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Que signifient

les paraboles
de Jésus ?

Questions cruciales

R. C. S P R O U L
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Que signifient
les paraboles de Jésus ?
Questions cruciales

Que signifient
les paraboles
de Jésus ?

R. C. S P R O U L
Édition originale en anglais sous le titre :
What Do Jesus’ Parables Mean?
© 2017 par R. C. Sproul
Publié par Reformation Trust Publishing, une division de Ligonier Ministries
421 Ligonier Court, Sanford, FL 32771, États-Unis
Ligonier.org ReformationTrust.com
Tous droits réservés. Traduit et publié avec permission.

Pour l’édition française :


Que signifient les paraboles de Jésus ?
© 2023 Publications Chrétiennes, Inc.
Publié par Éditions La Rochelle
509, rue des Érables, Trois-Rivières (Québec)
G8T 7Z7 – Canada
Site Web : www.editionslarochelle.org
Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés.

Publications Chrétiennes exprime toute sa gratitude à Ligonier Ministries


Canada (www.ligonier.ca) qui, par son soutien, a rendu possible la publication
de ce livre en français.

Traduction : Myriam Graffe

ISBN : 978-2-924895-71-9 (broché)


ISBN : 978-2-924895-72-6 (eBook)

Dépôt légal – 1er trimestre 2023


Bibliothèque et Archives nationales du Québec
Bibliothèque et Archives Canada

« Éditions La Rochelle » est une marque déposée


de Publications Chrétiennes, Inc.

À moins d’indications contraires, les citations bibliques sont tirées de la


Nouvelle Édition de Genève (Segond, 1979) de la Société Biblique de Genève.
Avec permission.
Table des matières

1 Introduc tion aux paraboles de Jésus . . . . . . . . . 7

2 Le juge injuste (Luc 18.1‑8) . . . . . . . . . . . . . . . 13

3 Le riche insensé (Luc 12.13‑31) . . . . . . . . . . . . 19

4 L’homme riche et Lazare (Luc 16.19‑31) . . . . . . 25

5 Le trésor caché et la perle de grand prix


(Mat thieu 13.44‑ 46) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31

6 Les ouvriers dans la vigne (Mat thieu 20.1‑16) . . 37

7 Le pharisien et le collec teur d’impôts


(Luc 18.9‑14) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43

8 L’impitoyable ser viteur (Mat thieu 18.21‑35) . . . 51

5
Que signifient les paraboles de Jésus ?

9 Le bon Samaritain (Luc 10.25-37) . . . . . . . . . . 59

10 Le fils prodigue (Luc 15.11‑32) . . . . . . . . . . . . 67

11 Les vierges sages et les vierges folles


(Mat thieu 25.1‑13) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 73

12 Les talents (Mat thieu 25.14‑30) . . . . . . . . . . . . 81

6
Chapitre 1

Introduction aux
paraboles de Jésus

N otre Seigneur Jésus-Christ a été le plus grand enseignant


que cette terre ait jamais connu. Il était non seulement
l’incarnation même de la vérité – et, de ce fait, le contenu de
son enseignement était sans tache et d’origine divine –, mais
il était également un maître pédagogue. En d’autres termes, sa
manière d’enseigner était tout à fait exceptionnelle.
Ses contemporains disaient de lui : « Jamais homme n’a parlé
comme cet homme » (Jn 7.46). Certains disaient même qu’il
parlait avec autorité, et non comme les scribes et les pharisiens.
L’enseignement de Jésus n’était pas frivole. Il n’était pas super-
ficiel. Tout ce qui sortait de sa bouche était consistant. Toutes
ses paroles portaient le poids même de sa propre autorité. Jésus

7
Que signifient les paraboles de Jésus ?

enseignait en s’appuyant uniquement sur l’autorité de Dieu


lui-même. Il a lui-même déclaré : « Car je n’ai pas parlé de moi-
même ; mais le Père, qui m’a envoyé, m’a prescrit lui-même ce
que je dois dire et annoncer » (Jn 12.49).
S’il était connu pour proclamer de manière unique la
vérité avec autorité, Jésus était aussi connu pour son usage des
paraboles. Il n’a certes pas inventé le concept de la parabole.
Les pharisiens et les rabbins de l’époque avaient coutume de
recourir aux paraboles, mais l’usage qu’ils en faisaient était dif-
férent. Les pharisiens s’en servaient pour expliquer ou illustrer
le sens de la loi mosaïque. Jésus y avait recours pour donner
de nouvelles révélations.
Il est intéressant de noter que dans le Nouveau Testament
on ne trouve des paraboles que dans les Évangiles. Dans l’An-
cien Testament, les paraboles sont peu fréquentes. La parabole
la plus célèbre de l’Ancien Testament est peut-être celle que
le prophète Nathan a transmise à David après son péché avec
Bath-Schéba (2 S 12.1‑15). Nathan lui a alors raconté l’histoire
d’un homme riche qui possédait de nombreuses brebis, mais qui
a pris à un homme pauvre la seule brebis qu’il possédait et qu’il
aimait tendrement. Lorsque David a entendu cette histoire, il
en a été indigné et a dit : « L’Éternel est vivant ! L’homme qui
a fait cela mérite la mort. Et il rendra quatre brebis, pour avoir
commis cette action et pour avoir été sans pitié. » David n’a
compris le parallèle avec sa propre vie que lorsque Nathan lui
a dit clairement : « Tu es cet homme-là ! » (v. 5‑7.)

8
Introduc tion aux paraboles de Jésus

Nathan est venu trouver David et lui a communiqué cette


parabole pour l’accuser. Il est venu lors d’une période de crise.
C’est souvent dans ce genre de contextes que les paraboles sont
abondamment utilisées dans le Nouveau Testament.
Le terme parabole lui-même vient de deux mots grecs. Para-
est un préfixe qui fait référence à une chose se trouvant près
d’une autre. Par exemple, les parajuristes travaillent aux côtés
des avocats en tant qu’assistants. Ensuite, ballō signifie « jeter ou
lancer ». Le terme parabole fait donc référence à une chose qui
est jetée à côté d’une autre. Lorsque Jésus veut illustrer une vérité
qu’il enseigne, il accompagne souvent celle-ci d’une parabole.
On dit parfois des prédicateurs que la partie la plus impor-
tante de leur message est l’illustration. Nous utilisons des illus-
trations pour simplifier, clarifier et accroître la capacité des gens
à comprendre ce que nous disons. Mais lorsque Jésus utilise des
paraboles pour illustrer un point, il y ajoute un autre élément,
quelque peu mystérieux, qui nous amène généralement à réflé-
chir. Après avoir prêché la parabole du semeur, Jésus a dit ceci :
« Que celui qui a des oreilles pour entendre entende » (Mt 13.9).
Pourquoi a-t-il fait cette remarque ? Il est presque certain que
tous ceux qui étaient présents avaient deux oreilles. Mais Jésus
faisait allusion à des personnes ayant la capacité d’entendre, de
comprendre et de recevoir la vérité.
Dans la langue grecque, il y a un terme qui désigne le fait
d’entendre, et il y en a un autre qui désigne le fait d’obéir à ce
que l’on a entendu. Littéralement, ce dernier se traduit par une
expression indiquant qu’il faut « vraiment entendre » – il désigne

9
Que signifient les paraboles de Jésus ?

un genre d’hyperaudition ou de super-audition. Quand Jésus


dit : « Que celui qui a des oreilles pour entendre entende »,
il sous-entend que certaines personnes peuvent entendre son
enseignement sans que celui-ci perce leur entendement ou leur
cœur. Jésus fait donc une distinction entre ceux qui entendent
et ceux qui n’entendent pas.
Un jour, alors que Jésus était seul avec les Douze, ils l’ont
interrogé au sujet d’une parabole. Il leur a répondu : « C’est
à vous qu’a été donné le mystère du royaume de Dieu ; mais
pour ceux qui sont dehors tout se passe en paraboles, afin qu’en
voyant ils voient et n’aperçoivent point, et qu’en entendant ils
entendent et ne comprennent point, de peur qu’ils ne se conver-
tissent, et que les péchés ne leur soient pardonnés » (Mc 4.11,12).
Jésus explique ici que pour ceux qui ont des oreilles pour
entendre, la parabole permet de mieux comprendre son ensei-
gnement. Mais pour ceux qui n’ont pas d’oreilles pour entendre,
la parabole est en fait un instrument de dissimulation. La para-
bole n’a pas simplement été donnée pour que tout soit clair
pour tout le monde ; elle a aussi été donnée pour obscurcir la
signification à ceux de l’extérieur, auxquels il n’est pas donné
de comprendre. Cela peut paraître dur, mais Jésus n’est pas
seulement venu pour instruire et aider les gens à comprendre
le royaume de Dieu, il est aussi venu pour juger ceux qui ne
veulent pas entendre la vérité.
L’Écriture dit que Jésus est venu pour « la chute et le relève-
ment » de beaucoup de gens (voir Lu 2.34). Jésus a également
dit : « Je ne suis pas venu apporter la paix, mais l’épée. Car

10
Introduc tion aux paraboles de Jésus

je suis venu mettre la division entre l’homme et son père,


entre la fille et sa mère, entre la belle-fille et sa belle-mère »
(Mt 10.34,35). Il est la pierre d’achoppement, la pierre d’of-
fense, mais pour ceux qui l’aiment, il est l’arôme du salut.
À l’inverse, pour ceux qui s’opposent à lui, il est le motif de
leur condamnation.
Et nous voyons tout cela dans son utilisation des paraboles.
À maintes reprises, nous le voyons prendre à part ses disciples et
leur dire : « C’est à vous qu’a été donné le mystère du royaume
de Dieu » (Mc 4.11a).
Les paraboles abordent de nombreux thèmes différents.
Mais l’un des plus communs est l’Évangile du royaume de
Dieu. Le terme Évangile a trois emplois différents dans la Bible.
Tout d’abord, il désigne une forme littéraire particulière, les
Évangiles, les livres qui nous parlent de Jésus, de sa vie et de
son ministère.
Ensuite, l’Évangile qui est défini et proclamé par Jean-Baptiste,
puis par Jésus, est la bonne nouvelle du royaume de Dieu ; il s’agit
là du deuxième emploi de ce terme dans le Nouveau Testament.
Enfin, on retrouve le troisième emploi dans les épîtres de Paul. Ce
dernier y parle de l’Évangile de notre Seigneur Jésus-Christ ; le
contenu de cet Évangile est Jésus – sa personne et son œuvre. Il y
a donc une sorte de changement de palier entre le deuxième et le
troisième sens du mot Évangile, qui marque la proclamation de
Christ et de ce qu’il a fait en notre nom. Cette transition intervient
après l’annonce initiale de la Bonne Nouvelle, qui est l’annonce
de l’avancée du royaume de Dieu. C’est la raison pour laquelle,

11
Que signifient les paraboles de Jésus ?

à maintes reprises dans ses paraboles, Jésus compare le royaume


de Dieu ou le royaume des cieux à ceci ou cela, introduisant une
nouvelle parabole, pour que nous puissions comprendre le mystère
de ce royaume.
Dans les pages qui suivent, nous allons étudier onze para-
boles de Jésus. Mais avant cela, nous devons garder à l’esprit
une ligne directrice importante pour l’interprétation de ces
paraboles. Dans les premiers siècles du christianisme, les
Pères de l’Église s’engageaient souvent dans ce qu’on appelle
la « méthode allégorique » d’interprétation des paraboles. La
méthode allégorique vise à trouver un sens caché dans chaque
élément de la parabole. Par exemple, dans l’allégorie du livre
Le voyage du pèlerin, chaque personne que Chrétien rencontre
sur son chemin représente un type de personne que nous
rencontrons dans le monde. Les Pères de l’Église ont essayé
d’interpréter les paraboles de cette manière. Mais depuis, il
est devenu presque universellement accepté que chaque para-
bole communique une leçon centrale et décisive. Certaines
paraboles peuvent effectivement avoir deux voire trois points
majeurs, mais nous ne les traitons pas à proprement parler
comme des allégories, en partant du principe que chaque
élément contient un message caché.
Ainsi, la question que nous allons nous poser en examinant
ces onze paraboles est la suivante : quelle est l’idée unique,
centrale et essentielle que Jésus veut communiquer ? Quelles
leçons ces paraboles peuvent-elles transmettre aux croyants ?

12
Chapitre 2

Le juge injuste
(Luc 18.1‑8)

P armi tous les grands discours que Winston Churchill a


armi tous les grands discours que Winston Churchill
a prononcés devant le peuple anglais pendant la crise de la
Seconde Guerre mondiale, l’un de ses plus courts a également
été l’un des plus provocateurs. Lors d’une allocution prononcée
dans son université d’origine le 29 octobre 1941, il a déclaré aux
étudiants, de sa manière inimitable : « Ne cédez jamais – jamais,
jamais, jamais, jamais –, ne cédez jamais rien de grand ou de
petit, d’important ou d’insignifiant, ne cédez jamais qu’aux
convictions d’honneur et de bon sens. »
Churchill essayait d’inculquer à ces étudiants un esprit de
persévérance en ces temps de difficulté, de persécution et de

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Que signifient les paraboles de Jésus ?

possible défaite. De même, il a rallié son peuple après que la


France est tombée aux mains des Allemands, en déclarant :
« Nous nous battrons jusqu’au bout. Nous nous battrons en
France. Nous nous battrons sur les mers et les océans. Nous
nous battrons avec de plus en plus de confiance et de plus en
plus de force dans les airs. Nous défendrons notre île, quel
qu’en soit le coût. Nous nous battrons sur les plages. Nous nous
battrons sur les lieux de débarquement. Nous nous battrons
dans les champs et dans les rues, nous nous battrons dans les
collines ; nous ne nous rendrons jamais. » Il appelait les gens à
une fidélité persistante – afin qu’en temps de difficulté ils ne se
laissent pas abattre et ne cèdent pas au désespoir.
Mais bien avant Churchill, Jésus avait déjà appelé son peuple
à rester fidèle et à ne pas se laisser abattre dans les moments
difficiles. C’est ce qu’il fait au moyen de la parabole du juge
injuste dans Luc 18.1‑8.
Juste avant de rapporter cette parabole, le texte nous indique
son message central : « Il faut toujours prier, et ne point se relâ-
cher. » Cette parabole parle de la persévérance dans la prière.
Il y est question de persévérer au cœur des difficultés, même
lorsque nous avons l’impression que nos prières ne dépassent
pas la hauteur du plafond. Pour illustrer cette exhortation à la
prière constante, Jésus raconte l’histoire de deux personnes, un
juge et une veuve. La veuve n’a personne pour la représenter,
pour la défendre devant les tribunaux et devant son adversaire.
Nous constatons tout au long des Écritures que les veuves,
qui semblent être les personnes les plus vulnérables au monde,

