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In Gall - Ighazer (Niger) 


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 LA PÉRIODE COLONIALE  24 DÉCEMBRE 2017  17 JUILLET 2023


 AFFICHAGES : 16451

La Période Coloniale
Le premier explorateur à fouler le sol d'Aïr est Henrich Barth en 1853. Lors de son
"excursion à Agadez", il en décrira l'Emghedeshie, langue à base Songhaï intégrant
un vocable Tamasheq et Arabe, et précisera pour ce qui concerne la plaine de
l'Ighazer l'implantation des villages d'In Gall et de Tegidda (Barth 1863), qu'il
confond d’ailleurs avec la Takadda d'Ibn Battûta. En 1876, Erwin de Bary pénétra
aussi l'Aïr mais ne put jamais le traverser entièrement, il décédera à Ghât peu
avant une deuxième tentative. Plus tard en 1870, Nachtigal descendit de
Mourzouk pour se rendre au Tchad, en passant par Bilma et N’Guigmi. Enfin, plus
au sud de l’Ayar en 1891-1892, le Lieutenant-Colonel Monteil traversa le Niger à
Say, alla jusqu’à Bilma par Sokoto, Kano, N’Guigmi, rentrant ensuite en France par
Mourzouk et Tripoli (Commissariat de l’AOF 1922).

La première mission
d'envergure qui parcourue
l'Aïr fut celle de Foureau et
Lamy de 1898 à 1900. Si les
1000 chameaux de la mission
ne traverseront pas l'Ighazer
(seuls 2 arrivent sur Agadez !),
elle fit un séjour de 80 jours à
Agadez, près du puits de
Tansamane, pendant la
saison pluvieuse, obligée
d'user de menaces pour
acquérir les chameaux dont
elle avait besoin pour
poursuivre sa route, le Sultan ne se montrant guère coopératif vis à vis de
l'envahisseur qui ne disait pas encore son nom. Ce seront les Kel Owey qui
finalement vendront leurs chameaux à la mission Foureau - Lamy. La mission
notera que le Sultan ne jouit d'aucune autorité en son royaume, aux mains des
factions touaregs les plus fortes, Kel Owey et Kel Ferwan. Il est alors élu par des
Kel Gress, les 2 (!) Anastafidet et d'autres notables Kel Owey. Le départ de la

mission se fera le 10 août en direction de Irahyen au sud de la falaise de Tiguidit,
zone avec fort peu de puits, elle risquera ici le plus grand danger de son périple
par manque d'eau, très vraisemblablement à cause de leur guide qui a voulu les
égarer et finie donc par retourner tant bien que mal sur Agadez. Elle quittera la
ville en octobre, après avoir été complètement ravitaillée en chameaux et
nourritures à la suite de longues tergiversations des autorités locales, passant par
le puits d'Aballema au sud des falaises pour rejoindre Zinder. Les cartes produites
mentionneront une erreur manifeste qui arrondit les falaises de Tiguidit et l’oued
de l’Ighazer wan Agadez vers le sud-ouest alors qu'il fallait indiquer le nord-ouest
(Foureau 1902).

Si les explorateurs pénétrèrent l'Aïr par le Nord, les militaires français allaient
s'appuyer sur les territoires du sud du Niger pour mener leur colonisation, en
particulier par le Damergou au nord de Zinder, réserve céréalière des Touaregs
de l'Aïr, et par l'ouest à partir de Tahoua, alors ville étape de la voie de
ravitaillement de Zinder, l'Ader faisant partie de la Nigéria. Cette dernière région
sera finalement rattachée au Territoire du Niger en 1907. Le Damergou est alors
détenu par les Kel Imuzureg qui font payer un lourd tribut aux Kel Owey qui
organisent la Taghlamt de Sokoto à l'Aïr puis de l'Aïr vers les oasis de Bilma. En
1900, après une lourde défaite, les Kel Owey s'allient aux français pour vaincre les
Kel Imuzureg qui se réfugient à l'est dans le Koutous et l'Alakos. Ainsi, les Kel Owey
maîtrisent-ils la presque totalité du parcours de la grande caravane qui ravitaille
l'Aïr et pousseront les français à poursuivre leurs opérations de polices sur tout le
grand parcours de la Taghlamt pour décourager les rezzous des Touareg et
autres Toubou.

La situation commerciale
Aux dires du Lieutenant Jean, la voie quasi unique du commerce
transsaharien au début du XXè siècle est celle qui relie Tripoli à Kano (Jean
Lt 1909). Les produits qui y circulent sont essentiellement italiens et anglais, et
bien entendu les colonisateurs français imaginent inverser cette état de fait. Les
villes intermédiaires entre Agadez et Tripoli sont Ghât et Mourzouq, et dans une
moindre mesure Ghadamès. Par le sud, la liaison à Kano se fait en ligne droite à
travers Damergou et Damagaram pour atteindre la cité Hausa désormais
nigériane.

Une autre liaison active est celle qui relie le Kawar à l’Aïr puis au Damagaram, c’est
la Taghlamt, la caravane commerciale historique qui va chercher les dattes et le
sel pour les échanger avec les céréales, les tissus et autres pacotilles du sud. Elle
est évidemment d’une importance capitale pour les Touareg de l’Aïr, qui ramènent
ainsi dans les montagnes les céréales nécessaires à leur alimentation. Au delà de
l’échange commercial, c’est bien la fonction de transport qui est la plus
rémunératrice, à tel point que les Touareg restent dans le sud lors des récoltes

pour aider les paysans à accomplir toutes les tâches de la récolte de mil.

Les lignes commerciales vers le Touat sont encore actives mais peu fréquentées.
On se rappelle qu’elle fonctionnaient surtout pour relier le lac Tchad quelques
siècles auparavant. De même les voies commerciales vers la boucle du Niger
semblent des plus moribondes, celles-ci aussi fonctionnaient surtout pour la
liaison d’avec l’Égypte. En somme, depuis quelques siècles le commerce s’est
fortement infléchi sur un axe nord-sud au détriment des voies est-ouest. Enfin, on
notera la relation commerciale importante qui existe entre l'Ighazer et le Gober,
relation historique qui se renforce notamment avec les Kel Gress qui assurent
aussi le commerce du sel de Tegidda n’Tesemt (Fonferrier 1923), tout en profitant
de faire leur cure salée. Cette relation est évidemment bien plus ancienne,
compte tenu que les populations de l’Ader et du Gober sont en partie originaires
de l’Ayar, depuis au moins la fin du premier millénaire de notre ère.

