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OPÉRATIONNELS

SOUTIEN LOGISTIQUE DÉFENSE SÉCURITÉ

Aviation militaire
Le défi de la Covid, par le général (2S) Laurent
AUTOMNE 2020
NUMERO #50

Naval
« Top Gun Revisited », with Rear-Admiral Brophy

Sécurité
La lumière, arme de première ligne
... SOMMAIRE ... SOMMAIRE ... SOMMAIRE ...SO
SO

4 Editorial

Dans l’œil du cyclone


Par Murielle Delaporte

6 L’analyse du Conseil éditorial

Obligation de permanence ...


Les défis de l’aviation militaire face aux effets de la Covid-19
Par le général de corps aérien (2S) Jean-Marc Laurent

12 Formation aéro

Pilotes
Ecole de l’aviation de chasse de Tours : la fin d’une époque
Par Frédéric Lert

ESO Aéro
Rochefort, creuset de la formation des sous-officiers aéro
Par le lieutenant-colonel (R) Pascal Podlaziewiez

24 Naval
In English
Fop Gun Revisited: Preparing for the Great Power Competition
An Interview with Rear Admiral Richard Brophy
By Robbin Laird

Innovation
Par Linda Verhaeghe
Rencontres du Morbihan :
innovation de défense et technologies duales à l’honneur
Entretien avec Jean-Michel Jacques

Guerre des mines : du nouveau chez RTsys
Menaces
... Effet Covid ...
Les voies maritimes de plus en plus prisées par les narcotraficants
Par Romain Petit

36 Sécurité
Tactique
Eclairer pour vaincre :
la lumière comme première ligne de défense
Dossier de Claude Corse, avec le retour d’expérience de Thierry Delhief

Innovation ... En bref ...


Axon : la police de demain
Tixeo : la vidéo-collaboration en toute sécurité
Par Claude Corse

L’US Army et SOCOM renouvèlent leurs armes légères


BWA : le pari européen du haut de gamme
Par Philippe Couvreur
Opérationnels SLDS # 50 3
Soutien Logistique Défense Sécurité
N° 50 - Automne 2020
Siège social
DIESL
éditorial
« Chacun est responsable de tous.
Défense interarmées et soutien logistique Chacun est seul responsable.
Paris, France Chacun est seul responsable de tous. »
Dépôt légal / ISSN : 2273-4201 Antoine de Saint-Exupéry

www.operationnels.com

Directrice de publication / Rédactrice en chef


Murielle Delaporte
m.delaporte-laird@operationnels.com
Dans l’œil du cyclone
06 89 74 24 31 Par Murielle Delaporte
Communication
Claire Colat-Parros
clairecolatparros@gmail.com La crise Covid a vulgarisé l’approche
06 83 50 08 58 d’un « monde d’avant » et d’un « monde
d’après ». Si on peut être sceptique sur une
Publicité
Sylvana Desforges telle rupture et de tels propos tendant à
h4com@wanadoo.fr l’exagération, il n’en reste pas moins que
06 10 17 29 41 cette pandémie a au moins deux effets
indiscutables : d’une part, l’exacerbation
Développement
Claude Corse
des tendances sous-jacentes avant mars
claudecorse.ops@gmail.com dernier et, d’autre part, l’accélération
06 09 17 74 07 du changement de paradigme qui sévit
au sein de nos sociétés et au regard des
Contributeurs et Interviewés équilibres mondiaux, et que nul ne peut
Colonel Guillaume Bourdeloux
Raphaël Bourdon contester. Nous sommes dans l’œil du
Contre-amiral Richard Brophy cyclone à bien des égards et, comme
Claude Corse dans la plupart de ces phénomènes
Philippe Couvreur
Thierry Delhief météoroligiques extrêmes, nous sommes
Lieutenant-colonel G. confrontés en son sein à de multiples
Jean-Michel Jacques tornades auxquelles nous devons faire
Robbin Laird
Général de corps aérien (2S) Jean-Marc Laurent face tant bien que mal.
Frédéric Lert
Romain Petit
Le cyclone, dans le domaine qui nous
Lieutenant-colonel (R) Pascal Podlaziewiez préoccupe, quel est-il ? Il s’agit en
Linda Verhaeghe l’occurrence du bouleversement de
l’équilibre des puissances à l’échelle
Relecture & Prepresse
Nicole Cointement planétaire et du retour à la compétition
Claire Colat-Parros militaire directe entre grandes puissances,
Pauline Schaltegger dans laquelle l’Europe se trouve à la fois
Impression
actrice et spectatrice.
Imprimerie de Champagne Les tornades sont multiples et ce numéro
Abonnement
aborde - au travers de ses reportages et
contact@operationnels.com analyses - deux d’entre elles :
Site internet Operationnels.com • La première est la transition numérique
Murielle Delaporte et le défi qu’elle représente au niveau de
Marc Passarelli
Romain Petit
la formation de militaires « zoomers » que
les Armées ont parfois du mal à conserver
Vidéos OPS
Claude Corse

Réseaux sociaux
Murielle Delaporte Photo de couverture
EFSOAA
Les opinions exprimées au sein de cette
publication n’engagent que leurs auteurs. Les © Pascal Podlaziewiez, 2020
publicités insérées relèvent de la responsabilité des
annonceurs.
dans leurs rangs sur longue période. Les reportages de Frédéric
Lert et de Pascal Podlaziewiez mettent en avant une partie des
changements et des révolutions discrètes que l’armée de l’Air est
en train de mettre en place. Le cursus de formation des pilotes,
mais aussi des sous-officiers - c’est à dire tous les maintenanciers
aéronautiques , quel que soit leur milieu d’appartenance (armée
de l’Air, de Terre, Marine et Gendarmerie nationales) est ainsi
en pleine mutation. Une immersion au sein du NAWDS – Naval
Aviation Warfighting Development Center - centre d’excellence
de l’US Navy pour la formation et le développement des tactiques
et procédures de combat (TTPs pour « Tactics, Training and
Procedures ») dans le domaine aéronaval et nouvelle école Top
Gun depuis les années quatre-vingt-dix – offre un regard croisé
sur les thématiques évoquées plus haut, au travers d’un entretien
avec son commandant, le contre-amiral Richard Brophy : y est
notamment décrite la mise à disposition d’approches numériques
récemment défrichées au service de nouveaux scenarii de
combat face à un - ou des - adversaires « de haut du spectre ».
• La seconde tornade est bien-sûr celle de la Covid-19 qui n’a
de cesse de perturber le fonctionnement normal de nos sociétés
tout en accélérant la première. Dans le domaine de la défense
et de la sécurité, ce sont tout d’abord les menaces qui évoluent
malgré, ou à cause de, la pandémie. Un exemple caractéristique
est celui de la recrudescence de l’utilisation des voies maritimes
– et notamment des narcosubs – dans le traffic de drogue
international, dont Romain Petit nous relate l’historique en détail.
Ce sont aussi les tests de nos solidarités au sein des alliances
internationales, alors que la désorganisation économique actuelle
n’a pas fini d’accumuler les conséquences d’ordre budgétaire.
Les premières victimes pourraient en être des pans entiers de
notre industrie affectant nos capacités de protection contre des
prédateurs tirant actuellement profit de cette crise. Le général
(2S) Jean-Marc Laurent tire ainsi la sonnette d’alarme en ce qui
concerne les attaques en règle contre le secteur aéronautique
dans son ensemble et parle du risque d’un véritable « Pearl
Harbour stratégique », si l’on n’y prend garde.
Contrairement aux sirènes actuelles vantant les mérites
d’alternatives sociétales type décroissance, notre première ligne
de défense consiste plus que jamais à ne pas baisser la garde
en continuant à investir dans nos forces armées et de sécurité,
tant sur le plan humain que sur le plan des équipements et
des innovations technologiques, dont vous trouverez quelques
exemples dans les pages qui suivent au travers de reportages
réalisés par Linda Verhaeghe dans le domaine naval (Rencontres
du Morbihan) et par Claude Corse, Thierry Delhief et Philippe
Couvreur dans le domaine de la sécurité (lampes tactiques et
munitions en particulier).
Si la Covid agit comme une tornade, c’est à nous tous de veiller
à ce qu’elle ne génère pas une lame de fond sonnant le glas de
nos démocraties occidentales …
Bonne lecture à tous !

Opérationnels SLDS # 50 5
Soutien Logistique Défense Sécurité
... L’ANALYSE DU CONSEIL EDITORIAL ... POSTURE STRATEGIQUE ET COVID ...

... Obligation de
permanence ...
Les défis de
l’aviation militaire
face aux effets de
la Covid-19
Par le général de corps aérien (2S) Jean-Marc Laurent

Crédit photo : permanence au Commandement des forces aériennes stratégiques


© Alexandre Beuzeboc, armée de l’Air, BA 125 d’Istres, mars 2018
L’aviation militaire n’a pas échappé aux effets de la COVID-19
L’impact économique et humain de la crise sanitaire de la COVID-19 sur la filière
aéronautique est assurément majeur, partout dans le monde et bien entendu en
France. Ses effets ont été fortement ressentis dans l’aviation commerciale dont les
flottes, brutalement clouées au sol, ne reprennent que progressivement les Airs. Par
voie de conséquence, c’est tout l’écosystème du transport aérien qui a dû contracter
son activité et certains de ses acteurs ont d’ores et déjà été condamnés à disparaître.

Si la loupe médiatique s’est largement portée sur l’aviation grand public, l’aéronautique
militaire n’a pas été épargnée par la pandémie. Les forces armées françaises, mais
aussi européennes et alliées, n’ont ainsi pas échappé au cataclysme sanitaire et ont
été confrontées au double défi de se protéger en adoptant des mesures conservatoires
tout en répondant à l’obligation de permanence opérationnelle, que ce soit au
titre de la souveraineté (dissuasion, défense aérienne, action outre-mer, etc.) ou
des engagements internationaux (Levant, Sahel, Baltique, etc.). Contrairement à
l’aviation civile, cet impératif stratégique leur a interdit toute interruption des vols
et les a obligés à assurer coûte que coûte une continuité de leur action sécuritaire
dans la troisième dimension.

La poursuite de ces missions de première ligne n’a pas bénéficié d’un réel éclairage
médiatique et est mal appréhendée par une opinion que la réalité quotidienne a
détournée vers des préoccupations plus personnelles. Certes, des événements liés
à la COVID-19 ont parfois permis aux forces aériennes interarmées de sortir de
l’ombre, qu’ils relèvent de la contribution à la réponse étatique (rapatriement de
nationaux depuis différentes zones du monde, déplacement de malades entre régions
européennes, etc.) ou qu’ils mettent en évidence des situations inhabituelles comme
l’épisode de contagion sur le porte-avions Charles de Gaulle. Les manifestations
de la fête nationale française ont aussi rappelé le rôle des armées dans la gestion
de la crise et le volet aérien n’a pas été oublié. Pour autant, on doit constater que
ces événements, médiatisés dans l’instant, n’ont pas empêché l’effet d’occultation
de l’immense tension que les forces en général, et aériennes en particulier, ont
supportée pour continuer à garantir la sécurité des Français, des Européens et des
Alliés. Photos : atelier M88
© SIAE, 2013
Il faut dire qu’il est toujours difficile, pour ceux qui ne les vivent pas directement,
de se représenter la réalité des engagements militaires. Leur éloignement, leur
8
dissémination, leur diversité et leur nature confidentielle ne facilitent pas leur
appropriation à l’échelle de l’individu. En outre, il est difficile, pour un citoyen,
confronté à une crise sanitaire qui peut le mettre personnellement en danger, de
s’attarder sur une action militaire vue comme distante. Mais il doit savoir que la
communauté de défense, et tout spécialement l’aviation militaire, a dû produire un
puissant effort pour répondre aux engagements sécuritaires nationaux, européens et
alliés, malgré les mesures sanitaires qu’elle a dû appliquer.

Cet effort, dont on se rend mal compte de l’ampleur, aura inévitablement des
répercussions humaines, techniques et donc capacitaires à court et moyen termes.
Mais cela pourrait arriver à un moment où les esprits verront dans la COVID-19 une
crise passée qui ne justifie plus la même urgence. Il est donc essentiel de souligner
dès à présent une situation éminemment critique pour ne pas laisser penser
que l’aviation militaire sortira indemne de l’épisode. Il s’agit de comprendre la
nécessité, comme pour d’autres secteurs d’activité de première ligne, d’une réponse
politique, économique, voire juridique à la hauteur, mais aussi du besoin d’un retour
d’expérience approfondi sur le concept d’emploi des forces armées, en général, et
aériennes, en particulier.

La pandémie,
révélateur des fragilités du concept d’emploi des forces aériennes
Il serait certainement prématuré et présomptueux de vouloir évaluer exhaustivement
les conséquences de la crise sanitaire sur l’action des forces aériennes françaises,
quelle que soit l’armée qui les met en œuvre. En effet, derrière les impacts les plus
manifestes se cachent toujours des contrecoups pervers qu’il est difficile de percevoir
et de mesurer quand la crise est encore en cours. Il s’agit donc ici de seulement
partager trois réflexions qui me viennent immédiatement à l’esprit et dont la prise
en compte me paraît essentielle au regard de l’avenir de ces forces de l’Air.

Ma première réflexion concerne la situation organique des armées françaises et de leur


composante aérienne. Les profondes transformations qu’elles ont subies depuis une
décennie (« subir » est le juste mot) et la forte diminution des effectifs militaires qui
en a résulté rendent désormais très laborieuse la gestion opérationnelle et technique
des moyens aériens en mode dégradé. Certes, la situation est en voie de redressement
depuis la revue stratégique nationale de 2017 et la loi de programmation militaire
qui a suivi. Mais son plein effet n’est pas encore atteint – en espérant qu’il le soit à
Opérationnels SLDS # 50 9
Soutien Logistique Défense Sécurité
... L’ANALYSE DU CONSEIL EDITORIAL ... POSTURE STRATEGIQUE ET COVID ... terme -, car il est plus facile de « casser » que de « reconstruire ». Ainsi, la remise à niveau
du système technico-opérationnel aérien, qui exige la formation d’experts techniques
de haut niveau, demandera de nombreuses années. En attendant, la COVID-19 a
été un révélateur et a plongé les forces aériennes dans une problématique humaine
d’ampleur, en nombre et en expertise. Elles ont ainsi dû combiner l’absolue nécessité
de confiner une partie des effectifs pour éviter un effet de contagion massif, tout
en palliant une activité industrielle momentanément stoppée en grande partie.
Cette situation technique a fortement impacté la capacité de maintien en condition
opérationnelle (MCO), tant en métropole que sur les théâtres d’opération, d’autant
qu’elle a en outre été soumise à la mise en place d’une logique de « sas sanitaires
» (c’est-à-dire des quarantaines) afin d’assurer des rotations sûres de personnels. Il
en a découlé une gestion complexe des spécialités et l’aggravation de phénomènes
de suractivité sur certaines d’entre-elles qui ont inévitablement perturbé l’activité
aérienne. Cette situation, de nature à altérer la capacité de défense et de souveraineté
du pays, aurait pu être très critique s’il avait dû affronter un autre événement
sécuritaire. Elle montre, si besoin en est, que les effectifs associés à un modèle d’armée
ne peuvent se limiter à une « juste suffisance » économique, mais qu’ils doivent être
calculés en fonction d’une contingence trop longtemps oubliée ou volontairement
occultée, et pourtant intimement associée au monde combattant, qui est l’attrition.

