HYPE MOVIATECH

Catalyseur et accélérateur La plate-forme Mobinow

de la mobilité zéro émission pour décarboner le transport

LE MAGAZINE INTERNATIONAL DE L'HYDROGÈNE ET DES PILES À COMBUSTIBLE

Magazine trimestriel Octobre-Décembre 2022 + 15 €

# 11 Hausse du prix
de l'énergie :
une opportunité
pour développer
la production
d’hydrogène vert ?

Mobilité :
la clé du déploiement

CONSILDE MEDIA GROUP

HYDROGÈNE
ENERGY: LA BOURGOGNE-FRANCHE-COMTÉ
OBSERVER ACCÉLÈRE !
: L'ODYSSÉE HYDROGÈNE

FILLNDRIVE MONDIAL   DE   L’AUTO BMW

Faciliter la distribution Le grand virage Sur la route
d’hydrogène « durable » hydrogène
 Édito
COORDINATEUR ÉDITORIAL
Jérôme Bouché

COORDINATRICE TECHNIQUE

L
Mariam Kveselava

CORRECTRICE
Véronique Parmentier

ONT PARTICIPÉ À CE NUMÉRO Un courant d’hydrogène vert

Jérôme Bouché, Mathieu Gardies, Karel Le déploiement de l’hydrogène en France suit son cours, avec un encouragement
Hubert, Bruno Jamet, Roland Kaeppner, général des pouvoirs publics, des collectivités territoriales et de l’Union euro-
Géraldine Trapp, Phillip Van der Merwe,
Véronique Wiss péenne. Les milliards coulent à flots pour qui sait les saisir. Si, de la volonté aux
actes, le chemin est encore long, de nombreux projets sortent de terre et de mer.
STUDIO GRAPHIQUE En France, la Première ministre, Élisabeth Borne, a annoncé le 28 septembre der-
Caldera Studio
nier la construction de dix premières usines pour lancer une filière française d’hy-
COUVERTURE drogène décarboné qui devrait permettre la création de 5 200 emplois directs.
© Daimlertruck.com Pour s’inscrire durablement dans le paysage énergétique français, l’hydrogène
SERVICE DE LA RÉDACTION doit cependant franchir plusieurs obstacles. Sa production doit se verdir et dans
Consilde Media Group des proportions importantes. La technologie progresse et les projets d’électroly-
100 Rue Victor Baltard seurs fleurissent. Encore ne faudrait-il pas que le prix de l’électricité et sa rareté ne
F-13290 Aix-en-Provence
Tél. : 01 75 43 75 40 la conduisent à d’autres usages que celui de produire de l’hydrogène. En parallèle,
Fax : 01 75 43 75 41 de nouvelles technologies de production d’hydrogène par biomasse – très pro-
contact@consilde.com metteuses – voient le jour. Avec comme avantage de permettre un recyclage des
PUBLICITÉ / PARTENARIATS déchets organiques qui produisent alors de l’énergie sans émettre de carbone.
Joachim Richard Il s’agit d’une fantastique opportunité pour de nombreux acteurs des industries
Tél. : 06 11 30 37 85 agroalimentaires et des gestionnaires de déchets des collectivités.
joachim@consilde.com
Les grands projets de production et de consommation sur des sites portuaires et
Loïs Charlemagne
Tél. : 06 95 85 72 42 industriels participent également de ce déploiement, avec les moyens de grands
lois@consilde.com groupes et de start-up innovantes. Mais le développement de la filière hydrogène
Jim Ponce ne devra pas mettre de côté les projets de moindre taille qui couvrent l’ensemble
Tél. : 06 81 25 13 88 du territoire. Ces projets, qui allient aussi production et consommation locale,
jim@consilde.com
peuvent favoriser en particulier le déploiement de la distribution d’hydrogène et
IMPRESSION LMDP (France) donc une nouvelle mobilité durable dont nous pourrons bénéficier sur l’ensemble
de l’Hexagone et par-delà nos frontières pour le transport routier et maritime.
ENVIRONNEMENT
L’impression de ce numéro a Le soutien de ces projets de taille plus modeste ne doit donc pas être oublié. Les
été réalisée selon le cahier des petits ruisseaux feront aussi les fleuves d’énergies renouvelables, nos « french
charges Imprim’Vert®.
stream » d’hydrogène, dont la France a cruellement besoin.
PEFC 10-31-2849
Les encres utilisées sont La rédaction
végétales, afin de permettre
un meilleur recyclage et
d'augmenter les propriétés biodégradables
de notre magazine imprimé.
L'électricité de notre rédaction est issue à
100 % de l'énergie éolienne et solaire.

COPYRIGHT
En application de la loi du 11 mars
1957 (art. 41) et du Code de la propriété
intellectuelle du 1er juillet 1992, toute
reproduction partielle ou totale à usage
collectif de la présente publication est
strictement interdite sans autorisation
expresse de l’éditeur.
Photos : tous droits réservés.
Les opinions exprimées dans les articles
et entretiens n’engagent que leurs
auteurs.

INFORMATIONS LÉGALES
Commission paritaire : en cours
ISSN : en cours • Dépôt légal : à parution
Directeur de publication : Alexis Bautzmann

Prix public TTC pour la France : 15 euros

CONSILDE
MEDIA
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H2
Sécuriser
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H2
H2 performances
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>> [ des projets
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hydrogène]

>> AIDE À LA CONCEPTION ET

L’IMPLANTATION D’UNITÉS
INDUSTRIELLES

>> SUPPORT RÉGLEMENTAIRE

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SYSTÈMES DE TRANSPORT

>> CARTOGRAPHIE DES RISQUES

D’UN ÉCOSYSTÈME

>> OPTIMISATION
DE LA SUPPLY CHAIN

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 N° 11 • Octobre-Décembre 2022

08 06
NEWS
06 Dix projets, 2,1 milliards d’euros
08 Production d’hydrogène offshore : le pilote
08 Bateaux hydrogène
08 Transport d’hydrogène
09 Hopium : made in Normandie
09 Volvo teste les PAC
09 Réseau transeuropéen

22
10 Nuit blanche
10 Usines de réservoirs
11 Une plate-forme de gestion du risque

12
MOBILITÉ
12 « La hausse du prix du gaz peut être un déclic
pour développer la production d’hydrogène vert »
17 Mobilité : la clé du déploiement
18 Motorisation hydrogène : PAC pour les petits, MCI pour les gros ?
22 BMW : sur la route hydrogène

44
24 Hype, catalyseur et accélérateur de la mobilité zéro émission
26 « Profitez du salon pour prendre le virage de l’automobile durable »
30 Top Transport Europe, l'évènement logistique et transport
32 FillnDrive : faciliter la distribution d’hydrogène
34 « Nous avons développé la plate-forme Mobinow pour
décarboner le transport »

36
SÉCURITÉ H2
37 Pepperl+Fuchs : la carte sécurité hydrogène
38 Pyrocontrole : le capteur à la juste température

48
40 Airbus Protect : « Développer des systèmes
de mobilité hydrogène sécurisés »
42 Bureau Veritas : sécuriser la filière hydrogène

44
PRODUCTION
44 Haffner Energy : l'hydrogène renouvelable et décarboné par thermolyse
46 Athéna Recherche et Innovation :
une bactérie produit de l’hydrogène

48
FOCUS
48 Hydrogène : la Bourgogne-Franche-Comté accélère

62
54
RÉSEAUX
54 Forum Hydrogen Business for Climate :
un rendez-vous B2B à ne pas manquer
59 « Nous voulons alimenter nos clients
avec 100 % d’énergie renouvelable »
61 « Un lieu d’échanges et d’expertise pour la filière hydrogène »
62 EnerGaïa : transport et mobilité durables
62 Salon des maires de France

HYDROGEN+ N° 11 • Octobre-Décembre 2022 5

Hydrogen+ | News
Dix projets et 2,1 milliards d’euros
La Première ministre, en visite sur le site de l’équipementier automobile Plastic Omnium,
le mercredi 28 septembre, a annoncé que dix projets industriels de technologies hydrogène
seront soutenus financièrement par l’État à hauteur de 2,1 milliards d’euros.
p Élisabeth Borne,
Première ministre française.
D
ans le cadre du plan d’in-
vestissement France 2030,
qui vise à renforcer la com-
pétitivité industrielle de la
France et à développer les techno-
logies d’avenir, la Première ministre
a annoncé un investissement de
2,1 milliards d’euros pour soutenir et
accompagner le développement de la
filière hydrogène en France.
Un Projet important d’intérêt euro-
péen commun (PIIEC) – porté
conjointement par 15 États euro-
péens – a été mis en place pour sou-
tenir la recherche, le développement
et le premier déploiement industriel
de technologies liées à l’hydro-
gène décarboné. La France a ins-
crit le PIIEC au cœur de sa stratégie
nationale pour le développement de
l’hydrogène décarboné, et y consa-
crera plus de 3 milliards d’euros de
soutien public au travers du plan de
6 HYDROGEN+ N° 11 • Octobre-Décembre 2022
relance et du plan d’investissement
France 2030. Parmi les 41 projets
sélectionnés, dix sont français, fai-
sant de la France le pays le plus
représenté de ce premier PIIEC : un
positionnement cohérent avec son
ambition de devenir leader mondial
de l’hydrogène décarboné.
5 200 emplois directs
Lors de sa visite, la Première ministre
a annoncé que les 2,1 milliards d’eu-
ros d’aides au développement de ces
dix projets compléteront les 3,2 mil-
liards d’euros d’investissement de
ces acteurs privés.
Centrés sur le développement de
l’offre industrielle d’équipements
pour l’hydrogène décarboné, ces
projets permettront la construction
sur le territoire de quatre gigafacto-
ries d’électrolyseurs (représentant
jusqu’à 40 % du marché européen
des électrolyseurs à l’horizon 2030),
de sites de production de réservoirs
à hydrogène, de piles à combustible
pour la mobilité durable, de trains et
de véhicules utilitaires à hydrogène
et de matériaux nécessaires à la pro-
duction de ces équipements.
Ces usines implantées dans sept
régions devraient créer 5 200 emplois
directs sur les territoires, consacrés
à la décarbonation de notre éco-
nomie. Les projets retenus sont les
suivants :
– MacPhy lance un programme
de développement et de premier
déploiement industriel d’électroly-
seurs alcalins de nouvelle généra-
tion, avec une gigafactory à Belfort ;
– Elogen va développer des stacks
innovants d’électrolyseurs
membranes échangeuses de pro-
tons (PEM) et construire une giga-
factory à Vendôme (Loir-et-Cher) ;
– John Cockerill va développer la
recherche et développement (R&D)
des différents paramètres de l’élec-
trolyse alcaline pressurisée pour réali-
ser le design d’un électrolyseur alcalin
de grande capacité et l’industrialisa-
tion de sa fabrication ;
– Genvia Hy2Tech va développer des
prototypes permettant de décarboner
l’industrie lourde ;
– Faurecia va lancer deux générations
de réservoirs d’hydrogène gazeux
légers en fibre de carbone ainsi qu’une
génération de réservoirs qui stockera
l’hydrogène sous forme cryogénique ;
– Plastic Omnium va développer des
réservoirs haute pression ;
– Alstom a proposé un projet visant
à développer les briques à hydro-
gène, une locomotive de manœuvre à
hydrogène et un wagon générateur à
pile à combustible hydrogène de forte
puissance pour le fret ;
– Symbio va travailler sur un projet
portant sur les piles à combustible de
dernière génération ;
– Hyvia traitera du développement des
piles à combustible à bord des véhi-
cules ainsi qu’en matière de services
associés auprès des clients ;
– Arkema a proposé un projet portant
sur le développement de matériaux
durables de haute performance dans
le secteur de la mobilité.
De nouveaux projets sont en cours
d’instruction par la Commission
européenne, avec deux projets fran-
çais focalisés sur les usages indus-
triels approuvés par la Commission
le 21 septembre 2022 au sein de la
à deuxième vague « HY2Use » du PIIEC
hydrogène. ¢
Découvrez notre L‘hydrogène pour l‘avenir de l‘énergie,
HydroGène. de l‘industrie et des transports.

Utilisation de la technologie des

capteurs et de la protection contre Pour plus d‘informations, consultez :
les explosions de Pepperl+Fuchs. pepperl-fuchs.com/france/fr/hydrogen.htm
Hydrogen+ | News
© EDM
Production d’hydrogène
offshore : le pilote
Première mondiale, Lhyfe, l’un des pion-
niers de la production d’hydrogène vert
et renouvelable, a inauguré le 23 sep-
tembre à Saint-Nazaire son démons-
trateur de production d’hydrogène vert
renouvelable offshore. C’est la première
fois au monde que de l’hydrogène va
être produit en mer. La plate-forme
Sealhyfe entame une période d’expéri-
mentation de 18 mois, à quai puis au
large du Croisic, pour des essais en mer
(SEM-REV) opérés par Centrale Nantes,
pour ouvrir la voie à un nouveau para-
digme énergétique attendu dans le
monde entier.
Cette plate-forme Sealhyfe doit relever
plusieurs défis majeurs et inédits :
– réaliser toutes les étapes de la
production de l’hydrogène, en mer :
convertir la tension électrique prove-
nant de l’éolienne flottante, pomper
l’eau de mer, la désaliniser et la purifier,
casser cette molécule d’eau via l’élec-
trolyse, pour obtenir de l’hydrogène vert
renouvelable ;
– gérer l’impact du mouvement de
la plate-forme sur les équipements :
gîte, accélérations, mouvements de
balancier, etc. ;
– faire face aux agressions environne-
mentales : Sealhyfe devra faire face au
vieillissement prématuré de ses pièces
(corrosion, chocs, variations de tempé-
rature, etc.) ;
– fonctionner en milieu isolé : elle devra
fonctionner de façon totalement auto-
8 HYDROGEN+ N° 10 • 11 • Octobre-Décembre 2022
matique, sans intervention physique
d’un opérateur hormis pour les périodes
de maintenance planifiée, optimisées
dès la phase de conception.
Bateaux hydrogène
Windcat Workboats annonce la
construction de six navires à hydro-
gène supplémentaires. En mai 2022,
lors du Sommet mondial de l’hydro-
gène à Rotterdam, Windcat Workboats
et CMB.TECH ont mis à l’eau l’Hydro-
cat 48, le premier CTV (crew trans-
fer vessel) à hydrogène au monde.
Après la livraison et les essais avec le
client de lancement Vestas, Windcat
Workboats, ainsi que ses partenaires
de coentreprise, TSM et FRS, ont le
plaisir d’annoncer une commande
supplémentaire de six navires à hy-
drogène d’ici à 2024.
Transport d’hydrogène
GRTgaz lance un appel au marché
(Open Season) afin d’évaluer les be-
soins et de confirmer l’intérêt éco-
nomique pour une infrastructure de
transport d’hydrogène par canalisa-
tion sur la zone industrielle et por-
tuaire de Dunkerque. GRTgaz pro-
pose ainsi d’étudier la construction,
le développement et l’exploitation
d’une canalisation accessible à tous
les acteurs du marché. Cette initiative
territoriale s’inscrit dans le prolon-
gement de la première consultation
nationale du marché hydrogène bas
carbone et renouvelable réalisée en
juin 2021. GRTgaz a ainsi identifié de
premiers écosystèmes dans lesquels
une dynamique de développement de
l’hydrogène décarboné est en cours.
Les grandes zones industrielles, dont
les zones portuaires, ont été identi-
fiées au premier rang des bassins où
une logistique de transport hydrogène
est attendue, portée par des projets
clés de production ou de consomma-
tion d’hydrogène.
Fort de ces enseignements, GRTgaz
a lancé des projets dans les bassins
de Dunkerque, de Fos-Marseille et de
Valenciennes, en Moselle et dans la
vallée du Rhin pour y développer des
infrastructures de transport par cana-
lisation au bénéfice des écosystèmes
locaux hydrogène en émergence. Ces
projets visent à connecter produc-
teurs et consommateurs d’hydro-

gène bas carbone et renouvelable sur
ces territoires en apportant sécurité
d’approvisionnement, flexibilité et
dynamisme territorial grâce à une
infrastructure de réseau mutualisée.
Hopium
Made in Normandie
Située dans la localité de Douains
(Eure), près de Vernon, la future usine
d’Hopium occupera une superficie de
35 hectares et accueillera à la fois les
lignes de production et le centre R&D
du constructeur.
« Les infrastructures seront mises en
service à la fin de l’année 2024 pour
une inauguration prévue début 2025 »,
explique le communiqué de la marque
qui estime que le site pourra à terme
employer plus de 1 500 personnes
avec une capacité de production de
20 000 véhicules par an.
Stratégique pour le constructeur,
cette première implantation indus-
trielle doit conduire à la production
de l’Hopium Machina, une berline à
hydrogène haut de gamme annon-
çant jusqu’à 1 000 km d’autonomie.
Attendue dans quelques semaines
au Mondial de l’Auto de Paris pour sa
première apparition publique, la voi-
ture hydrogène d’Hopium sera mise
sur le marché fin 2025.
Volvo teste les PAC
En 2025, Volvo Trucks commencera à
tester des camions à pile à combus-
tible avec ses clients. Volvo Trucks
teste des camions électriques à pile
à combustible qui n’émettent que de
la vapeur d’eau et ont une autonomie
opérationnelle comparable à celle des
camions diesel, soit jusqu’à 1 000 km.
Dans quelques années, lors d’une
deuxième phase d’essais pilotes, les
clients de l’entreprise testeront les vé-
hicules sur la voie publique.
Réseau transeuropéen
L e 13 septembre dernier, la
Commission a débloqué une enve-
loppe de 292 millions d’euros pour le
financement de 24 projets de mise en
place d’infrastructures de carburants
alternatifs. Ces projets sont répartis
le long du réseau transeuropéen de
HYDROGEN+ N° 11 • Octobre-Décembre 2022
Hydrogen+ | News
transport (RTE-T). Dans le domaine de
l’hydrogène, ils devraient permettre la
mise en service de 57 stations supplé-
mentaires sur le Vieux Continent. Parmi
eux, quatre projets français portant sur
le déploiement d’infrastructures hy-
drogène ont été retenus pour un po-
tentiel de déploiement de 20 stations :
– SAS Dijon Métropole Smart EnergHy
obtient près de 7 millions d’euros de
financement pour le déploiement de
deux stations de production et de dis-
tribution d’hydrogène vert ;
– Air Liquide reçoit un finance-
ment de près de 10 millions d’euros
pour le déploiement d’un réseau de
quatre stations hydrogène répar-
ties entre Vitry-sur-Seine (94), Plan
d’Orgon (13), Marseille-Fos (Port) et
Lyon-Saint-Exupéry (69) ;
– Hype Assets bénéficie de la plus
grosse enveloppe, avec un finance-
ment de 14,69 millions d’euros alloué
pour le déploiement de 10 stations en
région parisienne ;
– filiale du groupe EDF, Hynamics
reçoit 10,21 millions d’euros pour le
déploiement de quatre stations hy-
drogène : une à Dunkerque, deux dans
la Vallée Sud Grand Paris et une à
Cannes.
Au total, ces quatre projets repré-
sentent un investissement global de
près de 140 millions d’euros, dont
41 millions financés par l’Europe. u
9
 Hydrogen+ | News

place un financement public pour l’en-

semble de la filière hydrogène fran-
çaise, dont 74 millions d’euros pour
développer les activités hydrogène du
groupe Plastic Omnium.
L’entreprise a alors annoncé la créa-
tion de sa nouvelle usine. Celle-ci
devrait créer environ 200 emplois à
Compiègne, où l’activité de recherche
& développement du groupe se pour-
suivra dans le centre de recherche.
Le groupe a également annoncé
la signature de deux contrats avec
Stellantis et Hyvia pour la conception
et la production de modules de réser-
voirs hydrogène 700 bars destinés aux
u Nuit blanche Usines de réservoirs véhicules utilitaires. ¢

