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Boudot, J. Fontaine,
G. Verschoore, D. Humen, H. Pouilly, Y. HAÏDARA, A.JOSSE, M&C. BEDOIN, M. VINcENT, J-M. GUYON, R. BEZIAUD • Réalisation :
Vaincre la faim Un problème mondial
FAO 2012
1971 3,5 milliards 878 millions 26 %
moins de 2200 kcal/jour. Pour un homme
adulte qui travaille, il faut environ 2700 kcal. 2012 7 milliards 868 millions 12,5 %
Finlande
Norvège
Suède
Fédération de Russie
Es
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Reste de l’Asie
Lettonie
259 millions
Danemark
Lituanie
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Russie
Pays-Bas
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Royaume- Pologne
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239 millions
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17 millions
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Cap-Vert
Sénégal
Tchad Soudan*** Érythrée
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Thaïlande pop. lao Philippines
Guatemala Martinique (Fr.) Gambie
Nicaragua Burkina Cambodge
El Salvador Guinée-Bissau Faso Djibouti
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Sri Lanka
Costa Rica Soudan*** Éthiopie
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Papouasie-
FAO 2012
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Chili
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Nouvelle-Zélande
35 %
<5% 5-14% 15-24% 25-34% et plus
Données
comparatives Modérément Aucune donnée
incomplètes ou Très faible Modérément faible élevée Élevée Très élevée disponible
insuffisantes
03 Pauvreté
et malnutrition
sont liées
05 Des paysans
dans l’incapacité
de se nourrir suffisamment
06 Au Sahel
une insécurité alimentaire
chronique
L’Afrique subsaharienne L’évolution du climat de cette 01. Baobab
est la seule partie région tend vers une diminu- à la saison sèche
du monde où la propor- tion de la pluviométrie, ce qui (Burkina Faso)
tion d’êtres humains en provoque l’extension du désert 02. Enfant
vers le sud. malnutri (Mali)
situation d’insécurité
03. Les femmes
alimentaire stagne et où pilent le mil (Mali)
la population augmente L’économie de ces régions 04. Enfants touaregs
très rapidement. repose sur l’élevage et (Mali)
En 1970, elle comptait 270 mil- l’agriculture.
lions d’habitants. En 2009, De novembre à mai, la plupart
il y en avait 840 millions et des hommes quittent les zones
en 2050, il y en aura près rurales pour aller travailler dans
de 2 milliards. les grandes villes et dans les
pays étrangers voisins. C’est la
Le Sahel se situe dans le période dite de “l’exode”.
contexte plus large de
l’Afrique subsaharienne.
C’est une vaste zone aride
au sud du Sahara qui s’étend de
la Mauritanie et du Sénégal à
l’ouest jusqu’au Soudan et
à l’Érythrée à l’est.
La population du Sahel a été es-
timée à 80 millions d’habitants
en 2008. Elle devrait atteindre
187 millions en 2050.
(F.G. Dumont, CEREM, 2009).
Le climat comporte
2 saisons :
• de juin à octobre, c’est la sai-
son des pluies ou “hivernage”,
une période de chaleur propice
aux cultures pluviales :
mil, sorgho, maïs, riz dans les
zones inondables, arachide,
coton... La température peut PROPORTION DE SOUS-NUTRIS 1970 2009
atteindre 45° Afrique subsaharienne 35 % 33 %
• de novembre à mai, c’est Ensemble des pays du Sud 36 % 18 % Par ailleurs la fécondité est
la saison sèche, avec des
Apport calorique quotidien 1970 2009
importante : 6 à 7 enfants par
Afrique subsaharienne 2140 2260
températures relativement Ensemble des pays du Sud 2130 2660 femme (2 en France). Le nombre
basses puis progressivement NB. Ensemble des pays du Sud = Pays en développement d’Afrique,
d’Amérique Latine et d’Asie
de médecins est très faible : 2
très élevées. La végétation se pour 100 000 habitants au Ni-
dessèche, le vent érode les sols. La population est rurale ger (345 en France).
à 70 %. Elle fait partie des (Encyclopédie de l’état du monde, La décou-
plus pauvres du monde. verte 2012. Chiffres 2010).
