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Acquisition des terres et droits

fonciers ; Gestion des ressources


naturelles

Mots-clés :
Régimes fonciers, droits coutumiers, Peuples
autochtones, outils juridiques

Date de publication
Janvier 2023

APERÇU
Groupe Ressources naturelles,
Renforcer les droits
IIED
Nom du projet :
fonciers des populations
LandCam : Sécuriser les droits liés aux
terres et aux ressources et améliorer la
gouvernance au Cameroun
autochtones au
Chef de projet :
Amaelle Seigneret Cameroun
Période :
Février 2017–Janvier 2023 La reconnaissance des territoires
Budget :
EUR 4,507,985 autochtones en tant que « chefferies »
Objectifs :
Les lois foncières du Cameroun ne
pourrait être une solution provisoire avant la
reconnaissent pas encore ni ne protègent
explicitement les droits fonciers
réforme du droit foncier
autochtones. Jusqu’à ce que les réformes
foncières soient finalisées, une solution
provisoire consiste à reconnaître Entre 2017 et 2022, LandCam a exploré L’orientation de la réforme des lois
légalement les territoires autochtones des stratégies novatrices pour foncières du Cameroun est incertaine.
comme des villages ou des chefferies — des permettre aux communautés En attendant, il existe une solution
unités administratives à l’échelle locale autochtones des zones rurales du provisoire pour aider à sauvegarder les
reconnues par l’État — pour aider à Cameroun d’exercer leurs droits sur droits des autochtones, jusqu’à ce que le
sécuriser et préserver les droits fonciers. leurs territoires historiques et contenu de la réforme soit précisé. Au
légitimes. Le projet a travaillé avec des Cameroun, les communautés rurales
Cette publication a été rédigée par Romuald acteurs clés à travers le Cameroun et a sont organisées en groupements
Ngono et Armelle Olinga, anciens membres
du CED, experts en gouvernance des
cherché à améliorer la gouvernance des connus sous le nom de chefferies. Ces
ressources naturelles et en droits des terres et des ressources en formulant chefferies traditionnelles sont des
autochtones. des propositions de réforme juridique unités administratives qui constituent
fondées sur des éléments factuels et en le niveau le plus local de
RÉSUMÉ soutenant la participation de citoyens l’administration et sont reconnues par
au processus de réforme des politiques. la législation nationale.
LandCam a mis l’accent sur la défense des
droits des groupes sociaux marginalisés, Au Cameroun, comme dans de Le CED a aidé les communautés
tels que les peuples autochtones, et a nombreux autres pays, les droits des autochtones bakas à créer leurs propres
formulé des recommandations pour la peuples autochtones continuent chefferies officielles, afin que les
réforme du droit foncier au Cameroun en d’être négligés en raison d’un cadre systèmes sociopolitiques autochtones
s’appuyant sur la recherche, le dialogue, la juridique inadéquat. Des droits soient reconnus comme des entités
mobilisation et le plaidoyer dans les fondamentaux, tels que ceux à la terre administratives et intégrés dans la
régions rurales. Le projet a nécessité un
engagement considérable auprès des
et aux ressources, à un territoire et à la structure de gouvernance existante.
détenteurs de droits fonciers, du pratique de leurs traditions Ceci est particulièrement important car
gouvernement, des autorités culturelles et de leurs coutumes, ne il n’existe aucune garantie qu’un
traditionnelles, du secteur privé, des sont pas reconnus et mettent en péril mécanisme sécurisant les droits
médias et du grand public. LandCam a été la survie de ces peuples. Nombre fonciers des peuples autochtones ne se
mis en œuvre par le Centre pour d’entre eux ont été déplacés de force et matérialise à l’avenir.
l’environnement et le développement vivent désormais sur les terres
(CED) et le Réseau de lutte contre la faim Pour cela, il a fallu comprendre les
coutumières des communautés
au Cameroun (RELUFA), avec l’appui dynamiques intra-communautaires,
bantoues, elles reconnues en tant que
technique de l’IIED. soutenir la cartographie participative
chefferies officielles.
pour délimiter les territoires utilisés

Contact et commentaires : Amaelle Seigneret amaelle.seigneret@iied.org @iied www.facebook.com/theIIED


IIED Reflect & act Renforcer les droits fonciers des populations autochtones au Cameroun

