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Le programme invite à mettre en avant les causes de la crise, les modalités de passage d’une crise américaine
à une crise mondiale et l’émergence d’un chômage de masse.
Les trois points de passage concernent trois aspects de la crise en Amérique et en Europe : ses conséquences sur
l’Amérique latine ; l’accès du démocrate Franklin Delano Roosevelt à la présidence des États-Unis en 1933 et
les caractères de la politique de lutte contre la crise qu’il met en œuvre, le New Deal ; la signature, à l’initiative
du gouvernement de Front populaire de Léon Blum, des accords Matignon par les représentants du patronat et
du monde ouvrier.
Ce chapitre s’intègre dans un thème 1 portant sur les fragilités des démocraties, l’affirmation des totalitarismes
et la Seconde Guerre mondiale entre 1929 et 1945. Nous verrons que la crise de 1929 joue un rôle essentiel dans
la fragilisation des démocraties (notamment en Amérique latine) et dans l’affirmation des totalitarismes qui
mène à la Seconde Guerre mondiale.
La logique du chapitre
Le chapitre suit un ordre logique fondé sur la chronologie. Faisant alterner études et points de passage, il
évoque la crise de 1929 aux États-Unis, sa diffusion dans le monde puis en Amérique latine (point de passage)
avant de mettre en avant deux de ses principales conséquences : la victoire électorale de Franklin Delano Roo-
sevelt à l’élection présidentielle de 1933 et la mise en œuvre de la politique du New Deal (point de passage) ; la
signature, en juin 1936, des accords Matignon au lendemain de la victoire de la coalition de Front populaire au
printemps 1936 (point de passage).
La leçon, placée à la fin des études et des points de passage, permet d’opérer la synthèse des informations et de
faire un point méthodique sur la problématique d’ensemble du chapitre.
Les trois doubles-pages qui suivent permettent à l’élève de mettre en œuvre les méthodes attendues pour le
baccalauréat, sous la forme d’analyses de documents et de questions problématisées, mais aussi de réviser le
chapitre à l’aide d’un schéma, de portraits des principaux acteurs, de dates clés, de notions à maîtriser mais
aussi de questions permettant de mémoriser l’essentiel de la leçon.
spéculation, elle est d’origine boursière puis s’étend d’actions sont vendues – le volume usuel quotidien est
progressivement à l’ensemble de l’économie. Ses consé- de 4 millions de transactions – et les cours s’effondrent.
quences sur la société sont dramatiques : elle ruine des La panique gagne la bourse puis l’ensemble des États-
millions d’Étatsuniens et favorise l’émergence d’un chô- Unis. Une foule immense, inquiète, se rassemble devant
mage de masse. Près d’un quart de la population active la bourse de Wall Street à New York. Le krach s’amplifie
est sans emploi en mars 1933. le mardi 29 octobre, le « Mardi noir », avec 16 millions de
Synthèse
Surproduction
Baisse des salaires
Chômage de masse
Ses conséquences politiques Instabilité politique
Coups d’État
Essor du populisme
Roosevelt 7 juin 1936. Les accords Matignon sont donc signés par
trois catégories d’acteurs :
– les représentants de la CGPF, principal syndicat
patronal de l’époque mené par l’industriel de la
Crise de 1929 chimie, René-Paul Duchemin, et Pierre-Ernest Dal-
bouze, dirigeant d’une entreprise de construction
pp. 28-30 Exercices BAC aussi à la frénésie d’investissement boursier qui touche
la population du fait de la possibilité offerte aux parti-
Analyse de document p. 28 culiers d’acheter des actions à crédit, le remboursement
s’opérant mécaniquement grâce aux gains offerts par la
Introduction hausse anticipée du cours des actions. Les cours de la
Le document est extrait d’un livre publié en 1947 par bourse de New York auraient en effet été multipliés par
Paul Reynaud. L’auteur, né en 1878 à Barcelonnette trois dans la décennie 1920, soit une croissance d’envi-
dans les Basses-Alpes, est alors âgé de 69 ans. Connu ron 12 % par an.
