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Comment
apprivoiser
son crocodile.
Écoutez le message caché de vos émotions
pour progresser sur la voie du bien-être.
À Pierre-André, pour sa confiance et son amour.
Sommaire.
Prologue.
Introduction,
Les signaux du crocodile,
« Et maintenant, comment faire ?...»
« S O Y E Z U N E L A N T E R N E POUR VOUS-MÊME ».
Proverbe zen.
66
nous pensons que l'événement en est la cause, quand il père paniqué dès qu 'elle partait jouer chez des amis
n'est que le révélateur d'une souffrance accumulée, qui de son âge... L'inceste, sans cesser d'être un viol,
soudain déborde. Un révélateur dangereux car il enferme s'intègre dans le cours de sa vie, dans son histoire,
un peu plus l'enfant dans une logique défensive. Un tour perd de sa violence traumatisante et insupportable.
de clef supplémentaire sur soi. Il devient portable et Sylvie peut en parler. L'arti-
Le traumatisme, c'est la goutte d'eau qui fait culation entre son père et elle redevient mobile, une
« vérifier » ce que l'on craint. Que l'événement suscite autre transmission peut se faire. Elle se fera par la
révolte ou renoncement, violence ou soumission, son parole à nouveau possible entre eux.
effet traumatisant est dû à son pouvoir de confirmer à
l'enfant sa crainte : son impossibilité à assurer ses Quand le manque d'être n'est pas conscient, assumé
besoins existentiels, dans sa logique, il ne peut plus et relié à nos besoins vitaux, la motivation devient défen-
douter de son impuissance. sive et émotionnelle. Projetée sur l'autre ou écrasante
Le traumatisme n'est pas un événement isolé survenu pour soi, elle nous enferme dans une contrainte de
dans la vie de l'enfant, indépendant de son histoire et de « devoir être ».
ses stratégies émotionnelles de survie : il serait en effet
suffisamment étranger pour susciter recul, critique, voire Le manque d'être, corollaire des besoins fondamen-
rejet. Même si l'événement est violent au regard de son taux, est une donnée bio-logique, transmise de généra-
environnement affectif. tion en génération. En écho à des comportements
Le risque tient dans le fait que l'enfant voit le monde parentaux « toxiques » parce que eux-mêmes imprégnés,
et lui-même au travers du filtre de cette usure. Parvenu à et donc transmetteurs, de ce manque, les enfants réagis-
l'âge adulte, il bâtit sa vie avec, prolongeant toujours plus sent selon un système modèle/contre-modèle, transfu-
loin sa révolte ou sa soumission comme une évidence. seur/transfusé.
Le manque d'être, corollaire des besoins fondamen-
Sylvie a aujourd'hui trente ans. Il lui a fallu quel- taux, se trouve à l'origine de la motivation. Mais bien
ques entretiens pour évoquer le noyau dur autour différentes seront nos réactions selon que nous
duquel elle a organisé sa vie, surtout ses relations l'accueillons en toute conscience ou au contraire le reje-
avec les hommes : son père avait exigé d'elle des tons ou le redoutons. Dans le premier cas, le manque
rapports incestueux. Cela avait duré entre quatorze impulse la vie, dans le second la survie dans l'émotion
et dix-huit ans, âge auquel elle avait fui la maison. défensive. Quand il est nié, quand il suscite la révolte ou
Elle ne revoyait ses parents que depuis un an. le sacrifice de soi et de nos potentiels, nous subissons
Révolte, dégoût, honte, culpabilité, déception, alors nos systèmes de défense car le besoin d'intégrité
appréhension constante d'être possédée, violée... veille ! Il ne nous laisse pas renoncer à nous-mêmes.
Sylvie a construit sa vie en réaction à l'Evénement.
Le cours des entretiens l'aide à parler de sa vie
avant : son père omniprésent dans le moindre de
ses déplacements, de ses jeux avec sa sœur, dans
ses décisions et sa vie scolaire, par ailleurs,
brillante. Son père déjà « sur » elle toute petite, son
66
pour nous identifier, pour nous réaliser, quand un événe-
ment nous fait craindre le manque... et seulement dans
ces circonstances. En effet, le système n'est stimulé que
lorsqu'il y a une sensation de danger, de menace sur le
besoin à satisfaire, dont potentiellement sur sa vie. Un
chien agressif, est un chien qui vit le plus clair de son
lemps dans la peur du manque, de la privation et donc
clans la nécessité de se défendre. L'attaque s'avérant effi-
3.
cace, il est devenu agressif, et cela parce qu'il a été
« éduqué pour », selon le désir de ses maîtres.
Je me défends, donc j'existe. Pour nous, êtres humains, l'évolution n'a pas fait
preuve de beaucoup d'inventivité en moyens de défense.
« On ne change pas un système qui marche » : elle a
conservé chez nous des mécanismes datant des reptiles !
Quels que soient les besoins en cause et les situations à
Le cerveau en sait plus que ne le révèle l'origine de la sensation de menace, ils mobilisent notre
l'esprit conscient. défense. Pour notre survie.
Antonio Damasio, Nos émotions sont des symptômes. En langage
Le sentiment même de soi. courant, les mécanismes de défense se nomment émo-
tions. Autrement dit, « ce qui nous met en mouvement
Que fait un chien quand un autre chien veut lui dérober vers »... nos besoins. Ce qui nous mobilise, que
sa nourriture ? Il se défend parce qu'il a peur. Peur qu'il nous le voulions ou non, vers eux pour notre survie.
la lui prenne, peur alors d'en manquer, peur du danger Tout un système parallèle à la conscience, qui répond
que cette privation représente pour lui. Et comment se à sa propre logique et possède son expression propre.
manifeste cette réaction de défense ? Cela dépend des
circonstances... Si l'autre chien est plus gros et agressif, Nos habitudes de langage confondent fréquemment
ce pourra être en prenant la fuite, quitte à abandonner la sentiments et émotions alors que leur ressenti est bien
pâtée. S'il y a équilibre des chances, voire avantage pour différent. Les sentiments, s'ils donnent une tonalité à
le premier, ce pourra être en grognant, en aboyant, en l'humeur, une coloration, n'empiètent pas sur notre
montrant les crocs ou même en attaquant. Si les chances potentiel intellectuel et notre créativité car ils ne contien-
sont par trop inégales, cela pourra être en faisant le gentil nent pas de sensation de menace. Nous sommes tristes,
ou le soumis, dans l'espoir que l'autre chien lui laissera gais, inquiets, en colère, sans pour autant nous « perdre
un petit quelque chose... L'objectif à chaque fois est bien de vue ». Nous demeurons actifs et ouverts. Les émo-
de défendre sa vie. tions, elles, nous mobilisent « de force » vers nos besoins
Nous défendons nos besoins pour exister face au comme si nous étions en danger. Nous sommes réactifs,
manque d'être. Comme nos cousins les mammifères, car fermés à nous-mêmes, à nos potentiels. La tristesse
nous nous défendons pour exister, pour nous sécuriser, est alors empreinte de fatigue, la gaieté d'excitation,
pour nous identifier, pour nous réaliser, quand un événe-
ment nous fait craindre le manque... et seulement dans
ces circonstances. En effet, le système n'est stimulé que
lorsqu'il y a une sensation de danger, de menace sur le
besoin à satisfaire, dont potentiellement sur sa vie. Un
chien agressif, est un chien qui vit le plus clair de son
temps dans la peur du manque, de la privation et donc
clans la nécessité de se défendre. L'attaque s'avérant effi-
3.
cace, il est devenu agressif, et cela parce qu'il a été
« éduqué pour », selon le désir de ses maîtres.
Je me défends, donc j'existe. Pour nous, êtres humains, l'évolution n'a pas fait
preuve de beaucoup d'inventivité en moyens de défense.
« On ne change pas un système qui marche » : elle a
conservé chez nous des mécanismes datant des reptiles !
Quels que soient les besoins en cause et les situations à
Le cerveau en sait plus que ne le révèle l'origine de la sensation de menace, ils mobilisent notre
l'esprit conscient. défense. Pour notre survie.
Antonio Damasio, Nos émotions sont des symptômes. En langage
Le sentiment même de soi. courant, les mécanismes de défense se nomment émo-
tions. Autrement dit, « ce qui nous met en mouvement
Que fait un chien quand un autre chien veut lui dérober vers »... nos besoins. Ce qui nous mobilise, que
sa nourriture ? Il se défend parce qu'il a peur. Peur qu'il nous le voulions ou non, vers eux pour notre survie.
la lui prenne, peur alors d'en manquer, peur du danger Tout un système parallèle à la conscience, qui répond
que cette privation représente pour lui. Et comment se à sa propre logique et possède son expression propre.
manifeste cette réaction de défense ? Cela dépend des
circonstances... Si l'autre chien est plus gros et agressif, Nos habitudes de langage confondent fréquemment
ce pourra être en prenant la fuite, quitte à abandonner la sentiments et émotions alors que leur ressenti est bien
pâtée. S'il y a équilibre des chances, voire avantage pour différent. Les sentiments, s'ils donnent une tonalité à
le premier, ce pourra être en grognant, en aboyant, en l'humeur, une coloration, n'empiètent pas sur notre
montrant les crocs ou même en attaquant. Si les chances potentiel intellectuel et notre créativité car ils ne contien-
sont par trop inégales, cela pourra être en faisant le gentil nent pas de sensation de menace. Nous sommes tristes,
ou le soumis, dans l'espoir que l'autre chien lui laissera gais, inquiets, en colère, sans pour autant nous « perdre
un petit quelque chose... L'objectif à chaque fois est bien de vue ». Nous demeurons actifs et ouverts. Les émo-
de défendre sa vie. tions, elles, nous mobilisent « de force » vers nos besoins
Nous défendons nos besoins pour exister face au comme si nous étions en danger. Nous sommes réactifs,
manque d'être. Comme nos cousins les mammifères, car fermés à nous-mêmes, à nos potentiels. La tristesse
nous nous défendons pour exister, pour nous sécuriser, est alors empreinte de fatigue, la gaieté d'excitation,
l'inquiétude de peur, et la colère d'agressivité. Les émo- Toute l'émotion est précédée d'une sensation de
tions sont une caricature de nos sentiments, les mêmes menace. Celle-ci est strictement personnelle. Les mêmes
en plus, en trop pour nous obliger à ré-agir. bruits dans une maison la nuit ne suscitent aucune gêne
Quand nous allons mal, quand nous sommes touchés, chez votre voisin, mais vous maintiennent en état d'alerte
affectés, émotionnés... alors, nous nous défendons. Nos toute la nuit, avec force scenarii d'anticipations ou de
réactions répondent à cette nécessité existentielle : sur- souvenirs qui justifient le danger et votre inquiétude. À
vivre. À ce titre, se défendre est normal puisqu'il est juste l'origine de ces réactions si différentes, les mêmes bruits.
de désirer vivre. Éprouver des émotions, toutes sortes Seule différence, mais capitale : vos interprétations,
d'émotions, des plus exaltées aux plus négatives et dou- l'idée que chacun SE fait des bruits entendus.
loureuses est donc normal. S'en culpabiliser ne fait Quelles que soient les réactions que nous avons, elles
qu'augmenter leur poids. S'en débarrasser avec trois sont immédiatement dépendantes des représentations
comprimés ne fait qu'enfouir le désir de vie. que nous nous en faisons. C'est notre lecture qui est à
Ces mécanismes de défense, les sensations, les pen- prendre en compte. C'est en nous que « ça » se passe,
sées et les comportements qui leur sont liés, sont naturels dans notre regard, notre façon d'appréhender le monde,
et nécessaires. Physiologiques autant que psychiques, ils l'autre et nous-mêmes. Les variations de témoignages à
répondent à une logique de menace. propos d'un même accident nous rappellent à cette réalité
bio-logique. Souvenons-nous aussi de la célèbre bou-
teille à moitié pleine ou à moitié vide, quand celle-ci est
Une logique de menace. à moitié remplie... Cette sensation n'est pas fondée sur
un raisonnement mais sur notre ressenti ; c'est ainsi que
La simple observation du fonctionnement de l'être nous éprouvons les bruits, l'accident, la bouteille. Ce res-
vivant nous éclaire sur sa formidable cohérence : même senti est directement lié à nos besoins fondamentaux.
ce qui peut nous apparaître irrationnel, voire pénible, Tout refus, toute autolimitation, auto-interdiction
douloureux, violent, va dans le sens de la vie. Saisir la d'expression de nous-mêmes se traduit par une réaction
cohérence de l'être, au travers de ses réactions, comme de défense. Ce « manque de soi » est, bio- logiquement,
une aspiration à exprimer et à préserver son intégrité, une menace pour soi.
c'est devenir plus conscient de soi. Et, d'abord, de la peur
générée par son manque d'être. Car il n'y a pas de sys- Un événement révélateur.
tème de défense sans peur.
Or, ce que nous vivons au quotidien ne se situe pas
dans la conscience de ce manque-là, mais plutôt dans
Une sensation éprouvée.
l'évidence d'un événement qui nous a contrariés ! Si
Il ne peut y avoir de déclenchement du système de nous sommes énervés, c'est PARCE Q U E les enfants,
défense sans la sensation de menace sur son intégrité. Et, l'épouse, le mari, le patron, les grévistes, la SNCF, le
donc, sans quelque chose à l'origine de cette sensation temps, le bruit, la pollution nous contrarient... C'est la
de danger. Voilà qui nous interroge sur la nature de cette faute de « l'autre ». A moins que cette interprétation ne
perception et sur cet événement déclencheur. se retourne contre soi. Alors, si nous sommes énervés,
l'inquiétude de peur, et la colère d'agressivité. Les émo- Toute l'émotion est précédée d'une sensation de
tions sont une caricature de nos sentiments, les mêmes menace. Celle-ci est strictement personnelle. Les mêmes
en plus, en trop pour nous obliger à ré-agir. bruits dans une maison la nuit ne suscitent aucune gêne
Quand nous allons mal, quand nous sommes touchés, chez votre voisin, mais vous maintiennent en état d'alerte
affectés, émotionnés... alors, nous nous défendons. Nos toute la nuit, avec force scenarii d'anticipations ou de
réactions répondent à cette nécessité existentielle : sur- souvenirs qui justifient le danger et votre inquiétude. À
vivre. À ce titre, se défendre est normal puisqu'il est juste l'origine de ces réactions si différentes, les mêmes bruits.
de désirer vivre. Éprouver des émotions, toutes sortes Seule différence, mais capitale : vos interprétations,
d'émotions, des plus exaltées aux plus négatives et dou- l'idée que chacun SE fait des bruits entendus.
loureuses est donc normal. S'en culpabiliser ne fait Quelles que soient les réactions que nous avons, elles
qu'augmenter leur poids. S'en débarrasser avec trois sont immédiatement dépendantes des représentations
comprimés ne fait qu'enfouir le désir de vie. que nous nous en faisons. C'est notre lecture qui est à
Ces mécanismes de défense, les sensations, les pen- prendre en compte. C'est en nous que « ça » se passe,
sées et les comportements qui leur sont liés, sont naturels dans notre regard, notre façon d'appréhender le monde,
et nécessaires. Physiologiques autant que psychiques, ils l'autre et nous-mêmes. Les variations de témoignages à
répondent à une logique de menace. propos d'un même accident nous rappellent à cette réalité
bio-logique. Souvenons-nous aussi de la célèbre bou-
teille à moitié pleine ou à moitié vide, quand celle-ci est
Une logique de menace. à moitié remplie... Cette sensation n'est pas fondée sur
un raisonnement mais sur notre ressenti ; c'est ainsi que
La simple observation du fonctionnement de l'être nous éprouvons les bruits, l'accident, la bouteille. Ce res-
vivant nous éclaire sur sa formidable cohérence : même senti est directement lié à nos besoins fondamentaux.
ce qui peut nous apparaître irrationnel, voire pénible, Tout refus, toute autolimitation, auto-interdiction
douloureux, violent, va dans le sens de la vie. Saisir la d'expression de nous-mêmes se traduit par une réaction
cohérence de l'être, au travers de ses réactions, comme de défense. Ce « manque de soi » est, bio- logiquement,
une aspiration à exprimer et à préserver son intégrité, une menace pour soi.
c'est devenir plus conscient de soi. Et, d'abord, de la peur
générée par son manque d'être. Car il n'y a pas de sys- Un événement révélateur.
tème de défense sans peur.
Or, ce que nous vivons au quotidien ne se situe pas
dans la conscience de ce manque-là, mais plutôt dans
Une sensation éprouvée.
l'évidence d'un événement qui nous a contrariés ! Si
Il ne peut y avoir de déclenchement du système de nous sommes énervés, c'est PARCE Q U E les enfants,
défense sans la sensation de menace sur son intégrité. Et, l'épouse, le mari, le patron, les grévistes, la SNCF, le
donc, sans quelque chose à l'origine de cette sensation temps, le bruit, la pollution nous contrarient... C'est la
de danger. Voilà qui nous interroge sur la nature de cette faute de « l'autre ». A moins que cette interprétation ne
perception et sur cet événement déclencheur. se retourne contre soi. Alors, si nous sommes énervés,
c'est PARCE Q U E nous sommes nuls, pas à la hauteur, ressentons quelque chose face à l'événement, neutre par
incapables, ratés. définition.
