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CONSEIL NATIONAL DE CONCERTATION

ET DE
COOPERATION DES RURAUX

SEMINAIRE NATIONAL DES RURAUX


SUR LA REFORME FONCIERE

Dakar, 12 – 15 janvier 2004

DECLARATION FINALE

A l’initiative du CNCR, les ruraux ont mené une réflexion large et approfondie sur la
question foncière et les ressources naturelles. Cette réflexion sous forme d’ateliers
locaux et inter régionaux étalés sur trois ans (janvier 2001 à janvier 2004.) a permis aux
ruraux, chefs d’exploitation, hommes, femmes, jeunes et élus locaux, de procéder à
l’analyse des pratiques foncières et de gestion des ressources naturelles et d’élaborer un
ensemble de propositions de réforme foncière. Ces propositions ont été discutées, à
l’échelle régionale, avec les responsables des services techniques, d’ONG et de projets.

La synthèse de cette réflexion a fait l’objet d’un séminaire de validation qui s’est déroulé
du 12 au 15 janvier 2004 à Dakar avec la participation des élus locaux et des députés de
l’Assemblée Nationale. Comme pour les ateliers inter régionaux, les représentants des
ruraux ont invité pendant deux jours les représentants de l’Etat, des sociétés et projets
de développement, de la recherche, des ONG, du patronat et des partenaires au
développement à discuter de leurs analyses et de leurs propositions de réforme foncière.
Aucune divergence de fond n’est apparue au cours du dialogue entre les ruraux et leurs
invités des institutions publiques et privées. Le CNCR remercie les représentants de ces
institutions pour leurs contributions très positives à cette réflexion.

Les ruraux reconnaissent que la loi sur le domaine national de 1964 a eu des effets
positifs indéniables dans la mesure où elle a permis à de nombreux paysans d’accéder à
la terre et de ne plus payer des redevances foncières aux propriétaires traditionnels. Sur
un autre plan, la gestion des terres du domaine national et des ressources naturelles par
les communautés rurales a contribué à la promotion de la démocratie et de la
gouvernance locale.

Les ruraux sont cependant unanimes pour constater que la loi sur le domaine national
pose de multiples problèmes d’application dus à l’absence de registre foncier et de
cadastre, à l’insuffisance des ressources humaines et financières dont disposent les
communautés rurales et de la non définition de la notion de mise en valeur. Plus
fondamentalement, la loi est de plus en plus inadaptée aux réalités actuelles et aux
nécessités d’une modernisation de l’agriculture familiale. Le droit d’affectation qui leur
est reconnu sur les terres du domaine national ne leur assure pas une sécurité foncière
quant à leurs investissements et à la transmission de leurs biens.
La loi et les codes sur les ressources naturelles ne prennent pas non plus en compte les
intérêts et la pérennité des autres activités économiques (élevage, foresterie, pêche).

Les ruraux sont donc convaincus de la nécessité et de l’urgence d’une grande réforme
foncière et d’une révision de l’ensemble des codes sectoriels sur les ressources naturelles
dans la perspective de leur mise en cohérence globale. Ils estiment que la réforme doit
assurer la sécurité foncière de l’agriculture familiale, de l’élevage pastoral, de la
foresterie, de la pêche et des autres formes d’agriculture et créer les conditions de
l’investissement en milieu rural.

La réforme doit contribuer à assurer aux communautés rurales les ressources humaines
et financières leur permettant de promouvoir une exploitation durable des ressources
naturelles.

La réforme doit aussi permettre de répondre, de façon maîtrisée, aux besoins du


développement urbain et des autres activités économiques.

Les ruraux ont au cours des ateliers locaux, inter régionaux et du séminaire national
élaboré un ensemble cohérent de propositions de réforme foncière qui préconisent (i) la
reconnaissance de droits réels aux ruraux et sur le respect de l’équité entre populations
urbaines et populations rurales, (ii) la coexistence d’activités multiples au sein des
terroirs agricoles (cultures, élevage, foresterie, pêche, etc.) et l’installation de nouvelles
activités et (iii) le renforcement du processus de décentralisation.

Ces propositions ont été discutées avec les acteurs publics et privés invités à prendre
part au séminaire. Les participants mandatés par les adhérents à la base les remercient
pour leurs contributions d’amélioration et leur demandent de les traduire en
propositions opérationnelles.

Les participants demandent au CNCR d’organiser les consultations techniques avec les
institutions publiques afin d’approfondir ces contributions et d’améliorer les
propositions des ruraux. Ils invitent le CNCR à associer les organisations d’élus locaux à
ces consultations afin que les propositions définitives puissent être communes aux
organisations paysannes et à celles des élus locaux.

Les participants demandent au CNCR de finaliser le plus rapidement possible les


propositions paysannes de réforme foncière et de les soumettre au Gouvernement afin
qu’il puisse les examiner en même temps que le projet de loi d’orientation agricole déjà
négocié avec les organisations paysannes.

Les participants remercient l’Etat et les partenaires au développement qui ont soutenu
matériellement ce processus de réflexion

FAIT A DAKAR, LE 15 JANVIER 2004

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