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Chapitre 3 Considérations réglementaires de classification

Chapitre 3 : Considérations réglementaires de classification


3.1 Introduction

Pour les besoins du calcul de structures, les dispositions réglementaires actuelles (RPA99 ver 2003)
proposent des méthodes de calcul et des critères de justification de la sécurité simples, permettant aux
ingénieurs de calculer des ouvrages en zone sismique. Ces méthodes visent à réduire le risque sismique et à
limiter les dommages encourus lors d’évènements sismiques importants. Une méthodologie de
classification relative aux zones sismiques, aux sites, aux systèmes structurels et à l’importance des
bâtiments est proposée afin d’orienter les ingénieurs vers des choix de conception et de calcul adéquats.
Cette méthodologie répond à un cadre réglementaire global et se base sur des grandeurs moyennes et des
paramètres statistiques émanant de résultats d’études ainsi que d’observations post-sismiques et de
considérations empiriques et de sécurité.

3.2 Zone sismique

Les études d’aléa sismique d’un territoire fournissent habituellement une classification du niveau
d’intensité sismique en termes d’accélération maximale du sol, en considérant, dans le cas du zonage
térritorial (à l’échelle d’un pays), que ce niveau d’aléa est supposé uniforme au sein de la même région ou
zone.
La valeur de l’accélération de zone issue des études d’aléa sismique est fonction de l’activité sismique
régionale qui se fonde sur sur la sismicité historique et actuelle. Cette sismicité se rapporte à l’activité des
différentes sources sismiques présentes généralement sous forme de failles actives, reconnues par les cartes
seimotectoniques les plus récentes.

Par ailleurs, l’exigence de sécurité requise pour un ouvrage varie en fonction de l’importance de ce dernier.
Ainsi, des dommages structuraux importants peuvent être accéptés (sans qu’ils ne conduisent à un
effondrement) pour un certain type de bâtiments dits bâtiments courants (ou à risque mineur) , alors que
pour d’autres types de bâtiments (à risque majeur), aucun dommage même non structural n’est autorisé du
fait des conséquences que pourraient entrainer leur ruine. La sensibilité de ces ouvrages et leur rôle dans le
maintien du fonctionnement des villes sinistrées les qualifient de bâtiments stratégiques car habritant les
centres de décision et de secours. D’autres ouvrages spécifiques tels que les barrages, les centrales
éléctriques, les réseaux routiers à grande circulation, etc font également partie de la même catégorie de
bâtiments. Pour cela , la valeur de l’accélération maximale de référence du sol traduisant un niveau de
risque uniforme pour la zone considérée, est associée à un coefficient d’importance de l’ouvrage considéré
qui, finalement, régit la force sismique de dimensionnement.

Selon les cartes de zonage sismique fournies par les RPA99, le territoire national est divisé en quatre (04)
zones de séismicité croissante, associés à un tableau qui définit la répartition par wilaya et par commune.
Une description qualitative de la sismicité de zone est également fournie :

Zone 0 : sismicité négligeable.


Zone 1 : sismicité faible.
Zone 2 : sismicité moyenne.
Zone 3 : sismicité élevée.

La figure 3.1 représente la carte de zonage sismique de l'Algérie et le zonage global des différentes wilayas.
L'annexe I des RPA99 ver 2003 donne la classification sismique par wilaya et par commune lorsque la
wilaya est partagée entre des zones sismiques différentes.

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Figure 3.1 : Carte de zonage simsmique du térritoire algérien.

3.3 Ouvrages selon leur importance


Pour palier aux effets d’agression sismique envers un ouvrage, ce dernier est dimensionné
proportionnellement au niveau de cette agréssion qui se traduit généralement par une valeur nominale de
l’accélération maximale du sol. Cependant, certains ouvrages d’importance vitale et en raison de leur
caractère stratégique, ne doivent endurer aucune carrence même mineure. Ces ouvrages doivent être
dimensionnés vis-à-vis d’une action sismique qui dépasse le séisme de calcul relatif au ouvrages courants.
Les Régles Parasismiques Algériennes (RPA99 ver 2003) dans leur volet carte de zonage (Fig. 3.1)
fournissent des valeurs de l’accélération de zone, correspondant à un site rocheux (accélération au rocher).
Pour la même zone sismique, les valeurs de ces accélérations varient conformément à l’importance de
l’ouvrage, qui signifie que le niveau de sécurité requis pour l’ouvrage est proportionnel à la force sismique
de dimensionnement exprimée en termes d’accélération du sol (tableau 3.1). Dans ce tableau, les valeurs de
l’accélération du sol sont introduits via une combinaison entre deux paramètres : le coefficient
d’accéléartion de zone fourni par les cartes de zonage et traduisant l’aléa uniforme de la zone (exprimé par
l’accélération maximale au rocher), et un coefficient indiquant l’importance de l’ouvrage et faisant
référence aux conséquences de défaillance structurale pouvant compromettre son fonctionnement après un
tremblement de terre. Le coefficient d’importance est introduit lorsqu’il s’agit ou non de favoriser un bon
comportment envers des actions sismiques plus sévères que les actions sismiques courantes de calcul.

