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Les Verres
Progressifs
Sommaire
Sommaire
Sommaire p.3
Introduction p.5
Verres progressifs
2 Physiologie visuelle et verres progressifs
A En vision fovéale p.9
B En vision périphérique p.10
C En vision binoculaire p.11
Les
A Représentation graphique des verres progressifs p.17
B Mesure et contrôle des surfaces progressives p.19
Conclusion p.39
3
Introduction
introduction
Depuis leur introduction par Essilor en 1959, les verres Avec l’accroissement attendu de la population et son
progressifs se sont peu à peu imposés comme les verres vieillissement, les presbytes seront de plus en plus nom-
les plus performants pour corriger la presbytie. Grâce à breux dans les années à venir. Le marché des verres pour
leur faculté à assurer une vision nette et confortable à presbytes va continuer à croître et la substitution des
toutes les distances, ils ont peu à peu remplacé et sup- verres bifocaux et unifocaux par les verres progressifs va
planté les verres bifocaux et se substituent de plus en se poursuivre. Les verres progressifs sont donc toujours
plus souvent aux simples verres unifocaux de vision de promis à un bel avenir.
près.
Ce volume des Cahiers d’Optique Oculaire d’Essilor
Aujourd’hui, une personne sur quatre dans le monde est détaille les concepts techniques et physiologiques
5
1.Concept
de verres progressifs
1 Concept
A Principe de base
Un verre progressif est un verre dont la puissance aug-
mente de manière continue entre le haut et le bas, entre
une zone supérieure destinée à la vision de loin et une
zone inférieure destinée à la vision de près. Cette pro-
gression est obtenue par une variation continue de la
courbure du verre. Comparons-en le principe de concep-
tion avec celui des verres unifocaux et bifocaux.
Les verres progressifs
6
1 Concept
on
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DIAI
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n
7
1 Concept
8
2.Physiologie visuelle
2 Physiologie
et verres progressifs
Le verre progressif a non seulement pour rôle de redonner au presbyte la capacité de voir nettement à toutes les dis-
tances mais il doit également respecter l’ensemble des fonctions visuelles physiologiques en vision fovéale, périphérique
et binoculaire.
A En vision fovéale
Elle correspond aux parties du verre balayées par les Coordination des mouvements des yeux et de la tête;
lignes de regard pour toutes les tâches nécessitant une De la même manière, la coordination naturelle des mou-
9
2 Physiologie
B En vision périphérique
Elle correspond à la perception visuelle assurée par la Perception du mouvement:
périphérie de la rétine. En vision extra-fovéale, le porteur Le mouvement est perçu par la totalité de la rétine de
ne voit pas nettement les objets mais les situe dans façon quasi homogène. Là aussi, la variation des effets
l’espace, perçoit leurs formes et détecte leurs mouve- prismatiques doit être douce et régulière sur l’ensemble
ments. Elle est principalement affectée par les zones de la surface du verre pour assurer au porteur une vision
périphériques du verre. dynamique confortable.
Les verres progressifs
10
2 Physiologie
C En vision binoculaire
La vision binoculaire comprend la perception simulta- Fusion sensorielle:
née, la fusion des images et le sens stéréoscopique. Avec Pour que la fusion soit optimale, les images rétiniennes
un verre progressif, le critère de qualité binoculaire est formées par les deux yeux doivent présenter des carac-
de permettre une fusion naturelle par l’identité de téristiques similaires dans toutes les directions du
perception des deux yeux. regard. A cet effet, les caractéristiques optiques de puis-
sance et d’astigmatisme rencontrés en des points cor-
Fusion motrice: respondants des verres droit et gauche doivent être sen-
Les critères physiologiques de définition des verres progressifs peuvent être utilisés selon deux approches différentes :
- soit en considérant des valeurs moyennes de besoins visuels ou de comportements sur une large population
de presbytes afin de concevoir des verres progressifs « universels »,
- soit en cherchant à mettre en évidence une dispersion de besoins ou de comportements d’un presbyte à
l’autre afin de concevoir des verres progressifs « personnalisés ».
