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Études internationales

L’acteur humanitaire en crise existentielle


Les défis du nouvel espace humanitaire
François Audet

Volume 42, Number 4, December 2011 Article abstract


URI: https://id.erudit.org/iderudit/1007550ar This article offers an analysis of the humanitarian space. This working area,
DOI: https://doi.org/10.7202/1007550ar which has significantly changed over the past decades, entails to take into
account the future of the humanitarian actor within the new international
See table of contents context. The main challenges are the organisational spectrum which shapes
this actor and dilutes the humanitarian rhetoric and principles and the
politisation of the humanitarian space. In fact, the reticence of the
Publisher(s) humanitarian actor to evolve in harmonization with the new international
reality required to reconsider his role and existence in conflict area.
Institut québécois des hautes études internationales

ISSN
0014-2123 (print)
1703-7891 (digital)

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Audet, F. (2011). L’acteur humanitaire en crise existentielle : les défis du nouvel
espace humanitaire. Études internationales, 42(4), 447–472.
https://doi.org/10.7202/1007550ar

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L’ACTEUR HUMANITAIRE EN CRISE EXISTENTIELLE 447

L’acteur humanitaire en crise existentielle


Les défis du nouvel espace humanitaire
François AUDET*

RÉSUMÉ : Cet article examine l’évolution du terrain d’action de l’humanitaire


au cours des dernières décennies. L’analyse de cet espace conduit à réfléchir à
l’avenir de l’acteur humanitaire dans le nouveau contexte international. En effet,
la réticence de celui-ci à travailler dans un environnement non sécurisé le force
à reconsidérer les principes qui ont édifié le mouvement humanitaire. La dilution
de la rhétorique humanitariste et la politisation de son espace d’action sont les
principaux défis qui se posent à lui. Ce contexte contraint l’acteur humanitaire à
revoir son rôle et à remettre en question sa présence en zone de conflit.
Mots-clés : espace humanitaire, organisations humanitaires, responsabilité de protéger

ABSTRACT : This article offers an analysis of the humanitarian space. This wor-
king area, which has significantly changed over the past decades, entails to take
into account the future of the humanitarian actor within the new international
context. The main challenges are the organisational spectrum which shapes this
actor and dilutes the humanitarian rhetoric and principles and the politisation of
the humanitarian space. In fact, the reticence of the humanitarian actor to evolve
in harmonization with the new international reality required to reconsider his role
and existence in conflict area.
Keywords : humanitarian space, humanitarian organizations, responsibility to protect

Depuis la publication en 1996 de l’ouvrage de Rony Brauman intitulé


Humanitaires, le dilemme (Brauman 1996), d’importants bouleversements géo-
stratégiques ont modifié les relations internationales. Dans cet ouvrage, Brauman
soulève des questions fondamentales quant à l’avenir du mouvement humanitaire
et, surtout, il établit que « l’espace d’action » de l’acteur humanitaire doit rester
immuable selon ses principes et ses valeurs. Il est l’un des premiers à souligner
l’importance d’un espace humanitaire impartial et respecté par tous les acteurs1.
Parallèlement, avec la fin de la guerre froide et le début de la guerre
au terrorisme qui a suivi les événements du 11 septembre 2001, les conflits,
comme la réponse humanitaire qui a suivi, ont subi d’importantes mutations
conceptuelles et opérationnelles. La transformation des théâtres d’opérations
militaro-humanitaires ne s’est pas faite sans affecter les différents acteurs qui

* Directeur de l’Observatoire canadien sur les crises et l’action humanitaire de l’Université de


Montréal et doctorant en science politique à l’Université du Québec à Montréal.
L’auteur tient à remercier Stéphane Roussel, Nicolas Lemay Hébert, Vincent Romani et Nancy
Thede pour leurs commentaires sur une version préliminaire du texte.
1. La paternité du concept « espace humanitaire » est généralement attribuée à Rony Brauman,
président de Médecins sans frontières de 1982 à 1994. Selon lui, « [l]’espace humanitaire [est
un] espace symbolique, hors duquel l’action humanitaire se trouve détachée [de son] fondement
éthique et qui se constitue à l’intérieur des repères suivants : accès, dialogue, indépendance,
impartialité » (Brauman 1996 : 43).
Revue Études internationales, volume XLII, no 4, décembre 2011
448 François AUDET

y participent. Cela a généré un débat qui est encore d’actualité. De nombreuses


analyses critiques et craintes ont été soulevées, notamment par le secteur des
organisations non gouvernementales (ONG) humanitaires. Ces critiques portant
sur la tendance à la politisation et à la militarisation de l’aide ont contribué au
questionnement sur l’importance de ces transformations pour l’espace huma-
nitaire2. En effet, l’acteur humanitaire cherche à définir la marge de manœuvre
avec laquelle il peut opérer en situation de conflit, protégeant ainsi son terrain
d’action de l’influence de l’acteur militaire et de l’État qu’il représente.
Le concept d’« espace humanitaire » est complexe mais fondamental à
l’intérieur du mouvement humanitaire. Il peut se comprendre comme un espace
de liberté d’intervention civile, caractérisée par certains principes et normes,
tels que ceux contenus dans la Charte humanitaire3. Dans cet environnement
complexe se côtoient de multiples acteurs aux objectifs divers et parfois anti-
nomiques. L’acteur humanitaire utilise cet espace afin de réaliser son mandat
qui consiste notamment à porter assistance et à protéger les populations civiles
victimes de conflits. Son objectif est d’avoir un accès direct et constant à ces
victimes4. L’acteur militaire, quant à lui, répond aux intentions de l’État politique
qu’il représente afin de défendre la sécurité et les intérêts nationaux (Forster
2005). L’espace humanitaire est donc plus qu’une zone physique. Il s’agit d’une
zone symbolique déterminée par un environnement fonctionnel d’intervention
dans lequel les organisations humanitaires cherchent à maintenir une action inté-
grée, et idéalement impartiale et non politisée (Yamashita 2004 ; Smith 2008). Il
est le résultat d’une prise de conscience des multiples acteurs impliqués dans les
zones de conflit qui prônent le respect des droits de l’homme et du droit interna-
tional humanitaire (DIH)5.
Les relations entre les acteurs œuvrant dans l’espace humanitaire ont
déjà fait l’objet de plusieurs études. Certaines de ces analysent permettent de
mieux comprendre les rapports entre acteurs humanitaire et militaire. Harmer
(2008 : 528) expose entre autres les tensions qui existent entre l’humanitaire
et le militaire. Il démontre qu’en situation de conflit l’acteur humanitaire tend
toujours à vouloir s’isoler du militaire et de l’État politique que ce dernier repré-
sente. Schimmel (2006 : 309) conclut quant à lui que cet isolement de l’acteur
humanitaire réduit les efforts de coordination opérationnelle. Donini (1995),
2. Plusieurs organisations ont réagi fortement à cette situation. Notamment CARE, le Conseil
canadien pour la coopération internationale (CCCI), Médecins sans frontières (MSF) et le Comité
international de la Croix-Rouge (CICR).
3. Voir entre autres le projet Sphère.
4. Il faut noter que dans le droit humanitaire la responsabilité première de répondre aux besoins
de la population et d’assurer leur protection relève de l’État. Dans le contexte qui nous inté-
resse, le concept d’espace humanitaire se réfère à l’utilisation qu’en font les ONG humanitaires
lorsqu’elles se substituent aux responsabilités étatiques dans les cas où le contexte ne permet
pas aux États d’assumer leurs responsabilités.
5. Le DIH comprend deux éléments de droit distincts. Le droit de la guerre traite de la conduite des
hostilités et limite les moyens de nuire à l’ennemi. Le droit de Genève, constitué par les conven-
tions de 1864, 1906 et 1949 et leurs protocoles de 1977, concerne la protection des militaires
blessés, des prisonniers de guerre et des personnes civiles en cas de conflits armés ainsi que des
naufragés (Wembou et Fall 2000). Voir aussi la liste des traités mise en ligne par le CICR.
L’ACTEUR HUMANITAIRE EN CRISE EXISTENTIELLE 449

