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Histoire et histoire des idées GILLIS DEREMINCE Clara
Histoire des idées Bac 1 – Q1
SECTION 2 – DISSOCIER LE VRAI DU FAUX OU LUTTER CONTRE DES IDÉES QU’ON RÉPROUVE ? ............................................... 29
Sous-section 1 – Présentation des ouvrages................................................................................................. 29
CHAPITRE 6 – LES TRAVERS DE L’HYPERVIGILANCE À L’ENCONTRE DE LA PROPAGANDE................................ 31
SECTION 1 – CRITIQUES DU LIVRE DE CHAPOUTOT ........................................................................................................ 31
Sous-section 1 – Critique de France culture .................................................................................................. 31
Sous-section 2 – Droit & Société ................................................................................................................... 31
Sous-section 3 – Contrepoints.org ................................................................................................................ 32
CHAPITRE 7 – LE CONTEXTE DE L’ÉLABORATION DES FILMS DE PROPAGANDE AMÉRICAINS
« REVENDIQUÉS » : LES CAS DE WALT DISNEY ET DE FRANK CAPRA ............................................................... 33
SECTION 1 – WALT DISNEY ET LES DESSINS ANIMÉS DE PROPAGANDE DURANT LA SECONDE GUERRE MONDIALE ..................... 33
Sous-section 1 – The New Spirit et The Spirit of 43’...................................................................................... 33
Sous-section 2 – Reason and emotion .......................................................................................................... 33
Sous-section 3 – Chicken Little ...................................................................................................................... 34
Sous-section 4 – Education for Death ........................................................................................................... 34
Sous-section 5 – The Fuehrer’s Face ............................................................................................................. 34
Sous-section 6 – La double-face de Walt Disney .......................................................................................... 34
Sous-section 7 – L’héritage de Walt Disney .................................................................................................. 36
SECTION 2 – FRANK CAPRA ET LES DOCUMENTAIRES DE PROPAGANDE DURANT LA SECONDE GUERRE MONDIALE ..................... 36
Sous-section 1 – Le recrutement de Capra ................................................................................................... 36
Sous-section 2 – La propagande américaine de la Seconde Guerre Mondiale ............................................. 37
Sous-section 3 – L’après-guerre .................................................................................................................... 38
CHAPITRE 8 – DE SERGUEÏ EISENSTEIN À CLINT EASTWOOD : UNE PROPAGANDE CONTRE UNE AUTRE ? ...... 39
SECTION 1 – SERGUEÏ EISENSTEIN ............................................................................................................................. 39
Sous-section 1 – Octobre .............................................................................................................................. 39
Sous-section 2 – Leni Riefenstahl .................................................................................................................. 39
SECTION 2 – UNE PROPAGANDE HOLLYWOODIENNE ..................................................................................................... 40
Sous-section 1 – American Sniper & Tu ne tueras point ............................................................................... 40
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Histoire des idées Bac 1 – Q1
La propagande, c’est la diffusion en masse d’une idéologie par tous les moyens disponibles dans le but
d’influencer l’opinion publique sur un sujet politique, social ou religieux.
Remarque : toute tentative de persuasion politique et tout message diffusé en masse ne sont pas de la
propagande
Aujourd’hui, le mot « propagande » est péjoratif. Dès lors, on a tendance à qualifier de :
a) Propagande – les convictions qu’on ne partage pas
b) Information – les convictions que l’on partage
➔ La propagande, c’est le point de vue de l’autre
→ Assertions multiples censées démoraliser l’ennemi et galvaniser le courage de ses propres troupes
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→ Utilisation de la peur pour mobiliser les foules
f) Les glissements sémantiques – introduisant un certain vocabulaire qui n’est pas innocent
pour décharger certaines expressions de leur contenu émotionnel et les vider de leur sens
Exple : « frappe aérienne » pour parler de bombardements, « dommages collatéraux » pour parler des victimes
civiles, « intervention humanitaire préventive » pour parler d’une expédition militaire
→ Cet unanimisme renforce l’effet moutonnier, ancrant la conviction que le nombre fait la force et
démontrant la pertinence d’une idée.
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Vient de Trofim Lyssenko
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D’un point de vue scientifique, une idée peut être vraie ou fausse.
D’un point de vue philosophique, une idée objectivement fausse mais qui est claire et précise aura plus
de puissance qu’une idée vraie mais complexe.
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Iconographie maoïste
→ Le peuple se dirige vers
le paradis prolétaire ou Affiche américaine Fausse vieille affiche
paysan → Incitation des qui constitue une
soldats à s’enrôler. Si campagne antivaccin
les gens ne sont pas covid.
d’accord avec le point
de vue du dirigeant, ils
se trompent
Remarque : chaque propagande se présente elle-même comme une lutte contre une autre propagande.
On aura donc souvent tendance à considérer que la propagande, c’est le discours de l’autre.
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4) S’insurger contre le principe de « communication du pouvoir » alors que forcément, le pouvoir
communique
5) Citer toute source abondant dans son propre sens comme une « vérité révélée » et toute source
abondant dans le sens opposé comme « à la botte du pouvoir » → mauvaise foi
6) Ne pas prendre en compte la multiplicité des oppositions au pouvoir qui ont droit au même
chapitre
7) S’exprimer comme s’il y avait eu une seule bonne manière d’agir, et comme si seul un contre-
pouvoir vigilant avait vocation à éclairer l’opinion publique
10) Formules théâtrales – « Fait inédit, même des médias qui avaient jusque-là fait preuve d’une
grande modération dans la critique du gouvernement se sont retournés contre Emmanuel
Macron, et ont ouvertement remis en cause la gestion de la crise. Du jamais-vu » - forcément
que c’est du jamais vu puisque la crise elle-même était du jamais vu
11) À propos de la Désinfox, la rubrique sur le site du gouvernement français censée « informer
sur la désinformation » qui a suscité une « condamnation quasi-unanime des journalistes » :
« ce n’est pas au gouvernement d’être l’organe certificateur des médias ». En effet, cependant,
eu égard au nombre d’opposants au gouvernement, le gouvernement peut exposer son point de
vue. Il n’a jamais été question de supprimer la libre expression
L’effet Dunning-Kruger, aussi appelé effet de surconfiance, est un biais cognitif par lequel les moins
qualifiés dans un domaine pourraient surestimer leurs compétences.
