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UE 28 Mémoire
Promotion : 2018-2022
Valérie BOTTLAENDER
UE 28 Mémoire
Promotion : 2018-2022
Valérie BOTTLAENDER
Ayant été informée, j’atteste sur l’honneur ne pas avoir reproduit dans mes documents tout ou
partie d’œuvre(s) déjà existante(s), à l’exception de brèves citations dans le texte, mises entre
guillemets et référencées dans la bibliographie de mon mémoire.
À Strasbourg
Le 18.04.2022
Signature :
En cas de non respect, l’IFMK se réserve le droit à des sanctions, allant de l’avertissement au
conseil de discipline.
À Strasbourg
Le 18.04.2022
Je tiens à remercier Nicolas Riveill, mon directeur de mémoire, pour ses conseils et sa
confiance par rapport à mon suivi dans ce projet de fin d’études.
Il n’aurait pas pu voir le jour sans la participation des soignant.es que j’ai pu interrogé.es. Je
les remercie pour le temps qu’ils m’ont accordée et leur bienveillance.
Je remercie de tout mon cœur Margaux Miranda de Oliveira, Mallaury Mathieu, Capucine
Schaefle, Chaharman Assoumani pour leur amitié et leur soutien durant nos années d’études
ainsi que dans la construction de ce mémoire.
Je remercie Chléo Ramadier pour nos échanges constructifs sur la santé, le handicap et le
validisme, ainsi que pour l’entraide dont nous avons fait preuve.
Je remercie enfin ma famille de m’avoir aidée à dépasser les obstacles présents durant mes
études, ainsi que d’avoir pris soin de Sirius, mon ami à quatre pattes.
Enfin, je remercie Julie Ringenbach de toujours être à mes côtés et d’avoir participé à la
relecture de ce mémoire.
I. Introduction………………………………………………………………….......1
1. Le syndrome de jambes sans repos….……………….………………….…..1
1..1 Définition et historique…………………………...……………..……...1
1.2 Epidémiologie……………………………………...…………...……….2
1.3 Etiologies et formes cliniques……………………...…………...……….2
1.4 Symptômes........…………………………………...…………...………..3
1.5 Impact fonctionnel…………………………………..…………………..4
1.5.1 Altération de la qualité de vie………………..……...…………4
1.5.2 Altération de la santé mentale………………...…..…………...5
1.5.3 Augmentation des risques cardio-vasculaires..….…….……….5
2. La prise en charge médicale du syndrome de jambes sans repos……………6
2.1 Le diagnostic..……………………………………..………………..……6
2.2 Le diagnostic différentiel……..……………………………....………….7
2.3 Les traitements pharmacologiques………….…………………………...8
2.3.1 Agonistes dopaminergiques.…………………………………...8
2.3.2 Ligands α2δ ….…..………………………………......………...8
2.3.3 Opiacés……………….………………………………………...9
2.3.4 Antidépresseur et antihypertenseur…..………………………...9
2.3.5 Minéraux et vitamines ….….…………………………………...9
4. Les traitements non-pharmacologiques…………………………………....9
2.4.1 Hygiène de sommeil.…………………………………………...9
2.4.2 Activité physique………...……………………………………10
2.4.3 Physiothérapie……….………………………………………...10
3. Les limites de la prise en charge actuelle……………………………………11
3.1 Le diagnostic tardif….……..……………………………….………...….11
3.2 Limites des traitements pharmacologiques existants………..………...…11
3.3 Efficacité relative des traitements non-pharmacologiques………..…..…13
4. Problématisation………………………………………………………..…...13
4.1 Problématique……………..…………………………………………..…13
4.2 Enjeux………………………..……………………………………...…...15
4.3 Originalité……………………..………………………………………....15
III. Résultats…………………………………………………………………………23
1. Description de l’échantillon initial des MK…………………………..23
2. Résultats de la pré-enquête destinée aux MK………………………...23
3. Description de l’échantillon des médecins……………………………25
4. Résultats de la pré-enquête destinée aux médecins…………………...25
5. Description de l’échantillon final des MK…………………………....27
6. Résultats des entretiens………………………………………………..27
6.1 Thème 1 : Définition du SJSR selon les MK en France………….27
6.1.1 Sous-thème 1 : Définition………………………………28
IV. Discussion………………………………………………………………………...49
1. Discussion des résultats de pré-enquête………………………………..49
1.1 Pré-enquête destinée aux MK.….………………………………...49
1.2 Pré-enquête destinée aux médecins………………………...……..50
2. Discussion des résultats des entretiens…………………………...…….51
2.1 Thème 1 : Définition du SJSR selon les MK en France………….51
2.2 Thème 2 : Méconnaissance du syndrome par les patient.es et
les professionnels de santé………………………………………………..52
2.3 Thème 3 : Prise en charge du SJSR par les MK………………….54
2.4 Thème 4 : Rôle du MK dans l’approche BPS du patient…………56
2.5 Thème 5 : Freins à la prise en charge masso-kinésithérapique…..58
3. Limites de l’étude……………………………………………………...59
V. Conclusion………………………………………………………………………64
Bibliographie……………………………………………….……………………………65
I. Introduction
« Alors, en tant que kiné mon job c’est principalement de donner des conseils aux
gens. Ca demande des connaissances anatomiques, mécaniques, médicales, et je pensais au
début de ma carrière que ça suffisait. [...] Que si jamais tu veux aider les gens autour de toi,
il suffit juste de donner une bonne information et puis après ils vont le faire et ça va bien se
passer. Mais en fait c’est pas suffisant. Pour pouvoir transmettre ton savoir, bien au-delà de
la kiné, si tu veux aider les gens autour de toi, il te faut d’autres compétences. La
transmission du savoir ce n’est pas le savoir. Il faut des compétences en communication, il
faut de l’empathie, il faut de la patience. »
Convaincre ou transmettre ? Major Mouvement, TEDxToulouseBusinessSchool (1)
« Wherefore to some, when being abed they betake themselves to sleep, presently in
the arms and legs, leapings and contractions to the tendons, and so great a restlessness and
tossing of their members ensue, that the diseased are no more able to sleep, than if they were
in a place of the greatest torture. » Sir Thomas Willis (4)
Ce syndrome a ensuite eu plusieurs noms les siècles suivants tels que « inquiétude des pieds »
ou « anxietas tibiarum » (4). Le neurologue Georges Gilles de La Tourette a décrit la
composante sensitive du syndrome en 1898. En 1945, le terme de Restless Leg Syndrom
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(RLS) est apparu grâce à Karl Axel Ekbom qui a décrit la forte prévalence de ce syndrome
dans la population générale, identifié sa composante héréditaire, ainsi que le rôle joué par la
carence ferrique et la grossesse (4). En 1990, les critères diagnostiques de ce syndrome sont
publiés dans l’International Classification of Sleep Disorders (ICSD). Ils sont révisés ensuite
par l’International Restless Legs Syndrome Study Group (IRLSSG) en 1995 et par le National
Health Institute (NIH) en 2003. Suite à ces révisions, le SJSR est nommé maladie de Willis-
Ekbom en 2011 (5).
1.2. Epidémiologie
La prévalence du SJSR est évaluée à 8,5 % de la population française. Elle apparaît le plus
souvent à l’âge adulte et touche surtout les femmes (2) (6).
En effet « Most of the studies show a female/male ratio in the prevalence of RLS around 2-
3/1. » (6). 3,1 % de la population présenterait un SJSR à une fréquence mensuelle, 2,5 % à
une fréquence hebdomadaire, et 1,9 % à une fréquence quotidienne (5). Cela représente près
de 1 300 000 personnes qui en souffrent quotidiennement (8). Ce syndrome peut apparaître
dès l’enfance ou l’adolescence (2). La prévalence dans la population pédiatrique est évaluée
entre 2 et 4 %, et est majorée en cas de trouble de l’attention avec hyperactivité (TDAH) (5).
Les médecins distinguent généralement plusieurs formes de SJSR : une forme familiale qui
peut toucher les enfants de manière précoce, et des formes secondaires associées à d’autres
maladies, comportements ou situations pouvant déclencher ou augmenter les symptômes. On
peut décrire aussi une forme idiopathique, c’est-à-dire qu’aucun autre membre de la famille
du patient n’est atteint et que l’origine du syndrome est inconnue (2).
Les impatiences peuvent survenir chez 20 à 30 % des femmes enceintes lors du dernier
trimestre de grossesse et elles tendent à disparaître quelques semaines après l’accouchement.
Il n’est pas prouvé qu’elles soient de la même origine que celles survenant hors grossesse (6).
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Il existe aussi des formes cliniques particulières. Nous pouvons décrire une forme sévère au
début précoce, sans mouvements périodiques des jambes au cours du sommeil (MPJS) et
souvent associée à des troubles psychiatriques. Il existe également une forme de dyskinésie
nocturne fréquemment associée à des maladies neurologiques, produisant des mouvements au
repos et sans composante sensitive. Ces deux formes sont relativement résistantes aux
traitements dopaminergiques (4).
1.4. Symptômes
Le SJSR consiste principalement en un besoin impérieux de bouger les membres inférieurs,
accompagné généralement de sensations désagréables. Ces symptômes débutent ou
s’aggravent lors du repos ou de l’inactivité, le soir ou la nuit. Ils sont améliorés ou
disparaissent lors du mouvement des jambes, au moins tant que l’activité continue (4). On
appelle ces sensations désagréables des impatiences. Elles peuvent être décrites comme des
paresthésies, dysesthésies, brûlures, électricité, crampes, sensation d’étau, broiement,
démangeaisons, piqures, tension, voire des douleurs dans les formes sévères du syndrome (2)
(4). Dans 20 % des cas les symptômes touchent aussi les bras. Plus rarement ils peuvent
s’étendre à d’autres parties du corps (2). Ces symptômes sont le plus souvent bilatéraux et
symétriques (10). Ils surviennent habituellement au repos ou en cas d’inactivité et
s’intensifient en soirée et durant la nuit. Ils perturbent l’endormissement et, dans les cas les
plus sévères, entraînent des perturbations marquées du sommeil (11). En effet même si la
personne qui en souffre n’a pas conscience de se réveiller, les impatiences entraînent souvent
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des microréveils de quelques secondes. Le matin, la personne a alors l’impression que son
sommeil n’a pas été réparateur (9).
80 % des personnes atteintes de SJSR présentent également des MPJS, qui sont des
mouvements involontaires survenant au cours du sommeil. Ils se produisent toutes les vingt à
quarante secondes, sous forme de crises de cinq à vingt minutes. Ces crises peuvent survenir
plusieurs fois dans la nuit voire même le jour. Le plus souvent ils touchent les extrémités,
entrainant une extension de l’hallux et une flexion dorsale de la cheville. Ils provoquent plus
rarement une flexion du genou voire de la hanche (2).
