Vous êtes sur la page 1sur 88

INSTITUT DE FORMATION EN MASSO-KINÉSITHÉRAPIE

UE 28 Mémoire
Promotion : 2018-2022

Syndrome de jambes sans repos et masso-


kinésithérapie : état des lieux en France

Valérie BOTTLAENDER

Valérie BOTTLAENDER - Mémoire d’initiation à la recherche - IFMK d’Alsace – 2022


INSTITUT DE FORMATION EN MASSO-KINESITHERAPIE D’ALSACE

UE 28 Mémoire
Promotion : 2018-2022

Syndrome de jambes sans repos et masso-


kinésithérapie : état des lieux en France

Mémoire réalisé sous la direction de Nicolas RIVEILL,

Valérie BOTTLAENDER

Valérie BOTTLAENDER - Mémoire d’initiation à la recherche - IFMK d’Alsace – 2022


Déclaration sur l’honneur

L’Institut de Formation en Masso-Kinésithérapie s’engage contre le plagiat. Conformément à


l’article L122-4 du code de la propriété intellectuelle, créé par Loi 92-597 du 3 juillet 1992 :
« toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de
l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite. Il en est de même pour la
traduction, l’adaptation ou la transformation, l’arrangement ou la reproduction par un art ou
un procédé quelconque ».

La sanction prise est l’annulation de la soutenance en attendant l’avis du conseil de discipline.

Ayant été informée, j’atteste sur l’honneur ne pas avoir reproduit dans mes documents tout ou
partie d’œuvre(s) déjà existante(s), à l’exception de brèves citations dans le texte, mises entre
guillemets et référencées dans la bibliographie de mon mémoire.

À Strasbourg
Le 18.04.2022

Signature :

Valérie BOTTLAENDER - Mémoire d’initiation à la recherche - IFMK d’Alsace – 2022


Engagement étudiant

Je soussignée, BOTTLAENDER Valérie, étudiante en masso-kinésithérapie sur l’IFMK


d’Alsace,

- Reconnaît avoir pris connaissance de la charte éthique de l’établissement.

- Accepte les conditions, la réglementation en lien avec la recherche en santé.

- M’engage à respecter l’anonymat des personnes interrogées et à recueillir leur


consentement dans le cadre de cette unique recherche.

En cas de non respect, l’IFMK se réserve le droit à des sanctions, allant de l’avertissement au
conseil de discipline.

À Strasbourg
Le 18.04.2022

Signature (après la mention lu et approuvé) :

Valérie BOTTLAENDER - Mémoire d’initiation à la recherche - IFMK d’Alsace – 2022


Remerciements

Je tiens à remercier Nicolas Riveill, mon directeur de mémoire, pour ses conseils et sa
confiance par rapport à mon suivi dans ce projet de fin d’études.

Je remercie également Nadine Martini, documentaliste à l’IFMK de Strasbourg, grâce à qui


j’ai pu avoir accès à l’ensemble des références mentionnées dans ce mémoire.

Il n’aurait pas pu voir le jour sans la participation des soignant.es que j’ai pu interrogé.es. Je
les remercie pour le temps qu’ils m’ont accordée et leur bienveillance.

Je remercie de tout mon cœur Margaux Miranda de Oliveira, Mallaury Mathieu, Capucine
Schaefle, Chaharman Assoumani pour leur amitié et leur soutien durant nos années d’études
ainsi que dans la construction de ce mémoire.

Je remercie Chléo Ramadier pour nos échanges constructifs sur la santé, le handicap et le
validisme, ainsi que pour l’entraide dont nous avons fait preuve.

Je remercie enfin ma famille de m’avoir aidée à dépasser les obstacles présents durant mes
études, ainsi que d’avoir pris soin de Sirius, mon ami à quatre pattes.

Enfin, je remercie Julie Ringenbach de toujours être à mes côtés et d’avoir participé à la
relecture de ce mémoire.

Valérie BOTTLAENDER - Mémoire d’initiation à la recherche - IFMK d’Alsace – 2022


Sommaire

I. Introduction………………………………………………………………….......1
1. Le syndrome de jambes sans repos….……………….………………….…..1
1..1 Définition et historique…………………………...……………..……...1
1.2 Epidémiologie……………………………………...…………...……….2
1.3 Etiologies et formes cliniques……………………...…………...……….2
1.4 Symptômes........…………………………………...…………...………..3
1.5 Impact fonctionnel…………………………………..…………………..4
1.5.1 Altération de la qualité de vie………………..……...…………4
1.5.2 Altération de la santé mentale………………...…..…………...5
1.5.3 Augmentation des risques cardio-vasculaires..….…….……….5
2. La prise en charge médicale du syndrome de jambes sans repos……………6
2.1 Le diagnostic..……………………………………..………………..……6
2.2 Le diagnostic différentiel……..……………………………....………….7
2.3 Les traitements pharmacologiques………….…………………………...8
2.3.1 Agonistes dopaminergiques.…………………………………...8
2.3.2 Ligands α2δ ….…..………………………………......………...8
2.3.3 Opiacés……………….………………………………………...9
2.3.4 Antidépresseur et antihypertenseur…..………………………...9
2.3.5 Minéraux et vitamines ….….…………………………………...9
4. Les traitements non-pharmacologiques…………………………………....9
2.4.1 Hygiène de sommeil.…………………………………………...9
2.4.2 Activité physique………...……………………………………10
2.4.3 Physiothérapie……….………………………………………...10
3. Les limites de la prise en charge actuelle……………………………………11
3.1 Le diagnostic tardif….……..……………………………….………...….11
3.2 Limites des traitements pharmacologiques existants………..………...…11
3.3 Efficacité relative des traitements non-pharmacologiques………..…..…13
4. Problématisation………………………………………………………..…...13
4.1 Problématique……………..…………………………………………..…13
4.2 Enjeux………………………..……………………………………...…...15
4.3 Originalité……………………..………………………………………....15

Valérie BOTTLAENDER - Mémoire d’initiation à la recherche - IFMK d’Alsace – 2022


II. Méthode………………………………………………………………………...16
1. Caractéristiques de l’étude…………………………………………..16
1.1 Type d’étude……………………………………………………16
1.2 Déroulé de l’étude………………………………………………16
2. Population d’étude……………………………………………….…..17
2.1 Population cible…………………………………………..…......17
2.2 Critères d’éligibilité…………………...…………………….......17
3. Matériel et outils……………………………………..……………....17
4. Echantillonnage…………………………………………………...….18
4.1 Echantillonnage initial……………………………………...…...18
4.2 Echantillonnage final………………………………………..…..18
5. Recherches complémentaires………………………………………...19
5.1 Pré-enquête à destination de médecins.....………………………19
5.2 Entretien avec un médecin..…………………..………….……...19
6. Questionnaire de pré-enquête à destination de MK………………….19
6.1 Elaboration du questionnaire....………………….………….…..19
6.2 Recueil des données………………………………………….….20
7. Entretiens………………………………………………………….….20
7.1 Elaboration de la grille d’entretien………………………………20
7.2 Recueil des données……………………………………………..21
8. Traitement des données………………………………………………21
8.1 Analyse des données des questionnaire de pré-enquête…………21
8.2 Retranscription des entretiens……………………………………21
8.3 Analyse des données des entretiens….…………………………..21

III. Résultats…………………………………………………………………………23
1. Description de l’échantillon initial des MK…………………………..23
2. Résultats de la pré-enquête destinée aux MK………………………...23
3. Description de l’échantillon des médecins……………………………25
4. Résultats de la pré-enquête destinée aux médecins…………………...25
5. Description de l’échantillon final des MK…………………………....27
6. Résultats des entretiens………………………………………………..27
6.1 Thème 1 : Définition du SJSR selon les MK en France………….27
6.1.1 Sous-thème 1 : Définition………………………………28

Valérie BOTTLAENDER - Mémoire d’initiation à la recherche - IFMK d’Alsace – 2022


6.1.2 Sous-thème 2 : Impact fonctionnel……………………..29
6.2 Thème 2 : Méconnaissance du syndrome par les patient.es et
les professionnels de santé……………………………………………31
6.2.1 Sous-thème 1 : Méconnaissance du syndrome par
les professionnels de santé…………………………………....31
6.2.2 Sous-thème 2 : Connaissances apportées par les
patient.es aux soignant.es……………………………………..33
6.2.3 Sous-thème 3 : Banalisation du syndrome……………...34
6.3 Thème 3 : Prise en charge du SJSR par les MK………………….35
6.3.1 Sous-thème 1 : BDK…………………………………....36
6.3.2 Sous-thème 2 : Actions thérapeutiques menées……...…38
6.3.3 Sous-thème 3 : Efficacité relative des traitements……...39
6.4 Thème 4 : Rôle du MK dans l’approche BPS du patient……...….41
6.4.1 Sous-thème 1 : Quand le MK endosse le rôle de
psychologue…………………………………………………...41
6.4.2 Sous-thème 2 : Le patient acteur de sa rééducation ?…...43
6.4.3 Sous-thème 3 : La place du MK dans la prise en charge
actuelle du SJSR………………………………………………43
6.5 Thème 5 : Freins à la prise en charge masso-kinésithérapique…...45
6.5.1 Sous-thème 1 : Au niveau du patient……………………45
6.5.2 Sous-thème 2 : Au niveau médical……………………...46
6.5.3 Sous-thème 3 : Au niveau des MK……………………...47

IV. Discussion………………………………………………………………………...49
1. Discussion des résultats de pré-enquête………………………………..49
1.1 Pré-enquête destinée aux MK.….………………………………...49
1.2 Pré-enquête destinée aux médecins………………………...……..50
2. Discussion des résultats des entretiens…………………………...…….51
2.1 Thème 1 : Définition du SJSR selon les MK en France………….51
2.2 Thème 2 : Méconnaissance du syndrome par les patient.es et
les professionnels de santé………………………………………………..52
2.3 Thème 3 : Prise en charge du SJSR par les MK………………….54
2.4 Thème 4 : Rôle du MK dans l’approche BPS du patient…………56
2.5 Thème 5 : Freins à la prise en charge masso-kinésithérapique…..58
3. Limites de l’étude……………………………………………………...59

Valérie BOTTLAENDER - Mémoire d’initiation à la recherche - IFMK d’Alsace – 2022


3.1 Biais d’échantillonnage………………………………………….59
3.2 Biais liés à la réalisation des entretiens………………………….60
3.3 Biais d’interprétation…………………………………………….61
3.4 Biais liés aux ressources…………………………………………61
4. Forces de l’étude………………………………………………………….61
5. Perspectives de recherche complémentaire……………………………….62

V. Conclusion………………………………………………………………………64

Bibliographie……………………………………………….……………………………65

Liste des annexes………………………………………………………………………...69

Valérie BOTTLAENDER - Mémoire d’initiation à la recherche - IFMK d’Alsace – 2022


Liste des sigles utilisés

SJSR : Syndrome de Jambes Sans Repos


RLS : Restless Legs Syndrome
ICSD : International Classification of Sleep Disorders
IRLSSG : International Restless Legs Syndrome Study Group
TDAH : Trouble De l’Attention avec Hyperactivité
MPJS : Mouvements Périodiques des Jambes au cours du Sommeil
HAS : Haute Autorité de Santé
OR : Odds Ratio
HTA : Hypertension Artérielle
EMG : Electromyogramme
EEG : Electoencéphalogramme
EOG : Electrooculogramme
ROT : Réflexes Ostéo-tendineux
AP : Activité Physique
AD : Agonistes Dopaminergiques
AMM : Autorisation de Mise sur le Marché
MK : Masseur-Kinésithérapeute
BPS : Bio-Psycho-Social
ETP : Education Thérapeutique du Patient
DE : Diplômé d’État
BDK : Bilan-Diagnostic Kinésithérapeutique
APA : Activité Physique Adaptée

Valérie BOTTLAENDER - Mémoire d’initiation à la recherche - IFMK d’Alsace – 2022


Valérie BOTTLAENDER - Mémoire d’initiation à la recherche - IFMK d’Alsace – 2022

I. Introduction

« Alors, en tant que kiné mon job c’est principalement de donner des conseils aux
gens. Ca demande des connaissances anatomiques, mécaniques, médicales, et je pensais au
début de ma carrière que ça suffisait. [...] Que si jamais tu veux aider les gens autour de toi,
il suffit juste de donner une bonne information et puis après ils vont le faire et ça va bien se
passer. Mais en fait c’est pas suffisant. Pour pouvoir transmettre ton savoir, bien au-delà de
la kiné, si tu veux aider les gens autour de toi, il te faut d’autres compétences. La
transmission du savoir ce n’est pas le savoir. Il faut des compétences en communication, il
faut de l’empathie, il faut de la patience. »
Convaincre ou transmettre ? Major Mouvement, TEDxToulouseBusinessSchool (1)

1. Le syndrome de jambes sans repos


1.1. Définition et historique
Le syndrome de jambes sans repos (SJSR) ou maladie de Willis-Ekbom est un trouble
sensori-moteur chronique caractérisé par un besoin impérieux de bouger les membres
inférieurs associé à des paresthésies, des dysesthésies voire des douleurs, au repos (2) (3). On
le connaît plus communément sous le terme d’« impatiences » (2). Il est considéré comme un
trouble du sommeil. Les symptômes surviennent généralement lorsque les patients sont
allongés le soir ou la nuit. Ils perturbent l’endormissement ou bien scindent le sommeil (3). Ils
peuvent aussi survenir dans la journée en position assise lorsque le patient est inactif et qu’il
se tient immobile de manière prolongée (2).
Ce syndrome a été décrit la première fois médicalement parlant par Sir Thomas Willis en
1672 dans The London practice of physick : or the whole practical part of physick contained
in the works of Dr. Willis. Il présente des critères de diagnostic clinique semblables à ceux
connus aujourd’hui (4).

« Wherefore to some, when being abed they betake themselves to sleep, presently in
the arms and legs, leapings and contractions to the tendons, and so great a restlessness and
tossing of their members ensue, that the diseased are no more able to sleep, than if they were
in a place of the greatest torture. » Sir Thomas Willis (4)

Ce syndrome a ensuite eu plusieurs noms les siècles suivants tels que « inquiétude des pieds »
ou « anxietas tibiarum » (4). Le neurologue Georges Gilles de La Tourette a décrit la
composante sensitive du syndrome en 1898. En 1945, le terme de Restless Leg Syndrom
1
Valérie BOTTLAENDER - Mémoire d’initiation à la recherche - IFMK d’Alsace – 2022

(RLS) est apparu grâce à Karl Axel Ekbom qui a décrit la forte prévalence de ce syndrome
dans la population générale, identifié sa composante héréditaire, ainsi que le rôle joué par la
carence ferrique et la grossesse (4). En 1990, les critères diagnostiques de ce syndrome sont
publiés dans l’International Classification of Sleep Disorders (ICSD). Ils sont révisés ensuite
par l’International Restless Legs Syndrome Study Group (IRLSSG) en 1995 et par le National
Health Institute (NIH) en 2003. Suite à ces révisions, le SJSR est nommé maladie de Willis-
Ekbom en 2011 (5).

1.2. Epidémiologie
La prévalence du SJSR est évaluée à 8,5 % de la population française. Elle apparaît le plus
souvent à l’âge adulte et touche surtout les femmes (2) (6).
En effet « Most of the studies show a female/male ratio in the prevalence of RLS around 2-
3/1. » (6). 3,1 % de la population présenterait un SJSR à une fréquence mensuelle, 2,5 % à
une fréquence hebdomadaire, et 1,9 % à une fréquence quotidienne (5). Cela représente près
de 1 300 000 personnes qui en souffrent quotidiennement (8). Ce syndrome peut apparaître
dès l’enfance ou l’adolescence (2). La prévalence dans la population pédiatrique est évaluée
entre 2 et 4 %, et est majorée en cas de trouble de l’attention avec hyperactivité (TDAH) (5).

1.3. Etiologies et formes cliniques


La physiopathologie de ce syndrome est à ce jour encore méconnue. Il s’agirait d’un état
hyperdopaminergique présynaptique qui entraînerait une internalisation post-synaptique des
récepteurs dopaminergiques D2 au niveau du système nerveux central (5). Les impatiences
sont plus fréquentes en cas d’anémie ferriprive ou en cas de carence ferrique sans anémie
avérée. En effet il semble que cette carence diminuerait la production de dopamine au niveau
central (6).

Les médecins distinguent généralement plusieurs formes de SJSR : une forme familiale qui
peut toucher les enfants de manière précoce, et des formes secondaires associées à d’autres
maladies, comportements ou situations pouvant déclencher ou augmenter les symptômes. On
peut décrire aussi une forme idiopathique, c’est-à-dire qu’aucun autre membre de la famille
du patient n’est atteint et que l’origine du syndrome est inconnue (2).
Les impatiences peuvent survenir chez 20 à 30 % des femmes enceintes lors du dernier
trimestre de grossesse et elles tendent à disparaître quelques semaines après l’accouchement.
Il n’est pas prouvé qu’elles soient de la même origine que celles survenant hors grossesse (6).

2
Valérie BOTTLAENDER - Mémoire d’initiation à la recherche - IFMK d’Alsace – 2022

« Unlike migraine, there is no evident role of female sex hormones in the


pathophysiology of RLS. Although possible, currently there is no solid evidence for a
pathogenetic role of estrogens in RLS. » (7)

Les personnes atteintes de diabète, de polyarthrite rhumatoïde, d’insuffisance rénale


chronique, d'hypothyroïdie, de maladies neuro-dégénératives telles que la sclérose en plaques
ou la maladie de Parkinson, de neuropathies, de myélopathies et les personnes obèses ou en
surpoids sont plus à risque de développer une forme secondaire de SJSR (4) (8).
Le stress, l’anxiété, la fatigue, le tabagisme, l’abus d’alcool ou de caféine (café, thé, chocolat,
cola, guarana) représentent des facteurs de risque de survenue du syndrome ainsi que
d’augmentation de la fréquence des crises (2) (6). Certains médicaments tels que des
antidépresseurs, des neuroleptiques, des antihistaminiques peuvent aussi déclencher des
symptômes de jambes sans repos (6).

Il existe aussi des formes cliniques particulières. Nous pouvons décrire une forme sévère au
début précoce, sans mouvements périodiques des jambes au cours du sommeil (MPJS) et
souvent associée à des troubles psychiatriques. Il existe également une forme de dyskinésie
nocturne fréquemment associée à des maladies neurologiques, produisant des mouvements au
repos et sans composante sensitive. Ces deux formes sont relativement résistantes aux
traitements dopaminergiques (4).

1.4. Symptômes
Le SJSR consiste principalement en un besoin impérieux de bouger les membres inférieurs,
accompagné généralement de sensations désagréables. Ces symptômes débutent ou
s’aggravent lors du repos ou de l’inactivité, le soir ou la nuit. Ils sont améliorés ou
disparaissent lors du mouvement des jambes, au moins tant que l’activité continue (4). On
appelle ces sensations désagréables des impatiences. Elles peuvent être décrites comme des
paresthésies, dysesthésies, brûlures, électricité, crampes, sensation d’étau, broiement,
démangeaisons, piqures, tension, voire des douleurs dans les formes sévères du syndrome (2)
(4). Dans 20 % des cas les symptômes touchent aussi les bras. Plus rarement ils peuvent
s’étendre à d’autres parties du corps (2). Ces symptômes sont le plus souvent bilatéraux et
symétriques (10). Ils surviennent habituellement au repos ou en cas d’inactivité et
s’intensifient en soirée et durant la nuit. Ils perturbent l’endormissement et, dans les cas les
plus sévères, entraînent des perturbations marquées du sommeil (11). En effet même si la
personne qui en souffre n’a pas conscience de se réveiller, les impatiences entraînent souvent

3
Valérie BOTTLAENDER - Mémoire d’initiation à la recherche - IFMK d’Alsace – 2022

des microréveils de quelques secondes. Le matin, la personne a alors l’impression que son
sommeil n’a pas été réparateur (9).
80 % des personnes atteintes de SJSR présentent également des MPJS, qui sont des
mouvements involontaires survenant au cours du sommeil. Ils se produisent toutes les vingt à
quarante secondes, sous forme de crises de cinq à vingt minutes. Ces crises peuvent survenir
plusieurs fois dans la nuit voire même le jour. Le plus souvent ils touchent les extrémités,
entrainant une extension de l’hallux et une flexion dorsale de la cheville. Ils provoquent plus
rarement une flexion du genou voire de la hanche (2).

Le SJSR évolue de façon fluctuante, les symptômes pouvant s’accentuer en fonction de la


présence de facteurs de risque ou régresser temporairement (2). Fréquemment, le SJSR est
chronique et évolue progressivement (6).

1.5. Impact fonctionnel


1.5.1) Altération de la qualité de vie
Les formes très graves de SJSR, représentant 4% de l’ensemble des cas, peuvent entraîner des
perturbations importantes du sommeil et avoir un retentissement sur la vie quotidienne
familiale, sociale ou professionnelle (6). Les conséquences sur la qualité de vie et sur le
fonctionnement diurne sont décrites comme sévères (12). En effet la qualité de vie des
personnes atteintes, autant mentale que physique, est altérée. Cette altération est comparable à
celle de patients dépressifs (3) ou atteints d’autres troubles chroniques, sans différence
significative entre les femmes et les hommes (7).

« La qualité de vie est définie comme la perception qu’un individu a de sa place dans
la vie, dans le contexte de la culture et du système de valeurs dans lequel il vit, en relation
avec ses objectifs, ses attentes, ses normes et ses inquiétudes. C’est donc un concept très large
qui peut être influencé de manière complexe par la santé physique du sujet, son état
psychologique et son niveau d’indépendance, ses relations sociales et sa relation aux
éléments essentiels de son environnement” Organisation Mondiale de la Santé, 1993 (13).

Le SJSR peut occasionner des insomnies (2). On parle d’insomnie lorsque l’on présente une
difficulté d’endormissement, de maintien du sommeil ou de réveil précoce au moins trois fois
par semaine depuis au moins un mois. Le sommeil est défini comme une baisse de l’état de
conscience qui sépare deux périodes d’éveil, pendant laquelle occurrent une perte de
vigilance, une diminution du tonus musculaire et une diminution partielle de la perception
4
Valérie BOTTLAENDER - Mémoire d’initiation à la recherche - IFMK d’Alsace – 2022

sensitive (11). Il est essentiel à la récupération physique et mentale, au bon fonctionnement


des fonctions cognitives, à l’immunité (11). L’insomnie peut entraîner entre autres une
somnolence diurne, de l’irritabilité, des troubles cognitifs, une altération du fonctionnement
socio-professionnel et une augmentation du risque d’erreurs et d’accidents au quotidien (2)
(12). De plus la gêne liée aux impatiences, survenant lors de situations d’inactivité prolongées
dans le temps, peut amener les personnes atteintes à éviter certains événements socio-
professionnels (2). Enfin la présence de mouvements périodiques des membres inférieurs a
des retentissements sur la qualité de vie de leur conjoint.e (2) (9) (14).

1.5.2) Altération de la santé mentale


Le SJSR augmente les risques de troubles dépressifs et anxieux (2) (4). Dans la mesure où il
n’est a priori pas causé par des troubles psychiatriques ni par le stress, il peut cependant être
exacerbé par ces conditions ou y contribuer (15).