LE CHANGEMENT par les communautés bakas, soutenir représentation des autochtones dans
EN ACTION le dialogue avec et entre les les organes de décision, notamment les
communautés bantoues, et entrer en commissions consultatives : il s’agit de
Les lois foncières en vigueur au Cameroun contact avec les organes administratifs l’organe de l’administration locale
ne reconnaissent pas les droits fonciers
aux niveaux local, départemental, chargé d’octroyer les titres fonciers et
collectifs et coutumiers, ce qui rend les
peuples autochtones particulièrement régional et national. Il était également les baux fonciers à grande échelle, et de
vulnérables aux expropriations, aux important de définir collectivement veiller à l’utilisation « rationnelle » des
déplacements et aux violations des droits les critères de sélection des terres. Cette reconnaissance
humains. Une solution pour préserver représentants des communautés, afin administrative leur permettrait
leurs territoires est aujourd’hui essentielle de désigner quelqu’un comme chef. également de percevoir des redevances
et urgente : les pressions sur les terres Cela a été l’occasion de réfléchir à ce sur les concessions foncières à grande
continuent d’augmenter, et les territoires que signifie la légitimité à représenter, échelle, l’exploitation forestière et
autochtones sont de plus en plus étriqués et de mieux s’organiser au sein de l’extraction minière. Des études menées
ou entièrement submergés par des projets chaque communauté. dans de nombreux pays ont montré que
commerciaux à forte intensité foncière, ce
la reconnaissance légale des droits
qui entrave leur capacité à subvenir à leurs Protéger l’identité culturelle
besoins fondamentaux. Bien que la fonciers autochtones entraîne des
réforme de la loi foncière ait commencé en Sans protection juridique de leurs avantages corollaires tels qu’une
2011, il n’y a actuellement aucune feuille de territoires, les fondements de l’identité meilleure conservation des forêts et de
route précise et son issue est incertaine. culturelle des peuples autochtones sont la biodiversité.
Pour y pallier, le CED a expérimenté une en train de disparaître. En 2019, il a été
solution provisoire : la reconnaissance des signalé que la langue des Bedzang est en Une résolution des conflits
territoires autochtones en tant que villages voie d’extinction rapide et que d’autres adaptée
ou chefferies traditionnelles, une unité groupes autochtones des forêts au
administrative officielle qui confère à la Les chefferies traditionnelles
Cameroun risquent également de voir camerounaises assurent la médiation
chefferie la responsabilité et le pouvoir de
disparaître leur langue et les d’un grand nombre de litiges, allant des
décision sur une zone foncière donnée.
Cette mesure aurait pour avantages de caractéristiques culturelles qui y sont affaires conjugales aux conflits fonciers.
protéger l’identité culturelle des peuples associées. Or, la création de chefferies En raison de l’absence de chefferies
autochtones, d’assurer leur participation traditionnelles autochtones permettra autochtones, les peuples autochtones
aux prises de décision, de mieux protéger de reconnaître et de renforcer leurs cherchent à obtenir justice auprès de
leurs droits sur les terres et les ressources, institutions politiques, juridiques, l’organe coutumier de résolution des
et de faciliter l’accès à la résolution des économiques, sociales et culturelles, conflits d’une chefferie traditionnelle
conflits coutumiers. qui sont intimement liées à leurs terres reconnue, conformément aux lois
et à leurs forêts. coutumières de celle-ci. Dans la plupart
ENSEIGNEMENTS CLÉS
des cas, il en résulte un parti pris contre
ET INNOVATIONS Participation aux prises les revendications des peuples
• Compte tenu du peu de dispositifs de décision autochtones, même si le litige oppose
juridiques permettant de protéger les Au Cameroun, les peuples autochtones des membres d’une même communauté
droits fonciers autochtones au ne sont pratiquement pas représentés autochtone. La création de chefferies
Cameroun et des pressions croissantes dans les structures décisionnelles aux traditionnelles autochtones donnera
sur leurs territoires, la création de niveaux local, régional et national. Les aux communautés autochtones
chefferies traditionnelles autochtones
organes administratifs sont composés l’indépendance nécessaire pour
régies par le droit administratif
constitue une solution provisoire pour de représentants de chefferies résoudre les conflits en légitimant leurs
préserver les droits autochtones à la « officielles », principalement institutions sociopolitiques et leurs
terre et aux ressources. Cette approche bantoues. Cependant, si les territoires pratiques coutumières.
devrait être intégrée aux réformes des des communautés autochtones étaient
lois foncières. reconnus comme des unités Quels sont les défis à relever ?
• La création de chefferies est administratives, cela améliorerait leur La création de nouvelles chefferies
relativement facile à mettre en œuvre représentation et leur participation autochtones nécessitera le transfert de
une fois que des accords sont conclus aux organes de décision où les chefs certaines terres et de certains droits
avec les autres communautés ont une place réservée. Cela d’usages coutumiers de la part de
occupantes des terres (Bantous). améliorerait également l’accès des communautés bantoues, ce qui réduira
L’expérience du CED montre que cela communautés autochtones aux leur territoire. Les négociations avec les
peut nécessiter un dialogue soutenu, et informations officielles. chefs en place s’avèrent souvent
que l’administration (locale à nationale) difficiles. Toutefois, si les négociations
doit être impliquée pour garantir la Un meilleur contrôle aboutissent, le processus deviendra
reconnaissance légale de toute nouvelle
sur les droits à la terre et alors une procédure administrative
chefferie autochtone.
aux ressources standard, facile à mettre en œuvre.
• Cette approche peut être adaptée à
d’autres contextes. Dans les pays où les La reconnaissance des territoires Les prochaines étapes
chefferies traditionnelles n’existent pas, autochtones comme chefferies Le CED, le RELUFA et d’autres
il s’agirait de déterminer le type d’unité traditionnelles permettrait aux
administrative le plus approprié pour
partenaires poursuivront leurs efforts
communautés d’occuper et de gérer
intégrer la reconnaissance territoriale pour renforcer les droits fonciers
leurs terres en fonction de leurs
autochtone dans les structures de autochtones et la facilitation de
institutions et besoins coutumiers. Elle
gouvernance existantes. solutions au niveau local, telles que la
améliorerait également la
IIED Reflect & act Renforcer les droits fonciers des populations autochtones au Cameroun

