ACTION OU REACTION ?
Gérer les comportements d’un enfant TDAH à la maison :
passer d’une approche réactive à une approche proactive.
Par Sébastien Henrard, psychologue spécialisé en neuropsychologie
L
es comportements négatifs de votre enfant ne cessent
de vous étonner. L’épuisement est réel et continuer sur
ce chemin de crise, de remontrance et de punition ne
fait qu’accentuer les problèmes du quotidien. Pour changer
cela, vous devez remplacer votre attitude réactive par des
stratégies proactives.
Vous êtes face à une réalité : être parent d’un enfant atteint d’un
Trouble Déficit de l’Attention avec ou sans Hyperactivité (TDAH)
est un test quotidien de votre patience !
Rares sont ceux qui vous blâmeraient d’avoir crié en vivant la
même situation. Votre frustration, votre colère et votre épuise-
ment sont compréhensibles. Mais cela ne veut pas dire que c’est
bon pour votre santé, ni pour celle de votre enfant.
Pour changer les comportements de votre enfant, vous devez
passer de la parentalité réactive à la parentalité proactive.
Mais concrètement c’est quoi la parentalité proactive ? Voici
quatre exemples :
• Etre sûr de son intention et maintenir de la cohérence dans
les règles
• Créer des plans et suivre des routines
• Récompenser les efforts fournis plutôt que les résultats
• Accepter et apprendre de ses erreurs (aussi bien les siennes
que celles de son enfant)
Mais pour en arriver là, il faut avant tout comprendre le fonc-
tionnement des enfants présentant un TDAH :
« Elle va me rendre fou. » ; « Pourquoi dois-je lui dire 10 fois
la même chose ? » ; « Pourquoi me fait-il ça ? il ne se rend pas
compte que je le punis constamment ? »
Toutes ces pensées sèment les graines de la parentalité réactive.
Elles entraînent des sentiments de frustration, la perte de sen-
timent de compétence parentale, une augmentation du stress
parental et en conséquence produisent cris, punitions et mise à
distance de l’enfant.
Lorsque les émotions sont vives, que l’on est fatigué et à bout,
il est difficile de se rappeler que les enfants atteints de TDAH
font face à un trouble entrainant d’importantes difficultés et
notamment :
• Difficultés à réguler les émotions : la dysrégulation émo-
tionnelle est fréquente chez les enfants atteints de TDAH.
Elle peut déclencher ce qui semble être un comportement
délibérément inapproprié ou irrespectueux, comme crier à
pleins poumons ou claquer des portes mais c’est le résultat
d’une incapacité à gérer l’intensité de ses émotions (aussi
bien positives que négatives).
• Difficultés à repérer certains signes de fatigue et d’épuise-
ment : la plupart des enfants remarque quand un des parents
rentre à la maison fatigué et épuisé par sa journée de tra-
vail et il lui donne alors consciemment un espace de repos.
Un enfant atteint de TDAH semble avoir plus de difficultés à
repérer ces indices du fait de son inattention. Il peut alors
exiger le même niveau d’attention auquel il s’attend norma-
lement, malgré l’état émotionnel de ses parents.
• Difficulté à tirer des leçons de l’expérience : il est nor-
mal de remarquer qu’un enfant TDAH « n’apprend » pas
de ses erreurs car les signaux (récompense/punition)
reçus impactent moins son système d’apprentissage.
En effet, différentes études mettent en avant des hypoac-
tivations du système de la récompense chez les enfants
TDAH.
L’ensemble de ces comportements et le manque de compré-
hension du fonctionnement de l’enfant de la part des parents
peuvent alors entrainer des difficultés à communiquer avec lui.
Voici quelques pièges courants dans lesquels les parents
tombent alors :
• Demandes inefficaces et frustrations répétées : vous vous
mettez en colère car votre enfant n’a pas fait ce que vous lui
avez demandé. Vous répétez encore et encore …
• Demandes trop nombreuses : vous demandez à votre enfant
de sortir la poubelle, de nourrir le chien, de plier son linge
et de mettre la table.
• Demandes interrompues : vous interrompez vos demandes
car votre enfant vous coupe la parole ou vous pose une
question qui n’a rien à voir avec ce que vous souhaitez lui
faire faire.
• Demandes vagues : vos demandes sont parfois trop peu
précises, par exemple : « J’aimerais vraiment que vous
soyez plus gentils ». Qu’est-ce que cela signifie plus gen-
til ? Qu’est-ce que la gentillesse ? Comment peut-on deve-
nir plus gentil ?
• Les questions « peux-tu … ? » : vous commencez vos de-
mandes par « peux-tu … ? » et vous insistez si l’enfant
répond « non », cela peut entrainer opposition et crise de
colère.
Mais alors comment adopter une approche parentale proactive ?
On part de la compréhension des erreurs et du fonctionnement
de son enfant pour aboutir à une solution adaptée.
• Réaliser une demande efficace : en présence d’un TDAH,
il est fort possible qu’il n’ait pas entendu ou traité la de-
mande. Assurez-vous que vous avez son attention, dépla-
cez-vous et mettez-vous à sa hauteur pour lui demander
les choses, le contact visuel est la meilleure option.
• Demande simple et courte : du fait d’une mémoire de tra-
vail réduite ou dysfonctionnelle chez les enfants atteints de
TDAH, il est peu probable que votre enfant se souvienne
de quoi que ce soit au-delà de votre première demande (si
vous avez de la chance !). Evitez les demandes multiples. Il
est préférable de faire les demandes une à une. Oui, cela
peut prendre plus de temps mais au moins, les demandes
sont exécutées et il n’y a pas d’énèrvement de la part du
parent.
• Demande continue : chez un enfant présentant un TDAH,
l’impulsivité peut prendre le pas et il peut couper votre de-
mande. Si vous n’allez pas jusqu’au bout de votre demande,
il n’enregistre pas le comportement qu’on attend de lui.
Alors restez concentrés et faites votre demande jusqu’au
bout.
• Demande précise et s’assurer de la compréhension : soyez
clair et précis quand vous demandez quelque chose. De-
mandez à votre enfant de répéter la demande pour vous
assurer qu’il l’a bien comprise également. Nous avons par-
fois tendance à penser que l’enfant « sait » ce qu’on veut …
autant s’en assurer pour éviter les incompréhensions de
part et d’autre.
• Une demande adaptée : si vous posez une question, vous
devez accepter que votre enfant dise « non » étant donné
que vous lui laissez cette possibilité. Si vous ne souhaitez
pas ce type de refus, formulez une demande directe, simple
et précise sur un ton adapté.
En conclusion, les comportements des enfants présentant un
TDAH peuvent être épuisants. Cet épuisement entraine alors
une baisse du niveau de tolérance qui lui-même entraine cris,
explosions, fatigue … L’ensemble de ces comportements risque
à terme d’impacter de manière négative les relations parents
– enfants.
Ce stade est atteint lorsque l’on est face à l’incompréhension des
parents sur le fonctionnement de leur enfant. Une fois les clés
données, les parents peuvent alors mettre en place de nouvelles
stratégies plus proactives pour améliorer le climat familial.
Alors faites vous confiance en tant que parents, comprenez
votre enfant et accompagnez le de la meilleure des façons.
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