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Article scientifique

Sécheresse 2007 ; 18 (1) : 29-37

Insécurité climatique et géorisques


en Côte d’Ivoire : étude du risque
d’érosion hydrique des sols
dans la région semi-montagneuse
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de Man (Ouest de la Côte d’Ivoire)


Boyossoro Hélène Kouadio1,2 Résumé
Koffi Fernand Kouamé2
Le présent travail porte sur la cartographie des zones à risque d’érosion hydrique des
Bachir Mahaman Saley1,2 sols en relation avec la variabilité climatique dans la région de Man. L’analyse des
Jean Biémi2 fluctuations des séries pluviométriques pendant la période allant de 1925 à 2000 et
Traoré Ibrahima1 le suivi spatial de l’évolution des isohyètes permettent de comprendre les caractéristi-
ques spatio-temporelles du climat. La cartographie du risque d’érosion hydrique est
1
élaborée sur la base de la méthode de Pouliot et al. Les données, dérivées du modèle
Laboratoire des sciences et techniques numérique d’altitude (MNA) établi à partir des cartes topographiques au 1/50 000,
de l’eau et de l’environnement,
sont traitées pour caractériser le relief et les indices de pente. L’analyse des données
UFR des sciences de la terre
et des ressources minières, pédologiques et géotechniques a permis d’établir la carte d’érodabilité des sols. La
Université de Cocody, classification supervisée par maximum de vraisemblance des images Landsat TM
22 BP 582, (acquises le 4 janvier 1995) permet la cartographie de l’occupation du sol. Les cartes
Abidjan 22 thématiques obtenues sont intégrées dans un Système d’information géographique
Côte d’Ivoire (SIG) pour donner une carte de risque d’érosion hydrique des sols de la région de
<kbhel@yahoo.fr> Man, carte qui est validée par des observations de terrain. Les principaux résultats
<basaley@yahoo.fr> obtenus mettent en évidence la variabilité climatique de la région et la faible érosivité
<i.a.traore@afdb.org> annuelle des pluies. La région est très accidentée, avec des altitudes allant de 200 à
2
Centre universitaire de recherche
1 000 m et plus. Sur des pentes moyennes à abruptes, les sols ont généralement un
et d’application en télédétection (Curat),
UFR des sciences de la terre couvert végétal faible à nul. Ainsi, la carte de risque d’érosion obtenue montre que
et des ressources minières, 40 % du site étudié (les versants très abrupts et fracturés des montagnes et les vallées
Université de Cocody, encaissées) sont exposés à un risque élevé. Cette carte est un guide pour les
22 BP 801, décideurs dans l’attribution des zones de cultures et des sites d’implantation
Abidjan 22 d’infrastructures socio-économiques dans la région. Des mises à jour régulières de la
Côte d’Ivoire base de données conçue permettront le suivi des zones à risques.
<kouamef@yahoo.fr>
<basaley@yahoo.fr> Mots clés : climatologie, Côte d’Ivoire, érosion hydrique, Système d’information
<jbiemi@yahoo.fr> géographique (SIG), télédétection, zone de montagne.

Abstract
doi: 10.1684/sec.2007.0064

Climatic insecurity and georisk in Côte d'Ivoire: Water erosion risks in the semi-
mountainous region of Man (western Côte d'Ivoire)
The aim of this work is the production of a map of water erosion risk areas in relation
with the climatic variability in the region of Man (western Côte d’Ivoire). The analysis
of rainfall data fluctuations from 1925 through 2000 and the follow-up of the
evolution of isohyets provide an understanding of the space-time characteristics of the

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climate. The mapping of water erosion risk is elaborated based on the method
developed by Pouliot et al. Data derived from the Digital Elevation Model (DEM)
established from the 1/50 000 topographic map is processed to characterize the
relief and slope indices. The soil erodability map is established from the analysis of
pedological and geotechnical data. The classification supervised based on the
maximum likelihood method applied to Landsat TM imagery (acquired on January 4,
1995) allows land cover mapping. The thematic maps thus obtained are then fed into
a Geographical Information system (GIS) for outputting a map of water erosion risks
for the soils of the area which is validated by field data. The main results obtained
underline the climatic variability of the area and the weakness of the annual rainfall
erosivity index. The area is extremely uneven, with altitudes ranging from 200 m to
1,000 m and above. On medium to abrupt slopes, the soil vegetable cover is
generally low to non-existent. Thus, the erosion risk map obtained shows that 40% of
the zone studied (very abrupt and fractured mountain slopes and steep-sided valleys)
is a high risk area. This map is a guide for decision-makers in the assignment of
agricultural zones and of sites for the setup of socio-economic infrastructures in the
area. Regular updates of the database designed will allow the follow-up of the risk
zones.
Key words: climatology, Côte d’Ivoire, Geographic information system (GIS),
mountainous zone, remote sensing, water erosion.
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S Présentation de la zone d’étude


