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Evolution des besoins thermiques des immeubles suite à

l’isolation des parois


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des-parois/

25 septembre 2007

Sommaire

Transfert thermique par les parois extérieures


Prenons l’exemple d’un local de bureau de 30 m² sur 3 m de hauteur, soit un volume de
90 m³.

Supposons qu’il soit entouré d’autres locaux régulés à la même température (bureaux
voisins, couloirs, …), si bien que seule la paroi en façade est source d’échanges thermiques.

Cette paroi est constituée de 7,5 m² de vitrage et de 6 m² d’allège.

Il y a 30 ans on aurait placé du simple vitrage (U = 6 W/m²K) et une allège non isolée (U =
1,5 W/m²K). Une ventilation de 1 renouvellement horaire serait assurée, essentiellement par
infiltrations non maîtrisables. Il en résulte les puissances suivantes

pertes par paroi : (7,5 x 6 + 6 x 1,5) = 54 [W/K]


pertes par ventilation : (0,34 Wh/m³K x 90 m³) = 31 [W/K]

Soit un total de 85 Watts par degré d’écart entre extérieur et intérieur.

Quelle doit être la température intérieure à considérer ? On peut partir d’une zone neutre de
confort entre 21°C (hiver) et 24°C (été), et donc d’une température moyenne intérieure
d’hiver de 18°C (moyenne jour/nuit/week-end). On obtient alors le profil d’échange suivant
en fonction de la température extérieure :

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Supposons à présent que la paroi soit isolée :
double vitrage à basse émissivité (U = 1
W/m²K) et allège avec 6 cm de laine minérale
(U = 0,24 W/m²K). Il en résulte les puissances
suivantes

pertes par paroi : (7,5 x 1,5 + 6 x 0,53) =


14 [W/K]
pertes par ventilation : (0,34 Wh/m³K x
90 m³) = 31 [W/K]

Soit un total de + 40 Watts par degré d’écart


entre extérieur et intérieur. La température
intérieure moyenne en période de chauffe est
réévaluée à 19°C (avec la nouvelle isolation,
les nuits et les week-ends seront moins frais
entrainant une augmentation de la température
moyenne). Le profil d’échange est adapté :

Cette fois, les infiltrations par les châssis sont


négligeables et le taux horaire de
renouvellement d’air de 1 correspond au débit
d’air neuf pulsé mécaniquement dans les
locaux de manière volontaire et contrôlée. Ce
qui sous-entend que ce débit peut être arrêté
la nuit et le WE, soit les 2/3 du temps.

Conclusions

Suite à l’isolation, les besoins de chauffage et de froid sont réduits. L’enveloppe freine
davantage le transfert de chaleur quel que soit le sens de passage. Le besoin de
refroidissement du local en été est donc, à première vue, diminué par l’isolation de la paroi !

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(mais ce n’est qu’un regard partiel puisque l’on ne prend pas ici en compte l’effet des
charges internes et solaires).

À noter que les besoins liés à la ventilation représentent les 3/4 des besoins totaux et qu’ils
sont contrôlables.

Influence des apports internes


Les apports internes doivent être introduits dans le bilan.

Dans les bureaux non-isolés

Autrefois, on comptait 30 W/m², soit 10 W/m² pour les personnes et 20 W/m² pour
l’éclairage. Quelle que soit la température extérieure, c’est un apport fixe de 900 W qui est
donné au local.

Cet apport doit être diminué dans la mesure où ils apparaissent chaque jour durant les 10
heures de fonctionnement des bureaux, soit 1/3 du temps de la semaine. Les besoins
thermiques sont eux proportionnels à la température moyenne intérieure, maintenue en
permanence.

Ainsi, les apports internes représentent une puissance moyenne permanente de 900 x 1/3 =
300 Watts. Ce nouvel apport décale le profil de demande de -3,5 °C.

Le point d’équilibre est atteint pour une température extérieure


de 14,5°C : les apports compensent les besoins de chaleur. Les
besoins de froid sont augmentés : dès que la température
extérieure dépassera les 20,5 °C, une puissance de réfrigération
sera nécessaire pour assurer le confort des occupants.

