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Rapport de Terrain: Sédimentologie.

M1 PCTP ENS Lyon.


Jonathan Mercier.

23-27 Septembre 2008


Table des matières

Introduction : 3

1 Senez : 3
1.1 Lithologie : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
1.2 Carte : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
1.3 Coupe : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
1.4 Log stratigraphique : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6

2 Taulanne : 6
2.1 Lithologie : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
2.2 Carte : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
2.3 Coupe : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
2.4 Log stratigraphique : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9

3 Clumanc, Senez et Taulanne : Une même histoire sédimentaire ? 9


3.1 Rappels sur Clumanc : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
3.2 Log stratigraphique de la région de Clumanc : . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
3.3 Corrélation entre ces trois affleurements/histoire sédimentaire : . . . . . . . . . 10
3.4 Démarche de terrain permettant de confirmer ces hypothèses : . . . . . . . . . 13
Introduction :
Ce rapport présente les observations réalisées lors de la partie sédimentologie du stage de
Terrain réalisé du 19 au 27 Septembre 2008 dans les Alpes. Je vais m’attarder plus précisément
sur les observations réalisées dans la région de Senez et de Taulanne en essayant de relier ces
deux zones entres elles et avce celle de Clumanc (dont le rapport détaillé a été rendu sur le
terrain). Cette comparaison sera notamment fait au niveau de leurs histoire sédimentologique.

1 Senez :
1.1 Lithologie :
Marnes Bleues :
Les marnes bleues sont très pures et très fines. Elles ne comportent aucune composante
siliceuse ce qui témoigne d’une sédimentation distale.
De couleur bleue nuit, elles se débitent en feuillet mince. Le sommet de la série peut
présenter une alternance marno calcaire. Le log stratigraphique nous indique que ces marnes
se sont déposées entre le Bédoulien et le Cénomanien (n6a à c1 − 2, crétacé).

Calcaire à Nummulites :
Suite à une baisse importante de la bathymétrie, les marnes bleues ont été en partie érodées.
Lors de la remise en eau, le calcaire à Nummulites (Eocène) se dépose. On peut voir une
discordance angulaire entre le calcaire à Nummulites et les marnes bleues. La base du calcaire
Nummulitique est conglomératique (matrice et galets calcaires) dans la région de Senez. Ces
observations montrent que les marnes bleues ont été basculées par des phénomènes tectoniques
entre leur dépôt et le dépôt du calcaire à Nummulites.
Le calcaire à Nummulites est très riche en bioclastes (Nummulites, bivalves tel que des
huı̂tres et gastéropodes). Cette faune abondante implique une concentration en nutriments
importante, ce qui n’est possible que dans un environnement et relativement proximal.
Le Calcaire à Nummulites est « entouré » de marnes, plus facilement érodables. Il apparaı̂t
donc dans le paysage sous forme de barre qui ressortent assez nettement. A Senez, il apparaı̂t
comme une barre unique d’une quarantaine de mètres d’épaisseur.

Marnes Nummulitiques :
On peut séparer deux types de marnes Nummulitiques :
– Les marnes Nummulitiques inférieures, entre le calcaire Nummulitique et le grès de Ville
– Les marnes Nummulitiques supérieures, entre le grès de Ville et le grès de Senez
Ces deux niveaux stratigraphiques présentent exactement le même faciès sur le terrain. Il
s’agit de marnes généralement assez fines (silteuses) de couleur « gris souris » contenant des
Nummulites, avec une composante gréseuse plus ou moins importante.
Le sommet de la série est caractérisé par une intercalation de lentilles plus gréseuses dans
des niveaux de marnes plus silteuses.
La présence de Nummulites et de grains de quartz nous indique que ce sédiment s’est mis
en place dans un environnement relativement proximal, de profondeur inférieure à 150 mètres.
CHAPITRE 1. SENEZ : 4