14
Le juge injuste

occupent une place particulière dans le cœur de Dieu. Jacques


nous dit que l’essence de la vraie religion consiste à prendre
soin des veuves et des orphelins, car dans le monde antique en
particulier la veuve était sans défense (voir Ja 1.27). Ainsi, Jésus
raconte l’histoire d’une de ces personnes, qui a été injustement
traitée. Elle a été lésée. Elle souffre, et son seul espoir est de
trouver justice auprès des tribunaux. Elle veut donc présenter
son cas au juge.
Jésus nous parle donc de ce juge en particulier, nous infor-
mant qu’il ne se souciait ni de Dieu ni des gens. À la lecture
de ces deux éléments, dans quelle mesure pensez-vous qu’il se
souciait de la justice ? Il arrive parfois que dans certaines affaires
complexes la véritable justice passe au second plan.
Dans cette parabole, le juge ne se soucie que de son propre
prestige. Il est pourtant censé rendre justice à cette pauvre veuve
qui n’a personne pour plaider sa cause. Elle insiste donc auprès
de lui : « Fais-moi justice de ma partie adverse » (Lu 18.3).
Pendant longtemps il refuse, nous dit Jésus (v. 4). Il la repousse,
car il ne se soucie guère de la difficulté de sa situation, et il veut
simplement qu’elle le laisse tranquille.
Mais elle ne se laisse pas abattre. Elle n’abandonne pas.
Elle revient encore et encore à la charge, en implorant : « Fais-
moi justice de ma partie adverse. » Il refuse inlassablement
de l’écouter.
Pour cette femme, il n’y a pas de « non » qui tienne.
Finalement, le juge se dit : « Quoique je ne craigne point Dieu
et que je n’aie d’égard pour personne, néanmoins, parce que

15
Que signifient les paraboles de Jésus ?

cette veuve m’importune, je lui ferai justice, afin qu’elle ne


vienne pas sans cesse me casser la tête » (v. 4,5).
Cette parabole est parfois appelée la parabole de la veuve
importune. Importune signifie excessivement persistante. Cette
femme ne veut pas abandonner, elle continue à frapper à la porte
de ce juge injuste, jusqu’à ce que finalement, par pure conve-
nance – et non par envie d’appliquer la justice –, il lui accorde
un peu d’attention. Il finit par dire : « Elle me tape sur les nerfs.
J’en suis fatigué. Je vais entendre sa cause. Je vais l’innocenter
simplement pour qu’elle arrête de frapper à ma porte. »
De nombreuses paraboles mettent en contraste le compor-
tement de créatures déchues avec le comportement divin. Cette
parabole parle d’un juge injuste qui contraste avec Dieu. Pour
illustrer ce point, Jésus dit : « Et Dieu ne fera-t-il pas justice à
ses élus, qui crient à lui jour et nuit, et tardera-t-il à leur égard ?
Je vous le dis, il leur fera promptement justice » (v. 7,8). Le Dieu
que nous servons est un Dieu qui justifie et venge son peuple.
Nous savons que lorsque nous sommes lésés ou exploités,
nous ne devons pas chercher à nous venger. La vengeance n’est
pas à l’ordre du jour pour le chrétien. Dieu nous dit-il que la
vengeance en elle-même est une mauvaise chose ? Non, voici
ce qu’il nous dit : « À moi la vengeance, à moi la rétribution »
(Ro 12.19b). Notre Dieu est un Dieu vengeur. Il réparera tous
les torts que son peuple aura subis. Nous le voyons dans le cas
de l’Exode, où le peuple de Dieu crie jour après jour, mêlant
ses cris à des gémissements, jusqu’à ce que Dieu dise : « J’ai
entendu les gémissements qui montent vers moi de la part de

16
Le juge injuste

mon peuple, c’est pourquoi Pharaon, qui est un juge injuste


de l’Égypte, qui ne respecte ni Dieu ni les hommes, laissera
partir mon peuple qui pourra alors venir se prosterner devant
moi » (voir Ex 3.9).
Et l’Exode de l’Ancien Testament était lui-même un avant-
goût d’un plus grand exode à venir, qui se réalisera dans le
Nouveau Testament, quand Dieu délivrera son peuple du
monde, de la chair et du diable, et de tous ceux qui nous traitent
de façon malveillante. Nous ne devons donc pas nous décou-
rager, nous ne devons pas perdre la foi, parce que nous servons
un Dieu qui nous entend et qui se soucie de nous.
Jésus termine la parabole de cette manière : « Mais, quand
le Fils de l’homme viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ? »
(Lu 18.8b.) Christ trouvera-t-il la foi dans son Église ? Ou bien
se sera-t-elle évaporée et changée en incrédulité, parce que les
gens auront cessé de prier et, au milieu de l’adversité, se seront
relâchés ? Notre Seigneur connaissait manifestement la réponse
à cette question. Il savait qu’à son retour, il trouverait la foi sur
terre, non pas parce que nous sommes fidèles, mais parce qu’il
est fidèle et garde ceux que le Père lui a donnés.

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Chapitre 3

Le riche insensé
(Luc 12.13‑31)

S upposons que le gouvernement des États-Unis tombe, que


la Constitution soit détruite et que vous deviez rédiger une
nouvelle constitution, mais avec la restriction suivante : elle ne
pourrait inclure que dix lois. Celles-ci seraient le fondement de
la nouvelle constitution pour la nouvelle nation. Quelles lois
incluriez-vous ?
De toute évidence, vous voudriez interdire le meurtre. Vous
feriez aussi quelque chose pour protéger le droit à la propriété
privée et vous adopteriez une loi contre le vol. Mais est-ce
que vous écririez une loi sur la nécessité d’honorer son père
et sa mère ou de respecter le jour du sabbat ? Et votre top 10
inclurait-il une loi contre la convoitise ? Quand Dieu a écrit

19
Que signifient les paraboles de Jésus ?

une constitution pour son peuple, il a inclus une loi contre la


convoitise. Je me demande bien pourquoi.
Dans Luc 12.13‑31, Jésus aborde le danger de la convoitise,
au moyen d’une parabole courte, mais percutante, en réponse à
un jeune homme qui s’est approché de lui en disant : « Maître,
dis à mon frère de partager avec moi notre héritage » (v. 13).
Selon la loi du Deutéronome, s’il y avait un différend lors du
partage d’un héritage, un rabbin, servant à la fois de maître et
d’avocat, pouvait trancher la question.
Ce jeune homme voulait que Jésus arbitre sa situation et
agisse non pas comme un enseignant, mais en tant qu’avocat,
représentant les intérêts d’un frère contre l’autre. De toute évi-
dence, Jésus a été déconcerté par la demande de cet homme.
L’intérêt de celui-ci ne portait pas sur ce qu’il pouvait apprendre
de Jésus, mais sur ce qu’il pouvait gagner financièrement en lui
demandant de le soutenir dans cette affaire privée.
Jésus a donc répondu en disant : « Ô homme, qui m’a établi
pour être votre juge, ou pour faire vos partages ? » (v. 14.) Puis
il a déclaré à tous ceux qui étaient présents : « Gardez-vous avec
soin de toute avarice ; car la vie d’un homme ne dépend pas
de ses biens, serait-il dans l’abondance » (v. 15). Nous ne nous
rendons pas bien compte à quel point le péché de convoitise
peut s’avérer destructeur pour une communauté, une famille
et une nation. De nombreux dommages sont causés à cause
de la jalousie et du ressentiment. Les gens s’élèvent dans la
jalousie et la haine parce qu’ils convoitent ce que les autres
possèdent. Ils mentent. Ils volent. Ils trichent. Ils calomnient.

20
Le riche insensé

Ils s’impliquent dans toutes sortes de pratiques nuisibles, parce


que leurs cœurs sont cupides.
Avec cet avertissement, Jésus se lance dans une histoire,
une parabole, pour enseigner une leçon. La terre d’un certain
homme riche donnait des fruits en abondance. Grâce à la pro-
vidence de Dieu, il avait bénéficié d’une abondante récolte. Les
Écritures nous disent que tout don parfait que nous recevons
vient des mains de Dieu (voir Ja 1.17). Elles nous disent aussi,
dans Romains 1, que les deux péchés les plus fondamentaux de
la race humaine déchue sont le refus d’honorer Dieu pour ce
qu’il est et notre manque de reconnaissance envers lui.
L’irrévérence et l’ingratitude envers Dieu sont les péchés les
plus fondamentaux qui caractérisent l’humanité déchue. Paul
nous dit que lorsque nous prions, nous devrions commencer
toutes nos prières par des actions de grâces (voir Col 3.16b).
Lorsque nous nous présentons devant Dieu dans un esprit de
remerciement, nous reconnaissons que nous ne sommes pas
à l’origine des bienfaits que nous avons reçus, mais que nous
sommes les bénéficiaires de sa tendre miséricorde et de sa grâce
généreuse. L’homme de la parabole de Jésus a remercié la Terre-
Mère, si tant est qu’il ait remercié qui que ce soit. Il avait béné-
ficié d’une bonne terre et d’une bonne saison de pluie. Et ses
richesses s’en étaient trouvées amplifiées de manière exponen-
tielle par cette énorme récolte.
Il s’est alors demandé : « Que dois-je faire maintenant ? »
et non « Comment puis-je utiliser cette richesse que j’ai reçue
pour aider mon prochain, ma communauté ou mon Église ? »

21
Que signifient les paraboles de Jésus ?

Au lieu de cela, il s’est demandé : « Comment faire pour trou-


ver un endroit où stocker toutes ces richesses que je viens de
recevoir ? Je vais démolir mes granges et en construire de plus
grandes. » Il ne lui est pas du tout venu à l’esprit de remercier
Dieu. Il ne se souciait nullement de suivre la loi de l’Ancien
Testament qui consistait à rendre à Dieu les prémices de ce
qu’il avait reçu de sa main.
Si nous cherchons à appliquer cette histoire à notre culture
contemporaine, cet homme n’a jamais envisagé une seule fois
la possibilité de payer la dîme, de rendre à Dieu un dixième de
ce qu’il lui avait donné, comme la loi de Dieu l’exigeait. Nous
savons que l’écrasante majorité des chrétiens qui professent
leur foi aujourd’hui ne paient pas la dîme. Ils sont comme
cet homme. Ils sont absorbés par leurs richesses. Leurs pos-
sessions sont tellement importantes pour eux qu’ils gardent
la part qui revient à Dieu, sans se rendre compte qu’ils volent
Dieu lui-même.
Notez que l’homme de la parabole de Jésus est décrit de deux
manières. Il est dit premièrement qu’il était riche. Jésus ne dit
pas qu’être riche est intrinsèquement une mauvaise chose. Mais
cela tourne mal lorsque votre cœur et votre âme sont enchaînés
à votre richesse et à vos possessions matérielles. La seconde chose
qui est dite de cet homme est toutefois bien plus significative.
L’homme riche est un insensé. Dans les Écritures, être
un insensé ne signifie pas que vous êtes inintelligent ou sans
éducation. Même Aristote a observé que dans le cerveau de
l’homme le plus brillant se trouve un recoin de folie. Il y a une

22
Le riche insensé

différence entre la stupidité et la folie. Dans la Bible, être jugé


insensé n’est pas un jugement portant sur l’intelligence. C’est
un jugement moral.
Les Psaumes déclarent que l’insensé dit en son cœur qu’il
n’y a pas de Dieu (voir Ps 14.1a). De son côté, l’homme riche
obtient une récolte abondante et commence à dialoguer avec
lui-même. Dieu est la dernière de ses préoccupations. Il n’a pas
le moindre intérêt pour les choses spirituelles. Il ne se préoc-
cupe que de son surplus. Il va donc démolir ses granges et en
construire de plus grandes afin de pouvoir stocker toutes ses
provisions en prévision des jours de pluie. Il pourra alors vivre
tranquillement, manger, boire et s’amuser.
Il s’agit là d’une mentalité païenne. Paul la mentionne cyni-
quement dans 1 Corinthiens 15, lorsqu’il dit : « Si les morts ne
ressuscitent pas, mangeons et buvons, car demain nous mour-
rons » (v. 32). Nous ferions mieux de faire la fête ce soir, car
demain tout sera fini.
C’est alors qu’un autre intervenant entre en scène dans
la parabole : Dieu. Dieu a observé cet homme et lui a dit :
« Insensé ! Ne comprends-tu pas que la folie est l’antithèse
de la sagesse, et que le début de la sagesse est la crainte du
Seigneur ? C’est la crainte de Dieu. » Mais cet homme n’avait
aucun respect pour Dieu. Alors Dieu lui a dit « Insensé ! Cette
nuit – pas la semaine prochaine ni le mois prochain ou dans
dix ans –, mais cette nuit même ton âme te sera redemandée. »
Et de toute évidence, cet homme n’était pas prêt.

23
Que signifient les paraboles de Jésus ?

Dans un autre passage des Écritures, Jésus dit ceci : « Que


donnerait un homme en échange de son âme ? » (Mc 8.37.) Cet
homme semblait vouloir dire à Dieu : « Oh, Dieu, ne t’inquiète
pas pour mon âme. Je vais te dire une chose. Tu peux avoir tout
ce que j’ai stocké dans ces granges. Je vais te donner toute ma
richesse dès maintenant. » Mais Dieu lui a annoncé ce qui suit :
« Insensé ! Cette nuit même ton âme te sera redemandée ; et ce
que tu as préparé, pour qui sera-ce ? » (Lu 12.20.) Jésus conclut
en disant : « Il en est ainsi de celui qui amasse des trésors pour
lui-même, et qui n’est pas riche pour Dieu » (v. 21).
Vous vous souvenez de cet homme qui avait demandé à Jésus
de régler sa question d’héritage ? Je me demande ce qu’il a pensé
après avoir entendu cette parabole. Je pense qu’il s’est enfui. Je
pense qu’il n’a pas insisté davantage, parce qu’à ce moment-là,
Jésus l’avait publiquement qualifié d’insensé.

24
Chapitre 4

L’homme riche
et Lazare
(Luc 16.19‑31)

U n professeur m’a dit un jour qu’en enfer les pécheurs


seraient prêts à tout donner et à tout faire pour effacer ne
serait-ce qu’un seul de leurs péchés dans cette vie, afin d’avoir
une petite once de tourment en moins. L’enfer est plus horrible
que tout ce que l’on pourrait imaginer. La parabole de Jésus
sur Lazare et l’homme riche dans Luc 16.19‑31 nous donne
un aperçu de cet effroyable tourment et constitue donc une
parabole particulièrement terrifiante.
Cette parabole renferme de profonds contrastes. Les per-
sonnages mis en avant sont un homme riche et un mendiant

25
Que signifient les paraboles de Jésus ?

nommé Lazare. L’homme riche est décrit comme quelqu’un


vivant dans l’opulence. Il s’habille comme un roi, de pourpre
et de lin fin, et il mange copieusement, non pas une fois par an
ou par mois, mais tous les jours. Lazare, en revanche, est atteint
d’une maladie de peau chronique incurable qui laisse son corps
couvert de plaies. Il ne peut même pas se déplacer jusqu’à la
porte de l’homme riche, mais doit y être porté, vraisemblable-
ment par des amis. Il est prêt à vivre de restes et d’ordures, de
ce qui est gaspillé après les somptueux festins de l’homme riche.
Le texte précise aussi que des chiens viennent lécher ses plaies.
Dans l’Israël du Ier siècle, le chien n’était pas le meilleur
ami de l’homme. Il n’était pas considéré comme un animal
domestique. Les chiens étaient essentiellement sauvages et per-
çus comme les pires des charognards. Les gens les détestaient
et pourtant, dans cette parabole, les chiens se montrent plus
gentils que l’homme riche – ils essaient de lui prodiguer le genre
de soins qu’ils s’accorderaient à eux-mêmes.
Finalement, le mendiant meurt. Et à peine mort, il est
accompagné non pas par des amis ou des parents, mais par les
anges de Dieu. Ainsi, la première chose que voit Lazare après sa
mort est la gloire resplendissante de l’armée céleste, qui accueille
ce pauvre et triste mendiant dans ses bras, le transporte au para-
dis et le place dans le sein d’Abraham. Il n’existe probablement
pas de portrait plus tendre de la miséricorde céleste que cette
illustration de la mort de Lazare, personnellement transporté
au paradis par les anges.