Ces deux approches, opposées mais complémentaires, sont à l’origine des 2 grandes catégories de verres progressifs
disponibles aujourd’hui : les verres progressifs « universels » et les verres progressifs « personnalisés ».
11
3.Conception
3 Conception
4
2
Point image. 0
Fig. 10 : Calcul de l’image. -2
-4
-4 0 4
Q'
Diagramme de points de l’image.
Point objet. 3
-3 0
0
3
Profil du front d’onde
qui forme l’image.
12
3 Conception
2) La technologie des fronts d’onde : 3) Logiciel « d’optimisation » et « fonction de mérite »
Cette technologie consiste à calculer le verre en consi- La conception des systèmes optiques optimisés ne peut
dérant les fronts d’onde lumineuse qui le traversent. Le se réaliser en une seule étape. Elle a généralement
principe est, pour chaque direction du regard, de mode- recours à un processus itératif faisant appel à un logiciel
ler l’onde à la forme la plus régulière possible avant d’optimisation. En premier lieu un système optique
qu’elle ne pénètre dans l’œil par la pupille. En pratique, initial et une « fonction de mérite » destinée à noter les
l’onde est décomposée en une somme d’ondes élémen- performances globales du système optique sont définis.
taires : les premières correspondent à la réfraction du Après avoir évalué le système optique initial, le logiciel
porteur et les suivantes aux aberrations optiques (voir d’optimisation calcule les nouveaux paramètres d’un
figure 12). Les surfaces du verre sont alors calculées de système optique amélioré. Ce processus est répété jus-
i=m j=n
Où :
Pi est le « poids » attribué au point i
Wj est le « poids » attribué à la caractéristique optique j
Tj est la valeur cible de la caractéristique optique j
Aj est la valeur courante de la caractéristique optique j
13
3 Conception
Fonction
de mérite
Carte isométrique
du verre initial à optimiser
Logiciel
Les verres progressifs
Carte isométrique
du verre optimisé
14
3 Conception
Fig. 15 : Modélisations du système verre+œil.
15
3 Conception
menés en « double insu » (ni le patient ni l’expérimentateur tiquement validée au travers du processus de la « boucle
ne connaissent la nature exacte du verre testé). Le proto- dioptrique » (figure 16). Celle-ci consiste à traduire toute
cole suivi pour ces essais vise à s’assurer qu’aucun biais ne idée physiologique nouvelle en un calcul de design de sur-
puisse être introduit dans l’évaluation clinique des face, à en réaliser une série de verres prototypes, à mesu-
designs. Sont ainsi contrôlés : la représentativité de l’é- rer ces verres pour en vérifier la conformité et à les sou-
chantillon de patients testé, la nature de l’équipement mettre à l’évaluation clinique par les patients. Si l’innova-
porté précédemment, l’ordre de déroulement des essais, tion est confirmée par une meilleure performance visuelle
le temps de port, l’identité des montures, des matériaux et satisfaction des patients, un nouveau verre peut être né.
et traitements et la précision du centrage des verres. Des Si elle ne l’est pas, c’est une information nouvelle qui vient
évaluations comparatives des verres sont effectuées par enrichir la connaissance de l’équipe de conception ; et le
l’analyse approfondie des notations, appréciations et processus itératif de la « boucle dioptrique » se poursuit
remarques formulées par les porteurs. Leur significativité alors sur de nouvelles bases.
statistique est analysée. Ces études conduisent à la sélec-
tion de la meilleure surface progressive.
Retour
d’information
Calcul de la surface
d’un nouveau verre
Etudes cliniques
Fabrication de verres
prototypes.
Mesures des verres
prototypes
Fig. 16 : La « Boucle Dioptrique » : « Il n’est de réelle innovation que celle qui est perçue par les porteurs ».
16
4.Description et Contrôle
4 Description
des verres progressifs
Hauteur
40
30
20
10
Beta en deg.
Puissance a) Puissance.