L'événement est le « bout de ficelle » sur lequel je
À l'origine de nos émotions, il y a toujours un élé- propose au patient de tirer doucement pour entendre ce
ment déclencheur. Nous le nommerons Événement. qui lui est accroché et qui est resté caché derrière ses
Il est ce qui nous arrive de l'extérieur, les mots des émotions, ses réactions. Bouts de ficelle « idiots », un
autres, leurs gestes, leur regard, les informations dossier pas rangé, une boîte de petits pois, la pluie...
entendues, vues, senties. Il est aussi ce qui nous arrive, Bouts de ficelle « affectifs », « je ne le supporte plus,
de l'intérieur, ce que nous pensons, nos évidences, elle se moque de moi » . . . Bouts de ficelle « plausibles »,
nos certitudes, notre interprétation du monde, des perte de son travail, conflit, maladie... Quelle que soit
autres, de nous-mêmes. l'intensité de l'événement, du plus banal et quotidien au
plus traumatisant et exceptionnel, le mécanisme bio-logi-
Tout événement peut être à l'origine de nos émo- que demeure le même. À ce titre, il n'y pas d'événement
tions, puisque ce n'est pas tant sa nature qui en est le neutre et chacun mérite d'être doucement exploré, tiré
déclencheur que notre nature ! « Tout » se passe dans vers notre conscience d'être avec nos besoins ET nos
la façon dont nous percevons cet événement, extérieur manques. L'événement est là pour nous dire quelque
ou intérieur. chose de nous-mêmes, nous révéler quelque chose d'ina-
Contre l'évidence qui nous fait affirmer que nous chevé, en manque... pour que nous apprenions avec cet
avons peur parce que tel événement ou tel objet nous font événement à grandir, à sortir de notre coquille défensive,
peur, il apparaît une autre évidence plus bio-logique : à prendre le risque d'exister par nous-mêmes... Comme
nous avons peur de cet événement ou de cet objet-là s'il était là « pour nous ».
parce qu'ils ont réveillé notre manque d'être. Face à ce
manque, nos émotions nous obligent à créer coûte que Tous les événements ? Même les plus terribles ? Ques-
coûte de la sécurité, de l'identité, de la réalité afin de tion dérangeante, impossible à poser dans le choc de
pallier dans l'urgence notre vide d'être. l'émotion. Question qui, pourtant, nous incite à accueillir
N'importe quel événement peut révéler le manque, ce qu'on redoute et à donner du sens à l'événement, au
la peur, donc l'émotion. L'événement est donc le révé- travers de nos réactions défensives.
lateur des manques et des besoins et non la cause ! Rappelons-nous Épictète : « Ce ne sont pas les choses
« C'est à cause de toi que je suis malheureux » n'a pas qui nous font souffrir mais l'idée que nous en avons. »
de sens dans cette compréhension bio-logique. Raccourci La biologie nous aide à retrouver le chemin de cette
dangereux, il crée une confusion car il élimine ce que vit sagesse du détachement.
la personne elle-même : il n'y a plus que son malheur et Se comprendre, c'est d'abord dissocier l'événement
l'autre ! Où est donc passé le Je vivant, celui qui reçoit révélateur de soi afin de s'approprier sa propre réactivité.
l'événement, l'éprouve, l'incorpore en lui comme un Dissocier l'objet du sujet, l'autre de soi, le Tu du Je,
révélateur de lui-même et qui, comme tel, peut entendre l'Événement de l'effet qu'il a sur nous. L'événement
et agir face à lui, libre et responsable ? L'événement est nous révèle : c'est grâce à lui, grâce à ce qui arrive
et se contente d'être. Il n'a pas d'état d'âme. C'est nous jusqu'à nous, que nous pouvons apprendre à nous
qui avons des réactions de l'âme ou de l'être, nous qui connaître, à repérer et nos besoins et nos manques grâce
aux réactions défensives que nous déployons.
c'est PARCE Q U E nous sommes nuls, pas à la hauteur, ressentons quelque chose face à l'événement, neutre par
incapables, ratés. définition.
L'événement est le « bout de ficelle » sur lequel je
À l'origine de nos émotions, il y a toujours un élé- propose au patient de tirer doucement pour entendre ce
ment déclencheur. Nous le nommerons Événement. qui lui est accroché et qui est resté caché derrière ses
Il est ce qui nous arrive de l'extérieur, les mots des émotions, ses réactions. Bouts de ficelle « idiots », un
autres, leurs gestes, leur regard, les informations dossier pas rangé, une boîte de petits pois, la pluie...
entendues, vues, senties. Il est aussi ce qui nous arrive, Bouts de ficelle « affectifs », « je ne le supporte plus,
de l'intérieur, ce que nous pensons, nos évidences, elle se moque de moi » . . . Bouts de ficelle « plausibles »,
nos certitudes, notre interprétation du monde, des perte de son travail, conflit, maladie... Quelle que soit
autres, de nous-mêmes. l'intensité de l'événement, du plus banal et quotidien au
plus traumatisant et exceptionnel, le mécanisme bio-logi-
Tout événement peut être à l'origine de nos émo- que demeure le même. À ce titre, il n'y pas d'événement
tions, puisque ce n'est pas tant sa nature qui en est le neutre et chacun mérite d'être doucement exploré, tiré
déclencheur que notre nature ! « Tout » se passe dans vers notre conscience d'être avec nos besoins ET nos
la façon dont nous percevons cet événement, extérieur manques. L'événement est là pour nous dire quelque
ou intérieur. chose de nous-mêmes, nous révéler quelque chose d'ina-
Contre l'évidence qui nous fait affirmer que nous chevé, en manque... pour que nous apprenions avec cet
avons peur parce que tel événement ou tel objet nous font événement à grandir, à sortir de notre coquille défensive,
peur, il apparaît une autre évidence plus bio-logique : à prendre le risque d'exister par nous-mêmes... Comme
nous avons peur de cet événement ou de cet objet-là s'il était là « pour nous ».
parce qu'ils ont réveillé notre manque d'être. Face à ce
manque, nos émotions nous obligent à créer coûte que Tous les événements ? Même les plus terribles ? Ques-
coûte de la sécurité, de l'identité, de la réalité afin de tion dérangeante, impossible à poser dans le choc de
pallier dans l'urgence notre vide d'être. l'émotion. Question qui, pourtant, nous incite à accueillir
N'importe quel événement peut révéler le manque, ce qu'on redoute et à donner du sens à l'événement, au
la peur, donc l'émotion. L'événement est donc le révé- travers de nos réactions défensives.
lateur des manques et des besoins et non la cause ! Rappelons-nous Épictète : « Ce ne sont pas les choses
« C'est à cause de toi que je suis malheureux » n'a pas qui nous font souffrir mais l'idée que nous en avons. »
de sens dans cette compréhension bio-logique. Raccourci La biologie nous aide à retrouver le chemin de cette
dangereux, il crée une confusion car il élimine ce que vit sagesse du détachement.
la personne elle-même : il n'y a plus que son malheur et Se comprendre, c'est d'abord dissocier l'événement
l'autre ! Où est donc passé le Je vivant, celui qui reçoit révélateur de soi afin de s'approprier sa propre réactivité.
l'événement, l'éprouve, l'incorpore en lui comme un Dissocier l'objet du sujet, l'autre de soi, le Tu du Je,
révélateur de lui-même et qui, comme tel, peut entendre l'Événement de l'effet qu'il a sur nous. L'événement
et agir face à lui, libre et responsable ? L'événement est nous révèle : c'est grâce à lui, grâce à ce qui arrive
et se contente d'être. Il n'a pas d'état d'âme. C'est nous jusqu'à nous, que nous pouvons apprendre à nous
qui avons des réactions de l'âme ou de l'être, nous qui connaître, à repérer et nos besoins et nos manques grâce
aux réactions défensives que nous déployons.
Une logique de survie.
Nous ne pouvons qu'agir sur l'intensité des manifesta-
L'émotion est un mécanisme de défense écologique. tions, pas sur leur déclenchement ni sur leur arrêt. Là est
Nos réactions de défense s'apparentent à des réflexes. la limite de notre contrôle.
Simple « bon sens » écologique d'économie d'énergie. L'automatisme, à mi-chemin entre le réflexe et le
Ce mécanisme garantit en effet la rapidité avec laquelle raisonnement, nous déconcerte. Au point que, bien
nos besoins fondamentaux sont satisfaits. Il s'agit d'un souvent, nous apparaît un grand décalage entre la rapidité
traitement d'urgence de sa sécurité, de son identité, de et l'intensité de l'émotion et l'événement révélateur.
sa réalité, rapide et efficace à court terme. Pour maintenir « Tout ça pour ça ! Qu'est-ce qui m'arrive ?» ... Nous
l'intégrité de l'être, la vie n'a que faire des états d'âme n'avons pas réfléchi, mais simplement éprouvé, et la per-
et des interrogations de la conscience. ception est si rapide que nous sommes envahis par les
Cela explique le caractère impératif des émotions qui conséquences émotionnelles avant d'avoir compris ce
surviennent en nous, malgré nous. Nous ne décidons pas qui nous arrivait : les larmes sont déjà dans les yeux, le
de nous mettre en colère, d'être agressifs, de nous nœud dans la gorge, le cou est crispé.
angoisser ou de nous déprimer : nous survivons en expri-
mant, et en subissant, notre propre agressivité, Des réactions écologiques et existentielles.
angoisse ou dépression.
Il ne s'agit pas de justifier nos réactions de défense, La bio-logique se doit de répondre à la finalité d'être.
mais de les reconnaître telles qu'elles sont : des manifes- Autant y mettre « le paquet » afin que le système soit
tations qui NOUS sont destinées, et qui agissent en nous. probant. Cette pression intérieure rend compte de ce
« plus fort que moi ». Quand nous ne pouvons pas nous
empêcher de râler, pleurer, nous agiter ou crier, c'est un
Des réactions automatiques. souci bio-logique qui se manifeste : celui de la plus
Le souci écologique de satisfaire rapidement les besoins grande efficacité possible de nos systèmes de défense à
fondamentaux est assuré par le mécanisme automatique de court terme. Efficace signifie « qui produit l'effet
la bio-logique : pas le temps de passer par le raisonnement attendu ». L'émotion DOIT donc dans l'urgence pro-
intellectuel ou mental ! Ici, c'est notre cerveau reptilien duire de la sécurité, de l'identité et de la réalité d'être
qui parle. Celui que A Koestler nommait le « crocodile ». car tels sont les effets attendus. Autres sont les actions
Logé à la base du crâne, il est, à l'échelle de l'évolution efficientes qui contiennent une notion de « bons » résul-
du cerveau, le plus ancien. Non accessible à la conscience, tats, donc une notion de justesse, absente dans l'urgence
si ce n'est par l'intermédiaire de ses conséquences, il émotionnelle. En état de défense, c'est avec soi que l'on
échappe à notre volonté : nous ne pouvons pas pleurer, est injuste : injuste par rapport à ses potentiels, à ses apti-
être agressifs ou anxieux parce que nous le voulons. Tout tudes à être plus que ce que l'on croit ou craint.
au plus pouvons-nous jouer la comédie, ou la tragédie, Cette efficacité est secondaire à un système biochimi-
en faisant venir à l'esprit une situation, une image que que de stimulation, dans lequel sont impliquées des
nous savons générer des pleurs ou de la colère. De même, structures nerveuses, hormonales et immunitaires com-
nous ne pouvons stopper une réaction émotionnelle sur plexes. Décrites par Henri Laborit dans les années
simple demande, la nôtre ou celle de notre entourage. soixante-dix à quatre-vingt, elles ont fait découvrir à
toute une génération les bases biologiques de nos
Une logique de survie.
Nous ne pouvons qu'agir sur l'intensité des manifesta-
L'émotion est un mécanisme de défense écologique. tions, pas sur leur déclenchement ni sur leur arrêt. Là est
Nos réactions de défense s'apparentent à des réflexes. la limite de notre contrôle.
Simple « bon sens » écologique d'économie d'énergie. L'automatisme, à mi-chemin entre le réflexe et le
Ce mécanisme garantit en effet la rapidité avec laquelle raisonnement, nous déconcerte. Au point que, bien
nos besoins fondamentaux sont satisfaits. Il s'agit d'un souvent, nous apparaît un grand décalage entre la rapidité
traitement d'urgence de sa sécurité, de son identité, de et l'intensité de l'émotion et l'événement révélateur.
sa réalité, rapide et efficace à court terme. Pour maintenir « Tout ça pour ça ! Qu'est-ce qui m'arrive ?» ... Nous
l'intégrité de l'être, la vie n'a que faire des états d'âme n'avons pas réfléchi, mais simplement éprouvé, et la per-
et des interrogations de la conscience. ception est si rapide que nous sommes envahis par les
Cela explique le caractère impératif des émotions qui conséquences émotionnelles avant d'avoir compris ce
surviennent en nous, malgré nous. Nous ne décidons pas qui nous arrivait : les larmes sont déjà dans les yeux, le
de nous mettre en colère, d'être agressifs, de nous nœud dans la gorge, le cou est crispé.
angoisser ou de nous déprimer : nous survivons en expri-
mant, et en subissant, notre propre agressivité, Des réactions écologiques et existentielles.
angoisse ou dépression.
Il ne s'agit pas de justifier nos réactions de défense, La bio-logique se doit de répondre à la finalité d'être.
mais de les reconnaître telles qu'elles sont : des manifes- Autant y mettre « le paquet » afin que le système soit
tations qui NOUS sont destinées, et qui agissent en nous. probant. Cette pression intérieure rend compte de ce
« plus fort que moi ». Quand nous ne pouvons pas nous
empêcher de râler, pleurer, nous agiter ou crier, c'est un
Des réactions automatiques. souci bio-logique qui se manifeste : celui de la plus
Le souci écologique de satisfaire rapidement les besoins grande efficacité possible de nos systèmes de défense à
fondamentaux est assuré par le mécanisme automatique de court terme. Efficace signifie « qui produit l'effet
la bio-logique : pas le temps de passer par le raisonnement attendu ». L'émotion DOIT donc dans l'urgence pro-
intellectuel ou mental ! Ici, c'est notre cerveau reptilien duire de la sécurité, de l'identité et de la réalité d'être
qui parle. Celui que A Koestler nommait le « crocodile ». car tels sont les effets attendus. Autres sont les actions
Logé à la base du crâne, il est, à l'échelle de l'évolution efficientes qui contiennent une notion de « bons » résul-
du cerveau, le plus ancien. Non accessible à la conscience, tats, donc une notion de justesse, absente dans l'urgence
si ce n'est par l'intermédiaire de ses conséquences, il émotionnelle. En état de défense, c'est avec soi que l'on
échappe à notre volonté : nous ne pouvons pas pleurer, est injuste : injuste par rapport à ses potentiels, à ses apti-
être agressifs ou anxieux parce que nous le voulons. Tout tudes à être plus que ce que l'on croit ou craint.
au plus pouvons-nous jouer la comédie, ou la tragédie, Cette efficacité est secondaire à un système biochimi-
en faisant venir à l'esprit une situation, une image que que de stimulation, dans lequel sont impliquées des
nous savons générer des pleurs ou de la colère. De même, structures nerveuses, hormonales et immunitaires com-
nous ne pouvons stopper une réaction émotionnelle sur plexes. Décrites par Henri Laborit dans les années
simple demande, la nôtre ou celle de notre entourage. soixante-dix à quatre-vingt, elles ont fait découvrir à
toute une génération les bases biologiques de nos
comportements sociaux et individuels. L'idée maîtresse Mme M. est au chômage depuis plus de six mois :
est qu'une stimulation nous pousse à réagir. Alors que stages de formation, candidatures spontanées, peti-
l'accès libre à l'intelligence se traduit par une motiva- tes annonces... et refus ont, dit-elle, eu raison de
tion active sans tension, ni peur, ni fatigue, l'accès blo- son énergie, elle n 'y croit plus. Découragée, et sur-
qué par la sensation de menace se traduit par une tout dévalorisée, elle revient toujours sur un même
motivation exaltée. Nos émotions sont des systèmes de événement : en conflit avec son patron durant son
stimulation de l'être quand surgit une panne de sécurité, dernier poste, elle s'est sentie rejetée et humiliée
d'identité et de réalité. Elles agissent comme l'alcool alors que son travail était « irréprochable ». Elle
jeté sur un feu. L'objectif du système est que la personne reconnaît elle-même que tous les mots de bon sens
réagisse malgré son manque, qu'elle le veuille ou non. et d'encouragement qu'elle reçoit se heurtent à ce
En termes plus brutaux, « ça passe ou ça casse ! ». Afin souvenir qui confirme à ses yeux l'injustice dont
d'assurer l'efficacité du système défensif, l'évolution ne elle a été victime. « Aucun des arguments que vous
s'est pas contentée de donner une simple coloration me donnez ne pourra guérir cette plaie définitive-
émotionnelle à nos mots et à nos faits et gestes : tout le ment ouverte ! »
cerveau est utilisé pour satisfaire les besoins... quel que
soit le prix à payer ! C'est ainsi que sont mobilisés notre De fait, sa réaction de défense était le seul moyen
capacité de réflexion, de raisonnement, d'anticipation, qu'elle avait d'apaiser son manque d'estime d'elle-même :
d'imagination, ainsi que nos souvenirs anciens et être victime d'un autre est moins douloureux que l'autoli-
récents. Le corps lui-même est de la partie : mimiques, mitation de son identité ! Ainsi, plus le manque de soi est
voix, réactions musculaires et neurovégétatives, profond, plus nous participons à créer de véritables drames
regard... Tout notre organisme est donc mobilisé dans humains : car pour « sur- vivre » biologiquement parlant,
ce passage en force. nous sommes potentiellement prêts à tout ! Comportement
On se défend comme si notre vie était en jeu ! Le de traîtrise, lâcheté, mauvaise foi, menace, chantage, abus
caractère envahissant du système de défense est ce qu'il de pouvoir, violence, tyrannie, jalousie, sacrifice de soi,
y a de plus troublant pour l'entourage (quand nous le suicide... témoignent, s'il le faut, de cette capacité à nuire,
vivons nous-mêmes, nous trouvons cela, bien sûr, beau- et à se nuire ! que nous possédons pour sauver notre
coup plus normal...), car il semble alors que l'individu peau, quitte à la perdre !