Air Liquide et Toyota France se Plastic Omnium vient d’annoncer la

sont associés à l’événement Nuit
blanche 2022 les 1 er et 2 octobre
à Paris pour faire découvrir la
mobilité hydrogène. Ils ont mis
en place un service de navettes
hydrogène gratuites entre
trois lieux emblématiques de
la manifestation opéré par des
Toyota Mirai, berlines équipées
de pile à combustible hydrogène.
construction d’une usine de fabri-
cation de réservoirs à hydrogène à
Compiègne. Dotée d’une capacité de
production de 80 000 réservoirs par
an, elle sera mise en service en 2025.
La Première ministre, Élisabeth Borne,
a déclaré lors de sa visite au centre
de recherche et développement α-Al-
phatech de Plastic Omnium mettre en

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Conscient des enjeux énergétiques actuels et des attentes sociétales, Bureau Veritas accompagne les
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10 HYDROGEN+ N° 10 • 11 • Octobre-Décembre 2022

 Hydrogen+ | News

UNE PLATE-FORME de gestion du risque

AMETHYSTE lance sur le marché
sa nouvelle plate-forme Vermarine,
logiciel de gestion de l’intégrité et
d’inspection basé sur le risque lié à
l’hydrogène, mettant son expertise
au service des acteurs des énergies
de demain.
La gestion du risque est l’ADN de la
solution et permet de mettre la maî-
trise du risque opérationnel au cœur
de la sécurité, de la disponibilité et de
la performance d’un site industriel.
Basée sur les toutes dernières tech-
nologies du numérique, Vermarine
embarque les standards les plus
reconnus de l’industrie, l’expertise
métier de ses partenaires et le retour place seront priorisées en fonction combinant une vision probabiliste
d’expérience terrain de ses clients. du niveau de risque effectif et orga- à long terme du vieillissement d’un
Vermarine permet d’identifier toutes nisées dans le cadre d’une stratégie équipement et son comportement
les menaces pouvant affecter tout intelligente d’inspection et de main- en temps réel, AMETHYSTE par-
type d’asset d’un site industriel et tenance, dès les phases de concep- ticipe ainsi à la construction d’un
compromettre les objectifs straté- tion et jusqu’au démantèlement. référentiel pour la sécurité des in-
giques de production, d’efficacité et Grâce au développement de cette frastructures hydrogène et à leur
de sécurité. Les actions à mettre en plate-forme et de son mode hybride acceptation. ¢

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HYDROGEN+ N° 11 • Octobre-Décembre 2022 11

Hydrogen+ | Dossier

« La hausse du prix du gaz

peut être un déclic pour développer
la production d’hydrogène vert »
produits par électrolyse de l’eau sont
encore très faibles. Là aussi, il est dif-
ficile d’évaluer précisément le volume
de production. Il y a aujourd’hui envi-
ron 10 MW de capacité de produc-
tion d’hydrogène par électrolyse, qui
permettent la production d’environ
1 200 tonnes d’hydrogène électroly-
tique bas carbone ou renouvelable.
Selon les estimations de l’Agence
internationale de l’énergie (AIE), en
2050, l’hydrogène pourrait couvrir
14 à 20 % de la consommation finale
d’énergie. Cela conforte notre vision
consistant à dire qu’à lui seul l’hydro-
gène ne fera pas la transition énergé-
velable ou bas carbone ; « Ambition+ »
qui prévoit, avec 10 GW de capacité
de production, de produire 1 million
de tonnes d’hydrogène renouvelable
ou bas carbone, afin de se confor-
mer aux propositions d’obligations
européennes d’utilisation d’hydro-
gène renouvelable contenues dans
le paquet législatif « Fit for 55 ». Cela
implique une production d’électricité
bas carbone et renouvelable impor-
tante dans un contexte de demande
croissante d’électricité. Ce déve-
loppement, tout à fait envisageable,
s’adosserait notamment à des
déploiements dans de grands bas-

Entretien avec
Jan-Erik STARLANDER,
responsable des relations
avec les territoires, France
Hydrogène
Hydrogen+. Où en est le déploiement
de l’hydrogène « vert » en France ?
Jan-Erik Starlander. La production
tique, mais que la transition énergé-
tique ne se fera pas sans l’hydrogène.
En 2021, dans notre livre blanc sur
la trajectoire du déploiement de l’hy-
drogène à 2030, nous avions défini
deux scénarios : « Ambition » qui
vise à atteindre l’objectif de 6,5 GW
de capacité de production par élec-
trolyse, avec une production de
680 000 tonnes d’hydrogène renou-
sins centrés autour de pôles urbains
et industrialo-portuaires, qui peuvent
générer des quantités importantes de
consommation d’hydrogène, et donc
de production massive centralisée
à moyen terme. Mais nous misons
également en complément sur une
multitude de projets territoriaux,
avec un modèle plus décentralisé de
production/consommation.
© McPhy

et l’utilisation d’hydrogène bas car-

bone et renouvelable sont encore à
des niveaux très faibles aujourd’hui,
que ce soit en France ou ailleurs
dans le monde. En France, la produc-
tion d’hydrogène bas carbone est de
l’ordre de 100 000 tonnes, essentiel-
lement à base de vaporeformage de
gaz naturel avec captation et réutili-
sation industrielle du CO2, auxquelles
s’ajoutent environ 50 000 tonnes
d’hydrogène coproduit, c’est-à-dire
issu d’une autre production (industrie
du chlore notamment), et qui peuvent
être valorisées. Les volumes d’hydro-
gène bas carbone et renouvelables

12 HYDROGEN+ N° 11 • Octobre-Décembre 2022


© Genvia
Quelles sont les actions mises en
œuvre par France Hydrogène pour
favoriser l’émergence de ces projets
territoriaux ?
France Hydrogène s’est dotée en 2021
de délégations régionales dont les
représentants travaillent en concerta-
tion avec les conseils régionaux pour
favoriser l’émergence des projets de
déploiement. À la demande du Conseil
national de l’hydrogène, nous poursui-
vons aussi nos travaux de recense-
ment des projets et des potentiels sur
le territoire de façon fine. Nous allons
dévoiler en décembre une étude por-
tant sur cette maille régionale, avec
plus de 200 projets identifiés et des
objectifs à 2030 région par région.
L’identification des potentiels sera
aussi accompagnée de recommanda-
tions d’actions.
Le déploiement de la production d’hy-
drogène bas carbone et renouvelable
dépend notamment des capacités de
production d’électricité. Nous étu-
dions aussi le potentiel de production
par thermolyse de biomasse, et nous
regrettons que ce soit un angle mort
de la stratégie nationale. L’objectif de
l’étude est de permettre une fluidité
dans le déploiement, et de s’assurer
qu’il n’y ait pas de blocage lié aux res-
sources nécessaires à la production ou
sur les usages. Il ressort de notre étude
que l’on peut atteindre les 6,5 GW de
capacité de production par électrolyse,
et même bien plus.
Quel regard avez-vous sur la mobilité
hydrogène des véhicules légers/du
transport lourd ?
Pour nous, la mobilité peut se déployer
sur le transport lourd bien sûr, mais
aussi sur les véhicules légers et
notamment les utilitaires. La mobilité
est très importante pour la filière et
l’hydrogène doit contribuer à réindus-
trialiser la France. L’État devrait soute-
nir davantage l’achat et la location de
véhicules utilitaires, Renault (via Hyvia,
sa joint-venture avec Plug Power)
et Stellantis ayant développé toute
une gamme de véhicules utilitaires à
hydrogène.
Du côté de la distribution, la filière pro-
pose la mise en service de 1 000 sta-
tions (scénario « Ambition ») ou
de 1 700 stations (notre scénario
« Ambition+ ») à 2030, mais, sur le
HYDROGEN+ N° 11 • Octobre-Décembre 2022
Hydrogen+ | Dossier
terrain, on en est encore loin, avec
environ 250 projets de stations iden-
tifiés. En plus de disposer d’un mail-
lage suffisant de stations, il faut que
le prix du carburant soit compétitif et
que les véhicules puissent être pro-
duits en grandes séries pour faire
baisser leur prix. Il va falloir vraiment
passer à la vitesse supérieure en
matière de mobilité et de distribution.
L’accompagnement et le soutien des
usages doit être une priorité.
L’envolée du prix de l’électricité
a-t-elle une incidence sur le déploie-
ment ?
Le prix de l’électricité a un impact fort
sur le coût de l’hydrogène, le coût de
l’électricité représentant environ 70 %
du prix de l’hydrogène électrolytique.
Comme pour l’ensemble de l’industrie
et de l’économie, il est donc indispen-
sable que l’État et l’Europe trouvent des
solutions pour que le prix de l’électricité
revienne à des niveaux acceptables,
décorrélés du prix du gaz naturel. La
forte hausse de ce dernier peut quant
à lui avoir un impact positif pour l’hy-
drogène bas carbone et renouvelable,
en renchérissant le prix de l’hydrogène
gris produit à partir du vaporeformage
du gaz naturel. La forte hausse du prix
du gaz naturel peut aussi agir comme
un déclic pour les acteurs industriels,
qui peuvent sur certains process envi-
sager de substituer de l’hydrogène bas
carbone à du gaz naturel. Le fait de
garantir l’approvisionnement en élec-
tricité renouvelable pour la production
d’hydrogène à travers des contrats u
© HYVIA
13
 Hydrogen+ | Mobilité
© HYVIA
u d’achat d’énergie renouvelable (power
purchase agreement – PPA), peut per-
mettre de garantir un prix stable de son
électricité.
Par ailleurs, des modèles locaux
peuvent aussi se développer, comme
celui du bâtiment de bureaux Delta
Green à Nantes qui possède un sys-
tème de production d’électricité pho-
tovoltaïque couplé à un électrolyseur
et une pile à combustible hydrogène,
pour faire de l’effacement lors des
pics de consommation (peak shaving)
et de la production d’énergie différée.
Ce modèle, mis en place par convic-
tion par les propriétaires du bâtiment,
n’était pas spécialement rentable
avant la crise actuelle, mais il est
aujourd’hui un atout permettant des
dépenses énergétiques moindres.
Les réglementations sont-elles à la
hauteur des enjeux ?
Pour ce qui est de la législation, un
cadre incitatif se met en place en
France. Nous attendons avec impa-
tience un dispositif d’aide à la produc-
tion massive d’hydrogène, qui portera
à la fois sur les CAPEX et les OPEX, que
l’État a annoncé pour la fin de l’année.
Mais si plus de 9 milliards d’euros de
soutien à la filière ont été annoncés par
l’État, la filière souhaite que l’ADEME
maintienne son soutien aux écosys-
tèmes territoriaux. Ces écosystèmes
territoriaux de taille plus modeste
restent nécessaires et complémen-
taires des projets de production mas-
14
sive qui prendront encore plusieurs
années pour se multiplier.
Du côté de l’Union européenne, le
projet important d’intérêt européen
commun (PIIEC – IPCEI en anglais)
est un bon mécanisme. Avec dix
projets français sur 41 sélectionnés,
la France démontre qu’elle a une
chaîne de valeur performante. Nous
souhaiterions que l’UE reconnaisse
pleinement et soutienne l’hydrogène
bas carbone électrolytique produit
à partir d’électricité nucléaire, en
complément de l’hydrogène produit
à partir d’énergies renouvelables.
Il faut également que les règles sur
les aides d’État permettent aux États
membres de subventionner jusqu’à
100 % du surcoût des véhicules
hydrogène. L’annonce par Ursula
von der Leyen de la création d’une
Banque européenne de l’hydrogène
est très positive.
HYDROGEN+ N° 11 • Octobre-Décembre 2022
Quelles ont été les actions de France
Hydrogène en 2022 ?
En plus de ses travaux conjoints avec
le ministère de la Transition écolo-
gique sur un paquet réglementaire
sur l’hydrogène, France Hydrogène
a publié début 2022 un livre blanc
sur les camions hydrogène. En juil-
let, nous avons publié un guide pra-
tique sur les spécificités hydrogène
à intégrer dans les offres de forma-
tion. Nous avons également édité
un fascicule pédagogique « Parlons
hydrogène » à destination du grand
public.
Enfin, en décembre 2022, en plus
de l’étude actualisée sur la trajec-
toire 2030 et les potentiels régionaux,
une étude portant sur la modélisa-
tion du déploiement des stations en
2030 sera rendue publique. France
Hydrogène a développé avec la
Plateforme automobile (PFA) et l’ins-
titut IRT SystemX un outil paramé-
trable, permettant de définir, région
par région, le maillage optimum et les
lieux de déploiement des stations.
En 2023, nous souhaitons modéliser
différents schémas de production et
de distribution d’hydrogène, afin de
proposer aux décideurs publics et
aux aménageurs des recommanda-
tions pour planifier le déploiement.
Nous accompagnerons les régions
demandeuses et engagées dans ce
déploiement. France Hydrogène a
doublé son nombre d’adhérents en
deux ans et accueille chaque mois
une dizaine de membres supplémen-
taires, preuve de la forte progres-
sion de la filière. J. B.
© Renaud Menoud
EnerKa développe une offre d’ingénierie, de conseil et de formation pour accompagner
vos projets d’infrastructures ou de nouvelles activités dans l’hydrogène.

PROJET

2. Avant-projet 3. Avant- 4. DCE, Appel

1. Etudes de 5. Suivi de
sommaire & projet d’offre & sélection
potentiel chantier
financement détaillé des fournisseurs

CONSEIL

1. Veille techno 3. Etudes

2. Etudes 5. Dév.
& marché, bases stratégiques, 4. Partenaires
de marché commercial
de données feuille de route

FORMATION

2. Modules 4. formation
1. Sensibilisation à 3. Plans de 5.
de formation de
l’hydrogène formation Recrutement
approfondis formateurs

Plus d’informations ? Un devis ? ➔ contact@enerka-conseil.com

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 Hydrogen+ | Mobilité

Mobilité : la clé du déploiement

L’hydrogène a un rôle à jouer pour décarboner le secteur des transports et plus largement
toutes les mobilités. Le dploiement passe par un maillage de stations sur tout le territoire,
avec de l’hydrogène vert produit localement. Tour d’horizon de la mobilité hydrogène et
perspectives 2030.

À
côté des megafactories près de ports et de
centres industriels, le déploiement de l’hydro-
gène vert passe par de nombreux projets terri-
toriaux. Les productions d’hydrogène se diver-
sifient. Les électrolyseurs peuvent utiliser des centrales
photovoltaïques ou des éoliennes. Mais l’hydrogène peut
aussi être produit par la biomasse. Des projets de produc-
tion adossés à des industries agroalimentaires pourraient
voir le jour partout dans nos régions. Or ces projets sont
souvent associés à une utilisation de l’hydrogène pour la
mobilité. Cette répartition permet d’espérer un maillage
territorial de stations de distribution d’hydrogène. Cette
disponibilité de l’hydrogène est indispensable au déve-
loppement de la mobilité. Le maillage des stations permet
aux constructeurs de se tourner vers le développement de
véhicules hydrogène. Ainsi Toyota, BMW, Stellantis, Hyvia,
mais aussi de nouveaux constructeurs comme Hopium,
sont en train de développer des modèles hydrogène de
voitures ou de véhicules utilitaires. Lors du Mondial de
l’automobile, un secteur sera réservé aux véhicules élec-
triques et hydrogène et tout un chacun pourra essayer des
voitures à moteur hydrogène.
Pour ce qui est des camions, Cummins, Hyson, Mercedes et
Hyundai travaillent sur des camions ou des motorisations
hydrogène.
Les megafactories et un déploiement de services le long des
grands axes en Europe permettront l’utilisation d’hydrogène
très adapté au transport lourd (charge rapide et autonomie
importante).
Du côté des bateaux, le déploiement de megafactories sur de
nombreux ports permettra la mise en place de gros bateaux
à hydrogène. Le secteur aéronautique est aussi aidé par
l’État pour développer de futurs avions hydrogène. Airbus y
travaille activement.
d’hydrogène gazeux. Son seul rejet à l’échappement est de
l’eau. Aujourd’hui, des flottes de véhicules professionnels
(collectivités, entreprises) sont déjà déployées sur le ter-
ritoire. Il s’agit de véhicules utilitaires légers et de berlines
(taxis) ou encore de flottes de bus. Les bennes à ordures
ménagères sont également en cours de déploiement avec
plusieurs collectivités qui ont déjà passé commande. Au
niveau des mobilités XXL, l’hydrogène est envisagé pour des
navires à passagers de type ferry, mais aussi pour le train
à hydrogène et l’avion. Mais le moteur thermique peut être
une alternative, particulièrement pour ces véhicules lourds.
Il permet l’usage d’un hydrogène moins épuré, et est opé-
rationnel sur de grandes puissances dès maintenant. Les
stations peuvent recharger ces deux types de motorisations
complémentaires.
Horizon 2030
En ce qui concerne la production, on attend 52 % d’hydro-
gène décarboné soit 700 000 tonnes (contre 5 % actuelle-
ment) et 6,5 GW d’électrolyseurs, sans compter les nouvelles
productions d’hydrogène vert. La mobilité pourrait mobiliser
342 000 tonnes d’hydrogène décarboné en 2030. J. B.