-1 0 1 2 3 4
Astigmatisme.
-10
-20
-30
Alpha en deg.
-40
Beta en deg.
b) Astigmatisme.
17
4 Description
4) Graphiques tridimensionnels :
Les représentations tridimensionnelles projettent verti-
calement la valeur d’une caractéristique optique donnée
en chaque point du verre par rapport à un plan de réfé-
rence. Elle peut être utilisée pour montrer une distribu-
tion de puissance, d’astigmatisme, d’effets prismatiques
ou de gradients de ces caractéristiques. Ces graphiques
tridimensionnels sont plus démonstratifs des caractéris-
tiques du verre que les courbes isométriques.
18
4 Description
B Mesure et contrôle des surfaces progressives :
Le contrôle de la conformité des surfaces progressives au moyen d’outil de simulation recréant les conditions
est une activité cruciale pour les concepteurs et fabri- d’utilisation du verre par l’oeil afin de fournir une évalua-
cants de verres progressifs. tion « porteur » de la surface.
Il peut être réalisé au moyen de méthodes de mesure Au cours des étapes de la fabrication des verres, des
tridimensionnelles analysant la topographie de la surfa- fronto-focomètres traditionnels peuvent aussi être utili-
ce ou de méthodes déflectométriques analysant la sés pour mesurer les puissance, astigmatisme et prisme
déviation de rayons lumineux produite par la surface. en des points sélectionnés du verre.
19
Complément
Complément
z = rx2 + 2 sxy + ty2 Axe = Arctg (m) où m est la solution de l’équation quadratique :
20
Complément
6
Puissance en dioptries
-2
-4
40
és 30
-6
de 20
-40
en 10
gr
-30
-20
-10
Al 10
-
Xe
a
n m 0 10
0
ph
-2
20
-3
0 30
0
-4
40
8ème polynôme de Zernike
Z
Y X
Xi
Yj
Maille
21
5.Fabrication
5 Fabrication
22
5 Fabrication
B Optimisation de la géométrie des verres
progressifs finis
1) Prisme d’équilibrage des verres progressifs 2) Pré-décentrement et pré-détourage
des verres progressifs « non taillés »
En raison de l’augmentation de la courbure de la surfa-
ce progressive dans la zone de vision de près, un verre Pour les marchés dans lesquels les verres sont distribués
progressif est naturellement plus mince dans sa partie « non taillés », le pré-décentrement et pré-détourage des
inférieure que dans sa partie supérieure (voir figure 23). verres progressifs sont des techniques utilisées pour
23
5 Description
3) Précalibrage
La manière la plus efficace de réduire l’épaisseur des Celui-ci calcule l’épaisseur au centre minimale à réaliser
verres convexes est de les fabriquer sous forme « préca- en fonction de l’épaisseur minimale voulue au point le
libré ». Cette technique consiste à surfacer le verre aussi plus mince du bord du verre; cette épaisseur est fonction
mince que possible en fonction de la monture choisie, du du type de montage à réaliser. Bien que non spécifique
centrage des verres et de la prescription du porteur. Les aux verres progressifs, les résultats obtenus par le pré-
écarts pupillaires du porteur, les hauteurs de montage, la calibrage sont les plus spectaculaires avec ce type de
forme approchée ou exacte de la monture et ses dimen- verres. Cette technique est systématiquement utilisée
sions sont transmis au surfaçeur (figure 25). par les laboratoires qui réalisent à la fois le surfaçage et
le montage des verres.