n'est plus le même, qu'il est « hors de lui ». C'est, du
reste, un terme couramment employé. Dans ces moments En termes de morale, d'éthique, ces comportements
de forte intensité émotionnelle, quel que soit l'argument sont hautement répréhensibles. En termes de justice, cer-
juste et rationnel avancé, il se heurtera au mur défensif tains sont bien sûr condamnables... néanmoins, en ter-
et sera renvoyé à son émissaire. mes de logique de survie, ils sont « nécessaires », voire
Cette réquisition du cerveau est à l'origine d'une habi- « normaux », c'est-à-dire qu'ils répondent aux normes
tude tenace qui consiste à justifier notre réaction défen- défensives dans l'urgence d'une sensation de menace.
sive. Convaincus du bien-fondé de notre émotion comme Confondre ces trois plans, c'est se priver d'une compré-
étant LE moyen de satisfaire notre besoin, nous repous- hension claire de certains comportements et surtout se
sons, dans l'urgence, toute autre proposition. priver d'un éclairage qui ne juge ni ne moralise, mais qui
favorise la guérison de l'être.
comportements sociaux et individuels. L'idée maîtresse Mme M est au chômage depuis plus de six mois :
est qu'une stimulation nous pousse à réagir. Alors que stages de formation, candidatures spontanées, peti-
l'accès libre à l'intelligence se traduit par une motiva- tes annonces... et refus ont, dit-elle, eu raison de
tion active sans tension, ni peur, ni fatigue, l'accès blo- son énergie, elle n'y croit plus. Découragée, et sur-
qué par la sensation de menace se traduit par une tout dévalorisée, elle revient toujours sur un même
motivation exaltée. Nos émotions sont des systèmes de événement : en conflit avec son patron durant son
stimulation de l'être quand surgit une panne de sécurité, dernier poste, elle s'est sentie rejetée et humiliée
d'identité et de réalité. Elles agissent comme l'alcool alors que son travail était « irréprochable ». Elle
jeté sur un feu. L'objectif du système est que la personne reconnaît elle-même que tous les mots de bon sens
réagisse malgré son manque, qu'elle le veuille ou non. et d'encouragement qu'elle reçoit se heurtent à ce
En termes plus brutaux, « ça passe ou ça casse ! ». Afin souvenir qui confirme à ses yeux l'injustice dont
d'assurer l'efficacité du système défensif, l'évolution ne elle a été victime. « Aucun des arguments que vous
s'est pas contentée de donner une simple coloration me donnez ne pourra guérir cette plaie définitive-
émotionnelle à nos mots et à nos faits et gestes : tout le ment ouverte ! »
cerveau est utilisé pour satisfaire les besoins... quel que
soit le prix à payer ! C'est ainsi que sont mobilisés notre De fait, sa réaction de défense était le seul moyen
capacité de réflexion, de raisonnement, d'anticipation, qu'elle avait d'apaiser son manque d'estime d'elle-même :
d'imagination, ainsi que nos souvenirs anciens et être victime d'un autre est moins douloureux que l'autoli-
récents. Le corps lui-même est de la partie : mimiques, mitation de son identité ! Ainsi, plus le manque de soi est
voix, réactions musculaires et neurovégétatives, profond, plus nous participons à créer de véritables drames
regard... Tout notre organisme est donc mobilisé dans humains : car pour « sur- vivre » biologiquement parlant,
ce passage en force. nous sommes potentiellement prêts à tout ! Comportement
On se défend comme si notre vie était en jeu ! Le de traîtrise, lâcheté, mauvaise foi, menace, chantage, abus
caractère envahissant du système de défense est ce qu'il de pouvoir, violence, tyrannie, jalousie, sacrifice de soi,
y a de plus troublant pour l'entourage (quand nous le suicide... témoignent, s'il le faut, de cette capacité à nuire,
vivons nous-mêmes, nous trouvons cela, bien sûr, beau- et à se nuire ! que nous possédons pour sauver notre
coup plus normal...), car il semble alors que l'individu peau, quitte à la perdre !
n'est plus le même, qu'il est « hors de lui ». C'est, du
reste, un terme couramment employé. Dans ces moments En termes de morale, d'éthique, ces comportements
de forte intensité émotionnelle, quel que soit l'argument sont hautement répréhensibles. En termes de justice, cer-
juste et rationnel avancé, il se heurtera au mur défensif tains sont bien sûr condamnables... néanmoins, en ter-
et sera renvoyé à son émissaire. mes de logique de survie, ils sont « nécessaires », voire
Cette réquisition du cerveau est à l'origine d'une habi- « normaux », c'est-à-dire qu'ils répondent aux normes
tude tenace qui consiste à justifier notre réaction défen- défensives dans l'urgence d'une sensation de menace.
sive. Convaincus du bien-fondé de notre émotion comme Confondre ces trois plans, c'est se priver d'une compré-
étant LE moyen de satisfaire notre besoin, nous repous- hension claire de certains comportements et surtout se
sons, dans l'urgence, toute autre proposition. priver d'un éclairage qui ne juge ni ne moralise, mais qui
favorise la guérison de l'être.
Enfin, empêcher une réaction de défense sans permet- nous l'éprouvons dans notre corps avant tout : peur au
tre d'accéder au besoin qu'elle exprime, c'est prendre le ventre, dans les tripes, gorge nouée, boule, jambes cou-
risque d'accentuer le manque et de susciter une réaction pées, plexus bloqué, mains qui transpirent... Cognitif
en boomerang puisque c'est prendre le contre-pied du parce que nos pensées, nos idées sont imprégnées de peur
souci d'efficacité du système. avec des scenarii catastrophes, des fantasmes de danger
Mais laissons la parole au « crocodile ». ou au contraire de sauvetage in extremis. Comportemen-
tal parce que nos gestes, nos attitudes traduisent ce vécu
émotionnel bien mieux souvent que nos mots : tremble-
Fuir, lutter, se replier. ments, voix chevrotante ou balbutiante, agitation, mou-
vements fébriles, regards inquiets, rougeur, pâleur.
Depuis la nuit des temps, ces trois moyens de défense Verbal enfin puisque nos mots expriment cette peur, la
ont fait leurs preuves pour garantir la vie en cas de tentative d'échapper au danger ou au contraire notre
menace. Trois types de défense pour trois besoins. Cha- impuissance à en réchapper.
cun à son rôle à jouer. Comme la soif défend le besoin La peur sera à l'origine de deux types de comporte-
de boire et la faim le besoin de manger, la fuite défend ments aux conséquences bien différentes. Elle peut «don-
le besoin de sécurité, la lutte, le besoin d'identité, et le ner des ailes » et susciter alors une créativité bouillonnante
repli sur soi, le besoin de réalité d'être. et un sens aigu de l'observation. Elle peut aussi « paraly-
ser » et réduire toute pensée et toute initiative personnel-
La défense par la Fuite. les, créer une dépendance totale vis-à-vis de l'entourage.
Les autres ne voient que la partie visible, le haut de
Fuir, c'est échapper au manque de sécurité. Quand l'iceberg, les comportements et les mots. Celui qui
il ne parvient pas à se sentir en sécurité, l'être fuit, cherche à fuir et à garantir sa sécurité, lui, subit les symp-
s'échappe. Il ne fuit que pour protéger sa sécurité... tômes de sa peur avec la pression impérative de son
Nous avons tous vu détaler un lapin à l'approche du dan- besoin de sécurité. Et parfois les sarcasmes de ses pro-
ger (chasseur, simple marcheur, chien ou tout autre bruit ches. Un fossé s'installe entre eux.
suspect). L'objectif de la fuite, c'est « éviter de se faire
prendre». C'est chercher à se sortir d'une situation La Fuite, défense automatique, est tout sauf une atti-
menaçante ou à risque, c'est donc aussi assurer sa liberté. tude volontaire, intelligente au sens raisonné et raison-
nable. Elle n'est pas faite non plus pour communiquer
La menace qui pèse sur la sécurité est la sensation avec les autres ou bâtir un projet de vie ! Elle est là pour
d'enfermement ou de limitation : emprisonnement, occu- éviter un danger, ou plutôt ce qui est ressenti comme un
pation, contrainte, pression, obligations, coercition, danger. Au prix d'un paradoxe : la sécurité obtenue dans
oppression, violence. Ces situations sont appréhendées l'urgence ne développe à terme ni la confiance en soi ni
comme des dangers pour la sécurité et sont traitées le goût de la liberté.
comme telles par l'organisme.
L'émotion éprouvée est alors la peur : de la nervo- La défense par la Lutte.
sité, de l'inquiétude légère à l'angoisse ou aux crises de
panique, la peur a sa traduction tant au niveau sensoriel, Lutter, c'est se révolter contre son manque d'iden-
cognitif, comportemental que verbal. Sensoriel parce que tité. Quand l'être ne parvient pas à se reconnaître et donc
Enfin, empêcher une réaction de défense sans permet- nous l'éprouvons dans notre corps avant tout : peur au
tre d'accéder au besoin qu'elle exprime, c'est prendre le ventre, dans les tripes, gorge nouée, boule, jambes cou-
risque d'accentuer le manque et de susciter une réaction pées, plexus bloqué, mains qui transpirent... Cognitif
en boomerang puisque c'est prendre le contre-pied du parce que nos pensées, nos idées sont imprégnées de peur
souci d'efficacité du système. avec des scenarii catastrophes, des fantasmes de danger
Mais laissons la parole au « crocodile ». ou au contraire de sauvetage in extremis. Comportemen-
tal parce que nos gestes, nos attitudes traduisent ce vécu
émotionnel bien mieux souvent que nos mots : tremble-
Fuir, lutter, se replier. ments, voix chevrotante ou balbutiante, agitation, mou-
vements fébriles, regards inquiets, rougeur, pâleur.
Depuis la nuit des temps, ces trois moyens de défense Verbal enfin puisque nos mots expriment cette peur, la
ont fait leurs preuves pour garantir la vie en cas de tentative d'échapper au danger ou au contraire notre
menace. Trois types de défense pour trois besoins. Cha- impuissance à en réchapper.
cun à son rôle à jouer. Comme la soif défend le besoin La peur sera à l'origine de deux types de comporte-
de boire et la faim le besoin de manger, la fuite défend ments aux conséquences bien différentes. Elle peut «don-
le besoin de sécurité, la lutte, le besoin d'identité, et le ner des ailes » et susciter alors une créativité bouillonnante
repli sur soi, le besoin de réalité d'être. et un sens aigu de l'observation. Elle peut aussi « paraly-
ser » et réduire toute pensée et toute initiative personnel-
La défense par la Fuite. les, créer une dépendance totale vis-à-vis de l'entourage.
Les autres ne voient que la partie visible, le haut de
Fuir, c'est échapper au manque de sécurité. Quand l'iceberg, les comportements et les mots. Celui qui
il ne parvient pas à se sentir en sécurité, l'être fuit, cherche à fuir et à garantir sa sécurité, lui, subit les symp-
s'échappe. Il ne fuit que pour protéger sa sécurité... tômes de sa peur avec la pression impérative de son
Nous avons tous vu détaler un lapin à l'approche du dan- besoin de sécurité. Et parfois les sarcasmes de ses pro-
ger (chasseur, simple marcheur, chien ou tout autre bruit ches. Un fossé s'installe entre eux.
suspect). L'objectif de la fuite, c'est « éviter de se faire
prendre». C'est chercher à se sortir d'une situation La Fuite, défense automatique, est tout sauf une atti-
menaçante ou à risque, c'est donc aussi assurer sa liberté. tude volontaire, intelligente au sens raisonné et raison-
nable. Elle n'est pas faite non plus pour communiquer
La menace qui pèse sur la sécurité est la sensation avec les autres ou bâtir un projet de vie ! Elle est là pour
d'enfermement ou de limitation : emprisonnement, occu- éviter un danger, ou plutôt ce qui est ressenti comme un
pation, contrainte, pression, obligations, coercition, danger. Au prix d'un paradoxe : la sécurité obtenue dans
oppression, violence. Ces situations sont appréhendées l'urgence ne développe à terme ni la confiance en soi ni
comme des dangers pour la sécurité et sont traitées le goût de la liberté.
comme telles par l'organisme.
L'émotion éprouvée est alors la peur : de la nervo- La défense par la Lutte.
sité, de l'inquiétude légère à l'angoisse ou aux crises de
panique, la peur a sa traduction tant au niveau sensoriel, Lutter, c'est se révolter contre son manque d'iden-
cognitif, comportemental que verbal. Sensoriel parce que tité. Quand l'être ne parvient pas à se reconnaître et donc
à être reconnu, il lutte et il agresse. Il lutte pour protéger
son identité quand celle-ci se trouve menacée par un évé- ou d'injustice, d'amour ou de rejet, de travail acharné.
nement, intérieur ou extérieur, qui vient révéler son Au plan comportemental encore, voix forte et convain-
besoin autolimité. Que l'identité garantisse l'apparte- cante, explosive dans la colère, regard incisif, gestes
nance ou qu'elle affirme une distinction au sein du assurés, attitudes résolues et dominatrices. Au plan ver-
groupe, sa défense génère de l'agressivité : l'attaque et bal enfin, mots pressants, agressifs, cassants, jaloux ou
la volonté de gagner, donc de dominer, deviennent le trop protecteurs, menaçants ou trop séducteurs.
moyen de manifester qui nous sommes, et de le faire La tension est à l'origine de deux types de comporte-
reconnaître. Chez les animaux, ces rituels d'affirmation, ments : elle peut développer l'esprit de décision, l'effi-
sur un territoire, un concurrent, un groupe, une cacité dans l'action, la conviction et le sens du pouvoir
femelle, sont observables et participent à la cohésion mais elle peut aussi développer la jalousie et la paranoïa.
du clan. La Lutte apparaît quand l'identité n'a pu être acquise
au travers des rituels d'identification ou de distinction
La Lutte a une fonction : se distinguer. Il y a moi propres à chaque espèce, à chaque groupe, à chaque cul-
et l'autre, les autres. Quand il y a risque de confusion ou ture. L'adolescence est le temps privilégié de cette acqui-
de fusion, autrement dit quand nous ne savons plus qui sition. Au regard de la survie, mieux vaut être agressif
nous sommes ou quand on ne nous le dit pas, alors, qu'inexistant. Pourtant, cette identité obtenue dans
l'identité n'est plus assurée. l'urgence ne développe à terme ni la reconnaissance ni
La Lutte est le moyen de gagner... en identification : le goût de la différence.
« Je gagne, donc je suis. » Réussir, obtenir, vaincre,
mériter deviennent des objectifs existentiels parce que La défense par le repli sur soi.
garants d'une identité en panne.
Dans ce besoin, le danger vient de la sensation de Quand sa réalité d'être, son existence même, est
rejet : ne pas gagner, ne pas être reconnu, équivaut à être en danger, l'être cherche à passer inaperçu. Le retrait et
rejeté du monde dans lequel chacun a une place, une la diminution de toute expression personnelle en sont les
fonction, un nom, dans lequel chacun a une représenta- moyens : c'est son dernier rempart pour protéger son
tion qui le distingue des autres. intégrité, non plus au niveau de sa sécurité physique, non
L'émotion éprouvée dans la Lutte est une tension, plus au niveau de son identité sociale, mais à celui du
une agressivité souvent interprétées comme du stress : sens même de sa présence sur Terre. Il n'y a rien d'autre
tension des muscles et des nerfs, on parle de tension à défendre que cette part essentielle de soi, intérieure
nerveuse, tension de la volonté. Tout l'être est crispé faute de pouvoir être exprimée aux yeux du monde. Le
vers l'obtention de cette identité en manque. Il lui faut mécanisme biologique du repli est connu dans le règne
la gagner, se prouver à lui-même comme aux autres qui animal : dans l'impossibilité de fuir pour trouver un abri,
il est. Cette tension éprouvée a une traduction sympto- dans l'impossibilité de se battre pour maîtriser la
matique perceptible par soi et visible par les autres. Au menace, le lapin s'immobilise sur place, tente de se fon-
plan physique d'abord, muscles contractés, cœur battant, dre dans le paysage, dans l'« espoir » de disparaître au
visage crispé et sérieux, corps porté en avant. Au plan regard du prédateur. Il n'existe plus que dans son propre
cognitif ensuite, idées de combat, de victoire, de défaite espace et ainsi échappe au danger... au prix de s'interdire
ou d'échec, de stratégie, de gain ou de perte, de justice toute autre action !