Ma seconde réflexion concerne la relation entre armées et industrie. Il faut ici en


souligner sa spécificité dans un pays où l’industrie de défense nationale n’est pas
seulement considérée comme un fournisseur de matériels, mais, avant tout, comme un
acteur à part entière de la posture de défense. Derrière le volontarisme des entreprises
de la base industrielle et technologique de défense (BITD), il est un cadre légal qui
ne leur permet pas, souvent à leur corps défendant, d’agir dans la même dynamique
d’exception que les militaires. La crise de la COVID-19 en a été une démonstration
marquante, puisque les règles du confinement et le droit civil du travail ont quasi
instantanément figé la capacité d’action des principaux partenaires industriels des
forces aériennes. Ces dernières ont alors dû prendre à leur compte une partie du
MCO de niveau industriel, en fait celui qui aurait bloqué l’exigence de continuité
et de permanence opérationnelles. Cette situation nous rappelle que la capacité
de résilience de ce qu’il est convenu d’appeler le niveau de soutien opérationnel
et le nécessaire empiètement de ce NSO sur des tâches de niveau industriel ont
fait l’objet d’âpres – et hélas vains - débats lors de la transformation de la défense
caractéristique de la décennie précédente. Nombreux, hors des armées, ont alors
voulu réduire la capacité technique des forces à sa plus simple expression, au nom de
l’idée aussi innocente que dangereuse de recentrer le militaire sur le seul emploi des
armes, excluant de fait sa capacité technique à les maintenir en situation industrielle
dégradée. Heureusement, l’aviation militaire a su habilement garder, contre ces
vents idéologiques mauvais, une partie de son expertise avancée et construire une
complémentarité résiliente avec ses partenaires industriels. Mais elle n’a pu éviter
la réduction des effectifs militaires et l’affaiblissement capacitaire en cas de crise
grave. La COVID-19 est aujourd’hui un révélateur du choix à faire entre efficience
et efficacité, entre logique économique et robustesse stratégique. La relation Etat-
Industrie doit certes se construire sur une complémentarité de compétences, mais
aussi sur un recoupement, voire une redondance, qui, si ils ne sont par nature pas les
moins coûteux, s’avèrent indispensables à la protection du pays.

Ma troisième réflexion concerne les risques liés à la concentration des forces, en


général, et celui des forces aériennes tout spécialement. La logique économique -
qui ne date pas de la dernière décennie, mais court depuis la fin de la Guerre froide
- a conduit à fortement réduire le nombre des bases aériennes et à concentrer les
moyens sur quelques emprises. Cette concentration aurait pu être encore plus
drastique, puisque l’optimum économique recherché prônait des bases aériennes
abritant quatre à cinq mille personnes et non deux à trois mille conformément aux
modèles qui prévalent à l’heure actuelle. En effet, pour des raisons stratégiques et
10
FFDJ © Murielle Delaporte, Djibouti, 2014
environnementales – notamment la limitation de l’impact de l’activité aérienne sur
les populations -, les armées ont réussi à contenir les tentations technocratiques.
Cette réduction a certes été en adéquation avec le nombre des aéronefs qui, lui
aussi, a lourdement décru. Elle a également permis de créer des synergies technico-
logistiques devenues indispensables. Mais la crise de la COVID-19 a non seulement
montré la vulnérabilité des concepts qui favorisent la concentration des forces, mais
doit nous servir de guide pour en éviter leur développement à l’avenir. Cette exigence
ne se limite pas au seul risque sanitaire et ce qui est vrai pour une pandémie l’est
aussi pour d’autres menaces à effet collectif comme celles des armes NRBC ou des
attaques par la voie des Airs. Je pense ici aux missiles qui seront les « agresseurs »
aériens du siècle et dont on constate à la fois la prolifération et l’augmentation de la
précision. Ces risques plaident pour une dispersion des forces, principe militaire qui
n’est pas innovant, mais qui a largement été oublié au profit de dispositifs obligeant
à les rassembler en un même lieu. Les épisodes médiatisés des porte-avions Charles
de Gaulle ou Théodore Roosevelt sont, à cet égard, marquants et instructifs. Réunir
autant de personnels sur de tels bâtiments crée un risque majeur face à une menace
à laquelle il n’est pas possible d’échapper : aujourd’hui un virus, demain un missile
balistique ou armes sous-marines hyper véloces telles que nombre de puissances
militaires développent actuellement. La problématique est la même pour certains
dispositifs à terre qui, ayant progressivement abandonné les réflexes de durcissement
de la Guerre froide, constituent de véritables pièges stratégiques. Je pense ici aux
bases aériennes massives, comme celles qui ont été créées en Afghanistan (Kandahar
ou Bagram), avec leurs trente mille combattants chacune, ou au centre de gestion des
opérations aériennes (CAOC) d’Al Udeid au Qatar qui accueille plus de dix mille
militaires et constitue un cœur vital des opérations aériennes. Cette concentration
de forces, qui témoigne d’une époque où la supériorité aérienne acquise a écarté la
menace venant des Airs, doit être reconsidérée. La probabilité croissante d’un conflit
majeur, où les rapports de force seront d’une autre nature que ceux connus depuis
trente ans, oblige à refuser les regroupements opérationnels massifs à la portée
des menaces que les nouvelles technologies nous font craindre. Elle nous incite, au
contraire, à favoriser les dispositifs légers et en réseau dont la force reposera sur les
promesses de la connectivité.

Sans cette précaution et la prise en compte des autres risques évoqués ci-dessus, nous
risquons de nous mettre dans la posture d’un Pearl Harbour stratégique.
Opérationnels SLDS # 50 11
Soutien Logistique Défense Sécurité
Formation pilotes AAE
Ecole de l’aviation de
chasse de Tours :
la fin d’une époque
Texte et photos de Frédéric Lert

Le 2 juillet dernier, une page s’est tournée sur la base aérienne 705 avec une ultime
cérémonie de macaronage au sein de l’Ecole de l’aviation de chasse 00.314 (EAC).
La base aérienne perd ses activités aéronautiques, ses Alphajet et son Escadron de
soutien technique aéronautique, mais son évolution vers un autre chapitre de son
existence devrait lui permettre de continuer à vivre et à prospérer.

Le coup d’envoi des cérémonies aurait dû être donné le 14 mai 2020 au cours d’une
journée de célébration en présence en particulier des ambassadeurs de l’armée
de l’Air et de l’Espace (AAE), Patrouille de France et Rafale solo display. Le
Coronavirus a eu finalement raison de ces préparatifs et l’Ecole de l’aviation de
chasse (EAC) située sur la base aérienne de Tours a ralenti ses activités dans la
plus grande discrétion, jusqu’à la très symbolique mission du 5 juin dernier : ce
jour là, un box de quatre Alphajet a été envoyé pour survoler une dernière fois
quelques communes emblématiques de la région, telles que Saumur et Cinq-Mars-
la-Pile, ainsi que le château de Villandry. Le 2 juillet suivant, douze pilotes et six
navigateurs de combat, étaient macaronés en présence du général Lavigne, chef
d’état major de l’armée de l’Air et de l’Espace.

Fin d’une époque et quasi fin de l’activité aéronautique militaire sur la BA


705, l’EAC a transféré depuis le 16 septembre son activité deux cent cinquante
kilomètres plus au sud, sur la base aérienne 709 de Cognac. Les futurs pilotes de
chasse y suivent dorénavant, à bord des très modernes Pilatus PC21, la phase III
de leur formation.

Plus qu’une page qui se tourne, c’est un livre entier qui se referme : l’EAC s’était
installée en Touraine en 1961 après sa création en 1943 sur le sol marocain, et
les Alphajet, chasseurs franco-allemand fabriqués par Dassault-Dornier, y avaient
peu à peu remplacé, dès 1979, les Lockheed T-33 dont elle était dotée depuis 1951.
Ce sont ainsi plus de quatre mille huit cent cinquante pilotes de chasse et près de
trois cent navigateurs officiers système d’armes (NOSA) qui auront été formés sur
la BA 705.

Les cinq derniers biplaces encore basés à Tours au début de l’été ont aujourd’hui
rejoint la base de Cazaux et sa 8ème escadre de chasse, ainsi que la base de Rochefort
comme matériel d’instruction. Un avion devrait se retrouver en stèle à l’entrée de
la base afin d’en pérenniser le souvenir.

Opérationnels SLDS # 50 13
Soutien Logistique Défense Sécurité
Réallocation de l’ESTA 15.314 Val de Loire
Pour les trois hangars emplis d’outillages, la solution
En charge de l’entretien et la mise en oeuvre des avions a consisté à placer ces derniers à la disposition des
au profit de l’EAC, l’Escadron de Soutien Technique autres bases. Les équipements les plus anciens étaient
Aéronautique (ESTA) 15.314 « Val de Loire » a été des plieuses datant de l’arrivée à Tours, en 1961.
bien-sûr concerné au premier chef par la manœuvre
logistique née du transfert d’activité. « Ces outillages étaient utilisés par les
... FORMATION PILOTES DE CHASSE ... REPORTAGE ...

chaudronniers dont les compétences restent


« Nous avons eu le temps de nous préparer très recherchées » souligne le lieutenant-colonel
à cette situation » souligne d’entrée de jeu le G. « Sur les quatre sous-officiers qualifiés que
lieutenant-colonel G., qui commanda l’escadron nous avions, l’un est parti à Solenzara, l’autre
jusqu’à l’été dernier. « En 2018 nous étions encore à Orléans et deux resteront ici un peu plus
cent soixante au sein de l’ESTA. Au début de longtemps pour participer au démantèlement
l’été 2020, nous n’étions plus que cent vingt de nos installations. L’atelier CND (contrôle
pour descendre à une trentaine de personnels en non destructif) sera envoyé à Orléans et ses
septembre pour former un échelon liquidateur. spécialistes se répartiront entre cette base et
Notre personnel a été réparti au sein de bases celle de Nancy ».
qui sont en pleine croissance avec l’arrivée
d’aéronefs nouveaux, comme Orléans, Cognac La base aérienne 120 de Cazaux, qui doit donc
ou Istres… héberger le dernier ESTA dédié aux Alphajet (lequel
De nombreux mécaniciens travailleront à entretient à ce titre les appareils de la Patrouille de
présent sur MQ-9 Reaper, Airbus A400M, France pourtant basés à Salon-de-Provence), hérite
ou A330 Phénix. Quelques-uns gagneront quant à elle de nombreux savoir-faire et équipements.
également Cazaux et poursuivront leur « Nous étions par exemple les seuls à disposer
carrière sur les Alphajet de la 8ème escadre de de valises de test pour le système de freinage
chasse. Depuis mon arrivée au Val de Loire en modistop de l’Alphajet », poursuit notre
2015, j’ai reçu beaucoup de jeunes mécaniciens interlocuteur, et cette compétence sera transfèrée à
et j’ai vu le départ de nombreux anciens, ce qui Cazaux.
a fait de l’ESTA une unité avec une moyenne
d’âge très jeune. Changer d’avion a été pour « La BA 120 recevra à partir de 2021 l’unité
tous ces jeunes sous-officiers un vrai défi, d’instruction spécialisée qui disposait de
mais les mutations se sont bien passées. La nombreux équipements didactiques ».
plupart d’entre eux ont pu rejoindre la base de Depuis septembre, l’échelon liquidateur resté en place
leur choix. » démantèle les dernières installations militaires. Il
14
assure également le soutien en oxygène des avions de la pompiers et contrôleurs militaires ainsi que d’une
permanence opérationnelle qui sont encore pendant partie du soutien logistique retranchera environ cent
quelques mois les derniers aéronefs militaires présents cinquante personnels supplémentaires.
sur la base. Il est vraisemblable que l’ESTA sera
dissout en juin 2021 à l’issue de cette ultime mission. « En revanche, de nouvelles unités vont
venir s’installer sur la BA 705 », poursuit le
Horizon 705 : Soutien et Ressources colonel Bourdeloux. « Le Centre de gestion des
humaines au programme matériels techniques de l’armée de l’Air et
de l’Espace (CGMTAE), qui s’installera dans
La fin de l’activité aéronautique militaire ne va l’ancien bâtiment de l’EAC, doit accueillir une
cependant pas être synonyme de la fin de l’activité de quarantaine de personnes. Dans les mois à
la base, loin s’en faut. Portée par le projet Horizon 705,venir sera par ailleurs créée la Division centre
la base aérienne va désormais connaître une nouvelle maintenance radar sol (DCMR), tandis que la
histoire : « au 1er juillet 2021, l’affectation des Division des ressources humaines de l’armée de
installations aéronautiques sera officiellement l’Air et de l’Espace (DRHAAE), qui regroupait
transférée au ministère des transports », souligne déjà quatre cents personnes sur le site avant le
l’actuel commandant de la base, le colonel Guillaume transfert de l’EAC, sera densifiée. On prévoit
Bourdeloux. « Les collectivités prendront alors la notamment la création d’un centre d’examen
main sur les deux-tiers des trois cents hectares unique pour l’armée de l’Air et de l’Espace.
de la base et sur onze bâtiments dont la tour de A l’été 2021 arrivera également depuis Dijon
contrôle et les hangars. Mais paradoxalement, l’école de formation des officiers RH, soit une
l’arrêt de l’activité aéronautique militaire dizaine de personnels supplémentaires ».
aura un impact très limité sur le nombre de
militaires présents sur la BA 705 ». Et la liste n’est pas close, puisque le chantier
interministériel prévoyant de déplacer différents
En comptant les unités de soutien et le centre radar services de Paris vers la province intéresse également
de Cinq-Mars-la-Pile qui y est rattaché, la BA 705 Tours. Une densification supplémentaire du site est
accueillait au premier juillet dernier environ deux donc envisageable à horizon 2023, avec finalement
mille deux cents militaires. Le déménagement de à cette date un nombre de personnels sur le site qui
l’ESTA et de l’EAC entraîne le départ de deux cents pourrait être, peu ou prou, équivalent à ce qu’il est
personnels, tandis qu’à l’été 2021, celui des derniers aujourd’hui.
Opérationnels SLDS # 50 15
Soutien Logistique Défense Sécurité
Formation aero
interarmees
Rochefort, creuset
de la formation des
sous-officiers aéro
Texte et photos de Pascal Podlaziewiez

Créée au début des années 1970, la base aérienne 721 de Rochefort est la seule base construite de toutes
pièces sur le territoire français, les autres bases étant issues d’installation déjà existantes et modernisées
au fil des ans. La 721 a ainsi la particularité d’avoir été conçue au départ comme un campus universitaire
disposant dans chaque bâtiment de salles de cours, de bureaux, de lieux d’études et de chambres d’élèves.
Aujourd’hui encore ce principe fait foi et tout est fait pour l’instruction et l’acquisition des savoirs.

Creuset de la formation des sous-officiers de l’armée de l’Air et de l’Espace (AAE), la mission première de
l’école de formation des sous-officiers de l’armée de l’Air (EFSOAA) est de former tous les futurs sous-
officiers de l’AAE à leur nouveau statut de militaire. On y forme d’abord des militaires avant de former
des techniciens.

En 2020, mille cinq cents élèves sous-officiers (ESO) y séjourneront, soit deux fois plus qu’il y a seulement
quatre ans . Au total à ce jour, l’EFSOAA délivre annuellement plus de sept mille actions de formation,
au bénéfice de plus de six mille élèves ou stagiaires. Plus de deux mille élèves ou stagiaires suivent ainsi
quotidiennement des cours au sein de la base école de Rochefort.

L’EFSOAA, maison mère des sous-officiers


et épine dorsale de l’AAE
Le cursus débute donc par une formation militaire initiale (FMI) d’environ quatre mois, au cours de
laquelle le jeune engagé apprend les rudiments du métier des armes. A l’issue de la FMI, les élèves vont
poursuivre une formation générale de spécialité dont la durée varie en fonction de la technicité du métier
enseigné (de trois mois à un an ou plus selon le cas). Puis, en fonction des résultats obtenus (le choix se
faisant par mérite dans l’ordre du classement), les jeunes sergents choisissent leurs affectations lors d’un
amphi de garnison et sont affectés dans une unité opérationnelle avec un « certificat élémentaire ».

Durant toute sa carrière, le sous-officier revient en formation à l’EFSOAA à chaque phase de son évolution
professionnelle pour obtention d’un certificat de spécialiste (chef d’équipe), puis pour attribution d’un
certificat de cadre de maîtrise (chef de service), ou encore pour certains stages plus spécifiques.