Les verres progressifs
A D
HD HG
PD PG
24
6.Evolution
des verres progressifs
6 Evolution
1ère génération :
le “premier” verre progressif
Après plusieurs tentatives infructueuses menées depuis Concernant la vision binoculaire, c’est dès 1964 qu’ont
le début du XXème siècle, les premiers verres progressifs été introduits les premiers verres progressifs asymé-
ont vu le jour en France en 1959. A la suite d’un travail triques (œil droit différent de l’œil gauche) permettant
personnel de plusieurs années, Mr Bernard Maitenaz en une qualité de vision latérale améliorée, grâce aux zones
concrétisa l’idée et la première réalisation au sein de la homologues calculées à cet effet. Les progressifs étaient
Société des Lunetiers (ou S.L. qui, plus tard devenue avant cette date, conçus et fabriqués symétriquement
CERCLES
OMBILIC
CERCLES
25
6 Evolution
verre progressif, sous le nom de Varilux 2. Varilux 2 ont été proposées par d’autres fabricants, se
L’objectif poursuivi dans la conception de ce verre était concentrant sur des caractéristiques optiques spéci-
non seulement de réduire le niveau des aberrations laté- fiques. Certaines se sont focalisées sur la largeur des
rales mais aussi de contrôler les effets de déformations zones de vision de près et de vision de loin concentrant,
qu’elles produisaient : en conséquence, les aberrations sur la périphérie du
- La réduction des aberrations a été obtenue par l’intro- verre (Ultravue d’American Optical, Progressiv R de
duction d’une « modulation optique » horizontale qui Rodenstock, Visa de BBGR, VIP/Graduate de Sola).
consiste en une légère augmentation de la puissance D’autres ont pris l’option opposée en cherchant à rédui-
dans les parties latérales supérieures du verre et une re le montant des aberrations latérales périphériques en
légère diminution de la puissance dans ses parties laté- les distribuant plus largement sur le verre (Omni
rales inférieures. La réduction de la différence de rayon d’American Optical). Enfin, d’autres encore se sont
de courbure existant ainsi entre les zones supérieure et concentrées sur la symétrie optique du verre et le
inférieure latérales a permis de réduire considérable- confort de la vision binoculaire (Gradal HS de Zeiss).
ment l’importance des aberrations. La surface progressi- C’est ainsi que, par l’action conjuguée des professionnels
ve retenue peut être modélisée par une succession de qui avaient adopté ce nouveau moyen de correction, et
coniques telle que celle présentée figure 27. des fabricants qui finalement s’y étaient intéressés, les
- Par ailleurs, pour réduire considérablement l’effet de verres progressifs ont commencé à connaître un réel
tangage reproché au Varilux 1, le concept d’ « orthosco- essor auprès des presbytes.
pie » a été introduit : l’idée était de s’assurer que la per-
ception des droites de l’espace observé, et plus particu-
lièrement les verticales et horizontales, soit préservée à
travers la périphérie du verre. Pour satisfaire à cette
condition, il fallait calculer une surface progressive dont
la particularité était d’avoir d’une part, un effet prisma-
tique horizontal variant peu le long de deux lignes verti-
cales (l’une nasale, l’autre temporale), et d’autre part, un
effet prismatique vertical variant peu le long de deux
lignes horizontales (l’une supérieure, l’autre inférieure). ELLIPSES
Les brevets du Varilux 2 qui l’ont protégé pendant de
nombreuses années, incluaient cette caractéristique.
Bien qu’aménagé dans sa forme, le principe de l’orthos- CERCLES
copie a été conservé dans les générations de Varilux qui
ont suivi.
- Bien entendu, du point de vue de la vision binoculaire, PARABOLES
le Varilux 2 a été réalisé dès le départ en version asy-
métrique, c'est-à-dire conçu et fabriqué spécifiquement
pour l’œil droit et l’œil gauche, la correspondance des
zones utilisées simultanément par les deux yeux étant HYPERBOLES
particulièrement soignée.