à être reconnu, il lutte et il agresse. Il lutte pour protéger
son identité quand celle-ci se trouve menacée par un évé- ou d'injustice, d'amour ou de rejet, de travail acharné.
nement, intérieur ou extérieur, qui vient révéler son Au plan comportemental encore, voix forte et convain-
besoin autolimité. Que l'identité garantisse l'apparte- cante, explosive dans la colère, regard incisif, gestes
nance ou qu'elle affirme une distinction au sein du assurés, attitudes résolues et dominatrices. Au plan ver-
groupe, sa défense génère de l'agressivité : l'attaque et bal enfin, mots pressants, agressifs, cassants, jaloux ou
la volonté de gagner, donc de dominer, deviennent le trop protecteurs, menaçants ou trop séducteurs.
moyen de manifester qui nous sommes, et de le faire La tension est à l'origine de deux types de comporte-
reconnaître. Chez les animaux, ces rituels d'affirmation, ments : elle peut développer l'esprit de décision, l'effi-
sur un territoire, un concurrent, un groupe, une cacité dans l'action, la conviction et le sens du pouvoir
femelle, sont observables et participent à la cohésion mais elle peut aussi développer la jalousie et la paranoïa.
du clan. La Lutte apparaît quand l'identité n'a pu être acquise
au travers des rituels d'identification ou de distinction
La Lutte a une fonction : se distinguer. Il y a moi propres à chaque espèce, à chaque groupe, à chaque cul-
et l'autre, les autres. Quand il y a risque de confusion ou ture. L'adolescence est le temps privilégié de cette acqui-
de fusion, autrement dit quand nous ne savons plus qui sition. Au regard de la survie, mieux vaut être agressif
nous sommes ou quand on ne nous le dit pas, alors, qu'inexistant. Pourtant, cette identité obtenue dans
l'identité n'est plus assurée. l'urgence ne développe à terme ni la reconnaissance ni
La Lutte est le moyen de gagner... en identification : le goût de la différence.
« Je gagne, donc je suis. » Réussir, obtenir, vaincre,
mériter deviennent des objectifs existentiels parce que La défense par le repli sur soi.
garants d'une identité en panne.
Dans ce besoin, le danger vient de la sensation de Quand sa réalité d'être, son existence même, est
rejet : ne pas gagner, ne pas être reconnu, équivaut à être en danger, l'être cherche à passer inaperçu. Le retrait et
rejeté du monde dans lequel chacun a une place, une la diminution de toute expression personnelle en sont les
fonction, un nom, dans lequel chacun a une représenta- moyens : c'est son dernier rempart pour protéger son
tion qui le distingue des autres. intégrité, non plus au niveau de sa sécurité physique, non
L'émotion éprouvée dans la Lutte est une tension, plus au niveau de son identité sociale, mais à celui du
une agressivité souvent interprétées comme du stress : sens même de sa présence sur Terre. Il n'y a rien d'autre
tension des muscles et des nerfs, on parle de tension à défendre que cette part essentielle de soi, intérieure
nerveuse, tension de la volonté. Tout l'être est crispé faute de pouvoir être exprimée aux yeux du monde. Le
vers l'obtention de cette identité en manque. Il lui faut mécanisme biologique du repli est connu dans le règne
la gagner, se prouver à lui-même comme aux autres qui animal : dans l'impossibilité de fuir pour trouver un abri,
il est. Cette tension éprouvée a une traduction sympto- dans l'impossibilité de se battre pour maîtriser la
matique perceptible par soi et visible par les autres. Au menace, le lapin s'immobilise sur place, tente de se fon-
plan physique d'abord, muscles contractés, cœur battant, dre dans le paysage, dans l'« espoir » de disparaître au
visage crispé et sérieux, corps porté en avant. Au plan regard du prédateur. Il n'existe plus que dans son propre
cognitif ensuite, idées de combat, de victoire, de défaite espace et ainsi échappe au danger... au prix de s'interdire
ou d'échec, de stratégie, de gain ou de perte, de justice toute autre action !
L'objectif défensif, c'est « être quand même ». Ce dans l'urgence ne développe ni le goût pour la solitude ni
mécanisme de défense biologique est celui du besoin de le désir de se projeter.
se sentir réel en dépit des pressions, menaces ou difficul-
tés. Être et continuer à être, c'est-à-dire être en devenir,
à défaut d'être actif au présent. Stratégies émotionnelles.
Se replier, c'est réduire sa réalité au nom du man-
que d'être. Dans le retrait, il n'est question ni de sécurité Toute émotion trouve ainsi sa signification dans l'une
ni d'identité: des non-sens dans ce besoin de sens. ou l'autre de ces réactions défensives. Elle nous signifie
Qu'est-ce qu'un abri, qu'est-ce qu'un titre quand on se quelque chose de nous, de nos besoins quand nous y
sent seul au milieu d'un « monde hostile » qui rend alors sommes sourds. Elle s'impose à nous, de force, pour
toute action « dangereuse » ? Car, dès que le lapin bouge, notre bien ! Puisque l'objectif bio-logique est de défen-
il sera vu et pourra être attrapé... Les enfants en repli sur dre notre intégrité au travers de nos besoins fondamen-
eux ne disent-ils pas qu'ils ont peur de se faire attraper ? taux, les émotions se font stratèges.
Se retirer, faire en sorte de passer inaperçu, s'effacer,
c'est encore agir pour défendre son besoin d'être réel et Un système de mise en alerte de soi.
de se réaliser... en modèle réduit. L'émotion éprouvée
dans le repli sur soi est une fatigue, comme une lour- Automatiques, les émotions sont des moyens de nous
deur, une tristesse douloureuse, tant physique que psy- alerter sur ce qui se passe en nous. De nous éveiller en
chique, mais indépendante de l'activité physique et du urgence à nous-mêmes et à nos besoins en manque de
sommeil : asthénie, ou plutôt psychasthénie, manque nous-mêmes. Elles nous « obligent » à penser, à parler, à
d'énergie, d'envie, vide, lassitude qui rend vulnérable, agir pour et par rapport à soi, dans un égoïsme de survie.
sensation de solitude. Tout l'être est en retrait, en quête À penser notre sécurité, à dire notre identité, à manifester
de son sens personnel, de sa cohérence. Cette émotion notre existence, et ce dans l'événement du moment.
est à l'origine de deux types de comportements : elle peut L'émotion est un cri d'alarme pour soi. À cause de
mettre de la pression sur la compréhension du monde et ce système, nous voici mis en état de vigilance obliga-
de l'Homme, la vie intérieure, la force mentale, la pro- toire, en état d'alerte vis-à-vis d'un besoin non reconnu,
jection future. Elle peut aussi vider de toute motivation, non respecté. Non satisfait par nous. Aveugles et sourds
symptôme alors de la dépression : mécanisme d'inhibi- à nous-mêmes, nous voici contraints par la bio-logique
tion de l'action, sans mouvement ni révolte, elle frôle la de la vie à nous faire face, à nous voir et à nous entendre.
mort tout en « concentrant » la vie. L'émotion domine et, avec elle, la peur, la tension ou la
Ce mode défensif, comme les deux autres, est à double fatigue, que nous ne pouvons nier. Ce n'est pourtant pas
tranchant : il peut stimuler la recherche de sens comme la l'envie qui nous manque, car l'émotion est inconfortable
bloquer, et fermer de ce fait la « dernière » porte à l'exis- et souvent douloureuse.
tence de la personne... C'est alors que le risque de tenta- Mais a-t-on déjà vu un système d'alerte confortable et
tive de suicide est réel, car il se situe dans la logique de rassurant ?
la vie ! Quand la survie ne semble plus possible, la mort Alerte sur quoi ou sur qui ? Sur nous-mêmes.
devient la seule issue. Comme la fuite et la lutte, le repli Qu'il est pourtant tentant de regarder dans l'assiette
sur soi contient un paradoxe : la réalité d'être obtenue du voisin... et d'autant plus que cela nous évite de regar-
L'objectif défensif, c'est « être quand même ». Ce dans l'urgence ne développe ni le goût pour la solitude ni
mécanisme de défense biologique est celui du besoin de le désir de se projeter.
se sentir réel en dépit des pressions, menaces ou difficul-
tés. Être et continuer à être, c'est-à-dire être en devenir,
à défaut d'être actif au présent. Stratégies émotionnelles.
Se replier, c'est réduire sa réalité au nom du man-
que d'être. Dans le retrait, il n'est question ni de sécurité Toute émotion trouve ainsi sa signification dans l'une
ni d'identité — des non-sens dans ce besoin de sens. ou l'autre de ces réactions défensives. Elle nous signifie
Qu'est-ce qu'un abri, qu'est-ce qu'un titre quand on se quelque chose de nous, de nos besoins quand nous y
sent seul au milieu d'un « monde hostile » qui rend alors sommes sourds. Elle s'impose à nous, de force, pour
toute action « dangereuse » ? Car, dès que le lapin bouge, notre bien ! Puisque l'objectif bio-logique est de défen-
il sera vu et pourra être attrapé... Les enfants en repli sur dre notre intégrité au travers de nos besoins fondamen-
eux ne disent-ils pas qu'ils ont peur de se faire attraper ? taux, les émotions se font stratèges.
Se retirer, faire en sorte de passer inaperçu, s'effacer,
c'est encore agir pour défendre son besoin d'être réel et Un système de mise en alerte de soi.
de se réaliser... en modèle réduit. L'émotion éprouvée
dans le repli sur soi est une fatigue, comme une lour- Automatiques, les émotions sont des moyens de nous
deur, une tristesse douloureuse, tant physique que psy- alerter sur ce qui se passe en nous. De nous éveiller en
chique, mais indépendante de l'activité physique et du urgence à nous-mêmes et à nos besoins en manque de
sommeil : asthénie, ou plutôt psychasthénie, manque nous-mêmes. Elles nous « obligent » à penser, à parler, à
d'énergie, d'envie, vide, lassitude qui rend vulnérable, agir pour et par rapport à soi, dans un égoïsme de survie.
sensation de solitude. Tout l'être est en retrait, en quête À penser notre sécurité, à dire notre identité, à manifester
de son sens personnel, de sa cohérence. Cette émotion notre existence, et ce dans l'événement du moment.
est à l'origine de deux types de comportements : elle peut L'émotion est un cri d'alarme pour soi. À cause de
mettre de la pression sur la compréhension du monde et ce système, nous voici mis en état de vigilance obliga-
de l'Homme, la vie intérieure, la force mentale, la pro- toire, en état d'alerte vis-à-vis d'un besoin non reconnu,
jection future. Elle peut aussi vider de toute motivation, non respecté. Non satisfait par nous. Aveugles et sourds
symptôme alors de la dépression : mécanisme d'inhibi- à nous-mêmes, nous voici contraints par la bio-logique
tion de l'action, sans mouvement ni révolte, elle frôle la de la vie à nous faire face, à nous voir et à nous entendre.
mort tout en « concentrant » la vie. L'émotion domine et, avec elle, la peur, la tension ou la
Ce mode défensif, comme les deux autres, est à double fatigue, que nous ne pouvons nier. Ce n'est pourtant pas
tranchant : il peut stimuler la recherche de sens comme la l'envie qui nous manque, car l'émotion est inconfortable
bloquer, et fermer de ce fait la « dernière » porte à l'exis- et souvent douloureuse.
tence de la personne... C'est alors que le risque de tenta- Mais a-t-on déjà vu un système d'alerte confortable et
tive de suicide est réel, car il se situe dans la logique de rassurant ?
la vie ! Quand la survie ne semble plus possible, la mort Alerte sur quoi ou sur qui ? Sur nous-mêmes.
devient la seule issue. Comme la fuite et la lutte, le repli Qu'il est pourtant tentant de regarder dans l'assiette
sur soi contient un paradoxe : la réalité d'être obtenue du voisin... et d'autant plus que cela nous évite de regar-
der dans la nôtre ! Or, nos réactions de défense nous sont Voilà ce que nous racontent les émotions, les nôtres et
destinées à nous, et non au voisin : c'est POUR nous- celles de nos proches, si familières et si dérangeantes tant
mêmes que nous devenons inquiets, ou agressifs, pour que nous n'en comprenons pas la signification première.
NOUS aider à nous sécuriser, à nous identifier et à nous
Elles sont un cri d'alarme destiné à celui qui le lance.
réaliser. Cela devrait nous inciter à être plus tolérants
avec notre entourage et à limiter la tentation qui nous Un système palliatif mais caricatural.
guette tous, celle de nous croire les victimes de bour- L'émotion pallie dans l'urgence et à court terme le
reaux imaginaires. manque d'être. Nos réactions de défense nous veulent
NON, celui qui angoisse ne nous demande pas de lui du bien ! Tout inconfortables soient-elles, nos émotions
servir de maman rassurante ! Même s'il panique ! C'est et leur cortège de symptômes ont une fonction bénéfique,
d'abord à lui-même qu'il s'adresse, pour se retrouver lui indispensable : elles signalent et pallient à la fois le man-
et motiver sa sécurité et sa liberté ! que d'être. Ce traitement palliatif d'urgence répond aux
NON, celui qui agresse et veut toujours gagner et se critères habituels : dans une unité de soins intensifs, dans
faire voir ne nous demande pas de l'idolâtrer et de nous un service de réanimation, on ne perd pas de temps à
mettre à genoux ! S'il hurle, c'est d'abord pour lui- réfléchir, on agit vite là où c'est nécessaire, vital. Le reste,
même, pour s'entendre exister et motiver son identité ! circonstances de l'accident, responsabilité, environne-
NON, celui qui s'effondre et pleure ne nous demande ment f a m i l i a l . . . , on s'en occupera plus tard, quand la
pas de le consoler et de faire les choses à sa place, même personne aura été « rattrapée » alors qu'elle glissait vers
s'il semble nous supplier ! S'il déprime, c'est d'abord la mort. Si elle a perdu son autonomie respiratoire, elle
pour se sentir vivre lui-même, et motiver son existence sera branchée sur un appareil qui l'« obligera » à respirer,
et son projet de vie. si la tension artérielle est trop basse, on procédera à une
Nos réactions de défense sont des messages que nous transfusion... L'équipe médicale fait ce qu'il faut pour
nous adressons à nous-mêmes dans l'objectif d'une réac- que la personne survive jusqu'à une intervention chirur-
gicale s'il y a lieu, ou au-delà d'un passage critique.
tion vitale : il s'agit d'une auto-information. L'idée selon
laquelle nos réactions seraient des messages destinés à
notre entourage, sorte de bouteille à la mer, est une inter- Les réactions de défense obéissent à ces mêmes objec-
tifs. Ce système émotionnel est un système d'urgence
prétation de la réalité biologique. À ce niveau de palliatif, c'est-à-dire provisoire et à court terme. Mais
« base », l'information est circulaire et destinée à son il y a des provisoires qui durent !
expéditeur !
Ecologique, ce système compensateur du manque
« Je m'agite pour me voir exister. » d'être ne peut être que du court terme car il est un gros
« Je crie pour m'entendre exister. » consommateur d'énergie. Fait pour alerter et secourir
« Je pleure pour me sentir exister. » dans l'urgence, son maintien déséquilibre à long terme
la personne : elle puise dans ses réserves et devient
« C'est dans l'urgence, c'est pas toujours malin, mais dépendante du système défensif lui-même. Cette
c'est mon message à moi... Pas grand-chose pour vous, consommation d'énergie est liée au caractère caricatural
mais c'est essentiel pour moi ! » du système. Les actions deviennent des réactions et
chaque manifestation de l'être est amplifiée. Cet excès
der dans la nôtre ! Or, nos réactions de défense nous sont Voilà ce que nous racontent les émotions, les nôtres et
destinées à nous, et non au voisin : c'est POUR nous- celles de nos proches, si familières et si dérangeantes tant
mêmes que nous devenons inquiets, ou agressifs, pour que nous n'en comprenons pas la signification première.
