Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Vrin
JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide
range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and
facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact support@jstor.org.
Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at
https://about.jstor.org/terms
Librairie Philosophique J. Vrin is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend
access to Archives d'histoire doctrinale et littéraire du Moyen Age
This content downloaded from 45.30.90.147 on Wed, 12 Aug 2020 23:17:49 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms
AHDLMA 69 (2002 ) 39-66
AL-GHAZZĀLĪ'S
Mr YĀR AL- ' ILM FĪ F ANN AL-MANTÎQ
SOURCES AVICENNIENNES ET FARABIENNES
Résumé
Abstract
Al-Ghazzālī used to copy large extracts from the books of his predecessors. Thus, the
Mi'yâr al-'ilm fî fann al-mantîq, a guide of (a somewhat adapted ) Aristotelian logic for
Muslim jurists and theologians, includes a large variety of Avicennian writings, such as
Najāt, Ishārāt, Dānesh-Nāmeh and K. al-hudūd. But it also includes two Farabian works,
i. e., al-Qiyâs al-§aghïr and al-Maqūlāt Asfar as we know, this is the first and only time that
al-Ghazzālī combines in such a way parts taken from these two major Arabic
philosophers.
Zusammenfaßung
Al-Ghazzati ist dafür bekannt, daß erden Werken seiner Vorgänger entnahm. So geht
es auch mit dem Mi'yär al-'ilm fî fann al-mantlq, einer Art von aristotelisch-logischem
Lehrbuch für islamische Juristen und Theologen. Es enthält sehr verschiedene Auszüge
aus Avicennas Werken, vom K. al-hudūd bis zu mehreren Teilen des Šifa', aber auch aus
zwei Werken von al-Fārābī, nämlich al-Qiyäs al-§aghīr und al-Maqūlāt. Es ist das erste
und, soviel wir kennen, das einzige Mal daß al-Ghazzālī diese zwei großen arabischen
Autoren so zusammenstellt.
This content downloaded from 45.30.90.147 on Wed, 12 Aug 2020 23:17:49 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms
40 JULES JANSSENS
( 1 ) Nous avons déjà consacré plusieurs études à ce sujet : « Le Dānesh-Nāmeh d' Ibn Sīnā: un texte
à revoir?», Bulletin de philosophie médiévale , 28 (86), 155-177; «Le Ma^ārij al-quds fi madārij
may rifai al-nafs ; un élément-clé pour le dossier Ghazzālī-Ibn Sina? ».Archives d'Histoire Doctrinale
et Littéraire du Moyen Age , 60 (93), 27-55; « Al-Ghazzālī' s Tahāfut', is it really a Rejection of Ibn
Sīnā' s Philosophy?», Journal of Islamic Studies, 12 (2001), 1-17; «Al-Ghazzālī and His Use of
Avicennian Texts », dans M. Maroth (ed), Problems in Arabic Philosophy (in the press).
(2) Ce texte a été édité plusieurs fois: pour le détail, vou- H.Daiber, Bibliography of Islamic
Philosophy (HdO, 1. Abt., B. 43), Leiden-Boston-Köln, 1999, 1. 1, p. 351, n. 3517. Nous nous sommes
basés sur l'édition de Beyrouth, 1978. La pagination dans les références se rapporte à cette édition
(toutefois, nous indiquerons toujours le chapitre, de sorte que le lecteur puisse retrouver aisément les
passages dans les autres éditions).
(3) Voir M. Bouyges, Essai de chronologie des œuvres de al-Ghazâlî (Algazel), éd. et mis à jour
par M. Allard, Beyrouth, 1959, p. 25-26.
(4) Mi 'yar, p. 26-27 (introduction, vers le début).
(5) On a donc l'impression que le MVyâr a été rédigé immédiatement après le Tahāfut, et c'est
l'opinion unanime des savants contemporains. Mais il nous semble qu'il est dangereux de se baser
exclusivement sur les propos d'al-Ghazzālī dans cette introduction, car il peut l'avoir ajoutée
longtemps après avoir terminé son œuvre. Nous pensons donc qu'un examen critique doit être
effectué à ce propos, mais il dépasse le cadre du présent article.
(6) Voir Najāt, éd. Dānesh-Pazhuh. Téhéran, 1985, p. 8, 1.8-15. Avicenne y ajoute encore le
syllogisme poétique, mais al-Ghazzālī ne s'y réfère pas du tout. Notons toutefois qu'on cherchera en
vain dans la suite de l'exposé de la Najātunz analyse systématique de ce syllogisme poétique.