26
6 Evolution
3ème génération :
le verre progressif “multi-design”
Une étape nouvelle de l’amélioration des verres progres- C’est ainsi qu’a été introduit en 1988, le Varilux Multi-
sifs a été franchie peu avant les années 1990 avec l’in- Design d’Essilor dont chacune des 12 additions (de 0.75
troduction du concept de « multi-design ». L’idée était à 3.50 D par 0.25) possédait une conception spécifique
qu’utiliser une surface progressive unique et de la décli- et dont les surfaces progressives évoluaient en cohéren-
ner homothétiquement pour toutes les additions ne per- ce avec l’addition. Il a été suivi d’autres verres de philo-
mettait pas de concevoir la surface progressive optimale sophie similaire et de réalisation approchante qui ont
Add 3.00
27
6 Evolution
était de raccourcir la longueur de progression du verre générations précédentes de verres progressifs. En consé-
25°
afin d’offrir aux porteurs une posture plus confortable en quence, le porteur peut conserver la tête abaissée d’un
vision de près et de réussir, dans le même temps, à maî- angle d’environ 35° (au lieu de 30°), position plus pro-
triser la périphérie du verre afin d’éviter l’apparition de che de la posture naturelle qu’il connaissait avant d’être
déformations inconfortables. Schématiquement, on peut presbyte (figure 30). Par ailleurs, il peut explorer son
dire qu’avant l’avènement de cette 4ème génération, les champ de vision de près plus facilement car les mouve-
concepteurs de progressifs faisaient face à une alternati- ments de la tête et des yeux nécessaires sont moindres
ve : soit concevoir un verre à progression « courte » mais (figure 31).
de périphérie « dure », soit un verre à périphérie Varilux Comfort®
« douce » mais de progression « longue ». Le premier
offrait aux porteurs une posture de lecture plus confor-
table mais un moindre confort en vision périphérique ; le 5°
second apportait un réel confort en vision dynamique 35° 30°
35°
mais une posture de lecture moins confortable. L’idée a
été d’essayer de réunir en un même verre les deux
caractéristiques de « progression courte » et « périphérie
douce » afin d’offrir aux porteurs les deux bénéfices
25° 30°
15°
d’une posture confortable en vision de près et d’un vrai 5°
confort en vision périphérique et dynamique (figure 29).
Ce qui fut fait dans la conception du Varilux Comfort.
Progressif classique
Court et Doux
Varilux Comfort®.
Varilux Comfort® Progressif classique.
Progressif Classique
Fig. 29 : Principe de base de la conception Fig. 31 : Mouvements de tête avec Varilux Comfort®
du Varilux Comfort®. comparés à progressif classique.
10°
30°
28
6 Evolution
Ces avantages résultent du profil de progression spéci-
fique du Varilux Comfort : pour une addition de 2.00 D,
85 % de l’addition – considéré comme le début de la
zone de vision de près – sont atteints à 12 mm en des-
sous de la croix de montage, comparé à un minimum de
14 à 15 mm pour un progressif de génération précé-
VISION DE LOIN +4
0 85% 100% add
VISION INTERMÉDIAIRE
VISION DE PRÈS -8
- 14
- 20
(add 2.00 )
29
6 Evolution
En vision binoculaire, l’asymétrie des verres a été renfor- Le Varilux Comfort a rencontré un succès retentissant et
cée afin d’équilibrer parfaitement les perceptions des contribué à assurer la percée définitive des verres pro-
deux yeux. Le profil géométrique de la progression - ou gressifs comme moyen de correction de la presbytie. Il a
parcours de la progression sur le verre - a été étudié de été suivi de l’introduction de nombreux autres verres
manière à mieux correspondre au comportement du progressifs ; on en a dénombré dans le monde jusqu’à
porteur : la progression de puissance ne suit plus une cinquante types différents.
ligne droite sur le verre mais une ligne brisée et ce, de
manière à suivre très exactement le parcours des yeux
lors de l’abaissement du regard. En effet, celui-ci s’opè-
re en coordination avec les mouvements verticaux de la
tête et le plus souvent sous deux modes : passage vision
de loin à vision intermédiaire et vision de près dans un
Les verres progressifs
30
6 Evolution
5ème génération : le verre progressif
“à champ de vision élargi”
Pour améliorer encore la performance des verres pro- Fig. 35 : Améliorations apportées par le Varilux
gressifs, les concepteurs se sont intéressés aux attentes Panamic® pour les jeunes presbytes.