NOUS aider à nous sécuriser, à nous identifier et à nous
Elles sont un cri d'alarme destiné à celui qui le lance.
réaliser. Cela devrait nous inciter à être plus tolérants
avec notre entourage et à limiter la tentation qui nous Un système palliatif mais caricatural.
guette tous, celle de nous croire les victimes de bour- L'émotion pallie dans l'urgence et à court terme le
reaux imaginaires. manque d'être. Nos réactions de défense nous veulent
NON, celui qui angoisse ne nous demande pas de lui du bien ! Tout inconfortables soient-elles, nos émotions
servir de maman rassurante ! Même s'il panique ! C'est et leur cortège de symptômes ont une fonction bénéfique,
d'abord à lui-même qu'il s'adresse, pour se retrouver lui indispensable : elles signalent et pallient à la fois le man-
et motiver sa sécurité et sa liberté ! que d'être. Ce traitement palliatif d'urgence répond aux
NON, celui qui agresse et veut toujours gagner et se critères habituels : dans une unité de soins intensifs, dans
faire voir ne nous demande pas de l'idolâtrer et de nous un service de réanimation, on ne perd pas de temps à
mettre à genoux ! S'il hurle, c'est d'abord pour lui- réfléchir, on agit vite là où c'est nécessaire, vital. Le reste,
même, pour s'entendre exister et motiver son identité ! circonstances de l'accident, responsabilité, environne-
NON, celui qui s'effondre et pleure ne nous demande ment familial. . . , on s'en occupera plus tard, quand la
pas de le consoler et de faire les choses à sa place, même personne aura été « rattrapée » alors qu'elle glissait vers
s'il semble nous supplier ! S'il déprime, c'est d'abord la mort. Si elle a perdu son autonomie respiratoire, elle
pour se sentir vivre lui-même, et motiver son existence sera branchée sur un appareil qui l'« obligera » à respirer,
et son projet de vie. si la tension artérielle est trop basse, on procédera à une
Nos réactions de défense sont des messages que nous transfusion... L'équipe médicale fait ce qu'il faut pour
nous adressons à nous-mêmes dans l'objectif d'une réac- que la personne survive jusqu'à une intervention chirur-
gicale s'il y a lieu, ou au-delà d'un passage critique.
tion vitale : il s'agit d'une auto-information. L'idée selon
laquelle nos réactions seraient des messages destinés à
notre entourage, sorte de bouteille à la mer, est une inter- Les réactions de défense obéissent à ces mêmes objec-
tifs. Ce système émotionnel est un système d'urgence
prétation de la réalité biologique. À ce niveau de palliatif, c'est-à-dire provisoire et à court terme. Mais
« base », l'information est circulaire et destinée à son il y a des provisoires qui durent !
expéditeur !
Ecologique, ce système compensateur du manque
« Je m'agite pour me voir exister. » d'être ne peut être que du court terme car il est un gros
« Je crie pour m'entendre exister. » consommateur d'énergie. Fait pour alerter et secourir
« Je pleure pour me sentir exister. » dans l'urgence, son maintien déséquilibre à long terme
la personne : elle puise dans ses réserves et devient
« C'est dans l'urgence, c'est pas toujours malin, mais dépendante du système défensif lui-même. Cette
c'est mon message à moi... Pas grand-chose pour vous, consommation d'énergie est liée au caractère caricatural
mais c'est essentiel pour moi ! » du système. Les actions deviennent des réactions et
chaque manifestation de l'être est amplifiée. Cet excès
est nécessaire pour obtenir la satisfaction des besoins en fait de l'obtention dans l'urgence d'une sensation de
dans l'urgence : le moi devient égocentrique, l'autre une sécurité, d'identité et de réalité d'être. Ainsi, les straté-
obsession, et les objectifs défensifs deviennent des ques- gies positives seront valorisées quand les négatives
tions de vie ou de mort. Le lâcher-prise, quant à lui, est seront craintes et si possible éliminées. Le manque
alors un mot vide de sens ! d'être, demeurant en l'état, attendra un prochain événe-
Messages d'alerte et mesures d'urgence à court terme ment pour se révéler.
« devraient » suffire à ce que nous modifiions notre Le crocodile, c'est « plus d'être » par nécessité bio-
regard sur nous-mêmes. Mais tant que nous demeurons logique. Il dispose de trois modèles stratégiques.
sourds et aveugles à nous-mêmes, le court terme devient • « Plus de la même chose » : les manifestations défen-
du long terme... toujours fidèle à la bio-logique. sives sont accentuées. Nous évitons encore mieux, nous
crions encore plus ou faisons encore plus les gentils.
Un système fait pour être efficace. • « Changement de cap » : le dos au mur quand la
fuite est impossible, nous « basculons » en état de lutte
La mémoire, elle, enregistre l'ensemble des données et, la sécurité n'étant plus « accessible », nous voici en
et nous joue un mauvais tour en accentuant encore notre train de défendre notre identité en nous révoltant...
surdité à nos besoins : chaque fois qu'elle réactualise nos quand cela nous est possible ! De même, faute de pouvoir
souvenirs selon lesquels, par exemple, « le seul moyen exprimer notre identité, quand celle-ci est inhibée, nous
de me sortir des conflits est de fuir », elle verrouille notre « basculons » en état de repli sur nous-mêmes et défen-
attachement au système défensif. Ce lien enregistré pro- dons notre réalité, faute de mieux en faisant les gentils.
gramme notre attachement, automatique, à bien des Enfin, lorsque la réalité d'être est entravée, elle nous fait
habitudes cognitives et comportementales. C'est en toute automatiquement rechercher et défendre notre sécurité...
bonne foi que nous sommes convaincus de ne pouvoir quand c'est possible. Ces changements de tactique nous
assurer alors notre sécurité qu'« en évitant les conflits et permettent de demeurer fidèles à nos besoins, donc à
les gens agressifs ». nous-mêmes, mais dans l'urgence du court terme émo-
La finalité du système de défense est d'être efficace. tionnel, quitte à nous défendre autrement.
Autrement dit, lorsque l'objectif inhérent à la réaction • « Plus de souffrance » : quand nous sommes sourds
émotionnelle, fuir, gagner, passer inaperçu, n'est au message du manque d'être et limités dans nos stratégies
pas atteint, la stratégie défensive sera soit accentuée, soit efficaces, la douleur, psychique ou physique, intensifie les
modifiée. Ce n'est que par défaut d'efficacité de l'une symptômes... pour nous obliger à être à l'écoute de nous-
ou l'autre stratégie que l'être se « résout » à une stratégie mêmes. Nous voici en souffrance et doublement en man-
inefficace, c'est-à-dire à un « aveu » d'impuissance tem- que : et de nourritures et de moyens pour accéder à celles-
poraire à garantir l'intégrité. Cette « confession à soi- ci. Angoisse, jalousie, paranoïa, dépression signent
même » se traduit par une douleur psychique qui, bio- l'impuissance éprouvée à satisfaire nos besoins. Évidem-
logiquement, devrait nous pousser à réagir de façon effi- ment, nous n'aimons pas éprouver cette émotion signifiant
cace. Car nos besoins ont horreur du vide d'être. que l'objectif défensif n'est pas atteint et n'avons de cesse
En langage courant, nous différencions ces états émo- d'accéder à des moyens efficaces. En d'autres termes,
tionnels en nommant les stratégies efficaces « positives » nous acceptons et supportons la peur quand elle nous
et les inefficaces « négatives ». Cette différence dépend donne des ailes, mais non quand elle nous paralyse !
est nécessaire pour obtenir la satisfaction des besoins en fait de l'obtention dans l'urgence d'une sensation de
dans l'urgence : le moi devient égocentrique, l'autre une sécurité, d'identité et de réalité d'être. Ainsi, les straté-
obsession, et les objectifs défensifs deviennent des ques- gies positives seront valorisées quand les négatives
tions de vie ou de mort. Le lâcher-prise, quant à lui, est seront craintes et si possible éliminées. Le manque
alors un mot vide de sens ! d'être, demeurant en l'état, attendra un prochain événe-
Messages d'alerte et mesures d'urgence à court terme ment pour se révéler.
« devraient » suffire à ce que nous modifiions notre Le crocodile, c'est « plus d'être » par nécessité bio-
regard sur nous-mêmes. Mais tant que nous demeurons logique. Il dispose de trois modèles stratégiques.
sourds et aveugles à nous-mêmes, le court terme devient • « Plus de la même chose » : les manifestations défen-
du long terme... toujours fidèle à la bio-logique. sives sont accentuées. Nous évitons encore mieux, nous
crions encore plus ou faisons encore plus les gentils.
Un système fait pour être efficace. • « Changement de cap » : le dos au mur quand la
fuite est impossible, nous « basculons » en état de lutte
La mémoire, elle, enregistre l'ensemble des données et, la sécurité n'étant plus « accessible », nous voici en
et nous joue un mauvais tour en accentuant encore notre train de défendre notre identité en nous révoltant...
surdité à nos besoins : chaque fois qu'elle réactualise nos quand cela nous est possible ! De même, faute de pouvoir
souvenirs selon lesquels, par exemple, « le seul moyen exprimer notre identité, quand celle-ci est inhibée, nous
de me sortir des conflits est de fuir », elle verrouille notre « basculons » en état de repli sur nous-mêmes et défen-
attachement au système défensif. Ce lien enregistré pro- dons notre réalité, faute de mieux en faisant les gentils.
gramme notre attachement, automatique, à bien des Enfin, lorsque la réalité d'être est entravée, elle nous fait
habitudes cognitives et comportementales. C'est en toute automatiquement rechercher et défendre notre sécurité...
bonne foi que nous sommes convaincus de ne pouvoir quand c'est possible. Ces changements de tactique nous
assurer alors notre sécurité qu'« en évitant les conflits et permettent de demeurer fidèles à nos besoins, donc à
les gens agressifs ». nous-mêmes, mais dans l'urgence du court terme émo-
La finalité du système de défense est d'être efficace. tionnel, quitte à nous défendre autrement.
Autrement dit, lorsque l'objectif inhérent à la réaction • « Plus de souffrance » : quand nous sommes sourds
émotionnelle, fuir, gagner, passer inaperçu, n'est au message du manque d'être et limités dans nos stratégies
pas atteint, la stratégie défensive sera soit accentuée, soit efficaces, la douleur, psychique ou physique, intensifie les
modifiée. Ce n'est que par défaut d'efficacité de l'une symptômes... pour nous obliger à être à l'écoute de nous-
ou l'autre stratégie que l'être se « résout » à une stratégie mêmes. Nous voici en souffrance et doublement en man-
inefficace, c'est-à-dire à un « aveu » d'impuissance tem- que : et de nourritures et de moyens pour accéder à celles-
poraire à garantir l'intégrité. Cette « confession à soi- ci. Angoisse, jalousie, paranoïa, dépression signent
même » se traduit par une douleur psychique qui, bio- l'impuissance éprouvée à satisfaire nos besoins. Évidem-
logiquement, devrait nous pousser à réagir de façon effi- ment, nous n'aimons pas éprouver cette émotion signifiant
cace. Car nos besoins ont horreur du vide d'être. que l'objectif défensif n'est pas atteint et n'avons de cesse
En langage courant, nous différencions ces états émo- d'accéder à des moyens efficaces. En d'autres termes,
tionnels en nommant les stratégies efficaces « positives » nous acceptons et supportons la peur quand elle nous
et les inefficaces « négatives ». Cette différence dépend donne des ailes, mais non quand elle nous paralyse !
Ces trois stratégies peuvent être isolées : nous sommes
alors, longtemps ou souvent, dans un même état réaction- Dans l'espace défensif de la satisfaction à court terme
nel. Elles peuvent aussi être dépendantes les unes des de nos besoins, seul le niveau d'efficacité stratégique
autres et s'enchaîner face à un même événement révéla- donne la tonalité positive ou négative. Quelles que soient
teur : nous pouvons passer de l'agitation à l'angoisse, ces réactions, efficaces ou i n e f f i c a c e , il s'agit
poursuivre dans la colère et nous effondrer épuisés... Il encore de survie, de se défendre et non pas d'être !
s'agit toujours de traiter dans l'urgence la sensation de
menace. Ce traitement se fait en fonction de l'efficacité Un système « personnalisé ».
stratégique des émotions : en termes bio-logiques, mieux
vaut une colère (lutte efficace) qu'une angoisse (fuite À chacun son système d'alarme. La stimulation du
inefficace), mieux vaut se taire et supporter (repli sur soi système de défense et son utilisation au long cours orien-
efficace) que souffrir de jalousie (lutte inefficace). tent et forment nos intelligences et nos aptitudes dans le
Ces trois modèles concourent à un même objectif: sens des objectifs défensifs, au fur et à mesure que la bio-
combler le vide. L'habitude culturelle de valoriser des logique elle-même pousse l'enfant à inventer et à adapter
comportements efficaces « positifs » et de rejeter ceux des moyens de survie. Ce qui n'est pas sans bénéfice,
inefficaces « négatifs » prolonge simplement la tendance puisque cette pression à innover ou à créer, (« Mais où
bio-logique : se donner les moyens de survivre, ne pas va-t-il donc chercher tout ça ? » disent les parents), déve-
rester sans moyens ! loppe des aptitudes spécifiques qui seront autant de for-
Ainsi pourrait s'illustrer une échelle de la liberté mes d'intelligence. Stimulées par l'émotion, ces
d'accès à la satisfaction de nos besoins fondamentaux. aptitudes demeurent au bénéfice de l'enfant puis de
l'adulte... avec toutefois le parasitage de la pression et
« Conscience d'être » Accueil du manque d'être des émotions. C'est ainsi que la réaction de fuite stimule
Vie, et participation active et les capacités d'observation, d'anticipation et de
consciente à ses besoins. réflexion, que la lutte stimule les capacités de décision,
de distinction, de communication et que le repli sur soi
« Devoir d'être » Déni du manque d'être et stimule celles de projection, d'harmonisation et de
Survie (+) participation réactive et effi- conceptualisation. Ces aptitudes, présentes chez chacun,
cace à la satisfaction de ses se trouvent excitées et surdéveloppées, car à visées
besoins : émotions dites « existentielles, par le système de défense. L'enfant se
positives » de pression. l'orme, éduqué par ses propres émotions.
Mais ce qui était réactions ponctuelles au début de la
« Devoir d'être » Soumission au manque d'être vie de l'enfant devient traits de caractère au fur et à
Survie (-) et participation réactive et mesure que les années passent. Parvenus à l'âge adulte,
inefficace à la satisfaction de nous éprouvons un même décalage entre des émotions
ses besoins : émotions dites « épisodiques et d'autres, si habituelles qu'elles semblent
négatives » de dé-pression. faire partie de nous et nous caractériser. Elles sont deve-
nues « nous ».
Ces trois stratégies peuvent être isolées : nous sommes
alors, longtemps ou souvent, dans un même état réaction- Dans l'espace défensif de la satisfaction à court terme
nel. Elles peuvent aussi être dépendantes les unes des de nos besoins, seul le niveau d'efficacité stratégique
autres et s'enchaîner face à un même événement révéla- donne la tonalité positive ou négative. Quelles que soient
teur : nous pouvons passer de l'agitation à l'angoisse, ces réactions, efficaces ou inefficace, il s'agit
poursuivre dans la colère et nous effondrer épuisés... Il encore de survie, de se défendre et non pas d'être !
s'agit toujours de traiter dans l'urgence la sensation de
menace. Ce traitement se fait en fonction de l'efficacité Un système « personnalisé ».
stratégique des émotions : en termes bio-logiques, mieux
vaut une colère (lutte efficace) qu'une angoisse (fuite À chacun son système d'alarme. La stimulation du
inefficace), mieux vaut se taire et supporter (repli sur soi système de défense et son utilisation au long cours orien-
efficace) que souffrir de jalousie (lutte inefficace). tent et forment nos intelligences et nos aptitudes dans le
Ces trois modèles concourent à un même objectif: sens des objectifs défensifs, au fur et à mesure que la bio-
combler le vide. L'habitude culturelle de valoriser des logique elle-même pousse l'enfant à inventer et à adapter
comportements efficaces « positifs » et de rejeter ceux des moyens de survie. Ce qui n'est pas sans bénéfice,
inefficaces « négatifs » prolonge simplement la tendance puisque cette pression à innover ou à créer, (« Mais où
bio-logique : se donner les moyens de survivre, ne pas va-t-il donc chercher tout ça ? » disent les parents), déve-
rester sans moyens ! loppe des aptitudes spécifiques qui seront autant de for-
Ainsi pourrait s'illustrer une échelle de la liberté mes d'intelligence. Stimulées par l'émotion, ces
d'accès à la satisfaction de nos besoins fondamentaux. aptitudes demeurent au bénéfice de l'enfant puis de
l'adulte... avec toutefois le parasitage de la pression et
« Conscience d'être » Accueil du manque d'être des émotions. C'est ainsi que la réaction de fuite stimule
Vie, et participation active et les capacités d'observation, d'anticipation et de
consciente à ses besoins. réflexion, que la lutte stimule les capacités de décision,
de distinction, de communication et que le repli sur soi
« Devoir d'être » Déni du manque d'être et stimule celles de projection, d'harmonisation et de
Survie (+) participation réactive et effi- conceptualisation. Ces aptitudes, présentes chez chacun,
cace à la satisfaction de ses se trouvent excitées et surdéveloppées, car à visées
besoins : émotions dites « existentielles, par le système de défense. L'enfant se
positives » de pression. forme, éduqué par ses propres émotions.
Mais ce qui était réactions ponctuelles au début de la
« Devoir d'être » Soumission au manque d'être vie de l'enfant devient traits de caractère au fur et à
Survie (-) et participation réactive et mesure que les années passent. Parvenus à l'âge adulte,
inefficace à la satisfaction de nous éprouvons un même décalage entre des émotions
ses besoins : émotions dites « épisodiques et d'autres, si habituelles qu'elles semblent
négatives » de dé-pression. faire partie de nous et nous caractériser. Elles sont deve-
nues « nous ».