« La qualité de vie est définie comme la perception qu’un individu a de sa place dans
la vie, dans le contexte de la culture et du système de valeurs dans lequel il vit, en relation
avec ses objectifs, ses attentes, ses normes et ses inquiétudes. C’est donc un concept très large
qui peut être influencé de manière complexe par la santé physique du sujet, son état
psychologique et son niveau d’indépendance, ses relations sociales et sa relation aux
éléments essentiels de son environnement” Organisation Mondiale de la Santé, 1993 (13).
Le SJSR peut occasionner des insomnies (2). On parle d’insomnie lorsque l’on présente une
difficulté d’endormissement, de maintien du sommeil ou de réveil précoce au moins trois fois
par semaine depuis au moins un mois. Le sommeil est défini comme une baisse de l’état de
conscience qui sépare deux périodes d’éveil, pendant laquelle occurrent une perte de
vigilance, une diminution du tonus musculaire et une diminution partielle de la perception
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« Certaines enquêtes et études cliniques suggèrent que les personnes atteintes du SJSR
ont un surrisque de présenter des symptômes dépressifs ou d’avoir des idées suicidaires,
notamment celles qui souffrent d’insomnie. Cependant, aucun des travaux conduits jusqu’à
présent ne permet d’établir précisément la fréquence de ces plaintes, ni la façon dont le
traitement permet de les résoudre. » Yves Dauvilliers (16)
Dans son étude intitulée Depressive Symptoms and Suicidal Thoughts in Restless Legs
Syndrome, les chercheurs ont pu quantifier l’importance des symptômes dépressifs et des
pensées suicidaires associés au syndrome. Une prise en charge adaptée du SJSR permettrait
de réduire les symptômes sensori-moteurs mais aussi ceux liés à la santé mentale des patients
selon Yves Dauvilliers (16). Après un an de traitement personnalisé, les troubles du sommeil
et les symptômes dépressifs ont été diminués. La fréquence des idées suicidaires est en
revanche restée quasiment inchangée (16).
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Valérie BOTTLAENDER - Mémoire d’initiation à la recherche - IFMK d’Alsace – 2022
s’expliquer par le fait que la baisse de la pression artérielle que l’on constate normalement
durant le sommeil n’a pas lieu chez ceux dont les jambes bougent sans arrêt, le jour et la nuit
(16). Il est nécessaire aujourd’hui de prêter attention aux risques cardio-vasculaires et à leur
prévention, car les maladies cardio-vasculaires représentent la deuxième cause de mortalité en
France derrière les tumeurs malignes (17).
Le médecin peut utiliser l’Echelle internationale de sévérité des impatiences pour évaluer
l’intensité des symptômes (19) (Annexe I).
Lorsque le diagnostic positif est posé, le bilan peut être complété par la recherche d’une
carence ferrique. Dans certains cas particuliers la polysomnographie peut être indiquée,
notamment pour objectiver la présence de MPJS (5). La polysomnographie correspond à
l’enregistrement des signaux de quantification des stades du sommeil, qui sont au minimum
trois électroencéphalogrammes (EEG), deux électrooculogrammes (EOG), et un EMG
mentonnier. A ces éléments est ajouté l’enregistrement d’autres signaux en fonction de la
pathologie connue ou suspectée (20). Les patients peuvent ensuite être orientés si nécessaire
vers un neurologue ou un médecin spécialiste du sommeil afin d’approfondir le bilan ou
adapter au mieux leur traitement (18).
Les 4 critères essentiels ont une sensibilité de 86 % et une spécificité de 45 %. L’ajout d’un
cinquième critère permet d’obtenir une spécificité de 90 %. Ce critère est l’exclusion des
diagnostics différentiels du SJSR (5).
Concernant les pathologies vasculaires, le SJSR est à différencier avant tout d’une
artériopathie ou d’une insuffisance veineuse (4). L’artérite prédomine en fin de journée et est
aggravée par la marche (8). L’insuffisance veineuse chronique, qui provoque une sensation de
jambes lourdes, voit ses symptômes calmés par le repos allongé. La disparition des
symptômes avec l’activité cérébrale ou physique, notamment la marche, est un argument
diagnostique qui permet de les différencier (1) (4).
Concernant les pathologies neurologiques, l’examen clinique neurologique doit être normal.
Une neuropathie périphérique provoquerait des paresthésies tout au long de la journée et
abolirait les réflexes ostéo-tendineux (ROT) (8). Le médecin doit exclure la présence d’une
neuropathie des petites fibres : elle provoque des douleurs neurogènes isolées, pouvant mimer
un SJSR, avec un électromyogramme (EMG) pouvant être normal (4). L’akathisie, qui se
manifeste par une sensation d’agitation intérieure et par un besoin irrépressible de bouger, est
souvent retrouvée chez des patients traités par anti-psychotiques (21). Elle est à différencier
des impatiences, elle n’a pas de caractère vespéral et ne cède pas à l’activité physique (AP)
(4).
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2.3.3) Opiacés
Pour les patients ne répondant pas au traitement dopaminergique, il est possible de prescrire
des opiacés en association fixe comme l’Oxycodone-Naloxone ou de l’Oxycodone seule (23).
Ils sont utilisés comme antalgiques dans les formes très sévères de SJSR (25). Dans le cadre
du traitement de ce syndrome les opiacés présentent un niveau de preuve de grade C (24).
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physique modéré avant le coucher, des étirements par exemple. Elle précise également qu’il
est utile d’éviter les excitants qui peuvent accentuer les symptômes (27).
2.4.2) Activité physique
L’activité physique (AP) est un « déterminant majeur de l’état de santé, de la condition
physique [...], du maintien de l’autonomie avec l’avancée en âge et de la qualité de vie des
populations à tous les âges de la vie » (28). Elle constitue une thérapeutique non-
pharmacologique à part entière dans de nombreuses situations et maladies chroniques. Elle
fait partie intégrante aussi de la prévention primaire, secondaire et tertiaire de nombre de ces
états de santé (26). L’instauration de la pratique régulière d’une AP et d’une bonne hygiène de
sommeil sont connus pour améliorer efficacement la qualité de vie liée à la santé (29).
Cependant il est impossible aujourd’hui de prévenir de façon primaire l’apparition du SJSR
(30). Les effets de l’AP sur les troubles du sommeil n’ont pas été suffisamment démontrés
pour le moment (29). Même s’il n’existe pas à ce jour de recommandations spécifiques
concernant les modalités d’éxécution d’une AP dans le cadre du SJSR, il apparaît toutefois
que les recommandations générales d’AP soient constructives sur le long terme (31).
En tout cas, chez les patients hémodialysés ayant développé un SJSR secondaire la
prescription d’AP est recommandée en plus du traitement pharmacologique. Cette
recommandation présente un niveau de preuve de grade C (24).
2.4.3) Physiothérapie
La physiothérapie regroupe des thérapies non-pharmacologiques utilisant des agents
physiques, telles que la balnéothérapie, l’électrothérapie, la thermothérapie, l’utilisation
d’ondes mécaniques notamment.
Parmi ces thérapies, il est possible de prescrire dans le cadre du SJSR de la pressothérapie
(23). Cette recommandation présente un niveau de preuve B (24). Les médecins peuvent
éventuellement proposer d’utiliser des vibrations pour améliorer le sommeil des patient.es
atteint.es. Cette recommandation montre un niveau de preuve de grade C (24).
L’Assurance Maladie et l’association France Ekbom proposent aux patient.es de se lever et de
marcher quelques minutes, de masser et étirer leurs jambes, de faire des bains froids et/ou
chauds, ou encore d’avoir une activité cognitive soutenue pour réduire le nombre et l’intensité
des crises (27) (30).
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Beaucoup de personnes touchées par ce syndrome n’ont jamais entendu parler de cette
maladie et ont des difficultés à décrire ce qu’elles ressentent (16). En effet les symptômes du
SJSR sont souvent confondus par les patients et les cliniciens avec ceux de pathologies
vasculaires ou neurologiques autres (18).
Il faut également noter que l’investigation de l’insomnie et des troubles du sommeil est
souvent limitée à des causes psychologiques telles que l’anxiété et la dépression (12). Les
plaintes décrites par les patient.es telles que les insomnies et la fatigue, l’irritabilité, les
troubles cognitifs, les impatiences peuvent être banalisées par les cliniciens (12). Dans le cas
du SJSR, le trouble sensori-moteur, le trouble du sommeil et les troubles psychologiques sont
liés et s’entretiennent mutuellement.
Le médecin peut ainsi, grâce à son anamnèse, conduire les patient.es à poser un nom sur les
symptômes ressentis. Il doit pour ce faire être suffisamment sensibilisé sur le sujet des
troubles du sommeil et plus particulièrement du SJSR (16). Une meilleure information sur le
SJSR est indispensable pour mieux l’identifier et réduire l’errance diagnostique des patients
(16).
Concernant les AD, leur efficacité est qualifiée de modérée en terme de réduction du score de
sévérité de l’IRLSSG en cas de SJSR modéré à sévère. Le Pramipexole et la Rotigotine ont
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plutôt montré un intérêt clinique dans les formes très sévères de SJSR. L’efficacité de ces
traitements est supérieure au placebo, mais n’est pas avérée au-delà de 6 mois de traitement
(33). Les AD ayant une autorisation de mise sur le marché (AMM) pour le SJSR en France
n’ont pas été comparés entre eux (32).
Les opiacés eux présentent aussi des effets secondaires non négligeables, notamment un
risque addictif important et un risque de dépression respiratoire. Les opioïdes forts sont
réservés normalement au SJSR plurirésistant (35).
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La Cabergoline est quant à elle rarement utilisée en pratique car elle augmente le risque de
valvulopathie cardiaque (22).
Le choix thérapeutique d’un traitement pharmacologique adapté est finalement d’autant plus
difficile que la maladie, à la base bénigne, évolue silencieusement et impacte la qualité de vie
des patient.es atteint.es.
4. Problématisation
4.1. Problématique
Le SJSR est un trouble sensori-moteur chronique impactant fortement le sommeil et la qualité
de vie de 2 à 3 % de la population française, et pour lequel il n’existe pas de traitement
curatif. La prise en charge actuelle du SJSR est principalement médicale. Elle a pour objectifs
principaux de diminuer les symptômes du SJSR et de soulager la douleur. Elle suit souvent le
modèle biomédical, dans lequel « l’action clinique consistera à repérer et tenter de corriger
des anomalies dans la « machine corporelle » », ces anomalies consistant en des « déviations
de paramètres physiologiques par rapport à une norme » (38).
Le modèle BPS correspond à « une représentation de l’être humain dans laquelle les facteurs
biologiques, psychologiques et sociaux sont considérés comme participant simultanément au
maintien de la santé ou au développement de la maladie » (38) Il correspond ainsi à une
extension du modèle biomédical, dans laquelle les trois catégories sont censées être
considérées de manière égale. Ainsi en utilisant le modèle BPS, la pratique clinique devrait
permettre d’élargir les perspectives thérapeutiques et favoriser la participation active du
patient pour sa santé (38).
