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Il a gagné le respect des généraux français et la gratitude de ses prisonniers français pour le traitement
humain qu'il a exigé à leur égard.
Les journaux relataient régulièrement des récits témoignant de sa vaillance et de sa chevalerie, ce qui
lui a valu admiration qui atteignit le Midwest américain, où une nouvelle ville fut baptisée en son honneur.
Elle s’appelle toujours aujourd’hui Elkader, dans l’Iowa.
Les tactiques françaises de la terre brûlée et le désir de dominer toute l'Algérie ont conduit à des
défections généralisées parmi les alliés tribaux d'Abdelkader. Après quinze ans de lutte, et voulant
éviter la souffrance inutile de son peuple, l'émir s'est rendu volontairement en 1847, estimant que
c'était la volonté de Dieu. En échange, il a négocié le libre passage de sa famille et de ses partisans au
Moyen-Orient.
Après la chute de la monarchie française deux mois plus tard, le nouveau gouvernement républicain
français a désavoué l'accord et l'émir et sa famille élargie ont été détenus en captivité en France
pendant cinq ans. Plus de vingt-cinq membres de son entourage sont morts de pneumonie, de choléra
et de dépression causées par le froid humide des châteaux abandonnés qui étaient devenus leurs
prisons. En colère et honteux d'avoir fait confiance à la parole de la France, Abdelkader a résisté aux
pots-de-vin que le ministère de la Guerre lui proposait pour qu’il reste en France, exigeant encore et
toujours que le gouvernement honore sa promesse. L'émir a ainsi enduré l'injustice avec une dignité,
une piété et un stoïcisme qui a conquis de nombreux notables français et européens.
Cédant aux pressions de l'intérieur et de l'extérieur de la France, le président nouvellement élu Louis-
Napoléon Bonaparte a accordé la liberté à l'émir en 1852.
L'émir a alors résidé à Damas en enseignant, en étudiant et en formant autour de lui communauté
intellectuelle diversifiée. Lorsque des émeutes anti-chrétiennes éclatèrent en 1860, l'émir prit des
milliers de chrétiens sous sa protection, y compris des diplomates français, américains et russes. Un
jour, lorsque les émeutiers criaient à sa porte, l'émir brandit son épée en invoquant la loi de l’Islam qui
protège les innocents. Son courage moral lui a valu la reconnaissance mondiale de la part du président
Lincoln, de la reine Victoria, du pape Pie IX et du tsar Alexandre Ier.
L’Émir écrira plus tard : « Ce que j’ai fait, c’était simplement l’obéissance à notre loi sacrée et aux
préceptes de l’humanité… »
Quand on pense à la rareté des vrais champions de la vérité, quand on entend tant d’ignorants
prétendre que l’Islam est intolérance, austérité, violence et barbarie, il est temps de répéter ces mots :
« La patience est la piété et la foi en Dieu »
À sa mort en 1883, le New York Times fit l’éloge de l’Émir : « La noblesse de sa personnalité lui a valu
l’admiration du monde… il était l’un des rares grands hommes du siècle »