Si nous ne sommes pas dupes des premières, les eux aucun espace pour se questionner, aucun recul...
secondes nous abusent. Jusqu'à l'évidence du « je suis comme ça, je ne peux pas
Un coup de stress, d'angoisse ou de cafard, une colère, changer », verdict sur lequel l'entourage surenchérit,
une peur, un passage à vide ne nous effraient pas quand avec miroir grossissant pour que nous soyons encore plus
il sont vite identifiés et raisonnés. Nous éprouvons leur conscients, et coupables ? de nos « travers ».
nature « étrangère » par rapport à des habitudes compor- Nous voici bloqués entre réaction existentielle et
tementales « de base ». Ils témoignent même de notre reproche, entre une urgence vitale à réagir et la culpabi-
bonne santé émotionnelle à réagir à des événements eux- lité, entre pression et impuissance à être autrement.
mêmes bien identifiés et jugés responsables de nos réac- L'appel au raisonnement, à la relativisation, à l'espé-
tions. Il est acceptable d'éprouver de l'angoisse avant un rance est sans effet. Parfois même, il est exaspérant ou
contrôle, d'être exaspéré par un embouteillage, d'être angoissant, et ajoute encore de la culpabilité ou de
déprimé par le mauvais temps. Nous ne sommes pas l'impuissance à la réaction de défense. La possibilité
dupes de nous-mêmes et de nos réactions et conservons même de changer et de se comporter autrement reste
à leur égard du recul et notre sens critique. Ainsi, nous étrangère à celui ou à celle qui adhère à sa défense
pouvons « relativiser » en nous distanciant mentalement comme un naufragé sur sa planche de bois au milieu de
et verbalement de l'événement et de ce que nous éprou- l'océan.
vons à son égard. Chaque fois, il s'agit d'éloigner de soi
la pression intérieure révélée par l'événement. Nos réac- Les émotions sont des réactions ET normales ET
tions de défense ponctuelles sont, après tout, des réac- excessives. Quelle que soit la nature de la réaction,
tions « bien humaines » : on a beau être prince, on n'en l'absence de recul, de sens critique ou la justification sys-
est pas moins homme... ce qui suppose qu'il faut bien tématique et pressante signent l'adhésion existentielle, et
s'accepter soi et accepter les autres et donc faire des donc l'emprisonnement de la personne dans son système
concessions à ses propres émotions. de défense. En clair, n'ayant pas accès à son potentiel,
Tout autres sont nos réactions devenues au fil du ne pouvant y penser, en parler et donc ne pouvant agir
temps et des habitudes des traits de caractère. Autres non dans le sens de ses besoins, elle n'a plus, pour exister,
dans leurs modalités ou leur signification, mais dans leur que ses défenses ! Et gare à quiconque tenterait de les lui
implication : nous avons perdu notre sens critique et ne ôter. Dans cet enfermement mental, nous croyons de
savons plus changer notre regard sur l'événement consi- TOUT NOTRE ÊTRE, tant biologique que psychique, que
déré comme seul responsable de notre mal-être. Nous vivre, c'est se défendre. Cette croyance fait partie de la
adhérons à nos réactions émotionnelles tant elles ont bio-logique elle-même ! Elle est nécessaire au méca-
pour nous valeur existentielle : la fuite ou la mort, la lutte nisme ! La dimension vitale contenue dans ces réactions
ou la mort, le repli ou la mort. Raisonnablement, nous défensives sans recul relève d'une information biologi-
savons bien qu'il ne s'agit pas d'une mort physique. Ce que et non intellectuelle, une information qui a imprégné
qui meurt est la satisfaction d'un besoin. la personne. C'est ainsi que, parvenus à l'âge adulte,
Cette adhésion s'est constituée au fil de notre histoire nous avons organisé notre personnalité en y intégrant des
personnelle, au fur et à mesure que réactions palliatives plages émotionnelles. Ces « zones d'ombre », défensives
et manque d'être se sont faits les échos les uns des autres, de notre sécurité, de notre identité, de notre réalité d'être,
qu'ils se sont étayés les uns les autres, ne laissant entre participent à sa construction. Alors, nous parlons de nous,
Si nous ne sommes pas dupes des premières, les eux aucun espace pour se questionner, aucun recul...
secondes nous abusent. Jusqu'à l'évidence du « je suis comme ça, je ne peux pas
Un coup de stress, d'angoisse ou de cafard, une colère, changer », verdict sur lequel l'entourage surenchérit,
une peur, un passage à vide ne nous effraient pas quand avec miroir grossissant pour que nous soyons encore plus
il sont vite identifiés et raisonnes. Nous éprouvons leur conscients, et coupables ? de nos « travers ».
nature « étrangère » par rapport à des habitudes compor- Nous voici bloqués entre réaction existentielle et
tementales « de base ». Ils témoignent même de notre reproche, entre une urgence vitale à réagir et la culpabi-
bonne santé émotionnelle à réagir à des événements eux- lité, entre pression et impuissance à être autrement.
mêmes bien identifiés et jugés responsables de nos réac- L'appel au raisonnement, à la relativisation, à l'espé-
tions. Il est acceptable d'éprouver de l'angoisse avant un rance est sans effet. Parfois même, il est exaspérant ou
contrôle, d'être exaspéré par un embouteillage, d'être angoissant, et ajoute encore de la culpabilité ou de
déprimé par le mauvais temps. Nous ne sommes pas l'impuissance à la réaction de défense. La possibilité
dupes de nous-mêmes et de nos réactions et conservons même de changer et de se comporter autrement reste
à leur égard du recul et notre sens critique. Ainsi, nous étrangère à celui ou à celle qui adhère à sa défense
pouvons « relativiser » en nous distanciant mentalement comme un naufragé sur sa planche de bois au milieu de
et verbalement de l'événement et de ce que nous éprou- l'océan.
vons à son égard. Chaque fois, il s'agit d'éloigner de soi
la pression intérieure révélée par l'événement. Nos réac- Les émotions sont des réactions ET normales ET
tions de défense ponctuelles sont, après tout, des réac- excessives. Quelle que soit la nature de la réaction,
tions « bien humaines » : on a beau être prince, on n'en l'absence de recul, de sens critique ou la justification sys-
est pas moins homme... ce qui suppose qu'il faut bien tématique et pressante signent l'adhésion existentielle, et
s'accepter soi et accepter les autres et donc faire des donc l'emprisonnement de la personne dans son système
concessions à ses propres émotions. de défense. En clair, n'ayant pas accès à son potentiel,
Tout autres sont nos réactions devenues au fil du; ne pouvant y penser, en parler et donc ne pouvant agir
temps et des habitudes des traits de caractère. Autres non dans le sens de ses besoins, elle n'a plus, pour exister,
dans leurs modalités ou leur signification, mais dans leur que ses défenses ! Et gare à quiconque tenterait de les lui
implication : nous avons perdu notre sens critique et ne ôter. Dans cet enfermement mental, nous croyons de
savons plus changer notre regard sur l'événement consi- TOUT NOTRE ÊTRE, tant biologique que psychique, que
déré comme seul responsable de notre mal-être. Nous vivre, c'est se défendre. Cette croyance fait partie de la
adhérons à nos réactions émotionnelles tant elles ont bio-logique elle-même ! Elle est nécessaire au méca-
pour nous valeur existentielle : la fuite ou la mort, la lutte nisme ! La dimension vitale contenue dans ces réactions
ou la mort, le repli ou la mort. Raisonnablement, nous défensives sans recul relève d'une information biologi-
savons bien qu'il ne s'agit pas d'une mort physique. Ce que et non intellectuelle, une information qui a imprégné
qui meurt est la satisfaction d'un besoin. la personne. C'est ainsi que, parvenus à l'âge adulte,
Cette adhésion s'est constituée au fil de notre histoire nous avons organisé notre personnalité en y intégrant des
personnelle, au fur et à mesure que réactions palliatives plages émotionnelles. Ces « zones d'ombre », défensives
et manque d'être se sont faits les échos les uns des autres, de notre sécurité, de notre identité, de notre réalité d'être,
qu'ils se sont étayés les uns les autres, ne laissant entre participent à sa construction. Alors, nous parlons de nous,
ou des autres, comme d'une personne autoritaire,
anxieuse, colérique, râleuse, boudeuse, paresseuse, exi-
geante ou trop émotive... Nous jugeons ce « défaut » qui
est d'abord une habitude réactionnelle de survie. En fait,
une façon automatique de traiter notre besoin.
En premier lieu, il apparaît important de repérer nos
réactions : comportements de fuite, lutte et repli sur soi
sont les clefs pour nous ouvrir à notre potentiel. Sans
cette conscience de nos mécanismes défensifs, nous ris-
quons de nous maintenir dans le palliatif, dans l'urgence. Deuxième partie.
En d'autres termes, dans le stress, la souffrance et la peur
du manque.
S E C O N N A Î T R E P O U R S E LIBÉRER.
ou des autres, comme d'une personne autoritaire,
anxieuse, colérique, râleuse, boudeuse, paresseuse, exi-
geante ou trop émotive... Nous jugeons ce « défaut » qui
est d'abord une habitude réactionnelle de survie. En fait,
une façon automatique de traiter notre besoin.
En premier lieu, il apparaît important de repérer nos
réactions : comportements de fuite, lutte et repli sur soi
sont les clefs pour nous ouvrir à notre potentiel. Sans
cette conscience de nos mécanismes défensifs, nous ris-
quons de nous maintenir dans le palliatif, dans l'urgence. Deuxième partie.
En d'autres termes, dans le stress, la souffrance et la peur
du manque.
S E C O N N A Î T R E P O U R S E LIBÉRER.
« Connais-toi toi-même et tu connaîtras l'Univers et
les dieux. » Si, depuis Socrate, la phrase garde son actua-
lité, c'est grâce à sa résonance : se connaître pour aller
bien, être heureux, pour développer sa personnalité, réus-
sir sa vie. Pour cesser aussi d'être dupe de soi-même et
des autres, piégé par ses propres craintes et en consé-
quence par l'abus de pouvoir des autres, prisonnier de
ses propres évidences et de situations impossibles à vivre
sans survivre.
Se connaître, mais aussi reconnaître cet autre en face
de soi qui ne cesse de nous interpeller : conjoint, enfant,
ami, collègue de bureau, rencontre de café, sans domicile
fixe, parents... tous ces autres que nous aimons, ou qui,
de fait, partagent notre quotidien, que nous croyons
connaître, mais qui nous déroutent si souvent, nous
dérangent, et nous font mal.
Se connaître ou se co-naître, c'est naître à soi.
« Être conscient, c'est cesser d'être inconscient et de se
conduire comme un inconscient. » Tel est l'objectif des
pages qui vont suivre : tendre à chacun un miroir grâce
auquel, cessant de nous juger en bien ou mal, en victimes
ou en bourreaux, en normaux ou en anormaux, nous
pourrons prendre en considération nos comportements,
nos croyances, nos peurs et nos manques. Le miroir est
une façon de rentrer en contact avec soi et de ne plus se
fuir.
Nous avons tous la sensation, voire la certitude de
nous connaître, évidence qui résiste mal aux fractures de
vie et aux conflits affectifs... ou à un premier entretien
« psy ». Là apparaissent les zones d'ombre et de doute.
« Qu'est-ce qui m'arrive ? » Les réponses toutes faites,
automatiques, ne suffisent plus. Nous ne nous reconnais-
sons plus. Mais nous connaissions-nous vraiment ?
Psychanalyse et psychothérapies, bien souvent, assor-
tissent la « connaissance de soi » d'un travail long, ardu,
cher et douloureux. Ce qui encourage certains à éviter ce
« risque ». La compréhension des mécanismes de
défense peut la faciliter grandement, dédramatiser les
réactions en leur donnant du sens. Nos comportements
de « survie », pour peu que nous les accueillions, que
nous en fassions nos alliés et nos guides, nous éclairent
sur nos intentions, nos besoins et nos peurs. Plus
conscients de nos fragilités, nous pourrons mieux explo-
rer les possibilités de notre intelligence.
Nous engageons le lecteur, durant cette deuxième par-
tie, plus impliquante que la première, et moins que la
troisième, à devenir complice plus qu'observateur.
Complice de lui-même afin d'oser se reconnaître dans le
miroir, grossissant mais non déformant, que lui tendent
les chapitres à venir. Car les portraits qui suivent sont les
nôtres quand nous nous défendons. Tout simplement.
4.
« Courage, fuyons ! »
quand nous sommes en état de fuite.
La peur.
Manifestations physiques.
Agitation... Quand la fuite est possible, organisable
et efficace, les symptômes peuvent être discrets mais per-
ceptibles : nervosité, agitation, sensation de fébrilité, res-
piration plus courte et thoracique plutôt qu'abdominale,
tremblement, transpiration, des mains surtout, rougisse-
ment, précipitation, impatience dans les jambes, les
doigts qui pianotent, bouffées de chaleur, le doigt qui a
tendance à élargir le col de la chemise ou du tee-shirt,
instabilité, besoin de bouger fréquent, ongles rongés,
tics...
Quand la fuite est empêchée, les réactions s'intensi-
fient et sont plus symptomatiques de la peur : les mêmes
manifestations s'accompagnent de sensation de mal au
ventre, ou de nœud dans la gorge, impression de jambes
coupées, crampes, spasmes, difficultés à respirer, voire
asthme, tendance à l'alternance de diarrhée et de consti-
pation, douleurs digestives (gastrite, ulcère, hernie),
migraines à type d'étau (traduit par « ça me prend la
tête »), troubles du sommeil, avec notamment des réveils
nocturnes par des rêves (de fuite) ou au moindre bruit,
endormissement bref mais agité de soubresauts, parfois
somnambulisme, sensation de tête près d'éclater... Des
pathologies urinaires peuvent survenir. Les reins sont,
selon l'acupuncture, le centre de la peur.
Une personne en état de fuite choisit de s'asseoir plu-
tôt près de la fenêtre ou de la porte, par besoin d'air et...
au cas où !
Manifestations émotionnelles.
« Je me sens fébrile... » Sensations de pression inté-
rieure, d'avoir l'esprit préoccupé, sans répit, d'être
obsédé par ce dont on doit se libérer... ce qui est un beau
paradoxe. Sensations de vulnérabilité, d'insécurité, de
timidité, jusqu'à la crise de panique ou de phobie lorsque
nous demeurons dans l'impuissance. Difficulté à se
concentrer, à organiser ses idées, sensation de confusion,
trop d'idées dans tous les sens. La sensation de peur
entraîne des scenarii d'anticipation inquiétants, voire
dramatiques, ou idéalement rassurants. Ils donnent
l'impression de vivre au futur plus qu'au présent. Mais
ce futur prévu n'est que la prolongation d'un passé qui
justifie les peurs. Difficulté à poursuivre un objectif dans
la durée (vécue comme une contrainte), à obéir à un
ordre, à une autorité, à se limiter à une consigne donnée.
Indécision: choisir, c'est se limiter —, désordre,
oublis, difficulté à se poser, à demeurer en place. Diffi-
culté à s'engager, à se restreindre, d'autant plus quand
l'entourage se fait pressant. Culpabilité envers soi-même
quand la désorganisation ou l'erreur compromettent la
sécurité. Culpabilisation de l'autre à qui l'on demande
de nous rassurer. Claustrophobie, phobie de tout ce qui
serre. Peur d'avoir peur, c'est-à-dire peur de vivre l'état
de douleur physique et psychique liée à l'état de peur,
car elle témoigne alors de notre impuissance.
En état de fuite empêchée, les symptômes émotionnels
peuvent être très violents et envahir le champ de la
conscience, entraînant des vertiges, voire des synco-
pes..., seul moyen pour l'organisme d'atténuer, pour un
moment, l'intensité de la pression intérieure.
Manifestations cognitives.
Ce sont les commentaires intérieurs que nous nous fai-
sons pour nous-mêmes, nos évidences. Ce que nous ne
mettons plus en question.
« Je mets la pression pour m'en sortir ! » Pensées
de la libération : « La liberté n'a pas de prix, il faut que
je bouge, vive les vacances, besoin d'espace, d'air, lais-
sez-moi faire, laissez-moi respirer, voyager, tout oublier
pour une fois ! Partir sans laisser d'adresse... Mener plu-
sieurs projets en même temps, pas de place pour l'ennui,
si je pouvais m'arrêter de penser... »
Pensées de la sécurité : « Rien ne vaut d'être à l'abri
chez soi, on ne sait jamais ce qui peut arriver, mieux vaut
ne pas tenter le diable, avant, c'était mieux... »
Pensées d'insécurité : « Qu'est-ce qu'on me veut ?
