries associant une compression utérine type
B-Lynch après échec de ligature utérine – rapportant un
Quelle procédure proposer arrêt de l'HPP entre 44 et 100 % des cas [14, 30, 43–45] –
en deuxième intention ? nous encouragent à privilégier le B-Lynch en deuxième
intention ; la ligature des artères hypogastriques n'est alors
Chez une patiente hémodynamiquement instable, quelle réalisée qu'en troisième intention, si l'hémodynamique le
que soit la procédure conservatrice réalisée en première permet (figure 10.14). Par ailleurs, en cas d'association de
intention («triple ligature étagée», ligature des artères deux techniques, le taux de synéchie est évalué entre 0 et
hypogastriques, compression utérine), l'hystérectomie 44 % en fonction des séries et six grossesses sont rappor-
d'hémostase doit être réalisée sans délai et absolument non tées dont cinq de déroulement normal [14, 30, 43–45].
retardée par les procédures conservatrices. En cas d'association de deux techniques chirurgicale, une
135
Dren A.Amine
Chirurgie obstétrique Recherche bibliographique SCI-MED
évaluation de la cavité utérine en cas de désir de grossesse [7] Hackethal A, Brueggmann D, Oehmke F, Tinneberg HR,
ultérieur ou de modification du cycle menstruel semble Zygmunt MT, Muenstedt K. Uterine compression U-sutures in
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lisées et les plus étudiées sont probablement les compres- [10] Huissoud C, Cortet M, Dubernard G, Tariel O, Fichez A, Escalon J,
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carré selon Cho. Il n'est pas nécessaire de connaître toutes [11] Hwu YM, Chen CP, Chen HS, Su TH. Parallel vertical compression
les techniques de compressions utérines et de capitonnages sutures : a technique to control bleeding from placenta praevia or
utérins mais il semble important d'en maîtriser au moins accreta during caesarean section. BJOG 2005;112:1420–3.
[12] Ouahba J, Piketty M, Huel C, Azarian M, Feraud O, Luton D, et al.
deux : une variante de B-Lynch (réalisable hystérotomie
Uterine compression sutures for postpartum bleeding with uterine
fermée), et les sutures multipoints en carré selon Cho. Le atony. BJOG 2007;114:619–22.
taux d'efficacité de ces procédures est élevé, d'environ 75 %, [13] Cho JH, Jun HS, Lee CN. Hemostatic suturing technique for
mais le risque de complications à court (pyométrie, nécrose uterine bleeding during cesarean delivery. Obstet Gynecol
utérine) et long termes (synéchie) semble non négligeable, 2000;96:129–31.
[14] Sentilhes L, Gromez A, Razzouk K, Resch B, Verspyck E,
entre 5 et 20 %, faisant privilégier pour notre équipe les Marpeau L. B-Lynch suture for persistent massive post-
ligatures des artères utérines («triple ligature étagée») en partum hemorrhage following vessel ligation. Acta Obstet
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la prise en charge de l'hémorragie du post-partum [2, 46] [15] Sentilhes L, Gromez A, Descamps P, Marpeau L. Why stepwise ute-
rine devascularization should be the first-line conservative surgical
ne privilégient cependant pas une technique plutôt qu'une
treatment to control severe postpartum hemorrhage ? Acta Obstet
autre et stipulent que «Le choix de la technique chirurgicale Gynecol Scand 2009;88:490–2.
conservatrice (ligature des artères utérines, ligature bilaté- [16] Sentilhes L, Descamps P. Which surgery should be the first-line ute-
rale des hypogastriques ou compression utérine) dépendra rine-sparing procedure to control severe postpartum hemorrhage ?
des habitudes de chacun (accord professionnel)» [2, 46]. Fertil Steril 2011;95:e71.
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137
Dr A.Amine Recherche bibliographique SCI-MED
Chapitre 11
Thrombus vaginaux
A. Ricbourg, O. Le Dref, E. Barranger
PLAN DU C HAPITRE
Définition 140
Facteurs de risque 140
Diagnostic 141
Traitement 142
Complications 144
Chirurgie en obstétrique
© 2020, Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
Dren A.Amine
Chirurgie obstétrique Recherche bibliographique SCI-MED
140
Dr A.Amine Recherche bibliographique11.SCI-MED
Thrombus vaginaux
A B
Fig11-01a Fig11-01b
C D
Fig11-01c Fig11-01d
Diagnostic (figures 11.2 à 11.5) ypovolémique peut survenir. Lorsque l'hématome est
h
strictement intravaginal, il faudra s'aider du toucher
Il est exclusivement clinique avec la survenue d'une vaginal et éventuellement du toucher rectal pour faire
douleur ou l'apparition d'une tuméfaction, dont la le diagnostic.
taille est variable et repousse latéralement la fente L'hématome sous-péritonéal provoque une douleur
vulvaire. La tuméfaction est de forme oblongue et abdominale ou lombaire, parfois un psoïtis associé à une
la muqueuse qui la recouvre est violacée, amincie défense et un choc hypovolémique beaucoup plus fré-
comme prête à se fissurer. L'hémorragie est rarement quent que dans sa forme localisée. Pathologie rare, le
extériorisée. L'hématome peut provoquer un ténesme diagnostic est parfois retardé car non suspecté devant des
dans les formes étendues. Secondairement, un choc signes cliniques peu évocateurs [7, 8].
141
Dren A.Amine
Chirurgie obstétrique Recherche bibliographique SCI-MED
Figure 11.5.
Figure 11.2. Hématome extensif vulvovaginal droit.
Volumineux hématome vulvovaginal gauche. Photo Dr O. Poujade.
Figure 11.6.
Figure 11.3. TDM de la patiente de la figure 11.3 à J3 du traitement chirurgical
Hématome du fond vaginal après un accouchement d'un enfant et de l'embolisation bilatérale des troncs hypogastriques :
en position occipitosacrée. thrombus bien circonscrit en paravaginal droit.
Photo : Loïc Sentilhes. Photo : Loïc Sentilhes.
Traitement
S'apparentant à une hémorragie du post-partum, le traite-
ment doit être rapide et multidisciplinaire (gynécologue-
obstétricien, radiologue interventionnel, anesthésiste
réanimateur). Le pronostic est double: vital et fonctionnel.
La majorité des auteurs s'accordent à être rapidement inter-
ventionnistes [9–11].
Après correction de l'hypovolémie et d'éventuels
troubles de la coagulation, un bilan lésionnel précis est
Figure 11.4.
indispensable.
Hématome vulvovaginal gauche.
Photo : Dr O. Poujade.
142
Dr A.Amine Recherche bibliographique11.SCI-MED
Thrombus vaginaux
Figure 11.7.
TDM en coupe transversale d'une patiente X. Accouchement Traitement chirurgical [2, 12]
voie basse, grossesse gémellaire ; ventouse sur J1 pour anomalies
du RCF et version grande extraction de J2. Hématome Il consiste à :
pelviabdominal rétropéritonéal associé à un hémopéritoine. ●
inciser largement l'hématome à son point le plus bas,
en cas d'hématome vulvaire et à son point culminant dans
le sillon nymphohyménéal dans la forme vaginale. En cas
d'épisiotomie, cette dernière est à ouvrir ;
●
puis évacuer les caillots au doigt prudemment afin
de ne pas créer des décollements qui n'existaient pas
jusqu'alors ;
●
puis faire l'hémostase, si nécessaire avec des aiguilles
rondes ou des clips vasculaires. La recherche du saigne-
ment actif peut être rendue difficile par l'importance
des saignements. Il s'agit malheureusement rarement
d'un vaisseau unique mais plus souvent d'un saigne-
ment en nappe dont l'origine est difficile à détermi-
ner au sein de tissus friables, œdématiés et remaniés.
Figure 11.8.
L'exploration doit rester malgré tout limitée en surface
TDM en coupe coronale de la patiente X.
afin de ne pas s'exposer à des complications hémor-
ragiques difficiles à maîtriser. Il paraît « raisonnable »
de ne pas poursuivre la dissection au-delà du ligament
sacro-épineux ;
●
réaliser une fermeture plan par plan (à discuter) en
limitant au maximum les espaces virtuels ; pour d'autres,
il paraît plus souhaitable de privilégier une compression
mécanique, par compresses par exemple ;
●
procéder à un drainage, controversé mais qui semble,
selon notre expérience, à privilégier. Une lame de Del-
bet paraît plus appropriée qu'un système de drainage
clos. Cela permet théoriquement l'extériorisation de
saignements ;
●
effectuer un tamponnement vaginal par compresses
intravaginales, qui impose une sonde urinaire à demeure.
