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Cet article montre que les caractéristiques des entreprises familiales leur permettent de
promouvoir simultanément des processus d’exploration et de capitalisation conduisant à une
ambidextrie organisationnelle. Cette recherche, fondée sur 12 cas d’entreprises innovantes et
pérennes, apporte un nouvel éclairage sur cette capacité singulière et ouvre des perspectives de
généralisation à des entreprises aux caractéristiques semblables.
We argue that the characteristics of family businesses allow them to promote simultaneously
exploration and capitalization processes leading to an organizational ambidexterity. This
research, based on 12 cases of innovative and sustainable family business, sheds new light on this
organizational capacity and opens new perspectives for firms having similar characteristics.
Index terms
Codes JEL: D21 - Firm Behavior, L26 - Entrepreneurship, L10 - General, M13 -
Entrepreneurship
Full text
Introduction
1 La littérature académique sur les entreprises familiales (désormais EF) met en
exergue l’impact ambivalent d’une structure de propriété familiale sur le
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développement d’activités entrepreneuriales. La dimension familiale offre, en effet, une
continuité et un horizon de long terme, une moindre dépendance vis-à-vis de
l’environnement, qui serait de nature à encourager le développement de l’innovation.
Mais, il n’en reste pas moins que certaines entreprises familiales peuvent devenir
résistantes au changement en privilégiant les routines ayant conduit aux succès passés
et en réprimant les expressions et points de vues divergents de celui du groupe familial
majoritaire. Ainsi les recherches qui traitent des relations entre les entreprises
familiales et l'innovation ne sont pas concluantes et sont même contradictoires (De
Massis et al., 2013, pour une revue).
2 En résumé, deux courants de recherche s’affrontent. Pour le premier (Donckels et
Frohlich, 1991 ; Schulze et al., 2003 ; Block, 2012 ; Koenig et al., 2013), les EF prennent
significativement moins de risques que les entreprises non familiales, ceci s’expliquant
principalement par la peur de mettre en péril la pérennité de l’entreprise et de porter
atteinte à la richesse des générations futures. Pour le second (Ward, 2004 ;
Gudmundson et al., 2003 ; McCann et al, 2001 ; Miller et Le Breton-Miller, 2005 ;
2006 ; Webb et al., 2010), au contraire, l’implication familiale dans la gestion de
l’entreprise influe positivement sur la prise de risque. Ainsi, l’horizon stratégique de
long terme et la longévité des structures de contrôle / direction des EF les autoriseraient
à dédier les ressources nécessaires à l’innovation et à l’évolution de l’organisation.
3 Certains auteurs, comme Carnes et Ireland (2013) adoptent une voie intermédiaire.
Ils revendiquent que les EF favorisent la stabilisation des stratégies et des ressources
passées, voire leur perfectionnement, notamment par leur recombinaison. En revanche,
elles ne développeraient pas de nouvelles activités en rupture, sauf si elles reconnaissent
la nécessité d’innover. Cependant, ces auteurs ne précisent pas comment se fait cette
prise de conscience. Avant eux, d’autres comme Zahra (2005), Carney (2005) ou
Schuman et al. (2010) avaient déjà proposé des analyses selon lesquelles les EF
adopteraient des voies médianes entre les deux perspectives que sont l’aversion au
risque et la continuité imposées par la poursuite de la pérennité d’une part, et par la
prise de risque et la poursuite du changement nécessaire à cette même pérennité,
d’autre part.
4 Nous adoptons, avec ces auteurs, cette voie médiane et revendiquons le fait que les
EF ont des caractéristiques propres conduisant à des stratégies d’innovation spécifiques
que nous désignons par prudentielles (Chapel, 1998 ; Ben Mahmoud-Jouini et Mignon,
2009). En prolongeant les travaux de ces auteurs, la question que nous traitons est donc
la suivante : comment certaines EF, grâce à leurs caractéristiques distinctives, peuvent
concilier leur orientation entrepreneuriale et leur stratégie de pérennité ? Comment ces
caractéristiques conduisent-elles à une stratégie d’innovation spécifique ?