Le début des années 20 verra les premiers commerçants européens qui


s'implantent dans les cercles d'Agadez. M. Bourges, est l'un des premiers dans la
ville d'Agadez qu'il va choisir pour lancer ses affaires dans une boutique bien
achalandée non loin du vieux marché Tamalakoye. Son établissement, en 1920,
est de faible importance au regard de la modestie de la vente d'étoffes importées
du Nigeria et l'exportation de bétail en direction de la colonie anglaise
(Gouvernement de l’AOF 1933). Son commerce reste donc circonscrit entre les
deux colonies. Installé aussi à Agadez dans les années 1920, M. Costa, dirige une
affaire du même niveau que M. Bourges, mais contrairement à ce dernier, lui se
livre exclusivement à l'exportation de bétail au Nigeria et n'importe rien en
contrepartie. La société cessera de fonctionner suite au décès de l'entrepreneur
en 1929 (Gandah Nabi 2011).

Les débuts de la période coloniale


Les Français installent un premier poste militaire à Djadjidouna en plein
Damergou pour mieux maîtriser la route caravanière et commencent l'instruction
fin 1901 des premières unités méharistes du Niger, dont un premier peloton
serait opérationnel dès 1902 sous le commandement du Capitaine Cauvin. Sa
première véritable mission sera la protection de la Taghlamt jusqu'à l'Aïr, en proie
à de nombreux rezzous Touareg et Toubou, sous le commandement du
Lieutenant Plomion, qui escorta la caravane jusqu’à Toureyet, et même sans
ordres, poussera jusqu’à entrer dans Agadez début 1903, accueilli comme un
libérateur par le Sultan au vu de la situation politique intenable qu’il vit (Jean Lt
1909). Le Lieutenant Plomion sera remplacé par le Lieutenant Jean en août 1904.

A l'ouest de l'Ighazer, l'Aménokal Mohamed El Kumati des Kel Dinnik


(Ouelleminden de l'est) faisait sa soumission aux Français, sans jamais avoir croisé
un français, se faisant toujours représenté par son homme de confiance, il
mourut à Afukada près d'In Gall en 1903. La rivalité dans la succession incita les

français à promouvoir Ismaghil, plus en clin avec la politique des colons que son
cousin Rezzi. Il est intronisé le 15 novembre 1903 en présence du Lieutenant
Colonel Noël. Rezzi se cachera alors avec ses partisans entre In Gall et Tegidda
n’Tesemt parmi les tribus encore insoumises, Kel Fadey, Kel Hoggar notamment.

- 1904

En février 1904, le Capitaine Delestre, commandant le Cercle de Tahoua, créera


également une unité méhariste, à la suite d'une intervention entre les Kel
Tamesna et les Kel Fadey. Ces unités seront essentielles dans la colonisation du
Nord Niger grâce à leur mobilité calquée sur celle des Touareg en rezzou. Elle
sera opérationnelle en octobre 1904. En août 1904, la protection de la Taghlamt
jusqu'en Aïr (10 000 chameaux), amènera le Lieutenant Jean à faire son entrée à
Agadez le 12 septembre, en compagnie du Lieutenant Bandiougou qui installe
son campement près du puits de Tansamane, tout comme la mission Foureau-
Lamy l'avait fait avant lui. La mission devait initialement passer par Aouderas, mais
les conditions difficiles leur feront éviter cette direction pour entrer directement
sur Agadez (Jean Lt 1909).

L’objectif principal des français et d’obtenir les soumissions de toutes les tribus
qui sont sensée être sous le jougs du Sultan de l’Aïr et de l’Anastafidet des Kel
Owey. Ainsi, l’escorte de la Taghlamt qui entra à Agadez prévoyait également de
passer par In Gall pour y rencontrer la section montée de Tahoua, dans le but
d’en imposer aux Kel Fadey et Tamesgidda qui défient l'autorité du Sultan et des
français. Les français veulent mettre leurs chefs Oanagoda et Inat sous l'autorité
du Sultan pour ne plus mettre d'entrave à l'exploitation du sel d'In Gall. Une fois
encore, tout comme dans le Damergou, le soucis des français est de libérer les
entraves au commerce local en proie aux rezzous (Jean Lt. 1909).

Oanagoda et Hammaté, chefs Kel Fadey, Meyloukou pour les Kel Tédalé avaient
ainsi le don de terroriser l’Aïr par leur simple apparence. Ces maîtres de la flibuste
saharienne avaient à leur actif tant de coups heureux, que leur nom seul effrayait
tout le monde. Le Sultan avait perdu tout crédit auprès des populations d‘In Gall
et de Tegidda n’Tesemt qui depuis longtemps n’attendaient plus rien de ce côté.
D’ailleurs, c’étaient bien ces derniers qui prélevaient les impôts. Les sauniers d'In
Gall, sans plainte possible étaient tenus en captivité par les Kel Fadey, qui faisaient
des rezzous jusqu’aux portes de Tahoua, mais peu en Aïr eu égards aux Kel
Ferwan, Kel Hoggar et Kel Rharous également rapines aux dires du Lieutenant
Jean. Si les tribus proches du Sultan et de l’Anastafidet faisaient leur soumission
dont les Kel Ferwan, qui joueront quand même un peu double jeu, le tam-tam de
guerre sonne pour les Kel Fadey, Kel Hoggar, Kel Rharous, Kel Tédalé et Ifadeyen
qui restent insoumis.
Le 16 septembre les Kel Rharous faisaient leur soumission et Oanagoda des Kel
Fadey faisait dire de ne pas compter sur lui pour se soumettre, tout comme les

Tamesgidda. Le Capitaine Delestre atteint Tegidda n’Tesemt le 18 septembre
1904 et envoi un courrier à Agadez pour le Lieutenant Jean, mais ce dernier est en
route vers le sud contre des Tamesgidda hostiles. Avec le concours des autorités
coutumières, les français organisent deux colonnes pour convaincre les
récalcitrants.