Tableau 3.1 : Coefficients d’accélération de zone (RPA99 ver 2003)

Zone sismique
Groupe d’usage I IIa IIb III
1A 0,15 0,25 0.30 0,40
1B 0,12 0,20 0.25 0,30
2 0,10 0,15 0.20 0,25
3 0,07 0,10 0.14 0,18

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3.3.1 Classification des ouvrages selon leur importance


Le niveau de perforance accordé à un ouvrage dépend de son importance vis-à-vis des objectifs de
comportement en référence au niveau de risque accépté pour sa fonction. Un ouvrage à risque normal doit
être conçu et construit pour résister aux actions sismiques de calcul tout en conservant son confinement et
son intégrité structurale globale après l’évènement sismique. Un ouvrage à risque spécial doit être conçu et
construit pour résister à des actions sismiques plus importantes, sans subir de dommages même mineurs.
En vertu de ces considérations, les bâtiments sont classés en différentes catégories qui dépendent des
conséquences en termes de protection des vies humaines d’abord puis des biens économiques, qui sont
fonction de l’importance du bâtiment pour la sécurité publique et la protection civile après la survenue d’un
séisme.

Au sens des RPA99, les bâtiments sont classés en quatre catégories d’importance (appelées aussi groupes
d’usage), qui préconisent des seuils de protection devant être respectés lors de la conception et du calcul de
l’ouvrage :

a) Groupe 1A : Ouvrages d’importance vitale

Ces ouvrages sont conçu est construits de telle manière qu’ils restent indemnes et opérationnels après un
séisme majeur car ils représentent des centres stratégiques pour les besoins de la survie de la région, de
l’accueil des secours et de la sécurité publique :

- Bâtiments abritant les centres de décisions stratégiques.


- Bâtiments abritant le personnel et le matériel de secours, casernes des pompiers, et parcs d’engins et
de véhicules d’intervention d’urgence et de secours.
- Bâtiments des établissements publics de santé tels que les hôpitaux et centres dotés de services des
urgences.
- Bâtiments des établissements publics de communications tels que les centres de télécommunications,
de diffusion et de réception de l’information (radio et télévision), des tours de contrôle des aéroports
et contrôle de la circulation aérienne.
- Bâtiments de production et de stockage d’eau potable d’importance vitale.
- Ouvrages publics à caractère culturel, ou historique d’importance nationale.
- Bâtiments des centres de production ou de distribution d’énergie, d’importance nationale.

b) Groupe 1B : Ouvrages de grande importance


 Ouvrages abritant fréquemment de grands rassemblements de personnes
- Bâtiments recevant du public et pouvant accueillir simultanément plus de 300 personnes tels que
grande mosquée, bâtiments à usage de bureaux, bâtiments industriels et commerciaux, bâtiments
scolaires et universitaires, constructions sportives et culturelles, pénitenciers, grands hôtels.
- Bâtiments d’habitation collective ou à usage de bureaux dont la hauteur dépasse 48 m.
 Ouvrages publics d’intérêt national ou ayant une importance socio-culturelle et économique
certaine.
- Bâtiments de bibliothèque ou d’archives d’importance régionale, musée, etc.
- Bâtiments des établissements sanitaires autres que ceux du groupe 1A.
- Bâtiments de centres de production ou de distribution d’énergie autres que ceux du groupe 1A.
- Châteaux d’eau et réservoirs de grande à moyenne importance.

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c) Groupe 2 : Ouvrages courants ou d’importance moyenne


 Ouvrages non classés dans les autres groupes 1A, 1B ou 3 tels que :

- Bâtiments d’habitation collective ou à usage de bureaux dont la hauteur ne dépasse pas 48 m.


- Autres bâtiments pouvant accueillir au plus 300 personnes simultanément tels que, bâtiments à
usage de bureaux, bâtiments industriels,...
- Parkings de stationnement publics,...

d) Groupe 3 : Ouvrages de faible importance

- Bâtiments industriels ou agricoles abritant des biens de faibles valeurs.


- Bâtiments à risque limité pour les personnes.
- Constructions provisoires.

3.4 Classification des sites d’implantation


Les conditions locales de site sont décisives dans la modification de l’excitation sismique et régissent
souvent l’ampleur des dégâts occasionnés par un séisme à un ouvrage.
Après déclenchement du séisme, les ondes sismiques traversent des formations géologiques denses et
rigides représentant une roche de raideur importante, avant d’atteindre les dépôts de sol situés
immédiatement au-dessous et aux environs de l’ouvrage, où elles endurent généralement des perturbations
physiques (Fig. 3.2). Ceci est du à la nature géologique de la surface du sol constituée d’un empilement de
couches sédimentaires de consistance moindre par rapport à celle du rocher sur lequel elles reposent.
Pour cela et à cause du changement du contrast géologique (changement de raideur), les caractéristiques
des ondes sismiques changent également et subissent des fluctuations lorsqu’elles traversent les dépôts du
sous-sol moins raides. Les codes sismiques exigent, pour cela, des investigations géotechniques et
géologiques appropriées afin de classer les sites de construction conformément aux résultats de ces
investigations.