5 Nous formulons l’hypothèse que cette réconciliation se fait grâce à une capacité,
source d’avantage compétitif, l’ambidextrie organisationnelle. Nous montrons que les
EF se distinguent, en effet, par des caractéristiques (Ben Mahmoud-Jouini et al., 2010)
qui contribuent à installer une ambidextrie organisationnelle (Tushman et O'Reilly,
1996 ; Raisch et al., 2009), entendue comme la capacité à explorer des voies nouvelles
tout en exploitant les connaissances et compétences existantes. Nous montrerons que
certaines caractéristiques familiales sont propices à l’exploration, alors que d’autres
sont propices à l’exploitation. Ces caractéristiques coexistent dans l’entreprise mais ne
se neutralisent pas. Elles fonctionnent en système et se renforcent. Bien plus, certaines
caractéristiques favorisent à la fois l’exploration et l’exploitation. Nous proposons ainsi
une analyse de la manière selon laquelle certaines EF concilient continuité et
renouvellement.
6 L’objet de cet article consiste à expliciter le lien entre les caractéristiques familiales et
l’ambidextrie organisationnelle. Cette recherche peut-être synthétisée par la figure n° 1.
L’objectif est donc d’explorer la flèche de gauche, liant caractéristiques familiales et
ambidextrie organisationnelle (cf. la figure n° 2 pour un bref aperçu des résultats). Les
liens entre l’ambidextrie et la pérennité d’une part, l’orientation entrepreneuriale
d’autre part (flèches de droite), ont déjà été étudiés respectivement par Mignon (2009)
et Tushman et O’Reilly (1996), notamment.
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Figure n° 1- Cadre et question de recherche
1. Revue de la littérature :
caractéristiques familiales et
ambidextrie organisationnelle
11 Comme annoncé ci-dessus, notre objectif étant de lier les caractéristiques familiales
et l’ambidextrie organisationnelle (flèche de gauche dans la figure n° 1), nous
présenterons les deux cadres théoriques que nous retenons pour ces deux notions.
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consiste à différencier des unités organisationnelles dédiées à l’exploration de nouveaux
domaines, de celles dédiées à l’exploitation des marchés courants ; l’intégration entre
ces unités étant alors assurée par la direction générale. L’ambidextrie contextuelle met
en avant l’importance de cette intégration et souligne que l’individu placé dans un
contexte favorable peut agir de manière ambidextre et poursuivre le renouvellement de
l’activité tout en veillant au succès des business courants. Ben Mahmoud-Jouini et al.
(2007) proposent une forme alternative, l’ambidextrie multiplexe dans laquelle
différents mécanismes d’intégration coexistent et traversent les différents niveaux
d’analyse de la firme : la direction générale, la division, l’équipe et l’individu.
17 Cependant, malgré le grand nombre de travaux portant sur l’ambidextrie
organisationnelle (numéros spéciaux des revues Academy of Management
Perspectives, 27(4), ou Organization Science, 20(4), par exemple), peu sont consacrés
aux entreprises familiales (Voss et Voss ‘(2013) par exemple). De plus, O’Reilly et
Tushman, considérés comme les fondateurs de cette notion, soulignent : « Pour réussir
l’ambidextrie, les dirigeants doivent être capables d’orchestrer l’allocation des
ressources entre les anciens et les nouveaux domaines. Comment font-ils
effectivement ? Cette question est rarement traitée dans la recherche sur l’ambidextrie
alors qu’elle se situe au cœur des défis qui se posent aux dirigeants» (O’Reilly et
Tushman, 2013 : p. 332)1. Cette étude vise ainsi à contribuer à mieux cerner
l’ambidextrie dans les entreprises familiales.
https://journals.openedition.org/fcs/1755 5/20
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Transport et logistique,
Président Directeur Général (PDG), Directeur
Bolloré Distribution d’énergie,
des Ressources Humaines (DRH)
Médias …
LCF Edmond
Banque privée Président du Directoire
de Rothschild
Luxe, prêt-à-porter,
Hermès maroquinerie, arts de la DRH
table et parfums
21 Une grille d’entretien a été utilisée : les questions ont porté sur les facteurs de
pérennité et d’orientation entrepreneuriale et leur traduction dans les processus
managériaux.