Moteurs à hydrogène
En ce qui concerne les moteurs, deux technologies se
côtoient : pile à combustible (PAC) et moteur thermique à
hydrogène. L’hydrogène a un rôle à jouer pour décarboner
le secteur des transports et plus largement toutes les mobi-
lités. Un véhicule à hydrogène avec PAC est un véhicule zéro
émission qui offre le confort opérationnel d’un véhicule ther-
mique. Ce véhicule électrique est alimenté par un réservoir

HYDROGEN+ N° 11 • Octobre-Décembre 2022 17

Hydrogen+ | Mobilité

Motorisation hydrogène :
PAC pour les petits,
MCI pour les gros ?
Le déploiement de l’hydrogène vert passe par la mobilité. Mais ce vecteur énergétique peut
être utilisé sous plusieurs formes : pile à combustible ou moteur à combustion interne pour
hydrogène (100 % ou en mélange avec du diesel ou du méthane). Quelles motorisations
se dessinent pour quels usages ? Éléments de réponse.

L
e moteur à combustion interne (MCI) hydrogène est En matière de motorisation, le choix existe également entre
avant tout un moteur dit « thermique » utilisant l’hy- un moteur neuf et la possibilité de rétrofit depuis un camion
drogène comme carburant. Des motorisations MCI thermique. Cette approche permet de diminuer les coûts à
sont également disponibles avec un mélange hydro- l’achat le temps que les solutions neuves s’industrialisent.
gène/GNC (gaz naturel compressé) ou hydrogène/gasoil. Pour ce qui est des usages, les moteurs MCI semblent
assez peu adaptés aux voitures individuelles du fait de la
100 % hydrogène ou mix ? complexité de la gestion de l’hydrogène et de l’absence de
Le rendement du MCI va dépendre du type d’application et distribution actuelle. BMW a travaillé sur les MCI à hydro-
de la puissance installée (entre 25 et 40 %), mais il faut noter gène jusqu’en 2013 avant d’abandonner, principalement
que l’hydrogène permet une vitesse de flamme importante à cause de problèmes de coûts et de freins techniques
dans la chambre de combustion et donc une meilleure effi- (manque d’infrastructures pour la recharge, problèmes
cacité. Facile à démarrer avec un mélange pauvre en hydro- écologiques posés par l’extraction d’hydrogène, quantité
gène, il doit toutefois être bien régulé et sécurisé pour éviter d’énergie nécessaire au stockage de l’hydrogène liquide à
le phénomène de préallumage et de retour de flamme. Le − 253 °C, et taille du réservoir d’hydrogène liquide) pour se
MCI hydrogène émet des oxydes d’azote du fait des hautes concentrer sur l’hybride et l’électrique, puis sur les piles à
températures de combustion, mais ils sont neutralisés combustible en s’associant avec Toyota. La Mazda RX-8
aujourd’hui par l’urée (normes Euro VI). Utilisé pur, l’hydro- (2003) et la Ford Focus C-MAX H2 ICE (2004) furent égale-
gène ne rejette pas de CO2. Ce moteur fonctionnant avec ment dotées de MCI.
de l’hydrogène liquide à des températures très froides ou Avec l’injection directe, l’hydrogène sous pression dans la
stocké dans des réservoirs sous très haute pression néces- chambre de combustion, les nouvelles technologies d’allu-
site cependant une attention particulière : vigilance sur les mage, le traitement des oxydes d’azote, le développement u
fuites, matériaux spécifiques pour haute pression ou froid
intense.
Différents carburants peuvent être utilisés sur ce type de
moteur. Le mix diesel/hydrogène nécessite très peu de
modifications du moteur, mais reste émetteur de CO2 mal-
gré tout. À noter que le 100 % hydrogène permet d’utiliser
un hydrogène moins pur que pour une pile à combustible,
ce qui peut aider à diminuer le coût du carburant à l’usage.
Autre possibilité, l’utilisation d’Hytane, un mélange hydro-
gène/méthane testé à Dunkerque par le projet Althytude
en prévision d’un futur mélange similaire dans le réseau
national de gaz. À noter également que ce type de moteur
peut utiliser des syngaz (gaz de pyrolyse et de combustion
partielle CO et H2).

18 HYDROGEN+ N° 11 • Octobre-Décembre 2022

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*La révolution est en route

 Hydrogen+ | Mobilité

u de l’infrastructure hydrogène, ces motorisations reprennent baisse de coût rapide. C’est d’ailleurs un enjeu de reconver-
toutefois une place dans le paysage, mais c’est surtout sur sion industrielle pour la filière historique des motorisations
des puissances importantes : véhicules utilitaires, camions, thermiques. On observe ainsi que des acteurs industriels
mais aussi bateaux et trains et, en statique, groupes élec- mettent en œuvre une stratégie double, comme Toyota qui
trogènes semblent mieux adaptés à ces moteurs. pousse la pile à combustible tout en adaptant ses modèles
thermiques à l’hydrogène.
MCI VS PAC Il existe donc de réelles perspectives de marché pour le
En effet, plus une pile à combustible est grande, plus le MCI, de manière complémentaire à la PAC sur les très fortes
système devient complexe et plus les pertes sont élevées. puissances, mais aussi concurrentielle sur les moyennes
Pour les MCI, c’est l’inverse. On privilégiera donc le MCI sur puissances (bus, camions). Ces moteurs peuvent bénéfi-
des applications de fortes puissances là où la pile n’est pas cier de la mise en place des infrastructures hydrogène (une
encore présente et se démarquera moins par ses perfor- station hydrogène peut alimenter un bus à PAC comme un
mances et son coût. bus à MCI).
Les PAC à technologie PEM sont actuellement adaptées à Reste, pour les MCI comme pour les PAC, la problématique
de petites et moyennes puissances, allant jusqu’à 600 kW du choix politique du tout électrique batterie qui pourrait
unitaire. Des puissances unitaires de l’ordre du mégawatt freiner la mise en place d’une mobilité hydrogène.
sont en développement, mais encore absentes du marché.
Les piles à combustible engendrent des températures plus Article réalisé en collaboration avec Karel Hubert,
basses que les MCI (qui demandent toujours du refroidis- président du cabinet d’études hydrogène Enerka
sement). Bien entendu, l’avantage des PAC par rapport aux (karel.hubert@enerka-conseil.com)
MCI reste qu’elles ne rejettent que de l’eau et aucun GES.
De même, le rendement des PAC est plus élevé (de l’ordre
de 50 %) que celui des MCI, ce qui nécessite d’embarquer
moins d’hydrogène à bord du véhicule. Mais, sur le marché,
les moteurs électriques de faibles et moyennes puissances
dotés de PAC peuvent être plus facilement concurrencés
par des véhicules à batterie qui, du fait des volumes, affi-
cheront sans doute des prix plus compétitifs.
Au-delà des émissions, les PAC nécessitent des métaux
rares comme le platine alors que les MCI en utilisent très
peu (uniquement pour le pot catalytique qui en contient une
portion faible). Autre avantage des MCI : ils bénéficient d’une
industrie existante permettant un volume important et une

20 HYDROGEN+ N° 11 • Octobre-Décembre 2022

• P L AT E F O R M E D I G I TA L E D E R E N D E Z - V O U S D ’ A F FA I R E S
• PAV I L L O N T R A N S P O R T & M O B I L I T É D U R A B L E S
• PAV I L L O N B ÂT I M E N T D U R A B L E

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Hydrogen+ | Mobilité

BMW : sur la route hydrogène

Pionnier de l’automobile hydrogène avec un modèle présenté dès 1979, BMW est passé
depuis à la vitesse supérieure. Le constructeur annonce un nouveau modèle qui sera
commercialisé dès 2025, une implication forte dans la filière et une nouvelle unité
de production accueillant véhicules électriques et véhicules hydrogène.

Pierre Bedhome, responsable Com-

munication Produits et Technologie
chez BMW. Leurs efforts se portaient
sur une PAC de nouvelle généra-
tion et les nôtres sur le système de
transmission hydrogène gazéifié.
Pour BMW, la voiture hydrogène doit
avoir les mêmes qualités routières
que ses voitures à carburation ther-
mique. » En 2015, une petite flotte
de BMW Série 5 Gran Turismo voit
le jour. Mais la PAC prend beaucoup
de place et ne peut alors équiper que
de grands modèles. « BMW a alors
déployé tous ses efforts pour amélio-

E
rer ce système et redéfinir le moteur
n 1979, le constructeur pré- des attentes. Fort de son expérience, à hydrogène avec son ADN : propo-
sente son premier prototype, le constructeur décide alors d’ex- ser une voiture sûre, performante et
BMW 520h, fonctionnant avec plorer la piste de l’hydrogène sous agréable à conduire, même avec des
un moteur thermique alimen- forme gazeuse, assorti d’une pile à modèles plus petits. » Pour cela, le
té en hydrogène liquide. Il s’engage combustible et d’un moteur élec- constructeur s’est tourné vers dif-
déjà dans une réflexion sur la mobili- trique. « L’élément charnière a été férents partenaires et a développé
té durable avec l’objectif, en tant que notre collaboration avec Toyota, qui des compétences en interne. « Notre
motoriste historique, de proposer un a débuté en 2013. Toyota travaillait moteur devait garder ses caractéris-
moteur propre. Mais il faut attendre alors sur la première Mirai, explique tiques spécifiques. »
2006 pour voir la BMW Hydrogen7
commercialisée en petite série. Une
voiture haut de gamme dotée d’un
moteur V12, réservée alors aux clients
grand compte et fonctionnant sur une
technologie hybride essence/hydro-
gène liquide. Une double carburation
proposant une autonomie de 700 km,
avec une gestion de la combustion
hors pair. La prouesse technologique
consistait à conserver l’hydrogène à
− 253 °C.

Vers la pile à combustible

Mais avec un modèle complexe en
matière de sécurité et sans stations
de distribution au rendez-vous, le
retour client n’est pas à la hauteur

22 HYDROGEN+ N° 11 • Octobre-Décembre 2022

 Hydrogen+ | Mobilité

son usine de Leipzig pour une pro-

duction décarbonée.
En 2022, BMW passe à la vitesse
supérieure. « Nous avons annoncé
la production de PAC en interne,
dans notre usine de Munich, en nous
basant sur notre partenariat avec
Toyota. Notre nouvelle plate-forme
va intégrer dès 2025 une chaîne de
propulsion adaptée pour produire
des véhicules électriques à batterie
ou à PAC/hydrogène. Notre modèle
de série va arriver en 2025 avec les
PAC de génération 3 ! »

BMW iX5 Hydrogen

Présenté comme un démonstra-
teur grandeur nature, le BMW iX5
Une conception repensée « hydro- véhicule) et il nous faut passer au tiers Hydrogen offre une autonomie de
gène » de ce coût. » 500 km. Associant la technologie de
Alors que Toyota s’est penché sur la la pile à combustible et un moteur
troisième génération de PAC, BMW a Accélération en vue électrique BMW, il est doté de la cin-
travaillé sur le refroidissement, mais « Pour que le système se développe, quième génération de la technologie
aussi sur le châssis et sur la bonne il faut que les grands constructeurs BMW eDrive, avec deux réservoirs
intégration de la chaîne de traction montrent leur intérêt pour l’hydro- d’hydrogène de 700 bars en plas-
(réservoir plat, intégration de la bat- gène décarboné. » Pour cela, BMW tique renforcé de fibres de carbone,
terie, équilibre des poids) pour garder s’est aussi engagé sur l’infrastruc- soit l’équivalent de 6 kg d’hydro-
sa fameuse « touche de route ». Pour ture des stations 700 bars. L’UE a gène au total dans les réservoirs.
cela, BMW a développé un partenariat pour objectif de faire un maillage de La pile à combustible génère une
avec Bosch pour la conception future ce type de station tous les 150 km puissance de 125 kW/170 ch et un
de réservoirs plats. Ces derniers per- d’ici à 2027, et le constructeur tra- moteur électrique alimenté par une
mettront un gain de place par rapport vaille avec tous les partenaires et le batterie qui se recharge grâce à la
aux réservoirs cylindriques. Ils s’in- consortium Flat Hy Storm afin que récupération d’énergie ou par la pile
tègrent mieux dans le châssis, n’em- le maillage soit de 100 km à cette à combustible fournit la puissance
piètent pas sur le coffre et permettent échéance. Il a également mis en complémentaire, soit une puis-
un équilibre des masses en abais- place des stations hydrogène dans sance combinée de 374 ch. J. B.
sant le centre de gravité. « Avec ces
réservoirs, nous pouvons construire
la voiture autour de la transmission. »
Pour éviter d’employer trop de terres
rares, un moteur bobiné a été choisi
plutôt qu’un moteur à aimant per-
manent. « L’écosystème hydrogène
a pris le virage du gaz compressé,
nous sommes donc allés dans ce
sens, en apportant nos compétences
de conception de véhicules. Nous tra-
vaillons aussi à la réduction du prix
afin de proposer l’hydrogène sur des
modèles plus accessibles. Les déten-
deurs de gaz, pièces indispensables
pour l’hydrogène, coûtent encore
1 500 euros pièce (3 000 euros par

u Les premiers essais ont eu lieu cette année.

HYDROGEN+ N° 11 • Octobre-Décembre 2022 23

Hydrogen+ | Mobilité

Hype :
catalyseur et accélérateur
de la mobilité zéro émission
Mathieu Gardies, fondateur et président de Hype, la première plate-forme de mobilité
hydrogène intégrant production, distribution et usages, avec le taxi pour premier marché,
répond aux questions d'Hydrogen+. Il revient sur le positionnement singulier de son
entreprise au sein de l’écosystème hydrogène français.

l’hydrogène, solution offrant de Qu’entendez-vous exactement par

nombreux avantages, notamment plate-forme intégrée de mobilité
pour la mobilité intensive et aléatoire, hydrogène ?
comme le taxi. À ce stade de maturité de la filière,
En 2015, j’ai lancé Hype à Paris, à le point clé de la réussite des pro-
l’occasion de la COP21, avec cinq jets de mobilité hydrogène est, d’une
premiers taxis à hydrogène, alimentés part, l’identification de situations de
par une première station située pont marché pertinentes et, d’autre part, la
de l’Alma. Aujourd’hui, nous opérons concomitance entre le déploiement
toujours la plus grande flotte de taxis à de l’infrastructure et celui des usages.
hydrogène au monde. Nous offrons ce Pour pouvoir démarrer et se déve-
service aux clients et aux chauffeurs, lopper en avant-garde, Hype a fait le
aux mêmes coûts qu’un service choix, dès sa création, d’intégrer l’en-
Entretien avec de taxi thermique (traditionnel ou semble de la chaîne de valeur au sein
hybride). En parallèle, nous travaillons de son écosystème : en produisant
Mathieu GARDIES, au déploiement rapide de notre plate- localement de l’hydrogène vert, en le
fondateur et président de Hype forme intégrée de mobilité hydrogène, distribuant via son réseau à tous les
en France et à l’international. types d’utilisateurs et en développant
Hydrogen+. Mathieu Gardies, qui
êtes-vous et quelle est l’histoire
de Hype ?
Mathieu Gardies. Je suis un père de
quatre enfants qui, comme beaucoup
de Parisiens, a constaté chez eux
l’apparition de troubles respiratoires
directement liés à la pollution de l’air en
milieu urbain. Ingénieur de formation,
j’ai cherché à apporter une solution
concrète pour réduire rapidement les
émissions générées par les flottes
professionnelles incontournables, en
commençant par les taxis. En 2009,
je me suis lancé. Après plusieurs
essais avec des véhicules électriques
à batterie, j’ai pivoté en 2014 vers

