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MÉMOIRE
PRÉSENTÉ À
L'UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À CHICOUTIMI
COMME EXIGENCE PARTIELLE
DE LA MAÎTRISE EN ÉDUCATION (M.A.)
PAR
CHANSOPHAT YIN
DIPLÔMÉ EN BIOLOGIE DE L'UNIVERSITÉ ROYALE DE PHNOM PENH
(CAMBODGE)
AVRIL 2005
UIUQAC
bibliothèque
Paul-Emile-Bouletj
Mise en garde/Advice
Pour tout dire, l'extension à l'éducation pour tous les enfants cambodgiens leur
permettant d'accomplir au moins le niveau primaire est un instrument efficace qui
apportera un lustre nouveau à la vie des personnes (L'éducation pour tous : Rapport sur
l'évaluation pour l'année 2000, ministère de l'Éducation de la Jeunesse et des Sports du
Cambodge).
RESUME
Plus que jamais, le problème de l'abandon scolaire est une préoccupation partagée
par l'ensemble de la population du Cambodge. Selon les statistiques et les indicateurs de
l'éducation du ministère de l'Éducation de la Jeunesse et des Sports (2001), 12% des
jeunes enfants cambodgiens dans l'ensemble du pays, ont abandonné leurs études au
niveau primaire. Ce problème se traduit par le nombre considérable d'enfants qui, pour
une raison ou pour une autre, ne réussissent pas à acquérir l'ensemble des compétences
enseignées au cours du cycle primaire.
Dans notre recherche, nous nous sommes intéressés de façon spécifique à décrire
les principales causes pouvant provoquer l'abandon des études chez les jeunes enfants
cambodgiens au cycle primaire. Pour tenter d'y répondre, nous avions pour but de tracer
les facteurs familiaux, socioéconomiques et les difficultés scolaires, en particulier la
pauvreté, qui semblent influencer l'abandon scolaire de ces jeunes au Cambodge.
L'enquête auprès de jeunes cambodgiens qui ont abandonné leurs études à l'école
primaire, a été réalisée grâce à l'aide de questionnaires quantitatifs afin d'identifier les
principales causes contribuant à cheminer vers l'abandon des études. La collecte des
données ou l'application de ces questionnaires a eu lieu au cours des mois de mai à août
2004, nous avons interrogé 104 répondants choisis au hasard qui ont abandonné leurs
études primaires, dont 55 filles et 49 garçons, 74 jeunes enfants de zone rurale et 30
jeunes enfants de zone urbaine. L'âge moyen des répondants se situe entre 6 à 14 ans et
plus.
Ill
L'analyse des données recueillies traitait de certains facteurs associés aux enfants
pauvres cambodgiens prédestinés à la non-scolarisation. En 2000, le rapport sur la
stratégie de réduction de la pauvreté du Gouvernement du Cambodge affirmait que la
population cambodgienne vivait sous le seuil de la pauvreté : 90,5% habitent les régions
rurales, 7,2% habitent les régions urbaines et 2,3% habitent la capitale de Phnom Penh.
Les résultats de notre étude démontrent aussi que 93,12% des enfants sont plutôt pauvres
parce que le revenu familial de ces jeunes tourne autour de 30 à 150 dollars américains
par mois, ce qui est considéré comme revenu faible par rapport au niveau de vie au
Cambodge. Ainsi, vivre dans un contexte de la pauvreté est sans contredit un facteur
important de l'abandon scolaire. Parmi les principales causes ayant retenu notre attention,
constatons le problème familial, le statut socioéconomique, le milieu où vivent les
enfants, les difficultés scolaires et le redoublement scolaire. Chacune de ces mauvaises
situations peut devenir une cause majeure de l'abandon des études.
Selon cette étude, en effet, les redoublements sont fréquents à l'école primaire, en
particulier dans les petites classes. Sur la base de nos données, nous estimons que le taux
de redoublement est de 15,38% en première année d'études et de 22,11% en sixième
année. De manière générale, toutefois, le redoublement scolaire tend à être répandu en
première et en dernière année du cycle primaire cambodgien. Ce redoublement scolaire
désastreux entraîne le découragement et le manque de motivation et, pour plusieurs
jeunes enfants, c'est un point tout à fait déterminant quant à la décision d'abandonner
l'école à partir du niveau primaire.
de parents d'élèves si on élargit leur rôle. Ils ont leur mot à dire sur les services éducatifs
offerts à leurs enfants et doivent être associés aux mécanismes communautaires de
l'école.
Il faut offrir une prise en charge adaptée aux enfants ayant quitté l'école, enfants
parmi les plus pauvres et les plus vulnérables et les mener vers une vie d'adulte
responsable dans le respect et la promotion des traditions culturelles et des valeurs
khmères.
« La nation est constituée de familles et c'est parmi les enfants qu'elle recrute ses
chefs. »
REMERCIEMENTS
RESUME ii
REMERCIEMENTS v
INTRODUCTION 1
1.1 CONTEXTE 5
1.2 PROBLÉMATIQUE 21
CONCLUSION 106
ANNEXES 118
LISTES DES ANNEXES
Source : Pich Sophoan, (2003). Destruction et reconstruction de l'éducation au Cambodge. Directeur, Éducation et
formation supérieure technique et professionnelle, Ministère de l'éducation, de la jeunesse et des sports, Phnom Penh.
de la classe de lere année et de l'abandon scolaire chez les élèves de la classe de 4e année
et de 5e année. En somme, 63,4% de la population totale n'ont pas terminé leurs études
primaires.
Officiellement, l'école est obligatoire, mais elle est accessible à peu d'enfants
pour les raisons suivantes : le manque de professeurs et d'écoles, les parents qui
préfèrent voir leurs enfants les aider pour les travaux domestiques plutôt qu'aller à
l'école, le coût de l'école : en effet, bien qu'officiellement l'école soit gratuite, les
professeurs étant sous-payés « (25 dollars américains par mois alors que le montant de
150 dollars américains est un minimum pour faire vivre une famille de 4), ceux-ci en
viennent à faire payer les élèves pour pouvoir vivre de leur métier et aussi la malnutrition
chronique et les maladies parasitaires ou autres empêchent les enfants de suivre
correctement » (2) .
Donc, l'abandon scolaire est une occasion manquée pour les individus, les
communautés, les nations et les régions entières du monde. Il empêche les pays en voie
de développement de tirer le meilleur parti de leurs ressources et frappe surtout les
groupes les plus vulnérables de la société tel le Cambodge.
* Source : Ministère de l'Éducation de la Jeunesse et des Sports du Cambodge, 1998. Système éducatif au Cambodge
Phnom Penh : UNICEF / Sida.
^ Source: UNESCO, 1998. Occasion perdues : Quand l'école faillit à sa mission. Paris: secrétariat du forum
« Éducation pour tous ».
Ainsi, cette présente étude s'avère très intéressante pour une description complète
des facteurs pouvant provoquer l'abandon scolaire au niveau primaire au Cambodge.
Nous allons réaliser une recherche descriptive en utilisant une enquête par questionnaire
pour la collecte de données. Cette recherche est limitée à l'étude des facteurs de
l'abandon scolaire au niveau primaire tels que les facteurs familiaux, socio-économiques
et les difficultés scolaires.
Le deuxième chapitre présentera le cadre théorique sur lequel s'appuie cette étude
concernant les facteurs familiaux, socio-économiques et scolaires qui semblent être
importants dans l'abandon des études au Cambodge.
CONTEXTE ET PROBLÉMATIQUE
1.1 CONTEXTE
I.4OS
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IHAJLAND
Banted)» Meanchey
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:
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Le Cambodge avec sa réalité, sans tenir compte des galets retouchés découverts
dans la vallée du Mékong, témoigne d'une installation humaine remontant bien avant
l'ère chrétienne. Les Khmers ou Cambodgiens représentent le peuple le plus
anciennement établi dans la péninsule indochinoise. Ses débuts historiques nous sont
connus par les annales dynastiques chinoises, puis par les documents lapidaires.
Fondé au 1er siècle de l'ère chrétienne, le Royaume de FUN AN, dont on a situé
approximativement le centre dans l'ancienne Cochinchine et le sud du Cambodge actuel,
était établi sur le delta et le cours moyen du Mékong pendant plus de cinq siècles, et fut
conquis au VIe siècle par les «Kambuja», ancêtres des Khmers. Avec les techniques les
plus diverses, l'écriture, les lois et les religions et ses ressources naturelles (poissons et
riz), le Cambodge, petit royaume, se transforme en vaste empire terrien qui connaît, sous
Jayavaraman VII (1181-1218), sa plus grande extension. À cette époque, outre les pays
Khmers proprement dits, il comprend les actuels territoires de la basse Birmanie, du
Laos, de la Thaïlande, une partie de la péninsule malaise et la quasi-totalité du Vietnam
méridional. Conduit pendant des siècles par des rois conquérants et bâtisseurs, adeptes de
Çiva, de Visnu et du Bouddha de rite Mahayana, qui fondèrent la civilisation angkorienne
et lui donnèrent un éclat incomparable, le peuple cambodgien s'est converti au XIVe
siècle au bouddhisme de rite Théravada, religion qu'il a conservée jusqu'à aujourd'hui.
Mais les luttes intestines au sommet de l'Empire ont affaibli le royaume, ce qui permit à
d'ambitieux voisins d'en tirer avantage (Jacques C , Le pays Khmer avant Angkor,
Dossiers Histoires et Archéologie, n° 125, mars 1988).
Selon l'Histoire Khmère (Troeung Gnea, partie 2, 1974), la capitale, Angkor, est
prise par les Siamois en 1353 puis en 1431; elle est abandonnée au milieu du XVe siècle
et sa civilisation, fondée sur une riziculture intensive, s'est alors effondrée. À la fin du
XVIe siècle, le Cambodge devient le vassal du Siam (Thaïlande actuelle) et sert de terrain
de bataille entre Siamois et Vietnamiens qui finissent de coloniser le delta du Mékong au
XVIIIe siècle. En 1845, Siamois et Vietnamiens, las de tenter chacun de leur côté de
s'emparer du royaume s'accordent pour placer le Cambodge sous un condominium. La
conquête de la Cochinchine par la France a permis à ce pays occidental, en 1863, de
substituer son protectorat à celui du Vietnam et à celui du Siam. Sous son protectorat
(1863-1953), la France s'attache plus à la protection et à la survie du royaume qu'à son
développement économique. Elle récupère pour le Cambodge à l'Ouest les provinces de
Battembang et d'Angkor (province de Siem Reap) et fixe à l'Est une nouvelle frontière
qui arrête l'expansion du Vietnam.
Progressivement développé et modernisé après avoir obtenu le 9 novembre 1953
son indépendance politique et économique, grâce à une « neutralisé active » menée par
son souverain d'alors, Norodom Sihanouk, le Royaume du Cambodge tombe dans la
guerre civile en 1970. Le coup d'État militaire du 18 mars 1970 renverse le prince
Sihanouk et entraîne le pays dans une guerre qui aboutit à l'installation au pouvoir des
Khmers Rouges qui, le 17 avril 1975, sous l'idéologie d'une révolution radicale, se
livrent à un génocide.
Les Khmers Rouges ont envoyé des citadins, tous, à la campagne. Ils étaient
dispersés dans les quatre coins du pays. Maintenant, tout le monde devait savoir comment
cultiver le riz. Et non seulement ils avaient des travaux forcés dans les rizières, mais aussi
ils devaient creuser les canaux pour se faire des provisions d'eau servant pendant la
saison sèche (système adopté par la doctrine maoïste). Même s'ils travaillaient très fort,
ils n'avaient presque rien à manger. Résultats : plus de deux millions de personnes sont
mortes sur une population totale de sept millions d'habitants. À ce moment-là, toutes les
écoles étaient fermées et presque tous les documents scolaires et administratifs ont été
aussi brûlés. C'étaient des situations extrêmes qui ont endommagé notre système
éducatif.
Nous avons traversé à partir des années 70, cinq régimes différents. De 1970 à
1993, pendant ces 23 ans (l'espace d'une génération) ce pays a vécu de façon quasi
permanente dans la guerre : une guerre civile entre factions politiques et bandes armées,
entretenue par les pays voisins, et attirée autant par le conflit Est-Ouest que par les
rivalités asiatiques; une guerre multiforme qui réduit le Cambodge à l'état de marché
pour les négociants de canons et de terrain d'expérimentation pour les armes des plus
sophistiquées aux plus lâches (mines antipersonnelles). Cette guerre a fait du pays un
laboratoire où se sont succédés les régimes idéologiques et politiques : République
Khmère (1970-1975), Kampuchea Démocratique connu sous la dictature nationale
maoïste de Khmers Rouges (1975-1979), République du Kampuchea (1979-1989), État
du Cambodge (1989-1993) et depuis 1993, Royaume du Cambodge. Nous sommes
maintenant dans un pays libre et démocratique.
10
Parmi les autres objectifs fixés par la conférence nationale sur l'éducation, qui
s'est tenue en août 1993, figurent la scolarisation des enfants rapatriés, l'amélioration de
la qualité de l'éducation, la révision des programmes et la réforme de l'administration du
système éducatif.