elon l’Organisation météorologique général [9] et la Côte d’Ivoire en particu-
mondiale (OMM) [1] 70 % des lier [10, 11] et dont la plus récente est
catastrophes naturelles dans le celle de 1981 à 1984, on assiste, depuis La région semi-montagneuse de Man est
monde sont provoquées par les phénomè- 1995, à une reprise de la pluviométrie un située dans l’ouest de la Côte d’Ivoire
nes hydrométéorologiques extrêmes. Les peu partout en Côte d’Ivoire. Ainsi, entre les latitudes 7° et 8° Nord et les
importants dégâts (humains et socio- l’occurence de pluies exceptionnelles a été longitudes 7° et 8° 25’ Ouest. Le secteur
économiques) liés à ces catastrophes font suivie d’inondations et de glissements de d’étude comprend la ville de Man, l’une
qu’elles sont d’actualité au regard des terrain à conséquences socio-économiques des villes principales de l’ouest de la Côte
changements globaux qui s’opèrent de désastreuses dans les localités de Man, d’Ivoire et s’étend entre les latitudes 7°15
nos jours. En effet, les crues exceptionnel- Tiassalé et Abidjan respectivement en et 7°45 Nord et les longitudes 7°15 et
les et certains phénomènes associés, 1996, 1997 et 1998 [11]. 7°45 Ouest. Les massifs rocheux culminent
notamment les inondations et l’érosion des à plus de 1 000 m au niveau des monts
terres, représentent des risques environne- Dan et des monts Toura (figure 1). La
mentaux et sociaux très graves. Dans les région de Man est soumise à un climat
régions tropicales, l’érosion hydrique des La région d’étude est la zone semi- de montagne avec une longue saison
sols est l’un des processus majeurs à l’ori- montagneuse de Man qui se distingue du des pluies de mars à octobre et une
gine du façonnement de la surface de la reste de la Côte d’Ivoire par sa forte plu- petite saison sèche de novembre à
terre et de la baisse de productivité des viométrie (supérieure à 1 500 mm/an), février [11].
terres cultivables [2]. son relief très accidenté et un contexte
géologique complexe caractérisé par une Sur le plan géologique, la région est subdi-
En Côte d’Ivoire, les premiers travaux por- visée en deux principaux domaines par le
tant sur l’érosion des terres sont ceux de tectonique polyphasée [12]. Ces condi-
tions particulières contribuent à l’occur- couloir mylonitique de Man-Danané [13,
Rougerie [3, 4], réalisés en région fores- 14] de direction N 70° :
tière, qui ont permis d’analyser les divers rence d’inondations, de glissements de
terrain, et surtout d’érosion des sols. En – le domaine granulitique nord est un
processus d’érosion, les facteurs et les ensemble composé essentiellement de
méthodes antiérosives. Une esquisse de 1996, des glissements de terrain, se sont
gneiss gris granulitiques, de charnockites,
carte des risques d’érosion en Afrique a produits dans les localités de Gbangbé-
de granulites roses et de granodiorites ;
été établie en 1960 par Fournier [5] après gouiné (au sud-ouest de la région d’étude)
– le domaine anatectique sud est beau-
qu’il a montré que les transports en suspen- et ont détruit plusieurs plantations. Cela coup plus complexe. On y distingue les
sion dans les grands fleuves dépendent de justifie l’intérêt de ce travail qui vise à gneiss migmatitiques à biotite, les gneiss
la répartition des pluies, de la pente du suivre l’évolution du climat au cours des charnockitiques, les gneiss intermédiaires,
bassin et de la végétation. Roose [2, 6-8] a trois dernières décennies et à cartogra- les mobilisats anatectiques et les quartzites
consacré ses travaux à l’érosion en Afri- phier les zones à risque d’érosion hydri- à magnétiques et formations associées
que de l’Ouest. Plusieurs années de mesu- que dans la région de Man. Ce travail est (d’âge birimien).
res du ruissellement et de l’érosion ont basé sur l’intégration, dans un système
contribué à caractériser l’érosion sous son d’information géographique (SIG), des Toutes ces formations géologiques ont subi
aspect quantitatif. La spatialisation de ce données géospatiales provenant de la une importante tectonique cassante, se
phénomène s’avère nécessaire afin d’assu- télédétection, de cartes diverses (topogra- traduisant par une forte densité de fractu-
rer une gestion durable des sols dans un phiques, pédologiques et géotechniques) ration [15].
contexte d’insécurité climatique avec par- et d’observations de terrain. Les sections Selon Kouadio, la couverture d’altérite est
fois l’occurrence de pluies torrentielles. suivantes présentent le site d’étude, la épaisse (plus de 50 % de la région est
Après la série des épisodes de sécheresse méthode utilisée, les résultats obtenus et couverte par 10 à 40 m d’altérites) [11].
qui ont affecté l’Afrique de l’Ouest en leur discussion ainsi qu’une conclusion. Les sols de la région sont essentiellement

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La station de Man possède la plus longue
période d’observation (1925-2000). Les
données issues de cette station sont utili-
sées pour suivre la variabilité temporelle,
selon la formule de Nicholson [18] :
IP = (Hj - X)/σ (1)
Où :
IP = indice pluviométrique ;
Hj = hauteur de pluie totale (en mm) pour
une année j ;
X = moyenne des hauteurs annuelles de
pluie pendant la durée de l’enregistrement ;
σ = écart type de la pluviométrie annuelle
sur la durée de l’enregistrement.
Ce suivi temporel donne la signature cli-
matique ou encore les différentes tendan-
ces évolutives de la pluviométrie de
75 années d’observation réalisées à la
station synoptique de Man.
On étudie ensuite la dynamique spatiale
au cours des trois dernières décennies
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pour lesquelles il existe une base de don-