S'en suivent des opérations de police auprès des tribus soumises et non
soumises, dont un contre-rezzou organisé par Yato, Anastafidet des Kel Owey, sur
les Kel Fadey, dont le chef était Oanagoda, les Kel Rharous et Kel Hoggar,
rapportant les impôts de soumission le 28 septembre. Le lieutenant Jean se porte
sur In Gall pour faire la jonction avec la section méhariste de Tahoua. Il atteint la
petite ville le 23 septembre à minuit, rejoint le lendemain matin par le Capitaine
Delestre. Ils y installeront un petit poste militaire statique. Avec 300 partisans Kel
Dinnik et leur chef Ismaghil, le Capitaine Delestre souhaite mettre à la raison
Rezzi, réfugié chez les Kel Fadey, ne reconnaissant pas le nouvel Aménokal. Cette
jonction est aussi faite pour en imposer aux Kel Fadey et Tamesgidda qui défient
l'autorité du Sultan et des français dont Oanagoda et Inat leurs chefs (Jean Lt
1909).

Afin de contrôler les caravanes, poumon économique de la zone et de prendre les


contacts nécessaires auprès des tribus nomades, l'occupation d'Agadez est
devenue prioritaire et les 2 unités s'y rendent dès le lendemain. Le Lieutenant
Jean y entreprend la construction du poste d'Agadez près du puits de Tansamane.
Après un bref séjour à Agadez, le Capitaine Delestre retourne à Tahoua le 13
octobre en ayant relevé le poste d'In Gall par une section du Lieutenant Jean.

En décembre, visite du Colonel commandant du Territoire militaire, seuls les Kel


Fadey restaient insoumis. Avec eux, des débris nombreux d’autres tribus se
groupaient et formaient environ six cents malfaiteurs qui ne cessaient de ravager
l’ouest de l’Aïr, principalement In Gall et Tegidda n’Tesemt. Ils venaient jusqu’aux
portes d’Agadez et convoitaient même les parcs d’animaux du jeune poste
militaire. Malgré leurs feintes de tranquillité, les Ikaskazan et les Kel Ferwan se
compromettaient avec eux, les renseignaient et les protégeaient. Mais là aussi le
double jeu étaient de mise, Oanagoda recevant des Ikaskazan de fausses
nouvelles qui les maintenaient dans la peur. Oanagoda ne souhaite toujours pas
la soumission et veut continuer à vivre comme avant les français, refusant les
amendes infligées par le Sultan pour un pillage.

Jamais Oanagoda ne viendrait à Agadez et tous les Kel Fadey partageaient ses
intentions. Ils comprenaient qu’ils seraient poursuivis, car ils entendaient ne rien
changer à leurs habitudes, ils étaient décidés à se laisser tuer plutôt que de se
rendre à qui que ce soit. Cette tribu commandait souverainement à toute une
région voisine d’Agadez, celle d’In Gall Tegidda n’Tesemt, où tous les Touareg du
sud-est avaient des intérêts. Les sauniers de Tegidda, sans plainte ni fuite

possible, étaient tenus par elle en captivité. Le pays en entier était troublé car les
nombreux malfaiteurs qui vivaient de pillages et trouvaient donc refuge et
encouragements chez les Kel Fadey où ils se croyaient inattaquables.

En décembre toujours, à la suite des attaques des Ouled Siman sur les Kel Aïr à
Fachi, Agadez dû se préparer à une opération de police en territoire non conquit
et décida de rappeler les tirailleurs en poste à In Gall. Les chefs d'In Gall et
Tegidda n’Tesemt supplieront qu'on ne les leur enlèvent pas, ayant trop peur des
représailles des Kel Fadey, le chef de Tegidda n’Tesemt était prévenu qu'il aurait la
tête tranchée. Statuant sur le cas des Kel Fadey, le Commandant du Territoire leur
donnait un mois pour acquitter leur amende, sinon ils seraient déclarés rebelles.
En attendant les opérations de polices se poursuivaient dans tout l’Aïr et
recevaient un accueil pacifique, revenant avec les impôts de soumission,
généralement du bétail.

C’est dans ce contexte qu’arriva l’ordre d’évacuer le poste d’Agadez. La mise en


demeure du Commandant du Territoire ne pue qu’enorgueillir les Kel Fadey
voyant les français refuser le combat. Il s’ensuivit une période de rezzou surtout
contre les Ouelleminden, les Kel Fadey cherchant à rassembler autour d’eux les
dissidences de toute la région pour fomenter une révolte contre le colonisateur.
L’évacuation d'Agadez ne pouvait se faire sans remédier à cette situation.

- 1905

Début 1905, le Lieutenant Jean effectue des opérations de police auprès des Kel
Fadez et Kel Rharous dans la Région d'In Gall, leur infligeant de lourdes pertes et
récupérant du bétail. Refoulés d’un puits à l’autre, poursuivis, les Kel Fadey
perdirent presque tous leurs troupeaux. Ils eurent des morts à Anyokan où ils
essayèrent la résistance, à Tchimouménène, à Marandet. A Azelik, la bagarre fut
plus rude, ils faillirent mettre la main sur quinze fusils en se jetant par trois à
quatre cents sur un Européen et quinze tirailleurs exténués, mais finalement ils
durent se mettre en fuite en laissant des cadavres nombreux. La Région était
purgée, une partie des Kel Fadey émigrant au Damergou, Oanagoda était en fuite.
Malgré ces opérations de police, qui font régner l'ordre le temps de leur passage,
les Kel Fadey partisans de Rezzi s'attaquent aux Kel Dinnik partisans d'Ismaghil. Le
ministre des colonies fait évacué le poste d'Agadez, vraisemblablement sans trop
comprendre les enjeux de protection de l'économie locale et des prétentions
ottomanes sur le Nord Niger. L'évacuation sera faite le 31 mai 1905 sans que la
zone ne soit véritablement soumise, mais les français exercent néanmoins une
sécurité pour les caravaniers. Cette première incursion des français en Ighazer et
Aïr ne fut pas du goût de plusieurs tribus qui effectuèrent des représailles vis à vis
de ceux, soumis ou près à se soumettre. Ainsi, le 1er juin 1905, la ville d'In Gall fut
mise à sac par un
rezzou, qui

poursuivit le 3 juin
jusqu’à Tegidda
n'Tesemt, faisant
nombre de victime.