26
L’homme riche et Lazare

Nous lisons ensuite que l’homme riche décède lui aussi et


qu’il est enterré –, mais il ne rejoint pas le sein d’Abraham. Il
n’est pas porté dans la gloire par les anges de Dieu, mais il est
directement envoyé en enfer pour y être tourmenté. Et de là, en
levant les yeux, il peut apercevoir les lieux célestes. Il peut voir le
misérable mendiant à présent recueilli dans les bras d’Abraham,
dans la gloire. Il pousse alors des cris. Remarquez qu’il ne crie
pas à Dieu. Aucun cri de repentance ne sort de sa bouche. Il
crie à Abraham et lui demande de faire quelque chose pour
améliorer sa condition.
L’homme riche s’exclame : « Père Abraham, aie pitié de
moi, et envoie Lazare, pour qu’il trempe le bout de son doigt
dans l’eau et me rafraîchisse la langue ; car je souffre cruelle-
ment dans cette flamme » (v. 24). L’homme qui mangeait en
abondance chaque jour de sa vie supplie désormais pour une
goutte d’eau. Une goutte d’eau sur sa langue. Mais Abraham
lui répond : « Mon enfant, souviens-toi que tu as reçu tes biens
pendant ta vie, et que Lazare a eu les maux pendant la sienne ;
maintenant il est ici consolé, et toi, tu souffres » (v. 25). La
situation s’est inversée. Mais il est trop tard. L’homme riche
aurait dû se soucier de la souffrance de Lazare du temps où il
était vivant ; à présent, tout ce qu’il souhaite, c’est que Lazare
vienne le réconforter au cœur de son tourment.
Abraham prononce alors ce qui me semble être la partie la
plus sombre de toute la parabole : « D’ailleurs, il y a entre nous
et vous un grand abîme, afin que ceux qui voudraient passer
d’ici vers vous, ou de là vers nous, ne puissent le faire » (v. 26).

27
Que signifient les paraboles de Jésus ?

Il n’existe aucun matériau au monde qui soit assez solide pour


construire un pont au-dessus de cet abîme. Il n’y a aucun moyen
de passer d’un bord du gouffre à l’autre. Du côté de l’homme
riche, la libération conditionnelle est un concept inexistant. La
sentence est éternelle.
L’homme riche comprend, et devient à son tour le mendiant.
Il dit ensuite : « Je te prie donc, père [Abraham], d’envoyer
Lazare dans la maison de mon père ; car j’ai cinq frères. C’est
pour qu’il leur atteste ces choses, afin qu’ils ne viennent pas
aussi dans ce lieu de tourments » (v. 27,28).
Abraham lui répond : « Ils ont Moïse et les prophètes ;
qu’ils les écoutent » (v. 29). Il refuse d’interrompre le bonheur
de Lazare au ciel pour l’envoyer en mission sur terre.
L’homme riche réplique : « Non, père Abraham, mais si
quelqu’un des morts va vers eux, ils se repentiront » (v. 30).
L’homme riche croit que les Écritures sont insuffisantes. Il pense
à ses frères qui sont du monde ; ils ont le cœur endurci. Ils
ne sont pas à l’écoute des choses spirituelles. Ils ne sont pas
enclins à avoir une bonne opinion ou à être convaincus par la
loi de Moïse ou les prophéties de l’Ancien Testament. Mais si
quelqu’un revenait à eux d’entre les morts, peut-être l’écoute-
raient-ils et se repentiraient-ils.
L’homme riche a évidemment compris que ses frères doivent
se repentir, et que s’ils ne se repentent pas, ils se retrouveront
exactement au même endroit que lui. Abraham lui répond en
disant : « S’ils n’écoutent pas Moïse et les prophètes, ils ne se

28
L’homme riche et Lazare

laisseront pas persuader même si quelqu’un des morts ressus-


citait » (v. 31).
En d’autres termes, Jésus explique aux gens qui écoutent sa
parabole que s’ils refusent d’écouter Moïse ou les prophètes, ils
n’écouteront pas plus un mort ressuscité. L’incrédulité n’est pas
un problème intellectuel – il y a suffisamment de témoignages
de Dieu et de sa bonté dans la création et dans les Écritures
pour que chacun soit en mesure d’y croire et soit inexcusable s’il
refuse de l’adorer. L’incrédulité est plutôt un problème moral.
Les non-croyants n’adorent pas, car ils ne veulent pas adorer.
Ils n’écoutent pas, car ils ne veulent pas écouter. Ils n’ont pas
d’oreilles pour entendre, car ils ne veulent pas avoir d’oreilles
pour entendre.
C’est l’un des avertissements les plus sombres que nous
ayons jamais reçu de notre Seigneur. Il nous avertit qu’il est
temps pour nous de sceller notre éternité, car une fois morts,
il sera trop tard.

29
Chapitre 5

Le trésor caché et la
perle de grand prix
(Matthieu 13.44‑46)

I maginez que les pompiers vous appellent pour vous dire


que votre maison est en feu. Ils vous annoncent qu’ils ne
pourront pas sauver votre maison et que vous avez cinq minutes
pour y entrer et récupérer certaines de vos affaires avant qu’il ne
soit trop tard. Que prendriez-vous ? Courriez-vous directement
au garage pour sauver votre voiture ? Vers la commode pour
prendre vos bijoux ? Je sais exactement ce que je prendrais si
j’avais cinq minutes pour sauver quelques-uns de mes biens.
Je prendrais quelques livres rares, certains des tableaux que je

31
Que signifient les paraboles de Jésus ?

possède et une boîte contenant les lettres que mon père m’a
écrites pendant la Seconde Guerre mondiale.
Pourquoi me précipiter pour récupérer ces choses ? Parce
qu’elles ne peuvent pas être remplacées. J’accorde beaucoup
de valeur aux choses qui ne pourront jamais être substituées.
Cependant, nous avons tous un système de valeurs différent.
Dans deux courtes paraboles tirées de Matthieu 13.44,46, Jésus
demande en substance : « Quel est votre système de valeurs ?
Quelle importance accordez-vous à votre âme ? Qu’échangeriez-
vous contre votre salut ? » Ces deux paraboles nous enseignent
chacune une leçon au sujet du royaume de Dieu ou, comme
Matthieu l’appelle, du royaume des cieux, et toutes deux
abordent la notion de valeur.
Dans notre monde moderne, nous entendons souvent les
hommes politiques parler de valeurs. Les candidats aux élections
ont tendance à faire référence aux valeurs familiales ou encore
aux valeurs nationales. Mais quand les gens parlent de valeurs,
ils parlent en réalité d’éthique. Ce n’est pas la même chose. Les
valeurs désignent essentiellement des appréciations subjectives
de la valeur des biens aux yeux d’un individu. Autrement dit,
la valeur est l’importance que nous accordons aux choses, et
elle dépend souvent de nos préférences personnelles.
L’éthique, quant à elle, ne concerne pas tant ce que nous
estimons ou ce que nous tenons en haute estime que ce que nous
devrions faire. L’éthique est objective ; la valeur est subjective.
Or, lorsque nous rapprochons ces deux notions, nous voyons

32
Le trésor caché et la perle de grand prix

que Dieu a un système de valeurs et que nous avons les nôtres,


qui ne sont pas toujours en accord avec celui de Dieu.
En tant que chrétiens, nous avons l’impératif éthique de
faire en sorte que nos valeurs personnelles s’accordent avec
celles que Dieu lui-même attribue aux choses de ce monde.
Lorsque Jésus annonce l’avancée du royaume de Dieu, il
affirme une chose de valeur inestimable à des gens qui, pour
la plupart, n’y attachent pas une grande valeur. Il donne
donc ces deux brèves paraboles pour illustrer son propos. La
première est celle d’un homme qui trouve un grand trésor
dans un champ : « Le royaume des cieux est encore semblable
à un trésor caché dans un champ. L’homme qui l’a trouvé le
cache ; et, dans sa joie, il va vendre tout ce qu’il a, et achète
ce champ » (v. 44).
Nous avons déjà tous vu des films ou lu des romans parlant
de pirates qui enterrent de grands trésors sur une île lointaine,
puis dessinent une carte pour pouvoir le récupérer plus tard. Un
X marque généralement l’endroit où se trouve le trésor. Mais
ensuite, leur bateau coule et personne ne sait ce qu’il advient de
la carte. Tôt ou tard, des gens viennent à la retrouver et partent
à la chasse au trésor, espérant, d’une manière ou d’une autre,
découvrir le butin enterré.
Dans l’Antiquité, il n’était pas rare que de vastes sommes
d’argent ainsi que des bijoux soient cachés dans des champs.
Seuls les propriétaires savaient où ils les enterraient, à l’abri des
autres. Ils ne descendaient pas à la banque centrale de Jéricho
pour déposer leurs objets de valeur dans un coffre-fort. Ils

33
Que signifient les paraboles de Jésus ?

cachaient leur argent en creusant un trou dans le sol. Si une


personne mourait avant de récupérer son trésor, il se pouvait
que, des années plus tard, un homme travaillant dans ce champ
découvre inopinément un coffre rempli de richesses.
Dans la parabole de Jésus, l’acheteur ne connaît appa-
remment pas le propriétaire du champ. Jésus ne donne
pas beaucoup de détails, sinon que l’homme vend tout ce
qu’il a parce qu’il est animé d’une passion ardente et sou-
daine : réunir un capital suffisant pour pouvoir acheter ce
champ. Puis, une fois qu’il lui appartient, le trésor qui y
est enterré devient sa propriété. Il ne le vole pas ; il essaie
simplement de trouver un moyen de gagner assez d’argent
pour acheter ce champ.
Il n’y a rien de contraire à l’éthique dans les actions de cet
homme. Le but de la parabole de Jésus est simple : cet homme
a trouvé une chose d’une valeur telle qu’il est prêt à donner tout
ce qu’il a pour la posséder.
Jésus raconte ensuite une autre parabole, celle d’un mar-
chand de bijoux spécialisé dans la vente de perles : « Le royaume
des cieux est encore semblable à un marchand qui cherche de
belles perles. Il a trouvé une perle de grand prix ; et il est allé
vendre tout ce qu’il avait, et l’a achetée » (v. 45,46). Dans cette
partie du Proche-Orient antique, les perles étaient bien plus
rares qu’aujourd’hui, et elles pouvaient avoir plus de valeur
que les diamants, les rubis, l’or ou l’argent.
Ce marchand avait une magnifique collection de perles. Mais
un jour, il est tombé sur une perle si brillante, si merveilleuse

34
Le trésor caché et la perle de grand prix

et si exquise que toutes les autres perles de sa collection en sont


devenues insignifiantes. « Je dois posséder cette perle », s’est-il
dit. Il a alors vendu toute sa collection de bijoux, toute son
entreprise, afin de pouvoir posséder cette perle de grand prix.
Dans ces deux paraboles, il est clairement établi que si
vous trouvez quelque chose d’extrêmement précieux, alors il
vaut la peine de vendre tout ce que vous avez pour pouvoir le
posséder. Jésus dit : « Voilà ce que vaut le royaume de Dieu.
Quelle valeur accordez-vous à votre âme ? Que donneriez-vous
en échange de votre âme ? »
Je ne peux pas imaginer qu’un chrétien soit prêt à faire ce
type d’échange. Les chrétiens du Ier siècle n’auraient pas échangé
leur vie pour leur âme, parce qu’ils avaient trouvé ce trésor et
la perle de grand prix. Ils étaient prêts à donner leur vie, parce
qu’ils se rendaient compte que dans leur vie il n’y avait rien de
plus précieux, rien de plus estimable que de le posséder, lui. La
perle de grand prix n’est pas un bijou – c’est une personne. Et
si vous la possédez, vous avez tout.
Nous avons besoin d’entendre ces paraboles aujourd’hui,
car Jésus nous dit : « Dans le système de valeurs de Dieu, le
royaume de Dieu que j’apporte est la seule chose qui surpasse
toute autre chose, tout ce que vous pourriez accumuler dans ce
monde. » Nous devons posséder cette perle de grand prix. Nous
devons obtenir le trésor qui est caché dans le champ.
Nous devons régulièrement faire un état des lieux de notre
système de valeurs pour voir s’il est toujours en accord avec
celui de Dieu. Nous sommes appelés à avoir l’esprit de Christ.

35
Que signifient les paraboles de Jésus ?

Cela signifie que nous devons aimer ce que Jésus aime, et


détester ce qu’il déteste. Nous devons rechercher ce que Jésus
recherche, et fuir ce qu’il fuit. Voilà à quoi doit ressembler
la vie d’un chrétien.

36
Chapitre 6

Les ouvriers dans


la vigne
(Matthieu 20.1‑16)

I maginez que dix étudiants assistent à un cours à l’université.


Cinq d’entre eux étudient assidûment la semaine précédant
l’examen final. Les cinq autres font la fête toute la semaine et ne
prennent même pas la peine d’étudier avant le contrôle. Les dix
étudiants passent l’examen, et les notes finales sont affichées.
Les cinq premiers étudiants ont suffisamment de points pour
obtenir une excellente note, tandis que les autres obtiennent si
peu de points que leurs résultats seront forcément médiocres.
Néanmoins, tous les étudiants reçoivent la note de passage.

