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Le régulateur photovoltaïque

Le régulateur occupe une place essentielle et indispensable au sein d’une installation photovoltaïque autonome.

Définition d’un régulateur : D’un point de vue général, un régulateur est un outil permettant de maintenir l’état d’une grandeur
égale à une valeur consigne. Dans le domaine de l’électronique, un régulateur est un organe électronique qui maintient une
grandeur physique égale une valeur consigne. Nous pouvons citer les régulateurs suivants :

Type de régulateur Fonction


Régulateur de vitesse Maintient la vitesse constante
Régulateur de pression Maintient une pression constante
Régulateur de lumière Maintient une intensité lumineuse constante
Régulateur de tension Maintient une tension constante
Régulateur de courant Maintient un courant constant

Dans le cadre des installations photovoltaïques autonomes, la tension fournie par le champ photovoltaïque est une tension
fluctuante (la tension du champ photovoltaïque dépend de la température et de l’ensoleillement).
Or, l’alimentation des récepteurs électriques, d’une part, et la charge de la batterie, d’autre part, ne peuvent se faire sous une
tension fluctuante. Ainsi, il convient de mettre en place un régulateur de tension.
Le régulateur de tension doit donc transformer la tension continue fluctuante en une tension continue non-fluctuante
compatible avec les récepteurs électriques (équipements électrique et batteries).

Sommaire :

Rôle du régulateur photovoltaïque

o Gérer la charge de la batterie


 Tensions et courants de charge
 Processus de charge normale
 Etape 1 : Charge à courant constant
 Etape 2 : Charge à tension constante
 Etape 3 : Légère gazéification
 Etape 4 : Maintien en charge
 Processus de charge rapide
 Compensation en température
o Gérer la décharge : éviter la décharge profonde
o Indiquer l'état de l'installation photovoltaïque
Rôle du régulateur photovoltaïque
Dans une installation photovoltaïque autonome, le régulateur de tension doit assurer, vis-à-vis de la batterie, une fonction
majeure : gérer la charge de la batterie.
Egalement, et afin d’améliorer la qualité de l’installation photovoltaïque autonome, il est fortement conseillé d’implanter des
fonctions de protections électroniques de la batterie. Ainsi, en plus de la régulation en tension, il est vivement recommandé que
le régulateur assure aussi la fonction suivante : protection de la batterie contre la décharge profonde.
Par ailleurs, compte-tenu des spécificités des batteries au plomb (notamment des tensions de charge), tous les régulateurs de
tension ne sont pas adaptés aux installations photovoltaïques autonomes. Il convient de choisir un régulateur adapté
spécifiquement à ce type d’installation solaire. Ce type de régulateur est communément appelé régulateur photovoltaïque.
Nous présentons ci-après les différentes fonctions du régulateur photovoltaïque.

Gérer la charge de la batterie


Lorsque la batterie est en mode de charge, elle se comporte comme un récepteur et non-plus comme un générateur. La charge
d’un accumulateur au plomb consiste à forcer une réaction d’oxydoréduction par électrolyse (c’est-à-dire grâce à un générateur
électrique).Dans le cas des accumulateurs au plomb, une tension minimum théorique de 2V par élément* est requise pour
enclencher cette réaction. Ainsi, lorsque la tension imposée aux bornes de l’accumulateur est inférieure à 2V, aucun courant de
charge ne circule. Lorsque la tension imposée dépasse 2V, un courant de charge apparaît.

*2 V par élément : si la batterie est constituée de 6 éléments en série, une tension de 12 V est nécessaire.

Tensions et courants de charge


Comme tout récepteur électrique, il est possible de tracer la caractéristique courant-tension d’un élément d’accumulateur en
mode de charge :

Caractéristique courant-tension d’un accumulateur au plomb (1 élément) en mode de charge

Ainsi, en imposant une tension de 2V, on obtient théoriquement un courant de charge non-nul, ainsi qu’illustré ci-dessous

Graphe de gauche : Lorsque la tension imposée aux bornes de l’accumulateur est inférieure à 2V, aucun courant de charge
n’apparaît.
Graphe de droite : Apparition du courant de charge lorsque la tension imposée aux bornes de l’accumulateur dépasse 2V.
Il est important de noter que le profil de la caractéristique courant-tension de la batterie en mode de charge est fonction de
l’état de charge de celle-ci, ainsi qu’illustré ci-dessous :