Figure 3.2 : Modification du mouvement sismique lors de son passage d’un milieu raide (rocher) à un
milieu moins raide (dépôts de sol).
Les RPA99 proposent une catégorisation des sites d’implantation dépendant de leur raideur exprimée en
termes de vitesse moyenne de propagation des ondes de cisaillement, Vs, calculée à une profondeur
appropriée. Cette classification permet essentiellement d’orienter vers le spectre de réponse de calcul
adéquat. Par ailleurs, et en cas d’absence de cette donnée, des mesures issues d’éssais in-situ (esssai
pénétrométriques, essai pressiométriques…) fournissent une corrélation avec la valeur de Vs et peuvent être
utilisées pour effectuer une classification du site d’étude (Tableau 3.2). Les classes de sites sont aussi

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associées à une description géotechnique compatible avec les constituants des différentes catégories,
incluant les valeurs moyennes de Vs et les profondeurs correspondantes (tableau 3.4).

Tableau 3.3 Classes de sites selon les RPA99.


Catégorie Description qc(MPA) N pl(MPA) Ep(MPA) qu (MPA) Vs (m/s)
(c) (d) (e) (e) (f) (g)
S1 Rocheux (a) - - >5 >100 - >10 800
S2 Ferme >15 >50 >2 > 20 > 0.4 400 - 800
S3 Meuble 1.5~15 10 ~ 50 1~2 5 ~ 20 01 ~ 0.4 200 - 400
Très meuble ou présence 100
S4 de 3m au moins d’argile <1.5 <10 <1 <5 < 0.1 <200
molle (b)

En vertu de l’hypothèse stipulant que la vitesse de propagation des ondes de cisaillement varie suivant la
profondeur (Fig. 3.3) des couches de sol alors que sa variation latérale est très faible, les valeurs de Vs aux
différentes profondeurs correspondant au profil stratigraphique du site d’implantation permettent,
lorsqu’elles sont disponibles, de classer les sites dans les catégories S1, S2, S3 et S4. Cette classification se
base sur la valeur de Vs moyenne à la profondeur adéquate. Le calcul de la vitesse moyenne des ondes de
cisaillement se fait conformément à l’expression ci-dessous :

H
Vs  n
(3.1)
hi

i 1 Vi

Où Vs , désigne la valeur moyenne de la vitesse des ondes de cisaillement à la profondeur H. Vi est la


vitesse des ondes de cisaillement dans la couche i d’épaisseur hi. La valeur de cette vitesse conduit à la
classe de site adéquate conformément au tableau 3.4.

Vitesse des ondes de cisaillement (m/s)


200 400 600 800
0

20
Profondeur (m)

40

60

80

100

Figure 3.3 : Variation de la vitesse des ondes de cisaillement suivant la profondeur d’un site (profil des
vitesses)

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Tableau 3.4 : Description géotechnique et valeurs correspondantes de la vitesse moyenne de propagation


des ondes de cisaillement des classes de site proposées par les RPA99.
Classe de site Description Valeur moyenne de Vs
(m/s)
S1 Site rocheux : Vs  800 m/s
Roche ou autre formation géologique semblable.
S2 Site ferme : Vs  400 m/s à partir de
Dépôts de sables et de gravier très denses et/ou d’argile 10 m de profondeur
surconsolidés sur 10 à 20 m d’épaisseur.
S3 Site meuble :
Dépôts épais de sables et gravier moyennement denses ou Vs  200 m/s à partir de 10 m
d’argile moyennement raide. de profondeur
S4 Site très meuble :
Dépôts de sables lâches avec ou sans présence de couches Vs  200 m/s dans les 20
d’argile molle. premiers mètres

3.4.1 Fréquence (période) fondamentale du site


La théorie de propagation des ondes harmoniques (SH) permet de fournir la fréquence fondamentale d’un
site. Cette fréquence dépend des caractéristiques géométriques et physiques du milieu. Si le site est
constitué d’une seule couche de sol, cette fréquence se calcule selon la formule :

Vs
f0  (3.2)
4H
Où, Vs est la vitesse des ondes de cisaillement à la profondeur H, qui désigne l’épaisseur de la couche de
sol. Vs est liée aux propriétés du milieu par la relation :

G
Vs2  (3.3)

G et ρ désignent, respectivement, le module de cisaillement et la densité massique du sol. Lorsque le site
est formé d’un empilement de plusieurs dépôts de sol, Vs dénote la vitesse moyenne des ondes de
cisaillement calculée par l’équation 3.1.
Les bornes des vitesses données par le tableau 3.3 relatives aux différents sites indiquent que la
classification d’un site peut être effectuée directement via la valeur de sa fréquence fondamentale. En effet,
cette dernière peut être obtenue par des mesure in-situ de vibration ambiantes (vibrations micro-sismiques)
dues à des phénomènes naturels ou artificiels courants (vent, chocs, passage d’engins mécaniques…).
Lorsque la position du rocher se situe à une profondeur importante, les bornes de fréquences correspondant
aux vitesses du tableau 3.3 sont calculées pour une profondeur d’engineering courante égale généralement
à 30m. Néanmoins, une corrélation imprécise se glisse dans ce cas, car la valeur de la fréquence obtenue
par des mesures de vibrations ambiantes tient compte de la profondeur jusqu‘au rocher, contrairement aux
bornes de comparaison calculées pour des profondeurs d’engineering.
3.5 Systèmes de contreventement
Pendant un séisme, un bâtiment reçoit des charges horizontales qui, comme les charges verticales, doivent
être transmises jusqu’au sol d’assise par les éléments résistants (travaillant en flexion ou en cisaillement).
La plupart des bâtiments ont un comportement assimilé à celui d’une console encastrée au sol, qui doit
demeurer stable pendant toute la durée de l’action sismique. Les charges sont d’abord reçues par le système

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de contreventement horizontal constitué par les diaphragmes des différents niveaux puis elles sont
transmises aux éléments du système de contreventement vertical.

