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17/10/2019 Mme.

Picot
UE3 : Biologie cellulaire
Chapitre 12 : La matrice extracellulaire

Les cellules ne sont pas jointives dans tous les tissus, les espaces entre-elles sont remplis des
constituants de la MEC.
Un chondrocyte va produire la MEC qui va l’entourer.
La MEC est un réseau complexe de macromolécules qui est très organisé et en contact étroit avec les
cellules qui la produisent. Chaque cellule est capable de synthétiser les molécules qui vont constituer
la MEC de son tissu, ainsi chaque tissu à une MEC spécifique avec des caractéristiques qui lui sont
propre.

La MEC qui sépare les tissus épithéliaux et endothéliaux sont les lames basales.
La MEC enchâssée dans le tissu conjonctif est la matrice interstitielle.
Certaines MEC sont spécialisées, ce ne sont ni des lames basales, ni des matrices interstitielles : par
exemple les tissus osseux, les tendons, les dents…etc.

C’est pendant le développement que ces matrices vont se construire et se spécialiser. Leur
composition va évoluer tout au long de leur vie (remodelage tissulaire, pathologie…etc).

I. Structure et formation de la MEC


A. Les composants de la MEC
1. Les collagènes : protéine fibreuse
Les collagènes sont produits par de très nombreux types cellulaires et représentent ¼ des protéines.
Ils sont produits par :
- Les chondrocytes qui forment les cartilages
- Les ostéoblastes qui forment les os
- Les cellules de Schwann qui sont des cellules du tissu nerveux
- Les cellules musculaires

Ce collagène est une protéine formée de trois chaines polypeptidiques enroulées les unes avec les
autres. L’unité de base est la chaine α, c’est une séquence répétitive de trois AA : Gly – X – Y, X étant
fréquemment une proline et Y étant fréquemment une hydroxyproline.
Ce triplet de chaines α mesure environ 300 nm de long.
Ces molécules sont des molécules de procollagène qui vont s’assembler les unes avec les autres pour
former un réseau.
Il existe 43 types de chaines α pouvant s’associer en combinaisons variées, cela conduit à environ 30
procollagènes différents.
On trouve alors des collagènes ayant des propriétés différentes en fonction de leurs composants :
- Les fibres : certaines fibrilles vont s’associer en fibres, on parle alors de collagène fibrillaire.
Le type I de collagène est un collagène fibrillaire, il représente 90% des collagènes de
l’organismes
- Les réseaux : collagène de type IV qui est retrouvé dans les lames basales
- Associés aux fibres de collagène en se positionnant à la surface afin de les relier les uns aux
autres, c’est le cas des collagènes de type XI et XII
- Impliqués dans l’encrage des tissus entre eux
- Les collectines : défense de l’organisme

Les fibrilles vont se retrouver à l’extérieur de la cellule pour former ces structures fibrillaires ou
ramifiées.
A l’intérieur de la cellule les molécules de procollagène ne peuvent pas s’associer les unes aux autres
car elles possèdent des extensions peptidiques les empêchant de s’associer les unes aux autres.
Cette association se fait à l’extérieur de la cellule après maturation des molécules de procollagène,
en particulier après le clivage des extrémités C-terminale et N-terminale de ces extensions. Une fois
clivée, la fibrille peut entrer dans la structure de la fibre ou du réseau de collagène.

Chaque cellule va synthétiser un collagène dont les propriétés sont adaptées au type cellulaire et
vont correspondre aux contraintes mécaniques appliquées au tissu.
Si toutes les fibres de collagène sont organisées parallèlement les unes aux autres, cela va générer un
tissu très résistant mais très peu souple, alors que si les fibres s’entrecroisent la souplesse du tissu
est plus importante.

Les molécules de collagène vont définir la solidité du tissu, elles vont permettre de résister aux forces
d’étirement et de tension. S’il y a un défaut dans la MEC, il peut y avoir un défaut dans le tissu et une
maladie.
Le collagène de type IV qui s’organise en réseau est présent dans les lames basales, c’est sa présence
qui va permettre l’organisation de cette lame basale. Il fait le lien entre les épithélium et le tissu
conjonctif. Selon la composition de la MEC les cellules ne pourront pas exercer les mêmes fonctions
dans l’organisme.