22 Les entretiens retranscrits ont fait l’objet d’une étude de contenu à partir des
éléments lexicaux des réponses-textes. Cette analyse lexicale consiste à faire fi de la
syntaxe et de la phrase pour donner la priorité aux mots. On peut alors réaliser une
analyse de contenu en approximant chaque thème par l’ensemble des mots les plus
fréquents (relatifs à chaque thème) contenus dans le lexique. Le logiciel utilisé est la
dernière version du Sphinx, spécialement adaptée au traitement lexical des textes
(Sphinx Lexica). Une première partie de ce travail d’analyse lexicale a consisté à créer
des dictionnaires de mots et d’expressions, c’est-à-dire à regrouper, au sein d’un
dictionnaire, les mots du lexique dont la signification était commune. Le choix du
nombre de dictionnaires et de leur appellation a été guidé par notre cadre théorique sur
l’ambidextrie organisationnelle des entreprises pérennes. Une fois les dictionnaires
établis, nous avons, pour chaque question, sélectionné les mots que nous souhaitions
intégrer dans chaque dictionnaire. Ce travail a été effectué par la lecture des mots du
lexique et leur sélection après vérification, pour chaque mot, de son sens dans le
contexte (phrases et réponses en général) dans toutes les observations. Quatre
dictionnaires ont été établis autour des thèmes : « rapport au temps », « valeurs »,
« prudence & capitalisation » et « audace & exploration ». Chaque dictionnaire
comporte entre une vingtaine et une cinquantaine de mots ou expressions. Ȧ titre
d’exemple, le thème « audace et exploration » est représenté par des expressions
comme inventer, renouveler, investir / investissement, créativité, création, esprit
https://journals.openedition.org/fcs/1755 6/20
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entrepreneurial, innovation, prise de risque, croissance, aller à contre-courant, liberté,
autonomie, droit à l’erreur.
23 Dans un second temps, des analyses statistiques montrant l’importance relative des
thèmes répertoriés dans l’ensemble des discours (intensité lexicale, liste des mots les
plus cités par thème, thèmes prégnants par entreprise) ont été menées à partir de
l’analyse de contenu des entretiens. 1332 phrases comportent au moins un mot des 4
dictionnaires (soit 28 % de l’ensemble des phrases).
24 Ces statistiques montrent que les entreprises sont ambidextres : elles sont à la fois
exploratrices tout en veillant à sauvegarder leurs valeurs. En effet, les thèmes « Audace
et exploration » et « Valeurs » obtiennent les intensités lexicales les plus fortes (25 %
pour l’une et 20 % pour l’autre). Le thème « Valeurs » ressort le plus souvent (cité dans
1 phrase sur 2), devant le thème « Audace et Exploration » (1 phrase sur 3).
25 En termes de convergence des observations effectuées entre les diverses entreprises,
si l'on calcule la répartition des thèmes pour chaque entreprise, on observe que les
« valeurs » se retrouvent dans des entreprises comme Bolloré, LCF Edmond de
Rothschild. Des entreprises comme Burelle et Soufflet représentent davantage l’audace.
26 Parallèlement, les données ont fait aussi l’objet d’analyse de verbatims4 relatifs à
notre question de recherche. Cette analyse a consisté à identifier les caractéristiques
familiales et leur inscription organisationnelle ainsi que leurs effets sur l’exploitation,
l’exploration et leur simultanéité.