exprimées par les presbytes porteurs de verres progres-
sifs. Elles sont de deux ordres : les jeunes presbytes
recherchent avant tout « une adaptation facile et rapide »
à leurs premiers verres progressifs et les presbytes
31
6 Evolution
Afin d’apporter aux presbytes confirmés un « champ de Globalement, le Varilux Panamic est un progressif plus
vision élargi », les améliorations suivantes ont été appor- doux que ceux des générations précédentes et la
tées (figure 36) concrétisation de la plus grande importance qu’accor-
— en vision périphérique, réduction du temps nécessai- dent les porteurs à la variation des caractéristiques
re à l’identification d’une cible en périphérie par adou- optiques du verre par rapport à leurs valeurs absolues.
cissement de la surface
— en vision binoculaire, élargissement des horoptères -lieu Par ailleurs, le concept du multi-design a pris avec le
des points vus binoculairement simples- pour toutes les Varilux Panamic une nouvelle dimension, celle d’une
positions des yeux et obtenu grâce à la douceur de variation du décentrement de la vision de près en fonc-
variation des effets prismatiques du verre. tion de la correction de la vision de loin et plus seule-
— en vision fovéale, élargissement significatif des zones ment en fonction de l’addition. En effet, toute correction
de pleine acuité du verre en vision intermédiaire et vision vision de loin significative induit la présence d’effets pris-
Les verres progressifs
XX
PANAMIC
myope
32
6 Evolution
Le verre progressif “pour petite monture”
Avec l’évolution de la mode, le choix des porteurs de C’est, par exemple, le cas du verre Varilux Ellipse
lunettes se porte souvent sur des montures de petites d’Essilor qui possède une progression très courte, telle
dimensions, ce qui pose un problème particulier pour que le début de la zone de vision de près -point où
leur équipement en verres progressifs. En effet, pour 85 % de l’addition sont atteints- se trouve à 9.5 mm de
assurer une vision confortable il est nécessaire de dispo- la croix de montage (comparé à 12 mm pour les autres
ser d’une hauteur de monture suffisante pour loger la Varilux) et qui nécessite un abaissement des yeux d’à
progression du verre dans la monture et offrir des zones peine 18° pour la vision de près. Il autorise des hauteurs
de vision de près et de loin confortablement exploita- de montage jusqu’à 14 mm.
Varilux Ellipse
pour petite monture (Varilux®Ellipse).
140°
33
6 Evolution
s’intéressent, en plus, à la forme des faisceaux lumineux traduit par une image de meilleure précision donc par
qui pénètrent dans la pupille. Le principe est d’optimiser une meilleure acuité visuelle et un meilleur contraste.
la performance visuelle pour chaque direction du regard
en maîtrisant les caractéristiques du faisceau lumineux
qui entre dans la pupille.
34
6 Evolution
Les verres progressifs
Fig. 39 : Contrôle de la coma en vision de loin (Varilux Physio®)
Fig. 40 : Contrôle des axes des cylindres résiduels en vision intermédiaire (Varilux Physio®)
35
6 Evolution
Le développement de Varilux Physio a été rendu possible grâce à deux innovations technologiques : le calcul par la « Maîtrise
du Front d’Onde » et le procédé de « Jumelage point par point ». La composition de ces deux innovations constituent
la « Twin Rx Technology ».