Pour l'instant, la structure administrative est très fluide, mais elle évolue dans le
sens de la centralisation. Actuellement, le système éducatif est fortement décentralisé et
sa gestion assurée à trois niveaux. Au niveau central, le ministère de l'Éducation de la
Jeunesse et des Sports assume la responsabilité générale de l'élaboration des politiques
nationales et des directives concernant les programmes. Comme il a été mentionné plus
haut, plusieurs établissements de l'enseignement supérieur et de l'enseignement
technique et professionnel dépendent de ministères techniques (ministère de l'Éducation,
ministère de la Santé, ministère de l'Agriculture, ministère de la Culture et des Beaux-
arts). Ces établissements devraient pour la plupart être placés sous la supervision du
nouveau ministère de l'Éducation pour permettre une meilleure coordination de la
politique et de la planification de l'enseignement supérieur. Au niveau local, les
administrations des provinces et des districts constituent les deux autres échelons, chargés
respectivement de l'enseignement secondaire (premier cycle et deuxième cycle) et de
l'enseignement primaire. Dans le passé, les autorités centrales n'ont exercé qu'un
contrôle sur les administrations locales de l'éducation, mais la situation maintenant est en
train de changer. Le rôle du ministère dans l'élaboration de la politique de l'éducation,
13
qui était limité presque exclusivement aux aspects pédagogiques (programmes scolaires,
production des manuels), sera étendu à l'avenir.
FIGURE 2
Organigramme du ministère cambodgien de l'Éducation, de la Jeunesse et des Sports
Ministre
Secrétaire d'État
Sous-Secrétaire d'État
Cabinet du
Conseiller Conseil
Direction générale de Direction générale Direction générale Direction générale Direction générale
l'éducation de la jeunesse et de l'éducation de l'administration de l'inspection
supérieure, technique des sports et des finances
et professionnelle
Département de la
Département de Département de Département du Inspection de
formation et de la
l'éducation l'éducation personnel l'administration
pédagogie
physique et secondaire et des finances
" ~\ sportive
Département de
l'éducation
technique et de la Institut national Département de Département des
formation de l'éducation l'éducation non- finances
professionnelle physique et formelle
sportive
Département de
Département de la Département de la relation
recherche l'éducation de culturelle et des
scientifique santé bourses
Département des
matériaux et des
biens d'état
Département de
la planification
Aujourd'hui encore, le système éducatif au Cambodge reste très fragile. La loi sur
l'éducation est devenue la première des priorités pour le ministère de l'Éducation de la
Jeunesse et des Sports car le pays ne possède pas de structures solides en terme de
législation lui permettant d'avoir une vision à long terme. De ce fait, le ministère est
déterminé à moderniser le système éducatif et à améliorer l'accès à l'éducation pour les
enfants des zones de plaines et des régions reculées, en particulier les filles et les groupes
défavorisés ou vulnérables.
primaire fixant des cibles réalistes pour la scolarisation des enfants de trois à cinq ans.
Cette politique devrait spécifier les nonnes minimales et les directives à suivre sur le plan
de l'enseignement pré-primaire et de l'inspection pédagogique. Elle devrait préciser le
point de vue du Gouvernement royal du Cambodge concernant le développement des
jardins d'enfants et des écoles maternelles privées.
En tout état de cause, les six premières années de vie de l'enfant sont
déterminantes pour son développement, ses capacités d'apprentissage futures et sa
réussite scolaire. La mise en place de structures adaptées aux besoins des enfants de 2 à 6
ans est aujourd'hui une nécessité au Cambodge. Cependant, les écoles maternelles peu
nombreuses et les méthodes pédagogiques utilisées sont très formelles et ne favorisent
pas le développement du potentiel de chaque enfant (selon le Rapport annuel sur
l'évaluation pour tous en 2002, ministère cambodgien de l'Éducation, de la Jeunesse et
des Sports).
8
9
3
5
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7
4
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14
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10
A,
e
o
Éducat e base oi oire 3end
Éducation supéri eu re
9 ans
Classe Lycée
maternelle
U
"o
Primaire Instituts et Unive rsité!
Classe de 2e
Classe de 3e
Classe de 4e
Classe de 9e
Classe de 6e
Classe de 7e
Classe de 8e
Classe de 5e
Classe de 10e
Classe de I l e
Classe de 12e
Classe de 1er
Sciences économiques
. Université royale
Examen entrée
Classe supérieure
Classe élémentaire
d'agriculture
Examen
Classe intermédiaire
. Université royale de
Examen
Phnom Penh
. Faculté de Commerce
. Université de
Maharishei Veit
. Faculté de Pédagogie
Système éducatif du Cambodge
Communauté
1 de la maternelle
c
eo
FIGURE 4
Nombre de périodes hebdomadaires par matière et par classe d'âge
Langue khmère 14 12 12 11 8 8
Langue étrangère (anglais ou français) 3 3
Mathématiques 5 5 5 5 5 5
Science 2 3 3 3 3 3
Histoire-géographie 2 2 2 2 2 2
Éducation civique 1 2 2 2 2 2
Arts 2 2 2 2 2 2
Technologie 1 1 1 2 2 2
Éducation physique et sportive 1 1 1 1 1 1
Autres activités 1 1 1 1 1 1
Total 30 30 30 30 30 30
^Source : Ministry of Education, Youth and Sport (2000). Education For All (EFA) the year 2000 assessment. Phnom
Penh : National EFA group.
19
De l'autre côté, les conditions de vie des enseignants ne sont pas très bonnes : bas
salaires, mauvaises conditions de travail, peu de qualification et faible reconnaissance
sociale. Actuellement, le niveau de formation des maîtres est globalement insuffisant.
L'enseignement scientifique de base reste très formel.
L'enseignement du français a été réintroduit à partir de 1985 dans une seule classe
unique au sein de l'École des langues (russe et vietnamien). Cette classe est devenue plus
tard l'embryon du département d'Études Francophones, de l'Institut des langues
étrangères de l'Université Royale de Phnom Penh.
Depuis son ouverture vers le monde occidental en 1990, le Cambodge s'est trouvé
face à un dilemme linguistique, à savoir le choix entre le français et l'anglais. Certains
dirigeants francophones tenaient à conserver le français et d'autres non francophones
tendaient à préférer l'anglais. Un compromis a été trouvé : les deux langues étrangères
sont enseignées côte à côte à partir du secondaire du premier cycle (et officiellement à
parité). Dans la Constitution du Royaume du Cambodge, le français et l'anglais ont le
même statut. En pratique, l'anglais a une diffusion plus importante dans la vie
quotidienne et, pour ce qui est de l'enseignement, en particulier dans les écoles tournées
vers la gestion et l'informatique; le français reste parlé par les personnes qui ont fait leurs
études dans cette langue et continue à être important en Médecine, en Droit, et dans les
matières scolaires du secondaire grâce à la création de filières francophones mise en
œuvre conjointement par le département d'Étude Francophone et par l'AUPELF-UREF(5).
(5
^ Association des Universités partiellement ou Entièrement de Langue Française-Université des Réseaux d'Expression
Française.
21
II convient de noter que, depuis les accords de Paris en octobre 1993, certains
pays et agences de coopération internationale interviennent au Cambodge dans les
domaines de l'éducation et de la reconstruction de l'État de droit. Dans certains
programmes qu'ils proposent, la connaissance du français est indispensable. À
l'heure actuelle, la quasi-totalité des établissements supérieurs du Cambodge, tels
que l'Institut de Technologie du Cambodge, la faculté de Médecine, la faculté de
Droit, l'Université des Beaux-arts, l'école Royale d'Administration, utilisent le français,
comme langue d'enseignement grâce à l'appui de ces programmes internationaux. Le
Khmer reste pourtant la langue officielle de l'enseignement au Cambodge.
1.2 PROBLÉMATIQUE
L'abandon scolaire est un grand problème qui nous concerne tous. Il frappe les
élèves concernés d'un lourd tribut personnel et absorbe une grande partie des ressources
limitées de l'éducation. Il y a toujours eu des élèves qui se sont retirés du système
scolaire cambodgien. Mais de nos jours, dans la région, avec le développement
technologique et le milieu de travail exigeant une formation scolaire beaucoup plus
poussée et adéquate, l'abandon scolaire prend une signification toute différente, dès lors,
problématique.
Nous cherchons de façon plus spécifique à faire une étude descriptive des
principales causes de l'abandon scolaire au niveau primaire au Cambodge.
22
Au Cambodge, l'abandon scolaire fait référence dans cette étude, à certains jeunes
qui abandonnent l'école avant d'avoir acquis un niveau d'instruction suffisant, c'est-à-
dire, avant d'avoir obtenu un certificat d'études primaires. Nous ne faisons pas mention
de ceux qui n'ont pas eu accès à l'école, parce qu'ils habitent dans des régions reculées
des grandes villes et ceux qui proviennent des familles démunies.
Notre recherche porte sur l'abandon scolaire chez les jeunes enfants cambodgiens
qui quittent l'école au niveau primaire, malgré la Constitution du Royaume du Cambodge
qui énonce : « Le droit des citoyens à une éducation de qualité et fixe la durée de scolarité
obligatoire à neuf années pour tous les enfants, c'est-à-dire, de 6 ans à 15 ans ou 16 ans,
de manière à ce que tous les citoyens aient des chances égales de gagner leur vie ». D'un
autre côté, au Québec, on ne peut pas parler d'abandon scolaire au primaire parce que la
Loi sur l'instruction publique rend obligatoire la fréquentation scolaire; « Tout enfant qui
est résident du Québec doit fréquenter une école à compter du premier jour du calendrier
scolaire de l'année scolaire suivant celle où il a atteint l'âge de 6 ans jusqu'au dernier
jour du calendrier scolaire de l'année scolaire au cours de laquelle il atteint l'âge de 16
ans ou au terme de laquelle il obtient un diplôme décerné par le Ministère, selon la
première éventualité» (Loi et règlements sur l'éducation, Vol 1, Éditeur officiel du
Québec, 1991).
Legendre, 1993 (voir Simard, 1997) estime que l'abandon scolaire fait référence
à la personne qui quitte l'école en cours d'études sans terminer le cycle commencé, donc,
l'élève quitte l'école avant la fin de la période de l'obligation scolaire.
(6
' Selon le ministère de l'Éducation de la Jeunesse et des Sports (2002). Education statistics & indicators. Phnom
Penh : EMIS Center, Department of Planning.
24
Par ailleurs, c'est dans ce contexte que ce pays pauvre tente de se relever, affaibli
par une corruption générale qui est, entre autres, explicable par le faible niveau de vie des
fonctionnaires. Le mauvais niveau de vie de la famille oblige de jeunes enfants
cambodgiens à abandonner leurs études pour aider la famille avant d'acquérir l'éducation
à l'école secondaire. Donc, la famille semble être un facteur important dans l'abandon
scolaire au Cambodge.
D'ailleurs, les élections du nouveau gouvernement en mai 1993 ont permis une
croissance accélérée dans l'aptitude du gouvernement à faire redémarrer les systèmes
politique, économique, juridique, social et éducatif. L'aide a commencé à arriver au
compte-goutte et plusieurs pays ont offert l'assistance au Cambodge. Toutefois, les
structures civiles étaient tout à fait incapables de traiter les demandes des bailleurs de
fonds et les besoins massifs en développement des ressources humaines et en
reconstruction du pays. Nous estimons qu'après une décennie de mise en opération, il est
très utile d'étudier les effets de la formation des enfants au Cambodge. Le fait est que le
problème de l'abandon scolaire au niveau primaire, qui est au cœur de cette étude, a été
influencé par la pauvreté toujours présente dans le domaine de l'éducation. Moreau
(1995) illustre qu'une des conséquences majeures de la pauvreté est de conduire à la
marginalisation et à l'exclusion sociale. Certains ne participent pas à la vie collective.
Pour les enfants, cela se traduit souvent par une non-participation à la vie sociale.
25
Le problème de l'abandon scolaire est une occasion manquée pour les individus
des communautés, des nations et des régions entières du monde. Elle empêche les pays
en voie de développement de tirer le meilleur parti de leurs ressources et frappe surtout
les groupes les plus vulnérables de la société. L'un des plus grands dangers qui menacent
le monde actuel est l'augmentation du nombre d'individus qui ne peuvent pas participer
activement à la vie économique, sociale, politique et culturelle de leur communauté.
Lorsque des masses critiques d'individus ou de groupes sont marginalisées, la société
elle-même se divise (8). D'un point de vue éthique et économique, il est donc absolument
nécessaire de connaître certains facteurs scolaires spécifiques provoquant l'abandon des
études à partir du niveau primaire afin de réduire l'abandon scolaire.
(7)
Source : Ministère de l'Éducation de la Jeunesse et des Sports du Cambodge (1994). Séminaire national sur
l'éducation au Cambodge. Document établi avec l'aide de l'UNESCO, en collaboration avec l'AIDAB (Australie)
et l'UNICEF.
^ Source : L'UNESCO (1998). Occasion perdues : Quand l'école faillit à sa mission, l'abandon et le
redoublement dans l'enseignement primaire. Paris : secrétariat du forum « Éducation pour tous ».
27
Tableau 1
Estimation des taux nets de scolarisation de l'enfant par tranches d'âge du primaire
de l'année scolaire 1996-1997 à l'année scolaire 1998-1999
Selon l'UNESCO (1998), sous une autre forme moins frappante, l'abandon
scolaire concerne aussi les élèves qui ont effectué des études primaires mais n'ont pas
réussi à acquérir les connaissances et les compétences intellectuelles, sociales, culturelles,
éthiques que l'école doit dispenser. D'après des enquêtes menées aussi bien dans les pays
industrialisés que dans les pays en voie de développement, il ressort, par exemple, qu'une
proportion substantielle d'enfants achèvent leurs études primaires sans même avoir
acquis une maîtrise appropriée de la lecture. Les enfants qui n'ont jamais accès à l'école
et ceux qui sont scolarisés mais n'atteignent jamais un niveau d'instruction adéquat
représentent une perte tragique pour le potentiel humain, social et économique des pays
concernés.