L’occupation de la
région est
intermittente. Le
chef de bataillon
Gadel va chercher le
géologue Chudeau à
Iférouane en
septembre 1905,
enclenchant les
prémices de la
recherche
géologique
saharienne qui
cherche les voix de
la prospérité
économique des
terres sahariennes
françaises. En
octobre, le Chef de
Bataillon Gadel
remettait en place la
Sansani pour garder
quelques relations
avec les tribus nomades. Cette réunion des chefs traditionnels servait autrefois à
la préparation de la Taghlamt.

Les années 1906 à 1908 seront marquées par de multiples accrochages entre les
tribus non soumises et les français, mais aussi nombre de rezzous sur les
caravanes trop peu protégées.

- 1906

En avril 1906, devant les velléités territoriales de l'Empire Ottoman et de


l'Allemagne, la France décide d'occuper les postes d'Agadez et de Bilma pour tenir
les frontières. Le Lieutenant Massé occupe la ville sultanienne le 7 juillet et est
rejoint par une unité méhariste le 11. Une autre section aux ordres du Lieutenant
Garnier de la Roche fera également son entrée à Agadez le 10 juillet, venue de
Tahoua par l'Ighazer. Les mois de juillet et août allaient être consacrés à
l'aménagement du poste et à renouer les liens avec des tribus opposées à cette

occupation, Kel Fadey, Kel Rharous, Kel Hoggar et Kel Tédalé. En juillet, le
Lieutenant Garnier de la Roche faisait un reconnaissance jusqu'à Tegidda
n'Tesemt au moment de la Cure Salée. Rezzi montrait alors de meilleures
dispositions vis à vis des français, ce qu'il confirmera lors de la venue du chef de
cercle de Tahoua, le Capitaine Laforgue, cherchant avec son unité les meilleures
voies de passage pour le ravitaillement d'Agadez et de Bilma. A la fin du mois de
septembre plus de 100 tirailleurs étaient présents sur Agadez. En octobre, le
Lieutenant Massé mené une action de force fasse aux Kel Tédalé qui se
soumettaient et rentré sur Agadez pour la Sansani.

Le 12 octobre, le Lieutenant Massé et le Lieutenant Théral rencontraient à


Iférouane le Commandant du détachement algérien de Tidikelt, faisant ainsi la
première jonction avec les oasis sahariennes. Cette jonction produisit une forte
impression sur les Touaregs qui s’imaginaient que nous ne pouvions traverser le
désert. Vers le Kaouar le commandant Gadel poussait jusqu'à Djado et créait un
poste à Bilma de septembre à novembre 1906.

Mais les passages de plus en plus fréquents des unités méharistes dans l'Ighazer
ne réfrénés que peu les ardeurs des razzieurs. Le 8 décembre, un fort Rezzou des
Kel Fadey sous les ordres d'Albakka, neveu d'Oanagoda pillé la tribu des
Dagamena. Un contre-rezzou mené par Toulman, un notable de Tahoua, recoupé
les razzieurs au nord de Tegidda n'Tesemt, où Toulman perdra la vie.

- 1907

Au 1er janvier 1907, les unités méharistes sont désormais officielles, ce grand
changement est budgétaire puisqu'au lieu de supporter le fonctionnement de ces
unités sur les budgets locaux, ce sera le budget militaire qui y sera consacré. De
plus, cela est la reconnaissance que ces unités sont essentielles pour assurer la
pacification des territoires occupés. Une unité est détachée à Agadez, la Section
Méhariste de la 2è compagnie de Zinder, composée d'un officier, de 2 sous-
officiers et de 57 tirailleurs, avec 2 chameaux de selle par personne et 60 autres
de bâts pour le transport des ravitaillements. Avec l'occupation de Bilma, la
section méhariste d'Agadez allait être appelée dans cette zone pour ses
manœuvres, tandis que celle de Tahoua décalée sa zone d'activité sur l'Ighazer et
l'Aïr, la France tendant de contrôler le Nord Niger de l'Aïr jusqu'au Tibesti.

Le Capitaine Posth, premier commandant du cercle d'Agadez, fait des tournées de


police en Ighazer d'avril à septembre, il relèvera de leur fonction les chefs Kel
Fadey et Kel Ferwan, installera un poste provisoire à Tegidda n'Tesemt pour la
surveillance de la Cure salée et détachera une section pour surveiller la récolte
des dattes d'In Gall en juillet. Il rentrera le 11 septembre à Agadez en compagnie
du Commandant de cercle de Tahoua, le Capitaine Laforgue, pour la Sansani qui
se tiendra le 15 du même mois, en présence du Chef de Bataillon de Zinder le
Lieutenant Colonel Bétrix. Ce dernier destituera le Sultan d'Agadez, Ousmane

Makitane, au profit de son fils Ibrahim Dassoki. Cette Sansani se tient sans la
présence des Kel Fadey, Kel Gharous et Kel Hoggar qui marquent ainsi leur
désapprobation de l'occupation française, ce qui va déclencher de multiples
opérations de police menées par le Capitaine Posth et le Lieutenant Théral, en
relation avec le commandant de cercle de Tahoua. Du 3 au 10 septembre le
Capitaine Laforgue est à In Gall, il y rencontre les chefs Ouelleminden et Kel Gress
qui font leur Cure salée et continue sur Agadez avec le Lieutenant Théral revenant
de mission dans l'Azawouak. Fin 1907 le Lieutenant Théral mènera une nouvelle
opération contre les Kel Fadey dans les monts Izazan et rentrera début 1908 à
Agadez.

- 1908 - 1914

L’instabilité toujours présente, se manifeste également par les changements


successifs de Sultans en 1907 et 1908 verra la mise en place d’AbderRahim
Tagama. Lors de son intronisation, fut faite à Agadez la jonction entre les
méharistes algériens (lieutenant Sigonney) et ceux de Zinder (chef de bataillon
Mouret), rendue nécessaire pour la mise en place d'un courrier permettant
l'échange de renseignements. Sigonney y séjourna du 10 au 17 septembre 1908.
Le colonel Laperrine écrivait au sujet de cette reconnaissance : « Au fond, cette
promenade pacifique de mille trois cent cinquante kilomètres, qui n'a coûté ni un
homme, ni un méhari, ni un centime à l’État, a produit plus d'effet qu'un contre-
rezzou couronné de succès. Elle va très probablement amener la soumission sans
effusion de sang des derniers dissidents de « l'Aïr ».