37
Que signifient les paraboles de Jésus ?

À première vue, cela peut paraître bienveillant. Mais en réa-


lité, c’est terriblement problématique puisque les étudiants qui
ont atteint la meilleure note ne bénéficient pas de cette grâce,
et subissent une véritable injustice de la part du professeur,
qui a pris de leur mérite pour le donner à ceux qui n’en avaient
aucun. Cette simple illustration montre qu’un tel système dans
une salle de classe est tout sauf juste.
Jésus raconte une parabole dans Matthieu 20.1‑16 qui
aborde les notions de justice, de grâce et de mérite. On l’ap-
pelle souvent « la parabole des ouvriers dans la vigne », mais
je préfère l’appeler « la parabole du propriétaire de la vigne ».
Posséder un vignoble est une entreprise périlleuse, même
encore aujourd’hui. Imaginez donc combien cela était risqué au
temps de Jésus. Quand les raisins atteignent leur point optimal
de maturation, il est impératif qu’ils soient récoltés aussi vite
que possible. Attendre un jour de plus sous le soleil pourrait
diminuer la qualité du vin provenant des raisins.
Dans la parabole de Jésus, il est temps de cueillir les raisins.
Le propriétaire de la vigne se rend donc en ville à la recherche
de main-d’œuvre journalière. Il aperçoit des hommes désœuvrés
et leur dit : « Si vous venez cueillir mes raisins, je vous paierai
un denier [soit le salaire d’une journée entière] pour votre tra-
vail. Accepteriez-vous de le faire ? » « Oui, c’est pour ça que
nous sommes là », répondent-ils. Et ils se mettent au travail.
Mais le propriétaire se rend vite compte qu’il va avoir besoin
de plus d’ouvriers dans sa vigne. Il retourne donc en ville à la
troisième heure et engage d’autres ouvriers. Il fait de même

38
Les ouvriers dans la vigne

à la neuvième heure. Et à la onzième heure. Et, quelle que


soit l’heure à laquelle il arrive, il trouve toujours des hommes
désœuvrés en attente d’un travail. Le propriétaire de la vigne
ne précise pas le montant du salaire à ce dernier groupe, mais
ils se mettent néanmoins au travail. Et à la fin de la journée,
tous les raisins ont été récoltés.
Le propriétaire dit alors à son intendant : « Va vers les diffé-
rents groupes que nous avons recrutés pendant la journée et paie
chacun des groupes, en partant du dernier, en leur donnant à
tous un denier pour le travail effectué aujourd’hui. » L’intendant
paie alors les hommes, et ceux qui ont travaillé toute la journée
se mettent en colère. Ils objectent : « Comment cela se fait-il
que tu donnes un denier à ces hommes ? Ils n’ont travaillé
qu’une demi-heure. Nous sommes restés ici toute la journée
sous la chaleur du soleil, la sueur au front, à cueillir tes raisins,
et maintenant tu veux nous payer un seul denier ? Et tu donnes
la même somme à ceux qui ont travaillé moins que nous ? » Le
propriétaire leur répond : « Attendez une minute. N’avons-nous
pas conclu un accord lorsque je vous ai embauchés ce matin sur
la place du marché ? Je vous ai offert ce travail, et je vous ai dit
que je vous paierai un denier. Chacun d’entre vous a sauté sur
l’occasion d’obtenir cet argent. N’est-ce pas vrai ? »
Quel est donc le rapport entre cette parabole et la doctrine
de l’élection ? Lorsque les ouvriers protestent contre le proprié-
taire, celui-ci leur dit : « C’est ma vigne. N’ai-je pas le droit de
faire de mes biens ce que je veux ? Si je veux être généreux avec
ces gens-là et leur donner le même salaire que celui que je vous

39
Que signifient les paraboles de Jésus ?

ai offert, de quel droit vous plaignez-vous ? Je vous ai donné ce


que j’avais promis de vous donner. »
Je demande souvent aux gens s’ils croient en la souveraineté
de Dieu, et je n’ai jamais entendu un seul chrétien me dire
non. Et si je dis que Dieu ordonne souverainement la création
qu’il a faite, les chrétiens approuvent cela. De même, lorsque
je demande : « Et Dieu a-t-il le droit, souverainement, de vous
imposer des obligations morales ? » Les chrétiens acquiescent.
Mais lorsque vous commencez à aborder la répartition de la
grâce divine, les gens commencent à objecter. Ils me demandent
alors : « Sous-entends-tu que Dieu donne sa grâce à certaines
personnes et pas à d’autres ? » Oui. Est-ce que Dieu a appelé
Abraham à renoncer au paganisme, mais n’a pas fait la même
chose pour Hammurabi ? Paul a-t-il reçu une vision de Jésus
que Ponce Pilate ou Caïphe n’ont pas reçue ? Oui.
Paul en parle dans son épître aux Romains : « Ce n’est point
à dire que la parole de Dieu soit restée sans effet. Car tous ceux
qui descendent d’Israël ne sont pas Israël, et bien qu’ils soient
la postérité d’Abraham, ils ne sont pas tous ses enfants ; mais
il est dit : En Isaac tu auras une postérité appelée de ton nom »
(Ro 9.6,7). Et il poursuit en disant : « Et de plus, il en fut ainsi
de Rebecca, qui conçut seulement d’Isaac notre père ; car les
enfants n’étaient pas encore nés et ils n’avaient fait ni bien ni
mal (afin que le dessein d’élection de Dieu subsiste) » (v. 10).
Selon le dessein souverain et le plaisir de Dieu, il a été dit
à Rebecca : « L’aîné sera assujetti au plus jeune, selon qu’il est
écrit : J’ai aimé Jacob et j’ai haï Ésaü » (v. 12,13). Paul poursuit

40
Les ouvriers dans la vigne

alors : « Que dirons-nous donc ? Y a-t-il en Dieu de l’injustice ? »


(v. 14.) Dans sa souveraineté, Dieu, en vue de son élection et
pour manifester sa miséricorde, a choisi l’un et rejeté l’autre.
Imaginez un cercle. Tout ce qui se trouve dans le cercle
représente la justice. Tout ce qui est à l’extérieur de ce cercle
représente l’absence de justice. Nous avons tendance à consi-
dérer tous les actes accomplis en dehors de la justice, tout ce
qui se trouve à l’extérieur du cercle comme injuste ou mauvais.
Mais ce n’est pas vrai. Certains actes accomplis en dehors de la
justice sont mauvais, mais il existe une autre sorte d’absence de
justice qui n’est pas mauvaise : la grâce. Y a-t-il quelque chose
de mauvais dans la grâce ? Bien sûr que non. Y a-t-il quelque
chose de mauvais dans le fait que Dieu soit miséricordieux ?
Non. Quand Dieu fait preuve de miséricorde, il ne commet
pas d’injustice. Mais il permet une absence de justice. Ainsi,
ceux qu’il élit et sauve souverainement reçoivent sa grâce. Ceux
qui ne reçoivent pas sa grâce reçoivent la justice. Ils reçoivent
exactement ce qu’ils méritent.
Paul demande : « Y a-t-il en Dieu de l’injustice ? Loin de là !
Car il dit à Moïse : Je ferai miséricorde à qui je fais miséricorde
et j’aurai compassion de qui j’ai compassion » (v. 14,15). Dieu,
dans sa souveraineté, a le droit d’être généreux et miséricor-
dieux envers l’un sans être tenu de l’être envers l’autre. Dans
cette parabole, les ouvriers qui ont travaillé toute la journée
ont obtenu justice. Ils ont reçu ce qui leur avait été promis. Le
propriétaire de la vigne n’a commis aucun crime contre eux. Il
a été parfaitement juste. Les autres ouvriers, en revanche, ont

41
Que signifient les paraboles de Jésus ?

reçu plus que ce qu’ils attendaient. Ils ont reçu la grâce. Ils ont
reçu la miséricorde.
Personne dans la parabole n’a été victime d’injustice – sauf le
propriétaire de la vigne. Il a été calomnié par les ouvriers qui lui
en voulaient de s’être montré généreux envers les autres. Nous
devons comprendre que Dieu, qui est le propriétaire, a, dans sa
propriété, l’autorité souveraine de faire preuve de bienveillance
envers qui il veut.

42
Chapitre 7

Le pharisien et le
collecteur d’impôts
(Luc 18.9‑14)

M on passage préféré de l’hymne Roc des âges d’Augustus


Toplady est le suivant : « Les mains vides je viens à
toi, pour m’accrocher à la croix ». Ces lignes rappellent l’idée
générale de la parabole de Jésus sur le pharisien et le collecteur
d’impôts dans Luc 18.9‑14, à savoir que rien de ce que nous
avons ou faisons ne peut nous servir devant le trône de Dieu.
Jésus met en garde à plusieurs reprises ceux qui font pro-
fession de foi, mais qui ne possèdent pas ce qu’ils professent.
Il utilise cette parabole pour adresser cet avertissement. Jésus
sait que l’Église est un corps de personnes composé à la fois de

43
Que signifient les paraboles de Jésus ?

blé et d’ivraie. C’est-à-dire que l’Église ici sur terre est un corps
mixte. Elle comprend à la fois de vrais croyants et des personnes
qui font profession de foi, mais dont la foi n’est pas authentique.
Dans cette parabole, Jésus illustre cette vérité en mettant
en contraste deux personnes. L’une est un pharisien. Les pha-
risiens étaient un groupe d’hommes parmi les Juifs qui avaient
commencé leur ministère dans la période intertestamentaire. Ils
s’étaient regroupés parce qu’ils étaient profondément préoccu-
pés par le déclin de la religion et la négligence de la loi divine
au sein du peuple juif à cette époque-là.
Ces pharisiens s’efforçaient de respecter la loi de Dieu
afin de rétablir la justice dans le pays et la piété au sein du
peuple. Malheureusement, il n’a pas fallu longtemps avant
qu’ils ne deviennent tellement obnubilés par leur désir d’être
justes qu’ils ont commencé à avoir confiance en leur propre
obéissance à la loi au lieu d’apprendre de la loi ce qu’elle était
censée leur enseigner.
L’apôtre Paul nous explique que la fonction première de la
loi divine est de faire office de miroir. Lorsque nous regardons
ce miroir, il révèle la sainteté de Dieu et met en lumière notre
impiété (voir Ro 3.20). La loi est en fait un maître d’école
qui nous conduit à Christ ; en l’écoutant, nous nous rendons
compte que nous ne sommes pas capables de la respecter.
Mais les pharisiens se sont regardés dans un miroir qui
leur reflétait leur propre justice, ils sont devenus préten-
tieux et se sont reposés sur leur propre réussite morale. Ils
se sont rapidement distingués de tous les autres habitants

44
Le pharisien et le collec teur d’impôts

du pays. Les pharisiens adhéraient notamment au concept


de justification par la ségrégation. Autrement dit, une per-
sonne pouvait être justifiée aux yeux de Dieu à condition
de n’entretenir aucun contact avec quiconque était souillé
de quelque manière que ce soit.
Le pharisien dans la parabole de Jésus a l’audace de remercier
Dieu pour sa propre supériorité. Il cite en fait une partie d’une
prière tirée du Talmud, que les dirigeants devaient prononcer
afin de remercier Dieu pour leur position dans la vie et leur
statut en tant que personnes mises à part. Cet homme remer-
cie donc Dieu, mais sans aucune sincérité. Il prie ainsi : « Ô
Dieu, je te rends grâces de ce que je ne suis pas comme le reste
des hommes, qui sont ravisseurs, injustes, adultères, ou même
comme ce publicain » (v. 11). Il dit, en un sens : « Je ne serais
pas là sans ta grâce », mais il s’enorgueillit de sa position.
Les collecteurs d’impôts étaient méprisés par les Juifs. Ils
étaient méprisés parce qu’ils étaient considérés comme des
traîtres. Non seulement ils gagnaient leur argent en collectant
des taxes pour l’oppressif gouvernement romain, mais ils aug-
mentaient aussi souvent leurs revenus en prélevant une somme
pour eux-mêmes, saignant ainsi le peuple à blanc. C’était le
groupe de personnes le plus détesté de la nation.
Le pharisien voit le collecteur d’impôts dans le Temple et
remercie Dieu de ne pas être comme lui. Il poursuit en disant :
« Je jeûne deux fois par semaine, je donne la dîme de tous
mes revenus » (v. 12). Cet homme prend la peine de souligner
qu’il se surpasse dans son observation scrupuleuse de la loi

45
Que signifient les paraboles de Jésus ?

(qui n’exigeait le jeûne qu’une fois par an) et dans son don
sacrificiel. Il se présente comme la quintessence du véritable
homme religieux.
Ce pharisien a une compréhension erronée de ce que la
justification exige. Il pense que la justification aux yeux de
Dieu peut être accomplie par la réalisation de sa propre justice.
Il ajoute ses propres mérites à la grâce, ses propres actions à la
foi, et ses propres performances à l’œuvre de Christ. Et il n’est
pas le seul à penser ainsi. De nombreux chrétiens aujourd’hui
croient que pour être racheté, pour être justifié, il faut avoir la
foi, la grâce et Christ, mais que cela ne suffit pas.
Ces chrétiens pensent qu’ils doivent avoir la foi plus les
œuvres. La grâce plus le mérite. Christ plus leur propre justice.
Certains enseignent que Dieu ne déclarera jamais une personne
justifiée avant ou à moins que la justice inhérente ne réside en
cette personne. Autrement dit, une personne doit être sanctifiée
avant d’être justifiée, ce qui est à l’opposé de ce qu’enseigne le
Nouveau Testament et de ce qui est transmis par le biais de
cette parabole. Nous devons noter que dans cette parabole Jésus
s’adresse à tous ceux qui se tiennent autour de lui et qui pensent
pouvoir être justifiés par leur propre justice (v. 9). Et par exten-
sion, cette parabole s’adresse à toutes les personnes – d’hier et
d’aujourd’hui – qui se fient encore à leurs propres réalisations
et à leurs bonnes œuvres pour être en règle avec Dieu. Les gens
supposent que Dieu met des notes sur une courbe. Tant que
mon péché n’est pas aussi pernicieux que celui de mon voisin,
je peux être satisfait de ma propre performance.