Grés de Ville :
Les grès de Ville ont un aspect jaunâtre. Ils sont constitués de successions de strates d’une
vingtaine de centimètres d’épaisseur.
A l’intérieur de ces strates, on peut remarquer un granoclassement décroissant au fur et
à mesure que l’on s’élève dans la strate. De la même manière, la base de la strate présente
des lamines planes parallèles alors que l’on peut voir des rides de courant au sommet et même
localement, des rides grimpantes. La forme de ces rides nous indique que le courant allait du
Sud vers le Nord.
Ces observations, associées à la présence de gouttières d’érosion à la base des bancs de grès,
des « prod cast » et des convolutes montrent que le grès de Ville est constitué d’une succession
de courant de turbidité.
A plus grande échelle, le grès de Ville s’organise sous forme de lentilles discontinues qui
s’affinent latéralement. Cela est dû à la superposition des différents courants de turbidité.
Ceux-ci s’écoulent dans un chenal, puis, lorsqu’ils arrivent au fond du bassin, ils se dispersent
sous forme de lobes.
Les grés de Ville se sont donc formés dans un environnement profond, à proximité d’une
source de sédiments détriques importante, tel qu’une rivière.

Grés de Senez :
Les marnes Nummulitiques supérieures deviennent progressivement de plus en plus sa-
bleuses pour former le grès de Senez. Celui-ci présente, à sa base, une structure de remplissage
en onlap plus ou moins laminaire. Plus haut dans la série, on peut voir de nombreuses figures
de HCS qui parfois peuvent « dériver ». Les espaces entre les HCS et des paléochenaux sont
remplis avec des lamines planes parallèles.
L’alternance HCS/lamines planes parallèles montre que ces sédiments se sont déposés dans
la zone intertidale ou infratidale, sous l’influence de la houle et en présence de courants.

Molasse Rouge :
Les molasses rouges sont les sédiments les plus tardifs (Oligocène) qui se sont déposés dans
la zone étudiée. Elles se sont déposées en discordance sur les grès de Senez et de manière syn-
tectonique. En effet, la base des molasses est souvent quasiment parallèle au grès de Senez,
alors que les niveaux plus récents peuvent présenter une discordance angulaire très importante
(sédimentation en « éventail »).
Les molasses rouges sont constituées d’une succession de niveaux conglomératiques, à galets
essentiellement calcaires, et de marnes rouges. Dans les zones proximales, les conglomérats
sont largement dominants alors que les marnes deviennent dominantes en faciès distal. Dans la
région de Senez, les molasses rouges ont un faciès proximal avec les conglomérats qui dominent
très largement.
CHAPITRE 1. SENEZ : 5

1.2 Carte :

Fig. 1: Carte de la zone de Senez réalisée suite aux observations de Terrain.

1.3 Coupe :

Fig. 2: Coupe schématique de la zone de Senez réalisée suite aux observations de Terrain.
CHAPITRE 2. TAULANNE : 6

1.4 Log stratigraphique :

Fig. 3: Log stratigraphique de la zone de Senez réalisé suite aux observations de Terrain. Schéma de principe
sans échelle.

2 Taulanne :
2.1 Lithologie :
Dans la région de Taulanne, nous observons la succession lithologique suivante :

Tithonien :
Le Tithonien est constitué d’une barre calcaire massive qui ressort nettement dans le pay-
sage. Situé totalement à l’Ouest du terrain, je ne l’ai pas étudié dans le détail.

Bériasien/Valanginien :
Le Bériasien est constitué d’une alternance marno calcaire orienté N005,38˚E. Cette alter-
nance contient un nombre important de flammèche, ce qui nous permet de la dater du Béraisien.
On peut également remarquer que le calcaire domine très largement à la base de la série et les
bancs marneux prennent de plus en plus d’importance au fur et à mesure que l’on s’élève dans
la série, on passe progressivement au Valanginien.
La suite de la série (Hauterivien, Barrémien...) n’apparait pas ici, elle a été érodée et des
sédiments Eocènes se sont déposés. Nous allons plus particulièrement nous intéresser à ces
CHAPITRE 2. TAULANNE : 7

sédiments cénozoı̈ques, ce qui nous permet de considérer le Tithonien et le Bériasien comme


du « substratum ».

Conglomérat :
En discordance sur le Valanginien, il se dépose un conglomérat non trié à matrice sableuse
grossière. Le conglomérat contient principalement des galets de calcaire et quelques galets
de silex. Localement, quelques bandes de grès m’ont permis de mesurer une orientation à
N005,42˚E.
La présence de galets perforés par des organismes lithophages nous montre que nous sommes
en présence d’un conglomérat marin. Le matériel grossier (galets) est amené par une rivière
jusqu’à la mer où il sédimente en présence de sable.