(9)
Déperdition scolaire : Gaspillage de matériel et de temps pour les systèmes éducatifs et de formation ainsi que
pour la société dans son ensemble, occasionné par les problèmes de redoublement et, ou d'abandon en cours
d'études (Legendre, Renald. 1993. Dictionnaire actuel de l'éducation. Montréal : Guérin; Paris : Eska.
29
Le redoublement est une autre forme de la déperdition scolaire. Dans les pays en
voie de développement en particulier, c'est souvent le prélude à l'abandon des études.
Les systèmes scolaires du monde entier appliquent des politiques très différentes vis-à-vis
des élèves qui ne réussissent pas à maîtriser le travail propre à un niveau donné. Dans la
plupart des pays, tant développés qu'en développement, même le Cambodge, les
enseignants sont obligés de faire redoubler les élèves afin de leur donner un surplus de
temps pour assimiler ce qu'ils n'ont pas réussi à maîtriser la première fois (UNESCO,
1998). Le redoublement est ainsi considéré comme une solution pour ceux qui sont lents
à apprendre. Cette pratique est très courante en première année en raison de la conviction
de l'importance d'un bon départ dans la vie scolaire. Le redoublement scolaire de la
dernière année de primaire est toutefois également fréquent dans le Cambodge où l'entrée
dans le secondaire repose sur un examen de fin d'études primaires.
Donc, le redoublement scolaire engendre plus de problèmes qu'il n'en résout. Les
enfants passent alors dans la classe supérieure même s'ils ne maîtrisent pas
l'enseignement du niveau inférieur. Pour certains enseignants, les élèves qui n'ont pas
appris quelque chose du premier coup ont peu de chances de tirer parti d'un
redoublement. En effet, le ministère de l'Éducation de la Jeunesse et des Sports du
Cambodge, dans L'éducation au Cambodge (1999), espère pouvoir réduire le taux de
redoublement scolaire par l'augmentation des heures d'études au primaire car la balance
du nouveau système d'éducation de 12 ans (6+3+3) est tout à fait semblable à celle des
pays voisins dans la région. Par contre, jusqu'à maintenant, le taux de redoublement
scolaire dans la classe de première année est plus élevé (40,9%) tandis que le taux de
30
Tableau 2
Taux de redoublement scolaire à l'enseignement primaire
d'autres. Au Cambodge, par exemple, où quatre élèves sur dix sont redoublants, la
Banque asiatique de développement a estimé que les services qui leur sont dispensés
nécessitent 10 000 enseignants supplémentaires et 5000 classes de plus soit 20% du stock
existant ^ \ En outre, lorsque beaucoup d'élèves redoublent une même année, les
effectifs deviennent anormalement élevés et les conditions d'enseignement et
d'apprentissage sont difficiles pour tout le monde.
(11)
Cette déperdition a une lourde incidence à long terme sur l'analphabétisme des
adultes. Il est largement reconnu que les jeunes enfants cambodgiens qui abandonnent
l'école avant d'avoir acquis les compétences de base en écriture, en lecture et en calcul
retombent fréquemment dans l'analphabétisme après avoir quitté l'école un certain
temps. Selon une estimation basée sur L'éducation pour tous en 2000 (voir le tableau 3),
32% des adultes analphabètes (de 15 ans et plus) constituant la population cible des cours
d'alphabétisation dans le Cambodge entre 1990-2005, seraient composés du reliquat
d'adultes d'analphabètes au début de cette période. Ce sont les enfants atteignant 15 ans
dans l'intervalle de temps et n'ayant jamais eu accès à l'éducation ou ayant abandonné
leur scolarité avant la sixième année du cycle primaire.
Tableau 3
Taux cambodgien de l'alphabétisation à l'âge de 15 à 24 ans (1990-1998)
Taux d'instruction (°/4)
Année National Urbain Rural
Total Garçon Fille IPIG* Total Garçon Fille IPIG Total Garçon Fille IPIG
1990 u 60,0 75,0 46,4 0,6 73,5 85,5 62,4 0,7 57,4 72,1 43,9 0,6
1994 1J 67,0 76,5 58,2 0,8 75,5 87,0 64,4 0,7 65,4 74,5 56,9 0,7
1996 14 71,5 82,6 60,5 0,7 76,5 87,5 66,3 0,8 70,0 81,7 56,9 0,7
1998 15 75,0 83,8 67,2 0,8 77,0 88,5 66,4 0,8 74,6 80,8 68,9 0,9
(10)
Source : Rapport annuel de l'éducation pour tous en 2000. Ministère de l'Éducation du Cambodge.
(11
^ Analphabétisme : État d'une personne qui ne peut ni lire ni écrire, en le comprenant, un texte simple, ayant
trait à sa vie courante. L'analphabétisme ne doit pas être confondu avec l'ignorance (L'UNECSO, 1998).
(12)
Département de l'éducation non-formelle (ministère de l'Éducation), Institut de la statistique nationale (ministère
de la planification).
' 13 ' Étude socio-économique du Cambodge (1994), Institut de la statistique nationale (ministère de la
planification).
r 4)
' IBID
' 15 ' Étude socio-économique du Cambodge (1996), Institut de la statistique nationale (ministère de la
planification).
32
(16)
Malgré tout, il n'en demeure pas moins que les groupes d'alphabétisme au
Cambodge ont abandonné leur scolarité pour différentes raisons et que cela demeure un
problème grave à considérer. Ainsi, la persistance de forts taux de déperdition ci-dessus
impose un lourd tribut aux systèmes éducatifs mais aussi aux individus et aux sociétés
qu'ils servent.
Sous une forme visible et criante, la déperdition scolaire concerne les élèves qui
commencent leurs études mais les abandonnent avant d'avoir atteint un niveau durable de
lecture, d'écriture et de calcul.
' l 6 ' Alphabétisme : Aptitude d'une personne à lire et écrire, en le comprenant, un texte simple ayant trait à sa vie
courante. Il recouvre un continuum d'aptitudes en lecture et en écriture et englobe souvent les aptitudes en
arithmétiques également (L'UNESCO, 1998).
33
répandu au Cambodge, se produit dans tous les établissements scolaires à tous les
niveaux. Les facteurs à l'origine de ce phénomène sont liés à la famille, à la société et à
l'école.
Tableau 4
Taux d'abandon scolaire à l'enseignement primaire
En somme, les pertes au niveau des ressources humaines ainsi qu'au niveau
financier, dues à l'échec et à l'abandon scolaire, représentent une grande catastrophe,
aussi bien à court terme qu'à long terme, pour tout le monde. Ainsi certains auteurs
(Langevin, 1994) attirent l'attention sur certains effets très néfastes de ce fléau humain
qui pèse sur la société actuelle tels que le gaspillage d'un potentiel humain, un coût social
34
1.2.4.1 La pauvreté
Au Cambodge, le taux des gens qui vivent au-dessous du seuil de pauvreté s'élève
à deux millions de personnes au moment où le nombre d'agriculteurs atteint 2,5 millions
d'habitants et celui des ouvriers qui travaillent dans les secteurs industriels s'élève à un
(17)
million de personnes, ce qui ne présente que 550 000 personnes . Étant donné que le
Cambodge est un des pays les plus pauvres du monde, les causes de l'abandon scolaire ne
sont pas étudiées et sont souvent attribuées exclusivement à des facteurs externes (Sun
Heng Chenh, 2002). Lorsqu'un élève quitte l'école à partir du niveau primaire, on en
impute premièrement la cause à la pauvreté, à la tradition culturelle, à l'environnement
social, etc. La plupart des acteurs de la société ont la perception suivante : « À quoi
servent les études s'ils n'ont pas de quoi manger ».
Par ailleurs, le Cambodge est un pays meurtri par ses conflits passés. La barbarie,
la violence et les morts sont encore à l'esprit de tous les Cambodgiens. C'est dans ce
contexte que ce pays pauvre tente de se relever, affaibli par une corruption générale qui
est entre autres explicable par le faible niveau de vie des fonctionnaires. Au niveau
familial, la misère morale est grande. Elle se matérialise sous forme de reconstitutions
familiales, de négligence des enfants d'abandon scolaire à partir du niveau primaire.
' 17) Source : Sok Hach (février 2004) : Directeur de l'Institut de l'économie du Cambodge. Séminaire sur le
développement économique, le chômage des Cambodgiens et sur la pénurie de terrains agricoles.
35
Donc, la pauvreté familiale est un grand obstacle pour les jeunes enfants
cambodgiens dans leurs études parce qu'un bon nombre d'enfants ont abandonné leur
scolarisation à mi-chemin au primaire. Selon le journal de Kohsantepheap daté du 20
juillet 2003, certains élèves de la classe de 6eme année ont abandonné leurs études à
l'école primaire de Bak Khèng dans l'année scolaire 2002-2003 afin de trouver divers
travaux pour aider tant bien que mal leur famille, selon le témoignage de M. Paov
Kimheng, directeur adjoint de l'école primaire de Bak Khèng, province de Kandal
(Cambodge).
essentiels répondant aux besoins vitaux : se nourrir, se loger, se vêtir. Du point de vue
social, c'est l'absence de contrôle sur les institutions et la dévalorisation. Du point de vue
culturel, c'est l'imposition des valeurs de classes dominantes, la dépendance, la
frustration. La pauvreté n'est donc pas uniquement une privation de biens matériels mais
aussi une absence de contrôle et de pouvoir social.
Par ailleurs, Langevin (1994) illustre que l'abandon scolaire est avant tout le fait
des jeunes issus de milieux défavorisés, ce qui perpétue le cercle vicieux de la pauvreté,
puisque ces jeunes non scolarisés ne peuvent obtenir que des emplois précaires et sous-
payés. De plus, les enfants pauvres ont une faible estime d'eux-mêmes et ils développent
une méfiance envers la vie. Il existe donc un lien étroit entre scolarité et pauvreté.
Les écrits démontrent largement que la pauvreté a une influence négative marquée
et directe sur les résultats scolaires des jeunes enfants cambodgiens. Elle a certainement
un grand impact sur le statut de la famille et l'abandon scolaire à partir du niveau des
études primaires.
1.2.4.2 L'égalité des chances des enfants dans la poursuite des études
(18)
Source : Education Statistics & Indicators (1998-1999). Ministère de l'Éducation de la Jeunesse et des Sports,
Phnom Penh : EMIS Center, Department of Planning.
37
Mais le plus tragique et le plus injuste c'est que le tiers des enfants cambodgiens
qui ne sont pas scolarisés sont des filles. Qu'il s'agisse de questions de moralité ou de
mortalité, les filles sont privées de leurs droits dès leur plus tendre enfance. S'il faut
choisir entre éduquer un garçon ou éduquer une fille, c'est souvent la fille que l'on garde
à la maison. S'il faut accroître les revenus de la famille, c'est souvent la fille que l'on
envoie travailler. Et même, lorsque les filles vont à l'école, elles doivent souvent
s'occuper des travaux ménagers au détriment de leurs devoirs. Lorsqu'elles sont
enceintes, elles sont souvent contraintes à abandonner leurs études. Les parents ont
tendance à voir dans l'éducation des filles un obstacle au mariage et à la maternité plutôt
qu'un avantage. Rien n'illustre mieux le fardeau de responsabilités qui retombe sur les
filles que les répercussions du sida. C'est le plus souvent aux filles qu'il revient de
s'occuper d'un membre de la famille atteint par la maladie et d'assurer la subsistance du
ménage. Privées d'une éducation de base, elles ne reçoivent aucune information sur les
moyens de se protéger contre le virus ; elles risquent aussi d'être contraintes à des
relations sexuelles précoces et d'être ainsi contaminées. C'est donc à plus d'un titre que
les filles sont durement pénalisées par le manque d'éducation (conférence de Dakar sur
l'éducation pour tous, le 26 avril 2000).
En général, les attitudes à l'égard des rôles placent une importance sur le rôle de
la femme en tant que gestionnaire du ménage et le rôle de l'homme en tant que
fournisseur pour la famille. Par exemple, concernant le statut des femmes en milieu de
travail, la population active est non-éduquée et non-qualifiée : 24,4% de la population
active totale et 31,6% de la population active féminine ne sont pas allées à l'école (selon
l'institut des ressources et du développement du Cambodge, 2001). Cependant, les
attitudes stéréotypées concernant le rôle des genres, évoluant autour des notions que les
hommes travaillent à l'extérieur de la maison et que les femmes en tant qu'épouse et
mère travaillent à la maison, signifient que l'éducation des filles est considérée moins
importante que celle des garçons.
De plus, selon l'enquête sur l'éducation des filles en 1999 par le département de
la planification du ministère cambodgien de l'Éducation de la Jeunesse et des Sports
39
(voir le tableau 5), le Cambodge est un pays qui compte plus de femmes (54%) que
d'hommes. Par contre, l'écart entre le nombre de filles scolarisées et celui des garçons est
encore énorme (selon Sun Heng Cheng, 2002). Bien que le nombre de filles et de garçons
soit égal à la maternelle (50%), celui des filles diminue à 45% à l'école primaire, à 39%
au secondaire du premier cycle, à 27% au secondaire du deuxième cycle et à 14% à
l'enseignement supérieur. Cette situation affecte directement la position des femmes sur
le marché du travail avec moins de femmes que d'hommes dans les postes de
professionnels et de direction pour la société cambodgienne.