Remarque : il est important de faire preuve d’esprit critique à propos des instruments qui font eux-
mêmes preuve d’esprit critique. Cependant, il ne faut pas tomber dans la paranoïa et le scepticisme. Il
est plus simple de décrypter des vieux documents historiques que des documents actuels.
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Les bolchéviques se présentaient comme des réactionnaires, à savoir des
conservateurs/antirévolutionnaires. Leur propagande était vue comme une lutte contre la propagande
impérialiste/tsariste. À cette époque, on est soit communiste, soit réactionnaire.
Remarque : Le Plan quinquennot est un film de propagande qui passait dans les cinémas. L’idée est
de défendre le plan quinquennal, une des grandes mesures bolchéviques qui consistait à déterminer des
buts à atteindre tous les 5 ans. L’idée est que la propagande a raison et ceux qui disent que c’est faux
sont des menteurs ou des capitalistes.
La simplicité est séduisante → elle donne à croire que le monde est lisible et que si on fait a, il va se
passer b.
Un bourgeois est celui qui ne remet pas en question la société dans laquelle il vit.
→ Définition de Sartre
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Section 5 – Le décryptage
À l’heure actuelle, nous sommes entourés de décrypteurs, à savoir des gens qui décortiquent des petits
bouts d’interview.
La démagogie est l’accès aux méthodes les plus basiques qui font appel aux plaisirs simples du cerveau.
Exple : si on s’intéresse à l’Ukraine, on va regarder un film de 10min sur l’Ukraine. On n’a pas l’énergie de lire
toutes les sources possibles. On va décider de faire confiance à certaines sources.
Remarque : derrière les mensonges décryptés ne se cache pas toujours la vérité. Simplement, quand
on repère les techniques, on est un analyste efficace.
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Sous-section 3 – Jacques Derrida et Michel Foucault
À force de déconstruire les conventions, on finit par être incompréhensible. L’œuvre de déconstruction
devient rapidement hermétique, à savoir qu’elle ne compréhensible que par ceux qui en ont les codes.
Remarque : c’est tout l’inverse de la démarche commerciale
• Jacques Derrida
Jacques Derrida (1930-2004) est le grand penseur de la déconstruction. Dans Lettre à un ami
japonais (1985), il explique la raison pour laquelle il refuse de donner une définition de la
déconstruction, à savoir que l’exercice déconstructeur nécessaire à la recherche d’une définition
consisterait à développer une méfiance vis-à-vis des mots.
• Michel Foucault
Michel Foucault (XXème siècle) est aussi un grand penseur de la déconstruction. Il remet en question
les institutions que sont les prisons, écoles,…
Dans Les mots et les choses (1966), Foucault explique que l’analyse de l’être humain par l’être
humain est quelque chose de tout nouveau qui est dû à une mutation de notre culture.
Il y a aussi des tas de choses que l’on peut remettre en question sans savoir si ça va être vrai ou faux.
Exple : vivons-nous en démocratie ? Oui pour certaines raisons et non pour d’autres.
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Œuvre publiée de manière posthume
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Souvent, au prétexte de décrypter un langage, on le remplace par un autre, tout aussi subjectif. On
n’est donc pas dans une situation qui oppose langue de bois et vérité mais dans une situation qui
oppose 2 opinions.
Exples : on dit souvent que derrière « libéralisme moderne », il faut lire « capitalisme sauvage », que derrière
« réformes nécessaires », il faut lire « recul social », ou que derrière « décisions courageuses », il faut lire
« décisions réactionnaires »
→ Quand on dénonce le « politiquement correct », on ne fait que dénoncer ce avec quoi on n’est pas
d’accord soi-même. C’est pareil quand on parle de « résister au conformisme ambiant ».
La langue de bois, c’est un discours creux, des formules toutes faites qui permettent d’esquiver la
question.
Exple : j’ai faim = j’aimerais manger (pas de libre interprétation). Par contre, quand on dit « il faut mettre tous
les problèmes sur la table sans tabous dans un souci de rassemblement citoyen » on ne peut être que d’accord car
on ne dit rien de concret.3
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Exemple tiré de l’ouvrage Une histoire de la langue de bois de Christian Delporte
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Une formule désincarnée est une formule qui sort toute seule, qui n’est pas vécue par celui qui la
prononce.
Une phrase qui veut dire quelque chose est une phrase qui a une implication.
Exple : rdv ce soir à l’endroit X et à l’heure Y
Ce qui se déroule, c’est ce que craignait Alain Peyrefitte (XXème siècle), à savoir que le politicien
actuel devient comparable au touriste en ce sens qu’il n’aime pas non plus ses semblables ou du
moins, il doit dire qu’il ne les aime pas puisqu’il doit séduire des gens, dont la plupart se méfient des
responsables politiques. C’est du au fait que tout le monde s’exprime et donc s’engueule tout le temps.
On se trouve dans un environnement discursif semblable à un environnement de guerre.