Dans le cas des formes légères du SJSR, l’adoption d’une bonne hygiène de vie et de gestes
simples peuvent suffir à atténuer les symptômes. Lorsque le syndrome évolue vers des formes
modérées à très sévères, ces mesures restent cependant indispensables à suivre (16).
syndrome ainsi que sur l’efficacité relative des outils dont ils disposent déjà pour soulager les
patient.es. C’est d’après ces éléments que la question de recherche suivante s’est dégagée :
Dans quelle mesure une prise en charge masso-kinésithérapique pourrait-elle être
indiquée chez des patients atteints de syndrome de jambes sans repos en France ?
4.2. Enjeux
La fréquence des troubles du sommeil a augmenté ces dernières décennies en France (11). Ils
touchent une part importante de la population. Ces troubles, dont fait parti le SJSR, sont
aujourd’hui encore trop méconnus du grand public et des professionnels de santé. Pourtant
leurs conséquences sur la qualité de vie des patient.es peuvent être majeures (12). Ils
impactent la qualité de vie reliée à la santé, autant mentale, physique que sociale (29).
« Maintaining and enhancing quality of life will remain an important public health
goal as the size of the older adult population continues to grow, and trials designed to
address the dynamic interplay between sleep and physical activity represent an exciting
frontier for research in the behavioral sciences. » (29)
4.3. Originalité
Nous avons décidé d’étudier ce sujet après avoir rencontré des patients atteints de SJSR dans
le cadre de séances de kinésithérapie, ce qui a suscité de multiples interrogations sur la prise
en charge globale de patients douloureux chroniques. Nous avons privilégié le prisme des
troubles du sommeil et de leur impact fonctionnel, même si le sujet pourrait être étudié à
partir d’un cadre théorique centré sur les neurosciences de la douleur. Les troubles du
sommeil sont un sujet encore peu discuté dans le domaine de la kinésithérapie à ce jour.
Aucun mémoire sur le sujet du SJSR n’a été trouvé avant de réaliser ce projet d’étude.
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II. Méthode
1. Caractéristiques de l’étude
1.1. Type d’étude
Cette étude consiste en une étude observationnelle, pour « observer, décrire et analyser des
phénomènes, sans intervenir sur la façon dont ils se déroulent habituellement » (41). La
méthode qualitative et rétrospective a été choisie afin de questionner les connaissances et
l’expérience subjective de la population interrogée, pour pouvoir les comparer entre elles,
puis les confronter aux données de la littérature. L’étude, étant inductive, n’a pas nécessité la
formulation d’hypothèses de départ. De fait, les éléments répondant à la question de recherche
apparaissent progressivement lors de l’analyse des données.
Ainsi six entretiens semi-dirigés ont été réalisés. Pour arriver à cet échantillon final restreint,
deux échantillonnages ont eu lieu pour sélectionner les personnes à interroger selon des
critères d’éligibilité précis. L’échantillon final est limité car les entretiens semi-dirigés
nécessitent du temps pour contacter les personnes concernées, pour leur réalisation et leur
analyse.
Ces entretiens ont été réalisés de manière individuelle : cela a permis d’échanger librement
avec les MK au sujet de leurs connaissances, leur pratique clinique et le ressenti de leur
expérience de thérapeute face à des patient.es atteint.es de SJSR.
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2. Population de l’étude
2.1. Population cible
La population cible de cette étude correspond à des MK diplômé.es d’État (DE) exerçant en
France métropolitaine ou en Outre-Mer qui ont déjà rencontré des patient.es atteint.es de
SJSR, qu’iels aient proposé ou non un traitement non-pharmacologique en lien direct avec le
SJSR. Cette population est hétérogène, ainsi les MK ne sont pas échantillonnés par le nombre
d’années d’expérience ni par leur forme d’exercice.
3. Matériel et outils
Les pré-enquêtes ont été construites sur Google Forms, une application de formulaire en
ligne. Elles ont été ensuite partagées sur les réseaux sociaux Facebook et Instagram, ainsi que
par e-mail. En effet les MK des différentes régions françaises sont relativement accessibles
via des groupes regroupant les professionnels. Le passage par Instagram et par e-mail visait
des MK libéraux et salariés intégrés à notre réseau personnel.
Les entretiens quant à eux ont été réalisés par visioconférence ou en présentiel en fonction des
disponibilités des MK. Une autorisation d’exploitation des données à signer a été envoyée aux
MK par e-mail avant les entretiens, afin de garantir le consentement des participants à être
enregistrés et à ce que leurs données soient exploitées de façon anonyme dans ce mémoire.
Une copie vierge de cette autorisation se trouve en annexe (Annexe III).
Les visioconférences ont eu lieu sur Zoom, un logiciel de vidéoconférence permettant de
sauvegarder en direct l’entretien. Pour les entretiens en présentiel, un dictaphone a été utilisé.
Dans les deux cas un carnet et un stylo ont été utilisés pour noter les données non-verbales au
cours des entretiens en présentiel. Enfin nous avons utilisé une grille d’entretien pour guider
l’échange, le rendre le plus reproductible possible et pour faciliter la comparaison des
résultats.
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4. Echantillonnage
4.1. Echantillonnage initial
L’échantillonnage dans la méthode qualitative nous permet d’étudier des composantes non
strictement représentatives mais bien caractéristiques de la population qui nous intéresse ici.
Le premier échantillonnage a consisté en la diffusion en ligne d’un questionnaire de pré-
enquête au sujet du SJSR et de sa PEC en masso-kinésithérapie. Elle a été diffusée sur dix
groupes de MK français sur Facebook, trois relances ont été faites sur chacun d’entre eux. Le
type d’échantillonnage réalisé ici est un échantillonnage non-probabiliste de réseaux.
Les groupes sont les suivants : KFC Kinés de Franche-Comté (> 1770 membres),
Kinésithérapie France (> 15 500 membres), Kiné Annonces France (> 4700 membres), Les
annonces des kinés rempla assistanat vente de matériels stage équipe sportive (> 14 200
membres), Kinés en masse (645 membres), Formation kiné (> 8100 membres), Annonces
kiné occitanie (> 5200 membres), Annonce de rempla/ Kinés de Lille (donnée non retrouvée
en avril 2022), Kiné annonce Grand Est (> 2400 membres), Mémoire kinés (> 1800
membres). Elle a aussi été diffusée deux fois sur Instagram, et une fois par e-mail aux MK
intégrés à notre réseau personnel.
La pré-enquête présente trois objectifs : définir les caractéristiques de l’échantillon initial,
regrouper des données quantitatives autour de la prise en charge actuelle du SJSR, ainsi que
de réaliser l’échantillonnage final.
La pré-enquête est basée sur les critères d’inclusion : les MKDE dont les réponses sont prises
en compte sont ceux exerçant en France ou en Outre-Mer, ayant des connaissances ou non sur
le SJSR. Les MKDE ayant arrêté l’exercice de leur profession ont été incités à quitter le lien
de la pré-enquête. Au final 51 réponses ont été obtenues.
critères d’inclusion et de non-inclusion, deux n’ont pas donné de suite à notre requête et six
ont répondus présent pour participer aux entretiens semi-dirigés.
5. Recherches complémentaires
5.1. Pré-enquête à destination de médecins
Pour qu’une prise en charge masso-kinésithérapique soit proposée en France, les médecins
doivent avoir connaissance de l’efficacité relative de techniques utilisées en masso-
kinésithérapie et valider leur utilisation dans le cadre du traitement du SJSR. L’avis des MK
ne suffit pas pour valider l’utilisation de gymnastique hygiénique, de physiothérapie ou de
pressothérapie.
Nous avons souhaité diffuser une pré-enquête à destination des médecins susceptibles de
diagnostiquer le SJSR afin d’obtenir leur avis sur une potentielle prescription de masso-
kinésithérapie pour des patient.es atteint.es de SJSR.
Pour cela nous avons contacté deux Conseils Départementaux de l’Ordre des médecins qui
ont refusé de partager la pré-enquête. Nous avons contacté également quatorze Unions
Régionales de Professionnels de Santé de médecins en France et en Outre-Mer qui ont donné
lieu à des refus ou des absences de réponse.
Nous avons également diffusé la pré-enquête à destination de médecins sur Facebook. Suite à
ces diffusions, neuf réponses ont été obtenues. Ces prises de contacts ont été réalisées entre
novembre 2021 et février 2022.
6. Questionnaire de pré-enquête
6.1. Elaboration du questionnaire
Le questionnaire de pré-enquête destiné aux MK contient trois questions sur les
caractéristiques du profil des MK, trois questions sur leurs connaissances à propos du SJSR et
deux questions sur leur pratique clinique auprès des patient.es concerné.es.
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Valérie BOTTLAENDER - Mémoire d’initiation à la recherche - IFMK d’Alsace – 2022
Les questions sur les caractéristiques de leur profil permettent de définir les principales
caractéristiques définissant l’échantillon initial : leur type d’exercice de la masso-
kinésithérapie, leur lieu d’exercice, leur expérience en années. Le lieu d’exercice fait partie
des critères d’inclusion dans l’échantillon initial. S’ils n’exercent pas en France, les
participants ont été incités à quitter le lien de la pré-enquête avant de répondre aux questions
suivantes.
Les questions sur les connaissances autour du SJSR interrogent le fait qu’ils connaissent ou
non le syndrome de nom, leur définition du syndrome ainsi que leur connaissances autour du
diagnostic différentiel. Elles permettent de comparer les réponses de l’échantillon initial à
celles de l’échantillon final. Parmi les questions, quatre sont fermées et une est ouverte. Les
questions fermées permettent de cadrer les réponses et d’obtenir une validation ou non rapide.
La question ouverte permet aux répondants de donner leur définition du SJSR en leur propres
termes.
7. Entretiens
7.1. Elaboration de la grille d’entretien
La grille servant de guide pour le déroulement des entretiens semi-dirigés destinés aux MK a
été construite suite à nos recherches bibliographiques autour du SJSR et à l’entretien avec un
médecin. L’intervention du médecin a permis de mieux comprendre les choix de traitements
proposés aujourd’hui par des médecins, d’obtenir de nouvelles références bibliographiques et
de mieux diriger certaines questions vers les MK. La grille a été validée par le directeur de
mémoire après quelques dernières modifications des questions. Elle est disponible en annexe
(Annexe IV). Elle contient douze questions. Une question a été posée sur les caractéristiques
du profil interrogé. Les suivantes interrogent les connaissances des participants autour du
SJSR, du bilan-diagnostic kinésithérapique (BDK) face aux patient.es atteint.es, leur
expérience s’ils ont proposé un traitement ou non ainsi que leur avis autour d’une potentielle
prise en charge masso-kinésithérapique du SJSR en France.
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Valérie BOTTLAENDER - Mémoire d’initiation à la recherche - IFMK d’Alsace – 2022
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Valérie BOTTLAENDER - Mémoire d’initiation à la recherche - IFMK d’Alsace – 2022
III. Résultats
1. Description de l’échantillon initial des MK
L’échantillon initial correspond aux personnes ayant répondu à la pré-enquête destinée aux
MK. Nous avons obtenu, avant application des critères d’inclusion et de non-inclusion, 51
réponses. Nous parlerons des résultats de la pré-enquête destinée aux médecins dans une
partie dédiée.