46
Le pharisien et le collec teur d’impôts

L’apôtre Paul a indiqué que ceux qui se jugent par eux-


mêmes et entre eux manquent d’intelligence (voir 2 Co 10.12b).
Nous avons tendance à regarder autour de nous et à nous sentir
bien, du moment que nous pouvons trouver quelqu’un de plus
corrompu que nous, supposant que notre supériorité et nos réa-
lisations nous permettront de passer outre le trône du jugement
de Dieu. D’autres religions enseignent que la justice de Dieu
repose sur un système de balance, et que si nos bonnes actions
l’emportent sur nos mauvaises actions, cela nous mènera au
paradis. Cependant, Dieu n’exige rien de moins que la perfec-
tion. Sa loi est sainte, mais pas nous.
Le psalmiste a posé la question suivante : « Si tu gardais le
souvenir des iniquités, Éternel, Seigneur, qui pourrait subsis-
ter ? » (Ps 130.3.) C’est une question rhétorique. La réponse
est claire : personne. Nous ne pouvons pas obtenir la justice
de Dieu en comptant sur nos performances. Nous ne devons
surtout pas imaginer que nous entrerons au paradis parce que
nous aurons mené ou tenté de mener une bonne vie, ou à tout
le moins une meilleure vie que les autres autour de nous, car
cela serait totalement insensé et constituerait la plus fatale de
toutes les erreurs.
Certains pourraient alors rétorquer : « Attendez une minute.
Ce n’est pas si terrible. » Mais il est important de comprendre
que lorsque Dieu examine nos actes, il prend non seulement en
compte l’acte lui-même, s’il correspond ou non à sa loi, mais
aussi la motivation derrière celui-ci. Avons-nous effectué ce
travail avec un cœur pleinement dédié à Dieu ? Nous sommes

47
Que signifient les paraboles de Jésus ?

appelés à l’aimer de tout notre cœur, de tout notre esprit et de


toute notre force. Personne n’est capable de cela, ni pendant une
heure, ni même pendant une minute. Donc chaque action que
nous accomplissons est entachée par l’imperfection de notre
cœur. Beaucoup de gens aujourd’hui, comme ce pharisien, ne
se sont jamais penchés sur cette réalité, et sur le fait que toutes
nos actions justes sont tels des chiffons sales devant Dieu.
Le collecteur d’impôts se démarque de façon frappante du
pharisien : « Le publicain, se tenant à distance, n’osait même
pas lever les yeux au ciel ; mais il se frappait la poitrine, en
disant : Ô Dieu, sois apaisé envers moi, qui suis un pécheur »
(Lu 18.13). Ce collecteur d’impôts n’a aucune contribution à
apporter pour son propre salut. Tout ce qu’il a, c’est une soif
de miséricorde. Il est conscient de ce qu’il est. Il ne baigne pas
dans l’illusion d’une fausse justice. Il saisit le seul espoir et le
seul motif de justification, qui se trouve dans ce qui est proba-
blement le concept théologique le plus important de l’histoire,
à savoir le concept d’imputation.
L’imputation signifie que notre justification dans la présence
de Dieu est fondée sur une justice qui n’est pas la nôtre. C’est
ce que Luther appelait une justice « étrangère », une justice
extérieure à nous-mêmes, une justice accomplie uniquement
par Christ, le seul à avoir parfaitement observé la loi tout au
long de sa vie.
Il nous arrive parfois de demander à un enfant à l’école du
dimanche : « Qu’a fait Jésus pour toi ? » Et l’enfant répond :
« Il est mort sur la croix pour mon péché », et c’est vrai. Mais si

48
Le pharisien et le collec teur d’impôts

Jésus était simplement descendu du ciel le Vendredi saint, s’était


rendu à Golgotha, avait pris notre péché sur lui et en avait payé
le prix devant un Dieu saint, cela aurait-il été suffisant pour
nous racheter ? La réponse est non. Cela aurait suffi à enlever
notre culpabilité et à supprimer notre punition, mais cela ne
nous aurait pas fourni la justice que Dieu exige de chaque être
humain. C’est pourquoi Jésus a dû naître. Il a dû vivre sous la
loi. Il a dû mener une vie d’obéissance active parfaite. Dans son
obéissance, il a acquis pour lui-même une justice parfaite, et
c’est cette justice qui a ensuite été transférée sur le compte de
toute personne qui place sa confiance en Jésus seul.
Tant que ce pharisien avait confiance en sa propre justice,
il ne pouvait pas être racheté. Si vous vous fiez à vos réussites,
votre bonté et vos œuvres, vous n’êtes pas différent de ce pha-
risien, qui est rentré chez lui sans être justifié. Celui qui est
rentré chez lui justifié, c’est celui qui s’est reposé sur la grâce
seule (voir v. 14).
Que recherchait exactement le collecteur d’impôts ?
L’essence même de la justification est le pardon. Par le biais de
sa Parole, Dieu accorde la rémission des péchés à une personne
qui n’est, en soi, pas juste. Le péché de cette personne est alors
supprimé. Il est enlevé. Il est envoyé dans les ténèbres. Il est
jeté au large dans la mer de l’oubli, aussi loin que l’orient est
éloigné de l’occident. Quand le collecteur d’impôts est rentré
chez lui justifié, il est aussi rentré pardonné.
Après avoir expliqué cette doctrine de la justification dans
l’épître aux Romains, Paul dit ceci : « Étant donc justifiés

49
Que signifient les paraboles de Jésus ?

par la foi, nous avons la paix avec Dieu par notre Seigneur
Jésus-Christ » (Ro 5.1). Le pharisien avait beau bénéficier d’un
statut, il était toujours en guerre contre Dieu. Il était toujours
une personne non pardonnée. Tant qu’une personne se fie à
sa propre justice, elle ne peut faire l’expérience de la grâce, de
l’élimination du péché et de l’obtention du pardon. Jésus a dit
que le collecteur d’impôts est rentré chez lui en tant que fils
adoptif de Dieu. Il est rentré chez lui pardonné. Il est rentré
chez lui justifié.

50
Chapitre 8

L’impitoyable serviteur
(Matthieu 18.21‑35)

I l y a des années de cela, j’ai offensé une dame de notre


assemblée, et elle a été particulièrement blessée. Je lui ai
présenté mes excuses en larmes, mais elle n’a pas voulu me
pardonner. Je suis retourné la voir une deuxième fois pour lui
demander de me pardonner, mais elle n’a rien voulu savoir.
J’ai donc demandé conseil à un homme âgé et plein de
sagesse de notre Église. Il m’a dit ceci : « Tu as fait deux erreurs.
La première, c’est que tu as offensé cette femme, et tu n’aurais
pas dû. Ta deuxième erreur a été de présenter tes excuses deux
fois. Quand tu t’es repenti et qu’elle a refusé de te pardonner,
les charbons ardents sont passés de ta tête à la sienne. »

51
Que signifient les paraboles de Jésus ?

Lorsque nous offensons une personne, nous sommes appe-


lés à nous repentir et à présenter nos excuses. De même, si
quelqu’un nous a offensés et vient présenter ses excuses, nous
devons être prêts à faire preuve de la même compassion et à
pardonner non pas sept fois, mais soixante-dix fois sept fois.
Dans la parabole du serviteur impitoyable, dans
Matthieu 18.21‑35, Jésus aborde le concept difficile du pardon.
Il est important pour nous de bien comprendre le contexte de
cette parabole. Matthieu 18 est le texte de référence en matière
d’instructions relatives à la discipline dans l’Église. Les ver-
sets 15 à 20 définissent le contexte de ce qui vient ensuite, et
culminent avec la promesse de Jésus : « Car là où deux ou trois
sont assemblés en mon nom, je suis au milieu d’eux » (v. 20).
Ce verset est l’un des plus mal compris de la Bible. Quand nous
nous réunissons pour une étude biblique ou pour un culte, nous
faisons référence à ce verset. Mais cette promesse est donnée
dans le contexte de la discipline au sein de l’Église, et l’une des
choses les plus difficiles pour l’Église est d’affronter les per-
sonnes de l’assemblée qui refusent de se repentir de leurs péchés.
La première étape énoncée dans Matthieu 18 consiste à aller
voir en privé votre frère qui a péché contre vous. Parlez-lui de la
situation. S’il se repent, vous avez gagné votre frère. S’il refuse
de se repentir, alors vous devrez retourner le voir accompagné
d’un ou deux autres témoins. S’il refuse toujours de se repen-
tir, vous devrez porter l’affaire devant l’Église. Et s’il persiste
dans son refus de se repentir, alors il sera considéré comme
un païen. C’est la méthode à suivre avant l’excommunication.

52
L’impitoyable ser viteur

Il n’y a qu’un seul péché pour lequel une personne peut être
excommuniée du corps de Christ, et c’est ce qu’on appelle la
contumace, c’est-à-dire l’impénitence persistante – le refus de
se repentir du péché qui vous a entraîné dans la procédure de
discipline d’Église.
C’est dans ce contexte que Pierre pose la question suivante :
« Combien de fois dois-je pardonner à quelqu’un ? Sept fois ? »
Jésus répond en substance : « Autant de fois qu’il le faudra. »
Lorsque Dieu vous pardonne, il ne retient plus ce péché contre
vous. Et si vous péchez à nouveau contre lui et qu’il vous par-
donne encore, il ne dit pas : « Cela fait deux fois », car le pre-
mier péché a déjà été effacé. Si nous pardonnons à quelqu’un
qui a péché contre nous et qui nous demande pardon, mais
que cette personne recommence à nous faire du tort, nous ne
pouvons pas dire : « Cela fait deux fois. » Cela voudrait dire
que nous ne lui avons pas accordé notre pardon la première
fois. Si nous lui pardonnons, nous lui disons : « Je vais oublier
ce que tu m’as fait. » C’est ce que les mots « Je te pardonne »
signifient vraiment.
Mais Pierre tient un tableau de bord, et il veut savoir com-
bien de fois il doit passer par ce processus. Sept fois ? Jésus
répond : « Soixante-dix fois sept fois. » Et pour illustrer son
propos, il raconte une parabole : « C’est pourquoi, le royaume
des cieux est semblable à un roi qui voulut faire rendre compte
à ses serviteurs. Quand il se mit à compter, on lui en amena un
qui devait dix mille talents » (v. 23,24).

53
Que signifient les paraboles de Jésus ?

Imaginez le poids de cette dette. L’unité monétaire la plus


élevée de cette époque était le talent. Un talent représentait
une très grosse somme d’argent. Le revenu annuel du royaume
d’Hérode était de neuf cents talents. Ce serviteur devait donc
au roi plus de dix fois le revenu annuel du roi Hérode. C’était
l’équivalent de plusieurs millions de dollars ou d’euros en
monnaie actuelle.
C’était une dette qu’aucun serviteur de n’importe quel roi
du monde antique n’aurait jamais pu payer. Jésus nous compare
à de tels débiteurs en déclarant que nous sommes incapables
de rembourser nos dettes. Chaque fois que j’enfreins la loi de
Dieu, je deviens débiteur. Ma dette envers lui est infinie. C’est
pourquoi il est insensé de penser que nous pouvons atteindre
le ciel par nos propres moyens, alors que Dieu attend de nous
la perfection. Et même si nous ne péchons qu’une fois, il n’y a
rien que nous puissions faire pour rattraper ce péché, parce que
c’est la perfection qui est attendue de notre part. Nous sommes
donc des débiteurs incapables de payer leurs dettes.
Cet homme, comme le collecteur d’impôts de la parabole
précédente, n’a rien à offrir en échange. Il n’a pas de garant. Il n’a
pas la moindre monnaie. Compte tenu de sa dette, la seule chose
qu’il puisse faire est de supplier le roi, espérant contre toute
attente qu’il lui donnera plus de temps et se montrera si patient
qu’il aura une seconde chance de rembourser ce qu’il doit. Et
même cela semble insensé ! En effet, même si le roi faisait preuve
d’une patience infinie, l’infini ne serait pas suffisamment long
pour que cet homme puisse rembourser la totalité de sa dette.

54
L’impitoyable ser viteur

C’est un débiteur qui ne peut pas payer, et il ne réalise même


pas l’ampleur de sa dette. Mais il en sait assez pour réaliser que
son seul espoir réside dans la compassion du roi.
Dans un premier temps, le roi ordonne que le serviteur
soit vendu : « Comme il n’avait pas de quoi payer, son maître
ordonna qu’il soit vendu, lui, sa femme, ses enfants, et tout ce
qu’il avait, et que la dette soit acquittée » (v. 25). Le serviteur
se prosterne alors devant lui en disant : « Aie patience envers
moi, et je te paierai tout » (v. 26). Cela émeut le maître et le
remplit d’une profonde compassion. Sa pitié est si grande qu’il
libère le débiteur de la totalité de son obligation.
Pouvez-vous imaginer ce que ce serviteur a ressenti en sor-
tant de la présence du roi ce jour-là ? Je suis libre ! Quel roi !
Comme sa compassion est grande ! Sa miséricorde est insondable.
Mais alors qu’il passe la porte, il voit un autre serviteur qui
lui doit cent deniers – une somme dérisoire, quelques jours
de salaire. Le premier serviteur exige le paiement en levant la
main sur l’autre, en le saisissant à la gorge et en commençant
à l’étouffer : « Paie ce que tu me dois » (v. 28). Alors son com-
pagnon de service tombe à genoux et implore : « Aie patience
envers moi, et je te paierai » (v. 29).
Ne trouvez-vous pas intéressant de voir que Jésus fait
employer à ce second serviteur exactement les mêmes mots
que le premier a prononcés devant le roi ? Cependant, le premier
débiteur décide de jeter son compagnon de service en prison
jusqu’à ce qu’il paie sa dette. Cet acte d’ingratitude radicale,
cet échec à transmettre ne serait-ce qu’une infime partie de la

55
Que signifient les paraboles de Jésus ?

compassion qu’il vient d’expérimenter de la part du roi ne passe


pas inaperçu aux yeux de ses amis. Ils le voient saisir l’homme
à la gorge. Ils le voient le jeter en prison, et ils en sont affligés.
Ils se rendent alors auprès de leur maître pour lui raconter tout
ce qui s’est passé.
Le maître rappelle le premier serviteur et lui dit : « Méchant
serviteur, je t’avais remis en entier ta dette, parce que tu m’en
avais supplié ; ne devais-tu pas aussi avoir pitié de ton com-
pagnon, comme j’ai eu pitié de toi ? » (v. 32,33.) Le maître se
met en colère et le livre aux geôliers pour qu’il soit emprisonné
jusqu’à ce qu’il ait payé la totalité de sa dette.
Au début de la parabole, le premier serviteur est sous le
joug de la justice. Puis il bénéficie de la miséricorde royale.
Malheureusement, il méprise par la suite la grâce du roi, et ce
faisant il retombe finalement sous le joug de la justice. C’est
là une grande leçon destinée à nous faire réfléchir à la grâce
de Dieu chaque jour de notre vie, car si nous la prenons pour
acquise, si nous refusons d’être un canal de la grâce même qui
nous a sauvés, nous ne pouvons nous attendre à rien d’autre
qu’à recevoir la justice de Dieu.
Jésus conclut cette parabole par une application concrète :
« C’est ainsi que mon Père céleste vous traitera, si chacun de
vous ne pardonne à son frère de tout son cœur » (v. 35). Il y
a beaucoup de confusion et de malentendus au sujet du par-
don parmi les chrétiens. J’entends souvent dire que le Nouveau
Testament exige des chrétiens qu’ils pardonnent aux personnes
qui ont péché contre eux, que ces personnes se repentent ou non.