27 Dans un souci de taille et d’esprit de synthèse, seules trois entreprises sont mobilisées
dans cet article pour illustrer les caractéristiques familiales. Ce choix repose sur les
considérations suivantes (cf. Tableau n° 2). Ces trois entreprises appartiennent à des
secteurs variés. Elles ont développé des innovations de nature différente qui témoignent
d’une capacité de renouvellement et de changement et qui contribuent à leur pérennité :
innovation de modèle économique (nouvel usage / nouveau service), innovation
technique et innovation de produit. Enfin, à la lecture des entretiens, il nous est apparu
que, tout en illustrant l’ensemble des caractéristiques familiales présentes dans le cadre
théorique mobilisé, chacune d’entre elle accentuait davantage une caractéristique
spécifique : l’horizon de long terme (Entreprise A), le poids de la culture et des
traditions (Entreprise B) et le cadre familial (Entreprise C). Ainsi, c’est sur la base de
ces critères (type d’innovation, secteur, prégnance de certaines caractéristiques
familiales) que nous avons sélectionné les trois entreprises qui illustreront les
caractéristiques mises en avant dans le cadre théorique.
https://journals.openedition.org/fcs/1755 7/20
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Entreprise C : « Le temps est un actif que toutes les entreprises n’ont pas ; entrer
dans un pays prend des années, et les marchés financiers n’intègrent pas ce temps.
Nous, on investit à 20 ans et on ne renonce pas. Il ne faut pas demander à un
manager familial de réagir comme un CEO qui est là pour 5-6 ans, il n’aura jamais
la même réaction, le même regard parce que sa durée de vie est limitée ».
Entreprise C : « Les enfants sont nés dans l’entreprise. Ils la connaissent par
cœur ! Ils y ont grandi. Il existe aussi une émulation entre les frères….tous les trois
travaillent comme des fous dans l’entreprise. »
Identité famille-entreprise
Entreprise B : « Le fils du fondateur assure la mise en cohérence. Sur ce plan là,
l’intervention in fine d’un membre de la famille est sans appel. Les décisions
lourdes sont prises en accord avec la famille. Enfin les valeurs sont aussi ancrées
dans l’identité de la famille. »
Entreprise C : « Elle apporte aussi une valeur énorme en temps de crise : la famille
est tellement impliquée que l’on sait qu’en période de crise, elle ne lâchera pas (….)
Tout doit être irréprochable car l’entreprise porte son nom ».
Le type de gouvernance
Entreprise C : « 4 membres du board sont familiaux. En cas de décision difficile, le
brainstorming se fait en huis clos au sein de la famille. Il y a une liberté de ton. Il y
a moins de politique puisque la place du patron n’est pas à prendre. Les sujets sont
discutés avec une certaine transparence ».
Entreprise C : « On ne discute jamais sur des concepts, mais sur des projets et des
actions. On fait concrètement ce que l’on dit ; importance de la forme et du fond
(….). La valeur travail est fondamentale (….) On est très prudent avec les M&A. On
refuse huit deals sur dix. On fait de petites acquisitions. On privilégie la croissance
organique ».
Un faible turnover
Entreprise A : « On prend des gens qui ne sont pas trop intéressés par l’argent
parce qu’il n’y a pas de possibilité de stock-options, et qui ont conscience qu’ils ne
seront jamais président : c’est un filtre de sélection structurant. Donc les profils
que nous recrutons sont à l’opposé de ceux qui vont faire des cabrioles formidables
dans une banque pour essayer de toucher des bonus de 50 millions….les salariés
des entreprises familiales ont cette modestie et cette lucidité. En contrepartie, leur
poste est sécurisé. Puisque le patron ne change pas, le directeur général a peu de
chances de changer….et ainsi de suite par grappes. Il y a donc une fidélité
réciproque plus importante, en même temps qu’une exigence extrêmement forte ».
https://journals.openedition.org/fcs/1755 9/20
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Entreprise C : « Pendant la crise, on n’a pas réalisé de plans sociaux, de
licenciements collectifs. On a juste réduit le nombre de recrutements (….) Le
dirigeant est proche des -1, et -2. Une confiance est accordée aux collaborateurs.