Son intérêt théorique est de diminuer au minimum les
Figure 11.9. espaces morts et de contrôler les hémorragies à faible
TDM de la patiente X : visualisation du saignement actif (flèche). pression.
143
Dren A.Amine
Chirurgie obstétrique Recherche bibliographique SCI-MED
Embolisation artérielle [13, 14] après une hémostase chirurgicale la plus exhaustive pos-
sible. Cependant, certains centres la proposent en première
Il s'agit d'une ponction percutanée de l'artère fémorale intention avec évacuation secondaire chirurgicale de l'hé-
commune droite selon la technique de Seldinger. On matome constituée à 48 heures de l'embolisation avec des
obtient après avoir monté un cathéter une angiographie. Le résultats intéressants. Le but est de réaliser l'hémostase par
cathéter est alors dirigé vers l'artère iliaque interne concer- embolisation, cette dernière pouvant s'avérer difficile, voire
née. Des particules de gélatine résorbables sont utilisées. périlleuse par abord chirurgical, surtout en cas d'héma-
L'embolisation doit être en principe bilatérale compte tenu tome supravaginal [14, 15]. L'embolisation en cas d'héma-
des collatéralités. Plus l'embolisation sera sélective, plus le tome pelvien a l'avantage de préserver l'effet compressif de
développement de collatérales sera limité. l'hématome laissé en place [8]. D'autres auteurs ont décrit
Elle nécessite bien entendu un plateau technique parti- le recours à l'embolisation en cas de récidive d'hématome
culier et une équipe radiologique rompue à ces techniques, périgénital après drainage chirurgical [7] ou en cas de visua-
disponibles 24 h/24. lisation d'un saignement actif au scanner [8].
La place du transfert interhospitalier, en vue d'une éven- Les complications de ce geste sont surtout l'hématome
tuelle embolisation, est limitée aux patientes stables hémo- du point de ponction et les complications ischémiques.
dynamiquement, ce qui est le cas le plus fréquent [15].
L'embolisation artérielle peut parfois permettre de
visualiser le saignement (figure 11.10). Son efficacité est Ligature des artères hypogastriques
d'au moins 90 %. Elle est à envisager dans un deuxième Elle est à envisager en cas de saignement incoercible et
temps après bilan lésionnel chirurgical et évacuation de d'absence de plateau d'embolisation à proximité [13].
l'hématome. Une ligature des artères utérines peut lui être associée.
L'intérêt de l'embolisation nous semble majeur dans les Cette indication n'est à retenir qu'en cas d'hémorragie
situations où l'hémostase (type CIVD) est perturbée, ren- incoercible avec altération de l'hémodynamique mater-
dant l'exploration et l'hémostase chirurgicale impossibles, nelle. La morbidité de ce geste associée à ses difficultés de
ou lorsque l'étiologie de l'hémorragie du post-partum est réalisation ne permet pas, selon nous, de l'envisager en pre-
mixte (association avec une atonie utérine). Elle n'est pas mière intention.
réalisée en première intention, dans notre expérience, mais À l'ablation des mèches, il a été décrit des récidives de
saignement ; l'équipe doit donc se tenir prête à une nouvelle
intervention, mais le plus souvent l'évolution est favorable.
Antibiothérapie prophylactique
Elle est à prescrire systématiquement du fait du risque d'in-
fection de l'hématome et doit couvrir les bacilles à Gram
négatif, les streptocoques et les anaérobies.
L'abstention thérapeutique est rare et ne peut être envi-
sagée qu'en cas d'hématome de petite taille dont la traduc-
tion clinique est discrète.
Complications
Quasiment aucun cas de mortalité maternelle n'a été rap-
porté. En revanche, la morbidité maternelle est non négli-
geable, avoisinant les 30 % [2]. Les complications les plus
Figure 11.10. fréquemment rapportées sont :
Artériographie préembolisation d'une patiente ayant un ●
l'anémie et les troubles de l'hémostase ;
hématome vaginal dont l'hémostase chirurgicale s'est révélée ●
les complications infectieuses avec les abcès de la fosse
impossible. Visualisation du saignement actif d'une branche
artérielle à destinée pelvienne (flèche). ischiorectale et les difficultés de cicatrisation ;
144
Dr A.Amine Recherche bibliographique11.SCI-MED
Thrombus vaginaux
●
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145
Dr A.Amine Recherche bibliographique SCI-MED
Chapitre 12
Hystérectomie d'hémostase
(sur utérus gravide)
L. Marcellin, D. Cabrol, F. Goffinet
PLAN DU C HAPITRE
Généralités 147
Bases anatomiques spécifiques de l'utérus
gravide 147
Environnement et principes 147
Technique chirurgicale 147
Complications chirurgicales spécifiques
de l'hystérectomie d'hémostase 147
Conclusion 147
Chirurgie en obstétrique
© 2020, Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
Dren A.Amine
Chirurgie obstétrique Recherche bibliographique SCI-MED
Points forts du chapitre nie utérine (28–53 %), les anomalies d'insertion placentaire
▶ L'hystérectomie d'hémostase doit être décidée (placenta praevia, accreta) (35–38 %), les ruptures utérines
en dernier recours en cas d'échec des traitements compliquées ou extensives (8–10 %), les complications de
conservateurs mais elle ne doit pas être retardée en cas l'hystérotomie liées à l'extraction (6–10 %), plus rarement les
de risque vital imminent. déchirures cervico-vaginales, les utérus polymyomateux et
▶ Une réanimation chirurgicale « agressive » doit être les troubles de la coagulation [4, 5]. La distribution des indi-
associée simultanément au traitement chirurgical. cations a évolué au cours des dernières décennies en raison,
▶ L'hystérectomie est inter-annexielle et, si possible, d'une part, de l'augmentation des troubles d'insertion pla-
totale d'emblée centaire (placenta accreta, percreta) liés à l'augmentation
▶ L'hystérectomie subtotale est techniquement du taux de césariennes et, d'autre part, au recours croissant,
plus facile et plus rapide mais expose au risque de dans les pays industrialisés, des traitements conservateurs
persistance de zones hémorragiques. (prostaglandines et radiologie interventionnelle) en cas
▶ Un drainage chirurgical est indiqué pour dépister un d'atonie utérine. Dans une méta-analyse récente de 2016
saignement abdominal secondaire en postopératoire portant sur plus de 7500 cas d'hystérectomie d'hémostase,
immédiat. la première cause était les troubles de l'insertion placentaire
▶ Les principales complications sont l'hémorragie (38 %) devant l'atonie utérine (27 %) et la rupture utérine
secondaire, les plaies vésicales et urétérales. (26 %) [6]. Enfin, une surveillance mieux codifiée du travail
obstétrical et la pratique de césariennes itératives en cas
d'utérus cicatriciel ont limité le taux de rupture utérine et
La décision de pratiquer une hystérectomie d'hémostase
les hystérectomies d'hémostase dans cette indication [7, 8].
doit être prise lorsqu'elle paraît inéluctable pour garantir
la survie de la patiente. Elle survient en dernier recours
après l'échec des méthodes conservatrices, mais peut être
décidée d'emblée en cas d'hémorragie cataclysmique. La Bases anatomiques spécifiques
décision de pratiquer une hystérectomie d'hémostase de l'utérus gravide
est rendue délicate par son caractère radical et définitif.
Lorsque l'indication est justifiée, l'hystérectomie d'hémos- Les modifications volumétriques et structurales de l'utérus
tase ne doit pas être différée et doit être envisageable par gravide perturbent les rapports anatomiques habituels du
tout gynécologue-obstétricien. Si sa réalisation technique pelvis féminin au décours de la naissance. En particulier,
est simple, elle est en général effectuée dans un contexte de c'est la formation du segment inférieur qui va être res-
grande urgence obstétricale. Ainsi, la maîtrise des rapports ponsable des principales modifications anatomiques dont
anatomiques pelviens et de la technique chirurgicale est l'opérateur devra tenir compte dans sa technique chirur-
essentielle pour ne pas retarder un geste salvateur, et éviter gicale. Bien que l'utérus soit en cours de rétraction juste
les complications d'une chirurgie faite dans des conditions après la naissance, il pèse au décours de l'accouchement en
d'exécution difficile. moyenne 1,5 kg, mesure entre 20 et 24 cm de grand axe
le 1er jour et 11 à 13 cm le 6e jour du post-partum [9].
