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Compte Rendu « Invisibilisation »

Le thème principal de cette session est centré sur l'invisibilisation des femmes, abordé sous deux
angles distincts. Dans la première partie, l'accent est mis sur l'invisibilisation des femmes dans les
farces et sautilles du théâtre médiéval. La première intervenante (Joane) a approfondi ce sujet à
travers sa thèse sur les farces et sautilles Normandes du 16ème siècle. La seconde partie traite de
l'invisibilisation des metteuses en scène et des autrices dans le théâtre contemporain. Pour cette
section, Cécile Tabot, politiste, présente ses recherches issues d'une thèse dédiée à la
mobilisation pour l'égalité des sexes dans le spectacle vivant.
Tout d’abord l’analyse de l'invisibilisation des femmes est un concept principalement discuté
dans le militantisme féministe. La dé nition de l'invisibilisation est dé nie par Joane comme un
processus actif occultant systématiquement un groupe dans l'espace public, à la di érence du
concept d'oubli, qui est passif. On a pu également y rencontrer les notions comme « l'E et
Matilda », soulignant les inégalités de reconnaissance chez les scienti ques, surtout pour les
femmes, et la « Meni cation », qui décrit l'appropriation masculine du travail et des loisirs
féminins. La notion d'invisibilisation est appliquée ici spéci quement aux femmes mais peut
également concerner d'autres groupes systématiquement discriminés.

Le rôle des femmes dans le théâtre médiéval est mal documenté, perpétuant le mythe selon
lequel elles ne jouaient pas sur scène. Cette idée fausse provient de l'interprétation erronée des
écrits de Petit de Juleville au 19ème siècle. Gabriela Parussa souligne que cette notion d'absence
des femmes est une extrapolation devenue une norme acceptée. Néanmoins, des cas
historiques, tels que le "Mystère des 3 dômes" de 1509, montrent que les femmes jouaient
e ectivement des rôles féminins. Bien qu'elles aient contribué nancièrement et matériellement
au théâtre, leur présence en tant que spectatrices était limitée. La reconnaissance des femmes
dramaturges avant Marguerite de Navarre au 15ème siècle est également insu sante, ce qui
accentue leur invisibilisation dans l'histoire du théâtre.

Dans le théâtre, les rôles féminins sont parfois joués par des hommes, conduisant à une
interprétation comique et stéréotypée de la féminité. Ce stéréotype in uence la perception des
personnages féminins, surtout lorsqu'ils expriment leur sexualité ou frustrations. Les scènes
peuvent ainsi être interprétées de diverses manières, allant de la moquerie à des moments
sincères de con dences féminines.

Le recueil de Rouen, une collection de pièces de théâtre normandes de 1570, a été analysé pour
étudier la présence des femmes. Sur 71 pièces, 51 ont été examinées, révélant que 38% des
personnages étaient féminins. L'étude a montré des personnages féminins variés, souvent dans
des rôles collectifs puissants mais anonymes ce qui participent à l’invisibilisation Les titres des
pièces ont souvent été modi és dans les éditions ultérieures, supprimant les noms des
personnages féminins, ce qui a conduit à une invisibilisation des femmes dans le théâtre
médiéval.

Cette recherche met en lumière l'importance de reconnaître et de réévaluer le rôle des femmes
dans l'histoire du théâtre. L'étudiante, aussi militante, insiste sur l'équilibre entre méthodologie
scienti que et reconnaissance de sa subjectivité. Elle se déclare ouvertement féministe pour plus
de transparence et adhère à l'idée d'"objectivité militante" de Donna Harway, prônant la
divulgation des biais personnels. Son travail, rédigé en écriture inclusive, lui a valu un prix en
histoire du genre.

L'intervenante a choisi d'étudier l'invisibilisation des femmes, un sujet qui l'a toujours intéressée.
Elle a opté pour le terme "invisibilisation" pour son lien avec le militantisme, bien que "oubli",
utilisé dans un autre contexte par Vincent Azoulay, aurait aussi été approprié. Concernant les
carrières des comédiennes, les informations sont limitées, mais une étude de pièce indique que
certaines comédiennes ont pu jouer dans plusieurs productions. L'identité des auteurs des pièces
reste inconnue, mais il est possible qu'elles soient issues de di érentes troupes, avec des
modi cations dans les nouvelles versions.
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Cécile Tabot, politiste, a étudié pendant six ans l'égalité femmes-hommes dans le théâtre
subventionné, en se concentrant sur les carrières des femmes. À travers 60 entretiens et une
participation active dans diverses associations, elle a exploré comment les travailleuses du
spectacle vivant perçoivent et réagissent aux injustices de genre, en particulier l'invisibilisation
des metteuses en scène.