« Certaines enquêtes et études cliniques suggèrent que les personnes atteintes du SJSR
ont un surrisque de présenter des symptômes dépressifs ou d’avoir des idées suicidaires,
notamment celles qui souffrent d’insomnie. Cependant, aucun des travaux conduits jusqu’à
présent ne permet d’établir précisément la fréquence de ces plaintes, ni la façon dont le
traitement permet de les résoudre. » Yves Dauvilliers (16)

Dans son étude intitulée Depressive Symptoms and Suicidal Thoughts in Restless Legs
Syndrome, les chercheurs ont pu quantifier l’importance des symptômes dépressifs et des
pensées suicidaires associés au syndrome. Une prise en charge adaptée du SJSR permettrait
de réduire les symptômes sensori-moteurs mais aussi ceux liés à la santé mentale des patients
selon Yves Dauvilliers (16). Après un an de traitement personnalisé, les troubles du sommeil
et les symptômes dépressifs ont été diminués. La fréquence des idées suicidaires est en
revanche restée quasiment inchangée (16).

1.5.3) Augmentation des risques cardio-vasculaires


Le SJSR augmente les risques cardio-vasculaires (3). En effet, des rapports de cotes ou odds
ratio (OR) ont été calculés pour mettre en évidence la force d’association entre les facteurs de
risque cardio-vasculaires et le SJSR. En les interprétant comme des risques relatifs, nous
pouvons soutenir que l’hypertension artérielle (HTA) et les événements cardio-vasculaires ont
entre 1,4 et 2,5 fois plus de risque de survenir chez les patients atteints de SJSR (4). Cela peut

5
Valérie BOTTLAENDER - Mémoire d’initiation à la recherche - IFMK d’Alsace – 2022

s’expliquer par le fait que la baisse de la pression artérielle que l’on constate normalement
durant le sommeil n’a pas lieu chez ceux dont les jambes bougent sans arrêt, le jour et la nuit
(16). Il est nécessaire aujourd’hui de prêter attention aux risques cardio-vasculaires et à leur
prévention, car les maladies cardio-vasculaires représentent la deuxième cause de mortalité en
France derrière les tumeurs malignes (17).

2. La prise en charge médicale du syndrome de jambes sans repos


2.1. Le diagnostic
Le diagnostic est posé généralement en une consultation médicale après interrogatoire et
examen clinique (18). Il est d’abord positif et s’appuie sur la présence de 4 critères cliniques
essentiels (3) :
• un besoin impérieux de bouger les membres inférieurs accompagné ou non de
sensations désagréables
• les symptômes débutent ou s’aggravent durant des épisodes de repos ou d’inactivité
(tel qu’être allongé ou assis)
• les symptômes sont améliorés ou disparaissent lors du mouvement au moins tant que
l’activité continue
• les symptômes surviennent principalement dans la soirée ou la nuit

Le médecin peut utiliser l’Echelle internationale de sévérité des impatiences pour évaluer
l’intensité des symptômes (19) (Annexe I).

Lorsque le diagnostic positif est posé, le bilan peut être complété par la recherche d’une
carence ferrique. Dans certains cas particuliers la polysomnographie peut être indiquée,
notamment pour objectiver la présence de MPJS (5). La polysomnographie correspond à
l’enregistrement des signaux de quantification des stades du sommeil, qui sont au minimum
trois électroencéphalogrammes (EEG), deux électrooculogrammes (EOG), et un EMG
mentonnier. A ces éléments est ajouté l’enregistrement d’autres signaux en fonction de la
pathologie connue ou suspectée (20). Les patients peuvent ensuite être orientés si nécessaire
vers un neurologue ou un médecin spécialiste du sommeil afin d’approfondir le bilan ou
adapter au mieux leur traitement (18).

L’IRLSSG propose des critères cliniques supplémentaires (4) :


• Présence d’antécédents familiaux de SJSR : le syndrome est familial dans 50-60% des
cas et la prévalence est trois à cinq fois supérieure chez les apparentés au premier
6
Valérie BOTTLAENDER - Mémoire d’initiation à la recherche - IFMK d’Alsace – 2022

degré. La transmission autosomique dominante de gênes participants au


développement du système sensori-moteur a été retrouvée dans des familles atteintes
de SJSR
• Réponse initiale au traitement dopaminergique positive
• Présence de MPJS
• Examen clinique neurologique normal dans la forme idiopathique : il est possible de
retrouver une augmentation de la sensibilité aux vibrations ou à la piqure, mais sans
allodynie, ni hypoesthésie

Les 4 critères essentiels ont une sensibilité de 86 % et une spécificité de 45 %. L’ajout d’un
cinquième critère permet d’obtenir une spécificité de 90 %. Ce critère est l’exclusion des
diagnostics différentiels du SJSR (5).

2.2. Le diagnostic différentiel


Le diagnostic de SJSR n’est posé qu’après avoir exclu d’autres diagnostics plus graves. Le
médecin recherche des signes d’autres pathologies vasculaires, neurologiques,
ostéoarticulaires, du sommeil et psychiatriques, à l’aide d’un bilan neurologique et de bilans
paracliniques si nécessaire.

Concernant les pathologies vasculaires, le SJSR est à différencier avant tout d’une
artériopathie ou d’une insuffisance veineuse (4). L’artérite prédomine en fin de journée et est
aggravée par la marche (8). L’insuffisance veineuse chronique, qui provoque une sensation de
jambes lourdes, voit ses symptômes calmés par le repos allongé. La disparition des
symptômes avec l’activité cérébrale ou physique, notamment la marche, est un argument
diagnostique qui permet de les différencier (1) (4).

Concernant les pathologies neurologiques, l’examen clinique neurologique doit être normal.
Une neuropathie périphérique provoquerait des paresthésies tout au long de la journée et
abolirait les réflexes ostéo-tendineux (ROT) (8). Le médecin doit exclure la présence d’une
neuropathie des petites fibres : elle provoque des douleurs neurogènes isolées, pouvant mimer
un SJSR, avec un électromyogramme (EMG) pouvant être normal (4). L’akathisie, qui se
manifeste par une sensation d’agitation intérieure et par un besoin irrépressible de bouger, est
souvent retrouvée chez des patients traités par anti-psychotiques (21). Elle est à différencier
des impatiences, elle n’a pas de caractère vespéral et ne cède pas à l’activité physique (AP)
(4).

7
Valérie BOTTLAENDER - Mémoire d’initiation à la recherche - IFMK d’Alsace – 2022

Le médecin recherche aussi la présence de troubles ostéoarticulaires tels qu’une arthropathie,


des crampes musculaires nocturnes ou un syndrome douloureux chronique et diffus tel que la
fibromyalgie (4). Les troubles du sommeil à investiguer sont l’insomnie d’endormissement et
les éveils nocturnes (3). L’apparition de SJSR peut être également liée à la prise de
neuroleptique, à un inconfort positionnel lors du sommeil, à de l’anxiété, ou à un TDAH (3).

La difficulté dans le diagnostic différentiel repose sur la présence fréquente de comorbidités.


Le SJSR, bien qu’à différencier des pathologies vasculaires, est fréquent chez les patient.es à
risque cardio-vasculaire. Ce syndrome et la neuropathie des petites fibres peuvent être
associés, tout comme le SJSR et la maladie de Parkinson (4). Le SJSR a une prévalence plus
élevée également chez les patient.es atteintes de fibromyalgie (22).
Nous en déduisons que les associations de ces pathologies réduisent d’autant plus la qualité de
vie des personnes atteintes.

2.3. Les traitements pharmacologiques


2.3.1) Agonistes dopaminergiques
Il n’existe pas de traitement curatif à ce jour (18). Pour autant, il existe plusieurs traitements
pharmacologiques destinés à diminuer les symptômes du SJSR. Les principaux médicaments
utilisés sont les agonistes dopaminergiques (AD) tels que la Levodopa, Ropinirole,
Pramipexole, Cabergoline (20), ainsi que la Rotigotine (24). Ils sont généralement utilisés
dans le cadre du traitement de la maladie de Parkinson qui atteint le système dopaminergique.
Leur prescription nécessite un suivi et une surveillance par rapport aux effets secondaires
pouvant survenir (23). Dans le cadre du traitement du SJSR, le Pramipexole, la Rotigotine et
la Cabergoline présentent un niveau de preuve de grade A, le Ropinirole un niveau de preuve
de grade B et la Levodopa un niveau de preuve de grade C (24).

2.3.2) Ligands α2δ


Des ligands peuvent être prescrits tels que la Prégabaline, la Gabapentine et son précurseur la
Gabapentine énacarbil. Ils sont généralement indiqués en cas d’épilepsie ou de douleurs
neuropathiques. Ces médicaments représente une alternative thérapeutique intéressante aux
agonistes dopaminergiques en début de traitement (23). Dans le cadre du traitement du SJSR,
la Gabapentine énacarbil présente un niveau de preuve de grade A, la Prégabaline un niveau
de preuve de grade B (24).

8
Valérie BOTTLAENDER - Mémoire d’initiation à la recherche - IFMK d’Alsace – 2022

2.3.3) Opiacés
Pour les patients ne répondant pas au traitement dopaminergique, il est possible de prescrire
des opiacés en association fixe comme l’Oxycodone-Naloxone ou de l’Oxycodone seule (23).
Ils sont utilisés comme antalgiques dans les formes très sévères de SJSR (25). Dans le cadre
du traitement de ce syndrome les opiacés présentent un niveau de preuve de grade C (24).

2.3.4) Antidépresseur et antihypertenseur


Le Bupropion est un inhibiteur sélectif de la recapture des cathécolamines, dont la dopamine
fait partie (26). Il est parfois prescrit dans le cadre du traitement du SJSR, mais les études à
propos de son efficacité et de sa sécurité d’emploi sont jugées insuffisantes (23).
La Clonidine, qui est un agoniste adrénergique utilisé dans le traitement de l’HTA, est parfois
prescrite pour des patients ayant une majoration des symptômes du SJSR au moment du
coucher. Les études existantes ne sont pas suffisantes pour conclure quant à son efficacité
avérée (23).

2.3.5) Minéraux et vitamines


En cas de carence ferrique, les médecins peuvent prescrire du sulfate de fer avec de la
vitamine C (23). L’utilisation de ces compléments montre un niveau de preuve de grade B
chez les patients ayant un taux de ferritine inférieur à 75mg/L (24). D’autres formes de fer
peuvent être prescrites : le carboxymaltose ferrique intraveineux étant considéré comme
probablement efficace, ou le fer-saccharose intraveineux pour lequel nous n’avons pas assez
de données pour juger de son efficacité (23). Chez les patients hémodialysés ayant développé
un SJSR secondaire, la supplémentation en vitamine C et E présente un niveau de preuve de
grade B (24).

2.4. Les traitements non-pharmacologiques


2.4.1) Hygiène de sommeil
Favoriser un sommeil quantitativement et qualitativement suffisant passe par l’appréciation de
l’environnement, l’hygiène et le rythme de vie (11) (27)(Annexe III).
Avant la mise en place d’un traitement pharmacologique, il est possible de mettre en place des
mesures hygiéno-diététiques simples pour réduire le nombre et l’intensité des manifestations
du SJSR (27). En effet l’association France Ekbom recommande au minimum dans le cadre
du SJSR de se coucher et se lever à heure régulière, d’avoir un nombre d’heures de sommeil
suffisant (soit sept heures en moyenne (11)), et de pratiquer éventuellement un exercice

9
Valérie BOTTLAENDER - Mémoire d’initiation à la recherche - IFMK d’Alsace – 2022

physique modéré avant le coucher, des étirements par exemple. Elle précise également qu’il
est utile d’éviter les excitants qui peuvent accentuer les symptômes (27).
2.4.2) Activité physique
L’activité physique (AP) est un « déterminant majeur de l’état de santé, de la condition
physique [...], du maintien de l’autonomie avec l’avancée en âge et de la qualité de vie des
populations à tous les âges de la vie » (28). Elle constitue une thérapeutique non-
pharmacologique à part entière dans de nombreuses situations et maladies chroniques. Elle
fait partie intégrante aussi de la prévention primaire, secondaire et tertiaire de nombre de ces
états de santé (26). L’instauration de la pratique régulière d’une AP et d’une bonne hygiène de
sommeil sont connus pour améliorer efficacement la qualité de vie liée à la santé (29).
Cependant il est impossible aujourd’hui de prévenir de façon primaire l’apparition du SJSR
(30). Les effets de l’AP sur les troubles du sommeil n’ont pas été suffisamment démontrés
pour le moment (29). Même s’il n’existe pas à ce jour de recommandations spécifiques
concernant les modalités d’éxécution d’une AP dans le cadre du SJSR, il apparaît toutefois
que les recommandations générales d’AP soient constructives sur le long terme (31).
En tout cas, chez les patients hémodialysés ayant développé un SJSR secondaire la
prescription d’AP est recommandée en plus du traitement pharmacologique. Cette
recommandation présente un niveau de preuve de grade C (24).

2.4.3) Physiothérapie
La physiothérapie regroupe des thérapies non-pharmacologiques utilisant des agents
physiques, telles que la balnéothérapie, l’électrothérapie, la thermothérapie, l’utilisation
d’ondes mécaniques notamment.
Parmi ces thérapies, il est possible de prescrire dans le cadre du SJSR de la pressothérapie
(23). Cette recommandation présente un niveau de preuve B (24). Les médecins peuvent
éventuellement proposer d’utiliser des vibrations pour améliorer le sommeil des patient.es
atteint.es. Cette recommandation montre un niveau de preuve de grade C (24).
L’Assurance Maladie et l’association France Ekbom proposent aux patient.es de se lever et de
marcher quelques minutes, de masser et étirer leurs jambes, de faire des bains froids et/ou
chauds, ou encore d’avoir une activité cognitive soutenue pour réduire le nombre et l’intensité
des crises (27) (30).

10
Valérie BOTTLAENDER - Mémoire d’initiation à la recherche - IFMK d’Alsace – 2022

3. Les limites de la prise en charge actuelle


3.1. Le diagnostic tardif
Le SJSR est diagnostiqué par un médecin en moyenne 10 ans après l’apparition des premiers
symptômes (18).

Beaucoup de personnes touchées par ce syndrome n’ont jamais entendu parler de cette
maladie et ont des difficultés à décrire ce qu’elles ressentent (16). En effet les symptômes du
SJSR sont souvent confondus par les patients et les cliniciens avec ceux de pathologies
vasculaires ou neurologiques autres (18).

Il faut également noter que l’investigation de l’insomnie et des troubles du sommeil est
souvent limitée à des causes psychologiques telles que l’anxiété et la dépression (12). Les
plaintes décrites par les patient.es telles que les insomnies et la fatigue, l’irritabilité, les
troubles cognitifs, les impatiences peuvent être banalisées par les cliniciens (12). Dans le cas
du SJSR, le trouble sensori-moteur, le trouble du sommeil et les troubles psychologiques sont
liés et s’entretiennent mutuellement.

Or les Recommandations pratiques sur la Prise en charge du patient adulte se plaignant


d’insomnie en médecine générale éditées par la Haute Autorité de Santé (HAS) proposent
d’utiliser lors de l’anamnèse un arbre décisionnel pour investiguer les comorbidités liées à
l’insomnie et les troubles du sommeil associés (32) (Annexe II).

Le médecin peut ainsi, grâce à son anamnèse, conduire les patient.es à poser un nom sur les
symptômes ressentis. Il doit pour ce faire être suffisamment sensibilisé sur le sujet des
troubles du sommeil et plus particulièrement du SJSR (16). Une meilleure information sur le
SJSR est indispensable pour mieux l’identifier et réduire l’errance diagnostique des patients
(16).

3.2. Limites des traitements pharmacologiques existants


La mise en place d’un traitement pharmacologique dépend de la sévérité des symptômes
présents (25). Beaucoup de patient.es ne ressentiront ces sensations qu’occasionnellement au
cours de leur vie. Il n'est, dans ce cas, pas nécessaire ni même recommandé de prendre un
traitement médicamenteux contre le SJSR. Il risque, dans le cas où la maladie se
développerait sous traitement, de ne plus être aussi efficace (27). Les traitements
pharmacologiques généralement proposés aux patient.es présentent des inconvénients non
négligeables.

Concernant les AD, leur efficacité est qualifiée de modérée en terme de réduction du score de
sévérité de l’IRLSSG en cas de SJSR modéré à sévère. Le Pramipexole et la Rotigotine ont
11
Valérie BOTTLAENDER - Mémoire d’initiation à la recherche - IFMK d’Alsace – 2022

plutôt montré un intérêt clinique dans les formes très sévères de SJSR. L’efficacité de ces
traitements est supérieure au placebo, mais n’est pas avérée au-delà de 6 mois de traitement
(33). Les AD ayant une autorisation de mise sur le marché (AMM) pour le SJSR en France
n’ont pas été comparés entre eux (32).

Les AD sont suceptibles d’entraîner des complications sévères : un syndrome d’augmentation


ou des troubles du contrôle des impulsions peuvent se développer suite à leur prise (33). Le
syndrome d’augmentation est caractérisé par l’aggravation des symptômes sous un traitement
à dose élevée et/ou administration prolongée : on observe l’avancée de la survenue des
symptômes dans la journée, une augmentation de leur sévérité voire une atteinte d’autres
parties du corps (34). Les troubles du contrôle des impulsions peuvent correspondre à une
dépendance aux jeux, des comportements répétitifs, des achats compulsifs, une
hypersexualité, une consommation excessive de nourriture. Ils imposent l’interruption du
traitement (33). Au vu des complications possibles, la HAS recommande que la prescription
initiale des agonistes dopaminergiques soit réservée aux neurologues ou aux médecins
spécialistes du sommeil (33).

Il est également possible d’observer une pharmaco-résistance face aux agonistes


dopaminergiques, aux ligands α2δ ou aux opioïdes. Ce phénomène ne correspond pas
exactement aux critères d’un syndrome d’augmentation. Il peut entraîner des douleurs, une
insomnie sévère ainsi que des troubles psychiatriques. Il n’y a pas de recommandations tenant
compte des choix thérapeutiques disponibles en France face à ce phénomène. Le choix
thérapeutique devrait se faire alors en fonction des comorbidités associées (35).

Les opiacés eux présentent aussi des effets secondaires non négligeables, notamment un
risque addictif important et un risque de dépression respiratoire. Les opioïdes forts sont
réservés normalement au SJSR plurirésistant (35).

« Many patients are treated with opioids, either as a monotherapy or in combination


with dopaminergic drugs, although trials of combination therapy are not available. It is
noted, however, that other opioids such as tramadol are often used to treat RLS. Little is
known about the long-term efficacy in RLS. Special monitoring is required to avoid addiction
in those with addictive tendencies, and possible sleep-related respiratory problems need to be
monitored » (24).

12
Valérie BOTTLAENDER - Mémoire d’initiation à la recherche - IFMK d’Alsace – 2022

La Cabergoline est quant à elle rarement utilisée en pratique car elle augmente le risque de
valvulopathie cardiaque (22).

Le choix thérapeutique d’un traitement pharmacologique adapté est finalement d’autant plus
difficile que la maladie, à la base bénigne, évolue silencieusement et impacte la qualité de vie
des patient.es atteint.es.

3.3. Efficacité relative des traitements non-pharmacologiques


Les traitements non-pharmacologiques présentent évidemment des limites.
Malgré les bienfaits connus de la pratique régulière d’une activité physique dans la population
générale, il n’y a pas suffisamment de preuves au sujet des effets de l’activité physique en
fonction de son intensité sur la qualité du sommeil (29). Il est généralement reconnu que
l’épuisement physique suite à une activité intense réalisée le soir ne favorise pas le sommeil
(36). Une activité physique régulière et modérée, comme du yoga ou des étirements à distance
du coucher, semble plus adaptée dans le cadre du SJSR.
La physiothérapie, malgré son intérêt démontré dans le SJSR, présenterait des effets à court
terme seulement. Ainsi pour obtenir un effet durable, ces techniques devraient être
renouvelées régulièrement auprès des thérapeutes ou auto-réalisées par le patient.
Nous pouvons noter également que l’acupuncture, une thérapeutique non-pharmacologique à
laquelle les médecins peuvent se former (mais pas les masseur-kinésithérapeutes (MK)), ne
montre pas assez de preuves pour être systématiquement recommandée dans le traitement du
SJSR (37). Des études de meilleure qualité sont nécessaires pour définir l’efficacité des divers
traitements non-pharmacologiques disponibles face au SJSR.

4. Problématisation
4.1. Problématique
Le SJSR est un trouble sensori-moteur chronique impactant fortement le sommeil et la qualité
de vie de 2 à 3 % de la population française, et pour lequel il n’existe pas de traitement
curatif. La prise en charge actuelle du SJSR est principalement médicale. Elle a pour objectifs
principaux de diminuer les symptômes du SJSR et de soulager la douleur. Elle suit souvent le
modèle biomédical, dans lequel « l’action clinique consistera à repérer et tenter de corriger
des anomalies dans la « machine corporelle » », ces anomalies consistant en des « déviations
de paramètres physiologiques par rapport à une norme » (38).

Or les connaissances sur la physiologie de la douleur, la physiologie nerveuse et la relation


soignant-soigné ayant évoluées ces dernières années, nous pouvons questionner la pertinence
13
Valérie BOTTLAENDER - Mémoire d’initiation à la recherche - IFMK d’Alsace – 2022

du modèle de prise en charge actuel de ce syndrome. De plus en plus la prise en charge de


patients douloureux chroniques, entre autres, tend à suivre le modèle bio-pyscho-social (BPS).
Ce modèle est à la fois un modèle théorique qui nous permet de poser des hypothèses
explicatives à propos de la santé et de la maladie, et un outil clinique, diagnostique et
thérapeutique (38).

Le modèle BPS correspond à « une représentation de l’être humain dans laquelle les facteurs
biologiques, psychologiques et sociaux sont considérés comme participant simultanément au
maintien de la santé ou au développement de la maladie » (38) Il correspond ainsi à une
extension du modèle biomédical, dans laquelle les trois catégories sont censées être
considérées de manière égale. Ainsi en utilisant le modèle BPS, la pratique clinique devrait
permettre d’élargir les perspectives thérapeutiques et favoriser la participation active du
patient pour sa santé (38).

L’accompagnement thérapeutique, qu’il soit médical ou kinésithérapique relève de multiples


dimensions caractérisant un individu comme l’aspect physique, psychologique et social. Il ne
se limite pas au bilan-diagnostic et à la prescription de traitements pharmacologiques. En
effet, il devrait intégrer une réévaluation de la situation globale du patient, un suivi de ses
actions, l’éducation du patient, le conseil autour de sa problématique afin qu’il puisse avoir
les clés nécessaires à la gestion de ses symptômes au quotidien.

Dans le cas des formes légères du SJSR, l’adoption d’une bonne hygiène de vie et de gestes
simples peuvent suffir à atténuer les symptômes. Lorsque le syndrome évolue vers des formes
modérées à très sévères, ces mesures restent cependant indispensables à suivre (16).