Cette année là, la Cure salée est surveillée par la section méhariste de Tahoua,
Lieutenant Peignot et Sergent Desmettre, 59 tirailleurs, 2 autres sergents
indigènes et 190 chameaux sont présents. Du 12 au 16 août, ils sont à In Gall puis
remontent le 19 à Tegidda n'Tagait et sont à partir du 25 à Tegidda n'Tesemt. En
octobre, la section sera sur Agadez pour la Sansani et retournera ensuite à la
surveillance de la Cure salée. Lors de cette Sansani, sera prononcée l’intronisation
du nouveau Sultan d'Agadez, Tagama, par le lieutenant Colonel Mouret.

En 1909, la section méhariste d'Agadez est le plus souvent appelée à Bilma et


comme l'année précédente se sera la section de Tahoua qui assurera la sécurité
autour de la Cure salée avec le Lieutenant Dechebarre qui séjournera 4 jours à In
Gall. Par arrêté du Gouverneur général du 22 juin 1910, le Territoire militaire de
Zinder est détaché du Haut-Sénégal-Niger et devient le Territoire militaire du
Niger, englobant Gao et Niamey. L'année 1910 est une mauvaise saison des
pluies, couplée à des épidémies en particulier de variole. Il en sera de même en
1911.
En 1912, la France choisie de tracer la voie du chemin de fer, outil de
développement économique essentiel. La mission du Transafricain menée par le

Capitaine Nieger, tracera la voie entre Ighazer et Aïr, préfigurant l'actuelle route de
l'uranium. Mais les tergiversations politiques ne permettront jamais de réaliser
cette voie.

Les mauvais hivernages se succèdent, 1913 et encore une mauvaise année de


pluies, sauf en Ighazer, et en 1914 c'est la famine au Soudan. Le Sultan Tagama se
distinguera dans l'abnégation auprès de ses concitoyens et cette année sera son
année "Younwa Tagama". En juin 1913 la section méhariste d'Agadez nomadise
dans la région d'In Gall et reprendra des forces en pâturant dans la zone
d'Aderbissinat.

La révolte de Kaocen
Après cette période trouble, faite
d'exactions des deux camps où les
français ne mirent jamais l'Aïr et
l'Ighazer sous leur domination
complète, vint la première guerre
mondiale qui incita les Touaregs au
soulèvement contre les français
dans toute la région sahélienne. En
1916, cette révolte est plus un
ensemble de soulèvements isolés de
factions Touareg, recherchant leur
mode de vie passé que la présence
des français contrariée. Elle durera
près de 2 années et fut réprimée
parfois violemment.

En 1915, le Sultan Tagama qui avait


fait allégeance en secret à la Senoussia, une confrérie islamique ayant sa base au
Fezzan sous influence ottomane, fait assassiné près d'In Gall son chef de guerre le
Tourawa Melé, alors en désaccord avec lui, et fait endossé le crime aux Kel Fadey.
Ce fait d’arme marquent bien la préparation des insurgés, coupant la tête à toutes
trahison.

Le soulèvement Touareg qui s’en suivi se manifesta au Nord du Niger par le siège
d'Agadez, durant 81 jours au début de l'année 1917, mené par Kaocen et ses
troupes au nom de la Senoussia, avant l'arrivée de Zinder d'une colonne française
forte en nombre et en arme, coupable d'exactions sanguinaires, menées par le
Lieutenant Colonel Mourin qui fait assassiner l'ensemble des marabouts d'Agadez,
pourtant désireux de coopération avec les français, eux-même trahis par le Sultan
Tagama. Son entrée dans la ville eu lieu le 3 mars 1917, après quelques
accrochages aux abords de la ville, elle fut vite désertée par les rebelles
permettant l'occupation rigide des colons. La colonne Mourin sera rejointe par la

colonne du Commandant Berger venue de Tahoua par In Gall. Si la ville est
libérée, les révoltés se retranchent dans les montagnes de l’Aïr qui les protègent.

Le 5 février 1917, le Chef de Bataillon Berger reçoit l'ordre de se porter sur In Gall
pour empêcher le reflux des rebelles vers l'ouest. La colonne Berger arrive le 5
mars à In Gall, à la vue de la palmeraie elle tire deux coups de canon sur le village,
pour effrayer les éventuels révoltés. Les Illabakan nomadisant alors en compagnie
des Kel Eghlal, Isherifen, Ikadamaten, Iberogan, prirent peur et tous détalèrent au
son de ce bruit alors inconnu (Bernus 1974). La colonne refoula vers le sud les
Touareg de I'Azawagh avec leur bétail pour les isoler de Kaocen et leur fait
regagner leurs pâturages de saison sèche. Arrivée à Tchimouménène, une
escarmouche tuait quelques rebelles, puis arrivant sur In Gall, la colonne
bombardait la ville au 80 mm pendant une heure et y entrait sans résistance. In
Gall était alors considérée comme un repaire des rebelles, et la colonne Berger
s'engagea également dans des exactions sur les habitants de cette ville, destinées
à nettoyer toutes nouvelles velléités de rébellion en Ighazer. Le groupe méhariste
stationna alors à Tchimouménène. Du 5 au 16 mars, il fit des reconnaissances
dans la région jusqu'à Tegidda n'Tesemt. Il rentra à Agadez le 18 mars 1917. Après
quelques opérations communes avec la colonne Mourin en Aïr, les méharistes
reviennent sur In Gall le 6 mai pour assurait la pacification de la zone. Le 21 mai,
quelques escarmouches sont à signaler sur un bivouac méhariste. le 1er juin
Berger marche sur Sekiret où il inflige de sérieuse pertes à des groupes rebelles.
Les Kel Dinnik, Kounta et Almoussakaré se rallient à la France. La colonne Berger
quitte In Gall le 21 juin 1917 en laissant le Capitaine Cadence construire le fort
d'In Gall sur un promontoire à l'entrée de la ville. La section méhariste est
commandée par le Sous-Lieutenant Nédelec.

