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Vincent Tiffon*
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l'aveugle) et l'éco
une familiarité avec l'œuvre.
Quelles que soient les méthodes utilisées, il convient d'interroger le processus créateur
à partir des données techniques laissées par le compositeur (ce que la sémiologie appelle « la
poïétique ») ainsi qu'à partir des perceptions possibles de l'œuvre (« l'esthésique »).
Analyser, c'est interroger les écrits autant que l'œuvre elle-même. Mais là encore, et en
l'absence de partition, le risque est de tomber dans une enumeration exponentielle de
détails techniques (plus ou moins compréhensibles), ce qui peut conduire, comme le rap-
2 Jean-Jacques Nattiez, Musicologie générale et sémiologie, Paris, Christian Bourgois, 1987, p. 193.
'Ibid., p. 109.
4 Nous remercions l'INA-GRM pour l'exploitation du logiciel, et tout particulièrement Daniel Teruggi et
Eric Schwarz.
5 Des calques peuvent ensuite être empilés afin d'annoter la représentation de base du sonagramme avec des
éléments de textes, de graphismes ou de dessins plus ou moins élaborés. On peut visualiser le ou les calques
indépendamment du sonagramme. L' Acousmographe met donc « à la disposition de l'auditeur des outils d'ana-
lyse, des outils graphiques et des outils d'écoute », cette dernière fonctionnalité n'étant pas la moindre. Pour plus
d'informations, voir http://www.ina.fr/GRM/RECHERCHE/DEV/ACOUSMO/ Acodoc.pdf.
6 On se référera notamment aux transcriptions et analyses de six pièces électroacoustiques dans le CDRom
de l'INA-GRM : La musique électroacoustique, Paris, Éditions Hyptique.net/INA-GRM (coll. Musiques tan-
gibles n° 1), 2000.
7 Voir Pierre Couprie, « Analyse comparée des Trois rêves d'oiseau de François Bayle », article à paraître
dans la prochaine Revue électronique du Centre d'Étude des Arts Contemporains de l'Université de Lille-3 (fin
2002).
Une analyse est une interprétation privilégiant un angle de recherche parmi d'autres. On
pourrait ainsi s'attacher à démontrer que l'œuvre de Jean-Claude Risset est placée au ser-
vice d'une technologie (en l'occurrence la « synthèse croisée »). Mais il semble que dans
Sud la technique s'efface devant l'œuvre. L'auditeur est ainsi invité, comme le fait remar-
quer Richard Moore, « à oublier comment c'est fait »14. Sud appartient à un genre musical
(la musique acousmatique) qui suppose une nouvelle manière de spatialiser le son lors des
« exécutions publiques » ainsi qu'une nouvelle attitude d'écoute. L'œuvre prend place,
dans l'histoire de la musique électroacoustique, au moment précis où l'attention se porte
sur les questions de psychoacoustique.
K Giselle Ferreira, « A perceptual approach to the analysis of J.C. Risset's Sud : sound, structure and sym-
bol », Organised Sound 2/2 (1997), p. 97 : Analyses of electroacoustic pieces often become attempts to build a
Utopian bridge between poiesis and esthesics.
9 Pour une première approche de la médiologie, discipline qui « a pour objet les interactions, passées et pré-
sentes, entre technique et culture », lire Régis Debray, Introduction à la médiologie, Paris, Puf, 2000.
10 Gisèle Ferreira, op. cit., p. 97-106.
11 Federico Cherchi, « Continuum timbrico, relazioni intrinseco-estrinseche e percorsi narrativi : un'analisi
del I movimento di Sud », La Terra Fertile, Incontro Nazionale di Musica Elettronica, IIIo Edizione, Atti, 1998,
p. 134-137.
12 Leigh Landy, « What's the matter with today's experimental music ? », Contemporary Music Studies, Vol.
4, Philadelphia, Harwood Academic Publishers, 1990, p. 257-266.
13 Incensati, et Montanaro, « Morfologie, rapporto suono-sorgente e trasformazioni : analisi del terzo
movimento di Sudai J.C. Risset », La Terra Fertile, Incontro Nazionale di Musica Elettronica, IIo Edizione, Atti,
1996, p. 161-165.
14 Computer Music Journal 1 1/2 (été 1987) [trad. V. Tiffon].
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Jean-Claude Risse
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ment pour le suppo
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(Centre de Document
vent être consultées.
17 Jean-Claude Risset, « La portée d'une recherche », Alliage 40 (1999), extrait du discours d'acceptation de
la médaille d'Or du CNRS (1999) disponible via http://www.tribunes.com/tribune/alliage/40/risset_40.htm.
18 « Portrait de Jean-Claude Risset », Emission « opus », France Culture, le 17 avril 1999. Il compose néan-
moins Mutations (1968) sur une commande du GRM, mais avec des outils de synthèse directe en temps différé
(MUSIC V).
23 Marta Grabócz, « Tradition ou révolution ? Conceptions structurelles dans la nouvelle musique électro-
nique », Dissonance 64 (mai 2000), p. 18.