Yamashita (2004), Cornish (2007) et Smith (2008) ont exploré la relation sou-
vent antagoniste entre les acteurs humanitaire et militaire. Bien que cette relation
soit bien documentée, peu ont exploré l’impact de leurs rapports sur la tendance
à la politisation de l’espace humanitaire et ses conséquences sur l’identité et la
pérennité du mouvement humanitaire lui-même. Spécifiquement, l’hypothèse de
la présente étude est la suivante : la réticence de l’acteur humanitaire à évoluer
dans ce nouvel environnement de travail le force à reconsidérer les principes qui
ont édifié le mouvement humanitaire, tels que l’indépendance et la neutralité, qui
sont à la base de son existence. Ce questionnement contraint l’acteur humani-
taire à revoir son rôle et à remettre en question sa présence, voire son existence
en zone de conflit.
L’espace de travail de l’acteur humanitaire s’est indubitablement méta-
morphosé depuis le dernier siècle et en particulier depuis les dernières décen-
nies6. En effet, comme l’indique Ryfman dans Une histoire de l’humanitaire,
la fin de la Deuxième Guerre mondiale et de la guerre froide aura vu « l’essor
impressionnant de la Croix-Rouge […] et [l’apparition] des organismes sans but
lucratif qui adopteront rapidement l’appellation d’organisation non gouverne-
mentale » (2008 : 37). Le mouvement humanitaire, incarné par un système de
valeur humaniste et opéré par des organisations non gouvernementales, comble
un besoin auquel les États et les institutions internationales ne peuvent répondre.
Malgré la reconnaissance accrue du rôle de l’acteur humanitaire et des
organisations non gouvernementales humanitaires, peu d’études explorent
l’humanitaire en relations internationales. En effet, les études en sécurité tendent
à ignorer systématiquement le secteur humanitaire et les organisations transna-
tionales de type ONG humanitaires (Lischer 2007 : 101). Les interventions mili-
taires justifiées par des raisons humanitaires sont particulièrement documentées,
mais sous l’angle éthique et légal du conflit et en utilisant une approche clas-
sique réaliste et étato-centriste (Holzgrefe et Keohane 2003 ; Farer et al. 2005 ;
Pawlowska 2005 ; Bellamy et Williams 2006 ; Ayub et Kouvo 2008). Ce n’est
que depuis quelques années que la littérature sociopolitique s’intéresse à l’action
humanitaire de manière plus spécifique (Lischer 2007 ; Egnell 2008 ; Spearin
2008 ; Vaughn 2009)7. En analysant l’évolution du concept de l’espace humani-
taire au cours de la dernière décennie, cet article contribue aussi à l’intégration
des champs de la sécurité internationale et de l’humanitaire afin de refléter la
nature changeante du concept de sécurité et d’approfondir le rôle grandissant de
l’acteur humanitaire en relations internationales.
Pour faire cette analyse de l’évolution de l’espace humanitaire, nous débu-
terons en présentant le débat entourant le concept de l’espace humanitaire, les
éléments théoriques ainsi que la problématique de la politisation de cet espace.
Nous analyserons ensuite deux époques importantes, soit la période suivant
la naissance du concept de l’espace humanitaire et celle de son application,

6. Pour une revue de l’histoire de l’humanitaire, voir Ryfman (2008).


7. Notons quelques exceptions importantes, comme les publications de Minear et Weiss (1995),
Roberts (1996), Slim (1997, 1998), Duffield (1997), Steele (1998) et Brunel (2001).
450 François AUDET

du conflit au Kosovo de 1999 à son évolution après le 11-Septembre. Enfin,


nous examinerons les limites du nouvel espace humanitaire qui porte préjudice
à l’existence même du mouvement humanitaire. Enfin, quelques hypothèses
seront émises quant à l’avenir de l’acteur humanitaire et de son terrain d’action.

I– Considérations théoriques et définition des sujets


C’est à l’intérieur de la coopération internationale que le régime de l’aide
humanitaire s’inscrit, particulièrement dans le courant théorique institution-
naliste néolibéral. Singulièrement positiviste, ce courant conçoit les relations
internationales comme anarchiques, mais exclut, comme le suggèrent les réa-
listes, que l’État en soit l’unique acteur en évoquant au contraire une multiplicité
d’acteurs (Macleod et O’Meara 2007 : 97). La théorie réaliste, qui peint une
vision amorale de l’action humanitaire, implique plutôt que l’humanitarisme
soit un simple instrument des États pour assurer la défense des intérêts nationaux
(Nishikawa 2005 : 13). Ainsi, pour ce texte, nous proposons une approche insti-
tutionnaliste qui s’exprime à travers une diversité d’acteurs pouvant faciliter la
coopération internationale. Le régime de l’aide humanitaire s’institutionnalise à
travers une variété d’organisations internationales spécialisées, d’organisations
transnationales et non gouvernementales. Bernard Kouchner (1991 : 3) souligne
que le devoir d’ingérence et l’humanitaire institutionnalisé, et de fait militarisé,
figurent parmi les moyens nécessaires pour résoudre les grandes crises de ce
monde et ainsi procurer de l’aide aux populations défavorisées. Duffield (2007)
avance même que l’institutionnalisation de l’humanitaire est un instrument au
service de l’Occident pour répandre la démocratie libérale et la civilisation
moderne dans les pays pauvres. Pour Coutu (2007 : 116), l’institutionnalisation
de l’humanitaire est synonyme de la reconnaissance de cet acteur transnational
en tant qu’intermédiaire structurel et de son intégration dans un système de régu-
lation qui concerne autant le niveau local, régional et national qu’international.
Dans tous les cas, l’institutionnalisme humanitaire qui admet la multiplicité des
acteurs en relations internationales s’inscrit dans l’école néo-idéaliste8 qui sou-
haite l’émergence et la protection d’une gouvernance globale, plutôt que celles
des intérêts nationaux (Knight 1998).
Suivant ce cadre d’analyse, nous nous reporterons à deux acteurs inter-
nationaux9. Le terme « acteur humanitaire » sera employé pour faire référence
aux organisations non gouvernementales transnationales et occidentales qui
8. Les approches idéalistes s’inscrivent dans une longue tradition de réflexion sur la dimension
humaine dans les relations internationales, qu’il s’agisse de forces morales ou de la force des
valeurs démocratiques, en référence entre autres au républicanisme de Kant ou à l’idéalisme
wilsonien. Ces approches furent longtemps éclipsées par l’essor de l’école réaliste aux États-
Unis, particulièrement favorisé par l’échec de la Société des Nations. Les auteurs néo-idéalistes
s’accordent en outre pour attribuer une autonomie aux « idées » de la politique internationale
en se demandant comment des identités et des normes influencent la manière dont les États
définissent leurs intérêts (Lindemann 2000).
9. Selon Macleod et al. (2002), un acteur international peut être défini comme un individu, un
groupe, une classe, une institution, un État ou une organisation dont on peut affirmer qu’il exerce
une action intentionnelle au sein du système international.
L’ACTEUR HUMANITAIRE EN CRISE EXISTENTIELLE 451

œuvrent dans l’espace humanitaire afin de porter assistance aux populations


victimes de crises telles que présentées par Duffield (2007). Il faut noter que ce
concept englobe une grande variété d’organisations reflétant un très large spectre
opérationnel et philosophique. Il ne s’agit donc pas d’une entité homogène et
indissociable. C’est d’ailleurs dans cette diversité organisationnelle que s’inscrit
le défi d’uniformiser l’action et le discours humanitariste. Néanmoins, même si
elles n’utilisent pas toutes les mêmes méthodes, ces organisations ont le même
objectif, qui est de porter secours aux victimes des crises humanitaires, qu’elles
soient d’origine humaine ou naturelle. Le second acteur que nous évoquerons est
le « militaire ». Nous emploierons donc le terme « acteur militaire » pour faire
référence aux institutions militaires représentant les intérêts des États occiden-
taux. Tout comme pour l’humanitaire, l’acteur militaire n’est pas un bloc mono-
lithique. Même en observant les forces armées occidentales, on note une grande
variété de positions institutionnelles et de productions doctrinales, qui, même si
elles tendent à s’estomper à travers des missions intégrées, n’ont pas d’identité
homogène10. Néanmoins, pour les besoins de notre recherche, nous définirons
l’acteur militaire comme étant les institutions engagées dans les situations de
crises humanitaires, représentées par les armées nationales ainsi que par les coa-
litions internationales (OTAN), telles que définies par Macleod et al. (2002 : 14).

II – La politisation de l’espace humanitaire


Les praticiens et les chercheurs s’entendent généralement sur la tendance
à la politisation et à la militarisation de l’espace humanitaire (Krahenbüel 2004 ;
MSF 2004 ; Kleinfeld 2007 ; Cornish 2007 ; Egnell 2008). Par exemple, Harmer
(2008 : 529) conclut que la politisation de l’action humanitaire est également
généralement admise. Makki (2004 : 9) indique quant à lui « [qu’]en décidant de
réinvestir [dans] les activités de terrain pour superviser les opérations et s’assurer
de la rentabilité des financements aux ONG et aux autres acteurs du secteur privé,
il [le gouvernement américain] comble des vides dans les dispositifs de rensei-
gnement humain et d’influence stratégique au sein de l’architecture de sécurité
nationale ». Cette tendance force l’acteur humanitaire à remettre en question son
intervention dans les conflits tels que ceux vécus en Irak, au Darfour, au Tchad et
en Afghanistan (Lischer 2007 ; ICRC 2008 ; Karlsrud et da Costa 2009).
La politisation de l’espace humanitaire se matérialise de plusieurs façons.
Dans les conflits en Afghanistan et en Irak, par exemple, les politiques d’aide
humanitaire sont prédéterminées par les objectifs de politique étrangère des
gouvernements de la coalition occidentale, plutôt que sur la base des besoins des
populations et des principes du mouvement humanitaire (Olson 2006 ; Lischer
2007). Cette problématique de la politisation de l’humanitaire a été décrite par
Curtis (2001), qui en définit six vecteurs.