Un système de contreventement vertical est un système contribuant dans l’ancrage vertical du bâtiment et
permettant la transmission des charges sismiques au sol de fondation. Il permet également de raidir la
structure vis-à-vis des déformations excessives qui sont la cause des dommages sismiques.

Plusieurs systèmes de contreventement peuvent être utilisés dans la construction parasismique, bien que
leur comportement sous séisme soit très inégal. Le choix du système de contreventement effectué
habituellement au stade de la conception architecturale, doit être en mesure de favoriser un bon
comportement de l'ouvrage lors d'un tremblement de terre. Pour les bâtiments en béton armé, il existe
globalement trois types de systèmes de contreventement : système constitué de cadres faits de poteaux et de
poutres, système de murs porteurs et système mixte. La préférence et l’efficience de chacun de ces
systèmes se distingue via leur ductilité globale et celle de leurs matériaux constitutifs, leur capacité de
dissipation et éventuellement, les objectifs de comportement assignés.

Commentaire

Tous les systèmes structurels ne montrent pas des performances de comportement égales lorsqu’ils sont
assujettis aux forces induites par un séisme. Pour cela, des considérations de configuration structurale, de
symétrie, de distribution de masse et de régularité verticale doivent être prises en compte, mais également,
l'importance de la raideur et de la ductilité relative à une réponse acceptable, doivent être appréciées pour
s’enquérir sur les aptitudes structurales de chaque système. La première tâche du concepteur consistera à
sélectionner un système structurel le plus propice à une performance sismique satisfaisante dans le respect
des contraintes dictées par les exigences architecturales.

Lorsque les circonstances du projet le permettent, l’architecte et l’ingénieur devraient discuter des
alternatives de configuration structurale au tout premier stade de la conception pour s'assurer qu’une
géométrie pénalisante n'est pas disséminée dans le système avant le début du calcul de la structure. Les
irrégularités, souvent inévitables, contribuent à la complexité du comportement structurel. Lorsqu'ils ne
sont pas reconnus, ils peuvent entraîner des dommages inattendus et peuvent même conduire à un
effondrement. Il existe de nombreuses sources d'irrégularités structurelles. Des changements brusques de
géométrie, des interruptions dans les éléments assurant le cheminement des efforts, et des discontinuités
dans la résistance et la rigidité sont des exemples courants. D’autres dispositions comme les perturbations
dans les régions critiques (ouvertures), la présence de décrochements importants, un manque de
redondance et une interférence avec les déformations structurelles prévues sont aussi des sources de
dommages fréquentes. La reconnaissance d’un grand nombre de ces irrégularités avec les mesures de
correction correspondantes visant à éviter ou atténuer leurs effets indésirables repose sur une bonne
compréhension du comportement structurel.

En se basant sur le degré d’importance et les différents usages des bâtiments destinés à être conçus et
réalisés en zone sismique, plusieurs types de systèmes de contreventement pour les structures en béton
armé et en acier sont sélectionnés et classées par les RPA99 comme suit :

3.5.1 Structures en béton armé

3.5.1.1 Portiques auto-stables en béton armé (système 1)

Ce système est constitué de cadres obtenus par association de poteaux et de poutres en béton armé, qui se
rencontrent au niveau de joints appelés nœuds rigides. Qualifier ce système porteur de système de
contreventement constitue un abus de langage étant donné que les structures à base de ce système sont
considérées comme structures non contreventées ou structures auto-contreventées. Ceci est du au fait que le

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système porteur garantissant la transmission des charges gravitaires au sol de fondation est lui-même
responsable de résister aux charges horizontales d’origine sismique. Les RPA99 classent deux types de
portiques auto-stables qui se distinguent par le type de remplissage qu’ils contiennent :

a) Portiques auto-stables sans remplissage en maçonnerie rigide (système 1a)

Ce sont des cadres en béton armé dans lesquels les remplissages constitués de parois en maçonnerie de
petits éléments ne gênent pas la déformation du portique par interaction avec les poteaux notamment. Pour
assurer un tel comportement, des joints faits en matériaux flexibles (caoutchouc, résine spéciale…) sont
introduits dans l’interface paroi-portique. Ces joints sont qualifiés de fusibles devant se défaire dès les
premières secondes du séisme pour garantir une désolidarisation entre la paroi et le portique. Une telle
conception rend la structure plus souple est lui confère une ductilité appréciable se traduisant par une valeur
importante du facteur de comportement (R=5). Cependant, une limitation de la hauteur du bâtiment est
associée à ce type de système.

b) Portiques auto-stables avec remplissage en maçonnerie rigide (système 1b)

Dans lesquels des remplissages en maçonnerie de petits éléments ne dépassant pas 10 Cm d’épaisseur sont
insérés sans joints flexibles dans le cadre poteau-poutre. Dans ce type de systèmes, la solidarisation entre le
cadre poteau-poutre et la paroi en maçonnerie confère à la structure une raideur supplémentaire et oblige
cette dernière à contribuer dans la résistance aux charges horizontales. C’est pourquoi ce système joui
d’une ductilité moindre par rapport au système précédent (R=3.5).

