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3.

Le charbon, un combustible énergétique

Le charbon est une masse stratifiée compacte de débris végétaux qui a été modifiée
chimiquement et physiquement par des agents naturels avec des petites quantités de matières
minérales. Elle constitue une roche sédimentaire d’origine biochimique riche en carbone et
une ressource énergétique importante.

Il s’agit d’une roche sédimentaire combustible, de couleur marron à noire (du point de
vue géologique) composée principalement de résidus de plantes consolidés et altérés
chimiquement, déposée dans un milieu continental sous une couverture aqueuse limitée mais
permanente. C’est une roche mère de type III qui produit essentiellement du gaz malgré son
faible potentiel pétrolier (Martinez, 1982). Les charbons possèdent une large gamme de
propriétés pétroligènes en raison de différences dans leur composition chimique plus
oxygénée. Ceci est dû aux quantités relatives des différentes matières végétales, des mélanges
de matières minérales, au taux d’altération des résidus de plantes atteint avant
l’enfouissement, et spécialement au degré d’altération physico-chimique après
l’enfouissement.
Parmi les raisons de son faible intérêt pétrolier, on peut citer sa faible perméabilité qui
empêche l’huile produite d’être expulsée et la transformation en gaz par craquage secondaire.
En général la quantité d’hydrocarbures générés par un charbon varie avec sa composition
macérale et son degré d’évolution.

On distingue deux types de bassins houillers en fonction de la paléogéographie :

• Les bassins limniques : qui se sont formé à l’intérieur du continent ;


• Les bassins paraliques : formés dans des zones en contact avec le milieu marin.

Il existe aussi deux types de charbons, les charbons humiques et les charbons
sapropéliques. Le premier type est un sédiment continental constitué essentiellement de
végétaux supérieurs ; le deuxième type est le résultat de sédimentation de type alguaire
marin/lacustre.

Le charbon au microscope peut être sous forme de : vitrain (brillant, formé d’un gel
cellulosique amorphe, compact, homogène avec une cassure vitreuse, brillante et
conchoïdale), le fusain (fibreux, pulvérulent, dérivant de produits ligneux et ressemblant à du
charbon de bois), clarain (compact, semi-brillant provenant de spores et de feuilles avec une
cassure unie et légèrement brillante), durain ou atrial (dur, compact, à cassure mate et
granuleuse, provenant de spores et de feuilles), ou une mixture de deux ou plus de ces
composants.

Le processus par lequel ces fossiles se transforment progressivement en charbon, est


appelé la houillification et commence par la transformation de la tourbe, formée par les
végétaux, sous la pression et la température. Le processus de transformation en charbon
comprend quatre étapes successives: houille, puis lignite, puis anthracite pour enfin donner du
charbon. Cette transformation est accompagnée par une augmentation des teneurs en carbone
et d’une déprivation d’oxygène puis d’hydrogène.
La tourbe est de couleur noirâtre et fibreuse avec une teneur faible en carbone comparée
aux autres types de charbon, et un taux d’humidité élevé. Sa combustion dégage beaucoup de
fumées et peu de chaleur.

- Le lignite est issu généralement de gisements tertiaire, composé de restes de fossiles


de plantes et plus riche en carbone que la tourbe, il a également une teneur élevée en matière
volatiles, c’est un combustible médiocre.
- La houille représente du charbon bitumineux, elle a une teneur importante en carbone
(85%) et sa teneur en matières volatiles diffère d’un gisement à un autre.
- L’anthracite est un charbon contenant une forte composition en carbone (93 à 97%),
elle représente le rang le plus élevé du charbon.
- Le charbon est composé de quatre grands éléments : la matière organique, les
minéraux, l’eau et les volatiles.
-
I.1.1.2. La composition macérale :

Les constituants de la MO sédimentaire sont les macéraux qui n’ont pas de forme
cristalline ni une composition chimique constante et qui sont visibles au microscope optique.
On distingue trois composants principaux organisés en groupes (Bordenave, 1993).
• L’exinite-liptinite : ce groupe rassemble les éléments disparates comme les algues, les
spores, les grains de pollen et les cuticules de feuilles ainsi que des résines et autres sécrétions
végétales.
• La vitrinite-huminite : ce groupe rassemble les matériaux ligno-cellulosiques gélifiés.
• Et l’inertinite : est le groupe ayant subi plus d’altération pré ou syn-sédimentaire,
essentiellement oxydante. Ils proviennent des débris de plantes, des restes de champignons ou
de fragments carbonisés.