Exple : Churchill en 1940 a dit au parlement anglais « je n’ai rien d’autre à offrir que du sang … » = je sais que
l’heure est grave donc je vais dire la vérité, à savoir que c’est atroce.
Lorsqu’on n’a pas envie de répondre à une question, il suffit de complimenter la personne qui pose la
question, voire la complimenter sur la question elle-même, tout en répondant à une autre question qui
n’a pas été posée.
Aussi, cela permet d’imposer de fausses logiques. En donnant des phrases creuses les unes après les
autres, cela donne l’illusion d’un discours structuré et cohérent.
Exple : « Si je prends l’initiative de m’adresser à vous aujourd’hui, c’est parce que la situation de notre pays est
chaque jour un peu plus grave, et que j’entends pour cette raison rénover de fond en comble son paysage
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politique. Pourquoi ? Parce que ça me semble absolument nécessaire. Pourquoi ça me semble absolument
nécessaire ? Parce que c’est indispensable. Pourquoi c’est indispensable ? ... »
Il est également possible de procéder à des surenchères anxiogènes de sorte à ce que les gens pensent
que tout va vraiment très mal.
« La langue de bois, langue écologique qui ne pollue par la pensée dans la mesure où elle n’en
contient pas », Jean Michel Ribes
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L’apparat, avec ses monuments, ses cérémonies, etc. assoit un pouvoir déjà existant qui a vocation à
durer des siècles
- Est-il est vrai que les détails des vitraux des églises/cathédrales sont la bible des pauvres ?
Non. Beaucoup de vitraux ne sont pas visibles à l’œil nu. De la même manière, dans la Grèce antique,
beaucoup de temples contenaient des statues qu’on ne savait même pas reconnaitre.
Exple : portrait de Caracalla – sur cette sculpture, Caracalla jette un regard oblique et méfiant. Longtemps, on a
cru qu’il s’agissait d’un regard fourbe d’un traitre de mélodrame. En réalité, l’empereur est en statio, en
sentinelle, à savoir qu’il fait le guet pour veiller au salut de l’Empire.
La propagande est l’entreprise de conquête d’une opinion encore incertaine. Elle vise à convaincre des
gens qui ne sont pas convaincus d’avance ou qui sont sans opinion.
Le publicitaire va penser à la catégorie de public à viser alors que l’artiste dit ce qu’il a à dire et ça
s’arrête là. Il y a une forme d’hermétisme →les artistes s’en foutent de savoir si on comprend leur
œuvre ou non.
L’âme du groupe est l’ensemble des caractères communs que l’hérédité impose à tous les individus
appartenant à un groupe
→ Définition de Le Bon
La particularité du mouvement de foule est le phénomène de contagion, à savoir que l’idée dominante
se répand dans les esprits galvanisés par l’émotion commune jusqu’à substituer l’intérêt collectif à
l’intérêt individuel. L’idée qui est entrée dans chaque cerveau qui compose la foule va ensuite se
transformer en acte. Cela arrive surtout chez les êtres suggestionnés.
Les êtres suggestionnés sont des personnes à qui on a inspiré une croyance sans qu’elles en aient
conscience
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Le Bon voit les foules comme influençables et facilement manipulées par des meneurs. À cause de
leur irritabilité et leur impulsivité, les foules seraient incapables de s’auto-discipliner, d’où
l’importance du meneur.
Le meneur est un homme d’action éloquent, doté d’une foi inébranlable dans l’idéal répandu dans la
foule, pour lequel il est prêt à tout sacrifier ; ses paroles sont perçues comme sacrées, ses ordres comme
indiscutables, et il est érigé en légende – il évoque dans les esprits l’image du guide capable de mener
la foule vers son destin chimérique
→ Définition de Le Bon
Exple : Napoléon 1er est un leader qui convertit les foules à la foi de son projet en affirmant et en répétant un
même message jusqu’à enclencher la contagion.
Remarque : le problème pour le chef est que le moindre signe de faiblesse/de doute fait qu’il est foutu.
Les masses sont des groupes déstructurés, amorphes, et prêts en cela à toutes les transformations et toutes
les aventures
« La principale caractéristique de l’homme de masse n’est pas la brutalité ou le retard mental mais
l’isolement et le manque de rapports sociaux normaux », Arendt
Remarque : alors qu’une foule se retrouve physiquement ensemble, la masse n’y est pas obligée.
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Histoire des idées Bac 1 – Q1
L’adhésion populaire (jusqu’à 90% de sympathisants) repose sur une folie collective entretenue par de
grands rites et non pas sur une conviction personnelle et rationnelle. Pour le membre du parti, le parti
est tout et le membre n’existe que dans la mesure où il appartient au parti. Arendt parle des partis
comme des « sociétés secrètes établies au grand jour ».
La désolation est une situation collective caractérisée par la conjonction de la terreur, de l’idéologie et des
masses.
Selon les idéologues, l’humanité est la possibilité accordée à chacun d’entre nous de penser ce qu’il
veut.
Pour Arendt, la double fermeture des espaces extérieur et intérieur déshumanise l’homme. L’État
totalitaire ayant à l’encontre de l’humanisme, la recherche de vérité disparait au profit d’une idéologie
véhiculée par le biais de messages ultra cohérents, sans aucune nuance, et de signes extérieurs de
l’idéologie.
→ L’État totalitaire se présente comme l’aboutissement d’un long processus qui mène les êtres
humains au bonheur.
Remarque : les États totalitaires condamnent toujours une catégorie d’êtres humains en la considérant
comme une catégorie ennemie du simple fait de sa naissance → bouc-émissaire héréditaire.
À l’inverse, les tyrannies sont non totalitaires car elles laissent à chacun la possibilité de s’intégrer.
