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Veilleacouphnes V21
Veilleacouphnes V21
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All content following this page was uploaded by Philippe Lurquin on 19 February 2019.
Nous aborderons ici les deux psychologiques (sortie du champ un critère de choix essentiellement
principales thérapies employant de conscience), mais aussi neuro- basé sur le confort).
une stimulation sonore qui nous physiologiques (réactivation des Dès lors, lorsque le bruit blanc est
paraissent les plus pertinentes relais sous-corticaux, diminution de adapté au profil audiométrique
Philippe à l’heure actuelle, de par les l’hyperacousie), psychoacoustiques du patient, l’intensité est réglée
(diminution du contraste avec le dans chaque bande de fréquence
Lurquin fondements théoriques dont elles
relèvent. bruit de fond, relaxation, distrac- de manière à obtenir une sonie
tion) et réhabilitatives par réacti- équivalente à celle de l’acouphène
(Lurquin, Real, Vannier, 2013).
Contexte vation progressive des neurones
désafférentés (Lurquin et al., 2015). L’intensité subjective de l’acouphène
Depuis l’apparition de la Tinnitus
De plus, l’étendue de ce spectre étant en moyenne de 5 dB SL (Zirke
Masking Therapy (TMT), première
permettrait de surcroît d’activer un et al., 2013) il en résulte une
thérapie sonore (Vernon, 1977), la
nombre maximal de fibres du nerf stimulation réglée à un faible niveau
portée des thérapies sonores a pris
auditif, augmentant par la même supraliminaire.
un tournant ces dix dernières années,
occasion l’efficacité de la thérapie Les effets du bruit blanc, dans
suite à l’évolution des théories
sonore. le cadre de la TRT, peuvent être
de génération de l’acouphène,
Audioprothésiste, D’un point de vue acoustique, le mis en évidence chez 80% des
considérant son origine d’abord
Bruxelles-Charleroi niveau d’intensité du bruit blanc patients acouphéniques (Jastreboff,
périphérique, puis centrale. Dans un
revêt un rôle essentiel dans la 2015). De plus, l’auteur objective
Chargé de cours premier temps, la cause suggérée,
mesure où différentes intensités une amélioration significative de
Membre du à savoir la perte auditive et plus
relèvent d’approches théoriques la gravité de l’acouphène dès le
Collège National spécifiquement dans la grande
distinctes, et visent ainsi à différents troisième mois de thérapie sonore.
majorité des cas la lésion cochléaire,
d’Audioprothèse objectifs thérapeutiques. Dans un La sortie du champ de conscience,
étant supposée être irréversible, les
premier temps, la TMT a proposé un par ailleurs tributaire de la plasticité
stimulations sonores visaient toujours
masquage total de l’acouphène au cérébrale du sujet (et donc de son
G. Kamysz à diminuer les conséquences de
moyen, notamment, d’un bruit blanc, âge) ne peut ainsi intervenir à court
l’acouphène en procurant ainsi terme.
afin de soulager immédiatement le
uniquement un certain soulagement D’autre part, l’emploi d’un bruit blanc
patient. Toutefois, l’efficacité de
au patient. Désormais, le quasi- adapté à la perte auditive permet
cette thérapie sonore demeure
consensus de l’origine centrale de de diminuer significativement
limitée (Henry et al., 2006). En effet,
l’acouphène (Eggermont & Roberts, l’intensité de l’acouphène et ses
selon Jastreboff et Hazell (2004),
2015) ouvre de nouvelles voies ; implications sur la vie des patients
une intensité de bruit supérieure au
certains types de stimulations sonores acouphéniques (Schaette et al.,
point de mélange serait à proscrire;
pourraient agir sur les modifications 2010). Les auteurs indiquent
elle causerait une modification de la
centrales à l’origine de l’acouphène, toutefois que ces effets ne sont
perception de l’acouphène, rendant
dans la mesure où ces modifications constatés que lorsque la fréquence
impossible l’habituation du patient à
Audioprothésiste, seraient réversibles. de l’acouphène est comprise dans la
son acouphène originel. La TRT se
Ile de France démarque en préconisant un niveau bande passante de l’appareil auditif.
Le bruit blanc d’intensité du bruit blanc plus faible Enfin, l’énergie spectrale du bruit
Le bruit blanc est un spectre sonore afin de diminuer la détectabilité de blanc, censée s’étendre sur une
continu, dont la densité spectrale l’acouphène (Henry et al., 2002) gamme fréquentielle aussi large
d’énergie acoustique est constante et aboutir à la sortie du champ de que possible, peut se voir limitée
à travers toutes les fréquences conscience. aux fréquences désafférentées
(Howard, 2015). Plusieurs thérapies Le niveau d’intensité du bruit blanc (Schaette, 2006), auquel cas
sonores telles que la TMT et la TRT permettant une efficacité opti- la stimulation sera appelée
emploient initialement ce spectre male se situe au point de mélange « bruit adapté » (Matched-Noise
de bruit standard. Toutefois, dans la (Jastreboff & Jastreboff, 2006), Stimulation). L’objectif de cette
pratique audiologique, le bruit blanc et correspond à un niveau de modification spectrale est de réguler
peut également être adapté au masquage partiel auquel le bruit spécifiquement l’activité neuronale
profil audiométrique du patient afin blanc et l’acouphène engendrent la en diminuant le gain central. Noreña
de compenser la désafférentation même sensation d’intensité. Lurquin et Eggermont (2006) préconisent
auditive (Davis et al., 2008). et al. (2015) indiquent d’ailleurs que également ce type de bruit adapté.
Globalement, le bruit blanc aurait, la majorité des patients acouphé- Le bruit encoché
comme évoqué précédemment, niques préfèrent le niveau d’inten- Les thérapies sonores basées
des vertus principalement neuro- sité fixé au point de mélange (avec sur l’utilisation d’une stimulation
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