Pendant les six premiers mois de la grossesse, l'accrois-
Généralités sement du volume utérin se fait au dépend du corps de
l'utérus. Au cours du troisième trimestre chez la nullipare
L'hystérectomie d'hémostase sur utérus gravide, au décours (et plus tardivement chez la multipare) se forme le seg-
d'un accouchement par les voies naturelles ou après une ment inférieur de l'utérus : il correspond à la partie amin-
césarienne est associée à un risque de mortalité et de morbi- cie de l'utérus gravide située entre le corps et le col qui
dité maternelle. Sa fréquence est variable à travers le monde se développe aux dépens de l'isthme utérin et de la par-
et, dans les pays développés, les études en population tie supérieure du col. Au cours du travail obstétrical, son
montrent qu'elle complique en moyenne trois à huit cas allongement s'accentue, et associé à la dilatation cervicale,
pour 10 000 accouchements [1, 2]. Comparé à celui d'une il entraîne avec lui les éléments anatomiques qui lui sont
femme primipare ayant accouché par voie basse, le risque mitoyens.
de pratiquer une hystérectomie d'hémostase augmente La séreuse péritonéale s'hypertrophie par l'infiltration
avec le nombre d'antécédents de césarienne [3]. Ses princi- gravido-puerpérale. Elle recouvre l'utérus jusqu'aux culs-
pales indications sont l'hémorragie de la délivrance par ato- de-sac vaginaux et génito-rectaux et tapisse le segment
148
Dr A.Amine Recherche bibliographique
12. Hystérectomie d'hémostaseSCI-MED
(sur utérus gravide)
inférieur duquel elle est facilement décollable dans un plan distendu. L'artère utérine perd alors ses contacts avec l'ure-
avasculaire, contrairement au reste de l'utérus. Le fascia tère (figure 12.2). La dextrorotation de l'utérus positionne
présegmentaire est un tissu solide d'aspect nacré sous le l'artère utérine droite plus en arrière que la gauche. Après
péritoine viscéral présegmentaire [10]. la délivrance, la rétraction de l'utérus débute immédiate-
En avant, le repli vésico-utérin s'ascensionne en rapport ment et les trajets des vaisseaux tendent à reprendre leurs
avec l'ampliation progressive du segment inférieur, de telle
sorte qu'à la fin du travail obstétrical, la face postérieure de
la vessie recouvre la moitié du segment inférieur [10].
Latéralement, l'artère utérine et l'uretère sont les deux
éléments essentiels dont la connaissance anatomique
permettra d'éviter certaines complications. En dehors de
la grossesse, l'artère utérine naît de l'artère iliaque interne,
rejoint l'utérus vers le bas et latéralement à 1,5 cm de
l'isthme utérin et à 1,5 cm au-dessus du cul-de-sac vaginal.
Elle croise l'uretère en avant, décrit une crosse concave en
haut, remonte sur le bord latéral de l'utérus et se termine
vers la corne en trois branches terminales. La portion pel-
vienne des uretères débute après leur croisement avec les
vaisseaux iliaques (1,5 cm au-dessus de la bifurcation de
l'artère iliaque commune à gauche et 1,5 cm en dessous
de l'artère iliaque commune à droite) (figure 12.1). Il passe
dans l'espace pelvi-rectal supérieur, latéro-rectal pelvien, le
long de la terminaison de l'artère iliaque interne, puis croise
l'artère utérine par l'arrière, à 1,5 cm en dehors du cul-de-sac
Figure 12.1.
vaginal latéral avant de pénétrer la base de la vessie [11].
Rapports anatomiques des uretères pelviens : la portion
En fin de grossesse, l'étirement du segment inférieur induit pelvienne des uretères débute après leur croisement avec les
un accolement de l'artère utérine contre la paroi latérale vaisseaux iliaques 1,5 cm au-dessus de la bifurcation de l'artère
de l'utérus, et un éloignement de la crosse de l'artère uté- iliaque commune à gauche et 1,5 cm en dessous de l'artère iliaque
commune à droite. 1. Aorte abdominale ; 2. uretère ; 3. artère
rine du cul-de-sac vaginal, ainsi que de l'uretère pelvien qui iliaque commune ; 4. artère iliaque externe ; 5. artère iliaque
entre en contact latéralement avec le dôme vaginal qui est interne (hypogastrique) (d'après [9]).
Figure 12.2.
Modification des rapports entre les uretères et les artères utérines, au cours de la grossesse. A. Utérus non gravide. B. Utérus gravide.
1. Utérus ; 2. vessie ; 3. col ; 4. vagin ; 5. artère utérine ; 6. Uretère ; 7. artère cervico-vaginale.
149
Dren A.Amine
Chirurgie obstétrique Recherche bibliographique SCI-MED
r apports habituels avec de nouveau un risque de lésion uré- pour quantifier les saignements. Dans certains cas, cet accès
térale en cas de geste chirurgical [10]. pourra permettre une mobilisation utérine par un aide si
Enfin, la grossesse est associée à une augmentation nécessaire. Un sondage vésical à demeure par une sonde
importante de la vascularisation artérioveineuse intrin- de Foley est nécessaire.
sèque et extrinsèque de l'utérus. Le pédicule utéro-annexiel Dans de nombreux manuels, la voie d'abord préconisée
est hypertrophié avec un réseau vasculaire étalé en hauteur. est l'incision médiane. En fait, tout dépend du contexte et
Le ligament large peut être le siège d'une vascularisation elle doit être adaptée à l'état hémodynamique et aux condi-
accrue, notamment d'un réseau variqueux pelvien pouvant tions techniques a priori. L'incision médiane est privilégiée
être la source d'une hémorragie difficilement contrôlable en prévision d'une intervention difficile : utérus pluricica-
en cas d'effraction intempestive. triciel ou troubles de la placentation. Lorsque la décision
d'hystérectomie est prise en cours d'une césarienne, la voie
d'abord est alors imposée (le plus souvent transversale).
Environnement et principes Lorsque la décision est prise après un accouchement par
voie basse, sans risque de difficultés opératoires ni instabilité
L'hystérectomie d'hémostase peut se pratiquer après un hémodynamique, nous réalisons une incision transversale.
accouchement par les voies naturelles, ou pendant ou En cas de reprise de l'incision de la césarienne, l'ouverture
après une césarienne. Elle se pratique en général dans un pariétale peut être élargie, pour les besoins d'exposition, par
contexte d'urgence vitale et la technique de réalisation une section partielle des muscles grands droits (incision de
doit être rapide. Elle est simple techniquement car les dis- Mouchel). L'incision de Pfannenstiel nous paraît être moins
sections et la traction de l'utérus sont aisées. Malgré cela, adaptée à cette chirurgie où les troubles d'hémostase fré-
des complications sévères peuvent survenir, en particulier quemment associés peuvent entraîner des hématomes
lorsque certains principes ne sont pas respectés. dans les plans de décollement pariétaux inhérents à cette
Le geste chirurgical doit être associé à une réanima- incision.
tion intensive sans retarder les éventuelles transfusions de
produits sanguins labiles pour conserver un bon contrôle
hémodynamique et limiter les troubles de la coagulation. Technique chirurgicale
La communication entre l'équipe d'anesthésie-réanimation
et l'équipe obstétricale est fondamentale ; elle doit être La boite d'instrument est celle de l'hystérectomie abdomi-
régulière avant et pendant l'intervention car chacun peut nale qui doit toujours être disponible dans un bloc obs-
être amené à adapter sa prise en charge en fonction des tétrical. Pratiquée chez une femme jeune, l'hystérectomie
informations de l'autre. Ainsi, un obstétricien non informé sera inter-annexielle. L'extériorisation de l'utérus, après une
de l'aggravation de l'état hémodynamique ne pensera pas levée d'éventuelles adhérences, facilite l'accès aux diffé-
aux gestes d'urgences potentiellement salvateurs (change- rentes structures. Schématiquement, les ligatures doivent
ment de stratégie chirurgicale, accélération des étapes, etc.) être électives, appuyées, serrées et doublées. L'ordre des
et peut se retrouver en situation d'arrêt cardiaque sans avoir différentes étapes est décrit de manière variable selon les
pressenti la gravité de la situation. A contrario, l'information auteurs. Nous proposons ici notre technique habituelle,
régulière que l'état hémodynamique est stable permet à en précisant à chaque étape les variantes décrites qui nous
l'obstétricien de procéder étape par étape à l'hystérecto- paraissent intéressantes.