Se pose alors la question de l’intérêt de proposer une éducation thérapeutique au patient


(ETP). L’ETP « vise à aider les patients à acquérir ou maintenir les compétences dont ils ont
besoin pour gérer au mieux leur vie avec une maladie chronique. Elle fait partie intégrante et
de façon permanente de la prise en charge du patient » selon la HAS (39). Elle ne se résume
pas à la délivrance d’une information médicale, mais consiste en l’acquisition et le maintien
de compétences d’auto-soins par le patient. Elle permet aussi la mobilisation de compétences
d’adaptation face à la maladie (39). Le suivi thérapeutique prend toute son importance dans ce
processus.

Selon les articles R4321-1 à R4321-13 du Code de la Santé Publique, la gymnastique


hygiénique, la physiothérapie et la pressothérapie font partie entre autres des techniques de
traitement réalisables par les MK en France (40). Ces techniques, associées à de l’ETP,
pourraient être utilisées en France par ces thérapeutes pour lutter contre le SJSR. Toutefois, il
faudrait que les médecins, les MK et les patients aient des connaissances minimales sur ce
14
Valérie BOTTLAENDER - Mémoire d’initiation à la recherche - IFMK d’Alsace – 2022

syndrome ainsi que sur l’efficacité relative des outils dont ils disposent déjà pour soulager les
patient.es. C’est d’après ces éléments que la question de recherche suivante s’est dégagée :
Dans quelle mesure une prise en charge masso-kinésithérapique pourrait-elle être
indiquée chez des patients atteints de syndrome de jambes sans repos en France ?

4.2. Enjeux
La fréquence des troubles du sommeil a augmenté ces dernières décennies en France (11). Ils
touchent une part importante de la population. Ces troubles, dont fait parti le SJSR, sont
aujourd’hui encore trop méconnus du grand public et des professionnels de santé. Pourtant
leurs conséquences sur la qualité de vie des patient.es peuvent être majeures (12). Ils
impactent la qualité de vie reliée à la santé, autant mentale, physique que sociale (29).

« Maintaining and enhancing quality of life will remain an important public health
goal as the size of the older adult population continues to grow, and trials designed to
address the dynamic interplay between sleep and physical activity represent an exciting
frontier for research in the behavioral sciences. » (29)

Ce mémoire se propose d’abord de regrouper des informations sur un syndrome méconnu


mais fréquent, le SJSR. Il questionne la faisabilité d’une prise en charge masso-
kinésithérapique des troubles du sommeil, ces troubles représentant généralement un frein
dans la rééducation. La pertinence d’une coordination entre les différents professionnels de
santé travaillant autour des troubles du mouvement et du sommeil peut être interrogée. Il a
également pour but d’améliorer notre pratique clinique future en considérant la globalité du
patient dans sa prise en soin, tout en tenant compte des différents freins existants à la prise en
charge de patients douloureux chroniques. Enfin, ce mémoire permet de mettre en avant les
besoins en recherche autour des troubles du sommeil et de l’activité physique.

4.3. Originalité
Nous avons décidé d’étudier ce sujet après avoir rencontré des patients atteints de SJSR dans
le cadre de séances de kinésithérapie, ce qui a suscité de multiples interrogations sur la prise
en charge globale de patients douloureux chroniques. Nous avons privilégié le prisme des
troubles du sommeil et de leur impact fonctionnel, même si le sujet pourrait être étudié à
partir d’un cadre théorique centré sur les neurosciences de la douleur. Les troubles du
sommeil sont un sujet encore peu discuté dans le domaine de la kinésithérapie à ce jour.
Aucun mémoire sur le sujet du SJSR n’a été trouvé avant de réaliser ce projet d’étude.
15
Valérie BOTTLAENDER - Mémoire d’initiation à la recherche - IFMK d’Alsace – 2022

II. Méthode
1. Caractéristiques de l’étude
1.1. Type d’étude
Cette étude consiste en une étude observationnelle, pour « observer, décrire et analyser des
phénomènes, sans intervenir sur la façon dont ils se déroulent habituellement » (41). La
méthode qualitative et rétrospective a été choisie afin de questionner les connaissances et
l’expérience subjective de la population interrogée, pour pouvoir les comparer entre elles,
puis les confronter aux données de la littérature. L’étude, étant inductive, n’a pas nécessité la
formulation d’hypothèses de départ. De fait, les éléments répondant à la question de recherche
apparaissent progressivement lors de l’analyse des données.
Ainsi six entretiens semi-dirigés ont été réalisés. Pour arriver à cet échantillon final restreint,
deux échantillonnages ont eu lieu pour sélectionner les personnes à interroger selon des
critères d’éligibilité précis. L’échantillon final est limité car les entretiens semi-dirigés
nécessitent du temps pour contacter les personnes concernées, pour leur réalisation et leur
analyse.
Ces entretiens ont été réalisés de manière individuelle : cela a permis d’échanger librement
avec les MK au sujet de leurs connaissances, leur pratique clinique et le ressenti de leur
expérience de thérapeute face à des patient.es atteint.es de SJSR.

1.2. Déroulé de l’étude


Après la recherche et la lecture d’articles au sujet des troubles du sommeil, des troubles du
mouvement et du SJSR plus précisément, l’étude a commencé en novembre 2021.
Deux pré-enquêtes ont été diffusées en ligne de novembre 2021 à février 2022, l’une à
destination de MK, l’autre à destination de médecins susceptibles de diagnostiquer le SJSR.
La méthode a évolué au cours du temps, du à un manque de réponse de la part des médecins
malgré des relances. Nous décrivons dans la méthode les éléments qui nous ont conduit à
réaliser les entretiens semi-dirigés avec les MK. Tout ce qui concerne les médecins sera
détaillé dans la partie 4. Recherches complémentaires.
En décembre 2021 un entretien a été réalisé avec un médecin spécialiste du sommeil. Cet
entretien n’était pas prévu au départ de l’étude. La construction de la grille d’entretien
destinée aux MK a été terminée en janvier 2022. Suite à l’échantillonnage initial réalisé grâce
à la pré-enquête destinée aux MK, les entretiens semi-dirigés ont été réalisés entre février
2022 et mars 2022. L’analyse des données et l’interprétation des résultats ont été réalisés en
avril 2022.

16
Valérie BOTTLAENDER - Mémoire d’initiation à la recherche - IFMK d’Alsace – 2022

2. Population de l’étude
2.1. Population cible
La population cible de cette étude correspond à des MK diplômé.es d’État (DE) exerçant en
France métropolitaine ou en Outre-Mer qui ont déjà rencontré des patient.es atteint.es de
SJSR, qu’iels aient proposé ou non un traitement non-pharmacologique en lien direct avec le
SJSR. Cette population est hétérogène, ainsi les MK ne sont pas échantillonnés par le nombre
d’années d’expérience ni par leur forme d’exercice.

2.2. Critères d’éligibilité


Les critères d’inclusion sont être MKDE et exercer en France métropolitaine ou en Outre-mer.
Les critères de non-inclusion sont l’arrêt de l’exercice de la profession de MK et ne pas avoir
rencontré de patient.es atteint.es de SJSR.
Ces critères sont volontairement larges au vu de la spécificité du sujet et de sa
méconnaissance auprès du grand public et des professionnels de santé. Ainsi l’étude peut
toucher le plus de MK potentiellement intéressés par le sujet en France, à condition qu’ils
respectent le minimum de critères requis.

3. Matériel et outils
Les pré-enquêtes ont été construites sur Google Forms, une application de formulaire en
ligne. Elles ont été ensuite partagées sur les réseaux sociaux Facebook et Instagram, ainsi que
par e-mail. En effet les MK des différentes régions françaises sont relativement accessibles
via des groupes regroupant les professionnels. Le passage par Instagram et par e-mail visait
des MK libéraux et salariés intégrés à notre réseau personnel.
Les entretiens quant à eux ont été réalisés par visioconférence ou en présentiel en fonction des
disponibilités des MK. Une autorisation d’exploitation des données à signer a été envoyée aux
MK par e-mail avant les entretiens, afin de garantir le consentement des participants à être
enregistrés et à ce que leurs données soient exploitées de façon anonyme dans ce mémoire.
Une copie vierge de cette autorisation se trouve en annexe (Annexe III).
Les visioconférences ont eu lieu sur Zoom, un logiciel de vidéoconférence permettant de
sauvegarder en direct l’entretien. Pour les entretiens en présentiel, un dictaphone a été utilisé.
Dans les deux cas un carnet et un stylo ont été utilisés pour noter les données non-verbales au
cours des entretiens en présentiel. Enfin nous avons utilisé une grille d’entretien pour guider
l’échange, le rendre le plus reproductible possible et pour faciliter la comparaison des
résultats.
17
Valérie BOTTLAENDER - Mémoire d’initiation à la recherche - IFMK d’Alsace – 2022

4. Echantillonnage
4.1. Echantillonnage initial
L’échantillonnage dans la méthode qualitative nous permet d’étudier des composantes non
strictement représentatives mais bien caractéristiques de la population qui nous intéresse ici.
Le premier échantillonnage a consisté en la diffusion en ligne d’un questionnaire de pré-
enquête au sujet du SJSR et de sa PEC en masso-kinésithérapie. Elle a été diffusée sur dix
groupes de MK français sur Facebook, trois relances ont été faites sur chacun d’entre eux. Le
type d’échantillonnage réalisé ici est un échantillonnage non-probabiliste de réseaux.
Les groupes sont les suivants : KFC Kinés de Franche-Comté (> 1770 membres),
Kinésithérapie France (> 15 500 membres), Kiné Annonces France (> 4700 membres), Les
annonces des kinés rempla assistanat vente de matériels stage équipe sportive (> 14 200
membres), Kinés en masse (645 membres), Formation kiné (> 8100 membres), Annonces
kiné occitanie (> 5200 membres), Annonce de rempla/ Kinés de Lille (donnée non retrouvée
en avril 2022), Kiné annonce Grand Est (> 2400 membres), Mémoire kinés (> 1800
membres). Elle a aussi été diffusée deux fois sur Instagram, et une fois par e-mail aux MK
intégrés à notre réseau personnel.
La pré-enquête présente trois objectifs : définir les caractéristiques de l’échantillon initial,
regrouper des données quantitatives autour de la prise en charge actuelle du SJSR, ainsi que
de réaliser l’échantillonnage final.
La pré-enquête est basée sur les critères d’inclusion : les MKDE dont les réponses sont prises
en compte sont ceux exerçant en France ou en Outre-Mer, ayant des connaissances ou non sur
le SJSR. Les MKDE ayant arrêté l’exercice de leur profession ont été incités à quitter le lien
de la pré-enquête. Au final 51 réponses ont été obtenues.

4.2. Echantillonnage final


L’échantillonnage final a pour but d’obtenir les contacts des MK DE correspondants aux
critères d’inclusion et de non-inclusion pour qu’ils puissent participer aux entretiens semi-
dirigés. Après l’échantillonnage initial un critère d’inclusion a alors été ajouté pour obtenir,
avec une sélection en entonnoir, les contacts de MK à interroger. Le type d’échantillonnage
réalisé ici est un échantillonnage non-probabiliste à participation volontaire.
Nous avons obtenu huit contacts de MK ayant répondu à la pré-enquête destinée aux MK et
ayant rencontré des patient.es atteint.es de SJSR dans leur pratique clinique. Ces contacts sont
uniquement des e-mails. Le fait qu’ils aient proposé ou non un traitement en lien direct avec
le SJSR n’a pas influencé l’échantillonnage. Sur les huit contacts de MK correspondant aux
18
Valérie BOTTLAENDER - Mémoire d’initiation à la recherche - IFMK d’Alsace – 2022

critères d’inclusion et de non-inclusion, deux n’ont pas donné de suite à notre requête et six
ont répondus présent pour participer aux entretiens semi-dirigés.

5. Recherches complémentaires
5.1. Pré-enquête à destination de médecins
Pour qu’une prise en charge masso-kinésithérapique soit proposée en France, les médecins
doivent avoir connaissance de l’efficacité relative de techniques utilisées en masso-
kinésithérapie et valider leur utilisation dans le cadre du traitement du SJSR. L’avis des MK
ne suffit pas pour valider l’utilisation de gymnastique hygiénique, de physiothérapie ou de
pressothérapie.
Nous avons souhaité diffuser une pré-enquête à destination des médecins susceptibles de
diagnostiquer le SJSR afin d’obtenir leur avis sur une potentielle prescription de masso-
kinésithérapie pour des patient.es atteint.es de SJSR.
Pour cela nous avons contacté deux Conseils Départementaux de l’Ordre des médecins qui
ont refusé de partager la pré-enquête. Nous avons contacté également quatorze Unions
Régionales de Professionnels de Santé de médecins en France et en Outre-Mer qui ont donné
lieu à des refus ou des absences de réponse.
Nous avons également diffusé la pré-enquête à destination de médecins sur Facebook. Suite à
ces diffusions, neuf réponses ont été obtenues. Ces prises de contacts ont été réalisées entre
novembre 2021 et février 2022.

5.2. Entretien avec un médecin


Le 28 décembre 2021, nous avons réalisé un entretien informel avec un médecin généraliste et
spécialiste du sommeil, qui n’était pas prévu au départ de l’étude. Il a pris connaissance du
sujet du mémoire via un des MK interrogés lors d’un entretien. L’entretien avec le médecin,
bien que non enregistré et non pris en compte dans l’étude, m’a servi de guidage pour la
construction de ma grille d’entretien à destination des MK.

6. Questionnaire de pré-enquête
6.1. Elaboration du questionnaire
Le questionnaire de pré-enquête destiné aux MK contient trois questions sur les
caractéristiques du profil des MK, trois questions sur leurs connaissances à propos du SJSR et
deux questions sur leur pratique clinique auprès des patient.es concerné.es.

19
Valérie BOTTLAENDER - Mémoire d’initiation à la recherche - IFMK d’Alsace – 2022

Les questions sur les caractéristiques de leur profil permettent de définir les principales
caractéristiques définissant l’échantillon initial : leur type d’exercice de la masso-
kinésithérapie, leur lieu d’exercice, leur expérience en années. Le lieu d’exercice fait partie
des critères d’inclusion dans l’échantillon initial. S’ils n’exercent pas en France, les
participants ont été incités à quitter le lien de la pré-enquête avant de répondre aux questions
suivantes.
Les questions sur les connaissances autour du SJSR interrogent le fait qu’ils connaissent ou
non le syndrome de nom, leur définition du syndrome ainsi que leur connaissances autour du
diagnostic différentiel. Elles permettent de comparer les réponses de l’échantillon initial à
celles de l’échantillon final. Parmi les questions, quatre sont fermées et une est ouverte. Les
questions fermées permettent de cadrer les réponses et d’obtenir une validation ou non rapide.
La question ouverte permet aux répondants de donner leur définition du SJSR en leur propres
termes.

6.2. Recueil des données


Le recueil des données de la pré-enquête destinée aux MK a été réalisé entre novembre 2021
et février 2022. Ces données sont stockées sur l’application Google forms le temps de la
réalisation du mémoire et ne sont en aucun cas transmises à des tiers.

7. Entretiens
7.1. Elaboration de la grille d’entretien
La grille servant de guide pour le déroulement des entretiens semi-dirigés destinés aux MK a
été construite suite à nos recherches bibliographiques autour du SJSR et à l’entretien avec un
médecin. L’intervention du médecin a permis de mieux comprendre les choix de traitements
proposés aujourd’hui par des médecins, d’obtenir de nouvelles références bibliographiques et
de mieux diriger certaines questions vers les MK. La grille a été validée par le directeur de
mémoire après quelques dernières modifications des questions. Elle est disponible en annexe
(Annexe IV). Elle contient douze questions. Une question a été posée sur les caractéristiques
du profil interrogé. Les suivantes interrogent les connaissances des participants autour du
SJSR, du bilan-diagnostic kinésithérapique (BDK) face aux patient.es atteint.es, leur
expérience s’ils ont proposé un traitement ou non ainsi que leur avis autour d’une potentielle
prise en charge masso-kinésithérapique du SJSR en France.

20
Valérie BOTTLAENDER - Mémoire d’initiation à la recherche - IFMK d’Alsace – 2022

7.2. Recueil des données


Les entretiens se sont déroulés entre février 2022 et mars 2022. Avant le début de chaque
entretien la consentement des participants a été confirmé. L’enregistrement audio ou vidéo a
débuté ensuite. Les entretiens ont duré en moyenne 25 minutes, le plus court ayant duré 14
minutes et le plus long 38 minutes. Les enregistrements sont stockés sur les outils
d’enregistrement utilisés, ordinateur et dictaphone, le temps de la réalisation du mémoire.

8. Traitement des données


8.1. Analyse des données des questionnaires de pré-enquête
L’analyse des données des pré-enquêtes destinées aux médecins et aux MK a été réalisée en
avril 2022.
Concernant les caractéristiques des échantillons, elle a été tirée des graphiques obtenus sur
Google Forms et est retranscrite dans les résultats en prose. Cela a été choisi afin de ne pas
accaparer toute l’attention du lecteur à l’aide de graphiques colorés ainsi que pour juxtaposer
le nombre de répondants à leur proportion au sein de l’échantillon en pourcentage.
Concernant les données récoltées au sujet du SJSR et de sa prise en charge actuelle, elles sont
présentées sous forme de tableau afin de retranscrire de manière claire et synthétique les
données quantitatives obtenues.

8.2. Retranscription des entretiens


La retranscription des entretiens a été faite directement après leur aboutissement, au
maximum 48 heures plus tard à l’aide d’un logiciel de traitement de texte. L’ordre des
réponses décrites n’a pas été modifié en fonction de l’ordre des questions contenues dans la
grille d’entretien. Cela a permis de les retranscrire et les annoter avec les informations non-
verbales correspondantes de la manière la plus fidèle possible. L’anonymat des participants a
été repecté en enlevant des éléments personnels permettant de les reconnaître.

8.3. Analyse des données des entretiens


L’analyse des données des entretiens avec les MK a eu lieu en avril 2022. Les verbatims de
chaque entretien ont été imprimés pour surligner des extraits et ajouter des notes manuscrites
à propos des codes à définir. L’analyse a été faite de manière verticale, c’est-à-dire un
entretien après l’autre. Des codes déductifs se sont dégagés immédiatement lors du surlignage
avec différentes couleurs puis des thèmes ont été créés pour ordonner ces codes. Ces thèmes
et codes dépendent du cadre théorique présenté dans l’introduction du mémoire. Une seconde
21
Valérie BOTTLAENDER - Mémoire d’initiation à la recherche - IFMK d’Alsace – 2022

analyse réalisée de manière horizontale a permis d’ajouter de nouveaux codes, uniques ou


communs à plusieurs discours des MK interrogés, selon une méthode inductive. Les éléments
du langage non verbal n’ont pas été pris en compte dans l’analyse des données des entretiens
par manque de temps et de moyens.

22
Valérie BOTTLAENDER - Mémoire d’initiation à la recherche - IFMK d’Alsace – 2022

III. Résultats
1. Description de l’échantillon initial des MK
L’échantillon initial correspond aux personnes ayant répondu à la pré-enquête destinée aux
MK. Nous avons obtenu, avant application des critères d’inclusion et de non-inclusion, 51
réponses. Nous parlerons des résultats de la pré-enquête destinée aux médecins dans une
partie dédiée.
Concernant le type d’exercice des répondants : l’échantillon contient 43 MK libéraux
(84,3%), deux MK salariés en milieux hospitalier (3,9%), quatre salariés en centre de
rééducation (7,8%) et deux MK ont répondu « Autre » (3,9%). Les MK ayant répondu
« Autre » n’ont pas pu détailler leur type d’exercice de la masso-kinésithérapie sur Google
Forms.
Concernant le lieu d’exercice des répondants : l’échantillon contient 48 MK exerçant en
France (94,1%) et trois MK exerçant à l’étranger (5,9%). Il ne contient pas de MK retraité ou
en arrêt d’exercice. Les trois MK concernés par l’exercice hors France métropolitaine et
d’Outre-Mer n’ont pas été inclus dans l’échantillon initial.
Concernant l’expérience des MK en années, des intervalles ont été définis : 36 MK exercent
depuis un à cinq ans (70,6%), cinq MK exercent depuis cinq à dix ans (9,8%), huit MK
exercent depuis dix à vingt ans (15,7%) et deux MK exercent depuis plus de vingt ans (3,9%).
L’échantillon initial contient donc 48 MK après application des critères d’inclusion et de non-
inclusion, exerçant majoritairement en milieu libéral, en France, depuis un à cinq ans.

2. Résultats de la pré-enquête destinée aux MK


La pré-enquête permet entre autres de regrouper des données quantitatives autour de la prise
en charge actuelle du SJSR. Après application des critères d’éligibilité, 48 MK ont répondu à
cinq questions.

Tableau 1: Questionnaire de pré-enquête destiné aux MK et résultats

Question Réponses

1. Avez-vous déjà entendu parler du Oui : 42 (soit 87,5%)


syndrome de jambes sans repos ou des Non : 6 (soit 12,5%)
impatiences

2. Qu’est-ce que le syndrome de jambes « Besoin impérieux de bouger », de « se lever », « de


sans repos selon vous en quelques mots ? marcher » : 29 récurrences

23
Valérie BOTTLAENDER - Mémoire d’initiation à la recherche - IFMK d’Alsace – 2022

« Membres inférieurs », « jambes » : 19 récurrences


« Douleur », « mal » : 16 récurrences
« Soir », « nuit » : 14 récurrences
« Au repos » : 9 récurrences
« Gêne », « inconfort », « désagréable » : 9
récurrences
« Picotements », « chatouilles », « fourmillements »,
« dysesthésies », « engourdissement », « décharge
électrique » : 9 récurrences
« Mouvements incontrôlés », « spasmes » : 6
récurrences
« Syndrome neurologique », « dysfonctionnement
nerveux » : 4 récurrences
« Difficultés d’endormissement », « difficultés du
maintien du sommeil » : 4 récurrences
« Aucune idée » : 4 récurrences
« Vasculaire », « circulatoire » : 3 récurrences
« Sans possibilité de soulager en variant la
position » : 3 récurrences
« Constant », « longue durée » : 3 récurrences
« Courbatures », « crampes » : 2 récurrences
« Lourdeur » : 2 récurrences
« Chronique » : 2 récurrences
« Fatigue intense », « cause insomnie » : 2
récurrences
« Stress » : 1 récurrence
« Patients sédentaires » : 1 récurrence
« Empêche la récupération » : 1 récurrence

3. Les jambes lourdes... Sont à distinguer du syndrome de jambes sans repos :


31 (soit 64,6%)
Je ne sais pas : 10 (soit 20,8%)
Sont un symptôme dans le syndrome de jambes sans
repos : 7 (soit 14,6%)

24
Valérie BOTTLAENDER - Mémoire d’initiation à la recherche - IFMK d’Alsace – 2022

4. Avez-vous déjà rencontré au cours de Oui : 24 (soit 50%)


votre pratique professionnelle un ou des Non : 20 (soit 41,7%)
patients ayant ou ayant déjà eu des Je ne sais pas : 4 (soit 8,3%)
impatiences ?

5. Si oui, avez-vous proposé à ce(s) Non : 23 (soit 76,7%)


patient(s) une action thérapeutique en lien Oui : 7 (soit 23,3%)
direct avec leur syndrome de jambes sans
repos ?