Tableau 1
Tableau 2
La pièce comporte aussi des sons synthétisés à l'aide du programme Music V, qui miment les
allures propres aux quatre états de la matière - objets sonores « solides », textures fluides,
souffles éoliens et bruiteux, timbres « ionisés » aigus, mobiles et dissociés. Du feu émergent,
comme des incantations de pythie, les vocalisations d'Irène Jarsky et de Maria Tegzes. Les sons
ont été traités et montés numériquement à l'aide des logiciels Pro Tools et GRM Tools dans les
studios de l'INA-GRM.25
24 Ibid.
François-Bernar
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(1992), p. 97-117.
32 Caroline Torra-M
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35 Jean-Claude Risse
musicale, Hugues V
36 Jean-Claude Risse
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L'esthétique de l'hybridation
L'esthétique de
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l'écoute, l'impor
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Schéma formel
La lecture du sonagramme, nous le rappelions plus haut, ne permet pas toujours d'iso-
ler un son de son contexte global. Il apparaît nécessaire, afin de rendre plus visibles les
principes de la construction, de réaliser un schéma formel de l'œuvre (figure 3)41. Les
formes géométriques de ces schémas se veulent les plus neutres possible, refusant toute
tentative de transcription subjective sous forme par exemple de pictogrammes. Cette trans-
cription visuelle, construite sur un axe central, répond à deux objectifs principaux : les
formes géométriques simples permettent, d'une part, de repérer avec précision le déroule-
ment temporel des sons germinaux bruts ou transformés (apparition et disparition : repé-
rage des effets de montage et de mixage) ; l'épaisseur des formes, d'autre part, rappelle
schématiquement les « profils de masse » (un des « critères morphologiques » du Traité des
41 Les repères chronométriques des schémas formels ci-après sont issus du sonagramme lui même issu des
fichiers sons tirés de l'enregistrement INA-C1003. Vifs remerciements à Eric Plancke pour la réalisation gra-
phique de ces schémas.
L'écoute des trois mouvements surprend par leur forte continuité. Excepté les trois temps
d'arrêt entre les mouvements, on ne peut relever qu'une seule véritable pause d'une seconde
dans le premier mouvement (I, 2'50-2 '51), pause qui permet de baliser le passage de l'ex-
position de type « phonographie » à l'exposition des sons synthétiques. Pour D. Incensati et
G. Montanaro, cette absence de pause souligne la volonté de Jean-Claude Risset de créer un
continuum à la fois temporel et timbrique. Nous nous sommes déjà intéressés à la question
du continuum timbrique des trois catégories. Concernant la dimension temporelle, les sché-
mas formels des trois mouvements confirment cette observation. Signalons enfin que, par
souci de lisibilité, la superposition n'excède jamais quatre textures.
Nous privilégions l'analyse du second mouvement pour deux raisons. Les mouvements
extrêmes ont déjà été analysés, notamment par Giselle Ferreira42 (premier mouvement) et
Landy Leigh43 (troisième mouvement). Par ailleurs, le second mouvement est révélateur
d'une des dimensions essentielles de la pièce : son caractère hybride obtenu notamment,
dans ce mouvement, par la technique de la synthèse croisée et celle du phasing.
Le schéma formel (figure 3.2) permet d'observer l'omniprésence des deux sons germi-
naux suivants :
Dans un premier temps, on entend des inharmoniques connotant la fausse cloche marine,
sons qui impriment une couleur générale au mouvement, couleur caractéristique de l'ensemble
de l'œuvre. En ef
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mouvement, mai
et omniprésent co
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tique numérique, Aco
sion Opus, France-C
45 Ibid.
Phasing « Effet obtenu en superposant à un son des copies de ce III, O'39-l '46
son avec un léger décalage de fréquence. »
Accumulation - Accumulation par copies successives d'un son (transposé II, 4' 07-^T 27
mise en échelle antérieurement selon un rapport propre à une échelle
donnée).
Filtrage résonnant Utilisation d'une batterie de filtres résonnants dont III, 2'34-3'52
« chacun peut être accordé séparément à la fréquence
voulue ».
Modulation « La modulation en anneau d'un son par un autre se III, 2' 17-2'36
réduit à une simple multiplication numérique des
échantillons correspondants. »
Synthèse croisée « Combiner deux sons pour obtenir un troisième ayant III, 2'04-2' 15
certaines caractéristiques de chacun des deux. »
Réverbération Effet de persistance d'une source sonore après l'arrêt de III, 7'26-7'48
son émission.
48 Ces informations sont empruntées aux articles suivants : Jean-Claude Risset, « Une musique numérique
hybride et « naturaliste », op. cit., p. 7-8, « Composer le son : expériences avec l'ordinateur, 1964-1989 », op.
cit., p. 1 19-122 et « Real-world sounds and simulacra in my computer music », op. cit., p. 38-41, où l'on trou-
vera des informations plus complètes.
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Références bibliographiques
Enregistrements sonores
Risset, Jean-Claude, Sud, disque compact, INA, 1987, C 1003 [distribution : Harmonia Mundi].