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DE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUES
c. En Afrique et en Amérique
Latine et Australie
faibles. Il est à noter que parmi les même que l’argument selon lequel
25 pays les plus pauvres du monde, le fatalisme musulman empêche
la plupart sont en Afrique noire, dé- toute innovation) et n’explique donc
pourvus de tout débouché maritime. pas le sous-développement". Tout au
plus, il permet de comprendre cer-
b. Les effets du climat tains blocages du développement
Certains auteurs estiment que par la société.
les climats tropicaux sont "amollis-
sants", tandis que les climats tempé- III. Argument historique
rés sont "stimulants". Sans accepter
ce point de vue, quelques consé- La plupart des pays du Tiers-
quences indiscutables liées au climat Monde ont connu des civilisations
tropical peuvent être relevées, à sa- brillantes dans leur histoire ; preuve
voir : l’insalubrité relative entrete- d’adaptation au milieu, d’organisa-
nue par une chaleur élevée et conti- tion solide et cohérente de l’espace
nue et une humidité importante fa- (ex. Chine, Pays des Andes, Inde,
vorisant la diffusion des endémies Egypte…) d’équilibre entre les res-
tropicales (fièvre jaune, malaria…), sources naturelles et les disponibili-
la virulence des précipitations qui tés humaines.
favorise l’érosion et le ravinement Cependant, les contacts bru-
des sols par les eaux de ruisselle- taux qu’elles ont eu au 18e et 19e S,
ment, la pauvreté des sols en hu- avec les économies occidentales dy-
mus, en phosphate, en chaux, en po- namiques et expansionnistes ont dé-
tasse, en azote…, lessivés par les truit cet équilibre. Partout, ces
eaux d’infiltration ou de latéritique. contacts ont entraîné :
- la recherche fiévreuse des matières
premières (agricoles et minières) ;
- la création d’enclaves modernes
(plantations, usines, ports, villes)
introduisant le dualisme écono-
mique et territorial ;
- la réorientation de l’économie vers
le commerce international ;
- le raffermissement de la position
des classes favorisées ;
- le passage de l’autonomie à la dé-
pendance.
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- repiquage des riz dans les champs être compté mais non tué ou vendu
préparés ; (ex. chez les Peuls, Touaregs…). Le
- maintien des niveaux des eaux qui bétail permet de payer la dot pour
doivent monter avec la croissance le mariage, l’impôt, etc. Les res-
du riz jusqu’à la maturité ; sources tirées de l’élevage (lait,
- moisson à la faucille des épis, peaux…) sont complétées par le
puis des pailles. commerce caravanier des produits
agricoles obtenus soit par le troc,
Bœufs et buffles sont utilisés soit par la domination des oasis.
pour le labour seulement. L’engrais Ce genre de vie connaît actuelle-
animal est rare car le gros bétail est ment un déclin.
rare faute de pâturage. Les pépi- Lorsqu’une partie de la population
nières reçoivent les déchets ména- accompagne les troupeaux et que les
gers et le fumier humain, tandis que habitations sont permanentes avec
les rizières ne reçoivent que de la une occupation agricole pendant une
vase draguée dans des mares et des partie de l’année, on parle du semi-
feuilles vertes enfouies. C’est un nomadisme ou de la transhumance.
système intensif qui nécessite une Nomadisme et transhumance im-
main-d’œuvre abondante. pliquent une séparation presque to-
tale de la culture et de l’élevage.
C. L’élevage Les rapports entre les agriculteurs et
les éleveurs se font par le troc des
L’élevage est en général une produits complémentaires ou par des
activité marginale, voire parfois to- accords de pacage ou de contrats
talement dissociée de la culture. d’élevage.
