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DOSSIER LES LUMIERES 1

Qu'est-ce que les Lumieres? Quels príncipes ont-elles inventés et défe~d!J~?


Aquelles critiques font-elles face aujourd'hui ?Tzvetan Todorov, comm1sso1re
a
de l'exposition Lumieres ! la Bnf répond.

TZVETAN TODOROV monarque lui-méme est responsable devant le


peuple. Ce rejet de tutelle entraine en méme

Un mou vem ent


<<
temps le désenchante ment du monde. L'univers
tout entier obéit aux lois de la nature, le surna-
turel n 'y a plus de place ailleurs que dans la foi

d'éma ncip atio n » qui devient une affaire privée : Galilée et Ne"'.-
ton ont établi l'homogénéi té du monde phys1-
que. Des l'instant ou ~n ,vit dans un ~~nde
propos recueillis par Aliette Armel et Michel Delon entierement naturel, qm n est plus soum1s a des
forces magiques, les sciences peuvent naitre :
sciences de la nature mais aussi anthropolog ie,
sociologie, psychologie, histoire. Tout devient
objet de connaissanc e, il n'y a plus de tabou
interdisant de connaitre les choses. Les bom-
mes s'ouvrent en méme temps sur la diversité
de l'univers : ouverture géographiqu e-avec une
curio si té croissante pour les mreurs des autres
- et ouverture historique. On commence a
décrire les périodes antérieures non plus
comme un répertoire d 'exemples a la maniere
de l\iontaigne mais en recherchant leur propre
cohérence. Les Lumieres, c'est done a la fois
l'universalis me et la découverte de différences
zvetan ,.odorov s'est fait connaitre infinies. Tous ces principes essentiels de notre
par ses travaux de poétique et de linguistique modernité ont été inventés et mis en place a
a partir de 1968. Directeur de recherche au l'époque des Lumieres.
CNRS, il a élargi ses investigation s aux ques-
tions de morale et de politique (La Conquete de N'est-ce pos une vision idyllique? Depuis leurs
l'Amérique, Nous et les autres, éd. du Seuil, Les origines, les Lumieres sont en butte a de fortes
Morales de l'Histoire, éd. Hachette Littératures) . critiques!
Il a donné des monograph ies de penseurs Certaines de ces critiques sont légitimes,
comme Rousseau ou Benjamin Constant et des d'autres reposent sur des malentendu s. Un des
essais sur la peinture (Éloge de l'individu, éd. premiers reproches fait au projet des Lumieres
Adam Biro). 11 est le commissaire de l'exposi- concerne le danger de la volonté illimitée. A. quoi
tion consacrée aux Lumieres qui ouvre ala BnF se soumet l'étre humain lorsqu'il n 'obéit plus a
en mars prochain. des lois venues d'ailleurs? Sans la barriere des
interdits, dira-t-on au xxe siecle, l'bomme finit
Le Magazine /ittéraire. Sur le plan historique, com- par fabriquer le goulag, exterminer les races
ment caractérisez-vous la période des Lumieres? inférieures. Dans la pensée des Lumieres, la
Tzvetan Todorov. Le point central de la pensée volonté humaine rencontre un double frein.
des Lumieres, c'est la critique des tutelles exté- D'abord, l'humanism e: l'action bumaine a pour
rieures et l'affirmation de l'autonomie. Un mou- but le bieq-étre de l'humanité. La quéte du bon-
vement d'émancipat ion, d'abord, qui implique heur remplace la recherche du salut. Si une
que c'est au sujet humain de prendre en main action, décidée par un individu autonome, ne
son destin, politique ou individuel. Ce n'est plus sert pas les intéréts de l'humanité, n'assure pas
la tradition, ce sont les hommes qui doivent au peuple un plus grand bonheur, cette action
poser la loi et l'assumer : le peuple est souverain. doit étre abandonnée . Le second frein c'est
Tel est le sens de la « volonté générale », cette
l'uni~ersalit é. Tous les grands penseu;s des
notion que Rousseau introduit dans le Contrat
Lum1eres ont été sensibles a cette exigence.
social. La volonté du peuple est inaliénable, elle
Selon
.1., Rousseau,
b pour connaitre ce qu· t . te
ne peut étre co_nfiée que provisoirem ent, et le 1es ¡us ,
I 1aut o server ce qui va dans le sens de l'intérét
LES LUM IERf S n

général. Mon.tesquieu affinne qu'il faut aban-


don~er toutc idée contraire aux intérets de l'hu-
mamté
, . · Kant a e nsuite · d onné a cette notion
d umversal_ité sa formu lation philosophique.
Ces profe~s1~ns de foi universalistes dessinent
un c~dre: 11 n est pas permis de tout faire. L'auto-
nom1e est re~endiquée, autonomie de l'individu ,
de la conna1ssance, du peuple, mais c'est aussi
u~e ~utono_m ie bridée, encadrée par les idées
d umversahté et d'humanité.