POINT DE VUE
DU PARTENAIRE

Crédit : Jon Bowen via Flickr, CC BY-NC-ND 2.0


“ La démarcation d’un territoire pour les
Peuples Autochtones et sa reconnaissance
en tant que chefferie traditionnelle est le
meilleur moyen de leur garantir un accès
intergénérationnel à la terre et aux
ressources dont leur survie matérielle et
culturelle dépend. Cette approche permet
également d’assurer une bonne
cohabitation avec les communautés
riveraines en officialisant enfin leur
présence sur un espace donné.”
Chasse au Cameroun.
Sa Majesté Mvondo, Chef traditionnel et président
du RECTRAD
création de chefferies traditionnelles au
Cameroun et le dialogue pour plus de
Le présent document a été réalisé dans le cadre du
projet LandCam, avec le soutien financier de l’Union clarté et de protection autour des droits
européenne. Son contenu relève de la seule fonciers. Cela s’inscrit dans un
responsabilité de ses auteurs et ne peut en aucun mouvement plus large de défense de la
cas être perçu comme reflétant le point de vue de réalisation des droits des peuples
l’Union européenne.
autochtones, dont les droits fonciers
légitimes ne sont toujours pas reconnus.
En documentant et en partageant les
résultats de cette expérience, nous
souhaitons continuer à plaider pour une
réforme inclusive du droit foncier et un
renforcement de la capacité des
communautés autochtones et des autres
communautés marginalisées à
revendiquer leurs droits à la terre, aux
ressources essentielles, aux moyens de
subsistance et à des modes de
gouvernance culturellement appropriés.
Compte tenu des menaces qui pèsent
sur l’identité et la culture des peuples
autochtones et de leurs territoires dans
le monde entier, une approche similaire
pourrait être transposée efficacement
ailleurs. Dans les pays où le concept de
chefferies traditionnelles n’existe pas,
les praticiens et les défenseurs des droits
pourraient déterminer quels types
d’unités administratives les
communautés autochtones pourraient
utiliser pour créer des territoires
légalement reconnus qui pourraient
s’intégrer aux structures de
gouvernance existantes.

Knowledge
Products
L’Institut international pour
l’environnement et le développement
(IIED) promeut le développement
durable, en reliant les priorités locales aux
défis mondiaux. Nous soutenons certaines
des populations les plus vulnérables du
monde pour faire entendre leurs voix dans
la prise de décisions.

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