This content downloaded from 45.30.90.147 on Wed, 12 Aug 2020 23:17:49 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms
AL-GHAZZĀLĪ' S Mr YAR AL- 'ILM Fl FANN AL-MANTlQ 4 1
L'Introduction
(7) Dans la suite, les chiffres entre parenthèses renvoient toujours à l'édition de Beyrouth, vo
supra , n. 2. Les chiffres après la virgule indiquent les lignes.
(8) Pour la Najāt, nous utiliserons toujours l'édition de Danesh-Pazhuh, Téhéran, 1985; pour
Shija', al-Madkhal, celle de G.C. Anawati, M. Khodeiri et F. Ahwani, Le Caire, 1 952.
(9)Ibn SInã, R.fî al-nubuwwa , ed. M.Marmura, Beyrouth, 1968, p. 49-52. Sans dire explic
tement que Dieu est une lumière pour la raison humaine, Avicenne y interprète le verset en termes
facultés de 1' intellection humaine - à comparer avec#. al-Ishārāt wa l- Tanbīhāt , éd. J. Forget, Ley
1892, p. 126 (dans la suite, les références seront toujours à cette édition). Cette constatation r
possible, sinon probable, qu' al-Ghazzālī y ait trouvé un fondement pour l'interprétation qu'il prop
(10) Voir dans l'édition par H. 'A§I, Al-tafsîr al-qur'ânî wa l-lugha al-ąiifiyya fifalsafatlbn Sin
Beyrouth, 1983, p. 1 14-125, spéc. p. 1 18 (les puissances de l'imagination et de l'estimation comm
sources de mal) et p. 1 24- 1 25 (identification du souffle du diable avec la puissance imaginative).
(11) Les lignes 6-8 de ce passage des Ishārāt ont aussi été reprises presque littéralement - bien q
selon une formulation légèrement différente de celle du Mi'yâr- dans les Maąaąid , éd. S. Dunya,
Caire, 1960, p. 35, 21-36, 1. Nous avons encore découvert d'autres petits passages dans cette œu
ghazzalienne ayant leur source dans les Ishārāt ou d'autres ouvrages avicenniens. Cela ne m
This content downloaded from 45.30.90.147 on Wed, 12 Aug 2020 23:17:49 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms
42 JULES JANSSENS
This content downloaded from 45.30.90.147 on Wed, 12 Aug 2020 23:17:49 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms
AL-GHAZZĀLĪ'S Mí YĀR AL- 'ILM Fi FANN AL-MANTÎQ 43
(14) Les Maąaąid , éd. S.Dunya. Le Caire, 1960, p. 39 contiennent un exposé assez similaire,
inspiré incontestablement par le même passage des Ishārāt (le Dānesh-Nāmeh ne dit rien à ce propos).
Avicenne offre aussi la même doctrine, dans une formulation un peu différente, dans le Mantiq al-
Mashriqiyyîn, Le Caire, 1910, p. 14-15.
(15) Les Maqâsid se limitent à citer le nom de «Zayd» sans la moindre précision; tout indique
donc qu' al-Ghazzālī a eu recours directement au texte persan, pour lequel nous utilisons l'édition de
M.Mo'IN et M.Meshkat, Téhéran, 1952. Pourtant les deux autres exemples du mot particulier,
offerts dans le Mi ' yâr , ne se retrouvent à notre connaissance nulle part dans les écrits d' Avicenne, mais
sont par contre présents dans ces mêmes Maqâçid.
( 1 6) Dans les Maqaąid , p. 40, où est traité le même sujet, al-Ghazzālī a utilisé aussi la Najat et les
Ishārāt ^ouï préciser davantage le texte assez abstrait du Dānesh-Nāmeh.
( 1 7) Ce volume a été édité par M. Khodeiri, Le Caire, 1 970.
This content downloaded from 45.30.90.147 on Wed, 12 Aug 2020 23:17:49 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms
44 JULES JANSSENS
This content downloaded from 45.30.90.147 on Wed, 12 Aug 2020 23:17:49 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms
AL-GHAZZÂLÏ'S Mr YAR AL- ' ILM Fl F ANN AL-MANTlQ 45
(21) Le raisonnement par voie d'indice, al-istidlal, fut considéré par Avicenne comme faible,
mais acceptable au niveau de la dialectique. Voir Dānesh-Nāmeh, Mantiq, p. 95-106.
(22) Nous renvoyons à l'édition de M. Mahdi, al-AlJa? al-musta'malafî l-manfiq , 2e éd.,
Beyrouth, 1986.
