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UNIVERSITE DU QUEBEC

MÉMOIRE
PRÉSENTÉ À
L'UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À CHICOUTIMI
COMME EXIGENCE PARTIELLE
DE LA MAÎTRISE EN ÉDUCATION (M.A.)

PAR
CHANSOPHAT YIN
DIPLÔMÉ EN BIOLOGIE DE L'UNIVERSITÉ ROYALE DE PHNOM PENH
(CAMBODGE)

Étude des facteurs de l'abandon scolaire au niveau primaire au Cambodge

AVRIL 2005
UIUQAC
bibliothèque
Paul-Emile-Bouletj

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La protection des enfants devenus complètement illettrés et la prévention contre
l'abandon scolaire qui va à contre-courant du développement du pays sont donc des
enjeux majeurs pour la construction du Cambodge d'aujourd'hui et demain.

Pour tout dire, l'extension à l'éducation pour tous les enfants cambodgiens leur
permettant d'accomplir au moins le niveau primaire est un instrument efficace qui
apportera un lustre nouveau à la vie des personnes (L'éducation pour tous : Rapport sur
l'évaluation pour l'année 2000, ministère de l'Éducation de la Jeunesse et des Sports du
Cambodge).
RESUME

Plus que jamais, le problème de l'abandon scolaire est une préoccupation partagée
par l'ensemble de la population du Cambodge. Selon les statistiques et les indicateurs de
l'éducation du ministère de l'Éducation de la Jeunesse et des Sports (2001), 12% des
jeunes enfants cambodgiens dans l'ensemble du pays, ont abandonné leurs études au
niveau primaire. Ce problème se traduit par le nombre considérable d'enfants qui, pour
une raison ou pour une autre, ne réussissent pas à acquérir l'ensemble des compétences
enseignées au cours du cycle primaire.

Dans notre recherche, nous nous sommes intéressés de façon spécifique à décrire
les principales causes pouvant provoquer l'abandon des études chez les jeunes enfants
cambodgiens au cycle primaire. Pour tenter d'y répondre, nous avions pour but de tracer
les facteurs familiaux, socioéconomiques et les difficultés scolaires, en particulier la
pauvreté, qui semblent influencer l'abandon scolaire de ces jeunes au Cambodge.

L'enquête auprès de jeunes cambodgiens qui ont abandonné leurs études à l'école
primaire, a été réalisée grâce à l'aide de questionnaires quantitatifs afin d'identifier les
principales causes contribuant à cheminer vers l'abandon des études. La collecte des
données ou l'application de ces questionnaires a eu lieu au cours des mois de mai à août
2004, nous avons interrogé 104 répondants choisis au hasard qui ont abandonné leurs
études primaires, dont 55 filles et 49 garçons, 74 jeunes enfants de zone rurale et 30
jeunes enfants de zone urbaine. L'âge moyen des répondants se situe entre 6 à 14 ans et
plus.
Ill

L'analyse des données recueillies traitait de certains facteurs associés aux enfants
pauvres cambodgiens prédestinés à la non-scolarisation. En 2000, le rapport sur la
stratégie de réduction de la pauvreté du Gouvernement du Cambodge affirmait que la
population cambodgienne vivait sous le seuil de la pauvreté : 90,5% habitent les régions
rurales, 7,2% habitent les régions urbaines et 2,3% habitent la capitale de Phnom Penh.
Les résultats de notre étude démontrent aussi que 93,12% des enfants sont plutôt pauvres
parce que le revenu familial de ces jeunes tourne autour de 30 à 150 dollars américains
par mois, ce qui est considéré comme revenu faible par rapport au niveau de vie au
Cambodge. Ainsi, vivre dans un contexte de la pauvreté est sans contredit un facteur
important de l'abandon scolaire. Parmi les principales causes ayant retenu notre attention,
constatons le problème familial, le statut socioéconomique, le milieu où vivent les
enfants, les difficultés scolaires et le redoublement scolaire. Chacune de ces mauvaises
situations peut devenir une cause majeure de l'abandon des études.

Selon cette étude, en effet, les redoublements sont fréquents à l'école primaire, en
particulier dans les petites classes. Sur la base de nos données, nous estimons que le taux
de redoublement est de 15,38% en première année d'études et de 22,11% en sixième
année. De manière générale, toutefois, le redoublement scolaire tend à être répandu en
première et en dernière année du cycle primaire cambodgien. Ce redoublement scolaire
désastreux entraîne le découragement et le manque de motivation et, pour plusieurs
jeunes enfants, c'est un point tout à fait déterminant quant à la décision d'abandonner
l'école à partir du niveau primaire.

Nous souhaitons parvenir à fixer des cibles réalistes en ce qui concerne la


réduction des taux de redoublement et d'abandon des études primaires au Cambodge. La
production de certains résultats consistera à redéfinir le rôle du Gouvernement du
Cambodge et le rôle des parents pour encourager les communautés à participer davantage
à la vie scolaire. Le Gouvernement ne doit pas se limiter à contribuer au financement de
l'éducation. Les parents doivent prendre part aux décisions concrètes aux côtés des
enseignants et du chef d'établissement. Les parents seront beaucoup plus enclins à
inscrire leurs enfants à l'école, à les inciter à ne pas la quitter et à soutenir une association
IV

de parents d'élèves si on élargit leur rôle. Ils ont leur mot à dire sur les services éducatifs
offerts à leurs enfants et doivent être associés aux mécanismes communautaires de
l'école.

L'éducation est vraiment la base de la connaissance humaine et on doit la donner


aux enfants et à toutes les personnes, pour qu'ils aient accès à tous les moyens
disponibles. C'est en donnant une éducation aux enfants d'aujourd'hui qu'on apprendra
aux générations futures à maîtriser leur destinée.

Il faut offrir une prise en charge adaptée aux enfants ayant quitté l'école, enfants
parmi les plus pauvres et les plus vulnérables et les mener vers une vie d'adulte
responsable dans le respect et la promotion des traditions culturelles et des valeurs
khmères.

« La nation est constituée de familles et c'est parmi les enfants qu'elle recrute ses
chefs. »
REMERCIEMENTS

Je tiens à remercier du fond du cœur toutes les personnes travaillant au Canada et


au Cambodge qui, sans ménager leurs temps ni leurs efforts, m'ont permis de réaliser
cette étude.

Tout d'abord, je tiens à exprimer ma vive reconnaissance envers l'Agence


Canadienne de Développement International (ACDI) qui, par son Programme canadien
de bourses de la Francophonie (PCBF) m'a aidé à supporter mes dépenses dans mes
études et mes séjours au Canada afin d'accomplir cette grande étude.

Un merci tout particulier à mon directeur de recherche, Monsieur Khamlay


Mounivongs, Ph.D., qui, par l'entremise de ses judicieux conseils tout au long de ce
projet, a fait de cette démarche une grande aventure vers la réalisation de ce travail. Je
suis infiniment redevable à sa rigueur intellectuelle, son tact et son écoute, grâce auxquels
j'ai pu cheminer. De l'autre côté, je tiens à souligner la remarquable contribution de
Monsieur Pasquale Pucella, Ph.D., mon codirecteur de mémoire, pour son
accompagnement et son assistance qui m'ont aidé aussi à cheminer. Merci également à
Monsieur Jacques-André Gueyaud, Ph.D., qui m'a guidé dans les lectures dirigées dans le
cadre du programme d'étude à la maîtrise en éducation. Sans ces trois professeurs du
département des sciences de l'éducation de l'Université du Québec, ici à Chicoutimi, ce
travail n'aurait pu être effectué.
VI

Naturellement, un gros merci très sincère à Madame Claire Perron, professeure de


français au Centre de l'éducation des adultes de Laure-Conan qui a bien voulu lire et
relire mes écrits afin d'y trouver du sens. Merci pour toutes ces heures consacrées à la
correction du manuscrit.

Pour faire suite, je voudrais remercier également les élèves cambodgiens, le


personnel des écoles primaires et les directions de l'éducation de Phnom Penh, Kampot,
Banteay Meanchey et Stungtrèng qui ont eu la bonté de bien accepter la passation du
questionnaire nécessaire à la réalisation de cette étude. Enfin, j'adresse mes
remerciements à mes collègues de travail à l'Inspection de l'éducation et à la directrice de
ce département, Madame Nhim Vannchankan, Ph.D., pour leur soutien amical et
professionnel, et aux dirigeants du ministère de l'Éducation de la Jeunesse et des Sports
du Cambodge qui m'ont autorisé officiellement au processus de la collecte de données
avec leur personnel de la direction municipale et provinciale de l'éducation. Aussi, merci
bien aux cent quatre élèves dans les quatre zones différentes (Phnom Penh, Kampot,
Banteay Meanchey et Stung Trèng), qui m'ont chaleureusement accueilli lors de
l'entrevue pendant cette cueillette de données au Cambodge.

Finalement, je tiens à exprimer toute ma profonde gratitude à ma mère


Seng Heak, à mes deux sœurs Yin Khunneary et Yin Chansophal, à mon frère
Yin Chanthearith et aussi à mes meilleurs amis Bolin Davith, Kong Vuthy,
Chhar Bunpaul, Chheang Khor, Srey Rachana, Taing Ratana, Say Leakhena et
d'autres amis. Malgré les inconvénients causés par les préoccupations engendrées par les
travaux, ils m'ont toujours soutenu et encouragé inlassablement par leur présence très
chaleureuse.
TABLE DES MATIERES

RESUME ii

REMERCIEMENTS v

TABLE DES MATIÈRES vii

LISTE DES ANNEXES xi

LISTE DES TABLEAUX xii

LISTE DES FIGURES xiv

INTRODUCTION 1

CHAPITRE I : LE CONTEXTE ET LA PROBLÉMATIQUE 5

1.1 CONTEXTE 5

1.1.1 Le Cambodge : aperçu historique 7

1.1.2 Aperçu des ressources humaines 11

1.1.3 Cadre juridique de la réforme de l'enseignement 11

1.1.4 Administration et gestion de l'éducation 12

1.1.5 Système éducatif du Cambodge 14


vin

1.1.5.1 Organisation de la maternelle 14


1.1.5.2 Organisation de l'enseignement général 17
1.1.5.2.1 Organisation de l'enseignement primaire 17
1.1.5.2.2 Élèves et enseignants du primaire 18

1.1.5.3 Organisation de l'enseignement supérieur 19

1.1.5.4 Le français au Cambodge 20

1.2 PROBLÉMATIQUE 21

1.2.1 Quelques définitions 22

1.2.2 État de la question 23


1.2.3 Problème général 26
1.2.3.1 Ampleur du phénomène de la déperdition scolaire 27
1.2.3.2 Redoublement scolaire au cycle primaire cambodgien 29
1.2.3.3 Abandon scolaire au cycle primaire cambodgien 32
1.2.4 Facteurs recensés à l'abandon scolaire au Cambodge 34
1.2.4.1 La pauvreté 34
1.2.4.2 L'égalité des chances des enfants dans la poursuite des études...36
1.2.4.3 Les activités d'enseignement et d'apprentissage 40
1.2.4.4 Les faiblesses administratives du pouvoir central de l'éducation..43
1.2.5 Questions de recherche 46
1.2.5.1 Question générale 46
1.2.5.2 Questions spécifiques 46

1.2.6 Problèmes spécifiques 46


1.2.6.1 Facteurs familiaux 48
1.2.6.2 Facteurs socio-économiques 49
1.2.6.3 Facteurs scolaires 50

1.2.7 Objectifs de recherche 52


1.2.8 Hypothèses de recherche 53
IX

CHAPITRE II : CADRE THÉORIQUE ET CONCEPTUEL 54

2.1 Les facteurs familiaux 54


2.2 Les facteurs socio-économiques 57
2.3 Les facteurs scolaires 60

CHAPITRE III : CADRE MÉTHODOLOGIQUE 63

3.1 Approche méthodologique privilégiée 63


3.2 Instrument de collecte des données 65
3.2.1 Le questionnaire 65
3.2.2 Les répondants 68
3.2.3 Les lieux de répondant 69
3.2.4 La planification de la collecte 69

3.3 Interprétation et analyse des données 70

CHAPITRE 4 : PRÉSENTATION ET ANALYSE DES DONNÉES 72

4.1 Situation générale 72


4.1.1 Sexe 73
4.1.2 Âge 74
4.1.3 Structure familiale 75
4.1.4 Abandon scolaire selon le milieu et le sexe 76
4.1.5 Revenu mensuel de la famille 77
4.1.6 Niveau d'études et abandon scolaire 79
4.1.7 Distance entre la maison des élèves et l'école 81
4.1.8 Scolarité des parents 82
4.1.9 Taille de la famille 85
4.1.10 Abandon scolaire chez les frères et les sœurs 86
4.2 Résultat scolaire avant l'abandon 87
4.2.1 Note annuelle des études au moment de l'abandon scolaire 88
4.2.2 Degré de motivation face aux mauvaises notes 89
4.2.3 Nombre d'absences de l'école 90
4.2.4 Raison d'absences 91
4.2.5 Justification des absences par les parents 92
4.2.6 Redoublement scolaire 94

4.3 Perception des causes 96


4.3.1 Raisons attribuées à l'abandon des études 96
4.3.2 Difficultés d'études 99
4.3.3 Facilités d'études 101

4.4 Projets d'avenir 102


4.4.1 Retour aux études 102
4.4.2 Degré de satisfaction des finissants 103
4.4.3 Projets d'avenir 104

CONCLUSION 106

RECOMMANDATIONS ET SUGGESTIONS 109

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES 112

ANNEXES 118
LISTES DES ANNEXES

ANNEXE A : Questionnaire en langue française 119

ANNEXE B : Questionnaire en langue khmère (langue cambodgienne) 127

ANNEXE C : Système éducatif du Cambodge 137

ANNEXE D : Calendrier des activités de collecte de données 139

ANNEXE E : Lettre d'autorisation du directeur de recherche 144

ANNEXE F : Lettre d'autorisation du ministère de l'Éducation du Cambodge 146


LISTE DES TABLEAUX

Tableau 1 Estimation des taux nets de scolarisation de l'enfant par tranches


d'âge du primaire de l'année scolaire 1996-1997 à 1998-1999 28

Tableau 2 Taux de redoublement scolaire à 1 ' enseignement primaire 30


Tableau 3 Taux cambodgien de l'alphabétisation à l'âge de 15 à 24 ans 31
Tableau 4 Taux d'abandon scolaire à l'enseignement primaire 33
Tableau 5 Proportion de filles par niveau d'études 39
Tableau 6 Taux net d'inscription des filles par niveau d'études 40
Tableau 7 Pourcentage de l'existence de chacun des niveaux pour les écoles
primaires au Cambodge 45

Tableau 8 Abandon scolaire selon le sexe 73


Tableau 9 Abandon solaire selon l'âge 74
Tableau 10 Structures familiales 75
Tableau 11 Abandon scolaire selon le milieu et le sexe 76
Tableau 12 Revenu mensuel de la famille 78
Tableau 13 Niveau d'études primaires au moment de l'abandon scolaire 80
Tableau 14 Abandon scolaire selon la distance entre la maison des élèves et l'école..82
Tableau 15 Niveau de scolarité des parents 83
Tableau 16 Taille de la famille 85
Xlll

Tableau 17 Abandon scolaire chez les frères et les sœurs 87


Tableau 18 Notes annuelles des études (notes sur 10) 88
Tableau 19 Degré de satisfaction chez les jeunes cambodgiens à suivre des cours
par rapport aux mauvaises notes 90

Tableau 20 Nombre d'absences pendant un an au moment de 1 'abandon 91


Tableau 21 Justification des absences par les parents 93
Tableau 22 Redoublement scolaire 94
Tableau 23 Principales raisons de l'abandon scolaire 97
Tableau 24 Difficultés d'études 99
Tableau 25 Facilités d'études 101
Tableau 26 Retour aux études 102
Tableau 27 Intérêt des répondants à vouloir finir leurs études primaires 103
Tableau 28 Projet d'avenir 105
LISTE DES FIGURES

Figure 1 Carte du Cambodge 6


Figure 2 Organigramme du ministère cambodgien de l'Éducation,
de la Jeunesse et des Sports 13

Figure 3 Système éducatif du Cambodge 16


Figure 4 Nombre de périodes hebdomadaires par matière et par classe d'âge 18
Figure 5 Structure du questionnaire 67
Figure 6 Bref calendrier de collecte des données 70
Figure 7 Abandon scolaire selon le milieu et le sexe 77
Figure 8 Revenu mensuel de la famille 79
Figure 9 Niveau d'études primaires au moment de l'abandon scolaire 81
Figure 10 Niveau de scolarité des parents 84
Figure 11 Taille de la famille 86
Figure 12 Justification des absences par les parents 93
Figure 13 Redoublement scolaire 95
Figure 14 Difficultés d'études 100
Figure 15 Intérêt des répondants à vouloir finir leurs études primaires 104
INTRODUCTION

Le Cambodge est un pays pauvre en voie de développement qui a été le théâtre


d'une forte guerre civile, particulièrement destructrice de 1970 à 1979. Son histoire
mouvementée, parcourue par cette guerre, a entraîné des conséquences sociales
dramatiques. En revanche, si on tient compte de cette histoire et qu'on analyse les effets
des vingt-cinq dernières années de conflit, sur l'éducation, il est évident que, depuis
1979, le gouvernement du Cambodge a donné une grande priorité à l'éducation et a
essayé à tout prix d'assurer une éducation de base pour tous les enfants, adolescents et
adultes cambodgiens. Cependant, un des principaux effets d'une période de guerre est
qu'il faut se concentrer sur la qualité de l'éducation lorsque le conflit est fini. À l'heure
actuelle, au Cambodge, c'est une triste réalité de voir que beaucoup de jeunes enfants ne
vont pas à l'école ou abandonnent l'école à tous les niveaux du cycle primaire, surtout
(1)
ceux qui vivent dans les régions rurales et éloignées . Donc, c'est le phénomène de
l'abandon scolaire qui intéresse tout particulièrement les politiciens dans le monde entier,
autant dans les pays industrialisés que dans les pays en voie de développement, étant
donné qu'il est l'indice d'un dysfonctionnement du système d'éducation.

Selon le ministère de l'Éducation de la Jeunesse et des Sports du Cambodge


(le rapport d'évaluation de l'éducation pour tous en 2000), l'enseignement primaire
rencontre encore de grandes difficultés liées au taux élevé d'échecs scolaires des élèves

Source : Pich Sophoan, (2003). Destruction et reconstruction de l'éducation au Cambodge. Directeur, Éducation et
formation supérieure technique et professionnelle, Ministère de l'éducation, de la jeunesse et des sports, Phnom Penh.
de la classe de lere année et de l'abandon scolaire chez les élèves de la classe de 4e année
et de 5e année. En somme, 63,4% de la population totale n'ont pas terminé leurs études
primaires.

Officiellement, l'école est obligatoire, mais elle est accessible à peu d'enfants
pour les raisons suivantes : le manque de professeurs et d'écoles, les parents qui
préfèrent voir leurs enfants les aider pour les travaux domestiques plutôt qu'aller à
l'école, le coût de l'école : en effet, bien qu'officiellement l'école soit gratuite, les
professeurs étant sous-payés « (25 dollars américains par mois alors que le montant de
150 dollars américains est un minimum pour faire vivre une famille de 4), ceux-ci en
viennent à faire payer les élèves pour pouvoir vivre de leur métier et aussi la malnutrition
chronique et les maladies parasitaires ou autres empêchent les enfants de suivre
correctement » (2) .

Généralement, le gouvernement du Cambodge comprend bien qu'il est important


d'investir dans l'éducation de base. Mais il a un rude combat à mener pour construire des
systèmes éducatifs capables d'offrir une éducation de base pour tous les enfants
cambodgiens. Les ressources financières et humaines sont limitées et il est difficile de
décider la meilleure affectation. Il est donc impératif d'en tirer le maximum de
résultats. Malheureusement, tel n'est pas le cas. « Si l'augmentation du nombre d'élèves
scolarisés, dans les pays en développement, constitue un progrès notable, cette avancée
est ébranlée par le nombre toujours aussi élevé d'élèves qui passent plus d'une année
dans la même classe et/ou abandonnent l'école avant même la fin du cycle primaire » (j).

Donc, l'abandon scolaire est une occasion manquée pour les individus, les
communautés, les nations et les régions entières du monde. Il empêche les pays en voie
de développement de tirer le meilleur parti de leurs ressources et frappe surtout les
groupes les plus vulnérables de la société tel le Cambodge.

* Source : Ministère de l'Éducation de la Jeunesse et des Sports du Cambodge, 1998. Système éducatif au Cambodge
Phnom Penh : UNICEF / Sida.
^ Source: UNESCO, 1998. Occasion perdues : Quand l'école faillit à sa mission. Paris: secrétariat du forum
« Éducation pour tous ».
Ainsi, cette présente étude s'avère très intéressante pour une description complète
des facteurs pouvant provoquer l'abandon scolaire au niveau primaire au Cambodge.
Nous allons réaliser une recherche descriptive en utilisant une enquête par questionnaire
pour la collecte de données. Cette recherche est limitée à l'étude des facteurs de
l'abandon scolaire au niveau primaire tels que les facteurs familiaux, socio-économiques
et les difficultés scolaires.

Notre travail va comporter quatre chapitres soit : le contexte et la problématique,


le cadre théorique et conceptuel, le cadre méthodologique et enfin, l'analyse et
l'interprétation des données.

Dans le premier chapitre, nous présenterons d'abord l'aperçu historique et les


politiques qui ont marqué le Cambodge dans les dernières années. Ensuite, nous nous
attarderons sur la problématique des facteurs de l'abandon scolaire au cycle primaire au
Cambodge. Nous définirons quelques concepts permettant de bien comprendre le
problème de l'abandon scolaire au Cambodge, l'état de la question, le problème général
et les facteurs recensés à l'abandon des études actuellement en vigueur au primaire au
Cambodge; enfin, la question de recherche, le problème spécifique, les objectifs et les
hypothèses seront déterminés.

Le deuxième chapitre présentera le cadre théorique sur lequel s'appuie cette étude
concernant les facteurs familiaux, socio-économiques et scolaires qui semblent être
importants dans l'abandon des études au Cambodge.

À partir du troisième chapitre, nous développerons la méthodologie utilisée tout


au long de ce travail. Après avoir expliqué l'approche privilégiée, nous présenterons
l'instrument de collecte des données en langue cambodgienne (la langue khmère) et en
langue française, le déroulement de la cueillette des données et le mode d'analyse et
d'interprétation des données.
Au quatrième chapitre, nous construirons l'analyse et l'interprétation des données
issues de l'expérimentation du questionnaire utilisé dans cette étude. Enfin, ce travail sera
également constitué d'une conclusion et d'une réflexion sur notre démarche de recherche,
de certaines recommandations de même que de suggestions ainsi que de quelques
recherches complémentaires possibles, sur les rapports et les limites de cette étude.
CHAPITRE I

CONTEXTE ET PROBLÉMATIQUE

Ce premier chapitre est consacré au portrait du contexte du Cambodge entourant


le problème du monde de l'éducation de ce pays en voie de développement. Ensuite, la
problématique de recherche ainsi que l'état de la question, le problème spécifique, les
objectifs et les hypothèses sont présentés.

1.1 CONTEXTE

Pour bien comprendre le phénomène de l'abandon scolaire au Cambodge, il faut


connaître à priori son historique qui nous aidera à comprendre son évolution à travers
différentes époques. Ensuite, en ce qui concerne les facteurs de la part du public vis-à-vis
du comportement des jeunes enfants cambodgiens, des exemples autour de ces problèmes
chez les corps éducatifs seront utiles pour montrer d'une part, les faits sociaux dans la
société cambodgienne actuelle, et pour expliquer d'autre part ses causes. De ce point de
vue, les mesures déjà prises ou en cours d'application seront également utiles pour
étudier des facteurs causant l'abandon scolaire au niveau primaire au Cambodge.

La figure 1 (page suivante) présente des informations récentes sur le Cambodge,


marquée par le tableau synoptique. Connaissons-nous le Cambodge ? Où est-il ?
Pourquoi les jeunes cambodgiens abandonnent-ils l'école dès le cycle primaire ? Bien,
nous allons connaître la vraie situation au Cambodge actuel.
FIGURE i
Carte du Cambodge

I.4OS

Oddar-Mcanchey
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Chef de l'état Le roi Norodom Sihanouk


Chef du gouvernement Premier ministre Hun Sen
Nature du régime Monarchie constitutionnelle
Superficie 181 035 Km2
Provinces et villes 24
Climat Tropical : Chaud et humide
Température annuelle au moyen 28,5 C ou 83,3 F
Saisons Saison sèche de 6 mois ; De novembre à avril
Saison de pluie de 6 mois : De mai à octobre
Population (en 2000) 13,1 millions dont près de la moitié (41%) a moins de 14 ans
Capitale Phnom Penh
Monnaie Riel (1 dollar U.S. = 4000 rids)
Langue nationale Khmer
Religion Bouddhisme 95%, musulmans 2%, chrétiens 2%, autres 1%
Tranches d'âge de la scolarité obligatoire 6 à 15 ans
Nombre d'enfants au primaire 2,4 millions (2003)
Nombre moyen d'élèves dans «ne classe 50
do primaire
1.1.1 Le Cambodge : aperçu historique

Le Cambodge, pays du Sud-Est asiatique, est un pays essentiellement agricole,


dont 85% des habitants (au nombre de 13,1 millions en 2000) vivent en zone rurale. Avec
une superficie de 181 035 Km2, dont 176 520 Km2 de terre, 443 Km de côtes, le
Royaume du Cambodge actuel est bordé au Nord par le Laos (514 Km), au Nord et au
Nord-ouest par la Thaïlande (803 Km), à l'Ouest par le golfe du Siam (443 Km), et à
l'Est et au Sud par le Vietnam (1228 Km).

Le Cambodge possède un climat chaud et humide. La température annuelle est en


moyenne de 28,5 °c. Il y a deux saisons différentes : ce sont la saison sèche durant six
mois, de novembre à avril et la saison de pluie durant six mois, de mai à octobre. Le
Cambodge a un milieu naturel très favorable. Il est formé de plaines et hautes terres,
de lacs, de fleuves et de forêts, entourant une dépression centrale, où se loge le fleuve de
Tonlé Sap (2700 Km2 en saison sèche) et qui est drainée par le Mékong (507 Km)
traversant du Nord au Sud. Au plus fort de la crue du grand fleuve au début d'octobre, la
Plaine des Quatre Bras (Mékong inférieur et supérieur, Tonlé Sap, Bassac) - nœud des
grandes voies fluviales où se situe Phnom Penh - est, telle une mer, agitée de tempêtes, et
le fleuve Tonlé Sap renverse son cours, reflue vers les lacs qui couvrent environ un
huitième du pays, soit 20 000 km2.

«Cambodge» est un dérivé du sanskrit «Kambuja» dont certains disent qu'il


signifie «Khmer», d'autres, «né de l'eau». On raconte en effet qu'autrefois, un brahmane
aurait épousé Soma, fille d'un roi des Naga. Pour procurer un royaume à son gendre, ce
roi aurait bu l'eau qui recouvrait alors le territoire cambodgien.

Le Cambodge avec sa réalité, sans tenir compte des galets retouchés découverts
dans la vallée du Mékong, témoigne d'une installation humaine remontant bien avant
l'ère chrétienne. Les Khmers ou Cambodgiens représentent le peuple le plus
anciennement établi dans la péninsule indochinoise. Ses débuts historiques nous sont
connus par les annales dynastiques chinoises, puis par les documents lapidaires.
Fondé au 1er siècle de l'ère chrétienne, le Royaume de FUN AN, dont on a situé
approximativement le centre dans l'ancienne Cochinchine et le sud du Cambodge actuel,
était établi sur le delta et le cours moyen du Mékong pendant plus de cinq siècles, et fut
conquis au VIe siècle par les «Kambuja», ancêtres des Khmers. Avec les techniques les
plus diverses, l'écriture, les lois et les religions et ses ressources naturelles (poissons et
riz), le Cambodge, petit royaume, se transforme en vaste empire terrien qui connaît, sous
Jayavaraman VII (1181-1218), sa plus grande extension. À cette époque, outre les pays
Khmers proprement dits, il comprend les actuels territoires de la basse Birmanie, du
Laos, de la Thaïlande, une partie de la péninsule malaise et la quasi-totalité du Vietnam
méridional. Conduit pendant des siècles par des rois conquérants et bâtisseurs, adeptes de
Çiva, de Visnu et du Bouddha de rite Mahayana, qui fondèrent la civilisation angkorienne
et lui donnèrent un éclat incomparable, le peuple cambodgien s'est converti au XIVe
siècle au bouddhisme de rite Théravada, religion qu'il a conservée jusqu'à aujourd'hui.
Mais les luttes intestines au sommet de l'Empire ont affaibli le royaume, ce qui permit à
d'ambitieux voisins d'en tirer avantage (Jacques C , Le pays Khmer avant Angkor,
Dossiers Histoires et Archéologie, n° 125, mars 1988).