2. L’élastine
C’est une protéine fibreuse retrouvée dans les tissus dont la fonction nécessite une certaine
élasticité. Certains tissus doivent pouvoir se déformer sans se déchirer et revenir à leur position
initiale (poumons, aorte, artères, peau…etc).
Elles sont entrelacées avec les fibres de collagène qui va conférer au tissu une propriété élastique en
plus de la propriété de résistance à l’étirement.
Selon les MEC, on rencontre plus ou moins d’élastine :
- Tissu osseux : peu d’élastine
- MEC de l’aorte : 33% d’élastine

C’est une protéine hydrophobe très riche en AA glycine et proline. Elle ne fait pas partie des
glycoprotéines.

Elle est synthétisée par les fibroblastes puis sécrétée dans l’espace extracellulaire. Elles se lient les
unes aux autres par des liaisons covalentes pour former un réseau dans lequel les molécules
d’élastine sont repliées au hasard les unes par rapport aux autres. Quand le tissu s’étire elle se
déplient et lorsqu’il se relâche elles reprennent leur forme repliée.

3. Glycosaminoglycanes et protéoglycanes : chaines polysaccharidiques


Les GAG et les protéoglycanes sont les substances fondamentales de la MEC, ce sont les substances
de remplissage. Ces protéines vont permettre de conserver l’humidité dans la MEC car elles vont
piéger l’eau à l’intérieur.
Les protéoglycanes sont composés d’une partie protéique qui est une protéine porteuse sur laquelle
sont attachés les GAG.
Ils sont associés grâce à des sucres pour former des chaines. Il existe 4 types de GAG en fonction des
sucres qui les composent :
- Acide hyaluronique
- Chondroïtine sulfate
- Héparane sulfate
- Kératane sulfate

Ces GAG sont synthétisés par la cellule et les protéoglycanes sont formés à partir des GAG et
également synthétisés par la cellule. Les GAG et les protéoglycanes s’associent dans l’espace
extracellulaire pour former des chaines.
Cet acide hyaluronique est le site d’encrage des protéoglycanes, il y a une association des
protéoglycanes avec l’acide hyaluronique, formant un complexe polymérisé à l’intérieur de la MEC.
Cette polymérisation se fait par l’intermédiaire d’une protéine de liaison.

Tout ce réseau s‘assemble aux collagènes et à l’élastine pour former la MEC.

Ces GAG vont agir comme réservoir d’eau pour l’organisme et permettent la résistance des tissus à la
compression.
L’acide hyaluronique joue un rôle important dans la migration cellulaire car il sert de base aux
cellules pour leur migration qui est très importante lors des phases de croissance de l’organisme et
lors des phases de cicatrisation.
Les GAG permettent la régulation de l’activité de certaines molécules sécrétées par les cellules
(activation ou inhibition de sécrétion de certains facteurs de croissance), et jouent le rôle de
corécepteurs.

4. Glycoprotéines
Ce sont des protéines non collagénique jouant un rôle important dans l’organisation de le MEC et
dans les relations entre les cellules et la MEC.
Ce sont des motifs homologues qui vont constituer ces glycoprotéines, ils sont très peu nombreux
mais ont une grande diversité d’association entre eux.

Elles jouent un rôle dans les interactions des protéines dans la MEC et dans les interactions avec les
récepteurs cellulaires.

La fibronectine est un dimère de glycoprotéines constitué de domaines distincts chacun spécialisé


avec un type de molécules de la MEC. Cette fibrine existe sous plusieurs isoformes. Ce sont des
protéines insolubles qui se retrouvent sous forme de filaments à la surface des cellules dans la MEC.
Elles sont cruciales dans l’adhérence des cellules à leur MEC via des interactions avec les intégrines.
La fibronectine joue un rôle essentiel dans la migration cellulaire.
La lamine est retrouvée spécifiquement dans les lames basales. Elle est composée de trois sous-
unités, alpha, béta et gamma organisées en forme de croix et liées par des ponts disulfures. Sur ces
différentes SU on trouve des domaines fonctionnels permettant l’interaction avec différents
composants de la MEC ou des cellules.
Elles forment un réseau dans la lame basale.

B. Organisation de la MEC
1. Les lames basales
On retrouve les lames basales sous les cellules épithéliales et au niveau des vaisseaux sanguins.
On retrouve des cellules de Schwann et des adipocytes.
Elles créent une séparation entre les épithélia, les endothélia et les tissus conjonctifs.
Elles vont avoir une fonction de séparation entre deux couches cellulaires différentes.

Leur composition peut varier, le plus souvent elles sont composées de collagène de type IV qui
s’organise en réseau. On retrouve le réseau de lamines et des protéoglycanes. Toutes ces molécules
vont interagir pour former un réseau très dense.