Qu'est-ce qui va encore m'arriver ? Je n'aime pas être
pris aux dépourvu, je n'aime pas choisir, je ne supporte
pas la pression, je n'ai pas le temps, trop long, trop à
faire, est-ce que je vais m'en sortir ? »
Tous nos commentaires sont fondés sur la réalité, sur
l'expérience du moment, et sont donc à nos yeux «justi-
fiés » par les circonstances. Notre peur qu'il arrive quel-
que chose d'inquiétant ou d'être agressés sera fondée sur
ce qu'on lit dans les journaux ou ce que l'on voit à la télé-
vision aujourd'hui, sur ce qu'une voisine a raconté sur cet
homme bizarre qui a voulu nous accoster un soir, auquel
on a échappé en courant et en rentrant dans une boutique,
ou ces pas dans le jardin qu'on a entendus une nuit...
Fuite et nourriture.
Fuite et travail.
Fuite et entourage.
La tension et l'agressivité.
Manifestations physiques.
Force... Quand les réactions de lutte sont efficaces et
« positives », les troubles physiques peuvent être atté-
nués mais ils sont présents sous forme de tensions. Les
contractures musculaires entraînent une raideur de la
colonne vertébrale, voire des microdéplacements des
vertèbres. Au niveau cervical, le syndrome d'Atlas
témoigne de la façon dont nous supportons le monde
entier sur nos épaules. Au niveau lombaire, ce sont lum-
bago et sciatique qui nous signalent que nous ne sommes
pas dans notre axe identitaire. Ces contractures nous rap-
pellent à nos rigidités comportementales. Quand la ten-
sion concerne le tube digestif, ce sont hyperacidité
gastrique, hernie hiatale et spasmes. Quand la tension est
vasculaire, on la nomme justement hypertension. Le
sommeil est brutal, profond et court. Le réveil est plutôt
matinal. Toute la physiologie de l'organisme est évoca-
trice d'une attaque imminente à laquelle il faudra réagir
pour sortir vainqueur : prêt à bondir, notre corps est
tendu en avant, notre respiration courte et haute, les
épaules relevées et crispées.
Quand les réactions sont inefficaces et « négatives », les
troubles s'accentuent : blocages vertébraux, congestion
vasculaire, palpitations cardiaques, angine de poitrine. Les
insomnies deviennent fréquentes pendant lesquelles la
personne s'emballe à inventer de nouvelles stratégies
défensives ou plutôt offensives car la meilleure défense
reste bien sûr l'attaque ! Une tendance hypochondriaque,
c'est-à-dire à se croire toujours malade, témoigne de notre
intolérance au moindre obstacle à notre force corporelle:
— « il faut que je sois en forme ! ».
La pathologie cardiaque guette plus particulièrement
cet état défensif. Les acupuncteurs le savent qui placent
la colère au niveau de l'énergie du cœur.
Manifestations émotionnelles.
« Ça m'énerve ! » Souvent confondue avec le
« stress », la lutte se manifeste par des jugements mani-
chéens. C'est bien ou mal, aimé ou rejeté, gagné ou
perdu, réussi ou raté, possédé ou dépossédé... Ça passe
ou ça casse... L'état de lutte est sans nuance.
La plupart des pensées, des commentaires intérieurs
sont des critiques ou des exigences : l'utilisation du « je/
tu dois », du « il faut » est récurrent. Jusqu'à cette jeune
femme qui avait encore accentué son sens du devoir par
un « il faut que je doive... ». Les jugements n'épargnent
personne, surtout pas soi. Cette habitude d'exiger beau-
coup de soi justifie à nos yeux le droit d'exiger beaucoup
des autres. La sur-responsabilisation est monnaie cou-
rante.
Ces commentaires s'expriment avec impatience, irri-
tabilité, agacement ou violence, toujours dans une sen-
sation de tension intérieure. L'idée de ne pas réussir et
de ne pas maîtriser s'avère insupportable. Au sens litté-
ral, on ne peut la « porter », car elle est trop lourde pour
nous.
Manifestations cognitives.
Juger pour s'affirmer contre ce qui menace. Que
les émotions parlent de maîtrise ou de peur d'échouer,
d'amour ou de reconnaissance sociale, elles le font en
force : argumentation, pression, ultimatum, menace...
Par ailleurs, nos commentaires intérieurs se situent en
référence aux autres : comparaisons, jugements, preu-
ves à fournir et évaluations étaient les propos. Tout y
est affaire de valeur, de réussite, — ou d'échec. Le
« moi, je ! » témoigne d'un orgueil rendu existentiel
par le manque d'identité. Le « moi » est devenu égo-
ïste. La personne ne peut s'empêcher de se comparer
à l'autre, en mieux ou en moins bien, mais toujours
dans un rapport de compétition dont elle attend une
identité reconnue.
La lutte et le recours automatique aux commentaires
en forme de jugements-sentences s'autojustifient à partir
d'événements passés ou de l'actualité et donnent du
poids à notre défense. Des personnes se font-elles agres-
ser dans la rue que nous justifions la nécessité de l'auto-
défense et du port d'arme pour « régler leur compte à
tous ces dingues ». Notre meilleure amie est-elle quittée
par son mari que nous justifions la nécessité de « tenir la
dragée haute au nôtre », ou au contraire l'évidence que
« les hommes sont vraiment des lâches et des salauds ! ».
Cette tendance à justifier la réaction défensive est l'écran
qui gêne la perception de notre état de lutte. D'où
l'importance des « petits » signes qui sont autant d'indi-
cateurs.
Lutte et pouvoir.
Manifestations physiques.
Fatigue, manque d'en-vie et ralentissement général de
l'organisme sont les principales manifestations physi-
ques de l'état de repli. Des troubles plus profonds et
chroniques surviennent dans le profil inefficace.
En retrait. La fatigue survient dès le réveil avec un
manque d'entrain et de désirs. La sensation de vide
s'impose brusquement à l'esprit comme au corps, alors
qu'il n'y a eu effort ni physique ni mental, avec un besoin
de dormir ou de se retirer de la situation présente, d'une
discussion, d'un projet. Une envie de ne pas être là. La
fatigue est paradoxale puisqu'elle tend à s'évanouir en
fin de journée ou à l'annonce d'un événement qui
détourne du manque d'être. Elle peut aller jusqu'à des
chutes de tension avec perte de connaissance par malaise
vagal. L'organisme tourne « au ralenti » avec tendance
aux pathologies tramantes et chroniques, aux kystes, aux
tumeurs. La résistance immunitaire est faible et favorise
toutes sortes de troubles torpides. Les troubles digestifs
sont liés à ce ralentissement avec tendance à la constipa-
tion et aux colites spasmodiques. En état de repli, le foie
est « sensible » : centre des énergies en acupuncture, le
moindre excès émotionnel ou alimentaire aggrave son
dysfonctionnement, entraîne nausées, douleurs et inap-
pétence. C'est la foi en la vie qui manque.
Le sommeil est perturbé, difficile à trouver le soir et
prolongé le matin. Mais, malgré des nuits longues, le
sommeil n'est pas réparateur, souvent léger et peuplé de
rêves ou de cauchemars.
La fatigue incite à prendre des excitants, ou plutôt des
stimulants comme le chocolat, le sucre ou le café afin de
se sentir plus en forme. A moins que ce ne soit le recours
aux médicaments de type antidépresseurs. Car tout sem-
ble effort à fournir, parfois même pour marcher. « Cer-
tains jours, je dois faire un effort pour respirer, me disait
une jeune femme, tant ma peau me pèse. »
Manifestations émotionnelles.
« Ça me fatigue ! » La peur de gêner ou de mal
faire nourrit cette fatigue physique et mentale. La sen-
sation d'être en dette et de devoir toujours s'excuser
et remercier se joint à l'inquiétude de recevoir un
compliment ou un cadeau ou à la paralysie d'avoir à
demander quoi que ce soit. Le malaise d'être en trop
n'est atténué que par la possibilité de se débrouiller
tout seul ou d'avoir fait parfaitement ce qui était à
faire. À défaut, se rendre utile peut justifier son exis-
tence. Ainsi nos actions acquièrent du sens et nous jus-
tifient à nos yeux et à ceux de l'entourage. En état de
repli, cette fatigue est paralysante sans générer
d'angoisse : elle fige sur place, empêche de bouger,
de parler, de penser. Au mieux, c'est l'esprit d'esca-
lier, celui qui fait trouver la repartie après avoir quitté
la soirée et l'interlocuteur. Au pis, ce sont le blocage,
le mutisme, l'absence totale de réaction face à l'autre
ou à l'événement... ou les pleurs, la personne étant
comme sidérée. Nous voici en décalage, pas vraiment
présents à ce que nous vivons. Les larmes surviennent
et s'imposent parfois en dehors de tout événement
triste et semblent plutôt une alternative à la fatigue :
elles témoignent de la même émotion et de la même
peur à se manifester. Mais, plus visibles, elles inquiè-
tent et culpabilisent encore plus que la fatigue ! La
peur d'être fatigué, la peur de pleurer renforcent bien
sûr l'émotion de repli, et contribuent à renfermer la
personne dans son état.
Manifestations cognitives.
Le but de cette réaction de défense est de nous mettre
en veilleuse, de passer inaperçus... Nos « commentaires
intérieurs » parlent pour nous de cet objectif et de la
crainte de ne pas y arriver. La sensation qui domine est
celle de la complexité : la vie, l'action, la décision.., tout
paraît si compliqué ! Tant et si bien que le désir de
comprendre, avant de faire, devient une nécessité exis-
tentielle. Si nous ne comprenons pas, nous ne passons
pas à l'acte, ignorant que la compréhension peut naître
de l'action elle-même. Dans le doute, seule la compré-
hension paraît valide face à la difficulté, à la dureté
même de vivre. Comprendre, c'est pouvoir expliquer ce
que l'on fait là et se donner le droit d'exister.
Ces commentaires intérieurs, empreints de doute ou
de perfectionnisme, témoignent du besoin de donner du
sens à nos actions, donc à nous-mêmes, autant que de la
difficulté à le faire.
Sénèque .
Sincère et malhonnête.
Innocent et coupable.
Le « tout gentil » :
Julien est considéré comme un gentil garçon. À
vingt-cinq ans, cette gentillesse lui est naturelle : il
comprend les difficultés de ses amis, de ses collè-
gues, de sa compagne et fait tout ce qui lui est pos-
sible pour les soulager et leur faire plaisir.
Disponible quand sa mère, seule, lui fait entendre
qu'elle ne l'a pas vu depuis (trop) longtemps. Dis-
cret quand son amie lui annonce son propre emploi
du temps au dernier moment. Présent quand son
père, souvent trop occupé pour le voir, doit subir
des examens médicaux. Acceptant heures supplé-
mentaires sur heures supplémentaires dans son tra-
vail, en attente peut-être un jour d'une
augmentation... Julien accumule les petits troubles
psychosomatiques avec surtout des problèmes de
peau. Quand il arrive en entretien, il ne comprend
pas qu'avec tout ce qu'il fait ses parents, son amie
ne le considèrent pas et continuent à faire comme
s'il ne comptait pas... S'ensuit une longue série
d'anecdotes pour justifier leur aveuglement à eux,
mais surtout pour faire entendre son doute et sa cul-
pabilité : qu'est-ce qu'il devrait faire de plus pour
que les autres le comprennent ? Dans sa logique du
« tout gentil », Julien n'imagine pas d'autre solu-
tion que de nourrir encore plus son entourage de
sa gentillesse pour obtenir en retour une considé-
ration. .. qu'il ne se donne pas à lui-même. Il n'ima-
gine pas manquer à leurs attentes, coupable à
l'avance d'une telle éventualité. L'inefficacité de la
stratégie automatique ne l'amène pas à poser le
problème autrement que comme « plus de la même
chose », et il s'étouffe dans cet « absolument gen-
til » censé ne pas gêner l'autre.
Le « tout pouvoir » :
S E LIBÉRER P O U R V I V R E.
Comment utiliser en pratique la bio-logique, cette
grille de lecture de nos r é a c t i o n s de défense ? Autre-
ment dit, comment faire bon usage des messages
contenus dans nos é m o t i o n s ? Comment apprendre à
faire confiance, à estimer, et à agir, en accord avec
n o u s - m ê m e s , face à l'autre ?
Il ne s'agit pas de se libérer de ses émotions et de
ses peurs, mais de libérer ses potentiels. C'est en dyna-
misant ceux-ci que les réactions de défense « fondent »
car nous n'avons plus besoin d'elles pour vivre. Car, à
passer et à repasser trop souvent sur ses autoroutes é m o -
tionnelles sans écouter leurs messages, il arrive que nous
automatisions encore plus le s y s t è m e et aggravions notre
cas ! En effet, é v o q u e r son angoisse... pour s'en libé-
rer... c'est encore é v o q u e r son angoisse plutôt que la
possibilité de penser autrement son besoin de sécurité.
Il ne s'agit pas non plus de devoir changer ! Le désir
de changement est le plus souvent un fantasme qui vou-
drait annuler ce qui est soi pour un autre soi. Il exprime
alors le rejet de sa propre personne. Il s'agit d ' ê t r e autre-
ment face à ce qui nous arrive. Autrement qu'en défense,
c ' e s t - à - d i r e ouvert, conscient de son manque, de son
besoin et de son potentiel. C'est l ' e n t r a î n e m e n t à r é p o n -
dre autrement qui apportera un changement dont nous et
l'entourage seront parfois les premiers é t o n n é s . En don-
nant quotidiennement une nourriture à son être au travers
de ses besoins.
A u s s i cette troisième partie r é p o n d - e l l e à un double
objectif :
— indiquer la voie pour se retrouver soi quand l ' é m o -
tion nous indique que nous nous sommes perdus de vue :
traitement d'urgence, au c œ u r m ê m e de notre volcan
intérieur.
— apprendre à ajuster nos besoins à nos potentiels
d ' ê t r e en accueillant nos manques comme un moteur,
non comme un danger à fuir ou contre lequel lutter.
L ' é m o t i o n sert de guide. E l l e est la voix du besoin.
Autrement, dans les mêmes objectifs de nos
besoins. Faisons l ' h y p o t h è s e que ce désir d'intelligence
agit telle une source d'eau. Sa tendance, — naturelle, —
est de suivre la pente et de s'adapter au mieux aux é v é -
nements de la végétation et du terrain qu'elle rencontre.
Un jour, elle rejoindra le grand océan. Ses obstacles sont
en fait la peur de ne pas y parvenir et la pression qu'elle
se donne pour être totalement certaine d ' y parvenir.
C e u x - l à la d é t o u r n e n t de sa voie. Sa tendance, — tout
aussi naturelle ! — est d'errer, de chercher coûte que
coûte une voie qui la rassure. E l l e y met beaucoup
d'efforts. On pourrait croire que, devenue consciente de
la nature de ces obstacles, elle retrouve simplement sa
v o i e . . . C'est compter sans le déficit d'apprentissage:
n'ayant pas appris, il l u i semble ne pas savoir comment
faire, comment être. Plus h a b i t u é e aux voies de l'errance
que de l'intelligence adaptative. C e l l e - c i , avec des mots
comme possible, capable, envie, plaisir, intuition, soi, lui
paraît étrangère et bizarre.
Le fil d'Ariane.
Confucius.
L'événement révélateur
est une occasion de s'impliquer
Qu'il s'agisse de haricots verts à éplucher, d'une place
pour garer sa voiture, d ' u n embouteillage, d ' u n d é m é n a -
gement, d'une mauvaise note d'un enfant, de l'agressi-
vité d'un tiers, d'un planning trop rempli, d'une
intervention chirurgicale à subir... tout é v é n e - m e n t peut
être révélateur d'une é m o t i o n et, à ce titre, il n'en existe
pas de plus ou moins importants. Le propos selon lequel
nous ne devrions pas être é m u s pour « ça », — compre-
nons un é v é n e m e n t mineur aux yeux de l'autre, — est
biologiquement agressif. Si « ça » d é c o u v r e en nous un
manque d ' ê t r e , « ça » sera à l'origine d'une réaction
défensive. Et donc « ça » sera important pour nous. É v a -
cuer l ' é m o t i o n au nom de la banalité de l ' é v é n e m e n t ne
peut... qu'aggraver l ' é m o t i o n en y ajoutant de la d é v a -
lorisation (« quel idiot je suis ! »).
Chaque événement révélateur d'émotion est une
opportunité d'être autrement. Les événements n'ont
pas d ' é t a t d ' â m e . Les états d ' â m e nous appartiennent,
expriment notre façon de vivre ces é v é n e m e n t s . Ils sont
des révélateurs. Or, dans notre confusion, nous m ê l o n s
nos émotions et les é v é n e m e n t s qui les révèlent, justifiant
les p r e m i è r e s par les seconds. Ce faisant, nous
« oublions » que nous ne pouvons percevoir le monde
qu'à travers N O T R E système nerveux.
— Les circonstances, les faits, les gestes sont ceux que
N O U S avons vus se dérouler.
— Les mots sont ceux que N O U S avons E N T E N D U S .
— Les contacts sont ceux que N O U S ayons SENTIS.