3.5.1.2 Voiles porteurs en béton armé (système 2)

Ce système peut être constitué uniquement de voiles ou bien de voiles et de portiques en béton armé. Les
avantages du système mixte (portiques et voiles) sont multiples et favorisent un comportement satisfaisant
en référence aux exigences de comportement arrêtées. En effet, pour des séismes fréquents et de magnitude
faible, l’exigence vis-à-vis de l’état limite de service correspondant à un comportement quasi-élastique
avec absence de dommages non structuraux est largement garantie. Dans le cas d’évènements sismiques
majeurs et moins fréquents, la conception du système lui confère une bonne ductilité et lui permet de
maintenir amplement son intégrité et donc, satisfaire à l’exigence de non effondrement.

Par ailleurs, les RPA99 exigent, lorsque le système est mixte, que la part du poids total du bâtiment
revenant aux voiles doit être supérieure à 20% et que les voiles reprennent la totalité des charges
horizontales. Ceci peut, en quelques sortes, affecter la ductilité du système car en cas de séismes extrêmes
susceptibles de provoquer des déformations non linéaires au sein des éléments structuraux, le surplus de
raideur diminue la ductilité globale du système. De surcroît, les charges verticales importantes peuvent
causer des instabilités au niveau des extrémités des voiles, ce qui entraine le flambement de ces extrémités
ou le flambement des armatures à cause d’une compression locale excessive et conduit, systématiquement,
à une réduction de la ductilité (R=3.5) et un déficit de résistance, sans que cela n’entraine généralement une
perte substantielle d’équilibre.

3.5.1.3 Systèmes mixtes constitués de voiles et de portiques (contreventement mixte avec justification
de l’interaction portiques-voiles (système 4a)

Pour ce système de contreventement, les voiles et les portiques reprennent conjointement les charges
horizontales au prorata de leurs raideurs relatives ainsi que les forces résultant de leur interaction, en outre,
les voiles ne reprennent que 20% au maximum des charges verticales alors qu’en plus de ces charges, les
portiques doivent reprendre 20% au minimum de l’effort tranchant d’étage. Par ailleurs, aucune limitation
de la hauteur n’est imposée à ce système de contreventement ce qui le qualifie de très convenable pour les
bâtiments de hauteur moyenne à grande.

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La justification de l’interaction portiques-voiles est requise du fait que les portiques et les voiles possèdent
des modes de déformation distincts. Les portiques possèdent un mode de déformation distorsionnel
(planchers demeurant horizontaux) à cause de la distribution de l’effort tranchant d’étage sur les poteaux et
les poutres, qui développent des moments devant équilibrer cet effort tranchant d’étage, sans une grande
influence du moment de renversement (Fig. 3.5 a). En revanche, sous l’effet des charges horizontales, un
voile développe un mode de déformation flexionnel similaire à celui d’une console en flexion encastrée à la
base, car il produit des moments égaux au moment de renversement à chaque niveau (Fig. 3.4).

De ce fait, lorsqu’un couplage portiques-voiles a lieu, chaque système a tendance d’imposer à l’autre son
propre mode de déformation libre et il en résulte une redistribution des forces au sein de l’interface
portique voile. Au niveau des étages supérieurs, le portique tente d’empêcher le voile de prendre son propre
mode de déformation et c’est la déformation du portique qui l’emporte tandis que pour les étages inférieurs,
le voile empêche le portique lorsque ce dernier s’apprête à produire sa déformation distorsionnelle libre et
c’est la déformation du voile qui l’emporte (Fig. 3.5 b).

Commentaire

L’interaction horizontale portique-voile peut être effective dans la contribution de la raideur latérale et par
conséquent, dans la limitation des déformations subies par la structure, notamment lorsque la hauteur du
bâtiment est importante. Les disparités en déformation entre un portique et un voile peuvent être montrées
en considérant, par exemple, un bâtiment de 10 étages, dont le système structural est constitué de portiques
et d’un noyau assurant la résistance aux charges latérales. Compte tenu des rigidités horizontales
distinctes au sommet du noyau d'ascenseur de 10 étages et d'un portique typique de la même hauteur, le
noyau pourrait être 10 fois plus raide (ou plus) que le portique. Si le même noyau et le même portique
étaient étendus à une hauteur de 20 étages, le noyau serait alors trois fois environ plus raide que le cadre.
À 50 étages, le noyau aurait été réduit à moitié moins rigide que le cadre. Cette modification de la rigidité
maximale relative par rapport à la hauteur totale est due au fait que la flexibilité supérieure du noyau, qui
se comporte comme une console en flexion, est proportionnelle au cube de la hauteur, tandis que la
flexibilité du cadre, qui se comporte comme une console en cisaillement, est directement proportionnelle à
sa hauteur. Par conséquent, la hauteur est un facteur important dans la détermination de l'influence du
portique sur la rigidité latérale du portique-voile.
(1) (2) (i) (m-1) (m)

Figure 3.4 : Distribution des efforts tranchants d’étage sur les poteaux des niveaux (bâtiment en portiques).
Les efforts tranchants causent des moments de renversement de niveau relativement faibles.