Grès :
De manière relativement progressive, le conglomérat passe à une alternance marno-grèseuse
puis au grés.
Celui-ci est légèrement jaunâtre (il a peut-être une petite composante de calcarénite). La
stratification des niveaux de grés a pu être mesurée à N170,25˚E. Localement, le grès peut
devenir plus grossier ou intégrer de petits niveaux de marnes.
Dans les niveaux de grès, on peut observer quelques figures de charge, des bioclastes,
quelques nodules de silex et de nombreux HCS.
Le passage d’une alternance marno-calcaire à un grès plus grossier contenant des HCS
montre que l’on passe d’un milieu de dépôt légèrement distal à quelque chose de plus proximal
comme le montre les figures de HCS (le grès s’est déposé dans la zone tidale ou subtidale).

Marnes :
Les grès passent progressivement à une alternance marno gréseuse (N174,30˚E) puis à des
marnes gréseuses bleutées. Ces marnes sont trés riches en bioclastes (elles contiennent notam-
ment des nummulites) et se sont déposées dans un environnement marin.
Ces marnes traduisent une période de transgression marine.

Calcaires :
Suite aux marnes, il se dépose sur une dizaine de mètres une calcarénite contenant, entre
autre, des oolites et des fragments de nodules de silex. Le calcaire devient ensuite beaucoup plus
fin et massif. La présence de fossiles de Milioles (foraminiféres benthiques) et de Gastéropodes
nous indique que ce calcaire s’est déposé dans un environnement marin confiné (eau peu pro-
fonde et chaude).
Plus haut dans la série, le calcaire devient beaucoup plus laminé et poreux. Il s’agit d’un tuf
calcaire (précipitation de calcaire sur de la végétation), ce qui est caractéristique des milieux de
dépôt palustre ou lacustre. De plus,on peut observer quelques nodules de silex, qui ici, peuvent
être relié à la présence de diatomées.
Le somment de la série calcaire s’est donc déposé dans un environnement continental car-
bonaté.
CHAPITRE 2. TAULANNE : 8

2.2 Carte :

Fig. 4: Carte de la zone de Taulanne réalisée suite aux observations de Terrain.

2.3 Coupe :

Fig. 5: Coupe schématique de la zone de Taulanne réalisée suite aux observations de Terrain.
CHAPITRE 3. CLUMANC, SENEZ ET TAULANNE : UNE MÊME HISTOIRE
SÉDIMENTAIRE ? 9
2.4 Log stratigraphique :

Fig. 6: Log stratigraphique de la zone de Taulanne réalisé suite aux observations de Terrain. Schéma de
principe sans échelle.

3 Clumanc, Senez et Taulanne : Une même histoire


sédimentaire ?
3.1 Rappels sur Clumanc :
La succession lithologique de Clumanc est globalement identique à celle de Senez. Cepen-
dant, quelques différences sont intéressantes à noter :
– Le calcaire nummulitique forme deux barres d’une dizaine de mètres d’épaisseur séparées
par un niveau de marnes d’une vingtaine de mètres d’épaisseur. Un fin niveau de cal-
carénite (50cm) interprété comme un faciés de tsunamite est présent dans les marnes
séparants les deux barres calcaires.
– Le calcaire nummulitique n’est pas conglomératique à sa base.
– Le Grés de Senez est remplacé par trois barres de conglomérat polygénique (andésite,
socle, calcaire, basalte, schite bleu, radiolarites, argiles...) à matrices andésitiques. Ces
trois barres de conglomérats sont bien individualisées au Sud Ouest et convergent au
Nord Est, ce qui montre des apports fluviatiles venant du Nord Est. L’abondance de
galets d’andésite, la matrice andésitique et la présence de granoclassement inverse (qui
témoigne de phénomènes très violents) nous ont permis de rattacher ce conglomérat à
des événements phréato-magmatiques. Il à put être montré dans le rapport rendu sur le
terrain que les grès de Senez sont dans la continuité du système de dépôt des conglomérats
CHAPITRE 3. CLUMANC, SENEZ ET TAULANNE : UNE MÊME HISTOIRE
SÉDIMENTAIRE ? 10
de Clumanc. Il existe cependant un probable décalage chronologique, les conglomérats
de Clumanc se sont déposés légèrement avant le grès de Senez.
– Les molasses rouges sont beaucoup plus marneuses qu’à Senez. Nous sommes donc plus
distal dans le cône deltaı̈que. Les molasses rouges ont été déposées par un courant allant
du Sud Est au Nord Ouest.