nées continue et représentative de l’Ouest
de la Côte d’Ivoire. Les pluviométries
moyennes décennales, calculées sur la
période 1971-2000, sont utilisées pour
Figure 1. Présentation de la région semi-montagneuse de Man. construire des courbes d’isovaleurs. Le kri-
geage est la méthode d’interpolation utili-
sée. Les cartes des isohyètes des différen-
ferralitiques fortement ou moyennement géotechniques des sols du degré carré de tes décennies ainsi obtenues permettent de
désaturés [16]. On distingue : Man ; suivre la dynamique spatiale de la pluvio-
– les sols remaniés sur granitoïdes dont la – la carte du bilan forestier au sité dans l’Ouest de la Côte d’Ivoire.
texture est généralement sablo-argileuse et 1/200 000 établie par le Centre de carto-
qui sont très présents au nord et au sud-est graphie et de télédétection [17] du Bureau • Risque d’érosion hydrique des sols
de Man ; national d’études techniques et de déve- Le risque d’érosion hydrique se définit
– les sols remaniés sur migmatites de loppement (BNETD) de Côte d’Ivoire ; selon les termes d’aléa et de vulnérabilité
nature argileuse, et très épais, se dévelop- – l’image satellitaire TM de Landsat (scène [19]. L’aléa (sensibilité) est l’ensemble des
pant sous les forêts denses mésophiles ; 198-55) acquise le 4 janvier 1995 en phénomènes susceptibles d’engendrer des
– les sols hydromorphes argilo- saison sèche, en l’absence de toute cou- dommages. La vulnérabilité est la propen-
limonitiques qui occupent les plaines allu- verture nuageuse. sion d’un espace aménagé ou d’un élé-
viales des principaux cours d’eau. Ces donnés multisources sont utilisées, car ment donné à subir des dommages. Ainsi,
l’érosion hydrique des sols est la résultante le couplage de la sensibilité à la vulnérabi-
de l’action combinée de plusieurs facteurs lité donne le risque d’érosion.
Matériel et méthode d’ordres climatique, topographique, L’approche méthodologique utilisée est
pédologique, anthropique, etc. Cette base inspirée de celle de Pouliot et al. [20] qui
Matériel de données permet de créer des couches est basée sur le modèle mathématique des
Les données utilisées sont : thématiques en relation avec les différents pertes de sol de Wischmeier et Smith [21],
– les relevés pluviométriques annuels de la facteurs gouvernant l’érosion hydrique et désigné sous le vocable de « Universal
station synoptique de Man pendant la de réaliser une cartographie des risques Soil Loss Equation » (USLE) dont l’expres-
période 1925-2000, et ceux des 12 pos- d’érosion grâce à un Système d’informa- sion est donnée par :
tes pluviométriques qui couvrent l’Ouest tion géographique (SIG) élaboré dans
l’environnement ArcView. A = R×K×LS×C×P (2)
semi-montagneux de la Côte d’Ivoire :
Bangolo, Biankouma, Danané, Duékoué, Où :
Méthodes utilisées A = la perte en terre par unité de surface
Fakobly, Gbonné, Kouibly, Sémien, Sipi-
lou, Sangouiné, Zérégbo et Zouan-Houien • Variabilité temporelle et spatiale et par unité de temps ;
pour la période allant de 1970 à 2000. de la pluviométrie R = le facteur d’érosivité des pluies ;
Ces données ont été fournies par la La caractérisation de la variabilité spatio- K = le facteur d’érodabilité des sols tradui-
Société de développement et d’exploita- temporelle de la pluviométrie est basée sur sant leur résistance à la désagrégation ;
tion aéroportuaire et maritime (Sodexam). le calcul des indices pluviométriques et sur LS = facteur topographique (la longueur et
– les cartes topographiques au 1/50 000 l’analyse de l’évolution des isohyètes. Les l’inclinaison de pente du terrain) ;
de l’Institut géographique national (IGN- relevés pluviométriques annuels des C = le facteur du couvert végétal regrou-
France), avec des courbes de niveaux 13 stations météorologiques retenues font pant le couvert végétal, son niveau de
équidistantes de 20 m ; l’objet d’un contrôle préliminaire de conti- production et les systèmes culturaux qui y
– la carte des sols de Perraud [16] au nuité et de représentativité pour s’assurer sont associés ;
1/500 000 ainsi que les caractéristiques de la fiabilité des données. P = le facteur de pratique antiérosive.