Tous les verres progressifs, de part leurs variations de puis- Le design de la surface progressive résulte d’un calcul
sance, déforment les faisceaux lumineux et donc les fronts complexe intégrant toutes les fonctions optiques détermi-
d’ondes lumineuses qui les traversent. Il en découle des nées par la technique de maîtrise du front d’onde en
aberrations optiques qui affectent l’acuité visuelle du por- chaque point du verre et pour toutes les directions de
teur. Pour obtenir une image rétinienne de haute résolu- regard. Ce design optique complexe intègre un calcul de
tion, il est nécessaire, pour chaque direction du regard, de haute précision de la surface arrière du verre s’ajustant à
pouvoir analyser l’ensemble du faisceau lumineux qui tra- la surface avant progressive dans chaque direction du
verse le verre et pénètre dans l’œil et de réduire au maxi- regard. Un logiciel de calcul réalise un Jumelage Point à
mum les déformations du front d’onde entrant dans la Point des surfaces avant et arrière du verre et détermine
pupille. Gérer un tel faisceau ne peut être réalisé par les la surface arrière complémentaire à réaliser pour obtenir
méthodes classiques de calcul qui ne considèrent qu’un la fonction optique recherchée. Une technologie de surfa-
rayon lumineux unique passant par le centre de la pupille. çage direct point par point dite « Surfaçage Numérique
Seule la technique de maîtrise du front d’onde permet Avancé» permet de réaliser la fabrication de la surface
d’optimiser la qualité du faisceau dans son ensemble. Elle arrière complexe.
consiste à réaliser un calcul local de la surface qui permet L’innovation réside dans le fait que le verre est optimisé
d’obtenir un front d’onde émergeant du verre qui soit le pour chaque correction. Par les méthodes classiques, seu-
plus régulier et sphérique possible. lement une puissance par base était exactement optimi-
C’est la première fois, avec Varilux Physio, qu’est utilisée sée. Aujourd’hui le surfaçage numérique permet de fabri-
une telle technique de calcul d’un verre progressif. quer point à point la surface arrière permettant d’obtenir
très exactement la fonction optique recherchée et donc
d’optimiser parfaitement le verre quelle que soit la pres-
cription.
36
Evolution
des verres progressifs
6 Evolution
Une nouvelle dimension :
le verre progressif “personnalisé”
Avec l’évolution de la technologie, tant de calcul que de - un « céphalonaute » fait de son verre une utilisation plu-
fabrication, il est devenu possible de réaliser des surfa- tôt dynamique : la tête fait l’essentiel du mouvement, la
ces progressives à la pièce et de les concevoir sur-mesu- vision est plutôt périphérique, le sujet est plus sensible
re pour chaque porteur. Une ère nouvelle s’ouvre donc, aux effets de tangage, il faudra donc privilégier sur le
celles des verres progressifs « personnalisés » aux verre la douceur des zones périphériques.
besoins de chaque porteur. Ainsi, en fonction du comportement du porteur, on peut
37
6 Evolution
Ces deux informations servent ensuite à calculer la sur- Le critère de coordination tête-oeil retenu pour le Varilux
face progressive selon les deux principes suivants : Ipseo est un premier critère de personnalisation. Il sera
- le coefficient tête/œil qui mesure la zone du verre utili- suivi d’autres approches. Nous ne sommes donc aujour-
sée pour l’acuité maximale et indique donc quelle répar- d’hui qu’à l’aube de l’ère des verres progressifs person-
tition sera à réaliser dans la conception du verre entre la nalisés.
zone centrale de vision fovéale et la zone latérale de
vision périphérique : la zone centrale d’acuité sera élar-
gie pour un « visionaute » et la zone périphérique adou-
cie pour un « céphalonaute ».
- le coefficient de stabilité qui mesure la reproductibilité
du comportement tête/œil et indique comment la limite
entre la zone centrale de vision fovéale et la zone latéra-
Les verres progressifs
“Céphalonaute” “Visionaute”
38
Conclusion
conclusion
Depuis l’apparition des verres progressifs il y a près de Aujourd’hui, la performance des verres progressifs et
cinquante ans, la technologie de leur conception et fabri- leur supériorité sur les verres bifocaux et unifocaux ne
cation a connu une incessante évolution : de surfaces sont plus à démontrer. Leur développement va se pour-
progressives réalisées à l’origine de manière quasi arti- suivre et s’accélérer : si plus de cinq cent millions de
sanale jusqu’aux plus récentes technologies de surfaça- presbytes ont déjà bénéficié du confort de ces verres, le
ge direct par machines à commande numérique, des cap du milliard sera largement franchi dans la décennie
progrès considérables ont été réalisés. à venir.
39
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