07 dans un village
traditionnel
Vivre et se nourrir
08 Un soutien
solidaire pour
combattre la faim
en milieu rural
Les méthodes tradition- Ils sont suivis sur le terrain par Avant ce partenariat, la grande
nelles d’agriculture des permanents locaux salariés, majorité des villages atteignait
demeurent très présentes des chargés de mission français une production de céréales
au Sahel. Les villages bénévoles qui visitent régulière- couvrant seulement 6 à 8 mois
demandent souvent ment les villages et, lorsque cela de consommation. Moins de
un soutien à leur État est possible, des membres 10 % des familles subvenaient
et à des ONG. du groupe français jumelé. à leurs besoins en céréales.
Les grandes ONG concourent Précisons qu’il faut pour se
à des politiques d’envergure Une collaboration nourrir environ 162 kilos de
internationale et nationale. fructueuse avec des as- céréales par an et par personne.
D’autres, même de petite taille, sociations locales a per-
peuvent contribuer efficace- mis une évolution progres- Au Mali, par exemple, avant
ment au développement local. sive et cohérente dans des la mise en place du projet
domaines fondamentaux : d’agriculture durable, pour la
Au Mali, au Niger et au agriculture durable, sécurité ali- centaine de villages concernés,
Burkina Faso, LACIM, une mentaire par le stockage des seules 25 % des familles possé-
association solidaire in- grains, maraîchage, accès à daient des bœufs et du matériel
ternationale modeste, l’eau, scolarité, alphabétisation, pour pratiquer la culture attelée
conduit une action santé, microcrédits et petites (charrue, “multiculteur”, semoir),
très efficace avec des activités de développement les autres utilisaient la “daba”.
moyens simples et des économique. Les rendements étaient faibles,
financements restreints. LACIM travaille au Mali avec de l’ordre de 4 à 6 quintaux
Elle intervient dans une l’ONG GAE Sahel, au Niger à l’ha, sur des terres peu fertiles,
centaine de villages en vue avec GESPAC, au Burkina souvent éloignées du village.
de leur développement. avec KAAB NOOGO. Il fallait cultiver près de 3 ha
Un jumelage est mis en pour qu’une famille de 10 per-
place sur plusieurs années sonnes se nourrisse correcte-
entre un village sahélien et ment. En pratique, avec une
un comité ou une association “daba”, un homme ne peut culti-
locale de LACIM en France. ver que 0,5 à 1 ha de céréales.
Les projets sont élaborés
et réalisés avec les habitants
du village à partir de leurs
demandes et en lien avec
les autorités locales.
09 Un objectif prioritaire
augmenter les rendements
avec l’agroécologie
Le compostage consiste à
produire une fumure avec les La lutte contre l’érosion
déchets naturels des récoltes permet aux cultures de mieux
(tiges et feuilles de mil, sorgho, profiter des pluies. Chaque
maïs...), la cendre des foyers agriculteur doit respecter les
et les déjections des animaux. règles de labour perpendiculaire
Chaque agriculteur creuse et à la pente et, si la pente le justi-
remplit une fosse près de son fie, installer des dispositifs
champ ou près d’un point d’eau anti-érosion : lignes de cailloux,
Au Burkina Faso, le compost
car il faut arroser le compost fascines, diguettes, demi-lunes
est utilisé dans plusieurs villages
pendant la saison sèche. du “zaï”…
jumelés, en association avec
Le compost obtenu est épandu la technique du “zaï” et les
sur les champs avant le labour. Au Mali, ce projet mis en place
semences améliorées.