A la fin de février 1917, venant du Hoggar, le capitaine Depommier passe à Tin


Zaouaten où des nomades lui annoncent que Moussa ag Amastane (Aménokal
des Kel Ahaggar du Hoggar) a pactisé avec Kaocen et se trouve à Agadez. Le
Capitaine décide de continuer vers Agadez pour prêter main forte aux colonnes
de secours mises sur pied par les coloniaux. Le 12 mars, à In Abangarit, après un
combat qui leur coûte deux tués et cinq blessés, les dissidents doivent
abandonner un troupeau de six cents chamelles. Trois jours plus tard, nouvel
accrochage à Taket n'Koutat les dissidents perdent un tué et deux prisonniers. Le
23 mars, enfin, la colonne Depommier rencontre Moussa ag Amastane dans
l'Oued Tanefset. L'aménokal des Kel Ahaggar donne aussitôt des explications sur
son attitude qui, de loin, avait paru douteuse. Resté fidèle, profitant du trouble
causé à Agadez par l'arrivée de la colonne Mourin (3 mars 1917), il s'est évadé et
aussitôt libre, il a rassemblé ses partisans, s'est lancé à la poursuite de Kaocen
devenu son ennemi juré, car il vient de l'humilier gravement en le retenant
prisonnier et lui a infligé de lourdes pertes alors qu'il fuyait vers le Fezzan. Après
s'être vengé, Moussa a rejoint ses campements, c'est là que le capitaine
Depommier l'a retrouvé.

La rébellion se poursuivit dans les montagnes de l'Aïr, les tribus se soumettant
peu à peu à l'ordre colonial, les chefs sont capturés ou morts au combat. 110 Kel
Fadey sous les ordres d'Issiad, participent aux cotés des français à un contre-
rezzou sur Kaocen dans le Damergou, ce dernier cherchant à réapprovisionner
ses troupes. La fin de cette révolte marqua la véritable emprise des colons sur
tout le pays jusque dans le Kawar. Kaocen, l'Ag Adodé (Aménokal des Kel Owey) et
le Sultan Tagama, qui avaient trahi les français, finirent plus tard morts ou arrêtés
entre Fezzan et Tibesti.

Les conséquences de la révolte de Koacen furent importantes. D’une part la


répression exercée par les français donc tous l’Aïr brûlant toutes les habitations et
mosquées susceptibles d’apporter une aide aux rebelles, entraînant une
émigration massive de l'Aïr et la destruction de ses centres islamiques (Vidal
Castro 2007). Ensuite le remaniement des Ettebel pour mieux gérer le pouvoir
des Imaghejen, voir les affaiblir militairement. Ainsi, l’Ettebel des Kel Dinnik fut
supprimé et divisé en groupes sur le modèle des cantons des sédentaires au sud
du pays. Dès 1918, on assiste à une complète réorganisation administrative des
Iullemmeden, et à des rattachements de dépendants à des suzerains qui n'étaient
pas les leurs auparavant (Bernus 1976). En 1918, les suzerains Ikherkheren s'étant
saisis des chamelles de leurs dépendants religieux Igdalen, ceux-ci leurs sont
retirés et incorporés au groupe commandé par les Kel Nan-Tiggirmat. En 1921, les
Igdalen et les Isheriffen deviennent indépendants, et avec les Iberogan, fondent le
7è groupe, une nouvelle chefferie religieuse. Cet éparpillement des groupes
administratifs Touaregs tient essentiellement à l'origine même de ces groupes,
façonnés par l'administration coloniale, dans le but de restructurer la société
touarègue révoltée, en retirant aux chefs hostiles une partie de leurs tribus
dépendantes, organisées en groupes autonomes (Bernus 1974).

Les années 20, un pays désolé


A la suite de la révolte de Kaocen, Agadez et sa région
était pour ainsi dire en ruine, moins de 2 500 habitants
dans la ville, un commerce inexistant, un cheptel
décimé, un pays ravagé par la guerre, qui ne s'en
remettra vraiment que 20 ans plus tard, à l'aube de la
seconde guerre mondiale. Chaque année, en octobre,
la Taghlamt est organisée sous la protection des unités
méharistes. Une partie importante de la colonie
Touareg participe avec leurs chameaux à cette
caravane qui est particulièrement fructueuse, car elle
permet de ravitailler les centres de Fachi et Bilma en
mil, animaux domestiques, cotonnades, et d’en rapporter des dattes et du sel qui
sont écoulés ensuite par les marchés du Sud. On estimait à 24 000 le nombre des

chameaux qui se rendaient ainsi chaque automne au Kawar avant les troubles de
1917. Ce nombre est, tombé à 200 et 150 en 1918 et 1919, puis est remonté en
1922 à 6800 (Gouvernement de l’AOF 1931).

Durant cette période, les français installèrent leur empreinte dans les villes en
construisant notamment école et centre de santé. L'arrivée du Franc français a
conduit les agriculteurs à chercher du travail en ville et la France a rapidement
contrôlé tous les marchés. L'agriculture intensive a également perturbé
l'écosystème ouvrant de nouveaux espaces désertifiés.

En 1918, le Lieutenant Bourgès est à In Gall, il en fera son poste-grenier le 12 juin


avec une garnison fixe. Le 18 novembre, il poursuit un bandit, Alrimarett vers
Tegidda n'Tesemt sans succès. En 1919, c'est le retour de la Cure salée sous la
garde de 40 tirailleurs et de la Taghlamt vers Bilma. A In Gall, fusionnent les 2
pelotons méharistes 8 et 10 qui y stationneront jusqu'en 1922. Du 29 juillet au 15
août il effectueront un contre-rezzou en Azawouk sans réussite, début octobre
une section méhariste est à Tegidda n'Tagait, elle nomadise ensuite dans la
Tamesna puis retourne sur Tegidda n'Tesemt le 31 octobre pour la Cure salée
(Carlier 2001).

En octobre 1920, la section méhariste nomadise de Tafadek à Tegidda n'Tesemt


en passant par Gabos et Tegidda n'Tagait, elle est composée de l'Adjudant Mary,
le Sergent Gilbert, 58 tirailleurs et 10 goumiers. Le 25 novembre à midi 14 fusils
Ajjer pillent Tegidda n'Tesemt. Ils sont pris en chasse par l'Adjudant Mary qui y
arrive lendemain. Le 27 il recoupe leurs traces à Azelik, il récupère le butin mais
au prix de 6 tués et 16 blessés. L'adjudant Mary se verra ainsi attribuer la "Croix
de guerre des théâtres d'opérations extérieurs".