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L’organigramme de la figure 2 présente – au-delà de 15 % : très forte susceptibilité. Où :
les différentes étapes du traitement. La Le facteur topographique est ainsi exploité – Rm = moyenne annuelle de l’indice
démarche adoptée est essentiellement pour l’évaluation de la susceptibilité à la d’érosivité ;
qualitative et consiste en l’intégration, dégradation des sols. De plus, le risque de – Pm = pluviométrie moyenne annuelle ;
dans un SIG, des différents facteurs de dégradation est lié à la texture des sols et – le paramètre « a » est compris entre 0,3
l’érosion hydrique qui sont d’ordre cli- aux différentes caractéristiques hydrody- et 0,2 en zone de montagne.
matique, topographique, pédologique namiques associées. Il devient donc indis- Selon Roose [2], les pluies tropicales peu-
et anthropique (action de l’homme sur le pensable de caractériser l’érodabilité des vent être, en moyenne, 20 à 100 fois plus
couvert végétal). agressives que celles des régions tempé-
sols. La carte des sols au 1/500 000 [16]
La caractérisation géomorphologique de rées, 2 fois plus érosives qu’en montagne
est interprétée selon la texture et l’épais-
la zone d’étude constitue une étape très tropicale et 5 fois plus agressives qu’en
importante du traitement. À partir des car- seur du profil de sol. Elle est ensuite cou- montagne méditerranéenne.
tes topographiques au 1/50 000, les plée à la carte géotechnique qui fait res- Les cartes relatives aux pentes, à l’éroda-
courbes de niveaux équidistantes de 20 m sortir les principales caractéristiques bilité et à l’érosivité sont croisées dans
sont utilisées pour la construction du hydrodynamiques : capacité d’infiltration, l’environnement ArcView dans une ana-
modèle numérique d’altitude (MNA) au perméabilité et porosité des types de sols. lyse multicritères pour établir la carte de
pas de 50 m. La représentation numérique À l’origine de l’érosion hydrique des sols, sensibilité des sols. Selon Mulders [24],
du relief permet de déterminer également se trouve l’eau. C’est l’intensité des pluies l’application d’analyses multiples aboutit
différents attributs morphométriques ; la qui constitue le paramètre pertinent à à des cartographies thématiques fiables.
pente en constitue un exemple. Dans ce prendre à compte. Ainsi, les indices Dans ce travail, les différents facteurs sont
travail, la pente subit une classification d’agressivité ou d’érosivité des pluies de considérés comme ayant la même impor-
[22] pour définir la susceptibilité des la région ont été calculés en se basant sur tance et sont donc intégrés dans le SIG
zones. Quatre classes sont retenues : les travaux de Roose [23] qui les définit avec la même pondération.
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– 0-2 % : faible susceptibilité ; comme suit : L’occupation du sol fait état des unités
– 2-5 % : moyenne susceptibilité ; spatiales qui sont exposées à l’érosion.
– 5-15 % : forte susceptibilité ; Rm = a Pm (3) L’exploitation des images de télédétection

Relevés Cartes Carte des sols Bandes TM 3 et 4


pluviométriques topographiques (1/500 000) de Landsat
(1971-2000) (1/50 000) Données (scène 198-55)
géotechniques

Numérisation Correction
et création de
géométrique
relief numérique

Calcul Analyse et
d'indices Images
MNA interprétation
redressées

Génération
Calcul
de fichiers
dérivés d'indices

Érosivité Pente NDVI


Érodabilité
de la pluie du terrain de sols
Classification
Croisement de données supervisée
Carte du
bilan forestier
Carte de sensibilité à l'érosion Occupation
du sol

Croisement de données

Carte des risques d'érosion

Figure 2. Organigramme des étapes de cartographie du risque d’érosion.


MNA : modèle numérique d’altitude ; NDVI : normalized difference vegetation index, indice de végétation normalisé.

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permet de faire la cartographie de l’occu-
IP
pation du sol. Les images TM de Landsat 2
PÉRIODE HUMIDE PÉRIODE NORMALE PÉRIODE SÈCHE
ont été utilisées dans cette étude. Dans un 1,5
premier temps, une correction géométri-
1
que à l’aide des cartes topographiques au
1/50 000, dans le système WGS 84, est 0,5
effectuée grâce à douze points de calage 0
et une transformation polynomiale de
second ordre. L’erreur résiduelle obtenue - 0,5

est de 0,57 pixel, ce qui est satisfaisant -1


pour la présente étude. Le redressement -1,5
des images se termine par un processus de
rééchantillonnage utilisant la méthode du -2

28

33

39

44

49

54

59

65

70

75

80

85

90

95

00
plus proche voisin.