Se séparer d’eux est toujours une chose difficile. Il y a une proximité rare vis-à-vis
du personnel qui génère un supplément d’âme. (…..), un turn-over très bas (moins
de 7 % chez les cadres). L’ancienneté moyenne est de 12 ans, l’âge moyen de 41
ans. Il y a, de la part des membres de l’entreprise, un attachement très fort. On a
confiance dans le capitaine, c’est absolument nécessaire. Dans une entreprise
familiale on se sent protégé mais sous pression »
Entreprise B : « Les relations avec nos clients et nos fournisseurs sont aussi
fondées sur du partenariat à long terme »
3.1.5. Stewardship
34 Les EF se caractérisent par une implication émotionnelle de la famille dans le
management, situation que nous illustrons par le verbatim suivant.
https://journals.openedition.org/fcs/1755 10/20
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https://journals.openedition.org/fcs/1755 11/20
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donnera les moyens financiers et l’autonomie pour mener ses projets à bien… »
(PDG7). Selon un DRH interrogé « les mots clés permettant de comprendre le
fonctionnement sont : délégation, liberté, autonomie ». Un autre responsable souligne
« Ce qui caractérise le management d’une entreprise familiale, c’est une bienveillance
implacable».
46 Un corolaire de cette autonomie et de cette bienveillance est l’octroi d’un « droit à
l’erreur » qui est une source fondamentale d’apprentissage, lorsqu’elle est doublée d’une
stabilité interne et externe.
47 Les EF se caractérisent ainsi par un climat de confiance favorable à l’apprentissage
par essais erreurs. Comme l’illustrent les propos du DG3 « Dans les entreprises
familiales, on n’est pas forcément les meilleurs, mais on compense par le fait que les
gens sont là depuis longtemps. Les employés qui font des erreurs restent au même
endroit. Alors que dans les modèles des grandes entreprises anglo-saxonnes, on tourne
tous les trois ans, on change de pays, de secteur, ce qui fait que certes on accumule les
erreurs, mais on n’est plus là pour en tirer les leçons ». Une autre caractéristique qui
favorise l’exploration est la relative liberté des dirigeants-propriétaires dans leur prise
de décision : « Un manager d’entreprise familiale, issu de la famille, a une autorité -
s’il est compétent - laquelle lui permet de prendre des décisions qui seront peu
challengées. Alors que parfois, dans d’autres modèles économiques, les décisions
peuvent être débattues, discutées, remises en cause…alors que nous, nous sommes
capables d’aller très vite. » (PDG1). Le PDG2 renchérit « Le conseil d’administration ne
met pas d’entrave aux décisions…cette caractéristique permet d’être à la fois
audacieux, à contre-courant mais aussi très rapide ». Propos confirmés par le PDG5
« mon père, mon beau-frère et moi étions capables de nous rencontrer régulièrement
et de prendre des décisions très rapides, de décider d’acquisitions par exemple, sans
passer par le conseil d’administration ». Le Président6 s’enthousiasme même de cette
caractéristique fondamentale « Nous n’avons pas d’actionnaire extérieur, cela donne
une réactivité extraordinaire». Le fait d’engager ses capitaux propres donne au
dirigeant une crédibilité dans ses choix stratégiques - « les gens se disent : c’est son
argent, c’est finalement son entreprise » - et génère une mobilisation autour de ce
dernier. « La clé du succès des entreprises familiales, c’est un capital fermé avec un
tyran à sa tête », résume le PDG2.