Tableau 5
Proportion de filles par niveau d'études
Préscolaire 50%
Primaire 45%
Secondaire du premier cycle 39%
Secondaire du deuxième cycle 27%
Enseignement supérieur (première année) 14%
Tableau 6
Taux net d'inscription des filles par niveau d'études
Pourtant, l'égalité entre les filles et les garçons apparaît comme une réalité
socialement acquise. Toutefois, lorsqu'on aborde le sujet des filles dans un milieu
scolaire, on observe qu'il y a là, un déséquilibre démographique résultant de la guerre et
des troubles civils depuis 1970, et un statut de la femme demeurant substantiellement
plus bas que celui de l'homme.
De l'autre côté, le niveau des salaires dans l'enseignement est trop bas (25 dollars
américains par mois alors que le montant de 120 dollars américains est un minimum). En
plus, le salaire est arrivé en retard de 2 à 3 mois. Et avec le revenu de 25 dollars
américains, on ne peut pas acheter même un sac de riz de 100 Kg. Ce salaire ne suffit pas
à satisfaire d'une manière convenable tous les besoins en logement, en nourriture, en
habillement et autres. En raison du bas salaire, le personnel de l'enseignement ne peut pas
se consacrer entièrement à son travail. Les enseignants doivent subvenir aux besoins de
leur famille. Par conséquent, ils occupent la plupart du temps, un deuxième emploi le
soir. Cela a une influence négative sur la relation entre l'enseignant et les élèves, d'une
part, et l'enseignant et l'établissement scolaire d'autre part, car les enseignants manquent
de temps et de ressources pédagogiques, en plus de se soucier davantage d'eux-mêmes.
'19^ Source : Ministère de l'Éducation de la Jeunesse et des Sports du Cambodge (1994). Séminaire national sur
l'éducation du Cambodge. Phnom Penh : MEJS, en collaboration avec l'AIDAB (Australie) et l'UNICEF.
42
Ces activités d'appoint des employés, qui les soustraient à leur emploi public,
réduisent le temps et l'énergie consacrés au service de l'État. Le travail des enseignants et
des fonctionnaires débute à 7 h 30 du matin, c'est de loin la meilleure heure pour
rencontrer les gens et parler affaires. À 9 h 30, le personnel commence à s'éparpiller et
à 10 h 30 la plupart des bureaux sont déserts et bien souvent fermés. Le travail
reprend à 14 h 30 et se poursuit assez assidûment jusqu'à 16 h 30. Les jours fériés
(chômés essentiellement par les enseignants et les fonctionnaires, tandis que l'activité
commerciale continue de plus belle) sont très en vogue et on les déclare fréquemment au
moindre prétexte. À l'école, l'horaire officiel des classes est de 7 h à 11 h pour le premier
groupe d'élèves et de 13 h à 17 h pour le second, mais il n'est pas rare de voir sur les
routes des enfants qui rentrent de l'école à la maison bien avant 11 h du matin.
Donc, avec une échelle de salaires très réduite, les enseignants ne sont guère
incités à donner le meilleur d'eux-mêmes. Ceux qui sont appelés à former les enseignants
stagiaires sont souvent les meilleurs éléments de la promotion précédente. Il est
impossible de faire venir dans les instituts pédagogiques les enseignants les plus brillants
qui seraient capables de dispenser une bonne formation correspondant aux réalités, car ils
devraient alors s'éloigner des établissements scolaires où ils se procurent leurs revenus
réels en donnant à titre privé des cours payants en dehors des heures de classe. Dans ce
cas, il s'agit de l'éducation de base. La principale difficulté vient du nombre élevé
d'enfants qui s'inscrivent à l'école mais la quittent avant d'avoir acquis un niveau
d'instruction suffisant et, c'est le cas en particulier de ceux qui vivent dans des régions
rurales ou montagneuses reculées ou sont issus de familles pauvres ; ils n'ont pas accès à
l'école primaire. Cette situation représente vraiment un danger pour la société actuelle au
Cambodge.
Durant les années scolaires 1998-1999, le pays avait un total de 5156 écoles
primaires, 355 écoles secondaires du premier cycle et 132 écoles secondaires du
deuxième cycle. Parmi toutes les écoles primaires, seulement 51,7% avaient la gamme
complète des catégories (classe de lere année à 6e année) pour le cycle primaire (voir le
tableau 7). Les enfants qui vivent très loin (2 Km et plus) de l'école avec la gamme
complète des niveaux primaires sont ceux qui ont de la difficulté dans la poursuite de
leurs études. C'est la raison pour laquelle ils abandonnent leurs études.
Tableau 7
Pourcentage de l'existence de chacun des niveaux pour les écoles primaires au Cambodge
Les écoles primaires qui ont les présentes classes lere année 7,2%
2e année 13,0%
3e année 11,2%
4e année 8,2%
5e année 6,8%
6e année 51,7%
Donc, les redoublements sont fréquents à l'école primaire, en particulier dans les
classes débutantes et les abandons nombreux, en particulier chez les jeunes filles. Que
peut-on faire pour que les écoles soient plus efficaces et pour que les enfants soient
scolarisés et mènent à bien au moins le cycle primaire ?
Quels sont les facteurs qui semblent être importants dans l'abandon scolaire au
Cambodge et pourquoi les jeunes Cambodgiens quittent-ils l'école à partir du
niveau primaire ?
a) Qui sont ces jeunes Cambodgiens qui mettent fin prématurément à leurs études
primaires ?
que les éléments incitant les enfants à quitter l'école ont trait aux facteurs familiaux, aux
facteurs socio-économiques et aux difficultés scolaires. L'absence de ceux-ci est souvent
mentionnée parmi les causes principales des facteurs pouvant provoquer l'abandon des
études au niveau primaire au Cambodge.
Nous venons d'apprendre en quoi consistent les causes de ce phénomène dans les
pays industrialisés. Sont-elles typiquement des phénomènes de cette région du monde ou
ressemblent-elles à celles qui surviennent dans les pays en voie de développement ? Nous
venons notamment de faire un tour d'horizon des facteurs qui pourraient entraîner les
jeunes enfants cambodgiens du primaire à quitter le milieu scolaire.
Au niveau familial des enfants, les causes découlent de l'inaptitude des parents à
préparer leurs jeunes à l'école, de l'attitude des parents envers l'école, ceux-ci n'en
voyant pas la valeur surtout qu'ils sont illettrés, de l'incapacité des parents à payer les
frais scolaires, ainsi que du nombre d'enfants (UNESCO, 1987). Les jeunes enfants,
particulièrement les filles, doivent garder les plus jeunes à la maison ou aider leurs
parents et ce dès l'âge de six ans.
Dans l'état actuel des choses, au Cambodge, le salaire donné aux fonctionnaires
ne suffit pas à satisfaire d'une manière convenable tous les besoins en logement, en
nourriture, en habillement et autres. Par conséquent, les parents occupent la plupart du
temps, un deuxième emploi le matin ou le soir, mais ces profits restent largement
insatisfaisants pour offrir à leurs enfants la possibilité d'aller à l'école. De plus, la
majorité des enfants de campagnes travaillent à plein temps tandis que les autres
conjuguent travail, école et autres activités non rémunérées. Toutefois, ces estimations ne
tiennent pas compte des enfants qui travaillent à plein temps pour leurs parents en
participant aux travaux agricoles ou en s'occupant de leurs jeunes frères et sœurs.
Affectées aux travaux de ménage, les fillettes travaillent de plus longues heures que les
garçons. C'est une des raisons importantes pour lesquelles les fillettes reçoivent moins
d'éducation que les garçons. C'est dans ce contexte que les jeunes filles cambodgiennes
sont sous-représentées dans tous les niveaux de l'éducation à partir de niveau primaire.
Même si les filles et les garçons s'inscrivent à l'école en nombre égal, les filles quittent
prématurément l'école en plus grand nombre que les garçons.
' 20 ' Source : La Fédération des commissions scolaires catholiques du Québec. L'école abandonnée. Document 6370.
mai 1975.
49
Donc, les facteurs familiaux ont certainement un grand impact sur l'abandon
scolaire chez les jeunes enfants ; mais qu'en est-il des facteurs d'ordre économique ?
À l'heure actuelle au Cambodge, les jeunes enfants ne veulent pas aller à l'école
et en particulier ceux qui vivent dans les régions rurales et éloignées à cause du manque
d'emploi pour les finissants même du secondaire général ou du supérieur. Il y a saturation
d'emplois dans presque tous les secteurs. Ils sont certains qu'ils ne peuvent pas trouver
un travail intéressant même s'ils terminent leurs études au niveau secondaire général ou
supérieur. Alors ils continuent de travailler dans les rizières ou dans les champs.
Enfants non scolarisés : Enfants appartenant au groupe d'âge officiel de la scolarisation qui ne sont pas scolarisés
fselon l'UNESCO. 1998 V
50
Ainsi, l'abandon scolaire se retrouve beaucoup plus souvent chez les jeunes
enfants cambodgiens dont la population se situe à un niveau socio-économique faible.
Par ailleurs, il nous semble intéressant d'approfondir les facteurs scolaires pour connaître
leurs influences sur l'abandon scolaire au primaire au Cambodge.
Dans les pays en voie de développement, les causes sont reliées à la proportion
très différente entre le nombre d'élèves et le nombre d'enseignants, au manque d'aide de
la part des enseignants et aux conditions non incitatives à apprendre. Elles correspondent
aussi au nombre d'élèves par classe, à la différence d'âges des jeunes enfants dans une
classe et à la distance entre l'école et la maison des enfants (UNESCO, 1987). Ce
problème ressemble à celui du Cambodge, ce qui constitue l'un des aspects le plus
directement lié à l'abandon scolaire chez les jeunes enfants à partir du niveau primaire.
Ils abandonnent rarement de gaieté leurs études et ils n'ont souvent pas vraiment le choix
car la situation devient parfois intolérable pour eux.
^ Éducation formelle : Apprentissage organisé et pertinent dispensé dans le système d'établissements scolaires et
universitaires et autres établissements d'enseignement d'un pays reconnus par les pouvoirs publics.
' 23) Éducation non-formelle : Toute activité éducative organisée et durable de longueur variable qui ne correspond pas à
la définition de l'éducation formelle. Elle peut être dispensée tant dans les établissements qu'en dehors et s'adresse aux
personnes de tous âges. Selon le contexte national, elle peut inclure des programmes éducatifs pour apporter aux
enfants et aux adolescents non scolarisés ainsi qu'aux adultes des compétences en écriture, en lecture et en calcul, des
savoir-faire utiles à la vie courante et au travail et/ ou des notions de culture générale. Les programmes d'éducation
non-formelle ne correspondent pas forcément aux niveaux et aux cycles de l'éducation formelle.
52
Donc, les facteurs scolaires constituent une cause de la plus haute importance de
l'abandon scolaire chez les jeunes enfants cambodgiens.
a) Décrire les facteurs liés à l'abandon scolaire chez les jeunes enfants
cambodgiens fréquentant le primaire.
b) Étudier les facteurs principaux de l'abandon scolaire des élèves de la
campagne et ceux des élèves de la ville.
c) Étudier les facteurs importants de l'abandon scolaire chez les jeunes filles
cambodgiennes par rapport à ceux des garçons.
53
Dans la présente recherche, nous allons vérifier quels sont les facteurs principaux de
l'abandon scolaire au cycle primaire au Cambodge. Et pour répondre à cette question,
nous formulons trois hypothèses correspondant aux éléments trouvés au cours de la
recherche liée à la situation actuelle dans le domaine de l'éducation au Cambodge.
Hypothèse 1 : les problèmes familiaux sont vraiment une cause de l'abandon scolaire
au cycle primaire au Cambodge.
Hypothèse 4 : les filles abandonnent plus souvent que les garçons et ce peu importe l'âge.
Au Cambodge, plus de la moitié des habitants ont moins de 18 ans; ce qui suscite
de graves préoccupations pour leur bien-être économique et social ainsi que pour leur
futur. Un très grand nombre d'enfants cambodgiens se trouvent dans des situations
particulièrement préoccupantes, car ils sont coupés de tous liens familiaux, et ce, pour
diverses raisons liées aux maux actuels de la société cambodgienne. Les jeunes,
particulièrement les filles, doivent garder leurs plus jeunes frères ou sœurs à la maison ou
aider leurs parents et ce, dès l'âge de six ans. Au primaire déjà, le taux d'abandon
scolaire des filles est plus haut que chez les garçons, et l'écart entre garçons et filles va en
55
Beaudelot et Establet (1971), affirment que l'environnement familial ainsi que les
membres de la famille durant l'enfance, ont une influence sur le rendement scolaire des
élèves et que cet environnement peut devenir une cause de l'abandon scolaire.
Quant à Langevin (1994), il constate que les abandons se produisent surtout dans
les familles de quatre enfants et plus recevant la sécurité du revenu. Les jeunes sont plus
susceptibles de vivre dans une famille ne comptant qu'un parent et plusieurs enfants.