L ' é v é n e m e n t est tel qu'il est parce que nous le perce-
vons tel, nous le traduisons en fonction de notre filtre
é m o t i o n n e l é v e n t u e l . Se disputer à son propos, c'est se
disputer à propos de notre interprétation. Il nous est
impossible de faire abstraction de nos cinq sens pour
a p p r é h e n d e r l ' é v é n e m e n t . Notre perception ne peut être
véritablement objective. Prenons-la telle que nous la
recevons, autrement dit, A V E C l'interprétation que nous
en faisons, aussi e r r o n é e soit-elle aux yeux d'autres
témoins de l a scène. N e pouvant concevoir sans nos fil-
tres personnels, inutile de vouloir faire sans et se préten-
dre objectifs. C'est notre interprétation q u ' i l convient
d'interroger, non l ' é v é n e m e n t qui, lui, se contente d ' ê t r e .
La question porte aussi sur l'intention que nous don-
nons à l ' é v é n e m e n t . C e l l e - c i sera utile pour comprendre
notre propre projection défensive : l'intention s u p p o s é e
est, de fait, notre propre peur, l'expression de ce dont
nous manquons. E l l e n'est pas l ' é v é n e m e n t .
« E l l e m'interdit de sortir le soir pour m ' e m p ê c h e r de
voir mes copains », dit l'adolescent. Nous distinguons le
fait: — l'« interdiction », — de l'intention s u p p o s é e: —
« m ' e m p ê c h e r de voir mes copains ». Seule cette der-
nière révèle l ' é m o t i o n et le manque é p r o u v é s face à
l'interdiction. Il importe moins de p r é c i s e r la nature de
l'interdit que d ' ê t r e à l ' é c o u t e de la frustration ressentie.
Centrer son attention sur l'effet que nous fait l ' é v é n e -
ment : tel est l'enjeu de notre libération.
Questionner et distinguer enfin ce qui est « de soi » de
ce qui n'est « pas de soi ». Les réactions é m o t i o n n e l l e s
de nos interlocuteurs concernent... nos interlocuteurs :
ce sont les messages qu'ils SE donnent pour exprimer
leurs peurs, leurs manques. Pour nous, les mots et les
comportements de l'autre sont des... é v é n e m e n t s . Ils ne
nous sont pas directement d e s t i n é s . M ê m e si nous en
vivons les c o n s é q u e n c e s . . . Distinguer les comporte-
ments ou les paroles de l'autre, é v é n e m e n t révélateur ,
de l'effet qu'ils ont sur nous, c'est s'approprier ce qui
est de soi et se libérer de ce qui ne l'est pas. Accuser ou
justifier nos réactions par « l'autre qui » revient à ne pas
écouter, et à ne pas prendre en c o n s i d é r a t i o n nos propres
réactions. À nous oublier et à nous perdre de vue.
Chaque é v é n e m e n t , aussi mineur ou aussi boulever-
sant soit-il, est une occasion de se connaître, de se libérer,
d è s lors q u ' i l révèle en nous une é m o t i o n . Il peut être
l'occasion de vivre une e x p é r i e n c e . Il s'agit alors de pro-
fiter de l u i plutôt que d'y réagir et de s'y sentir impuis-
sant. L ' é p l u c h a g e de haricots verts qui nous ennuyait,
qui nous énervait, qui nous renvoyait de nous une image
de v i c t i m e . . . est une occasion de vivre autrement.
Double mouvement, donc : se d é g a g e r de cet é v é n e -
ment pour s'approprier sa propre é m o t i o n et l'utiliser
comme une occasion de s'impliquer autrement. P u i s q u ' i l
est là « pour » nous, autant nous en servir.
Autodiagnostic émotionnel
« Il faut, je dois... »,
« Je n ' a i jamais assez de temps. »
« Le temps passe trop vite. »
« Je ne m ' e n sortirai jamais. »
« Faut que je trouve une solution. »
« Ce n'est pas grave. »
« Il n ' y a pas de p r o b l è m e . »
« Faut pas perdre son temps. »
« C'est toujours la m ê m e chose. »
« Quitte à faire, il faut faire bien. »
« C'est pas normal. » — « Je ne suis pas nor-
male). »
« Je n ' a i jamais fait ça, donc ça ne peut pas
marcher. »
« C ' e s t n u l . » — « Je suis nul (le). » — « Pas
capable. »
« C'est trop d u r . » — « C'est pas é v i d e n t . » —
« C'est trop c o m p l i q u é . »
« Quel travail ! J'ai pas fini ! »
« Les autres ne vont rien comprendre. »
« Je suis ridicule. »
« Ils n'en ont rien à faire. »
« Bof, à quoi bon, ça sert à quoi ? »
« La vie est trop dure, moche, terrible, effrayante. »
« Il ne faut voir que le bon côté des choses. »
« Il n ' y a qu'à. . . » — « Tu n'as qu'à. . . » — « Ils
n'ont qu'à. . . »,
« Les autres pourraient quand m ê m e . . . »,
« On se moque de m o i ! »
« Je n'y peux rien. »
« C e l a n'est quand m ê m e pas difficile ! »
« Je n ' a i pas confiance en m o i , donc je ne peux
pas... »,
« Si tu n'es pas le plus fort, tu te feras toujours
avoir. »
« Je vais avoir l'air de quoi ? »
« Ça va faire bizarre... »,
« Je ne peux pas parce que je ne sais pas. »
« Si je savais, je le ferais » (mais comment savoir
sans faire ?)
« Ce n'est pas naturel... » (bien sûr ! les automatis-
mes paraissent plus naturels que des comportements
qui changent).
« Ça va me demander trop d'efforts... ».
Anxieux, A b u s é, A b a n d o n n é.
Angoissé, A g a c é, Affecté.
Acculé,
Acculé Agressif, Affligé.
Affolé, Aigri, Attristé.
A l a r m é, A m e r, B o n à rien.
Altéré, B e r n é, Brisé.
Cerné, Contrecarré, Cafardeux.
C o i n c é, Critique, Calme (trop).
Court-circuité, Cruel, Confus.
Craint, Défiant, D é c o u r a g é.
Craintif, D u p é, D é m o t i v é.
Contraint, E n compétition, D é p a s s é.
Dangereux, E n e r v é, D é p r i m é.
Dans le doute, En fureur, Désespéré.
D é b o r d é, Enragé, D é s o l é.
D é b o u s s o l é, Envieux, D i m i n u é.
Désorienté, Exaspéré, É p l o r é.
Divisé, E x c é d é, E p u i s é.
Douteux, F â c h é, Ereinté.
Impatient, Froid, Esseulé.
Imprévisible, Furibond, Faible.
PEUR TENSION FATIGUE.
É g a r é, Furieux, Foutu.
Effrayant, Haineux, Gênant.
É p o u v a n t é, Harcelé, G ê n é.
Étouffé, Hostile, Honteux.
Étourdi, Insulté, Ignoré.
Fourbe, Irritable, Immature.
Hésitant, Irrité, Incompris.
Indécis, Jaloux, Inintéressant.
Inquiet, M a n i p u l é, Insuffisant.
Maladroit, Mauvais, Intimidé.
P a n i q u é, M é c h a n t, Inutile.
Paralysé, Méprisant, Larmoyant.
Pas fiable, Nerveux, Las.
Perdu, Odieux, Malchanceux.
Peu sûr, O u t r a g é, M é d i o c r e.
Soucieux, Outré, M o r t.
Soupçonneux , Piégé, Nostalgique.
Stupide, Plein de ressenti- Peiné.
ment,
Suffoqué, Querelleur, Pauvre.
Sceptique, R â l e u r, Plein de regrets.
Rancunier, Raté.
Rebelle, Sans espoir.
Trahi, Sans vie.
T r o m p é, V a i n.
Ulcéré, V i d é.
Violent, V i e u x.
Remonter le fil.
S é n è q u e.
L'hypothèse initiale.
Nourrir sa sécurité.
Gymnastique de l'être.
Lâcher-prise ou avoir-prise ?
L'usage du paradoxe.
Là encore, il s'agit de prendre le crocodile par sur-
prise. Plutôt que de nous en faire le reproche, pourquoi
ne pas nous féliciter de nos propres défenses et des b é n é -
fices qu'elles nous accordent ? A p r è s tout, elles nous ont
aidés à survivre aux pressions parentales et culturelles,
et nous aident encore. A p p r é c i e r nos c o l è r e s , notre t i m i -
dité, nos bouderies, notre r a n c œ u r , notre excitation, les
nôtres comme celles des autres, c'est d'abord r e c o n n a î t r e
avec h u m i l i t é , voire humour, que nous sommes...
humains. C'est cesser de nous en vouloir pour nous pren-
dre tels que nous sommes avec h o n n ê t e t é . Le paradoxe
ne demande pas tant d'aimer ses comportements que de
s'aimer soi, — et d'aimer l'autre —, y compris dans ses
comportements. Il d é - d r a m a t i s e ce que nous devrions
être au profit de qui nous sommes. En décodant les
bénéfices de nos émotions « négatives », nous nous
réconcilions avec nous-mêmes.
Jouer s i n c è r e m e n t le paradoxe, c'est faire une liste, la
plus longue possible, des bénéfices obtenus g r â c e aux
réactions de fuite, de lutte ou de repli sur soi, et nous
remercier n o u s - m ê m e s du fond du c œ u r ! Et jouer ainsi
avec ce que nous aimons le moins : les reproches, les
accusations, la fragilité, les disputes, les fautes, les
peurs... La phrase pourrait commencer par « g r â c e à ma
fragilité, j e . . . ».
Proverbe.
S'occuper ou occuper ?
Préambules à la relation.
É c h a n g e s.
A et B ont une relation respectueuse.
A (s')occupe (de) B.
B réagit et se défend.
La relation est « agressive » pour B, et « gratifiante » pour A.
Questions préalables:
Sommes-nous sûrs d'être occupés ? Autrement dit,
dans quel état é m o t i o n n e l et défensif voyons-nous
l'autre ? Sans le justifier, pouvons-nous expliquer son
comportement à notre égard ? E s t - i l angoissé, tendu,
replié sur l u i - m ê m e ? Est-il agressif, agité, pressant, q u é -
mandeur, m e n a ç a n t . . . ? Quels s y m p t ô m e s voyons-
nous ? Ce diagnostic quasi clinique peut seul nous aider
à faire la différence entre notre propre peur d'être envahi
et le comportement envahissant de cet autre avec lequel
nous sommes en relation. Ne confondons pas notre peur
de l'entendre avec ce qui serait chez l'autre une soi-
disant boulimie de paroles... ni notre peur de parler avec
ce qui serait chez l'autre un soi-disant refus d ' é c o u t e r .
D ' o ù l'importance d'une h o n n ê t e t é de regard et le
recours aux descriptions des s y m p t ô m e s . C e l u i - c i réduit
les erreurs de diagnostic...
Quelle est l'intention de l'autre dans sa réaction
envahissante ? Nous occuper, certes, mais pour quoi,
pour qui ? Pour l u i - m ê m e , contre nous, pour nous ? Faut-
il l u i en vouloir de n ' a v o i r t r o u v é dans l'urgence que ce
seul moyen défensif pour se faire entendre de nous ?
Quelle est notre part de responsabilité dans l'occu-
pation de notre territoire ? Quelle part de soi a laissé
faire, s'est laissé envahir par faiblesse, par amour, par
peur ?
Si nous choisissons de « raccompagner l'autre sur
son territoire », quelle est notre intention ? Pour qui
le faisons-nous ? Pour l ' é d u c a t i o n de l'autre, pour nous
libérer nous ? Si nous agissons pour l'autre, celui-ci n'a
probablement aucun désir d ' ê t r e r a m e n é à l u i - m ê m e et
peut trouver beaucoup d'avantages, — certes, à court
terme —, à demeurer occupant. Si nous agissons pour
nous, l'autre peut nous renvoyer à notre é g o ï s m e , et
n o u s - m ê m e s à notre culpabilité. La référence sera donc
plus juste si nous avons à c œ u r d'enrichir la relation en
c o m m e n ç a n t par é c h a n g e r , par donner notre part à nous.
Si nous choisissons de laisser l'autre occuper notre
territoire, quelle est notre intention, dans quel béné-
fice ? Est-ce pour soi, pour ne pas avoir à nous occuper
de n o u s - m ê m e s ? Est-ce pour l'autre, pour lui donner la
satisfaction de s'occuper de nous ?
L a d é c i s i o n est p r i s e . . . chacun chez soi ! L e s
é c h a n g e s se feront de part et d'autre de la f r o n t i è r e ,
chacun y trouvera de plus grands avantages et surtout
un plus grand respect. D e u x voies s'offrent alors à
nous.
Faire entendre les conséquences de l'« occupa-
tion » à l'autre. E n se référant à des é v é n e m e n t s
concrets, é v o q u e r ce que nous ressentons ainsi que nos
solutions défensives. Exercice délicat puisqu'il propose
de communiquer la façon dont nous vivons l'occupation.
Cette m é t a - c o m m u n i c a t i o n, —jargon qui en clair signifie
communiquer à propos de la communication —, devra
bénéficier de propos facilitateurs et de circonstances pro-
pices. Trop de précipitation nuit... Par exemple, il vaut
mieux choisir un terrain neutre sans enjeu personnel et
se donner du temps. Des faits concrets et circonstanciés,
datés si possible, avec les mots de l'autre seront préférés
à notre propre interprétation. Ils seront introduits par
« quand tu dis, quand tu fais... ».
Enfin, l ' é m o t i o n que nous éprouvons à ce m o m e n t - l à
sera é v o q u é e : « Je me sens, je crois, je crains, j ' i m a g i n e ,
je suis... » L'usage du JE est incontournable.
Conclure ET en ouvrant sur l'intention juste de l'autre
(« je pense que tu as fait ça pour m o i ») ET en affirmant
notre refus d'une telle relation permet de demeurer fidèle
à soi et ouvert à l'autre. Notre interlocuteur peut, m a l g r é
toutes nos p r é c a u t i o n s et nos intentions pacifistes, ne pas
accueillir nos propos, tant ils bousculent ses habitudes et
réveillent ses peurs. Ce sera alors une occasion de mesu-
rer notre endurance et notre fidélité à n o u s - m ê m e s , à nos
besoins et la p r é s e n c e de nos peurs et de nos manques
face à la n o n - é c o u t e de l'autre...
Si besoin, l ' e x p é r i e n c e sera r e n o u v e l é e un peu plus
tard.
Si l'autre, au contraire, ne se sentant pas (trop) mis en
cause, s'ouvre à l ' é c h a n g e , un dialogue peut s'engager.
Chacun peut exprimer l'intention contenue dans ses
comportements, donc ses besoins fondamentaux. Au
mieux, chacun peut aider l'autre à faire autrement pour
que la relation change.
Faire vivre à l'autre les conséquences de son com-
portement envahissant. Il ne s'agit pas d'une revanche,
mais d'une intention de libérer la relation. Notre état
intérieur é m o t i o n n e l sera notre meilleur et le seul guide.
Il s'agit de favoriser la responsabilisation.
M i e u x vaut le p r é v e n i r de notre projet, sans l u i dire ni
quoi ni quand... Le plus dur sera de ne pas flancher, car
nous aurons la sensation de prendre le rôle du m é c h a n t ,
de l'occupant, ce qui n'est pas notre intention ni peut-
être notre habitude face à cet autre-là. M a i s , en nous
interrogeant, nous d é c o u v r i r o n s sans doute que nous
sommes aussi occupants dans d'autres circonstances...
Il s'agit de passer des mots à l'action. Les c o n s é q u e n c e s
de ce « autrement » peuvent devenir p é n i b l e s puisque le
comportement réactionnel efficace va devenir inefficace.
C'est dire si la bienveillance est n é c e s s a i r e dans cette
intervention p é d a g o g i q u e .
Angoisse et drogue.
Fuir dans la drogue. Fuite é p e r d u e en avant vers un
autre espace-temps qui fait disparaître tout p r o b l è m e de
confiance, en soi comme en l'autre. C o m m e par magie,
la peur a disparu pour faire place à l'excitation des sens,
à la facilité d'exister, à la toute-puissance du corps et de
l'esprit. La drogue annule la nécessité d'apprendre à se
fier à soi, à dé-fusionner de l'autre, v é c u e comme une
é p r e u v e impossible, comme une rupture intolérable avec
celles ou ceux qui rassurent. Toute désintoxication devra
passer par cet apprentissage de la confiance qui n ' a pu
s ' a c q u é r i r seul et dans le cadre familial, faute de r e p è r e s
personnels ou par e x c è s de r e p è r e s des autres.
Agressivité et délinquance.
Lutter hors la loi. Lutte éperdue pour un nom, une
reconnaissance obtenue par la force et la violence, par le
refus d ' ê t r e similaire à ceux qui la rejettent, la délinquance
offre un pouvoir que le délinquant se dénie à lui-même en
tant que personne : « En marquant de mon empreinte mon
passage, j'existe ! » Cette empreinte: — v o l , casse,
violence physique, provocation —, est le seul signe de
reconnaissance qui lui semble pour l u i possible, faute
d'identité, faute d'amour reçu et donné. Comment aider le
délinquant si notre regard sur lui n'est que jugement et
dévalorisation ? Quel jeu dangereux jouent les médias
quand elles nourrissent le comportement délinquant en le
reconnaissant l u i , en le montrant du doigt plutôt que de
reconnaître l'identité de celles et de ceux qui, dans leur
mal-être, crient ?
Dépression et « Teflon ».
L'oasis.