~es principes _des L~mier~s ~nt défini une perspec-


t,~~ de progres. Au1ourd hui, tout discours qui s'y
refere se heurte aux horreurs de l'histoire et al'im-
possibilité de croire ades lendemains meilleurs.
Contrairement a une image répandue, tous les
hommes des Lumieres ne revendiquent pas
l'idée d'un progres linéaire. Tous, en revanche,
se ré clament de la perfectibilité de J'espece
humaine, et ce conflit entre théorie du progres .á. Tzvetan Todorov maux. Pour luí, bien et mal couler.t de la mémc
et théorie de la perfectibilité produit une ten- source, qui est notre liberté. Guérir l'hum:rni1l~
sion intéressante. Turgot est un des grands de ce qu'elle est produirait une autrc cspece. i l
défense urs du progres. 11 reprend le schéma de envisage la vie humaine comme un " jardín
Bossuet, celui de l'accomplissement de la pro- imparfait », pour reprendre la métaphore de
viden ce, en lui substituant un conten u profane. Montaigne. Ce n'est pas un bon programme
Voltaire, lui, est plus hésitant: il affirme que politique, ou une redist ribution des moyens de
l'humanité avance avec len- production qui peut tout régler. Les révolutions
teur vers le progres, en souli- LES MOTS DES LUMIERES Universalité. Les ham- n'ont entendu qu'une partie de J'enseignement
gnant le mot lenteur. Lessing mes étaient prisanniers de leur naissance, de leur des Lumieres. Néanmoins, Rousseau insiste sur
plaide pour une conception de famille, de leur religion. Les Lumieres affirment l'idée de perfectibilité (c'est luí qui , semble-t-il,
l'histoire qui est celle de J'édu- l'universalité de la raison et de la sensibilité. L'hu- a inventé le mot) : a tout instant, J'etre humain
cation du gen re humain : ce manité devient ala fois la communauté des etres est capable de concevoir un état meilleur que
n 'est que par err e ur qu'on humains et les valeurs universelles qui la fondent. celui dans lequel il se trouve, alors qu'un animal
commet le mal, le bien se laisse Avant d'etre citoyens d'un pays, membres d'une n'a pas de conscience et ne peut imaginer autre
enseigner. Ce coura nt de s fomille, nous sommes désormais portie pre nante chose que ce qu'il vit. L'etre humain a cette sin-
Lumieres croit a u progres, de l'humanité. Homosum: humani nihil a mealie- guliere capacité aposer un idéal, done avouloir
mais il est en butte a de nom- num puto(« je suis homme : ríen de ce qui est hu- changer. 11 vivait dans Je péché, dirait Je croyant,
breuses critiques, ainsi chez main ne m'est étranger 11) [Térence], telle est la il a décidé de ne plus le faire. Mais cela ne donne
Hume ou chez Mendelssohn. devise des Lumieres. pas un sens al'histoire ! Quand nous critiquons
L'idée de progres est un des la foi nai've au progres, nous resto ns encare fide -
themes essentiels du conflit de Rousseau avec les aux Lumieres. Mais ce sont celles de Men-
les encyclopédistes. Lui croit que chaque pro- delssohn, Rousseau et Kant, plutéit que celles de
gres se paie cherement par une régression. Dans Turgot. Lessing ou Condorcet.
le Discours sur l'origine de l'inégalité, il met en
garde: plus on facilite la vie de l'individu, plus Apres que la Révolution a bouleversé toute l'Europe,
on accable J'espece. Les progres de la science et s'est transformée en armées napoléoniennes de
deviennent des malheurs pour les hommes. Ce a
conquete, on a assisté une flambée de nationa-
qui est particulierement da ngere ux, c'est de lismes, un retour au sol, au sang, au passé, a la
penser qu'on peut concevoir le pa rad is sur terre. profondeur des mythes. Aujourd'hui, ces démons
Rousseau ne prétend pas instaurer une huma- nationalistes qu'on pensait rentrés dans leur boite z