mie, sans se précipiter et en limitant les risques chirurgicaux
peropératoires. L'anesthésie locorégionale est possible, Ligature des ligaments ronds
néanmoins, devant toute situation d'aggravation de l'état
maternel et du risque d'hypotension, il paraît raisonnable
et pédicules utéro-ovariens
de pratiquer une anesthésie générale. Dans la mesure du Quelques principes généraux pour ce temps : l'utérus est
possible, la patiente et son conjoint doivent être prévenus tracté par deux longues pinces de Kocher qui sont mises
du caractère radical du geste et des risques associés. en place verticalement et plaquées latéralement à l'utérus
La patiente est installée en décubitus dorsal en ména- de part et d'autre ; elles enserrent les ligaments ronds, les
geant un abord vaginal pour permettre une évaluation trompes et les pédicules utéro-ovariens. Elles permettront
peropératoire des saignements. Si la table du bloc opéra- de diminuer les pertes sanguines au moment des ligatures-
toire le permet, un sac de recueil peut être mis en place sections des pédicules et de mobiliser l'utérus, toujours en
150
Dr A.Amine Recherche bibliographique
12. Hystérectomie d'hémostaseSCI-MED
(sur utérus gravide)
traction, pour exposer correctement les ligaments ronds, ifficiles. Même s'il est techniquement possible de prendre
d
les annexes et la face postérieure du ligament large. Même le pédicule utéro-ovarien et la trompe en une seule prise,
si cela peut apparaître comme un conseil bienvenu et pru- nous préférons recommander la prise en deux temps afin
dent, nous ne préconisons pas d'isoler sur lac les uretères d'éviter de surcharger la pince de Jean-Louis Faure et risquer
de façon systématique. En cas de rapports anatomiques un lâchage de la suture. À noter que certains débutent par
habituels, le simple repérage visuel permet d'être rassuré le pédicule utéro-ovarien puis le ligament rond.
sur le risque de lésion urétérale si les étapes suivantes sont
respectées.
Compte tenu du volume et de l'infiltration des vaisseaux
des éléments de l'appareil génital en cas d'utérus gravide,
un certain nombre de précautions sont nécessaires. Les
pinces de Jean-Louis Faure sont préférentiellement utilisées.
Pour toutes les ligatures-sections, il est indispensable de ne
pas sectionner trop près de la pince du côté distal (ce qui
«reste») afin de ménager un moignon de sécurité de 1 cm
environ. Les ligatures sont débutées au versant pelvien et
sont faites par un fil serti tressé résorbable de bon calibre
(diamètre 1) qui «appuie» la ligature en étant transfixiant
dans les tissus. Toutes les ligatures du côté pelvien sont
doublées à l'aide d'un fil non serti de même calibre. Même
si les grandes pinces de Kocher sont laissées en place, il est
préférable aussi de lier les «retours» proximaux afin de ne
pas surcharger le champ opératoire de pinces et conserver
une bonne accessibilité.
Le ligament rond est lié et sectionné dans sa partie Figure 12.3.
moyenne afin de garder la partie distale sur un fil avec pince Prise des deux cornes utérines à l'aide de grandes pinces de
de Kocher après avoir doublé la ligature (nous n'utilisons Kocher puis section du ligament rond et ouverture du péritoine
pas de fil serti en général pour le ligament rond). Cette pré- antérieur. Décollement vésico-utérin.
caution simple permet d'exposer le paramètre ouvert pen-
dant l'intervention et après l'hystérectomie, au moment de
la vérification des hémostases. D'emblée, on incise le péri-
toine viscéral jusqu'au péritoine vésico-utérin en dedans et
jusqu'à la partie médiane (certains ne réalisent cette étape
que lorsque les annexes et les ligaments ronds ont été sec-
tionnés liés des deux côtés) ; puis on progresse en incisant
le péritoine en haut et en dedans vers la partie proximale de
la trompe (figure 12.3).
La partie proximale de la trompe ainsi exposée et libé-
rée, on passe en dedans des ciseaux de Mayo fermés ou
un dissecteur sous la trompe, et on ressort en dehors entre
la trompe et le pédicule utéro-ovarien, après avoir identifié
une zone avasculaire. La ligature section de la trompe est
alors réalisée à 1 ou 2 cm du bord latéral de l'utérus afin
d'éviter les veines du pédicule utérin qui «courent» sur le
bord latéral.
Le pédicule utéro-ovarien est lié et sectionné de la
même manière que la trompe (figure 12.4). Il ne faut pas
appliquer la pince de Jean-Louis Faure sur le tissu ovarien Figure 12.4.
qui se déchirerait et rendrait la ligature et l'hémostase Section des pédicules utéro-ovarien et tubaire.
151
Dren A.Amine
Chirurgie obstétrique Recherche bibliographique SCI-MED
Ces trois ligatures sections réalisées, on expose l'inté- Ce repérage peut être rendu difficile en cas de dilatation
rieur du ligament large. En arrière, le péritoine du ligament cervicale avancée quand il ne persiste plus qu'un canal cer-
large est incisé aux ciseaux de façon oblique en bas et en vico-segmentaire. Certains utilisent un champ intravaginal
dedans vers le torus utérin. Les annexes sont éloignées du mais cela nous semble une perte de temps. On peut repérer
corps utérins et placées dans la gouttière pariéto-colique de le col entre deux doigts par la face interne du segment infé-
chaque côté après avoir vérifié l'hémostase. Le paramètre rieur lorsque l'utérus est ouvert. Un autre repère souvent
est alors dégagé aux doigts ou aux ciseaux, éventuellement utile est le niveau d'insertion des ligaments utérosacrés.
après quelques hémostases de petits vaisseaux, jusqu'à La section des pédicules utérins est encadrée par deux
dégager le pédicule utérin. pinces de Jean-Louis Faure. Une première pince est placée 1
L'opération est répétée à l'identique de l'autre côté. à 2 cm au-dessus du col perpendiculairement au mur uté-
rin, les mors devant dépasser l'artère utérine et atteindre le
myomètre. Une autre pince est positionnée au-dessus de
Libération vésico-utérine la précédente, pour barrer la circulation de retour du côté
et latéro-pelvienne utérin. La section du pédicule est réalisée en respectant un
moignon de sécurité sur le versant pelvien du pédicule sec-
Le péritoine vésico-utérin est déjà sectionné (voir étapes
tionné. Il faut prendre soin de dégager le bec de la pince
précédentes). S'il n'a pas été réalisé précédemment, le
de Jean-Louis Faure afin de permettre une ligature appuyée
décollement vésico-utérin est débuté de proche en proche,
et doublée du pédicule, mais aussi, une fois sectionnée,
après préhension de la vessie par une pince en cœur, en
de pouvoir l'abaisser puis l'éloigner du dôme vaginal [10]
commençant au niveau de la ligne médiane, dans un plan
(figure 12.5).
intra-facial, la courbure des ciseaux orientée vers l'utérus. À
L'opération est répétée à l'identique de l'autre côté.
la main, on tente de percevoir le col afin de ne pas descendre
À ce stade de l'intervention, deux possibilités se pré-
trop bas dans la dissection vésico-utérine. Ce décollement
sentent alors à l'opérateur : pratiquer une hystérectomie
ne doit pas être extensif, d'une part, car les uretères sont
totale, ou subtotale. La première est plus difficile à réali-
anatomiquement éloignés de leur site habituel et, d'autre
part, car il convient de limiter le risque hémorragique. Si
le dégagement latéro-pelvien du ligament large n'a pas été
suffisant lors des étapes précédentes, on peut être amené à
le compléter au cours de cette étape.
Les artères utérines peuvent alors être abordées
sereinement.