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Dans les bureaux actuels isolés avec 14 cm de laine minérale

Pour un bâtiment actuel, les apports internes sont similaires dans un local de bureaux : si
10 W/m² supplémentaires de bureautique sont apparus, la nouvelle performance des
systèmes d’éclairage a permis une diminution de 10 W/m².

À noter que dans les anciens bureaux, l’arrivée de la bureautique a entraîné un réel
accroissement de la charge.

Le nouveau profil de charge apparaît, avec un point d’équilibre ramené à 11,52 °C :e

19 °C – (300 W/(40 W/K)) ≈ 11,5 °C

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Conclusion

La puissance frigorifique maximale n’est pas plus élevée que dans les anciens bâtiments;
elle commence cependant plus tôt dans la saison.

Influence des apports solaires


Des apports solaires élevés vont s’ajouter à la charge thermique du local.

Imaginons que le bureau soit situé en façade Ouest.

Comment estimer l’importance des apports solaires en fonction de la température extérieure


?

Un lien partiel existe. On l’évaluera en première approximation par le fait que :

3 kWh d’énergie solaire atteignent, en moyenne, chaque m² de façade Ouest par


journée, pour un ciel moyen de juin, soit pour une température extérieure moyenne de
16 °C.

0,36 kWh d’énergie solaire atteignent, en moyenne, chaque m² de façade Ouest durant
une journée de décembre, que l’on pourra faire correspondre à T° extérieure de l’ordre
de 0° (en fait, par ciel serein l’apport solaire est élevé mais la température est plus
faible).

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4,8 kWh sont reçus par m2 de façade Ouest, par jour, par ciel serein au mois de juin, et
donc pour des températures maximales proches de 30°C.

Pour connaître les apports solaires reçus par le


bureau, multiplions ces valeurs par les 7,5 m2 de
vitrages, affectons ces montants d’un coefficient 0,6
pour tenir compte du facteur solaire du double vitrage
et de la présence du châssis, et divisons cette énergie
par 24 h pour obtenir une puissance moyenne
effective.

Il en résulte un apport de 900 Watts aux températures


maximales (30°C), de 560 Watts à 16°C et de 70
Watts à 0°C. Apport qu’il faut additionner à la courbe
qui traduit le bilan thermique du local :

Bilan pour les immeubles non isolés

On constate que la température d’équilibre est


descendue à 12 °C. Ceci signifie qu’avec 12
°C à l’extérieur, les apports internes et
externes suffisent à assurer une température
confortable de 21°C à l’intérieur. De plus, au-
delà de 15 °C extérieur, en raison des divers
apports, la température intérieure dépasse 24
°C et un besoin de rafraîchissement apparaît.

Bilan pour les immeubles isolés

Cette fois, le chauffage s’arrête pour 7°C extérieur et le rafraîchissement est souhaité à partir
de 10°C extérieur.

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Remarque : cette évaluation est
simplifiée puisque le lien entre
température extérieure et puissance
solaire est évalué grossièrement et de
plus, la présence de soleil fait monter la
température extérieure des parois, ce qui
entraîne une augmentation du transfert
thermique au travers de la paroi.

Conclusions sur les conséquences de l’isolation des parois


La comparaison des deux courbes de puissance montre que la puissance de refroidissement
souhaité n’a pas été augmentée par l’isolation des parois (elle a même plutôt légèrement
diminué aux fortes températures).

Mais le profil de la demande de puissance est très différent : il faut refroidir de plus en plus
tôt dans l’année.