(23) Cette dernière expression est présente entre autres chez ' Abd al-Jabbar, voir R. Frank,
Beings and their Attributes, Albany, 1978, p. 126 et p. 1 39, n. 8.
(24)11 tient sans doute aussi compte de al-Shiß', Ilahiyyãt, éd. G. C.Anawati, S.Zayed et
S. Dunya, Le Caire, 1960, 1, 5, p. 29, 5-6, où Avicenne fait mention de ces deux notions (avec celle de
« nécessaire ») comme étant présentes d'une impression première dans l'âme.
This content downloaded from 45.30.90.147 on Wed, 12 Aug 2020 23:17:49 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms
46 JULES JANSSENS
C. Les propositions
(25) Voir A.Badawi, Mantiq Arisfi, Qowait, Beyrouth, 1980, t.I, p. 35, 14-36, 3 (lb25-27).
Contrairement à Avicenne, al-Ghazzālī, comme d'ailleurs al-Fārābī, utilise, en pleine conformité avec
la traduction arabe, le terme de lahu pour désigner la catégorie de exeiv.
This content downloaded from 45.30.90.147 on Wed, 12 Aug 2020 23:17:49 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms
AL-GHAZZ ALĪ ' S Mr YĀR AL- 'ILM Fi FANN AL-MANTÎQ Al
(26) W. Hallaq, Ibn Taymiyya. Against the Greek logicians, Oxford, 1993, p. 45, n.2 traduit
cette notion en anglais par « classification and successive elimination », et en donne une excellente
explication.
This content downloaded from 45.30.90.147 on Wed, 12 Aug 2020 23:17:49 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms
48 JULES JANSSENS
Al-Ghazzālī commence (97) cette deuxième partie par une introduction assez
générale incluant l'énumération des quatre « considérations » (forme, matière,
erreur, appendices) qui vont suivre. On se trouve sans doute face à une rédaction
personnelle, bien qu'elle puisse s'inspirer d'une certaine manière de laNajāt , p. 7,
9-8,6.
A. La forme du syllogisme
(27)11 faut ajouter que les deux premières lignes se trouvent presque littéralement dans les
Ishārāt, p. 51, 1-3.
(28) Al-Ghazzâlî présente ce syllogisme sous la désignation « al-qiyâs al-hamti », qui est le terme
usuel chez al-Fārābī (voir J. Lameer, Al-Fārabī and Aristotelian Syllogistics. Greek Theory and
Islamic Practice , Leiden, 1994, p. 47). Mais il ajoute tout de suite qu'il est appelé aussi « iqtirãnl»
(comme il est de règle chez Avicenne) ou « jazmî» (comme dans le al-Qiyâs al-çaghlr ou, du moins,
dans certains de ses manuscrits, voir J. Lameer, op. cit., p. 45-47).
(29) Al-Fārābī ne fait nulle part mention de la quatrième forme, ou bien parce qu'il la rejetait
catégoriquement, ou bien parce qu'il l'ignorait (Sabra défend la première position, Lameer la seconde,
voir J. Lameer, op. cit., p. 126). Quoi qu'il en soit, il est clair qu'al-Ghazzâlî se limite aussi à la simple
mention de trois formes.
This content downloaded from 45.30.90.147 on Wed, 12 Aug 2020 23:17:49 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms
AL-GHAZZĀLĪ'S Mr YARAL- 'ILM Fl FANN AL-MANTIQ 49
(30) J. Lameer, op.cit ., p. 99-123 en offre une analyse détaillée, selon leur formulation dans le al-
Qiyâs al-ąaghir (tout en spécifiant les ressemblances et dissemblances avec le K. al-Mudkhal ilā l-
qiyâs). En ce qui concerne le al-Qiyâs al-çaghîr , nous utilisons l'édition de Dānesh-Pazhuh, Al-
manfiqiyyât lil-Fārābi, Qom, 1409 h., p. 152-194.
(31) Al-Ghazzalï insiste et répète (voir supra) que ce syllogisme équivaut à ce que le kalam
appelle sabrwa-taqsîm.