Concernant le type d’exercice des répondants : l’échantillon contient 43 MK libéraux
(84,3%), deux MK salariés en milieux hospitalier (3,9%), quatre salariés en centre de
rééducation (7,8%) et deux MK ont répondu « Autre » (3,9%). Les MK ayant répondu
« Autre » n’ont pas pu détailler leur type d’exercice de la masso-kinésithérapie sur Google
Forms.
Concernant le lieu d’exercice des répondants : l’échantillon contient 48 MK exerçant en
France (94,1%) et trois MK exerçant à l’étranger (5,9%). Il ne contient pas de MK retraité ou
en arrêt d’exercice. Les trois MK concernés par l’exercice hors France métropolitaine et
d’Outre-Mer n’ont pas été inclus dans l’échantillon initial.
Concernant l’expérience des MK en années, des intervalles ont été définis : 36 MK exercent
depuis un à cinq ans (70,6%), cinq MK exercent depuis cinq à dix ans (9,8%), huit MK
exercent depuis dix à vingt ans (15,7%) et deux MK exercent depuis plus de vingt ans (3,9%).
L’échantillon initial contient donc 48 MK après application des critères d’inclusion et de non-
inclusion, exerçant majoritairement en milieu libéral, en France, depuis un à cinq ans.
Question Réponses
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Valérie BOTTLAENDER - Mémoire d’initiation à la recherche - IFMK d’Alsace – 2022
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Valérie BOTTLAENDER - Mémoire d’initiation à la recherche - IFMK d’Alsace – 2022
Pour la question 2, nous avons regroupé les termes récurrents par thèmes, le vocabulaire
autour du SJSR étant large et varié. Ils ont été classés par ordre décroissant en fonction du
nombre de récurrences retrouvées dans l’ensemble des réponses des participants.
Question Réponses
2. Après que le diagnostic ait été posé, quels Traitement médicamenteux : 7 (soit 77,8%)
types de traitement avez-vous proposé à ce(s) ►Dans cette catégorie nous retrouvons :
patient(es) ? Ligands α2δ : 4 récurrences
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Valérie BOTTLAENDER - Mémoire d’initiation à la recherche - IFMK d’Alsace – 2022
Pour la question 2, nous n’avons pas cité les dénominations commerciales ou internationales
des médicaments. Nous les avons classé par catégorie de médicaments. Ils ont été classés par
ordre décroissant en fonction du nombre de récurrences retrouvées dans l’ensemble des
réponses des participants.
Le nombre de réponses pour cette recherche complémentaire à l’étude principale, destinée elle
aux MK, ne permet pas d’obtenir des résultats significatifs.
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Valérie BOTTLAENDER - Mémoire d’initiation à la recherche - IFMK d’Alsace – 2022
E1 E2 E3 E4 E5 E6
Expérience 2 15 11 2 55 10
(en années)
L’échantillon final a été déterminé sur participation volontaire au sein de l’échantillon initial.
Tous les participants sont des MK libéraux exerçant en France métropolitaine. Le lieu
d’études, le sexe et l’expérience pratique en années des MK ont été inscrites dans le tableau
ci-dessus. Deux MK ont étudié en France et quatre à l’étranger dans des pays différents.
L’échantillon contient deux femmes et quatre hommes. La médiane de l’expérience en années
des MK interrogés est égale à 10,5 années.
Sous-thème Code E1 E2 E3 E4 E5 E6
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Valérie BOTTLAENDER - Mémoire d’initiation à la recherche - IFMK d’Alsace – 2022
syndrome : impatiences,
maladie de Willis-Ekbom
Trouble sensori-moteur X X X X X
Douleur X X X X X
Trouble du sommeil X X X X X X
Populations touchées X X X X X
particulières
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Valérie BOTTLAENDER - Mémoire d’initiation à la recherche - IFMK d’Alsace – 2022
réveille douleurs jambes sans repos. […] Ils ont aussi dit une fois qu’ils sont endormis ça
passe […] ça s’atténue, ça partait. » ; « aussi plus grand problème ils disent que c’est très
désagréable. »
E6, qui a été le seul à nommer la maladie de « Willis-Ekbom » a décrit lui aussi différents
symptômes : « Syndrome des jambes sans repos c’est des douleurs essentiellement nocturnes
au niveau des jambes […] bref des douleurs nocturnes qui empêchent de dormir, les gens
doivent se lever, doivent euh bouger parce que ça fait mal, ils sentent les jambes comme dans
un étau, les jambes qui brûlent ».
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Valérie BOTTLAENDER - Mémoire d’initiation à la recherche - IFMK d’Alsace – 2022
E2 et E5 ont fait allusion à la présence de lombalgies chez les patient.es atteint.es de SJSR. E2
a détaillé : « les troubles du sommeil peuvent entraîner des problèmes au dos, parce que si tu
dors mal donc tu te crispes. Si tu te crispes tu bouges la nuit, bah tu… tu ne te reposes pas au
niveau du dos ou ailleurs, et tu peux pas… bah la nuit ne peut pas avoir sa fonction de
régéneration des microlésions de la journée pour faire simple. »
E3 ne parle pas de l’impact fonctionnel du SJSR.
E4 insiste sur le rôle physiologique du sommeil : « le sommeil est essentiel haha à la
récupération en rééducation et qu’un patient qui me dit qu’il ne dort pas, ouais ça va
m’inquiéter. »
E5 a parlé de l’impact causé par l’absence de récupération d’une autre façon : « parce que ça
gêne, ils reposent pas bien. Si on ne se repose pas, d’autres pathologies peuvent s’aggraver
comme gens qui Parkinson, si ils ne reposent pas bien Parkinson peut aggraver. Et aussi les
gens qui mal au dos et dorment pas bien, bougent constamment au lit, ça peut aggraver le mal
au dos. » E5 a ainsi insisté sur l’impact du SJSR sur les pathologies associées : « Ca a des
répercussions sur d’autres problèmes de santé. Si ils reposent pas bien comme j’ai expliqué ça
pour Parkinson il faut soigner sinon état de santé peut s’aggraver encore […] »
E5 a également évoqué l’impact du SJSR sur le.a conjoint.e : « Le conjoint était gêné.
Constamment bouger au lit… le conjoint, l’entourage aussi était gêné. Ils ne comprenaient pas
qu’ils ne faisaient pas exprès ».
Enfin E6 a été le seul à expliciter l’impact du syndrome sur le système cardio-vasculaire et la
santé mentale : « Evidemment il est crevé. Il dort pas, forcément il a pas la tête sur les
épaules, il a pas la même concentration sur les exercices. Comme dit s’il était cardiaque ça
influe aussi sur son rythme cardiaque, et s’il traîne ça depuis des années ça a forcément une
influence et au niveau psy, aussi parce que ça renforce le côté psy encore plus puisque on a
trop de douleurs, on a… ça travaille, on est crevé ça travaille encore plus parce qu’on arrive
pas à dormir du coup le ciboulot il fonctionne encore plus ».
E6 a aussi déclaré : « C’est lourd de pas pouvoir dormir, de pouvoir supporter les douleurs à
tout bout de champ »
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Valérie BOTTLAENDER - Mémoire d’initiation à la recherche - IFMK d’Alsace – 2022
Sous-thème Code E1 E2 E3 E4 E5 E6
1. Méconnaissance du Méconnaissance de la X X X X X
syndrome par les définition
professionnels de
santé
Méconnaissance de X X X X X X
l’hypothèse
physiopathologique
Méconnaissance des X X X X X
interventions non
pharmacologiques possibles
Méconnaissance du syndrome X X X
par les patient.es atteint.es
E4 a rapporté : « je sais pas comment ils le décrivent réellement » ; « Moi je savais pas que
c’était un vrai syndrome, je connaissais pas le truc. ». E4 nous a révélé : « Bah pff j’aimerais
te dire que j’ai lu quelque chose, c’est possible, mais je t’avoue que je m’en souviens pas […]
mais j’ai toujours cherché pour d’autres trucs et ça, je sais pas pourquoi ça passe à la trappe
parce que en soi j’en ai ».
E5 a utilisé lui un terme particulier pour parler du SJSR : « C’est mystère. Pour moi c’est
mystère. J’arrive pas trop à visualiser ce syndrome. J’ai beaucoup d’expérience neurologique
mais j’arrive pas à visualiser ». E5 a ajouté aussi « C’est intéressant je savais pas que c’était
un problème sensori-moteur. »
E6 quant à lui nous dit n’avoir « jamais reconnu » de lui-même le SJSR chez des patient.es.
Pour E1 ce qui serait à l’origine du SJSR serait : « un changement hormonal qui pourrait être
lié à ces problèmes… mais pas que ! ». E1 a nuancé son propos : « On se mord un peu la
queue dessus : qu’est-ce qui fait, est-ce que c’est l’un qui engendre l’autre, enfin on sait pas
trop. »
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Valérie BOTTLAENDER - Mémoire d’initiation à la recherche - IFMK d’Alsace – 2022
Au sujets des interventions non pharmacologiques, cinq MK n’ont pas eu d’idée précise de
traitement. E2 a mentionné que « comme beaucoup je vais pas suffisamment loin, parce que
souvent ça reste un peu... ».
E3 s’est dit que le SJSR « c’est quelque chose sur lequel je ne peux pas forcément intervenir
en fait. ».
E4 a supposé « qu’en traitant ça et en faisant tout ce qu’il fallait pour ça ça allait traiter l’autre
[pathologie articulaire] mais peut-être que je me gourre complet j’en sais rien. » E4 a ajouté
qu’« on sait pas quoi en faire. T’en as un tu sais pas quoi en faire. »
E5 a réorienté ses patients : « j’ai dit que je ne connais pas et qu’il faut voir avec le
médecin. » E5 a également dit : « j’ai réfléchi mais je sais pas, je trouve pas comment aider. »
E6 a décrit ses traitements comme « du bricolage » car il n’a « j’ai jamais lu quoi que ce soit
dessus non plus ».
E3, E4 et E6 ont posé une hypothèse : les médecins seraient mal informés sur la prise en
charge du SJSR. E3 a pour cela posé une question : « et les médecins je sais pas si les
médecins sont formés là-dessus ou pas ? »
E6 a soutenu qu’« ils ne sont même pas au courant la moitié des médecins qu’il faut éviter
certains neuroleptiques... » auprès de patient.es atteint.es de SJSR. E6 a expliqué plus tard
aussi que « les médecins n’étant pas au courant ils ne vont pas envoyer les patients chez un
kiné » pour une prise en charge non pharmacologique du SJSR.
E4 elle a évoqué une « plainte qui correspond au diagnostic au bilan du médecin » qui était en
fait due, au moins partiellement, à un SJSR et pas uniquement à de l’arthrose, arthrose
mentionnée sur la prescription médicale.