L’énergie de refroidissement (produit de la puissance par le temps de la demande) va dès


lors augmenter. Pour le visualiser, il faut mettre en regard la courbe des puissances et la
courbe de l’évolution des températures en fonction du temps de l’année :

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On constate que la température extérieure est située entre 12 et 18°C durant de
nombreuses heures de l’année. Autrefois, à ces températures la puissance du local était
nulle ou faible. Aujourd’hui, une demande de refroidissement est bel et bien présente à ces
températures…

Voici l’évolution de la demande annuelle du local par tranche de températures extérieures :

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Attention : dans l’absolu les besoins de chauffage ne baissent pas en deçà de 0
degrés pour devenir nuls vers -15 °C; simplement, le nombre d’heures/an rencontrant
ces situations extrêmes étant très réduit, la consommation annuelle (puissance x
durée) à ces températures, est réduite. Le même raisonnement explique la tendance
au-delà de 18 °C.

La demande énergétique totale est en baisse de 20 % ;L’énergie de refroidissement est donc


en hausse après isolation. Mais pas de regrets et pas de marche arrière !

La demande de chauffage s’est effondrée de 75 %.

Comment comprendre que les besoins soient nuls sur une large plage (7 °C à 10 °C ? Le
bâtiment est à l’équilibre thermique et la température intérieure oscille dans “la zone neutre”
entre 21 et 24 °C.

Cependant, la demande en énergie de refroidissement a dramatiquement progressé de + 95


% ! Dramatiquement, vraiment ? Nous sommes tout de même passés de 1 200 kWh/an à 2
350 kWh/an…

En réalité cette valeur est à nuancer. Rappelez-vous qu’elle exprime l’énergie nécessaire au
refroidissement d’un local fermé, peu aéré, sans protections solaires…

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Nous pouvons aussi observer que l’augmentation des besoins de refroidissement suite à
l’isolation du local a principalement lieu pour des températures extérieures comprises entre
10 °C et 21 °C. À ces températures, l’air frais extérieur pourra-t-être mis à profit pour refroidir
l’ambiance gratuitement (les besoins de froids qui concernent des températures supérieures
à 21 °C ne représentent que 20 à 30 % des besoins de froids).

Vous l’aurez compris, isoler permet une réduction de la consommation d’énergie de


chauffage très importante avec pour revers d’augmenter les besoins de froids. Il faudra donc
entreprendre des stratégies adaptées à ce nouveau profil pour en tirer tous ses avantages :

1. Autrefois, le chauffage constituait le principal poste énergivore, mais à présent, un


équilibre est plus souvent atteint et il faut pouvoir faire face à une demande de chaud
et une demande de froid lors des températures extrêmes. Par exemple, la simple
présence de protections solaires extérieures peut fortement limiter les besoins de
refroidissement.
2. Le diagramme des puissances met en évidence que la demande de froid se fait
souvent au moment où la température extérieure est bien inférieure à la température
de consigne intérieure, ce qui, théoriquement, permet de mettre en place une
technique de free cooling diurne.
3. Suite à cette évolution des besoins, il y a de plus en plus souvent des besoins de
réfrigération dans certains locaux alors que d’autres locaux sont encore en demande
de chauffage. Par exemple, dans un immeuble bien isolé comportant deux façades
Est-Ouest, il est probable qu’en mi-saison vers 10h00, la façade Est est en demande
de refroidissement alors que la façade Ouest demande encore de la chaleur. Le
système de climatisation devra pouvoir répondre à cette évolution.
4. Également, ce que le diagramme ne montre pas, c’est le cycle de température jour/nuit
qui permet d’évacuer la chaleur accumulée en journée, par de l’air nocturne plus frais :
c’est le free cooling nocturne. Ceci pour autant que le local puisse jouer le rôle de
réservoir tampon, et donc qu’il dispose d’une inertie suffisante.
5. Pour finir, nous pouvons observer sur le schéma ci-dessous que la période de besoin
de refroidissement coïncide avec la disponibilité en énergie solaire la plus forte. Ainsi,
l’installation de panneaux photovoltaïques pourrait s’avérer être une stratégie
judicieuse [notamment dans le cadre d’un objectif QZEN] profitant de la concordance
entre la période de disponibilité d’une énergie renouvelable (le photovoltaïque solaire)
et la période de besoin de cette énergie pour le refroidissement.

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Si cela se vérifie à l’échelle d’une année, il en va de même à l’échelle de la journée.

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