Il enrichit en matière organique depuis 2007 en partenariat
le sol qui devient plus facile à avec GAE Sahel dans 47 villages
Ce programme permet de
travailler et conserve plus long- jumelés de la région de Bamako
multiplier les rendements
temps l’humidité. Un apport de et dans 12 villages de la région
par 3, 4, voire 5.
compost sur 2 ou 3 ans fertilise de Mopti, concerne 2400
Il démontre qu’en milieu
le sol pendant 3 à 5 ans. familles d’agriculteurs
sahélien, avec un faible
en 2013, soit environ 24000 per-
investissement, on peut
Des semences non OGM à sonnes. LACIM fournit
faire disparaître la “faim
cycle court sont sélection- aux agriculteurs un kit d’outils
ordinaire” dans les villages.
nées expérimentalement avec de base d’un coût de 60 ¤ :
Sur 1/2 ha, un paysan obtient
les agriculteurs pour s’adapter brouette, pelle, pioche, râteau,
la quantité presque suffisante
aux évolutions du climat. fourche.
pour nourrir une famille de 10
Au Mali, 2 variétés de maïs, personnes. Lorsque la pluvio-
de mil et de sorgho sont dis- Au Niger, en 2013, il concerne
métrie est normale, les rende-
ponibles auprès de l’IER (Insti- 265 agriculteurs de 12 villages
ments sont de l’ordre de 25 à
tut d’Économie Rurale). LACIM qui ont reçu une formation dis-
30 quintaux à l’hectare au lieu
fournit à chaque bénéficiaire pensée par le GESPAC, associa-
de 4 à 6 quintaux.
les semences pour 0,5 ha. tion locale partenaire assurant
Les années suivantes, il pourra également un suivi. La satisfac-
utiliser des graines issues de tion des agriculteurs est grande.
sa récolte comme semences.
© LACIM - Reproduction interdite
Vaincre la faim Actions solidaires au Sahel
11 D’autres moyens
pour augmenter
la production
agricole
Au Burkina Faso, la tech- Le transport du compost
nique traditionnelle du jusqu’aux champs avec
“zaï” est utilisée pour une charrette et un âne
restaurer la fertilité de facilite le travail des
sols très appauvris paysans qui peuvent ainsi
par l’érosion du vent et de l’eau, remplir plusieurs fosses
les fortes températures, le pa- et augmenter les sur-
cage excessif qui rendent les faces amendées. LACIM les
sols extrêmement durs... équipe progressivement.
Elle consiste à creuser des Le budget pour une charrette
cuvettes de 30 à 40 cm de dia- et un âne est de 200 ¤. Le rem-
mètre et de 10 à 15 cm de pro- boursement de l’attelage est
fondeur, puis à mettre au fond prévu en 4 ans. Les bénéficiaires
une fumure avec des graines de s’engagent à aider 2 autres agri-
mil ou de sorgho en les recou- culteurs qui n’en ont pas.
vrant de quelques centimètres
de terre. La terre retirée du trou La culture attelée permet
est accumulée sur un bord en d’étendre les surfaces
demi-lune perpendiculairement cultivées.
à la pente. Ainsi, les pluies ruis- Dans les villages jumelés du
sellent moins et l’eau s’infiltre Mali, la culture attelée se pra-
plus facilement car les termites tique avec 2 bœufs de labour
ont foré des canaux verticaux et le matériel adapté (charrue,
dans la fumure. Après 3 ou 4 “multiculteur”, semoir). Un atte-
ans, les sols sont redevenus lage laboure 1 ha en 3 jours.
meubles et fertiles. Pour faire le même travail à la
Le “zaï” pratiqué sur 1 ha avec “daba” dans le même temps,
la “daba” nécessite environ il faut 10 hommes. Avec un
300 h de travail. Il se fait en attelage, on cultive 3 à 5 ha de
période sèche avec des tempé- céréales. Ceci est un avantage
ratures de 45° à l’ombre. Il est considérable dans les régions
possible de faire ce où la saison des pluies est très
« Avec le compostage, c’est la pre- travail en 50 h avec courte. L’investissement est
mière fois que j’ai fait une bonne ré- un attelage. LACIM important : 500 ¤ pour
colte de maïs dans ma vie. encourage cette tech- 2 bœufs, 200 à 300 ¤ pour
Ainsi, au regard de ce bon résultat, nique associée aux le matériel. Il est donc très
semences sélection- difficile à rentabiliser si on ne
je n’ai plus à attendre de quelqu’un.
