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Prendre en charge un enfant TDAH –

METHODE BARKLEY
14 objectifs pratiques pour les parents
Ces conseils pratiques sont proposés aux parents afin de permettre à l’enfant de montrer ce dont il est
capable malgré les difficultés liées au TDAH.

Le comportement des parents doit lui aussi changer et être basé sur 3 principes que sont :

- 1) S’arrêter avant de réagir au comportement inadapté de leur enfant

- 2) Utiliser un délai de réflexion pour avoir un comportement clair vis-à-vis de leur enfant

- 3) Avoir une réponse adaptée

Barckley propose que les parents fassent une liste de ces 14 conseils et qu’ils l’affichent dans les
différents endroits qu’ils fréquentent (chambre à coucher, bureau, etc.).

Ces conseils sont les suivants :

1. Donner à l’enfant un retour immédiat et des conséquences à son


comportement
L’enfant présentant un TDAH fonctionne essentiellement dans le présent. Pour l’aider à rester sur une
tache ennuyeuse (pour lui), il est conseillé, pour rendre la tache plus attrayante, de lui donner un retour
immédiat ainsi que des conséquences positives.

Ce retour et ces conséquences sont une valorisation, souligner qu’il fait bien les choses. Ce n’est pas
forcement suffisant et il est possible de proposer à l’enfant certains privilèges ou utiliser un système de
jetons ou de points.

Il est aussi envisageable de proposer une conséquence négative si l’enfant quitte la tâche.

Quelque soit le mode utilisé pour récompenser l’enfant, celui-ci doit être donné le plus rapidement
possible.

2. Faire un retour plus fréquent sur le comportement de l’enfant


Les retours positifs ou négatifs sur un comportement doivent être rapides, presque immédiats mais
surtout ils doivent être fréquents et réguliers.

EX : plutôt que d’attendre qu’il ait entièrement fini ses devoirs pour le féliciter, les parents peuvent
encourager leurs enfants pour chaque exercice fait ou terminé.

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Pour les parents très occupés par leurs activités dans la maison, Barkley propose de se faire des mémos
(post-it, rappels) dans les différentes pièces afin de penser à faire régulièrement attention à leurs
enfants qui ont eux-mêmes une tâche à faire.

3. Utiliser davantage de conséquences aux comportements de l’enfant et des


conséquences plus efficaces
Les bénéfices et les conséquences d’un comportement doivent être plus marqués chez les enfants
présentant un TDAH pour leur permettre de mieux travailler, de mieux respecter les règles et d’avoir
un comportement plus adapté.

Ces conséquences peuvent être des marques d’affections, des privilèges, des points ou jetons, des jeux,
des cartes à collectionner, de l’argent, etc.

Les récompenses matérielles ou en tout cas « palpables » remplacent le système interne de récompense
actif lorsqu’on fait une activité.

Ce type de motivation permet de palier au système d’auto-motivation souvent défaillant ou moins


efficace chez les enfants TDAH.

4. Utiliser la récompense avant la punition


Les enfants présentant un TDAH sont souvent plus punis que les autres. Il a également été démontrer
que les punitions sont moins efficientes chez eux.

Sans gratifications ou retours positifs, les punitions ne servent pas à améliorer le comportement des
enfants. En effet, le punition entraine souvent chez le parent et chez l’enfant un sentiment d’hostilité
qui ne permet pas de collaboration parents-enfant ou d’apaisement de certains comportements.

« Etre positif avant d’être négatif » !!!

L’enfant hyperactif reçoit souvent beaucoup de réprimandes, punitions, réflexions négatives tout au
long de ses journées. Il attend donc autre chose de ses parents.

Pour changer un comportement négatif, il faut tout d’abord savoir ce que l’on attend à la place. Quand
il a le « bon » comportement, celui attendu, il faut le valoriser. En résumé : on informe l’enfant du
comportement attendu et non de celui qui n’est pas souhaité.

Lorsque le comportement attendu devient régulier sur plusieurs semaines, alors on peut commencer à
punir le mauvais comportement. Les punitions seront peu sévères (perte de points ou de privilèges
comme 10 minutes en moins de jeux ou de TV).

