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Espace de Sobolev H 1 (I)

Arnaud Girand
19 juin 2012

Référence :
– [Bre05], p. 121–123 et 129
Prérequis :
– théorème d’Ascoli.

Soit I = (a, b) un intervalle ouvert borné de R.


On considère l’espace de Sobolev H 1 (I) défini comme suit :
 Z Z 
H (I) := u ∈ L2 (I) ∃g ∈ L2 (I), ∀ϕ ∈ Cc∞ (I),
1 ′
uϕ = − gϕ
I I

La fonction g ∈ L2 (I) est alors unique : on la note u′ . On munit H 1 (I) de la topologie associée au
produit scalaire suivant :

h., .i : H 1 (I) × H 1 (I) → R


Z Z
(u, v) 7→ uv + u′ v ′
I I

La norme induite par h., .i est notée k.kH 1 et vérifie :

∀u ∈ H 1 (I), kuk2H 1 = kuk2L2 + ku′ k2L2

Proposition 1
On a les résultats suivants :
(i) H 1 (I) est un espace de Hilbert ;
(ii) H 1 (I) s’injecte de façon compacte dans C 0 (I).
(iii) H 1 (I) s’injecte de façon continue dans L2 (I) ;

Démonstration :
(i) Il est clair que (H 1 (I), h., .i est préhilbertien. Soit (un )n une suite de Cauchy dans H 1 (I).
Alors, si on fixe ε > 0 il existe N ≥ 0 tel que :

∀n ≥ N, ∀p ≥ 0, kun+p − un k2H 1 ≤ ε

I.e :
∀n ≥ N, ∀p ≥ 0, kun+p − un k2L2 + ku′n+p − u′n k2L2 ≤ ε
En particulier, (un )n (resp. (u′n )n ) est de Cauchy dans l’espace complet L2 (I) donc y admet
une limite u ∈ L2 (I) (resp. v ∈ L2 (I)). Or :
Z Z Z Z
∞ ′ ′
∀ϕ ∈ Cc (I), un ϕ − u ϕ = un ϕ − uϕ′

I I I I
Z
≤ |un − u||ϕ′ |
I
≤ kun − ukL2 kϕ′ kL2 par Cauchy–Schwarz
−−−−→ 0
n→∞

1
R R
Donc ∀ϕ ∈ Cc∞ (I), I u′n ϕ −−−−→ I u′ ϕ (i.e u′n ⇀ u′ au sens des distributions). Cependant
n→∞
on montre de même que :
Z Z
∀ϕ ∈ Cc∞ (I), u′n ϕ − vϕ ≤ ku′n − vkL2 kϕ′ kL2 −−−−→ 0
I I n→∞

De fait par unicité de la limite :


Z
∀ϕ ∈ Cc∞ (I), (u′ − v)ϕ = 0
I

Ce qui implique, par théorème de représentation de Riesz, que u′ = v p.p donc dans L2 .
In fine :
kun − uk2H 1 = kun − uk2L2 + ku′n − u′ k2L2 −−−−→ 0
n→∞

D’où le résultat.
(ii) – Commençons par démontrer que tout u ∈ H 1 (I) admet un représentant continu. Soit
y0 ∈ I. On définit ũ ∈ C(I) comme suit :
Z x
ũ : x 7→ u′ (t)dt
y0

ũ est bien continue car u′ ∈ L2 (I) ⊂ L1loc (I) (car I est borné). De plus :
Z Z Z x
∀ϕ ∈ Cc∞ (I), ũϕ′ = u′ (t)dtϕ′ (x)dx
I I y0
Z y0 Z x Z b Z x
= u′ (t)dtϕ′ (x)dx + u(t)dtϕ′ (x)dx
a y0 y0 y0
Z y0 Z x Z bZ x
′ ′
=− u (t)dtϕ (x)dx + u′ (t)dtϕ′ (x)dx
a y0 y0 y0
Z y0 Z t Z b Z b
=− u′ (t)dt ϕ′ (x)dx + u′ (t)dt ϕ′ (x)dx par Fubini
a a y0 t
Z y0 Z b