Sur la trentaine de spécialités ouvertes aux sous-officiers dans l’AAE, l’EFSOAA assure la formation
d’une dizaine d’entre elles. Ces spécialités concernent les métiers à dominante technique comme ceux de
la maintenance des aéronefs (vecteur-moteur, avionique, structure aéronefs, armement bord), ceux liés à
son environnement (infrastructure opérationnelle, logistique…), ou encore ceux permettant d’opérer les
systèmes d’information, de communication ou de détection. Le volume de personnels formés à l’EFSOAA
représente ainsi plus de soixante pour cent de ceux formés dans l’ensemble des écoles de spécialité issues
de l’AAE (commandos de l’air, contrôleurs aériens …), d’autres armées (matériels d’environnement ou de
transmission de l’information …), ou interarmées (spécialité ressources humaines notamment).

Opérationnels SLDS # 50 17
Soutien Logistique Défense Sécurité
soutenue par le campus numérique Rochefort (CNR).
Grâce à un réseau d’ordinateurs et de serveurs
auxquels ont accès les instructeurs et les élèves (depuis
leurs smartphone ou tablettes numériques), un vaste
fonds documentaire didactique a ainsi été développé
et mis à disposition de tous. Il comporte des cours
numérisés, des vidéos, des animations 2D ou 3D, de
la réalité virtuelle voire augmentée, des tests pour
mesurer ses connaissances et de l’information sur la
vie de la promotion, etc… Cette base de donnée est
améliorée, complétée et évolue tous les jours grâce
notamment à l’implication des instructeurs.

Des instructeurs, qui, il est important de le souligner,


sont tous volontaires pour servir et partager leur
savoir technique, opérationnel et militaire. Ils sont
tous au moins BS « breveté supérieur ». Après un acte
de volontariat, le futur instructeur voit son dossier
étudié ; il est ensuite audité par ses pairs avant d’être
affecté pour six ans sur la base, période qui pourra être
prolongée sur demande de l’intéressé. Mais affecté ne
Outre les sous-officiers de l’AAE, l’école accueille et veut pas dire « être immédiatement devant les élèves
forme également des sous-officiers des autres armées ». Avant d’être « lâché » seul devant une classe, il va
et de la gendarmerie. En effet l’EFSOAA est le pôle suivre les cours, se remettre à niveau, acquérir les
d’excellence reconnu par la Direction de la Sécurité compétences pédagogiques, assurer un cours en duo,
des Aéronefs d’Etat (DSAE) – l’équivalent de l’EASA avant de dispenser seul son premier cours sous l’égide
(« European Union Aviation Safety Agency » d’un maître-instructeur.
ou Agence européenne de la sécurité aérienne)
pour les aéronefs mis en œuvre par l’Etat – comme Ces instructeurs sont aussi en charge de rédiger les
centre unique de la formation de base de tous les contenus des cours et de les faire évoluer en fonction
... FORMATION SOUS OFFICIERS AERO... REPORTAGE ...

maintenanciers aéronautiques de l’armée de Terre, des besoins des « opérationnels » et des nouveaux
de la Marine nationale et de l’AAE, ainsi que de la équipements. Plus de mille cinq cents cours sont ainsi
gendarmerie nationale. à disposition des instructeurs et des élèves.

Des partenariats avec l’étranger sont par ailleurs en Ce réseau « d’aide à la formation » s’est ainsi avéré
place avec en particulier la mise en place de sous- particulièrement précieux au plus fort de la crise
officiers instructeurs d’échange entre l’EFSOAA et COVID, puisqu’il a permis d’assurer une continuité
l’Ecole des sous-officiers d’Appen en Allemagne, ou de formation au profit des élèves grâce à un
encore des échanges avec les forces armées espagnoles. enseignement à distance. Durant les mois de mars et
L’école vient de se voir agréée « Organisme de avril 2020, environ dix mille connexions par semaine
formation certifié EMAR 147 » (label européen de au CNR ont été enregistrées au profit de plus de
navigabilité dans le domaine de la formation) lui mille cents cadres et élèves. Cette numérisation
permettant de s’ouvrir encore davantage à terme à la de l’enseignement très prometteuse est une petite
formation d’élèves étrangers. révolution en marche.

La « smart school » Un taux d’échec faible


validée par la Covid
Lors de la signature de son contrat d’engagement
Armée hautement technologique, l’AAE a développé dans un des Centres d’information et de recrutement
un ambitieux projet dit « smart school » piloté par des forces armées (CIRFA), le jeune volontaire
la DRHAA (direction des ressources humaines de choisit la spécialité dont il a envie. Il arrive que
l’armée de l’Air) et pour lequel l’EFSOAA a pris une certains se trouvent en difficulté dans la spécialité
part extrêmement importante. Cela consiste, sans initialement choisie ou réalisent que leur choix ne
renier le modèle fondé sur les instructeurs issus des correspond pas du tout à leur vision du métier. S’ils
forces et l’irremplaçable face à face pédagogique, en s’intéressent à d’autres métiers pendant leur phase de
une démultiplication de la capacité d’enseignement formation et s’il s’avère qu’ils peuvent être aptes à le
grâce aux bénéfices de la numérisation des formations, pratiquer, des réorientations vers une autre spécialité
sont alors possibles, mais elles sont relativement
rares et doivent correspondre aussi aux besoins
de l’institution.
Associé à l’exemple donné par les instructeurs,
le contact avec les unités opérationnelles, lors
des stages dits « d’acculturation » réalisés durant
la formation initiale ou lors d’exercices réalisés
à Rochefort par des unités opérationnelles, est
essentiel pour la juste orientation des élèves et
l’affermissement de leur choix.

Le niveau d’étude demandé pour tous les sous-


officiers est le baccalauréat, filière générale,
technologique ou professionnelle. Il n’y a pas de
prérequis en termes de compétences initiales.
S’agissant de la maintenance aéronautique,
un bac général avec des options scientifiques,
technologique STI2D ou professionnel filière
aéronautique est évidemment bien adapté.

A ce titre, l’école d’enseignement technique de


Saintes - EETAA où résident les fameux Arpètes
et qui présente un taux record de réussite au
bac -, fournit près de vingt pour cent des élèves
sous-officiers avec une quasi-certitude d’aller
au bout de leur formation à Rochefort. C’est
une excellente voie pour devenir sous-officier
dans la maintenance aéronautique. Un nombre
important d’élèves titulaires de diplômes d’études
supérieures franchissent également la grille de la
BA 721 par intérêt pour le métier des armes.

Peu d’échecs sont constatés, et quand il y en a, ils


relèvent le plus souvent de la formation initiale
et rarement de la formation de spécialité. Après
avoir suivi les quatre mois de formation initiale,
le jeune engagé peut rejoindre un des deux
escadrons de formations spécialisées en fonction
de sa future spécialité, à savoir l’escadron de
formation aérienne des spécialités sol (EFASS)
ou l’escadron de formation à la maintenance
aéronautique de défense (EFMAD).

Après la formation, le sous-officier est affecté


sur une base opérationnelle, mais n’est pas pour
autant un spécialiste qui sera lâché seul au milieu
des aéronefs. L’armée de l’Air et de l’Espace a
mis en place dans les unités opérationnelles des
phases de parrainage qui visent à consolider
l’enseignement initial délivré à Rochefort, en le
complétant par des formations - dites de « type
» - adaptées au matériel mis en œuvre par l’unité
d’affectation et par des formations permettant
de connaître les spécificités de l’environnement
opérationnel où va évoluer le jeune sous-officier.

Ce sous-officier nouvellement affecté effectue


... FORMATION SOUS OFFICIERS AERO... REPORTAGE ... ainsi plusieurs stages au sein de son unité opérationnelle Les besoins de l’AAE, laquelle a beaucoup contribué
ou dans des unités spécialisées, pour une durée de aux déflations d’effectifs lors de périodes précédentes,
six mois à un an, en fonction de la complexité de la sont par ailleurs importants pour revenir au modèle
spécialité et/ou du matériel en service. Ces stages se d’armée que la Loi de programmation militaire
déroulent sous la responsabilité d’un parrain aguerri, prévoit d’atteindre en 2025. Elle a dû en effet, ceci
formé d’ailleurs lui aussi à Rochefort pour être apte à avant la crise COVID, faire face à des départs
cet encadrement et qui l’accompagnera tout au long en quantité non négligeable du fait d’un secteur
de cette phase avant de pouvoir le déclarer pleinement industriel aéronautique concurrentiel. Il lui faut donc
opérationnel. Cet échelon est alors sanctionné par à présent recruter trois mille cinq cents aviateurs par
l’attribution du BE « brevet élémentaire ». an tout statut et spécialité confondus, dont environ
mille quatre cents sous-officiers spécialisés à hauteur
Un tel encadrement est crucial, car une fois dans le de soixante-dix pour cent dans les filières techniques
bain de l’opérationnel, tout va très vite et la réussite de (cyber, informatique, réseaux et télécommunications,
la mission, la sécurité aérienne et la vie des équipages mécanique aéronautique et avionique).
dépendent des techniciens qui, au sol, préparent et
réparent ces aéronefs, monstres de puissance et de Aujourd’hui le déficit en personnel qualifié de
technologie et fleurons de nos armées. A titre indicatif, certaines spécialités doit être comblé afin de permettre
sur une plateforme armée par soixante aéronefs (de un fonctionnement optimal. L’EFSOAA dispose
type Rafale), mille deux cents personnes œuvrent « des capacités d’accueil d’élèves supplémentaires, à
24h/24, 7 jours sur 7 » à son bon fonctionnement. Ces condition d’accompagner cette montée en puissance
sous-officiers représentent près de soixante pour cent par des formateurs en nombre suffisant et le maintien
de l’armée de l’Air et de l’Espace, dont ils constituent de la qualité aujourd’hui reconnue d’une formation
en quelque sorte l’épine dorsale. de haut niveau.

L’EFASS

Sont formés, au sein de cet escadron de formation aérienne des spécialités sol, les futurs mécaniciens radio et
radar, les techniciens des systèmes et des supports de télécommunications, les techniciens réseaux informatiques
et de sécurité des systèmes d’information et de télécommunication, ainsi que les logisticiens et les mécaniciens
environnement aéronautique (électrotechniciens, électriciens, etc.).

Il a paru utile de faire un point sur deux spécialités le mécanicien radio-radar et le mécanicien environnement
aéronautique. Ces deux spécialités sont sen effet ouvent méconnues du grand public, ainsi que des personnels les
côtoyant de près ou de loin, lesquels n’imaginent l’étendue des domaines de compétences concernés et surtout
leur implication sur la vie d’une base.
- Le mécanicien radio-radar est chargé de la mise en œuvre des radars et des radios d’une base aérienne, que
celle-ci soit d’infrastructure ou projetée. La plateforme aéronautique regroupe un certain nombre de radars et
de liaisons radio indispensables à la sécurité et à l’accomplissement de la mission. Il s’agit pour ces techniciens
d’installer les radars - qu’ils soient d’approche, d’acquisition, de suivi, de la défense sol-air ou des drones – et
d’en assurer la mise en œuvre. Ils ne font pas d’analyse des « spots » et ne sont pas derrière les écrans, ce
rôle relevant des contrôleurs aériens et des analystes. Une fois les systèmes fonctionnels, ils en assurent la
maintenance préventive et curative et interviennent dans l’immédiateté sur un dysfonctionnement. Sur le plan
radio, ils assurent la mise en place et la maintenance des liaisons « opérationnelles » sol-sol et sol-air. Les
radars et les radios des aéronefs ne sont pas dans leurs attributions. Ce sont les mécaniciens avioniques qui
gèrent ces équipements. La formation de ces « radaristes » dure sept mois durant lesquels ils vont acquérir
des connaissances en électronique, en radio, sur le principe de fonctionnement des radars et en informatique
(traitement de l’information). Les cours comme dans toutes les spécialités sont dispensés en français, mais aussi
en langue anglaise.
- Le mécanicien environnement aéronautique, lui, va gérer les moyens nécessaires au fonctionnement de la
plateforme, c’est à dire les tracteurs aéro (véhicules permettant de déplacer les avions sur le tarmac), les groupes
électrogènes, les monte charges (escalier passager, plateaux élévateurs de bagages et de colis), les portes des abris
avions (partie motorisation de portes très lourdes), les abris enterrés (groupes, sas d’entrée…) et les véhicules de
servitude (camions des pompiers, camions logistiques et divers véhicules). Pour ce faire il suit une première partie
de sa formation en électricité et en électrotechnique et électromécanique, mais également dans des compétences
élargies comme l’accueil d’un aéronef sur un tarmac ou encore la sécurité en zone aéroportuaire. A l’issue de
cette étape, il part aux écoles militaires de Bourges (EMB), où il va suivre une formation sur la mécanique.
L’EFMAD

C’est au sein de cet escadron de formation à la maintenance aéronautique de défense que nous allons retrouver
les « mécanos aéro » des autres armées et de la gendarmerie. Tous les mécaniciens aéronautiques (avions et
hélicoptères) des trois armées et de la gendarmerie sont formés à l’EFMAD.
Quatre spécialités sont enseignées ici avec une durée de formation allant de sept à quatorze mois :
- Le mécanicien vecteur et moteur : il est chargé de la mise en œuvre, de l’entretien et de la réparation
de certains ensembles et sous-ensembles aériens liés à l’hydraulique (voilure, fuselage, gouvernes, trains
d’atterrissage, installations de bord, équipements de vol) et aux systèmes de propulsion (réacteur ou turbo
propulseur, turbine…). Il va œuvrer sur les avions, les hélicoptères et les drones. Il pourra travailler sur piste ou
dans un hangar.

- Le mécanicien avionique : en charge de la mise en œuvre, de l’entretien et de la réparation des d’autres sous-
ensembles des aéronefs (avions, hélicoptères, drones), il assure l’entretien et la réparation des équipements
électriques et électroniques de pilotage, navigation, contrôle, détection, télécommunications... Il intervient sur
les calculateurs, les radars bord, les liaisons radioélectriques ou de navigation, les centrales gyroscopiques,
tachymètres, sondes thermiques, alternateurs, convertisseurs, régulateurs....Mais il est aussi chargé des moyens
d’autoprotection et de contre-mesures de l’aéronef.
- Le mécanicien structure des aéronefs : formé à la « tôlerie » de l’avion, le mécanicien structure est le
spécialiste des réparations et des assemblages des différents éléments de la structure d’un aéronef. Il s’occupe
non seulement de la maintenance, mais est également appelé à effectuer des réparations ponctuelles. Il devra
inspecter et évaluer les défauts, ainsi que les dommages sur la structure d’un aéronef, réparer les éléments
défectueux en découpant et en ajustant les endroits endommagés, adapter ou fabriquer des pièces simples en
matériaux composites ou métalliques et effectuer les contrôles pour s’assurer que les réparations respectent les
normes.
- Le mécanicien armement de bord et sol : il est chargé de la mise en œuvre, de l’entretien et de la remise en
état des armements de bord des aéronefs, armement conventionnels ou nucléaires, ainsi que du suivi technique
des munitions dont il assure la traçabilité. C’est lui qui a la responsabilité d’équiper l’aéronef en munitions. Il est
aussi en charge des sièges éjectables du fait des moyens pyrotechniques installés sur ces derniers.

