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Tristan Garcia : Forme et objet – ACTU PHILOSOPHIA https://www.actu-philosophia.

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Tristan Garcia : Forme et objet
Posted on 21 mars 2012 by Florian Forestier Dante : Correspondance,
Tome II
Les choses débordent et prolifèrent, et dans leur débordement
coupent la parole à la pensée. Chaque chose en effet veut qu’on Isaac de l’Étoile : Lettres
sur l’âme, Lettres sur le…
la saisisse, qu’on l’accueille, qu’on la comprenne ; chaque chose
amène avec elle ses conditions d’expertise, son armada de faits,
d’anecdotes, de subtilités. Dès qu’on pense à présent, on ne
pense pas assez : on est accusé de trancher, de simplifier, de
caricaturer, de voiler le foisonnement des choses. Dès qu’on dit,
on met le pied dans le domaine d’une nouvelle chose, on est pris
dans un processus qui veut nous forcer à connaître encore plus
de choses, et à force de courir après les multiplicités, on
s’épuise, on a l’esprit tanné comme un vieux cuir ou bien fragile
comme une soie. On connait toutes les raisons de ne plus rien
dire, on finit par abandonner le champ de la pensée aux experts,
ou par devenir l’un d’eux. L’univers nous submerge, devient ce

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labyrinthe deleuzien, cette bibliothèque de Babel, ville monde,


terre creusée, réticulée, segmentée sur tout son volume, sans
horizon, sans ciel étoilé, sans pourtours montagneux pour
prendre le paysage dans ses bras1.

Ainsi donc, il vient en effet un moment où il y a trop d’autres et


trop de choses, où mon problème n’est plus de les comprendre
ou de les aimer, mais d’établir les règles qui permettent à ces
choses de coexister sans empiéter les unes sur les autres.
Google même, ce grand pourvoyeur de choses en gros, semble
affecté par la prolifération à laquelle il ouvre, et entend introduire
dans les protocoles de réponse de son « pagerank » des critères
de reconnaissance sémantique pour qu’à une requête formulée
comme une question il ne soit répondu qu’une seule chose. La
pensée de Tristan Garcia et le formalisme déployé dans
l’ouvrage2 n’ont d’abord d’autre but que de déployer à son tour
les conditions d’un espace échappant au carnaval des choses –
tenant chaque chose en respect dans sa solitude nue. Ainsi « Le
plan formel de la pensée vise à donner, à redonner la possibilité
de couper court à toute accumulation- de savoir, d’expérience,
d’action – par une simplicité, une surface pauvre autorisant à se
ressaisir de ceci ou de cela comme de quelque chose – ni plus,
ni moins. »3. Bien sûr, la complexité a son lieu, ses titres – ce
sera précisément le champ de ce que l’auteur nomme l’universel
– mais il s’agit bien d’abord de couper court aux exigences
toujours renouvelées d’adaptation, d’empathie, de plasticité de la
pensée aux choses qui l’appellent, d’établir le cerne d’un
discours qui puisse se mettre à distance de l’entretissement
saturant des choses, d’une pensée qui rétablisse des lignes
claires, des hétérogénéités strictes, des frontières…

Mais des lignes, précisément, qu’il s’agit de tracer hors de la


complexité des choses entremêlées, de ce que l’auteur désigne
comme les objets– hors, donc, et non plus contre, en résistance
ou en opposition – sur un autre plan qu’il s’agit d’établir.

Le réalisme spéculatif

Le projet ainsi relève d’abord d’une forme de métaphysique et

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s’inscrit dans ce qu’on appelle le réalisme spéculatif. Dirigée par


Elie During, Patrice Maniglier, Quentin Meillassoux et David
Rabouin, la toute neuve collection « Métaphysiques », aux
Presses universitaires de France, est en effet devenue le
principal lieu d’expression de ce courant – publiant, après
Meillassoux, des auteurs comme Graham Harman qui, malgré
leurs différences et leurs divergences, partagent certaines
perspectives. Dans la filiation de penseurs comme Alain Badiou,
et plus de Quentin Meillassoux, les réalistes spéculatifs
entendent reconstruire une métaphysique sur des bases qui ne
sont ni celles des métaphysiques analytiques ou des ontologies
formelles, ni celles des métaphysiques traditionnelles de la
tradition française, même si la philosophie deleuzienne y
apparaît souvent comme une inestimable boîte à outils. La pierre
de touche du réalisme spéculatif est en effet l’outrepassement de
ce que Harmann appelle la problématique de l’accès, et
Meillassoux le « corrélationnisme », pour replacer directement la
pensée dans les choses elles-mêmes – indépendamment de la
façon dont elles sont reçues, perçues, rencontrées. Ces auteurs
entendent autrement dit d’abord ne pas lier les choses à leur
mode d’apparaître (ni à la pensée que l’on peut avoir d’elles, ni à
ce qu’on peut en prédiquer), ainsi se placer hors de la
problématique de la conscience, la problématique du langage,
sortir et du transcendantalisme et de la philosophie du langage.
Comme le soulignait à ce sujet Medhi Belhaj Kacem, le projet
deleuzien, dans une telle perspective, est également un modèle
certain dans la mesure où Deleuze, seul dans la génération des
penseurs français de sa génération mise – dans la continuité des
grands systèmes classiques et de l’idéalisme spéculatif – sur les
puissances du concept à saisir directement quelque chose de
l’être ou des choses. Or, c’est bien d’abord en élaborant un
concept formel de la chose que l’auteur déploie son système.