48 Cette rapidité n’empêche pas une certaine patience dans le retour attendu des
investissements (capital patient) : « l’indépendance est une autre grande
caractéristique clé de notre société. C’est une contrainte importante ; en même temps,
il y a des choses que je n’aurais jamais faites si la société n’avait pas été à caractère
familial : par exemple, dans le processus d’internationalisation, il m’a fallu dix ans
pour être rentable sur le marché américain, mais nous avons accepté l’apprentissage
nécessaire (nouvelle usine, nouveau pays, nouveau client) et le coût associé. Cette
indépendance est donc une contrainte vertueuse» (PDG5). De la même manière, un
haut responsable précise « je crois qu’en un sens, les familles prennent des risques,
mais ce sont des risques dont la rentabilité peut être gérée dans le temps….je dirais que
paradoxalement nous prenons plus de risques parce qu’une voiture peut aller d’autant
plus vite qu’elle a de bon freins »
49 Ce rapport au temps donne aussi la possibilité d’être atypique, hors norme, anti-
conformiste. L’un des responsables précise “Le fait de savoir d’où l’on vient
(enracinement dans une région par exemple) nous permet d’aller loin et d’aller à
contre-courant ; on fait des choses que les autres ne voulaient pas ou n’osaient pas
faire ». Un des membres du comité de direction s’exprimait de la façon suivante : « On
a cette capacité de dire au marché : on n’y croit pas et on va vous dire pourquoi »,
propos corroborés par le président12 : « Une entreprise familiale joue plutôt sur le long
terme…quand vous avez un produit que vous évaluez sur une ou deux générations, que
représentent six mois dans la vie d’un produit ? ».
50 Enfin, cette projection dans l’avenir est aussi ancrée dans une continuité historique,
les EF ont ainsi typiquement « des racines et des ailes » : « Chaque division de ce
groupe a une date très importante et très lointaine, des racines. Le fait que le président
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parle de 1822 n’est pas anodin. Le fait qu’il parle de 2022, aussi. J’en entends parler
depuis longtemps. Vous connaissez des groupes qui parlent de 20226 ? » (DRH2).
« L’entreprise offre à la fois une autonomie, une capacité à s’épanouir et, en même
temps, une certaine sécurité. On est toujours un peu à la recherche des deux »
« Il y a des gens attirés par des enjeux de transformations et, en même temps, cette
pérennité dans laquelle on s’inscrit »
« Cela nous a amené à travailler notre dispositif d’arbitrage afin de savoir où il fallait
lâcher pour assurer la pérennité. Je pense que nous connaissons maintenant assez bien
https://journals.openedition.org/fcs/1755 13/20
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les leviers qu’il faut maintenir, et les leviers sur lesquels on peut s’adapter. Le président
du groupe parle de performance et il parle de sens et de pérennité, il y a vraiment ces
deux axes là. »
« Nous avons les pieds dans la glaise et la tête dans les étoiles »
4. Discussion
58 Cette recherche a pour objectif de contribuer au courant qui considère que les
entreprises familiales peuvent réconcilier leur orientation entrepreneuriale et leur
stratégie de pérennité en s’appuyant sur leurs caractéristiques spécifiques, qui leur
permettent de mettre en œuvre des stratégies d’innovation singulières fondées sur une
ambidextrie organisationnelle.
59 Le présent article propose un prolongement empirique et théorique du travail de Ben
Mahmoud-Jouini et al. (2010) qui, en s’appuyant sur les travaux fondateurs de Miller et
al. (2005), ont récapitulé ces caractéristiques. En adoptant une méthodologie multi-cas
et en s’appuyant sur des entretiens des fondateurs / dirigeants d’EF, cet article
commence par illustrer ces caractéristiques et les décliner en dimensions et, dans un
second temps, il montre comment elles contribuent à la mise en œuvre d’une
ambidextrie organisationnelle qui permet à ces entreprises d’explorer des voies
nouvelles, tout en exploitant les connaissances et compétences existantes. L’objet
spécifique de cet article consiste à faire le lien entre ces caractéristiques familiales et
l’ambidextrie organisationnelle. Ce lien représenté par une flèche dans la figure n° 1, en
introduction, est ainsi détaillé dans la figure n° 2 qui récapitule les principaux vecteurs
permettant de réaliser l’ambidextrie.
