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Insécurité dans la province du Lac et ses conséquences humanitaires

Flash Update no 1.
31 Juillet 2023

Aperçu de la Situation
La Province du Lac, à l’ouest du Tchad, connaît une crise prolongée depuis 2013, lorsque des groupes armés liés à
Boko Haram sont devenus actifs dans la région. La situation sécuritaire, malgré les efforts consentis par les Forces
de Défense et de sécurité, reste toujours précaire à certains endroits, notamment dans les sous-préfectures de
Ngouboua, Kaiga Kindjiria, Liwa, Kangalam et Bol. Il va sans dire que cela a engendré des conséquences
pour les humanitaires et pour la population civile, principalement en termes d’accès et de capacités de réponse.

Pendant les trois premières semaines de juillet, un nombre total de 137 incidents de protection a été enregistré par
le Cluster Protection dans la province du Lac, ce qui représente une augmentation significative par rapport aux six
premiers mois de l'année, au cours desquels 336 incidents avaient été recensés. De janvier à juin, les principaux
auteurs présumés de ces incidents étaient particulièrement des civils (46 %) et des éléments de groupes armés non-
étatiques (GANE, 22 %).

Entre le 19 et le 25 juillet, trois attaques distinctes, entre autres, ont été menées par des GANE, dont deux
enlèvements de civils et une attaque contre un poste de police à Selia, dans le département de Fouli. À la suite de
ces attaques, les autorités locales des départements de Kaya et de Fouli ont imposé des restrictions à l'accès
humanitaire : A Fouli, les autorités ont suspendu les activités humanitaires pendant 24 heures, mais les motos et les
véhicules sont toujours interdits de 18 heures à 6 heures du matin. Dans le département de Kaya, dans la zone allant
de Fourkouloum vers Ngouboua et ses environs, les autorités ont suspendu les mouvements. Cette mesure est
toujours en vigueur.

Ces développements indiquent que les groupes armés non-étatiques pourraient être confrontés à des contraintes
de ressources pendant la saison des pluies, ce qui expliquerait l'augmentation des attaques. Ils semblent être à la
recherche de rançons ou de main-d'œuvre pour soutenir leurs opérations.

L'augmentation des attaques des GANE, combinée aux violences intercommunautaires, a entraîné des mouvements
de population, bien qu'il n'y ait pas encore de chiffres confirmés sur le nombre de personnes qui ont été forcées de
quitter leur domicile.

Impact et besoins humanitaires

La situation sécuritaire dans la province du Lac a des implications profondes pour la région, mais aussi pour la
sécurité des civils et les opérations humanitaires. En conséquence, l'accès humanitaire se réduit. La suspension des
activités humanitaires sur l'axe Fourkouloum-Ngouboua (Département de Kaya) par les autorités depuis le 20 juillet
a laissé d'innombrables personnes vulnérables sans assistance humanitaire essentielle, et il n'y a aucune certitude
quant à la reprise de l'aide.

Malgré la levée de la mesure de suspension de circulation dans le département de Fouli en faveur de la reprise
des activités humanitaires, de nombreux acteurs humanitaires restent inquiets et préfèrent attendre des signes
d'amélioration avant de reprendre leurs activités. Cela signifie que quelques 2 000 personnes déplacées et
d'autres personnes vulnérables n'auront pas accès à l'aide financière inconditionnelle prévue pour leur survie dans
la région.

The mission of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs (OCHA) is to
Coordinate the global emergency response to save lives and protect people in humanitarian crises.
We advocate for effective and principled humanitarian action by all, for all.
www.unocha.org
OCHA Flash Update no 1

Les services de santé essentiels ont également été perturbés. Les cliniques mobiles de Medirom (près de Diamerom)
et de Kandom (à l'ouest de Kiskra) ont été suspendues en raison du déplacement des personnes fuyant l'insécurité,
laissant quelque 11 600 personnes exposées à de graves risques sanitaires sans accès aux services de santé, en
particulier pendant la saison des pluies.

Les activités de protection de l'enfance et les Espaces Ami d'Enfant sur le site de Malmaïri Nord ont également été
suspendues. L'insécurité a forcé les personnes déplacées du site à se déplacer vers Doum Doum Nord, exposant
ces enfants vulnérables à des risques et des incertitudes supplémentaires.

La situation atteint un point critique et une action urgente est nécessaire pour éviter qu'elle ne se détériore davantage.
Si aucune mesure immédiate n'est prise pour améliorer l'accès à l'aide, les personnes désespérées pourraient avoir
recours à des stratégies de survie et à des mécanismes d'adaptation négatifs, risquant leur vie dans des zones de
sécurité à haut risque à la recherche d'un moyen de subsistance et d'une aide. Des rapports indiquent que certaines
personnes déplacées au Tchad ont déjà traversé le Niger à la recherche de moyens de subsistance.

La situation humanitaire fragile a été exacerbée par la réduction des distributions de nourriture du Programme
alimentaire mondial (PAM) à quelque 240 000 personnes déplacées et retournées dans 104 localités de la Province
de Lac depuis fin avril 2023.

En mai, une évaluation multisectorielle des besoins (MIRA) a évalué les besoins de 43 344 personnes déplacées,
retournées et autochtones concentrées dans 16 sites et villages. Cependant, les clusters et les organisations
humanitaires du Lac ne disposent pas d’assez de ressources nécessaires pour répondre aux besoins identifiés,
laissant ainsi les sites ciblés sans assistance.

Le mécanisme de réponse rapide (RRM) existant dans la province de Lac, qui est le principal outil d'intervention pour
répondre aux nouveaux déplacements, manque également de fonds suffisants pour être pleinement efficace. Cet
effort humanitaire essentiel est confronté à de graves contraintes financières qui doivent être résolues de toute
urgence.

Il est impératif de renforcer les efforts à tous les niveaux pour assurer la protection et l'accès aux populations
affectées. Un financement immédiat et suffisant est nécessaire pour permettre une réponse appropriée au Lac y
compris en termes de renforcement des moyens de subsistance des populations. Si rien n’est fait, tous les efforts
consentis depuis 2013 pourraient être réduit à néant et les besoins seront plus grands nécessitant encore plus de
moyens. La crise à l’est du pays, en raison du conflit au Soudan ne devrait pas nous faire perdre de vue les besoins
dans les autres régions. Actuellement, le plan de réponse humanitaire 2023, qui cible 4,4 millions de personnes et
nécessite 674,1 millions de dollars, n'a reçu que 143 millions de dollars, soit 21 % de son financement. La situation
au Lac exige une attention immédiate et tout retard dans l'action pourrait conduire à une nouvelle escalade de
la situation humanitaire.

United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs


www.unocha.org

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