Dans une lignée à laquelle on peut rattacher le Badiou de L’Être


et l’événement, ou encore l’ontologie plate que propose DeLanda
à partir de sa relecture de Deleuze, Garcia mise en effet sur un
certain dépouillement. Il s’agit bien pour lui d’élaborer une

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pensée qui se tienne à la hauteur des choses, des choses


comme choses et seulement comme choses. Ce projet,
ambitieux, surtout de la part d’un auteur encore jeune (quoique
déjà particulièrement fécond, littérairement autant que
philosophiquement), ne vise pas moins dès lors qu’une réécriture
d’ensemble de la « grammaire philosophique ». Celle-ci passe
par la différentiation d’une perspective formelle (pour qui
n’existent que des choses, solitaires, nues, vides), et d’une
perspective universelle (qui s’intéresse de son côté à des objets
– déterminés, intriqués, entretissés). La perspective formelle
succède ici en quelque sorte à la perspective ontologique
fondationnelle classiquement prise en philosophie et en court-
circuite les modalités: formellement précisément, aucune chose
n’est supérieure à aucune, toute chose est chose et vaut toute
les choses, mais toute chose est dépouillée, isolée des autres
choses. Formellement donc, il n’existe aucun point de vue
synthétique, récapitulatif, englobant, aucune façon d’articuler les
choses dont puissent procéder les différents degrés et niveaux
des connaissances objectives qu’on possède à leur sujet.
Formellement, tout est chose et tout vaut tout. Objectivement au
contraire, tout est toujours déterminé et articulé, mais l’objectif ne
peut jamais être généralisé au formel, ne peut jamais s’extraire
du réseau et de l’intrication des objets, de la perspective, du plan
de coupe que constitue toute appréhension objective. D’une
certaine façon, aucune objectivité ne peut être appréhendée et
fondée absolument hors d’elle-même et de la contextualité
qu’elle exprime – ne peut en d’autres termes être considérée
comme une chose4.

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Pour Garcia, ainsi, l’univers n’est pas un cosmos mais la plus


grosse chose. Il n’est pas non plus un plan abstrait, une
multiplicité pure dont on peut varier les plans de coupe (cela,
c’est le plan des choses et non de la chose univers), dont on
peut extraire n’importe quel différentiel de réalité. Cette
structuration de l’univers n’est cependant pas « fondée » hors
d’elle-même dans un ordre de l’être qui se déploierait
indépendamment des objets qu’elle agence. La facticité
saturante et multiple de la rencontre toujours renouvelée d’objets
toujours neufs, chacun infiniment exigeant, n’est plus vraiment
l’affaire de la pensée qui s’occupe plutôt des catégories «
problématiques » qui le traversent et articulent une perspective
formelle à une perspective universelle, objective : l’événement, le
temps, la vie, la représentation, etc.

Si la première partie s’avère, comme son titre l’annonce,


formelle, procédant par définitions, axiomes, scolies, la seconde
retrouve au sein du vaste objet qu’est l’univers toute la
complexité du réel et, à propos du vivant, de l’économie, de
l’histoire, etc., entre vigoureusement en débat avec d’autres
penseurs – philosophes, historiens, économistes – sur des
problématiques précises5.

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La chose nue

Formellement, une chose, c’est précisément, n’importe quoi :


tout est chose, le problème est de comprendre sous quel angle
n’importe quoi peut être considéré comme une chose et ce qui
caractérise la perspective « chosale », car «(…) le n’importe quoi
possède une puissance déterminée d’indétermination qui en fait
le socle de toute chose, et pas le spectre de la fin de toute
distinction des choses – ce pour quoi la plupart des logiques l’ont
jusqu’à présent congédié ou utilisé en tant qu’épouvantail ou
repoussoir de la rationalité. »6. La perspective formelle ne revient
pas – c’est là l’amphibologie originaire de toute philosophie – à
expliquer les choses à partir de plus que choses (atomes, etc.),
ou de moins que choses (formes fondamentales de toutes les
choses, un, etc.), et par là à esquiver ou dissoudre leur choséité,
mais à interroger celle-ci en tant que telle pour la saisir et la
déterminer comme telle. En quelle mesure, sous quel angle une
chose est-elle une chose, et que dit-on d’elle quand on l’appelle
chose ? Dès lors, précise Garcia « L’ordre métaphysique et
formaliste consiste ainsi substantiellement la platitude du «
n’importe quoi qui est également quelque chose » en un relief qui
monte jusqu’à des choses en soi et descend jusqu’à des choses
secondes, des attributs, des qualités, des accidents ou bien des
illusions dépendant de la réalité essentielle. »7

En tant que chose, donc, la chose est chose, et ne relève de rien


d’autre que de la grammaire des choses comme choses, qu’il
s’agit alors d’établir. Ainsi, répétons-le, il n’y a pas de cosmos et
un tel concept relève d’une amphibologie entre ce que Garcia
désigne comme le monde – qui est l’écrin, le lieu et mode de
paraître de la chose et ne se définit qu’en regard d’elle – et
l’univers qui n’est précisément pas l’ensemble ou la collection
ordonnée de toutes les choses, mais précisément la plus grosse
chose – non donc celle qui englobe ou récapitule toute les
autres, mais celle qui n’est plus et ne peut plus être dans aucune
autre chose. De la même façon, il est vain de chercher à
distinguer des choses matérielles de choses qui ne le sont pas,
parce que toute chose a une dimension matérielle et une

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dimension non matérielle. Le problème est plutôt de trouver,


formellement ; « ce qui est matériel dans une chose » et ce qui
ne l’est pas – quelle que soit cette chose. Comme le précise en
effet Tristan Garcia, pour exhiber une chose matérielle, il faut la
désigner – donc s’en abstraire pour la mouler d’un envers dont la
texture est idéale – et il y a réciproquement une dimension
immanente à toute abstraction – la possibilité même de
l’ostension.

La chose n’est pas non plus, explique l’auteur, le contraire de


rien. Rien n’est pas le contraire de quelque chose. La chose
n’est pas l’événement de sa présence ou de son absence. Elle
est formellement neutre, muette, béate et solitaire, et rien de ce
qu’elle est, de ce qu’elle fait, de ce qu’on en fait n’entre en ligne
de compte dans lorsqu’on la considère en tant que chose. Rien,
donc, n’est que l’absence de quelque chose, l’événement de
l’absence de cette chose. Se demander pourquoi quelque chose
plutôt que rien, c’est interroger un événement spécifique –
l’absence de toute chose possible – c’est donc ne rien dire des
choses en tant que choses ni de l’être en tant qu’être. Le rien lui-
même est donc pour Garcia un rien local, déterminé –
l’événement de l’absence de la chose n’a de sens qu’au sein des
choses, sur fond de leur présence, explique l’auteur reprenant en
quelque sorte à son compte dans son formalisme l’argument
bergsonien.