nité parfaite, la guérir définitivement de ses resurgissent anouveau. ••• i


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DOSSIER LES LUMIERES

Lumieres !
L esyeuxdeRousseouetde
Mozart vous accueillent a
la Bibliotheque notionole
Ciel. Derriere les querelles entre
religians s'impose soudoin le
de la consciente individuelle. Le
meme homme écrit Du controt
les communautés de ,.:;· t.,rmer
pour réduire chacun e<-e,.,·, 1gines
grand débat entre la Foi et une socio/ et Les Réveries du promeneur etcondamnerl'aveniro 0 r , ::, répé-
de France. Rousseau dessiné au Raison qui s'est déborrassée de solitaire. Le meme mot désigne tition du passé. L'unive, .-o:;té ris-
pastel par La Tour vous regarde; toute référence divine. La Réserve que d'etre caricatur éepar larnon-
les papiers publics, les périodiques
saisi par Joseph Lange, Mozartest des livres rores opreté les vol umes qui diffusent les informations, dialisationouparlotransfo, mation
plongé dans la musique qu'il est de Lo Mettrie, d'Helvétius etd'Hol- des etres et des objets culturels
organisent le débot et les registres
en troin de jouer. De quelle notio- boch qui théorisent le motério- en marchandises·. Une collection
secrets ou un individu raconte ce
nalité sont-ils, ce musicien devenu lisme. La littérature érotique est qui était autrefois réservé a la de livres et de tableaux, de monus-
philosophe, né a Geneve, et ce de lo portie : Thérese philosophe confession ou ou dialogue avec crits et d'instruments scientifiq ues
musicien erront, né aSalzbourg? raconte les omours de la belle Dieu :journouxetjournauxintimes doit toucher par sa beauté, en
lls appartiennent ol'Europe et oux Cediere et de son confesseur le donnent avoir des hommes et des meme temps que nous fropper
Lumieres. Plus loin, une toile de pere Girard. La pornogrophie femmes inscrits dans la tempora- par les questions qu'elle pose. Les
Boucher imagine un exubérant devient une arme centre l'hypo- lité, occeptant les variations de lo Lumieres ne sont pos une le~on
costume chinois, tandis que la crisie. vie politique et morale, s'interro- qu'il suffiroit de répéter, ellessont
ménagere de Chardin tire de l'eou Ce qui étoit une histoire obs- geont sur leurs peurs et leurs juge- un exemple de pensée critique et
d'unefontaine de cuivre. D'un coté traite des idées prend dons l'ex- ments précon~us. autocritique. Alors le pire n'est
les plumes et les soieries, de position lo vérité charnelle des Au cceur d'une orchitecture qui plus toujours sür. ■ M. O.
l'autre les objets quotidiens de la reliures et de la typogrophie est porfois ressentie comme une
cuisine. L'exposition Lumieres ! a ancienne, de la gravure et des épure obstraite de Boullée, il est O Exposition Lumieres !
la BNF se met ainsi en place, entre couleurs. Les principes deviennent utile que lo Bibliotheque notionole Un héritoge pour demo1n.
les idées et les sensations, entre des formes, des motérioux. L'ex- de France s'interroge sur lo place Du ,., mars au 28 mai 2006,
les reveries de l'ailleurs et lo position restitue un univers men- d'une époque dons notre potri- BNF, site Fran~ois-Mitterrand,
modestie de l'ici. Les gravures tal et sensible, celui d'une époque moine et sur le sens des voleurs quai Fran~ois-Mauriac.
plongen t ensuite dons cette qui pense en meme temps l'indi· que celle-ci incorne. Une biblio- Rens. 01 53 79 59 59
guerre des imoges et des mots qui vid u autonome et l'espace public, theque n'est pos une occumulo- f!:) Et aussi : l'exposition
......
met aux prises jésuites et jansé- qui articule et sépore l'intime et tion de livres, elle est un lieu de Madame du Chlltelet.
nistes, catholiques et réformés, le public. Le monde s'élargit oux lecture et de discussion. Atravers Du 7 mars au 3 juin 2006,
plus généralement taus ceux qui dimensions du globe et s'oppro- le monde, les territoires risquent, BNF, site Richelieu,
prétendent légiférer au nom du fondit de toutes les incertitudes plus que jamais, de se refermer, galerie Mazarine .