Il faut toujours garder un ratio 1 punition pour 2 privilèges.

Il faut choisir un comportement à punir et non punir l’enfant pour tout ce qu’il fait mal.

5. Donner des repères temporels


Les notions de temps qui passe et de futur ne sont généralement pas bien assimilées chez les enfants
présentant un TDAH. Cette difficulté avec la gestion du temps a un impact sur leur comportement. Ils

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ont donc besoin de repères temporels extérieurs pour accomplir les tâches du quotidien dans leur
temps normalement imparti.

En vivant dans le « ici et maintenant », ces enfants sont moins sensibles aux informations données par
oral sur le temps. Lui donner 20 minutes pour faire une tâche ne représente pas grand chose et ce
temps doit être matérialisé (minuteur, time-timer, etc.). Il existe certaines applications sur internet
permettant de visualiser le temps.

Pour les taches qui prennent davantage de temps, comme des exposés à faire pour l’école, un résumé
de livre, il faut pouvoir proposer à l’enfant de « segmenter » le temps, les différentes étapes
nécessaires et de faire cette démarche avec lui. Sans anticipation et préparation, le travaille est souvent
fait à la dernière minute.

6. Faire ressortir l’information importante à l’endroit où elle doit être utilisée


Les enfants présentant un TDAH ont des difficultés à travailler leur mémoire et à garder à l’esprit les
informations qui leur seront utiles pour accomplir une tâche. Il est donc conseillé de matérialiser les
informations là où elles seront utiles.

Par exemple à l’endroit où l’enfant fait ses devoirs, il est possible de disposer une liste où figure le
comportement attendu et l’ordre des étapes pour les devoirs (ex : « Faire ses devoirs, ne pas
s’éparpiller, demander de l’aide si besoin » ou « reste attentif en lisant les consignes, fais entièrement
ton travail et lorsqu’il est fini, relis le pour t’assurer que tu l’as fait correctement).

7. Mettre en avant un élément de motivation là où un comportement


spécifique de l’enfant est attendu
La notion de temps, les règles et la motivation sont peu internalisées chez l’enfant TDAH. La
motivation interne permet en général de rester sur une tâche même si celle-ci est ennuyeuse et
nécessite des efforts.

Une motivation extérieure booste donc les enfants TDAH dans la réalisation de tâche ou aide à
modifier certains comportements. Motiver l’enfant pour une tâche qui correspond à une volonté du
parent, c’est mettre l’enfant et les parents dans une situation Gagnant/Gagnant.

Quel type de motivation ? Par exemple si l’enfant finit ce qu’il avait à faire il peut obtenir une faveur,
avoir des privilèges (10 minutes en plus de TV ou jeux vidéo) ou obtenir des points ou jetons qui
lorsqu’ils seront accumulés lui permettront d’accéder à un privilège plus conséquent.

8. Aider l’enfant à penser et à résoudre des problèmes


Les enfants présentant un TDAH sont souvent dans l’incapacité à manipuler les informations mentales
correctement. Leurs réponses sont impulsives et ne correspondent pas toujours à leurs intentions.

Dans la gestion des problèmes, il faut pouvoir les aider à en avoir une représentation mentale ainsi que
les différentes solutions alternatives qui lui sont associés. Il s’agit en effet des informations les plus
difficiles à matérialiser.

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Le problème et ses solutions doivent paraître concrets à l’enfant, comme s’ils pouvaient le toucher,
manipuler les différentes pièces le constituant. Cette manipulation mentale lorsqu’elle est étayée par
l’entourage permet à l’enfant de trouver lui même de nouvelles solutions au problème.

9. Etre constant
Vous devez toujours utiliser les mêmes stratégies pour agir sur le comportement des enfants présentant
un TDAH.

Cela signifie :

- Etre constant tout le temps,

- Persister et ne pas abandonner lorsque vous mettez en place des stratégies pour modifier le
comportement de l’enfant,

- Répondre de la même façon (en paroles ou en comportement) quelques soient les


circonstances,

- Être sûr que les deux parents agissent de la même manière.

Si votre façon d’appliquer des règles ou des stratégies n’est pas prévisible par l’enfant, alors il y a
toutes les chances pour qu’il n’y ait pas d’amélioration de la situation.