Pour autant, bien sûr, la chose n’est pas massive, compacte,


indéterminée: s’il y a quelque chose, il y a toujours le contraire
de cette chose, dans la mesure où être quelque chose, par
définition, c’est n’être pas n’importe quoi – donc ne pas être
autre chose et qu’une chose n’est précisément chose qu’en tant
que telle, isolée de ce qu’elle n’est pas, sur fond de ce qu’elle
n’est pas. On ne peut certes, explique l’auteur en dialogue ici
avec Badiou, être un humain que quand on est un, mais on ne
peut être un humain que parce qu’on est un humain – parce
qu’on peut être compté. L’unité concerne un monde d’objets (de
choses saisies dans le tissu de leurs relations), non de choses
en tant que choses. Formellement au contraire, on peut être un

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seulement parce qu’on est quelque chose : « Etre un, c’est


pouvoir servir d’unité au décompte de ce qu’on est en tant qu’on
est un quelque chose »8. La catégorie matricielle de la choséité
n’est pas l’unité ou la singularité, mais la solitude, car « Il n’y a
que seul qu’on est chose. Un étant un, on est tel. »9

La catégorie matricielle de la chose est finalement la solitude.


Certes, on l’a dit, la chose implique son autre : il y a une chose et
ce qui n’est pas elle qui est son enveloppe. Mais s’il y a plus
qu’une chose, il n’y a jamais, formellement, plus d’une chose en
même temps. La chose ne se caractérise comme telle qu’en
étant hors de soi, mais hors de soi dans autre chose qu’une
chose, qu’en étant dans ce que Garcia nomme un monde. Et il
n’y a monde précisément que par rapport à une chose, comme
ce plus qu’elle dans lequel elle est seule : le monde est l’envers
conceptuel de la chose, l’horizon de paraître de la choséité qui
se dégage en même temps qu’elle, au creux duquel elle se
dégage, la coalescence de la chose et de son enveloppe, de la
chose et de ce sur fond de quoi elle est chose, de ce qu’elle n’est
pas.

Le soi dans l’entre deux

Quand on quitte le plan des choses pour aborder le plan de


l’être, on défait la solitude formelle des choses pour considérer
leur voisinage. De sorte « On ne pourra jamais définir une chose
que par ces deux bouts : ce qui est quelque chose et ce que
quelque chose est. »10 Ici, la chose ne se caractérise pas de
façon unilatérale, mais par les deux bouts, par ce qui la constitue
et par ce à quoi elle prend part. Le soi est précisément l’entre-
deux, la limite de ces deux plans inconciliables, la membrane
formelle qui sépare ce qui est cette chose et ce qu’elle est –
étant bien entendu que la chose ainsi considérée cesse d’être
seulement chose, que l’on parle ici déjà d’objets en tant qu’ils
sont choses et non seulement de choses nues. Le soi n’étant
que limite, il ne peut par principe s’expliquer ni à partir d’un flux
producteur de formes, ni du point de vue de formes fixes. Flux et
formes fixes engendrent de fait les mêmes paradoxes, parce

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qu’en les pensant, la pensée est prise dans une même structure
de compacité qui l’entraine à vouloir saisir l’identité de la chose
sur un seul de ses versants, quand elle n’a formellement de sens
qu’entre deux. L’identité, explique finement Garcia, n’est pas une
catégorie ontologique, ne relève pas de l’être mais des choses :
elle n’est fondée, enracinée dans rien ni n’émerge d’aucun milieu
matriciel, mais désigne formellement la limite des deux milieux
définitionnels à partir desquels il faut toujours appréhender la
chose pour l’individuer, du point de vue de ce qui la constitue, et
la chose du point de vue de ce à quoi elle participe. Il n’y a en
aucune façon, il faut y insister, de continuité entre les deux bords
et c’est sur fond de leur hétérogénéité constitutive que l’identité
précisément prend forme. Il serait par exemple biaisé, d’invoquer
des phénomènes d’émergence, d’auto-organisation, d’équilibre
métastable pour envisager la cellule à partir des molécules qui la
constituent, car la cellule elle-même n’a elle-même de sens
qu’au regard de l’organisme auquel elle appartient, organisme et
molécule étant ici deux milieux objectifs totalement étrangers l’un
à l’autre (ils n’ont dans ce qui les qualifie, rien en commun, entre
lesquels la cellule permet en quelque sorte un aller-et-retour.

L’objet et le procès de l’universel

L’objet, donc, n’est pas la chose – même s’il est toujours aussi
une chose – car il désigne la chose prise dans sa détermination
et son réseau, moins la chose elle-même que ce qui la fait être
cette chose – la forme de la chose elle-même exhibée et mise en
forme, explique Garcia. Les objets, contrairement aux choses,
s’entretissent et s’entre-appartiennent, et relèvent de lois
déterminées – celles précisément à partir desquels on les
détermine comme objets et comme ces objets-là. Les objets sont
pluriels et articulés dans leur pluralité, sans que cette articulation
ne constitue certes de cosmos. Le fait même que les objets
subsistent suppose, écrit Garcia, que leurs constituants existent
formellement en tant même qu’ils sont objectivement subsumés
dans les totalités qu’ils constituent : les objets existent dans leur
détermination, c’est-à-dire qu’il y a un sens à préciser et dégager
leurs constituants, que ceux-ci existent d’une certaine façon

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indépendant des objets qu’ils composent – précisément, au sens


formel, en tant qu’ils sont choses. Les objets n’existent qu’en ce
qu’ils ne sont pas saturés, qu’ils sont descriptibles, que ce par
quoi ils sont est à son tour descriptible et isolable.