❖ La liptinite et quelques macéraux de vitrinite (les plus hydrogénés) sont


responsables de la génération des hydrocarbures du charbon contrairement à
l’inertinite qui peut aider à la circulation des fluides générés par les autres
macéraux (potentiel pétrolier faible).
❖ De plus, les propriétés physiques et chimiques des macéraux varient avec le degré
d'évolution en fonction des pertes d'hydrogène et d'oxygène dues à la maturation
thermique (Martinez, 1982).
❖ En fonction du degré d'évolution d'un charbon, les hydrocarbures générés vont être
liquides ou gazeux et la porosité et la perméabilité moléculaire ou physique des
macéraux vont changer.
Dans ces intervalles d'évolution thermique, la fissuration et la friabilité vont se développer
suivant la composition chimique des macéraux et leur capacité d'absorption ou de désorption
du gaz.
Le charbon peut être classé selon son rang (la position dans l’échelle de la houillification) et
son type (la nature et la proportion des macéraux) (Figure 16).

Figure 16- Evolution des charbons pendant la carbonification : Ro Pouvoir réflecteur de la vitrinite ; C :
cendres et M.V : matières volatiles.
a. Classification des macéraux du charbon :

Les macéraux du charbon ont des noms en rapport avec leur origine ou leurs processus de
formation et finissent avec le suffixe « inite ». Ils sont identifiés par des propriétés optiques :
la forme, taille, couleur, réflectance, relief, dureté… le relief est regardé sous lumière
incidente, il varie selon la dureté.

La fluorescence optique est intéressante en observation microscopique car elle permet


une étude plus détaillée des propriétés des macéraux riches en hydrogènes (les liptinites) qui
ne sont pas détectables en lumière réfléchie.

La première classification donnait trois groupes de macéraux principaux: l’exinite, formée en


partie par des organes reproducteurs des végétaux externes d’une structure très hétérogène ; la
vitrinite provenant de l’houillification des substances humiques issues de la lignine et de la
cellulose; et l’inertinite, constituée des mêmes substances formant la vitrinite mais subissant
un panel de transformations que l’on appelle fusinitisation due à la carbonisation (feux de
forêts ou une oxydation préalable des matériaux à la surface des tourbières). Ce groupe est
constitué de macéraux de diverses origines, affectés par des processus redox et/ou
biochimiques. Il est constitué de tissus de végétaux supérieurs et de champignons dégradés
mécaniquement par la compaction, parfois fracturés ; les fragments de matériel amorphe sont
parfois gélifiés, le matériel finement arrondi, a en général été transporté et oxydé durant le
dépôt.

Un nouveau groupe de macéraux a été découvert en 1975 appelé les liptinites et qui
devient un des trois principaux constituants du charbon avec la vitrinite et l’inertinite, ce
groupe, constitué de débris de plantes continentales, marines ou lacustres avec une importante
teneur en hydrogène. Ce type est abondant dans la plupart des charbons mésozoïques et
tertiaires.
Tableau 2 : Caractérisation des groupes de macéraux selon leur origine, Bordenave, 1993

b. Propriétés optiques des macéraux :

Les macéraux de chaque groupe partagent des caractéristiques optiques (réflectance) et


une composition chimique globale. Au microscope optique ces éléments apparaissent comme
suit (Figure 17) :
L’Exinite - Liptinite : (Liptinite est le terme employé aux stades tourbe lignite) de
couleur gris sombre, de faible réflectance, ce groupe présente un relief important de faible
élasticité où la forme du composant d’origine est bien préservée. Ils ont des densités de 1.2-
1.4 g/ml et présentent une forte fluorescence. Leur composition chimique est constituée de
structures plus aliphatiques.