Le mécanicien « aéronautique » œuvrant dans les spécialités décrites ci-dessus est donc avant tout un expert
de la mécanique des aéronefs, capable d’intervenir rapidement et efficacement sur toutes les pièces des avions,
hélicoptères et drones. Dans sa formation il acquiert des connaissances précises et pointues sur toutes les
pièces des aéronefs et sur leur fonctionnement. Rigoureux, il doit avoir le sens des responsabilités, savoir
s’adapter aux nouvelles technologies et se mettre à jour des nouveaux process pour rester compétent en toute
circonstance et sur tous les nouveaux appareils. Il doit savoir travailler car réparer ou contrôler des aéronefs
implique de travailler à plusieurs. Il devra maîtriser l’anglais technique afin de comprendre les instructions
des constructeurs qui, très souvent, sont rédigées en anglais. Il est le garant et souvent le dernier rempart de la
navigabilité de l’aéronef.
Opérationnels SLDS # 50 21
Soutien Logistique Défense Sécurité
Euronaval2020-Operationnels SLDS-200x275mm-FR.pdf 1 23/03/2020 17:22

LE SALON MONDIAL DU NAVAL DE DÉFENSE

OCTOBRE 2020
SALON CONFÉRENCE
20/23 le19
LE BOURGET PARIS
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Given that NAWDC is hosting a number of working
groups Navy-wide and joint force wide to rethink,
reimagine and rework the role of the fleet, it is an
epicenter for driving change.

As Rear Admiral Brophy put it: “Admiral Miller


gave me the following charge when I took command:
‘Snap’, when you go there get us in a great power
competition mindset. From a wholly-integrated
perspective, look at what we need to do at NAWDC
in order to win the next fight.’”

“And to do this he emphasized that my job was to


pursue holistic training with the Navy and to work
with other U.S. warfighting centers and key allies.”

To be blunt: this is not easy, and entails opening the


aperture on what Naval Aviation is training to do,
and how it will work more effectively with not just
US Navy “owned” assets but those most relevant to
operations against adversary forces operating in a
contested battlespace.

What this means in blunt terms is that the US Navy


is moving from its support to the land forces engaged
in conflict in the Middle East as a key mission set, to
returning to priority focus on blue water operations,
and naval warfare, but in a 21st century focus.

It is far easier to write these words, than to


understand actually what they mean.

With the shift from the land wars to rebuilding


U.S. forces for contested operations with peer
competitors, the role of training is changing
significantly. There clearly was innovation during the
land wars, but the geographical battlespace was well
known, and air and maritime power could operate
with impunity in support of ground forces, whether
for the maneuver force or counter-insurgency forces.

Shaping new skill sets


for full spectrum crisis management
A U.S. Navy Seaman stands forward lookout watch aboard So how do you train in such a way that you are able
U.S. Navy Wasp-class amphibious assault ship USS Essex (LHD
2) as Royal Australian Navy ship HMAS Arunta (FFH 151) transits to break old patterns and learn new ones? Or even
the Pacific Ocean alongside U.S. Navy fleet replenishment more challenging, how do you shape what those new
oiler USNS Henry J. Kaiser (T-AO 187) during Exercise Rim of the
Pacific (RIMPAC) 2020. skill sets need to be?
Ten nations (Australia, Brunei, Canada, France, Japan, South
Korea, New Zealand, the Philippines, Singapore and the Shaping a transition from the land wars to full
United States), 22 ships, 1 submarine, and more than 5,300 spectrum crisis management is a very significant
personnel participated in RIMPAC from August 17 to 31 at sea
around the Hawaiian Islands. RIMPAC is a biennial exercise one, but that transition is decisively affected by
designed to foster cooperative relationshipsand ensure the the introduction of new platforms, technologies
safety of sea lanes and security in the Indo-Pacific region.
RIMPAC 2020 was the 27th exercise in the series that began in and approaches which those technologies and
1971 approaches can enable. There is much discussion of
© Mass Communication Specialist 3rd Class Wesley multi-domain warfare, but what is really happening
Richardson, US Navy, Pacific Ocean, August 2020 with the current force, is leveraging new capabilities
Top Gun Revisited:
Preparing for the Great Power
Competition By Training
within an Integrated
Joint Air-Maritime Force

An Interview with Rear Admiral Richard Brophy,


commander NAWDC
--> By Robbin Laird

With over 4,000 flight hours, 100 combat missions and accumulated over 1000 carrier-
arrested landings under his wing, Rear Admiral Brophy is commander of Naval Aviation
Warfighting Development Center (NAWDC) since May 2019. NAWDC is located at Naval
Air Station Fallon and is “the Navy’s center of excellence for air combat training and
tactics development. NAWDC trains naval aviation in advanced Tactics, Techniques and
Procedures (TTP) across assigned combat mission areas at the individual, unit, integrated
and joint levels, ensuring alignment of the training continuum. (…) Prior to June 2015,
NAWDC was known as Naval Strike and Air Warfare Center (NSAWC) which was the
consolidation of three commands into a single command structure on July 11, 1996. NSAWC
was comprised of the Naval Strike Warfare Center (STRIKE «U») based at NAS Fallon since
1984, and two schools from NAS Miramar, the Navy Fighter Weapons School (TOPGUN) and
the Carrier Airborne Early Warning Weapons School (TOPDOME). The command consists of
more than 120 officers, 140 enlisted and 50 contract personnel. NAWDC flies and maintains
F/A-18C/D Hornets, F/A-18E/F Super Hornets, E/A-18G Growlers, F-16 Fighting Falcons and
MH-60S Seahawk helicopters,” says its official presentation1. It is getting ready to welcome
and train with a whole new generation of aircraft : Advanced Hawkeye, Triton, P-8, MQ-25
and F-35.

During his visit to NAWDC in July 2020, Robbin Laird was able to talk with Rear Admiral
Brophy and his senior officers to get an update with regard to how the US Navy aviation
community is addressing the training environment for the high-end fight.

to allow for force packages or modules to work together in tactics, training and procedures with the fleet and for
new ways. And this is built around a number of innovations the fleet going forward. It is not just about learning the
in the ISR and C2 domains. TTPs for the integrated air wing; it is about rethinking,
reworking and training the maritime force to work
The combat architecture is evolving and being reshaped in differently in an integrated distributed manner to deliver
operations, and in training. In fact, training, operations, the desired combat effect.
and development are part of an interactive cycle whereby
the U.S, military forces are being reshaped in a dynamic NAWDC is leading a new approach under the aegis of
and ongoing manner. Rear Admiral Richard Brophy as today’s NAWDC is
During my visit to NAWDC in July 2020, one clear focused not simply on training for the integrated air wing,
indication of the change could be seen with the focus but the integratable air wing engaging in leveraging and
of NAWDC on hosting working groups to redesign the enhancing fleet-wide operations and working closely with
Opérationnels SLDS # 50 25
Soutien Logistique Défense Sécurité
Capt. Richard Brophy,
commander, Carrier
Air Wing (CVW) 9 on his
1000th arrested landing
on the aircraft carrier USS
John C. Stennis (CVN 74)
© www.navsea.navy.
mil (facebook. .com/

joint and coalition force partners. need to look beyond what the Navy brought to the fight in
In a way, with the coming of a new generation of aircraft, order to be effective in our Pacific mission.”
Advanced Hawkeye, Triton, P-8, MQ-25 and F-35, the
reach of the carrier air wing is beyond the range of the Third, the theme of integratability beyond the carrier air
integrated air wing. wing is a key one being worked at NAWDC.
Building An ‘‘Integrated Joint Force That Wins As Rear Admiral Brophy put it: “From a training
The Next Fight’’ standpoint, we work from the perspective of ‘it is not
going to be a carrier strike group that wins the next fight
Based on my discussion with the CO of NAWDC, Rear on its own, it’s going to be an integrated joint force that
Admiral Richard Brophy, several key developments stood wins the next fight.’
out.
“We’ve really broadened our aperture.
- First, there is a re-imaging of the carrier going on
associated with the return to blue water operations and “Everything we do here now is based off of a single lens:
rethinking how the carrier works with the fleet to deliver does it move the needle for great power competition or
enhanced expeditionary reach that the carrier air wing can not?”
support. - Fourth, an integrated training center has been built from
the ground up to support the integratable air wing to train
This has meant a growing working role with the Marines, in the kill web space.
who in Rear Admiral Brophy’s words “have significant
experience and expertise with expeditionary operations, The first building is a meeting center with areas for working
and with whom we can collaborate to develop new groups to meet at various levels of security within a global
concepts of operations.” teleconferencing framework, as the need demands. This
building can allow for scenario generation, assessment of
- Second, this has meant that the US Navy and the USAF findings and evaluations from the physical test range, or
are establishing new ways to work more effectively utilization of the simulated test range that is contained in
together. the second building. The second building houses multiple
simulators for different platforms being flown by the fleet.
Earlier this year, the USAF sponsored WESTPAC. Rear As Rear Admiral Brophy put it: “We’re going to put in an
Admiral Brophy noted about WESTPAC: “The USAF entire Air Wing’s and strike group’s worth of simulators.”
invited NAWDC to the exercise to represent the Navy, and
we went with a full complement which included surface The focus is not only on platform learning, but significantly,
and subsurface officers. working in an integratable environment. Those specific
simulators, continued in various rooms in the building,
The co-chair of the WESTPAC working group was a can be linked with outside simulation facilities as well.
Surface Warfare Officer who had a clear notion that we As Rear Admiral Brophy put it about the new facilities
26
F-35C Lightning IIs, assigned to the Grim Reapers of Strike Fighter Squadron (VFA) 101, and an F/A-18E/F Super Hornets assigned to
the Naval Aviation Warfighter Development Center (NAWDC) flying over Naval Air Station Fallon’s (NASF) Range Training Complex.
The purpose was then to begin integration of F-35C with the Fallon Range Training Complex and work with NAWDC to refine tactics,
techniques and procedures (TTP) of F-35C as it integrates into the carrier air wing
© Lt. Cmdr. Darin Russell, US Navy, Fallon, Nevada, 2015

and their contribution: “The Integrated Training Building going forward.

... US NAVY FIGHTER PILOTS TRAINING ... REPORTING FROM FALLON AIR STATION ...
will be the future of virtual and constructive training for
the majority of naval aviation. The second such exercise will be held in November of this
year, and will include Australians, Brits, Marines, and the
“Not only will we provide cutting-edge training in Fallon, USAF.
but fleet concentration areas will be able to train remotely
with the Subject Matter Experts (SMEs) at NAWDC in As Rear Admiral Brophy put it: “In the Resolute Hunter
a virtual, constructive environment at any time, day or exercise, we are really looking hard at the Kill Web aspect
night.” and focusing on utilizing every asset that’s out there to
ensure that we’re the most effective warfighting force we
- Fifth, even with the new facility, changes are necessary possibly can be.”
with the physical ranges to adjust to the high-end training
of fifth generation warfare. Taken together, the work of MISR, the Information
Warfare program, Resolute Hunter, and the work with
There are requests in to adjust the ranges to accommodate the Marines and the USAF, highlights the challenge and
the kind of targeting challenges which the high-end air opportunity for shaping a Maritime Squadron Targeting
arm needs to train for to prevail in the high-end fight. Concept.
“Fallon is the only United States Navy facility where an
entire air wing can conduct comprehensive training while This is a clear expression that NAWDC and the Navy are
integrating every element of air warfare. focusing on ways to leverage an integratable air wing for
the fleet, and for the joint and coalition force.
“While aircraft and weaponry have evolved substantially
in the last several decades, the ranges at Fallon have not As Rear Admiral Brophy put it: “What exactly do 21st
changed significantly in size since 1962. century fires look like from a Maritime perspective?”
Rear Admiral Brophy underscored how important it was
“Our naval aviators use the desert skies to learn critical to ensure that a distributed force has ready access to
warfighting skills necessary to defend our nation and fires across the joint and coalition force to ensure combat
preserve our way of life from those who would want to dominance.
cause us harm.
NAWDC is a key epicenter where the current force is
To that end, we are working with the local community, as becoming more capable and lethal, and the aperture of
well as natural and cultural resource experts, to find a way the integratable air wing has been opened to provide a key
forward together to expand the range.” venue for the kind of force transformation needed for full
- Sixth, the new MISR or Maritime ISR warfighting center spectrum crisis management dominance.
is managing an important new Navy exercise, Resolute
Hunter, which is focused on the evolving role of ISR and ----------------------
sensor networks in guiding C2 and integrated operations 1
www.cnic.navy.mil
Opérationnels SLDS # 50 27
Soutien Logistique Défense Sécurité
Rencontres du
Morbihan :
innovation de défense
et technologies duales
à l’honneur
Entretien avec Jean-Michel Jacques,
Député de la 6e circonscription du Morbihan

Les premières Rencontres de l’innovation de défense à vocation duale, civile


et militaire, se sont déroulées à Larmor-Place, le 3 juillet 2020. Il s’agissait de
favoriser une synergie entre les entreprises locales et les armées, afin de stimuler
des projets répondant aux besoins des opérationnels et plus spécifiquement des
forces spéciales.
Rencontre avec Jean-Michel Jacques, ancien infirmier des commandos marine
Jaubert et Trépel, député de la 6e circonscription du Morbihan et vice-président
de la Commission de la défense nationale et des forces armées de l’Assemblée
nationale, à l’initiative de cet événement.

------> Propos recueillis par Linda Verhaeghe

Quelle a été la motivation qui vous a


économique tourmenté, il semblait opportun de
conduit à organiser cet événement ? mettre en relation ces acteurs, dont le fruit de leur
collaboration ne peut que favoriser l’autonomie
Aujourd’hui, la France est confrontée à des stratégique et la prospérité économique de notre
agressions multiples et complexes : militaires, pays.
paramilitaires, cyber, terroristes, etc. Pour être
en mesure d’y faire face et de conserver leur
supériorité opérationnelle, nos armées doivent En quoi considérez-vous que la Bretagne-
être équipées de matériels de pointe, ce qui Sud constitue une terre privilégiée pour la
implique de capter rapidement les innovations tenue de ces rencontres ?
technologiques.
Tout d’abord, le Morbihan est au coeur de
Nos territoires regorgent de petites et moyennes l’innovation duale, c’est-à-dire civile et militaire,
entreprises et industries duales capables de capter dans le domaine maritime et nautique. C’est
rapidement cette innovation stratégique, mais d’ailleurs ce qui a amené le secteur situé entre
celles-ci n’ont pas nécessairement la visibilité Brest et Vannes à bénéficier du surnom de
adéquate quant aux besoins des opérationnels «Sailing Valley». Ce territoire regorge de firmes
et quant aux contraintes de terrain des forces qui sont de réelles pépites technologiques.
armées. Aussi, dans un contexte sécuritaire et
Les laboratoires d’innovation mis en place au sein
28
des armées, à l’image du Fuscolab, incubateur
de projets de la Force maritime des fusiliers
marins et commandos (Forfusco), lequel est
également installé dans le Morbihan à Lanester-
Lorient, permettent d’ores et déjà aux différents
opérateurs militaires d’exprimer leurs besoins
concrets - systèmes numériques, médicaux
ou autres -, voire de financer la réalisation de
prototypes ou de démonstrateurs. Seulement, le
lien manque entre ces entreprises et industries
d’une part, les militaires de l’autre.