nées. Les rendements pratique pas en même temps
J’ai creusé jusqu’à 4 fosses. Elles sont
de sorgho et de mil, l’agroécologie. Le comité fran-
toutes remplies mais mon problème
multipliés par 4, per- çais LACIM aide parfois au dé-
sera le transport de cette grande quan-
mettent aux paysans veloppement de la culture at-
tité de compost parce que je n’ai pas de sortir de l’insécu- telée en achetant 5 paires de
de charrette pour le faire. Mon objectif rité alimentaire. bœufs et le matériel adapté
est d’être autosuffisant l’année pro- pour démarrer le projet dans un
chaine. » village. Un comité de gestion
Brunni Cissé village de Trofladji au Mali
est créé. Les agriculteurs équi-
pés devront rembourser l’atte-
01. Technique du “zaï” lage en 5 ans, ce qui permettra
(Burkina Faso) à d’autres d’en bénéficier.
02. Charrette pour le
transport (Mali)
03. Attelage bœufs et
charrue (Mali)
04. Culture préparée au
“zaï” (Burkina Faso)
12 Pour vivre
et cultiver l’accès
à l’eau est vital
L’accès à l’eau est souvent les pluies ne tombent pas
difficile en zone sahélienne. toujours en quantité suf-
L’eau est rarement potable et fisante pour les besoins
parfois une longue marche est de l’agriculture. Elles sont
nécessaire. souvent brutales et ravinent
Traditionnellement, le sol. Leur irrégularité met
les villageois s’appro- en péril les cultures du fait de
visionnent chaque jour la sécheresse ou au contraire
dans différents points des inondations. L’irrigation
d’eau : est possible à proximité des
la mare, un bas-fond où l’eau fleuves ou lorsqu’il y a une
des pluies s’est accumulée et nappe phréatique pérenne à
peut demeurer pendant la sai- faible profondeur. Dans le delta
son sèche. Les animaux vien- intérieur du Niger au Mali, elle
nent y boire et faire leurs be- est utilisée pour la riziculture,
soins. Les femmes et les enfants et ailleurs, presque exclusive-
y puisent l’eau et la ramènent ment pour le maraîchage.
à la maison ou au campement.
Elle est très polluée et provoque
diarrhées et infections par-
fois mortelles surtout chez les
jeunes enfants.
le puisard, un trou dans la
terre grossièrement étayé, de
faible profondeur et sans mar-
gelle. Il est dangereux, pollué
et il finit par s’assécher plus ou
moins vite selon la pluviosité de
l’année précédente.
le puitS, un trou busé, de 60
à 80 m parfois, où l’eau est
pérenne. Il a
la faveur des
femmes qui s’y Pour faire face aux aléas
retrouvent sou- climatiques et à la dimi-
vent au long de nution des pluies, il faut
la journée. Elles recourir à des variétés de se-
remontent pé- mences moins gourmandes
niblement l’eau en eau et utiliser les différents
s’il est très pro- moyens de rétention de l’eau.
fond. Quand
c’est un animal
qui fait ce tra-
vail au moyen
d’une poulie, la
corde traîne sur
la terre et pollue
l’eau lorsque le
seau redescend. 01. Puits sans margelle
L’action de LA- (Burkina Faso)
CIM consiste, selon les situa- 02. Les femmes se retrouvent
tions, à réaliser des puits avec autour du forage (Niger)
margelles ou des forages avec 03. Retour de la corvée
pompes manuelles. d’eau du matin (Mali)
04. Canari pour garder l’eau
au frais dans la case
13 Le stockage
et la transformation
accroître la sécurité alimentaire
01. Banque de céréales (Burkina Faso)
02. Grenier à mil en paille (Mali)
03. Moulin à mil (Mali)
04. Greniers en “banco” (Niger)
La banque céréalière
est une réserve supplé-
mentaire collective et
une sécurité alimentaire récolte pour reconstituer la ré-
pour le village. Elle aide à serve.
faire face, pendant la soudure, Une bonne gestion est néces-
à l’épuisement prématuré des saire : compte des entrées et
réserves de beaucoup de fa- des sorties, autorité en cas
milles. Elle renforce et mutua- de contestation, autorisation d’un bâtiment pour l’abriter.