56
L’impitoyable ser viteur

Je ne vois pas très bien d’où vient cette idée. Elle peut provenir,
en partie, de l’esprit dont a fait preuve notre Seigneur lui-même.
Alors qu’il était sur le point d’être exécuté par ceux qui le
méprisaient, il a prié le Père de leur accorder son pardon : « Père,
pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font » (Lu 23.34a).
Il est donc certain qu’à l’exemple de Jésus nous avons le droit de
pardonner unilatéralement aux gens sans exiger de repentance.
Nous pouvons nous montrer miséricordieux si nous le vou-
lons, mais cela ne veut pas dire que c’est obligatoire. Si nous
étions obligés de pardonner unilatéralement à tous ceux qui
ont péché contre nous, alors toute la section précédente de
Matthieu 18 n’aurait aucun sens. La discipline d’Église n’aurait
plus de raison d’être. Il ne serait pas nécessaire d’aller voir un
membre de l’Église pour le confronter à un péché commis à
votre encontre. En résumé, si un chrétien de votre Église vole
votre portefeuille, rien ne vous oblige à dire : « Écoute, je te
pardonne, mon frère. » Vous avez tout à fait le droit d’aller le
voir et de lui dire : « Tu m’as fait du tort. Rends-moi mon por-
tefeuille », et de lui demander de se repentir. Et s’il ne se repent
pas, suivez simplement le reste des instructions de Matthieu 18.
Mais voici ce qui est obligatoire. Si vous affrontez votre frère
qui a péché contre vous et qu’il se repent, alors vous devez lui
pardonner. Nous devons être prêts à pardonner toute insulte,
toute offense que quelqu’un nous a faite à n’importe quel
moment que ce soit, si cette personne se repent de ce péché.
Les chrétiens doivent avoir un esprit de pardon. Garder
rancune et laisser l’amertume se développer est l’une des choses

57
Que signifient les paraboles de Jésus ?

les plus destructives que nous puissions faire. Et la mise en


pratique que Jésus nous donne provient directement de la prière
du Notre Père : « Pardonne-nous nos offenses, comme nous
aussi nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés » (Mt 6.12).
C’est une prière qui fait peur. Si nous ne sommes pas prêts à
pardonner à ceux qui ont péché contre nous, nous ne devrions
jamais nous attendre à ce que Dieu nous pardonne lorsque nous
péchons contre lui. Mais puisque le pardon est au cœur même
de la foi chrétienne, nous devrions être reconnus comme des
personnes qui pardonnent.

58
Chapitre 9

Le bon Samaritain
(Luc 10.25-37)

J ’ai toujours dit que ce n’est pas un hasard si les deux plus
grands leaders de la Réforme du xixe siècle, Martin Luther
et Jean Calvin, ont tous deux été de fervents étudiants de la loi.
En étudiant la loi de Dieu, Luther et Calvin ont été poussés
vers l’Évangile, car la loi les laissait dans le désespoir.
Le rôle de la loi est un facteur important dans la vie du chré-
tien, et Jésus en a souvent parlé durant son ministère terrestre.
La loi est l’élément clé de l’une des paraboles les plus connues
de Jésus, celle du bon Samaritain dans Luc 10.25‑37.
La parabole du bon Samaritain vient à la suite d’un bref
interrogatoire de Jésus par un docteur de la loi. Luc écrit que
ce juriste pose des questions à Jésus, non pas parce qu’il est

59
Que signifient les paraboles de Jésus ?

sincèrement à la recherche de la sagesse du Seigneur, mais plutôt


pour le mettre à l’épreuve. C’est dans ce contexte qu’il demande :
« Maître, que dois-je faire pour hériter la vie éternelle ? » (v. 25.)
En tant que juriste israélite, il est censé connaître parfaitement
la loi de l’Ancien Testament. Aussi Jésus lui répond : « Qu’est-il
écrit dans la loi ? Qu’y lis-tu ? » (v. 26.)
Le docteur de la loi répond en récitant le grand commande-
ment tiré du Shema, que l’on trouve dans Deutéronome 6.4,5.
Il cite : « Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur,
de toute ton âme, de toute ta force, et de toute ta pensée », puis
il ajoute ce post-scriptum : « … et ton prochain comme toi-
même » (Lu 10.27). Il connaît le Shema par cœur, comme tout
bon étudiant de la loi, il ne lui est donc pas difficile de répondre
à cette question. Jésus lui dit alors : « Tu as bien répondu […]
fais cela et tu vivras » (v. 28).
Jésus offre la promesse de la vie éternelle à cet homme – il
n’a donc qu’à obéir au grand commandement, ce qui signifie
qu’il doit observer à la perfection la loi de Dieu. Jésus sait que
ce genre de personnes – les pharisiens et ce juriste – pensent res-
pecter la loi à la lettre, et mériter ainsi d’entrer dans le royaume
de Dieu. Nous savons également que précédemment Jésus avait
essayé de faire entendre aux gens que s’ils comprenaient vrai-
ment la loi, ils verraient à quel point elle expose nos péchés et
notre besoin de Dieu.
Ce juriste part du principe qu’il respecte déjà le grand com-
mandement, alors Jésus lui dit : « Si tu le respectes, tu vivras.

60
Le bon Samaritain

Tu n’as pas à t’inquiéter. » Mais le docteur de la loi n’en a pas


fini avec Jésus. Il veut aller un peu plus en profondeur.
Vous avez peut-être remarqué que lorsque vous prenez part
à des discussions sur la théologie ou que vous débattez de cer-
taines questions avec d’autres personnes, celles-ci ont parfois
tendance à répéter : « Qu’est-ce que vous entendez par là ? »
Elles veulent que vous définissiez les termes que vous employez.
Il s’agit souvent d’un mécanisme de fuite pour éviter de traiter
le sujet qui est sur la table. Dans ce passage, c’est ce que ce
docteur de la loi s’empresse de faire. Il demande donc : « Et qui
est mon prochain ? » (v. 29.) En d’autres termes, il demande :
« Que veut dire la loi quand elle me dit que je suis censé
aimer mon prochain comme moi-même ? Je comprends ce que
signifie aimer Dieu de toute ma force, de tout mon cœur et de
toute ma pensée, mais qu’entends-tu par “aimer son prochain
comme soi-même” ? »
Les Juifs de cette époque, en particulier les pharisiens,
avaient une définition étroite de qui était leur prochain. Il
s’agissait pour eux d’un frère juif – un frère juif vertueux, res-
semblant vraisemblablement à l’un des pharisiens. Nous savons
que ceux qui n’appartenaient pas à la nation d’Israël étaient
considérés comme loin de Dieu. Et de tous ceux qui se trou-
vaient en périphérie du peuple juif, les plus méprisés étaient
les Samaritains. Après la conquête assyrienne du royaume du
nord d’Israël en 722 av. J.-C., certains des Juifs restés en Israël
s’étaient mariés avec des païens et avaient donné naissance à
ce que les Juifs considéraient comme un peuple de semi-Juifs.

61
Que signifient les paraboles de Jésus ?

Les Samaritains avaient leurs propres Écritures – une version


abrégée du Pentateuque – et leur propre temple sur le mont
Gerizim, qu’ils préféraient au Temple de Jérusalem. Les relations
étaient donc plutôt mauvaises entre les Juifs et les Samaritains.
Jésus répond à la question de ce docteur de la loi, au sujet
de la nature du prochain, par une parabole. Il raconte l’his-
toire d’un homme, vraisemblablement un Juif, qui voyageait
de Jérusalem à Jéricho. Ce n’était pas la Jéricho de l’Ancien
Testament, dont les murs se sont effondrés. C’était la Jéricho
du Nouveau Testament, à environ vingt-sept kilomètres de
Jérusalem, et ces vingt-sept kilomètres se trouvaient dans une
campagne déserte. La Jéricho du Nouveau Testament était
construite autour d’une grande oasis. Les marchands voya-
geaient fréquemment de Jérusalem jusqu’à Jéricho pour vendre
leurs marchandises. C’était également un lieu de prédilection
pour les voleurs qui attendaient les marchands voyageant
seuls ou en petits groupes vulnérables. Ils se cachaient dans
les rochers, et le soir venu ils tombaient sur les voyageurs sans
méfiance et les dévalisaient.
Dans l’histoire de Jésus, un homme descend à Jéricho. En
chemin, il tombe sur des voleurs qui le dépouillent de ses vête-
ments, le blessent, lui volent tout ce qu’il a de valeur, le battent
sévèrement et le laissent à demi mort. Cet homme est dans
une situation telle que si personne ne vient rapidement à son
secours, il va mourir.
Un prêtre descend cette route, et il passe de l’autre côté.
Il voit très bien l’homme blessé. Il le voit gisant là sur le bord

62
Le bon Samaritain

du chemin. Depuis sa position, celui-ci ne peut pas dire avec


certitude si cet homme est mort ou vivant, alors il le laisse de
côté. À cette époque, les prêtres, les pharisiens et les lévites
avaient de nombreuses lois concernant la souillure et les rituels
de purification, et l’une de ces lois leur interdisait de toucher un
cadavre. S’ils étaient en contact avec un cadavre, ils devaient
passer par toutes sortes de rituels de purification pour pouvoir
reprendre leurs activités sacerdotales.
Craignant que l’homme attaqué par les voleurs ne soit mort,
ce prêtre s’en éloigne autant qu’il le peut. Il ne veut pas avoir
à se soumettre aux rituels de purification qui interrompraient
le cours normal de ses activités sacerdotales, il passe donc de
l’autre côté de la route.
Un lévite arrive ensuite au même endroit, et passe également
de l’autre côté. Les lévites étaient consacrés pour accomplir les
œuvres de Dieu et pour enseigner. Ces deux membres du clergé
qui étaient mis à part pour accomplir des œuvres de miséri-
corde, entre autres choses, n’ont offert aucune aide. Pour eux, si
l’homme n’était pas déjà mort, il le serait certainement bientôt.
Mais un troisième homme entre en scène, et Jésus l’iden-
tifie comme étant un Samaritain. Pour les Juifs, un « bon
Samaritain » était un oxymore. Ils ne pensaient pas qu’il pou-
vait y avoir de bons Samaritains. Mais Jésus raconte que le
Samaritain arrive à cet endroit-là et qu’il est ému de compassion
lorsqu’il voit l’homme (v. 33). La compassion est exactement
ce qui manquait au prêtre et au lévite. Ils n’ont rien ressenti
pour ce malheureux qui gisait nu sur la route, mais lorsque

63
Que signifient les paraboles de Jésus ?

le Samaritain voit cet homme qui a été brutalement battu, il


éprouve de la compassion.
Et sa compassion le conduit à agir. Il ne se contente pas de
dire : « Je vais prier pour toi, mon ami. Je ressens ta douleur »,
avant de poursuivre ensuite son chemin. Il fait tout ce qui est
en son pouvoir pour faire preuve de miséricorde envers cet
homme, qui l’aurait probablement considéré comme un ennemi.
Il bande ses plaies, en versant de l’huile et du vin, et après
l’avoir oint, il le soulève. L’homme ne peut manifestement pas
marcher. Le Samaritain le fait monter sur son propre animal,
abandonnant son confort pour l’homme blessé, et le conduit
jusqu’à une auberge.
Puis il s’assure que l’homme reçoive toute la nourriture et
les soins dont il a besoin. Au moment de partir, le Samaritain
donne deux deniers à l’aubergiste et lui dit : « Prends soin de
lui. Quoi qu’il en coûte. » Peut-être que le Samaritain faisait
régulièrement ce voyage et que l’aubergiste le connaissait. Il
promet de rembourser à l’aubergiste toutes les dépenses que ce
dernier devra faire.
Après avoir raconté cette histoire, Jésus dit au docteur de
la loi : « Lequel de ces trois te semble avoir été le prochain de
celui qui était tombé au milieu des brigands ? » (v. 36.) C’est
probablement la question la plus facile qu’on ait jamais posée
à ce docteur de la loi. Il répond : « C’est celui qui a exercé la
miséricorde » (v. 37). Le Samaritain ne s’est pas contenté de
ressentir de la compassion – il en a fait preuve.

64
Le bon Samaritain

Dans cette histoire, Jésus ne nous enseigne pas simplement à


traiter les personnes blessées ou dans le besoin avec miséricorde
et compassion. La véritable finalité de l’histoire est de répondre
à la question suivante : « Qui est mon prochain ? » Jésus dit qu’il
n’y a pas de limites. Dans le royaume de Dieu, la définition du
« prochain » n’inclut aucun critère ethnique ou géographique.
Nous entendons parfois dire que Dieu est notre Père à tous,
et que nous faisons partie d’une fraternité universelle. D’après
le Nouveau Testament, cependant, la fraternité est composée
de tous ceux qui sont en Christ. Christ est le Fils unique du
Père, et il est notre frère aîné. Le seul moyen d’entrer dans
cette fraternité est l’adoption, et les personnes qui ne croient
pas en Jésus ne font pas partie de cette fraternité. Il n’y a pas de
fraternité universelle. Mais il existe une proximité universelle.
C’est-à-dire que tout être humain créé à l’image de Dieu est
mon prochain, ce qui veut dire que je suis appelé à aimer chaque
être humain sur la face de cette terre autant que je m’aime moi-
même – même s’il ne fait pas partie de la fraternité, même s’il ne
fait pas partie de la famille des croyants. Il reste mon prochain.
Notre tâche ne consiste pas à condamner une personne qui
serait tombée dans un caniveau et de lui dire : « Comment as-tu
fait pour y tomber ? » Si elle est dans le caniveau, notre devoir
est de l’aider à en sortir. Pourquoi ? Parce que nous voudrions
être aidés si cela nous arrivait, et que cette personne est notre
prochain, que nous sommes censés aimer comme nous nous
aimons nous-mêmes. Jésus a terminé en disant : « Va, et toi,
fais de même » (v. 37b).

65
Chapitre 10

Le fils prodigue
(Luc 15.11‑32)

C haque année, les vacances de printemps métamorphosent


le centre de la Floride. De nombreux étudiants y des-
cendent et se livrent à des comportements déchaînés mêlant
drogues, alcool et sexe. Quand je vois des images de ces jeunes
gens à la télévision, je me demande comment leurs parents se
sentiraient s’ils voyaient leur fils ou leur fille aux nouvelles du
soir. Pourquoi les étudiants agissent-ils de la sorte ? Ils sont
loin de chez eux. Personne ne les connaît. Ils laissent leurs
inhibitions, leurs liens familiaux et leurs tabous culturels dans
leur ville d’origine, et se donnent le droit de vivre aussi scan-
daleusement qu’ils le souhaitent.