This content downloaded from 45.30.90.147 on Wed, 12 Aug 2020 23:17:49 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms
50 JULES JANSSENS
This content downloaded from 45.30.90.147 on Wed, 12 Aug 2020 23:17:49 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms
AL-GHAZZĀLĪ'S Mr YAR AL- 'ILM Fi FANN AL-MANTÎQ 5 1
B. La matière du syllogisme
Dans une assez longue introduction (134-138, 3), al-Ghazzālī, inspiré par la
Najaty p. 1 12, 10-1 13, 1, affirme d'abord (134, 3-13) que la matière du syllogisme
consiste dans la science ayant rapport à l'assentiment ( al - Him al-tasdiqî ) véritable
et universel. Ensuite (134, 13-135, 19), il explique que les prémisses, qui forment
la matière des syllogismes, renvoient à la compréhension des lettres et des mots
dans l'âme, et que leur mise en ordre prépare l'âme à recevoir la conclusion de la
part de ( min ' inda ) Dieu36. Ce passage peut avoir une source, il est vrai lointaine,
dans idiNajāt, p. 17, 8-18, 2. Puis (135, 20-136, 18) quatre sortes de preuves, dont
le degré de vérité est comparé au degré de pureté de l'or, à savoir la démonstrative,
la dialectique, la sophistique et la rhétorique, sont évoquées. Cet exposé est très
proche de celui des Maqâsid , p. 100-101 37. Enfin (136, 19-138, 3), al-Ghazzālī
dresse un petit tableau du syllogisme poétique en analysant quelques exemples.
Pour lui, ce syllogisme n'a aucune valeur véridique : il n'a aucun autre but que
d'influencer l'âme. Cette idée semble avoir une base dans la Najat, p. 9, 1-3. Le
reste résulte à première vue d'une élaboration de sa propre main, mais continue à
s'inscrire dans cette même perspective fondamentale.
Al-Ghazzālī distingue alors trois sortes de prémisses :
La première sorte (138,5- 142, 13) contient celles qui méritent la qualification
de «certaines» (yaqîn ). Elle se subdivise à son tour en quatre genres : données
premières ( awwaliyyât ) (138, 6-139, 5), données de la perception ( mahsusāt )
(139, 6-14), données de l'expérience ( mujarrabāt ) (139, 15-141, 20) et prémisses
incorporées à leurs syllogismes, qu' al-Ghazzālī désigne par l' appellation « propo-
sitions qui ne sont pas connues par elles-mêmes mais par un intermédiaire »(141,
21-142, 13). Quant aux deux premières sections, elles combinent des éléments
tirés de la Najāt, p. 121, 10-122, 7, respectivement 113, 7-9 avec des extraits des
Ishārāt , p. 56, 5-12, et 12-16. En ce qui concerne les données de l'expérience, leur
définition primaire (139, 15-140, 2) se base directement sur les Ishārāt , p. 56, 17-
57, 1 et p. 57, 13-58, 4 pour le passage (140, 2-5) où est évoquée la donnée
transmise (al-tawâtur). Une remarque, faisant suite sous forme d'objection-
réponse (140, 6-17), insiste sur l'absence de lien direct entre la certitude d'une
expérience et la nature précise du lien entre deux choses perçues comme étant
liées. Al-Ghazzālī, s'inspirant sans doute des Ishārāt , p. 57, 2-7 38, se réfère
(36) M. Marmura, «Ghazali and Demonstrative Science», dans Journal of the History of
Philosophy , 3 (1965), p. 183-204; p. 194, discerne une allusion à l'épistémologie « occasionante »
d' al-Ghazzālī, tout en reconnaissant qu'il existe un parallèle avec la théorie avicennienne d'une
illumination par l'Intellect Agent (ibid., n.49). R.Frank, Creation and the Cosmic system: al-
Ghazātī and Avicenna, Heidelberg, 1992, p. 39 et n. 64 souligne davantage ce dernier aspect.
(37) Précisons que la comparaison avec l'or est absente du Danesh-Nameh, et que nous avons en
vain cherché une autre source. Il se pourrait donc qu'elle soit propre à al-Ghazzālī.
(38) M. Marmura, «Ghazali and Demonstrative Science», p. 195-196 en présente une
traduction anglaise, ainsi qu'une brève analyse. Pour lui, il est clair qu' al-Ghazzālī rejette l'idée d'une
causalité inhérente aux choses. Toutefois, il est à noter que dans le passage des Ishārāt , servant de
source, il est clairement dit: «... parfois elle (l'expérience) n'exige qu'un arrêt applicable à la
majorité des cas » (nous soulignons).