lise l’épargne des céréales par d’emprunt pour de nouvelles
un remboursement en nature. familles. LACIM achète une pro- LE MOULIN COLLECTIF permet
L’importance du stock garantit vision de départ et contribue aux femmes de gagner près de
aussi une aussi au financement du bâti- 2 h de travail par jour et leur
régulation des prix sur les ment de stockage construit en évite ainsi beaucoup de fatigue.
marchés locaux. “dur” pour protéger les céréales Elles élisent un comité de ges-
C’est une propriété du village contre les rongeurs. tion qui encaisse l’argent de
gérée par un comité élu par la mouture, paye les sommes
les hommes qui, traditionnel- Les femmes et souvent les nécessaires à l’achat du carbu-
lement, assurent la récolte du filles passent 1 à 2 h par rant, à l’entretien du moulin, à
mil et du sorgho. Selon la règle jour à piler dans un mortier son amortissement en vue de le
habituelle de fonctionnement, quelques kilos de mil, de sor- remplacer et à la rémunération
les villageois empruntent des gho ou de maïs pour les trans- du meunier. La formation d’un
céréales à la banque vers juillet/ former en farine. C’est un travail meunier (homme ou femme)
août suivant leurs besoins et pénible dont le rendement est est nécessaire pour faire tourner
remboursent en nature avec très faible. Leur première de- le moulin et l’entretenir. L’argent
un surplus de 20 % après la ré- mande à LACIM est l’achat d’un en caisse peut être utilisé dans
colte. Si les paysans n’emprun- moulin à mil et la construction le cadre du microcrédit en at-
tent pas la totalité du stock, ce tendant son utilisation pour les
qui reste est vendu en période besoins du moulin.
de “soudure” par le comité de
gestion qui rachètera de nou-
velles graines au moment de la
© LACIM - Reproduction interdite
Vaincre la faim Actions solidaires au Sahel
14 Le maraîchage
et les microcrédits
améliorer la nutrition et
accroître les revenus familiaux
15 L’alphabétisation
et la scolarisation
moteurs du développement
L’alphabétisation est
un facteur important
d’évolution personnelle
et sociale qui concerne
majoritairement les
femmes. ses effets béné-
fiques vont bien au-delà
des apprentissages de
base, lire, écrire et comp-
ter.
Elle est toujours associée aux
préoccupations quotidiennes Au Niger, l’alphabétisation a
autour de 5 grands thèmes : la démarré en 2009. GESPAC a
santé et l’hygiène, la nutrition, déjà assuré la formation de 480
la gestion des revenus familiaux personnes dont 90 hommes. En
ou collectifs, la citoyenneté. Les 2013, il est prévu de former 390
femmes prennent des respon- personnes dont 11 groupes de
sabilités pour la gestion des femmes et 1 groupe d’hommes.
moulins à mil ou des maternités
rurales. Elles s’engagent parfois Au Mali, l’alphabétisation 01. Une école sous paillote (Mali)
comme conseillères municipales des femmes est effectuée par 02. Séance d’alphabétisation (Niger)
ou dans la gestion des caisses GAE Sahel. De 2005 à 2012,
d’épargne et de crédit. Elles elle a concerné près de 7000
acquièrent ainsi de l’indépen- femmes, dans 85 villages. larité, surtout à celle des filles.
dance, affirment leur identité La disparité est forte à l’école
et leur place au plan social et En milieu rural, peu entre filles (40 %) et garçons
familial. Dans le domaine de la d’adultes ont été scola- (60 %). En 2012, les chiffres
santé, il y a moins de décès à risés dans leur enfance officiels de scolarisation en pri-
l’accouchement et au sevrage. et parmi eux, très peu de filles. maire donnés par la Banque
La mortalité des enfants dimi- Ceux qui ont eu la chance d’al- Mondiale, 79 % au Burkina
nue fortement de même que la ler à l’école partent souvent tra- Faso, 82 % au Mali et 71 % au
gravité des maladies pour l’en- vailler en ville. Niger, sont à relativiser car en
semble de la famille. réalité beaucoup moins d’élèves
La scolarisation des en- vont régulièrement à l’école en
La formation financée fants et des jeunes est brousse.