Sous-thème Code E1 E2 E3 E4 E5 E6
Diagnostic différentiel X X
Contre-indications et X X X X X X
drapeaux rouges
Pressothérapie X X X X
Drainage lymphatique X X X X
manuel
Massage X
Etirements X X
Education autour du X
sommeil
Proprioception X
Alternance chaud/froid et X X X
balnéothérapie
Association à des X X X
traitements
pharmacologiques
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Valérie BOTTLAENDER - Mémoire d’initiation à la recherche - IFMK d’Alsace – 2022
Nous avons questionné la manière dont les MK réalisaient le BDK auprès des patient.es
atteint.es de SJSR.
Pour E1 « Ca vient dans le bilan d’entrée. […] Aux symptômes qu’elles m’indiquent » E1 a
organisé son BDK en plusieurs points successifs. En premier « je vais demander déjà la
fréquence […], dans quelle position ça arrive, est-ce que c’est plutôt le soir au coucher, est-ce
que ça arrive dans la nuit, voilà la fréquence. En un c’est la fréquence. » ; « En deux je dirais
l’intensité des symptômes, et la durée » ; « Et en trois bah qu’est-ce qu’elle a déjà mis en
place ».
Dans son bilan E4 a « posé les questions sur les douleurs, le sommeil », « en discutant [...] tu
vois un matin, bah tiens t’as bien dormi ? Ah non tu sais la nuit j’ai ça et tout. ». E4 qui a posé
l’hypothèse d’une banalisation du SJSR, estime que ces questions ne suffisent pas et « que le
problème il est peut-être là aussi tu vois. Notre orientation et notre questionnaire en eux-
mêmes dans le bilan ».
E4, comme E1, s’est intéressée à l’activité physique pratiquée par les patient.es : « j’essaye
d’évaluer son taux d’activité physique dans la journée tu vois je vais peut-être davantage le
prendre en compte . Evidemment je vais poser des questions : depuis quand, est-ce que ça
s’accompage de douleurs neuro enfin tu vois un ensemble de questions globalement assez
logiques. Mais surtout l’activité physique et euh… ouais l’activité physique et ce qu’il fait
dans la journée en fait […] Ses habitudes de vie, temps de sommeil. » E4 propose de
réévaluer ses actions thérapeutiques en demandant par exemple « est-ce que le drainage ça
diminue vos mouvements, vos syndromes la nuit ».
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Valérie BOTTLAENDER - Mémoire d’initiation à la recherche - IFMK d’Alsace – 2022
E6 s’est rendu compte de la présence du SJSR «au bout de la deuxième ou troisième séance »
« en creusant » son BDK. Selon E6 « c’est plus des plaintes des patients qui vont amener à
parler euh de leur syndrome de jambes sans repos et d’essayer de faire quelque chose ».
E4 s’intéresse aussi aux comorbidités vasculaires « je regarde aussi s’il y a des oedèmes ou
des problèmes vasculaires » sans développer le diagnostic différentiel.
E4 prête attention, comme E2, à la présence d’un cancer : « je m’en inquiète parce que s’il a
une pathologie genou hanche cheville jambe, j’ai peur qu’on puisse passer à côté de douleurs
inflammatoires nocturnes qui soient cachées par ça »
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Valérie BOTTLAENDER - Mémoire d’initiation à la recherche - IFMK d’Alsace – 2022
E4 propose d’ajouter des traitements à la liste présentée dans la grille d’entretien : « tu vois
pour moi si on parle d’activité physique et de pressothérapie pour moi limite on peut les
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Valérie BOTTLAENDER - Mémoire d’initiation à la recherche - IFMK d’Alsace – 2022
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Valérie BOTTLAENDER - Mémoire d’initiation à la recherche - IFMK d’Alsace – 2022
E2 a parlé aussi des résultats obtenus par ses collègues avec la pressothérapie : « Le problème
c’est que ça règle pas, ça soulage mais ça règle pas sur le long terme. » E2 a relevé que,
malgré que le traitement du SJSR « c’est plus médical », « c’est vrai que à côté de ça en
faisant du sport et en mangeant bien comme tout ça aide aussi. ». Enfin E2 a semblé satisfait
de l’efficacité de la thérapie manuelle : « BGM franchement très bien ! A court terme, à court
et moyen terme ça marche très bien. »
E3 après échec de sa thérapie, a dit que l’efficacité des traitements possibles est « à voir selon
comment ça fonctionne, comment ça fonctionne avec les médicaments aussi je pense, et après
si effectivement des étirements, des exercices peuvent soulager ça peut être un bon
complément ouais. »
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Valérie BOTTLAENDER - Mémoire d’initiation à la recherche - IFMK d’Alsace – 2022
Sous-thème Code E1 E2 E3 E4 E5 E6
Croyances et stigmatisation X X X
autour des patients « psy »
Autonomisation du patient X X Ø
Le MK aurait sa place X X X X X X
Interdisciplinarité X X X X X
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Valérie BOTTLAENDER - Mémoire d’initiation à la recherche - IFMK d’Alsace – 2022
En effet E1 et E6 ont exprimé des difficultés à orienter les patients vers un.e psychologue.
E6 a rapporté que « malheureusement c’est aussi notre euh… parce qu’ils ont pas forcément
le temps d’aller chez le psy non plus, et qu’on leur sert aussi à ça, et qu’on est aussi là pour
écouter ce qui… et de se décharger de tout ça ça peut leur permettre éventuellement d’aller un
peu mieux, je pense. ».
E1 a d’abord hésité sur le rôle du MK dans la prise en compte des facteurs psycho-sociaux :
« normalement c’est pas… Si, c’est à toi de soulever le problème en tant que kiné, mais après
moi je me dis que c’est pas à moi de creuser dans ce sens-là. ».
Puis E1 a rapporté que « tu vas doucement sur psychologue, parce que ça fait un peu peur le
mot psychologue. ».
En ce sens E1, E2 et E6 ont fait allusion à des croyances et à une certaine stigmatisation
autour des patients « psy ». Selon E1 « ça fait un peu peur le mot psychologue. [...] ça dépend
comment est le patient, si le patient est super entrain à évoluer […] Si ton patient déjà il te dit
ah ouais mais vous êtes sûre le médecin ne m’a pas parlé de ça, là tu y vas avec des pincettes
tu vois. Ca dépend qui tu as en face, ça dépend comment ça va passer aussi au niveau du
feeling. »
E2 a mentionné que « j’en ai une en ce moment, mais bon c’est une dépressive… voilà. »
E2 a ajouté : « C’est exactement ça le problème, parce que c’est des gens qui sont pas biens,
c’est venu vraiment petit à petit et ils vivent à travers ça, voilà... ».
Selon E6 « Il doit certainement y avoir un côté psy. A mon avis qui doit être pris en compte,
parce que ça arrive du jour au lendemain […] Il a du y avoir quelque chose, il était pas hyper
euh… bien à cette période, et… pour moi cette maladie c’est l’internalisation de quelque
chose oui. On va dire pas mal de psy ». E6 a également montré des représentations négatives
des traitements pharmacologiques utilisés face à la dépression. Il a soutenu le fait qu’une prise
en charge en masso-kinésithérapie serait préférable « plutôt que de prendre des médicaments
qui servent peut-être à rien, qui rendent encore plus dépressifs derrière, possiblement. ».
attendent ça. D’être accompagnés. Par tout le monde. Ouais pour moi la kiné il faut qu’elle
tienne compte de ça dans ses traitements »
E6 a expliqué à plusieurs reprises que l’écoute active du MK avait son importance dans la
prise en charge : « Mais c’est important plus pour moi parce que tu as un côté forcément psy,
c’est que la personne doit aussi s’en décharger, si tu la laisses toute seule dans sa pièce avec la
presso tu auras pas le même effet je pense, que si tu fais un drainage où tu prends aussi le
temps de… »
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Valérie BOTTLAENDER - Mémoire d’initiation à la recherche - IFMK d’Alsace – 2022
L’ensemble des MK interrogés ont ensuite eu des avis variés sur la place du MK dans la prise
en charge actuelle du SJSR.
E1 affirme que le MK peut participer à la prise en charge du SJSR : « Si elle me dit je ne sais
plus quoi faire j’en ai trop marre, là je vais peut-être mettre quelque chose en place. [Question
7] Ouais tout à fait. »
E2 propose une prise en charge courte tout en mentionnant l’autonomisation du patient qui
serait mise en place face à sa pathologie : « Le kiné qui prend en charge la personne pour
autre chose a une action d’écho ou une action très ponctuelle, que le doc va lui expliquer qu’il
va faire ça ça ça ça, et hop je vais te mettre quelque séances de kiné pour te soulager parce
que t’as trop mal et petit à petit ça va te donner un petit coup de boost au départ, mais c’est
quelque chose dans ton hygiène de vie que tu vas devoir changer toi »
E3 a été du même avis que E2 : « oui au moins dans un premier temps pour montrer quels
exercices peuvent être intéressants, quels étirements peuvent être intéressants. »
Pour E4 « c’est essentiel » que les MK soient plus informés au sujet du SJSR « parce que
c’est à nous d’informer aux patients que ça existe par les médecins traitants ».
E4 fait écho aux compétences des MK pour proposer de la pressothérapie, du drainage et du
massage : « La pressothérapie ouais parce qu’on va pas peut-être pas les envoyer chez les
esthéticiennes pour faire un truc médical, le drainage pareil, le massage je pense qu’on reste
les plus à même dans cette activité même si voilà il y en a d’autres qui ont le droit, sur les
pathologies on reste actifs là-dessus. ». E5 a exprimé un avis similaire : « la pressothérapie
c’est seulement le kiné qui peut faire ».
Pour E6 « Il est plus indiqué pour moi de faire de la kiné comme pour beaucoup de choses
que de prendre des médicaments qui vont être prescrits […] Oui quinze mille fois pour de la
médecine douce et de la kiné du coup plutôt que des médicaments pour lesquels on ne sait pas
les effets secondaires, qui ne soulagent pas forcément le patient non plus. »
Les MK ont évoqué différents acteurs de la santé qui pourraient intervenir avec le médecin et
le MK auprès des patient.es atteint.es de SJSR.
E1 et E6 ont observé la nécessité d’intervention d’un.e psychologue. En effet E1 a déclaré
qu’« On est des psys à moitié mais à un moment il va falloir traiter ».
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Valérie BOTTLAENDER - Mémoire d’initiation à la recherche - IFMK d’Alsace – 2022
Pour E6 : « Ce sont des gens qui ont besoin d’être soulagés quand même. Après c’est à
moduler avec de la psy pour justement parce que c’est lourd. C’est lourd de pas pouvoir
dormir, de pouvoir supporter les douleurs à tout bout de champ... »
Selon E2 : « je pense que le traitement numéro un c’est doc. Doc et comme tu viens de dire,
doc, diététicienne puis kiné. »
E4 propose une action en interdisciplinarité avec le.a médecin et un.e professionnel.le en
Activité Physique Adaptée (APA) : « Mais l’activité physique ouais pourquoi pas déléguer à
un APA sur l’activité physique mais je pense qu’en kiné on peut le faire sans problème. Après
peut-être pas tout seul, on peut le faire avec un médecin, on peut le faire avec un APA, on
peut le faire avec pas mal de monde mais ouais je pense qu’on est utiles. »
Sous-thème Code E1 E2 E3 E4 E5 E6
1. Au niveau du Le temps X X
patient
L’adhésion thérapeutique X X X
Manque de diagnostic du X X
SJSR
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Valérie BOTTLAENDER - Mémoire d’initiation à la recherche - IFMK d’Alsace – 2022
E6 a quant à lui justifié la place du MK dans la prise en charge du SJSR, parce que les
patient.es n’« ont pas forcément le temps d’aller chez le psy ».
