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Français

Je ne sais si tu t’en souviens, Nupour, mais un jour, tu devais avoir treize ans, tu avais
insisté pour me parler à l’écart. C’était pour me dire que tu avais très envie d’être un
garçon ! Tu étais persuadée qu’un tel changement était possible. Tu voulais que je
t’explique comment y arriver. Je sais d’où venait ce désir : En treize ans d’existence, tu as
eu amplement le temps de comparer l’attitude de maman vis-à-vis de notre frère à celle
qu’elle avait à ton égard. Tu n’avais pas manqué d’occasions de mesurer combien maman
se montrait plus attentionnée, moins sévère envers son fils qu’envers ses filles et au
moment où l’adolescence accentuait encore la différence, tu avais imaginé ce moyen de
résoudre le problème pour toi : devenir un garçon ! Mais ce que tu enviais par-dessus tout,
c’était la liberté dont jouissait ton frère, le fait qu’il pouvait aller jouer où il voulait, sortir
quand bon lui semblait… Déçue par mes explications, mon impossibilité de t’aider, tu te
mis à prier Dieu pour que ton souhait soit exaucé.
Pour ma part, il ne m’est jamais arrivé de vouloir être un garçon. Jamais. Pas même à
cet âge où je commençais à constater sur mon corps les grands changements qui
bouleversent tant la vie des petites filles. Pourtant, maman commença à m’obliger à me
couvrir le corps en portant le sari, à m’interdire de courir avec les garçons du voisinage.
Ces entraves à ma liberté me paraissaient profondément injustes, étranges, stupides. Je suis
un être humain à part entière, j’ai donc le droit de vivre à ma guise, de vivre mes envies
sans qu’on invoque pour les étouffer le fait que je suis une fille. Telle était ma philosophie.
Non, je n’avais nullement envie de changer en garçon ! J’avais seulement envie de rejeter
toutes les attitudes imposées qu’on voulait me voir prendre parce que je suis une fille.
J’avais juste envie de vivre tranquillement ma vie, de résister à cet injustifiable ordre
sexiste. J’avais envie de n’être pas toujours dépendante de l’avis d’autrui, du regard des
autres.
Souvent, je pensais à cette phrase disant que la force d’un être humain se mesure à sa
capacité d’affronter la solitude. Et c’est vrai, je ne pense pas avoir besoin de quiconque
pour vivre. Depuis quelques jours, je commence à me dire que je n’ai nul besoin de mon
mari dans ma vie. Je ne dépends de lui ni matériellement ni même sentimentalement. Au
fond, j’aime la solitude. Et ce que je déteste par-dessus tout, tu le sais, c’est d’avoir à mes
côtés quelqu’un qui me dise sans arrêt : « Fais ci, fais ça ! »
Tasleema Nasreen ; L’Alternative ; 1997

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1/ Quand Nupour avait treize ans, elle a avoué un désir à sa sœur aînée.
a- Que désirait-elle ?
b- Par quoi explique-t-elle ce désir ? (Donnez une raison)
2/ Comment la mère de la narratrice se comporte-t-elle avec ses enfants ? (1pt)
3/ a- Comment la narratrice considère-t-elle les obstacles à sa liberté ? Relevez un procédé
d’écriture qui justifie votre réponse. (2pts)
b-Que revendique la narratrice ? (1pt)

Grammaire et sens :
1/ Réécrivez l’énoncé suivant en remplaçant les termes soulignés par des synonymes :
- Ces entraves à ma liberté me paraissaient bêtes.

2/ Donnez la définition du terme suivant :


La misogynie……………………………………………………………………………………………
Le féminisme …………………………………………………………………………………

3/ Réécrivez les phrases suivantes en exprimant le but dans une subordonnée :


- Tu m’as parlé à l’écart pour me confier ton secret.
………………………………………………………………………………………………..
- A l’adolescence, ma mère m’a imposé le sari de crainte de voir ma réputation salie.
…………………………………………………………………………………………………

4/ Réécrivez les phrases suivantes en utilisant la nominalisation :


- J’ai résisté à cet ordre sexiste ; cela n’a pas été facile.
………………………………………………………………………………………………
- Tu as été déçu par mes explications ; cela nous a éloignées.

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