10. Pour la dimension doctrinale des variations identitaires de l’acteur militaire, voir entre autres
le texte de Hoffmann (2001) ; pour le débat sur les variétés d’interventions militaires pour des
raisons humanitaires, voir le texte de Holzgrefe (2003).
452 François AUDET

Premièrement, la situation géopolitique, qui a profondément changé depuis


la fin de la guerre froide, a laissé l’acteur humanitaire à la merci de l’Occident.
L’ancien monde polarisé lui permettait d’avoir une certaine neutralité, car il
pouvait défendre une position « entre » les deux superpuissances.
Deuxièmement, la dénaturation des conflits depuis la fin de la guerre
froide a entraîné une augmentation du nombre d’acteurs transnationaux. Ce
contexte aura modifié les cibles militaires et l’intervention humanitaire dans son
ensemble. Ainsi transformé, l’espace humanitaire n’est plus le lieu de prédilec-
tion de la défense des principes humanitaires et ceux-ci ont perdu en crédibilité.
Troisièmement, la modification de la nature des conflits a contribué à faire
évoluer le concept de sécurité. Ainsi, Curtis (2001) soutient que le sous-déve-
loppement est maintenant perçu comme une menace, puisqu’il peut engendrer le
terrorisme, la violence et le trafic illégal. Les approches d’aide humanitaire sont
donc maintenant considérées comme un moyen d’assurer la sécurité par les États
occidentaux. L’aide humanitaire n’est désormais plus motivée par les besoins
des victimes, mais par les impératifs des politiques de sécurité internationale de
l’Occident.
Quatrièmement, l’humanitaire doit dresser un certain constat d’échec.
En effet, des études indiquent que l’aide humanitaire peut parfois exacerber ou
prolonger les conflits, incitant ainsi les pays occidentaux à prendre un certain
contrôle sur les approches et les conditions de l’intervention humanitaire dans
l’hypothèse d’améliorer l’efficience de l’intervention (Lischer 2007 : 100).
Cinquièmement, la mise en œuvre des politiques pangouvernementales
des pays donateurs influe directement sur les zones de travail des humanitaires.
Cette intégration crée un flou sur les différents rôles des acteurs dans les théâtres
d’opérations humanitaires. L’impact des approches intégrées sur l’espace huma-
nitaire sera examiné plus loin dans ce texte.
Sixièmement, la recherche d’un ordre global et d’une gouvernance libérale
est le dernier vecteur de politisation de l’espace humanitaire. De fait, les pays
occidentaux voient dans la fusion de l’humanitaire et du politique une manière
d’influencer directement les comportements des pays délinquants et de favoriser
les processus de démocratisation (Curtis 2001 : 6).
À cette liste s’ajoute également la dépendance grandissante des organisa-
tions humanitaires aux fonds publics. Cette dépendance financière implique la
subordination des organisations aux administrations politiques des États dona-
teurs (Frangonikolopoulos 2005). L’autonomisation du financement public reste
d’ailleurs l’un des principaux défis des organisations humanitaires.
Enfin, Vaux (2006 : 240) précise un dernier facteur important de la poli-
tisation de l’espace humanitaire. Selon lui, les interventions humanitaires sont
particulièrement influencées et biaisées par quelques grandes crises qui ont été
façonnées par les politiques étrangères des pays occidentaux, telles que celles
survenues en Afghanistan, à Haïti et en Irak. La plupart des crises humanitaires
L’ACTEUR HUMANITAIRE EN CRISE EXISTENTIELLE 453

n’obtiennent pas la même visibilité ni le même financement que les régions aux-
quelles l’Occident accorde une attention prioritaire. En revanche, les opérations
de l’acteur humanitaire y sont plus indépendantes de celles des acteurs politico-
militaires. En fait, les populations affectées par des crises oubliées, recevant peu
d’intérêt médiatique et par conséquent financier, obtiennent moins d’aide que les
autres11. L’architecture du système humanitaire est donc intimement liée à l’inté-
rêt des donateurs occidentaux pour quelques grandes crises, ce qui ne reflète
pas la dynamique actuelle de l’action humanitaire et s’écarte d’une approche
impartiale basée sur les besoins des populations ciblées par l’action humanitaire
(Vaux 2006 : 240).
Néanmoins, certains doutent qu’un espace humanitaire impartial et dépo-
litisé soit réellement concevable (Eberwein 2001 ; Lischer 2007 ; Kleinfeld
2007). Plusieurs chercheurs ont également démontré que l’aide humanitaire qui
se veut dépolitisée a parfois des effets pervers et paradoxaux sur les objectifs
désirés (Roberts 1996 ; Campbell 1998 ; Girod et Gnaedinger 1998). Schimmel
(2006 : 309) expose que certaines interventions humanitaires ont volontairement
créé une distance entre l’humanitaire et les acteurs militaire et politique, et,
subséquemment, ont entraîné des effets négatifs sur les victimes. Ces dernières
recherchaient une protection que certains États pouvaient leur apporter, mais
ces États se sont vus écartés par une action humanitaire dépolitisée. Les crises
humanitaires qui touchent la République centrafricaine et le Tchad (Karlsrud et
da Costa 2009), ainsi que les conflits en Bosnie et en Somalie (Hyndman 2003),
sont des exemples où les interventions humanitaires ont eu l’effet inverse de
celui espéré. Se retrouvant le théâtre d’opérations militaires violentes, ces inter-
ventions n’ont pu fournir l’aide et la protection souhaitées aux victimes.
Mais la politisation de l’espace humanitaire passe avant tout par celle
de l’acteur humanitaire lui-même. Pour Coutu, la politisation de l’humanitaire
signifie « l’arrimage de l’action humanitaire à des décisions ou des actions éta-
tiques de différentes natures. Plus largement, la politisation de l’humanitaire est
synonyme de la reconnaissance de cet acteur non étatique en tant que médiation
structurelle, de son institutionnalisation et de son intégration » (2007 : 113).
La politisation de l’humanitaire est alors synonyme de sa militarisation, d’où
l’arrivée du concept de New Humanitarianism apparu dans la dernière décennie.
Cette politisation confère à l’acteur humanitaire un statut paradoxal où, incarné
par des organisations transnationales non gouvernementales, il se retrouve le
substitut de l’État qui donne, comme celui qui reçoit. Siméant et Dauvin ajoutent
que l’humanitaire s’inscrit « dans les champs de forces plus larges qui sont à la
fois ceux de l’action publique, du monde du travail et du militantisme, […] des
administrations gouvernementales, en matière d’aide, voire de politique étran-
gère, comme dans d’autres domaines » (Siméant et Dauvin 2004 : 20).
Mouffe suggère que les tentatives de scinder l’influence politique des
autres sphères environnantes restent pertinentes, mais visent un idéal utopique.

11. Médecins sans frontières publie régulièrement des données et informations sur certaines des
crises humanitaires dites « oubliées ». Voir aussi la publication de CRASH.
454 François AUDET

Elle explique que lorsqu’un universalisme dépolitisé est promu et que les pra-
tiques apolitiques sont encouragées, les luttes de pouvoir sont inévitablement
dissimulées, renvoyant à une logique d’hégémonie politique (Mouffe 1993).
En utilisant le cadre d’analyse critique de Mouffe, Natter et Jones (1997) ont
proposé une approche basée sur le postulat que les « espaces » sont toujours poli-
tisés. Suivant cette approche, Kleinfeld (2007) conclut que le discours dominant
des acteurs humanitaires désirant créer une zone dépolitisée n’est simplement
pas réalisable. Schimmel confirme justement que le politique et l’humanitaire
doivent au contraire travailler en proximité pour assurer une meilleure coordina-
tion des opérations humanitaires complexes (Schimmel 2006 : 314).
L’humanitaire apolitique semble donc irréaliste. Plusieurs auteurs sou-
tiennent en effet que l’acteur humanitaire et son espace de travail doivent être
implicitement subordonnés, voire instrumentalisés à des fins politiques. Même
si le débat est encore en cours, Eberwein (2001), Frangonikolopoulos (2005),
Kleinfeld (2007) et Egnell (2008) exposent des exemples d’instrumentalisation.
Duffield (2007) explique que l’aide humanitaire occidentale est le reflet des poli-
tiques publiques intérieures et sert les intérêts des pays riches qui désirent se libérer
de certaines fonctions du secteur public. Selon Kennedy (2004), l’humanitaire fut
en tout temps une activité hautement politique. Bensaïd ajoute que « l’humanitaire
c’est encore de la politique qui ne veut pas dire son nom » (1999 : 77). Coutu
conclut que « la politique phagocyte l’aide humanitaire en la subordonnant à la
logistique technico-communicationnelle militaire, transférant ainsi l’humanitaire
de la sphère privée à la sphère publique tout en le transformant en une pratique
d’intervention et non plus seulement d’aide ou d’assistance, les trois n’étant pas
des équivalents conceptuels » (2007 : 115).
La subordination de l’humanitaire au politique semble donc faire consen-
sus. Non seulement l’acteur humanitaire agit sous l’influence des intérêts poli-
tiques, mais plusieurs pays instrumentalisent et institutionnalisent délibérément
l’action humanitaire au sein même de leurs politiques étrangères. Ainsi, certains
États prennent de telles initiatives depuis déjà quelques années. C’est le cas
de l’Australie, du Canada, des États-Unis12 et de la France, qui utilisent dans
leur politique internationale des approches intégrées basées sur le trio humani-
taire, militaire et commercial (Smith 2008 ; Gouvernement du Canada 2009 ;
Kelleher 2006 ; Gouvernement français 2008 ; UK Ministry of Defence 2006).
Si l’on constate que cette approche intégrée semble trouver un certain consen-
sus au regard des politiques d’intervention des pays occidentaux, tous ne sont
pas d’avis que l’harmonisation de l’humanitaire et du militaire soit une option
souhaitable, tant pour la préservation des principes humanitaires que pour les
objectifs stratégiques d’efficacité opérationnelle13. Par exemple, Egnell (2008 :
12. Sous l’impulsion du secrétaire à la Défense Robert Gates, l’administration Obama semble
engagée dans ce que Sami Makki appelle une « révolution dans les affaires civilo-militaires ».
L’administration Obama vient de réaffirmer la volonté de diversifier et d’intégrer les capacités
civiles et militaires. C’est le sens du concept smart power ou des « 3D » (défense, diplomatie
et développement), concepts encore à la mode à Washington (Makki 2010).
13. Par un consensus des acteurs humanitaires européens, le Plan d’action de Plaisians (PAP)
propose un mécanisme de veille multi-acteurs qui vise à promouvoir la protection de l’espace
L’ACTEUR HUMANITAIRE EN CRISE EXISTENTIELLE 455