152
Dr A.Amine Recherche bibliographique
12. Hystérectomie d'hémostaseSCI-MED
(sur utérus gravide)
ser dans le contexte de l'urgence. La seconde, plus rapide, La section vaginale précédente entraîne souvent une
nécessite un contrôle hémostatique parfait du moignon zone hémorragique entre le vagin et le péritoine viscéral
utérin au risque de laisser des tissus potentiellement hémor- pelvien. En cas de saignement de la tranche vaginale, un
ragiques. Cependant, il nous paraît raisonnable lorsque cela godronnage peut être réalisé de la totalité de la tranche de
est possible de réaliser une hystérectomie totale d'emblée. section vaginale, par un surjet hémostatique circulaire. Les
berges vaginales sont alors rapprochées par un point en X.
Nous ne mettons pas en place de drainage vaginal. Il
Hystérectomie totale ne nous paraît pas opportun dans ce contexte d'amarrer
les ligaments ronds à la suture vaginale en prévention des
À l'issue de la section ligature des pédicules utérins, nous troubles de la statique pelvienne ultérieur.
préconisons une hystérectomie intra-fasciale qui est sou-
vent aisée car à l'aide d'une traction vers le haut l'utérus
«monte» bien et le fascia présegmentaire est très faci- Hystérectomie subtotale
lement clivable. La dissection (ou le clivage) du fascia est
L'hystérectomie subtotale a l'avantage d'être de réalisation
réalisée au bistouri électrique et un aide réalise l'hémostase
plus simple et de permettre une ablation rapide du corps
progressivement à l'aide d'une pince à hémostase. Nous
utérin. Après avoir ligaturé les artères utérines, une hystéro-
précédons parfois cette dissection par deux points au
tomie est pratiquée au-dessus du col, la section latérale de
niveau des angles du dôme vaginal afin de lier préventive-
l'utérus se fait au-dessus de la ligature des pédicules utérins
ment les pédicules cervico-vaginaux.
sectionnés précédemment et elle est terminée en arrière de
L'utérus est désormais désolidarisé de ses pédicules
façon circulaire.
vasculaires et le cylindre utérovaginal bien individualisé.
Le moignon cervico-vaginal est alors fermé par des
L'hystérectomie totale va pouvoir être pratiquée. L'incision
points en X au fil résorbable tressé de calibre 1, ce qui per-
vaginale est réalisée juste sous le col qui est repéré entre
met en même temps d'assurer un contrôle de l'hémostase
pouce et index, si besoin par voie endo-utérine haute à
de la tranche de section. Une péritonisation secondaire
travers l'hystérotomie (rarement à l'aide d'un examen par
du moignon cervico-vaginal qui rapproche, par un surjet
voie vaginale en cas de doute). L'incision vaginale est circu-
de fils résorbable tressé de type Vicryl® 2/0, les péritoines
laire au ciseau de Mayo ou au bistouri électrique ; la tranche
postérieurs et antérieurs peut être pratiquée. Nous ne la
vaginale est mince alors que le massif cervical est épais et
recommandons pas car elle expose au risque d'hématomes
difficile à couper. L'incision vaginale débute en arrière. Dès
cloisonnés pouvant secondairement diffuser dans les
l'ouverture du vagin, la berge vaginale est saisie à l'aide d'une
espaces rétropéritonéaux, plus fréquents dans ce contexte
grande pince de Kocher, et la colpotomie poursuivie laté-
de trouble de l'hémostase.
ralement et en avant en vérifiant de préserver une tranche
Si le saignement ne paraît pas être suffisamment
de section du vagin suffisante pour sa fermeture. La pièce
contrôlé, il faut pouvoir totaliser secondairement l'hysté-
d'hystérectomie est alors extraite et adressée pour un exa-
rectomie, en tractant le moignon cervico-isthmique par
men anatomopathologique.
des pinces de Jean-Louis Faure ou des fils de traction, et en
L'exposition du vagin à l'aide de quatre pinces de Kocher
reprenant les étapes décrites précédemment. La «totalisa-
doit permettre de repérer facilement la tranche de section
tion» est cependant plus difficile que l'hystérectomie totale
vaginale qui devra être impérativement prise dans la suture.
d'emblée.
Il faut veiller à ce que la berge antérieure soit suffisamment
décollée de la paroi postérieure de la vessie. Le risque, si
la vessie n'est pas suffisamment décollée du vagin, est de Fin de la procédure
l'enfouir dans la suture au moment de la fermeture vaginale,
pouvant être la source de fistule vésico-vaginale. La fin de l'intervention consiste en un lavage abondant de
Après désinfection de la tranche vaginale, les angles laté- la cavité pelvienne et un contrôle soigneux de l'hémostase.
raux du vagin sont suturés par un point en X au fil tressé Toutes les ligatures des pédicules pelviens doivent être véri-
résorbable de calibre 1, en prenant soin de ne pas inclure fiées l'une après l'autre. Il est essentiel d'avoir veillé à bien
les pédicules précédemment liés qui doivent rester extra- serrer les nœuds des ligatures vasculaires, car au décours de
péritonéaux. Le vagin peut être suturé par des points en X la chirurgie, la régression de l'œdème tissulaire gravido-
totaux de fils tressé résorbable de calibre 1 ou à l'aide d'un puerpéral peut contribuer à un relâchement des liga-
surjet réunissant les deux berges. tures pouvant conduire à des saignements secondaires.
153
Dren A.Amine
Chirurgie obstétrique Recherche bibliographique SCI-MED
Le drainage de la cavité abdominopelvienne nous paraît tressé de calibre 2/0. Une dérivation des urines par une
légitime dans ce contexte de chirurgie à haut risque hémor- sonde de Foley doit alors être maintenue pour une durée
ragique. Il n'a pour seul but que celui de pouvoir dépister de cinq à sept jours selon la taille de la suture. Une brèche
une reprise des saignements intra-abdominal dans les 24 vésicale doit être suspectée à distance de l'intervention
ou 48 premières heures. devant l'apparition d'un épanchement liquidien abdomi-
La fermeture pariétale se fait plan par plan, avec un nal qui peut être pris à tort pour une ascite. Si elle venait
contrôle de l'hémostase rigoureux pouvant justifier un drai- à être ponctionnée, un dosage de la créatinine confirmera
nage sous-aponévrotique lorsqu'il existe des troubles de la le diagnostic d'urinome. Enfin, ces plaies vésicales peuvent
coagulation. évoluer à long terme vers des fistules urogénitales.
154
Dr A.Amine Recherche bibliographique
12. Hystérectomie d'hémostaseSCI-MED
(sur utérus gravide)
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155
Dr A.Amine Recherche bibliographique SCI-MED
Chapitre 13
Hystérectomie en cas de placenta
accreta et percreta
L. Marcellin, A. Mignon, S. Silvera, O. Vignaux, N. Barry Delongchamps,
D. Cabrol, F. Goffinet
PLAN DU C HAPITRE
Introduction 157
Diagnostic préopératoire 157
Stratégie opératoire en cas de suspicion
de placenta accreta 157
Stratégie opératoire en cas de suspicion
de placenta percreta 157
Technique chirurgicale de la césarienne
hystérectomie 157
Surveillance postopératoire 167
Conclusion 167
Chirurgie en obstétrique
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Dren A.Amine
Chirurgie obstétrique Recherche bibliographique SCI-MED
de cette angio-IRM nous semble justifié. Enfin, il faut garder peut justifier d'une embolisation si le plateau technique est
à l'esprit que les faux négatifs de l'imagerie ne sont pas rares proche. En cas d'hémorragie cataclysmique, l'hystérectomie
et que, parfois, c'est seulement au moment de la délivrance d'hémostase doit être pratiquée d'emblée ;
que le diagnostic pourra être infirmé ou non. ●
en cas d'accouchement par césarienne, s'il n'y a pas de sai-
gnements anormaux, la ligature prophylactique des artères
hypogastriques nous paraît discutable car son intérêt dans
Stratégie opératoire en cas de la prévention primaire de l'hémorragie dans ce contexte
n'est pas établi et la technique n'est pas sans risque (liga-
suspicion de placenta accreta ture de l'artère iliaque externe, plaie vasculaire ou urétérale).
