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Abstract
doi: 10.1684/sec.2007.0064
Climatic insecurity and georisk in Côte d'Ivoire: Water erosion risks in the semi-
mountainous region of Man (western Côte d'Ivoire)
The aim of this work is the production of a map of water erosion risk areas in relation
with the climatic variability in the region of Man (western Côte d’Ivoire). The analysis
of rainfall data fluctuations from 1925 through 2000 and the follow-up of the
evolution of isohyets provide an understanding of the space-time characteristics of the
– 0-2 % : faible susceptibilité ; comme suit : L’occupation du sol fait état des unités
– 2-5 % : moyenne susceptibilité ; spatiales qui sont exposées à l’érosion.
– 5-15 % : forte susceptibilité ; Rm = a Pm (3) L’exploitation des images de télédétection
Numérisation Correction
et création de
géométrique
relief numérique
Calcul Analyse et
d'indices Images
MNA interprétation
redressées
Génération
Calcul
de fichiers
dérivés d'indices
Croisement de données
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plus proche voisin.
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La cartographie de l’occupation du sol Années
Indices Moyenne mobile à 5 points
utilise les bandes rouge (TM3) et infra-
rouge (TM4). Le comportement spectral de
la végétation, des sols nus et des roches est Figure 3. Indices pluviométriques de la station de Man (1925-2000).
très contrasté dans les domaines du visible
et de l’infrarouge [25]. La chlorophylle des
plantes absorbe fortement le rayonnement – et une petite période humide de 1994 à des sols ont été retenus pour la caractérisa-
aux longueurs d’onde du visible, c’est-à- 2000. tion de la sensibilité à l’érosion.
dire dans TM3 alors qu’elle réfléchit le Ces résultats sont en accord avec les tra- L’indice d’érosivité des pluies de la région
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rayonnement dans TM4. Sur la base de vaux de Paturel et al. [9] et de Servat et al. de Man varie de 242 à 415. Cet indice
cette différence de comportement, l’indice [26]. Sur la figure 3, la chute brutale de dépend de l’intensité et du caractère tor-
de végétation normalisé (NDVI, normali- l’indice de + 0,4 en 1982 à - 1,6 en rentiel de la pluie. Il varie très peu sur
zed difference vegetation index) est déter- 1983 traduit la manifestation de la séche- l’ensemble de la zone et reste faible.
miné à partir de : resse qui a affecté toute l’Afrique de Roose [23] montre que l’indice d’érosivité
l’Ouest de 1982 à 1984. La reprise de la des pluies varie de 100 à 2 000 et
NDVI = (ρTM4 - ρTM3)/(ρTM4 + ρTM3) (4) pluviométrie à partir de 1994 est bien dépend de l’environnement climatique. La
Où : mise en évidence avec un indice distribution spatiale des classes de pluies,
NDVI = indice de végétation normalisé ; de + 1,25 en 1999. notamment celle de la décennie 1991-
q = réflectance ; L’analyse spatio-temporelle des pluies 2000, distingue deux zones séparées par
qTM4 = q proche infrarouge ; décennales au cours des trois dernières l’isohyète 1 500 mm : zone à pluviomé-
qTM3 = q rouge. décennies (1971-2000) est illustrée par la trie inférieure à 1 500 mm et zone à plu-
figure 4. viométrie supérieure à 1 500 mm.
Le NDVI est très utile en cartographie
Le gradient pluviométrique est orienté vers C’est la morphologie de surface qui pré-
forestière. L’exploitation de cet indice
le sud-ouest sur l’ensemble de la zone. Les sente un véritable contraste entre le com-
dans une classification supervisée par
décennies 1971-1980 et 1981-1990 sont partiment nord et le compartiment sud. Le
maximum de vraisemblance a abouti à la
caractérisées par un déficit pluviométrique Nord est d’aspect montagneux et à relief
sectorisation en quatre types d’occupa-
(années sèches) avec l’isohyète 1 800 mm très vigoureux et accidenté (dômes
tions qui sont validés par confrontation des
à l’est de Danané. La décennie 1991- granito-gneissiques d’altitude variant de
résultats à la carte du bilan forestier [17].