Cette année là, Ibrahim Ed Dassouquy, Sultan d'Agadez à la suite de Tagama, est
révoqué, c'est son fils Oumarou Ibrahim qui est mis en place. Le recensement de
1920 confirmera que le cercle d'Agadez a 5000 habitants de moins qu'en 1913,
du à la guerre mais aussi et surtout aux famines et exodes qui en découlèrent.

Le 1er janvier 1921 marque pour le Niger la constitution de son territoire actuel
qui deviendra une colonie française en 1922. En 1922, la politique des Français
s'inverse et la population est encouragée à rentrer en Aïr, mais on est enclin à se
demander s'il n'est pas déjà trop tard (Rodd 1926). La section méhariste d'In Gall
disparaît, mais le poste perdure et le fort est occupé. C'est l'année de la
reconnaissance des goumiers qui disposent désormais d'un statut et en 1926
feront partie intégrante des pelotons méharistes. En juin, l'Adjudant Mary
accompagne le Capitaine Fonferrier, nouveau Commandant de Cercle d'Agadez,
puis retourne à son poste grenier d'In Gall avant de surveiller la Cure salée à
partir d'août.
Le Lieutenant Bourgès revient au Niger en réserve à partir du 25 décembre 1921.
Il se retirera de l'armée pour vivre à In Gall et Agadez, commerçant éleveur, il finira

ses jours à Agadez en passionné du monde Touareg.

Par décret en date du 28 décembre 1926, le chef-lieu de la colonie, Zinder, fut


transféré à Niamey où tous les services, sauf le commandement militaire, furent
installés dès le début de l'année 1927. Désormais la Colonie du Niger est
administrée depuis Niamey, afin de diminuer le pouvoir du peuple Hausa de
Zinder.

Le Niger, d'abord Territoire militaire de Zinder puis territoire civil, a acquis son
autonomie administrative et financière par le décret du 13 octobre 1922. La
colonie du Niger est divisée en 11 cercles civils dont Tahoua et 3 militaires dont
Agadez, Bilma et N'Guigmi. Dans les cercles d'Agadez, Zinder et Dosso existent
encore des sultans ou chefs de province sous l'autorité desquels se trouvent
placés les chefs des cantons (Gouvernement de l’AOF 1933).

1923 est dite année des Toubou. Le 14 janvier un rezzou de Toubou


accompagnés de Kel Ajjer et de Kel Ahaggar attaque les campements autour de
Tegidda n'Tesemt. Ils sont mis en fuite par le Sous-Lieutenant Demergue au nord
de l'Aïr. En juin, les sections méharistes sont rassemblées à In Gall. Un autre fort
rezzou sur les Kel Ahaggar d'In Abangarit à Taket n'Koutat au nord de l'Ighazer est
encore l’œuvre des Toubou. Le 15 septembre, le Capitaine Fevez remplace le
Commandant de Cercle François rapatrié sanitaire. En fin d'année, le Lieutenant
Saizieu remplace le Lieutenant Gilbert à la tête du groupe monté et accompagne
le Lieutenant Bergougnave d'In Abangarit à Agadez pour régler la question de
l'appartenance des Kel Ahaggar et des Almoussakaré au Niger (Carlier 2001).

Le 12 novembre 1924, le Capitaine Rottier devient le Commandant de la Section


méhariste d'Agadez et prendra les fonctions de Commandant de Cercle le 25
mars 1925. En 1926, le groupe méhariste de Tahoua effectue les reconnaissances
dans la zone d'In Abangarit.

1927 marque l'année du dernier rezzou au Niger, le poste d'In Gall est dissout et
le Commandant de Cercle d'Agadez, le Capitaine Rayat, qui avait arrêté Tagama au
Tibesti en 1919, valide le tracé de l'itinéraire automobile de Tamanrasset à Agadez
en passant par In Guezzam et In Gall. C'est une année de bonnes pluies, le
Lieutenant Witte surveille la Cure salée à Tegidda n'Tesemt, il décédera l'année
suivante et sera remplacé par le Lieutenant Bedo.

Les années 30 et la grande guerre


Le 7 mai 1931, le Lieutenant Communal est à In Gall. En 1932, le Groupe
Nomade de Tahoua est entièrement à In Gall, il sera inspecté par le
Capitaine Thore à Tchimouménène le 27 octobre avant sa dissolution en
décembre. Le Lieutenant Bedo récupère le commandement du Goum de Tahoua
à In Abangarit, la saison des pluies est bonne et le retour sur Agadez par l'Ighazer

très pénible dans les argiles mouillées. Le groupe nomade Tahoua est supprimé
en 1933, il couvrait encore In Gall (Le Rumeur 1933). En 1935, Le Capitaine
Arnould commande le groupe méhariste remplacé par le Capitaine Borricand en
1936. En fin d'année, le Goum d'Agadez est dans la région d'In Gall pour la
reconnaissance et le balisage de l'itinéraire automobile vers Tegidda n'Tesemt et
Tahoua.

En 1936, la conférence organisée à Agadez décide que les Kel Ahaggar, les Taitoq
et les Kel Ghela qui nomadisent au Niger, au Nord de l'Ighazer, seront rattachés
administrativement à Tamanrasset. Il faudra attendre 1945 pour qu'ils soient
rattachés au Niger.