Pour la question 2, nous avons regroupé les termes récurrents par thèmes, le vocabulaire
autour du SJSR étant large et varié. Ils ont été classés par ordre décroissant en fonction du
nombre de récurrences retrouvées dans l’ensemble des réponses des participants.

3. Description de l’échantillon des médecins


La pré-enquête destinée aux médecins susceptibles de diagnsotiquer le SJSR a permis
d’obtenir neuf réponses.
Concernant les spécialités des médecins : huit ont répondu être médecin généraliste, un a
répondu être pneumologue et un a répondu être spécialiste du sommeil. Aucun neurologue n’a
répondu à l’étude. Les réponses à cette question pouvaient être multiples.
Tous les médecins ayant répondu à l’étude exercent en France. Ils correspondent ainsi aux
critères d’éligibilité recherchés.

4. Résultats de la pré-enquête destinée aux médecins


La pré-enquête a permis de regrouper des données quantitatives autour de la prise en charge
actuelle du SJSR du point de vue des médecins.

Tableau 2: Questionnaire de pré-enquête destiné aux médecins et résultats

Question Réponses

1. Avez-vous déjà diagnostiqué le syndrome de Oui : 7 (soit 77,8%)


jambes sans repos chez un(e) ou plusieurs Non : 2 (soit 22,2%)
patient(e)s ?

2. Après que le diagnostic ait été posé, quels Traitement médicamenteux : 7 (soit 77,8%)
types de traitement avez-vous proposé à ce(s) ►Dans cette catégorie nous retrouvons :
patient(es) ? Ligands α2δ : 4 récurrences

25
Valérie BOTTLAENDER - Mémoire d’initiation à la recherche - IFMK d’Alsace – 2022

Traitement ferrique : 3 récurrences


Agonistes dopaminergiques : 3 récurrences
Opiacés : 3 récurrences
Homéopathie : 1 récurrence
Antidépresseur : 0
Antihypertenseur : 0
Vitamines : 0
Aucun traitement : 2 (soit 22,2%)

3. Parmi les traitements que vous proposez ou Oui : 0


avez proposé, avez-vous déjà prescrit de la Non : 9 (soit 100%)
masso-kinésithérapie à ce(s) patient(es) ?

4. Pensez-vous qu'une prise en charge Oui : 6 (soit 66,7%)


kinésithérapeutique pourrait être indiquée pour ►Dans cette catégorie nous citons :
apporter des traitements non-pharmacologiques « à tenter, les traitements n’apportent pas toujours
adaptés à ces patient(e)s ? Pourquoi ? un rétablissement complet »
« peut-être pour les douleurs associées »
« pourquoi pas essayer »
« si la littérature le recommande »
« neuropathie sensitivo-motrice donc accessible à
mon avis à un traitement physique non
pharmacologique moyennant un protocole établi
ou consensuel »
Non : 2 (soit 22,2%)
►Dans cette catégorie nous citons :
« Pas de notion que la kinésithérapie soit adaptée
dans ce contexte »
Sans avis : 1 (soit 11,1%)

Pour la question 2, nous n’avons pas cité les dénominations commerciales ou internationales
des médicaments. Nous les avons classé par catégorie de médicaments. Ils ont été classés par
ordre décroissant en fonction du nombre de récurrences retrouvées dans l’ensemble des
réponses des participants.
Le nombre de réponses pour cette recherche complémentaire à l’étude principale, destinée elle
aux MK, ne permet pas d’obtenir des résultats significatifs.

26
Valérie BOTTLAENDER - Mémoire d’initiation à la recherche - IFMK d’Alsace – 2022

5. Description de l’échantillon final des MK

Tableau 3: Caractéristiques des MK interrogés lors des entretiens semi-dirigés

E1 E2 E3 E4 E5 E6

Genre Femme Homme Homme Femme Homme Homme

Expérience 2 15 11 2 55 10
(en années)

Lieu d’études Espagne France, Belgique France, Bangladesh Allemagne


Strasbourg Orléans

L’échantillon final a été déterminé sur participation volontaire au sein de l’échantillon initial.
Tous les participants sont des MK libéraux exerçant en France métropolitaine. Le lieu
d’études, le sexe et l’expérience pratique en années des MK ont été inscrites dans le tableau
ci-dessus. Deux MK ont étudié en France et quatre à l’étranger dans des pays différents.
L’échantillon contient deux femmes et quatre hommes. La médiane de l’expérience en années
des MK interrogés est égale à 10,5 années.

6. Résultats des entretiens


Cinq thèmes sont ressortis des entretiens : la définition du SJSR selon les MK en France, la
méconnaissance du syndrome par les patients et les professionnels de santé, la prise en charge
du SJSR par les MK, le rôle du MK dans l’approche BPS du patient, et les freins actuels à la
prise en charge masso-kinésithérapique du syndrome. Les thèmes ont été subdivisés en sous-
thèmes qui seront présentés dans les tableaux récapitulatifs.
Au sein des tableaux, une croix X indique l’évocation du code correspondant. Le symbole Ø
indique l’évocation de l’absence ou de la non prise en compte du code correspondant.
L’absence de symbole signifie que le code n’a pas été du tout évoqué par le MK interrogé.
Sous les tableaux sont présentées les principales citations correspondant aux sous-thèmes et
dans lesquelles les différents codes ont été retrouvés.

6.1. Thème 1 : Définition du SJSR selon les MK en France

Tableau 4: Tableau récapitulatif du thème 1

Sous-thème Code E1 E2 E3 E4 E5 E6

1. Définition Différentes appellations du X X X X X

27
Valérie BOTTLAENDER - Mémoire d’initiation à la recherche - IFMK d’Alsace – 2022

syndrome : impatiences,
maladie de Willis-Ekbom

Trouble sensori-moteur X X X X X

Douleur X X X X X

Trouble du sommeil X X X X X X

Populations touchées X X X X X
particulières

2. Impact Sur la qualité de vie X X X X X


fonctionnel

Sur la santé mentale X

Sur les risques cardio- X


vasculaires

6.1.1. Sous-thème 1 : Définition


E1 a défini le SJSR comme « une sensation hyper gênante, ce qu’on appelle des impatiences,
avec une envie de bouger irrépressible, c’est une sensation très très désagréable sans pouvoir
la calmer ». E1 a rapporté la douleur ressentie par les patient.es : « j’en ai marre d’avoir mal
aux jambes ». E1 a souligné aussi l’impact du sommeil par le syndrome : « il y avait des
problèmes de sommeil aussi […] j’ai remarqué que le sommeil est très atteint chez les
patientes atteintes d’impatiences. »
E2 lui a décrit : « C’est pour moi des douleurs, des impatiences dans les jambes pendant que
tu es au repos et surtout pendant le sommeil. ».
Pour E3 le syndrome est lié « à des mouvements […] non volontaires la nuit je dirais qui
empêchent le sommeil en gros ».
E4 a évoqué, comme E2, E5 et E6, « ce côté douleur », et a ajouté : « c’est ce que les patients
décrivent comme des impatiences dans les jambes. Pour moi c’est essentiellement pendant la
nuit ou au repos donc alité ou assis, et c’est ce besoin de bouger les jambes parce que la
plupart ça les empêche de dormir et que la position statique est soit insupportable soit
désagréable ».
Pour E5 « Impatiences c’est les jambes je vois les gens bougent constamment leurs jambes.
Ca arrive souvent ils ont le soir quand ils sont à la maison, journée ça va mieux. » Il a précisé
la description des symptômes ressentis : « constamment ils ont les jambes qui bougent, et ils
n’arrivent pas à contrôler et ils ont des fourmillements, chatouillements, tout ça... » ;
« Souvent ils disent ça arrive le soir, quand journée finie ils dans un état de repos, et ça

28
Valérie BOTTLAENDER - Mémoire d’initiation à la recherche - IFMK d’Alsace – 2022

réveille douleurs jambes sans repos. […] Ils ont aussi dit une fois qu’ils sont endormis ça
passe […] ça s’atténue, ça partait. » ; « aussi plus grand problème ils disent que c’est très
désagréable. »
E6, qui a été le seul à nommer la maladie de « Willis-Ekbom » a décrit lui aussi différents
symptômes : « Syndrome des jambes sans repos c’est des douleurs essentiellement nocturnes
au niveau des jambes […] bref des douleurs nocturnes qui empêchent de dormir, les gens
doivent se lever, doivent euh bouger parce que ça fait mal, ils sentent les jambes comme dans
un étau, les jambes qui brûlent ».

La caractéristique prédominante de la population rencontrée par E1, qui a été mentionnée à


plusieurs reprises, est que « Ca n’a toujours été que des femmes. ». En effet E1 a observé la
présence du SJSR « chez les personnes stressées avec souvent, très souvent, chez les femmes,
et très souvent plutôt la tranche d’âge qui correspond à la ménopause ».
E2 a lui aussi évoqué la présence du stress dans la population qu’il a observé : « pour moi les
jambes sans repos c’est je suis stressé euh donc je dors mal, cercle vicieux, je fais pas de
sport, je bouffe de la merde, et euh… je suis en surpoids, et je dors pas. Souvent c’est des
gens en surpoids. » E2 a ajouté « Ou des gens très maigres qui ont aussi un problème
alimentaire... C’est rarement les sportifs ! » E6 a également dit que le SJSR touche « souvent
des femmes assez nerveuses ».
E4, E5, et E6 relèvent quant à eux la présence de pathologies associées. Pour E4 « on était sur
des patients soit âgés soit avec des pathologies ». E5 mentionne : « Il y a des gens qui,
parkinsoniens, ils ont aussi des jambes sans repos. » ; « Il y a des gens qui ont mal au dos […]
et aussi souffrent de jambes sans repos. ». Il parle aussi d’« une dame qui faisait des
marathons, qui avait les jambes. ». E6 lui fait écho à d’autres pathologies associées : « c’est la
fibromyalgie ! J’avais un patient cardiaque qui avait ça aussi c’est vrai. »

6.1.2. Sous-thème 2 : Impact fonctionnel


Pour E1 « le truc le plus important, c’est quelle place ça a dans la vie de cette personne. Si
c’est très régulier, et souvent c’est très régulier, ça va quand même être quelque chose qui va
être embêtant dans la vie et il y aura quand même un effet de pff j’en ai marre quoi, j’en ai
marre d’avoir mal aux jambes, ça me bouffe la vie, c’est vraiment gênant j’ai du mal à dormir
du coup je suis fatiguée le matin du coup je ne suis pas productive au boulot et caetera ». E1
et E6 disent tous deux que « c’est un cercle vicieux ».

29
Valérie BOTTLAENDER - Mémoire d’initiation à la recherche - IFMK d’Alsace – 2022

E2 et E5 ont fait allusion à la présence de lombalgies chez les patient.es atteint.es de SJSR. E2
a détaillé : « les troubles du sommeil peuvent entraîner des problèmes au dos, parce que si tu
dors mal donc tu te crispes. Si tu te crispes tu bouges la nuit, bah tu… tu ne te reposes pas au
niveau du dos ou ailleurs, et tu peux pas… bah la nuit ne peut pas avoir sa fonction de
régéneration des microlésions de la journée pour faire simple. »
E3 ne parle pas de l’impact fonctionnel du SJSR.
E4 insiste sur le rôle physiologique du sommeil : « le sommeil est essentiel haha à la
récupération en rééducation et qu’un patient qui me dit qu’il ne dort pas, ouais ça va
m’inquiéter. »
E5 a parlé de l’impact causé par l’absence de récupération d’une autre façon : « parce que ça
gêne, ils reposent pas bien. Si on ne se repose pas, d’autres pathologies peuvent s’aggraver
comme gens qui Parkinson, si ils ne reposent pas bien Parkinson peut aggraver. Et aussi les
gens qui mal au dos et dorment pas bien, bougent constamment au lit, ça peut aggraver le mal
au dos. » E5 a ainsi insisté sur l’impact du SJSR sur les pathologies associées : « Ca a des
répercussions sur d’autres problèmes de santé. Si ils reposent pas bien comme j’ai expliqué ça
pour Parkinson il faut soigner sinon état de santé peut s’aggraver encore […] »
E5 a également évoqué l’impact du SJSR sur le.a conjoint.e : « Le conjoint était gêné.
Constamment bouger au lit… le conjoint, l’entourage aussi était gêné. Ils ne comprenaient pas
qu’ils ne faisaient pas exprès ».
Enfin E6 a été le seul à expliciter l’impact du syndrome sur le système cardio-vasculaire et la
santé mentale : « Evidemment il est crevé. Il dort pas, forcément il a pas la tête sur les
épaules, il a pas la même concentration sur les exercices. Comme dit s’il était cardiaque ça
influe aussi sur son rythme cardiaque, et s’il traîne ça depuis des années ça a forcément une
influence et au niveau psy, aussi parce que ça renforce le côté psy encore plus puisque on a
trop de douleurs, on a… ça travaille, on est crevé ça travaille encore plus parce qu’on arrive
pas à dormir du coup le ciboulot il fonctionne encore plus ».
E6 a aussi déclaré : « C’est lourd de pas pouvoir dormir, de pouvoir supporter les douleurs à
tout bout de champ »

30
Valérie BOTTLAENDER - Mémoire d’initiation à la recherche - IFMK d’Alsace – 2022

6.2. Thème 2 : Méconnaissance du syndrome par les patient.es


et les professionnels de santé

Tableau 5: Tableau récapitulatif du thème 2

Sous-thème Code E1 E2 E3 E4 E5 E6

1. Méconnaissance du Méconnaissance de la X X X X X
syndrome par les définition
professionnels de
santé

Méconnaissance de X X X X X X
l’hypothèse
physiopathologique

Méconnaissance des X X X X X
interventions non
pharmacologiques possibles

Mauvaise information des X X X


médecins

2. Connaissances Explication des symptômes X X X X


apportées par les
patient.es aux
soignant.es

Diagnostic médical présent X X X Ø

Méconnaissance du syndrome X X X
par les patient.es atteint.es

3. Banalisation du Par les patient.es X


syndrome

Par les soignant.es X

6.2.1. Sous-thème 1 : Méconnaissance du syndrome par


les professionnels de santé

E1 a été la seule MK interrogée à ne pas montrer d’hésitation en définissant le SJSR. Elle en a


montré uniquement au sujet de la physiopathologie du syndrome : « on ne sait pas trop
pourquoi, au niveau de la science je sais que ce n’est pas très clair. ».

E2 et E3 ont dit n’avoir « aucune connaissance là-dedans ». E2 s’est justifié : « Franchement


je sais pas trop, parce que j’en vois quasiment pas, ou j’en ai quasiment pas vu. »
31
Valérie BOTTLAENDER - Mémoire d’initiation à la recherche - IFMK d’Alsace – 2022

E4 a rapporté : « je sais pas comment ils le décrivent réellement » ; « Moi je savais pas que
c’était un vrai syndrome, je connaissais pas le truc. ». E4 nous a révélé : « Bah pff j’aimerais
te dire que j’ai lu quelque chose, c’est possible, mais je t’avoue que je m’en souviens pas […]
mais j’ai toujours cherché pour d’autres trucs et ça, je sais pas pourquoi ça passe à la trappe
parce que en soi j’en ai ».

E5 a utilisé lui un terme particulier pour parler du SJSR : « C’est mystère. Pour moi c’est
mystère. J’arrive pas trop à visualiser ce syndrome. J’ai beaucoup d’expérience neurologique
mais j’arrive pas à visualiser ». E5 a ajouté aussi « C’est intéressant je savais pas que c’était
un problème sensori-moteur. »

E6 quant à lui nous dit n’avoir « jamais reconnu » de lui-même le SJSR chez des patient.es.

E6 explique qu’« On en a peut-être parlé en formation. A l’école, de ça quoi. Je pense Willis-


Ekbom, peut-être mais je suis même pas sûr. […] Je sais plus mais le nom me parle ouais. ».

L’ensemble des MK interrogés n’ont pas eu connaissance de la physiopathologie du SJSR,


qui correspondrait à dysfonctionnement neurologique central, du système dopaminergique en
particulier(18). Cinq d’entre eux ont décrit des hypothèses physiopathologiques erronées.

Pour E1 ce qui serait à l’origine du SJSR serait : « un changement hormonal qui pourrait être
lié à ces problèmes… mais pas que ! ». E1 a nuancé son propos : « On se mord un peu la
queue dessus : qu’est-ce qui fait, est-ce que c’est l’un qui engendre l’autre, enfin on sait pas
trop. »

Pour E2 et E3 « l’impatience c’était un problème surtout circulatoire ». Après avoir supposé


cela, E3 a ajouté qu’il n’est « pas 100 % sûr » et s’est rendu compte de la raison qui l’a poussé
à supposer que le SJSR a une étiologie vasculaire. En effet la patiente qu’il a rencontré
présentait également des comorbidités vasculaires : « justement c’est pour ça que je confonds
un peu, c’était pour euh il y a aussi des troubles circulatoires en fait au niveau des jambes ».

E4 a montré un hésitation également : « Après la cause je sais pas si c’est vasculaire ou


neurologique j’en ai aucune idée. Peut-être les deux haha je sais pas. » E4 a rapporté une autre
hypothèse : « Par exemple c’est souvent des patients qui marchent moins, qu’ont des douleurs
aux genous, et moi je le voyais plus comme une conséquence de ces pathologies là que
comme un syndrome en lui-même ».

32
Valérie BOTTLAENDER - Mémoire d’initiation à la recherche - IFMK d’Alsace – 2022

Au sujets des interventions non pharmacologiques, cinq MK n’ont pas eu d’idée précise de
traitement. E2 a mentionné que « comme beaucoup je vais pas suffisamment loin, parce que
souvent ça reste un peu... ».

E3 s’est dit que le SJSR « c’est quelque chose sur lequel je ne peux pas forcément intervenir
en fait. ».

E4 a supposé « qu’en traitant ça et en faisant tout ce qu’il fallait pour ça ça allait traiter l’autre
[pathologie articulaire] mais peut-être que je me gourre complet j’en sais rien. » E4 a ajouté
qu’« on sait pas quoi en faire. T’en as un tu sais pas quoi en faire. »

E5 a réorienté ses patients : « j’ai dit que je ne connais pas et qu’il faut voir avec le
médecin. » E5 a également dit : « j’ai réfléchi mais je sais pas, je trouve pas comment aider. »

E6 a décrit ses traitements comme « du bricolage » car il n’a « j’ai jamais lu quoi que ce soit
dessus non plus ».

E3, E4 et E6 ont posé une hypothèse : les médecins seraient mal informés sur la prise en
charge du SJSR. E3 a pour cela posé une question : « et les médecins je sais pas si les
médecins sont formés là-dessus ou pas ? »

E4 a affirmé : « Je pense qu’il y a une méconnaissance et des soignants […] On a un manque


d’information des soignants […] je pense qu’il y a un souci qui est du au manque de
connaissances. »

E6 a soutenu qu’« ils ne sont même pas au courant la moitié des médecins qu’il faut éviter
certains neuroleptiques... » auprès de patient.es atteint.es de SJSR. E6 a expliqué plus tard
aussi que « les médecins n’étant pas au courant ils ne vont pas envoyer les patients chez un
kiné » pour une prise en charge non pharmacologique du SJSR.

6.2.2. Sous-thème 2 : Connaissances apportées par les


patient.es aux soignant.es
Quatre MK sur les six ont rencontré des patient.es qui leur ont expliqué ce qu’était le SJSR.
E1 a expliqué que « souvent les patientes qui viennent avec ces symptômes elles connaissent
déjà ce qu’elles ont, elles me disent ah bah oui je sais j’ai des impatiences. »
Pour E4, l’explication du syndrome s’est faite au dernier moment lors de la séance : « j’ai un
peu l’impression que c’est le truc qu’on te balance, l’information poignée de porte tu vois.
T’as fini ta séance […] tu poses la main sur la porte et il fait au fait moi la nuit des fois ».
33
Valérie BOTTLAENDER - Mémoire d’initiation à la recherche - IFMK d’Alsace – 2022

E4 a insisté sur l’inversion de la transmission de savoir dans la relation soignant-soigné :


« C’est pas j’ai découvert le truc et j’ai vu les patients après, je me suis dit que ça doit être ça,
non c’était l’inverse. ».
E5 a rapporté que « les gens m’ont expliqué que le soir quand assis ça bouge, au lit ça bouge
constamment » ; « Ce sont des choses qu’ils m’expliquaient. ».
Pour E6 « c’est des connaissances qui étaient atteintes de ça et qui m’ont expliqué tous leurs
symptômes ce qui leur arrivait, et j’ai recoupé par rapport à des patients. ».

Concernant le diagnostic de SJSR, E1 a rapporté des questionnements de patient.es « voilà le


médecin m’a dit que c’était ça, qu’est-ce que vous en pensez ».
E2 a affirmé qu’« Une sur deux sait son diagnostic et l’autre tu le devines facilement. »
E3 a décrit qu’il a su que sa patiente avait un SJSR « parce qu’elle m’en a parlé. […] je
suppose que le médecin lui a dit qu’elle avait ça quoi. »

E4 elle a évoqué une « plainte qui correspond au diagnostic au bilan du médecin » qui était en
fait due, au moins partiellement, à un SJSR et pas uniquement à de l’arthrose, arthrose
mentionnée sur la prescription médicale.

Il existe également une méconnaissance du SJSR auprès des patient.es atteint.es.


E1 a rapporté : « Soit elles me disent le soir j’ai mal aux jambes est-ce que c’est lié à mon mal
de… dos ou est-ce que c’est… elles me posent la question […] voilà le médecin m’a dit que
c’était ça, qu’est-ce que vous en pensez quoi, et en fait ça vient dans le bilan. Soit en fait les
patientes ne savent pas ce que c’est et elles me manifestent les symptômes. »
E3 et E4 explicitent la méconnaissance des patient.es atteint.es face à ce syndrome : « Je
pense qu’on a aussi une méconnaissance des patients. Un patient n’ira peut-être pas consulter
pour ça, tu vois. »

6.2.3. Sous-thème 3 : Banalisation du syndrome


E4 a posé une nouvelle hypothèse quant à l’absence de prise en charge non pharmacologique
du SJSR en France : la banalisation du syndrome. Elle a expliqué : « t’as fait ton bilan t’as
posé les questions sur les douleurs, le sommeil, tu poses ta main sur la porte et il fait au fait la
nuit des fois et du coup tu le passes et t’y repenses pas la fois d’après ou t’en parles moins et
en fait tu le banalises aussi par la façon dont c’est apporté. Donc je pense qu’on est
responsables de ça en fait, parce que si on y accorde moins d’importance, le patient il dit que
c’est moins important donc il l’expose peut-être moins donc nous on y accorde moins
34
Valérie BOTTLAENDER - Mémoire d’initiation à la recherche - IFMK d’Alsace – 2022

d’importance, en fait on a un cercle vicieux là-dessus. ». E4 a ajouté qu’« Un patient n’ira


peut-être pas consulter pour ça, tu vois. Et est-ce qu’il va se dire ça me fait chier ça me fait
chier ça me fait chier mais pas aller chez le médecin pour ça. ».