Par rapport à l’adhésion thérapeutique, E1 a expliqué qu’« il faut que ton patient adhère bien à
ce qu’on va lui dire et… la motivation parce que les patients pas motivés ça va être compliqué
de les faire bouger et voilà les emmener sur une activité physique pour que ça change. Et si
c’est un problème de sommeil c’est compliqué à résoudre. »
Pour E2 le problème c’est « Le patient. » ; « c’est la participation et la compréhension du
patient. » ; « Il y a juste un frein c’est le patient. »
E6 a supposé que le patient adhérera au traitement de par sa souffrance : « Après faut que le
patient accepte, ouais non… je voulais dire que le patient accepte mais ça c’est pour le
soulager il va tout faire pour. ».
46
Valérie BOTTLAENDER - Mémoire d’initiation à la recherche - IFMK d’Alsace – 2022
c’est traitement des membres inférieurs. […][Tu as déjà vu écrit SJSR?] Ouais c’est déjà
arrivé ouais. »
E6 lui a marqué un temps d’hésitation avant de se souvenir d’un cas particulier : « j’ai jamais
eu ça sur… sur une precription. Non. Ou si peut-être une fois dans le cadre de… […] Ah si
c’est la fibromyalgie ! »
E3 et E4 ont dénoncé entre autres le manque de diagnostic. E3 a supposé que les patient.es ne
« sont pas forcément orientés vers le neurologue » pour obtenir un diagnostic.
E4 a explicité une cause créant les freins à la prise en charge masso-kinésithérapique : la
nécessité de prioriser les soins en France. E4 a déclaré : « Donc je pense que c’est plusieurs
freins : le premier c’est le monde de la santé qui est déjà un frein à la base, parce qu’on est pas
assez nombreux. Le second c’est un manque de connaissances. Le troisième c’est un manque
de diagnostic. » ; « Ou alors pareil il va chez le médecin il lui parle de ça mais il a mis
tellement de trucs autour, que le médecin il fait comme tout le monde il gère le truc le plus
urgent. »
Au niveau des MK deux freins à la prise en charge des patient.es atteint.es de SJSR ont été
relevés : le temps et la priorisation des soins.
E1 a expliqué : « là je me mets dans le cadre par exemple d’une patiente qui arrive pour une
prescription du dos et elle me dit j’ai aussi ça. Je me dis déjà il va falloir que je m’occupe de
son dos et donc j’aurai pas forcément le temps de faire le dos et les jambes, donc c’est
quelque chose que j’ai laissé tomber le drainage lymphatique manuel ». E1 a insisté sur ce
frein : « Oui le temps… ouais le temps, parce que dans la vie tout est une affaire de temps et
tu verras quand tu bosseras, tout est une affaire de temps et de rentabilité du temps »
E4 explique que la priorisation des soins a lieu chez les différents professionnels de santé :
« c’est souvent des symptômes enfin un syndrome qui est ajouté à quelque chose de plus
important et donc on finit toujours par pff bah s’intéresser davantage au problème de base et à
moins s’intéresser à ça tu vois. » E4 a ajouté au sujet du SJSR et de la prise en charge de la
santé mentale des patient.es : « Les contre-indications à certains médicaments et aux anti-
dépresseurs ouais c’est surtout si le patient il a des envies suicidaires on va peut-être d’abord
s’occuper de ça avant le syndrome, c’est peut-être plus urgent » comparé au traitement,
pharmacologique notamment, du SJSR.
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Valérie BOTTLAENDER - Mémoire d’initiation à la recherche - IFMK d’Alsace – 2022
E4 a détaillé son expérience : « je vais dire ce qui me chiffonne c’est que là je fais beaucoup
de cancéro donc moi tout ce qui est cancer et jambes sans repos bah tu vois tant pis ça va
attendre parce que je vais pas drainer sur des métastases. » ; « Et on a un autre problème et tu
le sais autant que moi, c’est que moi je bosse dans une zone sous-dotée et qu’on a 6 mois
d’attente. Donc quelqu’un qui arrive avec juste des jambes sans repos contre quelqu’un qui a
un cancer, je suis désolée c’est moche à dire mais la personne qui a un cancer il gagne. » ;
« on travaille toujours toujours toujours dans l’urgence et la douleur, et jamais en préventif et
en bien-être parce qu’on a pas le temps. »
E6 quant à lui met un point d’honneur sur le besoin de prendre du temps avec les patient.es :
« c’est sûr que ça demande du temps au kiné pour faire des choses et pas de le laisser dans
une pièce et dire voilà je vous branche je vous laisse au revoir. »
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Valérie BOTTLAENDER - Mémoire d’initiation à la recherche - IFMK d’Alsace – 2022
IV. Discussion
1. Discussion des résultats des pré-enquêtes
1.1. Pré-enquête destinée aux MK
L’échantillon initial de MK ayant répondu à la pré-enquête contient 48 MK répondant aux
critères d’éligibilité, exerçant majoritairement en milieu libéral en France depuis un à cinq
ans. La majorité des répondants sont donc des jeunes kinésithérapeutes, ce qui peut
s’expliquer par la diffusion du questionnaire principalement sur les réseaux sociaux. Le
nombre de personnes nécessaires dans l’échantillon n’a pas été défini avant l’étude,
l’échantillonnage suivant une méthode non probabiliste.
Une large majorité des MK ont déjà entendu parler du SJSR. La définition du syndrome est
assez bien connue par la majorité des répondants. Dans la définition du SJSR par les MK, 29
récurrences à propos des troubles sensori-moteurs ont été relevées. Un tiers des répondants
ont évoqué la douleur causée par le syndrome. Neuf récurrences seulement ont été relevées à
propos de l’inconfort et de la gêne causée par le syndrome. Un tiers des répondants ont
évoqué la survenue des symptômes le soir ou la nuit, mais seules six récurrences sont
ressorties autour des insomnies et des difficultés au maintien du sommeil. Le vocabulaire
autour des symptômes ressentis dans le SJSR est très varié, au vu des termes utilisés pour
décrire les paresthésies et les dysesthésies ainsi que les MPJS. Seuls quatre répondants ont
répondu n’avoir aucune idée de ce à quoi le syndrome correspond.
Des erreurs sur l’hypothèse physiopathologique du syndrome ont été décelées. Quatre
récurrences sur le type de symptômes ressentis portent à confusion sur l’étiologie
(« courbatures », « crampes », « lourdeur » deux fois). Quatre récurrences seulement font
référence au fait que le SJSR est un trouble neurologique. Peu de répondants ont évoqué le
caractère chronique du SJSR.
Le diagnostic différentiel du SJSR semble être un processus mal connu par la plupart des MK.
En effet, lorsque nous avons posé une question à propos de l’appartenance du symptôme
« jambes lourdes » au SJSR, un peu plus d’un tiers des répondants ne savaient pas y répondre
ou ont fait erreur. Les jambes lourdes, souvent associées au syndrome, correspondent en
réalité à un symptôme prédominant dans l’insuffisance veineuse (4). Malgré le fait que la
question était orientée en faveur de la réponse juste, nous pouvons en déduire que le taux de
64,6 % de bonnes réponses a été majoré par la façon dont le questionnaire a été construit. On
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Valérie BOTTLAENDER - Mémoire d’initiation à la recherche - IFMK d’Alsace – 2022
peut donc souligner qu’environ la moitié des MK semblent avoir des lacunes à propos du
diagnostic différentiel du SJSR.
Parmi ces médecins, sept ont déjà diagnostiqué et traité des patient.es atteint.es de SJSR. Le
traitement le plus souvent proposé correspond aux ligands α2δ. Derrière les ligands, les
deuxième et troisième traitements les plus fréquents sont les traitements ferriques et les AD.
Aucun antidépresseur n’a été prescrit : cela concorde avec le fait que certains antidépresseurs
favorisent le SJSR et que le Bupropion n’a pas montré son efficacité dans le traitement du
SJSR dans la littérature (6) (26). Il n’y a pas eu de mention de la mise en place d’un
traitement antihypertenseur ou d’une prescription de vitamines. Les réponses des médecins
correspondent aux recommandations de traitement pharmacologique actuelles du SJSR (23).
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Valérie BOTTLAENDER - Mémoire d’initiation à la recherche - IFMK d’Alsace – 2022
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Concernant l’impact fonctionnel du SJSR, deux MK ont décrit le SJSR comme « un cercle
vicieux ». Ce terme est fort et montre l’impact qu’a le syndrome sur la qualité de vie des
patient.es atteint.es. Deux MK sur six ont fait mention de lombalgie associée, or l’impact de la
lombalgie chronique sur la qualité de vie est connu et important. Cela montrerait aussi que les
MK en France sont d’autant plus susceptibles de rencontrer des patient.es atteint.es de SJSR
dans leur pratique professionnelle.
Deux MK ont également mentionné que le SJSR empêche la récupération lors du sommeil.
Nous avons observé une seule mention de ce fait lors de la pré-enquête. Cet impact serait
effectivement du aux insomnies causées par le SJSR (2).
La majorité des MK ont exprimé n’avoir pas d’idée précise de traitement à proposer en lien
direct avec le SJSR. Certains pensaient qu’ils ne pouvaient pas intervenir, ne savait « pas quoi
en faire » ou faisaient du « bricolage » sans avoir « jamais lu quoi que ce soit dessus ». Le
syndrome étant méconnu des MK, souvent intermittent et non douloureux, il semble banalisé
par les soignant.es.
Ce sont les patients qui ont apporté majoritairement des connaissances sur le SJSR aux MK.
En effet quatre MK ont rapporté que leurs patient.es leur avaient « expliqué » leurs
symptômes. L’une des MK explicite même l’inversion de la transmission du savoir dans la
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Valérie BOTTLAENDER - Mémoire d’initiation à la recherche - IFMK d’Alsace – 2022
relation soignant-soigné qui prend place avec certain.es patient.es. Cette inversion est
particulière dans le domaine de la santé, et rappelle le concept de patient expert.
Pour autant trois MK ont rapporté la méconnaissance de la plupart des patient.es par rapport à
leur syndrome, son étiologie et aux moyens existants pour soulager les symptômes. Les
patient.es leur posent beaucoup de questions sur les causes de leurs symptômes, sur ce qu’iels
peuvent faire pour les soulager. Il est connu que de nombreuses personnes touchées par le
SJSR n’ont jamais entendu parler de cette maladie et ont des difficultés à décrire leur ressenti
(16). C’est l’interrogatoire du médecin, s’il est sensibilisé au sujet, qui peut conduire les
patient.es à obtenir un diagnostic et plus d’informations sur le SJSR (16).