Quel premier bilan faites-vous de ces


premières Rencontres de l’innovation de croît de façon exponentielle, un boîtier de
défense ? sécurisation voué à neutraliser les fonctions

... INNOVATION DE DEFENSE ... REPORTAGE ... RENCONTRES DU MORBIHAN ...


micro et à interrompre la connexion aux
Ces premières Rencontres de l’innovation auront réseaux des moyens de communication
permis de réunir plus de deux-cent personnes mobiles a egalement été présenté par Siepel,
issues d’environ soixante entreprises locales, avec une société installée à La Trinité sur Mer.
les représentants de l’Agence de l’innovation de
Défense - sous l’égide de la Direction générale
de l’armement du ministère des Armées -, ainsi Comment cette initiative a-t-elle été reçue
qu’avec ceux de la Forfusco et de son Fuscolab. tant par les participants
qu’à l’extérieur ? Envisageriez-vous de la
Le but est de rapprocher davantage encore les reconduire l’an prochain ?
deux sphères que constituent celle de l’entreprise
et celle des Armées. Cette journée aura contribué
à mieux faire connaître les besoins des forces et J’ai reçu nombre de remerciements et
à mettre en avant les innovations - telles que d’encouragements pendant et à l’issue de cet
drones sous-marins, systèmes de protection évènement notamment de la part de la Chambre
électronique, etc. -, afin de renforcer les synergies de commerce et d’industrie de Lorient. Il est
permettant à terme de porter certains projets à encore trop tôt à ce jour pour affirmer qu’une
l’échelle industrielle. nouvelle édition pourra être organisée l’année
prochaine. Néanmoins, la demande est à
l’évidence bien présente.
Quelles innovations ont pu ainsi être
valorisées et quels en
sont les atouts et spécificités ?
Ces innovations étaient multiples et intéressaient
naturellement pour beaucoup le milieu maritime
et plus spécifiquement l’environnement propre
aux commandos marines. On peut notamment
citer les trois exemples suivants :
• le prototype d’une embarcation d’assaut à
foils spécifiquement pensée pour les forces
spéciales. Rapide et discret, le Kraken a été
élaboré par la société SunWave du groupe
Turgis et Gaillard de manière à ne générer ni
bruit, ni odeur, ni signature thermique.
• la présentation par RTsys d’un système de
drone maritime équipé d’un sonar apte à
cartographier l’espace sous-marin, lequel est
non seulement destiné à la Marine nationale,
mais aussi aux scientifiques et entreprises Crédits photos
spécialisées. Vue aérienne du site de Larmor-Plage © D.R., 2020
• Pour lutter contre une menace cyber qui Le Kraken de Turgis et Gaillard © Sunwave
Jean-Michel Jacques lors des rencontres du Morbihan © D.R., 2020

Opérationnels SLDS # 50 29
Soutien Logistique Défense Sécurité
Guerre des mines
et innovation :
du nouveau chez RTsys
Par Linda Verhaeghe

Parmi les
innovations mises à
l’honneur pendant
les Rencontres
Innovation de
défense, la société
morbihannaise
RTsys a présenté son
véhicule autonome
sous-marin Comet,
dont la valeur
ajoutée se situe
dans ses capacités
de communication
acoustique sous-
marine et de
navigation.
Bien que les drones sous-marins soient

... INNOVATION DE DEFENSE ...INDUSTRIES ...


programmés en amont pour conduire leurs
missions, les aptitudes du véhicule autonome
« Comet », lequel est doté de sonars
latéraux, offrent des capacités de pointe en
termes de communication acoustique sous-
marine et de navigation. C’est ainsi que
tout un écosystème peut être cartographié,
notamment dans le cadre de la guerre des
mines.

« Notre expertise en acoustique


et robotique sous-marine nous
permet aujourd’hui de proposer un
environnement complet et interopérant
adapté aux opérations de guerre des
mines. C’est dans ce contexte que
s’est concrétisée notre présence aux
Rencontres de l’innovation, afin de
mettre en avant ce savoir-faire et
répondre aux besoins opérationnels de
la Marine Nationale », indique Raphaël
Bourdon, directeur général de la société
RTsys.

Plus concrètement, le Comet rend possible


un suivi en temps réel du positionnement et
des données de navigation, à la fois depuis
la surface et par les plongeurs équipés
d’un Sonadive : un sonar et système de
navigation portatif développé par la société.
Ce dernier leur permet de visualiser en
temps réel la position de chacun et de
l’engin, mais aussi d’interagir avec ce dernier
et de communiquer entre opérateurs.
La communication entre plongeurs et la
surface peut en outre être maximisée grâce à
l’échange de SMS.

La portée de la communication acoustique


sous-marine de 2,5 km peut par ailleurs
être doublée par le biais de balises relais,
pouvant également servir de systèmes de
repositionnement, évitant ainsi tout risque
de dérive et de remontée en surface. Crédits photos © RTsys

Lancement du drone sous-marin autonome - ou AUV pour


Cette technologie duale, vouée dans ce Autonomous Underwater Vehicle - Comet en mer
contexte de lutte contre les mines à des Infographie représentant l’environnement Guerre des mines et
missions militaires conduites par la Marine mettant en avant les liaisons entre les opérateurs en surface, les
plongeurs en mer et les drones sous-marins
nationale, revêt un intérêt réel pour d’autres
types de missions civiles, telles que des Raphaël Bourdon, directeur général et co-fondateur de la société
RTsys, lors des Rencontres de l’innovation
recherches d’épaves dans le cadre scientifique,
ou d’inspections de l’espace subaquatique et L’AUV Comet à l’honneur
sous-marin pour des entreprises spécialisées Prise de vue de sonars latéraux mettant en évidence un sous-marin
, par exemple dans la perspective de la allemand de type U-171 naufragé au large de l’île de Groix dans
le Morbihan
construction de plateformes offshores ou
d’éoliennes.
Opérationnels SLDS # 50 31
Soutien Logistique Défense Sécurité
... Effet Covid ...
Les voies maritimes de
plus en plus prisées
par les narcotraficants
Par Romain Petit

I. Retour aux sources


Aux origines
La consommation de substances psychoactives est ancestrale. La médecine grecque antique
utilisait déjà l’opium issu de la culture du pavot tout en signalant les dangers et toutes les
grandes cultures de l’Antiquité (chinoise, romaine, égyptienne…) en feront usage. Les feuilles
de coca quant à elles sont consommées depuis plus de trois mille ans dans la cordillère des
Andes principalement en Colombie, au Pérou et en Bolivie. L’usage de ces substances varie
selon les âges et les traditions. Utilisées lors de rituel, de fête, à des fins médicinales, ou en
vue de modifier les états de conscience, l’usage des substances psychoactives varie selon les
sociétés et les civilisations.

Au XIXème siècle, l’opium devient un enjeu économique majeur pour la Compagnie anglaise
des Indes orientales qui en détient le monopole au nom de la couronne britannique. En
1839, l’empereur de Chine tente de s’opposer à ce commerce, ce qui marquera le début
de la première guerre de l’opium. Après la victoire des Britanniques, Hong Kong devient
concession britannique, mais il faudra attendre la seconde guerre de l’opium (1856-1858) à
laquelle participera la France pour que l’importation de l’opium en Chine soit légalisée, et
ceci jusqu’à l’arrivée des communistes au pouvoir en 1949…

A la fin du XIXème siècle, quelques chimistes parviennent à extraire à des fins médicales le
principe actif des feuilles de coca, donnant ainsi naissance à la cocaïne. Idem pour l’opium
avec la morphine et l’héroïne. Dans les années 1920, les gouvernements prennent conscience
des risques addictifs associés à la prise de ces substances et commencent à en réglementer
l’usage. De 1930 à 1960, il n’existe pas à proprement parler de « narcotrafic » organisé et ce
n’est véritablement qu’à compter des années 1960 que l’usage des substances psychoactives
devient une préoccupation majeure des pouvoirs publics et un sujet de santé publique à
l’échelle planétaire. En effet, la consommation du cannabis se diffuse largement chez les
jeunes et des drogues hallucinogènes (mescaline, LSD) sont expérimentées. La cocaïne et
l’héroïne signent alors leur grand retour, leur production étant passée sous la main de réseaux
criminels mafieux internationaux. De nos jours, trois conventions de l’ONU en date de 1961,
1971 et 1988 légifèrent pour lutter contre le trafic illégal de psychotropes.

Naissance et expansion du narcotrafic


Le nombre de pays producteurs de substances psychoactives est assez limité dans le monde.
La production de coca est principalement issue de 3 pays : la Colombie, le Pérou et la Bolivie.
Le pavot dont est extrait l’opium provient majoritairement d’Afghanistan (croissant d’or) et
de Birmanie (Triangle d’or) et le cannabis (sous la forme de Haschich) vient majoritairement
du Maroc, d’Afghanistan et du Pakistan.
Crédits photos ©

1. npr.org
2. panamaadvisoryinternationalgroup.com
3. Saisie de drogue par la frégate Ventôse ©
Forces armées aux Antilles, EMA (via une vidéo diffusée
sur youtube en 2015 >>> https://www.youtube.com/
watch?v=JjNIv7RfVQ4)

...ANATOMIE DES CONFLITS CONTEMPORAINS ... GÉOPOLITIQUE DES NARCOTRAFICS ...


II. L’explosion des routes de la drogue
Une économie mondialisée
Dans les années 1970, le trafic de drogue va tomber sous la D’après l’Organisation mondiale de la santé, le trafic de
main de narcotrafiquants très organisés que l’on nommera stupéfiant est le troisième commerce en importance dans
les barons de la drogue. Il s’agira notamment de Pablo le monde derrière le pétrole et l’alimentation et juste avant
Escobar, à la tête du cartel de Medellín, de Khun Sa, le roi celui des armes et des médicaments. En 30 ans la production
de l’opium, installé au sein de l’état shan, puis à la frontière mondiale de la drogue a littéralement explosé. L’ONUDC
de la Thaïlande et du Laos, de Félix Gallardo qui sera le estime que durant les 10 dernières années, les saisies de
premier chef de cartel mexicain (le cartel de Guadalajara) et drogue ont presque doublé ce qui signifie par extension que
d’Hugo Banzer, général parvenu à la tête de l’Etat bolivien le narcotrafic ne cesse de se développer. Les estimations du
qui instaurera une véritable narco dictature de 1971 à 1978 au chiffre d’affaires mondial de stupéfiants sont très variables,
sein de la Bolivie pour ne citer que les narcotrafiquants les mais la moyenne de ces dernières se situait à 270 milliards
plus célèbres. d’euros par an en 2018. Les victimes d’overdose à l’échelle de
la planète dépassent les 200 000 morts par an.
Face à la rentabilité du trafic de stupéfiant, toutes les mafias
du monde vont prendre peu à peu des intérêts au sein du Les routes de la drogue sont de plus en plus nombreuses et
narcotrafic, tant ce dernier est lucratif et tant les barons de se multiplient dans le contexte de la faillite d’Etats comme la
la drogue parviennent à développer de véritables empires Lybie et ceux de la bande sahélo-saharienne. Le Brésil s’impose
financiers aux maillages multiples. L’argent de la drogue également comme une nouvelle plaque tournante du trafic de
devient si important dans les années 1970 qu’aucune grande cocaïne. Cette dernière serait actuellement consommée par
organisation criminelle majeure de la planète n’échappe plus de 250 millions de personnes dans le monde.
à son attrait. Des mafias italiennes et américaines (Cosa
Nostra, Camorra, N’Drangheta) aux maffya turques, à la L’économie du narcotrafic s’est mondialisée et a su s’adapter
French Connection française, aux triades chinoises, en à toutes les évolutions allant de pair avec cette tendance.
passant par les Yakuzas japonais, les vory v zakone russes, Certaines organisations criminelles sont transnationales
les mafias albanophones et les cartels mexicains, les grandes depuis fort longtemps et prospèrent grâce au blanchiment
organisations criminelles s’associent aux narcotrafiquants d’argent et aux paradis fiscaux. Reste qu’il ne faut pas
pour devenir leurs intermédiaires et leurs distributeurs. Le perdre de vue que celles-ci demeurent avant tout des
trafic prend alors une dimension internationale que rien ne fabricants d’insécurité et ce, dans tous les sens du terme.
semble parvenir à endiguer . Les mafias génèrent avant tout davantage de détresse sociale
et n’enrichissent que leurs dirigeants. A titre informatif,
il faut en effet avoir l’humilité de reconnaître qu’aucun l’observatoire géopolitique des drogues estime que la
Etat n’est jamais parvenu à faire disparaître une mafia, d’où répartition des revenus des stupéfiants dans le monde est la
l’importance accordée à l’arrestation des narcotrafiquants suivante :
majeurs et à la médiatisation des dernières opérations (Pablo • Producteurs : 2 à 5 % ;
escobar, El Chapo) qui, pour spectaculaires qu’elles soient, • Transformateurs et intermédiaires nationaux : 15 % ;
ne règlent pas le problème du narcotrafic, ni ne le stoppent • Transporteurs et trafiquants internationaux : 26 % ;
dans sa totalité. • Distributeurs dans les pays consommateurs : 54 %.

Opérationnels SLDS # 50 33
Soutien Logistique Défense Sécurité
Le narcotrafic détruit la vie démocratique et économique des pays au sein
desquels ils prospèrent. Il est générateur d’une violence polymorphe tant
il est vrai que le narcotrafic accompagne et génère d’autres trafics (armes,
prostitution, enlèvement, trafic d’organes, corruption, blanchiment
d’argent….).
Narcotrafics et Etats : le cas du Mexique et de l’Afghanistan
Pour mesurer l’importance et l’ampleur des dégâts que peut engendrer le narcotrafic
l’étude de deux pays se révèle particulièrement éclairant : le Mexique et l’Afghanistan.

-> Le Mexique est aujourd’hui ce que l’on peut nommer un état gangréné par le narcotrafic.
L’ancien parti au pouvoir (le PRI - parti révolutionnaire institutionnel), ainsi que l’ancien
président Pena Nieto, ont été impliqués dans une série de scandales de corruption à très
grande échelle dus au narcotrafic. Ces douze dernières années, le narcotrafic a fait deux
cent quarante mille morts et quarante mille disparus au Mexique. La violence engendrée
par ces cartels qui font régner leur loi par la terreur et la corruption a fait près de trente
six mille tués en 2018, un nombre qui a plus que doublé en moins de dix ans (on estimait à
plus de quinze mille le nombre de victimes en 2009).

A côté des six cartels principaux qui se partagent le narcotrafic depuis plus de deux
décennies, des dizaines de gangs émergent suite notamment à l’arrestation de certains
barons de la drogue, dont le fameux El Chapo, ou le chef du cartel paramilitaire de Los
Zetas, cartel composé à la base par d’anciens membres des forces spéciales mexicaines.
On peut comparer le narcotrafic au Mexique à un cancer qui créerait des métastases
sui generis. Le fait de décapiter un cartel de ses dirigeants générant une forme de
balkanisation du trafic, qui de facto devient encore moins contrôlable, car à la main de
criminels de plus en plus nombreux qui se retrouvent à la tête de structures plus discrètes.

Equipés pour la plupart d’armements paramilitaires, les principaux cartels disputent


Pour aller plus loin, lire sur aujourd’hui dans leurs zones d’influence le monopole de la force à l’Etat à l’instar de que ce
notre site firent des narcotrafiquants tel que Pablo Escobar en Colombie. La montée en puissance de
www.operationnels.com
>>> Les organes de lutte ces cartels, la corruption qu’ils engendrent et la faillite de l’état de droit qu’ils promettent
contre le narcotrafic représentent non seulement un risque majeur pour la survie de l’Etat mexicain, mais
aussi une menace d’envergure pour les Etats-Unis d’Amérique, principale destination du
narcotrafic andin. Autrefois intermédiaires des mafias colombiennes, les cartels mexicains
Crédits photos © opèrent désormais à leur compte et ont réussi à étendre leur influence néfaste au sein de
1. npr.org plus de deux mille cinq cents villes américaines.
2. UNODC World Drug Report 2010
3. Capture au large de la Galice
par la Guardia civile du premier Face à des gangs dits de troisième génération, qui font usage d’une violence et d’une
narcosub en provenance de barbarie qui n’a rien à envier à celle employée par les groupes terroristes les plus actifs de
Colombie © newseu.cgtn.com, la planète, l’Etat mexicain ne parvient pas à endiguer et encore moins à éradiquer le trafic
2019
de drogue. De facto, les narcotrafiquants mexicains étendent désormais leur
zone d’influence et de collaboration au-delà de l’Atlantique, des connexions
ayant été établies avec Cosa Nostra et la Camorra italiennes ainsi qu’avec
certaines entités mafieuses et terroristes implantées en Afrique de l’ouest.
Dans cette lutte de type contre-insurrectionnelle, le Mexique peine à lutter
contre les narcotrafiquants, car non seulement ces derniers possèdent une
force de frappe redoutable, mais ils parviennent aussi à corrompre - et
ce jusqu’au plus haut niveau - les structures étatiques et leurs membres
(gouvernement, douanes, police, armée).