En conclusion E4 « pense qu’il y a une méconnaissance et des soignants et la plainte des


patients qui est limitée. Il y a plusieurs personnes qui banalisent ça, dont le patient. »

6.3. Thème 3 : Prise en charge du SJSR par les MK

Tableau 6: Tableau récapitulatif du thème 3

Sous-thème Code E1 E2 E3 E4 E5 E6

1. BDK Interrogatoire autour des X X X X


symptômes

Diagnostic différentiel X X

Contre-indications et X X X X X X
drapeaux rouges

2. Actions Activité physique X X X Ø


thérapeutiques menées

Pressothérapie X X X X

Drainage lymphatique X X X X
manuel

Massage X

Etirements X X

Education autour du X
sommeil

Proprioception X

Alternance chaud/froid et X X X
balnéothérapie

3. Efficacité relative des Echec X X


traitements

Efficacité à court terme et X X X


régularité nécessaire

Association à des X X X
traitements
pharmacologiques

35
Valérie BOTTLAENDER - Mémoire d’initiation à la recherche - IFMK d’Alsace – 2022

6.3.1. Sous-thème 1 : BDK

Nous avons questionné la manière dont les MK réalisaient le BDK auprès des patient.es
atteint.es de SJSR.

Pour E1 « Ca vient dans le bilan d’entrée. […] Aux symptômes qu’elles m’indiquent » E1 a
organisé son BDK en plusieurs points successifs. En premier « je vais demander déjà la
fréquence […], dans quelle position ça arrive, est-ce que c’est plutôt le soir au coucher, est-ce
que ça arrive dans la nuit, voilà la fréquence. En un c’est la fréquence. » ; « En deux je dirais
l’intensité des symptômes, et la durée » ; « Et en trois bah qu’est-ce qu’elle a déjà mis en
place ».

E1 a mis en avant « le manque d’activité physique » retrouvé chez plusieurs patient.es


atteint.es de SJSR lors du bilan. Elle pose également d’autres questions à ce moment de la
séance : « je poserai la question du sommeil est-ce qu’il y aurait des facteurs extérieurs qui
pourraient faire qu’on pourrait améliorer le sommeil, donc que ce soit au niveau de la qualité
du matelas, du coussin tout ce qui peut être mis en place. Et aussi au niveau des horaires du
coucher, du volume de sommeil. ».

E2 a reconnu la présence du SJSR « Par l’interrogatoire […] Des fourmillements, des


mauvaises sensations dans les jambes, voilà interrogatoire. Du coup interrogatoire
essentiellement et après bon observation tu regardes un peu […] observation et palpation. »

Dans son bilan E4 a « posé les questions sur les douleurs, le sommeil », « en discutant [...] tu
vois un matin, bah tiens t’as bien dormi ? Ah non tu sais la nuit j’ai ça et tout. ». E4 qui a posé
l’hypothèse d’une banalisation du SJSR, estime que ces questions ne suffisent pas et « que le
problème il est peut-être là aussi tu vois. Notre orientation et notre questionnaire en eux-
mêmes dans le bilan ».

E4, comme E1, s’est intéressée à l’activité physique pratiquée par les patient.es : « j’essaye
d’évaluer son taux d’activité physique dans la journée tu vois je vais peut-être davantage le
prendre en compte . Evidemment je vais poser des questions : depuis quand, est-ce que ça
s’accompage de douleurs neuro enfin tu vois un ensemble de questions globalement assez
logiques. Mais surtout l’activité physique et euh… ouais l’activité physique et ce qu’il fait
dans la journée en fait […] Ses habitudes de vie, temps de sommeil. » E4 propose de
réévaluer ses actions thérapeutiques en demandant par exemple « est-ce que le drainage ça
diminue vos mouvements, vos syndromes la nuit ».

36
Valérie BOTTLAENDER - Mémoire d’initiation à la recherche - IFMK d’Alsace – 2022

E6 s’est rendu compte de la présence du SJSR «au bout de la deuxième ou troisième séance »
« en creusant » son BDK. Selon E6 « c’est plus des plaintes des patients qui vont amener à
parler euh de leur syndrome de jambes sans repos et d’essayer de faire quelque chose ».

E3 est le seul MK interrogé à avoir cherché explicitement un diagnostic différentiel : « En


gros tu fais un bilan.[…] je regarderais s’il y a d’autres troubles nerveux ou des choses
comme ça quoi, une hernie qui pourrait être liée aux paresthésies. »

E4 s’intéresse aussi aux comorbidités vasculaires « je regarde aussi s’il y a des oedèmes ou
des problèmes vasculaires » sans développer le diagnostic différentiel.

Concernant les contre-indications aux traitements non pharmacologiques dans le cadre du


SJSR, E1 et E2 disent d’abord qu’il n’y« a pas vraiment de contre-indication. » E1 est
revenue ensuite sur son propos : « à part si vraiment il y a un truc associé, une grosse
opération qui a été faite où là du coup tu aurais une immobilisation et du coup tu pourrais pas
faire de sport, peut-être dans ce cas là mais si tu vois rien de drapeau rouge, je dirais non. » ;
« à part si vraiment il y a une grosse insuffisance x ou y et que vraiment il y a un gros
traitement lourd avec je sais pas, là où tu te dirais la presso non peut-être pas trop ». E1
explique son raisonnement clinique : « que ça soit une insuffisance lymphatique, que ce soit
une insuffisance artérielle ou veineuse ou syndrome de jambes lourds, qu’est-ce que tu
mettrais en place comme traitement : tu mettrais en place de la pressothérapie, du drainage
lymphatique manuel, massage local et de l’activité physique. » E4 explique que « les contre-
indications au traitement c’est celles du patient en général ».

Avant de proposer un traitement, notamment par pressothérapie, E2 cherche à écarter lors de


son bilan « une grosse maladie type cancer, un truc comme ça, une grosse inflammation. […]
Très gros troubles circulatoires, des plaies variqueuses, des cochonneries comme ça, des
problèmes cardiaques, voilà ». E3 en fait de même : « Troubles cardio, troubles vasculaires
aussi, thrombose tout ça, tu évites le massage en général et tout ce qui est presso. » E5 et E6
évoquent eux aussi l’insuffisance cardiaque, même si pour eux la contre-indication est
relative : « ça peut pas être une contre-indication pour tout le monde. »

E4 prête attention, comme E2, à la présence d’un cancer : « je m’en inquiète parce que s’il a
une pathologie genou hanche cheville jambe, j’ai peur qu’on puisse passer à côté de douleurs
inflammatoires nocturnes qui soient cachées par ça »

37
Valérie BOTTLAENDER - Mémoire d’initiation à la recherche - IFMK d’Alsace – 2022

6.3.2. Sous-thème 2 : Actions thérapeutiques menées


Les actions thérapeutiques menées par les MK sont diverses. E5 a été le seul MK interrogé à
ne pas avoir pris en charge de patient.es atteint.es de SJSR.
E1 a été la seule à proposer aux patient.es d’aller vers de l’éducation thérapeutique « sur
l’activité physique et le sommeil. ».
E1 a demandé avant tout à ses patient.es « est-ce qu’on pourrait mettre en place une activité
physique ? Que ce soit marcher une demie heure, faire du vélo, enfin ce que la patiente a
envie, ce qui pourrait lui donner envie. ». Généralement elle « commence sur de la thérapie
manuelle et après je vais vite, très vite, sur quand même de la rééducation fonctionnelle. Donc
non si tu penses rééducation fonctionnelle, tu penses activité physique et tu rejoins quand
même ton traitement des impatiences ».
E2 ne dit pas proposer directement d’activité physique mais il souligne une possibilité de
contourner des contre-indications relatives : « S’il y a des problèmes mécaniques pour
l’activité physique, tu peux toujours pallier à ça en proposant une autre activité physique ».
E2 a ajouté, comme E1, de la thérapie manuelle : « Ouais j’ai fait, quand il y a ça souvent je
traite que d’une manière avec le BGM. Bindegewebsmassage. C’est un traitement de
fasciathérapie. Je termine parfois avec de la réfléxologie plantaire, du viscéral […] avec
pompage du foie, diaphragme et du BGM en technique superficielle. »
E4 a mentionné que « Côté activité physique, renfo et étirements je pense que je le ferais. ».

E1 a proposé de la pressothérapie, tout comme les collègues de E2. E2 a rapporté : « Après


c’est vrai que ça marche aussi la pressothérapie, j’ai mes collègues qui font plutôt du drainage
lymphatique manuel et qui mettent la presso après derrière. ».
E3, E4 et E6 ont plutôt portés leur attention sur le drainage lymphatique manuel. E3 a déclaré
que son « traitement en gros c’était du drainage lymphatique ».
E4 a précisé que « Si je vois un patient qui me dit ça en ayant des oedèmes importants je vais
peut-être plus axer sur le drainage. ».
E6 a développé ce qu’il faisait en terme de drainage : « A l’époque dans certains cabinets
j’avais des bottes, du coup on mettait les bottes de compression, aussi après un peu de
drainage […] et proposer soit des pommades drainantes genre vigne rouge ou ce genre de
choses, ou bah des alternances chaud/froid le soir après sa douche […] et des étirements. »

E4 propose d’ajouter des traitements à la liste présentée dans la grille d’entretien : « tu vois
pour moi si on parle d’activité physique et de pressothérapie pour moi limite on peut les

38
Valérie BOTTLAENDER - Mémoire d’initiation à la recherche - IFMK d’Alsace – 2022

foutre en piscine ce serait cool quoi. » ; « Peut-être un peu de proprioception aussi. ». E5


évoque aussi rapidement l’intérêt de la proprioception aussi mais il n’a pas pris en charge de
patient.es concerné.es, donc nous n’avons pas indiqué cette mention dans le tableau
récapitulatif.

Ayant évoqué l’activité physique et le drainage, E1 et E4 ont précisé que le traitement


qu’elles proposent pour le SJSR n’est pas spécifique. Pour E1 « que ça soit une insuffisance
lymphatique, que ce soit une insuffisance artérielle ou veineuse ou syndrome de jambes
lourdes, qu’est-ce que tu mettrais en place comme traitement : tu mettrais en place de la
pressothérapie, du drainage lymphatique manuel, massage local et de l’activité physique. ».
E4 pensait « peut-être à tort, que tout ce qui était étirements, renfo, utilisation de ses membres
et activité physique en général, ça pouvait atténuer ce syndrome. Donc oui je le fais pour ça,
mais pour être honnête si c’est une personne qui a de l’arthrose des genous c’est de toute
façon ce que je vais faire. » E4 décrit également que pour « quelqu’un qui serait arrivé avec
juste ce syndrome c’est ce que j’aurais fait. [...] Donc c’est juste que j’ai choisi le même
traitement pour les deux, parce que je pense que le bon traitement c’est le même pour les
deux. ».

6.3.3. Sous-thème 3 : Efficacité relative des traitements


Deux MK ont fait mention de l’échec de leur traitement. E3 a rapporté : « Non non, je crois
pas qu’il y avait de mieux par rapport à ça. ». E4 a évoqué des difficultés à la mise en place
des traitements dans quelques cas : « Ou alors j’ai pas réussi à leur faire faire ce que je voulais
faire et du coup ça n’a pas fonctionné. ».

Concernant la pressothérapie, E1 a dit obtenir des résultats satisfaisants : « Sur la


pressothérapie il y a quand même un gros bénéfice euh du moment que tu fais ça
régulièrement. Et il y a quand même un bénéfice au bout de trois, quatre séances, et souvent je
fais des cycles de 10 séances. Mais je précise bien qu’il faut quand même attendre la troisième
quatrième séance pour que vraiment il y ait un effet… mais après c’est du court terme, c’est
ça qui est problématique c’est du court terme. […] ça aidera, mais pour moi c’est pas ça qui
va faire le plus gros du travail. » ; « Ensuite le froid marche quand même mieux. Dans le
ressenti de mes patients, le froid… ou alors le chaud/froid, l’alternance. Mais le chaud on m’a
rarement dit que le chaud faisait du bien. »

39
Valérie BOTTLAENDER - Mémoire d’initiation à la recherche - IFMK d’Alsace – 2022

E2 a parlé aussi des résultats obtenus par ses collègues avec la pressothérapie : « Le problème
c’est que ça règle pas, ça soulage mais ça règle pas sur le long terme. » E2 a relevé que,
malgré que le traitement du SJSR « c’est plus médical », « c’est vrai que à côté de ça en
faisant du sport et en mangeant bien comme tout ça aide aussi. ». Enfin E2 a semblé satisfait
de l’efficacité de la thérapie manuelle : « BGM franchement très bien ! A court terme, à court
et moyen terme ça marche très bien. »

E3 après échec de sa thérapie, a dit que l’efficacité des traitements possibles est « à voir selon
comment ça fonctionne, comment ça fonctionne avec les médicaments aussi je pense, et après
si effectivement des étirements, des exercices peuvent soulager ça peut être un bon
complément ouais. »

E6 décrit au sujet du drainage, comme E1, qu’il « Faut le faire régulièrement ». E6 a


développé et nuancé son propos : « en général comme on continuait c’est qu’ils devaient
apprécier, ça devait les soulager un petit peu après sur le long terme non c’était pas suffisant
quoi. Mais… ça leur apportait quelque chose donc on continuait, mais… c’est tout. Enfin
c’était pas le… pas de solution de remède miracle non plus et… si déjà on peut les soulager
pour quelques nuits c’est déjà euh énorme, plutôt que de prendre des médicaments qui servent
peut-être à rien, qui rendent encore plus dépressifs derrière, possiblement. » ; « Du drainage
j’en fais régulièrement à des gens qui viennent pour ça et je pense que… je pense que c’est
plus efficace même. »

E6 a fait référence comme E2 et E3 aux traitements pharmacologiques du SJSR, et a


mentionné le potentiel intérêt d’une association de traitements : « Après tous les syndromes
de jambes sans repos ne sont pas les mêmes, très certainement. Il y en a c’est comme un
Parkinson il va aller avec telle molécule qui va réussir à le soulager, et un autre patient qui a
le même souci tu vas pas réussir à le soulager ».

Enfin E5 a fait mention de l’intérêt de la proprioception : « S’il y a du sensori-moteur bien sûr


l’activité physique c’est efficace. Ca peut aider le moteur la motricité, la fonction pour
redonner… de la proprioceptivité. La proprioception c’est bien pour les fonctions sensitives. »

40
Valérie BOTTLAENDER - Mémoire d’initiation à la recherche - IFMK d’Alsace – 2022

6.4. Thème 4 : Rôle du MK dans l’approche BPS du patient

Tableau 7: Tableau récapitulatif du thème 4

Sous-thème Code E1 E2 E3 E4 E5 E6

1. Quand le MK Le MK, psychologue par X X X


endosse le rôle de défaut et difficultés à
psychologue prendre en compte les
facteurs psycho-sociaux des
patient.es

Difficultés pour réorienter X X


les patients vers un.e
psychologue

Croyances et stigmatisation X X X
autour des patients « psy »

2. Le patient acteur de ETP et conseils hygiéno- X


sa rééducation ? diététiques

Autonomisation du patient X X Ø

3. La place du MK Une prise en charge X X X


dans la prise en charge principalement médicale
actuelle du SJSR

Le MK aurait sa place X X X X X X

Interdisciplinarité X X X X X

6.4.1. Sous-thème 1 : Quand le MK endosse le rôle de


psychologue
La moitié des MK ont exprimé avoir des difficultés dans la prise en compte des
facteurs psycho-sociaux des patient.es atteint.es de SJSR. E1 a présenté une vue d’ensemble
sur les facteurs psycho-sociaux de ses patientes : « Souvent qui dit problème de sommeil dit
quand même problèmes à côté, enfin problèmes de vie, souvent il y a quelque chose qui
déconne au niveau du boulot, il y a des problèmes familiaux. […] parce que quand tu as des
problèmes de sommeil ça veut dire que déjà tu as un assez gros problème dans ta vie pour que
ça ne te fasse pas dormir en gros. »
E2 a rapporté la difficulté à prendre en compte ces facteurs : « ceux qui viennent pour des
problèmes de jambes sans repos et qui viennent pour leur dos mais qui ont un problème de…
qu’il y a eu une cascade d’éléments en chaîne qui est difficile à canaliser… »

41
Valérie BOTTLAENDER - Mémoire d’initiation à la recherche - IFMK d’Alsace – 2022

E6 a estimé que « malheureusement » l’écoute active du MK est importante à défaut de


pouvoir rediriger le.a patient.e vers un.e psychologue.

En effet E1 et E6 ont exprimé des difficultés à orienter les patients vers un.e psychologue.
E6 a rapporté que « malheureusement c’est aussi notre euh… parce qu’ils ont pas forcément
le temps d’aller chez le psy non plus, et qu’on leur sert aussi à ça, et qu’on est aussi là pour
écouter ce qui… et de se décharger de tout ça ça peut leur permettre éventuellement d’aller un
peu mieux, je pense. ».
E1 a d’abord hésité sur le rôle du MK dans la prise en compte des facteurs psycho-sociaux :
« normalement c’est pas… Si, c’est à toi de soulever le problème en tant que kiné, mais après
moi je me dis que c’est pas à moi de creuser dans ce sens-là. ».
Puis E1 a rapporté que « tu vas doucement sur psychologue, parce que ça fait un peu peur le
mot psychologue. ».

En ce sens E1, E2 et E6 ont fait allusion à des croyances et à une certaine stigmatisation
autour des patients « psy ». Selon E1 « ça fait un peu peur le mot psychologue. [...] ça dépend
comment est le patient, si le patient est super entrain à évoluer […] Si ton patient déjà il te dit
ah ouais mais vous êtes sûre le médecin ne m’a pas parlé de ça, là tu y vas avec des pincettes
tu vois. Ca dépend qui tu as en face, ça dépend comment ça va passer aussi au niveau du
feeling. »
E2 a mentionné que « j’en ai une en ce moment, mais bon c’est une dépressive… voilà. »
E2 a ajouté : « C’est exactement ça le problème, parce que c’est des gens qui sont pas biens,
c’est venu vraiment petit à petit et ils vivent à travers ça, voilà... ».
Selon E6 « Il doit certainement y avoir un côté psy. A mon avis qui doit être pris en compte,
parce que ça arrive du jour au lendemain […] Il a du y avoir quelque chose, il était pas hyper
euh… bien à cette période, et… pour moi cette maladie c’est l’internalisation de quelque
chose oui. On va dire pas mal de psy ». E6 a également montré des représentations négatives
des traitements pharmacologiques utilisés face à la dépression. Il a soutenu le fait qu’une prise
en charge en masso-kinésithérapie serait préférable « plutôt que de prendre des médicaments
qui servent peut-être à rien, qui rendent encore plus dépressifs derrière, possiblement. ».

Au sujet du rôle du MK dans la prise en charge bio-psycho-sociale des patient.es atteint.es de


SJSR, les MK ont eu des opinions diverses. E2 a expliqué que « ces gens-là oui parfois il faut
un peu les guider les prendre par la main et les mettre sur le chemin mais il ne faut pas leur
prendre par la main et traverser tout ce chemin avec eux. Justement c’est des gens qui
42
Valérie BOTTLAENDER - Mémoire d’initiation à la recherche - IFMK d’Alsace – 2022

attendent ça. D’être accompagnés. Par tout le monde. Ouais pour moi la kiné il faut qu’elle
tienne compte de ça dans ses traitements »
E6 a expliqué à plusieurs reprises que l’écoute active du MK avait son importance dans la
prise en charge : « Mais c’est important plus pour moi parce que tu as un côté forcément psy,
c’est que la personne doit aussi s’en décharger, si tu la laisses toute seule dans sa pièce avec la
presso tu auras pas le même effet je pense, que si tu fais un drainage où tu prends aussi le
temps de… »

6.4.2. Sous-thème 2: Le patient acteur de sa


rééducation ?
Une seule MK a rapporté avoir donné des conseils hygiéno-diététiques et réalisé de
l’éducation thérapeutique du patient lors de leur prise en charge. E1 a discuté avec des
patient.es afin de modifier leur traitement et leur vision de la santé : « j’ai… j’ai déjà des
personnes qui m’ont dit je prends un tramadol systématiquement, tu dis Ah d’accord ok. Va
peut-être falloir qu’on change quelque chose alors. » ; « Il va falloir mettre en place aussi un
changement de vie, et c’est un changement de vie de la patiente à long terme »
E1 a mis en avant l’autonomisation de ses patient.es, qu’elle proposait ou que les patients
demandaient d’eux même : « Ca va être le patient qui va décider. […] je peux vous proposer
ça comme solution à court terme sur quelques séances on peut essayer, si vous voulez, si vous
avez le temps […] Et le patient répondra ah bah oui ça m’intéresse on peut essayer, ou non
mais qu’est-ce que je peux faire dans mon changement du quotidien, euh et là j’irai plus sur
l’activité physique et le sommeil. »
E3 a proposé « Pas forcément sur un suivi long terme mais au moins sur quelques séances
pour montrer des exercices. ».
E6 est le seul MK à ne pas avoir proposé un traitement à faire par le patient en autonomie :
« Bah je le proposais pas à la maison. Parce que pas qu’ils le fassent d’eux-mêmes, si tu veux
c’était ce qu’on faisait en séances, des étirements assez costauds »

6.4.3. Sous-thème 3 : La place du MK dans la prise en


charge actuelle du SJSR
La prise en charge actuelle du SJSR est principalement médicale, comme le mentionne E1 :
« moi j’enquille sur le médecin du sommeil. » et E2 : « Bon après vu que tu me dis que c’est
apparemment la dopamine et tout ça, c’est plus médical ».

43
Valérie BOTTLAENDER - Mémoire d’initiation à la recherche - IFMK d’Alsace – 2022

E5 n’ayant pas pris en charge de patient.es atteint.es, il « conseille de retourner chez le


médecin pour expliquer ».

L’ensemble des MK interrogés ont ensuite eu des avis variés sur la place du MK dans la prise
en charge actuelle du SJSR.
E1 affirme que le MK peut participer à la prise en charge du SJSR : « Si elle me dit je ne sais
plus quoi faire j’en ai trop marre, là je vais peut-être mettre quelque chose en place. [Question
7] Ouais tout à fait. »
E2 propose une prise en charge courte tout en mentionnant l’autonomisation du patient qui
serait mise en place face à sa pathologie : « Le kiné qui prend en charge la personne pour
autre chose a une action d’écho ou une action très ponctuelle, que le doc va lui expliquer qu’il
va faire ça ça ça ça, et hop je vais te mettre quelque séances de kiné pour te soulager parce
que t’as trop mal et petit à petit ça va te donner un petit coup de boost au départ, mais c’est
quelque chose dans ton hygiène de vie que tu vas devoir changer toi »
E3 a été du même avis que E2 : « oui au moins dans un premier temps pour montrer quels
exercices peuvent être intéressants, quels étirements peuvent être intéressants. »
Pour E4 « c’est essentiel » que les MK soient plus informés au sujet du SJSR « parce que
c’est à nous d’informer aux patients que ça existe par les médecins traitants ».
E4 fait écho aux compétences des MK pour proposer de la pressothérapie, du drainage et du
massage : « La pressothérapie ouais parce qu’on va pas peut-être pas les envoyer chez les
esthéticiennes pour faire un truc médical, le drainage pareil, le massage je pense qu’on reste
les plus à même dans cette activité même si voilà il y en a d’autres qui ont le droit, sur les
pathologies on reste actifs là-dessus. ». E5 a exprimé un avis similaire : « la pressothérapie
c’est seulement le kiné qui peut faire ».
Pour E6 « Il est plus indiqué pour moi de faire de la kiné comme pour beaucoup de choses
que de prendre des médicaments qui vont être prescrits […] Oui quinze mille fois pour de la
médecine douce et de la kiné du coup plutôt que des médicaments pour lesquels on ne sait pas
les effets secondaires, qui ne soulagent pas forcément le patient non plus. »

Les MK ont évoqué différents acteurs de la santé qui pourraient intervenir avec le médecin et
le MK auprès des patient.es atteint.es de SJSR.
E1 et E6 ont observé la nécessité d’intervention d’un.e psychologue. En effet E1 a déclaré
qu’« On est des psys à moitié mais à un moment il va falloir traiter ».