Si les choses s’appréhendent formellement, les objets relèvent


de l’universel. L’universel distingue le plus de choses possibles
tandis que le formel a priori comprend tout mais ne détermine
rien. L’universel relève ainsi d’un certain ordre au sein des
objets, valide à son niveau, mais qui ne peut s’ériger en absolu.
Par exemple, à partir du moment où on parle d’humains en
général, il y a un sens à évoquer des droits de l’homme et ceux-
ci sont bien, en tant que droits de l’homme, supérieurs à tous
droits coutumiers ou locaux, même si cette supériorité théorique,
objective, n’implique aucune supériorité formelle. Du point de vue
de l’universel en effet, chaque culture appartient à l’humanité :
objectivement, on n’est français que parce qu’on est d’abord
humain. Formellement au contraire, chaque culture englobe et
représente à sa façon l’humanité tout entière, et on n’est humain
qu’en étant d’abord tel ou tel. Le relativiste comme l’absolutiste
entendent dériver l’universel du formel, l’un pour ancrer
l’universel dans les choses même, l’autre parce qu’il tire, de
l’impossibilité de cet ancrage, la conclusion qu’il n’y a pas
d’universel. Or, « Ce qui est formel se situe soit au-dessous, soit
au-dessus de l’universel, mais jamais sur le même plan »11.
Tandis que le formel est dépouillé, plat, neutre, « L’universel est
processuel et il est conflictuel, car il se trouve négocié à chaque
échelle ; mais il est possible et il correspond à la capacité
d’organiser les choses du monde en objets d’univers »12. Un
droit universel, en fin de compte, n’est donc objectivement pas
un droit comme les autres, mais il fait perdre en particularité
autant qu’il fait gagner en universalité.

Toutes sortes d’objets

Si, d’une certaine façon, la pensée de Tristan Garcia atteste


l’impossibilité de considérer les objets hors des protocoles et de
la contextualité de leur objectivation – si elle affirme donc

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l’impossibilité d’élaborer aucune théorie qui saisisse l’objectivité


de l’objet d’un point de vue indépendant de la façon dont elle est
construite, elle ne prime cependant pas la philosophie de son
plan de consistance propre : en relèvent précisément un certain
nombre d’objets aporétiques ou problématiques qu’on ne peut
définir qu’au sein d’une dialectique impliquant la prise en compte
de la perspective formelle et de la perspective universelle.
Suivent ainsi quelques stimulantes variations sur un certain
nombre de thèmes dont nous retiendrons les principaux. Sont
évoqués en effet des concepts ou phénomènes dont la définition
pose problème, précisément, selon l’auteur, parce qu’elle ne
prend sens qu’à partir de deux bords qu’il faut d’abord isoler
comme tels.

La science tout d’abord, au sujet de laquelle l’auteur est bref,


mais convaincant. L’égalité formelle des choses est d’abord pour
Garcia nécessaire à la science : il faut en effet qu’un électron
existe formellement autant qu’une galaxie, pas plus, pas moins,
pour qu’on cherche à les lier. D’un autre côté cependant, la
science ne peut se contenter de circuler au milieu des objets,
entre les objets, « une science découpe dans l’univers ses objets
de proche en proche »13, mais pour les rapporter à des objets
plus petits ou plus gros. Ainsi, l’atome peut être découvert dans
la molécule, le quark dans l’atome… et tout autant, l’atome peut
à la fois être considéré comme constituant de la molécule ou
comme le tout que constituent d’autres particules élémentaires,
selon la perspective qu’on prend sur lui. La connaissance des
niveaux objectifs ne vise pas donc pas la réalité mais la découpe
et l’ouvre, comme nous le notions plus haut, en un jeu d’allers-et
retours entre les différentes strates objectives14.

Les paradoxes d’une pensée du vivant, ensuite, procèdent


également selon Garcia d’une antinomie engendrée par la
confusion d’une perspective considérant la vie elle-même
comme chose, et d’une perspective objectivant les mécanismes
du vivant. Soit en effet, on considère la vie formellement, c’est à
dire la vie en tant que telle, comme vie, mais alors, précisément,
on ne voit pas trop de quoi on parle, et le vitalisme s’égare vite

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en brumeuse métaphysique. Inversement, on peut certes définir


le vivant à partir de son fonctionnement, par exemple comme
phénomène d’émergence, mais l’émergence caractérise le vivant
sans le qualifier ; elle est liée à l’irréductibilité d’un niveau
d’organisation de la matière par rapport au précédent : «
L’émergence du vivant est liée à une organisation structurelle de
la matière comparable à celle de l’inanimé, puisqu’on ne trouve
ultimement rien dans le vivant qu’on ne retrouve dans l’inanimé
(y compris des structures, qui ne sont jamais que complexifiées à
– à ceci près que cette organisation est intensifiée. »15. Le vivant
conclut Garcia, se caractérise par un système d’êtres et de
compréhension en niveaux de sorte qu’il est un lieu de l’univers
structuré comme un univers. Il est intensification de ce qui a été
défini comme « soi », de la différence entre ce qui est une chose
et ce dans quoi elle est. A tous les niveaux, de la cellule aux
organismes les plus complexes, une chose vivante intensifie son
soi, rend plus intense la différence entre ce qui est en elle et ce
dans quoi elle est. Toute catégorie du vivant est traversée par
une détermination de ce type, invoquant des caractéristiques
comme l’homéostasie, l’autorégulation, l’adaptation, qu’il s’agit
de ressaisir de manière formelle…S’il n’y a pas de définition
formelle de la vie, la vie peut être caractérisée (de façon assez
classique ici) comme processus d’intensification de quelque
chose de formel, comme intensification, auto-enveloppement du
soi sur soi, réflexion et réverbération de l’identité en elle-même,
etc. Le fait qu’il y ait du vivant, conclut l’auteur, est ainsi une
nouveauté objective, qui ne se comprend qu’au sein d’un savoir
objectif, mais on tout autant a besoin de l’arrière-plan du formel
pour comprendre ce qu’est la vie.

La déclinaison de ce qui est et de ce qu’est se poursuit avec, en


particulier, une intéressante méditation sur la façon concomitante
dont l’homme a pu chercher à se saisir lui-même par le haut –
par extrapolation de lui-même dans les recherches liées à
l’intelligence artificielle – et par le bas, en cherchant à se
retrouver dans les animaux – concomitance des projets de
recherches cybernétiques les plus pointus de Minsky, des

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utopies qui les prolongent avec la singularité de Vernor Vinge ou


le transhumanisme de Kurzweil et des programmes de
recherches visant à enseigner le langage aux animaux avec la
vogue, dans les années 70, des chimpanzés ou des gorilles «
cultivés »… Les deux tentatives s’avèrent vouées à l’échec. Pas
plus qu’il ne peut se reconcevoir et s’outrepasser dans la
machine, l’humain ne peut se retrouver dans l’animal, d’abord,
sans doute, parce qu’il ne suffit sans doute pas d’enseigner un
langage à un singe pour communiquer avec lui, que la pierre
d’achoppement de toutes les tentatives d’entrer en contact avec
des animaux est bien que nous n’avons pas plus à leur dire
qu’eux à nous dire, que la relation affective qui enveloppe ces
amorces de communication est finalement bien pauvre – que
l’humain, en définitive, a beau voir en l’animal son semblable, il
ne peut, par définition, formellement, se retrouver en lui.