Selon l'Histoire Khmère (Troeung Gnea, partie 2, 1974), la capitale, Angkor, est
prise par les Siamois en 1353 puis en 1431; elle est abandonnée au milieu du XVe siècle
et sa civilisation, fondée sur une riziculture intensive, s'est alors effondrée. À la fin du
XVIe siècle, le Cambodge devient le vassal du Siam (Thaïlande actuelle) et sert de terrain
de bataille entre Siamois et Vietnamiens qui finissent de coloniser le delta du Mékong au
XVIIIe siècle. En 1845, Siamois et Vietnamiens, las de tenter chacun de leur côté de
s'emparer du royaume s'accordent pour placer le Cambodge sous un condominium. La
conquête de la Cochinchine par la France a permis à ce pays occidental, en 1863, de
substituer son protectorat à celui du Vietnam et à celui du Siam. Sous son protectorat
(1863-1953), la France s'attache plus à la protection et à la survie du royaume qu'à son
développement économique. Elle récupère pour le Cambodge à l'Ouest les provinces de
Battembang et d'Angkor (province de Siem Reap) et fixe à l'Est une nouvelle frontière
qui arrête l'expansion du Vietnam.
Progressivement développé et modernisé après avoir obtenu le 9 novembre 1953
son indépendance politique et économique, grâce à une « neutralisé active » menée par
son souverain d'alors, Norodom Sihanouk, le Royaume du Cambodge tombe dans la
guerre civile en 1970. Le coup d'État militaire du 18 mars 1970 renverse le prince
Sihanouk et entraîne le pays dans une guerre qui aboutit à l'installation au pouvoir des
Khmers Rouges qui, le 17 avril 1975, sous l'idéologie d'une révolution radicale, se
livrent à un génocide.

Les Khmers Rouges ont envoyé des citadins, tous, à la campagne. Ils étaient
dispersés dans les quatre coins du pays. Maintenant, tout le monde devait savoir comment
cultiver le riz. Et non seulement ils avaient des travaux forcés dans les rizières, mais aussi
ils devaient creuser les canaux pour se faire des provisions d'eau servant pendant la
saison sèche (système adopté par la doctrine maoïste). Même s'ils travaillaient très fort,
ils n'avaient presque rien à manger. Résultats : plus de deux millions de personnes sont
mortes sur une population totale de sept millions d'habitants. À ce moment-là, toutes les
écoles étaient fermées et presque tous les documents scolaires et administratifs ont été
aussi brûlés. C'étaient des situations extrêmes qui ont endommagé notre système
éducatif.

Nous avons traversé à partir des années 70, cinq régimes différents. De 1970 à
1993, pendant ces 23 ans (l'espace d'une génération) ce pays a vécu de façon quasi
permanente dans la guerre : une guerre civile entre factions politiques et bandes armées,
entretenue par les pays voisins, et attirée autant par le conflit Est-Ouest que par les
rivalités asiatiques; une guerre multiforme qui réduit le Cambodge à l'état de marché
pour les négociants de canons et de terrain d'expérimentation pour les armes des plus
sophistiquées aux plus lâches (mines antipersonnelles). Cette guerre a fait du pays un
laboratoire où se sont succédés les régimes idéologiques et politiques : République
Khmère (1970-1975), Kampuchea Démocratique connu sous la dictature nationale
maoïste de Khmers Rouges (1975-1979), République du Kampuchea (1979-1989), État
du Cambodge (1989-1993) et depuis 1993, Royaume du Cambodge. Nous sommes
maintenant dans un pays libre et démocratique.
10

Comme le Cambodge est un pays qui a subi plusieurs événements politiques et


des guerres successives, les Cambodgiens ont chaque fois dû s'adapter aux changements
de régime, ce qui était terriblement difficile et déstabilisant. À l'heure actuelle, dans notre
système éducatif, nous avons énormément de travail à refaire parce qu'il faut donc
reconstruire graduellement toutes nos infrastructures éducatives.

Le Royaume du Cambodge actuel a comme régime politique la monarchie


constitutionnelle, régime parlementaire. Le pays est divisé en 20 provinces et quatre
municipalités (Phnom Penh, Sihanouk Ville, Kep Ville et Pailïn Ville). La dispersion de
la population et la rareté des voies de communication accroissent le coût des services
d'éducation, en particulier dans les provinces du Nord et du Nord-Est (Ratanakiri,
Mondolkiri, Stung Treng et Pheah Vihear).

La population totale était de 13,1 millions d'habitants en 2000 et la densité est de


64 habitants au km2 dans les plaines de riziculture, mais de moins de cinq habitants dans
les régions forestières de montagne. Les ressources du pays sont : le riz, la pêche, les
plantations d'hévéa, les pierres précieuses, les phosphates, le manganèse, l'or, le fer, le
cuivre, l'étain, la bauxite, le pétrole, le gaz off-shore, la forêt. Les animaux sauvages tels
que les singes, les lémuriens, les éléphants, les cerfs, les ours, les tigres, les léopards, les
rhinocéros de Sumatra, les gaurs (les bœufs sauvages) sont actuellement très menacés et
certaines espèces sont en voie de disparition.

La population est à peu près homogène : de souche Khmère à plus de 90% et


bouddhiste dans les proportions similaires. Parmi les minorités importantes figurent les
Vietnamiens, les Chams (musulmans) et plus d'une trentaine de groupes ethniques vivent
dans les montagnes, à qui l'on s'efforce d'offrir de meilleurs services éducatifs. Un
certain nombre d'écoles chinoises ont également été créées.

La règle d'usage qualifie de « Cambodgien » tout ce qui ressort à la nationalité ou


la nation et à « Khmer » ce qui détermine la culture dominante du pays. La langue
officielle est le khmer.
11

1.1.2 Aperçu des ressources humaines

La situation actuelle du Cambodge en matière de ressources humaines se


caractérise aussi par le manque de personnel qualifié pour gérer les services publics ou
s'engager dans des activités en rapport avec la naissance d'une économie de marché. La
perte d'ouvriers qualifiés, décédés ou partis à l'étranger, et les capacités insuffisantes de
l'enseignement supérieur limitent gravement le réservoir de personnes compétentes et
instruites dont dispose le pays. Selon le rapport de fin d'année sur le résultat de l'année
scolaire 2000-2001 et les objectifs et les activités pour l'année 2002-2003 du ministère de
l'Éducation de la Jeunesse et des Sports du Cambodge, on estime que seulement 2908
étudiants dont 729 filles ont obtenu un diplôme de l'enseignement supérieur au cours des
vingt-cinq dernières années. Quelques Khmers, qui s'étaient expatriés, sont rentrés au
pays, où ils occupent des postes dans l'administration, ce qui est très peu.

1.1.3 Cadre juridique de la réforme de l'enseignement

La constitution adoptée se prononce pour un Royaume du Cambodge


pluripartiste, libéral et démocratique. Le Roi est élu par le conseil royal du Trône parmi
les membres de la famille royale khmère. Il occupe le Trône mais n'exerce pas de
pouvoir mais exerce son influence. L'organe du pouvoir législatif au Royaume du
Cambodge est une assemblée nationale dont les membres sont élus au suffrage universel.
Sur proposition du Président et avec l'accord de deux Vice-présidents du Gouvernement,
constitué en octobre 1993, on compte 18 ministres.

Selon le Programme du Gouvernement royal du Cambodge (1993), le chapitre 6


de la constitution du Cambodge définit le « droit des citoyens à une éducation de qualité à
tous les niveaux » et le rôle de l'État dans l'établissement d'un système d'éducation
complet et universel dans l'ensemble du pays. Ce système garantit « les principes de la
liberté de l'éducation et de l'égalité de l'éducation afin que les citoyens aient des chances
égales de gagner leur vie ». L'enseignement primaire et secondaire sont gratuits et la
durée de la scolarité obligatoire a été portée à neuf années. L'enseignement privé est
autorisé, et les institutions éducatives bouddhistes encouragées; mais « l'État contrôle les
12

établissements d'enseignement publics et privés à tous les niveaux ». La constitution


mentionne également l'adoption d'un programme d'enseignement moderne, faisant
notamment une place à la technologie et à l'étude des langues étrangères.

Parmi les autres objectifs fixés par la conférence nationale sur l'éducation, qui
s'est tenue en août 1993, figurent la scolarisation des enfants rapatriés, l'amélioration de
la qualité de l'éducation, la révision des programmes et la réforme de l'administration du
système éducatif.

1.1.4 Administration et gestion de l'éducation

Selon le ministère cambodgien de l'Éducation de la Jeunesse et des Sports,


YÉducation au Cambodge (2000), les responsabilités en matière de gestion et
d'administration du système éducatif seront définies en relation avec des réformes
administratives en cours (voir la page suivante : la figure 2).

Pour l'instant, la structure administrative est très fluide, mais elle évolue dans le
sens de la centralisation. Actuellement, le système éducatif est fortement décentralisé et
sa gestion assurée à trois niveaux. Au niveau central, le ministère de l'Éducation de la
Jeunesse et des Sports assume la responsabilité générale de l'élaboration des politiques
nationales et des directives concernant les programmes. Comme il a été mentionné plus
haut, plusieurs établissements de l'enseignement supérieur et de l'enseignement
technique et professionnel dépendent de ministères techniques (ministère de l'Éducation,
ministère de la Santé, ministère de l'Agriculture, ministère de la Culture et des Beaux-
arts). Ces établissements devraient pour la plupart être placés sous la supervision du
nouveau ministère de l'Éducation pour permettre une meilleure coordination de la
politique et de la planification de l'enseignement supérieur. Au niveau local, les
administrations des provinces et des districts constituent les deux autres échelons, chargés
respectivement de l'enseignement secondaire (premier cycle et deuxième cycle) et de
l'enseignement primaire. Dans le passé, les autorités centrales n'ont exercé qu'un
contrôle sur les administrations locales de l'éducation, mais la situation maintenant est en
train de changer. Le rôle du ministère dans l'élaboration de la politique de l'éducation,
13

qui était limité presque exclusivement aux aspects pédagogiques (programmes scolaires,
production des manuels), sera étendu à l'avenir.

FIGURE 2
Organigramme du ministère cambodgien de l'Éducation, de la Jeunesse et des Sports

Ministre
Secrétaire d'État
Sous-Secrétaire d'État

Cabinet du
Conseiller Conseil

Direction générale de Direction générale Direction générale Direction générale Direction générale
l'éducation de la jeunesse et de l'éducation de l'administration de l'inspection
supérieure, technique des sports et des finances
et professionnelle

Département de la Département de Département de Inspection de


Département de jeunesse l'éducation l'administration l'éducation
l'éducation primaire et
supérieure préscolaire

Département de la
Département de Département de Département du Inspection de
formation et de la
l'éducation l'éducation personnel l'administration
pédagogie
physique et secondaire et des finances
" ~\ sportive
Département de
l'éducation
technique et de la Institut national Département de Département des
formation de l'éducation l'éducation non- finances
professionnelle physique et formelle
sportive

Département de
Département de la Département de la relation
recherche l'éducation de culturelle et des
scientifique santé bourses

Département des
matériaux et des
biens d'état

Département de
la planification

Source : Ministère de l'Éducation de la Jeunesse et des Sports (2000). L 'éducation au


Cambodge. Phnom Penh : Unicef/ Sida
14

1.1.5 Système éducatif du Cambodge

Aujourd'hui encore, le système éducatif au Cambodge reste très fragile. La loi sur
l'éducation est devenue la première des priorités pour le ministère de l'Éducation de la
Jeunesse et des Sports car le pays ne possède pas de structures solides en terme de
législation lui permettant d'avoir une vision à long terme. De ce fait, le ministère est
déterminé à moderniser le système éducatif et à améliorer l'accès à l'éducation pour les
enfants des zones de plaines et des régions reculées, en particulier les filles et les groupes
défavorisés ou vulnérables.

1.1.5.1 Organisation de la maternelle

L'éducation préscolaire influence grandement le développement mental et social


de l'enfant. En effet, l'école maternelle peut commencer à l'âge de 3 ans et dure alors
trois ans (voir la page 16 : la figure 3). Selon le ministère de l'Éducation de la Jeunesse et
des Sports du Cambodge (2003), il affirmait que 8% seulement des enfants de 3 à 5 ans
étaient inscrits dans un jardin d'enfants et allaient à la maternelle. De toute façon,
l'inscription préscolaire demeure en grande partie une option pour un pourcentage très
bas des enfants urbains. Cependant, cet accès à l'inscription préscolaire a lentement
augmenté ces dernières années. Au total, 72 224 enfants étaient inscrits dans un
établissement d'enseignement pré-primaire où ils étaient encadrés par 2528 éducatrices.
La qualité des services éducatifs n'est pas satisfaisante dans ces établissements, dont
beaucoup sont sous-équipés en matériels d'apprentissage. Les programmes sont
insuffisamment développés et il n'y a pas d'inspection pédagogique.

Ainsi, tout comme ceux de l'enseignement primaire et secondaire, le programme


et le matériel de l'enseignement pré-primaire ont besoin d'être revus et améliorés. Il
conviendrait de constituer une équipe spéciale pour former, avec l'aide d'experts, le
personnel qui sera chargé de cette tâche (selon le Séminaire national sur l'éducation du
Cambodge, ministère de l'Éducation de la Jeunesse et des Sports, 1994). Il est donc
indispensable de formuler une politique claire de développement de l'enseignement pré-
15

primaire fixant des cibles réalistes pour la scolarisation des enfants de trois à cinq ans.
Cette politique devrait spécifier les nonnes minimales et les directives à suivre sur le plan
de l'enseignement pré-primaire et de l'inspection pédagogique. Elle devrait préciser le
point de vue du Gouvernement royal du Cambodge concernant le développement des
jardins d'enfants et des écoles maternelles privées.

En tout état de cause, les six premières années de vie de l'enfant sont
déterminantes pour son développement, ses capacités d'apprentissage futures et sa
réussite scolaire. La mise en place de structures adaptées aux besoins des enfants de 2 à 6
ans est aujourd'hui une nécessité au Cambodge. Cependant, les écoles maternelles peu
nombreuses et les méthodes pédagogiques utilisées sont très formelles et ne favorisent
pas le développement du potentiel de chaque enfant (selon le Rapport annuel sur
l'évaluation pour tous en 2002, ministère cambodgien de l'Éducation, de la Jeunesse et
des Sports).
8
9

3
5
6
7

4
21
23

22

20

17

16
18

15
19

11
13
14

12

10

A,
e
o
Éducat e base oi oire 3end
Éducation supéri eu re
9 ans
Classe Lycée
maternelle

U
"o
Primaire Instituts et Unive rsité!

- Faculté des Sciences Santé 1


<u i 2

. Université des Beaux t


. Institut de la technolog
du Cambodge
. Faculté de Droit et de

Classe de 2e
Classe de 3e
Classe de 4e
Classe de 9e

Classe de 6e
Classe de 7e
Classe de 8e

Classe de 5e
Classe de 10e
Classe de I l e
Classe de 12e

Classe de 1er
Sciences économiques
. Université royale
Examen entrée

Classe supérieure

Classe élémentaire
d'agriculture

Examen

Classe intermédiaire
. Université royale de
Examen

Phnom Penh : EMIS Center, Department of Planning.


FIGURE 3

Phnom Penh
. Faculté de Commerce
. Université de
Maharishei Veit
. Faculté de Pédagogie
Système éducatif du Cambodge

Éduca ions techniques


et forrrlations
profess ionnell es

Communauté
1 de la maternelle

c
eo

Source : Ministère de l'Éducation, de la Jeunesse et des Sports (2002). Éducation in Cambodia.


Formati rme
16
17

1.1.5.2 Organisation de l'enseignement général

Au Cambodge, les changements politiques et socio-économiques ont mené aux


réformes successives du système éducatif. Avant 1975, le pays a adopté le système
d'éducation français de base qui offrait 13 ans de formation (6+4+2+1) avec quatre ou
cinq examens principaux : examen du certificat d'études primaires, concours d'entrée au
secondaire du premier cycle, examen du BEPC (Brevet d'études de premier cycle),
concours d'entrée au secondaire du deuxième cycle, examen du baccalauréat de
l'enseignement secondaire du deuxième cycle (classe de terminale) et concours d'entrée à
l'université dans les différentes branches. Après 1979, le ministère de l'Éducation,
considérant les besoins pressants du pays, a présenté un système d'études de 10 ans
(4+3+3) et plus tard, il l'a augmenté à 11 ans (5+3+3) de 1986 à 1996. Et depuis 1997, ce
système a été reformé et a été augmenté à 12 ans (6+3+3). Ce système a augmenté le
nombre d'heures d'études pour chaque niveau du cycle de l'éducation primaire.

L'éducation primaire commence à l'âge de 6 ans et son cursus va de la classe de


lere année à la classe de 6eme année prévue pour des écoliers âgés de 12 ans. L'entrée est
gratuite. Suit, par concours d'entrée, le collège (secondaire du premier cycle) qui va de la
classe de 7eme année à la classe de 9eme année (15 ans). En 9eme année, l'élève passe
l'examen du diplôme d'études secondaires du deuxième cycle qui comprend la classe de
10eme année et de n e m e année ayant passer son baccalauréat d'études secondaires en fin
de I2eme année, à l'âge de 18 ans. L'école primaire et le collège (le secondaire du premier
cycle) sont obligatoires.

1.1.5.2.1 Organisation de l'enseignement primaire

En effet, un programme ministériel de l'éducation pour tous a été lancé en 2003


pour essayer de scolariser tous les enfants âgés entre 6 et 15 ans, l'âge de la scolarité
obligatoire. Les programmes scolaires se décident au niveau du ministère de l'Éducation,
de la Jeunesse et des Sports (figure 4). Officiellement, les élèves suivent 6 cours de 45
minutes par jour, cinq jours par semaine. Cependant, dû à la pénurie de classes, le
ministère permet aux écoles de ne dispenser que 5 cours de 40 minutes par jour.
18

FIGURE 4
Nombre de périodes hebdomadaires par matière et par classe d'âge

Matières Niveau de classe


jere 2e 3e 4e 5e 6e

Langue khmère 14 12 12 11 8 8
Langue étrangère (anglais ou français) 3 3
Mathématiques 5 5 5 5 5 5
Science 2 3 3 3 3 3
Histoire-géographie 2 2 2 2 2 2
Éducation civique 1 2 2 2 2 2
Arts 2 2 2 2 2 2
Technologie 1 1 1 2 2 2
Éducation physique et sportive 1 1 1 1 1 1
Autres activités 1 1 1 1 1 1
Total 30 30 30 30 30 30

Source : Ministère de l'Éducation de la Jeunesse et des Sports du Cambodge (1996). Le


syllabus pour l'enseignement primaire. Phnom Penh : Département de la recherche
pédagogique, Comité de la réforme du système éducatif.

1.1.5.2.2 Élèves et enseignants du primaire

En moyenne, un enfant reste 14 ans à l'école primaire. Ceci est dû à des


interruptions fréquentes de scolarité où la présence de nombreuses écoles primaires ne
présentant pas un cursus complet. Dans les années 90, de gros efforts ont été réalisés : le
nombre d'élèves du primaire est passé de 1,3 millions en 1992 à 2,2 millions en 1999 et
le nombre d'écoles primaires est passé de 4500 à 5274 pendant la même période. Il
semble qu'en 2000, 86% des enfants en âge scolaire au primaire sont à l'école, mais ce
chiffre cache de grandes disparités. Certaines provinces rurales ont un taux de
scolarisation de 46% (4).

^Source : Ministry of Education, Youth and Sport (2000). Education For All (EFA) the year 2000 assessment. Phnom
Penh : National EFA group.
19

De l'autre côté, les conditions de vie des enseignants ne sont pas très bonnes : bas
salaires, mauvaises conditions de travail, peu de qualification et faible reconnaissance
sociale. Actuellement, le niveau de formation des maîtres est globalement insuffisant.
L'enseignement scientifique de base reste très formel.

Toutefois, le ministère national de l'éducation a fait des efforts pour augmenter le


niveau de qualification des enseignants du primaire : depuis 1996, les maîtres doivent
avoir suivi les 12 années d'écoles (primaire, collège ou secondaire du premier cycle,
lycée ou secondaire du deuxième cycle) plus deux années de formation dans les centres
de formation pédagogique de chaque province. Selon le ministère de l'Éducation de la
Jeunesse et des Sports (1999), plus de 90% des enseignants ont suivi cette formation.
Cependant, ils ne représentent que 71% des maîtres dans les zones éloignées.

1.1.5.3 Organisation de l'enseignement supérieur

Le système éducatif au Cambodge s'appuie massivement sur la sélection à tous


les niveaux, depuis l'entrée au lycée (secondaire du deuxième cycle) jusqu'à la sélection
préalable aux études post-universitaires. Cela afin d'assurer que l'investissement dans la
poursuite des études se fasse au bénéfice de ceux qui sont les plus aptes à le justifier.

Depuis l'année scolaire 2002-2003, pour les inscriptions universitaires, les


étudiants sont sélectionnés en fonction de leurs notes d'examen final du baccalauréat
d'enseignement secondaire (classe de 12e année). Il n'y a plus de concours d'entrée à
l'université puisqu'il demande trop de dépenses temporelles, financières et aussi des
centres d'examen à cause du nombre de candidats qui constamment diminuent d'une
année à l'autre.

Selon le ministre de l'Éducation de la Jeunesse et des Sports du Cambodge (le


rapport de fin d'année scolaire 2001-2002), nous avons 23 établissements
d'enseignement supérieur dont 9 publics et 14 privés avec un total de 575 salles de classe,
68 laboratoires, 37 bibliothèques et 68 spécialités qui sont répartis à Phnom Penh,
Battambong, Kampong Cham, Siem Reap, Banteay Meanchey, Porsat, Prey Veng et
Sihanouk Ville. Les étudiants représentent un total de 31759 dont 9151 filles soit 28,81%.
20

1.1.5.4 Le français au Cambodge

Selon le mémoire de DEA présenté par Sopheara You (2001), le français au


Cambodge a un statut particulier en raison des circonstances historiques : c'est un ex-
protectorat de la France, et le français y a longtemps été langue officielle. Après
l'indépendance nationale, en 1953, l'influence française y est restée très forte. À côté de
l'enseignement en langue khmère (langue cambodgienne) qui est la langue maternelle de
l'école primaire à l'université, certaines matières étaient enseignées en français. À partir
de 1970, avec la Khmérisation de l'enseignement, le français a pris le statut de langue
étrangère. Mais la pratique du français est restée toujours ancrée dans la société
Cambodgienne.

L'enseignement du français a été réintroduit à partir de 1985 dans une seule classe
unique au sein de l'École des langues (russe et vietnamien). Cette classe est devenue plus
tard l'embryon du département d'Études Francophones, de l'Institut des langues
étrangères de l'Université Royale de Phnom Penh.

Depuis son ouverture vers le monde occidental en 1990, le Cambodge s'est trouvé
face à un dilemme linguistique, à savoir le choix entre le français et l'anglais. Certains
dirigeants francophones tenaient à conserver le français et d'autres non francophones
tendaient à préférer l'anglais. Un compromis a été trouvé : les deux langues étrangères
sont enseignées côte à côte à partir du secondaire du premier cycle (et officiellement à
parité). Dans la Constitution du Royaume du Cambodge, le français et l'anglais ont le
même statut. En pratique, l'anglais a une diffusion plus importante dans la vie
quotidienne et, pour ce qui est de l'enseignement, en particulier dans les écoles tournées
vers la gestion et l'informatique; le français reste parlé par les personnes qui ont fait leurs
études dans cette langue et continue à être important en Médecine, en Droit, et dans les
matières scolaires du secondaire grâce à la création de filières francophones mise en
œuvre conjointement par le département d'Étude Francophone et par l'AUPELF-UREF(5).

(5
^ Association des Universités partiellement ou Entièrement de Langue Française-Université des Réseaux d'Expression
Française.
21

II convient de noter que, depuis les accords de Paris en octobre 1993, certains
pays et agences de coopération internationale interviennent au Cambodge dans les
domaines de l'éducation et de la reconstruction de l'État de droit. Dans certains
programmes qu'ils proposent, la connaissance du français est indispensable. À
l'heure actuelle, la quasi-totalité des établissements supérieurs du Cambodge, tels
que l'Institut de Technologie du Cambodge, la faculté de Médecine, la faculté de
Droit, l'Université des Beaux-arts, l'école Royale d'Administration, utilisent le français,
comme langue d'enseignement grâce à l'appui de ces programmes internationaux. Le
Khmer reste pourtant la langue officielle de l'enseignement au Cambodge.

De fait, le français sert, au Cambodge, à accéder à l'enseignement supérieur, aux


sources scientifiques, à un enseignement de troisième cycle effectué en France ou dans un
pays francophone et il jouit d'un statut de langue d'enseignement grâce à la coopération
bilatérale entre la France et le Cambodge et la coopération internationale.

Nous revenons maintenant à notre problème de l'abandon des études au


Cambodge afin d'identifier les motifs des jeunes enfants cambodgiens qui ont décidé de
quitter l'école à partir du cycle primaire.

1.2 PROBLÉMATIQUE

L'abandon scolaire est un grand problème qui nous concerne tous. Il frappe les
élèves concernés d'un lourd tribut personnel et absorbe une grande partie des ressources
limitées de l'éducation. Il y a toujours eu des élèves qui se sont retirés du système
scolaire cambodgien. Mais de nos jours, dans la région, avec le développement
technologique et le milieu de travail exigeant une formation scolaire beaucoup plus
poussée et adéquate, l'abandon scolaire prend une signification toute différente, dès lors,
problématique.

Nous cherchons de façon plus spécifique à faire une étude descriptive des
principales causes de l'abandon scolaire au niveau primaire au Cambodge.
22

1.2.1 Quelques définitions

Pour bien comprendre le problème de l'abandon scolaire en ce qui concerne le


Cambodge, voici quelques définitions considérées importantes.

Au Cambodge, l'abandon scolaire fait référence dans cette étude, à certains jeunes
qui abandonnent l'école avant d'avoir acquis un niveau d'instruction suffisant, c'est-à-
dire, avant d'avoir obtenu un certificat d'études primaires. Nous ne faisons pas mention
de ceux qui n'ont pas eu accès à l'école, parce qu'ils habitent dans des régions reculées
des grandes villes et ceux qui proviennent des familles démunies.

Notre recherche porte sur l'abandon scolaire chez les jeunes enfants cambodgiens
qui quittent l'école au niveau primaire, malgré la Constitution du Royaume du Cambodge
qui énonce : « Le droit des citoyens à une éducation de qualité et fixe la durée de scolarité
obligatoire à neuf années pour tous les enfants, c'est-à-dire, de 6 ans à 15 ans ou 16 ans,
de manière à ce que tous les citoyens aient des chances égales de gagner leur vie ». D'un
autre côté, au Québec, on ne peut pas parler d'abandon scolaire au primaire parce que la
Loi sur l'instruction publique rend obligatoire la fréquentation scolaire; « Tout enfant qui
est résident du Québec doit fréquenter une école à compter du premier jour du calendrier
scolaire de l'année scolaire suivant celle où il a atteint l'âge de 6 ans jusqu'au dernier
jour du calendrier scolaire de l'année scolaire au cours de laquelle il atteint l'âge de 16
ans ou au terme de laquelle il obtient un diplôme décerné par le Ministère, selon la
première éventualité» (Loi et règlements sur l'éducation, Vol 1, Éditeur officiel du
Québec, 1991).

Legendre, 1993 (voir Simard, 1997) estime que l'abandon scolaire fait référence
à la personne qui quitte l'école en cours d'études sans terminer le cycle commencé, donc,
l'élève quitte l'école avant la fin de la période de l'obligation scolaire.

Selon Bordeleau et Gélineau (1973), l'abandon scolaire porte sur les


démissionnaires qui ont quitté l'institution à laquelle ils étaient inscrits ou admis, avant
qu'ils aient obtenu un diplôme et alors qu'ils n'étaient pas forcés de le faire pour des
raisons d'ordre académique.
23

De plus, le comité d'étude de la Fédération des commissions scolaires catholiques


du Québec ou Fcscq {L'école abandonnée, 1975, p. 8), s'est donné la définition suivante
du cas d'abandon : « celui qui part avant la sortie de juin et celui qui ne revient pas alors
qu'il était inscrit pour reprendre l'année suivante ».

Et ailleurs, pour le ministère de l'Éducation du Québec {Abandon scolaire et


services éducatifs aux drop-out, mars 1980, p. 17), sont considérés comme
démissionnaires scolaires ou « drop-out » les étudiants qui quittent le système scolaire
régulier à temps plein sans qu'ils aient terminé leur profil scolaire (obtention d'un
certificat du MEQ) et cela peu importe quel motif, sauf pour les cas de décès, de
transferts d'école et d'enseignement dans les Forces armées canadiennes.