19

19

19

19

19

19

19

19

19

19

19

19

19

19

20
La cartographie de l’occupation du sol Années
Indices Moyenne mobile à 5 points
utilise les bandes rouge (TM3) et infra-
rouge (TM4). Le comportement spectral de
la végétation, des sols nus et des roches est Figure 3. Indices pluviométriques de la station de Man (1925-2000).
très contrasté dans les domaines du visible
et de l’infrarouge [25]. La chlorophylle des
plantes absorbe fortement le rayonnement – et une petite période humide de 1994 à des sols ont été retenus pour la caractérisa-
aux longueurs d’onde du visible, c’est-à- 2000. tion de la sensibilité à l’érosion.
dire dans TM3 alors qu’elle réfléchit le Ces résultats sont en accord avec les tra- L’indice d’érosivité des pluies de la région
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rayonnement dans TM4. Sur la base de vaux de Paturel et al. [9] et de Servat et al. de Man varie de 242 à 415. Cet indice
cette différence de comportement, l’indice [26]. Sur la figure 3, la chute brutale de dépend de l’intensité et du caractère tor-
de végétation normalisé (NDVI, normali- l’indice de + 0,4 en 1982 à - 1,6 en rentiel de la pluie. Il varie très peu sur
zed difference vegetation index) est déter- 1983 traduit la manifestation de la séche- l’ensemble de la zone et reste faible.
miné à partir de : resse qui a affecté toute l’Afrique de Roose [23] montre que l’indice d’érosivité
l’Ouest de 1982 à 1984. La reprise de la des pluies varie de 100 à 2 000 et
NDVI = (ρTM4 - ρTM3)/(ρTM4 + ρTM3) (4) pluviométrie à partir de 1994 est bien dépend de l’environnement climatique. La
Où : mise en évidence avec un indice distribution spatiale des classes de pluies,
NDVI = indice de végétation normalisé ; de + 1,25 en 1999. notamment celle de la décennie 1991-
q = réflectance ; L’analyse spatio-temporelle des pluies 2000, distingue deux zones séparées par
qTM4 = q proche infrarouge ; décennales au cours des trois dernières l’isohyète 1 500 mm : zone à pluviomé-
qTM3 = q rouge. décennies (1971-2000) est illustrée par la trie inférieure à 1 500 mm et zone à plu-
figure 4. viométrie supérieure à 1 500 mm.
Le NDVI est très utile en cartographie
Le gradient pluviométrique est orienté vers C’est la morphologie de surface qui pré-
forestière. L’exploitation de cet indice
le sud-ouest sur l’ensemble de la zone. Les sente un véritable contraste entre le com-
dans une classification supervisée par
décennies 1971-1980 et 1981-1990 sont partiment nord et le compartiment sud. Le
maximum de vraisemblance a abouti à la
caractérisées par un déficit pluviométrique Nord est d’aspect montagneux et à relief
sectorisation en quatre types d’occupa-
(années sèches) avec l’isohyète 1 800 mm très vigoureux et accidenté (dômes
tions qui sont validés par confrontation des
à l’est de Danané. La décennie 1991- granito-gneissiques d’altitude variant de
résultats à la carte du bilan forestier [17].
2000 est la plus humide. Le fait remar- 700 à 1 000 m d’altitude, parcourus par
Enfin, le croisement de la carte d’occupa-
quable est l’apparition de l’isohyète des vallées profondes en V ou en U), alors
tion du sol à la carte de sensibilité à
2 200 mm à l’est de Danané et la migra- que le Sud reste monotone avec des altitu-
l’érosion aboutit à la carte des risques
tion de l’isohyète 1 800 mm vers Man à des variant de 200 à 300 m et quelques
d’érosion hydrique. La spatialisation des
l’est de Sangouiné. L’apparition de l’iso- collines variant de 500 à 600 m. Les
zones de dégradation des sols est une
hyète 2 200 mm est le témoin de la hausse zones de haute altitude sont essentielle-
approche qualitative d’évaluation des ris-
de la pluviométrie au cours de la période ment caractérisées par des pentes supé-
ques d’érosion. La comparaison des résul-
1991-2000. Cette tendance plus humide rieures à 15 % et occupent plus de 10 %
tats à quelques observations de terrain
et l’occurrence de pluies exceptionnelles du territoire. Les zones de basse altitude
permet de valider la carte finale.
sont à l’origine des phénomènes de glisse- ont des pentes qui varient de 0 % à 5 % et
ments de terrain, d’inondations et d’éro- représentent plus de 80 % de la région. La
sion des sols dans l’Ouest de la Côte longueur de la pente n’a pas été prise en
Résultats obtenus d’Ivoire. compte car, selon Hudson [27] et Roose
[28], l’influence de la longueur de la pente
Variabilité spatio-temporelle Cartographie du risque n’est ni constante, ni très élevée. En revan-
du climat dans la région de Man d’érosion hydrique des sols che, l’influence de l’inclinaison de la pente
est déterminante. Les transports solides
L’analyse des indices de Nicholson calcu- • Caractérisation de la sensibilité augmentent de façon exponentielle (expo-
lés à partir des relevés de la station de à l’érosion hydrique des sols sant = ± 1,4 à 2) avec le pourcentage de
Man met en évidence les périodes suivan- Le moteur de l’érosion est le ruissellement. pente. Seules les différentes classes de
tes (figure 3) : Ce phénomène est contrôlé par les précipi- pentes sont utilisées car dès que la pente
– une période humide de 1925 à 1946 ; tations et par les caractéristiques physio- est suffisante pour permettre à l’eau de
– une période normale de 1947 à 1968 ; graphiques de la zone étudiée. C’est pour- ruisseler, le terrain devient vulnérable à
– une longue période sèche de 1969 à quoi les paramètres concernant l’érosivité l’érosion. En effet, sur les pentes très fai-
1993 ; des pluies, le relief et la nature et la texture bles, voire nulles (0 à 2 %), la vitesse

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Sipilou Sipilou

1500 1971 - 1980 N 1981 - 1990 N


Biankouma Biankouma
1500
15 150
00 Sémien 0 Sémien
Gbonné Gbonné
7° 30 7° 30
MAN
Man
18 Facobly 18 Facobly
00 00
00
Sangouiné 12 Sangouiné
Danané Kouibly Danané Kouibly
- 8° - 7° 30’ - 8° 0 10 20 km - 7° 30’
0 10 20 km
2100

Sipilou

1500 1991 - 2000 N


Biankouma

12
00
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15 Sémien
00
180
0 Gbonné
7° 30
Man
Facobly 1200
21
18

00
00

Sangouiné
Danané Kouibly
- 8° - 7° 30’
0 10 20 km

Figure 4. Variabilité spatio-temporelle de la pluviométrie de la région de Man (1971 à 2000).