Pour tout dire, dans les études du phénomène de l'abandon scolaire sur la famille des
jeunes, on observe, en général, que celle-ci fournit peu d'aide pour l'étude, peu
d'occasions d'apprentissage, moins de chance de la présence des deux parents à la
maison, des parents peu scolarisés et peu intéressés au fait scolaire. Il est évident que
moins les parents sont scolarisés, plus ils sont démunis financièrement et culturellement,
et plus ils vont se sentir débordés dans leur propre vie. On comprend alors qu'il leur soit
difficile de collaborer avec des enseignants qui, plus souvent qu'autrement, ne demandent
ces collaborations que lorsqu'un problème grave surgit et qui ne démontrent pas toujours
le doigté et l'habileté nécessaires pour gagner la confiance et la participation active des
parents.
56
Les études de Bégin et al. (1993) effectuées auprès des enfants sur leur expérience
familiale, la baisse de participation des parents à l'éducation scolaire de leurs enfants
constitue un élément considérable dans la dégradation du rendement académique et il est
vain d'espérer améliorer la situation en changeant une fois de plus les programmes et les
méthodes d'enseignement.
Les études sur le fonctionnement familial démontrent que les enfants ont plus de
risques d'abandonner leurs études si les parents valorisent peu d'école et s'impliquent
peu dans l'encadrement scolaire de leur enfant, si le style parental est permissif et le
système d'encadrement déficient (manque de supervision, de soutien et
d'encouragement), s'il y a un manque de communication et de chaleur dans les rapports
parents-enfants, et si les parents réagissent mal ou pas du tout aux échecs scolaires de leur
enfant (LeBlanc et al., 1993).
Bien plus, les ruptures familiales entraînent pour plusieurs des séries de problèmes. Le
divorce et la rupture sont difficiles à accepter, les jeunes souffrent des conséquences, par
exemple, un parent manquant, un besoin d'argent, etc. Ils ont besoin d'adultes importants
à leurs yeux.
Du côté structurel, les résultats des recherches de Brossard et al. (1992), indiquent
que les enfants qui proviennent de familles désunies ou reconstituées, à faible revenu ou
en dépendance économique, où il y a plusieurs enfants, et dont les parents sont peu
scolarisés, ont plus de risques d'abandonner l'école.
De plus, Violette (1991) estime qu'une des principales raisons d'abandon des
études chez les enfants sont les motifs liés aux problèmes familiaux.
Encore une fois, l'environnement familial dans les pays en voie de développement
tels la violence conjugale, le divorce, la mortalité d'un des parents à cause de la guerre,
etc., est considéré comme un facteur important dans le développement et l'éducation du
jeune enfant. Donc, les problèmes au sein de la famille peuvent avoir des répercussions
sur le rendement scolaire de l'enfant. Dans ce cas, les facteurs familiaux ont certainement
un grand impact sur l'abandon scolaire. Mais qu'en est-il des facteurs d'ordre socio-
économique.
La littérature démontre que les statuts économique et culturel ont une influence sur
l'abandon scolaire des enfants.
Gingras (1995), estime que les problèmes sociaux peuvent être la cause d'une baisse
importante de la motivation des jeunes à poursuivre leurs études et peuvent même les
inciter à abandonner l'école.
Selon Langevin (1994), un enfant qui est pauvre annonce un adulte pauvre; cet
engrenage est attribuable en grande partie au taux d'abandon scolaire des enfants et des
adolescents. En se référant à une étude de Rosse et Shillington (1990) intitulée La
58
pauvreté chez les enfants et les mauvais résultats scolaires : coûts économiques pour la
société, l'auteur a fait remarquer que le taux de l'abandon scolaire est deux fois plus
élevé chez les enfants pauvres que chez les autres. Même s'ils vont à l'école, ils ne
peuvent pas participer aux mêmes activités que les autres, ils se marginalisent, acquièrent
rapidement une vision étriquée de la vie et expriment des attentes limitées. De plus, les
enfants pauvres manifestent plus de troubles émotifs, d'hyperactivité, de faible rendement
scolaire et de problèmes chroniques de santé que les enfants moins pauvres. Donc, un des
facteurs les plus constants observés dans beaucoup d'études sur l'abandon scolaire reste
sans doute le facteur socio-économique : une famille démunie ou pauvre sur les plans
économique et culturel.
Boucher et Ouellet (1984) affirment, après une étude dans la région du Saguenay-
Lac-St-Jean qu'il existe une relation entre les aspects socio-économiques et
socio-culturels. Par exemple, le nombre d'enfants dans la famille, le rang que l'enfant y
a occupé, la scolarité des parents et le rendement académique de l'enfant.
Quoi qu'on en dise, la scolarité plutôt faible que l'on trouve en milieu défavorisé
peut avoir un impact important au niveau de l'adaptation et de la réussite scolaire chez les
jeunes enfants. L'apprentissage est nettement défavorisé par la pauvreté et le manque de
stimulants de l'environnement culturel. Le jeune sera beaucoup moins préparé
intellectuellement et émotivement lorsqu'il se présentera à l'école (Langevin, 1979 : voir
Josée Simard, 1997).
59
Quant à LeBlanc et al. (1993), ils rapportent que les parents des démissionnaires
sont moins scolarisés que ceux des diplômés; ils occupent des emplois moins prestigieux
et moins spécialisés et ont reçu plus fréquemment des allocations d'aide sociale et de
chômage. Ainsi, ces jeunes se retrouvent plus souvent dans ces familles dont le statut
économique est plutôt faible, ce qui entraîne souvent ces jeunes à abandonner leurs
études à mi-chemin.
Gingras (1995) affirme qu'un grand nombre d'élèves ne semblent pas heureux à
l'école et ne cachent pas leur insatisfaction face au système scolaire. Selon eux, il ne
répond pas à leurs besoins. Dès les premières années du primaire, le désintéressement des
élèves devient perceptible. La joie de venir à l'école pour le plaisir d'apprendre cède la
place à l'obligation d'entrer dans une compétition visant la performance.
Selon Langevin (1994), les difficultés scolaires, le rendement faible et les échecs
peuvent à la fois représenter des facteurs constitutifs et des symptômes précurseurs de
l'abandon scolaire. Dans le processus qu'est l'abandon scolaire, l'échec constitue un
élément important générateur de démotivation et de dévalorisation, et provoque des
61
Violette (1991) affirme que les jeunes attribuent leurs difficultés scolaires aux
raisons suivantes : les difficultés d'apprentissage dues au manque de concentration et de
mémoire ou à une meilleure aptitude pour le travail manuel que le travail intellectuel,
l'absence d'efforts et de capacités intellectuelles, un comportement délinquant qui
conduit à ne chercher que le plaisir et aussi, elle estime que les méthodes d'enseignement
et les attitudes négatives des enseignants peuvent être des causes de l'abandon scolaire.
Tout bien pesés, les facteurs scolaires s'avèrent très critiques dans l'abandon des
études chez les jeunes enfants. Donc, ces facteurs ressemblent beaucoup à ceux de la
situation actuelle au Cambodge. D'ailleurs, l'abandon scolaire au Cambodge dès le
niveau primaire est toujours présenté au sein des différentes études par des
caractéristiques négatives. Dans la majorité des cas, le redoublement scolaire est
attribuable à une préparation insuffisante des jeunes à la culture de l'école, à une
inadéquation entre cette culture et la valeur accordée par le milieu et à un manque de
soutien et de valorisation de la part de l'école. Donc, le facteur école apparaît de toute
évidence comme le facteur névralgique dans le processus de l'abandon scolaire. Il nous
apparaît être davantage des effets plus ou moins directs issus d'une conjoncture socio-
économique et familiale ainsi que de la nature même de l'école.
CHAPITRE III
PERSPECTIVES MÉTHODOLOGIQUES
Pour effectuer la cueillette des informations, nous allons procéder par rencontre
en utilisant un questionnaire d'enquête. Il devient donc nécessaire de donner certaines
précisions concernant le sujet de l'étude, de dire comment ce sujet a été choisi, et de
présenter le questionnaire de l'entrevue de même que les facteurs de l'abandon des études
déterminés par ces entrevues.
65
Afin de répondre aux exigences de l'objectif de cette étude qui est d'identifier les
phénomènes de l'abandon scolaire au cycle primaire chez les jeunes enfants
cambodgiens, nous choisissons d'élaborer un questionnaire, de choisir les répondants et
les lieux du répondant pour bien nous permettre de recueillir des données en vue de
concrétiser et de valoriser notre projet de mémoire.
3.2.1 Le questionnaire
FIGURE 5
Structure du questionnaire
Numéro des
Parties Thèmes Descriptions
questions
1) Sexe 1
2) Âge 2
3) Structures familiales 3
4) Milieu 4
Situation 5) Revenu mensuel de la famille 5
I générale 6) Niveau d'étude lors de l'abandon 6
7) Distance 7
8) Scolarité des parents 8-9
9) Taille de la famille 10
10) Abandon scolaire chez les sœurs et 11
les frères de l'enfant
L'analyse des données peut se faire facilement à condition que les répondants
comprennent bien le questionnaire et ce que nous attendons d'eux. Même si le résultat ne
permet pas de synthétiser le problème à 100%, il peut nous aider à analyser le problème
par l'intermédiaire du point de vue du public visé.
sont moins susceptibles d'être influencés par différentes situations émotives ou autres,
vécues au moment de quitter l'école. Nous estimons qu'après une période d'arrêt scolaire
excédant une année ou plus, ces jeunes enfants sont plus aptes à prendre un certain recul
face à leur vie personnelle et scolaire. Ainsi, ils s'avèrent plus susceptibles de fournir des
informations pertinentes sur l'aspect du phénomène qui nous intéresse.
Cette recherche est effectuée dans les écoles primaires ciblées se trouvant au sein
de la province de Kampot, Stung Trèng, Banteay Mean Chey et de la capitale de Phnom
Penh (voir la page suivante : la figure 6 ou l'annexe C). Et pour connaître les élèves ayant
abandonné les études, nous devons demander l'autorisation du ministère de l'Éducation,
de la Jeunesse et des Sports, et ensuite, nous devons contacter la direction provinciale et
municipale de l'éducation. En dernier lieu, nous devons prendre des rendez-vous avec les
directeurs d'école et les enseignants des élèves qui ont abandonné les études au niveau
primaire. C'est la direction de l'école et les enseignants qui ont convoqué les élèves ayant
abandonné les études à venir nous rencontrer.
Nous avons déposé cent vingt copies du questionnaire pour interviewer cent vingt
jeunes personnes qui ont abandonné l'école, selon les quatre provinces ci-dessus, dont 30
dans chaque province.
Notre collecte des données va s'étendre sur une période de quatre mois, du
30 avril 2004 au 31 août 2004. Le calendrier détaillé de la collecte de données est
présenté à l'annexe D. Elle sera faite à Phnom Penh, Kampot, Stung Trèng et Banteay
Mean Chey dans les écoles primaires ciblées (voir la figure 6).
70
FIGURE 6
Bref calendrier de collecte des données
Nombre de répondants
Date Provinces Districts des écoles
Garçons Filles
participantes
District de Chhuk 3 4
Province de
District de Kampong Trach 2 4
05-18 juin 2004 Kampot
District de Kampot 2 4
District de Kampong Bay 3 3
en
District de Siem Bôk 4
26 juin-10 juillet Province de
en
District de Thalab Barivat 4
2004 Stung Trèng
en
District de Stung Trèng 4
Khan Meanchey 4 4
Capitale de
Khan Tuol Kok 4 4
09-20 août 2004 Phnom Penh
Khan Chamkar Man 5 2
Khan 7 Makara 5 2
(Khan = Arrondissement)
Total 49 55
Pour analyser les résultats obtenus avec la méthode d'analyse de contenu, Aktouf
(1992) définit cette méthode comme une technique de recherche pour la description
objective, systématique et quantitative du contenu manifeste des communications ayant
pour but de les interpréter.
71
Selon Angers (1996), la phase de préparation des données ne doit pas être
négligée, car elle permet une analyse et l'interprétation juste des données. Il est important
de faire ressortir toute la richesse possible des données brutes. Nous devons les manipuler
soigneusement, en ayant toujours en tête le problème de recherche, et vérifier les
questionnaires afin de nous assurer qu'ils aient tous été remplis correctement. En fait,
cette phase est si importante que les analyses les plus fines ou les plus originales
demeureraient inutiles et invalides si les données sur lesquelles elles se basent étaient mal
préparées.
Dans ce chapitre, il sera question des données obtenues lors du sondage auprès
des élèves cambodgiens qui ont quitté l'école au niveau primaire. En premier lieu, nous
présentons les données concernant la première partie du questionnaire qui tente
d'identifier les démissionnaires des jeunes cambodgiens qui ont abandonné leurs études
au niveau primaire. Ensuite, il sera question du vécu scolaire de ces jeunes, de leur
perception des causes et enfin, de leur projet d'avenir.
élèves pour expliquer leur abandon scolaire. Ces résultats proviennent du questionnaire
placé en annexe.
4.1.1 Sexe
Tableau 8
Abandon scolaire selon le sexe
En résumé, l'écart entre les deux sexes n'est pas très élevé mais, on peut constater
que, selon notre étude, il y a plus de filles que de garçons qui quittent l'école. Par
conséquent, dans la société, la famille cambodgienne a tendance à donner la priorité au
garçon, car, selon sa perception, les garçons retireront plus d'avantages de l'éducation
reçue que les filles. Tandis que les filles, malgré leurs études, seront, de toute manière,
chargées des travaux ménagers et soumises à leur mari. D'autres obstacles
n'encourageant pas les jeunes filles à poursuivre leurs études découlent également du
74
système éducatif de ce pays. Par exemple, pour les familles pauvres, si les parents
choisissent entre éduquer un garçon et éduquer une fille, c'est souvent le garçon que les
parents favorisent le plus. Et pour subvenir à la famille, c'est souvent la fille que les
parents envoient travailler. Quand les filles vont à l'école, elles doivent souvent s'occuper
des jeunes frères ou sœurs, des travaux ménagers, de la cuisine et d'autres. C'est pour
cela que les filles ont abandonné leurs études plutôt que les garçons.