Remarque : ce phénomène a été analysé par des philologues et des linguistes lors de la montée du
nazisme.
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Sous-section 1 – Comment contrecarrer ce processus de détournement du langage ou lui résister
lorsqu’il est déjà engagé ?
Certains points sont incontestablement la vérité.
Exples : il ne pleut pas, nous sommes à Bruxelles
Cependant, dès qu’il y a jugement de valeur ou réflexion, il y a diversité d’opinion autour d’un fait
réel. Dans ce cas, le langage permet d’échanger des idées.
Remarque : on peut voir qu’un langage évolue mal lorsqu’il se rétrécit.
Lorsque s’impose un conformisme langagier dans un État totalitaire, certains mots s’imposent comme
étant obligatoires, à savoir qu’il est obligé de les employer dans une phrase au risque d’être exclu de la
société.
/ !\ Il s’agit bien de rendre certains mots obligatoires et non de créer de nouveaux mots
Remarque : on retrouve des phénomènes analogues dans la langue courante, non idéologique
Exples : « de ouf », « pas de souci », « euh »,…
Remarque : on peut facilement parler en stéréotype sans être une crapule. Ça peut arriver quand on se
retrouve avec quelqu’un qui n’a pas grand-chose à dire.
Exple : à l’ancien temps, les paysans ne communiquaient entre eux qu’en énonçant des proverbes
b) Relation à autrui – dans le discours, les paysans vivaient quelque chose et le partageaient à
quelqu’un d’autre
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Histoire des idées Bac 1 – Q1
Or, l’une des caractéristiques de la langue de bois est qu’il s’agit d’un discours qui n’est plus tenu par
personne. Il circule et devient omniprésent sans qu’il n’y ait plus de sujet vivant pour l’énoncer.
• Orwell et la canelangue
Dans 1984, Orwell (XXème siècle) décrit « Big brother » comme parlant la canelangue, à savoir que ce
n’était pas le cerveau de l’homme qui s’exprimait mais bien son larynx.
Remarque : l’expression « Big Brother » est désormais utilisée pour qualifier toutes les institutions ou
pratiques portant atteinte aux libertés fondamentales et à la vie privée des populations ou des individus
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Histoire des idées Bac 1 – Q1
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Remarque : la propagande capitaliste est une expression utilisée par ses partisans, qui ont inventé l’idée
de fabrique du consentement.
La fabrique du consentement, c’est l’idée que dans le monde actuel, on ne nous force pas à acheter
telle ou telle chose mais on fait de la publicité pour nous y inciter.
Pour inciter à acheter, c’est plus subtile que le mécanisme grossier de la propagande. Cela remonte à
l’origine de la publicité. Il existe aujourd’hui une série de mécanismes qui s’apparentent à la
propagande et que leurs opposants qualifient de poison pour la lucidité, qui consiste à voir les choses
comme elles sont. L’idée des inventeurs de la fabrique du consentement, c’est « violer les foules par la
propagande… ».
Remarque : la propagande et les techniques de manipulation de l’opinion ne sont pas des concepts
propres à un État totalitaire. Tout est fait pour nous inciter à penser/consommer d’une manière X où
que nous allons.
Remarque : le consumérisme a été inventé par une personne. Ce n’est pas la résultante d’un processus
qui s’est fait tout seul
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Le mercantilisme, c’est le commerce dans son sens péjoratif. C’est le fait de vendre des choses en
n’utilisant pas les méthodes les plus régulières
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Lippmann (XIXème – XXème siècles), membre de la commission, dit que c’est une révolution à la
démocratie. Il s’agit d’une minorité qui arrive, grâce à une méthode subtile, à faire passer ce qu’elle
veut faire passer. C’est ainsi que l’opinion publique a été scientifiquement créée et contrôlée.
Remarque : une fois que le camp des USA a gagné la guerre, ces derniers se sont servis des techniques
de manipulation qu’ils ont utilisé pour enrôler des soldats afin de vendre des produits.
• Le coca
Au début des années 1920, les capacités de la machine industrielle ont été démultipliées et on doit
trouver des marchés afin de continuer à fonctionner. C’est dans ce cadre qu’est apparue l’idée d’inciter
les jeunes mamans à donner du Coca à leur bébé parce que c’est bon (pas pour la santé mais juste c’est
bon).
• La cigarette
Dans les années 1920, Bernays a été contacté par l’American Tobacco Company qui souhaitait que les
femmes se mettent également à fumer pour pouvoir vendre plus.
Jusqu’à la 1ère guerre mondiale, seuls les hommes fumaient des cigares ou des chiques à tabac, la
cigarette étant considérée comme « du tabac pour mauviettes ». Lors de la guerre, des cigarettiers ont
eu l’idée de mettre des fardes à cigarettes dans le sac à dos des soldats, qui ont donc continué de fumer
même après la guerre.
Bernays va arriver à la conclusion que si seuls les hommes fumaient, c’est parce que c’était un attribut
de domination. Or, si on incitait les femmes à fumer, cela les libérerait de cette domination. De plus,
fumer permet de maigrir et être mince est bon pour la santé → fumer = bonne santé.
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Sous-section 4 – Critique de la vidéo qui parle de Bernays
➢ Noam Chomsky (XXème – XXIème siècles) comme grand témoin unique – il n’est pas LE
spécialiste mondial de la question. Il est un philosophe linguiste américain. Il vient comme
témoin à charge, comme témoin offensif.