d’écoulement des eaux est moindre. Cette – à forte et très forte sensibilité occupant Ainsi en passant des zones de végétation
vitesse d’écoulement augmente avec la essentiellement les versants des monta- dense aux zones dénudées, le risque
pente et les eaux deviennent très agressi- gnes de la chaîne des Toura et du mont d’érosion augmente. Par conséquent, la
ves au-delà de 15 % d’inclinaison. Dans Klahoyo dans les environs de Kiriao. carte d’occupation du sol met en évidence
la région d’étude, plus de 10 % du terri- la vulnérabilité des unités spatiales. La
toire situé entre Man et Biankouma sont La carte d’occupation du sol (figure 5B) est répartition spatiale du couvert végétal est
caractérisés par des pentes de 15 % et obtenue par classification supervisée liée aux deux ensembles géomorphologi-
soumis à une telle agressivité. (maximum de vraisemblance) avec une ques de la région.
La dégradation des sols est également précision cartographique de 87,8 %.
fonction de la nature et de la texture des Cette carte présente les zones de forêt • Risque d’érosion hydrique
sols. Les sols sont de nature ferralitique dense, de forêts dégradées (1 et 2) et les La carte des risques d’érosion hydrique est
avec une texture sablo-argilo-limonitique. sols nus et les localités. La forêt dense se obtenue par croisement des cartes de sen-
Ils sont peu profonds et/ou gravillonnaires rencontre au nord-ouest de la zone sibilité et d’occupation du sol (figure 6).
avec ou sans horizon humifère dans le d’étude, où le relief est très vigoureux et Elle présente quatre zones distinctes :
secteur montagneux. L’érodabilité des sols constitue un frein à l’action anthropique. – les zones à faible risque d’érosion au
varie de 0,01 à 0,18. Les sols de Man sont Les forêts dégradées constituent une sud-est, dans les vallées encaissées, au
en majorité faiblement à moyennement mosaïque de forêts et de cultures. Dans le niveau des hauts sommets, ainsi qu’au
érodables. Dans une analyse multicritères, premier groupe (forêt dégradée 1), la nord-ouest ; ces zones qui occupent 42 %
les différents facteurs décrits ci-dessus per- forêt est dominante, alors que dans le du territoire sont caractérisées par des
mettent d’établir la carte de sensibilité des second groupe (forêt dégradée 2) les cul- pentes comprises entre 0 et 2 %, un fort
sols à l’érosion (figure 5A). Cette carte tures sont dominantes. Les sols nus repré- taux de recouvrement végétal et une faible
montre des zones : sentent les localités et les dômes granito- érodabilité ;
– à faible sensibilité, au sud-est et dans les gneissiques dénudés. L’érosion hydrique – les zones à risque moyen d’érosion sont
vallées profondes du secteur monta- atteint son maximum pour les sols nus, caractérisées par des pentes comprises
gneux ; sans protection contre l’eau. Quant à la entre 2 et 5 %, un recouvrement végétal
– à sensibilité moyenne, rencontrées par forêt dense, elle est considérée comme un de forêt dégradée et une érodabilité
endroits sur l’ensemble de la zone, surtout élément antiérosif. La permanence de la moyenne ;
au niveau des sommets des ensembles végétation, des feuilles et des branches – les zones à fort risque d’érosion, qui
montagneux ; amortit l’impact des gouttes. s’étendent sur 26 % du secteur ;

34 Sécheresse vol. 18, n° 1, janvier, février, mars 2007


A 7°40’W 7°30’W 7°20’W B 7°40’W 7°30’W 7°20’W
KANTA BIANKOUMA

7°40’N N

7°40’N

7°40’N

7°40’N
N

BOFESSO DOUMA
7°30’N

7°30’N

7°30’N

7°30’N
ZOUATA 2

MAN FACOBLY
ZONLE 1
KIRIAO

7°20’N

7°20’N
7°20’N

7°20’N
GBANGBEGOUINE
TOTRODROU

7°40’W 7°30’W 7°20’W 7°40’W 7°30’W 7°20’W


0 5 km 0 5 km

Forêt Forêt Forêt Sols nus


Faible Moyenne Forte Très forte dense dégradée 1 dégradée 2 et localités
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Figure 5. Cartes thématiques utilisées pour la caractérisation du risque d’érosion des sols. A) carte de sensibilité à l’érosion ; B) carte d’occupation du
sol.

– les zones à très fort risque d’érosion, qui La validation des résultats a été faite à rain sur le mont Zô à Gbangbegouiné en
couvrent 14 % du secteur. deux niveaux. D’une part, les cartes thé- 1996. La concordance parfaite entre ces
Les deux dernières zones (40 %) se ren- matiques obtenues ont été confrontées aux observations de terrain et les sites à moyen
contrent pour l’essentiel sur les versants données exogènes de terrain avant leur et fort risques d’érosion révélés par la
des montagnes et les vallées encaissées, la croisement. D’autre part, lors des missions carte des risques réalisée à partir du SIG
zone à très fort risque d’érosion se retrou- de terrain, il a été constaté d’importants permet de valider dans une certaine
vant un peu plus au nord de Man où la dégâts matériels occasionnés par les phé- mesure la carte finale. D’autres missions
forêt est fortement dégradée. Elles sont nomènes d’érosion : nombreux éboulis de terrain ont permis de procéder à des
caractérisées par une pente supérieure à dans les plantations, ensablement des rues mesures d’inclinaison de pente et à la
5 %, un faible taux de recouvrement végé- à Man, destructions de plantations de café description des états de surface au niveau
tal et une érodabilité moyenne à forte. et de cacao suite à un glissement de ter- des sites à haut risque ainsi que leur locali-
sation précise à l’aide d’un GPS (global
positioning system).
7˚40’W 7˚30’W 7˚20’W
KANTA BIANKOUMA
N
Discussion
7˚40’N

7˚40’N

La reprise de la pluviosité dans la région


de Man est mise en évidence non seule-
ment par des indices pluviométriques posi-
BOFESSO DOUMA
tifs (+ 1,4) mais aussi par l’apparition de
l’isohyète 2 200 mm dans le secteur occi-
7˚30’N

7˚30’N

dental au cours de la décennie 1991 à


2000. Cela est en conformité avec les
ZOUATA 2
travaux de Kouadio [11] et de Saley [29]
dans la même région et aussi avec ceux de
MAN FACOBLY N’go [30] dans le Sud-Ouest de la Côte
ZONLE 1
KIRIAO d’Ivoire, qui montrent que depuis 1994 la
pluviométrie et l’hydraulicité des cours
7˚20’N

7˚20’N

GBANGBEGOUINE d’eau connaissent une augmentation.