Selon le résultat pour cette partie, nous constatons que les filles cambodgiennes
ont abandonné l'école, davantage que les garçons, ce qui vérifie bien notre hypothèse
proposée.
4.1.2 Âge
Le résultat présenté au tableau 9 montre que les jeunes enfants n'ont pas tous le
même âge au moment de l'abandon scolaire. On remarque que c'est entre 12 ans et 14
ans et plus qu'il y a le plus grand nombre d'abandon des études. Il est largement reconnu
que ces jeunes abandonnent l'école avant d'avoir acquis les compétences de base reliées
au primaire. Cette étude montre que 87,5% des jeunes de 12 à 14 ans et plus ont
abandonné leurs études avant la sixième année du cycle primaire.
Tableau 9
Abandon scolaire selon l'âge
Le tableau 10 nous permet de savoir s'il y avait des liens entre la structure
familiale et les risques d'abandon des études chez les jeunes enfants cambodgiens. Les
données de ce tableau démontrent que 60,57% de jeunes enfants habitaient avec leurs
parents au moment où ils ont abandonné leurs études. Toutefois, on remarque aussi que
2,88% des enfants vivent avec leur père, 18,27% vivent avec leur mère et 18,27% restent
avec leur parenté (oncles, tantes).
Tableau 10
Structures familiales
Les jeunes enfants qui abandonnent l'école, ne se retrouvent pas par hasard dans
les régions rurales ou urbaines. Le tableau 11 établit une statistique qui nous renseigne
sur la provenance de ceux qui ont abandonné leurs études pendant le cycle primaire.
Nous pouvons remarquer que 71,16% des jeunes enfants habitent en milieu rural (29,82%
garçons, 41,34% filles) et 28,84% des jeunes enfants vivent en milieu urbain (17,31%
garçons et 11,53% filles). Cela veut dire que les écoles rurales ont souvent des taux
d'abandon plus élevés que ceux des écoles urbaines et le taux de filles est souvent plus
élevé que celui des garçons et ce, peu importe le milieu. Les enfants des zones rurales,
en plus, travaillent beaucoup dans des fermes ou dans les rizières et souvent occupent des
emplois à temps partiel ou autres. Selon UNESCO (1998), dans les pays en voie de
développement, la population d'enfants travailleurs est beaucoup plus élevée dans les
zones rurales que dans certaines zones urbaines. Quoi qu'on en dise, la figure 7 (la page
suivante) illustre bien la situation de notre étude selon le milieu et le sexe.
Tableau 11
Abandon scolaire selon le milieu
a Rura!
H Urbain
Garçon
de certains autres (41,35%) s'élève de 30 à 150 dollars américains et moins. Celui-ci est
aussi considéré comme faible. Le revenu de certaines familles (6,73%) qui atteint 150 à
250 dollars américains, représente la catégorie des revenus moyens. On n'enregistre
aucun abandon dans les familles ayant un revenu dépassant 250$US. Il existe donc un
lien étroit entre scolarité et niveau de vie de la famille.
Tableau 12
Revenu mensuel de la famille
FIGURE 8
REVENU MENSUEL DE LA FAMILLE
41.35%
51,92%
H Moins de 30 $ US
0 30 à 150$ US
m 150 à 250$ US
Les données du tableau 13 (la page suivante) montrent que l'abandon scolaire
tend à être répandu de la première à la sixième année du cycle primaire. Le taux
d'abandon augmente progressivement lorsque les jeunes montent à la classe de sixième
année. Nous voyons ressortir le pourcentage d'abandon des études chez les élèves en
première année (1,92%), en deuxième année (6,73%), en troisième année (11,53%), en
quatrième année (16,34%), en cinquième année (27,89%) et en sixième année (35,58%).
80
L'augmentation du nombre des enfants demeure considérable autour des trois niveaux
(4e, 5e et 6e) du cycle primaire. Plus l'enfant augmente en âge, plus la tendance
d'abandon scolaire augmente. De manière générale, toutefois, le pourcentage de jeunes
enfants en sixième année est supérieur à celui des enfants de toutes les autres classes dans
le cycle primaire.
La figure 9 (la page suivante) explique bien la situation d'abandon scolaire selon
le niveau d'étude à partir de la première année. Le taux d'abandon augmente
progressivement d'une année à l'autre à tous les niveaux de classe dans le cycle primaire.
Tableau 13
Niveau d'études primaires au moment de l'abandon scolaire
35.58%
Tableau 14
Abandon scolaire selon la distance entre la maison des élèves et l'école
Dans le but de mieux situer les limites de cette section, il est intéressant de se
pencher sur la situation familiale, à savoir la scolarité et le degré de pauvreté des parents
influençant la persévérance de leurs enfants à l'école.
De façon générale, selon le tableau 15, 1,92% des pères des démissionnaires ont
obtenu le diplôme d'études secondaires du deuxième cycle, 3,84% n'ont pas complété
des études secondaires du deuxième cycle, 5,77% ont terminé le premier cycle du
secondaire, 12,50% détiennent quelques années du deuxième cycle du secondaire et
15,38% ont effectué des études primaires. Parmi les 60,58% qui s'avèrent moins
scolarisés, 36,53% ont un diplôme primaire non complété et 24,03% n'ont aucun niveau
d'études.
Quant au niveau de scolarité chez les mères, nous remarquons qu'aucune mère ne
possède un diplôme secondaire du deuxième cycle. Les données disent que 1,92% ont fait
quelques années d'études secondaires du deuxième cycle, 2,88% ont effectué le
secondaire du premier cycle, 7,70% ont complété quelques années au premier cycle du
secondaire et 9,61% détiennent un diplôme de cycle primaire complété. Même en tenant
compte qu'un grand nombre de mères (74,03%) se révèlent moins scolarisées, 43,27%
ont un diplôme primaire non complété et 30,76% n'ont aucun niveau d'études.
83
On peut conclure, sans trop de risque de se tromper, que la scolarité des deux
parents, en général, joue beaucoup sur les abandons scolaires. Ces parents peuvent être
considérés comme non-scolarisés ou sous-scolarisés au moins en fonction de l'éducation
de base parce que, plus de la moitié des pères et des mères n'ont pas achevé leurs études
primaires. De la même manière, la scolarité des deux parents peut être un facteur positif
sur le rendement scolaire de leurs enfants.
Tableau 15
Niveau de scolarité des parents
La figure 10 (la page suivante) illustre bien le niveau de scolarité des parents et le
taux d'abandon scolaire. Plus le niveau de scolarité des parents est élevé, c'est-à-dire le
secondaire du deuxième cycle complété, plus le taux d'abandon scolaire est bas et aucun
élève n'abandonne les études lorsque les parents ont des études universitaires. On peut
dire que le niveau de scolarité des parents a une influence très nette sur le rendement
scolaire.
Pour tout dire, le taux d'abandon scolaire est inversement proportionnel au degré
de scolarité des parents. Plus le niveau de scolarité des parents augmente, moins les
jeunes abandonnent les études.
FIGURE 10
NIVEAU DE SCOLARISAIT DES PARENTS
• Père
• Mère
•bu
85
Tableau 16
Taille de la famille
FIGURE 11
TAILLE DE LA FAMILLE
Taille de la famille
1,92%
20,19
m 1 enfant
m 2 enfants
72,11%
• 3 enfants
a 4 enfants et plus:
Nous avons posé la question à savoir si la scolarité des frères et des sœurs a une
incidence sur l'abandon scolaire. Les chiffres qui suivent (voir le tableau 17 : la page
suivante) indiquent un taux plus élevé d'abandon scolaire chez les frères et les sœurs de
Lenlant que ceux qui sont scolarisés ou diplômés, soit 45,19% contre 54,81%.
Certains frères et sœurs, malgré le fait qu'ils abandonnent leurs études, ont une
influence négative marquée et directe sur le caractère tendancieux de risque d'abandon
87
scolaire. Donc, les frères et les sœurs devraient parfaitement tenir à se proposer comme
des exemples et des modèles pour l'avenir des jeunes générations.
On peut conclure que les intérêts et les activités des parents ou des frères et des
sœurs sont aussi importants que le statut socioéconomique de la famille en ce qui
concerne la réussite scolaire. Il existe des variables principales de l'environnement
familial susceptibles d'influencer le rendement scolaire de l'enfant. Ce sont l'importance
que les parents, les frères et les sœurs accordent à la réussite scolaire, et le soutien obtenu
à la maison pour le travail et l'orientation scolaires. Il faut que la pression exercée par les
parents, les frères et les sœurs soit justement dosée, ni trop forte pour décourager l'enfant,
ni trop faible pour qu'il conclut au désintérêt de ses parents, de ses frères et de ses sœurs.
Tableau 17
Abandon scolaire chez les frères et les soeurs
Cette partie est consacrée à la description des résultats scolaires qui servent à
marquer particulièrement la situation de l'abandon des études au cycle primaire chez les
jeunes enfants cambodgiens. Nous présenterons, à la suite, la note annuelle des études, le
degré de motivation à suivre des cours, le nombre d'absences pendant un an au moment
de l'abandon scolaire, la justification des absences par les parents et le taux de
redoublement scolaire.
88
4.2.1 Note annuelle des études au moment de l'abandon scolaire (notes sur 10)
Le résultat que l'on peut consulter au tableau 18, nous révèle que 33,65% des
élèves disaient avoir une moyenne générale de 5 et moins, 27,89% ont entre 5 et 6,
19,23% ont entre 6 et 7, 11,53% ont entre 7 et 8 et 7,70% ont entre 8 et plus. Donc, la
majorité des jeunes enfants (61,54%) qui ont abandonné leurs études affirment avoir une
moyenne sous la note de passage (6 et moins). Cependant, nous notons un pourcentage de
38,46% des jeunes enfants qui ont quitté l'école avec une moyenne au-dessus de 6.
Tableau 18
Note annuelle des études (notes sur 10)
En tout état de cause, dès le cycle primaire, il est possible de repérer les jeunes
dont les notes baissent soudainement et ceux qui se dirigent vers une situation d'échec
scolaire. Les échecs scolaires s'avèrent grandement associés à l'abandon des études
89
puisque ces causes deviennent décourageantes pour les jeunes enfants et contribuent à
l'absentéisme, pour finalement aboutir à cet abandon.
Selon Brais (1991), plus l'élève a redoublé tôt au primaire, plus il risque
d'abandonner ses études. Toutefois, l'expérience de mauvais résultats et d'échecs
scolaires est un des facteurs d'abandon qui n'en constitue pas moins un facteur de la plus
haute importance. L'abandon scolaire ne serait donc pas un événement qui surviendrait
au hasard; plus un jeune enfant parvient tardivement en sixième année du cycle primaire
avec des résultats scolaires faibles, plus le risque d'abandonner augmente. Certains
jeunes enfants cambodgiens du primaire avec un résultat faible mettent en péril leurs
chances de réussite au secondaire. Cependant, le manque d'intérêt pour suivre les cours
peut être une source explicative de la faible perception de la compétence des jeunes
enfants cambodgiens à risque. Comment ces jeunes peuvent-ils poursuivre leurs cours
malgré les mauvaises notes ?
Nous avons demandé à nos jeunes, pendant notre cueillette de données, quelles
étaient leurs attitudes face à une mauvaise note ou à un échec scolaire dans leurs cours.
Le tableau 19 (la page suivante) indique clairement que la majorité de ces jeunes
(46,15%) ne sont pas satisfaits de leur rendement scolaire, ce qui les incite à abandonner
l'école, 30,76% sont peu satisfaits de leur résultat scolaire et certains, 23,07%, sont très
satisfaits de leurs mauvaises notes, ce qui nous permet de nous poser certaines questions
à propos de la perception de la difficulté scolaire, à cause de compétences médiocres ou
d'intelligence moindre, déterminant l'arrêt des études.
Par ailleurs, les données de Violette (1991) confirment que le tiers des jeunes qui
abandonnent l'école se disent découragés par leurs mauvaises notes et ont de la difficulté
à s'en remettre. Par contre, on pourrait dire que ces jeunes se caractérisent par le nombre
élevé d'absences et leurs notes faibles. Le nombre d'absences et la mauvaise note
90
influencent l'abandon scolaire chez les jeunes enfants cambodgiens dès le cycle primaire.
Nous allons présenter, par la suite, le cheminement scolaire annuel des enfants, ayant un
taux d'absence élevé.