397) indique qu’il ne faut pas présupposer que l’intégration de l’humanitaire


et du militaire rende les opérations de paix plus efficaces. Une clarification
de la définition des mandats respectifs des acteurs humanitaire et militaire est
nécessaire. Tony Blair a lui-même défendu que « l’utilisation de la force était un
instrument imparfait pour répondre aux détresses humanitaires » (Blair 1999).
Les organisations humanitaires, quant à elles, continuent de plaider pour
la préservation d’un espace humanitaire, libre d’interférences politico-militaires,
qui, par le fait même, assure la promotion des principes humanitaires et facilite
l’accès aux victimes (MSF 2004 ; CCCI 2006 ; ICRC 2007). Pour l’acteur huma-
nitaire, préserver l’impartialité de son espace de travail de toutes violations des
principes fondamentaux humanitaires est essentiel à la poursuite de son mandat
et au respect son identité14.

III – L’interprétation polarisée du concept de sécurité


Comme il a été mentionné précédemment, le principal argument avancé
par l’acteur humanitaire pour justifier la préservation de son espace est que l’in-
fluence politique nuit au respect de ses principes et engendre une dégradation de
la sécurité de ses opérations (Krahenbuhl 2004a ; Cornish 2007). En fait, puisque
les attaques contre les organisations humanitaires menacent leur sécurité et im-
plicitement le succès de leurs programmes, elles mettent en péril leur existence
ainsi que les principes qu’elles défendent. Si les incidents de sécurité provoquent
des pertes humaines et matérielles au sein des organisations humanitaires, il
existe une menace encore plus insidieuse et bien réelle, soit la détérioration des
normes internationales concernant l’impératif de leurs principes (Vaughn 2009).
Des attaques répétées contre l’acteur humanitaire affectent directement les fon-
dations de l’identité et de l’existence du mouvement lui-même. Son espace de
travail est ainsi devenu une zone où la sécurité de l’acteur humanitaire est de
moins en moins assurée (Krahenbuhl 2004a ; Vaughn 2009).
Dans ce contexte, il n’est pas étonnant de constater que les acteurs huma-
nitaire et militaire interprètent à leur manière la notion de « sécurité », com-
plexifiant davantage la coordination entre eux. Sans être en rupture, leur inter-
prétation du concept de sécurité éloigne davantage les acteurs d’une approche
concertée, surtout d’un point de vue opérationnel. Pour l’acteur humanitaire, la
sécurité renvoie aux conditions de travail nécessaires pour réaliser leur mandat
de protection des populations civiles victimes d’une crise dans le cadre du res-
pect du DIH. Pour l’acteur militaire, la sécurité fait référence à une dimension
humanitaire. Établi en 2008, ce Consensus européen sur l’aide humanitaire porte notamment
une attention « aux situations complexes induites par l’existence de missions intégrées, où le
risque d’instrumentalisation de l’action humanitaire à des fins politiques ou militaires est fort ».
14. Ces principes qui caractérisent l’identité du mouvement humanitaire sont : 1) l’humanité
(toutes les victimes de la crise ont le droit de recevoir une assistance sans discrimination) ;
2) l’impartialité (assistance basée uniquement sur le besoin) ; 3) la neutralité (aide humanitaire
exempte de favoritisme envers les parties impliquées dans le conflit) ; et 4) l’indépendance
(action humanitaire exempte d’influence et d’objectif politique, économique, militaire ou
autre) (ICRC 2007).
456 François AUDET

matérialiste, essentiellement traditionnelle et réaliste du concept et implique


de prendre les mesures nécessaires pour assurer l’intégrité de l’État représenté
(Lott 2004). Selon Baudonnière, officier de l’armée française, « le rôle des forces
armées dans cette mission de sécurisation (de l’espace humanitaire) a lui-même
évolué […]. L’action militaire vise aujourd’hui autant à contenir la violence
pour maintenir et rétablir la paix qu’à détruire des forces adverses clairement
identifiées » (2005 : 2).
Ce discours est renforcé par le gouvernement français qui souligne dans
son Livre blanc que sa « politique de sécurité doit inclure les exigences, souvent
longues et ingrates, de la reconstruction des États et de la consolidation de la
paix : aide humanitaire, reconstruction économique, stabilisation sécuritaire,
transition politique, réconciliation des sociétés. […] Elle implique de nouveaux
acteurs et une dimension élargie à la sécurité humaine » (2008 : 44).
C’est avec la fin de la guerre froide que le bien-fondé du concept classique
de sécurité, centré sur l’État, a été remis en question. La situation politique de
la fin de la bipolarisation et de la multiplicité des conflits intra-étatiques a fait
en sorte qu’un consensus s’est progressivement dégagé sur la nécessité d’élar-
gir et d’approfondir la notion de sécurité15. Mais l’élargissement du concept de
sécurité a généré une controverse quant à son élasticité (Williams 2003). Cette
controverse oppose, d’un côté, les partisans de l’approche sécuritaire tradition-
nelle réaliste dans laquelle l’acteur militaire joue un rôle central et, de l’autre, les
adeptes d’une approche plus humanisée qui considèrent les dimensions non mili-
taires de la « sécurité ». Les deux acteurs, militaire et humanitaire, se trouvent à
des pôles opposés de la définition du concept de sécurité.
C’est dans leur discours respectif, alors que la notion de sécurité est inter-
prétée selon les intérêts propres des acteurs, qu’il est possible de constater cette
polarisation. La nature paradoxale du discours militaire est notable. Celui-ci se
justifie comme étant essentiel à la sécurité nationale, tout en alléguant une action
à caractère humanitaire. Mais la remise en question de la primauté de l’État
comme acteur central affaiblit l’argument du discours militaire (Smith 2008).
En effet, avec la multiplication des sujets de sécurité et des acteurs engagés
dans les relations internationales, le discours réaliste de la sécurité nationale
s’affaiblit. Celui-ci perd sa légitimité lorsqu’il prétend vouloir défendre les
intérêts de l’État, alors que ses fonctions dépassent maintenant largement les
intérêts nationaux, pour intégrer des composantes à caractère humanitaire. Il
revendique maintenant un rôle plus vaste que la sécurité nationale et élargit son
champ d’intervention à des actions de protection civile, de reconstruction et de

15. C’est dans ce contexte particulier que le concept de sécurité humaine est apparu dans le Rap-
port sur le développement humain du PNUD de 1994, pour intégrer progressivement l’agenda
politique mondial du développement. Ainsi, la sécurité humaine fait maintenant partie de la
politique d’aide au développement de plusieurs pays (Audet et Desrosiers 2008 ; Smith 2008).
C’est également dans ce contexte que la notion traditionnelle de sécurité de l’État prônée par
les réalistes et l’acteur militaire s’est graduellement transformée en une notion plus large de
« sécurité des collectivités humaines », que Barry Buzan (1991) subdivise en cinq secteurs
dans lesquels quasiment tous les défis sécuritaires, anciens et nouveaux, trouvent leur place.
L’ACTEUR HUMANITAIRE EN CRISE EXISTENTIELLE 457

maintien de la paix ainsi que d’aide humanitaire (Capstick 2007). Ce nouveau


rôle ne fait pas consensus, comme le souligne le général américain Rupert Smith
(2007) en déplorant que les forces armées outrepassent leur mandat original et
fonctionnel en s’impliquant pour résoudre de multiples problèmes ne relevant
pas nécessairement de leur ressort.
Quant au discours humanitaire de la sécurité humaine préconisant la pri-
mauté des individus, il agit comme contrepoids à la vision réaliste traditionnelle
de la sécurité. Cornish, de l’organisation humanitaire CARE, indique que « […]
la notion de sécurité humaine [implique] que la population civile a le droit de
vivre en sûreté et [que] leurs besoins humains fondamentaux [sont] garantis… »
(Cornish 2007 : 1). Utilisant le DIH et les conventions de Genève comme assises
à son argumentaire, l’acteur humanitaire désire assurer une aide aux victimes du
conflit, leur protection et leur sécurité (Grombach-Wagner 2006).