• •• L'image qui me vienta l'esprit, c'est celle 11 y a done aussi une autre fa~on de s'opposer aux
de l'hydre dont les tetes repouss ent constam - Lumieres: la connaissance est libre, mais elle n'est
ment. En délégiti mant la royauté et l'Église, les plus mise au service d'un mieux-etre de l'huma-
homme s des Lumier es revaien t d'etre l'Hercul e nité.
qui coupe ces tetes, sans voir qu'elles repous- Il faut effectiv ement disting uer les rejets des
sent tres vite. La perfecti bilité, seule, n'entrai ne détourn ements, qui poussen t le program me des
pas un progres clair et nous oblige de recom- Lumiere s a l'extreme, jusqu'a le transfo rmer en
mencer sans cesse. Les réaction s contre l'auto- son contrair e. Lorsque Sade expliqu e, dans La
nomie, l'human isme, l'univer salisme revien- Philosophie dans le boudoir, qu'il ne faut surtout
nent régulie rement : l'etre humain n'est pas pas obéir a des tutelles venues d'ailleu rs ni se
aussi simple que le croyait l'anthro pologie des soumet tre a la morale traditio nnelle, il est dans
Lumier es. U aspire a la liberté et a l'émanc ipa- l'esprit des Lumiere s. Mais lorsqu'i l revendique
tion mais il connait aussi la peur de la liberté, le droit de provoq uer la souffra nce d'autrui
le désir d 'etre protégé , de vivre dans la routine, parce qu'elle cause son plaisir, il niela recher-
de s'adonn er a l'égo"isme. Je précise que, des la che du bien com_m un, ce frein opposé a la
fin du xvm• siecle, les Lumier es ont été atta- volonté illimité e, et, plus gravem ent, imagine
quées de dewc c6tés opposés , on leur reproch e l'homm e comme autosuf fisant. De la meme
simulta nément d'en faire trap et trap pe~. Mon~ manier e, les totalita rismes sont des enfants
tesquie u disait se sentir comme quelqu un q~1 illégitimes des Lumieres. Le commu nisme pose
habite au premier étage: incomm odé a la f01s par exemple comme postula t une transpar ence
par la fumée d'en bas et le bruit d'en h_aut. :. totale de l'etre huma in sur le plan de la connais-
oans la lettre a Beaumo nt, Rousseau exphqua~t sance : une capacit é de tout savoir et done la
qu'a peine terminé son débat avec les dévots, 11 possibil ité de créer un homme nouveau par la
devait combat tre les« philoso phes ». rééduca tion, par la transfor mation sociale des
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conditio ns de vie. Or, le projet des Lumieres pement, de productio n, sans plus s'interrog er • Lt Souptr dts
comport e un príncipe d'incertit ude. Montes- sur la finalité de cet activisme débridé. Or, la philosophts, d'apres
quieu affirme l'existenc e d'une part d'incon- performa nce éconorni que n'est pas une fin en une gravure de J. Huber,
naissable dans l'hornrne , liée asa liberté mérne, elle-méme, elle n'est bon ne que si elle sert notre eau-forte.
par laquelle il échappe au détermin isrne cau- plus grand bien-étre.
sal. Le relativism e radical est une autre forme
de détourne rnent. Les Lumieres introduis ent Parmi les enfants légitimes ou non des lumieres,
l'idée de la pluralité hu maine : les Noirs d'Afri- .on trouve le libéralisme, notion systématiquement
que sont tout autant des étres hurnains que les associée, au x1x« siecle, a !'esprit des lumieres. Le
Blancs d'Europe . Cette reconnai ssance de la terme a changé de sens et se confond aujourd'hui
diversité implique néanmo ins une vision avec cette économie qui fonctionne toute seule. ALIRE
d'unité de l'humani té. Le relativism e radical En tant qu'histor ien des idées, je suis géné par
peut, en revanche , aboutir a l'idée que les races O les lumieres,
l'usage contemp orain du rnot « libéralisr ne ». A. Dominique Poulot,
sont tellemen t différent es qu'elles ne peuvent la suite d'une sorte de déconsid ération du voca- éd. Puf, 2000.
ni commun iquer ni se rnélanger. Aujourd'h ui, bulaire rnarxiste, le mot est devenu un substitut
nous sornrnes davantag e rnenacés par les O Didionnaire européen
pour « capitalism e ». Or, le libéralism e de l'épo- des lumieres, Michel
détourne ments des Lumieres que par leur rejet. que était avant tout politique . 11 visait a poser Delon, éd. Puf, 1997.
Elles ont voulu substitue r une fin hurnaine a la un frein a l'action de l'État, pour que celui-ci ne
fin divine de nos actes, justificat ion de notre O la France _des
puisse pas nous imposer sa maniere de penser Lumieres, Daniel Rache,
existence. Or, de plus en plus, nous sommes pris et de vivre. Aujourd'h ui, nous voulons pouvoir éd. Fayord, 1993.
dans un mouvern ent conduisa nt a l'abando n
de cette finalité hu maine: il n'y a plus que les
choisir notre religion, l'école de nos enfants, la
ville ou nous vivons. Dans la Bulgarie de mon
O le Monde des g
lumieres, Daniel Roche 5
moyens. On oublie qu'ils sont la pour servir une enfance, démocrat ie populaire , il était tres dif-
fin, et on poursuit sans tréve l'idée de dévelop- ficile d'habite r Sofía si on était né •••
et Vincenzo Ferrone,
éd. Fayard, 1999.
i
33
DllSSIER LE S LUMIERES