Dans les situations de saignements modérés, le recours aux
Le choix de la stratégie opératoire dépend du degré d'inva- mesures non chirurgicales et chirurgicales conservatrices
sion placentaire suspecté à l'imagerie faite en ante-partum, est envisageable en fonction des antécédents de la patiente
des constatations peropératoires, et du désir du couple. et de la situation clinique. En cas d'hémorragie grave ou
Nous ne traiterons pas dans ce chapitre de l'alternative au persistante, la décision d'hystérectomie d'hémostase ne
traitement radical, appelée traitement «conservateur» qui doit pas être retardée.
consiste, en l'absence de délivrance spontanée, à ne pas La technique du traitement conservateur en cas de
tenter de délivrance «appuyée» mais de laisser le placenta placenta accreta est détaillée dans le chapitre précédent
in situ après la naissance. En fonction du diagnostic attendu (cf. chapitre « Hystérectomie d'hémostase (sur utérus gra-
en préopératoire, ce traitement conservateur peut être vide) »). La technique d'hystérectomie en cas de placenta
proposé dans but de préservation de l'utérus dans des cas accreta ne diffère pas de la technique décrite dans le cha-
de placenta accreta pour désir maternel, ou par nécessité pitre « Hystérectomie d'hémostase (sur utérus gravide) ».
en cas de placenta percreta extensif pour limiter le risque
hémorragique au cours de la césarienne première (détaillé
dans le chapitre «Césarienne»). Placenta accreta suspecté
avant l'accouchement
Placenta accreta découvert Le traitement recommandé par l'American Society of Obs-
au moment de la délivrance tetric and Gynecology est la pratique, de façon program-
mée, d'une césarienne puis hystérectomie dans le même
Dans certaines situations, le diagnostic de placenta accreta temps en cas de placenta accreta diagnostiqué dans la
n'a pas été posé plus tôt. Or il peut être fait au décours d'un période prénatale afin de limiter le risque hémorragique
accouchement par les voies naturelles ou d'une césarienne, lié à la tentative d'extirpation du placenta (souvent réfrac-
au moment de la délivrance, en l'absence de plan de clivage taire aux techniques d'hémostase médicale ou chirurgicale
retrouvé entre le placenta et l'utérus au cours d'une déli- conservatrice). Ce traitement consiste à pratiquer une hys-
vrance artificielle : térectomie d'emblée, juste après la naissance, sans tentative
●
en cas d'accouchement par voie basse, si une délivrance d'extirpation placentaire (en dehors de toute délivrance
est tentée, elle doit être réalisée prudemment et sans insis- spontanée).
tance en cas de difficulté. En l'absence d'hémorragie sévère, Ces recommandations sont discutables et nous ne pro-
associée à une bonne tolérance clinique, les mesures thé- cédons pas de cette manière. En effet, ce traitement radical
rapeutiques non chirurgicales de traitement de l'hémorra- ne permet pas d'éviter l'hystérectomie inutile en cas de faux
gie de la délivrance sont entreprises et peuvent suffire. En positifs des investigations échographiques et radiologiques
cas de persistance de l'hémorragie, il ne nous semble pas prénatales. De plus, la zone accreta est parfois de très petite
raisonnable de proposer une embolisation compte tenu taille (1 à 2 cm2), et l'ablation de la quasi-totalité du pla-
du risque d'aggravation rapide et extrêmement sévère de centa est possible sans hémorragie importante. Dans ce cas,
l'hémorragie qui peut conduire à une situation d'instabilité la conservation utérine est légitime.
hémodynamique. Le recours à la laparotomie semble pré- Plus que toute autre intervention en obstétrique, la
férable et les mesures chirurgicales conservatrices peuvent césarienne hystérectomie, en cas de placenta accreta/per-
être tentées sans pour autant retarder la décision d'un trai- creta, est une intervention qu'il faut absolument tenter
tement radical. Cependant, cette décision se prendra au de programmer car elle relève d'une prise en charge mul-
cas par cas et une hémorragie persistante, mais modérée, tidisciplinaire (gynécologues-obstétriciens expérimentés,
159
Dren A.Amine
Chirurgie obstétrique Recherche bibliographique SCI-MED
160
Dr A.Amine Recherche bibliographique
13. Hystérectomie SCI-MED
en cas de placenta accreta et percreta
dans l'hypothèse d'un échec du traitement conservateur de médicaments antifibrinolytiques (acide tranexamique).
que nous réalisons systématiquement la prise en charge Avant de débuter l'intervention, un monitorage invasif est
préopératoire immédiate et peropératoire décrite ici. souhaitable (le plus souvent avec une voie artérielle pour
monitorage continu et réalisations de prélèvements répé-
tés), ainsi que la mise en place d'abords veineux de bon
Stratégie préopératoire calibre. Les moniteurs d'optimisation hémodynamique
Organisation multidisciplinaire peuvent être envisagés, même si les voies périphériques
sont à recommander pour limiter les complications iatro-
Plus encore qu'en cas de placenta accreta, l'intervention gènes. Enfin, un séjour en réanimation doit être anticipé,
pour suspicion de placenta percreta relève donc d'une prise même s'il n'est pas systématique [15].
en charge multidisciplinaire comportant des gynécologues- La césarienne hystérectomie peut se pratiquer au cours
obstétriciens expérimentés, des anesthésistes-réanimateurs, d'une anesthésie locorégionale, comme une rachi-péridu-
des radiologues vasculaires, et des néonatologistes prêts rale combinée. Néanmoins, le risque de saignement brutal
à accueillir le nouveau-né parfois sédaté par l'anesthésie et abondant, pouvant conduire à une hypotension majeure,
générale maternelle. Le concours de chirurgiens urologues, ainsi qu'une durée d'intervention potentiellement longue,
digestifs et/ou vasculaires peut être requis. Cette inter- stressante et inconfortable pour la patiente, nous incitent le
vention doit se pratiquer dans un centre disposant d'une plus souvent à réaliser une anesthésie générale au moment
réanimation adulte, d'un centre de transfusion pouvant faire de la décision d'hystérectomie. On peut en revanche débu-
face avec tous les produits en qualité et quantité, et d'un ter la procédure chirurgicale par une anesthésie locorégio-
plateau technique de radiologie vasculaire [11]. Il est essen- nale (rachi-péridurale combinée idéalement) pour quatre
tiel qu'une stratégie globale, du moins ses grandes lignes, raisons :
ait été fixée en réunion multidisciplinaire, à partir princi- ●
les gestes préopératoires, que nous préconisons parfois
palement des paramètres d'évaluation du degré d'invasion (ballonnets intravasculaires, pose de sondes urétérales),
placentaire par l'imagerie, en particulier extra-utérine. peuvent prendre du temps et sont réalisés sous cette
modalité anesthésique. Cela permet d'éviter l'exposition
Information du couple parfois longue du fœtus à l'anesthésie générale maternelle,
Il est primordial d'exposer au couple, de façon répétée, les par ailleurs parfois réalisée en dehors du bloc opératoire
risques possibles, notamment les conséquences hémorra- pour les gestes vasculaires. C'est tout l'intérêt de réaliser
giques et transfusionnelles, urologiques, digestives, réani- l'ensemble de la prise en charge dans un seul endroit, dans
matoires, avec le risque de mise en jeu du pronostic vital une salle hybride. Ce type de structure existe dans quelques
dans les formes très sévères. La présence du conjoint est centres en France, et surtout aux États-Unis, au Canada, ou
indispensable dans ces rencontres d'information. Sauf cas en Suisse, où peuvent être conduits de manière combinée
particulier ou difficultés anatomiques, nous proposons une et sans déplacement les gestes chirurgicaux et sous scopie ;
ligature tubaire aux femmes porteuses d'un utérus multici-
●
la procédure chirurgicale, comportant aussi l'hystérec-
catriciel compliqué d'un placenta percreta, si l'hystérecto- tomie en l'absence de saignement majeur ou d'instabilité
mie n'était pas réalisée. hémodynamique, peut être conduite sous anesthésie
locorégionale seule. Cela permet à la maman d'être «pré-
sente» lors de la naissance, du premier cri d'un nouveau-né
Prise en charge anesthésique
en bonne santé, et de le voir, établissant ainsi un premier
En préopératoire, la prise en charge anesthésique doit être contact mère-enfant important pour la suite ;
anticipée au cours d'une consultation spécifique, avec la ●
l'injection intrathécale de morphiniques, associée aux
réalisation d'un bilan prétransfusionnel et la mise en réserve anesthésiques locaux, éventuellement prolongée plusieurs
de produits sanguins labiles appropriés (en coordination jours en postopératoire, permet une excellente analgésie ;
avec l'Établissement français du sang). La patiente a idéale- ●
enfin, certaines études de faible valeur méthodologique,
ment bien suivi une supplémentation martiale, pour partir indiquent un saignement moindre en cas de placenta prae-
d'un niveau d'hémoglobine et d'une réserve en fer les plus via opéré sous anesthésie locorégionale que sous anesthésie
hauts possibles. Une stratégie d'épargne transfusionnelle a générale, notamment à cause de l'utilisation d'agents hyp-
été discutée, comportant éventuellement l'utilisation d'un notiques halogénés qui sont utéro-relaxants, et peuvent
récupérateur de sang (de type Cell Saver®) et l'utilisation induire atonie et saignement accru.