➢ Chomsky dit que Bernays a conduit le pays à l’hystérie – or le monde était déjà dans
l’hystérie et Bernays s’en est servi à ses propres fins
➢ Absence de mention de l’identité de l’autre témoin lors de son 1er passage – comme on
apprend ensuite que c’est le biographe de Bernays, il va avoir tendance à magnifier la
personne à propos de laquelle il a passé des années à écrire une biographie
➢ On reproche à Bernays d’avoir proposé des films, tracts, affiches pour que des gens s’enrôlent
dans la guerre – tout le monde fonctionne ainsi
• Usa, début du XXème siècle : les pionniers de la propagande en tant que discipline
« scientifique »
Initialement, les pays tels la France et la Belgique étaient des pays ruraux. Après la révolution
industrielle (1845), la Révolution française et l’idéal des lumières, on arrive vers une ère où
l’instruction devient obligatoire, ce qui va augmenter considérablement le taux d’alphabétisation.
Exple : au Royaume-Uni, le taux d’alphabétisation est passé de 30% à 97%
L’idée de l’alphabétisation est de pouvoir trouver des mots pour exprimer nos divergences plutôt que
de se taper dessus. Cependant, étant donné que les pays concernés étaient dans un régime
démocratique avec, notamment, une liberté d’expression importante, dont la liberté de la presse, une
multitude de journaux émergent et les gens s’engueulent donc également par écrit. Là-dessus se
greffent des mouvements protestataires radicaux.
À cette époque, les États-Unis sont dans un système capitaliste basé sur l’initiative et la richesse
privée. Les patrons de presse ne se sentent pas à l’aise avec ces abus de journaux et d’opinions car la
plupart des gens qui s’expriment sont opposés au système. Dès lors que les patrons de presse ont
réalisé que le discours anarchiste/révolutionnaire était plus séduisant que leur propre discours
concernant la liberté économique, les entreprises privées vont engager des plumes et les acheter.
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Histoire des idées Bac 1 – Q1
→ C’est dans ce contexte qu’est apparue la science des relations publiques.
« Les origines des relations publiques étaient une réponse à la montée d’une classe ouvrière remuante
à la fin du XIXème siècle », Anne Bernays4
→ Ces pionniers de la manipulation de masse vont codifier des mécanismes déjà existants en donnant
forme à un secteur indispensable au maintien de l’économie capitaliste. Sans les constantes incitations
à la consommation par la publicité, le système s’effondrerait.
• Ivy Lee, les débuts du communiqué de presse et de son utilisation à des fins de
propagande
Ivy Lee (1877-1934) est l’inventeur du communiqué de presse qui est, en principe, relatif à un fait
objectif.
Le 1er communiqué de presse date de 1906 lorsqu’un train a déraillé à Atlantic City. Ayant perdu en
crédibilité et ne pouvant mentir à cause de preuves photographiques, Pennsylvania Railroad, la
compagnie ferroviaire, a fait appel à Ivy Lee en tant que professionnel des relations publiques. Sous
les conseils de ce dernier, la compagnie a fait un communiqué de presse et une conférence de presse
dans laquelle elle montrait l’ampleur des dégâts. Les clients, estimant que c’était peu en la faveur de la
Pennsylvania Railroad que de montrer l’ampleur des dégâts qu’elle a elle-même causé, ont estimé que
c’était un gage de bonne foi et ils ont donc décidé de lui faire confiance.
En 1914 a lieu le Massacre de Ludlow. La Colorado Fuel and Iron Company, entreprise de charbon et
d’acier appartenant à Rockefeller, avait fait tirer à balles réelles sur des mineurs grévistes et avait
incendié leurs habitations. Étant donné la vive réaction de l’opinion publique, Rockefeller a engagé
Ivy Lee pour redorer son image. Sous les conseils du professionnel, Rockefeller va admettre
publiquement ses torts et aller à la rencontre des familles des victimes, ce qui va séduire les ouvriers
de l’époque.
→ C’est là qu’est apparue la philosophie de la bonne image.
La philosophie de la bonne image renvoie à un comportement qui consiste, pour les entreprises, dans
le fait de montrer directement une bonne image d’elles-mêmes avant que des tragédies puissent
survenir
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Fille d’Edward Bernays
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Victor Klemperer (1881-1960) est un linguiste philologue allemand qui a analysé la langue nazie
depuis les années 1930.
Le problème est qu’on a beau savoir comment fonctionne la langue et tout faire pour se préserver de
son pouvoir, on fini toujours par se laisser piéger.
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Elle est faite pour être dite
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Histoire des idées Bac 1 – Q1
Exple : Ulysse et le chant des sirènes dans la mythologie
Remarque : la LTI est l’instrument d’une rhétorique dont les phrases et les symboles privilégient les
sensations et les sentiments par rapport à la rationalité
Cette terminologie mécanisante s’immisce dans le cerveau de tous les gens qui évoluent dans le pays
concerné car, à l’époque, la presse et la sphère culturelle étaient cadenassées.
Exple : l’adjectif « caractériel » est, pour les nazis, une qualité qui désigne celui qui montre une grande force de
caractère. Petit à petit, cela s’ancrera dans les cerveaux de tous.
Klemperer établi un lien entre la « langue » du 3ème Reich et la « langue de la Première Guerre ».
Cette langue de la Première Guerre, c’est celle de la Fronterlebnis, de l’expérience du front. C’est un
langage partagé par une communauté de mâles charismatiques soudés par le combat et prônant des
valeurs héroïques. C’est également une communauté humiliée par la défaite.
→ Il y a un sentiment de rage et de désir de vengeance qu’on retrouve dans le charisme nihiliste6
d’Hitler. C’est un charisme qui ne sert qu’à électriser mais qui ne dit rien. Le discours nazi est un
discours vide, creux, plat mais il donne des frissons.