-> L’Afghanistan, état failli et ravagé par plus de quarante années de guerre,
représente à lui seul aujourd’hui les deux tiers de la superficie mondiale
dédiée à la culture du pavot. L’ Office des Nations unies contre la drogue et
le crime (ONUDC) estime aujourd’hui que le trafic d’opium en Afghanistan
pourrait représenter trente pour cent du produit intérieur brut (PIB) soit
presque sept milliards d’euros. L’économie afghane repose principalement
sur le secteur agraire, d’où l’opportunité d’expansion exceptionnelle que
représente le pays pour le développement du narcotrafic.

Principaux producteurs d’opium au monde, les narcotrafiquants afghans


sont soit des moudjahidines, soit des officiels corrompus qui contrôlent les
provinces du Helmand, de Kandahar et des Badghis qui furent des zones de
rudes affrontements pour les troupes de l’OTAN (surtout les deux premières).
Prospérant sur le sous-développement chronique dont souffre le pays, le
trafic d’opium semble avoir un bel avenir devant lui en terre afghane, faute
d’alternatives économiques crédibles pour une population dont quarante
pour cent vivent sous le seuil de pauvreté et où plus d’un million d’enfants ne
sont pas scolarisés. On estime aujourd’hui que le gouvernement ne contrôle
effectivement que cinquante cinq pour cent de son territoire, tandis que
les Talibans, qui ont combattu durant un temps le narcotrafic, vivent en
grande partie de ce dernier aujourd’hui. En effet, les zones de production
et de transformation de l’opium sont pour la plupart sous le contrôle de ces
derniers, qui continuent de justifier ce narcotrafic au nom de la guerre sainte
menée contre les Occidentaux, exactement comme ils le firent contre les
Soviétiques.

Il n’est pas exagéré de dire que le narcotrafic contribue très clairement à la


déstabilisation géopolitique de nombreux pays, voire de zones géographiques
entières, comme c’est aujourd’hui le cas dans les Caraïbes et dans la bande
sahélo-saharienne. A côté des deux narcotrafics majeurs que sont ceux de la
cocaïne et de l’opium émergent depuis quelques années celui des drogues de
synthèse, très présentes en Europe et en Chine, un autre type de psychotrope
héas connu pour ses ravages en particulier chez les adolescents.

Ce fléau global qu’est le narcotrafic propose un modèle économique


de substitution à des populations désœuvrées au sein de pays faillis ou
extrêmement fragilisés, mais ce n’est qu’un leurre. Le narcotrafic n’engendre
in fine ni reconstruction étatique, ni développement bénéfique pour les
communautés, dont il exploite et renforce au contraire la misère avec la plus
extrême violence. Lutter contre ce dernier constitue un enjeu majeur tout
autant pour l’avenir de ces pays que pour celui de nos sociétés, alors que la
Covid-19 en exacerbe les effets pervers...

Sources :
Alain Labrousse, Géopolitique des drogues, PUF
J.F Gayraud, Le monde des mafias, Odile Jacob
F. Tétard, Grand atlas 2020, Autrement
Sites Internet de l’ONUDC, de l’OGD, de l’OMS et de l’INPES
Si l’obscurité est souvent le meilleur allié des criminels, tout professionnel de la sécurité
... SECURITE ...AUTONOMIE...
possède avec une lampe de patrouille assez puissante un partenaire indispensable
pour rétablir l’équilibre et garder l’avantage face à un refus d’obtempérer ou en
situation de crise. A un moment où les méthodes policières sont scrutées et attisent
les polémiques, la lampe tactique est plus que jamais en tête du panel d’options à la
disposition des forces de l’ordre, mais aussi des forces armées.

Qu’il soit utilisé pour éclairer une ruelle sombre au milieu de la nuit, pour examiner
l’intérieur d’un véhicule pendant un contrôle routier, ou pour aveugler un suspect
qui vous menace de façon inattendue, le faisceau lumineux d’une lampe torche est
ainsi souvent de facto la première ligne de défense de la personne qui l’utilise.

Apprendre à lire la lumière : la lampe tactique en action


Atout d’un point de vue tactique, la lumière peut vite constituer un handicap si elle
est mal utilisée, d’où la nécessité d’analyser les conditions de lumière dominantes
dans l’environnement dans lequel il faut progresser. Avant toute prise de décision,
il est indispensable d’identifier le type d’environnement nocturne. On en distingue
généralement quatre en opération :

• Aube et crépuscule (dawn and dusk en anglais): il y a assez de lumière pour


distinguer les formes, la texture et la couleur des objets, avec des zones d’ombre
notables. Dans un tel environnement, l’œil se fatigue plus vite et il est nécessaire
de faire montre de concentration soutenue afin de préserver une bonne acuité
visuelle.
• Pleine lune pâle (low full moon) : la lumière ambiante est minimale et est parfois
complétée par des sources artificielles de faible puissance comme l’éclairage
urbain lointain. Seules les formes sont distinguées et l’appréciation des distances
et l’identification de la cible sont gravement altérées.
• Obscurité totale (non ambient light) : un tel environnement est typique
des caves, sous-sols, tunnels, sous-terrains ou encore des entrepôts fermés.
L’identification y est impossible sans éclairage.

Quelles que soient les conditions de luminosité, tout opérateur se doit d’anticiper
pour essayer de se retrouver systématiquement dans un meilleur environnement que
l’adversaire. Tirer parti de l’ombre et de la lumière signifie par exemple se placer avec
son équipe au niveau le plus bas de lumière. Il faut ensuite calculer toute progression
à partir de ce point dans l’espace en partant du principe que chaque zone d’ombre est
armée. A noter que ces « trous noirs » existent aussi dans les heures du jour.

Avant de s’installer dans le point le moins éclairé, il est primordial de se débarrasser


en premier lieu de toute menace potentielle qui aurait pu y élire domicile avant
l’arrivée des forces de l’ordre. Très naturellement et de façon intuitive, tous les
prédateurs opèrent sous le couvert des ténèbres, il faut donc procéder de la même
façon, afin de contraindre l’agresseur d’essayer de reprendre l’avantage. De deux
choses l’une : ou il sera obligé de se déplacer involontairement depuis un couvert,
ou il utilisera à contrecœur une source de lumière pour évaluer l’espace. Dans les
deux cas la situation tournera à l’avantage des forces de l’ordre, lesquelles devront
être en mesure de déterminer à quels moments elles sont susceptibles d’être visibles
- clairement ou en ombre chinoise - ou au contraire invisibles et indétectables. Il en
découlera une stratégie de progression spécifique.

L’ombre constitue une cible de choix pour l’adversaire et la seule solution pour la
casser est précisément la projection de lumière comme protection afin de désorienter
ou d’éblouir ce dernier. En mettant en œuvre ce principe, un « mur de lumière » est
temporairement édifié.
36
« Les machines ne font pas la
guerre. Le terrain ne fait pas la
guerre. Les hommes font la guerre.
Vous devez rentrer dans le cerveau
des hommes. C’est là que les
batailles se gagnent... »
Colonel John Boyd
(auteur du « cycle OODA »)

Eclairer pour vaincre


La lumière comme première ligne de défense

Dossier dirigé par Claude Corse

Avec le retour d’expérience de Thierry Delhief,


expert sécurité opérationnelle et formateur
... SECURITE ...AUTONOMIE...
Les techniques de tir avec lampe tactique

Mains croisées
La technique de tir avec lampe mains croisées est la plus utilisée. qui conserve l’essentiel de la position de
contact. La lampe est tenue comme un pic à glace avec la tête à l’opposé du pouce. La main qui tient la
lampe, vient en support de la main qui tient l’arme. Les poignets sont crochetés entre eux avec le dos des
deux mains en contact. Cet appui ferme entre les deux mains solidaires crée une tension isométrique qui
stabilise la prise. La méthode HARRIES du nom de son inventeur Michael HARRIES, pionnier du tir de
combat moderne. permet aussi un meilleur support de l’arme à deux mains avant le tir.

Méthode FBI
La méthode dite FBI ou encore lampe déportée bras tendu consiste à tendre le bras au plus loin du corps,
peu importe la hauteur. L’idée est de tenir la source de lumière loin de soi avec la main réactive pour
induire l’agresseur en erreur. La lampe est tenue comme un pic à glace ou une poignée de sabre, souvent
maintenue légèrement en avant du corps pour éviter d’éclairer l’opérateur. Cette méthode conjointe lampe/
arme est probablement la plus ancienne enseignée officiellement. Elle mettait initialement en avant le
fait d’empêcher la lumière de trahir la position exacte de l’utilisateur. Elle s’intègre dans la cohérence du
principe « éclairez et bougez » qui est l’un des fondements de l’éclairage tactique et s’avère extrêmement
trompeur si elle est bien utilisée.

Méthode NECK-INDEX
La dernière grande méthode reconnue est celle de la lampe sur l’épaule ou « neck-index », à savoir une
technique main séparée qui consiste à ramener la lampe, avec fermeture complète du bras, la main en appui
sur la mâchoire. La lampe est tenue comme un pic à glace et l’arme peut être tenue main armée ou main
réactive. Mise au point dans les années 90 aux Etats-Unis, le but de cette méthode est de stabiliser le tir en
gardant le halo aligné avec le canon, ce qui se révèle utile en cas notamment de tir à couvert, derrière un
angle. Cette technique est une application parfaite de la notion de « mur de lumière ».

principalement à éviter de se faire repérer, la source


Dans le cas d’un grand nombre d’opposants dans lumineuse devenant alors facteur de vulnérabilité.
des espaces confinés, une équipe sera plus efficace Il existe plusieurs règles à respecter afin de pouvoir
si elle applique le mur de lumière ponctué ou opérer en sécurité :
interrompu par l’effet stroboscopique. Si l’on part
du principe que chaque zone d’ombre est armée, 1. La première règle est simple, puisqu’il s’agit de
il faut faire disparaître chaque menace potentielle faire attention à ne pas laisser sa lampe allumée
en éliminant cette dernière, ainsi que la cachette en permanence. Lorsqu’on allume une lampe
qu’elle offre, en utilisant le principe du mur de dans un environnement faiblement éclairé,
lumière. on prend le risque de diriger la partie la plus
intense du halo de façon à ce qu’il illumine
Si à l’inverse, l’adversaire utilise une lampe tactique, la zone de danger ou la figure de l’agresseur
la seule façon d’équilibrer la donne est de l’éblouir potentiel. Mais dans toutes les méthodes à
à l’aide d’une lampe tactique plus puissante que la deux mains, ces dernières sont verrouillées de
sienne en prenant l’ascendant sur l’autre source de telle sorte que l’ensemble canon de l’arme /
lumière. Il en va de même en ce qui concerne le jeu lumière demeure coordonné et orienté dans le
d’ombres qui peut se dessiner au niveau des pieds, même sens. A une distance de quelques mètres,
notamment lors du passage d’une porte. même un faible ajustement du halo peut
transformer une parfaite visée plein centre
en un coup manqué. Ne pas quitter des yeux
Progression tactique : l’adversaire pour réaligner son arme nécessite
coordonner lampe torche et armement un entraînement spécifique, lequel peut être
simplifié de la façon suivante : lorsque l’on
La difficulté de l’utilisation de la lampe avec dirige ses deux mains rassemblées avec arme
arme en matière de progression tactique consiste et lampe vers ou devant une cible potentielle,
38
il faut toujours garder en mémoire que c’est la main armée qui
doit commander. C’est elle qui dirige, et la main réactive n’est là
pour ainsi dire qu’en appoint. Il faut par ailleurs être prêt à tirer
quelle que soit la partie du halo qui éclaire la cible sans attendre
d’avoir un éclairage parfaitement centré. Dans une situation où
une fraction de seconde peut devenir une question de vie ou de
mort, l’alignement de l’arme est de loin le plus important. En
déplacement tactique, on parle d’éclairage direct, c’est-à-dire
orienter l’éclairage vers l’objectif. L’éclairage indirect consiste,
lui, à orienter sa lampe vers une surface réfléchissante (plafond)
permettant, soit d’éclairer tout un espace dans le but d’optimiser
sa lampe sans gêner un équipier placé devant soi, soit de faire
profiter à l’ensemble d’un éclairage diffus, mais suffisant, afin
d’éviter d’être décelé par l’adversaire, via le jeu des ombres.

2. La seconde règle en matière de progression avec arme dans un


milieu sombre, c’est la bonne tenue de la lampe. Les premières
techniques « arme + lampe » ont été mises au point avec des lampes
de patrouille standard dont les caractéristiques sont restées les
mêmes pendant près de cinquante ans. Elles ont aujourd’hui gagné
en solidité, en légèreté et leur technologie est plus sophistiquée.
Les faisceaux des lampes tactiques ont gagné en puissance pour
devenir « aveuglants », tandis que l’ergonomie a évolué pour
permettre une meilleure prise en main par son utilisateur. C’est en
condition de stress et de fatigue et face aux multiples contraintes
de terrain que l’importance de ce type de détail se révèle.

On peut diviser les méthodes d’éclairage en deux types : « mains
jointes » et « mains séparées ». Dans ce premier type de techniques,
main armée et main réactive se touchent ou sont appuyées l’une sur
l’autre. L’idée derrière les différentes écoles utilisant les mains jointes
est de permettre à l’opérateur de reprendre une technique efficace de
tir à deux mains, même en devant tenir un objet en parallèle.

Le premier avantage avec les « mains jointes » est de stabiliser la


plateforme de tir, toute autre considération tactique étant écartée.
Au contraire, la méthode des « mains séparées » permet aux deux
mains d’être dissociées et indépendantes l’une de l’autre. L’opérateur, Complément d’informations à
contraint de tirer à une main, gagne cependant en liberté de mouvement ce dossier à paraître sur notre
d’un point de vue tactique, la source de lumière constituant un leurre site www.operationnels.com
pour l’adversaire. Un tireur bien averti et bien entraîné doit d’ailleurs >>> témoignages, mises en
pouvoir maîtriser toutes les techniques, afin d’utiliser la plus adaptée situation pratiques et séquences
techniques illustrées, sélection
en fonction des circonstances. Si l’éclairage idéal n’existe pas, des de lampes utilisées par les
méthodes adaptables au gré des situations permettent d’optimiser la professionnels de la sécurité...
combinaison arme et lumière. Il existe aussi des modules intégrés pour
armes de poing ou armes d’épaule, lesquels sont conçus pour être fixés
sur la carcasse ou le chargeur de ces derniers.