Ces lames basales filtrent car il y a une interface entre les tissus vascularisés et non vascularisés et
elles permettent l’échange de macromolécules entre les compartiments.
Elles empêchent l’envahissement des épithélias par d’autres types cellulaires.

Lorsqu’il y a un défaut d’interaction avec la lame basale, il y a un passage pathologique des cellules
vers les épithélias et donc la formation de métastases.

C’est un support pour la migration cellulaire.


Au cours de la cicatrisation, la lame basale sert de structure pour la migration des cellules et donc
pour la régénération du tissu.

2. Les matrices interstitielles


Les matrices interstitielles vont remplir le tissu conjonctif. Sa composition varie en fonction du tissu
et du compartiment tissulaire considérés.
A partir de cette matrice, des MEC spécialisées peuvent se développer pour une fonction et dans un
tissu donné.

La matrice interstitielle des os a évolué pour lui conférer des propriétés particulières, notamment la
dureté. On retrouve une fraction organique avec du collagène de type I.

II. Interaction cellule-matrice extracellulaire : les intégrines


Les structures de types fonctionnelles vont stabiliser les tissus et donc la cohésion des organes et de
l’ensemble du système.

On retrouve deux éléments : les protéines transmembranaires et les protéines d’attachement. Ces
dernières ont pour rôle de faire la liaison entre la protéine transmembranaire et le cytosquelette.
Le cytosquelette est un élément crucial de l’adhérence cellulaire.

Il y a deux structures qui permettent la jonction avec la MEC : les hémidesmosomes et les contacts
focaux. Ils vont faire intervenir les intégrines qui sont des protéines transmembranaires.

A. Structure des intégrines


Ce sont des protéines transmembranaires responsables de la jonction avec la MEC, on peut les
considérer comme des récepteurs de l’information portée par la MEC.
Les intégrines sont capables de se fixer à différentes molécules appartenant à la MEC. Associés à ces
intégrines, on retrouve des protéoglycanes faisant office de corécepteurs.

SCHEMA DES INTEGRINES


Ce sont des glycoprotéines qui n’existent que chez les animaux. C’est une famille de protéines, on
trouve donc une vingtaine de types différents d’intégrines. Ce sont des protéines membranaires
intrinsèques (incluses dans la membrane) et non extrinsèques (dans le compartiment membranaire
mais pas directement dans la membrane, sont liées à la membrane via un phospholipides ou autre).
C’est cette caractéristique intrinsèque qui leur donne la propriété de récepteur, elles donnent des
informations de l’extérieur vers l’intérieur de la cellule ou inversement.

Toutes les cellules, sauf les érythrocytes possèdent des intégrines. Dans chaque type cellulaire se
trouve un répertoire donné d’intégrines qui va varier qualitativement et quantitativement en
fonction du type de cellules considérées et en fonction du temps, de la différenciation et de
l’activation de la cellule.
Ce répertoire va donc varier en fonction des besoins immédiats de la cellule.

Ces intégrines sont composées d’une chaine alpha et d’une chaine béta, toutes les deux
transmembranaires. Il existe plusieurs isoformes de ces deux chaines. N’importe quelle chaine alpha
ne pourra pas se lier à n’importe quelle chaine béta ; les combinaisons possibles sont en nombre
limitées.

Le domaine extracellulaire de la chaine alpha va être activé par sa liaison avec des ions bivalents
(calcium ou magnésium).
Le domaine cytosolique de la chaine béta va interagir avec des protéines du cytosquelette, l’actine ou
les FI via une protéine d’attachement (taline) faisant le lien entre eux. Cette interaction avec le
cytosquelette est obligatoire pour qu’il y ait une adhérence cellulaire. La liaison en extracellulaire
avec le collagène ne suffit pas à stabiliser le complexe, il est nécessaire d’avoir une liaison avec le
cytosquelette en intracellulaire. S’il n’y a plus de cytosquelette, il n’y a plus de stabilité, l’adhérence
disparait.

B. Adhérence des cellules à la matrice


1. Hémidesmosomes
Ces hémidesmosomes peuvent être comparés à des « boutons pression ». Ils vont permettre
l’adhérence entre la cellule et la lame basale.
La jonction est permise par l’intégrine α6β4 qui est l’intégrine des hémidesmosomes.
Cette intégrine est fixée à une plaque dense positionnée du côté intracellulaire. Sur la face
cytoplasmique de l’intégrine se trouve une liaison avec la plaque dense qui est composée des
protéines d’attachement (dont la plectine).
Cette plaque sert de point d’ancrage au réseau de filaments du cytosquelette qui sont associés avec
les intégrines. Dans les hémidesmosomes, ce sont les FI qui interagissent avec la plaque dense.
En fonction de la cellule considérée, le type de FI reliés à ces hémidesmosomes va varier.