3.2 Log stratigraphique de la région de Clumanc :

Fig. 7: Log stratigraphique de la zone de Clumanc réalisé suite aux observations de Terrain. Schéma de
principe sans échelle.

3.3 Corrélation entre ces trois affleurements/histoire


sédimentaire :
Les affleurements de Clumanc et de Senez présentent une succession stratigraphique très
similaire :
– Lors d’un épisode de régression marine, les marnes bleues sont érodées (E1).
– Lorsque le niveau marin remonte, un calcaire Nummulitique vient se déposer en discor-
dance sur les marnes bleues. Celui-ci présente deux barres à Clumanc et une seule barre
à Senez. De plus, la base de ce niveau calcaire est conglomératique à Senez, ce qui peut
montrer que nous sommes dans un environnement plus proximal.
– Sur le calcaire Nummulitique, les marnes Nummulitiques inférieure viennent se déposer
dans un environnement relativement distal et profond.
CHAPITRE 3. CLUMANC, SENEZ ET TAULANNE : UNE MÊME HISTOIRE
SÉDIMENTAIRE ? 11

Fig. 8: Carte de situation des trois affleurements étudié. Image Google Earth.

– Entre les marnes Nummulitiques inférieures et les marnes Nummulitiques supérieures,


le grès de Ville se dépose sous forme d’une séquence turbiditique venant du Sud. Ces
turbidites se sont mises en place au pieds du lobe deltaı̈que.
– Le dépôt des marnes Nummulitiques supérieures marque la fin de la sédimentation pu-
rement détritique.
– Suite à un épisode de régrssion marine, il vient se déposer sur les marnes Nummulitiques
à Clumanc une succession de trois barres conglomératiques se réunissant en une unique
barre au Nord Est. Les apports venaient donc du Nord Est. Plus au Sud et légèrement
plus tard, dans la continuation des conglomérats de Clumanc, il se dépose les grès de
Senez dans un environnement infra-tidal. le niveau marin continue à diminuer et les
sédiments arrivent à l’émersion (E2).
– Enfin, un épisode de progradation marine entraı̂ne le dépôt syntectonique des molasses
rouges dans un environnement de delta. Dans le région de Senez, les conglomérats sont
très largement dominants sur les marnes rouges, ce qui montre que nous sommes en
présence d’un faciès proximal de cône deltaı̈que. Les marnes rouges sont beaucoup plus
importantes à Clumanc qu’à Senez, nous avons donc un faciès plus distal, ce qui montre
que la source de molasses rouges se situerait quelque part au Sud Est.
S’il est facile de mettre en relation les colonnes stratigraphiques de Senez et de Clumanc, il
est plus difficile de relier ces deux zones à Taulanne. La surface d’érosion E1 entre le substratum
et le dépôt de la série Eocène peux être reliée à la discordance E1 de Clumanc et Senez (qui
sépare les marne bleues et le calcaire à Nummulites). Les calcaires à Nummulites et les marnes
Nummulitiques inférieures sont absents à Taulanne, ils sont remplacés par un conglomérat à
matrice gréseuse et galets de calcaire ce qui peut indiquer un milieu de dépôt plus proximal.
On peut éventuellement relier ces conglomérats aux conglomérats présents à la base du calcaire
Nummulitique de Senez.
CHAPITRE 3. CLUMANC, SENEZ ET TAULANNE : UNE MÊME HISTOIRE
SÉDIMENTAIRE ? 12

Fig. 9: Comparaison des log stratigraphique de Cluman, Senez et Taulanne. T : Transgression marine, R :
Régression marine, E1 : Première émersion, E2 : Seconde émersion.