Il faut que les parents mettent en application de façon correcte, au minimum 15 jours, les
recommandations des programmes parentaux proposés pour affirmer qu’ils ne sont pas efficaces.

10.Arrêtez de parler, agissez !


Les enfants TDAH sont plus sensibles à la valorisation, au retour immédiat sur leur comportement
(qu’il soit positif ou négatif) qu’au discours et ses raisonnements. Agissez rapidement et régulièrement
si vous voulez observer une modification de comportement. Dans les moments délicats, continuer à
argumenter aggrave la situation.

11.Anticiper les situations à problèmes


Tous les parents connaissent des situations « à risque » comme des colères dans les magasins. Les
parents sont capables de prédire dans quelles situations l’enfant sera ingérable.

Ces situations sont donc à anticiper et on doit pouvoir imaginer comment faire dans ces moments-là.
Les parents doivent donc imaginer un plan d’action avant de se confronter à ces situations à problème,
le partager avec leurs enfants et le mettre en application lorsque le moment se présente.

Exemple de marche à suivre devant une situation à problèmes (au supermarché, au restaurant, chez des
amis) :

1. S’arrêter avant d’entrée dans le lieu potentiellement problématique

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2. Revoir avec l’enfant les 2 ou 3 règles fixées au préalable. Pour un magasin cela peut être :
« reste à coté de moi, ne demande rien à acheter et fais ce que je te dis ». Il n’y a pas
d’explications, pas d’argumentation, il ne s’agit que d’un bref rappel.

3. Prévoir avant la sortie quelle sera la récompense de l’enfant s’il s’est comporté comme prévu
et l’en avertir.

4. Expliquer la punition ou la perte de privilège qu’aura l’enfant s’il ne se comporte pas


correctement.

5. Suivre le plan d’action mis en place et faire régulièrement des retours (commentaires,
valorisations) à l’enfant lorsque vous êtes sur place.

12.Prendre du recul sur la situation


Certains parents sont excédés, en colère, fatigués d’être constamment avec leur enfant à voir tout ce
qui ne fonctionne pas correctement. Ils ne vivent plus que dans un problème permanent et ne peuvent
pas prendre de recul.

Ce n’est pas tâche facile que de garder de la distance. Pourtant, apprendre à le faire permet au parent
de réagir de façon plus égale, réfléchie, plus juste et de ne pas être dans le même type de réaction
impulsive que leur enfant.

13.Ce n’est pas une guerre


Il faut se rappeler que lorsqu’on cherche à améliorer le quotidien en modifiant le comportement de son
enfant, il ne s’agit pas d’une bataille. On ne compte pas les points. Vous avez le droit d’avoir besoin
de changer de pièce pour reprendre le contrôle de vos émotions. Ce que vous allez mettre en place ne
fonctionnera pas forcement et ne fera pas de vous un mauvais parent. Tous les parents rencontrent des
difficultés, c’est normal.

Le plus important c’est votre volonté de changer les choses, de faire mieux la prochaine fois.

14.Pardonner
Pardonner est essentiel mais il s’agit souvent du principe le plus difficile à appliquer de façon
constante.

Chaque jour après qu’un incident soit survenu et qu’il soit résolu, laissez vous aller à la colère, à la
frustration et à la perplexité. Prenez trois minutes pour vous asseoir, souffler, fermer les yeux et ainsi
prendre de la distance avec vos idées négatives. Penser alors à cette phrase concernant votre enfant
« je t’aime et je te pardonne ».

Vous pouvez le faire après chaque moment délicat ou à la fin de la journée.

Cela ne signifie pas que votre enfant n’est responsable d’aucun de ses méfaits mais qu’en temps que
parent vous n’avez pas d’amertume envers lui.

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Lorsqu’on ne pardonne pas, on réagit de façon systématique sur le mode défensif et cela a donc des
conséquences sur le regard que vous portez à votre enfant.

Apprendre à pardonner, c’est aussi se pardonner en tant que parents sur les erreurs que l’on a pu
commettre avec ses enfants. Les enfants présentant un TDAH sont souvent capables de faire ressortir
le pire chez leurs parents. Ces derniers se sentent souvent coupables.

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