Klemperer dira que le principe de base de la langue du 3ème Reich est le triple accord de la mauvaise
conscience, à savoir :
a) Se défendre – contre les attaques
b) Se vanter – dire qu’on est les meilleurs
c) Accuser – tout le reste du monde
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Idéologie qui refuse toute contrainte sociale – état d’esprit caractérisé par le pessimisme
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Histoire des idées Bac 1 – Q1
Dans le cadre de ces 2 procès, les observateurs ont été sidérés de la nullité intellectuelle de ces gens.
Effectivement, ils avaient été privés du langage de l’émotion et sans émotion, un procès est très vide.
Section 2 – Dissocier le vrai du faux ou lutter contre des idées qu’on réprouve ?
Lors de leur présentation, chacun de ces livres insiste sur le fait que l’analyse de la propagande du
passé ne doit pas nous empêcher de faire attention à l’analyse de la propagande d’aujourd’hui. À
l’heure actuelle, aucun ouvrage ne fera l’éloge de la propagande car c’est un mot devenu péjoratif.
Remarque : en s’en prenant à la « propagande d’aujourd’hui », les auteurs semblent plus s’inscrire
dans une logique du « vrai contre le faux ».
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Histoire des idées Bac 1 – Q1
• Comme on nous parle : L’emprise de la novlangue sur nos sociétés, Jean-Paul Fitoussi
Dans Comme on nous parle, l’auteur se rebelle par rapport à la manière dont les informations nous
parviennent. Selon Fitoussi, il est difficile de comprendre le monde qui nous entoure lorsque l’on
s’informe car il y a une novlangue7, à savoir que les mots qui parviennent à notre cerveau ne
correspondent pas à la réalité → le monde nous semblerait obscur et confus. Jadis, le monde était tout
aussi compliqué mais il y avait une façon de le décrire qui donnait à croire qu’il était moins compliqué
que ce qu’il est aujourd’hui.
Tracker la propagande contemporaine fait partie des clichés. La question est de savoir si ce n’est pas
une facilité/une commodité de dire qu’une propagande nous empêche de comprendre le monde. En
écrivant son livre, Fitoussi se pose en héritier de Klemperer.
Exples : « Pourquoi nous répète-t-on à l’infini que le chômage est inadmissible pour finir par le laisser persister ?
», « Pourquoi dit-on que le travail est notre avenir alors qu’on se garde, depuis longtemps, de le valoriser ? », «
Pourquoi accepte-t-on de voir croître démesurément les inégalités alors que l’on dit vouloir les combattre ? » →
l’usage du « on » est trompeur car les gens qui avancent que le chômage est inadmissible ne sont pas les mêmes
que ceux qui le laissent persister etc.
Remarque : porter un œil critique sur les habitudes de langage et les marques de conformisme
linguistique reste quelque chose d’intéressant.
Exple : dans son ouvrage, Fitoussi explique que Keynes avait une théorie selon laquelle, si la croissance de
productivité par personne était de 2% par an, ses petits-enfants auraient, à terme, un revenu par tête 8 fois plus
élevé que le sien. Au final, on se rend compte que Keynes avait raison.
→ Il s’agit ici d’un œil critique sur le monde actuel, sans pour autant être un décryptage de propagande.
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Terme inventé par G. Orwell dans 1984
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Histoire des idées Bac 1 – Q1
Remarque : On peut critiquer le management mais on peut aussi critiquer la critique du management.
Cependant, notre cerveau s’arrête généralement à une seule couche de critique.
→ Si on considère qu’on vit dans une sorte de régime nazi soft, pourquoi redouter sa version radicale ?
Remarque : à force de voir du nazisme partout, on risque de ne plus voir là où il est vraiment.
Selon l’auteur de l’article, les vrais penseurs du régime nazi ne peuvent pas être considérés comme des
théoriciens du management.
Une entreprise a déjà une différence fondamentale avec un camp de concentration : on peut toujours y
trouver une porte de sortie. Aussi, si on a lu primo levi, qui décrit de l’intérieur l’enfer
concentrationnaire, on comprend que le but ultime du camp de concentration n’est, contrairement à
l’entreprise, pas la production.
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Histoire des idées Bac 1 – Q1
Sous-section 3 – Contrepoints.org
La théorie de Chapoutot ne prend pas en compte les finalités du management et présente 3
problèmes :
a) La confusion
Ce que Chapoutot nomme « management » renvoie en réalité à la délégation de responsabilité. Or, le
fait de résumer tout lien hiérarchique à un lien d’oppression totalitaire est un raisonnement erroné.
Selon Chapoutot, le Menschenfürhrung, conduite des hommes, est une germanisation du concept de
management.
b) La diabolisation
Si on considère que le management ce n’est que de la domination, on n’a pas bien compris le
management car en général, pour susciter l’enthousiasme des troupes, il faut les emporter dans un élan
qui les dépasse.
Exple : Chapoutot reproche à F. Hollande d’avoir proposé le choc des simplifications, à savoir de tout
simplifier car l’administration est compliquée. Or, les nazis ont voulu eux-mêmes simplifier la bureaucratie donc
il estime que F. Hollande tire son idée du management nazi.
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Histoire des idées Bac 1 – Q1
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Secrétaire d’État au Trésor
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Histoire des idées Bac 1 – Q1
Sous-section 3 – Chicken Little
En 1943, Disney a sorti le dessin-animé Chicken Little, qui met en scène un petit poulet innocent, à
l’image de la population, qui se fait pigeonner par un méchant renard, à l’image des nazis. Pour piéger
le poulet, le méchant renard utilise un livre de psychologie dont les citations sont empruntées à Mein
Kampf (1924-1925). Le coq, voix de la raison, se fait complètement avoir par les méthodes très
efficaces du renard.