IV – Première expérience pour l’espace humanitaire :


la crise dans les Balkans (1999)
L’acteur humanitaire a toujours cherché à se définir un espace d’intervention
neutre et impartial, mais c’est surtout après la guerre froide qu’il a été contraint
de formuler un argumentaire plus élaboré. Les différentes interventions, telles
que Lifeline Sudan en 1989, les crises en Angola (1990) et en Éthiopie (1990),
et plus spécialement les opérations au Kurdistan irakien (1991) puis en Somalie
(1992-1995), ont fait émerger une volonté de préserver le caractère d’impartialité
de l’acteur humanitaire face à l’acteur militaire. Mais c’est avec l’intervention de
l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) dans les Balkans et surtout
au Kosovo (1999) qu’est véritablement née l’idée d’un espace humanitaire.
Quelques années plus tôt, l’OTAN avait modifié sa mission pour inclure de
nouvelles missions dites humanitaires. En 1992, lors d’une réunion de l’Alliance
atlantique à Oslo, les ministres des Affaires étrangères des États membres annon-
çaient ainsi leur volonté d’élargir le mandat de l’Alliance aux activités de maintien
de la paix (Dufour 2002). L’expérience de l’OTAN en tant qu’acteur militaire en
Bosnie-Herzégovine lui a fait prendre conscience qu’en matière d’opérations de
maintien de la paix elle devait non seulement prendre en charge le volet militaire,
mais aussi une variété d’activités civiles, dont la mise en œuvre d’activités d’aide
humanitaire. L’intégration de la composante humanitaire fut justifiée en fonction
d’objectifs stratégiques et fondée sur l’hypothèse que la complémentarité des
opérations militaires et humanitaires faciliterait l’intervention, augmenterait les
chances de gagner la sympathie de la population et pourrait réduire la durée du
conflit (Regan et Aydin 2006). Brigety soutient qu’à l’ère des communications
instantanées et de la guerre au terrorisme, « démontrer la capacité de soulager la
souffrance de la population civile en plein cœur du conflit […] permet d’atteindre
des objectifs stratégiques pour le gouvernement américain, soit de décourager les
intentions violentes contre l’Amérique et ses citoyens » (Brigety 2004 : 2).
Néanmoins, l’efficacité de cette stratégie reste à démontrer. Selon Egnell
(2008 : 398), confier une mission humanitaire aux militaires est potentiellement
458 François AUDET

dangereux et contre-productif. Il conclut que peu d’études étayent l’hypothèse


que la vocation humanitaire des militaires est bénéfique. De leur côté, Regan
et Aydin (2006) estiment que les missions de maintien de la paix tendent au
contraire à prolonger les conflits. Quoi qu’il en soit, le rôle de l’acteur militaire
s’est clairement modifié pour répondre aux nouveaux défis de son mandat et aux
demandes de l’État qu’il représente. Face à ces nouvelles missions de paix qui
obéissent à des principes complètement différents de ceux de la guerre, l’acteur
militaire n’est plus le combattant conventionnel, mais devient un acteur aux
rôles multiples. En référence aux Balkans, Baudonnière estime que « l’espace
humanitaire passe par une modification du rôle du militaire […]. Il est impé-
ratif que le militaire prenne conscience que son engagement dans les crises du
21e siècle comprend nécessairement un volet humanitaire » (2005 : 2)16.
Il faut comprendre que, dans la situation de l’intervention du Kosovo en
1999, l’acteur militaire, en l’occurrence l’OTAN, jouissait d’une nouvelle légiti-
mité. Quoique très controversée, l’intervention de l’Alliance atlantique avait été
justifiée par des considérations humanitaires. De fait, lors du conflit au Kosovo,
l’OTAN a officiellement adopté pour la première fois un rôle humanitaire. Le
Conseil de sécurité des Nations Unies a demandé aux parties un cessez-le-feu et
leur accord pour la présence d’une force internationale de contrôle dans la pro-
vince17. C’est ainsi qu’a été consacré le « droit d’ingérence humanitaire » utilisé
pour justifier cette intervention militaire visant l’arrêt de ce que plus d’un quali-
fiait de génocide (Brunel 2001 ; Sulyok 2003). Le droit d’ingérence humanitaire
signifie que, si un État n’a plus la capacité de prendre en charge ses responsabi-
lités, la communauté internationale a alors le mandat et la légitimité d’intervenir
à sa place (Baranyi 2008). Il permet aux États souverains de mener une action
militaire pour protéger les populations civiles de la violation des droits humains
et des crimes contre l’humanité (Marclay 2005). Dès lors, les principes fonda-
mentaux du mouvement et de l’espace humanitaire furent confrontés à un devoir
d’intervention militaire pour protéger les populations civiles.
Cependant, l’arrivée de ce concept est venue affaiblir l’espace humani-
taire, en allant à l’encontre de la préservation de celui-ci. Communément retrou-
vée dans la littérature anglophone en relations internationales, cette nouvelle
16. À l’origine, c’est la notion de la « guerre à trois volets » (three block war concept), élaborée
en 1999 par le général Krulak de l’armée américaine, qui a défini les bases du rôle de l’acteur
militaire dans l’espace humanitaire (Krulak 1999).
17. Cette résolution précisait que la République fédérale de Yougoslavie « facilite, en accord
avec le UNHCR et le CICR, le retour sains et saufs des réfugiés et des personnes déplacées,
et permet un accès pour les organisations humanitaires au Kosovo » (The Security Council
1998). Comme lors de la guerre du Golfe, le Conseil de sécurité n’a pas explicitement autorisé
l’utilisation de la force. Celle-ci fut justifiée en partie pour atteindre les objectifs humanitaires.
En 1999, une résolution supplémentaire fut adoptée par le Conseil de sécurité qui décidait du
déploiement d’une présence civile internationale, avec le soutien de l’OTAN. Les principales
tâches étaient « d’établir un environnement sans danger, dans lequel les réfugiés et les per-
sonnes déplacées peuvent retourner à leur lieu d’origine [...] une transition administrative peut
être entamée, et une aide humanitaire peut être délivrée » (The Security Council 1999). C’est
ainsi que les forces de l’Alliance atlantique répondaient aux deux objectifs humanitaires de
façon simultanée.
L’ACTEUR HUMANITAIRE EN CRISE EXISTENTIELLE 459

norme a généré le développement du concept d’« intervention humanitaire ». Ce


nouveau concept, qui fait référence aux opérations militaires justifiées par des
raisons humanitaires, suggère un paradoxe conceptuel (Holzgrefe et Keohane
2003 ; Farer et al. 2005 ; Glanville 2006 ; Lischer 2007 ; Ayub et Kouvo 2008)
que la crise au Kosovo a mis en lumière. À l’époque, l’OTAN faisait la promotion
de la stratégie d’une guerre sans victimes (zero casualty) et espérait démontrer
que les objectifs humanitaires du conflit seraient respectés18. Pourtant, si cette
guerre était à la base sanctionnée comme un acte humanitaire de responsabilité
de protéger, l’intervention dite humanitaire de l’Alliance atlantique a fait des
milliers de victimes civiles (Gardam 2006). Mais, que cette action soit justifiée
ou non, il s’agit ici d’une instrumentalisation de la notion d’humanitaire par
l’acteur militaire en vue de légitimer un acte de guerre qui, par définition, cause
des victimes civiles et de la souffrance humaine. Ce qui est en opposition directe
avec les principes d’origine prônés par l’acteur humanitaire (Brunel 2001 ;
Glanville 2006 ; Vaughn 2009).
Étant donné cette nouvelle cohabitation avec l’acteur militaire dans
l’espace humanitaire, l’acteur humanitaire a adopté un discours très critique
sur l’importance du respect des principes du mouvement humanitaire dans les
Balkans, et en particulier des notions d’impartialité et de neutralité (Yamashita
2004 ; ICRC 2007). Les critiques des humanitaires étaient principalement géné-
rées par le fait que l’acteur militaire a régulièrement abusé du flou entourant la
notion d’espace humanitaire lors de l’intervention dans les Balkans. Cela est par-
ticulièrement dû au fait que la notion d’intervention humanitaire ne lui apparte-
nait plus (Mégevand-Roggo 2000 ; Makki 2004). Qui plus est, la multiplication
des interprétations de l’épithète « humanitaire » au moment de cette intervention
militaire s’est depuis normalisée dans les discours de l’acteur militaire. Cette
confusion a contribué à la perte de légitimité de l’acteur humanitaire, puisqu’elle
s’est dorénavant généralisée dans le discours de tous les acteurs (Ambrosetti
2006 : 11). La résolution 836 du Conseil de sécurité de créer un espace humani-
taire pour protéger la région de Srebrenica en 1995 est un autre exemple de cette
confusion. L’espace humanitaire qui avait été créé constituait effectivement un
élément de protection autorisé par les Nations Unies, mais qui obligeait l’acteur
humanitaire à collaborer étroitement avec le militaire, voire à s’y subordonner
(Yamashita 2004). En effet, grâce au laborieux processus de dialogue civilo-
militaire qui aura fait émerger le concept de responsabilité de protéger19, l’acteur
militaire a été invité à élargir son mandat et à intervenir dans un théâtre d’opéra-
tions où les populations civiles et l’ennemi ne sont plus discernables (Steinberg
2008). À la suite de l’arrivée de l’acteur militaire, l’humanitaire s’est retrouvé