67
Que signifient les paraboles de Jésus ?

Jésus connaissait bien cet état d’esprit. Il en parle d’ailleurs


dans une parabole bien connue. La parabole du fils prodigue
dans Luc 15.11‑32 est liée à deux autres paraboles plus petites,
la parabole de la pièce de monnaie perdue et la parabole de la
brebis perdue. Ces trois paraboles sont introduites comme suit :
« Tous les publicains et les gens de mauvaise vie s’approchaient
de Jésus pour l’entendre. Et les pharisiens et les scribes mur-
muraient, disant : Cet homme accueille des gens de mauvaise
vie, et mange avec eux. Mais il leur dit cette parabole » (v. 1‑3).
La parabole du fils prodigue s’inscrit dans la réponse de Jésus
à la plainte des scribes et des pharisiens qui lui reprochaient de
fréquenter les pécheurs et les collecteurs d’impôts.
L’histoire concerne un homme et ses deux fils. Le plus jeune
fils décrète qu’il doit recevoir tout de suite sa part d’héritage. La
gratification différée ne fait pas partie de son vocabulaire. Il veut
récupérer son argent le plus vite possible. Et chose étonnante,
son père le lui permet.
Le fils prend donc son trésor et part dans un pays lointain.
Pourquoi ne reste-t-il pas dans la maison de son père ? Pourquoi
ne choisit-il pas de dépenser l’argent en faisant la fête tous les
soirs avant de rentrer chez lui dans la maison familiale ? Parce
que ce n’est pas ainsi que fonctionne le péché. Les enfants des
ténèbres n’aiment pas être dans la lumière.
Dans ce pays lointain, il gaspille ses biens en menant une
vie désordonnée. Il est prodigue, ce qui signifie « gaspilleur »
ou « fastueux ». Il dépense son héritage, gaspillant tout ce que
son père lui a donné. Peu de choses dans ce monde sont plus

68
Le fils prodigue

futiles que le gaspillage – prendre un bon et beau cadeau puis


le gaspiller. Pensez aux diverses manières dont nous gaspil-
lons les dons que Dieu nous a donnés. Ce jeune homme était
l’exemple même de ce genre de vie. C’est pourquoi on l’appelle
le fils prodigue.
Mais peu après avoir dépensé tout son argent, une grave
famine arrive dans le pays. Il n’a alors plus rien à manger, et il
commence à se trouver dans le besoin. Il travaille donc pour
un habitant de ce pays étranger en nourrissant des porcs. Les
porcs étaient considérés comme des animaux détestables pour
le peuple juif, pourtant ce jeune homme est désormais contraint
de s’en occuper. Il ne doit pas seulement prendre soin d’eux,
mais il doit aussi vivre avec eux. Il vit dans une porcherie et il a
si faim qu’il convoite la nourriture destinée aux cochons. Mais
personne ne lui donne rien.
Nous assistons ensuite à un moment décisif dans l’histoire
de Jésus : « Étant rentré en lui-même, il dit : Combien d’ouvriers
chez mon père ont du pain en abondance, et moi, ici, je meurs
de faim ! » (v. 17.) Le fils prodigue se réveille – mais pas de
lui-même. Personne ne se réveille de lui-même. Seul Dieu peut
réveiller de leur sommeil les pécheurs engourdis. Une partie de
ce message a donc trait à la façon dont Dieu sauve les pécheurs
qui vivent dans des lieux sinistres.
Le jeune homme revient à lui et dit : « Je me lèverai, j’irai
vers mon père, et je lui dirai : Mon père, j’ai péché contre le ciel
et contre toi » (v. 18). C’est ce qui se passe lorsqu’un pécheur
est réveillé par la grâce. Chaque pécheur qui a été réveillé par

69
Que signifient les paraboles de Jésus ?

la grâce a dit un jour : « Je me lèverai, j’irai chez mon père, et


je dirai : Père, j’ai péché contre le ciel et contre toi. Traite-moi
comme l’un de tes serviteurs. Père, j’étais un de tes fils, et je suis
parti, mais maintenant tout ce que je veux, c’est vivre comme
un esclave dans ta maison. » C’est là ce que crie le cœur d’une
personne convertie.
Le fils prodigue se lève donc, et il s’en retourne vers son père.
À ce stade de l’histoire, le projecteur passe du fils prodigue à
son père : « Comme il était encore loin, son père le vit et fut
ému de compassion, il courut se jeter à son cou et l’embrassa »
(v. 20). Pas de réprimande. Pas de remontrance. Pas de leçon de
morale. Juste un amour paternel, exprimé par une étreinte et un
baiser. Le fils lui dit alors : « Mon père, j’ai péché contre le ciel
et contre toi, je ne suis plus digne d’être appelé ton fils » (v. 21).
Mais le père lui coupe la parole. Il dit à ses serviteurs :
« Apportez vite la plus belle robe, et revêtez-le ; mettez-lui un
anneau au doigt, et des souliers aux pieds. Amenez le veau
gras, et tuez-le. Mangeons et réjouissons-nous ; car mon fils
que voici était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il
est retrouvé » (v. 22‑24). Ils entament ensuite les célébrations
et se réjouissent ensemble.
À ce tournant de l’histoire, le projecteur pivote à nou-
veau, lors de l’entrée en scène de l’autre fils, qui représente les
pharisiens dans cette parabole. « Or, le fils aîné était dans les
champs. Lorsqu’il revint et approcha de la maison, il entendit
la musique et les danses. Il appela un des serviteurs, et lui
demanda ce que c’était » (v. 25,26). Le serviteur lui répond que

70
Le fils prodigue

son père a fait tuer le veau gras parce que son frère est rentré à
la maison. Le frère aîné se met alors en colère : « Quoi ? Mon
bon à rien de frère, ce fils inutile qui s’est enfui avec l’héritage
et m’a laissé ici faire tout le travail, il est de retour ? Et nous
organisons une fête ? »
Le frère aîné refuse d’entrer, et le père remarque son absence.
Il sort donc et le supplie de rentrer, mais le fils aîné lui répond :
« Voici, il y a tant d’années que je te sers, sans avoir jamais
transgressé tes ordres, et jamais tu ne m’as donné un chevreau
pour que je me réjouisse avec mes amis. Et quand ton fils est
arrivé, celui qui a mangé ton bien avec des prostituées, c’est
pour lui que tu as tué le veau gras ! » (v. 29,30.)
Cependant, le père rétorque : « Mon enfant, tu es toujours avec
moi, et tout ce que j’ai est à toi ; mais il fallait bien s’égayer et se
réjouir, parce que ton frère que voici était mort et qu’il est revenu
à la vie, parce qu’il était perdu, et qu’il est retrouvé » (v. 31,32).
Les pharisiens détestaient les pécheurs. Ils ne supportaient
pas de voir un pécheur recevoir une bénédiction du Dieu
tout-puissant. C’est là le cœur d’une personne non conver-
tie, d’une personne qui ne comprend pas du tout la grâce. Si
quelqu’un comprend la gratuité de la grâce, comment peut-il
ne pas se réjouir quand quelqu’un d’autre reçoit cette grâce de
Dieu – même s’il s’agit de son pire ennemi ?
Cette histoire est une image de l’Évangile. Une personne se
convertit à Christ. Celui qui était mort dans son péché et ses
fautes est rendu à la vie.

71
Chapitre 11

Les vierges sages et les


vierges folles
(Matthieu 25.1‑13)

A u temps de la Bible, les lampes faisaient à peu près la taille


de la paume d’une main. Elles étaient relativement plates,
avec de l’espace dédié à la réserve d’huile, et la mèche flottait à la
surface. Il n’y avait cependant rien de plus inutile qu’une lampe
sans huile – comme nous le voyons dans la parabole de Jésus
sur les vierges sages et les vierges folles dans Matthieu 25.1‑13.
Jésus raconte cette parabole de dix femmes – cinq sages
et cinq folles – qui ont été invitées à un mariage. C’est la
mariée elle-même qui a dû inviter ces vierges à être ses dames
d’honneur. Elles étaient censées l’aider à se préparer pour ce

73
Que signifient les paraboles de Jésus ?

merveilleux moment où elle serait unie à son époux par les liens
du mariage. C’était un événement joyeux, un honneur d’avoir
reçu une telle invitation.
Cette parabole parle de la venue de l’époux – c’est-à-dire
le Maître, le Fils de l’homme, Christ – pour célébrer son
mariage avec son Église. Mais le problème est que la moitié de
ces femmes, qui font partie du cercle restreint des participants,
sont considérées comme folles. Et la raison pour laquelle elles
sont qualifiées d’insensées est qu’elles sont venues à ce mariage
sans s’y être préparées.
Ces demoiselles d’honneur insensées représentent les
membres de l’Église, ceux qui font partie de l’assemblée du
peuple de Dieu. Pour être membre de l’Église à l’âge adulte,
une personne doit faire une profession de foi en Christ. Donc
je pense que nous pouvons partir du principe que ces dix
femmes avaient fait leur profession de foi en Christ. Nous ne
parlons pas de païens rencontrés dans la rue, de personnes qui
essayaient de s’incruster à la fête du mariage, ou de personnes
provenant d’autres nations. Ce sont des amies de l’épouse,
et elles s’attendent à participer à la joyeuse fête du mariage
quand l’époux viendra.
Les dix vierges ont toutes apporté des lampes au mariage,
mais les vierges sages ont aussi apporté de l’huile. Et il s’est
avéré que le mariage a été retardé parce que le marié n’est pas
arrivé à l’heure prévue. Pendant qu’elles attendaient l’arrivée
de l’époux, elles se sont toutes endormies. À minuit, elles ont
été réveillées par cette annonce publique : « Voici l’époux ! »

74
Les vierges sages et les vierges folles

Et l’histoire raconte que les cinq vierges sages ont immédiate-


ment garni leurs lampes. Elles étaient prêtes à se rendre là où
la cérémonie allait avoir lieu.
Mais les vierges folles se sont rendu compte qu’elles n’avaient
pas d’huile pour leurs lampes. Tout au long de l’histoire de
l’Église, de nombreuses personnes ont tenté d’interpréter cette
parabole comme une allégorie. Jésus lui-même donnait parfois
une interprétation allégorique à une parabole, comme dans celle
du semeur (Mt 13.1‑15 ; Mc 4.1‑12 ; Lu 8.4‑10). Mais dans la
plupart des cas, la manière la plus sûre d’interpréter les para-
boles consiste à rechercher une seule interprétation pertinente
et à ne pas se perdre en essayant de trouver une signification
particulière à chaque détail de l’histoire. Si vous agissez de la
sorte, vous finirez probablement par être totalement désorienté.
Néanmoins, comme il est évident que le thème central de
cette histoire est le manque significatif de quelque chose au
sein d’un groupe, chose que l’autre groupe possède – en l’oc-
currence, l’huile –, on peut alors se demander : « Quelle est la
signification de l’huile ? » Historiquement, l’Église catholique
romaine a identifié l’huile comme étant les bonnes œuvres qui
doivent être ajoutées à la foi pour qu’une personne puisse être
sauvée. Les protestants, quant à eux, ont souvent considéré
l’huile comme un symbole du Saint-Esprit, car dans la litté-
rature biblique, elle est fréquemment utilisée pour représenter
le Saint-Esprit – et l’idée qui ressort de ce passage est que ces
vierges folles n’avaient sans doute pas le Saint-Esprit. Qu’il y

75
Que signifient les paraboles de Jésus ?

ait un point allégorique ici ou non, une chose est absolument


claire : ce qui leur manquait les a exclues de la fête du mariage.
Les vierges sages ont préparé leurs lampes et sont parties
à la rencontre de l’époux, tandis que les vierges folles, qui
n’avaient pas ce qu’il fallait, ont essayé de négocier avec les
vierges sages, en leur disant : « Donnez-nous de votre huile,
car nos lampes s’éteignent » (v. 8). Mais les vierges sages leur
ont répondu : « Non ; il n’y en aurait pas assez pour nous et
pour vous ; allez plutôt chez ceux qui en vendent, et achetez-en
pour vous » (v. 9). Les folles ont alors suivi le conseil des sages,
ce qui est extraordinaire, car les insensés écoutent rarement
les personnes sages. Elles se sont donc mises en route pour
acheter de l’huile.
Puis le marié est arrivé. Il est apparu dans la salle de mariage.
Et comme le voulait la coutume, les portes donnant sur l’exté-
rieur ont été fermées et verrouillées. Lorsque les vierges folles
sont revenues et ont réalisé que le mariage avait commencé, elles
ont tiré énergiquement la poignée de porte. Elles ont essayé d’en-
trer. Mais la porte était fermée. Elles ont crié à travers la porte,
interrompant la cérémonie de mariage, en disant : « Seigneur,
Seigneur, ouvre-nous » (v. 11).
Voilà un exemple de ce que j’appelle les doubles appels.
Nous retrouvons dans les Écritures une quinzaine d’oc-
currences où l’on s’adresse à quelqu’un par la répétition de
son nom. « Abram, Abram. » « Jacob, Jacob. » « Mon père,
mon père. » « Marthe, Marthe. » « Saul, Saul. » « Absalom,

76
Les vierges sages et les vierges folles

Absalom. » Répéter un nom dans les Écritures est une façon


d’exprimer une intimité personnelle.
Les vierges folles ne se sont pas contentées de crier en pleine
nuit : « Seigneur ! » Elles ont crié : « Seigneur, Seigneur ! Tu es
notre Seigneur ! Nous voulions être là, nous nous attendions
à être présentes à ton mariage. Tu es notre Seigneur, Seigneur.
Tu nous connais. Nous te connaissons parfaitement bien, car
nous entretenons avec toi une relation étroite et personnelle.
Nous ne sommes pas là pour forcer la porte ni des étrangères
essayant de s’introduire à ton mariage. » Mais le marié leur
a répondu : « Je vous le dis en vérité, je ne vous connais pas.
Vous avez peut-être reçu des invitations. Vous avez peut-être
des lampes, sans huile. Et vous m’appelez “Seigneur, Seigneur”.
Mais je ne sais pas qui vous êtes. »
Un peu plus tôt dans l’Évangile selon Matthieu, le sermon
sur la montagne se termine de la même manière. Jésus dit en
effet : « Ceux qui me disent : Seigneur, Seigneur ! n’entreront pas
tous dans le royaume des cieux, mais seulement celui qui fait la
volonté de mon Père qui est dans les cieux. Plusieurs me diront
en ce jour-là : Seigneur, Seigneur, n’avons-nous pas prophétisé
en ton nom ? » (Mt 7.21,22.) J’étais prédicateur. J’enseignais à
l’école du dimanche. J’étais un ancien. J’étais diacre. J’ai fait
toutes ces choses. J’ai chassé des démons et fait beaucoup de
miracles en ton nom. « Alors je leur dirai ouvertement : Je ne
vous ai jamais connus ; retirez-vous de moi, vous qui commettez
l’iniquité » (v. 23).

77
Que signifient les paraboles de Jésus ?

Nous voyons ici le parallèle. À la noce, l’époux a répondu :


« Je ne vous connais pas. » Un an plus tôt, à la fin du sermon
sur la montagne, Jésus avait dit : « Je ne vous ai jamais connus. »
L’époux, qui représente Christ, ne parle pas d’absence d’infor-
mation cognitive. Ce n’est pas comme si Jésus disait : « Je ne t’ai
jamais connu. Je n’ai jamais vu ton nom sur la liste de l’Église
ou sur le registre des inscrits. » Il utilise le mot connaître dans le
sens personnel – le sens rédempteur. Il connaît peut-être leurs
noms. Il sait peut-être où vivent ceux qui s’adressent ainsi à lui.
Il sait peut-être qu’ils prêchent, qu’ils servent, et ainsi de suite.
Mais Jésus leur dit quand même : « Je ne t’ai jamais connu en
tant que sauveur. »
Que manquait-il dans la vie des vierges folles ? Le salut.
La foi salvatrice. Il est évident qu’elles n’avaient pas la puis-
sance régénératrice du Saint-Esprit. Si elles avaient eu la foi
salvatrice, même si elles étaient arrivées en retard, le Seigneur
les aurait peut-être réprimandées pour avoir oublié leur huile.
Mais il n’aurait pas dit : « Je ne sais pas qui vous êtes. » Cette
parabole ne concerne pas les païens. Elle concerne ceux qui
ont fait une profession de foi, mais qui n’ont pas réellement ce
qu’ils professent. Et si nous mettons tout cela en parallèle avec
Matthieu 7, nous réalisons que les fausses professions de foi ne
concernent pas seulement une poignée de personnes, mais un
très grand nombre.
À quel groupe vous identifiez-vous ? Si vous êtes membre
d’une Église et si vous avez fait une profession de foi, il serait
naturel pour vous de vous identifier aux vierges sages, voire de

78
Les vierges sages et les vierges folles

regarder avec dédain les insensées qui n’ont pas apporté d’huile
pour alimenter leurs lampes. Et si vous faisiez partie des insen-
sées ? Jésus ne donne cet avertissement que lorsque la porte est
fermée, quand il est trop tard. Ainsi, quand je fermerai les yeux
au jour de ma mort et que je rendrai mon dernier souffle sur
cette terre, le premier visage que je verrai sera celui de Jésus.
Et il me dira peut-être : « Qui es-tu ? » Je souhaite donc que
nous nous examinions nous-mêmes pour nous assurer que nous
avons la foi salvatrice. Est-ce que nous manifestons le fruit de
cette foi ? Ou bien nous reposons-nous sur l’appartenance à
une Église ou un groupe biblique ou au fait de participer à un
culte chrétien ? Tous ceux qui ont fait une profession de foi sont
invités aux noces de l’Agneau, mais tout le monde ne participera
pas à la fête. Que cette parabole nous réveille si nous baignons
dans un sentiment de fausse sécurité.