44
Valérie BOTTLAENDER - Mémoire d’initiation à la recherche - IFMK d’Alsace – 2022

Pour E6 : « Ce sont des gens qui ont besoin d’être soulagés quand même. Après c’est à
moduler avec de la psy pour justement parce que c’est lourd. C’est lourd de pas pouvoir
dormir, de pouvoir supporter les douleurs à tout bout de champ... »
Selon E2 : « je pense que le traitement numéro un c’est doc. Doc et comme tu viens de dire,
doc, diététicienne puis kiné. »
E4 propose une action en interdisciplinarité avec le.a médecin et un.e professionnel.le en
Activité Physique Adaptée (APA) : « Mais l’activité physique ouais pourquoi pas déléguer à
un APA sur l’activité physique mais je pense qu’en kiné on peut le faire sans problème. Après
peut-être pas tout seul, on peut le faire avec un médecin, on peut le faire avec un APA, on
peut le faire avec pas mal de monde mais ouais je pense qu’on est utiles. »

6.5. Thème 5 : Freins à la prise en charge masso-


kinésithérapique

Tableau 8: Tableau récapitulatif du thème 5

Sous-thème Code E1 E2 E3 E4 E5 E6

1. Au niveau du Le temps X X
patient

L’adhésion thérapeutique X X X

2. Au niveau médical Prescription mentionnant Ø X X Ø X


les membres inférieurs ou le
SJSR

Manque de diagnostic du X X
SJSR

La priorisation des soins X

3. Au niveau des MK Le temps X X X

La priorisation des soins X

6.5.1. Sous-thème 1 : Au niveau du patient


Deux freins ont été mentionnés au niveau du patient : le temps et l’adhésion thérapeutique.
E1 a expliqué que «Tout le monde n’a pas forcément le temps d’aller une heure chez le kiné
tous les soirs. » E1 a ajouté : « déjà si tu arrives à avoir une activité physique c’est déjà bien.
[…] Parce que souvent tu vas avoir des gens qui travaillent et qui ont absolument pas le temps
de faire du sport entre midi et deux ou à distance du coucher. »

45
Valérie BOTTLAENDER - Mémoire d’initiation à la recherche - IFMK d’Alsace – 2022

E6 a quant à lui justifié la place du MK dans la prise en charge du SJSR, parce que les
patient.es n’« ont pas forcément le temps d’aller chez le psy ».

Par rapport à l’adhésion thérapeutique, E1 a expliqué qu’« il faut que ton patient adhère bien à
ce qu’on va lui dire et… la motivation parce que les patients pas motivés ça va être compliqué
de les faire bouger et voilà les emmener sur une activité physique pour que ça change. Et si
c’est un problème de sommeil c’est compliqué à résoudre. »
Pour E2 le problème c’est « Le patient. » ; « c’est la participation et la compréhension du
patient. » ; « Il y a juste un frein c’est le patient. »
E6 a supposé que le patient adhérera au traitement de par sa souffrance : « Après faut que le
patient accepte, ouais non… je voulais dire que le patient accepte mais ça c’est pour le
soulager il va tout faire pour. ».

6.5.2. Sous-thème 2 : Au niveau médical


Trois freins ont été abordés au niveau médical : l’absence de prescription de masso-
kinésithérapie, le manque de diagnostic et la priorisation des soins en France.
Par rapport à la prescription, E1 a déclaré qu’elle n’a « jamais vu une prescription pour des
jambes sans repos, même dans la nomenclature si tu regardes la NGAPD il n’y a rien ».
E3 a expliqué que « les médecins s’y connaissent plus sur ce qu’ils connaissent eux, s’ils
connaissent que les traitements pharmacologiques ils ne vont s’orienter que là-dessus quoi,
donc pour moi ça c’est un frein qui fait que les kinés n’interviennent pas là-dedans quoi, ou
qu’ils ne savent pas qu’ils peuvent intervenir là-dedans. »
E4 a reçu des patients ayant comme prescription une « Douleur de genou. Et arthrose » Elle
n’a pas vu de mention du SJSR.
E5, qui a rencontré des patient.es atteint.es sans les prendre en charge par rapport à leur
syndrome a déclaré « on dépend beaucoup du médecin. Si le médecin ne prescrit pas on peut
pas soigner. » Il a ajouté à propos de la prescription « D’abord prouver que les résultats sont
bons, que la thérapie est bonne, et après convaincre les médecins pour qu’ils prescrivent. »
Pour E6 un frein important est « La médecine. Bah les médecins n’étant pas au courant ils ne
vont pas envoyer les patients chez un kiné […] Et malheureusement c’est un frein pour
beaucoup de choses dans notre profession, c’est les médecins qui ne sont pas au courant »
E2 et E6 ont été les seuls MK à avoir vu une prescription de masso-kinésithérapie
mentionnant le SJSR. E2 nous a répondu : « Oh mais ils marquent pas grand-chose les
médecins comme prise en charge. S’il y a marqué les jambes sans repos c’est beaucoup sinon

46
Valérie BOTTLAENDER - Mémoire d’initiation à la recherche - IFMK d’Alsace – 2022

c’est traitement des membres inférieurs. […][Tu as déjà vu écrit SJSR?] Ouais c’est déjà
arrivé ouais. »
E6 lui a marqué un temps d’hésitation avant de se souvenir d’un cas particulier : « j’ai jamais
eu ça sur… sur une precription. Non. Ou si peut-être une fois dans le cadre de… […] Ah si
c’est la fibromyalgie ! »

E3 et E4 ont dénoncé entre autres le manque de diagnostic. E3 a supposé que les patient.es ne
« sont pas forcément orientés vers le neurologue » pour obtenir un diagnostic.
E4 a explicité une cause créant les freins à la prise en charge masso-kinésithérapique : la
nécessité de prioriser les soins en France. E4 a déclaré : « Donc je pense que c’est plusieurs
freins : le premier c’est le monde de la santé qui est déjà un frein à la base, parce qu’on est pas
assez nombreux. Le second c’est un manque de connaissances. Le troisième c’est un manque
de diagnostic. » ; « Ou alors pareil il va chez le médecin il lui parle de ça mais il a mis
tellement de trucs autour, que le médecin il fait comme tout le monde il gère le truc le plus
urgent. »

6.5.3. Sous-thème 3 : Au niveau des MK

Au niveau des MK deux freins à la prise en charge des patient.es atteint.es de SJSR ont été
relevés : le temps et la priorisation des soins.

E1 a expliqué : « là je me mets dans le cadre par exemple d’une patiente qui arrive pour une
prescription du dos et elle me dit j’ai aussi ça. Je me dis déjà il va falloir que je m’occupe de
son dos et donc j’aurai pas forcément le temps de faire le dos et les jambes, donc c’est
quelque chose que j’ai laissé tomber le drainage lymphatique manuel ». E1 a insisté sur ce
frein : « Oui le temps… ouais le temps, parce que dans la vie tout est une affaire de temps et
tu verras quand tu bosseras, tout est une affaire de temps et de rentabilité du temps »

E4 explique que la priorisation des soins a lieu chez les différents professionnels de santé :
« c’est souvent des symptômes enfin un syndrome qui est ajouté à quelque chose de plus
important et donc on finit toujours par pff bah s’intéresser davantage au problème de base et à
moins s’intéresser à ça tu vois. » E4 a ajouté au sujet du SJSR et de la prise en charge de la
santé mentale des patient.es : « Les contre-indications à certains médicaments et aux anti-
dépresseurs ouais c’est surtout si le patient il a des envies suicidaires on va peut-être d’abord
s’occuper de ça avant le syndrome, c’est peut-être plus urgent » comparé au traitement,
pharmacologique notamment, du SJSR.

47
Valérie BOTTLAENDER - Mémoire d’initiation à la recherche - IFMK d’Alsace – 2022

E4 a détaillé son expérience : « je vais dire ce qui me chiffonne c’est que là je fais beaucoup
de cancéro donc moi tout ce qui est cancer et jambes sans repos bah tu vois tant pis ça va
attendre parce que je vais pas drainer sur des métastases. » ; « Et on a un autre problème et tu
le sais autant que moi, c’est que moi je bosse dans une zone sous-dotée et qu’on a 6 mois
d’attente. Donc quelqu’un qui arrive avec juste des jambes sans repos contre quelqu’un qui a
un cancer, je suis désolée c’est moche à dire mais la personne qui a un cancer il gagne. » ;
« on travaille toujours toujours toujours dans l’urgence et la douleur, et jamais en préventif et
en bien-être parce qu’on a pas le temps. »

E6 quant à lui met un point d’honneur sur le besoin de prendre du temps avec les patient.es :
« c’est sûr que ça demande du temps au kiné pour faire des choses et pas de le laisser dans
une pièce et dire voilà je vous branche je vous laisse au revoir. »

48
Valérie BOTTLAENDER - Mémoire d’initiation à la recherche - IFMK d’Alsace – 2022

IV. Discussion
1. Discussion des résultats des pré-enquêtes
1.1. Pré-enquête destinée aux MK
L’échantillon initial de MK ayant répondu à la pré-enquête contient 48 MK répondant aux
critères d’éligibilité, exerçant majoritairement en milieu libéral en France depuis un à cinq
ans. La majorité des répondants sont donc des jeunes kinésithérapeutes, ce qui peut
s’expliquer par la diffusion du questionnaire principalement sur les réseaux sociaux. Le
nombre de personnes nécessaires dans l’échantillon n’a pas été défini avant l’étude,
l’échantillonnage suivant une méthode non probabiliste.

Une large majorité des MK ont déjà entendu parler du SJSR. La définition du syndrome est
assez bien connue par la majorité des répondants. Dans la définition du SJSR par les MK, 29
récurrences à propos des troubles sensori-moteurs ont été relevées. Un tiers des répondants
ont évoqué la douleur causée par le syndrome. Neuf récurrences seulement ont été relevées à
propos de l’inconfort et de la gêne causée par le syndrome. Un tiers des répondants ont
évoqué la survenue des symptômes le soir ou la nuit, mais seules six récurrences sont
ressorties autour des insomnies et des difficultés au maintien du sommeil. Le vocabulaire
autour des symptômes ressentis dans le SJSR est très varié, au vu des termes utilisés pour
décrire les paresthésies et les dysesthésies ainsi que les MPJS. Seuls quatre répondants ont
répondu n’avoir aucune idée de ce à quoi le syndrome correspond.

Des erreurs sur l’hypothèse physiopathologique du syndrome ont été décelées. Quatre
récurrences sur le type de symptômes ressentis portent à confusion sur l’étiologie
(« courbatures », « crampes », « lourdeur » deux fois). Quatre récurrences seulement font
référence au fait que le SJSR est un trouble neurologique. Peu de répondants ont évoqué le
caractère chronique du SJSR.

Le diagnostic différentiel du SJSR semble être un processus mal connu par la plupart des MK.
En effet, lorsque nous avons posé une question à propos de l’appartenance du symptôme
« jambes lourdes » au SJSR, un peu plus d’un tiers des répondants ne savaient pas y répondre
ou ont fait erreur. Les jambes lourdes, souvent associées au syndrome, correspondent en
réalité à un symptôme prédominant dans l’insuffisance veineuse (4). Malgré le fait que la
question était orientée en faveur de la réponse juste, nous pouvons en déduire que le taux de
64,6 % de bonnes réponses a été majoré par la façon dont le questionnaire a été construit. On
49
Valérie BOTTLAENDER - Mémoire d’initiation à la recherche - IFMK d’Alsace – 2022

peut donc souligner qu’environ la moitié des MK semblent avoir des lacunes à propos du
diagnostic différentiel du SJSR.

Un MK sur deux a rencontré un.e patient.e atteint.e de SJSR au cours de sa pratique


professionnelle, ce qui est supérieur à ce que nous attendions comme réponse. Sachant que
8,5 % de la population française est touchée par ce syndrome, ce résultat semble cohérent et
possible (2). Après avoir demandé s’ils avaient rencontré au moins un.e patient.e atteint.e de
SJSR, nous avons demandé ensuite aux MK ayant répondu « oui » de répondre à la cinquième
question du questionnaire. Cette question portait sur le fait que les MK aient proposé ou non
une action thérapeutique en lien direct avec le SJSR. Nous avons obtenu 30 réponses au lieu
de 24 attendues suite à la question précédente. Lee taux de 76,7 % de réponse « non » pour
une action thérapeutique a pu être majoré ou minoré par les six répondants non concernés par
la dernière question. Les résultats de cette dernière question ne sont donc pas exploitables.

1.2. Pré-enquête destinée aux médecins


L’échantillon de médecins ayant répondu au questionnaire est trop restreint et non
représentatif des spécialités pouvant diagnostiquer le SJSR. En effet, seuls huit généralistes,
dont un spécialiste des pathologies du sommeil, et un pneumologue ont répondu à l‘enquête.
Aucun neurologue n’y a répondu.

Parmi ces médecins, sept ont déjà diagnostiqué et traité des patient.es atteint.es de SJSR. Le
traitement le plus souvent proposé correspond aux ligands α2δ. Derrière les ligands, les
deuxième et troisième traitements les plus fréquents sont les traitements ferriques et les AD.
Aucun antidépresseur n’a été prescrit : cela concorde avec le fait que certains antidépresseurs
favorisent le SJSR et que le Bupropion n’a pas montré son efficacité dans le traitement du
SJSR dans la littérature (6) (26). Il n’y a pas eu de mention de la mise en place d’un
traitement antihypertenseur ou d’une prescription de vitamines. Les réponses des médecins
correspondent aux recommandations de traitement pharmacologique actuelles du SJSR (23).

Aucun des médecins interrogés n’a prescrit de masso-kinésithérapie dans le cadre du


traitement du SJSR. Toutefois, à la question « Pensez-vous qu'une prise en charge
kinésithérapeutique pourrait être indiquée pour apporter des traitements non-
pharmacologiques adaptés à ces patient.es ? » une majorité de médecins a répondu
positivement. Six d’entres eux ont répondu oui en complémentarité du traitement médical,

50
Valérie BOTTLAENDER - Mémoire d’initiation à la recherche - IFMK d’Alsace – 2022

pour « les douleurs associées », « si la littérature le recommande » et/ou si « un consensus est


établi » entre les différents professionnels de santé concernés. Deux médecins ont répondu
négativement et le dernier n’a pas exprimé son avis.
Il n’existe pas de recommandations de la HAS préconisant de la kinésithérapie dans ce cadre.
Cependant étant donné que certains traitements non pharmacologiques ont montré des preuves
plutôt satisfaisantes, que la moitié des MK ayant répondu à la pré-enquête précédente ont
rencontré des patient.es atteint.es, et qu’une partie des MK ont proposé des traitements, un
échange entre les différents professionnels de santé autour de la prise en charge de ce
syndrome pourrait être intéressant.

2. Discussion des résultats des entretiens


2.1. Thème 1 : La définition du SJSR par les MK en
France
Les MK interrogés connaissent le SJSR surtout par le terme « impatiences », qui est un terme
populaire. Un seul d’entre eux a nommé la maladie « Willis-Ekbom », qui est pourtant le
dernier nom donné à ce syndrome et qui est utilisé par l’association nationale France Ekbom
(5) (8). Autant de MK ont évoqué la douleur que les troubles sensori-moteurs inhérents au
syndrome, soit cinq sur six interrogés. Tous les MK ont mentionné le fait qu’il s’agissait
effectivement d’un trouble du sommeil. Ces résultats sont supérieurs à ceux obtenus lors de la
pré-enquête. Cette majoration pourrait être due au fait que les MK ayant participé
volontairement aux entretiens soient plus impliqués cognitivement et/ou émotionnellement
dans le ressenti de la douleur de leurs patient.es que des professionnels de santé n’ayant pas
rencontré cette population.
Les MK interrogés ont rencontré des populations variées atteintes de SJSR : majoritairement
des femmes, des personnes sédentaires « en manque d’activité physique », « stressées », voire
à haut risque cardiovasculaire. Cela correspond aux populations décrites en introduction (4)
(6). Des pathologies associées ont été évoquées également comme Parkinson et la
fibromyalgie. La fibromyalgie touche également plus les femmes que les hommes (22). Dans
le cadre de la maladie de Parkinson, le traitement pharmacologique, notamment les AD,
devrait aider à diminuer les symptômes de jambes sans repos. Dans le cadre de la
fibromyalgie, les patient.es atteint.es pourraient être examiné.es afin de déterminer s’iels sont
également atteint.es de SJSR. En effet certains symptômes de la fibromyalgie ainsi que la
qualité du sommeil seraient améliorés par l’administration d’un traitement pour le SJSR (22).

51
Valérie BOTTLAENDER - Mémoire d’initiation à la recherche - IFMK d’Alsace – 2022

Concernant l’impact fonctionnel du SJSR, deux MK ont décrit le SJSR comme « un cercle
vicieux ». Ce terme est fort et montre l’impact qu’a le syndrome sur la qualité de vie des
patient.es atteint.es. Deux MK sur six ont fait mention de lombalgie associée, or l’impact de la
lombalgie chronique sur la qualité de vie est connu et important. Cela montrerait aussi que les
MK en France sont d’autant plus susceptibles de rencontrer des patient.es atteint.es de SJSR
dans leur pratique professionnelle.
Deux MK ont également mentionné que le SJSR empêche la récupération lors du sommeil.
Nous avons observé une seule mention de ce fait lors de la pré-enquête. Cet impact serait
effectivement du aux insomnies causées par le SJSR (2).

2.2. Thème 2 : Méconnaissance du syndrome par les


patients et les professionnels de santé
La majorité des MK ont utilisé des expressions montrant un certain doute ou l’absence de
connaissances autour de la définition du SJSR. Peu d’entres eux en ont entendu parler en
formation. L’un d’entre eux a même présenté le SJSR comme « un mystère ». Aucun des MK
n’avait connaissance de l’hypothèse physiopathologique prédominante expliquant le
syndrome. Sachant qu’elle est généralement méconnue, ce résultat n’est pas surprenant. Cinq
MK sur six ont décrit des hypothèses physiopathologiques erronées, majoritairement
vasculaires.
Le SJSR serait un trouble neurologique sensori-moteur, causé par un état
hyperdopaminergique présynaptique au niveau du système nerveux central (5). Des
pathologies vasculaires peuvent être associées au syndrome, notamment parce que le SJSR
augmente le risque cardiovasculaire (3).

La majorité des MK ont exprimé n’avoir pas d’idée précise de traitement à proposer en lien
direct avec le SJSR. Certains pensaient qu’ils ne pouvaient pas intervenir, ne savait « pas quoi
en faire » ou faisaient du « bricolage » sans avoir « jamais lu quoi que ce soit dessus ». Le
syndrome étant méconnu des MK, souvent intermittent et non douloureux, il semble banalisé
par les soignant.es.

Ce sont les patients qui ont apporté majoritairement des connaissances sur le SJSR aux MK.
En effet quatre MK ont rapporté que leurs patient.es leur avaient « expliqué » leurs
symptômes. L’une des MK explicite même l’inversion de la transmission du savoir dans la

52
Valérie BOTTLAENDER - Mémoire d’initiation à la recherche - IFMK d’Alsace – 2022

relation soignant-soigné qui prend place avec certain.es patient.es. Cette inversion est
particulière dans le domaine de la santé, et rappelle le concept de patient expert.

« Le patient-expert désigne celui qui, atteint d’une maladie chronique, a développé au


fil du temps une connaissance fine de sa maladie et dispose ainsi d’une réelle expertise dans
le vécu quotidien d’une pathologie ou d’une limitation physique liée à son état. » (42)

Pour autant trois MK ont rapporté la méconnaissance de la plupart des patient.es par rapport à
leur syndrome, son étiologie et aux moyens existants pour soulager les symptômes. Les
patient.es leur posent beaucoup de questions sur les causes de leurs symptômes, sur ce qu’iels
peuvent faire pour les soulager. Il est connu que de nombreuses personnes touchées par le
SJSR n’ont jamais entendu parler de cette maladie et ont des difficultés à décrire leur ressenti
(16). C’est l’interrogatoire du médecin, s’il est sensibilisé au sujet, qui peut conduire les
patient.es à obtenir un diagnostic et plus d’informations sur le SJSR (16).
Nous pourrions supposer que les médecins pourraient expliquer davantage aux patient.es ce
qui leur arrive et leur proposer des traitements, dans le cas où les médecins sont sensibilisés à
ce sujet et rencontrent les patient.es. Mais nous nous heurtons à une citation : « Un patient
n’ira peut-être pas consulter pour ça, tu vois. ». Face à cette hypothèse posée par l’une des
MK, nous pourrions supposer alors que la gêne fonctionnelle des patient.es n’est pas si
importante que ça. Or l’évolution progressive du syndrome et son impact sur la qualité du
sommeil, la qualité de vie, le risque cardio-vasculaire et la santé mentale sur le long terme
sont démontrées (2) (3) (6).
Nous pourrions également penser que le SJSR est généralement banalisé par les patient.es et
les soignant.es.

La banalisation du syndrome a été explicitée par une MK seulement. Elle concernerait aussi
bien les patient.es que les soignant.es. La MK a utilisé le terme de « cercle vicieux » à propos
du silence autour du SJSR, qui est souvent mis de côté dans le bilan. Elle estime que les
soignant.es sont « responsables » de ce fait, « parce que si on y accorde moins d’importance,
le patient il dit que c’est moins important donc il l’expose peut-être moins donc nous on y
accorde moins d’importance ».
Nous pourrions supposer que cette banalisation vient en partie du fait que la maladie évolue
progressivement et que dans le cas des formes légères du SJSR, l’adoption d’une bonne
hygiène de vie et de gestes simples peuvent suffir à atténuer les symptômes, sans nécessiter
une prise en charge médicale (16).
53
Valérie BOTTLAENDER - Mémoire d’initiation à la recherche - IFMK d’Alsace – 2022

2.3. Thème 3 : Prise en charge du SJSR par les MK


La majorité des MK ont réalisé un BDK. Ils ont détaillé la manière dont ils ont réalisé
l’interrogatoire des patient.es. Certains MK ont réalisé un interrogatoire plus poussé que
d’autres, en fonction de leurs connaissances sur le SJSR. Ils ont tout d’abord recueillis les
symptômes manifestés par les patient.es : ils ont recherché leur fréquence, le moment de leur
survenue, leur intensité et leur durée. Aucun MK n’a utilisé l’échelle internationale de sévérité
des impatiences pour évaluer la sévérité des symptômes (Annexe I).
Ils ont ensuite cherché quels sont les facteurs aggravants, et quelles sont les actions mises en
place par les patient.es elleux-mêmes pour soulager leurs symptômes. Parmi les facteurs
aggravants, le manque d’AP a été souligné par deux MK : une de manière déclarative et
l’autre en évaluant le taux d’AP quotidien.
Ces deux MK ont pu questionner, en plus des habitudes de vie des patient.es, leurs habitudes
de sommeil. Les horaires du coucher, le volume de sommeil et l’environnement autour des
patient.es lors du sommeil ont pu être relevés dans l’interrogatoire. Relever ces informations
serait important pour trouver des moyens adaptés aux patient.es de soulager leurs symptômes
elleux-mêmes au quotidien.
Malgré le fait que les MK aient réalisé un interrogatoire, les informations à propos du SJSR
n’ont pas forcément été données lors de la première séance. En effet certains n’en ont parlé
qu’au bout de deux ou trois séances, ou en fin de séance pour reprendre l’exemple de
l’information « poignée de porte ». Nous pourrions relier ce fait à la méconnaissance et à la
banalisation du syndrome faite par les patient.es et les soignant.es.
Un MK a mentionné qu’il faisait en plus de l’interrogatoire une observation et une palpation.
Dans le cadre du SJSR l’interrogatoire est généralement suffisant (5). Aucun élément du
SJSR, à part les MPJS s’ils sont sévères au repos, ne peuvent être retrouvés par l’utilisation de
ces moyens d’investigation. Ces moyens peuvent tout de même permettre de faire un
diagnostic différentiel avec des pathologies vasculaires par exemple.