3.5.1.4 Système en portiques contreventés par voiles en béton armé (système 4b)

Dans ce système, les voiles reprennent au plus 20% des charges verticales et la totalité des charges
horizontales. Toutefois, en zones sismique IIb et III, il y a lieu de vérifier les portiques sous un effort de
25% de l’effort tranchant global à la base. Cependant, une limitation de la hauteur du bâtiment est imposée
pour ce type de contreventement. Ainsi, les bâtiments conçus sur la base de ce système doivent avoir 10
niveaux au plus, ce qui correspond à une hauteur égale à 33m au maximum. Cela veut dire que pour les
bâtiments correspondant au système 4a et ayant une hauteur supérieure à 33m, il y a lieu de considérer les
effets dus à l’interaction portiques-voiles, à l’opposé, lorsque la hauteur est égale ou inférieure à 33m, le
système 4b peut être considéré et les RPA99 ne fournissent pas de précision quant à la justification vis-à-

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vis des effets d’interaction portiques-voiles. Evidemment, le système 4a (R= 5) où les charges horizontales
sont reprises simultanément par les portiques et les voiles possède une capacité de dissipation meilleure que
celle correspondant au système 4b (R=4) pour lequel, les charges horizontales sont reprises en totalité par
les voiles. Dans tous les cas et pour tous les systèmes structuraux, les écarts entre les valeurs de R spécifiés
dans les codes sont basés sur l'observation de la performance des différents systèmes structurels lors de
tremblements de terre antérieurs ou lors d'essais en laboratoire.

Commentaire

Une structure dont la résistance aux charges horizontales est assurée par une association de portiques et
de voiles ou, dans le cas d’une structure en acier, par des portiques et des palées, peut être assimilée à un
système mixte en portiques-voiles. Les voiles ou les palées font souvent partie de la structure de la cage
d’ascenseur et des noyaux de service, tandis que les portiques sont disposés en plan, en liaison avec les
voiles, de manière à supporter le système de planchers.

Lorsqu’une structure voiles-portiques est chargée latéralement, les différentes déformées libres des
portiques et des voiles entraînent une interaction horizontale entre eux à travers les dalles de plancher.
Par conséquent, les distributions individuelles des charges latérales sur le voile et le cadre peuvent être
très différentes de la distribution des charges extérieures. L’interaction horizontale peut contribuer
efficacement à la rigidité latérale, au point où les ossatures en portiques-voiles de 50 étages ou plus sont
nettement économiques.

Les avantages potentiels d'une structure portiques-voiles dépendent de l’ampleur d'interaction horizontale,
qui est régie par la raideur relative des voiles et des portiques, ainsi que de la hauteur de la structure. Plus
le bâtiment est haut et, dans les structures typiquement préconisées, plus les portiques sont rigides, plus
l'interaction est grande. Auparavant, dans le calcul de structures élancées, il était commun de supposer
que les voiles ou les noyaux reprenaient toutes les sollicitations latérales, et de dimensionner les portiques
pour reprendre les charges gravitaires uniquement. Bien que cette hypothèse ait entraîné une petite erreur
pour des bâtiments de moins de 20 étages avec des cadres flexibles, il est possible que dans de nombreux
cas où les cadres étaient raides et les bâtiments plus hauts, des opportunités pour concevoir des structures
plus rationnelles et économiques étaient manquées. Les principaux avantages de la prise en compte de
l’interaction horizontale dans la conception d’une structure voiles-portiques sont les suivants :

 La dérive estimée peut être significativement moins importante que si les voiles seuls étaient considérés
comme résistant aux charges horizontales.
 Les moments de flexion estimés dans les voiles ou les noyaux seront moins importants que s'ils étaient
considérés comme agissant seuls.
 Dans de nombreux cas, le cisaillement estimé dans les portiques peut être approximativement uniforme
sur toute la hauteur. En conséquence, le cadre peut être conçu et construit de manière répétitive, avec
une économie évidente.

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Chapitre 3 Considérations réglementaires de classification

(a) (b) (c)


Figure 3.5 : a) Voile soumis à une charge horizontale uniformément répartie ; b) portique soumis à un
chargement horizontal uniformément réparti ; c) structure voile-portique soumise à une
charge horizontale.

Figure 3.4 : Redistribution des efforts dans l’interface portique-voile.

Figure 3.6 : a) Déformée typique d’une structure en portique-voile ; b) diagramme typique du moment
fléchissant pour les composants d’une structure en portique-voile ; c) diagramme typique
de l’effort tranchant pour les composants d’une structure en portique-voile.

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Chapitre 3 Considérations réglementaires de classification

3.5.1.5 Structure à ossature en BA contreventée entièrement par noyau en BA (système 3)

Lorsque des contraintes se rapportant à l’architecture ou au fonctionnement du bâtiment s’imposent, ce


dernier peut être doté d’un système de contreventement constitué d’un noyau rigide en béton armé capable
de reprendre la totalité de l’effort horizontal (Fig. 3.7).

(a) (b)

Figure 3.7 : Bâtiments à ossature contreventés par noyaux en béton armé : (a) noyaux fermés, (b) noyau
ouvert.

3.5.1.6 Système fonctionnant en console verticale à masses réparties prédominantes (système 5)

C’est le cas par exemple d’un réservoir cylindrique, des silos et cheminées de forme cylindrique, et autre.

