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Rétro-Verso : Sidi Saïd Maâchou ou le premier barrage de

l’Histoire marocaine

A l'heure où le gouvernement marocain ne ménage guère sa peine dans sa lutte


incessante contre la sécheresse, il n'est pas inutile de remonter le temps jusqu'en 1929,
date de la mise en service du premier barrage hydraulique du pays.

Le saviez-vous ? Le barrage Sidi Saïd Maâchou est le tout premier barrage réalisé sur le
territoire national. Entré en service en 1929, il sert depuis 1952 de réserve d'eau pour
l'alimentation de la ville de Casablanca, soit la ville la plus proche d’El Jadida où il se
dresse fièrement à l’embouchure du fleuve Oum Errabiaa.

Conservées dans les Archives nationales du Royaume, des données scientifiques


démontrent que la construction de ce barrage était avant-gardiste et ultramoderne pour
la décennie au cours de laquelle il a été mis en chantier.

Il en ressort que si ce barrage a été échafaudé avec succès, c’est en grande partie parce
qu'il est sis dans un bassincreusé naturellement, et ce, depuis bien des millénaires. Long
de 7 km et large de 4 km, il est parcouru par la vallée de l'Oued Oum Errabiaa qui fournit
de belles coupes naturelles pour les études techniques du bassin. Ce territoire est
également doté de «sols meubles » qui ont privilégié son creusement naturel.Il s'agit
donc d'un barrage-poids en béton d'une hauteur de fondation de 29 m et d'une longueur
de crête de 150 m.
Depuis l'indépendance du Royaume, des équipes scientifiques marocaines ont été
chargées d'effectuer des travaux géotechniques sur cet ouvrage hydraulique, en vue de
le préserver au fil du temps.

La conjoncture hydraulique, il y a un siècle

Il fut un temps où la construction du premier barrage de l’Histoire hydraulique du Maroc


était un rêve que d’aucuns pensaient hors d’atteinte. Ce fut il y a peu ou prou un siècle,
lorsque la sécheresse touchait de plein fouet les régions du sud du Royaume mais aussi,
de manière sporadique, d’autres régions marocaines.

L’on pourrait lire dans l’historiographie qu’à partir de 1920, les autorités coloniales
françaises, conscientes des efforts de la Première Guerre mondiale, ont découvert au
Royaume un grand réservoir pour compenser les déficits de la production agricole. Dans
le cadre de la campagne du Maroc, la France a investi les grandes plaines marocaines
propices à la production agricole, mission à laquelle se sont prêtés les colonisateurs
stimulés par la rhétorique protectorale. Les régions concernées présentaient tous les
attraits d'une agriculture porteuse d'avenir pour les investisseurs coloniaux. Le Maroc de
l’époque, avec son potentiel hydrologique et ses sols fertiles, manquait d'infrastructures
appropriées pour assurer l'irrigation des plaines, en particulier la plaine du Tadla, la
plaine d'Abda-Doukala, la plaine de la Chaouia et les plaines atlantiques considérées
comme faisant partie du Maroc utile.

La modernisation des équipements a commencé avec la réalisation des premiers grands


barrages-réservoirs, dédiés à la desserte en eau potable et en eau d'irrigation, ainsi qu'à
l'électricité.

Dès les années 1950, les gouvernements successifs du Maroc indépendant ont mené à
bien une stratégie de construction et d'aménagement de barrages. Mais la véritable
révolution a lieu sous le règne de Feu Hassan II (1961-1999). En particulier avec
l'objectif fixé dès la fin des années 1960,et proclamé en 1974, soit celuid’irriguer un
million d'hectares de terres avant la fin du siècle.

Cette approche s'est concrètement traduite dès le plan quinquennal 1968-1972, où le


budget prévisionnel des investissements publics en irrigation représentait 41% (2,088
milliards de dirhams), avec jusqu'à 400 millions de dirhams par an affectés à la mise en
œuvre de ces digues-réservoirs.

Aujourd'hui, le renforcement de l'alimentation en eau potable de la ville assure une


augmentation de l'offre à la mesure de ce centre urbain qui connaît un développement
urbain et touristique important.

Selon le gouvernement marocain, il y a 148 grands barrages en fonctionnement au


Maroc en 2011, avec une capacité totale d'environ 17,2 milliards de m3. En 2005,
l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) recensait 104
grands barrages d'une capacité totale de 16,904 milliards de m3, ainsi que 17 petits et
moyens barrages et 67 barrages ou lacs collinaires, d'une capacité totale de 9,9 millions
de m3.

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