Evolution de la caractéristique courant-tension en fonction de l’état de charge de la batterie (en %), pour un élément de batterie
de 2 V

En mode de charge, la batterie peut se modéliser, en première approximation, comme une résistance électrique dont la valeur
augmente au fur et à mesure que son état de charge augmente.
Par conséquent, au fur et à mesure que la batterie se charge, le courant de charge diminue également (si on impose une tension
constante aux bornes de la batterie) :

Evolution du courant de charge en fonction de l’état de charge de la batterie (en %), pour un élément de batterie de 2 V

Lorsque l’état de charge atteint 100%, le courant de charge est nul, quel que soit la tension qu’on applique aux bornes de la
batterie. Cela est normal puisque les électrodes sont entièrement reconstituées : la batterie se comporte comme une résistance
infinie.

Processus de charge normale


Le processus de charge s’effectue en trois étapes. On l’appelle procédé IoUoU :

 I comme courant : pendant cette 1ère étape, on maintient un courant constant.


 U comme tension : pendant cette 2ème phase, on maintient une tension constante.
 U comme tension : pendant cette 3ème phase, on maintient une tension constante légèrement supérieure à la
précédente.
Nous citons également une 4ème étape qui consisterait à maintenir en charge la batterie.

Nous résumons les 4 étapes du processus de charge normale sur le graphe ci-dessous :

Processus de charge normal d'une batterie au plomb, pour un élément de batterie de 2V

Nous présentons, ci-après, plus en détails chacune de ces étapes.

Etape 1 : Charge à courant constant

Pendant cette étape, le régulateur impose un courant constant à travers la batterie. Sa valeur est proche du courant maximale
admissible par la batterie, et indiquée par le fabricant sur la fiche technique. Typiquement, ce courant maximum de charge vaut
25% × C10. Cependant, par mesure de sécurité, les régulateurs imposent un courant initial de charge plutôt compris entre 15% et
18 % de C10. Par exemple, une batterie dont la capacité nominale C10 = 1000 Ah sera chargée avec un courant initiale compris
entre 150 A et 180 A en fonction de la configuration du régulateur. Ce courant initial de charge est imposé pendant environ 4
heures.

D’après les caractéristiques courant-tension de la batterie en mode de charge, si le courant est constant, alors la tension aux
bornes de la batterie va augmenter au fur et à mesure que l’état de charge augmente. Cette tension ne doit pas dépasser une
certaine limite, sinon l’électrolyse de l’eau, qui est une réaction parallèle à la charge, va devenir trop importante et dégager trop
de gaz, ce qui risque de provoquer des problèmes d’explosion ou d’étanchéité sous l’effet de la pression. La tension maximale à
ne pas dépasser lors de cette étape est de l'ordre de 2.2 V pour un élément de batterie de 2 V.

Cette étape de charge à courant constant est très importante car, à l’issue de cette phase, l’état de charge de la batterie se situe
dèjà entre 60% et 70%.

Au fur et à mesure que la batterie se recharge sous un courant constant, la tension aux bornes de la batterie augmente.
Typiquement, la tension atteint la valeur maximale lorsque l’état de charge est environ de 65 % (ci-dessus, illustration de charge
à courant constant pour un élément de batterie de 2V)
Etape 2 : Charge à tension constante

Une fois que la tension maximale a été atteinte, il n’est plus possible de maintenir le courant constant sous peine de voir un
dégagement gazeux excessif au sein de la batterie. Ainsi, le régulateur change de procédé en imposant, cette fois-ci, la tension
constante. La valeur de cette tension est égale à la valeur maximale, soit environ 2.2 V par élément. La charge de la batterie
continue donc. Au fur et à mesure qu’elle se charge, le courant diminue et tend vers 0 lorsque l’état de charge est de 100 %.

Au fur et à mesure que la batterie se recharge sous une tension constante, le courant circulant à travers la batterie diminue et
tend vers 0 en même temps que l’état de charge tend vers 100 % (ci-dessus, illustration de charge à tension constante pour un
élément de batterie de 2V)

Les étapes 1 et 2 sont résumées sur le schéma ci-dessous :

Processus de la charge de la batterie gérée par le régulateur > Récapitulatif des étapes 1 et 2 (ci-dessus, illustration de charge à
courant puis à tension constants pour un élément de batterie de 2V)

La charge à tension constante dure environ 6 heures.