Au début de la seconde guerre mondiale en 1939, Jean-Marie Corlu prend le


commandement du Groupe méhariste d'Agadez. Le 8 août 1940, il décide de
fêter son anniversaire en passant à la "dissidence". Puisque le Niger demeure
sous l'obédience de Vichy, il décide de quitter le territoire. Envoyé par son chef
vers le nord en reconnaissance de pâturages, il pique vers le sud. A dos de
chameau, escorté de deux goumiers, il traverse le désert échappant à toutes les
recherches. Toutes les trois heures, les postes de radio du Niger diffusent le
même message : par tous les moyens, rechercher et arrêter le lieutenant Corlu,
du Groupe Nomade d'Agadès (Carlier 2001). En dix jours, il parcourt 700
kilomètres. Avant de franchir la frontière du Nigeria britannique, il renvoie ses
goumiers avec un message à l'attention des officiers d'Agadez, indiquant à ceux
qui voudraient le rejoindre la route à suivre. Ce fut sa réponse à l'appel du
Général de Gaulle. En septembre, le Lieutenant Pin est à Kirboubou puis In Gall.
En 1945, après un stationnement prolongé dans la cuvette de Tegidda n'Tagait, le
Sergent-Chef Labelle plante 2 à 300 palmiers dattiers en provenance d'In Gall, il
aménagera par ailleurs un abreuvoir pour capter les eaux artésiennes. En 1944, le
Goum arrête un marabout maure faisant de la propagande anti-français, Sidi
Mahmoud, à Tegidda n'Tagait. Le 24 juin 1945, le Lieutenant Benaud est à Tegidda
n'Tagait.

Vers 1945, les Attawari sont retirés au 2è groupe pour former le 8è groupe. Les
ineslemen Kel Eghlal, constitués en groupe autonome dès 1918, sont jugés trop
néfastes. Il convient, dit le gouverneur Toby, de les combattre de l'intérieur en
favorisant le développement de chefferies autonomes (Bernus 1976).

Vers l'indépendance
En 1946, la colonie devient territoire d'outre-mer. En 1947, un administrateur civil
est à la tête du cercle d'Agadez, Monsieur Brouin. Robert Marcorelles est le
commandant du goum d'Agadez jusqu'en 1953. En mai 1946, les chameaux du
groupe nomade dépannent la voiture du Chef de Bataillon Chapelle près de
Tchimouménène. Le 10 juin 1947, le groupe nomade est à In Abangarit. Le 5 avril,
il est sur Fagoshia avec le Lieutenant Brault. Le 30 mai 1947, le Peloton Méhariste

de Tahoua est à In Gall, attendu par le Sergent Thévenin juste arrivé au Niger, le 2
juillet il est à In Kakan, puis Tamaznak pour la Cure salée.

Le 16 novembre 1949, le peloton méhariste stationne 2 mois à Tchimouménène,


part pour nomadiser dans l’Azawak avec le Sous-Lieutenant Crétet. Le goumier
Mohamed Ag Sajia, qui avait participé au dernier contre-rezzou de 1927, décède à
In Gall en 1950 au cours de l'arrestation d'un voleur, il avait 32 ans et sera fait
Chevalier de la Légion d'honneur en 1953. En octobre 1950, Ahmed Egrow un Kel
Ghela, recherché pour de nombreux délits dont le braconnage d'Addax est dans
la région d'In Gall. Il tue le Brigadier-Chef Rousman, un goumier. En février 1952,
opération d'arrestation de 40 braconniers Hausa dans le Tadress. L'Adjudant-Chef
Marcorelles rencontre Ag El Kheir, chef des Kel Ferwan. Epidémie de variole à la
mare de Ekawel, l'année 52 est une bonne année de pluie. Le groupe méhariste
participe aux campagnes de vaccination, syphilis, méningite. Le Lieutenant
Prautois poursuit Egrow, qui meurt de soif en 1953. Du 3 au 24 novembre 1952,
Marcorelles fait le recensement des Kel Ahaggar après être passé par la source de
Gélélé.

Le 20 juillet 1955, des travaux de défense consolident le carré de Marandet, à la


mi août le Lieutenant Fustec surveille la Cure salée. En juillet 56, une mission de
N'Guimi vient y acheter des chameaux.

En septembre 1958, le référendum pour la constitution de la République du Niger


a lieu, il devient État membre de la Communauté avec à sa tête Diori Hamani. Fin
mai 1956, de nouveau le carré est installé à Marandet, le 3 juillet une tornade
comble le puits à cause de l'affolement de vaches peuls. Un chameau est tué par
la foudre. En mars 1957, le Lieutenant Carpentier est à Agalel, passe à Azelik puis
Fagoshia et Tegidda n'Adrar pour rejoindre Agadez. Juillet 57 retour à Marandet
puis surveillance de la Cure salée par le Sous-Lieutenant Dumontet, puis In Kakan,
Agalel. Mai 1958, Carpentier retourne sur Marandet est aménage une piste
d’atterrissage. Septembre 1958, l’Adjudant-Chef Maupoix est à Marendet. Le 2
novembre Carpentier est à In Gall puis nomadise dans la zone des Kel Fadey.
Février 1959, Carpentier et Maupoix se rejoignent à In Abangarit. Le 10 août 1959
installation du carré à In Kakan, surveillance de la Cure salée, puis
Tchimouménène, nomadisation puis regroupement à In Abangarit en janvier
1960, pâturage à Tchimouménène puis carré de Sekkiret. Diori Hamani proclame
l’dépendance le 3 août 1960. Le 15 novembre, le pâturage du peloton méhariste
est à In Gall, le 17 novembre à Tegidda n'Adrar.
Références
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musulmans et de la Méditerranée, 21 (1), p. 85‑99.
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Montauban, Barrier et Cie, 32 p.
Fonferrier C. 1923 – Mouvement caravanier dans le cercle d’Agadez, Bulletin du
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Gouvernement de l’AOF 1931 – La Colonie du Niger : exposition coloniale
internationale de Paris, Larose.
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Le Rumeur G. 1933 – Les témoins d’une civilisation ancienne dans le cercle de
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Rodd F.R. 1926 – People of the veil, Macmillan and Co, 475 p.
Trouillet J.-P. 1910 – L’histoire de l’Aïr et l’occupation française, La dépêche
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Vidal Castro F. 2007 – El islam en Níger: sociedad, cultura e historia, Editorial
Universidad de Granada.

1910 personnages cartes divers


Illustration de la dépêche coloniale du 15 janvier 1910


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Inventaire archéologique satellitaire


de la plaine de l'Ighazer
But : à partir des images satellites, faire le recensement de l'ensemble des
éléments archéologiques, monuments funéraires néolithiques et pré islamiques,
ainsi que les constructions médiévales ou historiques de la plaine de l'Ighazer.

Méthode : en utilisant le SIG QGIS pour produire des cartographies de chaque


types de monuments, il intègre une base de données des caractéristiques de
chaque monuments, les traitements mathématiques sont réalisés avec le logiciel
Orange de l'université de Ljubjana.

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