Deux MK seulement ont cherché à faire un diagnostic différentiel, mais il n’a pas semblé
évident à réaliser. Le manque de connaissances autour du SJSR et de son diagnostic est
ressorti du discours de l’ensemble des MK.

Tous les MK ont toutefois prêté attention aux drapeaux rouges et aux contre-indications de
traitement. Les drapeaux rouges recherchés ne sont pas spécifiques au SJSR. Cinq MK ont
recherché la présence de troubles vasculaires conséquents. Un MK a recherché une étiologie

54
Valérie BOTTLAENDER - Mémoire d’initiation à la recherche - IFMK d’Alsace – 2022

traumatique, deux autres ont recherché des signes inflammatoires et cancéreux. Les MK ont
montré, grâce au BDK, leurs compétences pour reorienter les patient.es vers les médecins si
des examens plus poussés sont nécessaires. Le BDK constitue en effet un élément essentiel
dans la prise en charge masso-kinésithérapique.

Cinq MK sur six ont proposé une action thérapeutique en lien direct avec le SJSR. Tous les
MK ont proposé de la pressothérapie ou du drainage lymphatique manuel. La moitié ont
proposé de l’activité physique, de la physiothérapie avec alternance chaud/froid ou de la
balnéothérapie. Deux MK ont proposé de la thérapie manuelle. Un MK a proposé du massage.
Une seule MK a explicité avoir fait de l’éducation autour du sommeil et de l’AP. Une autre a
proposé d’ajouter des exercices de proprioception. Les traitements proposés font tous partie
des recommandations existantes, sauf le travail de proprioception (23). Nous considérerions
néanmoins que les MK devraient être plus informés sur le SJSR et les troubles du sommeil de
manière générale afin de pouvoir faire plus facilement de l’ETP autour du sommeil et de
l’AP. En effet l’ETP serait un outil intéressant dans ce cadre, puisqu’elle consiste en
l’acquisition et le maintien de compétences d’adaptation face à la maladie (39).

Les traitements ont fait preuve selon les MK d’une efficacité relative. Deux MK ont été face à
un échec thérapeutique avec du drainage lymphatique manuel pour l’un, de l’activité physique
pour l’autre. La pressothérapie a semblé satisfaisante à court terme pour l’ensemble des MK
l’ayant utilisée. Deux MK ont affirmé que la régularité était nécessaire pour observer des
résultats grâce à la pressothérapie entre autres. Concernant la thérapie manuelle, l’un des MK
l’ayant utilisée a semblé satisfait des résultats « à court et moyen terme ça marche très bien. ».
Pour la proprioception deux MK ont évoqué son potentiel intérêt. Aucune étude n’a été
réalisée à ce propos dans le cadre du SJSR. Les résultats obtenus par les MK correspondent à
nos attentes, sachant que le traitement non pharmacologique recommandé et plutôt efficace
pour l’ensemble des SJSR est la pressothérapie (23).

La moitié des MK ont fait allusion aux traitements pharmacologiques. L’un des MK a insisté
sur le fait qu’il s’agit du traitement principal du SJSR, un autre a dit que la masso-
kinésithérapie pouvait consister en un complément à ces traitements. Le dernier MK a précisé
que l’association de traitement pharmacologique et non pharmacologique pouvait être
intéressante, car le traitement des patient.es atteint.es de SJSR, à l’image des patient.es
atteint.es de la maladie de Parkinson, devait être personnalisé. En effet l’efficacité des
traitements dépend en partie du type de SJSR (23).
55
Valérie BOTTLAENDER - Mémoire d’initiation à la recherche - IFMK d’Alsace – 2022

Cette réflexion rejoint d’une manière les résultats obtenus dans l’étude intitulée Depressive
Symptoms and Suicidal Thoughts in Restless Legs Syndrome, dans laquelle les chercheurs
ont pu montré qu’une prise en charge pharmacologique adaptée et personnalisée du SJSR
permettrait de réduire les symptômes sensori-moteurs mais aussi ceux liés à la santé mentale
des patients (16). Nous supposerions alors que la mise en place de traitements non
pharmacologiques adjuvants pourrait aussi participer à soulager les symptômes du SJSR.

Le dernier MK a soutenu le fait qu’une prise en charge en masso-kinésithérapie serait


préférable « plutôt que de prendre des médicaments qui servent peut-être à rien, qui rendent
encore plus dépressifs derrière, possiblement. ». Or dans la pré-enquête destinée aux
médecins, nous avons vu que les médecins connaissent les recommandations de traitement
pharmacologique et ne prescrivent a priori plus d’antidépresseurs pour traiter le SJSR. Nous
pourrions supposer, comme l’a fait remarquer une des MK, que dans un cas de force majeur
les médecins pourraient en prescrire de manière adaptée chez ces patients s’ils font face à un
épisode dépressif majeur avec un risque suicidaire important. Les indications
pharmacologiques dépassent les compétences des MK.

2.4. Thème 4 : Rôle du MK dans l’approche BPS du


patient
La moitié des MK ont eu l’impression de devoir endosser le rôle de psychologue par défaut
dans leur prise en charge. Ils ont exprimé des difficultés à prendre en compte les facteurs bio-
psycho-sociaux des patient.es. Ces facteurs en effet sont variés entre les facteurs biologiques,
psychologiques et sociaux, liés par exemple au travail et à la famille, environnementaux. Ils
ne sont pas forcément modifiables par les soignantes et les patient.es. L’un des MK les a
représenté comme « une cascade d’éléments en chaîne difficile à canaliser ».

Un tiers des MK a exprimé des difficultés pour réorienter les patient.es vers des
psychologues. Ces difficultés consistaient en un manque de temps des patient.es ou en des
croyances autour de la santé mentale et de sa prise en charge. Le MK aurait un rôle
d’observation, d’alerte et d’orientation du patient vers les autres professionnels de santé en
fonction des besoins des patient.es.

La moitié des MK interrogés ont aussi montré des croyances et des représentations
stigmatisantes autour des patient.es « psy ». Le terme « psychologue » ferait peur aux

56
Valérie BOTTLAENDER - Mémoire d’initiation à la recherche - IFMK d’Alsace – 2022

patient.es selon une MK. Pour un autre, l’apparition du SJSR serait une internalisation d’une
problématique émotionnelle, une psychosomatisation. Plusieurs MK ont fait allusion à des
représentations négatives de la dépression et de ses traitements pharmacologiques. Nous
pouvons ainsi noter que certains soignants considèrent le modèle BPS comme synonyme de
« psy » alors qu’il s’agit d’un modèle plus complet que ça (38). Le stigma autour de la santé
mentale reste important aujourd’hui en France. Il serait intéressant que les MK et les
psychologues puissent échanger plus facilement autour de la prise en charge partagée de
patient.es atteint.es de troubles psychologiques.

Selon les interrogés, il est revenu à plusieurs reprises que le MK doit tenir compte des
facteurs bio-psycho-sociaux dans sa prise en charge pour accompagner le patient et lui
proposer une écoute active. Comme l’a dit un des MK, « il ne faut pas les prendre par la main
et traverser tout ce chemin avec eux », mais leur donner des outils pour développer leurs
compétences d’adaptation et leur autonomie au quotidien face à la maladie.

Une seule MK a donné des conseils aux patient.es pour éviter les opioïdes contre la douleur,
car addictifs et présentant des effets secondaires non négligeables (23). Ces conseils à propos
des traitements pharmacologiques que prennent les patient.es sont justifiés mais devraient être
discutés avec les patient.es et le médecin.
Deux MK ont insisté sur la nécessité que les patient.es ont d’instaurer des changements dans
leurs habitudes de vie, surtout autour de l’AP et du sommeil, afin d’autonomiser le patient. En
effet une MK a déclaré que « ça va être le patient qui va décider » de ses traitements, qui
pourra choisir entre des séances de pressothérapie avec la MK ou de l’éducation thérapeutique
par exemple. Un seul MK a dit ne pas envisager de proposer un traitement en autonomie bien
qu’il ait donné un conseil à suivre à la maison, faire « des alternances chaud/froid le soir après
sa douche ».
Pourtant au vu de la chronicité et de l’impact engendré par le syndrome sur la qualité de vie,
nous estimerions que l’autonomoisation des patient.es est primordiale en masso-
kinésithérapie, afin de gérer au mieux ses symptômes qui sont variables dans le temps.

Enfin l’ensemble des MK a considéré que la masso-kinésithérapie pourrait intervenir dans le


cadre du SJSR, à certaines conditions. Deux MK ont estimé que la prise en charge est
principalement médicale, ce qui est le cas. Plusieurs MK ont proposé une prise en charge
courte et ponctuelle en masso-kinésithérapie afin de soulager les symptômes et la douleur
selon leur sévérité. L’objectif principal resterait en fait l’autonomisation du patient et
57
Valérie BOTTLAENDER - Mémoire d’initiation à la recherche - IFMK d’Alsace – 2022

l’instauration par les patient.es de changements d’habitudes de vie. Il ne serait pas souhaitable
de créer une dépendance entre le MK et les patient.es souffrant de manière chronique.
Les MK, en s’informant plus sur le SJSR et les troubles du sommeil de manière générale,
pourraient, grâce à leurs outils et leurs compétences interventionnelles et
communicationnelles, participer à la prise en charge de ces patient.es.
Les MK auraient également un rôle d’information auprès des patient.es et des médecins, pour
permettre une prise en charge personnalisée et une meilleure réorientation.

Plusieurs MK ont également proposé de participer à la prise en charge de ces patient.es en


interdisciplinarité avec différents professionnels de santé. Les médecins et les psychologues
ont été les professionnels les plus mentionnés, puis les diététicien.nes et les APA, chacun
ayant des compétences différentes et complémentaires. Un échange entre différents
professionnels de santé susceptibles de rencontrer des patient.es atteint.es de SJSR pourrait
être intéressant pour mieux diagnostiquer et prendre en soin les patient.es.
Le traitement n’est pas forcément systématique mais dépend de la sévérité du syndrome, de
son retentissement sur la vie quotidienne et sur le sommeil (4). Son traitement devrait donc
être fait de manière personnalisée, en évaluant une balance bénéfice-risque. Il faut noter
également qu’aucun traitement n’est remboursé par la Sécurité Sociale dans le cadre du SJSR,
et qu’on observe une amélioration subjective des symptômes par effet placebo de 30 à 50 %
(4) (18). Cela constituerait un élément à apporter dans l’échange entre les professionnels de
santé pour adapter les traitements proposés aux patient.es.

2.5. Thème 5 : Freins à la prise en charge masso-


kinésithérapique
Des freins sont ressortis à trois niveaux dans cette étude : au niveau du patient, au niveau
médical et au niveau des MK.

Au niveau du patient, deux MK ont mentionné le manque de temps du côté des patient.es pour
réaliser un traitement, notamment de pressothérapie, avec le MK. La moitié des MK a évoqué
l’adhésion thérapeutique, parfois difficile à obtenir. Cette difficulté pourrait s’expliquer par le
manque de temps, par la chronicité du syndrome, par la santé mentale des patient.es souvent
affectée par le syndrome en lui-même (4) (16).

58
Valérie BOTTLAENDER - Mémoire d’initiation à la recherche - IFMK d’Alsace – 2022

Au niveau médical, la majorité des MK ont mentionné l’absence de prescription spécifique au


SJSR. Deux MK ont déclaré avoir vu une mention du SJSR sur une prescription médicale.
Cependant les MK ont rencontré des patient.es atteint.es de SJSR dans le cadre de
prescription pour rééducation des membres inférieurs ou du rachis par exemple. Cela pourrait
être alors aux MK de sensibiliser leurs pairs au fait que dans ces populations peuvent se
trouver des patient.es atteint.es de SJSR et qu’il serait possible de leur donner des outils pour
mieux soulager leurs symptômes et leur douleur.
Un tiers des MK interrogés a mentionné le potentiel manque de diagnostic du SJSR. Le
diagnostic du SJSR prend en effet en moyenne dix ans à être posé après l’apparition des
premiers symptômes (18). Cela pourrait s’expliquer par la méconnaissance et/ou banalisation
du syndrome par les patient.es et/ou les soignant.es comme vu précédemment.
La priorisation des soins a été présenté par une MK comme un frein conséquent à la prise en
charge médicale des patient.es atteint.es de SJSR en France. Ces patient.es ayant souvent des
comorbidités (3), les médecins pourraient être plus susceptibles de mettre de côté le SJSR lors
du bilan derrière des pathologies plus urgentes à traiter.

Au niveau des MK, la moitié des MK interrogés ont mis en avant le manque de temps du côté
des thérapeutes pour prendre en compte toutes les problématiques présentées par les patient.es
et réaliser certains traitements, comme le drainage lymphatique manuel. Une MK a expliqué
aussi que la priorisation des soins constitue un frein autant pour les médecins que pour les
autres professionnels de santé. Elle a expliqué d’abord que les soignant.es seraient trop peu
nombreux en France pour répondre à toutes les demandes de prises en charge, notamment en
zone sous-dotée. Elle a détaillé son expérience pour mettre en avant le fait que des prises en
charge urgentes, comme dans le cadre d’un cancer, passent en priorité devant des prises en
charge pour des pathologies chronique. Ce constat actuel semble d’autant plus important pour
poser des hypothèses sur l’origine de la banalisation de certaines pathologies chroniques,
telles que le SJSR.

3. Limites de l’étude
3.1. Biais d’échantillonnage
Dans ce travail d’initiation à la recherche, le type d’échantillonnage réalisé grâce à la
diffusion des pré-enquêtes sur les réseaux sociaux et par mail est un échantillonnage non-
probabiliste de réseaux.

59
Valérie BOTTLAENDER - Mémoire d’initiation à la recherche - IFMK d’Alsace – 2022

Ce type d’échantillonnage entraîne un biais de sélection. En effet cela a pu conduire à ce que


seuls les individus les plus sensibilisés à propos des problématiques du sommeil aient eu un
intérêt à participer dans l’étude. Une partie de la population des MK n’est donc pas
représentée dans l’échantillonnage. L’échantillonnage entraîne aussi un biais de sous-
couverture : les MK n’étant pas présents sur les réseaux sociaux ne sont pas sélectionnés et
peuvent être différents de ceux présents sur internet.
L’échantillon des MK interrogés est faible en raison du type d’étude choisi et de la faible
participation des MK pour répondre aux questionnaires étudiants, questionnaires très
nombreux sur les réseaux sociaux à ce jour.
L’échantillon des médecins ayant répondu à la pré-enquête est très faible en raison des
difficultés rencontrées pour les contacter et de leur faible participation par manque de temps.

Il est également difficile d’évaluer la qualité de l’étude à cause de l’utilisation de la méthode


d’échantillonnage non probabiliste. En effet il est impossible de déterminer la probabilité
qu'une unité de la population soit sélectionnée dans l'échantillon, ainsi des estimations fiables
et des estimations de l'erreur d'échantillonnage ne peuvent pas être calculées.

Les résultats quantitatifs de cette étude doivent être interprétés avec précaution, ils ne
constituent pas des conclusions au vu des faibles échantillons et des limites de l’étude.
Enfin avec six participants lors des entretiens, la saturation des données ne semble pas être
atteinte. La question spécifique de recherche a été volontairement posée de manière large et
ouverte, mais cela peut amener à devoir augmenter le nombre d’entretiens pour arriver à
saturation. La méthode utilisée implique globalement que les possibilités de généralisation des
résultats soient limitées.

3.2. Biais liés à la réalisation des entretiens


Nous avons utilisé une méthode qualitative pour obtenir des données grâce à des entretiens
semi-dirigés. La difficulté dans ces entretiens est de poser les questions de manière
suffisamment ouverte, de faire des relances au bon moment, tout en guidant la personne
interrogée. Cette pratique demande de l’entraînement ; il a pu y avoir des différences entre le
premier et le dernier entretien réalisés dans la manière de poser les questions. Cela a pu
influencer sur les thèmes abordés par les MK, comme la banalisation du SJSR ou la
priorisation des soins de santé en France qui n’ont été abordées que par une personne par
exemple. Lors du premier entretien une question a été oubliée par erreur de numérotation dans
la grille. Cette erreur a été rectifiée pour les cinq autres.

60
Valérie BOTTLAENDER - Mémoire d’initiation à la recherche - IFMK d’Alsace – 2022

Il faudrait noter également que durant ces entretiens nous n’avons pas toujours été neutres,
notamment en envoyant aux interrogés des signes non verbaux, comme des hochements de
tête. Les données non verbales des interrogés n’ont pas été analysées dans l’étude par manque
de temps.
Les entretiens ont été réalisés soit en présentiel, soit par visioconférence. La visioconférence
peut conduire à une perte d’informations, puisque l’on ne voit que le haut du corps des
interrogés. Cela peut aussi créer une certaine distance entre l’enquêtrice et la personne
interrogée, distance qui n’est pas la même lors d’un entretien en présentiel. Le temps de
réalisation des entretiens a aussi été un biais, certains MK nous ayant répondu sur leur temps
de travail, tandis que d’autres nous ont répondu sur leur temps libre. Cela peut influencer les
réponses, amener les personnes interrogées à développer leurs propos ou au contraire à les
synthétiser.

3.3. Biais d’interprétation


Le codage et l’interprétation, même basés sur des preuves, dépendent de l’expérience propre
de l’enquêtrice en masso-kinésithérapie, de son raisonnement, de ses croyances et ses
opinions. Ils sont très subjectifs, or selon Thierry Pelaccia « La subjectivité n’est pas un biais,
mais l’essence même des méthodes qualitatives », puisqu’elle nous permet de porter notre
attention sur le vécu et les différents points de vue des personnes interrogées (41).

3.4. Biais liés aux ressources


Tout d’abord la construction de la grille d’entretien a été orientée par l’avis d’un médecin
spécialiste du sommeil, ce qui malgré nos recherches bibliographiques préalables, constitue
un biais. Ensuite l’accès à toutes les ressources bibliographiques n’a pas toujours pu être
obtenu lors de nos recherches dans la littérature. Nous avons pu passer à côté d’informations
potentiellement intéressantes, récentes ou non, pour ce premier travail de recherche.

4. Forces de l’étude
L’échantillonnage non-probabiliste de réseaux a permis ici de construire un échantillon de
manière rapide et pratique, ce qui a été important pour respecter les délais imposés. Cela a
également permis de ne pas mobiliser l’enquêtrice dans toute la France. Ce type
d’échantillonnage donne aussi plus facilement envie aux MK de répondre au questionnaire en
ligne, sachant que le suivi des non-répondants à la prise de contact pour participer à un
entretien n’est pas requis.
61
Valérie BOTTLAENDER - Mémoire d’initiation à la recherche - IFMK d’Alsace – 2022

L’échantillonnage par participation volontaire présente également des avantages : il n’a pas
nécessité de sollicitation personnelle de chaque répondant de la pré-enquête, ce qui aurait
nécessité un temps considérable.
Ce type d’échantillonnage est intéressant lorsque l’on formule des hypothèses allant dans le
sens de la sensibilisation à un sujet particulier comme ça a été le cas ici.
La méthode qualitative avec la réalisation d’entretiens semi-dirigés a permis de recueillir des
données subjectives jamais recueillies auparavant, qui sont les avis de MK quant à une
potentielle prise en charge de patient.es atteint.es de SJSR.
Malgré la subjectivité retrouvée dans le codage et l’interprétation des résultats, aucun
présupposé n’a été fait durant l’étude. Il n’y a ainsi pas eu de biais de confirmation
d’hypothèse : les entretiens ont été conduits de la façon la plus neutre possible et les résultats
n’ont pas été interprétés pour correspondre à des présupposés.
Plusieurs relectures des verbatims ont été faites pour mettre en lumière le plus de données
possible. Les citations des personnes interrogées ont été scrupuleusement étudiées afin de ne
pas les sortir de leur contexte et de traduire fidèlement l’opinion des MK.

5. Perspectives complémentaires
Des études complémentaires de meilleure qualité pourraient être menées au sujet de la prise
en charge de patient.es atteint.es de SJSR par les MK en France.
Les pathologies du sommeil étant souvent mal connues, le dépistage et la prévention des
pathologies du sommeil pourraient être améliorés. Il faudrait définir le rôle des différents
professionnels de santé, dont le MK, dans cette prévention. La prévention passerait
notamment par de l’éducation thérapeutique autour de mesures hygiéno-diététiques simples.
Nous pouvons citer parmi ces mesures le fait de mettre en place un volume et une qualité de
sommeil suffisants, une AP régulière et adaptée, le fait d’éviter des excitants, notamment le
tabac (27).

« Maintaining and enhancing Quality of Life (QoL) will remain an important public
health goal as the size of the older adult population continues to grow, and trials designed to
address the dynamic interplay between sleep and physical activity represent an exciting
frontier for research in the behavioral sciences. » (29)

L’AP est une thérapeutique à part entière face à de nombreuses pathologies chroniques (28).
Ses effets face au SJSR, voire d’autres troubles du sommeil, mériteraient plus de recherches.

62
Valérie BOTTLAENDER - Mémoire d’initiation à la recherche - IFMK d’Alsace – 2022

Ainsi la thérapeutique qu’est l’AP pourrait être promue et prescrite plus fréquemment par
l’ensemble des médecins généralistes et spécialistes en fonction des besoins des patient.es.

Des études médico-économiques pourraient être menées également sur le coût de la


promotion de l’AP auprès de patient.es atteint.es du SJSR ou d’autres troubles du sommeil.
Réaliser des études médico-économiques en France à ce sujet permettrait d’évaluer si un
traitement personnalisé avec une promotion de l’AP permet de réduire les dépenses de santé
individuelles ainsi que les dépenses de santé de la collectivité.
Les perspectives complémentaires de cette étude sont donc larges et englobent entre autres les
domaines de la masso-kinésithérapie, de la santé publique, de la médecine générale, du
sommeil et du travail.