24 HYDROGEN+ N° 11 • Octobre-Décembre 2022


simultanément les usages, en commençant par le taxi, qui
constitue un levier particulièrement pertinent pour accélé-
rer le passage à l’échelle de la mobilité hydrogène.
Concernant le volet infrastructures de votre plate-forme,
quelle est la stratégie de Hype ?
La stratégie de Hype est de développer son propre réseau
de production et de distribution d’hydrogène vert, en rai-
sonnant directement en réseau à l’échelle régionale et non
station par station, en déployant ses infrastructures par sé-
ries afin d’industrialiser ses capacités de développement,
tout en s’appuyant sur des partenaires de premier plan avec
des intérêts alignés, tels que HRS et McPhy, deux leaders de
la filière hydrogène française.
Quels sont vos objectifs à court terme ?
L’objectif de Hype en Île-de-France à très court terme est de
mettre en service une nouvelle série de sept stations, d’ici à
fin 2022-début 2023, de commencer à intégrer de nouveaux
usages au sein de l’écosystème (logistique du dernier kilo-
mètre, bus, bennes à ordures, etc.) dans le cadre de notre
projet Last Mile by Hype, en plus du développement des
taxis qui va s’accélérer fortement. À moyen terme, d’ici à la
fin de l’année 2024, Hype entend déployer en Île-de-France
au moins 26 stations (dont 20 de grande capacité, 1 t/jour
chacune) capables de servir notamment 10 000 taxis, et
implanter sa plate-forme dans 15 autres régions en France
et à l’international, dont les cinq premières seront annon-
cées à la fin de l’année, avec pour objectif d’atteindre un ré-
seau total d’au moins 100 stations Hype à cette échéance.
Quelle est votre ambition, à travers le projet Hype ?
En s’appuyant sur l’expérience acquise, sa vitesse d’exécu-
tion et son modèle « scalable », l’engagement de Hype de-
puis sa création est double : il est, d’une part, de faciliter la
transition rapide et massive du transport à la demande et
des autres mobilités professionnelles vers le zéro émission
et, d’autre part, de jouer un rôle de catalyseur de la filière, en
nouant des partenariats industriels permettant le codéve-
loppement de nouveaux projets et l’émergence des techno-
logies de demain.
HYDROGEN+ N° 11 • Octobre-Décembre 2022
Hydrogen+ | Mobilité
Les véhicules électriques à hydrogène représentent-ils
une solution plus pertinente que les véhicules électriques
à batterie ?
Les véhicules électriques à batterie et à hydrogène apportent
des solutions complémentaires, et le client doit pouvoir choi-
sir. L’une pourra être privilégiée par rapport à l’autre en fonc-
tion de l’usage, du contexte géographique et de l’infrastruc-
ture énergétique locale. Cependant, les deux solutions ne
posent pas les mêmes défis lorsque l’on passe à l’échelle.
La particularité de la mobilité hydrogène est qu’elle offre
une capacité d’accélération significative. En effet, avec l’hy-
drogène, plus les volumes augmentent, plus cette solution
s’avère compétitive et facile à déployer. Avec les véhicules
électriques à batterie, c’est le contraire : plus les volumes
augmentent, plus cela devient difficile et l’hydrogène amène
alors des solutions ; il faut dès maintenant réfléchir et passer
à un déploiement coordonné des deux types de réseaux.
Les experts ne sont pas alignés sur le rôle que peut jouer
l’hydrogène dans la transition énergétique, notamment
dans le domaine de la mobilité, quel est votre avis ?
L’hydrogène est une solution qui, couplée à d’autres, per-
mettra de réussir la transition énergétique. L’hydrogène
résout des problématiques de cas d’usage et de modèle
économique, il permet de stocker de l’énergie et répond
à des enjeux de souveraineté énergétique et industrielle.
Dans le domaine de la mobilité, l’hydrogène représente une
vraie solution pour décarboner massivement les transports
lourds notamment, mais est aussi pertinent dès mainte-
nant sur une partie des transports légers, par exemple dans
certains cas pour les taxis ou la logistique du dernier kilo-
mètre. Et, de la même manière que le passage à l’échelle
des deux types d’infrastructures doit être pensé et exécu-
té de façon coordonnée, je suis convaincu que bientôt les
véhicules seront « hydrides », 100 % électriques mais avec
une batterie rechargeable de taille raisonnable et un dispo-
sitif pile à combustible (hydrogène). Nous travaillons avec
les constructeurs et équipementiers pour accélérer l’émer-
gence de ce type de plate-forme.
La hausse des prix de l’électricité, et de l’énergie en général,
nous impose collectivement de relever de nouveaux défis.
Chez Hype, le maître mot est le pragmatisme, c’est pour
cela que nous n’excluons aucune option. Hype colla-
bore ainsi avec des producteurs d’énergies renouve-
lables pour sécuriser son approvisionnement en élec-
tricité verte, soit via des contrats de PPA, soit via la
colocalisation d’électrolyseurs sur des sites éoliens
ou photovoltaïques. Hype travaille également avec ses
partenaires afin de faire émerger d’autres types de pro-
duction d’hydrogène vert, notamment via la thermolyse.
Les nouveaux défis d’aujourd’hui doivent servir d’ac-
célérateur. La France a les moyens de devenir un leader
de l’hydrogène : elle maîtrise l’ensemble de la chaîne de
valeur, ses capacités d’innovation sont reconnues et de
nombreux projets se développent sur tout le territoire
national et en Europe. ¢
25
Hydrogen+ | Dossier

« Profitez du salon
pour prendre le virage
de l’automobile durable »
p Serge Gachot,
directeur du Mondial de l'Auto.
Mondial sera pour les professionnels
l’occasion d’avoir un aperçu global
sur l’automobile de demain.
De leur côté, nos visiteurs se posent
beaucoup de questions sur l’autono-
mie, l’avitaillement, le coût, les enjeux
de ces nouvelles énergies. De grands
constructeurs seront présents sur le
seul salon automobile international en
Europe de 2022 pour présenter leurs
offres, aux côtés de nouveaux acteurs
spécialisés dans les motorisations
hydrogène, comme Hopium ou NamX.
Nous aurons aussi un espace consa-
cré aux véhicules professionnels nou-
velles énergies pour répondre aux be-
soins des artisans, commerçants…
Le Mondial de l’Auto présentera la
nouvelle offre des constructeurs au-
tomobiles, avec une immersion to-
Il est important aussi que nos visi-
teurs aient l’opportunité de toucher, de
comprendre, d’essayer. Les Français
aiment la voiture, il faut leur montrer
que piloter durable reste un plaisir !
C’est pourquoi notre salon proposera
un stand sur la transition énergétique
animé par l’AVERE, la PFA et Mobi-
lians, mais nos visiteurs pourront
aussi avoir des réponses “expérien-
tielles”. Nous avons donc confié à La
Squadra, spécialiste des essais auto-
mobiles, l’organisation des essais sur
ces nouvelles motorisations. »
« En discussion avec Serge Gachot,
nous avons proposé la création d’une
zone VUL BtoB de près de 2 000 m²
consacrée à la mobilité électrique,
hybride et hydrogène, explique Di-
dier Sommereau, directeur de La

N
tale dans l’automobile du XXIe siècle : Squadra, spécialiste des essais et de
ous avons changé d’époque électrification, hybridation, hydrogène, roadshows depuis 23 ans, partenaire
depuis le dernier Mondial hyperconnectivité… du Mondial. Nous y accueillerons les
de l’Automobile en 2018, in-
dique d’entrée de jeu Serge
Gachot, directeur du Mondial de l’Au-
tomobile, passant par exemple de 2 %
des immatriculations en motorisa-
tion électrique à 20 % en 2022. Avec
ce virage électrique déjà amorcé, la
conjoncture de prix des carburants,
mais aussi les nouvelles motorisa-
tions, hybride, hydrogène ou GNV, à
l’heure de la sobriété annoncée, le
secteur de l’automobile est en pleine
révolution. Pour les professionnels
de la filière, le virage vers le durable
doit être bien négocié. La structure
de la filière diverge, les compétences
changent : batteries, semi-conduc-
teurs, piles à combustible sont pro-
duits par de nouveaux acteurs d’une
industrie qui devient vertueuse. Le

26 HYDROGEN+ N° 11 • Octobre-Décembre 2022

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Offre valable dans la limite des stocks disponibles.

Hydrogen+ | Mobilité
visiteurs artisans, professions libérales, livreurs, collectivi-
tés qui ont besoin de véhicules professionnels. Cet espace
est réalisé en partenariat avec la Banque des territoires, et
comptera la présence de Mobivolt et de Vipost. Nous ac-
cueillerons Hyvia ou Stellantis, mais également de nou-
veaux acteurs du secteur, dont plusieurs start-up. Les visi-
teurs pourront ainsi avoir un aperçu complet non seulement
des véhicules, avec des réponses aux questions relatives
à l’entretien, au réseau de stations ou à la recharge, mais
LE CARREFOUR
DES PROFESSIONNELS
DE LA LOGISTIQUE
ET DU TRANSPORT
Retrouvez toutes les informations sur :
www.supplychainouest.com
info@supplychainouest.com
28 HYDROGEN+ N° 11 • Octobre-Décembre 2022
aussi de l’aspect financier et fiscal, avec les aides natio-
nales et régionales.
Notre objectif est que les visiteurs partent du Mondial en
sachant ce qu’ils veulent acheter. En complément, nous
avons donc aussi un centre d’essais avec inscription sur
place ou par Internet au préalable. Ces essais sont orga-
nisés en bordure des halls 4 et 6. En 2014, nous avions fait
12 000 essais ; cette année, nous aurons 50 pilotes d’essai
à disposition sur le salon. Ces essais sont aussi l’occasion
de répondre à toutes les questions qui se posent sur ces
nouvelles énergies. »
« Après le rachat de 50 % du Mondial par l’agence Hopscotch,
nous avons décidé de rendre le salon plus “expérientiel”,
précise Serge Gachot. Cent vingt-quatre ans après le tout
premier Salon de l’auto de Paris, un nouveau paysage de
l’automobilité se dévoile, porté par cette force d’innovation
qui a de tout temps été l’ADN de l’industrie automobile et de
son salon. Le Mondial de l’Auto 2022, sera la vitrine de cette
révolution en marche, mais il reste une grande fête pour
tous les passionnés d’automobile que nous sommes. 68 %
des Français déclarent qu’il leur serait difficile, voire impos-
sible, de se passer de voiture au quotidien. Pendant une se-
maine seront révélées aux yeux du monde entier les inno-
vations, notamment françaises, qui dessinent une nouvelle
ère de progrès et de passion. L’automobile est bien plus
qu’un moyen de se déplacer. Elle fait rêver. Et nous sommes
très nombreux, comme vous, à être attachés à cette liberté
de mouvement que seule l’automobile offre. » J. B.
Une journée autour
de la performance
durable
MARDI 7 FÉVRIER 2023
PARC DES EXPOSITIONS
QUIMPER CORNOUAILLE
@supply-chain-ouest
@ChainOuest Un événement
organisé par :
@SupplyChainOuest
20 - 21 - 22
Octobre 2022
Parc des expositions

NANTES
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Hydrogen+ | Mobilité

Top Transport Europe :

l’évènement logistique et transport
Les 12 et 13 octobre, Top Transport Europe, un évènement one-to-one, va réunir 700 experts
du transport et de la logistique pour deux jours de rendez-vous business qualifiés et
préplanifiés à Marseille. Programme.

enjeux climatiques majeurs obligent aujourd’hui à repenser

le modèle énergétique du transport.
À voir également l’atelier expert « La décarbonation du trans-
port routier » le 12 octobre de 17 h à 18 h et la conférence
CNA (Conseil national des achats) : « L’économie circulaire :
une réalité », le 13 octobre de 16 h à 17 h. ¢

Salon Technotrans
Le salon professionnel du transport routier
Technotrans se tiendra à la Beaujoire, à Nantes, les
20, 21 et 22 octobre prochains. Technotrans consti-
tue un cadre adapté à l’organisation de conférences et

T
op Transport Europe, organisé par DG Consultants,
filiale de Comexposium, est un évènement one-
to-one où des chargeurs/logisticiens ayant des
besoins spécifiques viennent rencontrer des
transporteurs et des sociétés logistiques dans le cadre de
rendez-vous préprogrammés et ciblés avec des sociétés
dont les besoins et les compétences sont identifiés et
qualifiés préalablement. L’évènement permet de rencontrer
des chargeurs européens dans le cadre de rendez-vous
préprogrammés (jusqu’à 30 contacts regroupés en deux
jours !), de communiquer auprès de tous les acteurs
majeurs du marché du transport et de la logistique présents,
mais aussi de s’informer grâce aux conférences organisées
durant les deux journées.
Des conférences d’actualité
L’atelier expert Hylico, le 12 octobre à 10 h, aura pour thème
l’hydrogène vert, une solution performante et durable pour
décarboner le transport routier de marchandises. Pressions
réglementaires et économiques, contraintes des chargeurs
ou des consommateurs : plus que jamais, le transport rou-
tier de marchandises est dans l’obligation d’accélérer sa
décarbonation.
Une autre conférence, « Quelles énergies pour le transport
de demain ? » se tiendra le 12 octobre à 18 h. La très forte
dépendance des engins de transport (routier, aérien, mari-
time) à l’énergie pétrolière trouve aujourd’hui ses limites.
La hausse brutale et prolongée des prix du carburant et les
ateliers consacrés à l’actualité du transport routier, qui
permettront également de porter un regard prospectif
sur les évolutions à venir du secteur du transport rou-
tier de marchandises. La diversité des exposants per-
mettra aux visiteurs de trouver des solutions adaptées
aux problématiques de chacun. Technotrans réunira
plus de 135 exposants et proposera une série de dé-
bats sur des thèmes d’actualité. À noter la conférence
du vendredi après-midi : « Le camion à l’assaut de la
transition écologique : état des lieux, perspectives ».
Mondial de l’Auto : vers la mobilité durable ?
En octobre 2022, à Paris, le Mondial de l’Auto fait son
retour. Annulé en 2020 à cause de la pandémie de
Covid-19, le plus important salon automobile français
revient sous un nouveau format. Organisé au sein du
parc des expositions Paris Expo, le Mondial de l’Au-
to 2022 dure ainsi une semaine et offrira un espace
VE, hydrogène et nouveaux carburants. Électrification,
développement de l’hydrogène, recherches en car-
burants alternatifs ou encore intelligence artificielle,
l’année 2022 est riche en innovations toutes prêtes à
changer le monde de la mobilité ! Au Mondial de l’Auto,
ces acteurs de l’innovation seront présents pour vous
révéler leurs nouveautés, vous permettre de voir, de tou-
cher, d’essayer les toutes dernières voitures, et partager
avec vous cette passion automobile qui nous anime.

30 HYDROGEN+ N° 11 • Octobre-Décembre 2022

 Hype, première plateforme de mobilité hydrogène
intégrant simultanément la production, la distribution et les usages,
avec le taxi comme premier marché

Hype opère la plus grande

flotte de taxis à hydrogène
au monde, depuis sa
création en 2015 :

13,1 millions
de kilomètres parcourus

1,9 million
de passagers transportés

En capitalisant sur son expérience, sa vitesse d’exécution et

son modèle ‘scalable’, Hype prévoit d’ici fin 2024
En Région Ile-de-France
Implanter, au moins 26 stations ouvertes à tous
d’hydrogène vert produit localement (dont 20 de grande
capacité, 1 tonne /jour chacune)
En France et à l’international
Répliquer la plateforme Hype dans 15 autres
régions en France et dans le monde

Permettant d’alimenter 10.000 véhicules zéro émission Objectif : atteindre un réseau total d’au moins 100
en usage taxi stations, à cette échéance

Intégrer de nouveaux usages (logistique, poids lourds, bus,

bennes à ordures, etc)
Hydrogen+ | Mobilité

FillnDrive :
faciliter la distribution
d’hydrogène
Créée pour répondre aux besoins et spécificités des stations de distribution d’hydrogène,
la société FillnDrive propose une gestion simplifiée grâce à une interface ergonomique
et une offre conforme à la métrologie légale. La société proposera notamment un nouvel
écran tactile unique pour les utilisateurs finaux, pour faire le plein d’hydrogène et
conduire… en toute simplicité !

hydrogène dans leur quotidien par la ganisation du ravitaillement énergé-

diffusion en temps réel de la dispo-
nibilité de chaque station », explique
Laurent Rouvet, CEO de FillnDrive. À
nos clients opérateurs, nous offrons
à travers nos outils numériques et
notre application une vue centrali-
sée ; aux conducteurs, nous offrons
un feed-back et une facilité de paie-
ment. Notre objectif est de permettre
aux opérateurs de stations de dis-
poser d’un outil digital simple et
moderne facilitant leurs tâches, pour
avoir en quelques clics une vision
p Laurent Rouvet,
globale et centrale des activités des
CEO de FillnDrive. stations et de leurs clients. Cet outil
tique à son activité. »
« Depuis ses débuts, FillnDrive a
identifié les besoins spécifiques en
accompagnement et en feed-back
aux usagers qu’un distributeur d’hy-
drogène doit réaliser. L’hydrogène est
un produit plus complexe sous très
haute pression. L’utilisateur doit avoir
des messages si cela ne fonctionne
pas. Pour les chauffeurs, l'idée est de
les accompagner avec une applica-
tion Mobile publiant en temps réel la
disponibilité des stations. Nous vou-
lons leur éviter les difficultés rencon-
trées par le marché des bornes élec-

L
e déploiement rapide d’un
réseau de stations de distri-
bution d’hydrogène est indis-
pensable afin de soutenir la
mobilité décarbonée. Ce dévelop-
pement s’effectue aujourd’hui dans
un environnement BtoB autour des
flottes de véhicules et bientôt du
transport longue distance.
Gestion de station à distance
« Nous venons du monde digital et
notre objectif est d’accompagner
les opérateurs de stations dans l’ex-
ploitation commerciale de leurs sta-
tions et les utilisateurs de véhicules
permet de gérer à la fois les chauf-
feurs, les stations et la facturation
client avec un système flexible. Ainsi,
le portail web Station Operator pro-
pose des outils de supervision tech-
nique standardisés pour surveiller et
piloter chaque état de la station et
pour gérer l’approvisionnement et le
stock d’hydrogène. Il permet égale-
ment de mettre en place des condi-
tions commerciales sur mesure pour
chaque client et de gérer l’ensemble
de l’administration des ventes, de
l’inscription à la facturation. Le por-
tail Fleet Manager permet quant à lui
à chaque gestionnaire de flotte de
suivre ses besoins et d’adapter l’or-
triques (qui nécessite une multitude
de badges et d’abonnements), par
une ouverture et une interopérabilité
les plus complètes possible. FillnDrive
propose une application conviviale
pour prendre en charge la conduite à
venir et pendant le ravitaillement. »
Métrologie
L’offre FillnDrive est conforme à la
métrologie légale (OIML R139). Elle
permet aux opérateurs de réseaux de
stations hydrogène de gérer :
– leurs clients et le paiement direct
ou la facturation pour le marché B2B
(avec une grande flexibilité sur les
modes de facturation) ;

32 HYDROGEN+ N° 11 • Octobre-Décembre 2022

 Hydrogen+ | Mobilité

– la supervision en temps réel et centralisée de leur réseau de

stations, y compris de marques et de modèles hétérogènes ;
– la mise à disposition d’un portail web pour les gestion-
naires de flottes (en marque blanche) ;
– la mise à disposition d’une application mobile (en marque
blanche) ou d’un API permettant aux usagers de connaître
en temps réels la disponibilité de leur réseau ainsi que les
maintenances programmées ;
– la mise en place de contrats itinérance avec d’autres opé-
rateurs de réseaux de stations ou de flottes. Cela s’accom-
pagne de l’ensemble des outils de gestion associés.

FillnDrive demain
En complément de l’offre à destination des opérateurs de
réseaux de stations, FillnDrive développe une offre de cal-
culateur de métrologies légales avec un écran tactile unique
qui améliore l’expérience utilisateur en mettant à profit cette
connaissance des besoins de feed-back. Cette offre sera
disponible dès le premier trimestre 2023. FillnDrive déve-
loppe aussi une technologie permettant le « Plug&Charge »
des véhicules. Cette identification automatique du véhicule
permet d’autoriser la charge et d’enregistrer la transaction
en vue de sa facturation ou de son débit sur un abonnement.
Cette technologie est un candidat au remplacement de la
communication infrarouge, qui va simplifier, rendre plus
économique, robustifier, fiabiliser, sécuriser cette com-
munication. FillnDrive s’est impliqué au sein du groupe
de travail WG 24 du programme ISO/TC 197 pour que ces
technologies fassent partie des normes internationales.
L’enjeu est une charge plus rapide et plus sûre, en parti-
culier pour les poids lourds.
La plate-forme cloud va être enrichie de nouveaux
modules à destination des opérateurs de stations (traça-
bilité de l’origine, certificat d’origine, yield management,
data analysis), des gestionnaires de flottes, des construc-
teurs de véhicules (reporting, data, KPI) et de tous les
acteurs de la chaîne de valeur de l’hydrogène. J. B.