→ Le paradoxe est que Walt Disney veut faire comprendre qu’il ne faut pas croire tout ce qu’on nous
dit mais en voulant qu’on le croit lui.
Remarque : Foxy Loxy est un des rares méchants Disney qui parvient à ses fins. Il n’y a donc pas la
morale habituelle, enfantine.
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Jeu de mots entre « nazi » et « nut »
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Histoire des idées Bac 1 – Q1
C’était un partisan de la ligne America-First, opposée à la ligne de Roosevelt, qui avait une politique
de centre gauche. Disney a d’ailleurs écrit qu’il était opposé au New Deal, projet économique et social
de relance de l’économie et de lutte contre la pauvreté instigué par Roosevelt. Aussi, Disney a été
soupçonné d’antisémitisme.
Remarque : initialement, dans la version des 3 petits cochons, le grand méchant loup était représenté
de la même manière que la propagande nazi représentait les juifs.
Goebbels (1897-1945), ministre de la Propagande, écrit dans son journal qu’il a offert à Hitler 12
films de Mickey Mouse et que ce dernier aimait beaucoup Blanche neige et les sept nains.
Remarque : Disney a rencontré Leni Riefenstahl (1902-2003), une réalisatrice allemande qui a
inventé le 7ème art10 nazi, où on montre des discours d’Hitler sans violence ni discrimination. À
l’époque, il y avait une admiration réciproque entre Disney et Riefenstahl.
Par ailleurs, au lendemain de la guerre, Disney est pris dans un combat anti-communiste. Il fait un peu
penser au général Patton (1885-1945), héros de la liberté qui, dès la fin de la Seconde Guerre
Mondiale, voulait tout de suite aller faire la guerre aux communistes afin d’en être débarrassé. Au sein
de ses studios, Disney devient un patron à la dure et, suspectant le syndicat des scénaristes d’avoir été
infiltré, il créé dans son studio un syndicat « maison ».
→ En mai 1941, il licencie 24 dessinateurs qui protestent contre leur faible rémunération.
Le 4 février 1944, il participe à la fondation de l’alliance cinématographique pour la préservation des
idéaux américains en refusant de « de permettre aux communistes, fascistes et autres groupes d'esprit
totalitaire de pervertir ce puissant medium en en faisant un instrument de dissémination d'idéaux anti-
américains ». Derrière ces mots, il y a la défense de ses intérêts personnels et de sa vision du monde. Il
va d’ailleurs dénoncer publiquement des « communistes » sans aucune preuve concrète.
Remarque : Walt Disney ventait le fait que les films pouvaient et devaient être utilisés à des fins de
propagande, notamment pour se battre contre le fascisme. Il est aujourd’hui qualifié d’entrepreneur
pragmatique.
Le Guide du cinéma pour les Américains, rédigé par Ayn Rand (1905-1982) et publié par la MPA en
1947, correspond à la conception que Disney a du cinéma. Ce sont des commandements pour les
cinéastes :
« Ne prenez pas la politique à la légère ; Ne critiquez pas le système de la libre entreprise ; Ne
critiquez pas les industriels ; Ne critiquez pas la richesse ; Ne critiquez pas la recherche du profit; Ne
glorifiez pas l'échec; Ne glorifiez pas la dépravation ; Ne déifiez pas l'homme du commun ; Ne
glorifiez pas la collectivité; Ne critiquez pas un homme indépendant ; Ne calomniez pas les
institutions américaines. »
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Cinéma
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Histoire des idées Bac 1 – Q1
« [Song of the South est le] morceau de propagande pour la suprématie blanche le plus vicieux jamais
produit par Hollywood », Richard B. Dier11 (1931-2012)
• Pinocchio (1940)
L’adaptation de Pinocchio transmet aux enfants les valeurs de l’épargne, du travail et de la
persévérance.
→ Propagande sociale en valeur de l’american way of life
Remarque : les auteurs marxistes ont dénoncé un vecteur de l’impérialisme américain lié à Pinocchio
et l’archétype du self made-man produit par le capitalisme avec le personnage de Picsou.
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Écrivain afro-américain
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Remarque : Capra est un immigrant italien qui incarne parfaitement le rêve américain. En quelques
années, il est devenu la personne qui avait vocation à produire les images et convaincre le plus de
monde possible.
Marshall, le chef d’État-major, explique a Capra que la mobilisation massive de civils dans l’armée
représente un enjeu d’autant plus important car ils feront face à des soldats professionnels allemands et
japonais très entrainés et endoctrinés. L’idée est de savoir comment convaincre rapidement toute une
génération de jeunes gens de s’engager dans l’armée.
La question du pourquoi est une question philosophique, à savoir qu’on estime que si le pays parvient
à convaincre ses recrues qu’ils ont raison de combattre et qu’ils luttent pour quelque chose d’utile, une
partie du combat est déjà gagné.
Dès 1942, les studios Hal Roach accueillent la First Motion Picture Unit, l’unité de production des
films de l’armée américaine, qui va produire plus de 400 films de propagande. Cependant, les films de
propagande ayant eu le plus d’impact son ceux qui ont été réalisés par Capra.
Capra a commencé par visionner Le Triomphe de la volonté (1935), film de propagande nazie réalisé
par Leni Riefenstahl, qu’il estime être un super film de propagande en ce qu’il était une arme
psychologique destinée à détruire la volonté de résistance. Dès lors, il va décider de prendre des
extraits de films de propagande allemand/italien/japonais et les tourner en dérision en gardant l’image
et en modifiant le son.