Conclusion
66 Nous avons illustré et analysé de manière systématique les caractéristiques familiales
dans le cas d’EF pérennes et innovantes et avons montré que ces caractéristiques sont à
la fois propices à l’exploitation, à l’exploration et à leur simultanéité grâce à des vecteurs
que nous avons spécifiés. C’est ainsi que nous pouvons expliquer comment certaines
entreprises familiales, innovantes et pérennes, concilient la continuité et le
renouvellement. En apportant cette précision, nous complétons les travaux portant sur
l’innovation dans les EF comme ceux de Zahra (2005), Carney (2005) ou Schuman et
al. (2010). Nous complétons également les travaux portant sur l’ambidextrie
organisationnelle en précisant le cas des EF qui n’avait pas été spécifiquement étudié et,
surtout, en précisant comment l’ambidextrie organisationnelle peut se mettre
concrètement en œuvre, répondant ainsi à l’appel d’ O’Reilly et Tushman (2013).
67 Au-delà du cas particulier des EF, la transposition de ces caractéristiques à d’autres
types d’entreprises mériterait d’être approfondie. C’est en ce sens que la présente
contribution peut intéresser plus généralement les chercheurs travaillant sur le
management de l’innovation et le renouvellement stratégique (Agarwal et Helfat,
2008).
68 Enfin, une des limites de ce travail est que, tout au long de l’article, nous avons
évoqué les EF sans en reconnaître leur variété et leur hétérogénéité. Même si notre
échantillon est diversifié et représente des firmes variées, des travaux récents proposent
de distinguer les EF (Chrishman et Patel, 2012 ; Penney et Combs, 2013) selon les
caractéristiques de la famille, sa cohésion notamment. Un prolongement de ce travail
pourrait être d’étudier les vecteurs proposés et leur différentiation selon les types de
cohésion familiale.
69 Un autre prolongement pourrait être de chercher à valider le lien entre les
caractéristiques et l’ambidextrie via la médiation des vecteurs identifiés sur la base
d’une enquête quantitative portant sur un grand échantillon de firmes familiales.
70 Autant de pistes qui pourraient être explorées dans le cadre de recherches futures.
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Notes
1 Traduction des auteurs
2 Précisons que ces données qualitatives ont été collectées dans le cadre d’un projet de
recherche menée par l’Ecole Polytechnique, HEC et le BCG et dont une première restitution a
donné lieu à un ouvrage (Bloch, Kachaner et Mignon, 2012) et à un article (Mignon, Ben
Mahmoud-Jouini, 2014). L’exploitation de ces données dans le cadre de cette présente recherche
constitue une nouvelle étape dans le processus de restitution des résultats de ce programme.
3 Nous nous limitons aux cas dont les entretiens ont pu faire l’objet d’un enregistrement et d’une
retranscription exhaustive.
4 Dans la suite de l’article, les entreprises seront désignées par des lettres et les acteurs désignés
par leur fonction et un numéro (PDG1, DRH4, Président5, etc.).
5 Les numéros associés aux fonctions des interlocuteurs qui figurent dans le texte de l’article ne
correspondent pas à l’ordre des entreprises dans le tableau 1
6 Les entretiens ont été menés en 2010.
References
Electronic reference
Sihem Ben Mahmoud-Jouini and Sophie Mignon, “L'ambidextrie des entreprises familiales :
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URL: http://journals.openedition.org/fcs/1755; DOI: https://doi.org/10.4000/fcs.1755
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11/11/2023 13:41 L'ambidextrie des entreprises familiales : comment concilier orientation entrepreneuriale et stratégie de pérennité ?
jouini@hec.fr
By this author
Introduction numéro spécial Innovations, Espaces et Territoires [Full text]
Published in Finance Contrôle Stratégie, NS-9 | 2020
Espace et événement collaboratifs d’innovation, deux dispositifs complémentaires pour
l’ambidextrie.
Synergies entre Innovation Lab et Innovation Challenge [Full text]
Collaborative Space and Event for Innovation, two complementary incentives for ambidexterity.
Synergies between an Innovation Lab and an Innovation Challenge
Published in Finance Contrôle Stratégie, NS-9 | 2020
Sophie Mignon
Université de Montpellier, laboratoire MRM
Copyright
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otherwise stated.
https://journals.openedition.org/fcs/1755 20/20