Familier de cette question à laquelle il vient de consacrer un


ouvrage, Nous, animaux et humains. Actualité de Jérémy
Bentham et qui lui inspire la trame de son roman Mémoires de la
jungle (Paris en 2010 aux éditions Gallimard), par ailleurs réputé
lecteur de science-fiction, Tristan Garcia est évidement
particulièrement érudit dans ce chapitre. Auteur d’une thèse sur
le thème de la représentation réalisée sous la direction de
Sandra Laugier, il l’est tout autant sur les débats liés à la
représentation au sein de l’école de Brentano à la fin du XIXe, et
sur la poursuite de cette question en esthétique, dépassant de
concert les pensées d’inspiration analytiques de Goodman,
Danto, et la dialectique-critique adornienne dans l’élaboration
d’une pensée de la représentation (trop riche et complexe pour
être exposée ici) à l’aune de laquelle ce que font les arts (chaque
art) est reconsidéré et réévalué. Tout aussi documentée, la
reprise que l’auteur propose des problématiques de l’histoire, et
plus encore peut-être de l’économie qui constitue en quelque
sorte le plan de manifestation concrète de l’équivalence générale
et abstraite de choses nues, grises, substituables, est l’aiguillon
premier de l’ouvrage. Si l’économie en effet atteste le triomphe
du plan de la chose comme chose, il apparaît vain de lui opposer

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d’autres valeurs qui ne peuvent justement se manifester sur le


même plan et qui ne peuvent que se chosifier elles-mêmes à son
contact : il faut plutôt relativiser la logique économique de
substituabilité des choses, et cette relativisation ne peut se faire
que par sa radicalisation – radicalisation dont l’issue finale, c’est
tout le propos du livre que le montrer, est bien de refaire surgir, à
leur niveaux, les objets et les universaux que la chosification ne
menace qu’en ce qu’on continue de confondre l’objet et la chose
sans comprendre que ce n’est pas parce qu’il est toujours aussi
une chose, et qu’il peut toujours être traité comme telle, qu’il
cesse pour autant d’être un objet. Sur la question des valeurs,
enfin, l’auteur s’avère également stimulant, en montrant
comment celles-ci constituent d’une part bien une structure
propre de l’univers que le vivant est amené à rencontrer et à
intensifier en s’intensifiant lui-même16.

Des catégories comme celles du temps et de l’événement sont


également reconsidérées dans la suite de l’ouvrage. L’objectivité
de l’objet étant en effet à distinguer de sa présence ou de son
absence qui constitue de son côté un événement : les catégories
d’objet et d’événements, appliquées à la taxonomie, aux genres,
produit d’intéressants résultats en permettant par exemple de
différentier clairement l’événement de la spécification de la
structure objective de l’espèce Moins convaincantes, selon nous,
les réflexions développées à propos des âges de la vie, et plus
encore, de la mort. Celle-ci, la mort marque d’ailleurs pour nous
la pierre d’achoppement de la forme de pensée que développe
l’auteur. Tristan Garcia écarte volontairement tout ce qui fait
l’apport des pensées de Hegel ou Heidegger, concernant
l’intrication de la négativité de l’expérience et de la création, en
d’autres termes ce qui ne se lit et ne se comprend qu’au sein de
la dimension effective et concrète de la temporalité – à ce qui
vaille que vaille nous implique concrètement dans notre risque
comme dans notre chance, pour user des termes qu’il forge.

En résumé

La séparation du formel et de l’objectif explicite de façon claire et

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convaincante le double niveau de perspective qui conjoint


toujours d’une certaine façon une entende de la chose comme
telle, dans sa choséité, et un discours sur les objets dans leurs
articulations. Elle accomplit bien le programme de l’auteur :
couper court à l’accumulation sans fin des choses, à l’exigence
saturante de chaque chose qui insiste et exige d’être comprise
dans toute sa richesse, sa complexité, sa texture objective –
cette exigence qui envahit la pensée, la malmène sans cesse
avec de nouvelles exigences, l’épuise et la condamne finalement
à la mutité ou à l’inaudibilité quasi-totale de celui qui parle la
bouche trop pleine.

On pourra certes de demander si l’espace qu’on voudrait se


ménager au cœur de cette saturation peut vraiment procéder
d’une pensée si froidement formelle, et elle-même si
conceptuellement proliférante. Est-ce qu’à vouloir penser le
possible, créer encore et encore de nouveaux concepts, on ne
contribue pas aussi à créer encore et encore de nouvelles
choses ? Dans l’ouvrage même, d’ailleurs, les noms, les
concepts, les idées, les axiomes finissent par nous étourdir
quelque peu. Est-ce que la pensée, pour se retrouver, ne
gagnerait pas parfois à quitter le terrain du possible en faisant
d’une certaine façon patte de velours ? A se glisser dans
l’épaisseur immotivée mais ouverte de chaque objet – dans ce
que l’auteur relève lui-même comme le procès ou le conflit de
l’universel (nous dirions son battement), à habiter le battement
même du sens se faisant au creux duquel se découpent et
s’agencent les objets ?

Entretiens

Entretien avec Ruedi Imbach, à


propos de : Portrait du poète en…
, par Thibaut Gress
Se procurer l’ouvrage A : Dante en
tant que philosophe Actu-
Philosophia : Ruedi Imbach, vous

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Tristan Garcia
Tristan Garcia, né le 5 avril 1981 à Toulouse, est un écrivain et philosophe
français. Il est maître de conférences à la faculté de philosophie de
1
Tristan Garcia
l'université Jean-Moulin-Lyon-III .