1.2.2 État de la question

Pour commencer à retracer le problème de l'abandon scolaire au Cambodge, nous


sommes conscients de l'absence d'études systématiques sur la situation dans ce pays.
Nous croyons que certaines enquêtes réalisées au Québec et ailleurs, sur les causes
d'abandon scolaire, peuvent éclairer la situation qui existe dans les pays en voie de
développement. Certaines études ont mis en évidence des facteurs communs à tous les
pays alors que d'autres ont révélé des facteurs spécifiques aux pays du tiers-monde.

Selon le Rapport annuel de Krourssar Thmey du Cambodge en 2002, le


Cambodge est un pays pauvre. Il a une économie de marché où environ 80% de la
population travaillent dans l'agriculture de subsistance avec le riz comme principale
culture. Le travail de tous les membres de la famille peut être crucial pour la survie,
particulièrement chez les familles pauvres. Les raisons relatives aux coûts économiques
sont d'ailleurs les principales raisons de l'abandon scolaire des garçons et des filles
(10,2% chez les garçons et 11,7% chez les filles)(6).

(6
' Selon le ministère de l'Éducation de la Jeunesse et des Sports (2002). Education statistics & indicators. Phnom
Penh : EMIS Center, Department of Planning.
24

Par ailleurs, c'est dans ce contexte que ce pays pauvre tente de se relever, affaibli
par une corruption générale qui est, entre autres, explicable par le faible niveau de vie des
fonctionnaires. Le mauvais niveau de vie de la famille oblige de jeunes enfants
cambodgiens à abandonner leurs études pour aider la famille avant d'acquérir l'éducation
à l'école secondaire. Donc, la famille semble être un facteur important dans l'abandon
scolaire au Cambodge.

Conformément à la Constitution internationale mentionnée par l'UNESCO


(1989), à l'article 28, les États Partis reconnaissent le droit de l'enfant à l'éducation, et en
particulier, en vue d'assurer l'exercice de ce droit progressivement et sur la base de
l'égalité des chances : ils rendent l'enseignement primaire obligatoire et gratuit pour
tous ; ils encouragent différentes formes d'enseignement secondaire, tant général que
professionnel, les rendent ouvertes et accessibles à tout enfant, et prennent des mesures
appropriées, telle l'instauration de la gratuité de l'enseignement. En outre, ils offrent une
aide financière en cas de besoin et prennent des mesures pour encourager la régularité de
la fréquentation scolaire et la réduction des taux d'abandon scolaire. Malgré cette
convention annoncée, certains jeunes enfants cambodgiens abandonnent leurs études à
partir du primaire afin d'aider les familles dont la situation financière est très difficile.

D'ailleurs, les élections du nouveau gouvernement en mai 1993 ont permis une
croissance accélérée dans l'aptitude du gouvernement à faire redémarrer les systèmes
politique, économique, juridique, social et éducatif. L'aide a commencé à arriver au
compte-goutte et plusieurs pays ont offert l'assistance au Cambodge. Toutefois, les
structures civiles étaient tout à fait incapables de traiter les demandes des bailleurs de
fonds et les besoins massifs en développement des ressources humaines et en
reconstruction du pays. Nous estimons qu'après une décennie de mise en opération, il est
très utile d'étudier les effets de la formation des enfants au Cambodge. Le fait est que le
problème de l'abandon scolaire au niveau primaire, qui est au cœur de cette étude, a été
influencé par la pauvreté toujours présente dans le domaine de l'éducation. Moreau
(1995) illustre qu'une des conséquences majeures de la pauvreté est de conduire à la
marginalisation et à l'exclusion sociale. Certains ne participent pas à la vie collective.
Pour les enfants, cela se traduit souvent par une non-participation à la vie sociale.
25

L'importance de l'investissement public dans l'éducation peut se défendre du


point de vue philosophique et du point de vue pratique. La constitution du Royaume du
Cambodge (1993) met l'accent sur l'accès juste et équitable à l'éducation, et il en est de
même du programme du nouveau Gouvernement Royal du Cambodge. Selon le ministère
cambodgien de l'Éducation de la Jeunesse et des Sports (1994), la constitution stipule,
aux articles 27, 65, 66, et 68, que tous les citoyens cambodgiens ont librement accès à
l'éducation scolaire et ont également le droit d'être éduqués dans tous les cycles et que le
cycle d'éducation de base (niveau un à neuf) est obligatoire, que l'État doit prendre toutes
les mesures pour rendre l'éducation scolaire accessible à tous, que l'État met en place un
système éducatif complet et universel dans l'ensemble du pays, que celui-ci doit
appliquer le programme scolaire convenablement selon les principes de la pédagogie et
de la technologie moderne. Au-delà de ces principes, la politique du ministère de
l'Éducation vise à amener chaque jeune à se développer pour devenir un honnête citoyen
ayant vécu des expériences qui lui permettent d'acquérir des qualités et des compétences
tant au plan professionnel que personnel.

L'éducation au Cambodge aspire ainsi à former de bons travailleurs dans toutes


les spécialités, dans tous les degrés (primaire, secondaire, supérieur) pour combler les
besoins du pays. Afin de répondre au besoin immédiat du pays en matière d'éducation, le
ministère de l'Éducation du Cambodge a rapidement formé et recyclé les cadres et les
enseignants. Au fil des années, des difficultés ont émergé. Ce processus exige une
formation à long terme et un engagement dans de nouvelles approches pédagogiques.
Ainsi le Ministère a perfectionné le contenu et la méthodologie de la formation dans le
but de garantir l'efficacité souhaitée. Actuellement, la situation s'est améliorée.
Toutefois, beaucoup de travail reste à faire pour que la quantité et la qualité des
enseignants soient satisfaisantes.

Ces déclarations de politique générale signifient l'adhésion du gouvernement


royal à l'idée selon laquelle l'éducation gratuite et égale est un droit fondamental de tous
les citoyens de la nation. Elles concordent avec les garanties constitutionnelles qu'on
trouve dans la plupart des pays de la région d'Asie et des autres régions et qui ont été
acceptées par la plupart des pays du monde depuis 1948 comme des droits universels de
26

l'homme. L'étape suivante, qui consiste à rendre l'éducation obligatoire jusqu'à un


certain niveau, est également courante dans la région. Environ 85 pour cent des pays de la
région Asie et Pacifique ont rendu obligatoire une éducation formelle dont la durée est en
général de sept à neuf ans \

Malgré la Constitution, l'éducation cambodgienne après la décennie de conflits et


de guerres doit encore faire face à de nombreux problèmes. Celui qui nous intéresse et
nous a amené à effectuer cette étude se rapporte à l'abandon scolaire au niveau primaire
au Cambodge.

Le problème de l'abandon scolaire est une occasion manquée pour les individus
des communautés, des nations et des régions entières du monde. Elle empêche les pays
en voie de développement de tirer le meilleur parti de leurs ressources et frappe surtout
les groupes les plus vulnérables de la société. L'un des plus grands dangers qui menacent
le monde actuel est l'augmentation du nombre d'individus qui ne peuvent pas participer
activement à la vie économique, sociale, politique et culturelle de leur communauté.
Lorsque des masses critiques d'individus ou de groupes sont marginalisées, la société
elle-même se divise (8). D'un point de vue éthique et économique, il est donc absolument
nécessaire de connaître certains facteurs scolaires spécifiques provoquant l'abandon des
études à partir du niveau primaire afin de réduire l'abandon scolaire.

1.2.3 Problème général

L'abandon scolaire est un phénomène qui touche la plupart des systèmes


scolaires. Les moyens de le contrer sont, pour leur part, mal connus. Pourtant, tout effort
pour prévenir ce phénomène devrait reposer sur des données valides concernant les
causes. Nous nous contenterons d'exposer spécifiquement les informations provenant de
plusieurs sources qui servent à mieux le comprendre et de cerner les facteurs qui
interviennent dans le processus d'abandon scolaire.

(7)
Source : Ministère de l'Éducation de la Jeunesse et des Sports du Cambodge (1994). Séminaire national sur
l'éducation au Cambodge. Document établi avec l'aide de l'UNESCO, en collaboration avec l'AIDAB (Australie)
et l'UNICEF.
^ Source : L'UNESCO (1998). Occasion perdues : Quand l'école faillit à sa mission, l'abandon et le
redoublement dans l'enseignement primaire. Paris : secrétariat du forum « Éducation pour tous ».
27

1.2.3.1 Ampleur du phénomène de la perdition scolaire

Le phénomène de la perdition scolaire aussi désignée par les termes de l'abandon


scolaire, a attiré beaucoup l'attention au cours des dernières années. De nombreuses
analyses ont porté sur l'abandon scolaire au cours de la scolarité obligatoire, aussi bien
dans la littérature scientifique que dans les médias. Ce phénomène intéresse tout
particulièrement les politiciens dans le monde entier, autant dans les pays industrialisés
que dans les pays en voie de développement, étant donné qu'il est l'indice d'un
dysfonctionnement du système d'éducation. Au sens large, ce phénomène dans
l'enseignement primaire se traduit par le nombre considérable d'enfants qui, pour une
raison ou pour une autre, ne réussissent pas à acquérir l'ensemble des compétences
enseignées au cours du cycle primaire.

Par ailleurs, l'éducation, un moyen vers l'égalité, participerait à l'inégalité parce


que, dans la société contemporaine, ceux acquérant une bonne éducation de base sont en
mesure d'apprendre tout au long de leur vie et de se maintenir économiquement à flot,
alors que ceux étant privés d'une formation scolaire se retrouvent dans la rue. Dans les
pays en voie de développement, une des caractéristiques particulièrement négatives est
que la déperdition scolaire ne permet pas à la société de bénéficier de ses ressources et ce
sont les groupes les plus vulnérables de la société qui en subissent surtout les
conséquences. Il est très intéressant, sur le plan éthique et économique, que toutes les
sociétés soient conscientes du problème et prennent des mesures adéquates pour endiguer
ce phénomène (UNESCO, 1998).

Selon la statistique du ministère de l'Éducation du Cambodge (voir la page


suivante : le tableaul), de toute évidence, sa manifestation depuis 1996, la plus grave et la
plus néfaste, ce sont près de 38% à 42% du nombre total d'enfants cambodgiens en âge
d'aller à l'école primaire qui ne sont pas scolarisés dont trois sur cinq sont des filles.
Ces taux prennent en considération seulement les enfants de la classe d'âge officielle
concernée qui varie selon les régions dans le Cambodge (par exemple 65,5% des jeunes
enfants cambodgiens qui habitent dans les régions éloignées). Ce nombre a augmenté de
2.6% entre 1996 et 1999.
28

Tableau 1
Estimation des taux nets de scolarisation de l'enfant par tranches d'âge du primaire
de l'année scolaire 1996-1997 à l'année scolaire 1998-1999

Année Taux net d'inscription (%)


scolaire Urbain Rural Eloigné National
Total Fille Total Fille Total Fille Total Fille
1996-1997 63,3 60,6 77,2 74,1 43,4 41,8 69,4 66,5
1997-1998 64,6 63,1 63,6 61,8 31,3 29,8 59,8 58,0
1998-1999 68,3 68,1 66,4 65,2 34,5 34,2 62,4 61,5
Source : Ministère de l'Éducation de la Jeunesse et des Sports (1999). Education
statistics and indicators. Phnom Penh : EMIS Center, Department of Planning.

Malheureusement, la progression des effectifs et des capacités d'accueil n'a pas


été suivie par une amélioration des moyens visant à faire en sorte que les élèves achèvent
leur scolarité et quittent l'école primaire avec les connaissances et les compétences
nécessaires pour tenir leur rôle de travailleurs, de parents et de citoyens. Aujourd'hui,
dans l'ensemble des régions rurales et éloignées, seuls trois élèves sur quatre ont des
chances d'atteindre la cinquième année d'études, c'est-à-dire d'effectuer au moins les
quatre années de scolarité jugées nécessaires pour acquérir un niveau d'alphabétisation
durable. Les résultats escomptés de l'accroissement de la scolarisation sont donc entravés
par un niveau important d'abandon, un symptôme aigu de la déperdition(9) scolaire.

Selon l'UNESCO (1998), sous une autre forme moins frappante, l'abandon
scolaire concerne aussi les élèves qui ont effectué des études primaires mais n'ont pas
réussi à acquérir les connaissances et les compétences intellectuelles, sociales, culturelles,
éthiques que l'école doit dispenser. D'après des enquêtes menées aussi bien dans les pays
industrialisés que dans les pays en voie de développement, il ressort, par exemple, qu'une
proportion substantielle d'enfants achèvent leurs études primaires sans même avoir
acquis une maîtrise appropriée de la lecture. Les enfants qui n'ont jamais accès à l'école
et ceux qui sont scolarisés mais n'atteignent jamais un niveau d'instruction adéquat
représentent une perte tragique pour le potentiel humain, social et économique des pays
concernés.

(9)
Déperdition scolaire : Gaspillage de matériel et de temps pour les systèmes éducatifs et de formation ainsi que
pour la société dans son ensemble, occasionné par les problèmes de redoublement et, ou d'abandon en cours
d'études (Legendre, Renald. 1993. Dictionnaire actuel de l'éducation. Montréal : Guérin; Paris : Eska.
29

Définie en termes plus étroits et opérationnels, la déperdition scolaire se rapporte


à des élèves qui n'achèvent pas leur scolarité dans le nombre d'années prescrit soit parce
qu'ils abandonnent définitivement l'école, soit parce qu'ils redoublent une ou plusieurs
classes. C'est cet aspect de l'abandon scolaire lié à l'abandon et au redoublement, en
particulier au niveau primaire que nous voulons examiner dans cette étude.

1.2.3.2 Redoublement scolaire au cycle primaire cambodgien

Le redoublement est une autre forme de la déperdition scolaire. Dans les pays en
voie de développement en particulier, c'est souvent le prélude à l'abandon des études.
Les systèmes scolaires du monde entier appliquent des politiques très différentes vis-à-vis
des élèves qui ne réussissent pas à maîtriser le travail propre à un niveau donné. Dans la
plupart des pays, tant développés qu'en développement, même le Cambodge, les
enseignants sont obligés de faire redoubler les élèves afin de leur donner un surplus de
temps pour assimiler ce qu'ils n'ont pas réussi à maîtriser la première fois (UNESCO,
1998). Le redoublement est ainsi considéré comme une solution pour ceux qui sont lents
à apprendre. Cette pratique est très courante en première année en raison de la conviction
de l'importance d'un bon départ dans la vie scolaire. Le redoublement scolaire de la
dernière année de primaire est toutefois également fréquent dans le Cambodge où l'entrée
dans le secondaire repose sur un examen de fin d'études primaires.

Donc, le redoublement scolaire engendre plus de problèmes qu'il n'en résout. Les
enfants passent alors dans la classe supérieure même s'ils ne maîtrisent pas
l'enseignement du niveau inférieur. Pour certains enseignants, les élèves qui n'ont pas
appris quelque chose du premier coup ont peu de chances de tirer parti d'un
redoublement. En effet, le ministère de l'Éducation de la Jeunesse et des Sports du
Cambodge, dans L'éducation au Cambodge (1999), espère pouvoir réduire le taux de
redoublement scolaire par l'augmentation des heures d'études au primaire car la balance
du nouveau système d'éducation de 12 ans (6+3+3) est tout à fait semblable à celle des
pays voisins dans la région. Par contre, jusqu'à maintenant, le taux de redoublement
scolaire dans la classe de première année est plus élevé (40,9%) tandis que le taux de
30

promotion est de 48,4%. En général, au niveau primaire, le taux de redoublement scolaire


dans la classe de première année est plus élevé.

Selon la statistique du ministère de l'Éducation du Cambodge (voir le tableau 2)


concernant les années de 1995 à 1998, le taux de redoublement est plus élevé au cours de
l'enseignement primaire, particulièrement en classe de première année et en classe de
deuxième année et surtout parmi les filles. De tous les élèves qui étaient entrés en
première année scolaire, plus de 40% redoublaient leur année (42,7% en 1996, 41,2% en
1997 et 40,9% en 1998). En général, le cycle de l'enseignement primaire dure six ans,
mais en moyenne les jeunes passent 10 ans pour le terminer à cause du redoublement
scolaire à plusieurs niveaux au cours de leur scolarité. Cet aspect nous intéresse
particulièrement du fait que l'augmentation du taux de scolarisation des jeunes
cambodgiens fait partie des politiques du ministère de l'Éducation et de toutes
organisations nationales et internationales.

Tableau 2
Taux de redoublement scolaire à l'enseignement primaire

Niveau de Année scolaire


classe 1995-1996 1996-1997 1997-1998
Total Fille Total Fille Total Fille
1 42,7% 41,8% 41,2% 39,8% 40,9% 39,5%
2 29,6% 29,2% 26,7% 25,2% 24,9% 23,5%
3 22,1% 20,7% 19,2% 17,4% 18,5% 17,0%
4 17,7% 16,9% 12,6% 11,0% 12,3% 10,8%
5 25,0% 21,8% 7,5% 6,4% 7,5% 6,4%
6 * * 4,4% 3,7% 3,8% 2,3%

(*) Au cours de cette année, le cursus scolaire comportait seulement 11 classes et 5


classes pour le primaire. Source : Ministère de l'Éducation de la Jeunesse et des Sports du
Cambodge (1998). Education statistics and indicators. Phnom Penh : EMIS Center,
Department of Planning.

De plus, la déperdition scolaire réduit de façon substantielle la capacité des


systèmes éducatifs à atteindre les objectifs de l'éducation pour tous. Les élèves qui ont
besoin de plus d'un an pour effectuer une année scolaire utilisent un espace, un temps
d'enseignement, des manuels et d'autres ressources qui pourraient être consacrés à
31

d'autres. Au Cambodge, par exemple, où quatre élèves sur dix sont redoublants, la
Banque asiatique de développement a estimé que les services qui leur sont dispensés
nécessitent 10 000 enseignants supplémentaires et 5000 classes de plus soit 20% du stock
existant ^ \ En outre, lorsque beaucoup d'élèves redoublent une même année, les
effectifs deviennent anormalement élevés et les conditions d'enseignement et
d'apprentissage sont difficiles pour tout le monde.

(11)
Cette déperdition a une lourde incidence à long terme sur l'analphabétisme des
adultes. Il est largement reconnu que les jeunes enfants cambodgiens qui abandonnent
l'école avant d'avoir acquis les compétences de base en écriture, en lecture et en calcul
retombent fréquemment dans l'analphabétisme après avoir quitté l'école un certain
temps. Selon une estimation basée sur L'éducation pour tous en 2000 (voir le tableau 3),
32% des adultes analphabètes (de 15 ans et plus) constituant la population cible des cours
d'alphabétisation dans le Cambodge entre 1990-2005, seraient composés du reliquat
d'adultes d'analphabètes au début de cette période. Ce sont les enfants atteignant 15 ans
dans l'intervalle de temps et n'ayant jamais eu accès à l'éducation ou ayant abandonné
leur scolarité avant la sixième année du cycle primaire.

Tableau 3
Taux cambodgien de l'alphabétisation à l'âge de 15 à 24 ans (1990-1998)
Taux d'instruction (°/4)
Année National Urbain Rural
Total Garçon Fille IPIG* Total Garçon Fille IPIG Total Garçon Fille IPIG
1990 u 60,0 75,0 46,4 0,6 73,5 85,5 62,4 0,7 57,4 72,1 43,9 0,6
1994 1J 67,0 76,5 58,2 0,8 75,5 87,0 64,4 0,7 65,4 74,5 56,9 0,7
1996 14 71,5 82,6 60,5 0,7 76,5 87,5 66,3 0,8 70,0 81,7 56,9 0,7
1998 15 75,0 83,8 67,2 0,8 77,0 88,5 66,4 0,8 74,6 80,8 68,9 0,9

(IPIG) : Index de la parité d'instruction selon le genre

(10)
Source : Rapport annuel de l'éducation pour tous en 2000. Ministère de l'Éducation du Cambodge.
(11
^ Analphabétisme : État d'une personne qui ne peut ni lire ni écrire, en le comprenant, un texte simple, ayant
trait à sa vie courante. L'analphabétisme ne doit pas être confondu avec l'ignorance (L'UNECSO, 1998).
(12)
Département de l'éducation non-formelle (ministère de l'Éducation), Institut de la statistique nationale (ministère
de la planification).
' 13 ' Étude socio-économique du Cambodge (1994), Institut de la statistique nationale (ministère de la
planification).
r 4)
' IBID
' 15 ' Étude socio-économique du Cambodge (1996), Institut de la statistique nationale (ministère de la
planification).
32

Par ailleurs, selon le ministère de l'Éducation de la Jeunesse et des Sports du


Cambodge, dans L'éducation au Cambodge (1999), le taux d'instruction des jeunes
enfants de 15 ans dépasse 67%. Comparativement à d'autres pays en voie de
développement dans la région, l'instruction au Cambodge est relativement haute. À la
lumière des régions éloignées, l'instruction a atteint 68,7% (81,8% chez les hommes et
58,0% chez les femmes). La définition d'une personne instruite est quelqu'un qui a la
capacité de lire et écrire dans une certaine mesure, seulement pour le Cambodge.

(16)
Malgré tout, il n'en demeure pas moins que les groupes d'alphabétisme au
Cambodge ont abandonné leur scolarité pour différentes raisons et que cela demeure un
problème grave à considérer. Ainsi, la persistance de forts taux de déperdition ci-dessus
impose un lourd tribut aux systèmes éducatifs mais aussi aux individus et aux sociétés
qu'ils servent.

1.2.3.3 Abandon scolaire au cycle primaire cambodgien

Sous une forme visible et criante, la déperdition scolaire concerne les élèves qui
commencent leurs études mais les abandonnent avant d'avoir atteint un niveau durable de
lecture, d'écriture et de calcul.

L'abandon scolaire dans l'enseignement primaire est pratiquement inexistant dans


les pays industrialisés car l'enseignement y est obligatoire. Dans les régions moins
avancées, en revanche, l'abandon scolaire précoce est un problème considérable
(UNESCO, 1998). En effet, la loi sur l'obligation scolaire existe dans tous les pays du
monde mais pour les pays en voie de développement la loi n'est pas sacrée.

Le ministère de l'Éducation de la Jeunesse et des Sports du Cambodge, dans


L'éducation au Cambodge (1999) indique clairement une grande perte de ressources
humaines, car le taux de l'abandon scolaire est plus élevé, particulièrement dans les
classes de lère année, 2ème année et 3 ème année (10,7%, 14,0%, 14,1%) respectivement. On
accroît la crainte que ces décrocheurs deviennent des illettrés. Ce problème, qui est très

' l 6 ' Alphabétisme : Aptitude d'une personne à lire et écrire, en le comprenant, un texte simple ayant trait à sa vie
courante. Il recouvre un continuum d'aptitudes en lecture et en écriture et englobe souvent les aptitudes en
arithmétiques également (L'UNESCO, 1998).
33

répandu au Cambodge, se produit dans tous les établissements scolaires à tous les
niveaux. Les facteurs à l'origine de ce phénomène sont liés à la famille, à la société et à
l'école.

De même, la statistique (voir le tableau 4) concernant les dernières années de


1996 à 1999, montre également que les enfants abandonnent leurs études à partir de la
première année et le nombre augmente progressivement d'une année à l'autre à tous les
niveaux de classe au cycle primaire.

Tableau 4
Taux d'abandon scolaire à l'enseignement primaire

Niveau de Année scolaire


classe 1996-1997 1997-1998 1998-1999
1 7,4% 11,9% 10,7%
2 8,9% 15,2% 14,0%
3 10,5% 14,9% 14,1%
4 11,6% 17,4% 15,9%
5 19,2% 21,1% 16,2%
6 11,8% 18,0% 14,1%

Source : Ministère de l'Éducation de la Jeunesse et des Sports (1999). Education


statistics and indicators. PhnomPenh : EMIS Center, Department of Planning.

Comme nous l'avons vu sur le tableau ci-dessus, l'abandon scolaire au niveau


primaire au Cambodge survient surtout entre la cinquième et la sixième année. La
tendance d'abandons massifs survenant au début du cycle primaire est particulièrement
affligeante car les enfants qui n'ont qu'une année ou deux d'enseignement quittent
l'école dans un état proche de l'analphabétisme.

En somme, les pertes au niveau des ressources humaines ainsi qu'au niveau
financier, dues à l'échec et à l'abandon scolaire, représentent une grande catastrophe,
aussi bien à court terme qu'à long terme, pour tout le monde. Ainsi certains auteurs
(Langevin, 1994) attirent l'attention sur certains effets très néfastes de ce fléau humain
qui pèse sur la société actuelle tels que le gaspillage d'un potentiel humain, un coût social
34

élevé dû au nombre croissant de ces jeunes à statut précaire, un phénomène à coût


précieux à l'égard de l'évolution économique des pays affectés.

1.2.4 Facteurs recensés à l'abandon scolaire au Cambodge

Parlons de l'abandon scolaire au Cambodge; les facteurs recensés sont la


pauvreté, l'égalité des enfants dans la poursuite des études, les activités d'enseignement
et d'apprentissage et les faiblesses administratives du pouvoir central de l'éducation.

1.2.4.1 La pauvreté

Au Cambodge, le taux des gens qui vivent au-dessous du seuil de pauvreté s'élève
à deux millions de personnes au moment où le nombre d'agriculteurs atteint 2,5 millions
d'habitants et celui des ouvriers qui travaillent dans les secteurs industriels s'élève à un
(17)
million de personnes, ce qui ne présente que 550 000 personnes . Étant donné que le
Cambodge est un des pays les plus pauvres du monde, les causes de l'abandon scolaire ne
sont pas étudiées et sont souvent attribuées exclusivement à des facteurs externes (Sun
Heng Chenh, 2002). Lorsqu'un élève quitte l'école à partir du niveau primaire, on en
impute premièrement la cause à la pauvreté, à la tradition culturelle, à l'environnement
social, etc. La plupart des acteurs de la société ont la perception suivante : « À quoi
servent les études s'ils n'ont pas de quoi manger ».

Les intervenants de l'environnement scolaire pensent donc souvent que la


pauvreté est un des facteurs à l'origine de l'abandon scolaire.

Par ailleurs, le Cambodge est un pays meurtri par ses conflits passés. La barbarie,
la violence et les morts sont encore à l'esprit de tous les Cambodgiens. C'est dans ce
contexte que ce pays pauvre tente de se relever, affaibli par une corruption générale qui
est entre autres explicable par le faible niveau de vie des fonctionnaires. Au niveau
familial, la misère morale est grande. Elle se matérialise sous forme de reconstitutions
familiales, de négligence des enfants d'abandon scolaire à partir du niveau primaire.

' 17) Source : Sok Hach (février 2004) : Directeur de l'Institut de l'économie du Cambodge. Séminaire sur le
développement économique, le chômage des Cambodgiens et sur la pénurie de terrains agricoles.
35

Donc, la pauvreté familiale est un grand obstacle pour les jeunes enfants
cambodgiens dans leurs études parce qu'un bon nombre d'enfants ont abandonné leur
scolarisation à mi-chemin au primaire. Selon le journal de Kohsantepheap daté du 20
juillet 2003, certains élèves de la classe de 6eme année ont abandonné leurs études à
l'école primaire de Bak Khèng dans l'année scolaire 2002-2003 afin de trouver divers
travaux pour aider tant bien que mal leur famille, selon le témoignage de M. Paov
Kimheng, directeur adjoint de l'école primaire de Bak Khèng, province de Kandal
(Cambodge).

Selon le ministère de l'Éducation de la Jeunesse et des Sports du Cambodge, dans


le Rapport annuel sur l'éducation pour tous en 2000, la pauvreté demeure le
développement social le plus déterminant. Il dénombrait que 9,6 millions des millions
11,4 de population cambodgienne vivent sous le seuil de la pauvreté. Il estime aussi que
63,4% des Cambodgiens n'ont pas accompli l'éducation au primaire à cause de la
pauvreté.

Au Cambodge, l'économie est celle d'un marché où environ 80% de la population


travaillent dans l'agriculture de subsistance avec le riz comme principale culture. La vie
de la plupart des Cambodgiens est caractérisée par la privation et une mauvaise santé.
Certains parents ont poussé leur enfant à quitter l'école afin de travailler pour aider la
famille. La pauvreté vient donc s'ajouter à toutes ces difficultés que représentent la
stabilité de l'école.

Face à l'importance du secteur agricole dans l'économie de la plupart des pays


pauvres, il apparaît clairement que la persistance d'une déperdition scolaire substantielle
est contraire aux intérêts économiques du Cambodge, d'autant qu'elle tend à être plus
marquée dans les zones rurales que dans les zones urbaines. Si le niveau d'éducation
n'est certes pas le seul facteur influant sur la production agricole, le fait que nombre de
jeunes des campagnes ne puissent maîtriser des savoir-faire élémentaires constitue une
entrave à d'autres initiatives en faveur de la stimulation du développement rural.

Selon Lévesque (1979), la pauvreté est à la fois un phénomène économique,


social et culturel. Du point de vue économique, elle consiste en la privation des biens
36

essentiels répondant aux besoins vitaux : se nourrir, se loger, se vêtir. Du point de vue
social, c'est l'absence de contrôle sur les institutions et la dévalorisation. Du point de vue
culturel, c'est l'imposition des valeurs de classes dominantes, la dépendance, la
frustration. La pauvreté n'est donc pas uniquement une privation de biens matériels mais
aussi une absence de contrôle et de pouvoir social.