TOTRODROU La carte des risques d’érosion montre que
les zones à fort risque d’érosion occupent
environ 40 % du secteur étudié, sur les
7˚40’W 7˚30’W 7˚20’W versants abrupts des montagnes et dans
0 5 km les vallées encaissées. Ces résultats
concordent avec ceux de Morschel et Fox
Faible Moyen Fort Très fort [31] qui montrent que le risque d’érosion
évolue selon une structure spatiale définie
par la localisation topopaysagère des
Figure 6. Carte des risques d’érosion hydrique des sols de Man. zones à risque. Les versants subissent tou-

Sécheresse vol. 18, n° 1, janvier, février, mars 2007 35


jours une érosion plus forte et les parties lement des zones de cultures. La carte de 10. Biémi J. Contribution à l’étude géologique,
amont des versants sont exposées à une risque d’érosion obtenue constitue un hydrogéologique par télédétection des bassins-
érosion moyenne. Sur les replats sommi- document d’aide à la décision qui va versants subsahéliens du socle précambrien
d’Afrique de l’Ouest : hydrostructurale, hydrody-
taux, dans les concavités aval et dans les contribuer à l’utilisation rationnelle des ter-
namique, hydrochimie et isotopie des aquifères
vallées alluviales, l’érosion est moindre. res de la région. La mise à jour de la base discontinus de sillons et aire granitique de la
Dans la région de Man à relief très acci- de données devra permettre un suivi et une haute Marahoué (Côte d’Ivoire). Thèse d’État,
denté, la fiabilité des résultats est liée au surveillance des zones à risque. Il serait université d’Abidjan, 1992.
MNA dont la qualité doit être testée, soit à souhaitable que la zone d’étude soit ren-
11. Kouadio BH. Insécurité climatique et géoris-
partir de données issues a priori de la forcée en nombre de stations pluviométri-
ques en Afrique de l’Ouest : apport des systèmes
connaissance intrinsèque du relief, soit à ques car cela contribuerait à la fiabilisa- d’information géographique et de la télédétec-
partir de données de référence issues tion des résultats pour ce qui est de la tion à l’étude des phénomènes de risques naturels
d’une source externe Polidori [32]. En utili- variabilité climatique et de l’érosivité des dans la région semi-montagneuse de Man (Ouest
sant les points d’amer recueillis au cours pluies. Une étude approfondie de l’éroda- de la Côte d’Ivoire). Thèse 3e cycle, université de
des missions de terrain [15, 29], on bilité des sols et de l’érosivité des pluies à Cocody, 2001.
observe une concordance au niveau plani- travers des mesures régulières de terrain 12. Djro SC. Évolutions tectono-métamorphiques
métrique, mais de faibles décalages au contribuerait à un meilleur suivi de l’éro- des gneiss granulitiques archéens du secteur de
niveau altitudinal (7-10 m) dans le MNA sion des sols dans la région. ■ Biankouma-Touba (Nord-Ouest Côte d’Ivoire).
créé. L’implication de plusieurs facteurs Thèse d’État, université de Cocody, 1998.
dans les phénomènes d’érosion justifie le 13. Camil J. Pétrographie, chronologie, des
choix d’un SIG pour l’étude, car, selon ensembles granulitiques archéens et formations
Duchemin et al. [33], la télédétection et les Remerciements
associées de la région de Man (Côte d’Ivoire).
SIG sont les outils les mieux indiqués pour Nous adressons nos remerciements à la Implication pour l’histoire géologique du craton
des études qui intègrent des données multi- Sodexam pour la mise à disposition des ouest-africain. Thèse d’État, université d’Abidjan,
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sources. La base de données mise en données météorologiques, ainsi qu’aux diffé- 1984.
place prend en compte les données issues rents correcteurs dont les remarques et sug-
gestions ont permis d’améliorer ce travail. 14. Kouamelan AN. Géochronologie et géochi-
du MNA, les images TM, les données mie des formations archéennes et protérozoïques
d’érodabilité des sols et les indices d’érosi- de la dorsale de Man en Côte d’Ivoire. Implica-
vité des pluies. Le travail s’est fait à tions pour la transition archéen-protérozoïque.
l’échelle régionale sur une zone carrée de Thèse unique, université de Rennes 1, 1996.
50 km de côté. Une validation rigoureuse Références 15. Kouamé KF. Hydrogéologie des régions de
des résultats nécessite la mise en corres- montagne : apport des données de télédétection
pondance des mesures d’érosion obtenues 1. Organisation météorologique mondiale et des méthodes statistique et fractale à l’élabora-
sur le terrain avec les estimations du (OMM). Météorologie et hydrologie urbaine. tion d’un système d’informations hydrogéologi-
modèle sur quelques pixels représentatifs Actes de la journée météorologique mondiale de ques à référence spatiale des aquifères disconti-
et sur une durée d’au moins quelques l’année 1997, Genève, 23 mars 1997. nus du secteur Man-Danané (Ouest de la Côte
années [31]. Cependant, il n’existe pas de d’Ivoire). Thèse 3e cycle, université de Cocody,
2. Roose E. Causes et facteurs de l’érosion hydri- 1999.
mesures d’érosion sur le terrain étudié. Par que sous climat tropical : conséquences pour les
ailleurs, la présente étude s’étant faite méthodes antiérosives. Machinisme et Agricul- 16. Perraud A. Les sols de Côte d’Ivoire. In : Ave-
selon une approche qualitative, la valida- ture Tropicale 1984 ; 87 : 4-18. nard JM, Eldin M, Girard G, eds. Le milieu natu-
tion des résultats sur le terrain s’est faite rel de la Côte d’Ivoire. Mémoire Orstom 50.
par la reconnaissance et le repérage de 3. Rougerie G. Modalité du ruissellement sous Paris : Orstom éditions, 1971.
quelques pixels représentatifs du risque forêt dense de Côte d’Ivoire. CR Acad Sci Paris 17. Centre de cartographie et télédétection
1958 ; 246 : 290-2.
érosif et d’observations ciblées sur les pen- (CCT). Carte du bilan forestier de la région de
tes, le couvert végétal et les caractéristi- 4. Rougerie G. Le façonnement actuel des mode- Man (1/200 000), réalisée à partir de l’interpré-
ques du sol. En s’appuyant donc sur ces lés en Côte d’Ivoire forestière. Mémoire IFAN 58. tation d’images TM de Landsat. Abidjan : CCT,
pixels, le choix des sites de validation est Dakar : Institut Fondamental d’Afrique Noire 1993.
facilité et cela évite le problème relatif à la (IFAN), 1960. 18. Nicholson SE. The natural rainfall fluctua-
différence d’échelle entre les résultats et les tions in subtropical West Africa. Mondial Wea-
5. Fournier F. Climat et érosion. Paris : Presses ther Review 1980 ; (108) : 473-87.
sites de terrain. universitaires de France, 1960.
19. Gilard O, Gendreau N. Inondabilité : une
6. Roose E. Dix années de mesure du ruisselle- méthode de prévention raisonnable du risque
ment et de l’érosion à Séfa au Sénégal. Agro d’inondation pour une gestion mieux intégrée
Conclusion Trop 1967 ; 22 : 123-52. des bassins versants. Revue des Sciences de l’Eau
1998 ; 11 : 429-44.
Le présent travail fait ressortir une augmen- 7. Roose E. Érosion et ruissellement en Afrique de
l’Ouest. Vingt années de mesures en parcelles 20. Pouilot J, Thomson KPB, Chevalier JJ, Bous-
tation de la pluviométrie amorcée depuis expérimentales. Document Orstom 78. Paris : sema MR. Utilisation des données satellitaires
1994 dans la longue période déficitaire Orstom éditions, 1977. comme aide à l’identification des zones à haut
qui touche la région de Man depuis 1968. risque d’érosion. Seixième symposium canadien
Cela pouvant constituer un facteur 8. Roose E, De Noni G, Lamachère JM. L’érosion sur la télédétection 1993, Sherbrooke, 7-10 juin
d’accentuation de l’érosion des sols, un à l’ORSTOM : 40 ans de recherches multidiscipli- 1993.
SIG intégrant des données de diverses naires. Cah Orstom, Sér Pédologie 1997 (Spé- 21. Wischmeier WH, Smith DD. Predicting rain-
sources est mis en place sur le risque cial érosion) : 54-66. fall erosion losses : a guide to conservation plan-
d’érosion hydrique des sols. Il a ainsi été 9. Paturel JE, Servat E, Kouamé B, Boyer JF.
ning. Handbook 537. Washington (DC) : United
possible de déterminer que 40 % du sec- States Department of Agriculture (USDA), 1978.
Manifestation de la sécheresse en Afrique de
teur étudié représentent des zones à risque l’Ouest non sahélienne. Cas de la Côte d’Ivoire, 22. Mayer L. Introduction to quantitative geomor-
d’érosion hydrique. Ces zones occupent du Togo et du Bénin. Sécheresse 1995 ; 6 : phology. Prentice Hall : Englewood Cliffs (New
les versants de montagne qui sont généra- 95-102. Jersey), 1995.