Pourtant, dans tous les systèmes
précédemment décrits, il permet- b. L’élevage associé aux cultures
trait de résoudre le problème de fer-
tilisation du sol dans un monde où la Dans ce cas, l’élevage est souvent
consommation d’engrais industriels une source de prestige mais secon-
est souvent insignifiante. dairement il joue un rôle dans la fu-
mure des champs. En Inde, par
a. L’élevage dissocié des cultures contre, les bovidés (1er troupeau du
monde) sont indispensables pour les
Il entraîne le nomadisme et le travaux des champs, l’irrigation, le
semi nomadisme pastoraux. Lorsque transport des charges lourdes. Ils
tout le groupe humain accompagne n’ont presque aucune utilité pour la
les troupeaux à la recherche des pâ- fumure car le fumier sert de com-
turages, on parle du nomadisme pas- bustible pour la cuisson des aliments
toral. Il est surtout développé dans étant donné la rareté de bois.
les régions désertiques ou en bor- Dans de rares régions (ex. Sé-
dure des déserts1 ou apériodiques au rères), l’élevage est cependant inté-
centre du désert où les pluies sont gré aux cultures.
irrégulières. Le rôle économique du IV. Conclusion
bétail est faible. Il est avant tout un
signe de richesse. Le troupeau doit L’agriculture de subsistance se ca-
1
(En saison sèche en bordure du désert, en saison ractérise par :
humide en plein désert).
20
ni) sont plus stimulantes que les La nouvelle culture, qui amé-
centres locaux (faible capacité d’ab- liore l’alimentation, devient vite un
sorption, niveau des prix bas). De produit de vente (soja, arachide, ca-
plus, faute d’infrastructures de cao).
transport, de stockage, de transfor-
mation éventuellement, faute égale- c. Conséquences du passage de
ment de réseaux commerciaux orga- l’agriculture vivrière à l’agricul-
nisés, l’influence même des grandes ture de marché
villes est spatialement réduite.
Selon le FAC, ce passage constitue
b. Diversité des formes d’intégra- une étape indispensable du dévelop-
tion au secteur vivrier pement des Pays du Tiers-Monde
car, il permet :
1. Commercialisation de produits - l’élévation du niveau de vie des
de cueillette paysans ;
- la transformation des mentalités ;
C’est la forme qui demande le - l’introduction de nouvelles tech-
minimum d’effort pour le producteur niques ;
(ex. palmier elaeis qui est récolté de - l’obtention des profits qui
la forêt équatoriale). Il fournit de peuvent être investis sous di-
l’huile de palme (de la pulpe), verses formes (achat des se-
l’huile palmiste, le vin de palme qui mences sélectionnées, d’engrais,
sont commercialisés. Le paysan se de pesticides, de matériel agri-
contente de nettoyer le sol au pied cole, etc.).
des palmiers pour faciliter la ré- Cependant, les excès des
colte. Autres produits de cueillette : cultures commerciales ont des
caoutchouc… conséquences négatives, notam-
ment :
2. Commercialisation des excé-
dents 1. Des résultats inégaux : obtenus
au point de vue de la production
Lorsque l’agriculture est fon- par rapport au type de plante
dée sur une large gamme des pro- cultivée et au territoire national
ductions (manioc, maïs, bananes…), et par la méthode utilisée (ex.
elle fournit de larges excédents pour les cultures forcées…). Cer-
commercialisés, même se rien n’est taines plantes ont des productions
fait pour renouveler la fertilité des élevées, d’autres faibles. Certains
sols. Dans ces deux types d’évolu- peuples ont accepté les cultures
tion, le secteur commercial est mar- forcées, d’autres l’ont refusé jus-
ginal. qu’à la lutte, etc. Certains terri-
toires sont fertiles, d’autres ne le
sont pas.
5. Instabilité
s’agit également d’un transfert de logique car, selon J.M. ALBERTINI, "il
technologie des pays développés est difficile de concevoir le passage
vers le Tiers-Monde grâce aux ac- d’une société traditionnelle à une
tions de certains centres spécialisés, société moderne sans les transfor-
en l’occurrence : mations sociales et mentales qu’en-
- Le CIMMYT de Mexico qui a mis traîne l’industrialisation". Malheu-
au point de nouvelles variétés reusement, les objectifs tant écono-
de maïs et du blé qui ont été miques que sociaux de l’industriali-
introduites dans d’autres pays sation ont été rarement atteints,
(y compris le Zaïre). malgré de bon départ dans beaucoup
- L’IRRI des Philippines qui a mis de pays du Tiers-Monde.