Tableau 19
Degré de satisfaction chez les jeunes enfants cambodgiens à poursuivre des cours
par rapport aux mauvaises notes
Le résultat du tableau 20 nous indique que 34,62% des jeunes se sont absentés de
l'école 1 à 5 fois. Par contre, la majorité de nos jeunes (38,46%) s'absente de l'école de 5
à 15 fois et moins, 18,27% se sont absentés de 15 à 45 fois et moins et 8,65% se sont
absentés 45 fois et plus. C'est le nombre élevé d'absences par rapport à celui de cours
dans une année scolaire. Cela dit, l'abandon scolaire est plus élevé pour les absences
entre 5 à 15 fois et moins par année. Alors, dépassant ce seuil, les cas d'abandons
diminuent considérablement. Probablement, ces élèves ont redoublé la classe et ils ont
déjà maîtrisé la matière scolaire en cours sans être présents à tous les cours. Ce peut être
aussi des enfants de cultivateurs, de ouvriers d'extrême pauvreté. À partir du moment où
91
ces jeunes s'absentent de plus en plus souvent de l'école, il nous importe de s'interroger
sur les motifs de ces absences. Quelles étaient les principales raisons de ces absences ?
Tableau 20
Nombre d'absences pendant un an au moment de l'abandon des études
Au cours de notre collecte de données, nous avons demandé à nos jeunes quelles
étaient les principales raisons de leur absence à l'école.
Les raisons de nos jeunes enfants varient considérablement. Les témoignages des
jeunes nous permettent de mieux comprendre ce qu'ils ressentent lorsqu'ils doivent faire
face aux problèmes tels que la pauvreté dans la famille, le manque de moyens de
transport pour aller à l'école, le travail à la maison ou dans les champs, la garde des petits
frères ou sœurs, la violence des parents, la maladie, la timidité, le besoin d'arrêter, le
manque d'implication, le décès d'un parent, des problèmes de comportement, la faiblesse
de capacité intellectuelle, des cours peu intéressants et des sanctions à réviser, etc.
Nous pensons que les témoignages des jeunes enfants cambodgiens illustrent bien
les principales raisons qui les poussent à s'absenter de l'école. Aussi, ces raisons
entraînent les jeunes à prendre la décision plus tôt de quitter l'école.
92
Donc, l'abandon scolaire est souvent prévisible. Comme les jeunes l'ont démontré
par leurs témoignages, certaines situations propices les amènent à cheminer vers
l'abandon des études : les malaises à la maison, à l'école, au plan personnel ou reliés à la
conjoncture économique difficile. Ces préoccupations, qui semblent au début sans
gravité, peuvent prendre de l'ampleur et provoquer de plus en plus d'inquiétudes et
d'anxiété chez l'élève (Gingras, 1995).
Pour mieux comprendre les raisons pour lesquelles les enfants se sont souvent
absentés des cours, il est essentiel de connaître comment les parents réagissent face à ces
problèmes lorsque l'enseignant ou la direction d'école leur dénonce les absences
chroniques du jeune enfant.
Selon nos jeunes répondants, le tableau 21 (la page suivante) démontre que
16,34% des parents seulement justifient toujours les absences de leurs enfants auprès de
l'école, 5,77% justifient souvent, 17,31% justifient rarement et 60,57% ne justifient
jamais. Dans ce cas l'enseignant ou la direction communique avec eux et leur demande
de ramener ces jeunes à l'école. Or, la communication de l'enseignant ou de la direction
ne semble donner comme effet que de monter davantage le jeune contre l'école et même
d'accroître ses absences.
Tableau 21
Justification des absences par les parents
La figure 12 ci-dessous nous éclaire très bien sur l'attitude des parents à l'égard
des absences de leurs enfants et F abandon scolaire. Cela veut dire que la majorité des
parents est complice avec de l'abandon des études de leurs enfants. Les parents ne
renforcent pas leurs enfants à participer davantage à la vie d'école. Cependant, ils les
poussent à quitter l'école pour aider la famille.
FIGURE 12
JUSTIFICATION DES ABSENCES PAR LES PARENTS
16.34%
5,77%
17,31%
E3 Toujours
60,5?%
H Souvent
D Rarement
a Jamais
94
Le redoublement scolaire est une autre forme de l'abandon scolaire. Dans les pays
en voie de développement en particulier, par exemple le Cambodge, c'est souvent le
prélude à l'abandon scolaire (UNESCO, 1998).
Les données du tableau 22 montrent que parmi les élèves du cycle primaire qui
ont abandonné l'école, 15,38% ont commencé à redoubler en classe de lère année,
13,46% en 2e année, 6,73% en 3 e année, 4,80% en 4e année, 19,23% en 5e année, 22,11%
en 6e année et 18,27% seulement n'ont jamais redoublé.
Tableau 22
Redoublement scolaire (les élèves qui ont redoublé une année scolaire)
FIGURE 13
REDOUBLEMENT SCOLAIRE
(Les élèves qui ont redoublé une année scolaire)
Le redoublement scolaire
25%
.11%
20%
8,27%
15%
10%
5% 4:80%
0%
Jb •Jà s&
En somme, nous avons remarqué que le redoublement est plus élevé en lere et en
6e année que dans les autres années. Cela est dû probablement à l'adaptation à l'école
pour les élèves de la première année et à l'échec des examens du certificat d'études
primaires pour les finissants de 6e année. Ce certificat est une étape importante pour
admettre les élèves à l'école secondaire de premier cycle.
Nous savons que la perception des causes de nos jeunes enfants au cycle primaire
cambodgien est importante pour comprendre un élève à risque d'abandon des études.
Dans cette partie, nous allons nous consacrer à présenter des résultats concernant
les raisons attribuées aux jeunes enfants cambodgiens à l'abandon scolaire, les causes de
difficultés et de facilités des études à l'école primaire cambodgienne.
En ce qui concerne les principales raisons de l'abandon des études chez les jeunes
enfants cambodgiens, nous avons regroupé les réponses obtenues selon dix catégories
différentes (voir le tableau 23 : la page suivante).
La lecture du tableau 23 nous révèle une perception plutôt négative de la part des
jeunes enfants cambodgiens sur certains problèmes de l'environnement familial, de
l'histoire scolaire et de l'environnement scolaire. Ce tableau montre que 59,61% des
jeunes sont poussés par leurs parents à quitter l'école pour trouver du travail afin de
subvenir à la famille, 71,15% sont obligés d'abandonner leurs études pour subvenir aux
besoins de la famille, 22,11% veulent travailler pour avoir de l'argent, 51,92% habitent
loin de l'école, 37,50% n'aiment pas les cours, 26,92% ne se sentaient pas à leur place à
l'école, 53,84% n'avaient pas de bonnes notes, 45,19% avaient des échecs, 8,65%
seulement étaient mis à la porte de l'école et 63,46% vivaient avec des problèmes
familiaux.
97
Tableau 23
Principales raisons de l'abandon scolaire
À propos des parents des jeunes dans la famille (raisons a, b, c et j), la vie
culturelle de cette famille se révèle très importante comme support à l'expérience scolaire
et à la préparation des jeunes à aller à l'école. Par contre, la majorité des enfants
cambodgiens doivent garder les plus jeunes à la maison ou aider leurs parents, donc 71%
sont obligés d'abandonner leurs études pour subvenir à la famille. Ce sont les enfants qui
vivent sous le seuil de la pauvreté et qui sont confrontés quotidiennement au défi de la
satisfaction de leurs besoins fondamentaux.
n'aiment pas l'école parce qu'ils sont laissés à eux-mêmes. Ils sont mal encadrés par
leurs professeurs. Les professeurs s'occupent mieux seulement de ceux qui ont de
l'argent pour payer des cours supplémentaires le soir ou les fins de semaine. Cette
pratique est courante parce que les enseignants ont des salaires trop bas. Et les élèves qui
n'ont pas suivi de cours supplémentaires, les enseignants les font redoubler facilement.
Mais, cette étude est toutefois souvent remise en question lorsque de nombreux
enseignants et directeurs d'école considèrent qu'il est normal de faire redoubler une
proportion substantielle d'élèves ou de suspendre les élèves dans le cas où les enfants
s'absenteraient trop souvent de l'école. Cela veut dire que les enseignants et les directeurs
d'école sont fiers d'avoir des taux de redoublement élevés ou des enfants suspendus
qu'ils considèrent comme une preuve de leur encouragement pour un haut niveau
d'éducation (UNESCO, 1998). Dans d'autres cas, certains jeunes enfants cambodgiens
ont abandonné leurs études parce qu'ils vivaient très loin de l'école (raison d).
L'éloignement de l'école est une cause importante de déperdition scolaire surtout pour les
jeunes des zones rurales qui ont besoin de trouver une école proche de chez eux. Les
jeunes qui commencent leur scolarité dans ces zones ont souvent des difficultés à la
poursuivre dans un établissement plus éloigné, particulièrement pour les filles. Cette
situation a été déjà confirmée au tableau 15. Par le fait même, dans des discussions et des
enquêtes au niveau de la communauté concernant l'éducation pour tous, le ministère de
l'Éducation de la Jeunesse et des Sports du Cambodge (2003) a établi que la raison de la
sous-représentation des filles à l'école, particulièrement dans la communauté rurale, est
que les niveaux de classes (niveau 1 à 6) dans les écoles primaires n'existent pas à tous
les niveaux. Il n'y a aucune école secondaire dans les régions rurales. Alors, beaucoup de
jeunes enfants, qui sont allés à l'école, avec la longue distance pour se déplacer, doivent
vivre avec de la parenté, des amis et certaines facilités privées qui existent dans des
centres urbains. Or, ces options semblent moins acceptables pour les parents de filles
adolescentes.
Les difficultés liées aux études, au sein du milieu scolaire comme dans leur vie
personnelle, la famille ainsi que le contexte socioéconomique semblent jouer des rôles
déterminants dans le processus de l'abandon des études chez les jeunes enfants
cambodgiens. Pour eux, le tableau 24 (voir la page suivante) démontre que 27,89%
manquent de capacités intellectuelles aux études primaires, ce qui ne leur permet pas de
poursuivre leurs études, 17,31% ont moins de connaissances en mathématiques, 15,38%
ont moins de connaissances de la langue khmère, alors que seulement 4,80% des enfants
se perçoivent ce manque de collaboration de leurs amis, 13,46% ont beaucoup de
difficultés dans leurs travaux ou examens et 21,15% n'avaient pas fait d'efforts.
Tableau 24
Difficultés d'études
La figure 14 (voir la page suivante) illustre les difficultés scolaires face aux
études primaires ainsi que la perception du manque de capacités intellectuelles, le
manque de connaissances des mathématiques ou de la langue khmèrc et le manque
d'efforts. Ils sont donc déterminants de l'abandon scolaire. Ces difficultés scolaires
peuvent être considérées comme un facteur déterminant à l'arrêt des études à partir du
cycle primaire.
FIGURE 14
DIFFICULTÉS D'ÉTUDES
sa a) Je manque de capacités
intellectuelles
21,15% m b) Je manque de connaissances
27,89%
des mathémathiques
n c) Je manque de connaissances
de la langue khmère
m d) Je manque de collaboration de
13,46%
mes amis
4,80% m e) J'ai de la difficulté dans les
15,38%
travaux (ou les examens)
si f) Je n'avais pas fait d'efforts
101
Les données présentées au tableau 25 nous indiquent jusqu'à quel point les jeunes
croient que les facilités d'étudier les aident à développer leurs capacités intellectuelles. Ils
sont partagés dans leurs choix de réponses, 25,96% des jeunes se perçoivent comme
étant capables d'étudier; ce pourcentage étant égal à celui (25,96%) des jeunes qui font
des efforts de travailler à l'école, 23,08% des élèves ont l'aide de leurs collègues de
l'école pour leurs études, 11,54% ont des méthodes de travail à l'école et 13,46% de nos
jeunes affirment que les travaux ou les examens ne sont pas du tout difficiles.
Tableau 25
Facilités d'études
Enfin pour cette dernière partie du questionnaire, nous allons présenter les projets
d'avenir de nos jeunes enfants cambodgiens : que ce soit sur le retour aux études, les
goûts ou les intérêts pour terminer des études primaires et le plan d'un travail futur.
Nous voulons savoir d'abord si les jeunes cambodgiens ont tenté un retour aux
études depuis qu'ils avaient quitté l'école, si l'école répond relativement bien aux besoins
de la plupart de ces jeunes ou si l'école n'est pas un facteur de succès dans la vie.
À l'aide du tableau 26, nous pouvons remarquer qu'un grand nombre de jeunes
(45,19%) ne songe pas vraiment à retourner aux études, mais 43,27% des jeunes veulent
revenir à l'école non-formelle (école des adultes) et 11,54% des jeunes pensent à revenir
à l'école de formation professionnelle et de technique.
Tableau 26
Retour aux études
D'après le tableau 27, la majorité des enfants (35,58%) ont affirmé qu'ils ne
savent pas et 20,19% des jeunes ne veulent pas terminer les études primaires.
Effectivement, presque la moitié de nos jeunes, soit 44,23% affirment qu'ils souhaitent
probablement ou certainement terminer leurs études au cycle primaire.
De toute façon, nous constatons que les jeunes démontrent peu d'intérêt pour
leurs études, et la majorité d'entre eux sont des jeunes qui n'ont pas d'intérêt pour
terminer leurs études à l'école primaire. Il semble que l'école a beaucoup à voir dans le
problème de l'abandon scolaire et l'école, plutôt que celui de l'abandon des jeunes,
déclare souvent s'être aperçu qu'elle n'était pas pour eux. C'est alors l'école qui les a
rejetés plutôt qu'ils ne l'ont abandonnée. Ainsi, les facteurs liés au milieu scolaire
rejoignent les critiques adressées à l'école (Langevin, 1994). D'ailleurs, il est probable
que les jeunes enfants cambodgiens se soient désintéressés de l'école parce qu'ils
n'avaient pas de buts précis et atteignables.