Sa thèse souligne la lutte pour la reconnaissance et l'égalité des femmes dans ce secteur.
Historiquement, les femmes dans l'art ont souvent été invisibilisées, une situation exacerbée par
les historiens. Bien qu'elles aient créé des œuvres, leur accès à la postérité historique a été limité.
Avec l'institutionnalisation des professions artistiques, les femmes ont été partiellement exclues,
notamment dans le théâtre. Depuis les années 70, il y a eu des mobilisations pour réévaluer leur
rôle dans l'art. Aurore Evain a notamment montré que l'émergence des actrices comme
inspiratrices plutôt que comme créatrices date du 17ème siècle. Parallèlement, le rôle des
autrices de théâtre a été minimisé. Le métier de metteuse en scène, plus récent, s'est développé
au milieu du 20ème siècle. L'accent s'est progressivement déplacé de l'auteur vers le metteur en
scène, surtout après les années 60 avec la décentralisation culturelle. Les théâtres régionaux,
souvent dirigés par des metteurs en scène nommés par le ministère de la Culture, ont renforcé
l'autorité artistique et le pouvoir individuel du metteur en scène, modi ant ainsi la perception
traditionnelle du théâtre comme un art collectif.

Le métier de metteuse en scène dans le théâtre français varie grandement, allant de petites
compagnies à des centres dramatiques nationaux. La formation est principalement informelle,
avec peu de cursus spécialisés avant 2001. On accèdent souvent à ce réseau par cooptation
professionnelle. Les metteuses en scène rencontrent des obstacles à plusieurs niveaux, subissant
des inégalités dans la programmation, le nancement et l'accès à des postes de direction. Les
femmes directrices sont généralement plus jeunes et plus quali ées que leurs homologues
masculins, soulignant une sélectivité accrue pour ces postes en tant que femme.

Les femmes dans le théâtre a rontent des stéréotypes sexistes et de la discrimination dès leur
formation et tout au long de leur carrière. Elles sont souvent cantonnées à des rôles dévalorisés et
à des tâches administratives, même en tant que metteuses en scène. Elles subissent également
un environnement de travail sexualisé et des violences sexuelles, ce qui renforce leur sentiment
d'illégitimité professionnelle. Les metteuses en scène éprouvent des di cultés à obtenir
reconnaissance et légitimité dans leur milieu professionnel. Elles subissent des comportements
condescendants et une dévalorisation de leur travail, particulièrement lors de leurs interactions
avec les programmateurs. Ces expériences renforcent leur sentiment d'illégitimité et les poussent
à se mobiliser souvent à travers des actions syndicales et symboliques.

Les mobilisations pour le matrimoine dans le théâtre, bien que visant à reconnaître les
contributions historiques des femmes, présentent des e ets ambigus. Elles se heurtent à des
résistances, notamment de la part des professionnels du théâtre, et peuvent parfois renforcer
involontairement des stéréotypes de genre. Ces e orts peuvent exposer les militantes à des
di cultés professionnelles, renforçant leur sentiment d'illégitimité. Bien que le matrimoine soit
généralement bien accueilli, il est souvent limité à une approche complémentaire au patrimoine
existant, sans remettre en cause les structures de genre prédominantes dans le domaine
artistique.

Les manifestations pour valoriser le "matrimoine" dans le théâtre se confrontent à des contraintes
économiques et institutionnelles, limitant leur impact. Ces événements, souvent organisés dans
des lieux modestes avec des ressources limitées, re ètent les di cultés rencontrées par les
femmes dans le milieu théâtral. Malgré leur objectif de promouvoir la reconnaissance des femmes
artistes, ces initiatives peinent à avoir un impact signi catif sur l'égalité de genre dans le théâtre,
conduisant à des résultats parfois ambigus.

L'égalité des sexes dans le secteur culturel est similaire à d'autres professions supérieures, avec
une résistance malgré les e orts militants. Les professionnels du spectacle, particulièrement les
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femmes et les minorités, font face à des obstacles dans leur progression de carrière. Les
initiatives comme "allo sexisme" soutiennent les victimes de violences sexistes. Les métiers
artistiques, peu syndiqués, présentent des parcours militants diversi és. Cécile Tabot, engagée
dans les études féministes, a choisi de se concentrer sur ces thématiques dans sa thèse, malgré
une expérience militante initialement décevante.

NB : je ne suis pas sûre du terme « meni cation »

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