au point une nouvelle variété
de riz. B. Le retard industriel
Mais les progrès de ces nou-
velles cultures ont entraîné d’autres I. Un rôle faible dans l’écono-
problèmes, notamment : la dépen- mie des pays sous-développés
dance extérieure accrue pour les en-
grais, les produits phytosanitaires. Le rôle des industries dans la
De plus, ils ont renforcé des inégali- formation du P.I.B. des pays du
tés spatialement et socialement : Tiers-Monde est faible : inférieur à
- spatialement : la révolution 20 % dans beaucoup de pays (mais
verte a bénéficié aux régions supérieur ou égal à 45 % en Libye,
déjà développées du Tiers- Zambie, Arabie Saoudite, Taiwan,
Monde. Les régions marginales Hong-Kong, Corée du Sud et Chili).
n’en ont pas été touchées ; Ce rôle est également faible en
- socialement : ce sont les matière d’emploi car dans les pays
grands propriétaires qui inves- développés, les industries occupent
tissent de gros capitaux dans 30 à 45 % de la population active
de nouvelles cultures qui de- alors que seuls les pays les plus in-
viennent mécanisées. De ce dustrialisés du Tiers-Monde ont plus
fait, le chômage s’accroît de ou moins 20 % de leurs populations
sorte que "la révolution verte actives dans les industries (Hong-
enrichit les riches et appauvrit Kong, Singapour, Taiwan,… Amé-
les pauvres", selon A. BOERMA. rique Latine, Sud de l’Europe…). Les
autres pays : < 15 %.
pays, les écarts sont plus considé- turelles et de plus en plus pour les
rables car, en 1971, 4 pays ont réa- fibres artificielles et synthétiques,
lisé 55 % de la production indus- des industries mécaniques variées
trielle du Tiers-Monde : Inde, Brésil, (auto, appareils électriques, électro-
Argentine et Mexique. Avec 14 pays niques, etc.).
suivants, ils représentent ± 88 % du
total avec ± 70 % de la population du b. Les pays à structure indus-
Tiers-Monde. Ces 14 pays sont : In- trielle en cours de différencia-
donésie, Chili, Iran, Colombie, Véné- tion (Groupe B)
zuela, Pakistan, Philippines, Egypte,
Cuba, Pérou, Corée du Sud, Thaï- Les industries manufacturières
lande, Birmanie, Taiwan. des biens de consommation non du-
Conclusion : rables y représentent encore de 40 à
Si l’écart se creuse entre pays 60 % de la valeur, mais le secteur
riches et pays pauvres, il se creuse des biens d’équipement s’y déve-
aussi entre pays en voie effective loppe de plus en plus. Il s’agit de :
d’industrialisation et les Etats les Vénézuela, Pérou, Uruguay, Algérie,
plus défavorisés. Kenya, Zaïre.
tion des acheteurs augmente, la pro- dans les pays receveurs et elle per-
duction intérieure n’augmente pas met de contrôler leur politique.
(ou augmente faiblement), les im-
portations sont limitées par manque II. Des apports privés des capi-
de devises. Les prix montent aussi taux
bien pour les produits locaux que
pour les produits d’exportation en- Ils comprennent les investisse-
traînant une baisse d’exportation, ments directs par la création ou
donc un manque accru de devise. l’extension d’une entreprise (fi-
Dès lors, les pays du Tiers- liales) et les investissements de por-
Monde procèdent à la dévaluation de tefeuille (ex. des placements d’ac-
leurs monnaies. Cette opération a tions).
deux buts : Les volumes comparés de cha-
- limiter les importations qui de- cune de ces rubriques varient dans
viennent très chères ; le temps, dans l’espace et selon des
- augmenter les exportations qui secteurs.
deviennent moins chères ; par Avant la 2e guerre mondiale,
conséquent, avoir plus de devises l’aide privée était plus importante
et régulariser sa balance de paie- que l’aide publique. Elles ont dimi-
ment. Mais souvent, cette déva- nué à cause de l’absence de garantie
luation entraîne des effets per- du capital privé, de l’instabilité poli-
vers dont les conséquences sont tique et économique dans le Tiers-
néfastes sur l’économie. Monde. Mais, depuis 1965, la part
d’aide privée augmente de sorte
D. Volume et composition des qu’actuellement, la moitié des flux
apports financiers au Tiers- nets des capitaux vers le Tiers-
Monde Monde est privée (surtout étasu-
niens).