Biographie
Fils de professeurs, Tristan Garcia est né à Toulouse et a vécu son enfance Biographie
en Algérie. Après avoir fait ses classes préparatoires littéraires au lycée
Pierre-de-Fermat, il intègre l'École normale supérieure de la rue d'Ulm et Naissance 5 avril 1981
2 Toulouse
l'université Paris-Sorbonne où il se spécialise en philosophie . Sa thèse de
doctorat, dirigée par Sandra Laugier et soutenue à l'université de Picardie, Nationalité française
est intitulée Arts anciens, arts nouveaux. Les formes de nos représentations
Formation École normale supérieure
de l'invention de la photographie à aujourd'hui.
Activités Écrivain, philosophe
Amateur de cinéma et de séries télévisées, il rate par deux fois le concours Autres informations
3
d'entrée à la Fémis , mais il effectue des études à l'École de cinéma
documentaire « Varan ». A travaillé pour Université de Lyon
Directrice de Sandra Laugier
Après avoir été refusé par cinq éditeurs, son premier roman, La Meilleure
thèse
Part des hommes, est publié en septembre 2008 chez Gallimard. Ce roman
retrace, à travers le parcours de trois personnages, l'arrivée du sida au sein Influencé par Alain Badiou
du mouvement homosexuel dans les années 1980. Le livre reçoit un accueil Distinction Prix de Flore
globalement favorable des critiques et du public. Il remporte le Prix de Flore Prix François-Victor-Noury
4
2008. Il est adapté au théâtre en 2012 . Prix du Lundi
Prix du Livre Inter
En 2010 parait Mémoires de la jungle, son deuxième roman, qui à l'inverse
du précédent rencontre un accueil mitigé de la critique. Il reçoit pour ce livre Œuvres principales
le Prix de la Biennale du livre d’histoire à Pontivy (Morbihan) le
5 La Meilleure Part des hommes
25 mars 2012 . La même année, le recueil de nouvelles En l'absence de
6
classement final obtient le Grand Prix de Littérature Sportive . Mémoires de la jungle
7
Il publie en octobre 2011 un essai de métaphysique aux Presses
universitaires de France : Forme et objet. Un traité des choses. Influencé par
7
Alain Badiou qui le juge prometteur , il s'inscrit dans le courant du réalisme spéculatif, s’inspire de Quentin Meillassoux et est
8
proche de l'« Ontologie Orientée vers l'Objet » de Graham Harman .

Depuis avril 2012, Tristan Garcia codirige avec Jean-Baptiste Jeangène Vilmer une collection sur les séries télévisées aux Presses
universitaires de France. Ayant mis fin à cette aventure, il lance en 2019 une collection d'essais sur le 9e art aux éditions Aedon,
codirigée avec Nicolas Tellop : « Le Club de la bande dessinée ».

Il est le compagnon de la philosophe et musicienne Agnès Gayraud, et le petit-fils du déporté Pierre Seel [réf. souhaitée].

Œuvre

Littérature
La Meilleure Part des hommes, Paris, Éditions Gallimard, coll. « Blanche », 2008, 305 p. (ISBN 978-2-07-012064-2)
traduit en anglais, en italien, en espagnol et en allemand, et sélectionné au Prix Goncourt du premier roman
et au Prix Médicis
Mémoires de la jungle, Paris, Éditions Gallimard, coll. « Blanche », 2010, 367 p. (ISBN 978-2-07-012914-0)
En l'absence de classement final, Paris, Éditions Gallimard, coll. « Blanche », 2012, 205 p.
9
(ISBN 978-2-07-013747-3)
Le Saut de Malmö et autres nouvelles, Paris, Éditions Folio, coll. « Folio 2 », 2014, 128 p.
sélection de 9 des 30 nouvelles extraites de En l'absence de classement final
Les Cordelettes de Browser : roman, Paris, éditions Denoël, 2012, 288 p. (ISBN 978-2-207-11362-2)
Faber : Le Destructeur, Paris, Éditions Gallimard, coll. « Blanche », 2013, 462 p. (ISBN 978-2-07-014153-1)
sélectionné aux prix Décembre, Médicis et Femina
7, Paris, Éditions Gallimard, coll. « Blanche », 2015, 576 p. (ISBN 978-2-07-014988-9)
Prix du Livre Inter 2016
La Ligne (photogr. Alexandre Guirkinger), Paris, RVB, 2016, 128 p. (ISBN 979-10-90306-52-3)
Existe en édition limitée à 50 exemplaires : livre et 2 tirages argentiques C41 sur papier Kodak brillant,
12 × 18 cm, numérotés et signés
Papiers Tombés , Éditions Le Pli, 2018 . Sur les dessins de Frédéric Dupré.
Âmes : Histoire de la souffrance, t. 1, Paris, Éditions Gallimard, coll. « Blanche », 2019, 720 p.
10, 11
(ISBN 978-2-07-279834-4)
Vie contre vie : Histoire de la souffrance, t. 2, Paris, Éditions Gallimard, coll. « Blanche », 2023, 704 p.
(ISBN 978-2-07-302159-5)

Philosophie et essais
L'Image, Paris, Atlande, coll. « Clefs Concours », 2007, 317 p. (ISBN 978-2-35030-064-1).
Nous, Animaux et Humains : Actualité de Jeremy Bentham, Paris, Bourin éditeur, coll. « Actualité de la
philosophie », 2011, 204 p. (ISBN 978-2-84941-224-4)
Forme et objet. Un traité des choses, Paris, Presses Universitaires de France, coll. « MétaphysiqueS », 2011,
464 p.
Traduit en anglais - Form and Object : A Treatise on Things, Edinburgh University Press, 2014 (Jon Cogburn
and Mark Allan Ohm)
Six Feet Under : Nos vies sans destin, Paris, Presses Universitaires de France, 2012, 128 p.
(ISBN 978-2-13-059421-5)
La vie intense : Une obsession moderne, Paris, Éditions Autrement, coll. « Les grands mots », 2016, 203 p.
(ISBN 978-2-7467-4315-1)
Sélectionné au prix Femina essai
Nous, Paris, Éditions Grasset, coll. « Figures », 2016, 320 p. (ISBN 978-2-246-85840-9)
Tristan Garcia, « Pour une métabolisation », dans Mark Alizart, Dorian Astor, Armen Avanessian, Emanuele
Coccia, Johan Faeber, Camille Louis, Pacôme Thiellement, Marion Zilio, Laurent de Sutter (dir.), Postcritique,
12
Presses universitaires de France, coll. « Perspectives critiques », 17 avril 2019, 300 p. (ISBN 978-2-13-081745-1) .
Kaléidoscope : Images et Idées, vol. 1, Paris, Éditions Léo Scheer, 2019, 500 p. (ISBN 978-2-7561-1266-4)
Laisser être et rendre puissant, Presses universitaires de France, coll. « MétaphysiqueS », 2023, 432 p.
(ISBN 978-2-13-084789-2)