18. La stratégie zero casualty fait référence au désir de ne faire aucune victime civile lors des
bombardements effectués par l’Alliance atlantique (Fenrick 2001).
19. Le concept de la responsabilité de protéger est apparu en 2002, dans la foulée du rapport
Brahimi sur les opérations de paix. L’Assemblée générale des Nations Unies a adopté le prin-
cipe de la responsabilité de protéger, sous le titre « Devoir de protéger les populations contre
le génocide, les crimes de guerre, le nettoyage ethnique et les crimes contre l’humanité », lors
du 60e sommet mondial de 2005. Pour en savoir plus, voir le lexique du Réseau francophone
de recherche sur les opérations de paix (ROP).
460 François AUDET

dans une situation d’inconfort et de non-respect de son espace de travail. S’il


reconnaissait l’utilité de l’acteur militaire, cela entachait forcément l’impartia-
lité nécessaire pour intervenir en situation de conflit.
Depuis la crise dans les Balkans, les relations entre les acteurs militaire et
humanitaire sont demeurées difficiles dans l’enceinte de l’espace humanitaire.
L’acteur humanitaire a particulièrement critiqué l’acteur militaire pour cette in-
trusion dans son univers qu’il désirait inviolable (Mégevand-Roggo 2000). Pour
l’un, il s’agit de la militarisation de l’aide et, pour l’autre, de la civilianisation des
opérations militaires (Makki 2004). Les défis de ces relations sont multiples. Cer-
tains y voient une obligation de collaboration dans un même espace (Smith 2008).
Cette collaboration suscite évidemment des questions quant à la perte possible
d’indépendance de l’acteur humanitaire. De plus, l’indépendance est une condi-
tion particulièrement difficile à atteindre en situation de conflit et elle est intrinsè-
quement liée aux relations entre les acteurs (Slim 1997). Pour les humanitaires, les
défis associés à cette relation doivent être analysés dans la perspective où la neu-
tralité et l’impartialité sont maintenant en évolution. Selon les humanitaires, cette
progression de l’idéologie humanitariste a créé une brèche dans les fondements
normalement solides de l’impératif humanitaire (Cornish 2007)20. C’est dans ce
contexte controversé que les attaques du 11 septembre 2001 sont survenues.

V – Nouveau contexte de sécurité,


nouveau défi pour l’espace humanitaire
Les conditions de travail de l’acteur humanitaire se sont grandement com-
plexifiées avec l’arrivée de la nouvelle norme de « responsabilité de protéger »,
qui rend dorénavant légitime la présence de l’acteur militaire dans l’espace hu-
manitaire. Mais, avec les attaques de New York et de Washington de septembre
2001 et la guerre contre le terrorisme qui a suivi, les conditions des interventions
militaro-humanitaires ont été une fois de plus complètement bouleversées. Même
si le concept de « guerre contre le terrorisme » est utilisé, c’est encore sous le titre
d’« intervention humanitaire » qu’une coalition internationale a lancé et justifié
son intervention en Afghanistan (Ayub et Kouvo 2008). L’après-11-Septembre
a fourni un second souffle aux partisans de « la sécurité à tout prix » et de la vision
réaliste traditionnelle de sécurité prônée par l’acteur militaire.
En effet, dans le discours stratégique américain, les États dits défaillants
abritent potentiellement des réseaux terroristes. Ces États, avec lesquels il n’est
pas possible ou souhaitable de négocier, constituent une nouvelle menace. De
cette nouvelle conception de la menace et de la sécurité, on observe une véritable
mutation des relations civilo-militaires (Blanchet et Martin 2006). Plusieurs
États, comme la France et les États-Unis, engagés dans la lutte contre le terro-
risme, ont revu leur approche humanitaire et l’intégration de celle-ci aux autres
composantes de leur politique internationale, dans les domaines diplomatique,
commercial et militaire (Baudonnière 2005 ; Capstick 2007). La mise en œuvre
20. L’impératif humanitaire est un concept utilisé pour signifier l’obligation de l’acteur humani-
taire de soulager la souffrance humaine (Schloms 2005).
L’ACTEUR HUMANITAIRE EN CRISE EXISTENTIELLE 461

d’une coopération entre acteurs sur le terrain, particulièrement dans l’espace


humanitaire et à un niveau politico-stratégique, est jugée nécessaire par les
États concernés et certains estiment qu’il s’agit de l’unique manière de régler
un conflit (Smith 2008). Le ministre de la Défense britannique indique que la
coordination entre les acteurs militaire et humanitaire va au-delà de la simple
cohabitation dans un espace de travail ; elle implique un processus stratégique
de développement démocratique dans les zones d’intervention qui ne peut se
faire que si les actions des acteurs sont cohérentes et subordonnées à une seule
et même source (UK Ministry of Defence 2006).
Ces nouvelles approches pangouvernementales ont eu plusieurs consé-
quences, dont l’accroissement de la prise en charge d’activités humanitaires par
l’acteur militaire21. Aux États-Unis, en 2006, le Département d’État rapporte
plus de 556 projets humanitaires mis en œuvre par l’armée américaine dans plus
de 99 pays (Kelleher 2006). De son côté, le Canada s’est doté en avril 2004 d’une
nouvelle politique internationale qui englobe les dimensions commerciale, di-
plomatique, de défense et de développement. L’un des résultats de cette révision
a été l’établissement du modèle d’intervention 3D, axé sur le développement, la
défense et la diplomatie. Cette approche s’est ensuite étendue à l’échelle pan-
gouvernementale22.
L’Afghanistan est sans contredit le principal pays où cette nouvelle
approche a été instaurée. Les rapports trimestriels sur les résultats et les engage-
ments du Canada en Afghanistan sont d’ailleurs signés par cinq ministères, soit
ceux de la Défense nationale, de la Coopération internationale, du Commerce
international, des Affaires étrangères et de la Sécurité publique (Gouvernement
du Canada 2009). Par conséquent, au cours de la dernière décennie, ce pays a été
et est encore à ce jour le principal bénéficiaire de l’aide canadienne23, dont les
budgets substantiels ont permis l’ouverture de nouveaux mécanismes de finan-
cement. L’acteur militaire s’est vu octroyer des fonds pour des interventions
humanitaires normalement réalisées par l’acteur humanitaire. En 2006-2007,
l’Agence canadienne de développement international (ACDI) a octroyé plus de
14 millions de dollars aux équipes provinciales de reconstruction (ÉPR) mises en

21. L’approche pangouvernementale (ou son équivalent anglophone whole of government fra-
mework) vise l’intégration des politiques commerciales, diplomatiques, de défense et de déve-
loppement international. L’une des principales conséquences de cette politique a été de donner
un pouvoir légitime et un financement à l’acteur militaire pour la réalisation d’interventions
pour des raisons humanitaires.
22. Le cadre pangouvernemental a été instauré dans le document intitulé Le rendement du Canada
2002, et il a évolué au fil des consultations ministérielles tenues au cours des années. Le terme
« pangouvernemental » remplace désormais l’approche 3D, car il embrasse un plus large
spectre d’institutions gouvernementales maintenant impliquées dans les conflits.
23. De moins de 7 millions de dollars en 2000, l’aide canadienne en Afghanistan a atteint plus de
100 millions de dollars en 2008. Cette stratégie du gouvernement du Canada a uni les fronts
diplomatiques, du développement et de la défense par l’intermédiaire du ministère des Affaires
étrangères et du Commerce international (MAECI), de l’Agence canadienne de développement
international (ACDI) et du ministère de la Défense nationale (MDN) (Audet et al. 2008). Avec
les investissements promis pour la reconstruction en Haïti, cette situation pourrait être appelée
à changer.
462 François AUDET

place en Afghanistan par le ministère de la Défense (Audet et Desrosiers 2008).


Les organisations humanitaires ont réagi à cela en voyant dans ce soutien la nor-
malisation de financements civils pour l’acteur militaire. De ce fait, les acteurs
militaires et humanitaires se retrouvent maintenant en concurrence pour obtenir
des financements de projets découlant des budgets votés en chambre pour des
activités civiles.
C’est pour ces raisons que plusieurs efforts de pourparlers ont été entrepris
afin de faciliter, sur place, le dialogue entre les acteurs humanitaire et militaire
(Rehse 2004). Mais les différences d’intérêts et d’approches entre les acteurs
sont notables et les rapports restent complexes. Les humanitaires utilisent
l’expression « coordination entre les acteurs » qui vise essentiellement l’amé-
lioration de la réponse multidimensionnelle à la crise (Eriksson 2000 ; Cornish
2007). La coordination implique l’acte volontaire de communiquer des rapports
d’activités afin d’améliorer les processus d’intervention. Quant à l’acteur mili-
taire, il utilise la terminologie d’« intégration des processus civils et militaires »
(Baudonnière 2005). Dans ce cas, l’acteur militaire fait référence aux ÉPR mises
en place en Afghanistan. À travers les ÉPR et leur objectif d’intégration, les coa-
litions militaires internationales ont institutionnalisé et fusionné le militaire et
l’humanitaire. Dans ce nouvel espace humanitaire après-11-Septembre, l’acteur
humanitaire perd ainsi complètement son impartialité et sa neutralité.