• • • ailleurs, de choisir son métier ou J'en -


droit ou on t ravaillait. C'était le contraire du
libéralism e. J'ai du mal a imaginer nos contem-
Chronologie
porains hostiles a ce libéralisme politique, qui por Michel Delon
était celui de Montesquieu, de Benjamin Cons-
tant et de Tocqueville, ou de Raymond Aron, cet 1713. Abbé de Sai nt-Pierre,
h éritier des Lumieres. 1682. Newton découvre la
Joi de la gravitation univer- Projetde paix perpéruelle.
Un des fondements des Lumieres, c'était la consti- selle.
1719. Daniel Defoe, Robin-
tution d'une opinion publique. Aujourd'hui, méme
1686. Fontenelle, Entretiens son Crusoé.
dans les démocraties libérales, le maniement de
l'apinio,:i est devenu une technique qui fonctionne, sur la pluralité des mondes.
1721. Montesquieu, Lettres
elle aussi toute seule, et ou la finalité humaine ris-
que d'étre oubliée. 1690. John Locke, Essai sur persanes.
Les médias sont souvent mis au service d 'une l'entendement humain et
fin qui n'a rien de noble : accroitre et consolider Traités sur le gouvernement. 1725. Giambattista Vico,
son pouvoir. C'est un détournement des Lumie- Principes de la philosophie
res qui nous prive de notre autonomie. Nous 1695. Bayle, Dictionnaire de l'histoire.
croyons etre libres, mais nous sommes soumis historique et critique.
a la propagande qui nous est distillée par nos 1726. Jonathan Sw ift, Les
petits écrans, par nos journaux. lis sont plura- 1704. Leibniz, Nouveaux Voyages de Gulliver.
listes, mais a l'intérieur d'un cadre prédéter- essais sur l'entendement
miné. Les Lumieres constituent un appel a la humain. 1734. Voltaire, Lettres philo-
vigilance. Dans le Discours sur /'origine de l'iné- sophiques.
galité, Rousseau rappelle que face a toute pres- 1711. Steele et Addison fon- Montesquieu, Considéra -
sion, l'etre huma in, et luí seul, a la capacité d'ac- dentunpériodique TheSpec- tions sur les causes de lagran-
quiescer ou de résister. 11 ne faudrait jamais tator, traduit et imité dans deur des Romains et de leur
J'oublier : nous pouvons, aussi, résister. ■ toute J'Europe. décadence.

DISCOURS
SUR L'OIÍ.IG I NE E T L ES F O NDEME NS
DI! L'INEG.dLITE' PARMI L ES H OMMES• .

Par JEAN J AQUES ROUSSEAU


CI T O 'rEN D E OENl: PE.

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Non fn dc-prav:uis
naruruu fe h3bc; c
fcd io h.
lid is que bene fc:cundum
turalc, AKI ITOT• Pcoli~ . = ndwn c!l quid fil na•
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.A De /'esprit des /oís, manuscrit autographe de Montesquieu.


« Pour qu'on ne puisse abuser du pouvoir, il faut que par la disposition . ..... ~ JI~
des choses, le pouvoir am!le le pouvoir. » A AM ST ERDAM : .
► Oiscours sur /'origine et les fondements de l'inégolité pormi fes hommes 1

a
Jeon-Jocques Rousseau, 1755. Publié Amsterdam par More Michel Rey. ' 1\1 A R C M 1 C H E L R E Y.
Ce texte philosophique est fandateur; pourtant il déchaine l'ironie de
MDccLr.
a
Voltaire qui écriro Rousseau le 30 aaút 1755 : « J'ai re~u, monsieur,
votre nouveau livre contre le genre humain, je vous en remercie [ ... )
a
On n'a jamais employé tan! d'esprit vouloir nous rendre beles ; il prend
a
envie de marcher quatre palles quand on lit votre auvrage... ,,

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