3.5.1.7 Système à pendule inverse (système 6)

C’est un système où 50% ou plus de la masse est concentrée dans le tiers supérieur de la structure. C’est le
cas par exemple d’un château d’eau sur pilotis ou d’un réservoir d’eau cylindrique ou torique sur support
cylindrique ou conique plus resserrée.

3.5.2 Structures en acier

3.5.2.1 Ossature contreventée par portiques auto-stables ductiles (système 7)

Ce sont des portiques auto-stables capables de subir d’importantes déformations inélastiques sans perte de
résistance ni réduction significative de leur capacité de dissipation. L’ossature complète (cadres inclus)
reprend la totalité des charges verticales. Les portiques reprennent à eux seuls la totalité des charges
horizontales. C’est un système réputé comme ayant une très bonne ductilité (R=6), pour cela, leur
conception et leur exécution doivent strictement respecter les normes en vigueur en termes de conformité
des matériaux, d’assemblage et de mise en œuvre. De plus, les parois des sections comprimées et /ou
fléchies des éléments dans lesquels des rotules plastiques sont pressenties pendant les déformations
inélastiques des portiques doivent avoir un rapport largeur sur épaisseur b/t suffisamment faible pour
prévenir les voilements locaux prématurés (tableau 8.1, RPA99).

3.5.2.2 Ossature contreventée par portiques auto-stables ordinaires (système 8)

Ce sont des portiques auto-stables utilisés pour des ossatures de bâtiments qui ont au plus 5 niveaux (ou 17
m) et dont les parois des sections comprimées et/ou fléchies des éléments dissipatifs ont un rapport b/t ne
respectant pas les critères des sections transversales relatifs aux portiques du système 7. Ces portiques sont
qualifiés de portique auto-stables ordinaires et sont conçues et calculées sur la base d’un facteur de
comportement (R) au plus égal à 4.

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Chapitre 3 Considérations réglementaires de classification

3.5.2.3 Ossature contreventée par palées triangulées concentriques (système 9)

L’ossature complète reprend la totalité des charges verticales et les palées reprennent la totalité des charges
horizontales. La hauteur des bâtiments utilisant ce système de contreventement est limitée à 10 niveaux ou
33m. La fabrication de ces palées doit répondre aux exigences imposées par les normes en vigueur. Dans
cette classe de contreventement, on distingue deux (02) sous classes : les palées en X et les palées en V.

3.5.2.4 Système d’ossature contreventée par palées triangulées en X (système 9a)

Dans ce système, pour un nœud d’une palée, les axes de la diagonale, de la poutre et du poteau convergent
en un seul point situé sur le centre du nœud. Dans ce système, on considère que parmi toutes les diagonales
d’une palée, seules celles tendues interviennent dans la résistance et le comportement dissipatif de cette
palée vis-à-vis de l’action sismique.

3.5.2.5 Système d’ossature contreventée par palées triangulées en V (système 9b)

Dans ce système, les poutres de chaque palée sont continues et le point d’intersection des axes des
diagonales de la palée se situe sur l’axe de la poutre. La résistance et la capacité de dissipation de la palée
vis-à-vis de l’action sismique sont fournies par la participation conjointe des diagonales tendues et des
diagonales comprimées.

3.5.2.6 Ossature avec contreventements mixtes (système 10)

Les palées de contreventement doivent reprendre au plus 20% des sollicitations dues aux charges
verticales.
Un contreventement mixte est une combinaison de 2 types de contreventement choisis parmi ceux définis
précédemment. Il comprend des portiques ou des cadres auto-stables ductiles couplés avec, soit des palées
triangulées en X, soit des palées triangulées en V, ou se rapprochant du V (système en double béquille).
L’ossature complète reprend la totalité des charges verticales. Les contreventements mixtes (cadres+
palées) reprennent la totalité des charges horizontales globales. Les cadres et les palées doivent être
calculés pour résister à l’effort horizontal qui sera partagé au prorata de leurs raideurs et en tenant compte
de leur interaction mutuelle à tous les niveaux. Les cadres auto-stables ductiles doivent pouvoir reprendre à
eux seuls, au moins 25% des charges horizontales globales. Deux sous classes se distinguent pour ce
système :

3.5.2.7 Système d’ossature contreventée par cadres ductiles et palées en X (système 10a)

Dans ce système, le contreventement mixte est une combinaison de cadres auto-stables ductiles et de palées
triangulées concentriques en X.

3.5.2.8 Système d’ossature contreventée par cadres ductiles et palées en V (système 10b)

Dans ce système, le contreventement mixte est une combinaison de cadres auto-stables ductiles et de palées
triangulées concentriques en V.

3.5.2.8 Portiques fonctionnant en console verticale (système 11)

Cette catégorie de système structural de faible degré d’hyperstaticité concerne essentiellement des
portiques classiques à un seul niveau avec une traverse rigide, et des structures élancées de type "tube" où
les éléments résistants sont essentiellement des poteaux situés en périphérie de la structure. Ces structures
particulières se traduisent par un comportement dissipatif localisé uniquement aux extrémités des poteaux.