Le grès de Taulanne présentent beaucoup de caractéristiques d’une série transgressive


(conglomérats puis grès) détritique proximale (bioclastes et HCS). Il est possible que nous
soyons en présence de sédiments deltaı̈ques, les conglomérats non triés correspondant à un
facies plus proximal que les grès. Les grès de Ville se seraient déposés au pied de cet édifice
deltaı̈que.
La transgression marine continue et la sédimentation gréseuse devient progressivement une
sédimentation marneuse. Cette zone ne devient jamais assez profonde pour que des courants
de turbidité déposent un équivalent des grès de Ville, mais ces marnes présentent beaucoup
de similitudes avec les marnes Nummulitiques supérieures(tant au niveau du faciès que de la
succession transgression/régression).
Lorsque le niveau marin commence à diminuer, il continue à se déposer des marnes puis il se
dépose une calcarénite (début des calcaires de Taulanne) qui peut être vue comme un équivalent
des congloméras de Clumanc et du Grès de Senez. Par dessus, il se dépose le calcaire à Milioles,
dans un environnement marin confiné, avant d’arriver à émersion (E2) et de déposer un tuf
calcaire (continental). Ce tuf calcaire pourrait être vu comme un équivalent des molasses rouges
(deltaı̈que) se déposant dans un milieu de très faible énergie tel qu’un lac.
D’un point de vue paléogéographique, on peut imaginer que l’orogenèse Alpine entraı̂ne la
formation d’un bassin flexural étiré selon une direction NW-SE. Dans ce bassin, il se dépose au
NE (Clumanc et Senez), sur les marnes bleues arrivées à l’affleurement, un calcaire Nummuli-
tique. Au même moment, sur la limite Sud du bassin (Taulanne), il se dépose des conglomérats
à matrice gréseuse, puis, au fur et à mesure que la mer prograde, un grés.
Le bassin devient de plus en plus profond et il se dépose des marnes, ce sont les marnes
Nummulitiques. Le grès de Ville, observé à Senez et Taulanne, montrent que ces zones ont
été suffisamment profondes pour que des sédiment turbiditiques, venant du Sud, se déposent.
L’absence de ce type de grès à Taulanne peut nous indiquer que cette zone n’a pas été suffi-
samment profonde pour des dépôts turbiditiques, à moins que les sources aient disparues. Il
est possible que la zone de Taulanne soit légèrement en retard sur Senez et Clumanc (premiére
mise en eau, E1, plus tardive), ce qui explique qu’elle n’ai pas été aussi profonde.
CHAPITRE 3. CLUMANC, SENEZ ET TAULANNE : UNE MÊME HISTOIRE
SÉDIMENTAIRE ? 13
Il arrive un moment où le bassin flexural se referme, ce qui entraine une phase de régression
marine. Sous une faible tranche d’eau, des événements très violents tel que des coulées de boue,
permettent de déposer des conglomérats dans la région de Clumanc. Un peu plus au Sud, il se
dépose les grès de Senez, dans un environnement infra-tidal. Il a été montré que la source de
ces dépôts était au Nord Est. De l’autre coté du bassin flexural, il se dépose une calcarénite
puis un calcaire à Milioles. Enfin, une fois le bassin totalement refermé, il se dépose dans les
régions de Clumanc et de Senez, des molasses rouges dans un environnement Deltaı̈que dont
la source est situé au Sud Est.
Le dépôt des molasses rouges pourrait correspondre au dépôt du tuf calcaire (lacustre
continental) dans la région de Taulanne.

3.4 Démarche de terrain permettant de confirmer ces


hypothèses :
Afin de confirmer ou d’infirmer ces hypothèses, je pense que la démarche la plus intéressante
serait de carter ces dépôts entre la zone de Taulanne et celle de Senez, afin de chercher
d’éventuelles variations latérales de faciès. Les variations que l’on peut attendre sont les sui-
vantes :
– Le conglomérat et le grès de Taulanne deviennent de plus en plus calcaire pour former
le calcaire Nummulitique à base conglomératique, puis, entre Senez et Clumanc, deux
barres séparées par des marnes s’individualisent et le conglomérat basal disparaı̂t.
– Une barre de grès turbiditique devrait apparaı̂tre au milieu des marnes de Taulanne.
Cependant, certaines différences devraient persister. Par exemple, il serait intéressant de
chercher des rides de courant dans la calcarénite de Taulanne. Dans l’hypothése où elle se
serait déposées sur la « rive » Sud du bassin flexural, les rides devraient indiquer une source se
situant entre le Sud et le Sud Ouest.
Enfin, il serait intéressant de regarder l’âge du substratum sous E1. Celui-ci devrait passer
de Valanginien (alternance marno-calcaire) à Albien/Cénomanien (marnes bleues).

Fig. 10: Schéma interprétatif replaçant les différents affleurement dans leur contexte paléogéographique.

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