=− u (t)(ϕ(t) − 0)dt + u′ (t)(0 − ϕ(t))dt
a y0
Z
=− u′ ϕ
I

De fait ũ′ = u′ et donc d’après le lemme 1, il existe C ∈ R tel que u = ũ + C presque


partout donc dans H 1 (I). ū := ũ + C est bien un représentant continu de u.
– Notons B la boule unité fermée de H 1 (I). Alors, pour u ∈ B on a :
Z x
2
∀x 6= y ∈ I, |u(x) − u(y)| = |ū(x) − ū(y)| = u′ (t)dt
y
p
≤ |x − y|ku′ kL2 par Cauchy–Schwarz
p
≤ |x − y|ku′ kH 1
p
≤ |x − y|

2
Donc B est équicontinue dans C 0 (I). De plus (variation par rapport au Brézis) :
b
1
Z
∀x ∈ I, |u(x)| = u(x)dy
b−a a
Z b Z x 
1 ′
= u (t)dt − u(y) dt
b−a a y
Z bZ x
1 1
Z
≤ |u′ (t)|dtdy + |u|
b−a a y b−a I
Z bZ b
1 1
Z

≤ |u (t)|dtdy + |u|
b−a a a b−a I
Z b
1
Z
= |u′ (t)|dt + |u|
a b−a I
√ 1
≤ b − aku′ kL2 + √ kukL2 par Cauchy–Schwarz
b−a

 
1
≤ b−a+ √ kukH 1
b−a

Donc B est bornée pour k.k∞ . De fait, par théorème d’Ascoli, B est relativement compacte
dans C 0 (I), d’où le résultat.
(iii) La topologie L2 étant plus faible que la topologie de la convergence uniforme, (iii) est une
conséquence immédiate de (ii).

Détails supplémentaires :
2 ∞
– RUtilisation du théorème de représentation de Riesz.R Si f ∈ L est telle que pour tout ϕ ∈ Cc ,
f ϕ = 0 alors par densité la forme linéaire ϕ 7→ f ϕ est nulle. Le théorème de représentation
de Riesz implique alors que f = 0 dans L2 (donc presque partout). R R R
– Unicité de u′ . Si deuxRfonctions g, h ∈ L2 vérifient que ∀ϕ ∈ Cc∞ (I), I
uϕ′ = − I gϕ = − I gϕ
alors ∀ϕ ∈ Cc∞ (I), I (g − h)ϕ = 0 et donc g = h presque partout.
– Soit u ∈ L1loc (I). Alors pour y0 ∈ I, xI¯ et h tel que x + h ∈ I¯ on a :
Z x+h Z x Z x+h Z x+h
u− u = u ≤ |u| −−−→ 0 car ∀ε ∈ [0, h], u ∈ L1loc (I)
y0 y0 x x h→0

Rx
Donc x 7→ y0 u ∈ C 0 (I).
– On a fait usage du lemme suivant (cf. [Bre05], p.122–123) :

Lemme 1
Soit f ∈ L1loc (I).
On suppose que : Z
∀ϕ ∈ Cc∞ (I), f ϕ′ = 0
I

Alors il existe C ∈ vR tel que f = C presque partout. En particulier deux éléments de H 1 (I)
de même dérivée diffèrent d’une constante.
Démonstration R : Soit ψ ∈ Cc∞ (I)R d’intégrale
R 1 et soit ∞
R w ∈ Cc (I). Alors la fonction
h := w − ψ I w est dans Cc (I) et I h = I w − 1 × I w = 0 donc 1 h admet une pri-

mitive ϕ ∈ Cc∞ (I) et donc :


Z Z  Z 

0 = fϕ = f w − ψ w
I I I
R
1. Il est clair que h admet une primitive dans C ∞ (I). La nullité de I
h nous prouve que celle–ci est à support
compact.

3
I.e :
Z Z 
∀w ∈ Cc∞ (I), 0 = w−ψ w f
ZI Z Z I
= fw − w(x)f (y)ψ(y)dydx par Fubini
ZI  IZ I 
= w f − fψ
I I
R
Et donc, f = C := I f ψ presque partout.

Références
[Bre05] Haim Brezis. Analyse fonctionelle. Dunod, 2005.

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