Direction de travaux collectifs


Codirection avec Pierre-Alexandre Fradet du dossier « Réalisme spéculatif », in Spirale, numéro 255, hiver
2016, [lire en ligne (https://www.erudit.org/culture/spirale1048177/spirale02442/index.html)] [introduction au dossier (https://www.academ
ia.edu/20381265/With_Tristan_Garcia_Petit_panorama_du_réalisme_spéculatif_in_Spirale_num._255_winter_2016_p._27-30_online_http_
magazine-spirale.com_dossier-magazine_petit-panorama-du-realisme-speculatif)]
13
Codirection avec Nicolas Tellop de la collection « Club de la Bande Dessinée », éditions AEDON, 2019 .
Codirection avec Vincent Normand de (en) Theater, Garden, Bestiary: A Materialist History of Exhibitions, Berlin,
Lausanne, Sternberg Press, ECAL, aout 2019 (ISBN 978-3-95679-455-1, lire en ligne (https://www.sternberg-press.com/produc
t/theater-garden-bestiary/)).

Préfaces et postfaces
« Critique et rémission », postface à Algèbre de la Tragédie de Mehdi Belhaj Kacem, Paris, Léo Scheer, 2014
(édition révisée de la conférence éponyme donnée au colloque Penser le contemporain à la lumière de L'Esprit
du nihilisme, Autour de Mehdi Belhaj Kacem, ENS, 22-24 mars 2013).
Préface à Noël en Février de Sylvia Hansel, Paris, Rue Fromentin, 2015
Préface à Collections préhistoriques de Camille Henrot, Paris, Manuella, 2016
Préface à L'Anti-atome, Franquin à l'épreuve de la vie de Nicolas Tellop, Montrouge, PLG, 2017
Préface à Chroniques martiennes de Ray Bradbury, Denoël, collection Lunes d'encre, 2019
Préface à Un songe de Corto Maltese - à propos de Fable de Venise de Nicolas Tellop, Aedon, collection Le
Club de la bande dessinée, 2019

Prix et distinctions
Prix de Flore 2008, pour La Meilleure Part des hommes
Prix François-Victor-Noury 2009 de l'Académie française
Grand Prix de littérature sportive 2012, pour En l'absence de classement final
Prix de la Biennale du livre d’histoire à Pontivy 2012, pour Mémoires de la jungle
Écrivain de l'année de GQ 2013, pour Faber. Le Destructeur
Prix du Lundi 2015 pour 7
Prix du Livre Inter 2016, pour 7

Notes et références
1. « Tristan Garcia » (http://www.univ-lyon3.fr/m-garcia-tristan-951153.kjsp?RH=INS-ACCUEIL) sur le site de
l'université Jean-Moulin-Lyon-III.
2. Les Inrockuptibles, 19 août 2008, no 664, pp. 64-65.
3. « Tristan Garcia, normalien amateur de séries américaines » (http://www.telerama.fr/livre/tristan-garcia-normalien-a
mateur-de-serie-americaines,32568.php), Télérama, 23 août 2008.
4. Théâtre de la Tempête, Paris (http://www.artistikrezo.com/201203269110/actualites/Theatre/la-meilleure-part-des-h
ommes-theatre-de-la-tempete.html) du 9 mars au 7 avril 2012.
5. Ouest-France, mars 2012 (https://www.ouest-france.fr/ofdernmin_-a-Pontivy-Tristan-Garcia-recoit-le-prix-de-la-Bien
nale_40771-2058932-pere-bre_filDMA.Htm)
6. « Palmarès 2007 – 2021 (http://ecrivains-sportifs.fr/les-prix-de-lassociation/prix-sport-et-litterature/palmares-2007-2
012/) », sur ecrivains-sportifs.fr (consulté le 7 avril 2023).
7. « Une génération de philosophes (...) [s'est] levée, très prometteuse en général par sa redécouverte de la
métaphysique (Tristan Garcia, Quentin Meillassoux, Patrice Maniglier, ...) » dans Éloge des mathématiques,
Flammarion, coll. « Café Voltaire », 2015, p. 27.
8. Les nouveaux chemins de la connaissance (http://www.franceculture.com/emission-les-nouveaux-chemins-de-la-c
onnaissance-corneille-55-polyeucte-2011-07-15.html), France Culture, juillet 2011.
9. Baptiste Liger, « Les Jeux olympiques vus par Tristan Garcia (http://www.lexpress.fr/culture/livre/en-l-absence-de-cl
assement-final_1104807.html) », sur http://www.lexpress.fr, 16 avril 2012
10. « "Âmes", le roman impossible de Tristan Garcia (https://bibliobs.nouvelobs.com/romans/20190121.OBS8854/ame
s-le-roman-impossible-de-tristan-garcia.html) », sur nouvelobs.com, L'Obs, 21 janvier 2019 (consulté le
7 avril 2023).
11. « Âmes, histoire de la souffrance, de Tristan Garcia - une épopée fraternelle (https://www.en-attendant-nadeau.fr/20
19/01/15/epopee-fraternelle-garcia/) », sur En attendant Nadeau, 15 janvier 2019 (consulté le 7 avril 2023).
12. « Postcritique (https://www.puf.com/content/Postcritique) », sur www.puf.com (consulté le 8 décembre 2020)
13. « Un songe de Corto Maltese par Nicolas Tellop — AEDON (http://aedon-productions.com/un-songe-de-corto-malt
ese-aedon.html) », sur aedon-productions.com (consulté le 16 octobre 2019)