Par ailleurs, Langevin (1994) illustre que l'abandon scolaire est avant tout le fait
des jeunes issus de milieux défavorisés, ce qui perpétue le cercle vicieux de la pauvreté,
puisque ces jeunes non scolarisés ne peuvent obtenir que des emplois précaires et sous-
payés. De plus, les enfants pauvres ont une faible estime d'eux-mêmes et ils développent
une méfiance envers la vie. Il existe donc un lien étroit entre scolarité et pauvreté.

Les écrits démontrent largement que la pauvreté a une influence négative marquée
et directe sur les résultats scolaires des jeunes enfants cambodgiens. Elle a certainement
un grand impact sur le statut de la famille et l'abandon scolaire à partir du niveau des
études primaires.

1.2.4.2 L'égalité des chances des enfants dans la poursuite des études

En raison des contraintes du budget national, il y a peu d'espoir d'assurer l'égalité


des chances pour que chaque enfant reçoive une éducation de base de neuf ans. On trouve
trop de lacunes dans le réseau de l'éducation, tels que les écarts au niveau de la qualité de
l'éducation entre les écoles urbaines et les écoles rurales, ou la distance, ainsi que le
service de transport inexistant.

On constate que la population écolière cambodgienne aux études primaires a


augmenté au cours des années scolaires 1998-1999 jusqu'à 78,3%, mais en réalité, 21,7%
des enfants âgés de 6 à 11 ans restent en dehors de l'école. Certains élèves de la première
année à la cinquième année du cycle primaire ont abandonné leurs études (18).

(18)
Source : Education Statistics & Indicators (1998-1999). Ministère de l'Éducation de la Jeunesse et des Sports,
Phnom Penh : EMIS Center, Department of Planning.
37

Un nombre considérable d'enfants, qui ont déjà vécu l'enseignement de la


formation de base incomplète, sont renvoyés dus à beaucoup de facteurs, y compris la
gamme inachevée des catégories pour le cycle primaire. En raison de la pauvreté, du
manque de travail dans la famille et du niveau plus bas de l'éducation, certains segments
de la population perçoivent que l'éducation n'est pas imperative pour eux-mêmes ou pour
leur famille. La situation est pire dans les régions éloignées car le taux net d'inscription
est encore inférieur à 50% (selon le ministère cambodgien de l'Éducation, de la Jeunesse
et des Sports, 1998).

Mais le plus tragique et le plus injuste c'est que le tiers des enfants cambodgiens
qui ne sont pas scolarisés sont des filles. Qu'il s'agisse de questions de moralité ou de
mortalité, les filles sont privées de leurs droits dès leur plus tendre enfance. S'il faut
choisir entre éduquer un garçon ou éduquer une fille, c'est souvent la fille que l'on garde
à la maison. S'il faut accroître les revenus de la famille, c'est souvent la fille que l'on
envoie travailler. Et même, lorsque les filles vont à l'école, elles doivent souvent
s'occuper des travaux ménagers au détriment de leurs devoirs. Lorsqu'elles sont
enceintes, elles sont souvent contraintes à abandonner leurs études. Les parents ont
tendance à voir dans l'éducation des filles un obstacle au mariage et à la maternité plutôt
qu'un avantage. Rien n'illustre mieux le fardeau de responsabilités qui retombe sur les
filles que les répercussions du sida. C'est le plus souvent aux filles qu'il revient de
s'occuper d'un membre de la famille atteint par la maladie et d'assurer la subsistance du
ménage. Privées d'une éducation de base, elles ne reçoivent aucune information sur les
moyens de se protéger contre le virus ; elles risquent aussi d'être contraintes à des
relations sexuelles précoces et d'être ainsi contaminées. C'est donc à plus d'un titre que
les filles sont durement pénalisées par le manque d'éducation (conférence de Dakar sur
l'éducation pour tous, le 26 avril 2000).

La politique du ministère de l'Éducation de la Jeunesse et des Sports du


Cambodge encourage la poursuite des études chez les filles cambodgiennes à tous les
niveaux scolaires. On a créé des écoles flottantes pour les familles qui vivent sur les
bateaux et, pour que les filles puissent y aller plus facilement, on leur donne le choix
38

entre deux horaires. De plus, une organisation non-gouvernementale appelée


UNICEF/Sida a fourni, dans les communes les plus pauvres, des puits, des toilettes et des
écoles qui sont aussi fréquentées par des filles. Mais de ce fait, les filles abandonnent de
plus en plus les études à partir du niveau primaire.

Selon l'institut des ressources du développement du Cambodge, dans le Profil de


l'égalité des sexes (2001), quand opportunités et structures sont introduites dans la course
au développement du Cambodge, les différences de genre émergent. Des préjugés sous-
jacents à propos du genre et des relations de pouvoir dictent la voie pour l'assignation des
nouveautés qui sont également reconnues comme étant du domaines des hommes. Dans
l'éducation formelle, les jeunes filles sont sous-représentées à tous les niveaux, avec un
écart s'agrandissant avec l'augmentation des niveaux d'éducation. Même si les garçons et
les filles s'inscrivent à l'école en nombre égal, les filles abandonnent en plus grand
nombre que les garçons et l'écart des genres augmente avec les niveaux. Les femmes
cambodgiennes ont un statut inférieur à celui des hommes bien que le statut d'un individu
soit également déterminé par son âge et d'autres caractéristiques incluant la richesse.
Pour les femmes, le statut est en plus déterminé par le mariage et les enfants.

En général, les attitudes à l'égard des rôles placent une importance sur le rôle de
la femme en tant que gestionnaire du ménage et le rôle de l'homme en tant que
fournisseur pour la famille. Par exemple, concernant le statut des femmes en milieu de
travail, la population active est non-éduquée et non-qualifiée : 24,4% de la population
active totale et 31,6% de la population active féminine ne sont pas allées à l'école (selon
l'institut des ressources et du développement du Cambodge, 2001). Cependant, les
attitudes stéréotypées concernant le rôle des genres, évoluant autour des notions que les
hommes travaillent à l'extérieur de la maison et que les femmes en tant qu'épouse et
mère travaillent à la maison, signifient que l'éducation des filles est considérée moins
importante que celle des garçons.

De plus, selon l'enquête sur l'éducation des filles en 1999 par le département de
la planification du ministère cambodgien de l'Éducation de la Jeunesse et des Sports
39

(voir le tableau 5), le Cambodge est un pays qui compte plus de femmes (54%) que
d'hommes. Par contre, l'écart entre le nombre de filles scolarisées et celui des garçons est
encore énorme (selon Sun Heng Cheng, 2002). Bien que le nombre de filles et de garçons
soit égal à la maternelle (50%), celui des filles diminue à 45% à l'école primaire, à 39%
au secondaire du premier cycle, à 27% au secondaire du deuxième cycle et à 14% à
l'enseignement supérieur. Cette situation affecte directement la position des femmes sur
le marché du travail avec moins de femmes que d'hommes dans les postes de
professionnels et de direction pour la société cambodgienne.

Tableau 5
Proportion de filles par niveau d'études

Proportion de filles par niveau d'études

Préscolaire 50%
Primaire 45%
Secondaire du premier cycle 39%
Secondaire du deuxième cycle 27%
Enseignement supérieur (première année) 14%

Source: Ministère de l'Éducation de la Jeunesse et des Sports (1999). Education


statistics and indicators. PhnomPenh : EMIS Center, Department of Planning.

En 2001, le ministère de l'Éducation de la Jeunesse et des Sports du Cambodge a


publié les proportions des filles par rapport aux garçons qui ne vont pas à l'école (voir la
page suivante : le tableau 6). Il affirme que la pauvreté, la culture cambodgienne et la
géographie sont des inconvénients de la scolarisation davantage chez les jeunes filles que
chez les garçons au Cambodge. De ce fait, les filles se sont inscrites à 46% au niveau
primaire, 37% au secondaire du premier cycle et 32% au secondaire du deuxième cycle.
De plus, au cours des années scolaires 2001-2002, le taux net d'inscription des filles à
l'école primaire a augmenté jusqu'à 84% mais il a fortement baissé à 16% pour le
secondaire du premier cycle et à 5% pour le secondaire du deuxième cycle.
40

Tableau 6
Taux net d'inscription des filles par niveau d'études

Année Niveau scolaire


Préscolaire Primaire Secondaire du Secondaire du
1er cycle 2e cycle
1998 4% 74% 11% 5%
1999 4% 82% 12% 7%
2000 5% 81% 14% 5%
2001 6% 84% 16% 5%

Source : Ministère de l'Éducation de la Jeunesse et des Sports (2002). Education For AU


National Plan. Phnom Penh : Comité national de l'éducation pour tous.

Pourtant, l'égalité entre les filles et les garçons apparaît comme une réalité
socialement acquise. Toutefois, lorsqu'on aborde le sujet des filles dans un milieu
scolaire, on observe qu'il y a là, un déséquilibre démographique résultant de la guerre et
des troubles civils depuis 1970, et un statut de la femme demeurant substantiellement
plus bas que celui de l'homme.

1.2.4.3 Les activités d'enseignement et d'apprentissage

En général, la qualité de l'enseignement dispensé dans les établissements


primaires cambodgiens est généralement médiocre mais des efforts sont faits pour
l'améliorer (selon le ministère cambodgien de l'Éducation, de la Jeunesse et des Sports,
le Séminaire national sur l'éducation du Cambodge, 1994). Des ONG et l'UNICEF
soutiennent le développement des groupes d'école de l'enseignement primaire et
travaillent à améliorer la formation des enseignants. Les programmes du premier degré
sont révisés avec l'aide de l'UNICEF, et des manuels et des livres du maître sont en cours
de production ou de distribution. On a d'ores et déjà achevé d'élaborer les programmes
scolaires et les manuels de langue cambodgienne (langue khmère) et de mathématiques
pour tous les niveaux de classes. Toutefois, le manque de manuels dans les autres
disciplines, d'auxiliaires didactiques et de matériaux se fait cruellement sentir à tous les
niveaux scolaires au Cambodge.
41

Dans l'ensemble du pays, 75% seulement des objectifs des programmes de


l'enseignement primaire et secondaire ont été atteints ^l9\ Néanmoins, des progrès ont été
accomplis depuis plusieurs années en ce qui concerne le pourcentage d'élèves réussissant
les examens finaux. Ce pourcentage est supérieur à 75% chez les élèves de sixième année
et à 52% chez les élèves de neuvième année. La qualité des services éducatifs n'est pas
satisfaisante dans des établissements scolaires, dont beaucoup sont sous équipés en
matériels d'apprentissage. Les programmes sont insuffisamment développés et il n'y a
pas d'inspection pédagogique.

Dans les activités pédagogiques, l'enseignement et l'apprentissage, les


enseignants jouent un rôle important dans l'encouragement des élèves à participer
activement à leurs études. De ce fait, des organismes donateurs tels que l'UNICEF et le
programme mondial, par l'intermédiaire du programme d'alimentation familiale et un
grand nombre d'ONG, ont aidé à mieux adapter l'enseignement à la vie quotidienne dans
les villages, en fournissant notamment des semences et des outils de jardinage, du bétail,
des alevins pour peupler les étangs, du matériel pour la production artisanale, des
auxiliaires pédagogiques et des services de formation. Toutefois, leurs efforts se
concentrent en général sur un petit nombre seulement de provinces et d'écoles.

De l'autre côté, le niveau des salaires dans l'enseignement est trop bas (25 dollars
américains par mois alors que le montant de 120 dollars américains est un minimum). En
plus, le salaire est arrivé en retard de 2 à 3 mois. Et avec le revenu de 25 dollars
américains, on ne peut pas acheter même un sac de riz de 100 Kg. Ce salaire ne suffit pas
à satisfaire d'une manière convenable tous les besoins en logement, en nourriture, en
habillement et autres. En raison du bas salaire, le personnel de l'enseignement ne peut pas
se consacrer entièrement à son travail. Les enseignants doivent subvenir aux besoins de
leur famille. Par conséquent, ils occupent la plupart du temps, un deuxième emploi le
soir. Cela a une influence négative sur la relation entre l'enseignant et les élèves, d'une
part, et l'enseignant et l'établissement scolaire d'autre part, car les enseignants manquent
de temps et de ressources pédagogiques, en plus de se soucier davantage d'eux-mêmes.

'19^ Source : Ministère de l'Éducation de la Jeunesse et des Sports du Cambodge (1994). Séminaire national sur
l'éducation du Cambodge. Phnom Penh : MEJS, en collaboration avec l'AIDAB (Australie) et l'UNICEF.
42

En tous cas, les employés qui survivent économiquement y parviennent en


exerçant des activités connexes qui, dans la pratique, fournissent à l'employé des revenus
supplémentaires. Les revenus connexes proviennent de commerces privés et d'autres
emplois sans rapport avec l'éducation (par exemple, la conduite d'un taxi cyclo-pousse
ou la tenue d'un étal au marché). Ils proviennent aussi de la perception d'honoraires
pour enseigner aux parents et élèves en leur faisant passer des examens, et aussi des cours
complémentaires donnés à titre privé, d'activités de jardinage et autres productions
vivrières conduites par l'enseignant, sa famille et ses élèves.

Ces activités d'appoint des employés, qui les soustraient à leur emploi public,
réduisent le temps et l'énergie consacrés au service de l'État. Le travail des enseignants et
des fonctionnaires débute à 7 h 30 du matin, c'est de loin la meilleure heure pour
rencontrer les gens et parler affaires. À 9 h 30, le personnel commence à s'éparpiller et
à 10 h 30 la plupart des bureaux sont déserts et bien souvent fermés. Le travail
reprend à 14 h 30 et se poursuit assez assidûment jusqu'à 16 h 30. Les jours fériés
(chômés essentiellement par les enseignants et les fonctionnaires, tandis que l'activité
commerciale continue de plus belle) sont très en vogue et on les déclare fréquemment au
moindre prétexte. À l'école, l'horaire officiel des classes est de 7 h à 11 h pour le premier
groupe d'élèves et de 13 h à 17 h pour le second, mais il n'est pas rare de voir sur les
routes des enfants qui rentrent de l'école à la maison bien avant 11 h du matin.

Faute d'encadrement, les personnels s'occupant de l'administration éducative se


livrent souvent aux plaisirs de la conversation et à des jeux comme les boules auxquelles
beaucoup manifestent un talent qui témoigne d'une pratique longue et assidue. Faute de
programmes d'études, de textes, de matériels et d'équipement et, pour ceux qui ont été
formés depuis 1975, faute d'une vraie formation professionnelle, les enseignants de
l'éducation générale n'ont guère recours aux méthodes actives et en reviennent à la craie
et au tableau noir, au discours et à des photocopies de mauvaise qualité (selon le
ministère cambodgien de l'Éducation, de la Jeunesse et des Sports, le Séminaire national
de l'éducation du Cambodge, 1994).
43

Donc, avec une échelle de salaires très réduite, les enseignants ne sont guère
incités à donner le meilleur d'eux-mêmes. Ceux qui sont appelés à former les enseignants
stagiaires sont souvent les meilleurs éléments de la promotion précédente. Il est
impossible de faire venir dans les instituts pédagogiques les enseignants les plus brillants
qui seraient capables de dispenser une bonne formation correspondant aux réalités, car ils
devraient alors s'éloigner des établissements scolaires où ils se procurent leurs revenus
réels en donnant à titre privé des cours payants en dehors des heures de classe. Dans ce
cas, il s'agit de l'éducation de base. La principale difficulté vient du nombre élevé
d'enfants qui s'inscrivent à l'école mais la quittent avant d'avoir acquis un niveau
d'instruction suffisant et, c'est le cas en particulier de ceux qui vivent dans des régions
rurales ou montagneuses reculées ou sont issus de familles pauvres ; ils n'ont pas accès à
l'école primaire. Cette situation représente vraiment un danger pour la société actuelle au
Cambodge.

1.2.4.4 Les faiblesses administratives du pouvoir central de l'éducation

À la fin du régime des Khmers rouges, en 1979, l'ensemble du système éducatif


était délabré. L'éducation au Cambodge devait être relancée. Dans les 2 481 écoles
primaires, les 13 619 enseignants étaient ceux qui avaient reçu quelques années
d'éducation au cours des années antérieures au régime de Khmer rouge, qui avaient
survécu et qui voulaient devenir enseignants. Seuls 87 des 1 009 enseignants supérieurs
d'avant la période des Khmers rouges avaient survécu. Certains parmi ceux-ci s'étaient
aussi enfuis des camps de réfugiés en Thaïlande vers un autre pays, dans le but de s'y
installer (Pich Sophoan, 2003. Destruction et reconstruction de l'éducation au
Cambodge. Directeur, Éducation et formation supérieure technique et professionnelle,
Ministère de l'Éducation de la Jeunesse et des Sports).

À ce moment-là, le gouvernement du Cambodge a fait de l'éducation une priorité,


en utilisant l'ancienne université de Phnom Penh comme un lieu de formation
d'enseignants. Cet institut a d'abord mis en place des programmes de formation limitée
afin de combler le manque d'enseignants du primaire le plus rapidement possible. Avec
44

l'aide du gouvernement vietnamien, du gouvernement russe et des pays du bloc


soviétique, le programme a ensuite été étendu pour former et recycler les enseignants du
secondaire. Les institutions de formation des enseignants dans les provinces ont suivi les
mêmes méthodes, cours de brève durée, courtes périodes de formation et stratégies de
transition similaires afin de s'assurer que les enseignants conservent leur avance sur les
étudiants. Les bâtiments scolaires, s'ils existent, étaient pauvres, avaient été laissés à
l'abandon ou étaient endommagés par les ravages de la guerre. Le matériel didactique et
les livres sont inexistants, il est difficile d'obtenir des craies et des cahiers pour écrire.
Cette situation est un perpétuel problème qui existe encore aujourd'hui.

L'enseignement primaire est le premier niveau important pour l'éducation dans le


système éducatif. Des écoles du pays ont été réouvertes au début de 1979 après
l'effondrement du régime des Khmères rouges. Par les efforts communs de la
communauté, des autorités locales et du ministère de l'Éducation, un système d'éducation
a été rétabli.

Durant les années scolaires 1998-1999, le pays avait un total de 5156 écoles
primaires, 355 écoles secondaires du premier cycle et 132 écoles secondaires du
deuxième cycle. Parmi toutes les écoles primaires, seulement 51,7% avaient la gamme
complète des catégories (classe de lere année à 6e année) pour le cycle primaire (voir le
tableau 7). Les enfants qui vivent très loin (2 Km et plus) de l'école avec la gamme
complète des niveaux primaires sont ceux qui ont de la difficulté dans la poursuite de
leurs études. C'est la raison pour laquelle ils abandonnent leurs études.

En raison de la pauvreté, il y a peu d'espoir d'assurer l'égalité des chances pour


que chaque enfant reçoive une éducation de base de neuf années à très court terme. Des
problèmes sont encore trouvés dans le réseau de l'éducation, tels que les écarts au niveau
de la qualité de l'éducation entre les écoles urbaines et les écoles rurales, ou la distance
entre la maison et l'école, ainsi que le service de transport inexistant.
45

Tableau 7
Pourcentage de l'existence de chacun des niveaux pour les écoles primaires au Cambodge

Les écoles primaires qui ont les présentes classes lere année 7,2%
2e année 13,0%
3e année 11,2%
4e année 8,2%
5e année 6,8%
6e année 51,7%

Source : Ministère de l'Éducation de la Jeunesse et des Sports du Cambodge. Education


in Cambodia. Phnom Penh : EMIS Center, Department of Planning, 1999.

Actuellement, le ministère de l'Éducation est un ministère prioritaire dans la


réforme de gestion de la dépense publique du gouvernement. Il développe et applique
plus de programmes pour participer à la politique de décentralisation et à la stratégie de
réduction de la pauvreté du gouvernement. La stratégie de décentralisation et de
réduction de la pauvreté est appliquée par le ministère de l'Éducation, avec des
programmes de développement et des actions prioritaires, dont les objectifs principaux
sont de soutenir l'éducation de base et de fournir une éducation primaire de qualité où le
programme d'éducation sera égal pour tous les citoyens et de développer différentes
sources pour améliorer la qualité éducative à tous les niveaux de l'éducation.

Malgré les efforts déployés par le ministère de l'Éducation, ce dernier a encore


beaucoup d'obstacles à surmonter, à savoir des bâtiments délabrés, le manque de matériel
didactique, d'équipement et de personnel de qualité. Le rapport de proportionnalité entre
élèves et professeur est d'environ 48,1 élèves pour un enseignant. Cependant, dans les
écoles primaires urbaines, le rapport de proportionnalité est de 33,4 élèves pour un
enseignant. Le manque flagrant de salles de classe est critiqué par les écoles dans les
secteurs urbains car le rapport entre élèves et professeur est de 70,5 élèves par salle de
classe pour un enseignant forçant quelques écoles à organiser trois horaires différents
par jour.
46

Donc, les redoublements sont fréquents à l'école primaire, en particulier dans les
classes débutantes et les abandons nombreux, en particulier chez les jeunes filles. Que
peut-on faire pour que les écoles soient plus efficaces et pour que les enfants soient
scolarisés et mènent à bien au moins le cycle primaire ?

1.2.5 Questions de recherche

À la suite du problème de recherche, nous nous sommes intéressés à l'étude des


facteurs principaux à l'origine de l'abandon scolaire au cycle primaire au Cambodge.
Aussi, il est fondamental de se pencher sur nos questions générale et spécifiques qui nous
guideront tout au long de cette étude.

1.2.5.1 Question générale

Quels sont les facteurs qui semblent être importants dans l'abandon scolaire au
Cambodge et pourquoi les jeunes Cambodgiens quittent-ils l'école à partir du
niveau primaire ?

1.2.5.2 Questions spécifiques

a) Qui sont ces jeunes Cambodgiens qui mettent fin prématurément à leurs études
primaires ?

b) Quels sont les facteurs familiaux, socio-économiques et scolaires qui


semblent être importants dans l'abandon des études au cycle primaire au
Cambodge ?

1.2.6 Problèmes spécifiques

Plusieurs recherches et études sur les phénomènes de l'abandon scolaire


(Bouchard, 2001 ; Gingras, 1995 ; Langevin, 1994 ; la Fédération des commissions
scolaires catholiques du Québec : L'école abandonnée, 1975) sont d'accord pour affirmer
47

que les éléments incitant les enfants à quitter l'école ont trait aux facteurs familiaux, aux
facteurs socio-économiques et aux difficultés scolaires. L'absence de ceux-ci est souvent
mentionnée parmi les causes principales des facteurs pouvant provoquer l'abandon des
études au niveau primaire au Cambodge.

L'étude des facteurs de l'abandon des études : situations et tendances, est


consacrée aux problèmes spécifiques de l'abandon scolaire au niveau primaire au
Cambodge. Nous présentons les données et les tendances les plus importantes sur
l'abandon scolaire et nous les articulons autour de trois questions :

a) Les facteurs familiaux sont-ils une cause de l'abandon scolaire au cycle


primaire au Cambodge ?
b) Les problèmes socio-économiques sont-ils une source importante de
l'abandon scolaire au cycle primaire au Cambodge ?
c) Les difficultés scolaires font-elles partie de l'ampleur de l'abandon scolaire au
cycle primaire au Cambodge ?

Nous venons d'apprendre en quoi consistent les causes de ce phénomène dans les
pays industrialisés. Sont-elles typiquement des phénomènes de cette région du monde ou
ressemblent-elles à celles qui surviennent dans les pays en voie de développement ? Nous
venons notamment de faire un tour d'horizon des facteurs qui pourraient entraîner les
jeunes enfants cambodgiens du primaire à quitter le milieu scolaire.

Le contexte de l'abandon scolaire varie d'un pays à l'autre et d'une région à


l'autre. Dans les pays en voie de développement incluant le Cambodge, les facteurs
socio-économiques tels la pauvreté, le chômage, le revenu familial, la scolarité des
parents etc., sont les mêmes que ceux des pays industrialisés, mais d'autres facteurs ont
également été mis en évidence. Certains jeunes enfants cambodgiens quittent l'école au
cycle primaire, cela dû à l'interaction de trois facteurs principaux tels que les facteurs
familiaux, les facteurs socio-économiques et l'environnement scolaire.
48

1.2.6.1. Facteurs familiaux

Au niveau familial des enfants, les causes découlent de l'inaptitude des parents à
préparer leurs jeunes à l'école, de l'attitude des parents envers l'école, ceux-ci n'en
voyant pas la valeur surtout qu'ils sont illettrés, de l'incapacité des parents à payer les
frais scolaires, ainsi que du nombre d'enfants (UNESCO, 1987). Les jeunes enfants,
particulièrement les filles, doivent garder les plus jeunes à la maison ou aider leurs
parents et ce dès l'âge de six ans.

Dans l'état actuel des choses, au Cambodge, le salaire donné aux fonctionnaires
ne suffit pas à satisfaire d'une manière convenable tous les besoins en logement, en
nourriture, en habillement et autres. Par conséquent, les parents occupent la plupart du
temps, un deuxième emploi le matin ou le soir, mais ces profits restent largement
insatisfaisants pour offrir à leurs enfants la possibilité d'aller à l'école. De plus, la
majorité des enfants de campagnes travaillent à plein temps tandis que les autres
conjuguent travail, école et autres activités non rémunérées. Toutefois, ces estimations ne
tiennent pas compte des enfants qui travaillent à plein temps pour leurs parents en
participant aux travaux agricoles ou en s'occupant de leurs jeunes frères et sœurs.
Affectées aux travaux de ménage, les fillettes travaillent de plus longues heures que les
garçons. C'est une des raisons importantes pour lesquelles les fillettes reçoivent moins
d'éducation que les garçons. C'est dans ce contexte que les jeunes filles cambodgiennes
sont sous-représentées dans tous les niveaux de l'éducation à partir de niveau primaire.
Même si les filles et les garçons s'inscrivent à l'école en nombre égal, les filles quittent
prématurément l'école en plus grand nombre que les garçons.

Selon la Fcscq (20), indépendamment du statut socio-économique de la famille, la


vie culturelle de la famille se révèle de la plus haute importance comme support à
l'expérience scolaire de l'enfant. En résumé, l'environnement familial dans ses
dimensions vie culturelle et vie affective, se révèle un facteur d'abandon des études de la
plus haute importance chez les jeunes enfants.

' 20 ' Source : La Fédération des commissions scolaires catholiques du Québec. L'école abandonnée. Document 6370.
mai 1975.
49

Donc, les facteurs familiaux ont certainement un grand impact sur l'abandon
scolaire chez les jeunes enfants ; mais qu'en est-il des facteurs d'ordre économique ?

1.2.6.2 Facteurs socio-économiques

À l'heure actuelle au Cambodge, les jeunes enfants ne veulent pas aller à l'école
et en particulier ceux qui vivent dans les régions rurales et éloignées à cause du manque
d'emploi pour les finissants même du secondaire général ou du supérieur. Il y a saturation
d'emplois dans presque tous les secteurs. Ils sont certains qu'ils ne peuvent pas trouver
un travail intéressant même s'ils terminent leurs études au niveau secondaire général ou
supérieur. Alors ils continuent de travailler dans les rizières ou dans les champs.

Le ministère de l'Éducation de la Jeunesse et des Sports du Cambodge, dans son


rapport annuel de l'Éducation pour tous en 2000, affirme que 71% des enfants d'âge
scolaire sont allés à l'école. De ceux qui sont allés au niveau primaire, 14% seulement
sont capables de poursuivre les études au secondaire général. Le problème principal de
l'abandon scolaire dans les régions rurales et éloignées est plus critique que dans les
régions urbaines, donc, plus grand dans les régions extérieures. En général, les
contraintes familiales et l'impact socio-économique de la guerre sont perçus pour être les
principaux facteurs de l'abandon scolaire au Cambodge.

Les facteurs relatifs à l'abandon scolaire incluent aussi la condition socio-


économique car l'investissement dans l'éducation repose notamment sur le principe qu'il
constitue une contribution notable et mesurable à la croissance économique de la société,
en améliorant en particulier la productivité du travail. Il existe en effet une relation étroite
entre le taux de croissance économique d'un pays et le niveau global d'instruction de sa
population active, constatée tant dans les sociétés industrielles avancées que dans les pays
en voie de développement où le secteur agricole reste dominant (UNESCO, 1998). Or,
alors que la dépendance vis-à-vis l'agriculture a fréquemment été un motif de la non-
scolarisation ^ des enfants, les pratiques agricoles modernes nécessitent des ouvriers
plus qualifiés mais moins nombreux.