Tableau 27
Intérêt des répondants à vouloir finir leurs études primaires
FIGURE 15
INTÉRÊT DES RÉPONDANTS À VOULOIR FINIR LEURS ÉTUDES
FRIMAIRES
20,19 23,08
;
S Certainement
m Probablement
21,15
35,58 a Je ne sais pas encore
Nous terminons avec l'analyse des résultats du projet d'avenir de nos jeunes qui
se termine par quatre énoncés dans l'encadrement du tableau 28 (la page suivante). Ce
tableau nous démontre que 31,73% des jeunes prévoient travailler sans faire des études,
35,58% prévoient travailler en faisant des études, 20,19% ne prévoient ni travailler, ni
étudier et 12,50% prévoient poursuivre leurs études sans occuper aucun emploi.
105
Tableau 28
Projets d'avenir
Ainsi, nous avons observé que les jeunes n'avaient pas beaucoup d'intérêt pour
les études. Il serait intéressant de savoir s'il existe un métier ou une profession qui les
attire davantage et pourquoi. C'est donc en lien avec un travail comme domestique que
l'on n'a pas besoin d'aller à l'école. Une majorité de nos jeunes trouve des travaux
ordinaires dans l'agriculture et dans la manufacture, comme la couture, la coiffure,
la soudure, la mécanique, la cuisine, le maquillage, la poterie, l'orfèvrerie, le tissage, la
pêche, la production du sel, l'élevage des animaux, etc. Il est compréhensible que les
jeunes veulent travailler dans ces secteurs. Rarement, les jeunes désirent travailler dans
l'industrie ou dans une manufacture qui malheureusement n'existe pas, surtout à la
campagne. En surplus, il est attesté que le travail des enfants existe même dans de
nombreuses provinces rurales et éloignées, comme Kampot, Banteay Meanchey, Stung
Trèng, les provinces où nous avons recueilli des données. Ce problème est en train de
faire également son apparition dans la plupart des provinces du Cambodge. Aussi, plus
du tiers de l'ensemble de nos jeunes répondants ont invoqué le motif de leur pauvreté qui
les incite à quitter l'école avant d'avoir acquis un niveau d'instruction adéquat.
Quelle que soit la pauvreté, elle restera toujours un grand problème de l'abandon
scolaire dès le cycle primaire chez les jeunes enfants cambodgiens pour lesquels on ne
pourra rien faire. Bouchard (2001) affirmait que la pauvreté demeure le facteur social le
plus déterminant. Donc, la pauvreté est sans contredit un phénomène complexe tout
comme l'est d'ailleurs l'abandon des études. Toutefois, ni la pauvreté ni l'abandon
scolaire ne représentent pour autant des fatalités. Dans d'autres cas, le problème de
l'abandon scolaire viendrait des facteurs familiaux, socioéconomiques et d'autres facteurs
scolaires sur lesquels il serait souhaitable d'œuvrer de façon concertée pour mieux le
prévenir.
Par ailleurs, notre enquête visait à étudier des facteurs de l'abandon scolaire au
cycle primaire au Cambodge, à décrire ces facteurs qui constituent les problèmes
principaux de l'abandon des études, à l'aide d'un questionnaire préparé permettant de
recueillir les informations relatives à l'abandon scolaire des jeunes enfants fréquentant le
primaire. Ce questionnaire a été administré dans seize écoles primaires ciblées pendant
quatre mois, entre le 1er mai et le 30 août 2004. En tout 120 élèves ont répondu à notre
invitation. Et parmi ces répondants, seulement 104 ont bien complété le questionnaire,
soit 55 filles et 49 garçons qui provenaient de seize écoles primaires au moment de
l'abandon des classes de lere à 6e année de la capitale de Phnom Penh, de la province de
Kampot, Banteay Meanchey et Stungtrèng. La rencontre se faisait individuellement et
parfois en groupe de deux à quatre personnes. Nos enfants étaient âgés de 6 à 15 ans et
107
plus. Sans compter que, le taux d'abandon scolaire augmente quand les jeunes atteignent
l'âge de l'adolescence, particulièrement chez les filles, même si les filles sont
indépendantes de l'école primaire ou secondaire. Leur état financier, l'occasion et
d'autres facteurs représentent des causes de plus en plus importantes de l'abandon des
études chez les filles adolescentes.
En réalité, les résultats obtenus nous démontrent que les jeunes cambodgiens
quittent l'école en plus grand nombre, entre 14 ans et plus et qu'ils abandonnent
majoritairement en classe de cinquième et de sixième année du cycle primaire. Cette
enquête nous révèle aussi que les filles ont plus de propension à abandonner leurs études
que les garçons. À partir de 14 ans, les grands élèves deviennent la main-d'œuvre utile
pour les familles.
Les résultats de cette recherche nous permettent de trouver les principaux facteurs
liés aux problèmes de l'abandon scolaire tels que la pauvreté et le statut socioéconomique
de la famille qui peuvent être la cause d'une baisse importante de la motivation des
jeunes enfants cambodgiens à poursuivre leurs études et peuvent même les inciter à
abandonner l'école. De plus, certains facteurs scolaires, par exemple, le redoublement
scolaire peut influencer plutôt de près le cheminement des jeunes enfants à abandonner
leurs études. En fait, selon la statistique et l'indicateur de l'éducation du ministère de
l'Éducation du Cambodge (1998), on remarque que le taux de redoublement est plus
élevé au cours du cycle primaire, particulièrement en classe de première année (40,9%)
et de 2e année (24,9%), en particulier les filles (39,5%). Les données de notre enquête le
confirment une fois de plus. De nombreuses études concluent en effet que les effets
négatifs du redoublement sont largement plus importants que les bénéfices escomptés.
Étant donné que les redoublements scolaires mobilisent des ressources qui
pourraient servir à étendre la scolarisation ou à améliorer la qualité des services éducatifs,
le Cambodge, à fort taux de redoublement, devrait revoir sa politique en cette matière en
vue d'adopter des mesures efficaces afin d'améliorer les résultats d'apprentissage et
éviter l'échec scolaire, particulièrement au cycle primaire. Toutefois, ce n'est pas en
108
Nous aimerions donc inspirer certaines pistes à étudier pour les prochaines
recherches sur l'encadrement des jeunes enfants cambodgiens concernant l'abandon des
études, remédier à la déperdition scolaire et appuyer les exigences d'une nouvelle
réforme politique auprès des pratiques éducatives au Cambodge. Il serait intéressant
d'étudier le problème de l'abandon scolaire des jeunes cambodgiens dans les écoles
secondaires publiques. C'est sûr que les problèmes au niveau secondaire sont
remarquablement différents. Nous devons examiner aussi les applications des lois
scolaires et la politique de l'éducation du ministère de l'Éducation, de la Jeunesse et des
Sports du Cambodge. Nous souhaitons aussi apporter des solutions concrètes à la
situation scolaire au Cambodge. À cette fin, nous croyons nécessairement que cette
recherche plus poussée au niveau secondaire cambodgien devrait constituer à notre
prochaine étude pour le niveau de doctorat en éducation.
RECOMMANDATIONS ET SUGGESTIONS
à gagner un peu d'argent et à accomplir les tâches ménagères. Des mesures d'incitation
sont nécessaires pour les pousser à envoyer leurs enfants à l'école.
Nous souhaitons avoir le soutien sincère dans cette réforme, dans le but
d'augmenter l'éducation primaire et secondaire du premier cycle dans les régions rurales
et les régions urbaines en difficulté afin de répondre à la déclaration sur l'éducation pour
tous adoptée par le Cambodge. Comme nous savons tous, sans accès équitable à
l'instruction, nous ne pouvons pas espérer libérer les pauvres de leur douleur.
Donc, en identifiant que la réduction du fardeau de coût pour les plus pauvres
familles pourrait permettre à tous leurs enfants d'aller à l'école, cela devient une
Ill
nécessité pressante pour assurer l'accès équitable. Nous voulons que le gouvernement
augmente l'arrangement de bourses et la disposition de la nourriture dans les écoles pour
les enfants pauvres et le transport scolaire, particulièrement les filles, ce qui augmenterait
l'accès équitable à l'éducation.
Source : Chanson de Félix Leclerc (1978). Titre de chanson : Les 100,000 façons de tuer un homme
r r
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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des décrocheurs et des décrocheuses. Québec : Ministère de l'Éducation,
Direction générale de la recherche et du développement.
ANNEXES
ANNEXE A
Questionnaire en langue française
120
Ce questionnaire n'est pas difficile à remplir. Répondez à toutes les questions, la durée est
d'environ quarante-cinq (45) minutes.
Ce n'est pas un test : il n'y a pas de bonnes ou de mauvaises réponses. Ce qui compte c'est votre
opinion. Vous n'avez pas à écrire votre nom sur ce questionnaire, ceci afin de garder la
confidentialité de vos réponses.
Nom de l'école :
Ville ou village :
Province :
7. Quelle est la distance entre votre maison et l'école au moment où vous avez suivi les cours ?
- Entre 1 et 2 km •
- Entre 2 et 3 km H
- Entre 3 km et plus D
8. Quel est le niveau de scolarité de votre mère ?
- Aucun niveau /jamais aller à l'école •
- Primaire non complété • ,
- Primaire complété •
- Secondaire du premier cycle non complété •
- Secondaire du premier cycle complété •
- Secondaire du deuxième cycle non complété D
- Secondaire du deuxième cycle complété D
- Universitaire D
- Autre (précisez)
9. Quel est le niveau de scolarité de votre père ?
- Aucun niveau /jamais aller à l'école D
- Primaire non complété •
- Primaire complété •
- Secondaire du premier cycle non complété •
- Secondaire du premier cycle complété •
- Secondaire du deuxième cycle non complété •
- Secondaire du deuxième cycle complété •
- Universitaire l~l
- Autre (précisez)
10. Combien de frères et de sœurs avez-vous ?
- Aucun(e) •
-Un(e) •
-Deux
- Trois •
- Quatre et plus •
123
11. Parmi vos frères et sœurs, y a-t-il quelqu'un qui a quitté l'école avant d'avoir obtenu son
diplôme d'étude :
- Primaire ?
Oui D
Non •
- Secondaire du premier cycle ?
Oui D
Non D
- Secondaire su deuxième cycle ?
Oui •
Non D
124
18. Depuis la rentrée à l'école, avez-vous déjà redoublé une ou plusieurs années scolaires ?
Oui D Non D
Si oui à quels niveaux : 1er • 2e D 3e • 4e D 5e D 6e D
125
19. Quelles raisons ont-elles contribué à vous faire abandonner l'école ? (Cocher une ou plusieurs)
a) Mes parents m'ont poussé à quitter l'école pour trouver du travail afin de subvenir à la famille r
b) Je suis obligé(e) d'abandonner mes études pour rehausser le niveau de vie de la
famille dont la situation financière était très difficile fl
c) Je voudrais travailler pour avoir de l'argent Cl
d) Mon école était loin de chez moi n
e) Je n'aime pas les cours n
f) Je ne me sentais pas à ma place à l'école fi
g) Je n'avais pas d'assez bonnes notes D
h) J'avais des échecs (1
i) On m'a mis à la porte de l'école •
j) Je vivais des problèmes familiaux n
k) Autres (précisez)
22. Aviez-vous tenté un retour aux études depuis que vous avez quitté l'école ?
-Non H
- Oui, en éducation non-formelle (l'éducation pour les adultes) D
- Oui, dans une école de formation professionnelle et de technique •
- autre (précisez)
25. Y a-t-il un métier ou une profession qui vous attire davantage ? Lequel et pourquoi ?
Réponse :
Merci de votre collaboration. Et un gros merci à votre professeur qui accepte de nous
aider.
ANNEXE B
Questionnaire en langue khmère (langue cambodgienne)
128
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ANNEXE C
Système éducatif du Cambodge (en langue khmère)
138
Nota
Le nombre total de répondants est de 120 : 60 filles et 60 garçons dont 30 pour chaque
endroit prévu (Phnom Penh, Kampot, Stung Trèng et Banteay Mean Chey) ;
Le nombre des écoles primaires sera précisé après avoir discuté avec les directions de
l'éducation municipales et provinciales.
Signa^é-dëTetudiant Date
ANNEXEE
Lettre d'autorisation du directeur de recherche
145
www.uqac.ca
Excellence,
ROYAUME DU CAMBODGE
NATION RELIGION ROI
Phnom Penh, le A
LETTRE D'AUTORISATION
Ministre
Général &
CHHAYAUN
Copié a :
-la mairie de la municipalité de Phnom Penh st les bureaux du chef-lieu des provinces de Kampot, de Stung Trèng et
de Banteay Mean Chey « afin d'en arriver à une entente de collaboration avec eux » ;
-la direction municipale de Phnom Penh et les directions provinciales de Kampot, de Stung Treng et de Banteay Mean Chey
« afin d'en arriver à une entente de collaboration avec eux » ;
-le titulaire « pour appliquer cette mission de collecte de données » ;
•{'unité concernante « pour en informer » ;
-le coordonnateur du Programme canadien de bourses de la Francophonie - PCBF ;
-la Conseillère pédagogique du Programme canadien de bourses de la Francophonie - PCBF ;
3e responsable du programme de maîtrise en éducation de l'Université du Québec à Chicoutimi - UQAC ;
-le bureau de documentation de l'inspection de l'éducation, ministère de l'Éducation de la Jeunesse et des Sports.
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