3.6 Facteur de comportement global

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Chapitre 3 Considérations réglementaires de classification

Pour minimiser les dégâts importants et assurer la survie des bâtiments aux forces latérales, les structures
doivent pouvoir conserver une grande partie de leur résistance initiale lorsqu'un séisme majeur leurs impose
des déformations importantes. Ces déformations peuvent être bien au-delà de la limite élastique du
matériau constitutif. Cette capacité de la structure, de ses composants ou des matériaux utilisés à offrir une
résistance dans le domaine inélastique est décrite par le terme général de ductilité. Cela inclut la capacité de
supporter de grandes déformations et la capacité d'absorber de l'énergie par un comportement hystérétique.
Pour cette raison, il s'agit de la propriété la plus importante recherchée par le concepteur d’ouvrages situés
dans des régions à forte sismicité.

La dissipation d’énergie par hystérésis s’accompagne par un assouplissement de la structure suite à une
réduction de la raideur et une redistribution des efforts internes après incursion dans le domaine anélastique
de certains de ses membres. Un prolongement de la période de la structure s’opère aussi et une réduction de
la force sismique éprouvée par structure se produit à cause de l’apport en flexibilité induit par le
soulagement de certaines parties de la structure. Dans ce cas les, déformations anélastiques peuvent être
plusieurs fois plus importantes que les déformations élastiques, et correspondent à une force sismique
moins importante que dans le cas du comportement élastique. Pour en tenir compte, les codes sismiques
proposent de réduire la force sismique issue d’un calcul élastique par un facteur appelé ʺfacteur de
comportementʺ.

3.6.1 Facteur de comportement

Le facteur de comportement est un facteur permettant de réduire la force sismique émanant d’une analyse
élastique, en vue de tenir compte de la dissipation d’énergie par plastification de certains de ses membres
lors d’un tremblement de terre d’envergure. Ce facteur permet une prise en compte forfaitaire globale de
leur capacité de dissipation par des déformations plastiques.

Selon les codes sismiques, la justification de cette réduction reposent sur la réserve de résistance et la
ductilité, qui sont des paramètres améliorant sensiblement la capacité de la structure à absorber et à dissiper
de l'énergie. Par conséquent, le rôle du facteur de comportement (facteur de réduction de force) et les
paramètres qui gouvernent son évaluation sont des éléments essentiels de la conception sismique. Certains
codes mentionnent également l’influence de la redondance (hyperstaticité) dans la structure en tant que
paramètre distinct.

3.6.2 Méthodes d’évaluation du facteur de comportement

Plusieurs méthodes d’estimation du facteur de comportement sont proposées dans la littérature. On


distingue principalement les méthodes basées sur la ductilité dans lesquelles les structures sont représentées
par des oscillateurs simples et des méthodes plus générales basées sur l’analyse dynamique non linéaire des
systèmes à plusieurs degrés de liberté.

3.6.2.1 Méthode de Newmark et Hall (1982)

C’est une méthode très simple, selon laquelle, le facteur de comportement, R, dépend de la ductilité de
déplacement. Elle est basée sur le principe de l’équivalence des déplacements d’un oscillateur à 1 d°.d.l,
ayant un comportement élasto-plastique parfait et le même oscillateur montrant un comportement purement
élastique. Ce modèle de réponse à 1 d°.d.l suppose une configuration géométrique régulière et une
distribution uniforme des rigidités de la structure.

Dans cette étude, il a été trouvé que pour un oscillateur simple, R n’est pas constant mais dépend de la
période de vibration et est fonction de la ductilité μ. Il a été observé également que, dans le domaine des
longues périodes, les systèmes élastiques et élasto-plastiques (ductiles) présentant la même rigidité initiale
atteignaient presque le même déplacement. En conséquence, le facteur de comportement peut être
considéré comme égal à la ductilité de déplacement. C’est ce que l’on appelle la ʺrégion à déplacements

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Chapitre 3 Considérations réglementaires de classification

égauxʺ (Fig. 3.6 a). Pour les structures de périodes intermédiaires, la ductilité est différente du facteur de
comportement et l’approche ʺénergies égalesʺ (Fig. 3.6 b) peut être adoptée pour calculer la réduction de la
force.

(a) : R   (b) R  2   1

Figure 3.8 : (a) Principe d’égalité des déplacements d’un système élastique et celui d’un système élasto-
plastique ; (b) Principe d’égalité des énergies (énergie absorbée de manière élastique et élasto-
plastique).

Pour les longues périodes : R  

Pour les courtes périodes : R  2   1


u
et   où δu est le déplacement ultime et δe, le déplacement élastique limite.
e
D’autres méthodes d’estimation du facteur de comportement basées sur la ductilité sont également données
dans la littérature, à savoir :

3.6.2.2 Méthode de Giuffre et Giannini :

(*)

où T0 est la valeur la période correspondant au début de la branche descendante du spectre de réponse


élastique, R0 est la valeur de R obtenue en remplaçant T par T0 dans la relation (*).

Sa

Figure 3.9 : Spectre de réponse élastique d’un oscillateur simple.

3.6.2.3 Méthode de Krawinkler et Nassar :

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Chapitre 3 Considérations réglementaires de classification

Avec

Où c est une constante qui dépend de la période (T) et du paramètre d'écrouissage du modèle hystérétique,
α. a et b sont des constantes de régression. Les valeurs des constantes dans les équations ci-dessus ont été
recommandées pour trois valeurs du paramètre de de durcissement, α, comme indiqué dans le tableau 3. :

Tableau 3.5 : Valeurs des paramètres de régression a et b utilisés dans la formule de Krawinkler et Nassar.

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