par LACIM a lieu de janvier à essentielle pour le déve- L’action de LACIM dans le do-
avril, quand il n’y a plus de tra- loppement. maine de la scolarité s’exerce
vail aux champs. A cette pé- En progrès, elle est encore in- à plusieurs niveaux : aide à la
riode, les hommes sont le plus suffisante. Les obstacles sont construction d’écoles en dur ou
souvent en exode. La formation nombreux : manque d’écoles en banco, achat de tables-bancs,
se déroule sur 2 ans en 2 ses- et d’enseignants, travail des en- parfois de panneaux solaires
sions de 4 ou 5 mois chacune, fants. Les parents ne donnent pour l’éclairage de classes ou de
5 jours/semaine et 3 h/jour. pas toujours la priorité à la sco- bibliothèques, soutien financier
pour la scolarisation des filles.
16 Des projets
qui changent
la vie des femmes
18 Quel modèle
d’agriculture
pour demain ?
Le modèle agricole ac- teurs de leurs produits. et de l’environnement en utili-
tuel dominant est celui L’agroécologie est une sant des intrants naturels. Il est
de l’agriculture intensive alternative pour demain. moins mécanisé, consomme
très productive. Elle est encore peu ré- moins d’énergie et demande
Il tend vers des monocultures pandue, mais expérimentée moins d’investissements. Il
sur de grandes surfaces avec avec succès depuis quelques maintient et développe la biodi-
des rendements élevés. années par des agriculteurs de versité en alternant les cultures
différents pays. complémentaires.
Il a permis de résorber
les grandes famines dans Ce modèle cherche à faire Au plan humain, cette
les dernières décennies et de évoluer une agriculture forme d’agriculture per-
nourrir une population crois- essentiellement quantita- met aux paysans pauvres
sante en Chine et en Inde, lors tive vers une agriculture du Sud de rester sur
de la “révolution verte”. qualitative, en repensant à leurs terres et d’être au-
la fois le système de production tosuffisants. Ils s’engagent
Ce modèle n’est pas du- agricole et le mode de consom- aussi dans une démarche où ils
rable et génère de graves mation alimentaire. C’est un sont acteurs de leur change-
inconvénients sur le plan modèle durable adapté aux ment individuel et collectif.
environnemental. Forte- contraintes locales et soucieux
ment mécanisé, il consomme de préserver la qualité des sols
beaucoup d’énergie et aug-
mente l’effet de serre. Les in-
trants utilisés massivement « L’agroécologie est pour nous bien
(engrais chimiques, herbicides, plus qu’une simple alternative agro-
pesticides, fongicides…) ap-
pauvrissent les sols à terme
nomique. Elle est liée à une dimension
et polluent les nappes phréa- profonde du respect de la vie et replace
tiques. Il réduit la biodiversité. l’être humain dans sa responsabilité à
Il consomme beaucoup d’eau
et suppose de grands projets l’égard du vivant. »
d’irrigation avec parfois des bar- Pierre Rabhi.
rages.
19 être citoyens
d’un monde plus
solidaire
Les associations de so-
lidarité internationale,
même modestes, peuvent
être efficaces dans les
pays du Sud pour vaincre
la faim.
Avec peu de financements,
LACIM obtient des résultats très
encourageants au Sahel et dans
d’autres jumelages : en Inde, au
Bangladesh, en Amérique La-
tine, en Haïti… en partenariat
avec des associations locales
et des coopératives paysannes.
Ces communautés rurales, peu
à peu, reprennent confiance et
entrent dans une démarche de
changement.
L’extrême pauvreté et la
malnutrition dans les pays Engageons-nous pour un
du Sud ne peuvent laisser in- monde plus juste et plus
différents les pays du Nord qui solidaire où les popula-
ont une part de responsabilité tions du monde les plus
dans la situation actuelle. fragilisées trouveront
des raisons d’espérer !
Que faire individuelle-
ment ou collectivement
pour contribuer à un
monde plus juste, plus
solidaire ? Nous pouvons
agir pour préserver de façon
durable la planète et partager
les ressources.