Enfants non scolarisés : Enfants appartenant au groupe d'âge officiel de la scolarisation qui ne sont pas scolarisés
fselon l'UNESCO. 1998 V
50

Face à l'importance du secteur agricole dans l'économie de la plupart des pays


pauvres tel que le Cambodge, il apparaît clairement que la persistance d'une déperdition
scolaire substantielle est contraire aux intérêts économiques de ce pays, d'autant qu'elle
tend à être plus marquée dans les zones rurales que dans les zones urbaines. Si le niveau
d'éducation n'est certes pas le seul facteur influant sur la production agricole, le fait que
nombre de jeunes des campagnes ne puissent maîtriser des savoir-faire élémentaires
constitue une entrave à d'autres initiatives en faveur de la stimulation du développement
rural. Les enfants qui interrompent leur scolarité avant d'avoir acquis de solides
compétences en lecture et en écriture retombent souvent dans l'analphabétisme. En
milieu urbain, les enfants et les adolescents non-scolarisés sont également plus
vulnérables aux tentations de la rue et à l'attrait des bandes déjeunes, ce qui accroît les
problèmes de délinquance et de criminalité. La délinquance et la pauvreté poussent des
enfants cambodgiens à la prostitution, à la pornographie, au trafic de drogues et à d'autres
activités illégales.

Ainsi, l'abandon scolaire se retrouve beaucoup plus souvent chez les jeunes
enfants cambodgiens dont la population se situe à un niveau socio-économique faible.
Par ailleurs, il nous semble intéressant d'approfondir les facteurs scolaires pour connaître
leurs influences sur l'abandon scolaire au primaire au Cambodge.

1.2.6.3 Facteurs scolaires

Les méthodes d'enseignement et les attitudes des enseignants sont premièrement


évoquées comme causes de l'abandon scolaire chez les jeunes enfants dans les pays
industrialisés (Violette, 1991). En outre, certaines caractéristiques des organisations
scolaires peuvent contribuer à aggraver ce phénomène telles que les exigences
excessives, l'incapacité d'intégrer les jeunes aux activités scolaires, les caractéristiques
structurelles et normatives de l'école. De plus, l'échec scolaire est une des premières
causes de l'abandon des études (Langevin, 1994).
51

Dans les pays en voie de développement, les causes sont reliées à la proportion
très différente entre le nombre d'élèves et le nombre d'enseignants, au manque d'aide de
la part des enseignants et aux conditions non incitatives à apprendre. Elles correspondent
aussi au nombre d'élèves par classe, à la différence d'âges des jeunes enfants dans une
classe et à la distance entre l'école et la maison des enfants (UNESCO, 1987). Ce
problème ressemble à celui du Cambodge, ce qui constitue l'un des aspects le plus
directement lié à l'abandon scolaire chez les jeunes enfants à partir du niveau primaire.
Ils abandonnent rarement de gaieté leurs études et ils n'ont souvent pas vraiment le choix
car la situation devient parfois intolérable pour eux.

Selon le ministère de l'Éducation de la Jeunesse et des Sports du Cambodge, dans


son rapport annuel de l'Éducation pour tous en 2000, parmi toutes les difficultés
(22)
scolaires, limitant les accomplissements de l'éducation formelle et non-formelle(23) on
retrouve : le manque de salles de classes, d'enseignants, de matériels didactiques et de
manuels.

Ce sont aussi les problèmes de compétence, d'attraction de l'environnement


scolaire, du niveau de connaissance des enseignants et de la participation de la
communauté. Le manque d'enseignants et de salles de classes dans quelques localités
explique en partie pourquoi un grand nombre d'élèves n'ont pas accompli la dernière
catégorie de chaque niveau d'éducation et ont abandonné leurs études et pourquoi
certaines écoles sont obligées d'entasser du même niveau jusqu'à 80 élèves ou plus par
classe. Dans certains cas, dans les régions rurales et éloignées, les enfants quittent l'école
à partir de la classe de première année du cycle primaire en raison du manque de salles de
classes, de l'absence prolongée d'enseignants ou parce que les écoles n'ont pas de
niveaux de classes plus élevés pour poursuivre leur étude.

^ Éducation formelle : Apprentissage organisé et pertinent dispensé dans le système d'établissements scolaires et
universitaires et autres établissements d'enseignement d'un pays reconnus par les pouvoirs publics.

' 23) Éducation non-formelle : Toute activité éducative organisée et durable de longueur variable qui ne correspond pas à
la définition de l'éducation formelle. Elle peut être dispensée tant dans les établissements qu'en dehors et s'adresse aux
personnes de tous âges. Selon le contexte national, elle peut inclure des programmes éducatifs pour apporter aux
enfants et aux adolescents non scolarisés ainsi qu'aux adultes des compétences en écriture, en lecture et en calcul, des
savoir-faire utiles à la vie courante et au travail et/ ou des notions de culture générale. Les programmes d'éducation
non-formelle ne correspondent pas forcément aux niveaux et aux cycles de l'éducation formelle.
52

Le redoublement scolaire est toutefois souvent remis en question lorsque les


enseignants se retrouvent avec des élèves d'âges divers. La diversité d'âges est due dans
les classes premières tant au redoublement qu'à l'habitude d'admettre des enfants plus
jeunes ou plus vieux que l'âge officiel d'entrée à l'école.

Nombre d'enseignants et de directeurs d'école considèrent qu'il est normal de


faire redoubler une proportion substantielle d'élèves. Ils sont fiers d'avoir des taux de
redoublement élevés qu'ils considèrent comme une preuve de leur engagement pour un
haut niveau d'éducation (UNESCO, 1998). En revanche, d'autres considèrent qu'ils
remettent en question l'enseignement reçu par les redoublants. En tout état de cause, ce
que certains voient comme un étalon de qualité peut avoir des conséquences
pédagogiques, sociales et personnelles gravement destructrices.

Donc, les facteurs scolaires constituent une cause de la plus haute importance de
l'abandon scolaire chez les jeunes enfants cambodgiens.

1.2.7 Objectifs de recherche

En effectuant cette recherche, nous poursuivons les objectifs de décrire les


principales causes de l'abandon scolaire au cycle primaire chez les jeunes enfants
cambodgiens. Nous nous pencherons sur certains facteurs relatifs à l'abandon des études
au niveau primaire au Cambodge. Ainsi, nous ciblerons certains objectifs que nous
définirons de la façon suivante :

a) Décrire les facteurs liés à l'abandon scolaire chez les jeunes enfants
cambodgiens fréquentant le primaire.
b) Étudier les facteurs principaux de l'abandon scolaire des élèves de la
campagne et ceux des élèves de la ville.
c) Étudier les facteurs importants de l'abandon scolaire chez les jeunes filles
cambodgiennes par rapport à ceux des garçons.
53

1.2.8 Hypothèse de recherche

Dans la présente recherche, nous allons vérifier quels sont les facteurs principaux de
l'abandon scolaire au cycle primaire au Cambodge. Et pour répondre à cette question,
nous formulons trois hypothèses correspondant aux éléments trouvés au cours de la
recherche liée à la situation actuelle dans le domaine de l'éducation au Cambodge.

Hypothèse 1 : les problèmes familiaux sont vraiment une cause de l'abandon scolaire
au cycle primaire au Cambodge.

Hypothèse 2 : les facteurs socio-économiques semblent influencer l'abandon des


études chez les jeunes enfants cambodgiens.

Hypothèse 3 : les difficultés scolaires mènent à l'abandon scolaire au niveau primaire


au Cambodge.

Hypothèse 4 : les filles abandonnent plus souvent que les garçons et ce peu importe l'âge.

Pour tout dire, il importe maintenant d'établir certaines théories fondamentales


pour mener cette étude. Le chapitre suivant mettra donc en lumière les bases théoriques
qui balisent cette étude.
CHAPITRE II

CADRE THEORIQUE ET CONCEPTUEL

Dans l'intention de mieux comprendre les phénomènes de l'abandon scolaire


au niveau primaire au Cambodge, de même que les facteurs familiaux, les facteurs
socio-économiques et les difficultés scolaires comme déterminants des problèmes
majeurs de l'abandon scolaire chez les jeunes enfants Cambodgiens, nous avons consulté
un certain nombre de documents qui portent sur les facteurs de l'abandon des études en
général dans les pays industrialisés et les pays en voie de développement par rapport à la
situation actuelle au Cambodge. Ces recherches nous permettent de trouver un certain
nombre de facteurs associés à l'abandon scolaire.

2.1 LES FACTEURS FAMILIAUX

Au Cambodge, plus de la moitié des habitants ont moins de 18 ans; ce qui suscite
de graves préoccupations pour leur bien-être économique et social ainsi que pour leur
futur. Un très grand nombre d'enfants cambodgiens se trouvent dans des situations
particulièrement préoccupantes, car ils sont coupés de tous liens familiaux, et ce, pour
diverses raisons liées aux maux actuels de la société cambodgienne. Les jeunes,
particulièrement les filles, doivent garder leurs plus jeunes frères ou sœurs à la maison ou
aider leurs parents et ce, dès l'âge de six ans. Au primaire déjà, le taux d'abandon
scolaire des filles est plus haut que chez les garçons, et l'écart entre garçons et filles va en
55

grandissant au niveau inférieur de l'enseignement secondaire (les filles constituent 37%


de l'effectif). Dans le contexte du Cambodge, les filles et les femmes, particulièrement
celles originaires de zones rurales, sont parmi les populations les plus défavorisées. Le
degré de pauvreté est directement lié au niveau d'éducation du foyer familial. Souvent, ce
sont les femmes qui sont à la tête des familles les plus pauvres (UNESCO, 1987).

Au Québec, les problèmes familiaux tels que la pauvreté, le chômage, la violence


dans la famille, l'éclatement de la famille et le décès d'un parent entraînent des effets
perturbateurs chez chacun des membres de la famille. Les jeunes transportent leurs
problèmes à l'école, ils sont inquiets, agressifs ou déprimés. Les élèves qui vivent des
problèmes à la maison sont plus vulnérables et plus susceptibles de développer des
difficultés à l'école. Ils perdent le contrôle de leur vie et ne réussissent plus à fonctionner
dans leur milieu scolaire. Leurs problèmes prennent toute la place et les efforts à fournir à
l'école deviennent des défis qui leur semblent impossibles de relever (Gingras, 1995).

Beaudelot et Establet (1971), affirment que l'environnement familial ainsi que les
membres de la famille durant l'enfance, ont une influence sur le rendement scolaire des
élèves et que cet environnement peut devenir une cause de l'abandon scolaire.

Quant à Langevin (1994), il constate que les abandons se produisent surtout dans
les familles de quatre enfants et plus recevant la sécurité du revenu. Les jeunes sont plus
susceptibles de vivre dans une famille ne comptant qu'un parent et plusieurs enfants.
Pour tout dire, dans les études du phénomène de l'abandon scolaire sur la famille des
jeunes, on observe, en général, que celle-ci fournit peu d'aide pour l'étude, peu
d'occasions d'apprentissage, moins de chance de la présence des deux parents à la
maison, des parents peu scolarisés et peu intéressés au fait scolaire. Il est évident que
moins les parents sont scolarisés, plus ils sont démunis financièrement et culturellement,
et plus ils vont se sentir débordés dans leur propre vie. On comprend alors qu'il leur soit
difficile de collaborer avec des enseignants qui, plus souvent qu'autrement, ne demandent
ces collaborations que lorsqu'un problème grave surgit et qui ne démontrent pas toujours
le doigté et l'habileté nécessaires pour gagner la confiance et la participation active des
parents.
56

Les études de Bégin et al. (1993) effectuées auprès des enfants sur leur expérience
familiale, la baisse de participation des parents à l'éducation scolaire de leurs enfants
constitue un élément considérable dans la dégradation du rendement académique et il est
vain d'espérer améliorer la situation en changeant une fois de plus les programmes et les
méthodes d'enseignement.

Les études sur le fonctionnement familial démontrent que les enfants ont plus de
risques d'abandonner leurs études si les parents valorisent peu d'école et s'impliquent
peu dans l'encadrement scolaire de leur enfant, si le style parental est permissif et le
système d'encadrement déficient (manque de supervision, de soutien et
d'encouragement), s'il y a un manque de communication et de chaleur dans les rapports
parents-enfants, et si les parents réagissent mal ou pas du tout aux échecs scolaires de leur
enfant (LeBlanc et al., 1993).

Par ailleurs, selon le rapport d'une recherche de la Fédération des commissions


scolaires catholiques du Québec en 1975, les activités journalières des parents sont
beaucoup plus importants que le statut socio-économique de la famille en ce qui concerne
la réussite scolaire. Il a isolé certaines principales variables de l'environnement familial
susceptibles d'influencer le rendement scolaire de l'enfant telles l'importance que les
parents accordent à la réussite scolaire. Il faut que la pression exercée par les parents soit
justement dosée, ni trop forte pour décourager l'enfant, ni trop faible pour qu'il conclut
au désintérêt de ses parents; le soutien obtenu à la maison pour le travail et l'orientation
scolaire par les parents ou les frères et les sœurs peut jouer un rôle de soutien vis-à-vis
l'élève; la stimulation pour explorer différents aspects de l'environnement, par exemple,
intéresser l'enfant à la nature, à la faune, voyager avec lui, etc., les intérêts intellectuels
et les activités de la famille de même que l'importance accordée au travail à la maison,
tous ces aspects de l'environnement familial sont autant des traits culturels à partir
desquels la distance sociale école-famille peut se manifester. Plus forte sera cette
distance, plus l'élève aura de la difficulté à réussir à l'école.

Rivard (1991) établit différents liens entre les abandons et différentes


caractéristiques de la société actuelle tels le divorce et l'accroissement des unions de fait.
57

Bien plus, les ruptures familiales entraînent pour plusieurs des séries de problèmes. Le
divorce et la rupture sont difficiles à accepter, les jeunes souffrent des conséquences, par
exemple, un parent manquant, un besoin d'argent, etc. Ils ont besoin d'adultes importants
à leurs yeux.

Du côté structurel, les résultats des recherches de Brossard et al. (1992), indiquent
que les enfants qui proviennent de familles désunies ou reconstituées, à faible revenu ou
en dépendance économique, où il y a plusieurs enfants, et dont les parents sont peu
scolarisés, ont plus de risques d'abandonner l'école.

De plus, Violette (1991) estime qu'une des principales raisons d'abandon des
études chez les enfants sont les motifs liés aux problèmes familiaux.

Encore une fois, l'environnement familial dans les pays en voie de développement
tels la violence conjugale, le divorce, la mortalité d'un des parents à cause de la guerre,
etc., est considéré comme un facteur important dans le développement et l'éducation du
jeune enfant. Donc, les problèmes au sein de la famille peuvent avoir des répercussions
sur le rendement scolaire de l'enfant. Dans ce cas, les facteurs familiaux ont certainement
un grand impact sur l'abandon scolaire. Mais qu'en est-il des facteurs d'ordre socio-
économique.

2.2. LES FACTEURS SOCIO-ÉCONOMIQUES

La littérature démontre que les statuts économique et culturel ont une influence sur
l'abandon scolaire des enfants.

Gingras (1995), estime que les problèmes sociaux peuvent être la cause d'une baisse
importante de la motivation des jeunes à poursuivre leurs études et peuvent même les
inciter à abandonner l'école.

Selon Langevin (1994), un enfant qui est pauvre annonce un adulte pauvre; cet
engrenage est attribuable en grande partie au taux d'abandon scolaire des enfants et des
adolescents. En se référant à une étude de Rosse et Shillington (1990) intitulée La
58

pauvreté chez les enfants et les mauvais résultats scolaires : coûts économiques pour la
société, l'auteur a fait remarquer que le taux de l'abandon scolaire est deux fois plus
élevé chez les enfants pauvres que chez les autres. Même s'ils vont à l'école, ils ne
peuvent pas participer aux mêmes activités que les autres, ils se marginalisent, acquièrent
rapidement une vision étriquée de la vie et expriment des attentes limitées. De plus, les
enfants pauvres manifestent plus de troubles émotifs, d'hyperactivité, de faible rendement
scolaire et de problèmes chroniques de santé que les enfants moins pauvres. Donc, un des
facteurs les plus constants observés dans beaucoup d'études sur l'abandon scolaire reste
sans doute le facteur socio-économique : une famille démunie ou pauvre sur les plans
économique et culturel.

Donald (1977) définit le niveau socio-économique comme l'ensemble des


caractéristiques économiques et sociales mesurables qui manifestent de façon objective
son degré de prestige et de responsabilité sociale tout en indiquant le type et l'importance
de son pouvoir de consommation des biens et l'utilisation des services. Selon la
corporation des enseignants du Cambodge, l'abandon scolaire se trouve beaucoup plus
souvent chez les jeunes enfants dont la famille se situe à un niveau socio-économique très
faible. Il nous est difficile de déterminer le gain annuel en dollars américains.

Boucher et Ouellet (1984) affirment, après une étude dans la région du Saguenay-
Lac-St-Jean qu'il existe une relation entre les aspects socio-économiques et
socio-culturels. Par exemple, le nombre d'enfants dans la famille, le rang que l'enfant y
a occupé, la scolarité des parents et le rendement académique de l'enfant.

Quoi qu'on en dise, la scolarité plutôt faible que l'on trouve en milieu défavorisé
peut avoir un impact important au niveau de l'adaptation et de la réussite scolaire chez les
jeunes enfants. L'apprentissage est nettement défavorisé par la pauvreté et le manque de
stimulants de l'environnement culturel. Le jeune sera beaucoup moins préparé
intellectuellement et émotivement lorsqu'il se présentera à l'école (Langevin, 1979 : voir
Josée Simard, 1997).
59

Selon le rapport annuel du ministère de l'Éducation de la Jeunesse et des Sports


du Cambodge (2003), certains parents cambodgiens peu scolarisés perçoivent que l'étude
ou l'apprentissage n'est pas impératif pour eux-mêmes ou pour leurs familles. Par
conséquent, les parents ont poussé leurs enfants à quitter l'école pour aider la famille.

Quant à LeBlanc et al. (1993), ils rapportent que les parents des démissionnaires
sont moins scolarisés que ceux des diplômés; ils occupent des emplois moins prestigieux
et moins spécialisés et ont reçu plus fréquemment des allocations d'aide sociale et de
chômage. Ainsi, ces jeunes se retrouvent plus souvent dans ces familles dont le statut
économique est plutôt faible, ce qui entraîne souvent ces jeunes à abandonner leurs
études à mi-chemin.

Mireille Lévesque et Louise Sylvain (1991) précisent clairement que le statut


socio-économique d'origine des jeunes enfants influence leur cheminement scolaire et
occupationnel. Pour elles, il faudrait s'attendre à ce que le statut socio-économique
d'origine soit générateur de différences dans les cheminements et que les orientations
scolaires et professionnelles de jeunes enfants se rapprochent du niveau d'éducation
accusé par la famille dans la stratification sociale. Le statut socio-économique d'origine
influence donc les résultats scolaires obtenus à l'école.

Isabelle Bouchard (2001), indique que le statut socio-économique influence la


maturité de l'élève lors de son entrée à l'école, ses résultats scolaires, sa perception de ses
aptitudes académiques, sa vision de l'école, son orientation scolaire, sa motivation et sa
persévérance.

Donc, l'influence des facteurs socio-économiques sur l'abandon scolaire constitue


vraiment une caractéristique déterminante pour le démissionnaire. Nous allons voir
maintenant si les facteurs scolaires jouent un rôle dans la décision d'abandonner l'école.
60

2.3. LES FACTEURS SCOLAIRES

Beaucoup de chercheurs s'accordent pour mettre en cause plusieurs fondements


du système scolaire dans les pays industrialisés. Les méthodes d'enseignement et les
attitudes des enseignants sont premièrement évoquées comme cause de l'abandon
scolaire des élèves (Violette, 1991). Chez Hrimech et al. (1993), un manque d'autorité,
d'intérêts et d'implication des enseignants envers les élèves, un climat d'indifférence face
à l'enseignement scolaire demeurent les indices de l'abandon scolaire. Autrement dit, les
enfants qui abandonnent leurs études, sont insatisfaits des comportements, des attitudes et
de la qualité du travail des enseignants (Sullivan, 1988). En outre, certaines
caractéristiques des organisations scolaires peuvent contribuer à aggraver le phénomène
de l'abandon scolaire : les exigences excessives, l'incapacité d'intégrer les jeunes aux
activités scolaires, les caractéristiques structurelles et normatives de l'école (Parent et
Paquin, 1994). De plus, une formation scolaire non adaptée au marché du travail
décourage les jeunes à rester sur les bancs de l'école (Develay, 1996). Il faut noter que
l'échec scolaire demeure une des premières causes de l'abandon des études (Amen, 2000;
LeBlanc et al., 1993 et Vallerand, 1993). Celui-ci est l'indice de l'échec des méthodes
d'apprentissage (Eisemon, 1997). Dans cette optique, l'enseignement magistral est remis
en question étant donné que les jeunes « raccrochent » grâce à l'enseignement individuel
(Trottier, 1992 : voir Sun Heng Cheng, 2002).

Gingras (1995) affirme qu'un grand nombre d'élèves ne semblent pas heureux à
l'école et ne cachent pas leur insatisfaction face au système scolaire. Selon eux, il ne
répond pas à leurs besoins. Dès les premières années du primaire, le désintéressement des
élèves devient perceptible. La joie de venir à l'école pour le plaisir d'apprendre cède la
place à l'obligation d'entrer dans une compétition visant la performance.

Selon Langevin (1994), les difficultés scolaires, le rendement faible et les échecs
peuvent à la fois représenter des facteurs constitutifs et des symptômes précurseurs de
l'abandon scolaire. Dans le processus qu'est l'abandon scolaire, l'échec constitue un
élément important générateur de démotivation et de dévalorisation, et provoque des
61

comportements de désengagement et, parfois, d'opposition. En ce sens, l'échec scolaire


représente un facteur prédictif de l'abandon scolaire.

Violette (1991) affirme que les jeunes attribuent leurs difficultés scolaires aux
raisons suivantes : les difficultés d'apprentissage dues au manque de concentration et de
mémoire ou à une meilleure aptitude pour le travail manuel que le travail intellectuel,
l'absence d'efforts et de capacités intellectuelles, un comportement délinquant qui
conduit à ne chercher que le plaisir et aussi, elle estime que les méthodes d'enseignement
et les attitudes négatives des enseignants peuvent être des causes de l'abandon scolaire.

Du côté de l'établissement scolaire, les causes regroupent les facteurs suivants de


l'abandon scolaire dans les pays en voie de développement. Le premier a trait à la
proportion très différente entre le nombre d'élèves et le nombre d'enseignants. Le
deuxième correspond au nombre d'élèves par classe, à l'hétérogénéité des élèves et à la
différence d'âges des élèves dans une classe. Le troisième est lié au manque de
justification du curriculum des enseignants, c'est-à-dire des formations continues. Le
quatrième a trait au manque d'aide de la part des enseignants et aux conditions non
incitatives à apprendre (par exemple, le manque de chaises, de tables ou de tableau). Et le
dernier concerne la distance entre la maison des élèves et l'école (UNESCO, 1987 : voir
Sun Heng Cheng, 2002).

Parallèlement à ces facteurs, le ministère de l'Éducation de la Jeunesse et des


Sports du Cambodge (1998) affirmait que de nombreuses écoles cambodgiennes sont
dépourvues de matériels didactiques et même lorsque des livres sont disponibles, les
élèves n'ont pas les moyens de les acheter. En outre, l'enseignement primaire souffre
d'une extrême pénurie d'enseignants. Aussi, parmi toutes les écoles primaires, 51,7%
seulement ont la gamme complète de tous les niveaux de classe (niveau 1 à 6) pour le
cycle primaire. Les enfants qui vivent très loin des écoles avec la gamme complète des
niveaux primaires, ont beaucoup de mal à continuer les études et certains d'entre eux
deviennent inévitablement des recalés et décident d'abandonner plus tôt l'école.
62

Tout bien pesés, les facteurs scolaires s'avèrent très critiques dans l'abandon des
études chez les jeunes enfants. Donc, ces facteurs ressemblent beaucoup à ceux de la
situation actuelle au Cambodge. D'ailleurs, l'abandon scolaire au Cambodge dès le
niveau primaire est toujours présenté au sein des différentes études par des
caractéristiques négatives. Dans la majorité des cas, le redoublement scolaire est
attribuable à une préparation insuffisante des jeunes à la culture de l'école, à une
inadéquation entre cette culture et la valeur accordée par le milieu et à un manque de
soutien et de valorisation de la part de l'école. Donc, le facteur école apparaît de toute
évidence comme le facteur névralgique dans le processus de l'abandon scolaire. Il nous
apparaît être davantage des effets plus ou moins directs issus d'une conjoncture socio-
économique et familiale ainsi que de la nature même de l'école.
CHAPITRE III

PERSPECTIVES MÉTHODOLOGIQUES

Pour bien cerner les causes de l'abandon scolaire au niveau primaire au


Cambodge, nous avons opté pour une recherche descriptive et quantitative qui vise à
mesurer le phénomène à l'étude et qui nous permet de recueillir et de traiter différentes
données à l'aide d'un questionnaire, ainsi que d'analyser et d'interpréter les résultats
obtenus. Dans notre étude à propos des causes de l'abandon des études au cycle primaire
au Cambodge, nous avons choisi la population scolaire cambodgienne et nous sommes
allés la rencontrer pour connaître ses points de vue.

3.1 APPROCHE MÉTHOLOGIQUE PRIVILÉGIÉE

L'approche quantitative est la méthodologie privilégiée plutôt dans la descrption


des phénomènes de l'abandon scolaire au Cambodge ; elle tente de comprendre tous les
facteurs qui influencent cet abandon des études chez les jeunes cambodgiens dans la
signification accordée par les sujets à leurs actions, dans la mesure de leurs attitudes, de
leurs comportements et de leurs opinions qui orientent l'analyse effectuée.
64

Selon Angers (1996), les méthodes quantitatives visent à mesurer le phénomène à


l'étude. Les mesures peuvent être ordinales du genre «plus grand ou plus petit que» ou
numériques avec usage de calculs. La plupart des recherches en sciences humaines
utilisent ces mesures ; il en est ainsi quand on fait usage d'indices, de taux, de moyens ou,
plus généralement, d'outils que fournit la statistique. Le questionnaire, sous sa forme la
plus connue : le sondage, est une technique directe d'investigation utilisée auprès
d'individus. Ce questionnaire permet de les interroger de façon directive et de faire un
prélèvement quantitatif en vue de trouver des relations mathématiques et de faire des
comparaisons chiffrées.

Le choix de la recherche descriptive est tributaire des caractéristiques


particulièrement avantageuses en faveur de la présente recherche. Celle-ci nous permet,
premièrement, de combler un manque de connaissance (LeFrançois, 1992 : voir Sunheng
Cheng, 2002). Or, cette étude oriente vers l'entrevue permet de comprendre le
questionnaire de décrire, c'est-à-dire vers la poursuite d'une meilleure description des
phénomènes de l'abandon des études chez les élèves cambodgiens, certains tentent de
quitter prématurément l'école et d'autres poursuivent leurs études. Deuxièmement, en
mettant l'accent sur les rôles de la recherche descriptive, l'occasion nous est donnée
d'analyser systématiquement la réalité du problème de l'abandon scolaire au Cambodge.
Troisièmement, un tel type d'étude est plus souvent privilégié dans la plupart des études
s'intéressant aux opinions ou aux jugements personnels des sujets, en raison de ses
aspects satisfaisants tant pour la société (le coût investi pour la recherche) que pour les
sujets (occasion de s'exprimer, de combler un besoin généreux pour la science et
d'obtenir une compensation grâce à leur participation à l'enquête) (Gauthier, 1997).

Pour effectuer la cueillette des informations, nous allons procéder par rencontre
en utilisant un questionnaire d'enquête. Il devient donc nécessaire de donner certaines
précisions concernant le sujet de l'étude, de dire comment ce sujet a été choisi, et de
présenter le questionnaire de l'entrevue de même que les facteurs de l'abandon des études
déterminés par ces entrevues.
65

De plus, l'approche quantitative nous permet de recueillir et de traiter différentes


données à l'aide d'un questionnaire, ainsi que d'analyser et d'interpréter les résultats
obtenus. Cette méthode nous amène à introduire plus d'objectivité dans la description des
faits sociaux.

Les études descriptives ont donc pour but d'approfondir différentes


problématiques, de décrire et de présenter les caractéristiques d'un phénomène observé.
La recherche descriptive sert à décrire une situation telle que la situation de l'abandon des
études chez les jeunes enfants au Cambodge. C'est ce type de stratégie qui sera utilisé
dans cette étude.

3.2 INSTRUMENT DE COLLECTE DES DONNÉES

Afin de répondre aux exigences de l'objectif de cette étude qui est d'identifier les
phénomènes de l'abandon scolaire au cycle primaire chez les jeunes enfants
cambodgiens, nous choisissons d'élaborer un questionnaire, de choisir les répondants et
les lieux du répondant pour bien nous permettre de recueillir des données en vue de
concrétiser et de valoriser notre projet de mémoire.