Nous pourrions supposer que les médecins pourraient expliquer davantage aux patient.es ce
qui leur arrive et leur proposer des traitements, dans le cas où les médecins sont sensibilisés à
ce sujet et rencontrent les patient.es. Mais nous nous heurtons à une citation : « Un patient
n’ira peut-être pas consulter pour ça, tu vois. ». Face à cette hypothèse posée par l’une des
MK, nous pourrions supposer alors que la gêne fonctionnelle des patient.es n’est pas si
importante que ça. Or l’évolution progressive du syndrome et son impact sur la qualité du
sommeil, la qualité de vie, le risque cardio-vasculaire et la santé mentale sur le long terme
sont démontrées (2) (3) (6).
Nous pourrions également penser que le SJSR est généralement banalisé par les patient.es et
les soignant.es.
La banalisation du syndrome a été explicitée par une MK seulement. Elle concernerait aussi
bien les patient.es que les soignant.es. La MK a utilisé le terme de « cercle vicieux » à propos
du silence autour du SJSR, qui est souvent mis de côté dans le bilan. Elle estime que les
soignant.es sont « responsables » de ce fait, « parce que si on y accorde moins d’importance,
le patient il dit que c’est moins important donc il l’expose peut-être moins donc nous on y
accorde moins d’importance ».
Nous pourrions supposer que cette banalisation vient en partie du fait que la maladie évolue
progressivement et que dans le cas des formes légères du SJSR, l’adoption d’une bonne
hygiène de vie et de gestes simples peuvent suffir à atténuer les symptômes, sans nécessiter
une prise en charge médicale (16).
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Valérie BOTTLAENDER - Mémoire d’initiation à la recherche - IFMK d’Alsace – 2022
Deux MK seulement ont cherché à faire un diagnostic différentiel, mais il n’a pas semblé
évident à réaliser. Le manque de connaissances autour du SJSR et de son diagnostic est
ressorti du discours de l’ensemble des MK.
Tous les MK ont toutefois prêté attention aux drapeaux rouges et aux contre-indications de
traitement. Les drapeaux rouges recherchés ne sont pas spécifiques au SJSR. Cinq MK ont
recherché la présence de troubles vasculaires conséquents. Un MK a recherché une étiologie
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Valérie BOTTLAENDER - Mémoire d’initiation à la recherche - IFMK d’Alsace – 2022
traumatique, deux autres ont recherché des signes inflammatoires et cancéreux. Les MK ont
montré, grâce au BDK, leurs compétences pour reorienter les patient.es vers les médecins si
des examens plus poussés sont nécessaires. Le BDK constitue en effet un élément essentiel
dans la prise en charge masso-kinésithérapique.
Cinq MK sur six ont proposé une action thérapeutique en lien direct avec le SJSR. Tous les
MK ont proposé de la pressothérapie ou du drainage lymphatique manuel. La moitié ont
proposé de l’activité physique, de la physiothérapie avec alternance chaud/froid ou de la
balnéothérapie. Deux MK ont proposé de la thérapie manuelle. Un MK a proposé du massage.
Une seule MK a explicité avoir fait de l’éducation autour du sommeil et de l’AP. Une autre a
proposé d’ajouter des exercices de proprioception. Les traitements proposés font tous partie
des recommandations existantes, sauf le travail de proprioception (23). Nous considérerions
néanmoins que les MK devraient être plus informés sur le SJSR et les troubles du sommeil de
manière générale afin de pouvoir faire plus facilement de l’ETP autour du sommeil et de
l’AP. En effet l’ETP serait un outil intéressant dans ce cadre, puisqu’elle consiste en
l’acquisition et le maintien de compétences d’adaptation face à la maladie (39).
Les traitements ont fait preuve selon les MK d’une efficacité relative. Deux MK ont été face à
un échec thérapeutique avec du drainage lymphatique manuel pour l’un, de l’activité physique
pour l’autre. La pressothérapie a semblé satisfaisante à court terme pour l’ensemble des MK
l’ayant utilisée. Deux MK ont affirmé que la régularité était nécessaire pour observer des
résultats grâce à la pressothérapie entre autres. Concernant la thérapie manuelle, l’un des MK
l’ayant utilisée a semblé satisfait des résultats « à court et moyen terme ça marche très bien. ».
Pour la proprioception deux MK ont évoqué son potentiel intérêt. Aucune étude n’a été
réalisée à ce propos dans le cadre du SJSR. Les résultats obtenus par les MK correspondent à
nos attentes, sachant que le traitement non pharmacologique recommandé et plutôt efficace
pour l’ensemble des SJSR est la pressothérapie (23).
La moitié des MK ont fait allusion aux traitements pharmacologiques. L’un des MK a insisté
sur le fait qu’il s’agit du traitement principal du SJSR, un autre a dit que la masso-
kinésithérapie pouvait consister en un complément à ces traitements. Le dernier MK a précisé
que l’association de traitement pharmacologique et non pharmacologique pouvait être
intéressante, car le traitement des patient.es atteint.es de SJSR, à l’image des patient.es
atteint.es de la maladie de Parkinson, devait être personnalisé. En effet l’efficacité des
traitements dépend en partie du type de SJSR (23).
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Valérie BOTTLAENDER - Mémoire d’initiation à la recherche - IFMK d’Alsace – 2022
Cette réflexion rejoint d’une manière les résultats obtenus dans l’étude intitulée Depressive
Symptoms and Suicidal Thoughts in Restless Legs Syndrome, dans laquelle les chercheurs
ont pu montré qu’une prise en charge pharmacologique adaptée et personnalisée du SJSR
permettrait de réduire les symptômes sensori-moteurs mais aussi ceux liés à la santé mentale
des patients (16). Nous supposerions alors que la mise en place de traitements non
pharmacologiques adjuvants pourrait aussi participer à soulager les symptômes du SJSR.
Un tiers des MK a exprimé des difficultés pour réorienter les patient.es vers des
psychologues. Ces difficultés consistaient en un manque de temps des patient.es ou en des
croyances autour de la santé mentale et de sa prise en charge. Le MK aurait un rôle
d’observation, d’alerte et d’orientation du patient vers les autres professionnels de santé en
fonction des besoins des patient.es.
La moitié des MK interrogés ont aussi montré des croyances et des représentations
stigmatisantes autour des patient.es « psy ». Le terme « psychologue » ferait peur aux
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Valérie BOTTLAENDER - Mémoire d’initiation à la recherche - IFMK d’Alsace – 2022
patient.es selon une MK. Pour un autre, l’apparition du SJSR serait une internalisation d’une
problématique émotionnelle, une psychosomatisation. Plusieurs MK ont fait allusion à des
représentations négatives de la dépression et de ses traitements pharmacologiques. Nous
pouvons ainsi noter que certains soignants considèrent le modèle BPS comme synonyme de
« psy » alors qu’il s’agit d’un modèle plus complet que ça (38). Le stigma autour de la santé
mentale reste important aujourd’hui en France. Il serait intéressant que les MK et les
psychologues puissent échanger plus facilement autour de la prise en charge partagée de
patient.es atteint.es de troubles psychologiques.
Selon les interrogés, il est revenu à plusieurs reprises que le MK doit tenir compte des
facteurs bio-psycho-sociaux dans sa prise en charge pour accompagner le patient et lui
proposer une écoute active. Comme l’a dit un des MK, « il ne faut pas les prendre par la main
et traverser tout ce chemin avec eux », mais leur donner des outils pour développer leurs
compétences d’adaptation et leur autonomie au quotidien face à la maladie.
Une seule MK a donné des conseils aux patient.es pour éviter les opioïdes contre la douleur,
car addictifs et présentant des effets secondaires non négligeables (23). Ces conseils à propos
des traitements pharmacologiques que prennent les patient.es sont justifiés mais devraient être
discutés avec les patient.es et le médecin.
Deux MK ont insisté sur la nécessité que les patient.es ont d’instaurer des changements dans
leurs habitudes de vie, surtout autour de l’AP et du sommeil, afin d’autonomiser le patient. En
effet une MK a déclaré que « ça va être le patient qui va décider » de ses traitements, qui
pourra choisir entre des séances de pressothérapie avec la MK ou de l’éducation thérapeutique
par exemple. Un seul MK a dit ne pas envisager de proposer un traitement en autonomie bien
qu’il ait donné un conseil à suivre à la maison, faire « des alternances chaud/froid le soir après
sa douche ».
Pourtant au vu de la chronicité et de l’impact engendré par le syndrome sur la qualité de vie,
nous estimerions que l’autonomoisation des patient.es est primordiale en masso-
kinésithérapie, afin de gérer au mieux ses symptômes qui sont variables dans le temps.
l’instauration par les patient.es de changements d’habitudes de vie. Il ne serait pas souhaitable
de créer une dépendance entre le MK et les patient.es souffrant de manière chronique.
Les MK, en s’informant plus sur le SJSR et les troubles du sommeil de manière générale,
pourraient, grâce à leurs outils et leurs compétences interventionnelles et
communicationnelles, participer à la prise en charge de ces patient.es.
Les MK auraient également un rôle d’information auprès des patient.es et des médecins, pour
permettre une prise en charge personnalisée et une meilleure réorientation.
Au niveau du patient, deux MK ont mentionné le manque de temps du côté des patient.es pour
réaliser un traitement, notamment de pressothérapie, avec le MK. La moitié des MK a évoqué
l’adhésion thérapeutique, parfois difficile à obtenir. Cette difficulté pourrait s’expliquer par le
manque de temps, par la chronicité du syndrome, par la santé mentale des patient.es souvent
affectée par le syndrome en lui-même (4) (16).
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Valérie BOTTLAENDER - Mémoire d’initiation à la recherche - IFMK d’Alsace – 2022
Au niveau des MK, la moitié des MK interrogés ont mis en avant le manque de temps du côté
des thérapeutes pour prendre en compte toutes les problématiques présentées par les patient.es
et réaliser certains traitements, comme le drainage lymphatique manuel. Une MK a expliqué
aussi que la priorisation des soins constitue un frein autant pour les médecins que pour les
autres professionnels de santé. Elle a expliqué d’abord que les soignant.es seraient trop peu
nombreux en France pour répondre à toutes les demandes de prises en charge, notamment en
zone sous-dotée. Elle a détaillé son expérience pour mettre en avant le fait que des prises en
charge urgentes, comme dans le cadre d’un cancer, passent en priorité devant des prises en
charge pour des pathologies chronique. Ce constat actuel semble d’autant plus important pour
poser des hypothèses sur l’origine de la banalisation de certaines pathologies chroniques,
telles que le SJSR.
3. Limites de l’étude
3.1. Biais d’échantillonnage
Dans ce travail d’initiation à la recherche, le type d’échantillonnage réalisé grâce à la
diffusion des pré-enquêtes sur les réseaux sociaux et par mail est un échantillonnage non-
probabiliste de réseaux.