Etape 3 : Légère gazéification

En fin de charge de la batterie, c’est-à-dire lorsque son état de charge est de 100 %, le régulateur augmente légèrement la
tension aux bornes de la batterie. Typiquement, on passe d’une tension de 2.2 V à une tension de 2.3 V (par élément). Cela
permet d’accélérer la réaction d’électrolyse de l’eau, produisant ainsi des bulles de gaz (dihydrogène et dioxygène) au sein de
l’électrolyte. Ce processus volontaire permet de mélanger l’électrolyte évitant ainsi les phénomènes de stratification de l’acide
sulfurique au fond du bac d’électrolyte.

En dégageant du dihydrogène gazeux et du dioxygène gazeux, la réaction d’électrolyse de l’eau permet de brasser l’électrolyte et
d’éviter le phénomène de stratification de l’acide sulfurique (ci-dessus, illustration du phénomène pour un élément de batterie de
2 V)

La tension de dégazage est entre 2.3 V et 2.6 V par éléments.


Le courant de fin de charge assurant le dégazage est de l’ordre de 5% × C 10.
La phase de dégazage dure typiquement 3 heures.

Etape 4 : Maintien en charge

Dans une installation photovoltaïque autonome, les batteries ne sont sollicitées uniquement lorsque le champ photovoltaïque
ne fournit pas suffisamment d’énergie électrique pour alimenter les équipements électriques. Typiquement, cela se produit le
matin, le soir, la nuit et ponctuellement la journée.

En dehors de ces périodes, la batterie est déconnectée par le régulateur : elle est en circuit ouvert :

Théoriquement, la batterie ne peut pas se décharger (aucun électron ne peut transiter entre les eux électrodes). En pratique, on
constate une autodécharge de la batterie (explication du phénomène d'autodécharge) et illustré par le graphe ci-dessous :

Durées d'autodécharge d'une batterie en fonction de la température de la batterie


Le régulateur doit donc également assurer le maintien en charge de la batterie. Pour cela, la technique traditionnelle utilisée est
le « floating ». Le phénomène d’autodécharge est compensé en imposant une tension de l’ordre de 2.15 V par éléments. Par
exemple, une batterie de 12 V, comportant 6 éléments, présentera une tension de maintien en charge de 12.9 V.

Processus de charge rapide


La rapidité de la charge est limitée par la lenteur du phénomène de diffusion des réactifs au sein de l’électrolyte mais également
à cause des phénomènes de réactions chimiques secondaires, dont notamment l’électrolyse de l’eau. Cette dernière impose une
tension de charge inférieure à 2.2 V par éléments, sous peine de dégager un volume de gaz trop important.

De ce fait, le temps de charge classique IoUoU, illustré précédemment, dure environ 13 h pour passer d’un état de charge de 0%
à 100%.

Pour diminuer la durée de charge des batteries, il convient d’augmenter le courant de charge. Mais cela pose le problème du
dégagement gazeux excessif dû à l’électrolyse de l’eau (et également des autres réactions secondaires).

Une méthode de charge rapide consiste à augmenter la tension de charge au-dessus de la tension de dégagement gazeux, de
façon périodique et ponctuelle. Le dégagement gazeux se produit alors de façon périodique, mais celui-ci doit être bien contrôlé
pour éviter des dommages à la batterie. Ce processus, appelé aussi déstratification précoce, permet de réduire la durée de
charge à 4 heures.

D’autres procédés encore plus rapides permettent de réduire à 1 heure la durée de charge. Nous n’en parlerons pas dans ce
cours, mais il est à noter qu’un brevet EDF/Université Montpellier II a été déposé en 2008.

Notons également que, dans le cas des installations photovoltaïques autonomes, la durée de charge (de l’ordre de 13 heures) du
système classique IoUoU est suffisante compte-tenu de la durée journalière d’ensoleillement et également du fait qu’une
décharge totale est très rare.

Compensation en température
Pendant l’étape de maintien en charge de la batterie, il peut se produire le phénomène dit d’emballement thermique.

L’emballement thermique d’une batterie intervient lorsque la production de dioxygène et de dihydrogène est trop importante.
En effet, la tension de maintien en charge de la batterie favorise l’électrolyse de l’eau, produisant du dioxygène et du
dihydrogène gazeux. Dans les batteries étanches à recombinaison de gaz, les bulles de gaz sont piégées et diffusent l’un vers
l’autre afin d’y être recombinés en eau. Cette transformation du dihydrogène et du dioxygène en eau est une réaction
exothermique, c’est-à-dire qui dégage de la chaleur. Or, l’électrolyse de l’eau est d’autant plus importante que la température
est élevée (la température est un catalyseur des réactions chimiques). Ainsi, plus la température est élevée, plus la production
de dihydrogène et de dioxygène est importante, plus la recombinaison de ces deux éléments en eau est importante, plus le
dégagement de chaleur est important, et plus la température de la batterie augmente, et ainsi de suite. On assiste donc à un
emballement thermique de la batterie.