3.2.1 Le questionnaire

Le questionnaire est un instrument de collecte de données construit par nous en


vue de soumettre des individus à un ensemble de questions. Notre choix porte sur ce
questionnaire dans la mesure où il rencontre les mêmes buts que nous proposions
d'atteindre dans notre recherche, à savoir les raisons ou les facteurs qui peuvent
engendrer l'abandon des études au primaire chez les jeunes enfants au Cambodge. Il vise
à déterminer le genre d'élève qui quitte l'école, le pourquoi de l'abandon et à dégager une
image du vécu scolaire des répondants.
66

Notre questionnaire comporte quatre parties et comprend 25 questions différentes


(voir la page suivante : la figure 5 ou l'annexe A). La première partie, qui comporte 11
questions, sert à recueillir la situation générale concernant les facteurs familiaux et socio-
économiques de notre hypothèse sur les enfants qui abandonnent leurs études primaires.
La deuxième partie, qui comprend 7 questions, porte sur la vie scolaire de ces jeunes
enfants cambodgiens et recueille des informations concernant les facteurs scolaires de
notre hypothèse. La troisième partie compte trois questions et retrouve la perception des
causes de difficultés et de facilités des études de nos enfants à risque d'abandon scolaire
au cycle primaire. Enfin, la quatrième partie comprend quatre questions et porte sur les
projets d'avenir de ces démissionnaires.

Notre questionnaire est écrit en Khmer ou langue cambodgienne (l'annexe B)


parce que les répondants sont des enfants cambodgiens. Mais après avoir recueilli toutes
les réponses, il nous faut le traduire en langue française pour l'introduire dans la partie
réservée aux annexes de ce mémoire. Dans ce questionnaire, toutes les questions sont
accompagnées de multiples réponses possibles pour permettre aux répondants de réfléchir
mais nous n'avons pas oublié de laisser une place pour ceux qui veulent ajouter leur point
de vue.

Violet (1991) utilise essentiellement des questions fermées où les possibilités de


réponses sont fixées à l'avance, se présentant sous une forme dichotomique, comme oui,
non, ou à choix multiples. Nous ajoutons donc des questions dites ouvertes pour que les
répondants aient le libre choix de réponses et la possibilité d'apporter des dimensions
nouvelles.
67

FIGURE 5
Structure du questionnaire

Numéro des
Parties Thèmes Descriptions
questions

1) Sexe 1
2) Âge 2
3) Structures familiales 3
4) Milieu 4
Situation 5) Revenu mensuel de la famille 5
I générale 6) Niveau d'étude lors de l'abandon 6
7) Distance 7
8) Scolarité des parents 8-9
9) Taille de la famille 10
10) Abandon scolaire chez les sœurs et 11
les frères de l'enfant

11) Notes annuelles des études 12-13


12) Degré de la motivation par rapport 14
aux mauvaises notes
13) Nombre d'absences pendant un an 15
II Vie scolaire 14) Raison d'absences 16
15) Justification des absences par les 17
parents
16) Redoublement scolaire 18

17) Raisons qui ont contribué à faire 19


III Perception des abandonner l'école
causes 18) Difficultés d'étudier 20
19) Facilités d'étudier 21

20) Retour aux études 22


IV Projet d'avenir 21) Satisfaction pour terminer les 23
études primaires
22) Projets d'avenir 24-25
68

3.2.2 Les répondants

Les répondants seront constitués de l'ensemble des jeunes enfants cambodgiens


qui ont abandonné leurs études dans les régions ciblées au Cambodge. Cette population
comporte tous les groupes d'âge ainsi que tous les niveaux de classes au cycle primaire.
La principale condition à respecter pour pourvoir participer à l'étude est que les jeunes
enfants cambodgiens aient abandonné leurs études de la première année à la sixième
année du cycle primaire.

Le choix des répondants à cette étude s'effectue par un échantillon volontaire.


Comme son nom l'indique, cette technique consiste à faire appel à des volontaires pour
constituer l'échantillon. Il faut choisir un groupe aussi représentatif que possible. La
sélection des répondants est faite selon leur degré de collaboration à répondre au
questionnaire car le but de l'échantillonnage est de fournir une quantité d'informations
suffisantes pour évaluer les caractéristiques désirées d'une population avec une certaine
précision. Il faut reproduire le plus fidèlement possible les caractéristiques de la
population étudiée par l'enquête (Gauthier, 1997).

L'analyse des données peut se faire facilement à condition que les répondants
comprennent bien le questionnaire et ce que nous attendons d'eux. Même si le résultat ne
permet pas de synthétiser le problème à 100%, il peut nous aider à analyser le problème
par l'intermédiaire du point de vue du public visé.

Comme le problème portant sur les phénomènes de l'abandon scolaire au cycle


primaire est un facteur concret qu'on ne peut pas négliger, il est inévitable que nous
ayons à choisir des répondants cambodgiens qui ont assez de connaissances pour pouvoir
réfléchir sur ce problème avant de décider de cocher la réponse. Et ceux qui ne sont pas
capables de la cocher, nous les aidons à le faire absolument. Nous décidons donc de
choisir des répondants des deux sexes de plusieurs catégories différentes comme les
jeunes enfants ayant pris un certain recul face à leur abandon, les démissionnaires qui
69

sont moins susceptibles d'être influencés par différentes situations émotives ou autres,
vécues au moment de quitter l'école. Nous estimons qu'après une période d'arrêt scolaire
excédant une année ou plus, ces jeunes enfants sont plus aptes à prendre un certain recul
face à leur vie personnelle et scolaire. Ainsi, ils s'avèrent plus susceptibles de fournir des
informations pertinentes sur l'aspect du phénomène qui nous intéresse.

3.2.3 Les lieux du répondant

Cette recherche est effectuée dans les écoles primaires ciblées se trouvant au sein
de la province de Kampot, Stung Trèng, Banteay Mean Chey et de la capitale de Phnom
Penh (voir la page suivante : la figure 6 ou l'annexe C). Et pour connaître les élèves ayant
abandonné les études, nous devons demander l'autorisation du ministère de l'Éducation,
de la Jeunesse et des Sports, et ensuite, nous devons contacter la direction provinciale et
municipale de l'éducation. En dernier lieu, nous devons prendre des rendez-vous avec les
directeurs d'école et les enseignants des élèves qui ont abandonné les études au niveau
primaire. C'est la direction de l'école et les enseignants qui ont convoqué les élèves ayant
abandonné les études à venir nous rencontrer.

Nous avons déposé cent vingt copies du questionnaire pour interviewer cent vingt
jeunes personnes qui ont abandonné l'école, selon les quatre provinces ci-dessus, dont 30
dans chaque province.

3.2.4 La planification de collecte des données

Notre collecte des données va s'étendre sur une période de quatre mois, du
30 avril 2004 au 31 août 2004. Le calendrier détaillé de la collecte de données est
présenté à l'annexe D. Elle sera faite à Phnom Penh, Kampot, Stung Trèng et Banteay
Mean Chey dans les écoles primaires ciblées (voir la figure 6).
70

FIGURE 6
Bref calendrier de collecte des données

Nombre de répondants
Date Provinces Districts des écoles
Garçons Filles
participantes

District de Chhuk 3 4
Province de
District de Kampong Trach 2 4
05-18 juin 2004 Kampot
District de Kampot 2 4
District de Kampong Bay 3 3

en
District de Siem Bôk 4
26 juin-10 juillet Province de

en
District de Thalab Barivat 4
2004 Stung Trèng

en
District de Stung Trèng 4

District de Svay Chek 3 4


Province de
District de Mongkul Borey 3 4
17-31 juillet Banteay
District de Au Chrov 3 4
2004 Meanchey
District de Sérey Sophorn 3 4

Khan Meanchey 4 4
Capitale de
Khan Tuol Kok 4 4
09-20 août 2004 Phnom Penh
Khan Chamkar Man 5 2
Khan 7 Makara 5 2
(Khan = Arrondissement)

Total 49 55

3.3 ANALYSE ET INTERPRÉTATION DES DONNEES

Pour analyser les résultats obtenus avec la méthode d'analyse de contenu, Aktouf
(1992) définit cette méthode comme une technique de recherche pour la description
objective, systématique et quantitative du contenu manifeste des communications ayant
pour but de les interpréter.
71

Les données recueillies seront traitées statistiquement par le logiciel Microsoft


Excel. Ce logiciel nous permet d'effectuer des calculs de tendances des facteurs étudiés
tels que les facteurs familiaux, socio-économiques et scolaires qui entraînent l'abandon
des études au cycle primaire au Cambodge. Afin de déterminer si les résultats sont
applicables ou non à un autre contexte et à d'autres répondants, la présentation des
résultats rend d'abord compte des caractéristiques de la clientèle interrogée, du contexte
du site de recherche et des entretiens. Lors de l'analyse, plusieurs hypothèses de travail
(Anadon, 1997) ou questions du formulaire tentent d'expliquer le phénomène de
l'abandon scolaire.

Selon Angers (1996), la phase de préparation des données ne doit pas être
négligée, car elle permet une analyse et l'interprétation juste des données. Il est important
de faire ressortir toute la richesse possible des données brutes. Nous devons les manipuler
soigneusement, en ayant toujours en tête le problème de recherche, et vérifier les
questionnaires afin de nous assurer qu'ils aient tous été remplis correctement. En fait,
cette phase est si importante que les analyses les plus fines ou les plus originales
demeureraient inutiles et invalides si les données sur lesquelles elles se basent étaient mal
préparées.

Nous allons d'abord numéroter notre échantillonnage. Plus précisément, nous


allons attribuer un numéro à chaque question. Puis, nous allons attribuer un numéro à
chaque question du formulaire en respectant la numérotation du questionnaire. Enfin,
nous allons donner un numéro à chaque choix de réponse à une question. Cette procédure
est essentielle si nous voulons par la suite faire des interprétations et des commentaires ou
relier des éléments du répondant. Finalement, en ce qui a trait à l'analyse quantitative,
nous faisons une synthèse des informations obtenues auprès de nos répondants. Les
théories et commentaires seront réalisés par l'interprétation des résultats de données
recueillies.
CHAPITRE IV

PRESENTATION ET ANALYSE DES DONNEES

Dans ce chapitre, il sera question des données obtenues lors du sondage auprès
des élèves cambodgiens qui ont quitté l'école au niveau primaire. En premier lieu, nous
présentons les données concernant la première partie du questionnaire qui tente
d'identifier les démissionnaires des jeunes cambodgiens qui ont abandonné leurs études
au niveau primaire. Ensuite, il sera question du vécu scolaire de ces jeunes, de leur
perception des causes et enfin, de leur projet d'avenir.

Afin de répondre le plus correctement possible à notre objectif de recherche, soit


d'identifier les facteurs liés à l'abandon scolaire chez les jeunes enfants cambodgiens
fréquentant les écoles primaires, nous exposons les données pertinentes en référence à
des thèmes et des sous thèmes. Nous utilisons donc le logiciel EXCEL pour des calculs
statistiques et des illustrations des graphiques.

4.1 SITUATION GÉNÉRALE

Nous voulons, dans cette première partie du questionnaire, présenter et analyser


les raisons pour lesquelles certains jeunes enfants cambodgiens ont abandonné leurs
études dans l'enseignement primaire. Il s'agit d'analyser des résultats donnés par les
73

élèves pour expliquer leur abandon scolaire. Ces résultats proviennent du questionnaire
placé en annexe.

4.1.1 Sexe

Au niveau primaire au Cambodge, on note une différence importante entre les


garçons et les filles quant aux problèmes d'abandon des études. Selon l'enquête de cette
étude, notre échantillon se compose de 104 répondants dont 55 filles (52,88%) et 49
garçons (47,12%), (voir tableau 8). Ce tableau nous indique que l'élève des écoles
primaires du Cambodge qui abandonne est plus souvent une fille. En effet, une
publication annuelle du ministère de l'Éducation, de la Jeunesse et des Sports du
Cambodge (1999), l'indicateur sur l'enseignement primaire nous révèle que les filles ont
plus de propension à abandonner leurs études que les garçons. Par ailleurs, les données de
notre enquête le confirment une fois de plus.

Tableau 8
Abandon scolaire selon le sexe

Sexe Total (N= 104) Pourcentage


Fille 55 52,88%
Garçon 49 47,12%

En résumé, l'écart entre les deux sexes n'est pas très élevé mais, on peut constater
que, selon notre étude, il y a plus de filles que de garçons qui quittent l'école. Par
conséquent, dans la société, la famille cambodgienne a tendance à donner la priorité au
garçon, car, selon sa perception, les garçons retireront plus d'avantages de l'éducation
reçue que les filles. Tandis que les filles, malgré leurs études, seront, de toute manière,
chargées des travaux ménagers et soumises à leur mari. D'autres obstacles
n'encourageant pas les jeunes filles à poursuivre leurs études découlent également du
74

système éducatif de ce pays. Par exemple, pour les familles pauvres, si les parents
choisissent entre éduquer un garçon et éduquer une fille, c'est souvent le garçon que les
parents favorisent le plus. Et pour subvenir à la famille, c'est souvent la fille que les
parents envoient travailler. Quand les filles vont à l'école, elles doivent souvent s'occuper
des jeunes frères ou sœurs, des travaux ménagers, de la cuisine et d'autres. C'est pour
cela que les filles ont abandonné leurs études plutôt que les garçons.

Selon le résultat pour cette partie, nous constatons que les filles cambodgiennes
ont abandonné l'école, davantage que les garçons, ce qui vérifie bien notre hypothèse
proposée.

4.1.2 Âge

Le résultat présenté au tableau 9 montre que les jeunes enfants n'ont pas tous le
même âge au moment de l'abandon scolaire. On remarque que c'est entre 12 ans et 14
ans et plus qu'il y a le plus grand nombre d'abandon des études. Il est largement reconnu
que ces jeunes abandonnent l'école avant d'avoir acquis les compétences de base reliées
au primaire. Cette étude montre que 87,5% des jeunes de 12 à 14 ans et plus ont
abandonné leurs études avant la sixième année du cycle primaire.

Tableau 9
Abandon scolaire selon l'âge

Age Total (N= 104) Pourcentage


6 à 7 ans 2 1,92%
8 à 9 ans 3 2,88%
10 à 11 ans 8 7,70%
12 à 13 ans 37 35,58%
14 ans et plus 54 51,92%
75

En fait, le rapport annuel de Y Éducation pour tous du ministère de l'Éducation du


Cambodge (2003) précise clairement que 82% du groupe des 12 à 14 ans dont 84% de
filles et 79% de garçons ont quitté l'école avant d'avoir obtenu un certificat d'études
primaires. En outre, selon l'UNESCO (1998), trois quarts des 8 millions d'enfants en âge
scolaire dans les pays en voie de développement, qui n'ont pas terminé les études
primaires, sont des filles. Cela dit, plus l'enfant est âgé, plus il abandonne facilement
l'école. Justement, cette situation confirme donc notre étude.

4.1.3 Structure familiale

Le tableau 10 nous permet de savoir s'il y avait des liens entre la structure
familiale et les risques d'abandon des études chez les jeunes enfants cambodgiens. Les
données de ce tableau démontrent que 60,57% de jeunes enfants habitaient avec leurs
parents au moment où ils ont abandonné leurs études. Toutefois, on remarque aussi que
2,88% des enfants vivent avec leur père, 18,27% vivent avec leur mère et 18,27% restent
avec leur parenté (oncles, tantes).

Tableau 10
Structures familiales

Structures Total (N= 104) Pourcentage


Parents 63 60,57%
Père 3 2,88%
Mère 19 18,27%
Parentés 19 18,27%
76

4.1.4 Abandon scolaire selon le milieu et le sexe

Les jeunes enfants qui abandonnent l'école, ne se retrouvent pas par hasard dans
les régions rurales ou urbaines. Le tableau 11 établit une statistique qui nous renseigne
sur la provenance de ceux qui ont abandonné leurs études pendant le cycle primaire.
Nous pouvons remarquer que 71,16% des jeunes enfants habitent en milieu rural (29,82%
garçons, 41,34% filles) et 28,84% des jeunes enfants vivent en milieu urbain (17,31%
garçons et 11,53% filles). Cela veut dire que les écoles rurales ont souvent des taux
d'abandon plus élevés que ceux des écoles urbaines et le taux de filles est souvent plus
élevé que celui des garçons et ce, peu importe le milieu. Les enfants des zones rurales,
en plus, travaillent beaucoup dans des fermes ou dans les rizières et souvent occupent des
emplois à temps partiel ou autres. Selon UNESCO (1998), dans les pays en voie de
développement, la population d'enfants travailleurs est beaucoup plus élevée dans les
zones rurales que dans certaines zones urbaines. Quoi qu'on en dise, la figure 7 (la page
suivante) illustre bien la situation de notre étude selon le milieu et le sexe.

Tableau 11
Abandon scolaire selon le milieu

Milieux Total (N= 104) Pourcentage


Garçon Fille Total Garçon Fille Total

Rural 31 43 74 29,82% 41,34% 71,16%


Urbain 18 12 30 17,31% 11,53% 28,84%
FIGURE 7
ABANDON SCOLAIRE SELON LE MILIEU ET LE SEXE

Abandon scolaire selon le milieu et le sexe

a Rura!
H Urbain

Garçon

4.1.5 Revenu mensuel de la famille

On remarque, à la lecture du tableau 12 (la page suivante), que le revenu familial


de la majorité des jeunes enfants cambodgiens (51,92%) se limite à 30 dollars américains
ou moins par mois. Ce revenu est considéré comme un revenu très faible par rapport au
niveau de vie au Cambodge. Par exemple, un sac de riz de 50 Kg coûte 20$US, un kilo de
pore ou de bœuf coûte 4$US, un litre de pétrole 0,75$US, un kilowatt d'électricité 0,25 à
0,5O$US, un mètre cube d'eau 0,25 à 0,50$US. En particulier les soins de la santé sont
diminués par de piètres conditions de vie pour ces familles aux faibles revenus. Le revenu
78

de certains autres (41,35%) s'élève de 30 à 150 dollars américains et moins. Celui-ci est
aussi considéré comme faible. Le revenu de certaines familles (6,73%) qui atteint 150 à
250 dollars américains, représente la catégorie des revenus moyens. On n'enregistre
aucun abandon dans les familles ayant un revenu dépassant 250$US. Il existe donc un
lien étroit entre scolarité et niveau de vie de la famille.

Tableau 12
Revenu mensuel de la famille

Revenu mensuel Total (N= 104) Pourcentage


Moins de 30$US 54 51,92%
30àl50$USetmoins 43 41,35%
150à250$USetmoins 7 6,73%
250$US et plus 0 0,00%

Indépendamment du statut socio-économique de la famille, le revenu de ces


familles se révèle de la plus haute importance comme support à l'expérience scolaire de
l'enfant. Il est sûr et certain que le revenu faible de la famille est généralement considéré
comme la première cause de l'abandon des études des enfants. Par ailleurs, au cours de
notre cueillette des données, nous avons demandé aussi la situation financière de la
famille avec des démissionnaires : pauvre ou aisée, etc. Ils ont répondu qu'ils étaient
plutôt pauvres. Nous pouvons constater que les ressources économiques de la famille,
dont disposent les enfants, ne leur permettent pas vraiment d'assurer leur survie, leur
sécurité alimentaire et le soutien obtenu à la maison pour le travail et l'orientation
scolaires. Cette situation est vraie aussi au Québec. Le rapport de la Fédération des
commissions scolaires catholiques du Québec (1975) affirme que l'environnement
familial dans ses dimensions : vie culturelle et vie affective, se révèle un facteur
d'abandon de la plus haute importance.
79

La figure 8 ci-dessous nous permet de mieux revoir la situation économique de la


famille et l'abandon scolaire des jeunes enfants cambodgiens. Plus le revenu familial est
bas, plus la situation scolaire est fragile. Cet état de chose est valable aussi bien dans les
pays développés que les pays en voie de développement.

FIGURE 8
REVENU MENSUEL DE LA FAMILLE

Revenu mensuel de la famille


6,73<!

41.35%
51,92%

H Moins de 30 $ US
0 30 à 150$ US
m 150 à 250$ US

4.1.6 Niveau d'études et abandon scolaire

Les données du tableau 13 (la page suivante) montrent que l'abandon scolaire
tend à être répandu de la première à la sixième année du cycle primaire. Le taux
d'abandon augmente progressivement lorsque les jeunes montent à la classe de sixième
année. Nous voyons ressortir le pourcentage d'abandon des études chez les élèves en
première année (1,92%), en deuxième année (6,73%), en troisième année (11,53%), en
quatrième année (16,34%), en cinquième année (27,89%) et en sixième année (35,58%).
80

L'augmentation du nombre des enfants demeure considérable autour des trois niveaux
(4e, 5e et 6e) du cycle primaire. Plus l'enfant augmente en âge, plus la tendance
d'abandon scolaire augmente. De manière générale, toutefois, le pourcentage de jeunes
enfants en sixième année est supérieur à celui des enfants de toutes les autres classes dans
le cycle primaire.

La figure 9 (la page suivante) explique bien la situation d'abandon scolaire selon
le niveau d'étude à partir de la première année. Le taux d'abandon augmente
progressivement d'une année à l'autre à tous les niveaux de classe dans le cycle primaire.

Tableau 13
Niveau d'études primaires au moment de l'abandon scolaire

Niveau scolaire Total (N= 104) Pourcentage


lere année 2 1,92%
2e année 7 6,73%
3e année 12 11,53%
e
4 année 17 16,34%
5e année 29 27,89%
6e année 37 35,58%
FIGURE 9
NIVEAU D'ÉTUDES PRIMAIRES AU MOMENT DE L'ABANDON
SCOLAIRE

Niveau d'étude lors de l'abandon

35.58%

1ère 2e année 3e année 4e année 5e année 6e année


année

4.1.7 Distance entre la maison des élèves et l'école

En combinant le nombre d'abandon scolaire selon la distance entre la maison et


l'école, avec leurs études, il en résulte (tableau 14) que presque la moitié de nos jeunes
(45,19%) habitent à une distance de plus de trois kilomètres entre la maison et F école.
C'est eux qui abandonnent en plus grand nombre par rapport à ceux de 1 à 3 Km (24,03%
et 30,77%). Selon le ministère cambodgien de l'Éducation de la Jeunesse et des Sports, le
Rapport d'évaluation sur l'éducation pour tous (2000), la longue distance de marche est
un obstacle pour les enfants dans la fréquentation scolaire, particulièrement chez les filles
dans les régions rurales.
82

Tableau 14
Abandon scolaire selon la distance entre la maison des élèves et l'école

Distance Total (N= 104) Pourcentage


1 à 2 kilomètres et moins 25 24,03%
2 à 3 kilomètres et moins 32 30,77%
3 kilomètres et plus 47 45,19%

4.1.8 Scolarité des parents

Dans le but de mieux situer les limites de cette section, il est intéressant de se
pencher sur la situation familiale, à savoir la scolarité et le degré de pauvreté des parents
influençant la persévérance de leurs enfants à l'école.

De façon générale, selon le tableau 15, 1,92% des pères des démissionnaires ont
obtenu le diplôme d'études secondaires du deuxième cycle, 3,84% n'ont pas complété
des études secondaires du deuxième cycle, 5,77% ont terminé le premier cycle du
secondaire, 12,50% détiennent quelques années du deuxième cycle du secondaire et
15,38% ont effectué des études primaires. Parmi les 60,58% qui s'avèrent moins
scolarisés, 36,53% ont un diplôme primaire non complété et 24,03% n'ont aucun niveau
d'études.

Quant au niveau de scolarité chez les mères, nous remarquons qu'aucune mère ne
possède un diplôme secondaire du deuxième cycle. Les données disent que 1,92% ont fait
quelques années d'études secondaires du deuxième cycle, 2,88% ont effectué le
secondaire du premier cycle, 7,70% ont complété quelques années au premier cycle du
secondaire et 9,61% détiennent un diplôme de cycle primaire complété. Même en tenant
compte qu'un grand nombre de mères (74,03%) se révèlent moins scolarisées, 43,27%
ont un diplôme primaire non complété et 30,76% n'ont aucun niveau d'études.
83

On peut conclure, sans trop de risque de se tromper, que la scolarité des deux
parents, en général, joue beaucoup sur les abandons scolaires. Ces parents peuvent être
considérés comme non-scolarisés ou sous-scolarisés au moins en fonction de l'éducation
de base parce que, plus de la moitié des pères et des mères n'ont pas achevé leurs études
primaires. De la même manière, la scolarité des deux parents peut être un facteur positif
sur le rendement scolaire de leurs enfants.

En résumé, généralement, la scolarité des parents influence fortement le statut


socioéconomique de la famille et les aspirations scolaires des élèves alors que la scolarité
de la mère est étroitement liée à la performance des familles.

Tableau 15
Niveau de scolarité des parents

Niveau de scolarité Total (N= 104) Pourcentage


Père Mère Père Mère
Aucun niveau d'études 25 32 24,03% 30,76%
Primaire non complété 38 45 36,53% 43,27%
Primaire complété 16 10 15,38% 9,61%
Secondaire du 1er cycle non complété 13 8 12,50% 7,70%
Secondaire du 1er cycle complété 6 3 5,77% 2,88%
Secondaire du 2e cycle non complété 4 2 3,84% 1,92%
Secondaire du 2e cycle complété 2 0 1,92% 0,00%
Universitaire 0 0 0,00% 0,00%

La figure 10 (la page suivante) illustre bien le niveau de scolarité des parents et le
taux d'abandon scolaire. Plus le niveau de scolarité des parents est élevé, c'est-à-dire le
secondaire du deuxième cycle complété, plus le taux d'abandon scolaire est bas et aucun
élève n'abandonne les études lorsque les parents ont des études universitaires. On peut
dire que le niveau de scolarité des parents a une influence très nette sur le rendement
scolaire.

Pour tout dire, le taux d'abandon scolaire est inversement proportionnel au degré
de scolarité des parents. Plus le niveau de scolarité des parents augmente, moins les
jeunes abandonnent les études.

FIGURE 10
NIVEAU DE SCOLARISAIT DES PARENTS

Niveau de scolarité des parents

• Père
• Mère

•bu
85

4.1.9 Taille de la famille

Au cours de notre collecte de données, nous avons demandé à nos jeunes


cambodgiens le nombre d'enfants dans la famille afin de savoir si le nombre de personnes
dans la famille a une influence sur les études de l'élève et l'incite à l'abandon scolaire.

À la lecture du tableau 16, on constate que la majorité de nos jeunes viennent


d'une famille où il y a quatre enfants et plus (72,11%). C'est impossible, et ce n'est pas
du tout facile de survivre avec un revenu inférieur à trente dollars américains
mensuellement (tableau 13), particulièrement chez les familles plus nombreuses. Étant
dans l'impossibilité de subvenir aux besoins de la famille avec ce montant, les enfants
doivent aider leurs parents en participant aux travaux agricoles ou en s'occupant de leurs
jeunes frères et sœurs. Nous pouvons soutenir que la faiblesse des revenus et l'état
chronique de pauvreté vécue par une bonne proportion de parents, et encore plus
particulièrement par les enfants, constituent encore un obstacle de taille à leur
participation et à leur sécurité alimentaire et matérielle. Cet obstacle cerne de plus près le
phénomène de l'abandon scolaire chez les jeunes enfants.

D'ailleurs, Baudelot et Establet (1971) ont nettement noté que l'environnement


familial (par exemple, nombre d'enfants dans la famille) peut avoir une influence sur le
développement de l'enfant et peut être une source de l'abandon scolaire. En d'autres
mots, plus un enfant appartient à une famille nombreuse, plus les chances d'abandonner
l'école augmentent. Plausiblement, les parents sont déjà sous scolarisés.

Tableau 16
Taille de la famille

Taille de famille Total (N= 104) Pourcentage


1 enfant 2 1,92%
2 enfants 6 5,77%
3 enfants 21 20,19%
4 enfants et plus 75 72,11%
La figure 11 ci-dessous illustre clairement la taille de la famille cambodgienne et
le taux d'abandon scolaire. Cela veut dire que plus la famille est nombreuse, plus le
nombre d'enfants qui abandonnent les études augmente.

FIGURE 11
TAILLE DE LA FAMILLE

Taille de la famille

1,92%

20,19

m 1 enfant
m 2 enfants
72,11%
• 3 enfants
a 4 enfants et plus:

4.1.10 Abandon scolaire chez les frères et les soeurs

Nous avons posé la question à savoir si la scolarité des frères et des sœurs a une
incidence sur l'abandon scolaire. Les chiffres qui suivent (voir le tableau 17 : la page
suivante) indiquent un taux plus élevé d'abandon scolaire chez les frères et les sœurs de
Lenlant que ceux qui sont scolarisés ou diplômés, soit 45,19% contre 54,81%.

Certains frères et sœurs, malgré le fait qu'ils abandonnent leurs études, ont une
influence négative marquée et directe sur le caractère tendancieux de risque d'abandon
87

scolaire. Donc, les frères et les sœurs devraient parfaitement tenir à se proposer comme
des exemples et des modèles pour l'avenir des jeunes générations.