2. Contacts focaux
Ils se forment en réponse à une tension et servent à accrocher la cellule à son substrat.
Ils sont reliés à des filaments d’actine.
La partie extracellulaire de l’intégrine est reliée à des molécules de la MEC, la partie intracellulaire est
reliée à ces filaments d’actine par l’intermédiaire de protéines d’attachement qui forment un
complexe.
C. Les intégrines permettent la communication entre la cellule et la matrice
Un récepteur va fixer un ligand, les intégrines fixent les molécules de la MEC, entrainant une
modification de conformation du récepteur, c’est-à-dire de l’intégrine, elle-même entrainant des
interactions avec des protéines cytoplasmiques, en particulier des protéines adaptatrices et des
kinases de signalisation permettant l’activation de différentes voies de signalisation intracellulaires.

1. Effet sur la morphologique des cellules


Chaque cellule adopte une forme qui lui est propre lors de sa différenciation, de ses mouvements, de
sa mitose…etc.
Ces changements de forme reposent sur la modification du cytosquelette lié aux intégrines et aux
molécules d’adhérence. Cela repose donc sur un signal perçu par la cellule via les intégrines.

La stimulation de la cellule via ces intégrines entraine le remodelage de la cellule via l’actine. Ce
signal de remodelage d’actine est transmis par l’intermédiaire de protéines G ou de petites GTPase.
Toutes ces GTPase sont des protéines apparentées à RAS (voie des MAP kinases), elles vont stimuler
l’assemblage des filaments d’actine et donc conditionner leur interaction et leur organisation :
- L’activation de CDC42 va provoquer l’apparition de filopodes dans les cellules
- La stimulation de Rac va provoquer la formation de lamellipodes, par l’intermédiaire de
l’interaction d’Arp2/3 de la cofiline
- L’activation de Rho va favoriser l’adhérence via les fibres de tension, c’est-à-dire via les
contacts focaux
En fonction du signal extracellulaire on a une modification de la forme cellulaire par le biais de voies
de transduction canoniques.

Lorsque certaines protéines G sont activées, elles permettent la libération d’inositol phosphate
libérés à proximité de la membrane, ils vont alors induire via une cascade de signalisation, la
polymérisation de l’actine cortical, formant le cortex cellulaire sous la membrane plasmique.

2. Effet sur la migration des cellules


Il est nécessaire que les interactions entre les cellules et la MEC soient modulables, la cellule ne
pourrait sinon par se déplacer.
Les filaments d’actine vont permettre le mouvement de la cellule :
- 1ère étape : protrusion : caractérisée par des remaniements du bord avant de la cellule, liés à
la dépolymérisation des filaments d’actine à cet endroit de la cellule. Il y a formation de
lamellipodes, des extensions vers l’avant de la cellule.
La myosine 1 est une protéine liée aux filaments d’actine, elle peut aussi se lier à la
membrane plasmique, et ainsi pousser la membrane plasmique vers l’avant en se déplaçant
le long des filaments d’actine.
- 2ème étape : attachement : formation de nouvelles structures d’adhérence. La cellule
s’attache à son substrat via de nouveaux contacts focaux.
- 3ème étape : traction de la cellule : selon les types cellulaires ce mécanisme de traction va
varier. Les filaments d’actine vont se contracter pour permettre la traction.
- 4ème étape : détachement : la traction de l’actine entraine le détachement des anciens
contacts focaux à l’arrière de la cellule qui peut alors avancer.
III. Remodelage de la MEC
La MEC fait l’objet d’un remaniement perpétuel dépendant de l’équilibre entre la synthèse de
nouveaux composés par les cellules et la dégradation des anciens par des enzymes spécialisées.
La synthèse des nouveaux composés est modulée en fonction des besoins.

Ce remodelage permet le renouvellement de la MEC et donc son évolution selon les besoins de
l’organisme.
Il peut y avoir une dégradation localisée dans la lame basale.

On retrouve des hydrolases qui vont dégrader les chaines polysaccharidiques, ainsi que des protéases
qui vont permettre la dégradation des protéines. Selon les protéases sécrétées on a une dégradation
spécifique de certains types de protéines de la MEC. Parmi ces protéases on retrouve les
métalloprotéases qui nécessitent la liaison avec un ion bivalent (calcium ou magnésium).

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