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Valérie BOTTLAENDER - Mémoire d’initiation à la recherche - IFMK d’Alsace – 2022
Les résultats quantitatifs de cette étude doivent être interprétés avec précaution, ils ne
constituent pas des conclusions au vu des faibles échantillons et des limites de l’étude.
Enfin avec six participants lors des entretiens, la saturation des données ne semble pas être
atteinte. La question spécifique de recherche a été volontairement posée de manière large et
ouverte, mais cela peut amener à devoir augmenter le nombre d’entretiens pour arriver à
saturation. La méthode utilisée implique globalement que les possibilités de généralisation des
résultats soient limitées.
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Valérie BOTTLAENDER - Mémoire d’initiation à la recherche - IFMK d’Alsace – 2022
Il faudrait noter également que durant ces entretiens nous n’avons pas toujours été neutres,
notamment en envoyant aux interrogés des signes non verbaux, comme des hochements de
tête. Les données non verbales des interrogés n’ont pas été analysées dans l’étude par manque
de temps.
Les entretiens ont été réalisés soit en présentiel, soit par visioconférence. La visioconférence
peut conduire à une perte d’informations, puisque l’on ne voit que le haut du corps des
interrogés. Cela peut aussi créer une certaine distance entre l’enquêtrice et la personne
interrogée, distance qui n’est pas la même lors d’un entretien en présentiel. Le temps de
réalisation des entretiens a aussi été un biais, certains MK nous ayant répondu sur leur temps
de travail, tandis que d’autres nous ont répondu sur leur temps libre. Cela peut influencer les
réponses, amener les personnes interrogées à développer leurs propos ou au contraire à les
synthétiser.
4. Forces de l’étude
L’échantillonnage non-probabiliste de réseaux a permis ici de construire un échantillon de
manière rapide et pratique, ce qui a été important pour respecter les délais imposés. Cela a
également permis de ne pas mobiliser l’enquêtrice dans toute la France. Ce type
d’échantillonnage donne aussi plus facilement envie aux MK de répondre au questionnaire en
ligne, sachant que le suivi des non-répondants à la prise de contact pour participer à un
entretien n’est pas requis.
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Valérie BOTTLAENDER - Mémoire d’initiation à la recherche - IFMK d’Alsace – 2022
L’échantillonnage par participation volontaire présente également des avantages : il n’a pas
nécessité de sollicitation personnelle de chaque répondant de la pré-enquête, ce qui aurait
nécessité un temps considérable.
Ce type d’échantillonnage est intéressant lorsque l’on formule des hypothèses allant dans le
sens de la sensibilisation à un sujet particulier comme ça a été le cas ici.
La méthode qualitative avec la réalisation d’entretiens semi-dirigés a permis de recueillir des
données subjectives jamais recueillies auparavant, qui sont les avis de MK quant à une
potentielle prise en charge de patient.es atteint.es de SJSR.
Malgré la subjectivité retrouvée dans le codage et l’interprétation des résultats, aucun
présupposé n’a été fait durant l’étude. Il n’y a ainsi pas eu de biais de confirmation
d’hypothèse : les entretiens ont été conduits de la façon la plus neutre possible et les résultats
n’ont pas été interprétés pour correspondre à des présupposés.
Plusieurs relectures des verbatims ont été faites pour mettre en lumière le plus de données
possible. Les citations des personnes interrogées ont été scrupuleusement étudiées afin de ne
pas les sortir de leur contexte et de traduire fidèlement l’opinion des MK.
5. Perspectives complémentaires
Des études complémentaires de meilleure qualité pourraient être menées au sujet de la prise
en charge de patient.es atteint.es de SJSR par les MK en France.
Les pathologies du sommeil étant souvent mal connues, le dépistage et la prévention des
pathologies du sommeil pourraient être améliorés. Il faudrait définir le rôle des différents
professionnels de santé, dont le MK, dans cette prévention. La prévention passerait
notamment par de l’éducation thérapeutique autour de mesures hygiéno-diététiques simples.
Nous pouvons citer parmi ces mesures le fait de mettre en place un volume et une qualité de
sommeil suffisants, une AP régulière et adaptée, le fait d’éviter des excitants, notamment le
tabac (27).
« Maintaining and enhancing Quality of Life (QoL) will remain an important public
health goal as the size of the older adult population continues to grow, and trials designed to
address the dynamic interplay between sleep and physical activity represent an exciting
frontier for research in the behavioral sciences. » (29)
L’AP est une thérapeutique à part entière face à de nombreuses pathologies chroniques (28).
Ses effets face au SJSR, voire d’autres troubles du sommeil, mériteraient plus de recherches.
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Valérie BOTTLAENDER - Mémoire d’initiation à la recherche - IFMK d’Alsace – 2022
Ainsi la thérapeutique qu’est l’AP pourrait être promue et prescrite plus fréquemment par
l’ensemble des médecins généralistes et spécialistes en fonction des besoins des patient.es.
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V. Conclusion
Cette étude qualitative a eu pour objectif de déterminer dans quelle mesure une prise en
charge masso-kinésithérapique pourrait être indiquée chez des patient.es atteint.es du SJSR en
France. Nous avons souhaité questionner la place du MK dans la prise en charge bio-psycho-
sociale de ces patient.es présentant des symptômes sensori-moteurs et douloureux. Grâce à la
réalisation de six entretiens semi-dirigés, nous avons pu étudier le sujet du point de vue des
MK qui ont rencontrés des patient.es concerné.es par ce syndrome.
Il en est ressorti que le SJSR est une pathologie méconnue des patient.es et des soignant.es,
bien que fréquente dans la population française. Elle présente un impact important sur la
qualité de vie et de sommeil des patient.es atteint.es. La plupart du temps, la transmission de
savoir se fait des patient.es vers les MK, ce qui traduit une inversion par rapport aux schémas
de transmission de savoir habituels dans le domaine de la santé. Le SJSR est souvent sous-
estimé et banalisé autant par les patient.es que par les soignant.es. Les MK ont pu rencontrer
des patient.es concerné.es dans le cadre de prescription pour une rééducation des membres
inférieurs, du rachis ou neurologique. Les MK ont réalisé un BDK face à ces patient.es en
tenant compte des drapeaux rouges généraux, et ont pu proposer des actions thérapeutiques,
telles que de la pressothérapie, du drainage lymphatique manuel, de l’activité physique, des
étirements, du massage. Ces actions ont une efficacité relative et à court terme sur les
symptômes sensori-moteurs et la douleur. Elles pourraient être réalisées ponctuellement en
complément d’un traitement médical en fonction de la sévérité du SJSR, des besoins et
attentes des patient.es. Le but principal de cette prise en charge serait d’autonomiser les
patient.es afin qu’iels aient les outils et compétences nécessaires pour mieux gérer leurs
symptômes au quotidien. Ainsi, l’éducation thérapeutique du patient devrait être plus mise en
avant par les MK pour possiblement prévenir les conséquences des pathologies du sommeil.
Ceux-ci gagneraient à être plus informés et sensibilisés sur les problématiques liées aux
pathologies du sommeil, pouvant impacter la rééducation. Un échange interdisciplinaire avec
d’autres professionnels de santé prenant en charge des patient.es atteint.es de SJSR serait
intéressant pour adapter et personnaliser au mieux les traitements.
De multiples biais sont présents dans ce mémoire : des biais d’échantillonnage, des biais liés à
la réalisation des entretiens, à l’interprétation et aux ressources. Des recherches
complémentaires ont été également menées auprès de médecins susceptibles de diagnostiquer
le SJSR. Elles n’ont pas permis d’obtenir des résultats significatifs. Des études
complémentaires et de qualité supérieure auprès de MK et de médecins pourraient être
menées à la suite de cette étude.
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Valérie BOTTLAENDER - Mémoire d’initiation à la recherche - IFMK d’Alsace – 2022
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67
Valérie BOTTLAENDER - Mémoire d’initiation à la recherche - IFMK d’Alsace – 2022
41. Pelaccia T. Comment réussir son mémoire ? De Boeck Supérieur; 2019. 176 p.
68
Valérie BOTTLAENDER - Mémoire d’initiation à la recherche - IFMK d’Alsace – 2022
69
ANNEXE I: Echelle internationale de sévérité des impatiences, IRLSSG, 2003
6/ BDK, diagnostic différentiel, D’après vous, quels sont les Indication PEC MK
red flags éléments importants à prendre en
compte pour prendre en soin une
personne atteinte de SJSR ?
7/ Action thérapeutique menée Avez-vous proposé une action Dans quelle mesure, PEC MK
thérapeutique en lien direct avec le
8/ Le SJSR : un frein à la D’après vous, le SJSR a-t-il eu une Dans quelle mesure
rééducation ? incidence sur la PEC globale du
patient ?
9/ Efficacité observée et ressentie Dans le cas où vous avez proposé PEC MK, patients atteints de SJSR
des traitement (s’il y en a eu) un traitement, quels résultats avez-
vous observé ? Qu’ont rapporté les
patients ?
11/ Besoin ressenti de PEC MK, Ces recommendations Dans quelle mesure, PEC MK
autonomisation et ETP du patient nécessiteraient-elles un suivi par
un MK d’après vous ?
12/ Freins à la prise en charge par Mis à part le manque de Indication PEC MK, en France
les MK connaissances concernant ce
syndrome, repérez-vous d’autres
freins à la mise en place d’un
traitement ?
UE 28 Mémoire
Les résultats ont montré que le SJSR est assez méconnu des patient.es et des soignant.es,
que les MK ont écouté activement les patient.es, réalisé un bilan et proposé des traitements
non pharmacologiques adaptés, bien qu’il existe de nombreux freins à la prise en charge.
Un échange interdisciplinaire avec les médecins, les psychologues et les MK au moins serait
intéressant pour adapter et personnaliser le traitement de ces patient.es. Des études
complémentaires de qualité supérieure autour du SJSR et de la promotion de l’activité
physique comme moyen de prévention pourraient être menées.
Mots clés :
Syndrome des jambes sans repos, masso-kinésithérapie, modèle bio-psycho-social, sensori-
moteur, chronique, douleur
UE 28 Mémoire
Abstract : The Restless Legs Syndrome (RLS) is a chronic sensorimotor disorder defined by
the need to move the legs combined to paresthesias, dysesthesias and even pain while at rest.
This disease has a major impact on quality of life and sleep. There is no curative treatment.
However, there are pharmacological and non pharmacological treatments which can relieve
some symptoms and pain.
The goal of this study is to determine the place of the physiotherapist in the clinical pathway
of these patients, following the bio-psycho-social model. The research question is the
following : to what extent could physiotherapists take care of Restless Legs Syndrome’s
patients in France ?
Two questionnaires of pre-survey for physiotherapists and physicians and six semi-structured
interviews for physiotherapists were conducted in this qualitative study.
The results showed that the RLS is quite unknown by both patients and caregivers, that
physiotherapists showed active listening of the patients, they knew how to examine them and
how to give an adaptated treatment, although there are many limits to these patient’s care.
Key words : Restless Legs Syndrome, physiotherapy, biopsychosocial model, sensorimotor, chronic,
pain