36 Sécheresse vol. 18, n° 1, janvier, février, mars 2007


23. Roose E. Use of USLE to predict erosion in 27. Hudson NW. Soil Conservation. London : 31. Morschel J, Fox D. Une méthode de cartogra-
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Observation and Geoinformation 2001 ; 3 :
logique à référence spatiale, discontinuités les numériques de terrain. Bulletin de la Société
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Presse de l’Université du Québec ; Aupelf, 1992. Thèse unique, université de Cocody, 2003.
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26. Servat E, Paturel JE, Kouamé B, et al. Modifi- 30. N’goh YA. Étude de l’érosion des sols de la cé R. Approche géomatique pour simuler l’éro-
cation des régimes d’écoulement en Afrique de région de Buyo : analyse des facteurs et essai sion hydrique et le transport des sédiments à
l’Ouest et Centrale non sahélienne et conséquen- d’évaluation des risques par télédétection et les l’échelle des petits bassins versants. Canadian
ces sur les ressources en eau. IAHS Publication systèmes d’informations géographiques. Thèse Water Quality Research Journal 2001 ; 36 :
246. Paris : IAHS, 1997. 3e cycle, université d’Abobo-Adjamé, 2000. 435-73.
Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un utilisateur anonyme le 07/11/2017.

Sécheresse vol. 18, n° 1, janvier, février, mars 2007 37

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