Toutes ces méthodes, complémentaires et adaptables en fonction de la


situation du terrain et du but « tactique » recherché, nécessitent toutes
un entraînement régulier pour permettre l’aisance opérationnelle
et technique de son utilisateur, condition sine qua non d’une
Crédits photos pages 37 & 39
pratique réglementaire assumée et sans risque pour le professionnel Lampes torches LED – Guide d’achat,
et le justiciable qu’il sera amené à contrôler, voire, le cas échéant, à Classement et Tests en 2020
© lajoliemaison.fr
maîtriser pour sa sécurité et celles de nos compatriotes. © Defense Consulting Pacific
Afin de limiter les risques de blessures, l’agent, ou automatiquement en mettant en législation en vigueur. Pour garantir l’intégrité
tant chez les civils que les agents, Axon a route un PIE TASER ou en dégainant une de la preuve et une transparence totale, toutes
développé une gamme d’équipements de haute arme en métal de son étui, avec l’accessoire les actions réalisées dans le logiciel sont tracées.
performance : le Pistolet à Impulsion Electrique Axon Signal Sidearm. Depuis cette année, En facilitant le téléchargement automatique
(PIE) TASER, dont le nouveau TASER 7, pour une nouvelle version – Axon Body 3 – est des données, l’étiquetage, la classification, le
dissuader et répondre de manière graduée ; les disponible en France. En plus de performances floutage et le partage numérique sécurisé des
caméras-piétons pour désamorcer les conflits techniques audio et vidéo améliorées, cette preuves (plus de déplacement pour récupérer
et les documenter ; le logiciel Evidence pour version offre en option des alertes et la des DVD gravés…), Axon répond aux défis
gérer et disposer de preuves filmées. possibilité de livestream depuis une carte avec de la bonne gestion des données acquises
une localisation en quasi-temps réel. et permet aux professionnels de la sécurité
Axon accompagne de nombreux professionnels (forces de l’ordre, agents assermentés dans les
dans leur mission. Son crédo : la technologie, Les Centres de supervision urbain (CSU) transports, ou encore sapeurs-pompiers) de
couplée au savoir-faire et au discernement des pourraient ainsi (si la loi évolue) visualiser les gagner en efficacité pour pouvoir passer plus
agents, est la clé d’un monde plus sûr. alertes et enregistrements déclenchés par les de temps sur le terrain.
agents sur le terrain, puis visualiser et activer à
Les caméras-piétons Axon, robustes, la demande les flux vidéos en direct. Les TASER, les caméras-piétons et le logiciel
performantes et intuitives, d’une autonomie Evidence représentent un écosystème conçu pour
de plus de 12H, peuvent être fixées sur Il est ensuite possible de regarder jusqu’à 4 apporter plus de sécurité physique, psychologique
l’uniforme ou sur le casque. Elles permettent vidéos synchronisées d’une même scène grâce et juridique aux forces de l’ordre, réduire le
de désamorcer des conflits et de fournir des au logiciel Axon Evidence, qui permet de gérer nombre de conflits et de blessures graves, mais
preuves, et ce dans le respect du droit français. des preuves numériques stockées dans un cloud aussi apporter plus de transparence pour apaiser
Elles peuvent être activées rapidement par et de les effacer automatiquement selon la les relations entre forces de l’ordre et citoyens.

CM

MJ

CJ

CMJ

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... SECURITE ..INNOVATIONS ...
Les innovations
du marché de la
sécurité
... en bref ...
Par Claude Corse

Tixeo :
la vidéo-collaboration
en toute sécurité
Connue pour avoir mis au point et diffusé l’arme incapacitante
Taser (P.I.E. ou Pistolet à Impulsion Electromagnétique
dans la terminologie officielle)1, la société américaine Axon
propose un système complet au service des forces de l’ordre,
pour une meilleure efficacité et protection des agents sur le
terrain. Zoom sur cette innovation.
Axon Body 3 est une caméra piéton portée individuelle,
intuitive et équipée d’un système d’alerte et retransmission
vidéo en temps réel au centre de supervision. Grâce à la
technologie Axon Signal, l’enregistrement se déclenche Créée à Montpellier en 2004, Tixeo
automatiquement en cas de sortie d’arme à feu ou mise en est l’unique acteur français à proposer
route d’un Taser. une technologie de vidéo-collaboration
La technologie Axon Aware dont elle est équipée permet certifiée (CSPN) /qualifiée par l’ANSSI
d’envoyer en temps réel la localisation GPS des agents (Agence nationale de la sécurité des
sur le terrain lorsque la caméra enregistre une vidéo, de systèmes d’information).
sélectionner et d’activer la retransmission du flux vidéo en
direct de l’ensemble des caméras en cours d’enregistrement. Tixeo a conçu des solutions de vidéo-
Une caméra embarquée compatible et la solution drone collaboration basées sur un ensemble
viennent compléter les possibilités de capture d’images et de mécanismes innovants permettant
de son pendant une intervention. d’assurer un niveau de sécurité encore
Enfin, le traitement global de l’information intégré dans jamais atteint pour des réunions en ligne.
le système Axon Evidence permet de gérer de manière Pour des raisons évidentes de sécurité, des
intuitive et sécurisée l’ensemble du flux d’images, depuis acteurs de la défense, de l’armement, ou de
leur capture jusqu’à leur production éventuelle au tribunal. l’industrie utilisent Tixeo pour collaborer
Génération de rapports, de séquences, floutage, partage efficacement à distance tout en ayant la
numérique sécurisé, stockage des données, cette technologie garantie de la confidentialité de leurs
de la police du futur est aujourd’hui accessible à tous les échanges. Tixeo possède de nombreuses
intervenants de la chaîne professionnelle. références européennes et internationales,
telles que Naval Group, Nexter, Eurenco, la
§ direction générale de l’Armement (DGA),
la Direction générale de l’Aviation civile
1
A noter que la toute dernière génération de P.I.E., le Taser (DGAC) ou encore le Centre national de la
7 constitue plus que jamais une alternative performante recherche scientifique (CNRS).
aux armes létales, grâce notamment à de nouvelles
fonctionnalités telles que la conception de sondes pour une
vitesse de déploiement et une efficacité maximales, un laser
vert et un arc de dissuasion plus puissant.
Opérationnels SLDS # 50 41
Soutien Logistique Défense Sécurité
CREDITS ... E
Photo 1 © issue
de la vidéo
diffusée par
General Dynamics
Ordnance and
Tactical Systems
sur Youtube le 15
octobre 2019 et
intitulée « Next
Generation Squad
Weapon (NGSW)
- Army’s M4
Carbine and M249
Replacement ».
L’US Army et SOCOM
Photo 2 ©
recoilweb renouvèlent leurs armes légères
Trois fabricants ont été pré-sélectionnés dans le cadre du nouveau programme NGSW (Next Generation Squad Weapon)
qui vise au remplacement de l’arme légère standard d’infanterie : General Dynamics Ordnance and Tactical Systems Inc.,
en partenariat avec, Textron et SIG-Sauer Inc., mais aussi Beretta et AAI Corporation.

Chambrés pour une nouvelle munition hybride calibre 6,8 mm (nomenclature XM1184 pour l’U.S. Army), les prototypes
mis au point et présentés respectivement par les trois candidats en lice sont proposés en deux versions distinctes baptisées
NGSW-AR (pour Automatic Rifle) et NGSW-R (pour Rifle). La première est destinée à remplacer la mitrailleuse légère
Minimi M249 SAW (Squad Automatice Weapon) comme arme de section et la seconde la carabine M4/M4A1 comme
arme individuelle (l’une et l’autre tirant actuellement le 5,56 x 45 mm OTAN ou .233).

Les caractéristiques précises de ces nouvelles armes restent encore inconnues à ce jour, mais on sait qu’elles seront dotées
de solutions techniques innovantes. Elles devraient ainsi notamment intégrer un nouveau type d’aide à la visée avec un
calculateur balistique intégré permettant l’acquisition continue de la cible via un système d’intelligence artificielle. A
l’issue de son évaluation, le système NGSW pourrait être adopté à l’horizon 2022 et déployé l’année suivante.
L’armée de Terre américaine a prévu d’en commander deux cent cinquante mille exemplaires en un premier temps et
devrait renouveler ses stocks de munitions en raison du changement de calibre à hauteur d’au moins cent cinquante
millions de cartouches. La nouveau 6,8 combine une plus grande portée pratique, une meilleure précision à grande
distance, ainsi qu’une pénétration supérieure à toutes les 5,56 en service à ce jour.

Le commandement des forces spéciales américaines, SOCOM, et en particulier le 75th Ranger Regiment et les Green
Berets, sont également intéressés par une dotation en NGSW.

BWA : le pari européen du haut de gamme


Lancée à grand renfort de marketing en mars 2018 au salon IWA sur les sports de cible, la nouvelle marque
Blackwater Ammunition (BWA) a été créée dans le but d’innover dans le domaine des cartouches métalliques à
percussion centrale, tant en termes de design, de RETEX terrain ou de recherche balistique réalisée en laboratoire.
De la qualité high-tech des machines sur les lignes de production à la vérification constante des matériaux,
en passant par la manipulation et les opérations de chargement des différentes composantes sous atmosphère
contrôlée, tout ce qui se fait chez BWA l’est sous le signe de la précision, de la qualité et du savoir-faire.

L’aventure a commencé à l’occasion d’un périple en Extrême-Orient au cours duquel voyageaient côte à côte deux
fortes personnalités :
• Erik Prince d’un côté : ancien membre des SEALs, forces spéciales de l’U.S. Navy, et fondateur en 1997 de la
première firme mondiale de combattants privés (contractors) dénommée initialement Blackwater Worldwide.
Rebaptisée aujourd’hui Academi, la firme a été vendue en 2010 à des investisseurs privés.
• Nicola Bandini de l’autre : « journaliste-businessman » éclectique toujours à l’affût d’un scoop qui côtoie les
plus grands noms de l’industrie (Caracal, Arsenal Firearms).

42
EXPERT SECURITE ... LES BREVES DE PHILIPPE COUVREUR... EXPER

... SECURITE .. INDUSTRIES ... LES BREVES DE PHILIPPE COUVREUR ...


Photos © BWA

James Fenech, un important distributeur d’armes et de munitions basé à Malte, apporte logistique et expérience.
C’est ainsi qu’en un peu moins de deux ans, Blackwater Ammunition (BWA) est opérationnelle avec pour ambition
de se frotter aux défis d’un marché désormais globalisé.

Une offre complète et sophistiquée


A ce jour, BWA a développé et est en mesure de proposer quatre gammes distinctes : une gamme pour armes de
poing semi-auto (calibres 9 x 19 mm et .45 ACP), une pour armes longues rayées (.223 / 5,56 x 45 mm et .308),
des munitions high-tech à usage professionnel calibre 12 et une gamme très innovante et hautes performances
calibre 12,7 x 9 9 mm (.50 BMG), avec laquelle la marque compte bien créer la surprise et développer le tir de
compétition.

Dans le domaine des armes longues, BWA propose une .223 Remington « Signature Series », de très grande qualité,
fiable en toutes conditions climatiques. Elle a été conçue dans une approche « propre », avec des projectiles en
cuivre pleins monolithiques usinés CNC, et est disponible en trois poids d’ogives de 55 à 73 grains.

La munition calibre 12 militaire et police résulte d’une longue expérience dans ce domaine, incluant des
paramètres comme véhicules blindés, tir longue distance et protections balistiques. Elle est chargée d’une balle
de 24 g HPS (Hollow Point Solid) capable de pénétrer un bloc moteur ou un pare-brise dans n’importe quel angle
de tir, grâce à son rétreint au collet de type wad-cutter sous la partie Hollow Point. La gamme comprend aussi
des cartouches à plombs, à chevrotines ou à létalité réduite, propres à satisfaire tous les besoins de terrain et
toutes les situations.

Mais c’est surtout avec sa nouvelle .50 révolutionnaire que BWA est sur le point de bouleverser l’univers des
munitions de calibre intermédiaire, avec le lancement de sa version déposée de la vénérable 12,7, la toute première
dotée d’un étui alliage en deux parties jamais conçue et produite. Combinant intuition, connaissances balistiques,
technologie CNC et une certaine approche visionnaire, BWA offre une opportunité totalement nouvelle dans
ce domaine avec un cartouche .50 BMG 1/3 plus légère à poids de projectile égal. Cet étui hybride, compatible
avec les armes automatiques alimentées par bandes à maillons métalliques détachables, est proposé en deux
chargements : 600 grains Infinite Point Solid (IFS) et 770 grains monolithique, qui devraient rehausser le potentiel
de précision de ce calibre pour tous les types d’utilisateurs, mais aussi permettre d’embarquer 1/3 de munitions
en plus à bord des aéronefs (une classique M33 réglementaire est également disponible).

Avec le démarrage d’une usine de production en Italie, Blackwater Ammunition est aujourd’hui en train de se
positionner et de développer un réseau de distributeurs à travers l’Europe et le monde entier. Installée avec
d’importants moyens, l’entreprise mise sur le haut de gamme avec des produits high-tech. En associant ces
derniers à un packaging et un marketing agressifs et plutôt élitistes, BWA pourrait bien tirer son épingle du jeu
dans un secteur excessivement technique, mais aussi fortement concurrentiel.

Opérationnels SLDS # 50 43
Soutien Logistique Défense Sécurité
Conseil
Saut de nuit © Opération Barkhane, ministère des Armées, 2017
éditorial
Général de corps d’armée (2S) Jean-Pierre Bansard

Ingénieur de formation (ENSAM Paris et ENSI MA Grenoble), Jean-Pierre Bansard a intégré l’École
supérieure de guerre interarmées, puis fut auditeur du CHEM (Centre des hautes études militaires)
et de l’IHEDN (Institut des hautes études de défense nationale). Sa carrière inclut en particulier
les fonctions de directeur adjoint de l’établissement du matériel électronique de l’armée de terre
et le commandement du 7e régiment du Matériel. Il fut également responsable des programmes
d’armement au sein du bureau Études de l’EMAT. Nommé général de brigade en 1999, il sert comme
sous-chef d’état-major « Soutien » à l’état-major OTAN de la SFOR à Sarajevo (BiH), puis comme chef
de la division « Organisation et Logistique » à l’EMA. En 2002, il occupe les fonctions de sous-chef
de l’état-major militaire international de l’OTAN pour la logistique, l’armement et les ressources, Il
devient en 2005 sous-chef « Organisation » à l’état- major des armées et est chargé, par délégation du
chef d’état-major des armées, de la mise en œuvre de la réforme de la logistique et des soutiens des
armées.

Air Vice-Marshall (Retd) John Blackburn

John Blackburn a quitté l’armée de l’air australienne (RAAF : Royal Australian Air Force) en 2008, alors
qu’il en était le commandant en second (Deputy Chief of the Air Force) après avoir mené une carrière
de pilote de chasse sur F/A18, de pilote d’essai et de responsable de la planification stratégique. Ses
postes de commandement ont été commandant du système de défense intégré (IADS) en Malaisie,
commandant de l’Etat-major multinational instauré pour la mise en œuvre des accords de défense
entre l’Australie, le Royaume Uni, la Nouvelle Zélande, la Malaisie et Singapour (Five Power Defence
Arrangements ou FPDA), et directeur de la stratégie à l’Etat-major. Il travaille actuellement comme
consultant dans le domaine de la défense et de la sécurité nationale. L’ Air Vice-Marshall Blackburn
est le directeur adjoint de la Kokoda Foundation et de la Williams Foundation. Il dirige par ailleurs
l’Australian Strategic Policy Institute Council, ainsi que l’Institute for Integrated Economic Research.
Titulaire de plusieurs Masters dont un de défense, ses publications incluent notamment « Optimizing
Australia’s Response to the Cyber Challenge » et « Australia’s Liquid Fuel Security ».

Général d’armée (2S) Gérard Desjardins

Après avoir terminé sa carrière militaire comme inspecteur général des Armées/Gendarmerie
en 2005, Gérard Desjardins est aujourd’hui président de la Mutuelle d’assurance des armées
(MAA), société spécialisée essentiellement dans la garantie des accidents de la vie pour les
militaires en activité, et particulièrement ceux déployés en opération extérieure. Après Saint-Cyr
(66-68), il choisit la Gendarmerie nationale où il effectuera une carrière complète d’officiers. Il
est nommé général à quarante-neuf ans. Sa carrière alterne les commandements opérationnels
(dix-sept ans), la formation (huit ans) avec surtout le commandement de l’École des officiers
de Gendarmerie à Melun et les affectations en état- major (douze ans), essentiellement dans
le domaine des ressources humaines. Commandeur de la Légion d’honneur, il est également
breveté de l’École supérieure de guerre et diplômé d’état-major.