On peut conclure que les intérêts et les activités des parents ou des frères et des
sœurs sont aussi importants que le statut socioéconomique de la famille en ce qui
concerne la réussite scolaire. Il existe des variables principales de l'environnement
familial susceptibles d'influencer le rendement scolaire de l'enfant. Ce sont l'importance
que les parents, les frères et les sœurs accordent à la réussite scolaire, et le soutien obtenu
à la maison pour le travail et l'orientation scolaires. Il faut que la pression exercée par les
parents, les frères et les sœurs soit justement dosée, ni trop forte pour décourager l'enfant,
ni trop faible pour qu'il conclut au désintérêt de ses parents, de ses frères et de ses sœurs.

Tableau 17
Abandon scolaire chez les frères et les soeurs

Réponses Total (N= 104) Pourcentage


Oui 47 45,19%
Non 57 54.81%

4.2 RESULTAT SCOLAIRE AVANT L'ABANDON

Cette partie est consacrée à la description des résultats scolaires qui servent à
marquer particulièrement la situation de l'abandon des études au cycle primaire chez les
jeunes enfants cambodgiens. Nous présenterons, à la suite, la note annuelle des études, le
degré de motivation à suivre des cours, le nombre d'absences pendant un an au moment
de l'abandon scolaire, la justification des absences par les parents et le taux de
redoublement scolaire.
88

4.2.1 Note annuelle des études au moment de l'abandon scolaire (notes sur 10)

Le résultat que l'on peut consulter au tableau 18, nous révèle que 33,65% des
élèves disaient avoir une moyenne générale de 5 et moins, 27,89% ont entre 5 et 6,
19,23% ont entre 6 et 7, 11,53% ont entre 7 et 8 et 7,70% ont entre 8 et plus. Donc, la
majorité des jeunes enfants (61,54%) qui ont abandonné leurs études affirment avoir une
moyenne sous la note de passage (6 et moins). Cependant, nous notons un pourcentage de
38,46% des jeunes enfants qui ont quitté l'école avec une moyenne au-dessus de 6.

Tableau 18
Note annuelle des études (notes sur 10)

Notes sur 10 Total (N= 104) Pourcentage


5 et moins 35 33,65%
5 et 6 29 27,89%
6 et 7 20 19,23%
7 et 8 12 11,53%
8 et plus 8 7,70%

Donc, nos résultats s'alignent parfaitement à la situation au Québec. Selon


Violette (1991), la majorité des enfants qui ont abandonné leurs études déclarent avoir
une moyenne ou au-dessus de la note de passage : 69% et plus. Les moyennes
académiques s'avèrent toutefois bonnes malgré ce que les jeunes dénoncent face à l'école
en général et aux enseignants. De plus, Beauchesne (1991) a dressé un portrait socio-
démographique des jeunes et précise que le fait d'accuser un retard scolaire est une
caractéristique des jeunes qui abandonnent l'école.

En tout état de cause, dès le cycle primaire, il est possible de repérer les jeunes
dont les notes baissent soudainement et ceux qui se dirigent vers une situation d'échec
scolaire. Les échecs scolaires s'avèrent grandement associés à l'abandon des études
89

puisque ces causes deviennent décourageantes pour les jeunes enfants et contribuent à
l'absentéisme, pour finalement aboutir à cet abandon.

Selon Brais (1991), plus l'élève a redoublé tôt au primaire, plus il risque
d'abandonner ses études. Toutefois, l'expérience de mauvais résultats et d'échecs
scolaires est un des facteurs d'abandon qui n'en constitue pas moins un facteur de la plus
haute importance. L'abandon scolaire ne serait donc pas un événement qui surviendrait
au hasard; plus un jeune enfant parvient tardivement en sixième année du cycle primaire
avec des résultats scolaires faibles, plus le risque d'abandonner augmente. Certains
jeunes enfants cambodgiens du primaire avec un résultat faible mettent en péril leurs
chances de réussite au secondaire. Cependant, le manque d'intérêt pour suivre les cours
peut être une source explicative de la faible perception de la compétence des jeunes
enfants cambodgiens à risque. Comment ces jeunes peuvent-ils poursuivre leurs cours
malgré les mauvaises notes ?

4.2.2 Perception face aux mauvaises notes

Nous avons demandé à nos jeunes, pendant notre cueillette de données, quelles
étaient leurs attitudes face à une mauvaise note ou à un échec scolaire dans leurs cours.

Le tableau 19 (la page suivante) indique clairement que la majorité de ces jeunes
(46,15%) ne sont pas satisfaits de leur rendement scolaire, ce qui les incite à abandonner
l'école, 30,76% sont peu satisfaits de leur résultat scolaire et certains, 23,07%, sont très
satisfaits de leurs mauvaises notes, ce qui nous permet de nous poser certaines questions
à propos de la perception de la difficulté scolaire, à cause de compétences médiocres ou
d'intelligence moindre, déterminant l'arrêt des études.

Par ailleurs, les données de Violette (1991) confirment que le tiers des jeunes qui
abandonnent l'école se disent découragés par leurs mauvaises notes et ont de la difficulté
à s'en remettre. Par contre, on pourrait dire que ces jeunes se caractérisent par le nombre
élevé d'absences et leurs notes faibles. Le nombre d'absences et la mauvaise note
90

influencent l'abandon scolaire chez les jeunes enfants cambodgiens dès le cycle primaire.
Nous allons présenter, par la suite, le cheminement scolaire annuel des enfants, ayant un
taux d'absence élevé.

Tableau 19
Degré de satisfaction chez les jeunes enfants cambodgiens à poursuivre des cours
par rapport aux mauvaises notes

Degré de satisfaction Total (N= 104) Pourcentage


Elevé 24 23,07%
Moyen 32 30,76%
Faible 48 46,15%

4.2.3 Nombre d'absences de l'école

Les absences représentent aussi un problème important de l'abandon scolaire chez


les jeunes enfants. Côté (1984) affirme que les absences répétées sont un signe avant-
coureur des abandons scolaires. Nous avons poussé notre étude plus loin pour voir si le
nombre d'absences par année peut avoir une incidence sur l'abandon scolaire au cycle
primaire chez les jeunes enfants cambodgiens.

Le résultat du tableau 20 nous indique que 34,62% des jeunes se sont absentés de
l'école 1 à 5 fois. Par contre, la majorité de nos jeunes (38,46%) s'absente de l'école de 5
à 15 fois et moins, 18,27% se sont absentés de 15 à 45 fois et moins et 8,65% se sont
absentés 45 fois et plus. C'est le nombre élevé d'absences par rapport à celui de cours
dans une année scolaire. Cela dit, l'abandon scolaire est plus élevé pour les absences
entre 5 à 15 fois et moins par année. Alors, dépassant ce seuil, les cas d'abandons
diminuent considérablement. Probablement, ces élèves ont redoublé la classe et ils ont
déjà maîtrisé la matière scolaire en cours sans être présents à tous les cours. Ce peut être
aussi des enfants de cultivateurs, de ouvriers d'extrême pauvreté. À partir du moment où
91

ces jeunes s'absentent de plus en plus souvent de l'école, il nous importe de s'interroger
sur les motifs de ces absences. Quelles étaient les principales raisons de ces absences ?

Tableau 20
Nombre d'absences pendant un an au moment de l'abandon des études

Nombre d'absences Total (N= 104) Pourcentage


1 à 5 fois et moins 36 34,62%
5 à 15 fois et moins 40 38,46%
15 à 45 fois et moins 19 18,27%
45 fois et plus 9 8,65%

4.2.4 Raisons d'absences de l'école

Au cours de notre collecte de données, nous avons demandé à nos jeunes quelles
étaient les principales raisons de leur absence à l'école.

Les raisons de nos jeunes enfants varient considérablement. Les témoignages des
jeunes nous permettent de mieux comprendre ce qu'ils ressentent lorsqu'ils doivent faire
face aux problèmes tels que la pauvreté dans la famille, le manque de moyens de
transport pour aller à l'école, le travail à la maison ou dans les champs, la garde des petits
frères ou sœurs, la violence des parents, la maladie, la timidité, le besoin d'arrêter, le
manque d'implication, le décès d'un parent, des problèmes de comportement, la faiblesse
de capacité intellectuelle, des cours peu intéressants et des sanctions à réviser, etc.

Nous pensons que les témoignages des jeunes enfants cambodgiens illustrent bien
les principales raisons qui les poussent à s'absenter de l'école. Aussi, ces raisons
entraînent les jeunes à prendre la décision plus tôt de quitter l'école.
92

Donc, l'abandon scolaire est souvent prévisible. Comme les jeunes l'ont démontré
par leurs témoignages, certaines situations propices les amènent à cheminer vers
l'abandon des études : les malaises à la maison, à l'école, au plan personnel ou reliés à la
conjoncture économique difficile. Ces préoccupations, qui semblent au début sans
gravité, peuvent prendre de l'ampleur et provoquer de plus en plus d'inquiétudes et
d'anxiété chez l'élève (Gingras, 1995).

4.2.5 Justification des absences par les parents

Pour mieux comprendre les raisons pour lesquelles les enfants se sont souvent
absentés des cours, il est essentiel de connaître comment les parents réagissent face à ces
problèmes lorsque l'enseignant ou la direction d'école leur dénonce les absences
chroniques du jeune enfant.

Selon nos jeunes répondants, le tableau 21 (la page suivante) démontre que
16,34% des parents seulement justifient toujours les absences de leurs enfants auprès de
l'école, 5,77% justifient souvent, 17,31% justifient rarement et 60,57% ne justifient
jamais. Dans ce cas l'enseignant ou la direction communique avec eux et leur demande
de ramener ces jeunes à l'école. Or, la communication de l'enseignant ou de la direction
ne semble donner comme effet que de monter davantage le jeune contre l'école et même
d'accroître ses absences.

L'étude de Côté (1984), portant sur l'insertion sociale et professionnelle des


jeunes, rapporte que dans l'ensemble, la majorité des parents ont tous la même attitude à
l'égard des absences de leurs enfants; il semble qu'à l'origine du problème, ils ordonnent
au jeune enfant d'être présent à l'école mais cette opposition du père et de la mère ne
dure guère, elle se transforme graduellement en résignation.
93

Tableau 21
Justification des absences par les parents

Fréquences ['otal (N = 104) Pourcentage


_ _ _
Toujours 16.34%
Souvent 6 5.77%
Rarement 18 17.31%
Jamais 63 60,57%

La figure 12 ci-dessous nous éclaire très bien sur l'attitude des parents à l'égard
des absences de leurs enfants et F abandon scolaire. Cela veut dire que la majorité des
parents est complice avec de l'abandon des études de leurs enfants. Les parents ne
renforcent pas leurs enfants à participer davantage à la vie d'école. Cependant, ils les
poussent à quitter l'école pour aider la famille.

FIGURE 12
JUSTIFICATION DES ABSENCES PAR LES PARENTS

Justification des absences par les parents

16.34%
5,77%

17,31%

E3 Toujours
60,5?%
H Souvent
D Rarement
a Jamais
94

4.2.6 Redoublement scolaire

Le redoublement scolaire est une autre forme de l'abandon scolaire. Dans les pays
en voie de développement en particulier, par exemple le Cambodge, c'est souvent le
prélude à l'abandon scolaire (UNESCO, 1998).

Les données du tableau 22 montrent que parmi les élèves du cycle primaire qui
ont abandonné l'école, 15,38% ont commencé à redoubler en classe de lère année,
13,46% en 2e année, 6,73% en 3 e année, 4,80% en 4e année, 19,23% en 5e année, 22,11%
en 6e année et 18,27% seulement n'ont jamais redoublé.

Les taux de redoublement semblent baisser dans la classe de troisième et


quatrième année. Cependant, il tend à être plus répandu en première et dernière années du
cycle primaire. Cela veut dire toutefois que, le pourcentage de redoublants en première
année et en sixième année est supérieur à celui des redoublants de toutes les autres
classes dans le cycle primaire.

Redoubler une classe primaire conduit fréquemment à d'autres redoublements


ultérieurs qui peuvent à leur tour provoquer un abandon total. Ainsi, le redoublement
scolaire est un facteur qui peut entraîner l'abandon des études chez les jeunes enfants
cambodgiens à partir du cycle primaire.

Tableau 22
Redoublement scolaire (les élèves qui ont redoublé une année scolaire)

Niveau de redoublement Total (N= 104) Pourcentage


lere année 16 15,38%
2e année 14 13,46%
3e année 7 6,73%
4e année 5 4,80%
5e année 20 19,23%
6e année 23 22,11%
N'ayant pas redoublé 19 18,27%
La figure 13 illustre clairement le redoublement scolaire et l'abandon des études
au niveau primaire au Cambodge. Le pourcentage de redoublants en sixième année est
plus éievé parce que les élèves âgés et ayant redoublé la dernière année du cycle primaire
décident de redoubler en vue de pouvoir débuter les éludes secondaires. Donc, le risque
d'abandon scolaire s'avère très élevé chez les élèves qui ont redoublé à la fin du cycle
primaire.

FIGURE 13
REDOUBLEMENT SCOLAIRE
(Les élèves qui ont redoublé une année scolaire)

Le redoublement scolaire
25%

.11%
20%
8,27%

15%

10%

5% 4:80%

0%
Jb •Jà s&

Rappelons que la statistique du ministère de l'Education de la Jeunesse et des


Sports précisait que le redoublement scolaire est plus élevé pour la 1er* et la 2e année du
cycle primaire. Les résultats de cette statistique contredisent donc notre étude.
96

En somme, nous avons remarqué que le redoublement est plus élevé en lere et en
6e année que dans les autres années. Cela est dû probablement à l'adaptation à l'école
pour les élèves de la première année et à l'échec des examens du certificat d'études
primaires pour les finissants de 6e année. Ce certificat est une étape importante pour
admettre les élèves à l'école secondaire de premier cycle.

4.3 PERCEPTION DES CAUSES

Nous savons que la perception des causes de nos jeunes enfants au cycle primaire
cambodgien est importante pour comprendre un élève à risque d'abandon des études.

Dans cette partie, nous allons nous consacrer à présenter des résultats concernant
les raisons attribuées aux jeunes enfants cambodgiens à l'abandon scolaire, les causes de
difficultés et de facilités des études à l'école primaire cambodgienne.

4.3.1 Raisons attribuées à l'abandon scolaire

En ce qui concerne les principales raisons de l'abandon des études chez les jeunes
enfants cambodgiens, nous avons regroupé les réponses obtenues selon dix catégories
différentes (voir le tableau 23 : la page suivante).

La lecture du tableau 23 nous révèle une perception plutôt négative de la part des
jeunes enfants cambodgiens sur certains problèmes de l'environnement familial, de
l'histoire scolaire et de l'environnement scolaire. Ce tableau montre que 59,61% des
jeunes sont poussés par leurs parents à quitter l'école pour trouver du travail afin de
subvenir à la famille, 71,15% sont obligés d'abandonner leurs études pour subvenir aux
besoins de la famille, 22,11% veulent travailler pour avoir de l'argent, 51,92% habitent
loin de l'école, 37,50% n'aiment pas les cours, 26,92% ne se sentaient pas à leur place à
l'école, 53,84% n'avaient pas de bonnes notes, 45,19% avaient des échecs, 8,65%
seulement étaient mis à la porte de l'école et 63,46% vivaient avec des problèmes
familiaux.
97

Tableau 23
Principales raisons de l'abandon scolaire

Raisons Total Pourcentage


(N=104) (Réponse oui)
a) Mes parents m'ont poussé à quitter l'école pour 62 59,61%
trouver du travail afin de subvenir à la famille
b) Je suis obligé d'abandonner mes études pour 74 71,15%
rehausser le niveau de vie de la famille
c) Je voudrais travailler pour avoir de l'argent 23 22,11%
d) Mon école était loin de chez moi 54 51,92%
e) Je n'aime pas les cours 39 37,50%
f) Je ne me sentais pas à ma place à l'école 28 26,92%
g) Je n'avais pas assez de bonnes notes 56 53,84%
h) J'avais des échecs 47 45,19%
i) On m'a mis à la porte de l'école 9 8,65%
j) Je vivais des problèmes familiaux 66 63,46%

À propos des parents des jeunes dans la famille (raisons a, b, c et j), la vie
culturelle de cette famille se révèle très importante comme support à l'expérience scolaire
et à la préparation des jeunes à aller à l'école. Par contre, la majorité des enfants
cambodgiens doivent garder les plus jeunes à la maison ou aider leurs parents, donc 71%
sont obligés d'abandonner leurs études pour subvenir à la famille. Ce sont les enfants qui
vivent sous le seuil de la pauvreté et qui sont confrontés quotidiennement au défi de la
satisfaction de leurs besoins fondamentaux.

De plus, il existe évidemment une relation observable entre de mauvais résultats


scolaires, l'échec scolaire et l'abandon des études chez nos jeunes répondants. Parmi nos
témoignages, plus de 50% d'entre eux disaient avoir une mauvaise note et presque 50%
d'entre eux affirmaient avoir des échecs scolaires (raisons g, h).

En ce qui concerne les difficultés scolaires, un grand nombre de jeunes ne


semblent pas heureux à l'école et ne cachent pas leur insatisfaction face aux cours en ce
qui concerne l'enseignement primaire (raisons e, f et i). Cela veut dire que les élèves
98

n'aiment pas l'école parce qu'ils sont laissés à eux-mêmes. Ils sont mal encadrés par
leurs professeurs. Les professeurs s'occupent mieux seulement de ceux qui ont de
l'argent pour payer des cours supplémentaires le soir ou les fins de semaine. Cette
pratique est courante parce que les enseignants ont des salaires trop bas. Et les élèves qui
n'ont pas suivi de cours supplémentaires, les enseignants les font redoubler facilement.

Mais, cette étude est toutefois souvent remise en question lorsque de nombreux
enseignants et directeurs d'école considèrent qu'il est normal de faire redoubler une
proportion substantielle d'élèves ou de suspendre les élèves dans le cas où les enfants
s'absenteraient trop souvent de l'école. Cela veut dire que les enseignants et les directeurs
d'école sont fiers d'avoir des taux de redoublement élevés ou des enfants suspendus
qu'ils considèrent comme une preuve de leur encouragement pour un haut niveau
d'éducation (UNESCO, 1998). Dans d'autres cas, certains jeunes enfants cambodgiens
ont abandonné leurs études parce qu'ils vivaient très loin de l'école (raison d).
L'éloignement de l'école est une cause importante de déperdition scolaire surtout pour les
jeunes des zones rurales qui ont besoin de trouver une école proche de chez eux. Les
jeunes qui commencent leur scolarité dans ces zones ont souvent des difficultés à la
poursuivre dans un établissement plus éloigné, particulièrement pour les filles. Cette
situation a été déjà confirmée au tableau 15. Par le fait même, dans des discussions et des
enquêtes au niveau de la communauté concernant l'éducation pour tous, le ministère de
l'Éducation de la Jeunesse et des Sports du Cambodge (2003) a établi que la raison de la
sous-représentation des filles à l'école, particulièrement dans la communauté rurale, est
que les niveaux de classes (niveau 1 à 6) dans les écoles primaires n'existent pas à tous
les niveaux. Il n'y a aucune école secondaire dans les régions rurales. Alors, beaucoup de
jeunes enfants, qui sont allés à l'école, avec la longue distance pour se déplacer, doivent
vivre avec de la parenté, des amis et certaines facilités privées qui existent dans des
centres urbains. Or, ces options semblent moins acceptables pour les parents de filles
adolescentes.

En conclusion, suite à ces résultats, les raisons (a, b, d, g, h et j) contribuent à


faire abandonner l'école chez les jeunes enfants cambodgiens et peuvent être aussi
l'aboutissement ou la résultante de causes plus profondes, par exemple, abandonner à
99

cause de la pauvreté et de la difficulté scolaire ou constater que l'orientation scolaire ne


correspond plus à ses aspirations ou encore, se dire écoeurés de l'école.

4.3.2 Difficultés d'études

Les difficultés liées aux études, au sein du milieu scolaire comme dans leur vie
personnelle, la famille ainsi que le contexte socioéconomique semblent jouer des rôles
déterminants dans le processus de l'abandon des études chez les jeunes enfants
cambodgiens. Pour eux, le tableau 24 (voir la page suivante) démontre que 27,89%
manquent de capacités intellectuelles aux études primaires, ce qui ne leur permet pas de
poursuivre leurs études, 17,31% ont moins de connaissances en mathématiques, 15,38%
ont moins de connaissances de la langue khmère, alors que seulement 4,80% des enfants
se perçoivent ce manque de collaboration de leurs amis, 13,46% ont beaucoup de
difficultés dans leurs travaux ou examens et 21,15% n'avaient pas fait d'efforts.

En somme, nous observons que la majorité des élèves cambodgiens à la fin du


cycle primaire ont une perception faible ou moyenne de leur compétence à accomplir
avec succès leurs études. Nous pouvons constater qu'un nombre assez marginal de jeunes
croient faiblement en leurs capacités intellectuelles face à leurs travaux d'études au cycle
primaire. Cependant, les aspects liés aux difficultés des études constituent pour les jeunes
le principal motif de l'abandon scolaire.

Tableau 24
Difficultés d'études

Difficultés Total (N = 104) Pourcentage


a) Je manque de capacités intellectuelles 29 27,89%
b) Je manque de connaissances des mathématiques 18 17,31%
c) Je manque de connaissances de la langue khmère 16 15,38%
d) Je manque de collaboration de mes amis 5 4,80%
e) J'ai de la difficulté dans les travaux (ou les examens) 14 13,46%
f) Je n'avais pas fait d'efforts 22 21,15%
100

La figure 14 (voir la page suivante) illustre les difficultés scolaires face aux
études primaires ainsi que la perception du manque de capacités intellectuelles, le
manque de connaissances des mathématiques ou de la langue khmèrc et le manque
d'efforts. Ils sont donc déterminants de l'abandon scolaire. Ces difficultés scolaires
peuvent être considérées comme un facteur déterminant à l'arrêt des études à partir du
cycle primaire.

Donc, ces résultats soutiennent effectivement notre hypothèse de recherche


concernant les facteurs scolaires qui entraînent F abandon des études primaires chez les
jeunes enfants cambodgiens.

FIGURE 14
DIFFICULTÉS D'ÉTUDES

Les difficultés d'études

sa a) Je manque de capacités
intellectuelles
21,15% m b) Je manque de connaissances
27,89%
des mathémathiques
n c) Je manque de connaissances
de la langue khmère
m d) Je manque de collaboration de
13,46%
mes amis
4,80% m e) J'ai de la difficulté dans les
15,38%
travaux (ou les examens)
si f) Je n'avais pas fait d'efforts
101

4.3.3 Facilités d'études

Les données présentées au tableau 25 nous indiquent jusqu'à quel point les jeunes
croient que les facilités d'étudier les aident à développer leurs capacités intellectuelles. Ils
sont partagés dans leurs choix de réponses, 25,96% des jeunes se perçoivent comme
étant capables d'étudier; ce pourcentage étant égal à celui (25,96%) des jeunes qui font
des efforts de travailler à l'école, 23,08% des élèves ont l'aide de leurs collègues de
l'école pour leurs études, 11,54% ont des méthodes de travail à l'école et 13,46% de nos
jeunes affirment que les travaux ou les examens ne sont pas du tout difficiles.

Selon les résultats des sujets à la facilité d'étudier à l'école primaire au


Cambodge, nous pouvons constater que, dans l'ensemble, les jeunes enfants cambodgiens
sont plutôt d'accord avec le fait que ces études peuvent apporter autant d'avantages que
de passion dans leur vie scolaire. En résumé, la majorité des sujets quant à la facilité des
études perçoivent moyennement ou fortement la valeur des études chez les jeunes au
cycle primaire au Cambodge. Qu'est-ce qui fait qu'un jeune abandonne l'école ?
Pourquoi l'école ne répond-elle pas à ses aspirations pour avoir un but à atteindre ? On
devrait s'apercevoir de la motivation face au projet d'avenir de nos jeunes lorsqu'on aura
une idée de ce qu'ils veulent faire dans la vie.

Tableau 25
Facilités d'études

Facilités Total (N= 104) Pourcentage


a) Capacités intellectuelles 27 25,96%
b) Aide de collègues 24 23,08%
c) Méthodes de travail 12 11,54%
d) Facilité des travaux (ou examen) 14 13,46%
e) Efforts 27 25,96%
102

4.4 PROJETS D'AVENIR

Enfin pour cette dernière partie du questionnaire, nous allons présenter les projets
d'avenir de nos jeunes enfants cambodgiens : que ce soit sur le retour aux études, les
goûts ou les intérêts pour terminer des études primaires et le plan d'un travail futur.

4.4.1 Retour aux études

Nous voulons savoir d'abord si les jeunes cambodgiens ont tenté un retour aux
études depuis qu'ils avaient quitté l'école, si l'école répond relativement bien aux besoins
de la plupart de ces jeunes ou si l'école n'est pas un facteur de succès dans la vie.

À l'aide du tableau 26, nous pouvons remarquer qu'un grand nombre de jeunes
(45,19%) ne songe pas vraiment à retourner aux études, mais 43,27% des jeunes veulent
revenir à l'école non-formelle (école des adultes) et 11,54% des jeunes pensent à revenir
à l'école de formation professionnelle et de technique.

Ainsi, nous constatons que l'éducation non-formelle et la formation


professionnelle et de technique représentent une voie importante pour les jeunes qui n'ont
pas eu la chance d'aller à l'école, ou qui l'ont quittée trop tôt. Ils peuvent bénéficier de
ces services. Ces services répondent convenablement aux besoins socioéconomiques, en
vue d'améliorer les conditions d'existence de la famille et notamment des jeunes, des
femmes et des habitants des zones rurales (ministère de l'Éducation du Cambodge, 1994).

Tableau 26
Retour aux études

Réponses Total (N= 104) Pourcentage


l)Non 47 45,19%
2) Oui, en éducation non-formelle (éducation des adultes) 45 43,27%
3) Oui, dans une école de formation professionnelle et 12 11,54%
de technique
103

4.4.2 Degré de satisfaction des finissants

Nous continuons avec la question de satisfaction des jeunes ou de leurs sentiments


envers l'école. Cette question nous permet de savoir si nos jeunes ont un intérêt pour
terminer les études primaires.

D'après le tableau 27, la majorité des enfants (35,58%) ont affirmé qu'ils ne
savent pas et 20,19% des jeunes ne veulent pas terminer les études primaires.
Effectivement, presque la moitié de nos jeunes, soit 44,23% affirment qu'ils souhaitent
probablement ou certainement terminer leurs études au cycle primaire.

De toute façon, nous constatons que les jeunes démontrent peu d'intérêt pour
leurs études, et la majorité d'entre eux sont des jeunes qui n'ont pas d'intérêt pour
terminer leurs études à l'école primaire. Il semble que l'école a beaucoup à voir dans le
problème de l'abandon scolaire et l'école, plutôt que celui de l'abandon des jeunes,
déclare souvent s'être aperçu qu'elle n'était pas pour eux. C'est alors l'école qui les a
rejetés plutôt qu'ils ne l'ont abandonnée. Ainsi, les facteurs liés au milieu scolaire
rejoignent les critiques adressées à l'école (Langevin, 1994). D'ailleurs, il est probable
que les jeunes enfants cambodgiens se soient désintéressés de l'école parce qu'ils
n'avaient pas de buts précis et atteignables.

Tableau 27
Intérêt des répondants à vouloir finir leurs études primaires

Degré d'intérêt Total (N= 104) Pourcentage


1) Certainement 24 23,08%
2) Probablement 22 21,15%
3) Je ne sais pas 37 35,58%
4) Non 21 20,19%
104

La figure 15 ci-dessous montre que 20,19% des jeunes enfants cambodgiens ne


veulent pas poursuivre leurs études mais plutôt travailler. II semble que l'éducation ne
réponde pas aux besoins de la plupart des enfants car de la pauvreté naît le travail de ces
enfants, qui crée à son tour un manque d'instruction perpétuant la pauvreté. Si on ne peut
pas réduire l'incidence de la pauvreté auprès des enfants et des familles, alors l'abandon
scolaire causera un grave problème de délinquance qui empêchera le développement
socio-économique de la société cambodgienne,

FIGURE 15
INTÉRÊT DES RÉPONDANTS À VOULOIR FINIR LEURS ÉTUDES
FRIMAIRES

Intérêt pour terminer des études primaires

20,19 23,08

;
S Certainement
m Probablement
21,15
35,58 a Je ne sais pas encore

4.4.3 Projets d'avenir

Nous terminons avec l'analyse des résultats du projet d'avenir de nos jeunes qui
se termine par quatre énoncés dans l'encadrement du tableau 28 (la page suivante). Ce
tableau nous démontre que 31,73% des jeunes prévoient travailler sans faire des études,
35,58% prévoient travailler en faisant des études, 20,19% ne prévoient ni travailler, ni
étudier et 12,50% prévoient poursuivre leurs études sans occuper aucun emploi.
105

Tableau 28
Projets d'avenir

Enoncés Total (N= 104) Pourcentage


1) Je prévois travailler sans faire des études 33 31,73%
2) Je prévois travailler surtout, tout en faisant des études 37 35,58%
3) Je ne prévois ni travailler, ni étudier 21 20,19%
4) Je prévois poursuivre mes études et n'occuper aucun 13 12,50%
emploi

Ainsi, nous avons observé que les jeunes n'avaient pas beaucoup d'intérêt pour
les études. Il serait intéressant de savoir s'il existe un métier ou une profession qui les
attire davantage et pourquoi. C'est donc en lien avec un travail comme domestique que
l'on n'a pas besoin d'aller à l'école. Une majorité de nos jeunes trouve des travaux
ordinaires dans l'agriculture et dans la manufacture, comme la couture, la coiffure,
la soudure, la mécanique, la cuisine, le maquillage, la poterie, l'orfèvrerie, le tissage, la
pêche, la production du sel, l'élevage des animaux, etc. Il est compréhensible que les
jeunes veulent travailler dans ces secteurs. Rarement, les jeunes désirent travailler dans
l'industrie ou dans une manufacture qui malheureusement n'existe pas, surtout à la
campagne. En surplus, il est attesté que le travail des enfants existe même dans de
nombreuses provinces rurales et éloignées, comme Kampot, Banteay Meanchey, Stung
Trèng, les provinces où nous avons recueilli des données. Ce problème est en train de
faire également son apparition dans la plupart des provinces du Cambodge. Aussi, plus
du tiers de l'ensemble de nos jeunes répondants ont invoqué le motif de leur pauvreté qui
les incite à quitter l'école avant d'avoir acquis un niveau d'instruction adéquat.