Ce phénomène est nettement moins marqué dans les batteries ouvertes, où le dihydrogène et le dioxygène sont évacués
naturellement hors de la batterie : il ne peut pas y avoir de recombinaison de ces deux gaz au sein de la batterie, évitant ainsi
l’emballement thermique.

Afin d’éviter l’emballement thermique, il convient de diminuer la tension de maintien en charge de la batterie lorsque la
température augmente. Typiquement, il convient d’abaisser de 3 mV/°C, pour un élément de 2 V. Par exemple, pour une
batterie de 12 V (composé de 6 éléments de 2 V), il convient d’abaisser la tension de maintien en charge de 3 × 6 = 18 mV/°C.

Il est donc vivement recommandé que la variation de la tension de maintien en charge soit gérée par le régulateur. Il convient,
en ce sens, de disposer d’une sonde de température collée à la batterie, et connectée au régulateur, afin que celui-ci puisse
adapter la tension de maintien en charge en fonction de la température.
Gérer la décharge : éviter la décharge profonde
Une décharge trop profonde, provoque une sulfatation excessive des électrodes. A terme, une couche isolante de sulfate de
plomb empêche les réactions chimiques de se produire. L’accumulateur devient alors inutilisable, ou tout du moins voit sa
capacité fortement chuter.

La décharge ne doit donc pas être trop profonde. Ainsi, le régulateur doit protéger les batteries contre le risque de décharge
profonde. La régulation est effectuée par rapport à la tension de la batterie.

Typiquement, la capacité résiduelle de la batterie ne doit pas descendre en dessous de 20 % de sa capacité initiale. Ce seuil de
décharge profonde correspond à peu près à une tension de la batterie de 1.75 V par éléments, mais cela dépend en fait du
courant de décharge, ainsi qu’illustré sur le tableau ci-dessous, pour une batterie de 12 V :
Courant de décharge en A
(exprimé par rapport à la capacité nominale C10) : 0.1 C10 0.2 C10 0.3 C10 0.6 C10 [0.6 ; 3] C10 > 3 C10
Tension d’arrêt en V : 1.75 V 1.7 V 1.65 V 1.6 V 1.5 V 1.3 V

Tension d’arrêt déterminée en fonction du courant de décharge (pour un élément de 2V)


La tension d’arrêt permet de déterminer le seuil de décharge profonde. Ainsi, dès que le régulateur détecte la tension d’arrêt, il
déconnecte la batterie des équipements électriques, ce qui permet d’éviter la décharge profonde et les conséquences néfastes
sur la durée de vie de la batterie. C’est ce qu’on appelle le délestage. Il s’agit donc d’une procédure de sécurité permettant de
protéger la batterie.

En général, les régulateurs sont réglés pour une déconnection de la batterie lorsque sa tension atteint 1.75 V par éléments.

Par exemple, pour une batterie de 12 V (composée de 6 éléments de 2 V), l’évolution de sa tension au cours de la décharge est
illustrée ci-dessous :

Evolution de la tension d’une batterie de 12 V au cours de la décharge, pour différents courants de décharge
Indiquer l'état de l'installation photovoltaïque
Mesures instantanées

En option, le régulateur peut à tout moment afficher différents paramètres d’état de l’installation photovoltaïque autonome, à
savoir :

 La tension de la batterie.
 Le courant de charge (lorsque la batterie est en charge).
 Le courant d’utilisation, c’est-à-dire le courant appelé par les équipements électriques.

Cela permet un control visuel de l’installation par l’utilisateur.

Acquisition des données

Egalement, un système d’acquisition et de sauvegarde des données journalières peut permettre d’analyser le comportement de
l’installation depuis sa mise en service :

 La production électrique photovoltaïque, en kWh.


 La consommation électrique journalière des équipements électriques, en kWh.
 Les tensions minimales et maximales journalières aux bornes de la batterie.

Cela permet de constater d’éventuelles anomalies de fonctionnement de l’installation.

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