This content downloaded from 45.30.90.147 on Wed, 12 Aug 2020 23:17:49 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms
52 JULES JANSSENS
This content downloaded from 45.30.90.147 on Wed, 12 Aug 2020 23:17:49 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms
AL-GHAZZĀLĪ'S MT YĀR AL- 'ILM Fï FANN AL-MANTlQ 53
parmi les erreurs liées aux mots et aux significations, trois sont articulées au
niveau des mots (à savoir, homonymie, ponctuation, déclinaison) et deux au
niveau de la signification (à savoir, imaginer la conversion et prendre le concomi-
tant de la chose à la place de la chose). Cet exposé est proche des Ishārāt , p. 6 1 , 20-
62, 17, à l'exception d'un exemple appartenant au/?#/*.
Ayant examiné toutes les sortes de prémisses, al-Ghazzâlï conclut (150, 12-
153) que le syllogisme légal et le syllogisme rationnel ne diffèrent pas par la
forme, mais par la matière, du moins dans les cas où le droit accepte l'utilisation de
prémisses rejetées au niveau purement intellectuel41. Il distingue avec al-Fārābī,
al'Qiyâs al-saghîr, p. 184, 9-191, 22, quatre «situations»42: application sans
restriction (universel impliquant universel) ; paradigme (mithal' particulier impli-
quant particulier); restriction (universel impliquant particulier) et amplification
(particulier impliquant universel). Tout en apportant d'importantes modifications
(changement de l'ordre, autres exemples, réductions ou amplifications), il reste
fidèle aux idées maîtresses de l'exposé farabien. Tout à la fin, il souligne qu'en cas
de doute, on ne peut en décider autrement que par les six voies indiquées
auparavant, et s'oppose ainsi tout particulièrement aux Zāhirites43. On y découvre
un passage proche du al-Qiyâs al-saghîr, p. 191, 23-192, 5.
C. Erreurs syllogistiques
analysé par D. Black, op. cit., p. 215. Il est clair que ce changement d'exemple n'affecte en rien la
doctrine sous-jacente.
(4 1 ) Il s'agit de ce qu'on vient de décrire comme « deuxième sorte de prémisses ». A noter que les
prémisses admises par l'intellect sont aussi valables en droit, et là il n'y a donc pas de différence de
forme ni de matière.
(42) Nous empruntons ce terme à J. Lameer, op. cit., p. 242-243. Pour une analyse détaillée de ces
quatre situations, voir ibid., p. 243-256.
(43) Al-Ghazzālī les désigne comme les Aąhab al-zawãhir. Ils s'en tiennent en matière de
jugements légaux à la lettre du Coran et de la sunna, rejetant en principe tout recours au raisonnement
analogique, voir D. Gimaret et G. Monnot, (trad., introd. et notes), Shahrastani. Livre des religions
et des sectes , Paris, 1 986, p. 58 1 , n. 95 (mais leur désignation y est : Aąhab al-ęahir).
(44) Cette caractéristique semble indiquer qu'al-Ghazzâlî ne les a pas élaborés, mais les a trouvés
dans sa source. En effet, la Najāt telle qu'elle nous est parvenue en parle dans sa présentation de base,
mais sans y revenir dans la suite : al-Ghazzālī aurait-il disposé d'un texte plus complet de cette œuvre
This content downloaded from 45.30.90.147 on Wed, 12 Aug 2020 23:17:49 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms
54 JULES JANSSENS
This content downloaded from 45.30.90.147 on Wed, 12 Aug 2020 23:17:49 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms
AL-GHAZZ ALĪ ' S MT YARAL- 'ILM Fl FANN AL-MANTlQ 55
(47) Al-Ghazzalï note que les mutakallimun se rendent souvent coupables de ce genre d'erreur.
(48) Al-Ghazzālī renvoie à cette occasion à un exposé plus ample, élaboré dans « un livre autre
que ce livre» (fî kitāb ghayr hadhā l-kitāb). Est-ce une référence aux Maąaąid. (104-105), mais
pourquoi ne se réfère-t-il pas alors à ce qu' il a dit auparavant (p. 1 47-148) à partir des Maqâsid ?
(49) Pour une analyse approfondie de ces deux concepts dans la pensée avicennienne, voir
M.Maroth, « Taąawwur and tasdiq», dans S.Knuuttila, R.Tyorinoja et S.Ebbesen (eds),
Knowledge and the Sciences in Medieval Philosophy, Proc. 8. Intern. Congr. Med. Philos., Helsinki,
1990, II, p. 265-274etD. Black, op. cit., p. 71-78.
(50) Ed. A. ' Aftft, Le Caire, 1954.
(51) Tout porte à croire que par cette expression al-Ghazzalî désigne l'Intellect Agent des
philosophes.