2000 est la plus humide. Le fait remar- 700 à 1 000 m d’altitude, parcourus par
Enfin, le croisement de la carte d’occupa-
quable est l’apparition de l’isohyète des vallées profondes en V ou en U), alors
tion du sol à la carte de sensibilité à
2 200 mm à l’est de Danané et la migra- que le Sud reste monotone avec des altitu-
l’érosion aboutit à la carte des risques
tion de l’isohyète 1 800 mm vers Man à des variant de 200 à 300 m et quelques
d’érosion hydrique. La spatialisation des
l’est de Sangouiné. L’apparition de l’iso- collines variant de 500 à 600 m. Les
zones de dégradation des sols est une
hyète 2 200 mm est le témoin de la hausse zones de haute altitude sont essentielle-
approche qualitative d’évaluation des ris-
de la pluviométrie au cours de la période ment caractérisées par des pentes supé-
ques d’érosion. La comparaison des résul-
1991-2000. Cette tendance plus humide rieures à 15 % et occupent plus de 10 %
tats à quelques observations de terrain
et l’occurrence de pluies exceptionnelles du territoire. Les zones de basse altitude
permet de valider la carte finale.
sont à l’origine des phénomènes de glisse- ont des pentes qui varient de 0 % à 5 % et
ments de terrain, d’inondations et d’éro- représentent plus de 80 % de la région. La
sion des sols dans l’Ouest de la Côte longueur de la pente n’a pas été prise en
Résultats obtenus d’Ivoire. compte car, selon Hudson [27] et Roose
[28], l’influence de la longueur de la pente
Variabilité spatio-temporelle Cartographie du risque n’est ni constante, ni très élevée. En revan-
du climat dans la région de Man d’érosion hydrique des sols che, l’influence de l’inclinaison de la pente
est déterminante. Les transports solides
L’analyse des indices de Nicholson calcu- • Caractérisation de la sensibilité augmentent de façon exponentielle (expo-
lés à partir des relevés de la station de à l’érosion hydrique des sols sant = ± 1,4 à 2) avec le pourcentage de
Man met en évidence les périodes suivan- Le moteur de l’érosion est le ruissellement. pente. Seules les différentes classes de
tes (figure 3) : Ce phénomène est contrôlé par les précipi- pentes sont utilisées car dès que la pente
– une période humide de 1925 à 1946 ; tations et par les caractéristiques physio- est suffisante pour permettre à l’eau de
– une période normale de 1947 à 1968 ; graphiques de la zone étudiée. C’est pour- ruisseler, le terrain devient vulnérable à
– une longue période sèche de 1969 à quoi les paramètres concernant l’érosivité l’érosion. En effet, sur les pentes très fai-
1993 ; des pluies, le relief et la nature et la texture bles, voire nulles (0 à 2 %), la vitesse
Sipilou
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15 Sémien
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7° 30
Man
Facobly 1200
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Sangouiné
Danané Kouibly
- 8° - 7° 30’
0 10 20 km
d’écoulement des eaux est moindre. Cette – à forte et très forte sensibilité occupant Ainsi en passant des zones de végétation
vitesse d’écoulement augmente avec la essentiellement les versants des monta- dense aux zones dénudées, le risque
pente et les eaux deviennent très agressi- gnes de la chaîne des Toura et du mont d’érosion augmente. Par conséquent, la
ves au-delà de 15 % d’inclinaison. Dans Klahoyo dans les environs de Kiriao. carte d’occupation du sol met en évidence
la région d’étude, plus de 10 % du terri- la vulnérabilité des unités spatiales. La
toire situé entre Man et Biankouma sont La carte d’occupation du sol (figure 5B) est répartition spatiale du couvert végétal est
caractérisés par des pentes de 15 % et obtenue par classification supervisée liée aux deux ensembles géomorphologi-
soumis à une telle agressivité. (maximum de vraisemblance) avec une ques de la région.
La dégradation des sols est également précision cartographique de 87,8 %.
fonction de la nature et de la texture des Cette carte présente les zones de forêt • Risque d’érosion hydrique
sols. Les sols sont de nature ferralitique dense, de forêts dégradées (1 et 2) et les La carte des risques d’érosion hydrique est
avec une texture sablo-argilo-limonitique. sols nus et les localités. La forêt dense se obtenue par croisement des cartes de sen-
Ils sont peu profonds et/ou gravillonnaires rencontre au nord-ouest de la zone sibilité et d’occupation du sol (figure 6).