63
Valérie BOTTLAENDER - Mémoire d’initiation à la recherche - IFMK d’Alsace – 2022

V. Conclusion
Cette étude qualitative a eu pour objectif de déterminer dans quelle mesure une prise en
charge masso-kinésithérapique pourrait être indiquée chez des patient.es atteint.es du SJSR en
France. Nous avons souhaité questionner la place du MK dans la prise en charge bio-psycho-
sociale de ces patient.es présentant des symptômes sensori-moteurs et douloureux. Grâce à la
réalisation de six entretiens semi-dirigés, nous avons pu étudier le sujet du point de vue des
MK qui ont rencontrés des patient.es concerné.es par ce syndrome.
Il en est ressorti que le SJSR est une pathologie méconnue des patient.es et des soignant.es,
bien que fréquente dans la population française. Elle présente un impact important sur la
qualité de vie et de sommeil des patient.es atteint.es. La plupart du temps, la transmission de
savoir se fait des patient.es vers les MK, ce qui traduit une inversion par rapport aux schémas
de transmission de savoir habituels dans le domaine de la santé. Le SJSR est souvent sous-
estimé et banalisé autant par les patient.es que par les soignant.es. Les MK ont pu rencontrer
des patient.es concerné.es dans le cadre de prescription pour une rééducation des membres
inférieurs, du rachis ou neurologique. Les MK ont réalisé un BDK face à ces patient.es en
tenant compte des drapeaux rouges généraux, et ont pu proposer des actions thérapeutiques,
telles que de la pressothérapie, du drainage lymphatique manuel, de l’activité physique, des
étirements, du massage. Ces actions ont une efficacité relative et à court terme sur les
symptômes sensori-moteurs et la douleur. Elles pourraient être réalisées ponctuellement en
complément d’un traitement médical en fonction de la sévérité du SJSR, des besoins et
attentes des patient.es. Le but principal de cette prise en charge serait d’autonomiser les
patient.es afin qu’iels aient les outils et compétences nécessaires pour mieux gérer leurs
symptômes au quotidien. Ainsi, l’éducation thérapeutique du patient devrait être plus mise en
avant par les MK pour possiblement prévenir les conséquences des pathologies du sommeil.
Ceux-ci gagneraient à être plus informés et sensibilisés sur les problématiques liées aux
pathologies du sommeil, pouvant impacter la rééducation. Un échange interdisciplinaire avec
d’autres professionnels de santé prenant en charge des patient.es atteint.es de SJSR serait
intéressant pour adapter et personnaliser au mieux les traitements.
De multiples biais sont présents dans ce mémoire : des biais d’échantillonnage, des biais liés à
la réalisation des entretiens, à l’interprétation et aux ressources. Des recherches
complémentaires ont été également menées auprès de médecins susceptibles de diagnostiquer
le SJSR. Elles n’ont pas permis d’obtenir des résultats significatifs. Des études
complémentaires et de qualité supérieure auprès de MK et de médecins pourraient être
menées à la suite de cette étude.

64
Valérie BOTTLAENDER - Mémoire d’initiation à la recherche - IFMK d’Alsace – 2022

Bibliographie

1. TEDx Talks. Convaincre ou transmettre ? | Major Mouvement |


TEDxToulouseBusinessSchool [Internet]. 2022 [cité 13 avr 2022]. Disponible sur:
https://www.youtube.com/watch?v=3rM-ZJPHPec

2. Jambes sans repos ou impatiences : définition et causes [Internet]. [cité 22 sept 2021].
Disponible sur: https://www.ameli.fr/assure/sante/themes/syndrome-jambes-sans-repos-
impatiences/definition-causes

3. Syndrome des mouvements périodiques des membres et des jambes sans repos -
Troubles neurologiques [Internet]. Édition professionnelle du Manuel MSD. [cité 20 févr
2022]. Disponible sur: https://www.msdmanuals.com/fr/professional/troubles-
neurologiques/troubles-du-sommeil-et-de-la-vigilance/syndrome-des-mouvements-p
%C3%A9riodiques-des-membres-et-des-jambes-sans-repos

4. Westphal W-P. Syndrome des jambes sans repos [Internet]. Disponible sur :
https://www.cen-neurologie.fr/sites/www.cen-neurologie.fr/files/files/3e_cycle/
enseignement/cours-seminaires/grandouest/
syndrome_des_jambes_sans_repos_des_neurologie_dr_westphal_2017.pdf

5. Masson E. Comment poser le diagnostic d’un syndrome des jambes sans repos ?
[Internet]. EM-Consulte. [cité 2 nov 2021]. Disponible sur: https://www.em-
consulte.com/article/1295461/resume/comment-poser-le-diagnostic-d-un-syndrome-des-
jamb

6. Les causes et l’évolution des jambes sans repos [Internet]. VIDAL. [cité 26 févr 2022].
Disponible sur: https://www.vidal.fr/maladies/psychisme/syndrome-jambes-sans-repos-
impatiences/causes.html

7. Manconi M, Ulfberg J, Berger K, Ghorayeb I, Wesström J, Fulda S, et al. When gender


matters: Restless legs syndrome. Report of the “RLS and woman” workshop endorsed
by the European RLS Study Group. Sleep Med Rev. 1 août 2012;16(4):297-307.

8. Quelques chiffres [Internet]. [cité 6 mars 2022]. Disponible sur: https://www.france-


ekbom.fr/pages/2194/Quelques-chiffres

9. Syndrome des jambes sans repos - symptômes, causes, traitements et prévention


[Internet]. VIDAL. [cité 4 oct 2021]. Disponible sur:
https://www.vidal.fr/maladies/psychisme/syndrome-jambes-sans-repos-impatiences.html

10. Monaca Charley C. Syndrome des jambes sans repos et mouvements périodiques du
sommeil. 126 p.

11. Sommeil ⋅ Inserm, La science pour la santé [Internet]. Inserm. [cité 10 nov 2021].
Disponible sur: https://www.inserm.fr/dossier/sommeil/

12. Masson E. De l’insomnie au syndrome des jambes sans repos [Internet]. EM-Consulte.
[cité 30 sept 2021]. Disponible sur:
https://www.em-consulte.com/article/251791/article/de-linsomnie-au-syndrome-des-
jambes-sans-repos

65
Valérie BOTTLAENDER - Mémoire d’initiation à la recherche - IFMK d’Alsace – 2022

13. HAUTE AUTORITE DE SANTE.pdf [Internet]. [cité 1 avr 2022]. Disponible sur:
https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2018-10/note_de_synthese_place_
de_la_qualite_de_vie.pdf

14. Syndrome des jambes sans repos [Internet]. [cité 22 sept 2021]. Disponible sur:
https://reseau-morphee.fr/le-sommeil-et-ses-troubles-informations/insomnies-apnees/
mouvements-relation-sommeil/syndrome-jambes-repos

15. Sommeil F. Le syndrome des jambes sans repos (SJSR) [Internet]. Fondation Sommeil -
Troubles du sommeil. [cité 27 févr 2022]. Disponible sur:
https://fondationsommeil.com/troubles-du-sommeil/troubles-du-sommeil-frequents/le-
syndrome-de-jambes-sans-repos/

16. Le fardeau mental du syndrome des jambes sans repos ⋅ Inserm, La science pour la
santé [Internet]. Inserm. [cité 19 févr 2022]. Disponible sur:
https://www.inserm.fr/actualite/le-fardeau-mental-du-syndrome-des-jambes-sans-repos/

17. Maladies – Accidents − Tableaux de l’économie française | Insee [Internet]. [cité 12 mars
2022]. Disponible sur: https://www.insee.fr/fr/statistiques/4277745?sommaire=4318291

18. Jambes sans repos : diagnostic et traitement [Internet]. [cité 3 avr 2021]. Disponible sur:
https://www.ameli.fr/assure/sante/themes/syndrome-jambes-sans-repos-impatiences/
diagnostic-traitement

19. Échelle internationale de sévérité du syndrome des jambes sans repos [Internet].
Réseau Morphée. [cité 12 mars 2022]. Disponible sur: https://reseau-morphee.fr/le-
sommeil-et-ses-troubles-informations/insomnies-apnees/mouvements-relation-sommeil/
syndrome-jambes-repos/avez-syndrome-sans-repos/echelle-internationale-repos

20.

place_et_conditions_de_realisation_de_la_polysomnographie_et_de_la_polygraphie_res
piratoire_dans_les_troubles_du_sommeil_-_texte_court_2012-06-01_11-49-57_313.pdf
[Internet]. [cité 25 mars 2022]. Disponible sur:
https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2012-06/place_et_conditions_de_re
alisation_de_la_polysomnographie_et_de_la_polygraphie_respiratoire_dans_les_trouble
s_du_sommeil_-_texte_court_2012-06-01_11-49-57_313.pdf

21. Comprendre l’akathisie dans la schizophrénie [Internet]. Fondation FondaMental. 2016


[cité 19 mars 2022]. Disponible sur: https://www.fondation-fondamental.org/node/291

22. Fibromyalgie et syndrome des jambes sans repos [Internet]. SANUS-q. [cité 7 avr 2021].
Disponible sur: https://fr.sanus-q.com/blogs/news/fibromyalgia-and-restless-leg-
syndrome

23. Winkelmann J, Allen R, Högl B, Inoue Y, Oertel W, Salminen A, et al. Treatment of


restless legs syndrome: Evidence‐based review and implications for clinical practice
(Revised 2017) §. Mov Disord Off J Mov Disord Soc. 2018;

24. Winkelman JW, Armstrong MJ, Allen RP, Chaudhuri KR, Ondo W, Trenkwalder C, et al.
Practice guideline summary: Treatment of restless legs syndrome in adults. Neurology.
13 déc 2016;87(24):2585-93.

25. Recommandations Insomnie de l’adulte [Internet]. VIDAL. [cité 24 mars 2022]. Disponible
sur: https://www.vidal.fr/maladies/recommandations/insomnie-de-l-adulte-1619.html

66
Valérie BOTTLAENDER - Mémoire d’initiation à la recherche - IFMK d’Alsace – 2022

26. Bupropion : substance active à effet thérapeutique [Internet]. VIDAL. [cité 24 mars 2022].
Disponible sur: https://www.vidal.fr/medicaments/substances/bupropion-21787.html

27. Traitements chez l’adulte [Internet]. [cité 6 mars 2022]. Disponible sur:
https://www.france-ekbom.fr/pages/2189/Traitements-chez-l-adulte

28. guide_aps_vf.pdf [Internet]. [cité 27 mars 2022]. Disponible sur: https://www.has-


sante.fr/upload/docs/application/pdf/2018-10/guide_aps_vf.pdf

29. Gothe NP, Ehlers DK, Salerno EA, Fanning J, Kramer AF, McAuley E. Physical Activity,
Sleep and Quality of Life in Older Adults: Influence of Physical, Mental and Social Well-
being. Behav Sleep Med. 1 nov 2020;18(6):797-808.

30. Impatiences dans les jambes : que faire ? [Internet]. [cité 27 mars 2022]. Disponible sur:
https://www.ameli.fr/assure/sante/themes/syndrome-jambes-sans-repos-impatiences/
bons-reflexes-cas-faut-consulter

31. Kelley GA, Kelley KS. Exercise and sleep: a systematic review of previous meta-
analyses. J Evid-Based Med. févr 2017;10(1):26-36.

27. Prise en charge du patient adulte se plaignant d’insomnie en médecine générale


[Internet]. Haute Autorité de Santé. [cité 27 févr 2022]. Disponible sur: https://www.has-
sante.fr/jcms/c_522637/fr/prise-en-charge-du-patient-adulte-se-plaignant-d-insomnie-en-
medecine-generale

33. Quelle place pour les agonistes dopaminergiques dans le syndrome des jambes sans
repos ? [Internet]. Haute Autorité de Santé. [cité 28 mars 2022]. Disponible sur:
https://www.has-sante.fr/jcms/c_1736412/fr/quelle-place-pour-les-agonistes-
dopaminergiques-dans-le-syndrome-des-jambes-sans-repos

34. Masson E. Syndrome d’augmentation dans le syndrome des jambes sans repos
[Internet]. EM-Consulte. [cité 2 nov 2021]. Disponible sur: https://www.em-
consulte.com/article/1295452/alerteM

35. Syndrome des jambes sans repos pharmaco-résistant - EM consulte [Internet]. [cité 2
nov 2021]. Disponible sur:
https://www.em-consulte.com/article/1295451/article/syndrome-des-jambes-sans-repos-
pharmaco-resistant

36. Sommeil F. Les 10 bonnes habitudes à adopter [Internet]. Fondation Sommeil - Troubles
du sommeil. [cité 29 mars 2022]. Disponible sur: https://fondationsommeil.com/les-10-
bonnes-habitudes-adopter/

37. Les preuves sont insuffisantes pour recommander l’utilisation de l’acupuncture dans le
traitement symptomatique du syndrome des jambes sans repos. [Internet]. [cité 29 mars
2022]. Disponible sur: https://www.cochrane.org/fr/CD006457/MOVEMENT_les-preuves-
sont-insuffisantes-pour-recommander-lutilisation-de-lacupuncture-dans-le-traitement

38. Le modèle biopsychosocial : beaucoup plus qu’un supplément d’empathie [Internet].


Revue Medicale Suisse. [cité 6 avr 2022]. Disponible sur: https://www.revmed.ch/revue-
medicale-suisse/2010/revue-medicale-suisse-258/le-modele-biopsychosocial-beaucoup-
plus-qu-un-supplement-d-empathie

39. Education thérapeutique du patient (ETP) [Internet]. Haute Autorité de Santé. [cité 29
mars 2022]. Disponible sur: https://www.has-sante.fr/jcms/r_1496895/fr/education-
therapeutique-du-patient-etp

67
Valérie BOTTLAENDER - Mémoire d’initiation à la recherche - IFMK d’Alsace – 2022

40. Section 1 : Actes professionnels (Articles R4321-1 à R4321-13) - Légifrance [Internet].


[cité 27 mars 2022]. Disponible sur:
https://www.legifrance.gouv.fr/codes/section_lc/LEGITEXT000006072665/
LEGISCTA000006190616/#LEGISCTA000006190616

41. Pelaccia T. Comment réussir son mémoire ? De Boeck Supérieur; 2019. 176 p.

42. Friconneau M, Archer A, Malaterre J, Salama F, Ouillade MC. Le patient-expert - Un


nouvel acteur clé du système de santé. médecine/sciences. 1 déc 2020;36:62-4.

68
Valérie BOTTLAENDER - Mémoire d’initiation à la recherche - IFMK d’Alsace – 2022

Liste des annexes

Annexe I : Echelle internationale de sévérité des impatiences, IRLSSG, 2003


Annexe II : Recommandation de bonne pratique de Prise en charge de l’adulte se plaignant
d’insomnie en médecine générale, HAS, 2007 – Arbre décisionnel
Annexe III : Autorisation d’enregistrement et d’exploitation des données
Annexe IV : Grille d’entretien

69
ANNEXE I: Echelle internationale de sévérité des impatiences, IRLSSG, 2003

Valérie BOTTLAENDER - Mémoire d’initiation à la recherche - IFMK d’Alsace – 2022 I


Valérie BOTTLAENDER - Mémoire d’initiation à la recherche - IFMK d’Alsace – 2022 II
ANNEXE II : Recommandation de bonne pratique de Prise en charge de l’adulte
se plaignant d’insomnie en médecine générale, HAS, 2007 – Arbre décisionnel

Valérie BOTTLAENDER - Mémoire d’initiation à la recherche - IFMK d’Alsace – 2022 III


ANNEXE III : Autorisation d’enregistrement et d’exploitation des données

Valérie BOTTLAENDER - Mémoire d’initiation à la recherche - IFMK d’Alsace – 2022 IV


ANNEXE IV : Grille d’entretien

Ce que nous voulons savoir Question Partie de la problématique


interrogée

1/ Profil kiné interrogé (nb années Pouvez-vous me présenter votre


d’exercice, formations) parcours de MK ?

2/ Définition SJSR Pour vous qu’est-ce que le SJSR


syndrome de jambes sans repos ?

(+ Donner la définition ensuite)

3/ Origine des connaissances sur le D’où viennent vos connaissances SJSR


SJSR et ses traitements sur ce syndrome et ses
traitements ?

(En avez-vous entendu parler dans


votre formation initiale, une
formation post DE, d’après
l’expérience de proches ou de
patients … ?)

4/ Motif PEC MK Vous avez rencontré un ou Indication PEC MK


plusieurs patients ayant des
impatiences.
Sur la prescription qu’ils vous ont
donné, quel(s) motif(s) le médecin
a-t-il indiqué ?

(Le SJSR était-il mentionné?)

5/ BDK et diagnostic différentiel A quoi avez-vous reconnu que Indication PEC MK


le/les patients avaient un SJSR ?

6/ BDK, diagnostic différentiel, D’après vous, quels sont les Indication PEC MK
red flags éléments importants à prendre en
compte pour prendre en soin une
personne atteinte de SJSR ?

7/ Action thérapeutique menée Avez-vous proposé une action Dans quelle mesure, PEC MK
thérapeutique en lien direct avec le

Valérie BOTTLAENDER - Mémoire d’initiation à la recherche - IFMK d’Alsace – 2022 V


SJSR ?
Si oui : lesquelles et dans quels
objectifs ?
Si non : pour quelles raisons
n’avez-vous pas proposé de
thérapie en lien direct avec ça ?

8/ Le SJSR : un frein à la D’après vous, le SJSR a-t-il eu une Dans quelle mesure
rééducation ? incidence sur la PEC globale du
patient ?

9/ Efficacité observée et ressentie Dans le cas où vous avez proposé PEC MK, patients atteints de SJSR
des traitement (s’il y en a eu) un traitement, quels résultats avez-
vous observé ? Qu’ont rapporté les
patients ?

10/ Applicabilité des Il existe des traitements non- Indication PEC MK


recommandations de traitements pharmacologiques pour soulager
non-pharmacologiques ce syndrome :
Recommandations Association
France Ekbom : éviter excitants et
certains médicaments, hygiène de
sommeil régulière, AP modérée à
distance du coucher, massage,
étirements, bains chauds ou froids.
Recommandations Treatment of
Restless Legs Syndrome:
Evidence-Based Review and
Implications for Clinical Practice
(Revised 2017) : AP,
pressothérapie
Pensez-vous que ces traitements
pourraient être contre indiqués (par
rapport à la pathologie primaire du
patient) ?

11/ Besoin ressenti de PEC MK, Ces recommendations Dans quelle mesure, PEC MK
autonomisation et ETP du patient nécessiteraient-elles un suivi par
un MK d’après vous ?

(Est-ce que donner des conseils

Valérie BOTTLAENDER - Mémoire d’initiation à la recherche - IFMK d’Alsace – 2022 VI


hygiéno-diététiques dans le but
d’autonomiser le patient face à ses
impatiences pourrait faire parti du
rôle du MK selon vous ?)

12/ Freins à la prise en charge par Mis à part le manque de Indication PEC MK, en France
les MK connaissances concernant ce
syndrome, repérez-vous d’autres
freins à la mise en place d’un
traitement ?

(Matériel, temps, adhésion


thérapeutique du patient...)

Valérie BOTTLAENDER - Mémoire d’initiation à la recherche - IFMK d’Alsace – 2022 VII


BOTTLAENDER Valérie 2022

UE 28 Mémoire

Institut de Formation en Masso-Kinésithérapie d’Alsace


Syndrome de jambes sans repos et masso-kinésithérapie :
état des lieux en France

Résumé : Le Syndrome de Jambes Sans Repos (SJSR) est un trouble sensori-moteur


chronique caractérisé par un besoin impérieux de bouger les membres inférieurs associé à
des par- ou dysesthésies, voire des douleurs, au repos. Cette pathologie a un impact
important sur la qualité de vie et de sommeil. Il n’existe aucun traitement curatif. Cependant,
il existe des traitements pharmacologiques et non pharmacologiques pouvant soulager les
symptômes et la douleur.

L’objectif de cette étude est de déterminer la place du masseur-kinésithérapeute (MK) dans


la prise en charge bio-psycho-sociale de ces patient.es. La problématique de recherche est la
suivante : dans quelle mesure une prise en charge masso-kinésithérapique pourrait-elle être
indiquée chez des patient.es atteint.es de SJSR en France ?

Deux pré-enquêtes par questionnaire à destination de MK et de médecins et six entretiens


semi-dirigés à destination de MK ont été menés dans cette étude qualitative.

Les résultats ont montré que le SJSR est assez méconnu des patient.es et des soignant.es,
que les MK ont écouté activement les patient.es, réalisé un bilan et proposé des traitements
non pharmacologiques adaptés, bien qu’il existe de nombreux freins à la prise en charge.

Un échange interdisciplinaire avec les médecins, les psychologues et les MK au moins serait
intéressant pour adapter et personnaliser le traitement de ces patient.es. Des études
complémentaires de qualité supérieure autour du SJSR et de la promotion de l’activité
physique comme moyen de prévention pourraient être menées.

Mots clés :
Syndrome des jambes sans repos, masso-kinésithérapie, modèle bio-psycho-social, sensori-
moteur, chronique, douleur

L'Institut de formation en masso-kinésithérapie d’Alsace n'entend donner aucune approbation ni improbation


aux opinions émises dans les mémoires : ces opinions doivent être considérées comme propres à leurs auteurs.

Valérie BOTTLAENDER - Mémoire d’initiation à la recherche - IFMK d’Alsace – 2022


BOTTLAENDER Valérie 2022

UE 28 Mémoire

Institut de Formation en Masso-Kinésithérapie d’Alsace

Restless Legs Syndrome and Physiotherapy : survey in


France

Abstract : The Restless Legs Syndrome (RLS) is a chronic sensorimotor disorder defined by
the need to move the legs combined to paresthesias, dysesthesias and even pain while at rest.
This disease has a major impact on quality of life and sleep. There is no curative treatment.
However, there are pharmacological and non pharmacological treatments which can relieve
some symptoms and pain.

The goal of this study is to determine the place of the physiotherapist in the clinical pathway
of these patients, following the bio-psycho-social model. The research question is the
following : to what extent could physiotherapists take care of Restless Legs Syndrome’s
patients in France ?

Two questionnaires of pre-survey for physiotherapists and physicians and six semi-structured
interviews for physiotherapists were conducted in this qualitative study.

The results showed that the RLS is quite unknown by both patients and caregivers, that
physiotherapists showed active listening of the patients, they knew how to examine them and
how to give an adaptated treatment, although there are many limits to these patient’s care.

An interdisciplinary discussion with physicians, psychologists and physiotherapists at least


could be interesting to adapt and personalize the treatments of these patients. Additional
studies of superior quality about RLS and the promotion of physical activity as a prevention
tool could be led.

Key words : Restless Legs Syndrome, physiotherapy, biopsychosocial model, sensorimotor, chronic,
pain

L'Institut de formation en masso-kinésithérapie d’Alsace n'entend donner aucune approbation ni improbation


aux opinions émises dans les mémoires : ces opinions doivent être considérées comme propres à leurs auteurs.

Valérie BOTTLAENDER - Mémoire d’initiation à la recherche - IFMK d’Alsace – 2022

Vous aimerez peut-être aussi