Déco�r� la revue de l’innovation durable des filières

transport & logistique
TOUTE L’INNOVATION DES FILIÈRES TRANSPORT & LOGISTIQUE • N° 04 • NOV.2021-JAN.2022 • 15 €

Quelles énergies Vers une logistique

pour les navires du futur ? plus verte ?

LOGISTIQUE, TRANSPORT, SUPPLY CHAIN...

Les défis du monde d’après

Logistique E-commerce
et souveraineté numérique L’explosion du carton

Logistique urbaine Défis et tendances du dernier kilomètre

ECOLOGISTICS N° 04 • NOV.2021-JAN.2022 • 15,00 €

Transport de marchandises CONSILDE

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L’hydrogène décolle au Canada GROUP

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GROUP

HYDROGEN+ N° 11 • Octobre-Décembre 2022 33

Hydrogen+ | Mobilité
« Nous avons développé
la plate-forme Mobinow pour
décarboner le transport »
Entretien avec
Phillip VAN DER MERWE,
directeur général, MOVIATECH
Hydrogen+. Pouvez-vous nous
présenter MOVIATECH en quelques
mots ?
Phillip Van der Merwe. MOVIATECH est
un spin-off de LOJELIS, une entreprise
française active depuis 15 ans dans le
conseil et le développement numérique,
en Europe et aux États-Unis.
Le président de LOJELIS, Sylvain Jourdy,
a eu l’idée de créer MOVIATECH, car
il souhaitait que l’entreprise s’engage
activement dans la décarbonation des
moyens de transport.
La mission de MOVIATECH est donc
d’accroitre la mobilité durable, grâce à
la conception et au développement de
solutions technologiques innovantes.
Nous traitons tout type d’énergie,
tout en mettant un effort particulier
sur l’hydrogène, auquel nous croyons
beaucoup.
Quelle est votre vision de la mobilité
de demain ?
Nous pouvons d’ores et déjà constater
de grands changements dans les ha-
bitudes des utilisateurs. Le chiffre des
34
inscriptions au permis de conduire est
en baisse de 20 % depuis dix ans et la
mobilité en tant que service (MaaS) se
développe à une vitesse vertigineuse.
Les utilisateurs de demain seront
toujours plus conscients et plus exi-
geants. Ils voudront avoir accès à des
services de mobilité propre, facilement,
rapidement et partout, de la même
façon que lorsqu’ils possédaient leur
propre véhicule. D’où la nécessité de
développer des outils technologiques
simples, orientés vers l’utilisateur final.
C’est ce que nous faisons.
Comment MOVIATECH s’inscrit-elle
dans ce nouveau paysage de la
mobilité ?
Dans le cadre de notre mission, nous
voulons faire en sorte que l’utilisation
des véhicules à énergie décarbonée
soit aussi facile que celle des véhi-
cules thermiques, ce qui est loin d’être
le cas aujourd’hui.
Prenons le cas des véhicules à hydro-
gène. Leur utilisation est freinée par
trois points bloquants majeurs :
– il y a peu de stations hydrogène.
On n’est pas sûr de leur disponibilité
quand on en a besoin ;
– le prix de l’énergie n’est pas connu :
que ce soit pour l’électricité ou l’hy-
drogène, il n’est ni défini ni fixé ;
– les écosystèmes actuels fonc-
tionnent en mode « silo ». Les acteurs
y participant ne sont pas connectés et
ne communiquent pas entre eux. Le
parcours de l’utilisateur n’en est que
plus compliqué.
Pour lever ces freins, MOVIATECH a
développé une plate-forme du nom
de Mobinow. Mobinow permet à l’uti-
lisateur de gérer la totalité de son
HYDROGEN+ N° 11 • Octobre-Décembre 2022
parcours grâce à une seule et unique
plate-forme, qui met en relation tous
les acteurs de l’écosystème. Il peut
réserver un véhicule de tout type
d’énergie, planifier ses voyages, plani-
fier et payer ses ravitaillements grâce
à un seul et même outil.
Mobinow permet également aux en-
treprises de gérer leur flotte, aussi
bien pour un usage interne que pour
un partage avec d’autres entreprises,
tout en augmentant l'utilisation
d’énergie propre. Nous développons
la technologie en faveur des nouvelles
mobilités.
En quoi les data peuvent-elles aider
à accélérer l’adoption des véhicules à
énergie propre ?
Les data sont cruciales, car elles faci-
litent le parcours utilisateur.
Elles permettent par exemple de remé-
dier à l’angoisse de l’autonomie. Grâce
à l’intelligence artificielle, on peut op-
timiser son trajet et donc anticiper
le ravitaillement. Quand une station
identifie qu’un utilisateur est dans son
périmètre, elle peut l’inciter à planifier
un rendez-vous de ravitaillement. Pour
un véhicule électrique, cela veut dire
moins d’attente, moins d’obstacles
pour s’identifier. Pour un véhicule à
hydrogène, cela veut dire que la sta-
tion peut se préparer au ravitaillement
ou même amener l’utilisateur vers une
station plus proche. Le « plein » sera
fait en moins de quatre minutes.
Pour citer Richard Thaler, lau-
réat du prix Nobel pour la théo-
rie du Nudge, « si vous voulez que
quelqu’un fasse quelque chose, ren-
dez-le plus facile ». Nous ne faisons
qu’appliquer ce principe. ¢
 par

Simplifier l'accès à la mobilité durable

grâce à la technologie

Faciliter l’adoption de nouvelles énergies

grâce au numérique en favorisant les échanges
entre les acteurs de l’écosystème.

Mettre en valeur de nouveaux usages

pour une mobilité plus durable (partage de
flottes, mobilité douce, nouvelles énergies,
nouvelles méthodes de facturation…)

Enrichir l’expérience utilisateur

grâce à l’IA (optimisation des trajets
et de la consommation, facturation
facilitée, prédiction des ravitaillements…)

www.moviatech.tech
©ENSOSP
 Hydrogen+ | Sécurité H2

Pepperl+Fuchs :
la carte sécurité hydrogène
L
’hydrogène « vert » jouera à l’avenir un rôle fonda-
mental dans la production d’énergie et la décarbo-
nation de l’industrie et des poids lourds. Pour garan-
tir la sécurité des processus automatisés, il faut
des composants et des capteurs certifiés pour installation
en zone Atex et dotés de fonctions diverses. Des produits
développés depuis des années par Pepperl+Fuchs.
La décarbonation entraîne de nombreux changements,
notamment dans la manière dont nous produisons, stoc-
kons, distribuons et consommons l’énergie. Ces nouvelles
technologies requièrent la meilleure sécurité. Pepperl+Fuchs Quelques exemples
dispose de plus de 70 ans d’expérience dans les domaines GNL
de la protection contre les explosions et de la technolo- Pour le GNL (gaz naturel liquéfié), des composants de pro-
gie des capteurs industriels, éléments déterminants de la tection contre les explosions, tels que des E/S distants ou
chaîne hydrogène. des systèmes de purge et de pressurisation, sont utilisés lors
du transport d’hydrogène liquide.
Capteurs sur toute la chaîne
Pepperl+Fuchs propose une gamme de capteurs, de com-
posants appropriés pour la protection contre les explosions
et de solutions pour les zones dangereuses qui peuvent
être utilisés tout au long de la chaîne de valeur de l’hydro-
gène, ce qui en fait un partenaire idéal. En tant que leader
du marché et moteur de l’innovation dans le domaine de
la protection électrique contre les explosions, la société
apporte une contribution essentielle à la mise en conformité
avec toutes les normes et tous les protocoles relatifs à la
sécurité. Pepperl+Fuchs dispose d’une gamme complète de
solutions sur toute la chaîne de valeur hydrogène : industrie, Côté station
production d’hydrogène vert, mobilité, transport, stockage. Des composants RFID garantissent une identification fiable
Elle contribue à la sûreté et à la fiabilité du processus de du réservoir. Un moniteur haute résolution série VisuNET FLX
ravitaillement dans les stations-service hydrogène et à guide le processus de ravitaillement en carburant. ¢
la sécurité sur toutes les voies de transport (qu’il s’agisse
Margaux Welch - +33 (0)1 60 92 13 08
de pipelines, de navires, de trains ou de camions) et sur la
mwelch@fr.pepperl-fuchs.com - www.pepperl-fuchs.fr
chaîne de production.

Rendement et services Pepperl+Fuchs

En plus de la sécurité, ces produits permettent, par leurs
performances, une utilisation efficace et durable de l’hy-
drogène dans les transports et l’industrie, et un rende-
ment énergétique optimal des éoliennes et des instal-
lations solaires ainsi que dans la production d’énergie
verte pour l’électrolyse. Forte de son expertise en matière
de développement et disposant d’une longue expérience
dans la création de solutions sur mesure, Pepperl+Fuchs
fait bénéficier ses clients d’un service mondial et d’une
assistance individuelle dans le cadre du développement
conjoint d’une solution.
Employant 6 600 personnes dans le monde, Pepperl+Fuchs a
enregistré un chiffre d’affaires de 790 millions d’euros en 2021.
Le groupe est l’un des acteurs majeurs des technologies de cap-
teurs industriels et de la protection contre les explosions. Situé à
Mannheim, en Allemagne, le siège constitue le cœur de l’exper-
tise technique de la société. Des ingénieurs et des spécialistes y
recherchent et y développent les derniers produits et technolo-
gies. Petite entreprise familiale fondée en 1945, Pepperl+Fuchs
est désormais représentée sur tous les continents par plus de
40 filiales. Une présence internationale qui lui donne une vision
globale et lui permet d’exiger le meilleur de la technologie pour
répondre aux normes techniques les plus élevées et de disposer
de sites de production efficaces et rentables.

HYDROGEN+ N° 11 • Octobre-Décembre 2022 37

Hydrogen+ | Sécurité H2

Pyrocontrole :
le capteur à la juste température
Filiale du groupe Chauvin Arnoux spécialisée dans la mesure, Pyrocontrole étudie, conçoit
et fabrique des capteurs de température depuis 1945. La fiabilité de ces derniers est un
élément clé du déploiement de toute la filière hydrogène.

I
mplanté dans la région lyonnaise, à Meyzieu,
Pyrocontrole propose des capteurs de température pour
les industries chimique, agroalimentaire, pétrolière et
nucléaire, mais aussi ferroviaire, automobile et aéro-
nautique, et pour des secteurs techniques plus standards.
Environnement corrosif, atmosphère explosible : assor-
tis d’une garantie de fonctionnement de 40 ans pour les
centrales nucléaires, « les capteurs de notre gamme stan-
dard ou ceux de nos produits spécialement développés
pour répondre aux besoins de nos clients sont robustes,
explique Bruno Burioni, responsable grands comptes et
marché hydrogène. Notre gamme de produits permet de
mesurer des températures de – 258 °C (pour une applica-
tion de stockage d’hydrogène liquide pour les réservoirs
des moteurs d’Ariane, par exemple) à + 1 800 °C (hauts
fourneaux). Ils sont aussi très précis et ont un temps de
réaction très court pour mesurer les variations extérieures.
C’est un élément très important dans le secteur de l’hydro-
gène, où le gaz est utilisé sous haute pression et peut être
sensible aux variations de température. Côté fiabilité, les
capteurs fonctionnent par sondes résistives type PT100
ou par soudure entre deux métaux différents qui génèrent
une force électromotrice variant selon la température. Nos
produits, fabriqués en France, sont conçus dans nos sites
de production suivant les standards les plus élevés de l’in-
dustrie pour fournir des mesures sûres, fiables et pérennes
pour une production et une utilisation de l’hydrogène en
toute sérénité. »
températures optimales sont nécessaires pour assurer
le meilleur rendement dans le vaporeformage, mais éga-
lement dans les électrolyseurs PEM ou alcalins, ou les
nouveaux modèles hautes températures. Nous travaillons
aussi sur la production à partir de biomasse, qui requiert
des températures très précises. »
« Le transfert d’hydrogène vers un véhicule ou vers un stoc-
kage génère des différences de température et de pression
qu’il faut mesurer attentivement pour assurer la sécurité des
installations. Dans les “dispenser”, on peut passer rapide-
ment de – 80 °C à + 50 °C, avec des incidences sur la pres-
sion. Notre capteur donne des informations avec un temps
de réponse très court au système de contrôle. Sur certaines
applications, nous préconisons d’avoir en parallèle deux
capteurs : l’un ayant pour vocation de mesurer, l’autre pour
la sécurité (niveau SIL2, voire SIL3 possible). Nos capteurs
servent aussi à mesurer les quantités exactes d’hydrogène
transférées (station véhicule, camion réservoir…) afin d’as-
surer la facturation fiable au plus juste. » Comme quoi, la
température c’est (aussi) une affaire d’argent ! J. B.
q Capteur de température et sonde thermocouple pour mesurer la
température H2 et STATOP pour le contrôle et la régulation de température.

Utilité de la mesure de température

« Les capteurs contrôlent et envoient les informations au
système qui gère ensuite ces données selon les procédures
établies. Ils sont nécessaires pour renforcer la sécurité et
l’efficacité des processus de production, de stockage et
de distribution d’hydrogène. Leur fiabilité et leurs perfor-
mances permettent d’optimiser le coût et d’améliorer la dis-
ponibilité tout au long de la chaîne de valeur hydrogène. »
« Molécule la plus petite et la plus légère, l’hydrogène,
comme tous les gaz, est particulièrement sensible à la
pression et à la température. Lors de la production, des

38 HYDROGEN+ N° 11 • Octobre-Décembre 2022

 CHOISISSEZ LA FIABILITÉ ET LA PERFORMANCE
POUR VOS PROCESS HYDROGENE

THYRITOP
Régulateur
CAPTEUR STATOP de puissance
& SONDE Contrôle et régulation
Sonde de température et de température
sonde thermocouple PYROTRACER
Enregistreur de puissance

Gamme complète : sondes de température, contrôle

et régulation de puissance.
Conception des produits en environnement sévère SCANNEZ-MOI
(température de -258° à 1800 °, atmosphère explosible...).
Fabrication industrielle française selon les standards
et normes élevés (ATEX, SIL...).
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la chaîne TV

La première chaîne TV entièrement consacrée au

développement durable « intelligent »
Hydrogen+ | Sécurité H2
Airbus Protect :
« développer des systèmes de
mobilité hydrogène sécurisés »
Entretien avec
des experts de la nouvelle mobilité chez
Airbus Protect
Hydrogen+. Quelles expertises et quelles innovations
allez-vous déployer pour le transport zéro émission, les
véhicules connectés et autonomes ?
Airbus Protect. Nous travaillons sur des technologies telles
que l’électrification, les systèmes à hydrogène et l’intelligence
artificielle, ainsi que sur les concepts de véhicules aériens et
terrestres qui les mettent en œuvre. Notre rôle consiste à
développer et à déployer les moyens permettant de garantir
un cadre sûr et sécurisé nécessaire à l’introduction de ces
nouveaux moyens de mobilité, sans pour autant imposer des
contraintes excessives qui entraveraient l’innovation.
En plus de la sécurisation des véhicules et des installa-
tions de distribution, pouvez-vous nous donner les enjeux
de la cybersécurité sur ce déploiement ?
Avec l’arrivée de l’automatisation et l’augmentation des
communications avec l’ensemble de l’écosystème, et
les changements majeurs liés notamment aux systèmes
propulsifs, les architectures système des véhicules d’au-
jourd’hui vont être revues en profondeur, imposant par la
même occasion de revoir les mécanismes de cybersécurité
utilisés.
À titre d’exemple, les mécanismes de détection d’attaques
impliquent de nombreuses interventions humaines jusqu’à,
en ultime mesure, le désengagement de systèmes corrom-
pus pour redonner la main à l’humain. Dans le cas d’un sys-
tème autonome, cette dernière mesure n’est plus envisa-
geable et doit être gérée par le système lui-même. En clair,
les véhicules autonomes devront être capables de détecter,
avec une grande précision et fiabilité, qu’ils subissent une
40 HYDROGEN+ N° 11 • Octobre-Décembre 2022
attaque et être en mesure de réagir pour garantir la sécurité
du véhicule, de ses occupants et de son environnement.
Que peut apporter Airbus Protect en matière de sécurité
pour la mobilité hydrogène ?
Airbus Protect a plus de 35 ans d’expérience dans l’analyse
des risques liés au transport, au stockage et à l’utilisation de
substances inflammables comme l’hydrogène. Nous nous
appuyons sur notre expertise dans la maîtrise des phé-
nomènes pour proposer des solutions adaptées à chaque
application. Les prestations proposées couvrent des activi-
tés d’étude, de conseil, mais également de formation.
Faut-il réinventer de nouvelles normes de sécurité pour les
nouvelles technologies ? Comment travaillez-vous avec
les différents acteurs de ces filières ?
L’introduction d’une nouvelle technologie nécessite de
développer de nouvelles normes, notamment dans l’aé-
ronautique où le processus de certification s’appuie sur
des consensus industriels qui définissent les moyens de
démonstration de la sûreté des aéronefs. Ces nouvelles
normes s’appuient cependant sur des décennies d’expé-
rience et de bonnes pratiques qu’il faut adapter à ces inno-
vations. Nous sommes actifs dans plusieurs groupes de
normalisation nationaux et internationaux qui développent
ce nouvel état de l’art.
Comment accompagnez-vous vos clients dans ces
démarches de gestion de la sécurité ?
Nous commençons toujours par étudier les besoins, les
risques et les particularités de chaque client et de chaque
produit. À partir de ce diagnostic, nous nous appuyons
sur notre expérience multisectorielle pour proposer des
solutions sur mesure à nos clients. Ceci inclut le conseil
permettant d’optimiser les architectures des systèmes, le
développement de stratégies d’évaluation et de démons-
tration de la sûreté de fonctionnement, de la cybersécurité
et de la rigueur de développement, mais aussi le diagnostic
et l’audit de conformité aux normes ou réglementations.
Contact : Pierre Sécher, responsable du développement
des activités hydrogène (https://www.protect.airbus.com)
Hydrogen+ | Sécurité H2