avec ou sans horizon humifère dans le d’étude, où le relief est très vigoureux et Elle présente quatre zones distinctes :
secteur montagneux. L’érodabilité des sols constitue un frein à l’action anthropique. – les zones à faible risque d’érosion au
varie de 0,01 à 0,18. Les sols de Man sont Les forêts dégradées constituent une sud-est, dans les vallées encaissées, au
en majorité faiblement à moyennement mosaïque de forêts et de cultures. Dans le niveau des hauts sommets, ainsi qu’au
érodables. Dans une analyse multicritères, premier groupe (forêt dégradée 1), la nord-ouest ; ces zones qui occupent 42 %
les différents facteurs décrits ci-dessus per- forêt est dominante, alors que dans le du territoire sont caractérisées par des
mettent d’établir la carte de sensibilité des second groupe (forêt dégradée 2) les cul- pentes comprises entre 0 et 2 %, un fort
sols à l’érosion (figure 5A). Cette carte tures sont dominantes. Les sols nus repré- taux de recouvrement végétal et une faible
montre des zones : sentent les localités et les dômes granito- érodabilité ;
– à faible sensibilité, au sud-est et dans les gneissiques dénudés. L’érosion hydrique – les zones à risque moyen d’érosion sont
vallées profondes du secteur monta- atteint son maximum pour les sols nus, caractérisées par des pentes comprises
gneux ; sans protection contre l’eau. Quant à la entre 2 et 5 %, un recouvrement végétal
– à sensibilité moyenne, rencontrées par forêt dense, elle est considérée comme un de forêt dégradée et une érodabilité
endroits sur l’ensemble de la zone, surtout élément antiérosif. La permanence de la moyenne ;
au niveau des sommets des ensembles végétation, des feuilles et des branches – les zones à fort risque d’érosion, qui
montagneux ; amortit l’impact des gouttes. s’étendent sur 26 % du secteur ;
7°40’N N
7°40’N
7°40’N
7°40’N
N
BOFESSO DOUMA
7°30’N
7°30’N
7°30’N
7°30’N
ZOUATA 2
MAN FACOBLY
ZONLE 1
KIRIAO
7°20’N
7°20’N
7°20’N
7°20’N
GBANGBEGOUINE
TOTRODROU
Figure 5. Cartes thématiques utilisées pour la caractérisation du risque d’érosion des sols. A) carte de sensibilité à l’érosion ; B) carte d’occupation du
sol.
– les zones à très fort risque d’érosion, qui La validation des résultats a été faite à rain sur le mont Zô à Gbangbegouiné en
couvrent 14 % du secteur. deux niveaux. D’une part, les cartes thé- 1996. La concordance parfaite entre ces
Les deux dernières zones (40 %) se ren- matiques obtenues ont été confrontées aux observations de terrain et les sites à moyen
contrent pour l’essentiel sur les versants données exogènes de terrain avant leur et fort risques d’érosion révélés par la
des montagnes et les vallées encaissées, la croisement. D’autre part, lors des missions carte des risques réalisée à partir du SIG
zone à très fort risque d’érosion se retrou- de terrain, il a été constaté d’importants permet de valider dans une certaine
vant un peu plus au nord de Man où la dégâts matériels occasionnés par les phé- mesure la carte finale. D’autres missions
forêt est fortement dégradée. Elles sont nomènes d’érosion : nombreux éboulis de terrain ont permis de procéder à des
caractérisées par une pente supérieure à dans les plantations, ensablement des rues mesures d’inclinaison de pente et à la
5 %, un faible taux de recouvrement végé- à Man, destructions de plantations de café description des états de surface au niveau
tal et une érodabilité moyenne à forte. et de cacao suite à un glissement de ter- des sites à haut risque ainsi que leur locali-
sation précise à l’aide d’un GPS (global
positioning system).
7˚40’W 7˚30’W 7˚20’W
KANTA BIANKOUMA
N
Discussion
7˚40’N
7˚40’N
7˚30’N
7˚20’N
sources. La base de données mise en données météorologiques, ainsi qu’aux diffé- 1984.
place prend en compte les données issues rents correcteurs dont les remarques et sug-
gestions ont permis d’améliorer ce travail. 14. Kouamelan AN. Géochronologie et géochi-
du MNA, les images TM, les données mie des formations archéennes et protérozoïques
d’érodabilité des sols et les indices d’érosi- de la dorsale de Man en Côte d’Ivoire. Implica-
vité des pluies. Le travail s’est fait à tions pour la transition archéen-protérozoïque.
l’échelle régionale sur une zone carrée de Thèse unique, université de Rennes 1, 1996.