La Vitrinite - Huminite : (Huminite est le terme employé aux stades tourbe et lignite) ce
groupe apparait en couleur grise moyen avec une réflectance moyenne entre les deux autres
groupes, contrairement au groupe précédent leur relief est faible, d’une dureté moyenne ils
apparaissent avec ou sans structure cellulaire. Ils ont des densités de 1.2-1.8 g/ml et une
fluorescence faible, voire nulle. Ils contiennent plus d’oxygène et donc des structures plus
cycloaromatiques. Les critères principales de leur distinction sont morphologiques (présence
ou non de structures cellulaires) ou le degré de la fragmentation (taille) des particules.

L’Inertinite : ce groupe est de couleur gris clair à blanc jaunâtre, ils ont une réflectance
moyenne à haute (par rapport à la vitrinite), le relief est moyen voir haut, leur dureté peut être
forte, ils se présentent avec ou sans structure cellulaire. Ils ont des densités de 1.4-1.6 g/ml et
ne sont pas fluorescents. Leur composition chimique est constituée de structures plus
aromatiques.

Dans ce groupe l’exinite réfléchit peu la lumière (teinte sombre) mais présente les plus
fortes fluorescences (dans des teintes jaunes ou orange) sous une source lumineuse
d’excitation émettant dans l’ultraviolet. L’inertinite est très réfléchissante (teinte blanche) et
non-fluorescente, tandis-que les vitrinites présentent une réflectance moyenne (teinte grise) et
en général ne sont pas fluorescentes. (Baudin et al, 2007).

Formation de l’huminite et de la vitrinite :

Les matières végétales subissent un processus d’humification en se transformant en Tourbe. Il


s’agit d’un phénomène d’oxydation lente où se forment des acides humiques. Ce processus est
suivi d’un autre appelé la Gélification biochimique qui forme la lignite : il s’agit de liaisons de
nature physico-colloïdale en milieu aquatique, où se forment des humines, ces deux premières
étapes peuvent correspondre au groupe macéral d’Huminite.
Le lignite se transforme ensuite en Charbon bitumineux ce qu’on appelle la vitrinite, à l’aide
du phénomène de vitrinisation qui dépend de l’enfouissement et de la transformation
thermique.

Figure 17- Quelques macéraux du charbon du bassin d’Asturies: V= Vitrinite; L= Liptinite; A, B et C=


lumière réfléchie; D: en fluorescence (Noé PIEDAD SANCHEZ, 2004).

Le processus d’humification peut être suivi parfois par une minéralisation, où la matière
organique se fossilise et se transforme en matière minérale.

• Les minéraux :faible teneur dans le charbon sédimentent en même temps que la
matière organique, ce sont principalement des silico-aluminates qui, après combustion,
constituent les cendres (processus de combustion) et les scories (processus métallurgiques)…
• L’eau : la teneur en eau dans le charbon caractérise son évolution précoce et varie en
raison inverse de son pouvoir calorifique. L’eau présente est l’eau résiduelle après l’expulsion
sous les conditions de pression et de température qu’ont subit les végétaux sous compaction.
• Le gaz : les gaz sont emprisonnés dans le charbon lors de sa formation à une pression
partielle, il s’agit essentiellement de gaz carbonique (CO2), de méthane (CH4) et autres
hydrocarbures, ainsi qu’un peu d’hydrogène (H2). Les conditions thermodynamiques
croissantes avec l’évolution du charbon cause la diminution des matières volatiles, le gaz
expulsé migre et peut être à l’origine de certains gisements gaziers.

c. La perméabilité fracturable du charbon :


La perméabilité du charbon représente le réseau de microfractures qui sert de chemin pour
l’échappement lors de l’exploitation du gaz de charbon (Figure 18). Le potentiel de la
production de gaz dépend de l’importance de cette perméabilité : plus elle est élevée, plus le
potentiel est important. Ces microfractures sont observables au microscope optique ainsi
qu’en tomographie. Pour une meilleure production, des techniques de fracturation hydraulique
peuvent être appliquées au réservoir, et doivent être soigneusement maitrisées afin de garder
le gaz dans le système de drainage jusqu’au puits de récupération.

Figure 18- Exemple de microfractures (Cleats) dans le charbon du bassin de Paris ; V= Vitrinite, I=
Inertinite.

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