VI – Les limites du nouvel espace humanitaire


Alors que le cadre normatif entourant l’espace humanitaire après-Balkans
était relativement indéfini et que le discours de l’acteur militaire gagnait en
légitimité, le cadre d’intervention après-11-Septembre lui permet maintenant de
mettre en œuvre des actions humanitaires financées par l’aide civile et normali-
sées par de nouvelles structures telles que les ÉPR.
L’acteur militaire assume désormais son nouveau rôle, étant donné qu’il
s’agit d’appliquer la stratégie demandée par les États qu’il représente. La « sécu-
rité » est au centre de son intervention. En effet, la coalition militaire de l’ISAF
et de l’OEF a, plus que n’importe quelle autre mission internationale à ce jour,
intégré l’aide humanitaire et celle de reconstruction aux interventions militaires
de sécurité (Dufour 2002). Il en résulte que l’acteur militaire considère les autres
acteurs comme étant des instruments nécessaires au succès de sa mission.
Ce contexte a suscité un nouveau débat déclenché par l’acteur humanitaire
et motivé principalement par trois arguments. Premièrement, puisque l’acteur
militaire n’est pas un spécialiste de l’action humanitaire, l’impact découlant des
programmes d’aide qu’il gère en est réduit (Egnell 2008 : 411). En cette époque
où le concept d’efficacité de l’aide est devenu une norme, cet argument a beau-
coup de répercussions au sein des agences d’aide internationale (Olson 2006).
Qui plus est, la démonstration selon laquelle l’intégration d’activités humani-
taires rend l’acteur militaire plus efficace reste à faire (Egnell 2008).
L’ACTEUR HUMANITAIRE EN CRISE EXISTENTIELLE 463

Ensuite, l’acteur humanitaire estime que l’acteur militaire n’a pas les
compétences nécessaires pour la mise en œuvre d’activités humanitaires. Les
militaires poursuivent l’objectif de « sécuriser » la région par une action armée.
Qu’il soit justifié ou non, l’usage de la force déstabilise nécessairement l’envi-
ronnement socioéconomique et augmente les risques pour la population civile.
Enfin, l’acteur humanitaire déplore l’instrumentalisation des actions huma-
nitaires par les militaires (von Pilar 1999). En effet, l’acteur militaire a maintes
fois utilisé des activités et une rhétorique humanitaires dans le but de gagner
des adeptes chez la population locale et les belligérants des conflits en indiquant
même que les ONG américaines constituaient des « multiplicateurs de force » et
étaient des « agents de la politique étrangère américaine » et « des instruments
de combat contre le terrorisme » (Powell 2001 ; Lischer 2007). Ce discours a été
repris par le directeur d’USAID, l’agence d’aide internationale du gouvernement
américain, concernant l’aide humanitaire en Irak qui maintient que « les ONG
doivent obtenir de meilleurs résultats et mieux promouvoir les objectifs de la
politique étrangère des États-Unis » (Natsios 2003). Le commandant militaire
britannique de Mazar-i-Sharif a repris les mêmes propos lorsqu’il a demandé
aux organisations humanitaires de collaborer avec les ÉPR en partageant leurs
informations. Dans l’éventualité où il y a résistance à la divulgation d’informa-
tions de la part des ONG, cela pourrait avoir des conséquences fâcheuses sur le
financement qui leur est accordé (Bercq 2005).
Les cas de cette instrumentalisation sont multiples en Afghanistan et
exacerbent la tension entre les humanitaires et les militaires. Par exemple, des
organisations humanitaires ont accusé la coalition militaire d’avoir volontaire-
ment violé les frontières de l’espace humanitaire en dispersant délibérément des
explosifs d’aspect visuel identique à celui des stocks alimentaires. Les soldats
étaient déguisés en civils et fournissaient une aide alimentaire aux populations
locales, conditionnellement à la transmission d’informations stratégiques
(Hanlon 2005 ; Vaughn 2009). Dans cette confusion des genres, un représentant
des talibans a même stipulé que les organisations humanitaires travaillaient pour
les Américains et étaient devenues des cibles légitimes pour la résistance (Owen
et Travers 2007). Dans le sud du pays, l’armée américaine a distribué des pros-
pectus demandant à la population de communiquer aux forces de la coalition
toutes informations relatives aux talibans, à Al Qaïda et à Gulbuddin Hekmatyar
en échange d’une aide humanitaire (Bercq 2005). Ces incidents ont été maintes
fois critiqués et décriés par plusieurs organisations humanitaires (MSF 2007 ;
Krahenbuhl 2004b). Effectivement, ces situations engendrent une confusion dans
l’espace humanitaire face aux belligérants qui considèrent maintenant l’acteur
humanitaire comme partie prenante du conflit et, par le fait même, comme un en-
nemi potentiel. L’érosion de l’espace humanitaire a obligé plusieurs organisations
à quitter certaines zones d’opération où elles travaillaient depuis longtemps, alors
que d’autres ont quitté le pays de leur propre gré (Egnell 2008 : 411). Par consé-
quent, un vaste territoire du pays se retrouve maintenant sans aide humanitaire,
ce qui laisse une population civile dans des conditions encore plus difficiles24.
24. À titre d’exemple, le 28 juillet 2004, MSF annonçait la fermeture de tous ses programmes et
464 François AUDET

Aux yeux de l’acteur humanitaire, l’aide transmise par les militaires


n’est utilisée que pour modérer les tensions sociales, gagner la sympathie des
communautés locales et favoriser les relations à caractère diplomatique avec
les différents groupes ethniques et religieux de la population civile (Lischer
2007 : 111). Dans le nouveau laboratoire de l’espace humanitaire que constitue
l’Afghanistan de l’après-11-Septembre, Médecins sans frontières (MSF), une
ONG humanitaire reconnue pour ses positions contre l’intervention militaire,
souligne que l’acteur militaire utilise systématiquement l’aide humanitaire pour
servir ses ambitions politiques et militaires. MSF explique que l’acteur militaire
désire gagner la sympathie des populations locales et obtenir de l’informa-
tion sur les positions stratégiques de l’insurrection (MSF 2004). Jean-Michel
Piedagnel, le directeur général de MSF UK, insiste particulièrement en indiquant
qu’il ne croit pas que « […] les militaires peuvent réellement mettre en œuvre
des programmes d’aide humanitaire. […] À travers l’acteur militaire, les gou-
vernements peuvent prendre le contrôle d’une région et tenter de promouvoir les
principes humanitaires et prendre soin de la population. Cela n’est pas une action
humanitaire selon MSF » (Piedagnel 2004 : 145).
Cette confusion entre le rôle des humanitaires et celui des militaires nuit
donc à la perception de l’acteur humanitaire et à son action impartiale, ce qui
met en danger la vie des humanitaires, réduit l’accès aux bénéficiaires et remet
en question son existence. En 2006, le Humanitarian Policy Group a publié une
analyse détaillée sur l’insécurité des travailleurs humanitaires. Cette analyse
a été la première à faire la démonstration scientifique des conséquences de la
politisation de l’espace humanitaire sur la sécurité des travailleurs humanitaires
(Harmer 2008 : 528). Elle a démontré que les actes de violence à motivation poli-
tique étaient en nette augmentation et neuf fois plus nombreux que ceux à moti-
vation économique (Stoddard et al. 2006). Selon le cas, l’acteur humanitaire est
considéré comme un témoin gênant ou une monnaie d’échange. L’augmentation
des actes de violence contre l’acteur humanitaire n’est donc pas due au hasard,
mais cible directement la déstabilisation du mouvement humanitaire (ibid.)25.
Dans tous les cas, les interventions intégrées comme celle de la coalition
en Afghanistan sont encore au stade expérimental et les stratégies pangouver-
nementales génèrent des résultats indésirables sur les intervenants humanitaires
et les populations civiles qui doivent être secourues dans cet espace. Si l’acteur
humanitaire est demeuré campé sur sa position critique par rapport aux condi-
tions changeantes de son espace d’action, son rôle proprement dit n’a pas encore
été modifié. L’acteur militaire qui bénéficie d’un nouveau mandat à caractère
humanitaire a rompu avec son rôle traditionnel de « sécurité » en envahissant
peu à peu l’espace humanitaire.
son retrait d’Afghanistan après 24 ans de présence, à la suite de l’assassinat de cinq de ses
volontaires (Makki 2004).
25. Notons entre autres les attaques contre le siège de l’ONU à Bagdad le 19 août 2003, qui a fait
27 morts et 426 blessés ; et l’attaque contre le siège du CICR, toujours à Bagdad, le 27 octobre
2003 (Makki 2004). Ces données comprennent l’ensemble des travailleurs humanitaires natio-
naux et internationaux, d’ONG des Nations Unies et du mouvement de la Croix-Rouge et du
Croissant-Rouge (Stoddard et al. 2008).
L’ACTEUR HUMANITAIRE EN CRISE EXISTENTIELLE 465