161
Dren A.Amine
Chirurgie obstétrique Recherche bibliographique SCI-MED
En cas d'anesthésie générale, toutes les techniques uti- Cathétérisme artériel préopératoire
lisées pour la chirurgie lourde à haut risque hémorragique et ballonnets artériels
sont utiles, comportant le maintien de la normothermie,
le monitorage de la profondeur de l'anesthésie, et l'optimi- Dans certaines situations où l'extension du placenta per-
sation de l'hémostase et de l'euvolémie, surtout bien sûr creta est importante ou associée à un réseau vasculaire
en cas d'hémorragie massive qui s'accompagne vite de la particulièrement développé, l'équipe de radiologie inter-
triade létale (hypothermie, acidose, CIVD). ventionnelle positionne par cathétérisme fémoral des
sondes à ballonnet dans les artères iliaques primitives juste
avant la césarienne (figure 13.3).
Prise en charge urologique Les ballonnets pourront alors être gonflés de façon
Préserver l'intégrité des uretères est l'un des enjeux de l'hysté- temporaire en peropératoire en cas d'hémorragie mas-
rectomie. Leur repérage peut se révéler difficile, car l'anatomie sive, et ce afin d'occlure les artères iliaques. Elle présente
pelvienne est souvent modifiée, surtout lorsque le placenta est un double intérêt théorique : celui de pouvoir réduire
praevia : le segment inférieur est alors totalement «soufflé» vers le débit sanguin pelvien en cas d'hémorragie massive,
l'extérieur avec un réseau vasculaire latéro-utérin important ren- et celui de pouvoir garantir un accès vasculaire rapide
dant l'individualisation des uretères difficile. Par ailleurs, en cas de en postopératoire immédiat si une embolisation en
d'hémorragie importante justifiant une exécution rapide, les ure- urgence était indiquée (figure 13.3, 13.4). Cependant,
tères doivent pouvoir être repérés rapidement. Ainsi, la mise en l'efficacité de cette méthode invasive reste débattue [16,
place de sondes urétérales avant de débuter la césarienne pourra 17] et elle n'est pas sans risque de complications (un
guider le chirurgien dans la dissection et l'accès aux axes vascu- cas de dissection artérielle dans notre centre mais avec
laires hypogastriques et utérins. Les uretères pourront alors être des ballons semi-compliants double lumière utilisés au
facilement repérés, que ce soit au moment de la césarienne ou début de notre expérience en cathétérisme sélectif sur
lors d'une hystérectomie secondaire dans les jours ou semaines guide dans les artères iliaques internes, choix initial fait
qui suivent. Les sondes urétérales sont mises en place sous cys- pas les radiologues interventionnels pour privilégier
toscopie et sous contrôle scopique en début d'intervention un accès endovasculaire facile pour une embolisation
(figure 13.2A). Elles sont fixées à une sonde vésicale par un fil et en urgence). En outre, les études rétrospectives sur le
seront enlevées par simple traction après l'hystérectomie si elle sujet sont biaisées par la forte corrélation qu'il existe
est réalisée. Si la période entre la césarienne et l'hystérectomie entre le recours au cathétérisme fémoral prénatal et la
excède une semaine, les sondes urétérales pourront être rempla- sévérité de l'invasion placentaire suspectée au cours du
cées par des sondes en double J (figure 13.2B), qui sont internes bilan d'imagerie. Bien que nous utilisions ces ballonnets
et mieux tolérées. Cependant, le recours aux sondes en double dans les formes de placenta percreta les plus graves,
J en première intention est envisageable sans que le choix préfé- les bénéfices, en termes d'épargne sanguine, restent à
rentiel entre l'une ou l'autre technique ne soit validé. démontrer.
Figure 13.2.
A. Sonde double J.
B. Sonde urétérale.
162
Dr A.Amine Recherche bibliographique
13. Hystérectomie SCI-MED
en cas de placenta accreta et percreta
Figure 13.3.
Ballonnet endovasculaire (type : cathéter monolumière avec ballon non compliant – Lemaitre® Vascular, Paris, France). Dégonflé (A),
gonflé (B, C). Ils sont placés par cathétérisme artériel fémoral (technique de Seldinger) en position iliaque primitive en amont de la
bifurcation artère iliaque externe et interne (hypogastrique). Après repérage anatomique de la bifurcation aorto-iliaque avec les guides
utilisés pour le cathétérisme fémoral, ces ballons sont montés sans guide (monolumière) et un contrôle scopique le plus bref possible
confirme le bon positionnement des ballons (gonflés avec du produit de contraste) (D). Le caractère non compliant caractérise des
ballons dont le diamètre ne peut pas dépasser le diamètre maximal nominal quelle que soit la pression d'insufflation, ce qui limite les
risques de traumatisme de l'artère iliaque primitive (un ballon semi-compliant utilisé couramment en angioplastie pour écraser les
plaques d'athérome au contraire expose à un risque de surdilatation et donc de rupture ou de dissection artérielle).
Figure 13.4.
Cathétérisme fémoral bilatéral (A, B).
163
Dren A.Amine
Chirurgie obstétrique Recherche bibliographique SCI-MED
Figure 13.5.
Laparotomie médiane : l'extériorisation, partielle et prudente,
de l'utérus est parfois justifiée afin de réaliser l'hystérotomie à
distance de l'insertion placentaire.
Figure 13.6.
Hystérotomie fundique. Repérage des limites de l'incision utérine
L'hystérotomie est une étape décisive de l'intervention. en dehors et à distance de l'insertion placentaire (A). Incision au
bistouri et aux ciseaux (B, C). Extraction fœtale prudente évitant
Après une exploration minimale de la cavité abdominale, toute atteinte placentaire et une extension non maîtrisée de
pour éviter de provoquer un saignement intempestif, il est l'hystérotomie (D).
important de prendre le temps de repérer les limites de
l'hystérotomie, et ce afin de pouvoir élargir l'incision initia- Avant de pratiquer l'hystérectomie, l'exposition pel-
lement prévue ou d'anticiper son extension provoquée par vienne doit être optimale. Il convient de réaliser un refou-
l'extraction fœtale. Cette hystérotomie doit rester stricte- lement des anses digestives au-dessus du promontoire à
ment extraplacentaire pour éviter une hémorragie secon- l'aide de champs humides maintenus par une valve fixée
daire à un décollement induit, même minime, du placenta sur un écarteur de Gosset. L'utilisation de l'écarteur d'Alexis
(figure 13.6). Elle peut alors nécessiter une extension vers la peut être une alternative satisfaisante. La situation est habi-
face postérieure de l'utérus justifiant, au cas par cas, l'exté- tuellement instable en per-césarienne ; l'intervention doit
riorisation partielle et prudente de ce dernier. Après la nais- être rapide mais sans précipitation, et les premières étapes
sance du nouveau-né, le cordon est vidangé complètement chirurgicales visent à diminuer les pertes sanguines. L'opé-
et la ligature au ras de son insertion est laissée à la discrétion rateur doit avoir à l'esprit que, à tout moment, la patiente
de l'opérateur. peut se mettre en choc hémorragique. La communication
C'est en cas d'échec de cette tentative de traitement avec l'équipe d'anesthésie est fondamentale. Cette dernière
conservateur qu'une hystérectomie sur placenta percreta doit être expérimentée afin d'anticiper les pertes sanguines
peut être décidée. importantes en peropératoire. Cela implique qu'un disposi-
tif de transfusion et réchauffement est disponible, et qu'une
personne est dédiée à cette tâche (vérification des produits
Hystérectomie
sanguins, comptage, et utilisation optimisée de plasma
Les conditions sont très différentes selon qu'elle est réalisée frais congelé (PFC), fibrinogène, et acide tranexamique)
au moment de la césarienne ou à distance de celle-ci. Dans exclusivement. Le nombre de culots globulaires et PFC
le premier cas, les risques de choc hémorragique sont très peut facilement dépasser la dizaine d'unités en moins de
élevés, même si des ballonnets intra-artériels ont été pla- 30 minutes. La correction de l'acidose, de l'hypothermie et
cés. Dans le deuxième cas, l'intervention est souvent moins de l'éventuelle hypocalcémie est essentielle. Il n'y a que très
hémorragique (même si les ballonnets ont été enlevés dans peu de situations au bloc opératoire avec un tel débit de
les heures qui ont suivi la césarienne) et les différents temps saignement (le débit utérin à terme peut atteindre jusqu'à
opératoires peuvent se dérouler sans précipitation. un litre par minute).