Bureau Veritas :
sécuriser la filière hydrogène
Après le plan Hulot de 2018 puis le plan stratégique national pour l’hydrogène décarboné
de 2020, la filière hydrogène se développe avec l’arrivée de nouveaux acteurs. Bureau
Veritas met toutes ses connaissances et ses compétences au service des nouvelles
productions et des usages innovants de l’hydrogène. Une démarche complète pour garantir
la sécurité de tous ces projets lancés sur l’ensemble du territoire.

nouveaux, pour garantir la confor- tations. Il faut noter que si le contexte

p Clément Poutriquet, directeur
développement hydrogène chez Bureau Veritas.
mité réglementaire et le niveau de
sécurité indispensable.
« Notre objectif est que chacun puisse
avoir confiance dans cette énergie,
en évitant tout incident ou acci-
dent, explique Clément Poutriquet,
directeur développement hydrogène
chez Bureau Veritas. Le travail sur
les risques consiste à réduire la fré-
quence d’apparition de phénomènes
dangereux et à en diminuer la gravité.
Il y a eu très peu de problèmes dans
l’industrie hydrogène depuis des
décennies, mais il est essentiel que
les nouveaux projets soient accom-
pagnés sur l’aspect sécurité et que
chacun adopte une culture sécurité.
réglementaire existe depuis long-
temps (ICPE, etc.), certaines filières
innovantes (électrolyseurs, mais aussi
stations hydrogène, stations multi-
carburants) ne disposent pas encore
de toutes les normes nécessaires,
et Bureau Veritas peut être amené à
intervenir pour compléter la partie nor-
mative et les bonnes pratiques dans
ce cadre. Autres missions : mesurer
et améliorer les performances des ins-
tallations, évaluer les projets et don-
ner confiance aux parties prenantes »,
explique Clément Poutriquet.
En effet, il est souvent nécessaire de
donner des réassurances sur des
projets impliquant plusieurs parties :

B
ureau Veritas accompagne le
développement de la filière
hydrogène depuis long-
temps, en travaillant aux
côtés des industriels, et ce dans
toute la France. L’accélération de
la croissance de cette filière et ses
nouveaux usages (stations, mobi-
lité, production par électrolyse avec
des acteurs, des collectivités et des
start-up) nécessitent un accompa-
gnement des projets dans l’objectif
d’assurer la sécurité et le respect des
normes et réglementations. Bureau
Veritas assure son rôle d’expert en
tant que tiers indépendant, en lien
avec tous ces acteurs, anciens et
C’est un indispensable pour la péren-
nité de cette filière. »
Accompagner les acteurs de l’hydro-
gène
Bureau Veritas travaille aujourd’hui
sur tout l’écosystème hydrogène : de
la production (vaporeformage, gazéi­
fication, électrolyse de l’eau…) à ses
usages (applications industrielles),
à sa distribution (injection dans le
réseau ou application stationnaire) et
à la mobilité (stations, véhicules).
« Notre travail est multiple : aider à
la maîtrise des risques liés à l’hydro-
gène en répertoriant et en analysant
les dangers potentiels, accompagner
l’évolution des normes et réglemen-
collectivités, énergéticiens, construc-
teurs… Un organisme comme Bureau
Veritas assure un rôle de tiers de
confiance pour assurer la continuité
du projet. Une action d’autant plus
précieuse que les risques sont élevés.
Plus petite molécule, le dihydrogène,
très volatil, peut exploser dans des
concentrations de 4 à 74 %, avec un
point d’énergie bas puisque l’électricité
statique peut créer une explosion. Il est
alors important de s’appuyer sur une
méthodologie de maîtrise des risques
(zonage ATEX, ventilation, usage de
matériaux antistatiques…). L’idéal est
d’intervenir en amont des projets, pour
éviter de développer un projet à partir
de mauvaises hypothèses qui pour-

42 HYDROGEN+ N° 11 • Octobre-Décembre 2022


raient le remettre en cause totalement
pour non-conformité.
Si possible, pour maîtriser le risque,
le suivi d’un projet hydrogène devrait
se faire tout au long de son cycle de
vie. Dès la phase d’avant-projet en
verrouillant le contexte réglementaire
et en réalisant des analyses prélimi-
naires des risques pour s’assurer de la
faisabilité du projet ; pendant la phase
de conception, pour satisfaire aux exi-
gences réglementaires (permitting,
ICPE, conformité CE…) et sécuritaires
(réalisation d’analyses de risques,
études de danger…). Ensuite, lors de la
construction, pour sécuriser la réalisa-
tion des chantiers et la co-activité. Et
lorsque l’installation est en service, les
inspections permettent de s’assurer
de la conformité réglementaire.
Enfin, il ne faut pas négliger la maîtrise
de la chaîne d’approvisionnement :
il est important de mener des audits
fournisseurs pour limiter les risques.
Gestion des risques, empreinte
carbone
Pour la filière hydrogène, l’enjeu est
aussi, au-delà des sujets réglemen-
taires, de démontrer qu’elle est une
solution permettant un usage en
phase avec les objectifs de dévelop-
pement durable. « Nous avons une
démarche proactive dans le déve-
loppement de la filière hydrogène,
notamment via notre Centre technique
et décarbonation, ajoute Clément
Poutriquet. Nous avons développé
un schéma de certification volontaire
de projets pour aider les porteurs de
projets à justifier la mise en place
d’une approche de conception basée
sur le risque. Nous avons également
développé un schéma de certification
de l’empreinte carbone de l’hydro-
gène pour aider nos clients à justifier
en toute transparence la production
“renouvelable” de l’hydrogène pour
leurs consommateurs. »
Pour accompagner la filière, Bureau
Veritas a aussi développé des forma-
tions sur le déploiement de l’hydro-
gène. Ces formations sont d’autant
plus nécessaires que les nouveaux
acteurs n’ont pas forcément de
background dans le domaine gazier.
Savez-vous par exemple qu’une
flamme hydrogène ne se voit pas ?
Elle est invisible, et il est nécessaire
pour les personnes travaillant directe-
ment sur un site ou les intervenants
à proximité (personnel d’entretien…)
et les personnels chargés de la sécu-
rité (pompiers…) de savoir la détecter,
avec par exemple des caméras ther-
miques, et de savoir comment réa-
gir. Différents modules de formation
existent aujourd’hui et permettent un
HYDROGEN+ N° 11 • Octobre-Décembre 2022
Hydrogen+ | Sécurité H2
effort de formation et de sensibilisa-
tion à l’hydrogène pour faire monter
en compétences plusieurs métiers.
Mobilité
Le développement des installations
de productions d’hydrogène s’ac-
compagne d’une croissance des
véhicules « à hydrogène ». Pour ce
secteur, les enjeux de prévention des
risques sont cruciaux. À l’image de ce
qui est en place pour la partie produc-
tion d’énergie, c’est dès la conception
et le design qu’il faut intervenir. Test
de conformité et maîtrise des risques
sont au cœur des préoccupations.
Pour ce faire, Bureau Veritas intervient
au moment des tests des véhicules
ou de leurs composants et en phase
d’usage pour maîtriser les risques
hydrogène dans la vie du véhicule
(maintenance, ateliers…).
Se pose aussi la question de la
gestion d’une flotte automobile,
notamment pour les collectivités : il
est important de s’assurer que les
locaux sont compatibles, de maîtri-
ser le risque des intervenants sur les
véhicules et les risques liés à l’ins-
tallation, et de former et de sensibi-
liser les opérateurs. Bureau Veritas
travaille aussi sur la sécurisation des
stations de recharge.
« Nous sommes à une étape du
déploiement de l’hydrogène où les
acteurs, mais aussi les enjeux, sont
multiples, et cela nécessite d’avoir une
approche holistique de l’écosystème
hydrogène. C’est pourquoi nous nous
sommes impliqués dans des groupes
de travail et des clubs comme France
Hydrogène ou Hydrogen Council
pour accompagner le déploiement
de la filière hydrogène », commente
Clément Poutriquet.
Industriels, collectivités, start-up d’un
côté, risques spécifiques de l’hy-
drogène, mais aussi cybersécurité
de l’autre : les acteurs et les sujets
sont multiples. La filière hydrogène
fait face à de grands défis, mais les
solutions se mettent en place et des
organismes comme Bureau Veritas
accompagnent cette évolution pour
un développement de l’hydrogène
en toute confiance. ¢
43
Hydrogen+ | Production

Haffner Energy :
l'hydrogène renouvelable et
décarboné par thermolyse
La thermolyse de la biomasse permet la production d’hydrogène vert et de biochar. Autour
de cette technologie à émission CO2 négative, Haffner Energy soutient une approche
circulaire territoriale avec un usage mobilité de l’hydrogène produit localement, qui permet
des performances écologiques, énergétiques et économiques.

explique Christian Bestien, directeur L’électrolyse ne permet pas d’obte-

Business Development. Notre avons
travaillé plus de 10 ans à la mise au
point du procédé Hynoca, qui signifie
“Hydrogen No Carbon”. Ce processus
produit de l’hydrogène d’un côté et du
biochar de l’autre. Ce dernier composé
carboné est un véritable puits de car-
bone puisque, pour 1 kg d’hydrogène
produit, on séquestre 12 kg de CO2.
C’est l’exact opposé de la production
d’hydrogène à partir de gaz, qui émet
12 kg de CO2 par kilo d’hydrogène
produit ! » Le biochar est un composé
p Christian Bestien,
précieux pour l’agriculture, en même
directeur Business Development.
temps qu’un stock permanent de car-
nir un bilan carbone négatif, car il n’y
a pas de stockage du CO2, mais aussi
parce qu’elle consomme beaucoup
d’électricité dont la production de
pointe est carbonée (gaz, charbon).
Hynoca ne requiert que 10 % de l’éner-
gie électrique nécessaire à un élec-
trolyseur pour produire la même quan-
tité d’hydrogène ! L’explosion des prix
de l’électricité et les demandes fortes
pour cette énergie diminuent l’intérêt
de l’électrolyse, en dehors bien sûr des
productions intermittentes (éolienne,
solaire), pour lesquelles le stockage ou
l’usage direct sont difficiles. »

A
lternative à l’électrolyse pour
produire de l’hydrogène vert,
la thermolyse est un procédé
de production d’hydrogène à
partir de déchets biologiques, copro-
duits forestiers, sciures, miscanthus
et biomasse contenant de 10 à 30 %
d’humidité. Ces gisements sont com-
plémentaires de ceux utilisés en mé-
thanisation. Le principe est de casser
par voie thermique les molécules de
cette biomasse et de séparer l’hydro-
gène qu’elle contient.
Production d'hydrogène et séquestra-
tion de carbone
« Cela fait 25 ans que nous trans-
formons de la biomasse en énergie,
bone. Il permet d’améliorer la struc-
ture du sol qui, de ce fait, retient mieux
l’eau, indispensable en période de
sécheresse. En tant qu’amendement
agricole, il permet d’améliorer les ren-
dements et de réduire l’importation et
la dépendance d’engrais chimiques,
dont les coûts ont explosé, pour les
agriculteurs.
Rentabilité énergétique
« Trente tonnes de biomasse nous per-
mettent de produire environ 1 tonne
d’hydrogène et 5,5 tonnes de biochar,
avec un rendement énergétique global
de 70 à 80 %. Notre procédé est en effet
autotherme, ce qui veut dire qu’il n’y a
pas besoin d’apport d’énergie pour son
fonctionnement, sauf au démarrage.
« Le déploiement de notre procédé sur
le territoire est aussi une opportunité
pour la filière agricole et forestière fran-
çaise. La thermolyse crée des usages
nouveaux pour des volumes impor-
tants de coproduits ligneux non valo-
risables jusqu’ici (bois abîmé par des
incendies, attaqué par des scolytes),
mais aussi des écorces, des anas de
lin, du miscanthus qui peut pousser
sur des sols à très faible intérêt agri-
coles. Elle peut utiliser toutes les tailles
intermédiaires de bois, constituant
ainsi un revenu (et des emplois) pour
les exploitants forestiers qui pourront
ainsi mieux entretenir encore leurs
massifs. Nous travaillons aussi sur le
bois recyclé. Hynoca permet avec 1 ha
de miscanthus de produire une énergie

44 HYDROGEN+ N° 11 • Octobre-Décembre 2022


10 fois supérieure à celle fournie par 1 ha de colza trans-
formé en biocarburant, ce qui permettra donc de faire 10 fois
plus de kilomètres avec la même surface de sols ! »
Économie circulaire, mobilité locale
« On produit de l’hydrogène et on le consomme sur place »,
telle est la logique de déploiement de la production d’hydro-
gène chez Haffner Energy, qui s’inscrit dans une démarche
d'économie circulaire. En effet, les matières sont collectées
dans un rayon de 50 à 100 km. Puis Haffner Energy préco-
nise un usage local de l’énergie produite pour la mobilité et/
ou pour des usages industriels. « Cela évite les difficultés et
la consommation d’énergie nécessaire au transport et à la
distribution. Il est en effet plus économique de transporter
de la biomasse que de l’hydrogène : cela nécessite quatre
fois moins de camions. » Au prix actuel de l’énergie, c'est
un gain non négligeable. C’est pourquoi Haffner Energy
associe des stations-service hydrogène à la production.
« Depuis notre introduction en Bourse en février 2022, plu-
sieurs grands industriels et investisseurs ont misé sur notre
technologie en entrant dans notre capital : HRS pour les
stations de distribution d’hydrogène, le cimentier Vicat pour
l’intérêt en usage industriel, Eren qui peut favoriser notre
développement international, notre modèle étant reproduc-
tible dans de nombreux pays, comme les États-Unis qui
disposent également de très importantes ressources de
biomasse sèche. »
« La taille de nos unités est donc adaptée aux besoins
locaux de consommation d’hydrogène. À titre indicatif, une
station-service moyenne distribuant des carburants fos-
siles correspond à une capacité de production de 2 tonnes
d’hydrogène par jour. Nos unités Hynoca pour la mobilité
ont justement une capacité de 700 kg à 3 000 kg/jour. Avec
nos unités de taille modulable, notre objectif est de rapide-
ment constituer avec les acteurs locaux un maillage local
de stations de distribution à échelle territoriale qui permet-
tront un réel déploiement de l’usage mobilité hydrogène,
créant emplois et ressources locaux. »
HYDROGEN+ N° 11 • Octobre-Décembre 2022
Hydrogen+ | Production
© Haffner Energy
Projets en déploiement
« Depuis les derniers développements de la crise russo­
ukrainienne, nous sommes quotidiennement sollicités par
de nouveaux industriels, des collectivités, des acteurs de la
mobilité qui cherchent à sortir de la dépendance au gaz. Les
cartes de la politique énergétique sont clairement rebattues.
Le tout électrique a ses limites. Avec Hynoca, nous pui-
sons dans un autre gisement, avec un coût de production
acceptable. Nous portons donc aujourd’hui de nombreux
projets avec des partenaires sur le territoire national, mais
aussi en Suisse, aux Pays-Bas aux États-Unis, pour aller
vers plus d’indépendance énergétique. Citons par exemple
notre projet avec le groupe Thevenin et Ducrot, qui exploite
plus de 400 stations-service Avia dans l’Est de la France
et avec les Ets Roussel, collecteurs de biomasse, avec qui
nous allons construire un site combiné de production/sta-
tion hydrogène dans l’Allier. Nous visons plusieurs cen-
taines de modules Hynoca à l’horizon 2025. Avec la bio-
masse, nous pourrions couvrir 10 % du besoin global de
mobilité. Notre solution de production verte sans électricité
s’adapte facilement à chaque territoire. » J. B.
Un véhicule alimenté par l’hydrogène
produit par Hynoca® est non
seulement neutre, mais il permet de
compenser les émissions de
1,5 véhicules diesel équivalents.
45
Hydrogen+ | Production
Athéna Recherche et Innovation :
une bactérie produit de l’hydrogène
La société Athéna Recherche et Innovation a développé un procédé bactériologique pour
produire de l’hydrogène à partir d’eaux usées et de déchets agroalimentaires. La biologie
se met au service d’une économie circulaire avec la production d’énergie, la capture de
CO2, mais aussi des sous-produits utilisables comme engrais pour l’agriculture.
A
théna a été créée en 2017
avec pour vocation la pro-
duction d’énergie à partir de
déchets. « Nous avons repris
les travaux réalisés en 1940 par un
chercheur de l’Institut Pasteur qui avait
trouvé une bactérie capable de trans-
former la biomasse en pétrole, indique
son président, Ludovic Briand, ingé-
nieur énergie et cofondateur de la so-
ciété avec Romain Irague, docteur en
microbiologie. Nous n’avons pas trou-
vé cette bactérie ancienne ; cependant,
nous en avons sélectionné une autre
capable de produire de l’hydrogène à
partir d’un mélange d’eaux usées et de
déchets agroalimentaires. »
Performance énergétique
L’hydrogène est une molécule qui n’est
jamais seule dans la nature et tous les
procédés de production consistent à
casser les molécules pour en extraire
le dihydrogène. Mais tous ne sont pas
aussi performants. « Le vaporefor-
mage sépare le carbone de l’hydrogène
du gaz (CH4) avec un rapport de 1 unité
d’énergie consommée pour 0,8 unité
d’énergie produite. L’électrolyse sépare
la molécule d’eau en oxygène et en
hydrogène avec un rapport de 1 unité
d’énergie consommée pour 0,7 unité
produite. Autre procédé, la pyrolyse
utilise une température élevée pour
casser des chaînes organiques. Quant
à notre bactérie, elle extrait l’hydrogène
des matières organiques. L’hydrogène
est en fait un déchet qu’elle rejette lors
de sa croissance. Avec la sélection de
46
cette souche, nous avons ensuite tra-
vaillé sur les apports optimums pour
nourrir cette bactérie afin qu’elle pro-
duise le maximum d’hydrogène. Ainsi,
notre procédé produit 4 unités d'éner-
gie en n'en consommant qu'une seule !
Le rendement énergétique est donc
particulièrement performant. »
Processus biologique circulaire
Athéna s’est intéressée dans un pre-
mier temps aux eaux usées et aux
déchets de l’industrie agroalimentaire
ainsi qu’au digestat de méthanisation.
“Nous avons sélectionné une bactérie capable
de produire de l’hydrogène à partir d’un mélange
d’eaux usées et de déchets agroalimentaires.”
« Nous proposons aux industriels de
mettre en place une gestion de leurs
déchets qui permet la production d’hy-
drogène, mais aussi celle de sous-pro-
duits : compost ou biochar selon les
matières entrantes. La valorisation
des sous-produits nous permet de
ne générer aucun déchet. Cela nous
permet également d’avoir un coût de
l’hydrogène tout à fait raisonnable de
8 €/kg. Notre expertise intervient pour
calculer la concentration entre eaux
et matière organique (sucres, proté-
ines, lipides) qui répond au mieux aux
besoins de nos bactéries afin qu’elles
produisent le maximum d’hydrogène.
Cela se fait au cas par cas avec chaque
HYDROGEN+ N° 11 • Octobre-Décembre 2022
industriel : laiterie, pâtes à papier, pro-
duction de plats cuisinés, mais aussi
digestats de méthanisation. Pour ces
derniers, nous utilisons en plus un
prétraitement qui casse les matières
ligneuses des fibres végétales. Notre
procédé est peu gourmand en éner-
gie puisqu’il utilise des eaux déjà
chaudes en sortie (40 à 60 °C en laite-
rie par exemple, ou même 80 à 100 °C
pour des eaux de cuisson de riz ou de
plats cuisinés). Ces eaux permettent
aussi de déconcentrer les autres
déchets. En effet, la matière organique
trop concentrée crée une saturation
d’acides gras volatils qui inhibe le pro-
cessus bactérien. »
Modèle économique
Prenons l’exemple d’une laiterie de
taille moyenne. « Elle peut produire
120 tonnes d’hydrogène, soit l’équi-
valent de la production d’un électroly-
seur de 1 MW. Avec 1 unité d’énergie,
nous en produisons 4 d’hydrogène,
mais nous en faisons aussi gagner
8 à 10 à la laiterie. En effet, nous lui
évitons l’évaporation du perméat de
lait et le traitement de ses eaux usées,
tous deux consommateurs d’énergie.
Cela lui permet de revendiquer des