(52)Ibn Sïnâ, Fî ithbāt al-nubuwwāt, ed. M.Marmura, Beyrouth, 1968, p. 49-51, offre une
interprétation assez analogue. Pour une plus ample analyse de ces deux versions, ainsi que d'autres
textes « avicenniens » y ayant trait, voir notre « Avicenna and the Qur'ân : A Survey of his Qur'anic
Comments » (communication à 1' American Philosophical Association, Society for Medieval and
Renaissance Studies, New York, décembre 2000, à paraître dans M IDEO, 2002).
This content downloaded from 45.30.90.147 on Wed, 12 Aug 2020 23:17:49 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms
56 JULES JANSSENS
This content downloaded from 45.30.90.147 on Wed, 12 Aug 2020 23:17:49 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms
AL-GHAZZĀLĪ'S MTYAR AL- 'ILM Fl FANN AL-MANTlQ 57
typique de certains mutakallimūn57. Dans une seconde remarque ( 1 8 1 , 15- 1 82, 8),
il précise que la qualité, non la quantité, des prémisses mène à une véritable
connaissance. Dans ce contexte, il fait mention de l'intuition saine, en utilisant les
notions bien connues de hads 58 et dhakď 59 .
Quant au troisième chapitre (182, 9-183, 1 1), les quatre questions fondamen-
tales60 y sont exposées d'après la Najāt, p. 128, 5-130, 3, bien que pour la dernière
question de ayy, l'exposé se rapproche davantage des Ishārāt , plus précisément
p. 86,7-12.
Dans le quatrième (183, 12-184, 7), les deux notions de dhātī , «essentiel»
et awwatï , «primaire», eu égard aux prémisses d'une démonstration, sont
précisées. Tout en changeant certains exemples, al-Ghazzālī reprend la Najāt ,
p. 131,3-133,4.
Le cinquième (184, 8-186, 11) traite des trois choses que comporte toute
science démonstrative : principes, objet et questions. Des principes (184, 10-1 1),
il est dit simplement qu'il en fut déjà question61. Les objets (180, 12-20) sont
articulés conformément à lã Najāt, p. 135, 2-11 (bien que modifiée). Al-Ghazzâlï
introduit une distinction, qui sans doute lui est propre, entre l'objet de la science
linguistique, celui du fiqh et celui de la Logique. Quant aux questions, al-
Ghazzālī, en combinant des éléments dérivés de la Najāt , p. 135, 12-137, 1 1 avec
des formulations empruntées au xMaqâsid, p. 127, 12-128, 4 et p. 128, 17-129, 3,
met en garde contre toute circularité dans la détermination de l'objet de recherche.
La « preuve en cercle » ( al-burhān al-dawrl) est examinée au sixième chapitre
(186, 12-187, 2). Elle n'implique pas une pétition de principe, si le terme de base
n'est pas entendu en un sens essentiellement identique au début et à la fin. Cette
formulation est proche de la Najāt, p. 164, 12-166,2.
La «preuve véritable» (< al-burhān al-haqîqï) lui fait suite (187, 3-189, 6)62.
Une telle preuve ne peut que concerner les choses éternelles, durables. Al-
Ghazzālī ajoute pourtant qu'une connaissance hautement probable peut être
acquise à partir des choses qui arrivent la plupart du temps, mais nullement à partir
de ce qui est par pur hasard. La Najāt, p. 143, 10-144, 2 et les Mārai, p. 81, 10-82,
10 en semblent constituer des sources lointaines. A noter qu'à la fin, al-Ghazzālī
affirme en des termes assez énigmatiques que les sciences «non-nécessaires»
(57) Voir R. Frank, « Al-Ghazalï on taqlïd. Scholars, Theologians and Philosophers », Zeitschrift
Gesch. Arab.-isl. Wissenschaften, 1 (1991-92), p. 207-252 (233 et n. 51, 240-241).
(58) Pour la place et la signification de cette notion dans la pensée avicennienne, voir D. Gutas,
Avicenna and the Aristotelian Tradition (I.P.T.S., 4), Leiden, 1988, p. 159-176.
(59) Voir R. Frank, art. cit., p. 224, n. 33.
(60) On trouve une analyse fondamentale de leur place dans la pensée grecque et arabe, chez
M. Maroth, Die Araber und die antike Wissenschaftstheorie (I.P.T.S., 1 7), Leiden, 1994.
(61 ) Al-Ghazzâlï semble renvoyer aux chapitres précédents.