Annexes

Bibliographie

Articles en français

Mehdi Belhaj Kacem, « Lettre à Tristan Garcia, au sujet de son livre Forme et objet et de l'ontologie qu'il y
développe », La Revue littéraire, Éditions Léo Scheer, no 52,‎février/mars 2012.
Mohmed Ben Mustapha, « La catégorie de la solitude », Al-Mukhatabat, no 22,‎avril 2017, p. 169-184.
Florian Forestier, « Tristan Garcia : Forme et objet », Actu Philosophia,‎21 mars 2012 (lire en ligne (http://www.actu-phil
osophia.com/Tristan-Garcia-Forme-et-objet/)).
Pierre-Alexandre Fradet, « Ni moderne, ni postmoderne, ni réactionnaire : quelques remarques sur la postface
de Tristan Garcia à Algèbre de la tragédie de Mehdi Belhaj Kacem », Strass de la philosophie,‎7 avril 2015 (lire
en ligne (http://strassdelaphilosophie.blogspot.com/2015/04/ni-moderne-ni-postmoderne-ni.html)).
Pierre-Alexandre Fradet, « Charles De Koninck et la pensée spéculative contemporaine (Meillassoux, Grant,
Garcia, Bergson)Une étude comparative autour de la question du réel », Laval théologique et philosophique,
vol. 72, no 2,‎juin 2016, p. 227-259 (lire en ligne (https://www.academia.edu/31846281/_Charles_De_Koninck_et_la_pens%C3%A9
e_sp%C3%A9culative_contemporaine_Meillassoux_Grant_Garcia_Bergson_une_%C3%A9tude_comparative_autour_de_la_question_du
_r%C3%A9el_Laval_th%C3%A9ologique_et_philosophique_volume_72_num%C3%A9ro_2_juin_2016_p_227_259)).
Alexandre Gefen, « Tristan Garcia. Imaginer d'autres mondes », Le Magazine littéraire, no 553,‎mars 2015.
Jean-Clet Martin, « La ligne de flottaison/Tristan Garcia », Strass de la philosophie,‎24 juin 2014 (lire en ligne (http://
strassdelaphilosophie.blogspot.com/2014/01/la-ligne-de-flottaison-tristan-garcia.html)).
Jean-Clet Martin, « Le monde plat de Tristan Garcia », Strass de la philosophie,‎24 juin 2014 (lire en ligne (http://stra
ssdelaphilosophie.blogspot.com/2014/01/le-monde-plat-de-tristan-garcia.html)).

Articles en anglais

(en)Nathan Brown, « Speculation at the Crossroads: A Review of Tristan Garcia's Form and Object », Radical
Philosophy, no 188,‎novembre/décembre 2014.
(en)Graham Harman, « Object-Oriented France: The Philosophy of Tristan Garcia », Continent, vol. 2, no 2.1,‎
2012 (lire en ligne (https://web.archive.org/web/20200216204519/http://continentcontinent.cc/index.php/continent/article/viewArticle/74)).
(en) Graham Harman, « Tristan Garcia and the thing-in-itself », Parrhesia journal, no 16,‎2013, p. 26-34 (lire en
ligne (https://www.parrhesiajournal.org/parrhesia16/parrhesia16_harman.pdf)).

Ouvrages

(en) Perrine Bailleux, « Eating biscuits, a Revolution. A philosophical dialogue about everything for kids and
adults », dans Virginie Bobin (dir.), Composing Differences : Imagining New Models for Knowledge Production
and Exchange, Dijon, Les Presses du réel, juin 2015, 208 p. (ISBN 978-2-84066-789-6, présentation en ligne (https://www.le
spressesdureel.com/ouvrage.php?id=3886)), extraits d'une adaptation (pour enfants) du traité de métaphysique Forme et
objet. Un traité des choses de Tristan Garcia.

Conférences

Graham Harman, « Garcia's Jungle », conférence in 90e anniversaire des Presses Universitaires de France,
(en)
PUF, Zagreb, 22-23 juin 2012

Liens externes

Ressource relative à la recherche : Diffusion des savoirs de l'École normale supérieure (http://savoirs.ens.fr/co
nferencier.php?id=672)
Ressource relative au spectacle : Les Archives du spectacle (https://lesarchivesduspectacle.net/p/123826)
Ressource relative à plusieurs domaines : Radio France (https://www.radiofrance.fr/personnes/tristan-garcia)
Ressource relative à la bande dessinée : BD Gest' (https://www.bedetheque.com/auteur-41501-BD-.html)
Ressource relative à la littérature : NooSFere (https://www.noosfere.org/livres/auteur.asp?numauteur=2147189
662)
Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes : Deutsche Biographie (http://www.deutsche-bio
graphie.de/136359434.html) · Munzinger (https://www.munzinger.de/search/go/document.jsp?id=00000031579)
Notices d'autorité : VIAF (http://viaf.org/viaf/56935590) · ISNI (https://isni.org/isni/0000000119502236) ·
BnF (https://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb15611094h) (données (https://data.bnf.fr/ark:/12148/cb15611094h)) ·
IdRef (http://www.idref.fr/121300447) · LCCN (http://id.loc.gov/authorities/no2008171846) ·
GND (http://d-nb.info/gnd/136359434) · Italie (https://opac.sbn.it/nome/LO1V349286) ·
Espagne (http://catalogo.bne.es/uhtbin/authoritybrowse.cgi?action=display&authority_id=XX5081433) ·
Pays-Bas (http://data.bibliotheken.nl/id/thes/p308072863) ·
Israël (http://olduli.nli.org.il/F/?func=find-b&local_base=NLX10&find_code=UID&request=987007441474005171) ·
NUKAT (http://nukat.edu.pl/aut/n%202009167158) ·
Catalogne (https://cantic.bnc.cat/registre/981058525754206706) ·
Norvège (https://authority.bibsys.no/authority/rest/authorities/html/15000426) ·
Tchéquie (http://aut.nkp.cz/jo2017975537) · WorldCat (https://www.worldcat.org/identities/lccn-no2008171846)
44 + 17 - 14 (http://www.contretemps.eu/recits/44-17-%E2%80%93-14-nouvelle-inedite-tristan-garcia) : nouvelle
de Tristan Garcia publiée en 2009 par la revue Contretemps.
Dialogue entre Tristan Garcia et Alain Badiou (http://lacommune-aubervilliers.fr/%C3%89mission%20Contre-cou
rant) animé par Aude Lancelin, émission Contre-courant, 10 octobre 2016, sur le site de La Commune, Centre
dramatique national d'Aubervilliers.
Ce document provient de « https://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Tristan_Garcia&oldid=211745492 ».

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