certificats d’économies d’énergie. Par ailleurs, dans une
logique d’économie circulaire, elle pourra utiliser l’hydro-
gène produit pour faire tourner 75 % de son parc de camions
avec les performances actuelles, et nous espérons pouvoir
atteindre bientôt les 100 % dans cet exemple en améliorant
notre procédé. En fait, le modèle d’Athéna est de dévelop-
per un écosystème derrière chaque unité agroalimentaire
ou chaque papetier : on prend les déchets, on produit l’hy-
drogène, on revend en direct à l’usine ou à des collectivités
locales proches, on vend les sous-produits pour un retour
au sol. »
« Nos bactéries produisent sur une durée courte de
36 heures. Notre procédé permet donc un renouvellement
progressif de la matière, avec différentes cuves en parallèle
pour assurer un temps de contact suffisant de la matière
avec nos colonies de bactéries (qui sont fixées dans ces
cuves). Une fois l’hydrogène extrait, il reste un moût de fer-
mentation composé de cadavres de bactéries, de minéraux
et d’acides gras volatils : on récupère alors cette phase
solide et on la sèche pour en faire un lombricompost ou du
biochar, selon la composition. Ces sous-produits sont en
cours d’évaluation, mais les premiers éléments que nous
avons déjà recueillis montrent leur qualité agronomique
pour un retour au sol avec une assimilation assez rapide.
Troisième bonus, nous récupérons aussi du CO2 biogénique
qui pourra être valorisé par les industriels en substitution
du CO2 fossile généralement utilisé (maraîchage, boissons
gazeuses…). Ils abaissent ainsi leur empreinte carbone.
HYDROGEN+ N° 11 • Octobre-Décembre 2022
Hydrogen+ | Production
Cette récupération du CO2 fait partie intégrante de l’équa-
tion économique de notre procédé. »
Athéna s’investit
Ce modèle de recyclage est assez complexe, il optimise le
procédé industriel par un réel recyclage de tous les produits,
ce qui est la condition d’une véritable économie circulaire :
production énergétique, usage local, valorisation du CO2 et
des sous-produits. Athéna Recherche et Innovation propose
un modèle vertueux et biomimétique adapté au cas par cas
aux différentes industries qui produisent des déchets orga-
niques. « Avant tout projet, nous étudions dans un premier
temps le potentiel des déchets. Puis nous effectuons des
essais sur plusieurs semaines pour comprendre comment
optimiser le processus et analyser aussi les aléas pos-
sibles (rupture, changement d’approvisionnement…). Si ces
résultats sont bons, nous étudions alors les besoins et les
usages locaux de l’énergie, puis nous passons ensuite à la
phase de conception. Nous engageons un partenariat avec
les industriels. Pour cela, nous ne leur demandons pas d’in-
vestir, car c’est nous-mêmes qui investissons dans l’outil.
Nous sommes actuellement en train de lever deux millions
d’euros de fonds pour passer de nos démonstrateurs déjà
opérationnels à l’échelle industrielle, avec l’objectif d’avoir
notre première usine opérationnelle dès 2025. » J. B.
Pour plus d'information : Ludovic Briand (06 95 25 50 73)
(contact@athena-recherche.fr)
47
Hydrogen+ | Focus

Hydrogène :
la Bourgogne-Franche-Comté
accélère !
Soutenue par la Région et appuyée par les plans de relance successifs, la filière hydrogène
continue de se structurer en Bourgogne-Franche-Comté. Parallèlement, la décarbonation
est devenue un enjeu, et un défi, des politiques économiques, tant au niveau national qu’à
l’échelle européenne.

L
es 29 et 30 septembre 2021, réservoirs de stockage solide pour les dans la filière de l’hydrogène. » Belfort
Belfort a accueilli le premier applications mobiles et stationnaires. finance également un projet de station
forum Hydrogen Business For Belfort attire réellement les projets, et de bus à hydrogène dont les travaux
Climate. Le choix de cette ville comme celui de H2SYS, société qui débutent avec le soutien d’Hynamics.
ne doit rien au hasard. « Ce territoire travaille sur des groupes électrogènes Ainsi, sept véhicules électriques à
a une légitimité particulière. Depuis à hydrogène mobiles et stationnaires hydrogène d’une capacité de 90 per-
les premiers travaux universitaires de moyenne puissance. Le nouveau sonnes seront opérationnels et circu-
sur la pile à combustible il y a 25 ans, site de production de 1 300 m2 a été leront dans le Territoire de Belfort au
un véritable écosystème s’est créé inauguré dans le parc d’activités début de l’année 2023.
ici », a indiqué Marie-Guite Dufay, Techn’hom. Cette arrivée a fait dire à
présidente de la Région. Ainsi, la Philippe Boucly, président de l’asso- Gigafactory
Région soutient et accompagne plu- ciation France Hydrogène : « H2SYS La Région a également lancé le pro-
sieurs projets hydrogène. Une feuille est le parfait exemple du changement jet « Transformation d’un Territoire
de route hydrogène dotée de 100 M€ d’échelle qui s’opère actuellement Industriel » du Nord Franche-Comté u
sur 10 ans a d’ailleurs été adoptée en
2019. S’y sont ajoutés 60 M€ d’in-
vestissements dans le cadre du plan
d’accélération de l’investissement
régional. La Bourgogne-Franche-
Comté a été reconnue comme la
première région de France pour la
représentation de la chaîne de valeur
hydrogène. L’accent a notamment
été mis sur la formation et la R&D.
Résultat, son attractivité pour des
projets hydrogène est bien réelle.
Nathalie Loch, chef de projet
Hydrogène de l’Agence économique
© IDXPROD Severine Regnault

régionale (AER) Bourgogne-Franche-

Comté, a indiqué : « Désormais, nous
sommes passés dans le dur et l’on
voit les retombées ». Cela est vrai avec
Mincatec Energy qui a implanté son
centre de R&D à Belfort pour déve-
lopper, mettre au point et tester des

48 HYDROGEN+ N° 11 • Octobre-Décembre 2022

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u qui propose de consacrer 69 M€
pour l’industrie 4.0 et l’économie
hydrogène. Sa mise en œuvre a per-
mis de bâtir une coopération durable
entre les agglomérations, les uni-
versités, les PME innovantes et les
groupes industriels basés à Sochaux,
Montbéliard et Belfort. De plus, le futur
centre d’essais et de certification des
systèmes de stockage de l’hydrogène
ISTHY, retardée à cause de la pandé-
mie de Covid, devra être lancé début
2023. C’est aussi à Belfort que McPhy,
spécialiste des équipements de pro-
duction et de distribution d’hydrogène
zéro carbone, va installer sa future
gigafactory d’électrolyseurs. Notons
enfin l’installation du centre d’exper-
tise mondiale sur les réservoirs d’hy-
drogène de Faurecia à Bavans, près de
Montbéliard.
Nathalie Loch a ainsi déclaré : « Pour
disposer d’un écosystème robuste et
fiable, notre stratégie est d’avoir une
chaîne de valeur de l’hydrogène la
plus complète possible : de la produc-
tion au stockage, à la distribution, aux
usages mobiles et stationnaires. Il y
a un véritable consensus et une belle
coordination entre les politiques, les
agences et les services de la Région,
le Pôle Véhicule du Futur (qui a inté-
gré l’hydrogène à sa feuille de route
dès 2005), les entreprises, la forma-
tion, le FC Lab (UAR/ Unité d’Appui à
la Recherche) et la Plateforme Energie
Hydrogène de Belfort, ainsi que les
laboratoires de l’UFC (Université
50
de Franche-Comté) et de l’UTBM
(Université de Technologie de Belfort-
Montbéliard) et des structures comme
l’ADEME ou BPI. L’objectif commun
est d’offrir un vrai soutien aux porteurs
de projets et aux entreprises une fois
qu’elles sont là, certaines étant même
coachées au démarrage ! »
“H2SYS est le parfait exemple du changement
d’échelle qui s’opère actuellement dans la filière
de l’hydrogène.”
Philippe Boucly
Les trains à hydrogène
Tous ces projets et toutes ces réali-
sations poussent un grand nombre
d’entreprises françaises, mais aussi
étrangères à solliciter l’AER de
Bourgogne-Franche-Comté pour pré-
senter ces succès qui attisent l’inté-
rêt. Ainsi, la start-up Mahytec, entre-
prise leader dans la fabrication de
réservoirs de stockage d’hydrogène
et de système de stockage d’énergie
renouvelable de pointe, a été rachetée
par l’allemand Hensoldt, spécialisé
dans la production, le stockage, le
transport et la conversion de l’éner-
gie à base d’hydrogène. L’entreprise,
implantée à Dole dans le Jura, a déve-
loppé des technologies très inno-
vantes pour le stockage comprimé
avec des réservoirs composites et le
HYDROGEN+ N° 11 • Octobre-Décembre 2022
stockage solide avec des hydrures
métalliques. Ce rachat va en outre
lui permettre de renforcer ses activi-
tés liées à l’hydrogène dans d’autres
domaines comme la mobilité lourde et
les applications aéronautiques.
Avec le Grand Est, l’Occitanie et l’Au-
vergne-Rhône-Alpes, la Bourgogne-
Franche-Comté est l’une des quatre
régions à avoir mandaté la SNCF pour
une commande de 14 trains régio-
naux. Ses trois premiers bi-mode
electrique-hydrogène représentent
un investissement de 51,9 M€. Ils
seront livrés à partir de 2023 pour une
mise en exploitation commerciale en
2024, après la validation des essais.
Le premier TER devrait circuler entre
Auxerre et Laroche-Migennes, véri-
table hub de la SNCF. L’annonce de
cette commande a été faite à Auxerre,
qui est par ailleurs l’un des quatre
clusters hydrogène de l’écosystème
de Bourgogne-Franche-Comté.
En outre, c’est dans la capitale de la
Basse Bourgogne qu’a été construite
la station hydrogène la plus puissante
de France. D’une capacité de 1 MW,
AuxHYGen produit jusqu’à 400 kg
d’hydrogène vert par jour grâce à
l’électrolyse de l’eau. Il s’agit de la
première réalisation en France d’Hy-
namics, filiale d’EDF spécialisée dans
l’hydrogène. Cela devrait permettre
d’éviter l’émission de 2 200 tonnes
de CO2 chaque année. La station ali-
mente cinq bus à hydrogène Safra
exploités par Transdev Auxerrois sur
le réseau de transport urbain. Elle ali-
mentera par la suite les premiers TER
bi-mode électrique-hydrogène déve-
loppés par Alstom.
Dijon Métropole investit dans
l’hydrogène vert
Dijon Métropole a engagé un projet u
 1ER & 2 FÉVRIER 2023
PORTE DE VERSAILLES
6ÈME
ÉDITION

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 Hydrogen+ | Focus

u d’hydrogène vert très ambitieux de
100 M€ afin de réduire les émissions
de CO2 des transports publics du terri-
toire. Ce projet a été lancé en 2020 et
doit bénéficier de la production locale
d’hydrogène vert par électrolyse de
l’eau pour alimenter les premières
bennes à ordures ménagères ainsi
“Pour disposer d’un écosystème robuste et
gène vert à l’échelle nationale. Ainsi,
d’ici à 2030, Dijon Métropole, récem-
ment retenue pour la mission euro-
péenne « 100 villes neutres pour le cli-
mat et intelligentes », doit faire passer
à l’hydrogène la totalité de son parc
de véhicules lourds, soit 44 bennes à
ordures ménagères et 180 bus. Grâce
Métropole Smart EnergHy. Storengy,
filiale d’Engie et spécialiste du stoc-
kage de gaz et du développement des
gaz renouvelables, est entrée à son
capital en janvier 2021.
Des projets d’envergure en
Franche-Comté
De son côté, la Franche-Comté a
lancé plusieurs projets d’envergure.
Dans le Doubs, la nouvelle usine

cohérent, notre stratégie est d’avoir une chaîne

Faurecia Clean Mobility a quitté le
site de Mandeure pour la zone indus-

de valeur de l’hydrogène la plus complète trielle de Technoland 2, dans le Pays

possible.”
Nathalie Loch
que des bus.
Ce projet est basé sur un modèle
d’économie circulaire. L’hydrogène
vert sera produit localement avec de
l’électricité fournie par le recyclage
énergétique des déchets venant
de la collecte des ordures ména-
gères des habitants et par la ferme
photovoltaïque.
Dijon Métropole met elle aussi un
coup d’accélérateur et se positionne
en bonne place parmi les territoires
moteurs en matière de mobilité hydro-
aux capacités des deux stations d’hy-
drogène vert, les entreprises et les
collectivités locales pourront conver-
tir leurs propres parcs, s’alimenter
en hydrogène vert et développer un
usage grand public des véhicules à
hydrogène.
Afin de mener ce projet à bien, Dijon
Métropole s’est associée au groupe
local Colibri Énergie. Ce partenariat
permettra de développer un véritable
système de production, en créant
notamment la coentreprise Dijon
de Montbéliard. Ainsi, le leader tech-
nologique de l’industrie automobile
produira des réservoirs à hydrogène
pour véhicules dans une usine neuve
de 8 000 m2.
La société Gaussin, concepteur et
fabricant franc-comtois de solu-
tions de mobilité, a parfaitement
commencé l’année grâce à son
H2 Racing Truck, premier camion
à hydrogène au monde, qui a tra-
versé les dunes lors de la célèbre
course du Dakar, en Arabie saou-
dite, au mois de janvier. B. L.
q Camion H2 par Gaussin.

© AER BFC

52 HYDROGEN+ N° 11 • Octobre-Décembre 2022

 NOUS CULTIVONS
DES SOLUTIONS
22-24 NOVEMBRE 2022
PARIS - PORTE DE VERSAILLES

salondesmaires.com
Hydrogen+ | Réseaux
Forum Hydrogen Business for Climate :
un rendez-vous B2B
à ne pas manquer
Entretien avec
Véronique WISS,
Commissaire du forum
Hydrogen Business for
Climate
Bruno JAMET,
Directeur de programmes
Énergie & Propulsion, Pôle
Véhicule du Futur
Pouvez-vous nous parler des temps
forts de cette deuxième édition du fo-
rum Hydrogen Business for Climate ?
Lors de la première édition, qui s’est
tenue à Belfort en septembre 2021,
nous avions rassemblé 420 décideurs
privés et publics de 16 nationalités
autour d’un cycle de conférences plé-
nières, d’ateliers, de rendez-vous B2B
et de visites. C’est un peu la marque
de fabrique du forum que d’allier un
haut niveau informationnel et l’aspect
business.
Pour cette édition 2022, qui se tien-
dra les 8 et 9 novembre à Montbéliard,
nous conservons cette logique en
nous inscrivant au cœur de l’actualité :
54
enjeux économiques, géopolitiques et
climatiques.
Nous proposerons une plénière
« Grand Format » internationale, intro-
duite par Christian de Perthuis, écono-
miste et fondateur de la chaire Climat
de l’université Paris Dauphine. Nous
traiterons d’une question cruciale pour
l’avenir : faut-il importer massivement
l’hydrogène ou favoriser la production
locale ? Il sera question de souverai-
neté énergétique et de réponses aux
besoins croissants d’hydrogène.
Trois autres plénières aborderont la
question des écosystèmes, de l’indus-
trie – appelée à devenir la plus grande
consommatrice d’hydrogène –, des
futurs champions européens et des
PIEEC (projets importants d’intérêts
européens communs), véritables
accélérateurs pour le déploiement de
l’hydrogène en Europe.
La question de la sobriété sera éga-
lement traitée par Navi Radjou, cher-
cheur franco-américain en innova-
tion et leadership, classé parmi les
50 penseurs en management les plus
influents du monde.
Du côté des 50 exposants français
et internationaux, nous découvrirons
leurs innovations, et également des
outils pédagogiques et des prototypes.
L’espace d’exposition mettra aussi en
avant les territoires, le tissu écono-
mique et académique d’excellence de
la Région Bourgogne-Franche-Comté,
pionnière en matière d’hydrogène.
Cette dynamique régionale sera éga-
lement illustrée lors de deux visites : le
FC Lab et l’entreprise Gaussin.
Le forum innove cette année en
mettant en place des labs d’innova-
tion. Pouvez-vous nous en dire plus
HYDROGEN+ N° 11 • Octobre-Décembre 2022
sur ce nouveau format de rencontres
professionnelles ?
Le forum est un moment de rencontres
clé pour ceux qui font, décident et in-
fluencent la filière. Pendant deux jours,
nous rassemblerons industriels (du
grand groupe à la start-up), pouvoirs
publics, acteurs académiques, finan-
ceurs, investisseurs, autant de profils
complémentaires qui, collectivement,
peuvent faire avancer des sujets
comme ceux du passage à l’échelle
industrielle, de l’adoption des techno-
logies hydrogène ou de la mobilité.
Nous mobiliserons les expertises, la
richesse des expériences et l’intelli-
gence collective pour lever les verrous,
faire émerger des idées nouvelles, ap-
plicables à court terme, qui aboutiront
à des collaborations et à des engage-
ments concrets.
Ce format inédit est rendu possible par
l’implication, dans la phase de prépa-
ration, d’acteurs de la filière hydrogène,
comme Clean Hydrogen Partnership,
France Hydrogène, BPI, l’ADEME,
des entreprises de la filière et des
académiques.
Nous nous appuyons également
sur l’expérience d’un collectif de u
 Montbéliard,
Nov. 8-9, 2022