Le C.A.D., créé en 1961 par Par ailleurs, depuis 1960,
l’OCDE, assure à lui seul ± 90 % des l’aide s’est dirigée surtout vers le
ressources mises à la disposition du secteur minier et en particulier le
Tiers-Monde. Celles-ci com- pétrole.
prennent : Au niveau spatial, les Etats-
Unis accordent surtout l’aide privée,
I. L’aide publique les pays scandinaves et le Canada
surtout l’aide publique. Il en est de
Elle est constituée de fonds même pour les pays européens : la
fournis par les Etats sous forme de France et le R.U notamment.
dons, de prêts à des taux nettement Cependant, si les Etats-Unis
favorables (faibles), des crédits à dominent largement le marché mon-
l’exportation. Et elle utilise deux ca- dial d’aide avec ± 62 % des apports,
naux principaux : les accords bilaté- ils n’adressent que 31 % de ce total
raux : d’Etat à Etat et les accords vers le Tiers-Monde alors que
multilatéraux : par l’intermédiaire d’autres pays lui réservent une place
des organismes internationaux spé- nettement plus importante (Japon :
cialisés (ONU, FED, Banque Mon- 60 %, France : 52 %, R.U : 39 %).
diale). Elle est liée à la politique
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Par ailleurs, s’agissant des pays - Ceux qui sont ou étaient mena-
receveurs, 8 pays à eux seuls (Inde, cés par le communisme : Corée
Pakistan, Indonésie, Corée du Sud, du Sud, Taiwan, Zaïre, etc.
Iran, Turquie, Brésil et Mexique) mo- L’aide y est surtout militaire
nopolisent la moitié de l’aide totale (fournitures militaires, usines
au Tiers-Monde et, en 1968, les du matériel militaire). La part
parts respectives des différents consacrée au développement
continents étaient comme suit : est modeste (± 15 %).
Amérique Latine : 35,5 %, Afrique : - Les pays dits modérés où on
23 %, Asie-Océanie : 20 %, Moyen- vend les surplus des Etats-Unis
Orient : 13 %. (produits finis, usines de mon-
tage, etc. (Zaïre, Nigeria…).
E. Objectifs poursuivis par les - Les pays qui souffrent des cala-
pays aideurs mités naturelles (ex. Sahel).
L’aide y sert de propagande.
I. Au niveau d’ensemble - Pays considérés comme enga-
gés sur la voie de la démocrati-
Mettre une partie des richesses sation (Zaïre, Nigeria…) .
des pays développés à la disposition - Pays utilisés pour faciliter la
du Tiers-Monde. politique étasunienne dans le
Selon les Nations-Unies, les monde (Ouganda, Rwanda…).
pays développés doivent consacrer b. L’aide soviétique
0,70 % de leur PNB comme aide au
Tiers-Monde. Cet objectif n’est que
partiellement atteint car la plupart
des pays du C.A.D. ne consacrent Elle était en général faible et
que de 0,24 à 0,59 % de leurs PNB la priorité était accordée aux indus-
comme aide au développement (ex. tries lourdes, à l’armée, à la poli-
0,33 % pour la C.E.E.). Seuls, la tique dans des pays anciennement
France, les Pays-Bas et le Portugal socialistes ou susceptibles de bascu-
ont une contribution supérieure au ler dans l’action bloc socialiste. Ac-
seuil fixé par l’ONU, mais une tuellement, l’aide russe est faible
grande partie de leurs aides va vers étant confrontée aux nombreux pro-
les territoires d’outre-mer ou vers blèmes à résoudre…
les anciennes colonies. Par contre, c. L’aide britannique
cette aide est supérieure à 0,70 % Surtout vers les pays anglo-
pour les pays scandinaves. phones (Commonwealth) liés à la dé-
mocratisation du système politique.
II. Au niveau des pays De plus en plus, la Grande-Bretagne
s’aligne sur la politique américaine
a. L’aide étasunienne en matière d’aide.
Elle avait et a pour tâche es- d. L’aide française
sentielle de faire reculer voire dispa- Surtout vers les pays franco-
raître le communisme. De plus, elle phones (Francophonie), c’est-à-dire
cherche à favoriser les exportations les anciennes colonies françaises, le
étasuniennes. Ainsi, les pays bénéfi- Zaïre et les TOM français. Elle est
ciaires de cette aide sont : liée à la démocratisation du déve-
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