50 km de côté. Une validation rigoureuse Références 15. Kouamé KF. Hydrogéologie des régions de
des résultats nécessite la mise en corres- montagne : apport des données de télédétection
pondance des mesures d’érosion obtenues 1. Organisation météorologique mondiale et des méthodes statistique et fractale à l’élabora-
sur le terrain avec les estimations du (OMM). Météorologie et hydrologie urbaine. tion d’un système d’informations hydrogéologi-
modèle sur quelques pixels représentatifs Actes de la journée météorologique mondiale de ques à référence spatiale des aquifères disconti-
et sur une durée d’au moins quelques l’année 1997, Genève, 23 mars 1997. nus du secteur Man-Danané (Ouest de la Côte
années [31]. Cependant, il n’existe pas de d’Ivoire). Thèse 3e cycle, université de Cocody,
2. Roose E. Causes et facteurs de l’érosion hydri- 1999.
mesures d’érosion sur le terrain étudié. Par que sous climat tropical : conséquences pour les
ailleurs, la présente étude s’étant faite méthodes antiérosives. Machinisme et Agricul- 16. Perraud A. Les sols de Côte d’Ivoire. In : Ave-
selon une approche qualitative, la valida- ture Tropicale 1984 ; 87 : 4-18. nard JM, Eldin M, Girard G, eds. Le milieu natu-
tion des résultats sur le terrain s’est faite rel de la Côte d’Ivoire. Mémoire Orstom 50.
par la reconnaissance et le repérage de 3. Rougerie G. Modalité du ruissellement sous Paris : Orstom éditions, 1971.
quelques pixels représentatifs du risque forêt dense de Côte d’Ivoire. CR Acad Sci Paris 17. Centre de cartographie et télédétection
1958 ; 246 : 290-2.
érosif et d’observations ciblées sur les pen- (CCT). Carte du bilan forestier de la région de
tes, le couvert végétal et les caractéristi- 4. Rougerie G. Le façonnement actuel des mode- Man (1/200 000), réalisée à partir de l’interpré-
ques du sol. En s’appuyant donc sur ces lés en Côte d’Ivoire forestière. Mémoire IFAN 58. tation d’images TM de Landsat. Abidjan : CCT,
pixels, le choix des sites de validation est Dakar : Institut Fondamental d’Afrique Noire 1993.
facilité et cela évite le problème relatif à la (IFAN), 1960. 18. Nicholson SE. The natural rainfall fluctua-
différence d’échelle entre les résultats et les tions in subtropical West Africa. Mondial Wea-
5. Fournier F. Climat et érosion. Paris : Presses ther Review 1980 ; (108) : 473-87.
sites de terrain. universitaires de France, 1960.
19. Gilard O, Gendreau N. Inondabilité : une
6. Roose E. Dix années de mesure du ruisselle- méthode de prévention raisonnable du risque
ment et de l’érosion à Séfa au Sénégal. Agro d’inondation pour une gestion mieux intégrée
Conclusion Trop 1967 ; 22 : 123-52. des bassins versants. Revue des Sciences de l’Eau
1998 ; 11 : 429-44.
Le présent travail fait ressortir une augmen- 7. Roose E. Érosion et ruissellement en Afrique de
l’Ouest. Vingt années de mesures en parcelles 20. Pouilot J, Thomson KPB, Chevalier JJ, Bous-
tation de la pluviométrie amorcée depuis expérimentales. Document Orstom 78. Paris : sema MR. Utilisation des données satellitaires
1994 dans la longue période déficitaire Orstom éditions, 1977. comme aide à l’identification des zones à haut
qui touche la région de Man depuis 1968. risque d’érosion. Seixième symposium canadien
Cela pouvant constituer un facteur 8. Roose E, De Noni G, Lamachère JM. L’érosion sur la télédétection 1993, Sherbrooke, 7-10 juin
d’accentuation de l’érosion des sols, un à l’ORSTOM : 40 ans de recherches multidiscipli- 1993.
SIG intégrant des données de diverses naires. Cah Orstom, Sér Pédologie 1997 (Spé- 21. Wischmeier WH, Smith DD. Predicting rain-
sources est mis en place sur le risque cial érosion) : 54-66. fall erosion losses : a guide to conservation plan-
d’érosion hydrique des sols. Il a ainsi été 9. Paturel JE, Servat E, Kouamé B, Boyer JF.
ning. Handbook 537. Washington (DC) : United
possible de déterminer que 40 % du sec- States Department of Agriculture (USDA), 1978.
Manifestation de la sécheresse en Afrique de
teur étudié représentent des zones à risque l’Ouest non sahélienne. Cas de la Côte d’Ivoire, 22. Mayer L. Introduction to quantitative geomor-
d’érosion hydrique. Ces zones occupent du Togo et du Bénin. Sécheresse 1995 ; 6 : phology. Prentice Hall : Englewood Cliffs (New
les versants de montagne qui sont généra- 95-102. Jersey), 1995.