pour avoir été le dernier président du Conseil avant le
S’il ne fait aucune référence aux effets de la Première
maréchal Pétain, qui le remplace le 16 juin 1940, Paul
Guerre mondiale – coût de la guerre pour les États
Reynaud, avocat de profession, est un homme politique
européens, déséquilibres monétaires et budgétaires –,
modéré qui a siégé dans plusieurs ministères sous la
Paul Reynaud signale la surproduction qui touche cer-
IIIe République. Spécialisé dans l’étude des questions
tains secteurs et provoque une chute des prix agricoles
économiques et de défense nationale, il est nommé
et des matières premières à partir de 1925 (l. 5-6) ainsi
ministre des Finances dans le deuxième gouvernement
que les difficultés de certains secteurs, comme l’indus-
Tardieu, de mars à décembre 1930. Ce diplômé de l’École
trie automobile (l. 8), l’une des activités pourtant les plus
des hautes études commerciales doit alors faire face à la
dynamiques depuis le début des années 1920 (la produc-
chute boursière et à la crise financière qui s’ensuit. C’est
tion passe de 2 à 5 millions entre 1920 et 1929).
fort de cette expérience qu’il évoque, dans cet extrait,
les origines mais aussi les conséquences économiques, C’est ainsi dans un ciel où s’amoncellent « les nuages
sociales et politiques de la crise de 1929 aux États-Unis noirs » qu’éclate « l’orage » (l. 7). Au-delà de l’usage de
et dans le monde. cette métaphore climatique, Reynaud reprend à son
compte la chronologie classique qui fait du « Jeudi noir »,
I. Les causes et les débuts de la crise aux États-Unis le jeudi 24 octobre, le début de la crise, omettant néan-
Comme nombre d’observateurs, Paul Renaud souligne moins d’évoquer le record de transactions que connaît
le rôle de la spéculation dans le déclenchement de la Wall Street le mardi 29 octobre : il s’échange alors
crise. Il relève ainsi l’essor du cours des actions entre 16,4 millions d’actions contre 12 millions lors du Black
Histoire Tle © Hatier, 2020.
1927 et octobre 1929, évoquant des « bénéfices prodi- Thursday. Le député du Nord insiste, pour terminer, sur
gieux faits en dormant » (l. 2-3). Son constat renvoie au l’importance des événements de Wall Street. Il parle de
climat d’euphorie qui règne aux États-Unis à la fin des « coup de gong » et n’hésite pas à parler du krach boursier
années 1920, au terme d’une décennie presque ininter- comme d’« un des plus grands événements de l’histoire
rompue de croissance stimulée par le développement du monde » (l. 13). On reconnaît ici l’observateur avisé
des industries automobile, électrique ou chimique, mais de la vie économique et internationale, celui qui, dès
l’échelle de la planète. Évoquant la mondialisation de la l’identité du journaliste est inconnue, l’affiche a été réali-
crise (« La crise atteignit le monde entier », l. 35), Paul sée par Léon Blot pour le compte de l’organisation Ordre
Reynaud souligne l’interdépendance des économies et et bon sens, proche de la droite libérale et des milieux
les mécanismes de diffusion de la crise (l. 15-16 : « Autour patronaux. Les deux documents sont contemporains
du globe, les pays agricoles ruinés ne purent acheter des débuts du Front populaire et de la mise en place
les produits des pays industriels qui furent ruinés à leur du gouvernement de Léon Blum. L’article est publié le
La crise de 1929 est une crise mondiale car elle part des
Steinbeck a immortalisé dans Les Raisins de la colère
États-Unis et se diffuse progressivement à l’ensemble de
la détresse des fermiers étatsuniens ruinés par la
la planète.
chute des prix agricoles et des matières premières.
A. La naissance aux États-Unis Aux États-Unis, un quart de la population active est
Elle débute le jeudi 24 octobre 1929 à la bourse de sans emploi en 1933.
sociales que politiques. La chute des cours des matières Les conséquences politiques diffèrent aussi. Si aux États-
premières et des produits agricoles ruine les paysans Unis la crise économique favorise la victoire de Roosevelt
tandis que la multiplication des faillites commerciales et de la gauche, en Amérique latine elle s’accompagne
et industrielles entraîne un essor du chômage de masse. d’une multiplication des coups d’État. La démocratie
En Amérique latine et en Europe, la dégradation de la reste solide aux États-Unis, mais elle vacille dans un
situation économique et sociale met en péril la démo- continent latino-américain tenté par les dictatures.
rhétorique guerrière, les Américains à « prendre les patronat et le monde ouvrier en France le 8 juin 1936 ?
armes ». Ce sont les accords Matignon.
Il met en avant sa différence avec Hoover et les républi- 10. Citez trois avancées sociales votées par le Front
cains : « Oui, j’ai un programme très clair pour créer de populaire en 1936.
l’emploi… » (l. 23) puisque l’État va jouer un rôle central Les conventions collectives, les deux semaines de congés
dans l’emploi. payés, la semaine de travail de 40 heures.