VII – L’avenir de l’espace humanitaire : la légalisation


L’acteur humanitaire doit aujourd’hui relever un défi majeur : continuer
à appuyer et à protéger les populations victimes de conflits, malgré l’intrusion
de l’acteur militaire ainsi que les influences et les considérations politiques. Au
cours de la dernière décennie, l’acteur humanitaire a dû faire face à une transfor-
mation drastique de son environnement de travail, ce qui a eu de graves réper-
cussions sur les travailleurs humanitaires eux-mêmes. L’acteur militaire a, quant
à lui, profité d’un changement dans les politiques d’intervention internationales
pour jouer un nouveau rôle dans l’espace humanitaire. Devant ces constats, la
question suivante doit être soulevée : la tendance à la contraction de l’espace
humanitaire est-elle réversible ou, au contraire, doit-elle être considérée comme
naturelle et l’acteur humanitaire doit-il forcément s’y adapter ?
En tenant compte des réalités des crises humanitaires de l’après-2001,
il apparaît utopique de penser pouvoir renverser la tendance actuelle. Dans le
cadre des nouvelles politiques pangouvernementales et avec la poursuite de la
guerre contre le terrorisme, l’acteur militaire continuera d’utiliser des stratégies
intégrées d’intervention pour mener à bien sa mission. La vision réaliste de la
sécurité restera encore dominante et les politiques étrangères occidentales moti-
veront encore longtemps l’aide humanitaire aux pays en crise. Quant à l’acteur
humanitaire, avec sa vision institutionnaliste, il est à prévoir qu’il continuera à
être confronté à ces nouvelles réalités dans le futur. Il prend conscience qu’une
coopération civilo-militaire renouvelée jouera un rôle essentiel dans cet espace
humanitaire politisé.
Par conséquent, l’analyse de l’espace humanitaire d’aujourd’hui conduit
nécessairement à réfléchir sur l’avenir de l’acteur humanitaire au sein du nou-
veau contexte international après-septembre 2001. Les organisations humani-
taires transnationales doivent repenser leur espace de travail si elles ne veulent
pas voir leur existence menacée.
En utilisant une approche comparative entre le droit et la philanthropie,
Hugo Slim (2002 : 1) a exploré cette idée de légaliser l’action humanitaire. Ins-
piré par cette approche ainsi que par les exposés juridiques associant l’espace
humanitaire et le DIH, tels que celui de Grombach-Wagner (2006), il juge
opportun d’étudier la possibilité de légaliser ou d’incorporer le concept d’espace
humanitaire au sein même du DIH ou d’amender les conventions de Genève pour
que cet espace puisse se définir à travers les normes internationales en vigueur.
Une fois l’espace humanitaire légalisé par le DIH ou les conventions de
Genève, l’acteur humanitaire pourrait préserver sa place ou, à tout le moins,
mieux défendre les principes du mouvement humanitaire qui ne repose pas sur
les États, mais sur des conventions et des organisations transnationales. L’huma-
nitaire verrait dès lors son accès aux victimes amélioré et le cadre juridique de
son intervention pourrait être mieux défini. À l’humanisme et aux principes
fondateurs qui construisent son discours, l’acteur humanitaire ajouterait alors
un argument juridique pour faire valoir l’impératif de son action. Ainsi, le cadre
466 François AUDET

d’analyse utilisé ne devrait plus être orienté vers les acteurs eux-mêmes et leur
conception de la sécurité, mais vers le droit. De futures analyses devraient
approfondir cette idée pour évaluer l’impact et le réalisme de la légalisation de
l’espace humanitaire.

Conclusion : l’acteur humanitaire en crise existentielle ?


En attendant un changement significatif dans l’évolution du contexte
actuel, l’acteur humanitaire est en crise. Une crise existentielle qui a été révé-
lée notamment par David Rieff (2003), Randolf Kent (2003), David Kennedy
(2004), Tony Vaux (2006), pour ne nommer que ceux-là. Coutu résume les trois
principaux discours réalistes et néo-idéalistes qui s’affrontent : l’humanitaire
doit se politiser pour faire face aux nouveaux défis imposés par la mondiali-
sation ; l’humanitaire se politise, mais doit tout faire pour rester apolitique ;
l’humanitaire est politique, la nouveauté est sa militarisation (Coutu 2007 : 114).
L’une des principales conséquences de cette crise interne est l’érosion des va-
leurs et des principes de l’humanitaire. Comme nous l’avons démontré, l’huma-
nité, la neutralité et l’impartialité semblent maintenant s’être perdues à travers
les nouvelles politiques intégrées d’intervention. Le mouvement humanitaire
est issu de l’émergence de la conscience sociale des pays occidentaux. Certaines
de ces organisations sont la création même des États. Une organisation comme
la Croix-Rouge, par exemple, est, selon les conventions de Genève, l’auxiliaire
unique et privilégié de l’État en situation de crise. Mais l’empiétement sur
l’espace humanitaire par l’acteur militaire crée une érosion des valeurs humani-
taires qui ne sont plus respectées par les institutions créées par l’État lui-même.
La crise d’identité que traverse l’acteur humanitaire lui impose de se
pencher sur un dilemme fondamental : doit-il rester indépendant ou être en
accord avec les politiques nationales d’intervention ? Pour rester indépendant,
l’acteur humanitaire doit être en mesure d’évaluer cette « indépendance » de
manière à comprendre s’il perd ou non sa légitimité, de même que son efficience.
D’autres recherches devraient tenter de mesurer cette perte d’indépendance,
d’en comprendre les risques réels et, surtout, d’évaluer si l’acteur humanitaire
est conscient de cette perte d’identité.
L’acteur humanitaire est donc à la croisée des chemins : résister aux chan-
gements en cours en maintenant le statu quo tout en sachant qu’il est en train de
perdre la bataille de l’espace humanitaire ou redéfinir son action et sa mission
dans le nouveau paradigme sécuritaire. Il devra réagir rapidement, car, pendant
qu’il s’interroge sur son avenir, des sociétés militaires privées commencent
déjà à prendre la relève pour récupérer le marché lucratif de l’aide humanitaire
(Spearin 2008)26. Certaines organisations, comme le CICR, maintiennent la ligne
dure concernant l’inviolabilité de l’espace humanitaire (ICRC 2008). Ce n’est

26. Bien que les sociétés militaires privées aient presque toujours été présentes sur les champs de
bataille, elles sont maintenant devenues des acteurs à part entière des conflits contemporains.
L’évolution de la privatisation de la violence introduit la perspective d’une révolution de
l’identité des acteurs actifs dans un conflit (Charlier 2009).
L’ACTEUR HUMANITAIRE EN CRISE EXISTENTIELLE 467

cependant pas le cas de toutes, puisqu’il existe une très grande variété d’orga-
nisations qui se déclarent humanitaires, mais qui ont des modes opérationnels
divers et des interprétations plus ou moins vagues des principes du mouvement
humanitaire. Les organisations dites humanitaires partagent donc une vaste
gamme de missions et de mandats, qui vont des activités classiques urgentistes
aux rôles diplomatiques et d’intervention en résolution de conflits, notament. Ce
large spectre organisationnel dilue l’identité de l’humanitaire, qui a du mal à se
faire entendre dans cette époque de « sécurité ».
La divergence d’interprétations de l’espace humanitaire chez les acteurs
humanitaires eux-mêmes met en relief des modes opérationnels qui, bien qu’ils
puissent parfois s’avérer contradictoires, sont souvent complémentaires. Par
exemple, le mouvement de la Croix-Rouge ne pourrait envisager une interven-
tion politisée et il privilégie la négociation à huis clos pour s’assurer d’avoir
accès aux bénéficiaires. Du côté de Médecins sans frontières, même si cette
organisation adhère aux principes humanitaires, elle ne pourrait réaliser une
intervention sans livrer de plaidoyer ou en ne dénonçant pas les violations des
droits humains, même si cela implique une prise de position politique et, éven-
tuellement, son exclusion d’une région ou d’un pays en crise. Mais ce large
spectre organisationnel nuit directement aux efforts de l’acteur humanitaire, qui
n’arrive pas à dégager un consensus opérationnel et conceptuel. L’acteur huma-
nitaire devra harmoniser son discours pour empêcher que ses arguments et ses
principes se dissipent. Enfin, l’acteur humanitaire doit éviter à tout prix de perdre
sa crédibilité tout en étant capable, comme nous le suggérons, de reconsidérer
son espace de travail par la légalisation de l’espace humanitaire.
François AUDET
Observatoire canadien sur les crises et l’aide humanitaire
Université de Montréal
3744, rue Jean-Brillant
Bureau 581
Montréal (Québec) H3T 1P1
francois.audet@umontreal.ca

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