164
Dr A.Amine Recherche bibliographique
13. Hystérectomie SCI-MED
en cas de placenta accreta et percreta
Après avoir suturé rapidement l'hystérotomie, placenta avoisinants, notamment des plexus veineux paramétriaux
en place, l'utérus est tiré en avant afin de tendre les pédi- dont l'hémostase peut se révéler impossible, précipi-
cules utérins et tenter de réduire les flux vasculaires utérins tant la patiente vers une hémorragie possiblement fatale
(figure 13.7). (figure 13.8 à 13.10).
En cas d'hémorragie très importante rendant complexe
la dissection et la vision du champ opératoire, les ballonnets,
s'ils ont été posés en préopératoire, sont gonflés. Sinon (cas
de l'hystérectomie secondaire à distance de la césarienne),
il nous paraît légitime de commencer par une ligature vas-
culaire première des artères hypogastriques, sans que celle-
ci ne retarde l'hystérectomie si les saignements devenaient
anormaux et mal tolérés par la patiente. À chaque instant,
il est impératif de contrôler l'abondance des saignements
par voie vaginale. La ligature des artères hypogastriques se
fait selon la technique habituelle (cf. le chapitre «Ligature
vasculaires»). En cas d'hémorragie massive non contrôlée, il
peut être envisagé de réaliser une compression ou un clam-
page temporaire de l'aorte. L'hystérectomie se pratique
selon la technique précédemment décrite (cf. le chapitre
«Hystérectomie d'hémostase (sur utérus gravide)») avec
quelques spécificités.
Figure 13.7.
Placenta percreta après la naissance. Fond utérin et Figure 13.9.
hystérorraphie (a). Pédicule annexiel gauche (b). Ligament rond Ligature du pédicule annexiel gauche par un nœud de Meunier à
gauche (c). Segment inférieur soufflé par le placenta et recouvert l'aide d'un fil sertis (Vicryl® 1). Chaque ligature est doublée par un
par la vessie (d). fil de même calibre.
165
Dren A.Amine
Chirurgie obstétrique Recherche bibliographique SCI-MED
Sup
Fond utérin
Ext (hystérorraphie)
Ligament rond et
pédicule annexiel
gauche liés
Placenta percreta
latéralisé à droite
envahissant l’isthme
utérin
Col
Figure 13.12.
Pièce opératoire d'une hystérectomie pour placenta percreta.
Figure 13.10.
Décollement du péritoine latéro-utérin droit. Le segment
inférieur est soufflé vers l'extérieur et est le siège d'un réseau n'existe pas et est hautement hémorragique. Le degré
vasculaire latéral étendu (a). d'envahissement vésical peut nécessiter une résection
vésicale partielle emportant la zone atteinte, associée ou
non, à une résection urétérale. Dans certains cas de résec-
tion vésicale extensive, une réimplantation urétéro-vési-
cale peut se révéler nécessaire. La sonde urinaire est laissée
quelques jours et au minimum cinq jours en cas de plaie
vésicale ou de réimplantation urétérale. Elle vise à dépister
d'éventuel saignement de la vessie envahie et d'assurer une
vidange vésicale pour permettre la cicatrisation en cas de
geste urologique.
En fin de procédure, la pièce d'hystérectomie est adres-
sée pour un examen anatomopathologique qui confirmera
le diagnostic (figure 13.12).
Après l'hystérectomie, toutes les ligatures vasculaires
doivent être vérifiées et doublées selon la technique pré-
cédemment décrite (cf. le chapitre «Ligature vasculaires»).
L'hémostase doit être contrôlée. Il peut s'avérer nécessaire
d'avoir recours à des substituts hémostatiques pour contrô-
ler certains saignements diffus ou en nappe (figure 13.13).
Un drainage est systématiquement mis en place pour
Figure 13.11. une courte durée (limitée à 48 heures) afin d'évaluer la
Décollement vésico-utérin en cas de placenta percreta au cours reprise éventuelle d'un saignement intrapéritonéal en pos-
de l'hystérectomie. Face antérieure de l'isthme utérin (a), face
postérieure de la vessie (b) et sillons inter-vésico-utérins (c). topératoire immédiat. La fermeture pariétale est réalisée
plan par plan.
Dans certaines situations hautement hémorragiques,
Vessie et uretères et malgré les transfusions importantes, des troubles de
Le décollement vésico-utérin est une étape souvent difficile l'hémostase peuvent persister, rendant tout contrôle
(figure 13.11) qui permettra d'accéder à la berge supérieure chirurgical vain. Il peut être envisagé de réaliser un packing
du col. En cas de placenta percreta avec atteinte vésicale, abdominopelvien après l'hystérectomie, à l'aide de champs
qui est la forme la plus fréquente, le plan de décollement et d'un drainage de type Mikulicz. Cette stratégie transitoire
166
Dr A.Amine Recherche bibliographique
13. Hystérectomie SCI-MED
en cas de placenta accreta et percreta
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Dr A.Amine Recherche bibliographique SCI-MED
Index
A D
Appendicectomie, 30 Déchirure, 49–54
Appendicite, 30 –– cervicale, 53
Atonie utérine, 117 –– périnéale, 50
–– vulvaire, 53
B
Déhiscence, 98, 101
Bakri (ballon de), 106
B-Lynch, 135 E
–– aiguille de Reverdin, 125 Embolisation, 114
–– variante, 133 Épisiotomie, 43–48
–– médiane, 44
C
–– médiolatérale, 45
Capitonnage utérin, 133 –– technique un fil/un nœud, 45
–– selon Hwu, 132
Cerclage, 1–16 H
–– à chaud, 5 Hématome
–– cervico-isthmique, 3 –– périgénital, 140
–– en urgence, 2 –– puerpéral, 140
–– prophylactique, 2 Hématome sous-capsulaire du foie, 40
–– technique HPP. Voir Hémorragie du post-partum
–– – cervico-isthmique, 6 Hystérectomie
–– – de Benson, 9 –– d'hémostase, 116, 134–135
–– – de Fernandez, 9 –– pour rupture utérine, 102
–– – de McDonald, 4
I
–– – de Palmer, 6
–– – de Shirodkar, 6 Incompétence cervicale, 2
–– thérapeutique, 2 K
Chirurgie non obstétricale, 18
Kyste ovarien
Cholangiographie, 33
–– ablation, 23
Cholécystectomie, 33
Cholécystite aiguë, 33 L
Cloisonnement utérin, 133 Ligature(s)
Compressions utérines –– des artères hypogastriques, 124, 134–135
–– atonie utérine, 133 –– – fertilité, 114
–– B-Lynch, 124 –– des artères iliaques externe
–– brace sutures, 124 et interne, 113
–– fertilité, 133–134 –– des artères hypogastriques, 114
–– hemostatic multiple square suturing, 124 –– des artères utérines, 134, 144
–– nécrose utérine, 134 –– – hystérotomie, 115
–– pyométrie, 134 –– – ligament rond, 115
–– synéchie, 134 –– – péritoine, 115
–– uterine compression sutures, 124 –– – simple selon O'Leary, 116
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