C'est honteux que la stratégie de réduction de la pauvreté du gouvernement du


Cambodge ne soit pas efficace à cause de la corruption et du manque de lois de ce pays
(Radio Free Asia, 20 octobre 2004). Donc, les enfants qui travaillent sont bien souvent
invisibles et le gouvernement oublie leur existence.
CONCLUSION

Quelle que soit la pauvreté, elle restera toujours un grand problème de l'abandon
scolaire dès le cycle primaire chez les jeunes enfants cambodgiens pour lesquels on ne
pourra rien faire. Bouchard (2001) affirmait que la pauvreté demeure le facteur social le
plus déterminant. Donc, la pauvreté est sans contredit un phénomène complexe tout
comme l'est d'ailleurs l'abandon des études. Toutefois, ni la pauvreté ni l'abandon
scolaire ne représentent pour autant des fatalités. Dans d'autres cas, le problème de
l'abandon scolaire viendrait des facteurs familiaux, socioéconomiques et d'autres facteurs
scolaires sur lesquels il serait souhaitable d'œuvrer de façon concertée pour mieux le
prévenir.

Par ailleurs, notre enquête visait à étudier des facteurs de l'abandon scolaire au
cycle primaire au Cambodge, à décrire ces facteurs qui constituent les problèmes
principaux de l'abandon des études, à l'aide d'un questionnaire préparé permettant de
recueillir les informations relatives à l'abandon scolaire des jeunes enfants fréquentant le
primaire. Ce questionnaire a été administré dans seize écoles primaires ciblées pendant
quatre mois, entre le 1er mai et le 30 août 2004. En tout 120 élèves ont répondu à notre
invitation. Et parmi ces répondants, seulement 104 ont bien complété le questionnaire,
soit 55 filles et 49 garçons qui provenaient de seize écoles primaires au moment de
l'abandon des classes de lere à 6e année de la capitale de Phnom Penh, de la province de
Kampot, Banteay Meanchey et Stungtrèng. La rencontre se faisait individuellement et
parfois en groupe de deux à quatre personnes. Nos enfants étaient âgés de 6 à 15 ans et
107

plus. Sans compter que, le taux d'abandon scolaire augmente quand les jeunes atteignent
l'âge de l'adolescence, particulièrement chez les filles, même si les filles sont
indépendantes de l'école primaire ou secondaire. Leur état financier, l'occasion et
d'autres facteurs représentent des causes de plus en plus importantes de l'abandon des
études chez les filles adolescentes.

En réalité, les résultats obtenus nous démontrent que les jeunes cambodgiens
quittent l'école en plus grand nombre, entre 14 ans et plus et qu'ils abandonnent
majoritairement en classe de cinquième et de sixième année du cycle primaire. Cette
enquête nous révèle aussi que les filles ont plus de propension à abandonner leurs études
que les garçons. À partir de 14 ans, les grands élèves deviennent la main-d'œuvre utile
pour les familles.

Les résultats de cette recherche nous permettent de trouver les principaux facteurs
liés aux problèmes de l'abandon scolaire tels que la pauvreté et le statut socioéconomique
de la famille qui peuvent être la cause d'une baisse importante de la motivation des
jeunes enfants cambodgiens à poursuivre leurs études et peuvent même les inciter à
abandonner l'école. De plus, certains facteurs scolaires, par exemple, le redoublement
scolaire peut influencer plutôt de près le cheminement des jeunes enfants à abandonner
leurs études. En fait, selon la statistique et l'indicateur de l'éducation du ministère de
l'Éducation du Cambodge (1998), on remarque que le taux de redoublement est plus
élevé au cours du cycle primaire, particulièrement en classe de première année (40,9%)
et de 2e année (24,9%), en particulier les filles (39,5%). Les données de notre enquête le
confirment une fois de plus. De nombreuses études concluent en effet que les effets
négatifs du redoublement sont largement plus importants que les bénéfices escomptés.

Étant donné que les redoublements scolaires mobilisent des ressources qui
pourraient servir à étendre la scolarisation ou à améliorer la qualité des services éducatifs,
le Cambodge, à fort taux de redoublement, devrait revoir sa politique en cette matière en
vue d'adopter des mesures efficaces afin d'améliorer les résultats d'apprentissage et
éviter l'échec scolaire, particulièrement au cycle primaire. Toutefois, ce n'est pas en
108

éliminant l'abandon et le redoublement scolaire que l'on relèvera forcément le niveau de


réussite scolaire. Mais par un enseignement axé sur l'élève et diverses autres
améliorations pédagogiques, on peut relever le niveau de réussite de tous les élèves et
accroître ainsi l'efficacité de l'éducation primaire (UNESCO, 1998).

Nous aimerions donc inspirer certaines pistes à étudier pour les prochaines
recherches sur l'encadrement des jeunes enfants cambodgiens concernant l'abandon des
études, remédier à la déperdition scolaire et appuyer les exigences d'une nouvelle
réforme politique auprès des pratiques éducatives au Cambodge. Il serait intéressant
d'étudier le problème de l'abandon scolaire des jeunes cambodgiens dans les écoles
secondaires publiques. C'est sûr que les problèmes au niveau secondaire sont
remarquablement différents. Nous devons examiner aussi les applications des lois
scolaires et la politique de l'éducation du ministère de l'Éducation, de la Jeunesse et des
Sports du Cambodge. Nous souhaitons aussi apporter des solutions concrètes à la
situation scolaire au Cambodge. À cette fin, nous croyons nécessairement que cette
recherche plus poussée au niveau secondaire cambodgien devrait constituer à notre
prochaine étude pour le niveau de doctorat en éducation.
RECOMMANDATIONS ET SUGGESTIONS

À la lumière des données recueillies, les jeunes enfants cambodgiens à risque


attribuent davantage leurs résultats scolaires à des facteurs familiaux, socioéconomique,
scolaires, particulièrement à la pauvreté. Nous espérons que, si le gouvernement a
l'intention de motiver ces jeunes à poursuivre leurs études, il pourrait envisager diverses
approches qui visent ces facteurs.

Premièrement, concernant les enfants à risque, nous espérons fournir des


apprentissages aux pauvres et aux personnes en difficulté, aux handicapés, aux enfants
dans les situations difficiles, aux habitants éloignés et aux minorités ethniques. Nous
devrons faire des tentatives plus explicites pour identifier ces personnes, fournir des
occasions éducatives appropriées, et nous assurer qu'ils reçoivent l'étude qu'ils exigent
pour mener des vies utiles.

Deuxièmement, nous devrons mettre en place un programme alimentaire dans les


écoles primaires afin de favoriser la présence en classe des enfants pauvres et des
minorités ethniques en provenance des provinces éloignées. Même si les installations
scolaires existent, les parents appartenant à des minorités préfèrent garder auprès d'eux
leurs enfants, en particulier les filles, pour qu'ils les aident à produire leur nourriture,
110

à gagner un peu d'argent et à accomplir les tâches ménagères. Des mesures d'incitation
sont nécessaires pour les pousser à envoyer leurs enfants à l'école.

Troisièmement, l'extension à l'éducation pour tous les enfants cambodgiens, leur


permettant d'accomplir au moins le niveau primaire, est un instrument efficace qui
apportera un lustre nouveau à la vie des personnes. En outre, un peuple fortement instruit
fournit une base forte pour la participation du Cambodge aux affaires régionales et
globales, consolide et augmente la vitalité et la grandeur de la culture et de la tradition
nationale parmi les autres nations.

Finalement, nous souhaitons que le gouvernement considère l'éducation en tant


que composante fondamentale de la stratégie de réduction de la pauvreté et du
programme de développement socioéconomique. Nous devrons mener des processus de
la réforme du programme d'étude tels que :

Améliorer les compétences des étudiants en augmentant leurs


connaissances de l'environnement proche;
Adapter le système éducatif à la situation actuelle régnante, et réduire le
gaspillage dans le système de l'éducation, par exemple, réduire les taux
de redoublants et d'abandon des études;
Renforcer les services d'éducation en construisant des écoles primaires à
tous les niveaux.

Nous souhaitons avoir le soutien sincère dans cette réforme, dans le but
d'augmenter l'éducation primaire et secondaire du premier cycle dans les régions rurales
et les régions urbaines en difficulté afin de répondre à la déclaration sur l'éducation pour
tous adoptée par le Cambodge. Comme nous savons tous, sans accès équitable à
l'instruction, nous ne pouvons pas espérer libérer les pauvres de leur douleur.

Donc, en identifiant que la réduction du fardeau de coût pour les plus pauvres
familles pourrait permettre à tous leurs enfants d'aller à l'école, cela devient une
Ill

nécessité pressante pour assurer l'accès équitable. Nous voulons que le gouvernement
augmente l'arrangement de bourses et la disposition de la nourriture dans les écoles pour
les enfants pauvres et le transport scolaire, particulièrement les filles, ce qui augmenterait
l'accès équitable à l'éducation.

Donner un poisson à quelqu'un, vous le nourrissez pour la journée, mais


apprenez-lui à pêcher, vous le nourrissez pour toute la vie (Proverbe chinois : voir Félix
Leclerc, 1978)24.

Source : Chanson de Félix Leclerc (1978). Titre de chanson : Les 100,000 façons de tuer un homme
r r

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ANNEXES
ANNEXE A
Questionnaire en langue française
120

Questionnaire sur les facteurs de l'abandon scolaire au niveau


primaire au Cambodge

Pour chacune des questions :

Lisez attentivement l'énoncé;


Choisissez la réponse qui correspond le mieux à votre situation;
Veuillez cocher la/les case(s) dont les réponses vous semblent satisfaisantes;
Répondez à toutes les questions (sauf celles qui vous semblent gênantes).

Ce questionnaire n'est pas difficile à remplir. Répondez à toutes les questions, la durée est
d'environ quarante-cinq (45) minutes.

Ce n'est pas un test : il n'y a pas de bonnes ou de mauvaises réponses. Ce qui compte c'est votre
opinion. Vous n'avez pas à écrire votre nom sur ce questionnaire, ceci afin de garder la
confidentialité de vos réponses.

Vos réponses restent confidentielles; personne de l'école n'y aura accès.

Nous vous remercions de votre collaboration pour avoir rempli ce questionnaire !


121

PARTIE 1 : LA SITUATION GENERALE

Nom de l'école :
Ville ou village :
Province :

1. Êtes-vous une fille • ou un garçon ? D


2. Quel était votre âge au moment de l'abandon scolaire ?
- 6 a 7 ans n
- 8 à 9 ans •
- 10 à 11 ans D
- 12 à 13 ans D
- 14 et plus n
3. Avec qui vivez-vous ?
- Vos parents •
- Votre mère n
- Votre père n
- Vos parentés n
4. Êtes-vous à la campagne ou en ville ?
- À la campagne D
- En ville D
5. Quel est le revenu mensuel de votre famille ?
-Entre 30$ et 150$ n
-Entre 150$ et250$ •
- Entre 250$ et plus n
6. En quel niveau de classe avez-vous quitté l'école ?
- En classe de 1er •
- En classe de 3 e n
- En classe de 4e n
- En classe de 5e n
- En classe de 6e n
122

7. Quelle est la distance entre votre maison et l'école au moment où vous avez suivi les cours ?
- Entre 1 et 2 km •
- Entre 2 et 3 km H
- Entre 3 km et plus D
8. Quel est le niveau de scolarité de votre mère ?
- Aucun niveau /jamais aller à l'école •
- Primaire non complété • ,
- Primaire complété •
- Secondaire du premier cycle non complété •
- Secondaire du premier cycle complété •
- Secondaire du deuxième cycle non complété D
- Secondaire du deuxième cycle complété D
- Universitaire D
- Autre (précisez)
9. Quel est le niveau de scolarité de votre père ?
- Aucun niveau /jamais aller à l'école D
- Primaire non complété •
- Primaire complété •
- Secondaire du premier cycle non complété •
- Secondaire du premier cycle complété •
- Secondaire du deuxième cycle non complété •
- Secondaire du deuxième cycle complété •
- Universitaire l~l
- Autre (précisez)
10. Combien de frères et de sœurs avez-vous ?
- Aucun(e) •
-Un(e) •
-Deux
- Trois •
- Quatre et plus •
123

11. Parmi vos frères et sœurs, y a-t-il quelqu'un qui a quitté l'école avant d'avoir obtenu son
diplôme d'étude :
- Primaire ?
Oui D
Non •
- Secondaire du premier cycle ?
Oui D
Non D
- Secondaire su deuxième cycle ?
Oui •
Non D
124

PARTIE 2 : LA VIE SCOLAIRE

12. Dites-nous où se situent généralement vos notes annuelles de vos études.


- Excellent FI
- Moyenne •
- Faible G
13. Dites-nous où se situent généralement vos notes annuelles des études (note sur 10).
- 5 et moins D
- Entre 5 et 6 D
- Entre 6 et 7 D
- Entre 7 et 8 •
- Entre 8 et plus D
- Je ne sais pas 171
14. Selon vous, quel était le degré de votre motivation à suivre vos études ?
- Élevé D
- Moyen •
- Faible D
15. Combien de fois étiez-vous absent en moyenne pendant un an ?
- Entre 1 et 5 fois D
-Entre 5 et 15 fois D
-Entre 15 et45 fois •
16. Lorsque vous vous absentiez, est-ce que vos parents justifiaient vos absences auprès de
l'école ?
- Toujours D
- Souvent D
- Rarement D
- Jamais •
17. Quelle (s) était (ent) la ou les principale(s) raison(s) de vos absences ?
Réponse :

18. Depuis la rentrée à l'école, avez-vous déjà redoublé une ou plusieurs années scolaires ?
Oui D Non D
Si oui à quels niveaux : 1er • 2e D 3e • 4e D 5e D 6e D
125

PARTIE 3 : LA PERCEPTION DES CAUSES

19. Quelles raisons ont-elles contribué à vous faire abandonner l'école ? (Cocher une ou plusieurs)
a) Mes parents m'ont poussé à quitter l'école pour trouver du travail afin de subvenir à la famille r
b) Je suis obligé(e) d'abandonner mes études pour rehausser le niveau de vie de la
famille dont la situation financière était très difficile fl
c) Je voudrais travailler pour avoir de l'argent Cl
d) Mon école était loin de chez moi n
e) Je n'aime pas les cours n
f) Je ne me sentais pas à ma place à l'école fi
g) Je n'avais pas d'assez bonnes notes D
h) J'avais des échecs (1
i) On m'a mis à la porte de l'école •
j) Je vivais des problèmes familiaux n
k) Autres (précisez)

20. À quoi attribuez-vous généralement la cause de vos difficultés d'études à l'école ?


- Votre manque de capacités intellectuelles •
- Votre manque de connaissance des mathématiques fi
- Votre manque de connaissance de la langue khmère 171
- Le manque de collaboration de vos collègues 11
- La difficulté des travaux (ou examens) fi
- Votre manque d'efforts D
- Autres (spécifier) :

21. À quoi attribuez-vous généralement la cause de vos facilités d'études à l'école ?


- Vos capacités intellectuelles •
- L'aide de vos collègues D
- Vos méthodes de travail •
- La facilité des travaux (ou examens) D
- Vos efforts n
- Autres (spécifier) :
126

PARTIE 4 : LES PROJETS D'AVENIR

22. Aviez-vous tenté un retour aux études depuis que vous avez quitté l'école ?
-Non H
- Oui, en éducation non-formelle (l'éducation pour les adultes) D
- Oui, dans une école de formation professionnelle et de technique •
- autre (précisez)

23. Aimeriez-vous terminer vos études primaires ?


- Certainement •
- Probablement D
- Je ne sais pas encore D
-Non D
-Autre (précisez)

24. Quels sont vos projets d'avenir ?


- Je prévois travailler sans faire des études •
- Je prévois travailler surtout, tout en faisant des études •
- Je prévois poursuivre mes études et n'occuper aucun emploi fl
- Je ne prévois ni travailler, ni étudier •
- Autre (précisez)

25. Y a-t-il un métier ou une profession qui vous attire davantage ? Lequel et pourquoi ?
Réponse :

Merci de votre collaboration. Et un gros merci à votre professeur qui accepte de nous
aider.
ANNEXE B
Questionnaire en langue khmère (langue cambodgienne)
128

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ANNEXE C
Système éducatif du Cambodge (en langue khmère)
138

EDUCATION SYSTEM IN CAMBODIA


ANNEXE D
Calendrier des activités de collecte de données
140

CALENDRIER DES ACTIVITÉS DE COLLECTE DE DONNÉES


(pays d'origine)

Nom de l'étudiant Chansophat YIN


Pays de la collecte des données Cambodge

Dates Lieux Activités

30 avril 2004 Départ du Canada Voyage en route

03 -05 mai 2004 Phnom Penh Rencontre de la famille

06-07 mai 2004 Inspection de l'éducation, Préparation des lettres officielles


ministère de l'Éducation de pour envoyer aux directions
la Jeunesse et des Sports municipales et provinciales de
l'éducation, et aux établissements
scolaires concernés
08-09 mai 2004 Chez moi Repos
(week-end)
10-14 mai 2004 Centre de documentation Recherche de documents rattachés à
du ministère de l'Éducation la nouvelle réforme de l'éducation,
de la Jeunesse et des Sports sur l'abandon scolaire
15-16 mai 2004 Chez moi Repos
(week-end)
17-18 mai 2004 Inspection de l'éducation, Validation du questionnaire de
ministère de l'Éducation de l'enquête avec les fonctionnaires de
la Jeunesse et des Sports l'inspection de l'éducation du
ministère de l'Éducation de la
Jeunesse et des Sports
19 mai 2004 Phnom Penh Visite de la ville
(jour férié = Sillon sacré)
20-21 mai 2004 Inspection de l'éducation, Continuer le travail restant
ministère de l'Éducation de
la Jeunesse et des Sports
22-23 mai 2004 Chez moi Repos
(week-end)
24-28 mai 2004 Inspection de l'éducation, Continuer à corriger le questionnaire
ministère de l'Éducation de de l'enquête et me le faire
la Jeunesse et des Sports photocopier en 140 exemplaires
29-30 mai 2004 Chez moi Repos
(week-end)
31 mai 2004 Inspection de l'éducation, Envoyer des lettres officielles aux
ministère de l'Éducation de directions municipales et
la Jeunesse et des Sports provinciales de l'éducation pour
prendre rendez-vous, et préparer le
questionnaire pour interviewer
141

01 juin 2004 Chez moi Rencontre des amis


(Jour férié = Journée
Internationale de l'Enfant)
02-04 juin 2004 Inspection de l'éducation, Continuer le travail restant
ministère de l'Éducation de
la Jeunesse et des Sports
05-06 juin 2004 Départ pour la province de Voyage en route
(week-end) Kampot
07 juin 2004 Direction provinciale de Prendre contact avec la direction
l'éducation de Kampot pour planifier le rendez-vous avec les
directeurs, les enseignants et les
décrocheurs à l'école primaire
08-11 juin 2004 Ecoles primaires ciblées : Interviewer 16 répondants choisis au
hasard (8 filles et 8 garçons)
(échantillon volontaire)
12-13 juin 2004 Hébergement de la ville de Communiquer avec le directeur de
(week-end) Kampot recherche à Chicoutimi sur l'état
d'avancement du travail
14-16 juin 2004 Ecoles primaires ciblées : Interviewer 14 répondants choisis au
hasard (7 filles et 7 garçons)
(échantillon volontaire)
17 juin 2004 Direction provinciale de Rapport d'évaluation de travail avec
l'éducation de Kampot la direction provinciale de
l'éducation de Kampot
18 juin 2004 Rentrée à Phnom Penh Voyage en route
(Jour férié = Anniversaire
de la Reine)
19-20 juin 2004 Chez moi Repos
(week-end)
21-25 juin 2004 Bibliothèque de Recherche de documents relatifs à
l'Université Royal de l'histoire de l'éducation au
Phnom Penh Cambodge
26-27 juin 2004 Départ pour la province de Voyage en route
(week-end) Stung Trèng
28 juin 2004 Direction provinciale de Prendre contact avec la direction
l'éducation de Stung Trèng pour planifier le rendez-vous avec les
directeurs, les enseignants et les
décrocheurs à l'école primaire

29 juin-02 juillet 2004 Écoles primaires ciblées : Interviewer 16 répondants choisis au


hasard (8 filles et 8 garçons)
(échantillon volontaire)
03-04 juillet 2004 Hébergement de la ville de Communiquer avec le directeur de
(week-end) Stung Trèng recherche à Chicoutimi sur l'état
d'avancement du travail
142

05-08 juillet 2004 Ecoles primaires ciblées : Interviewer 14 répondants choisis au


hasard (7 filles et 7 garçons)
(échantillon volontaire)
09 juillet 2004 Direction provinciale de Rapport d'évaluation de travail avec
l'éducation de Stung Trèng la direction provinciale de
l'éducation de Stung Tèng
10-11 juillet 2004 Rentrée à Phnom Penh Voyage en route
(week-end)
12-16 juillet 2004 Bibliothèque Nationale du Continuer la recherche de documents
Cambodge sur l'éducation
17-18 juillet Départ pour la province de Voyage en route
(week-end) Banteay Mean Chey
19 juillet 2004 Direction Provinciale de Prendre contact avec la direction
l'éducation de Banteay pour planifier le rendez-vous avec les
Mean Chey directeurs, les enseignants et les
décrocheurs à l'école primaire

20-23 juillet 2004 Écoles primaires ciblées : Interviewer 16 répondants choisis au


hasard (8 filles et 8 garçons)
(échantillon volontaire)
24-25 juillet 2004 Hébergement de la ville de Communiquer avec le directeur de
(week-end) Banteay Mean Chey recherche à Chicoutimi sur l'état
d'avancement du travail
26-29 juillet 2004 Écoles primaires ciblées : Interviewer 14 répondants choisis au
hasard (7 filles et 7 garçons)
(échantillon volontaire)
30 juillet 2004 Direction provinciale de Rapport d'évaluation de travail avec
l'éducation de Banteay la direction provinciale de
Mean Chey l'éducation de Bateay Mean Chey

31 juillet-01 août 2004 Rentrée à Phnom Penh Voyage en route


(week-end)
02-06 août 2004 Département de la Recherche de documents, de
planification, ministère de statistiques et d'indicateurs de
l'Éducation de la Jeunesse l'éducation concernant l'abandon
et des Sports scolaire au cycle primaire
07-08 août 2004 Chez moi Repos
(week-end)
09 août 2004 Direction municipale de Prendre contact avec la direction
l'éducation de Phnom Penh pour planifier le rendez-vous avec les
directeurs, les enseignants et les
décrocheurs à l'école primaire

10-13 août 2004 Écoles primaires ciblées : Interviewer 16 répondants choisis au


hasard (8 filles et 8 garçons)
(échantillon volontaire)
143

14-15 août 2004 Chez moi Communiquer avec le directeur de


(week-end) recherche à Chicoutimi sur l'état
d'avancement du travail
16-19 août 2004 Ecoles primaires ciblées : Interviewer 14 répondants choisis au
hasard (7 filles et 7 garçons)
(échantillon volontaire)
20 août 2004 Direction municipale de Rapport d'évaluation de travail avec
l'éducation de Phnom Penh la direction provinciale de
l'éducation de Phnom Penh
21-22 août 2004 Chez moi Communiquer avec le directeur de
(week-end) recherche à Chicoutimi sur l'état de
fin du travail
23-27 août 2004 Inspection de l'éducation, Rapport d'évaluation de fin de la
ministère de l'Éducation de collecte des données
la Jeunesse et des Sports
28-30 août 2004 Chez moi Faire la valise
(week-end)
31 août 2004 Départ du Cambodge Voyage en route

Nota
Le nombre total de répondants est de 120 : 60 filles et 60 garçons dont 30 pour chaque
endroit prévu (Phnom Penh, Kampot, Stung Trèng et Banteay Mean Chey) ;
Le nombre des écoles primaires sera précisé après avoir discuté avec les directions de
l'éducation municipales et provinciales.

Signa^é-dëTetudiant Date
ANNEXEE
Lettre d'autorisation du directeur de recherche
145

Université du Québec à Chicoutimi


"#
555. boulevard de l'Université
Chicoutimi. Québec, Canada
G7H 2B1

www.uqac.ca

Chicourtimi le 7 janvier 2004

À Son Excellence le Ministre de l'Éducation, de la Jeunesse et des Sports,


Gouvernement Royal du Cambodge
80 Boulevard Norodom
Phnompenh Cambodge.

Objet : Enquête sur l'abandon scolaire dans certaines écoles primaires du


Cambodge.

Excellence,

Monsieur Chansophat YIN, étudiant cambodgien est inscrit à la Maîtrise en


Éducation à L'Université du Québec à Chicoutimi, province du Québec, Canada. Il
désire entreprendre des études sur les facteurs d'abandon scolaire des élèves de
l'ÉCOLE PRIMAIRE au Cambodge. Cette étude nécessite d'opérer une enquête
auprès des jeunes cambodgiens qui ont abandonné des études avant d'obtenir un
diplôme du cycle primaire.

Excellence, en tant directeur de son projet de recherche, j'ai l'honneur de solliciter de


votre haute bienveillance de lui accorder une autorisation spéciale de mener une
enquête auprès des jeunes cambodgiens qui ont quitté prématurément les études.

Avec mes remerciements anticipés, je vous prie d'agréer, Excellence, l'assurance de


ma très haute considération.

Khamlay Mounivongs, Ph. D


Professeur chercheur
Département des Sciences de l'Éducation et de Psychologie
Université du Québec à Chicoutimi.
ANNEXE F
Lettre d'autorisation du ministère cambodgien de l'Éducation, de la Jeunesse et
des Sports
147

ROYAUME DU CAMBODGE
NATION RELIGION ROI

Ministère de l'Éducation de la Jeunesse ec des Sports


Enregistrement n° :
\

Phnom Penh, le A

LETTRE D'AUTORISATION

Référence : - Ordre de mission n° 303.6 HOIR. 98S datant du 23 décembre


2002, Ministère de l'Éducation de la Jeunesse et des Sports ;
- Demande du titulaire datant du 10 janvier 2004 ;
- Lettre d'autorisation à la collecte de données datant du 07
janvier 2004, délivrés par le directeur de recherche du titulaire.

Monsieur Yin Chansophat est officiellement autorisé de descendre en


mission sur les terrains pour recueillir des données traitant de «l'abandon scolaire
au niveau primaire au Cambodge». Cette mission s'effectuera à la capitale de
Phnom Penh et aux provinces de Kampot, de Stung Trèng et de Banteay Mean
Chey. Elle durera quatre mois allant du 30 avril au 31 août 2004.

Ministre
Général &

CHHAYAUN

Copié a :
-la mairie de la municipalité de Phnom Penh st les bureaux du chef-lieu des provinces de Kampot, de Stung Trèng et
de Banteay Mean Chey « afin d'en arriver à une entente de collaboration avec eux » ;
-la direction municipale de Phnom Penh et les directions provinciales de Kampot, de Stung Treng et de Banteay Mean Chey
« afin d'en arriver à une entente de collaboration avec eux » ;
-le titulaire « pour appliquer cette mission de collecte de données » ;
•{'unité concernante « pour en informer » ;
-le coordonnateur du Programme canadien de bourses de la Francophonie - PCBF ;
-la Conseillère pédagogique du Programme canadien de bourses de la Francophonie - PCBF ;
3e responsable du programme de maîtrise en éducation de l'Université du Québec à Chicoutimi - UQAC ;
-le bureau de documentation de l'inspection de l'éducation, ministère de l'Éducation de la Jeunesse et des Sports.
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