79
Chapitre 12

Les talents
(Matthieu 25.14‑30)

I l y a des années de cela, j’ai fait passer un examen à une


classe d’étudiants. Au moins cinq d’entre eux sont par la
suite venus me dire : « Professeur, je suis désolé, mais je ne me
suis pas très bien préparé pour cet examen. J’espère que vous
ne m’en tiendrez pas rigueur, car sachez que mon cœur est
rempli d’amour pour le Seigneur Jésus, et que j’essaie de faire
ce que je peux. En réalité, au lieu d’étudier la semaine dernière,
j’ai été activement impliqué dans une action d’évangélisation,
d’où le fait que je n’ai pas très bien réussi cet examen. » Je
leur ai répondu : « Vous semblez avoir une bonne maîtrise de
la doctrine de la justification par la foi, et je veux que vous
sachiez qu’en ce qui concerne le royaume de Dieu, vous ne

81
Que signifient les paraboles de Jésus ?

pouvez être justifié que par votre foi. Mais dans cette classe,
c’est la justification par les œuvres seules. Je suis content de
savoir que vous aimez Jésus, mais j’espère que vous l’aimez
assez pour devenir des intendants qui utilisent avec plus de
diligence leur temps ici à l’université et que vous vous mettrez
à réviser pour vos examens, afin de mettre à profit les capacités
qu’il vous a données. »
Leur raisonnement découlait de l’idée que nous n’avons
besoin que d’un cœur aimant et chaleureux, et que la justifi-
cation ne s’obtenant pas par les œuvres, les chrétiens n’ont pas
besoin de se mettre au travail. Je constate d’ailleurs que cette
idée fausse est largement répandue dans le milieu évangélique.
Mais comment peut-on lire les Évangiles et ne pas voir l’impor-
tance que notre Seigneur accorde à la productivité ou au fait de
porter des fruits ? Un arbre qui ne donne pas de fruits ne mérite
que d’être coupé et jeté au feu. C’est à leurs fruits que vous les
reconnaîtrez, non à leurs paroles, mais à la manière dont ils
mettent en pratique la foi qu’ils professent (voir Mt 7.19,20).
La parabole des talents dans Matthieu 25.14‑30 est l’une
des trois paraboles que Jésus a données pour avertir les gens de
la soudaineté de sa venue. Son avènement peut être considéré
comme un événement eschatologique qui aura lieu à la fin des
temps, mais à l’échelle de notre eschatologie personnelle, cela
peut se produire dans l’heure qui suit. Jésus veut que nous
soyons prêts pour son retour.
Il ne s’agit pas d’une parabole sur les divers talents et dons de
capacités que Dieu nous accorde dans ce monde. Ici, l’utilisation

82
Les talents

du mot talent ne fait pas référence à une compétence particu-


lière. Il fait référence à l’unité monétaire la plus élevée chez
les Juifs à cette époque-là. Un talent représentait en effet une
somme d’argent considérable. Il équivalait à environ vingt
ans de salaire pour un ouvrier. Ainsi, cet homme qui part en
voyage dans un pays lointain est suffisamment riche pour avoir
des serviteurs, et leur confier une grosse somme d’argent pen-
dant son absence. Il donne à l’un de ces serviteurs cinq talents
d’argent – une somme considérable. Puis il donne au deuxième
serviteur deux talents d’argent, et au troisième un seul talent.
Il distribue ces montants selon sa perception de leur capacité
à être productifs et fructueux avec l’argent qu’il leur confie.
Certaines personnes voient dans cette parabole un puissant
argument en faveur du capitalisme. Certes, elle ne s’oppose
pas au capitalisme, mais je ne pense pas que le but premier de
celle-ci soit de soutenir un système économique particulier.
Toutefois, il y a bien un point commun entre le capitalisme et la
sagesse de cette parabole, à savoir le principe de la gratification
différée, ainsi que l’investissement de votre capital, de sorte qu’il
travaille pour vous et accroisse votre revenu. Le capitalisme
réprouve le gaspillage, les dépenses frivoles et l’idée de gratifi-
cation immédiate. L’idée est plutôt d’accroître vos ressources
par des investissements judicieux.
Ici, le maître demande à ses serviteurs de se montrer sages,
d’être des investisseurs avisés et d’être productifs avec ce qu’ils
ont reçu. Les talents sont prêtés par le maître, les serviteurs ne
sont pas les propriétaires de cet argent qui leur a été confié. Ce

83
Que signifient les paraboles de Jésus ?

fait renvoie également au principe chrétien de l’intendance.


Dans le monde antique, l’intendant n’était pas le propriétaire
de la maison, mais il gérait les finances de la maison.
Le terme économie vient du grec oikonomia, qui signifie « loi
de la maison » ou « supervision de la maison ». C’est de ce mot
que provient le concept d’intendance – un intendant gère les
affaires de la maison, mais il n’en est pas le propriétaire. Par
extension, les chrétiens considèrent que tout ce que l’on possède,
y compris nos compétences et nos capacités, est confié par Dieu.
Nous sommes donc appelés à être de bons intendants de ce que
nous recevons de la main de Dieu.
L’un des principes de l’époque de la Réforme était le concept
luthérien du sacerdoce de tous les croyants. Luther ne cherchait
pas à se débarrasser du clergé. Il savait que ce dernier avait une
fonction spécifique à remplir. Ses membres devaient équiper
les saints pour le ministère. Il soutenait toutefois l’idée que
chaque chrétien doit participer à la mission de l’Église. Vous
n’êtes peut-être pas un évangéliste. Vous n’avez peut-être pas ce
don particulier. Mais il est quand même de votre responsabilité
de vous assurer que l’évangélisation a lieu. Il n’y a pas de place
pour les fainéants dans le royaume de Dieu.
En tant que président d’une organisation chrétienne, je dois
parfois licencier des gens. Certains disent que l’on ne devrait
jamais virer quelqu’un dans une organisation chrétienne sous
prétexte que « ce n’est pas chrétien ». Je vais vous dire ce qui n’est
pas chrétien : ne pas travailler ! J’ai déjà entendu de la bouche
de certaines personnes : « Vous êtes plus difficile à joindre que

84
Les talents

le président des États-Unis. » Ce à quoi je réponds : « Je suis


heureux de vous l’entendre dire. Il y a une raison à cela. J’ai
un travail beaucoup plus important que le sien. Mon métier
consiste à prendre soin du peuple de Dieu et de ses besoins
spirituels. » Je serai tenu responsable. Nous sommes tous habi-
lités par le Saint-Esprit à exercer un ministère. Et lorsque Jésus
reviendra, il nous demandera des comptes. Il nous dira : « Je t’ai
donné telle ou telle capacité. Je t’ai donné telle ou telle oppor-
tunité. Je t’ai donné telle ou telle mission. Qu’en as-tu fait ? »
Dans la parabole de Jésus, le propriétaire finit par revenir.
Il dit à l’homme à qui il avait donné cinq talents : « Eh bien,
quelles sont les nouvelles ? » L’homme lui répond : « Voici tes
cinq talents, et cinq autres de plus. J’ai doublé ton argent. J’ai
fait du commerce, j’ai été prudent et productif. »
Lisez ce que lui répond le maître. N’aimeriez-vous pas
entendre ces mêmes paroles de la part de Jésus ? « C’est bien,
bon et fidèle serviteur ; tu as été fidèle en peu de chose, je te
confierai beaucoup ; entre dans la joie de ton maître » (v. 21).
Pouvez-vous imaginer ce que ce serait d’entendre cela de la
bouche de Jésus ? Si Jésus vous regardait dans les yeux à la fin
de votre vie, et vous disait : « Je te connais. La porte n’est pas
fermée pour toi. Je suis si heureux que tu sois là. C’est bien,
bon et fidèle serviteur. Je t’ai confié cinq talents, et tu les as
transformés en dix, et parce que tu t’es montré aussi ingénieux,
un si bon intendant de ces petites choses, je vais te nommer
responsable de bien plus de choses. Maintenant, viens, entre
dans la joie de ton Seigneur. »

85
Que signifient les paraboles de Jésus ?

Le maître se tourne alors vers le second serviteur, qui lui


dit : « Seigneur, tu m’as remis deux talents ; voici, j’en ai gagné
deux autres. » Et le maître lui dit la même chose : « C’est bien,
bon et fidèle serviteur ; tu as été fidèle en peu de chose, je te
confierai beaucoup ; entre dans la joie de ton maître » (v. 23).
Puis nous arrivons au point culminant de cette parabole,
avec le serviteur qui avait reçu un seul talent. Il vient avec des
excuses. Pire encore, avec des accusations contre son maître :
« Seigneur, je savais que tu es un homme dur, qui moissonnes
où tu n’as pas semé, et qui amasses où tu n’as pas vanné ; j’ai
eu peur, et je suis allé cacher ton talent dans la terre ; voici,
prends ce qui est à toi » (v. 24,25).
Le maître, indigné, lui répond :

Serviteur méchant et paresseux, tu savais que je mois-


sonne où je n’ai pas semé, et que j’amasse où je n’ai pas
vanné ; il te fallait donc remettre mon argent aux ban-
quiers, et, à mon retour, j’aurais retiré ce qui est à moi
avec un intérêt. Ôtez-lui donc le talent, et donnez-le à
celui qui a les dix talents. Car on donnera à celui qui a,
et il sera dans l’abondance, mais à celui qui n’a pas on
ôtera même ce qu’il a (v. 26‑29).

Le serviteur s’était vu confier les biens de son maître, mais


il a craint de prendre des risques. La confiance qui lui était
accordée supposait qu’il devait faire fructifier ce qui lui avait été
donné – et cela signifiait prendre des risques. Il devait s’agir de

86
Les talents

risques sages et calculés, mais le maître a néanmoins reproché


au serviteur de ne pas en avoir pris et d’avoir succombé à la
peur. Au moins, dans une banque, l’argent aurait été en sécu-
rité et aurait rapporté des intérêts. Mais le serviteur a négligé
la confiance qui lui avait été accordée, et le maître lui a pris le
talent pour le donner à celui qui s’était montré plus méritant –
celui qui avait dix talents.
Nous sommes tous des serviteurs inutiles. Sans la grâce de
Dieu, nous ne pourrions rien produire. Mais nous sommes
appelés à être fidèles dans ce qui nous a été confié. Le serviteur
paresseux était mauvais. Il a perdu ce que le maître lui avait
donné, et a ensuite entendu les terribles paroles suivantes : « Et
le serviteur inutile, jetez-le dans les ténèbres du dehors, où il y
aura des pleurs et des grincements de dents » (v. 30). Vous savez
ce que cela signifie. Envoyez-le en enfer. Envoyez-le là où il n’y
aura pas la joie du Seigneur. Quel horrible scénario Jésus décrit
ici pour l’improductif qui professe une foi en lui, mais qui ne
montre aucun fruit de cette foi ! Le serviteur inutile subit le
même sort que celui des vierges folles.
Je ne sais pas pour vous, mais je n’ai aucune envie de me
retrouver dans un endroit où le seul son audible serait celui de
pleurs et de grincements de dents. Je veux entendre la voix qui
dit : « C’est bien, bon et fidèle serviteur […], entre dans la joie
de ton maître. »

87
À propos de l’auteur

R. C. Sproul fut le fondateur du ministère Ligonier, le pasteur


fondateur de la Saint Andrew’s Chapel à Sanford, en Floride,
le premier président du Reformation Bible College, et le rédac-
teur en chef du magazine Tabletalk. Son émission de radio,
Renewing Your Mind, est toujours diffusée quotidiennement
sur des centaines de radios à travers le monde et peut également
être écoutée en ligne. Il fut l’auteur de plus d’une centaine
de livres, dont La sainteté de Dieu et Choisis par Dieu. Il est
reconnu dans le monde entier pour avoir brillamment défendu
l’inerrance des Écritures et la nécessité pour les croyants de
s’attacher fermement à la Parole de Dieu.

89
Ligonier Ministries est une organisation internationale de
formation de disciples chrétiens fondée par le Dr R. C. Sproul
en 1971. Sa mission est de proclamer, d’enseigner et de défendre
la sainteté de Dieu dans toute sa plénitude auprès du plus grand
nombre de personnes possible. L’emblème de la Bibliothèque
Ligonier est devenu une marque de confiance dans le monde entier
et dans de nombreuses langues.

Motivé par le Grand Mandat, le ministère Ligonier partage des


ressources pour contribuer à la formation de disciples dans le
monde entier, que ce soit en format imprimé ou numérique. Des
livres, des articles et des séries d’enseignements vidéo dignes de
confiance sont traduits ou doublés dans plus de quarante langues.
Nous désirons soutenir l’Église de Jésus-Christ en aidant les
chrétiens à connaître davantage leur foi, à mieux la comprendre,
la vivre et la communiquer.

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Éditions La Rochelle est une maison d’édition qui vise la
conversion des non-croyants, tout en cherchant à équiper
les saints pour servir le Christ et son Église. Elle traduit et
édite des ouvrages qui sont en accord avec les Écritures et les
confessions réformées historiques, notamment la Confession
de La Rochelle. À l’image des pionniers qui traversèrent
l’océan pour apporter les vérités de la réforme protestante
en Nouvelle-France, les Éditions La Rochelle veulent, à leur
tour, contribuer à faire rayonner ces vérités dans toute la
francophonie par la publication d’excellents ouvrages.

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Publications Chrétiennes est une maison d’édition évangélique qui
publie et diffuse des livres pour aider l’Église dans sa mission parmi
les francophones. Ses livres encouragent la croissance spirituelle en
Jésus-Christ, en présentant la Parole de Dieu dans toute sa richesse,
ainsi qu’en démontrant la pertinence du message de l’Évangile pour
notre culture contemporaine.

Nos livres sont publiés sous six différentes marques éditoriales qui
nous permettent d’accomplir notre mission :

Nous tenons également un blogue qui offre des ressources gratuites


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