(62)F.Jabre, La notion de certitude selon Ghazali dans ses origines psychologiques et
historiques , 2 e éd. Beyrouth, 1986, p. 283, n. 5 offre une traduction française presqu' intégrale de ce
chapitre (les dernières lignes manquaient-elles dans l'édition utilisée?). Pour une analyse doctrinale,
voir M. Marmura, Ghazali and Demonstrative Science, p. 201 .
This content downloaded from 45.30.90.147 on Wed, 12 Aug 2020 23:17:49 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms
58 JULES JANSSENS
(63) Nous renvoyons à A.-M. Goichon (éd., trad, et annoté), Avicenne. Livre des définitions
(Mém. Avicenne, VI), Le Caire, 1963.
This content downloaded from 45.30.90.147 on Wed, 12 Aug 2020 23:17:49 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms
AL-GHAZZALĪ'S Mr YAR AL- 'ILM FĪ F ANN AL-MANTÏQ 59
Les premières lignes sont très proches de la Najāt, 157, 3-8. L'ensemble se laisse
rapprocher de al-Shiß', al-Burhān, I, c. 5 (début). La question (196, 21-197, 5) se
pose alors si, en voulant définir une chose, on ne risque pas un enchaînement à
l'infini? Selon al-Ghazzālī, l'existence de concepts premiers, ainsi que de
prémisses premières, nous en garde. La Najāt, p. 146, 13-147, 4 paraît avoir
inspiré la question. La réponse, nonobstant sa tonalité avicennienne, a sans doute
été rédigée par l'auteur même, car il en fut déjà question auparavant, p. 169-171.
Enfin (197, 6-25), il est souligné que sans la présence d'un genre et d'une diffé-
rence spécifique (fast), aucune définition n'est possible; il ne suffit donc pas de
donner un mot synonyme. De nouveau, nous n'avons pas trouvé de texte pouvant
faire figure de source plus ou moins directe. Toutefois, quand al-Ghazzālī pré-
sente la notion de mawjûd (« ens ») comme exemple d'un mot de nature indéfinis-
sable, il semble se fonder sur les Maqâsid, p. 141, 1-11 et/ou IdiNajāt, p. 496, 1-3.
Quant au quatrième chapitre (198-199, 12), cinq façons d'envisager la
définition - à savoir, facteur expliquant la signification d'un mot; conclusion ou
principe d'une démonstration, voire combinaison des deux; définition de ce qui
n'a pas de cause - y sont analysées en pleine conformité avec la Najāt, p. 159, 7-
160, 6. De plus, dans la partie consacrée à la définition parfaite, lã Najāt, p. 157, 9-
159, 6 et 164, 7-10 est mise à contribution. A la fin, al-Ghazzālī ajoute, sans s'y
attarder, que la description peut être considérée comme une sixième « sorte » de
définition.
(64) W. Hallaq, Ibn Taymiyya. Against the Greek Logicians , p. 10, § 15 (et n. 1), traduit par
« coextensiveness and coexclusiveness » et spécifie que la première notion « represents the exact
equivalence between the definition and the definiendum », tandis que la seconde « dictates that when
the definition is absent the definiendum must be absent too ». Voir aussi J. Van Ess, « The Logical
Structure of Islamic Theology », dans G. E. Von Grunebaum (ed), Logic in Classical Islamic Culture ,
Wiesbaden, 1970, p. 2 1-50 (39).
(65) Dans le K. al-hudud , § 10-17, on trouve un texte similaire à celui de la Najat , mais il est clair
qu' al-Ghazzālī a puisé dans le dernier ouvrage.
This content downloaded from 45.30.90.147 on Wed, 12 Aug 2020 23:17:49 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms
60 JULES JANSSENS
B . Définitions particulières
This content downloaded from 45.30.90.147 on Wed, 12 Aug 2020 23:17:49 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms
AL-GHAZZĀLl'S MT YA R AL- 'ILM Fl F ANN AL-MANTÎQ 6 1
(71) Dans l'édition Goichon, ce paragraphe fait partie de la définition de la «description», sans
doute à tort. N'est-il pas normal qu'Ibn Sînâ fasse précéder les définitions de l'intellect et de l'âme par
celle de Dieu (ne fut-ce que par une désignation particulière telle que al-bāri, « Créateur » - notion par
ailleurs présente dans le titre de la cinquième mīmār de la Théologie d 'Aristotè) ?
(72) L'inclusion par A.-M. Goichon de ces deux définitions, ainsi que des deux suivantes, sous la
simple définition de l'âme a de nouveau (voir note précédente) de quoi surprendre.
(73) Pour la façon dont Ibn Sina comprend ces notions, voir notre « Creation and Emanation in Ibn
Sina », Documenti e studi sulla tradizione filosofica medievale , vm ( 1 997), p. 455-477 (469-476).