INÉDIT
Les premiers labs d’innovation et d’accélération

Mobilité et Adoption Passage à

infrastructures l’échelle

Et aussi
5 Conférences plénières 2 Visites « In situ » 2 Sessions de RDV B2B
1 Espace d’exposition 1 Soirée de gala

2 jours
pour concrétiser la
transition énergétique H2
en France et en Europe
Hydrogen
business
forclimate 
.com 
 Hydrogen+ | Réseaux
© Pôle Véhicule du Futur
u facilitateurs (Codesign-it! The Value Web), tous rompus
aux challenges de l’innovation accélérée. Certains d’entre
eux ont notamment facilité des workshops au Forum éco-
nomique mondial de Davos.
Pendant ces labs, nous ferons alterner des moments de plé-
nière pour partager le même niveau de connaissance, des
kiosques thématiques pour explorer des pistes de solutions,
voire du travail en binôme qui peut aboutir à des engage-
ments futurs. À l’issue de ces labs, des livrables seront pro-
duits pour passer à l’action.
Précisons enfin que les labs s’adressant à nos participants
français et internationaux se tiendront en anglais.
L’un des labs sera consacré à la mobilité. Qui seront les
participants de ce lab et quels seront les sujets abordés ?
Ce lab nous invitera tout d’abord à nous immerger dans la
prochaine décennie, où la mobilité hydrogène aura été dé-
ployée efficacement et sera devenue une réalité. À partir de
ce déploiement idéal, nous pourrons élaborer les chemins à
mettre en place dès aujourd’hui pour parvenir au succès. Des
groupes se constitueront pour travailler sur des thématiques
telles que les technologies, les infrastructures, la sécurité,
l’industrialisation, le financement… Quels sont les fonda-
mentaux, les principes, les verrous à lever ? Quels sont les
conditions du succès et les points de vigilance ? Quels sont
les changements à opérer pour accélérer le déploiement de
la mobilité hydrogène ?
Autant de questions posées pour finalement définir les ac-
tions concrètes pour réussir et proposer des solutions sûres,
adaptées et économiquement viables.
Nous invitons donc les acteurs de la mobilité, des infrastruc-
tures, de la réglementation, du financement, mais aussi
des spécialistes des technologies et les territoires à nous
rejoindre.
Selon vous, quelle est la place de l’hydrogène dans la mobi-
lité de demain ?
Bruno Jamet. L’hydrogène est une technologie indispen-
sable pour la décarbonation de la mobilité. Elle s’adresse à
plusieurs segments de véhicules et d’engins et s’intégrera
au sein d’un continuum de technologies adaptées à chaque
type de véhicule et d’usage.
Actuellement, la mobilité hydrogène s’adresse principa-
lement aux transports en commun et aux flottes captives.
56 HYDROGEN+ N° 11 • Octobre-Décembre 2022
Mais elle va évoluer avec la mise en place des infrastructures
qui permettront aux camions et à certains véhicules légers
grand public de faire leur plein d’hydrogène. L’hydrogène
est aussi une réponse pour la décarbonation du transport
maritime.
Le Pôle Véhicule du Futur, organisateur de ce forum, vient
de réaliser en Corée du Sud une mission labellisée France
Export que vous avez dirigée. Pourriez-vous nous en dire
plus sur cette mission et ses résultats ?
Bruno Jamet. L’hydrogène est un secteur d’avenir pour l’in-
dustrie et pour la souveraineté de notre pays et de l’Europe.
Le Pôle Véhicule du Futur, impliqué depuis près de 20 ans
sur la thématique hydrogène, suit attentivement les évolu-
tions de cette industrie au niveau international et a sélection-
né cette année la Corée de Sud pour une mission qui s’est
déroulée début septembre, en même temps que le salon
H2MEET, l’objectif étant de maximiser les possibilités de
rencontres pour notre délégation française.
Les participants ont pu rencontrer les acteurs clé de l’hy-
drogène en Corée tels que Hyundai, KIA, H2 Korea, Hynet,
Deokyang et des centaines d’autres entités.
La Corée avance très rapidement avec un réseau fourni de
fabricants de composants et un coût de l’hydrogène bas. Elle
cherche à nouer des partenariats pour se développer dans
le monde entier. Cette mission nous a également permis de
prendre la mesure du dynamisme coréen et de l’intérêt de
stratégies alternatives de production d’hydrogène permet-
tant un amorçage plus rapide.
À la demande des participants, une prochaine mission est en
réflexion, dont la destination sera choisie en fonction de leurs
marques d’intérêt.
Le forum Hydrogen Business For Climate est organisé par
le Pôle Véhicule du Futur avec le soutien de l’État, de la
Région Bourgogne-Franche-Comté, de Pays de Montbéliard
Agglomération, de la Ville de Belfort et du Grand Belfort, en
partenariat avec l’AER BFC (Agence Économique Régionale
de Bourgogne-Franche-Comté), l’ADEME, ADN FC (Agence
de développement économique Nord Franche-Comté), la CCI,
EEN (Enterprise Europe Network), FC Lab et Femto ST. ¢
Inscriptions : https://hydrogenbusinessforclimate.com/
© Pôle Véhicule du Futur

« NOUS VOULONS ALIMENTER NOS
clients avec 100 % d’énergie renouvelable »
Entretien avec
Roland KAEPPNER,
directeur exécutif
hydrogène de NEOM
Hydrogen+. Vous proposez de
construire un nouveau modèle,
notamment dans le secteur de l’éner-
gie, et vous voulez « changer l’avenir
de l’énergie ». Pouvez-vous nous en
dire plus ? Quelle part pour l’hydro-
gène ? Quelle vocation territoriale et
internationale ? Où vous situez-vous ?
Roland Kaeppner. L’objectif de NEOM
est de faire en sorte que tous les rési-
dents et les industries de NEOM soient
alimentés par un système d’énergie
100 % renouvelable avec un approvi-
sionnement durable en eau pour les
besoins résidentiels et industriels.
ENOWA, la filiale énergie, eau et hydro-
gène de NEOM, travaille à la réalisation
de cet objectif.
Il s’agit de créer une économie circu-
laire, à l’échelle, qui fera d’ENOWA, et de
NEOM, une référence en matière d’éco-
systèmes intégrés d’énergie et d’eau
durables dans la région et au-delà.
Cela a de nombreuses implications
positives pour les personnes, les entre-
prises, les communautés et, bien sûr, la
nature. Par exemple, cela signifie que
notre eau sera dessalée en utilisant
des énergies renouvelables. Et la sau-
mure ne sera pas rejetée dans la mer :
au contraire, toutes les ressources pré-
cieuses qu’elle contient seront récupé-
rées grâce à des processus innovants.
En ce qui concerne l’hydrogène, il joue
un rôle majeur dans cette stratégie et
cet écosystème, et nous permet d’ex-
porter réellement l’une des ressources
les plus précieuses dont nous dis-
posons à NEOM : l’énergie renouve-
lable. En fait, nous sommes en train
de construire la plus grande usine
d’hydrogène vert au monde, une ins-
tallation qui produira 650 tonnes d’hy-
drogène vert par jour à partir de 2026.
Il s’agit d’un investissement majeur
dans le projet NEOM, réalisé grâce à un
partenariat de type joint-venture entre
ACWA Power, Air Products et NEOM.
Il s’agit d’un véritable travail de pion-
nier qui n’a jamais été réalisé à cette
échelle.
Quels sont vos objectifs pour le
Forum de l’hydrogène à Monaco et
qu’allez-vous présenter ? Recherchez-
vous des investisseurs, des
industriels, etc. ?
La réussite de l’hydrogène vert aura
deux dimensions : la première est de
le rendre disponible à des prix com-
pétitifs et à grande échelle – ce que
nous faisons avec notre grand projet
d’usine – et la seconde est de tirer
parti de l’impact positif de l’hydrogène
vert sur le climat dans les applications
industrielles et d’infrastructure.
Alors que l’hydrogène est depuis long-
temps un élément incontournable de
la mobilité terrestre grâce aux techno-
logies des piles à combustible, nous
voyons une demande et une opportu-
nité massives pour décarboner le sec-
teur maritime.
Le littoral de la mer Rouge de NEOM
possède une structure récifale unique
et intacte et nous devons éviter la
pollution causée par les carburants
conventionnels. En partenariat avec
la Monaco Hydrogen Alliance (MHA),
nous encourageons l’innovation qui
HYDROGEN+ N° 11 • Octobre-Décembre 2022
Hydrogen+ | Réseaux
permettra de rassembler les per-
sonnes, les entreprises et les commu-
nautés qui partagent la même attitude
de pionnier face aux possibilités de
l’hydrogène.
Quels messages souhaitez-vous faire
passer lors de l’événement ?
Le message est clair : l’avenir est
maintenant, il a déjà commencé. Les
technologies arrivent à maturité pour
rendre la mobilité maritime par l’hydro-
gène propre et durable, pour protéger
nos rivages et leurs habitats et pour
contribuer à réduire les émissions de
carbone. Mais il faut agir et cela passe
par la collaboration ; nous considérons
que les alliances mondiales comme la
MHA sont essentielles à la proliféra-
tion de ces technologies. Nous devons
nous concentrer sur l’augmentation
de l’intérêt et de la demande mondiale,
en donnant aux jeunes entreprises et
aux pionniers l’élan dont ils ont besoin
pour réussir. Je vois le MHA comme
un forum permettant de rassembler les
parties prenantes, des innovateurs aux
investisseurs.
Que pensez-vous du déploiement
futur de la mobilité à l’hydrogène ?
La mobilité à l’hydrogène fait l’objet
de discussions depuis des décennies,
et elle a maintenant franchi le point
de basculement. La technologie est
presque entièrement commerciali-
sée et sa mise à l’échelle entraînera
une baisse des coûts. Le carburant
est également disponible à des prix
compétitifs par rapport aux systèmes
de propulsion traditionnels. Cela
s’explique par le fait que le coût des
énergies renouvelables a considéra-
blement baissé. En outre, ce qui était
jusqu’à présent un point faible, à savoir
la mobilité par l’hydrogène dans les
secteurs maritime et aérien, se déve-
loppe rapidement.
L’avenir est prometteur. ¢
59
 2 E ÉDITION

CONGRÈS & CONFÉRENCES

15 16 novembre 2022

CENTRE DE CONGRÈS
RIVE MONTPARNASSE

SAVE THE DATE

LE TEMPS FORT DES PROFESSIONNELS DE L’HYDROGÈNE

• 700 décideurs de la filière sur deux jours

• 48 heures de débats, retours d’expériences, projets,
travaux et résultats d’études
• 80 speakers et intervenants
• 50 partenaires et sponsors acteurs clés

PLUS
60
D’INFORMATIONS SUR www.horizons-hydrogene.com
HYDROGEN+ N° 11 • Octobre-Décembre 2022

« Un lieu d’échanges et
d’expertise pour la filière hydrogène »
Entretien avec
Géraldine TRAPP,
directrice conférencière de Horizons
Hydrogène
Hydrogen+. Pourriez-vous nous présenter Horizons
Hydrogène ?
Géraldine Trapp. Horizons Hydrogène est devenu en 2021
le nouveau rendez-vous et le temps fort de la fin d’année
pour les acteurs de la filière hydrogène. Plus de 500 par-
ticipants étaient présents lors de la première édition, per-
mettant un congrès riche et intense en échanges et enga-
gements business.
Pour cette seconde édition, le congrès se tiendra les 15
et 16 novembre, de 8 h 30 à 18 h 30 au centre de congrès
Rive Montparnasse. Il a pour vocation de devenir un véri-
table lieu d’échanges et d’expertise entre industriels,
experts-chercheurs, porteurs de projets, investisseurs
publics et privés, consultants, institutionnels, utilities et
énergéticiens, pour ainsi se positionner comme un grand
rendez-vous annuel pour les professionnels de l’hydro-
gène. Six cents professionnels sont attendus pour suivre
les débats et 80 speakers de haut niveau et d’expertise
représentant les principaux acteurs du marché seront pré-
sents à la tribune de la conférence plénière ainsi que sur
nos trois scènes en salles thématiques.
HYDROGEN+ N° 11 • Octobre-Décembre 2022
Hydrogen+ | Réseaux
Quels seront les thèmes abordés lors des conférences ?
Développement de la filière hydrogène française, géopoli-
tique, réglementation, passage à l’échelle, écosystèmes…,
de nombreux sujets seront abordés lors de ces deux
journées.
De plus, eu égard au contexte actuel de la guerre en
Ukraine, le potentiel de développement du marché hydro-
gène s’est démultiplié et incite à l’intégrer plus consé-
quemment dans notre mix énergétique, afin qu’il soit une
réelle solution alternative au gaz naturel.
Du côté des visiteurs, nous attendons l’ensemble des
acteurs de l’écosystème hydrogène : des consomma-
teurs comme Bertrand Walle, Climate and Energy Mana-
ger France chez Borealis, ou Bruno Costes, directeur des
affaires publiques chez Airbus, ou encore Michael Haddad,
directeur de l’innovation chez Alstom… ; des institution-
nels comme Lionel Prevors, chef de projet hydrogène chez
DGEC, ou Yvan Faucheux, commissaire référent du Comité
de prospective de la CRE) ; des académiques comme
Laurent Antoni, responsable des affaires publiques pour
les technologies hydrogène au CEA, ou Marc-Antoine
Eyl-Mazzega, directeur Centre énergie & climat à l’IFRI ;
des producteurs d’hydrogène comme Adamo Screnci,
directeur général délégué chez Hydrogen Refueling
Solutions ; des acteurs du transport comme Dominique
Mockly, président de Téréga ; et des acteurs du stockage
comme Camille Bonenfant-Jeanneney, directrice générale
de Storengy…
Selon vous, quelle est la place de l’hydrogène dans la
mobilité de demain ?
L’hydrogène est de plus en plus regardé et étudié comme
carburant alternatif. En termes de projets, beaucoup de col-
lectivités et d’industriels travaillent de concert pour déve-
lopper des usages de mobilité avec des bus, des bateaux,
des bennes à ordures à hydrogène. Pour que les usages
de mobilité se développent, il est nécessaire d’avoir/de
développer localement de la production, mais aussi des
moyens de transport et de stockage d’hydrogène.
Alors que, l’année dernière, les sujets de la production et
des usages étaient majoritaires, cette année, le transport
et le stockage sont davantage sous les feux de la rampe.
Pour que la filière se développe réellement, tous les mail-
lons de la chaîne doivent avancer au même rythme. ¢
Vous retrouverez l’ensemble des informations
et les possibilités d’inscription sur
www.horizons-hydrogene.com
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Hydrogen+ | Réseaux

EnerGaïa
Transport et mobilité durables
L
es 7 et 8 décembre, le salon EnerGaïa se tiendra au énergétique actuelle et mettre les territoires sur la bonne tra-
parc des Expositions de Montpellier. Face à l’urgence jectoire de la neutralité carbone.
climatique et énergétique, EnerGaïa voit plus grand Ainsi, le 8 décembre, vous pourrez assister aux conférences
pour son édition 2022 avec l’ouverture d’un troisième « Décarboner poids lourds et utilitaires : quels véhicules,
hall, un nombre d’exposants en hausse, une ouverture ac- quels financements » ; « Autoconsommation collective,
centuée sur l’international, un espace de conférences agran- l’énergie en circuit court » ; « Les gaz renouvelables : vers une
di et intégré au cœur des espaces d’exposition et l’inaugura- autonomie de territoires » ; « Hydrogène : nouvelle logistique,
tion de deux pavillons thématiques « Bâtiment durable » et nouveaux usages ». Attention, les préinscriptions sont gra-
« Transport & mobilité durables ». tuites, mais obligatoires, sur le site www.enargaia.fr, où vous
Le forum EnerGaïa 2022 se donne les moyens de répondre trouverez également le programme complet.
aux enjeux d’une urgence climatique et énergétique au cœur
de toutes les préoccupations. Rendez-vous incontournable
des énergies renouvelables, porté par la Région Occitanie/
Pyrénées-Méditerranée depuis 16 ans, le forum EnerGaïa
est particulièrement attendu des professionnels et des terri-
toires qui y trouvent des réponses concrètes à leurs préoccu-
pations environnementales. Préparer les territoires à traver-
ser les crises : « Vivre en paix, préparer le monde qui vient »,
tel est l’intitulé de la conférence plénière qui inaugurera le
forum autour des politiques d’adaptation prônées par le der-
nier rapport du GIEC. Tout le programme des conférences
qui jalonneront les deux jours du forum s’articule autour des
solutions concrètes à mettre en œuvre pour résoudre la crise

Salon des maires de France

L
’édition 2022 du Salon des
maires de France, organisé en
partenariat avec l’AMF depuis
20 ans et en concomitance
avec le Congrès des maires de France
et des présidents d’intercommunalité
se tiendra du 22 au 24 novembre à Pa-
ris, porte de Versailles, sous le signe de
la sobriété et de l’économie circulaire.
En plus des nombreux exposants et
des 45 000 visiteurs attendus, le salon
sera l’occasion d’assister à plusieurs
conférences. Territoire bas carbone,
gaz renouvelables, ambition zéro émis-
sion, transport décarboné : la transi-
tion énergétique locale, la production
d’énergie et la mobilité durable seront
au cœur des débats. Programme dé-
taillé sur : www.salondesmaires.com

62 HYDROGEN+ N° 11 • Octobre-Décembre 2022

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