44
Général de corps aérien (2S) Denis Guignot

Ingénieur de l’École de l’Air (EA 73) et diplômé de l’ENSTA, Denis Guignot a intégré l’École de
guerre et est ancien auditeur du CHEM et de l’IHEDN. Officier ingénieur mécanicien de l’armée
de l’Air pendant plus de trente-huit ans, il a été en particulier chef des moyens techniques de la
base aérienne d’Orléans, directeur technique du centre d’expérimentation de l’armée de l’air, di-
recteur d’un atelier de réparation de l’armée de l’air à Mérignac. Il fut également responsable de
la maintenance et de la logistique à l’état-major de l’armée de l’air et participa à la réforme AIR
2010 de l’armée de l’air, ainsi qu’à la construction à Bordeaux du pôle Soutien. Il fut commandant
du soutien des forces aériennes (CSFA) à Bordeaux pendant deux ans. Il quitte l’armée de l’air
en août 2011. Il a intégré depuis l’agence Aquitaine Développement Innovation en tant qu’expert
projets structurants, et fut président d’Aérocampus Aquitaine. Il dirige aujourd’hui Dgconsultaero.

Général de corps aérien (2S) Jean-Marc Laurent

Ingénieur de l’école de l’Air (EA79), Jean-Marc Laurent est diplômé de l’Ecole de Guerre de Paris et a
été auditeur du CHEM (Centre des Hautes Etudes Militaires), de l’IHEDN (Institut des Hautes Etudes
de Défense Nationale) et du « European Center for Security Studies » (Allemagne). Pilote de chasse, il a
débuté sa carrière à Saint-Dizier sur Jaguar (mission nucléaire) et a commandé les escadrons de Nancy
(1991 -1994) et Cambrai (2001-2004). Il a commandé en particulier les forces françaises au Kirghizstan
(« Operation Enduring Freedom ») en 2002 et a y été « vice-commander » de la 376th Air Expedition-
nary Wing de l’USAF. Affecté en 2006 à la Délégation aux Affaires Stratégiques, il devient deux ans plus
tard directeur du Centre d’Etudes Stratégiques Aérospatiales (CESA). Promu général de corps aérien
en 2011, il devient commandant du soutien des forces aériennes (CSFA), ainsi qu’Officier général de
la zone de défense et de sécurité Sud-Ouest. Depuis 2014, il dirige la chaire « Défense & Aérospatial »
à Sciences Po Bordeaux et a fondé la structure de conseil Aeris, spécialisée dans les questions indus-
trielles de l’aérospatial de défense. Il totalise plus de trois mille cinq cents heures de vol.

Général de corps aérien (2S) Pierre Niclot

Issu de la promotion 1971 de l’École de l’air, Pierre Niclot effectue dans l’armée de l’Air une
carrière de pilote d’hélicoptère qui le conduit à occuper plusieurs postes de commandement. Il
intègre ensuite l’École de guerre et sera auditeur du CHEM (Centre des hautes études militaires)
et de l’IHEDN (Institut des hautes études de défense nationale). En état-major il exercera des
fonctions dans le domaine des programmes de matériels puis dans le domaine de la planification
opérationnelle des engagements des forces. Nommé général en 2000, il sera successivement com-
mandant des forces de protection et de sécurité, puis commandant des écoles de l’armée de l’Air.
A l’issue de sa carrière militaire il rejoint le groupe Thales comme conseiller opérationnel auprès
de la division « Air Operations » pendant dix ans, avant de devenir consultant en 2017. Il totalise
quatre mille sept cents heures de vol.

Lieutenant General (Retd) Terry G. Robling

Terry Robling a intégré le Corps des Marines (USMC) en 1976 après des études de commerce à la
Central Washington University. Après un entraînement sur F-4 Phantom, il a suivi l’instruction Top-
gun et fut déployé au Japon. En 1989 il cumula les fonctions de pilote, officier de maintenance et
instructeur système d’armes sur F/A-18D. Sa carrière de trente-huit ans au sein des Marines inclut
de nombreux postes de commandement et formations (National War College ; Johns Hopkins Uni-
versity). En 2003, il participa à l’opération Iraqi Freedom en tant que commandant de la 3rd Ma-
rine Aviation Wing Forward. Il fut notamment Commandant en second de l’aviation de l’USMC en
charge des plans, programmes et acquisitions. Il a quitté en août 2014 sa fonction de Commandant
des Marines dans le Pacifique (MARFORPAC) pour rejoindre le secteur privé en tant que président
de la société aérospatiale américaine PKL Services. Il totalise cinq mille deux cents heures de vol.

Opérationnels SLDS # 50 45
Soutien Logistique Défense Sécurité
Ingénieur général hors classe de l’armement (2S) Louis-Alain Roche

Louis-Alain Roche est ancien élève de l’École polytechnique et de l’École nationale supérieure de
l’aéronautique et de l’espace. Il a effectué la majeure partie de sa carrière au sein de la Direction
générale pour l’armement (DGA) et compte mille cinq cents heures de vol en tant que personnel
navigant. En 1983, il rejoint le service des programmes aéronautiques pour diriger les activités
de production des avions de combat pour l’armée de l’air. Il lance en particulier la production du
Mirage 2000 N. En 1991, il devient directeur-adjoint du programme Rafale, puis directeur en 1997.
De 1998 à 2005, il assure la responsabilité de directeur des ressources humaines de la DGA. En
mars 2005, L’ingénieur général Louis-Alain Roche est nommé auprès du ministre de la Défense, afin
de conduire la mission de modernisation du maintien en condition opérationnelle des matériels
aéronautiques de la Défense (MMAé). En 2009, il est nommé Contrôleur général des armées en
mission extraordinaire. Il a quitté le service actif en 2014 et est aujourd’hui ingénieur-conseil.

Vice-amiral (2S) Pierre Sabatié-Garat

De la promotion 1965 de l’École navale, Pierre Sabatié-Garat a rejoint les Forces sous-marines. Il a
commandé trois sous-marins (SMD, SNA, SNLE ) et l’escadrille des sous-marins de la Méditerranée.
Affecté au bureau Études générales de l’état-major des armées (EMA) en 1993, il est chargé des
études sur la sécurité en Europe et la lutte contre la prolifération des armes de destruction
massive. Promu contre-amiral en 1997, il prend les fonctions de sous-chef Opérations-Logistique
à l’état-major de la marine (EMM). En 1999, il est attaché de défense à l’ambassade de France à
Londres. Promu vice-amiral, il est nommé en 2001 inspecteur des forces maritimes. De 2002 à
2008, il est conseiller auprès du directeur de la Stratégie du groupe EADS. Il est consultant pour
Euratlantic Conseil et Azimuth Defense Consulting. Ancien auditeur de l’IHEDN, il est membre du
conseil scientifique de la Défense. Il a écrit un livre sur la vie à bord d’un sous-marin et publié des
articles dans diverses revues.

Général de division (2S) Patrick Tanguy

Issu de la promotion “Général Laurier” de l’EMIA (78- 79) et de la deuxième promotion du CID,
Patrick Tanguy a consacré l’essentiel de sa carrière militaire aux hélicoptères de combat au
sein de l’Aviation légère de l’armée de terre (ALAT). Il a notamment commandé le 1er Régiment
d’hélicoptères de combat et totalise plus de deux mille six cents heures de vol. Chef d’état-major
du commandement de l’ALAT en 1999, puis coordonnateur ALAT à l’EMAT en 2003, il a dirigé les
travaux de mise aux normes européennes de la formation des pilotes d’hélicoptères, coprésidé le
comité commun des écoles franco- allemandes du Tigre et contribué à l’élaboration du Partenariat
public privé (PPP) relatif concernant la flotte d’hélicoptères externalisée à l’école de Dax. Nommé
général en 2005, il commande les écoles de l’ALAT de Dax et du Luc, puis prend les fonctions
de COMALAT en 2008. Ayant intégré le groupe Défense Conseil International en 2011, il a dirigé
la branche COFRAS spécialisée dans le transfert du savoir-faire de l’armée de Terre et de la
Gendarmerie jusqu’en 2019.

Ingénieur général hors classe (2S) Jean-Luc Volpi

Ayant intégré l’Ecole de l’air en 1982, Jean-Luc Volpi est également diplômé de l’Ecole nationale
supérieur du pétrole et des moteurs et de l’Institut français de gestion. Après un parcours dans
les fusiliers commandos de l’air, il intègre en 1994 le corps des ingénieurs militaires des essences
au sein du Service des essences des armées. Il y occupe différents postes de responsabilité, dont
des détachements à l’état-major des armées et au ministère de l’industrie ,où il est en charge de la
sécurité des approvisionnements et des réserves stratégiques de l’Etat. Par la suite, il commande
la base pétrolière interarmées puis, après sa nomination dans le corps des officiers généraux, la
Direction de l’exploitation et de la logistique pétrolières interarmées. Ancien auditeur du Centre
des hautes études militaires et de l’Institut des hautes études de défense nationale, il est nommé
directeur central du SEA de 2013 à 2018, terme de sa carrière militaire. Il est actuellement direc-
teur général de la société du Pipeline Méditerranée-Rhône.

46
FORMATIONS
POUR PROFESSIONNELS

Leader français de la formation continue en management stratégique et


intelligence économique, forte de vingt trois ans d’innovation pédagogique et d’un
réseau international de 2300 experts, l’Ecole de Guerre Economique ouvre la
7ème session de sa formation MBA Management des Risques, Sûreté
Internationale et Cybersécurité (MRSIC).
C

CM

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CMJ

Aujourd’hui, la question de la sûreté matérielle des entreprises ne peut plus être


dissociée de la problématique des menaces immatérielles qui affectent la vie
économique via les réseaux informatiques et Internet.
La protection de l’entreprise est désormais un enjeu stratégique qui ne peut plus
être traité par une série de mesures techniques.
Pour répondre à ce besoin d’approche globale de la cyber-sûreté et des risques,
l’EGE a décidé de lancer le programme exécutive MBA Spécialisé Management
des Risques, Sûreté Internationale et Cybersécurité (MRSIC). La formation se
déroule au centre de Paris, dans les locaux de l’EGE.
L’admission à cette formation est réservée à tous les professionnels de tous
secteurs d’activités en charge de fonction sûreté et Cyber sécurité, Risk
Managers, cadres secteurs publics (police, défense…) en reconversion, réserviste
ou en activité.

Ecole de Guerre Economique / 196, rue de Grenelle / 75007 Paris


contact@ege.fr / +33 1 45 01 00 02 / www.ege.fr

ÉTABLISSEMENT D’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR PRIVÉ GROUPE ESLSCA


L’équipe d’
Opérationnels
Romain Petit, historien et analyste, en charge des partenariats enseignement
Docteur en histoire, titulaire d’un Master II en philosophie et en droit, auditeur diplômé IFACI, Romain
Petit a servi comme officier durant plus de quinze ans, au sein de l’école de l’air, puis comme directeur gé-
néral des services sur base aérienne en outre-mer, avant de travailler en état-major. Il dirige depuis quatre
ans la société Acquérir solutions spécialisée dans le conseil et la formation et intervient régulièrement au
sein d’instituts, tel que l’IGPDE du ministère de l’Économie et des Finances. Il est par ailleurs chercheur
associé et enseigne régulièrement au sein de l’Université de technologie de Troyes. Cumulant plus de
cinq mille heures de formation, auteur de trois ouvrages et d’une centaine d’articles, il continue de servir
comme officier supérieur de réserve au sein de l’état-major des armées.

Lieutenant-Colonel (R) Michel Klen, historien


Officier saint-cyrien, Docteur en lettres et sciences humaines (Paris X – Nanterre) et diplômé du Centre
des hautes études sur l'Afrique et l'Asie modernes (CHEAM), le Lieutenant-Colonel (R) Klen servit au
sein de différentes unités, dont le 9° Régiment de chasseurs parachutiste (9° RCP) à Toulouse. Après
un passage à l’École d'infanterie américaine de Fort Benning en Géorgie, il devînt analyste de la zone
Afrique australe-océan Indien au Secrétariat général de la défense nationale (SGDN). Après avoir quitté
l'armée d'active, il rejoint le corps des officiers linguistes de réserve de l'armée de Terre. Il est l’auteur de
différents ouvrages et articles portant sur la géopolitique et l'histoire militaire.

Frederic Lert, journaliste


Journaliste indépendant, Frédéric Lert a écrit plusieurs centaines d’articles et, seul ou en coopération,
une trentaine de livres sur les questions de défense et d’aéronautique. Le dernier paru porte sur le Groupe
de Chasse 1/2 Cigognes de l’armée de l’Air, aux éditions Zephyr. Il travaille également pour différentes
publications, telles que Science & Vie, Helicopter Industry, Combat Aircraft en Grande-Bretagne, ou encore
depuis 2011 le site français « Aerobuzz ». En 2017, il a également assuré la rédaction en chef du magazine
« Aeromag Aquitaine » consacré à l’aéronautique en région Nouvelle Aquitaine.

Claude Corse, journaliste, en charge du développement


Journaliste de presse écrite, reporter d’images et auteur, Claude Corse a dirigé une agence de presse (print et web
TV) pendant quinze ans, après une carrière en presse magazine (Le Parisien, Le Figaro magazine, VSD). Il a par
ailleurs lancé divers magazines (Vivre l’aventure, Energies Tout-Terrain magazine) et co-signé plusieurs ouvrages
sur les sports de combats et la sécurité professionnelle (Le manuel d’intervention des pros de la sécurité).
Diplômé de sciences économiques et sciences politiques à Paris 1 (DEA défense) et de l’Institut français de
presse à Paris 2, il rejoint notre équipe comme journaliste. En charge du développement, il accompagne en outre
l’ouverture éditoriale du magazine et du site au monde de l’aventure, du sport et de la survie, en relation avec les
acteurs de la défense et de la sécurité et dans l’esprit du renforcement du lien armées-nation.

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UIISC 5 © facebook 2017
Murielle Delaporte, fondatrice et rédactrice en chef
Diplômée de l’Institut d’Etudes Politiques de Paris, de la Sorbonne (DEA sciences politiques/
défense), et de Georgetown University, Washington DC (Masters in Government/security studies),
Murielle Delaporte travaille depuis plus de trente ans comme analyste des questions de défense et
de sécurité en France et aux États-Unis (comme chargée de mission au Secrétariat général de la
défense et de la sécurité nationale ; comme chargée d’étude et « research fellow » au sein de divers
centres de recherches et think tanks comme l’Institut français des relations internationales (IFRI)
et l’Institute For East-West Security Studies ; en tant que consultante). Auteur de plusieurs ouvrages,
elle rédige régulièrement des articles en français et en anglais pour différentes publications en
France et à l’étranger (par exemple Breaking Defense).

Lieutenant-Colonel Pascal Podlaziewiez (R), photoreporter


Après avoir commencé sa carrière dans une entreprise de fabrication d’engins de travaux
publics, Pascal Podlaziewiez s’engage à l’issue de son service militaire dans l’arme blindée et
cavalerie. Officier dans l’armée de Terre pendant plus de trente ans et déployé régulièrement
en opération extérieure (Kosovo ; Afghanistan), c’est là qu’il a commencé à s’orienter vers
l’audiovisuel, passion dont il a fait une seconde carrière à partir de 2012 en créant son
entreprise de photo et vidéo appelée « Prod32 ».

Claire Colat-Parros, en charge de la communication


Diplômée d’une maîtrise de droit, Claire a travaillé comme directrice de clinique et respon-
sable de la communication de la revue « Diabète et nutrition ». Très active au sein de la société
des membres de la Légion d’honneur de Pau, son intérêt pour les questions de sécurité et de
defense l’a conduit à rejoindre notre petite équipe, afin de reprendre le flambeau « communi-
cation ».

Sylvana Desforges, en charge des relations extérieures et de la publicité


Forte d’une longue expérience en matière de gestion et recherche commerciale d’espaces publici-
taires, Sylvana Desforges a commencé à travailler pour différentes publications dans des domaines
aussi variés que le Bâtiment Travaux Publics et l’Architecture. Avant de nous rejoindre en 2016,
elle avait créé son entreprise en 2003 et activement contribué au développement commercial de la
revue des Ingénieurs de l’armement. Sylvana apporte ainsi son savoir-faire dans le domaine de la
publicité permettant de répondre au mieux aux attentes et aux besoins en matière de communica-
tion de nos partenaires.

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