Remarque : Capra a su dénicher ces films de propagande au service des biens étrangers du Trésor
américain. Sa devise est :
« Votre arme, c'est le film ! Vos bombes, ce sont vos idées ! Hollywood est une usine de guerre ! »
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Histoire des idées Bac 1 – Q1
Remarque : Capra a obtenu un oscar pour ce documentaire et Churchill (1874-1965), Premier
Ministre britannique de l’époque, déclare n’avoir jamais vu ni lu « une déclaration plus puissante de
la cause contre la tyrannie nazie ».
Why We Fight a été diffusé dans une multitude de centres d’instruction (anglais, canadiens, australiens
et néo-zélandais) et toutes les recrues américaines de l’époque avaient le devoir de regarder le film. Le
Président Roosevelt a même ordonné sa sortie commerciale aux USA dans l’espoir de retourner
l’opinion publique, encore majoritairement isolationniste.
L’épisode The Battle Of Russia sera notamment diffusé en URSS. À l’époque, il n’y avait pas encore
de guerre froide et les Américains et les Russes étaient alliés dans leur combat contre les nazis.
Ensuite, le but a été de désendoctriner la population.
Remarque : « endoctriner » est un terme péjoratif, alors que « désendoctriner » signifie « ramener à la
raison ». Cela implique un jugement de valeur.
Exple : si on est allemand en 1930 et qu’on voit les films de Capra, on va avoir l’impression d’être
désendoctriné
Ensuite, Capra va réaliser plusieurs séries de films : Know Your Ally (1944), Know Your Enemy
(1945) et The Negro Soldier (1944), conçu à la fois pour encourager les Afro-Américains à s’engager
dans l’armée et pour lutter contre le racisme dans ses rangs.
Sous-section 3 – L’après-guerre
En général, les grands maitres de la propagande finissent mal. On a notamment pu le constater après la
Seconde Guerre Mondiale.
Exples : de Gaule, Churchill – ils ont été battu aux élections qui ont suivi la SGM parce qu’ils représentaient la
guerre.
Après la guerre, on a reproché à Capra, pourtant considéré comme la « Voice of America », d’avoir
participé à des activités anti-américaines, notamment à cause de la réalisation de son film The Battle
Of Russia. Effectivement, entre temps les Russes sont devenus les ennemis des Américains, ce qui
n’était pas le cas durant la Seconde Guerre Mondiale. On le soupçonne aussi de s’être entouré de
réalisateurs ressentant de la bienveillance envers le communisme.
Capra finira par se faire virer du groupe de réflexion sur l’avenir des USA dans une politique de
guerre froide. Il a finalement renoncé de mettre ses talents de réalisateur pour la politique mais il s’est
lancé dans la fiction.
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Histoire des idées Bac 1 – Q1
Sous-section 1 – Octobre
Octobre (1927), film en hommage à octobre 1917, date de début de la révolution bolchévique. C’est
une commande officielle de l’État pour fêter les 10 ans de la révolution. L’idée est de magnifier la
naissance du communisme. Eisenstein veut montrer que la révolution, c’est le peuple et que le
communisme, c’est l’avenir. Une de ses idées révolutionnaires a été de recruter des acteurs non
professionnels pour que le film semble plus réaliste. Dans ce film, il héroïse les révolutionnaires.
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Histoire des idées Bac 1 – Q1
colossaux, elle livre des films qui sont à la fois d’une grande beauté formelle mais on ne peut que les
rattacher à une idéologie nazie.
Dans Les Dieux du Stade (1938), elle prouve que l’on peut mettre des caméras partout. Elle a fait
construire une tour de 15 mètres de haut pour les prises de vue panoramiques des Jeux Olympiques de
1936 de Berlin. Elle a également embarqué une caméra sur un ballon et elle avait mis un petit mot
dans le ballon pour demander à la personne qui retrouverait la caméra de la lui ramener. Il y a
également la caméra catapultée sur rail pour capter les courses de sprinters. Elle a finalement creusé
des fosses pour filmer d’en dessous les gens qui faisaient des sauts en longueur.
Leni Riefenstahl défend son œuvre au nom de l’art. Elle dit que grâce à son art, les gens ont pu
observer comment le nazisme est monté en épingle. Selon elle, son regard est uniquement artistique et
non politisé. Le seul but de la réalisatrice était de montrer le grandiose sauf qu’en filmant la réalité,
pour peu qu’on ne la contextualise pas, on en fait partie.
Même si ses travellings autour d’Hitler sont visuellement intéressants, ils traduisent également la
soumission et l’admiration face à cet homme.
→ La grosse différence entre Riefenstahl et Eisenstein est que l’une cache ses opinions politiques et
que l’autre les affiche clairement.
Eisenstein a été vite en froid avec Staline et par la suite, après son film Octobre, il a eu de plus en
plus d’ennuis avec lui. Il ne participera pas au culte de Staline.
Là où Eisenstein recréé les évènements, Riefenstahl les filme tel quel.
S’agissant de films de propagande, plus le cinéaste est doué, plus l’effet est terrible.
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Histoire des idées Bac 1 – Q1
Remarque : il faut faire attention car il peut y avoir des commandes détournées
Dans Hollywood Propaganda. Cinéma hollywoodien et hégémonie américaine (2010), Matthew
Alford analyse ce soft power. Il s’agit d’une façon insidieuse de faire passer un message. Il passe en
revue une série de films sortis depuis le début des années 1990.
N’importe quel amateur de cinéma apprend toujours à être vigilant vis-à-vis des grosses productions
basiques. Or, Alford s’intéresse aux films qui ont l’apparence de la nuance. Un film qui a l’apparence
de la nuance sera plus vicieux car il nous cueillera. Il donnera l’impression de nous distraire alors qu’il
va en réalité nous imposer une vision qui n’est pas du tout nuancée.
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