(74)11 donne ainsi l'impression que les mutakallimūn, en opposition directe aux philosophes,
refusent d'appeler Dieu jawhar. Pourtant, Ibn Sïnâ, dans la Métaphysique du Dānesh-Nāmeh, chap. 25
(et cela déjà explicitement dans le titre) affirme catégoriquement que Dieu n'est pas jawhar ,
affirmation reproduite par al-Ghazzālī dans les Maqâsid, p. 216, 24. Comme dans le Tahāfut , voir
notre «Al-Ghazzālī' s Tahāfut... », p. 14, il se pourrait qu' al-Ghazzālī se limite à ce qui constitue la
formulation la plus « aristotélicienne » d' Ibn Sīnā.
(75) Une comparaison systématique entre les formulations des diverses définitions dans les deux
œuvres est plus que souhaitable, mais dépasse le cadre de cet article (et nécessiterait des éditions
hautement critiques, voir supra n. 69). Pour d'autres éditions du livre avicennien, voir notre An
Annotated Bibliography on Ibn Sinā (1970-1989) (Ancient and Med. Philos., Ser. I, t. xm), Leuven,
1991, p. 46 et An Annotated Bibliography on Ibn Sina : First Supplement (1990-1994) (Textes et
études du Moyen Age, 12), Louvain-la-Neuve, 1999, p. 23-24.
This content downloaded from 45.30.90.147 on Wed, 12 Aug 2020 23:17:49 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms
62 JULES JANSSENS
A. Les catégories
This content downloaded from 45.30.90.147 on Wed, 12 Aug 2020 23:17:49 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms
AL-GHAZZALĪ ' S MF YARAL- 'ILM Fï FANN AL-MANTlQ 63
Après une brève introduction (240, 3-7) énumérant les principaux modes,
ceux-ci sont présentés en six rubriques sous forme de couples d'opposés : cause-
effet (240, 8-241, 8); puissance- acte (241, 9-242, 15); antériorité-postériorité
(242, 16-244, 8); universalité-particularité (244, 9-247, 14); unité-multiplicité
(247, 15-249, 1); possibilité-nécessité (249, 2-25 1,24).
(79) Référence aux sunnites-ash 'antes, voir F. Jabre, La notion de certitude selon Ghazali dans
ses origines psychologiques et historiques , p. 541 .
This content downloaded from 45.30.90.147 on Wed, 12 Aug 2020 23:17:49 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms
64 JULES JANSSENS
Conclusion
Selon al-Ghazzālī (2 1 , 25-25, 2), le présent livre n'a d'autre but que d' ouvrir la
voie à la véritable connaissance, nécessaire au bonheur parfait. Toutefois, c
dernier nécessite aussi une bonne conduite dont il exposera les règles dans un autre
livre, intitulé : Mîzân al- 'amalsl.
(80) R. Frank, Creation and the Cosmic System : Al-Ghazātī and Avicenna , p. 72, observe en ce
qui concerne l'affirmation de la nécessité absolue de l'Être nécessaire (251, 13-16): «al-Ghazā
would seem intentionally to mimic the language of Avicenna ». En fait, il ne se limite pas à imiter, mais
copie (presque) verbatim la Najāt, p. 1 53, 9-10 et 1 6- 19 en intercalant seulement « de sorte qu'il (l'Être
nécessaire) ne soit pas substrat pour les choses originées et qu'il ne soit pas sujet au changement », ce
qui n'implique en rien un changement de perspective. Nous doutons donc qu' al-Ghazzālī propose une
reformulation ash 'ari te.
(81) Plus tard, nous comptons publier un bilan des sources utilisées dans le Mizān , tel que nous
venons de le faire pour le Mi 'yâr.
This content downloaded from 45.30.90.147 on Wed, 12 Aug 2020 23:17:49 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms
AL-GHAZZ ALĪ ' S MT YĀR AL- 'ILM Fī FANN AL-MANTÏQ 65
Bilanfinal
«Ibn Sînâ's Ideas on Ultimate Reality and Meaning. Neoplatonism and the
Qur'ân as Problem-Solving Paradigms in the Avicennian System », Ultimate
Reality and Meaning, 10(1987), 252-271 ;
This content downloaded from 45.30.90.147 on Wed, 12 Aug 2020 23:17:49 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms
66 JULES JANSSENS
This content downloaded from 45.30.90.147 on Wed, 12 Aug 2020 23:17:49 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms