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Born, Frédéric
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BORN, Frédéric. Les candidoses buccales: revue de littérature. 2013. doi: 10.13097/archive-
ouverte/unige:27981
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Section de médecine dentaire
Division de stomatologie, chirurgie orale et
radiologie dento-maxillo-faciale
Thèse
présentée à la Faculté de Médecine
de l'Université de Genève
pour obtenir le grade de Docteur en médecine
par
Frédéric Born
de
Thèse n° 714
Genève
2013
Section de médecine dentaire
Division de stomatologie, chirurgie orale et
radiologie dento-maxillo-faciale
Thèse
présentée à la Faculté de Médecine
de l'Université de Genève
pour obtenir le grade de Docteur en médecine
par
Frédéric Born
de
Thèse n° 714
Genève
2013
Je tiens à remercier chaleureusement toutes les personnes qui m’ont aidé dans la réalisation
de ce travail.
Tout particulièrement:
le Prof. Hon. Jacky Samson qui m’a permis de démarrer ce travail de thèse.
Claude qui, de manière bien involontaire mais néanmoins très concrète, m’a permis de
m’engager sur une autre voie.
Résumé:
Les candidoses s’observent dans toutes les régions du globe et sont dues à des levures
ubiquitaires appartenant au genre Candida. Parmi plus de 200 espèces de Candida, 23
sont pathogènes pour l’homme, causant des mycoses superficielles ou profondes. La
présente revue de littérature fait le point sur l’état des connaissances actuelles en
portant une attention particulière aux candidoses buccales en tant que point de départ
ou conséquence d’une candidose extra-buccale. Les mécanismes de transitions
morphologiques, d’adhésion et de production de biofilm sont décrits en détail en tant
qu’éléments-clés de la virulence des Candida. Une classification simple des
candidoses buccales est présentée afin de faciliter le diagnostic de cette affection
polymorphe. Les méthodes d’identification ainsi que les possibilités de traitement sont
passées en revue dans le but d’améliorer la prise en charge de cette pathologie
courante mais parfois sous-estimée.
1
Table des matières
1. Introduction
2. Définition, épidémiologie et classification des candidoses
2.1 Définition
2.2 Epidémiologie
2.3 Classification
3. Etiologie des candidoses buccales
3.1 Généralités
3.2 Taxonomie
3.3 Reproduction
3.4 Morphologie
3.5 Biofilm
3.6 Changements morphologiques
4. Pathogenèse
4.1 Adhésion
4.2 Formation de biofilm
4.3 Pénétration de l’épithélium de l’hôte
4.4 Immunité non spécifique
4.5 Immunité spécifique
5. Classifications des formes cliniques
5.1 Historique
5.2 Classifications des candidoses buccales
5.3 Les candidoses aiguës et subaiguës
5.4 Les candidoses chroniques
5.5 Diagnostics différentiels
6. Méthodes diagnostiques et identification
6.1 Le prélèvement mycologique
6.2 L’examen directe
6.3 L’examen histologique
6.4 La culture
6.5 L’identification de C. albicans
6.6 L’identification d’espèces non-albicans
7. Facteurs favorisants et traitements
7.1 Facteurs intrinsèques.
7.2 Facteurs extrinsèques ou iatrogènes
7.3 Les polyènes
7.4 Les azolés
7.5 Les échinochandines
7.6 Les pyrimidines
7.7 Les allyamines
7.8 Les morpholines
7.9 les sordarines
7.10 La chlorhexidine
7.11 Résistances aux antifongiques
8. Références
9. Annexe
2
Chapitre 1. Introduction
Les candidoses s’observent dans toutes les régions du globe et sont dues à des levures
ubiquitaires appartenant au genre Candida.
Les candidoses buccales sont des affections courantes en médecine dentaire. Elles
représentent une partie importante des lésions des muqueuses buccales auxquelles le
médecin-dentiste est confronté dans son activité quotidienne.
Le but de cette revue de la littérature est de permettre au praticien une mise à jour de
ses connaissances en insistant sur la nécessité de ne pas laisser ce type de lésion non
traitée. En effet, il faut éviter une extension ou une dissémination de l’infection dont
les conséquences peuvent être graves.
Dans le but d’une prise en charge holistique des patients, l’accent est également mis
sur les candidoses extra-buccales qui peuvent être soit la cause soit la conséquence
d’une candidose buccale.
3
Chapitre 2. Définition, épidémiologie et classification des candidoses
2.1 Définition
Par définition, la candidose est le nom générique donné aux maladies provoquées par
des levures du genre Candida. Ses synonymes sont : candidiase, moniliase, moniliose
[1].
La candidose fait donc partie des mycoses, affections largement répandues causées
par des champignons.
Les Candida sont des levures ubiquitaires fréquemment isolées dans l’environnement
(sol, air, fruits, produits laitiers, viandes, céréales…) [8-11].
Les canidés
Les oiseaux
Les primates non humains tels que:
Sajous: Cebus sp.
Ateles: Ateles sp.
Singes laineux: Lagothrix lagothricha
Ouistitis: Callithrix jacchus (également sensible à C. tropicalis)
Macaques: Macaca sp. (également sensible à C. tropicalis)
Siamangs: Symphalangus syndactylus
Cercopithèques: Cercopithecus sp.
Patas: Erythrocebus patas
Babouins: Papio sp. (également sensible à C. guillermondii et C. tropicalis)
Mandrills: Mandrillus sphinx
4
Gibbons: Hylobates sp.
Pongidés.
L’homme (également sensible à C. guillermondii, C. tropicalis, C. parapsilosis, C.
krusei et C. kefyr) [2,3].
Candida chilensis X
Candida aaseri X 21
Candida albicans h, v Candida chiropterorum h
C. claussenii, synonyme obsolète. Candida chodatii X
C. langeroni, synonyme obsolète. Hyphopichia burtonii, téléomorphe.
C. stellatoidea, synonyme obsolète. Candida ciferrii h
Monilia albicans, synonyme obsolète. Sporothrix catenata, synonyme
Candida amapae X obsolète.
Candida anatomiae X Stephanoascus ciferrii, téléomorphe.
Candida ancudensis X Candida claussenii (obsolète)
Candida antillancae X synonyme de C. albicans
Candida apicola X Candida coipomoensis X
Candida apis X Candida conglobata X
Candida atlantica X Candida dendrica X
Candida atmosphaerica X Candida dendronema
Candida auringiensis X Candida deserticola X
Candida austromarina X Pichia deserticola, téléomorphe.
Candida azyma X Candida diddensia X
Candida beechii X Candida diversa X
Candida bertae X Candida drimydis X
Candida berthetii X Candida dubliniensis h
Candida blankii X Candida edax X
C. hydrocarbdeumarica, synonyme Candida entomophila X
obsolète. Candida ergastensis X
Candida boidinii X Candida ernobii X
Candida boleticola X Candida ethanolica X
Candida bombi X Candida euphorbiae X
Candida bombicola X Pichia euphorbiae, téléomorphe.
Candida buinensis X Candida euphorbiiphila X
Candida butyri X Pichia euphorbiiphila, téléomorphe.
Candida cantarellii X Candida fabianii X
Candida caseinolytica X Pichia fabianii, téléomorphe.
Candida castellani (obsolète) Candida famata h
synonyme de C. krusei Torulopsis candida, synonyme
Candida castellii X obsolète.
Candida castrensis X Candida famata var. famata X
Candida catenulata h Candida famata var. flareri X
5
Candida fennica X Kluyveromyces marxianus,
Candida fermenticarens X téléomorphe.
Candida fibrae (obsolète) Candida krissii X
synonyme de Hyphopichia burtonii Candida kruisii X
Candida firmetaria X Candida krusei h, v
C. lambica, synonyme obsolète C. castellani, synonyme obsolète.
Candida floricola X Issatchenkia orientalis, téléomorphe.
Candida fluviatilis X Saccharomyces krusei, synonyme
Candida freyschussii X obsolète.
Candida friedrichii X Candida lactis-condensi X
Candida fructus X Candida lambica (obsolète)
Candida galacta X C. firmetaria, synonyme.
Candida geochares X Pichia fermentans, téléomorphe.
Candida glabrata h,v Candida langeroni (obsolète)
Cryptococcus glabratus, synonyme synonyme de C. albicans
obsolète. Candida laureliae X
Torulopsis glabrata, synonyme Candida lipolytica h
obsolète. C. paralipolytica, synonyme obsolète.
Torulopsis stercoralis, synonyme Yarrowia lipolytica, téléomorphe.
obsolète. Candida llanquihuensis X
Candida glaebosa X Candida lodderae X
Candida glucosophila X Candida lusitaniae h
Candida gropengiesseri X C. parapsilosis var. obtusa, synonyme
Candida guilliermondii h, v obsolète.
C. melibiosi, synonyme obsolète. Clavispora lusitaniae, téléomorphe.
Pichia guilliermondi, téléomorphe. Candida lyxosophila X
Trichosporon appendiculare, Candida magnoliae X
synonyme obsolète. Candida maltosa X
Candida haemulonii h Candida maritima X
Torulopsis haemulonii, synonyme Candida melibiosi (obsolète)
obsolète. synonyme de C. guilliermondii
Candida homilentoma X Candida melibiosica X
Candida humicola (obsolète) Candida membranifaciens X
synonyme de Cryptococcus humicolus Candida mesenterica X
Candida humilis X Candida methanosorbosa X
Candida hydrocarbdeumarica Candida milleri X
(obsolète) Candida mogii X
synonyme de C. blankii Candida montana X
Candida incommunis X Candida multigemmis X
Candida inconspicua X Candida musae X
Candida insectalens X Candida naeodendra X
Candida insectamans X Candida natalensis X
Candida insectorum X Candida nemodendra X
Candida intermedia h Candida norvegensis h
Candida ishiwadae Pichia norvegensis, téléomorphe.
Candida javanica (obsolète) Candida norvegica X
synonyme de Pichia anomala Candida odintsovae X
Candida karawaiewii X Candida oleophila X
Candida kefyr h, v Candida oregonensis X
C. pseudotropicali,synonyme obsolète Candida ovalis X
Candida palmioleophila X
6
Candida paludigena X Candida silvae X
Candida paralipolytica (obsolète) Candida silvanorum X
synonyme de C. lipolytica Candida silvatica X
Candida parapsilosis h, v Candida silvicultrix X
Monilia parapsilosis, synonyme Candida solani X
obsolète. Candida sonorensis X
Candida parapsilosis var. obtusa Candida sophiae-reginae X
(obsolète) Candida sorbophila X
synonyme de C. lusitaniae Candida sorbosa X
Candida pararugosa X Candida sorboxylosa X
Candida paratropicalis (obsolète) Candida spandovensis X
synonyme de C. tropicalis Candida sphaerica TA
Candida pelliculosa h anamorphe de Kluyveromyces lactis
Pichia anomala, téléomorphe. Candida stellata X
Candida peltata X Candida stellatoidea (obsolète)
Candida petrohuensis X synonyme de C. albicans
Candida pignaliae X Candida succiphila X
Candida pini X Candida suecica X
Candida populi X Candida tanzawaensis X
Candida pseudointermedia X Candida tapae X
Candida pseudolambica X Candida techellsii X
Candida pseudotropicalis (obsolète) Candida tenuis X
synonyme de C. kefyr Candida torresii X
Candida psychrophila X Candida tropicalis h, v, TA
Candida pulcherrima h C. paratropicalis. synonyme obsolète.
Candida quercitrusa X C. vulgaris, synonyme obsolète.
Candida quercuum X Monilia tropicalis, synonyme obsolète
Candida railenensis X Candida tsuchiyae X
Candida reukaufii X Candida utilis h
Candida rhagii X Pichia jadinii synonyme.
Candida robusta X Candida vaccinii X
Saccharomyces cerevisiae, Candida valdiviana X
téléomorphe. Candida valida X
Candida rugopelliculosa X Candida vanderwaltii X
Candida rugosa h Candida variabilis (obsolète)
Monilia rugosa, synonyme obsolète synonyme de Hyphopichia burtonii
Candida slodefii v Candida vartiovaarae X
Candida saitoana X Candida versatilis X
Candida sake X Candida vinaria (obsolète)
Candida salida X synonyme de C. zeylanoides
Candida salmanticensis X Candida vini X
Candida santamariae X Candida viswanathii h
Candida santjacobensis X Candida vulgaris (obsolète)
Candida savonica X synonyme de C. tropicalis
Candida schatavii X Candida wickerhamii X
Candida sequanensis X Candida xestobii X
Candida shehatae X Candida zeylanoides h
Candida shehatae var. insectosa X C. vinaria, synonyme obsolète.
Candida shehatae var. lignosa X Monilia zeylanoides, synonyme
Candida shehatae var. shehatae X obsolète.
7
Légendes:
h Rôle pathogène pour l’homme cité dans la littérature chez les personnes dont
le système immunitaire est défaillant.
TA Espèces pour lesquelles on connaît des souches qui ont longtemps été
manipulées en toute sécurité pour des applications techniques.
On remarquera que les espèces dont l’activité pathogène a été clairement démontrée
pour l’Homme sont au nombre de 23, soit [6]:
8
Candida krusei candidémies, endophtalmies, diarrhées chez le nouveau-
né
Candida lipolytica rarement: candidémies sur cathéter
2.2 Epidémiologie
La prévalence des différentes espèces de Candida varie selon l’âge, la diète et l’état de
santé des sujets ainsi qu’en fonction des sites considérés et de la technique de
prélèvement.
9
Une étude réalisée en 1991 a révélé que 73% des femmes sans antécédent de
candidose buccal ou vaginale étaient porteuses saines de Candida. Ceux-ci étaient
isolés de la cavité buccale (56%), des voies génitales (40%) ou de la marge anale
(24%) [4].
Environ 40% des individus sains hébergent des levures du genre Candida dans leur
cavité buccale [25]. Le portage augmente avec l’âge et concerne surtout C. albicans
[12, 13].
Les candidoses s’observent dans toutes les régions du globe. Elles sont dues à la
multiplication de levures appartenant à la flore normale du sujet. A la faveur d’une
rupture de l’homéostasie, ces levures se mettent à proliférer au sein de leur biotope
naturel (candidose superficielle) et peuvent envahir les tissus voisins (candidoses
invasives).
10
2.3 Classification
I) Candidoses superficielles
1) Candidoses digestives
a) Candidoses buccales
b) Candidoses oropharyngées
c) Candidoses oesophagiennes
d) Candidoses gastro-intestinales
3) Candidoses urinaires
4) Candidoses cutanées
a) L’intertrigo à Candida
b) La candidose cutanéo-muqueuse chronique
c) La candidose cutanée néonatale ou congénitale
d) La candidose génito-fessière du nourrisson
5) Onychomycoses
1) Candidémies
2) Candidoses invasives
4) Candidose de l’héroïnomane
11
I) Candidoses superficielles
1) Candidoses digestives
Les levures du genre Candida sont responsables de 90% des mycoses du tube digestif.
Elles sont généralement provoquées par un passage à l’état pathogène de ces micro-
organismes endogènes à la faveur d’une défaillance de l’hôte. C. albicans est l’agent
étiologique majeur. On rencontre avec une incidence beaucoup plus faible C. glabrata,
C. tropicalis, C. parapsilosis et C. guilliermondii.
Il est à noter que si les candidoses digestives, comme les autres candidoses
superficielles, ne présentent que très peu de risque de complication chez le sujet
immunocompétent, il en est autrement chez les sujets immunodéprimés. Chez ces
derniers, le foyer digestif peut constituer le point de départ d’une dissémination
systémique avec un taux de mortalité proche de celui d’un choc sceptique, soit de 40 à
60%.
a) Candidoses buccales
Ces candidoses sont fréquentes aux âges extrêmes de la vie. Chez le nouveau-né,
l’immaturité du système immunitaire et le développement incomplet de la flore
buccale expliquerait une prévalence du muguet buccal de 5% à 7% [4].
Il faut rappeler que ces espèces sont isolées de la cavité buccale d’environ 40% des
individus sains [25]; le portage variant selon l’âge et le régime alimentaire des sujets
[12, 13, 25].
C’est l’infection fongique la plus répandue chez les sujets VIH+. Entre 80% et 90%
des patients développeront cette pathologie au cours de l’évolution de leur maladie
[20, 21].
77% à 100% des patients VIH+ sont infectés par C. albicans. Les autres le sont par
une ou plusieurs espèces de Candida non-albicans tels que C. glabrata, C.
guilliermondii, C. parapsilosis, C. tropicalis ou C. dubliniensis seuls ou en association
avec C. albicans [26-28]. Seul C. dubliniensis peut être reconnu comme spécifique de
l’OPC chez le sujet VIH+ [22-24].
12
Prévalence de C. dubliniensis dans la cavité buccale de sujets irlandais selon Coleman
(1997) [22].
c) Candidose oesophagienne
Candidose la plus fréquente après la candidose oropharyngée, elle est fréquente chez
le sujet atteint du sida. Au moins 75% des patients séropositifs pour le VIH et atteints
par une OPC sont également victimes d’une candidose oesophagienne [31, 32].
C. albicans est de loin l’espèce retrouvée le plus fréquemment dans les prélèvements.
Plus rarement, C. glabrata est isolé, seul ou associé à C. albicans [37].
d) Candidose gastro-intestinale
Il est généralement admis que la plupart des candidémies ont pour point de départ le
tractus gastro-intestinal [40]. On note ainsi une hausse de l’incidence des candidémies
après les actes de chirurgie gastro-intestinale [41].
13
Il s’agit en fait du problème le plus fréquent de la femme en âge de procréer. Pour les
seuls Etats-Unis, on compte environs 13 millions de cas par an, occasionnant 10
millions de visites annuelles chez les gynécologues [43].
Sans surprise, on constate que cette affection est associée avec la prise
d’antibiotiques, la grossesse, la prise de contraceptifs oraux, la prise d’œstrogène ou
avec un diabète incontrôlé [44, 45].
Les espèces les plus fréquemment impliquées sont C. albicans (70%), C. glabrata
(19%), C. parapsilosis (5%), C. krusei (2%), C. tropicalis (1,5%), C. lusitaniae (0,2%)
[46].
La balanite à Candida est habituellement due à une contamination durant les rapports
sexuels. En effet, on constate que la colonisation du pénis est quatre fois plus
fréquente chez les sujets dont la partenaire souffre de candidose vaginale [105]. De
plus, les partenaires infectés sont habituellement porteurs de souches de levures
identiques [106]. La transmission oro-génitale a également été documentée [107].
3. Candidoses urinaires
Chez le sujet normal et pour autant que le prélèvement ait été correctement effectué,
on considère que les urines sont stériles [48, 49]. Néanmoins, on constate une
candidurie chez 0,2% à 6% des sujets sains dans la population générale [50].
Les levures du genre Candida sont fréquemment isolées des urines des patients
hospitalisés [47]. L’incidence atteint 20% à 25% dans les unités de soins intensifs
[50].
90% des candidoses disséminées s’accompagnent d’une atteinte rénale et 80% des
atteintes rénales sont associées avec une candidurie [52, 53, 54].
4. Candidoses cutanées
14
La surcharge pondérale, le diabète, le port de vêtements serrés sont des facteurs
favorisants [4]. La prévalence des levures du genre Candida est beaucoup plus élevée
au niveau des mains (jusqu’à 40%) qu’au niveau des pieds (moins de 10%) [55]
probablement par auto-contamination du sujet.
3) CMC diffuse. Kirkpatrick a inclus dans ce groupe les patients avec candidose
cutéanéo-muqueuse étendue mais sans hyperkératose. La cause semble génétique et
une transmission autosomale dominante est suspectée [95].
4) CMC associée à un thymome. Cette rare CMC survient dans la troisième décade
[98] et est également associée à une myasthenia gravis, une hypogammaglobulinémie,
une anémie aplasique, une érythroblastopénie et/ou une neutropénie [96, 97]. Seule
une petite partie des patients souffrant de thymome sont également porteurs de CMC
[99].
5) CMC associée à une kératite interstitielle. Variété rarissime de CMC décrite par
Okamoto et al. en 1977 [100].
15
souvent dès le jour de la naissance [58, 59]. En dépit d’un aspect inquiétant, la
guérison est rapide.
5) Onychomycoses
Selon les études, les onychomycoses touchent entre 2-3% de la population générale
(Etats-Unis) [63] et 13% de la population mâle (Finlande) [64]. Elles représentent
50% des pathologies de l’ongle [66] et sont causées à 75% par des levures du genre
Candida au niveau des ongles des mains mais seulement de 3% à 6% pour les ongles
des pieds [68].
Les candidoses profondes (ou invasives) peuvent être classées en trois catégories:
2) les candidoses invasives (des levures sont isolées d’un site normalement stérile du
corps)
3) les candidoses disséminées ou systémiques (des levures sont isolées de deux sites
normalement stériles non contigus) [4].
1) Les candidémies
Dans les hôpitaux américains, la fréquence des candidémies a doublé entre les années
1980 et 1990 [69] et cette affection se situe maintenant au quatrième rang des
infections du sang les plus fréquentes [70].
La candidémie est l’infection du sang qui présente le taux de mortalité le plus élevé,
plusieurs études font état de plus de 50% de décès [71, 72].
16
Les deux principaux facteurs de risques sont l’immunosuppression (habituellement
comme conséquence d’une chimiothérapie pour le traitement d’une hémopathie
maligne ou d’une tumeur solide [76, 77] et le traitement dans une unité de soins
intensifs [78]. Les facteurs de risques secondaires (souvent combinés) sont: un acte
chirurgical récent [79], un traitement par antibiotiques [80], la prématurité [81], la
nutrition parentérale et de manière très nette, la présence de cathéter intravasculaire
[79, 82].
Cutanée
Les lésions sont d’aspect palulo-pustuleux avec un centre nécrotique. Elles se
rencontrent chez 10% des patients présentant une septicémie à Candida. C. tropicalis
est le plus souvent isolé [433].
Oculaire
Ces endophtalmies sont rarement exogènes (chirurgie) mais le plus souvent endogène
suite à une dissémination hématogène de Candida. Survenant dans 20% à 40% des
candidémies, elles provoquent des lésions blanches, cotonneuses et bien délimitées
pouvant conduire à la cécité [434, 435].
Cardiaque
Les endocardites à champignons représentent moins de 10% de toutes les
endocardites. Ces dernières années, on constate néanmoins une augmentation de leur
fréquence [437].
Le taux de mortalité de l’endocardite infectieuse était de 82% dans les années 1960
[438]. Depuis les années 1990, il a diminué entre 40% et 56% [439].
En ce qui concerne l’endocardite fongique, le taux brut de mortalité est de 72% [439].
Le traitement combiné: antifongique systémique associé à la chirurgie cardiaque
donne les meilleurs résultats. Le taux de survie est de 55% à 1 an [436].
17
Hépato-splénique
La candidose hépatosplénique, appelée aussi candidose chronique disséminée (chronic
systemic candidiasis CSC), survient pratiquement toujours chez le patient
neutropénique soumis à une antibiothérapie à large spectre et à une chimiothérapie
générant des ulcères digestifs. Elle concerne donc essentiellement des patients issus
des services d’onco-hématologie, notamment traités pour une leucémie aiguë [4].
L’incidence chez les patients atteints de leucémie aiguë varie selon les séries entre
6,8% [442] et 29% [443].
Ostéo-articulaire
L’ostéoarthrite à Candida survient souvent plusieurs mois après l’épisode
candidémique. Les atteintes sont le plus souvent vertébrales, discales
(spondylodiscite), costales et sternales. Chez les toxicomanes, la localisation sterno-
claviculaire est fréquente [457].
Les symptômes et les aspects radiologiques (image lacunaire) sont peu spécifiques. Le
diagnostic repose sur l’isolement de la levure après biopsie [4, 458].
Neuroméningée
Localisation rare sauf chez le toxicomane et le nouveau-né [459]. Candida albicans et
C. parapsilosis sont les espèces les plus souvent mises en cause. La méningite est
souvent associée à des abcès cérébraux microscopiques ou macroscopiques
détectables au scanner [462]. La mortalité a chuté depuis l’introduction de
l’Amphotéricin B et est aujourd’hui située entre 10 et 30% selon les études [460,
461].
Pulmonaire
Les candidoses pulmonaires sont observées chez les patients dont la cavité buccale est
largement colonisée par les Candida (infection par inhalation) ou comme conséquence
de la dissémination hématogène du champignon [463, 464].
Comme les autres candidoses, les candidoses pulmonaires sont généralement causées
par C. albicans même si l’on note une hausse des cas causés par des espèces non-
albicans tel que C. tropicalis et C. krusei [465, 466].
3) Candidose de l’héroïnomane
18
occulaires (hyalite diffuse) et osseuses (lésions costochondrales) qui témoignent de la
dissémination hématogène des Candida à partir de l’aiguille souillée [84]
Les allergènes peuvent être de nature protéique comme des enzymes (CAAP: Candida
albicans alkalin protéase) [119] ou des protéines de stress (Cand a2: Candida albicans
peroxisomal membrane protein) [120], appartenir à la paroi du champignon comme la
chitine ou le glucane [116, 117] ou encore faire partie des composés volatils (VOCs:
Volatil Organic Compounds) rejetés par la plupart des champignons [118].
Réactions croisées
De nombreux allergènes du pollen ont des homologues chez les champignons. La
réactivité des sujets asthmatiques peut donc être due à une véritable sensibilisation à
une variété de champignon ou à une réaction croisée [113].
Chez certains sujets, on constate une réactivité asthmatique à des moisissures aussi
bien qu’à des levures, ce qui incite Hemman et al. à suggérer que certains allergènes
de Candida (deux protéines peroxisomales de C. boidinii) et d’Aspergillus (« Asp f
3 » d’A. fumigatus) présentent des épitopes suffisamment similaires pour être
reconnus par les mêmes IgE [119, 126].
Une réaction croisée a été démontrée entre un antigène de 58 kDa d’A. fumigatus et
un antigène de 55 kDa de C. albicans même si la structure biochimique n’a pas encore
été élucidée [127].
19
Chapitre 3. Etiologie des candidoses buccales
3.1 Généralités
Les candidoses buccales sont des affections opportunistes fréquentes causées par la
multiplication de levures du genre Candida. Les espèces les plus souvent isolées des
lésions sont C. albicans, C. tropicalis, C. glabrata, C. kefyr, C. guilliermondii, C.
krusei, C. lusitaniae et C. parapsilosis.
C. albicans, C. glabrata et C. tropicalis représentent 80% des isolats [15].
Dans la population générale, le taux de portage oscille entre 20 et 75% sans symptôme
[131].
3.2 Taxonomie
Sur les 100'000 espèces de champignons connues, environs 200 peuvent être
pathogènes pour les vertébrés [140].
D’après Whittaker [147], les champignons constituent un des cinq règnes du vivant.
Cette classification est basée sur une conception évolutionniste avec, dans le sens
d’une complexité croissante [4] :
20
Cette classification « classique » a été modifiée plusieurs fois pour tenir compte des
résultats de la biologie moléculaire. La dernière classification (Woese 1990) propose
un arbre à 3 branches (Archaebactéries, Eubactéries et Eucaryotes incluant les
champignons).
Le règne des Champignons comprend plusieurs divisions (ou phylums) basées sur le
mode de reproduction sexuée (téléomorphes) : les Chytridiomycètes, les
Zygomycètes, les Ascomycètes et les Basidiomycètes. Lorsque la reproduction sexuée
n’est pas connue (anamorphes), la division est appelée Deuteromycète ou Fungi
imperfecti. C’est dans cette division qu’étaient classées les levures du genre Candida.
L’ADN ribosomal est le plus fréquemment utilisé pour effectuer des comparaisons de
séquences nucléotidiques. Les ribosomes sont présents dans tous les organismes ayant
une origine commune et l’ADNr est en partie hautement conservé à travers
l’évolution [143, 144]. Pour les recherches sur la classification phylogénique des
levures, on utilise habituellement les gènes codant pour les régions variables D1 et D2
de l’ADNr de la sous-unité 25S [145, 146].
Suite à ces travaux, le genre Candida a été déplacé dans le phylum des Ascomycètes.
Sa position taxonomique exacte est:
Règne: Champignons
Phylum: Ascomycètes
Classe: Saccharomycètes
Ordre: Saccharomycétales (levures bourgeonnantes)
Saccharomycétales mitosporiques (cette sous-division ne porte pas de nom)
Genre: Candida
La position du genre Candida dans la classification actuelle peut être consultée sur
http://www.ncbi.nlm.nih.gov/Taxonomy/
Les champignons (aussi appelés mycètes), sont des organismes eucaryotes (c’est-à-
dire possédant un noyau et des organites), uni ou pluricellulaires.
21
directement au contact de la matière organique dont ils se nourrissent. Le carbone est
principalement tiré des glucides absorbés qui seront stockés sous forme de glycogène,
tandis que l’azote est obtenu à partir de protéines dégradées.
Les Candida sont des saprophytes dans le milieu extérieur, c’est-à-dire qu’ils se
nourrissent à partir de matière organique en décomposition.
Les Candida sont des micromycètes dont le thalle (appareil végétatif sans tige, sans
feuille et sans racine) unicellulaire est appelé blastospore et mesure de 2 à 10 !m
selon les espèces. Ils se présentent le plus souvent sous forme de levures, c'est-à-dire
de petites cellules individualisées de 4 à 6 !m pour C. albicans et de 1 à 4 !m pour C.
glabrata [36] de forme ronde ou ovalaire.
3.3 Reproduction
Les levures du genre Candida se présentent sous deux formes distinctes: levures et
pseudo-mycélium (ou pseudo-hyphes). C. albicans et quelques rares autres espèces
sont capables de produire du mycélium véritable (ou vrai hyphe) [148, 149]. Ces
différentes formes sont souvent considérées comme des étapes successives de
22
développement. In vitro par contre, ce sont les conditions de culture qui déterminent
la morphologie préférentielle des Candida :
Reproduction asexuée
Les hyphes sont plus fin (environ 2 !m de diamètre) que les pseudo-hyphes. Ils ne
sont produits que par quelques rares espèces de Candida (C. albicans, C, dubliniensis,
C. tropicalis). Au début, la cellule-mère produit par bourgeonnement une cellule
allongée nommée tube germinatif. Ce tube germinatif connaît une croissance apicale
et se cloisonne au fur et à mesure de son développement, donnant naissance à un
filament composé de cellules cylindriques uninuclées séparées par des septa. Ils ont,
contrairement aux pseudo-hyphes, des parois parallèles sans constriction dans la zone
du septum intercellulaire [154]. Des blastopspores peuvent bourgeonner au niveau des
septa permettant une ramification du mycélium.
Les chlamydospores ne sont produits que par C. albicans et C. dubliniensis. C’est une
structure mesurant de 6 à 15 !m à paroi épaisse et réfringente qui se développe sur
des milieux pauvres placés en micro-aérobiose à basse température [168]. Certains
milieux de culture induisent la formation de chlamydospores chez C. dubliniensis
mais pas chez C. albicans; cette particularité est utilisée à des fins d’identification
[169-171]. Les chlamydospores ne semblent pas participer à la virulence de ces
levures et sont peu étudiés.
23
Reproduction sexuée
Alors que les noyaux de spores asexuées se forment par simple mitose, les noyaux des
spores sexuées se forment après des processus plus complexes.
La première étape est la plasmogamie (fusion des cytoplasmes de deux cellules) qui
permet de réunir dans un même thalle deux noyaux compatibles. Il faut préciser que
deux thalles ne fusionnent pas parce qu’ils sont de sexe différent, mais parce qu’ils
sont dotés d’une compatibilité génétique: on désigne les thalles complémentaires par
+ et - ou A et a). Avant de fusionner, les noyaux vont cohabiter durant une phase
(dicaryophase) plus ou moins longue (le couple de noyaux compatibles prend le nom
de dicaryon). La deuxième étape correspond à la fusion de noyaux haploïdes
(caryogamie) pour donner un noyau diploïde.
La troisième étape est une division réductrice ou méiose, qui conduit à des noyaux à
nouveau haploïdes.
La reproduction de C. albicans
Les études portant sur les échanges de matériel génétique entre différentes souches de
C. albicans ont montré que la multiplication se faisait la plupart du temps de manière
clonale (bourgeonnement) mais des recombinaisons ont également été observées [161,
162].
Une reproduction sexuée a été formellement démontrée par deux études utilisant des
approches différentes en 2000 [163, 164]. La reproduction sexuée de C. albicans est
un évènement rare puisqu’elle ne se produirait, in vivo aussi bien qu’in vitro, qu’une
fois sur 10 millions. Comme chez d’autres champignons, le passage de la cellule
momentanément tétraploïde à une cellule diploïde se produit sans méiose, par simple
perte aléatoire de chromosomes formant un « cycle parasexuel » [165-167].
24
Transition phénotypique chez C. albicans
Les levures de type opaque sont plus allongées et ont une forme de haricot. En
microscopie électronique, elles présentent non pas une surface lisse comme les
levures white, mais une surface hérissée d’une centaine d’indentations. Leur volume
est le double de celui des levures white [176, 177].
D’autres phénotypes ont été décrits, réalisant des colonies ridées, plissées, en forme
d’étoile ou bordées par un anneau [178].
3.4 Morphologie
La paroi cellulaire
La paroi cellulaire des Candida est indispensable à leur stabilité structurelle. Elle
donne aux levures leur résistance mécanique et leurs permets de résister aux
agressions extérieures. C’est une structure dynamique, en constant remodelage, qui
représente 30% du poids sec de la levure.
De plus, de l’acide sialique a été récemment mis en évidence dans la paroi cellulaire
de Candida; il s’agit probablement du résidu terminal d’une glycoprotéine [179].
25
1) Les polysaccharides composent 80 à 90% de la paroi cellulaire. On trouve:
Les glucanes sont les constituants majeurs de la paroi. Ils réalisent, en association
avec la chitine, une part importante de l’échafaudage pariétal rigide.
Deux autres molécules agissent également par inhibition non-compétitive sur la beta-
(1,3)-D-glucane synthétase, il s’agit de la micafungine [238] et de l’anidulafungine
[239]. Ces molécules ont été agréées par la FDA en 2005 et 2006 et sont actuellement
en cours d’évaluation pour la Suisse.
La chitine est produite par trois chitines synthétases codées par trois gènes distincts:
CaCHS1 [231], CaCHS2 [232] et CaCHS3 [233].
CaCHS1 est indispensable pour la viabilité de la levure [234] alors que la délétion de
CaCHS3 réduit significativement sa virulence [235].
Les polyoxines (1965) [240] et les nikkomycines (1976) [241] sont des inhibiteurs des
chitines synthétases.
26
En 1991, Gottlieb et al ont démontrés que les C. albicans soumis à la Polyoxine D
avaient une capacité fortement réduite (58%) d’adhésion à l’épithélium buccal [246].
Les Nikkomycines X et Z ont démontré un effet fongicide modéré sur des cultures de
C. albicans alors que C. tropicalis était parfaitement résistant à ces molécules [244,
245].
Les mannanes sont des polymères de mannose qui représentent 40% des
polysaccharides pariétaux. Ils sont toujours associés par des liaisons covalentes avec
des protéines formant les glycoprotéines ou avec des lipides formant des glycolipides.
Les différents constituants pariétaux sont liés entre eux par des ponts hydrogènes, des
liaisons hydrophobes et des liaisons covalentes.
27
a) Substrat pariétal
b) Substrat extracellulaire
28
d) Heat Shock protéines
e) Enzymes glycolitiques
L’adhésion de la cellule fongique à l’épithélium de l’hôte est une étape cruciale pour
la colonisation. La chitine [274], les glucanes [275] et les lipides [276] jouent un rôle
dans l’adhésion de C. albicans. Depuis le milieu des années 1980, des interactions de
type ligand-récepteur impliquant des protéines ont été mises en évidence [277].
3) Les lipides
29
(enzymes, transporteurs, récepteurs,…). Elle présente des invaginations qui facilitent
l’ancrage de la couche interne de la paroi.
Les lipides neutres représentent 21,5% des lipides totaux avec comme principal
composant le triacylglycérol (39,9%), puis les stérols non estérifiés (28%) et les
stérols esters (8,1%). Chez les champignons, l’ergosterol remplace le cholesterol.
C’est le stérol majoritaire de la membrane plasmique. Les stérols remplissent une
grande variété de fonctions comme le maintien de l’intégrité et de la fluidité
membranaire. La plupart des antifongiques ont pour cibles la voie de synthèse de
l’ergostérol [4].
30
Sites d’action des principaux antifongiques agissant sur la synthèse de l’ergosterol
Acétyl CoA
!
Acide mévalonique
!
Squalène
! " allylamines (terbafine)
Lanostérol
! " azolés (fluconazole, itraconazole, voriconazole)
C14-déméthyl-lanosterol
! " morpholines (amorolfines)
Fécostérol
! " morpholines (amorolfines)
Epistérol
!
Ergostérol " polyènes (amphotéricine B)
Le groupe des azolés. Il comprend les imidazolés ainsi que les triazolés. On distingue
les triazolés de première génération (fluconazole, itraconazole) et ceux de nouvelle
génération (voriconazole, ravuconazole, posaconazole et albaconazole). Ils agissent
par inhibition de la lanosterol 14-!-déméthylase (ERG11) [297, 298].
Le groupe des polyènes. Il comprend plus de 100 composés différents dont les plus
connus sont l’amphotéricine B et la nystatine. Ces molécules se lient directement à
l’ergostérol et provoquent un changement brutal de la perméabilité membranaire
conduisant à la mort de la cellule.
Ultrastructure pariétale
Selon les auteurs, la paroi comporte entre trois et huit couches [194, 195, 196]. La
zone la plus externe est riche en mannoprotéines et apparaît recouverte de fibrilles à
projection radiale appelées fimbriae [197].
31
Paroi cellulaire de C. albicans selon Chaffin et al. [292]
Ces fibrilles mesurent environ 100 à 300 nm de longueur [198, 199] et ont un
diamètre de 5 nm. On les observe sur le mycélium et les blastospores [194].
3.5 Biofilm
Les septicémies à Candida sont actuellement la 4ème plus fréquente cause d’infection
du sang et sont habituellement en relation avec une contamination de cathéter. Cette
colonisation est possible grâce à la capacité de certains Candida (notamment C.
albicans, C. tropicalis et C. parapsilosis) à former un slime. Le biofilm est composé de
champignons entourés d’une matrice extracellulaire protégeant ces derniers.
Les Candida organisés en biofilm sont plus résistants aux antifongiques et l’on sait
maintenant que la mauvaise diffusion des médicaments à travers la matrice du biofilm
n’est pas la seule cause de cette résistance. En effet, les cellules organisées en biofilm
expriment un phénotype différent de celui des cellules en suspension (forme
planctonique) avec notamment une résistance augmentée aux antifongiques [302].
32
électrique. Ces microcolonies de Candida forment des « tours » entourées de canaux
dans lesquelles les fluides peuvent circuler permettant ainsi l’apport de
micronutriments [301].
Comme nous l’avons déjà indiqué, C. albicans est un champignon dimorphe, ou plutôt
pleiomorphe, capable de coloniser son hôte sous forme de levures, de
chlamydospores, de pseudohyphes ou d’hyphes véritables (mycélium) et d’opérer des
changements phénotypiques (white-opaque). Sa virulence élevée est liée à cette
capacité de transformation [304, 305].
On retrouve aussi bien des levures que du mycélium sur les sites infectés et il est
probable que ces deux formes participent à la virulence [15]. La forme levure est plus
apte à disséminer par les fluides corporels alors que les hyphes sont responsables de
l’envahissement des tissus et de la production du biofilm [310, 311]. La filamentation
paraît être un facteur clé de la pathogenèse car:
2) Les nouveaux hyphes (tubes germinatifs) sont plus adhérents aux cellules
épithéliales que les levures, ce qui favorise la première étape de la colonisation [306].
33
3) Les levures phagocytées par les macrophages produisent des hyphes qui
provoquent la lyse de ces cellules, fournissant ainsi un moyen efficace de contourner
les défenses de l’hôte [307].
34
Chapitre 4. Pathogenèse
Chez l’adulte, la colonisation est courante puisqu’on retrouve des Candida dans 80%
des fèces des adultes sains [316].
En 1991, Soll et al ont montré que plusieurs surfaces du corps pouvaient être
colonisées chez un patient asymptomatique, notamment la muqueuse buccale et
vaginale ainsi que la marge anale [317].
A partir de ce foyer initial, les levures peuvent coloniser les tissus environnants de
proche en proche ou disséminer par voie hématogène dans tout l’organisme.
4.1 L’adhésion
Les Candida adhèrent à différents types de cellules dont les cellules épithéliales [342],
les cellules endothéliales [343] et les cellules phagocytaires [344].
35
C. albicans exprime des adhésines (terme générique pour les molécules d’adhésion)
qui reconnaissent des protéines de la matice extracellulaire dont le collagène [348], la
fibronectine [346], le fibrinogène [348], la laminine [345] et l’entactine [347]. Il s’agit
notamment de:
a) Protéines de surface similaires aux intégrines aMb2, aXb2 et a5b1 que l’on trouve
chez les mammifères. Elles se fixent aux récepteurs endothéliaux et épithéliaux tels
que la fibronectine et iC3b [349, 350].
Dans le cas des candidoses buccales, l’adhésion aux multiples composants de la salive
[357-359], aux prothèses [360] et aux bactéries buccales [361] est un préalable
indispensable à la colonisation.
36
4.2 La formation de biofilms
Selon la définition proposée par Donlan et Costeron en 2002, un biofilm est une
communauté de cellules irréversiblement liées à un substrat, entourées d’une matrice
extracellulaire composée de polymères produits par les cellules elle-mêmes et
possédant un phénotype modifié par rapport à la forme planctonique notamment
concernant le taux de croissance et l’expression des gènes [454].
37
Résumé des gènes impliqués dans le développement et la maturation du biofilm selon
Blankenship et al. (2006) [446].
L’architecture stratifiée, observée aussi bien in vitro qu’in vivo, suggère que les
changements morphologiques levures-hyphes jouent un rôle important dans la
maturation du biofilm [446].
On constate malgré tout que les Candida artificiellement « bloqués » dans le stade
morphologique levure ou le stade hyphe sont capables de former des biofilms. Ils sont
néanmoins rudimentaires et moins stables que ceux formés par les souches sauvages
[447].
Une des caractéristiques des biofilms aussi bien bactériens que fongiques est la
présence d’une matrice extracellulaire. Ce matériel extracellulaire complexe fourni
une défense contre les phagocytes, sert d’échafaudage pour maintenir l’intégrité de la
matrice et limite la diffusion des substances toxiques [448].
38
Sans surprise, on constate que les biofilms se développant dans un flux continu sont
plus résistant mécaniquement et présentent une meilleure résistance aux antifongiques
que ceux se développant dans des conditions statiques [450].
Biofilm de C. albicans formé chez le rat en 24 heures sur un cathéter veineux selon
Blankenship et al. [446].
Bien que les Candida existent à l’état de cellules individualisées (levures), ils sont
capables de coordonner leurs activités par l’intermédiaire de facteurs de signalisation
afin de s’organiser en biofilm [451].
Une hypothèse sur la signification biologique de cette répression des hyphes est
qu’elle pourrait favoriser la dissémination des levures dans des sites encore non
colonisés.
Candida albicans est l’espèce prédominante dans pratiquement toutes les formes de
candidoses ce qui explique que les relations de cet organisme avec les cellules de
l’hôte ont été étudiées en grands détails.
39
Des études microscopiques ont démontré que l’état d’hyphe était la forme invasive de
C. albicans puisque des hyphes ont été retrouvés à l’intérieur de cellules épithéliales
alors que les blastospores sont généralement retrouvés à la surface de l’épithélium ou
entre les cellules [320, 321].
Le premier est la production par le Candida d’enzymes lytiques telles que les
protéinases aspartiques sécrétées ou SAPs (secreted aspartic proteases). On pense que
ces enzymes (il s’agit d’une famille de dix membres de SAP1 à SAP10) permettent de
digérer la surface de l’épithélium et de créer ainsi une brèche pour une colonisation en
profondeur. La production de SAPs serait indispensable pour la pénétration des
épithéliums kératinisés [321, 326].
Les SAPs ont été confirmés dans leur rôle de facteur de virulence majeur par des
études in vitro sur des C. albicans dont les gènes codant pour les SAPs ont étés
disruptés. Ces mutants possédaient une capacité réduite d’endommager des cellules
épithéliales buccales et vaginales [327, 328].
In vivo, ces mêmes mutants ont montré une virulence diminuée dans les candidoses
vaginales chez le rat [329].
L’autre mécanisme d’invasion est l’endocytose des cellules fongiques par les cellules
épithéliales. Il a été observé que C. albicans induisait les cellules épithéliales à
produire des pseudopodes qui entourent le Candida et l’attirent à l’intérieur de la
cellule [330].
Les blastospores et les hyphes sont tous deux capables d’induire l’endocytose. On
constate néanmoins une capacité plus élevée des hyphes à déclencher ce mécanisme.
Cela implique pour certains auteurs que la forme hyphe exprime une molécule
spécifique (invasine-like) qui est reconnue par un ou plusieurs récepteurs de la cellule
épithéliale, déclenchant alors le processus d’internalisation [330].
Lorsque des Candida pénètrent dans la circulation sanguine, suite à une brèche gasto-
intestinale ou à la pose d’un cathéter par exemple, ils doivent franchir l’endothélium
afin de pouvoir coloniser les tissus et organes avoisinants.
40
Le second mécanisme est le passage des Candida entre les cellules endothéliales. Ce
mode d’évasion est rendu possible dans les reins grâce aux fenestrations existant dans
le revêtement endothélial.
Il est maintenant établi que C. albicans interagit différemment avec les différents lits
vasculaires. Chez l’Homme, les hyphes sont fortement endocytés par l’endothélium
de la veine ombilicale [336] alors que ce sont les blastospores qui sont internalisés le
plus rapidement par les cellules endothéliales de la micro-vascularisation de cerveau
[337].
C. glabrata C. albicans
41
Mécanismes de résistance développés par l’hôte
Les mécanismes de défense de l’hôte mis en œuvre lors d’une infection par des
Candida sont nombreux et diffèrent selon la localisation et le type de candidose [430].
L’immunité innée est très importante en cas d’infection des muqueuses et fait
intervenir les phagocytes professionnels (neutrophiles et monocytes/macrophages), les
cellules NK (Natural Killer), les cellules dendritiques et les cellules épithéliales.
Ces cellules présentent une activité directe anti-candida et une activité de régulation
par la production de cytokines qui stimulent le chimiotactisme, la prolifération et la
différenciation de cellules participant aussi bien à l’immunité innée qu’adaptative.
Ces cytokines vont stimuler la réponse des lymphocytes T helper (Th) qui vont
produire à leur tour des cytokines selon un profil spécifique (Th0, Th1, Th2)
mobilisant les cellules phagocytaires et non phagocytaires.
Le rôle protecteur majeur de l’épithélium est également mis en évidence chez les
patients souffrant de mucite post-radiothérapie ou post-chimiothérapie. Leur
épithélium digestif subit des altérations qui rendent ces patients plus susceptibles aux
candidoses invasives [76].
Dans plusieurs études, les cellules de l’épithélium buccal ont montré une activité
directe anti-Candida. En plus de la synthèse de peptides antibiotiques tel que la
calprotectine et les défensines qui possèdent une activité antifongique avérée [380],
les cellules épithéliales présentent un résidu hydrocarboné labile en milieu acide qui
paraît jouer un rôle important dans la lutte contre divers Candida dont C. albicans, C.
glabrata, C. dubliniensis et C. krusei [381-383].
Grâce aux cytokines, les cellules épithéliales des muqueuses agissent de manière
synergique avec les phagocytes pour éliminer les pathogènes [387]. Il a notamment
42
été démontré in vitro que les cellules de l’épithélium buccal pouvaient, par
l’intermédiaire d’IL-1a, augmenter l’activité anti-Candida des PMN [388].
Résumé du rôle clé joué par l’épithélium buccal dans la défense contre les Candida
selon Dongari-Bagtzoglou et al. (2005) [398].
43
Le recrutement des phagocytes (neutrophiles et macrophages) vers le site muqueux
infecté est le principal processus de défense de l’immunité innée. Les neutrophiles
sont les premiers et les plus abondants leucocytes recrutés en cas de candidose [389].
Le déplacement des neutrophiles à l’intérieur la muqueuse buccale nécessite leur
extravasation depuis un capillaire à travers les cellules endothéliales, puis leur
migration jusqu’à l’épithélium.
Les premières interactions entre les cellules épithéliales et les neutrophiles impliquent
des intégrines a2 (particulièrement CD11b/18) présentent sur les neutrophiles et un
ligand non-identifié sur la muqueuse [390].
Les neutrophiles sont indispensables pour maintenir les Candida à leur statut de
commensaux. On retrouve d’ailleurs de manière quasi constante de nombreux
neutrophiles dans les coupes histologiques de tissus infectés par des Candida [394,
395].
Ainsi, une hypofonction sévère des PMN salivaires telle que celle rencontrée chez les
sujets cancéreux traités par chimiothérapie [399] ou chez les patients âgés [400] est un
facteur de risque pour les candidoses buccales [401].
Les neutrophiles sont, in vitro, les leucocytes ayant la plus forte activité anti-candida
[402]. Ceci a été confirmé récemment par Schaller et al qui ont utilisé un modèle tri-
dimensionnel in vitro de candidose buccale supplémenté avec des neutrophiles. La
présence des neutrophiles a permis une réduction significative aussi bien de la
pénétration des Candida que des dommages tissulaires [403].
Curieusement, cet effet protecteur subsiste lorsque le contact physique direct entre les
PMN et C. albicans est empêché. Ceci suggère qu’il existe une régulation réciproque
44
anti-Candida entre les cellules épithéliales et les PMN plutôt qu’une action directe des
PMN sur les Candida.
Plusieurs études ont fourni des preuves que l’augmentation de la susceptibilité aux
candidoses buccales chez les sujets HIV+ est due, du moins partiellement, à une
défaillance dans l’activation des PMN par les cytokines [404, 405].
Les PMN issus de patients au stade SIDA ont montré une efficacité chimiotactique
réduite ainsi qu’une capacité de phagocytose diminuée [406, 407].
Les malfonctions des PMN s’aggravent avec la durée de l’infection par le VIH et on
constate une relation inversement proportionnelle au nombre de CD4+ [408, 409].
Puisque les PMN ne sont pas susceptibles d’être directement infectés par le HIV,
plusieurs chercheurs ont proposé que le déclin fonctionnel des PMN devait être dû à
la baisse de production de facteurs de croissance et de cytokines par les cellules T-
CD4+, les monocytes et les macrophages dont le nombre diminue durant la maladie
[408, 410].
Pour supporter cette hypothèse, des études aussi bien in vivo qu’in vitro, ont démontré
que les PMN provenant de sujets HIV+ retrouvaient une fonction normale après avoir
été supplémentés en facteurs de croissance et en cytokines exogènes [411, 412].
L’effet protecteur des PMN est spécifique à la muqueuse buccale. En effet, si une
activation des PMN stimule la guérison d’une candidose buccale, il n’a pas d’effet sur
une candidose vaginale, provoquant plutôt une exacerbation des symptômes [413]. On
ne constate également aucune augmentation de la susceptibilité aux candidoses
vaginales chez les patientes VIH+ [414, 415].
Les cellules dendritiques phagocytent aussi bien les levures que les hyphes.
L’ingestion de levures induira les cellules T-CD4+ à se différencier dans la voie Th1
alors que l’ingestion d’hyphes stimulera les cellules T-CD4+ dans la voie Th2 [432].
Elle joue un rôle prédominant dans la prévention des candidoses du système digestif.
45
Une des caractéristiques des candidoses oro-pharyngées est leur haute prévalence
lorsque le nombre de lymphocytes T-CD4+ passe en dessous de 200 cellules/ml. Cette
baisse de la quantité de lymphocytes T est rencontrée dans le sida mais aussi lors
d’immunodépression suite à une corticothérapie, une transplantation d’organe, une
chimiothérapie anti-cancéreuse ou chez les patients souffrant de candidose cutéano-
muqueuse chronique (CMC) [427].
Curieusement, plusieurs études ont montré qu’il n’y avait pas de déficience de
l’immunité à médiation cellulaire chez les patients VIH+ atteint de candidose buccale
[416]. De plus, les lymphocytes T issus de patients VIH+ souffrants de candidose
buccale présentaient une fonction normale [417].
Plusieurs études animales ont confirmé le rôle dominant des lymphocytes T-CD4+ sur
la résistance aux Candida. Une candidose se déclare lorsqu’ils sont en quantité
insuffisante [418, 419] et, lorsque la quantité normale de lymphocytes T-CD4+ est
rétablie, la guérison survient [420]. On détecte dans ces cas la présence de cytokines
de type Th-1 dans les nœuds lymphatiques du voisinage [421].
Par contre, un profil de cytokines de type Th-2 est habituellement associé à des
formes plus sévères de candidose. Ces cytokines (principalement l’interleukine-4 et
l’interleukine-5) stimulent une hyperproduction d’IgE et d’IgG, produisant une
exacerbation des symptômes sans pour autant protéger de l’infection fongique [431].
Les cellules NK jouent un rôle central dans la défense de l’hôte contre les Candida en
fournissant aux PMN des signaux d’activation via des cytokines spécifiques [422].
Même si les NK sont incapables de tuer les Candida in vitro [423], une étude sur
l’animal a montré que ces cellules pouvaient se substituer aux cellules T pour
l’activation des phagocytes [424].
Le rôle des anticorps dans la résistance à la candidose est très controversé. Dans une
étude récente portant sur plus de cent patients et analysant la concentration
d’anticorps anti-Candida dans la salive des sujets VIH+ avec ou sans candidose
buccale, aucune différence n’a été mise en évidence. Ceci suggère que les anticorps ne
joue qu’un rôle mineur, voir aucun rôle, dans la lutte contre les Candida [425].
46
Une autre étude qui s’intéressait spécifiquement au niveau d’anticorps (dans la salive
et le sérum) dirigés contre des antigènes liés à l’adhésion (mannoprotéines) et à
l’invasion des tissus (Sap 1 et Sap 6) chez les patients VIH+ trouva que le niveau de
ces anticorps protecteurs était plus élevé chez les sujets présentant une candidose
buccale [426]. Les auteurs expliquent le manque de protection fourni par ces anticorps
par le fait qu’il existe une quantité seuil de champignon au-delà de laquelle les
anticorps ne sont plus efficaces.
5.1 Historique
La candidose buccale était déjà connue du temps d’Hippocrate (460-377 av. J.-C.)
sous la dénomination de « stomatite aphteuse ». Il faudra néanmoins attendre 1839
pour que Langenbeck décrive scientifiquement le champignon pathogène responsable
du muguet.
On connaît aujourd’hui 248 espèces de Candida dont la liste peut être consultée sur:
http://www.ncbi.nlm.nih.gov/Taxonomy
Les candidoses buccales peuvent présenter une grande variété de formes cliniques.
Samaranayake proposa en 1991 [377] de subdiviser les candidoses buccales en deux
groupes principaux :
47
Candidoses buccales « primaires » Candidoses buccales « secondaires »
(Groupe 1) (Groupe 2)
En 1997, Axell et al [378] proposa une modification afin d’adopter une classification
plus simple et plus clinique:
Formes aiguës
Pseudo-membraneuse Manifestation buccale d’une
Erythémateuse candidose cutanéo-muqueuse
Formes chroniques
Hyperplasique
nodulaire
en placard
Erythémateuse
Pseudo-membraneuse
Lésions associées
Stomatite prothétique
Chéilite angulaire
Glossite losangique médiane
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La séparation entre candidoses buccales « primaires » et « secondaires » est inutile
puisqu’une localisation uniquement buccale (candidose « primaire ») est quasiment
impossible. Une candidose buccale est probablement la partie la plus visible pour le
médecin-dentiste d’une candidose digestive pouvant toucher l’œsophage, l’estomac,
les intestins jusqu’à l’anus et la région péri-anale. De plus, pour le clinicien,
l’exploration de tous les foyers potentiels superficiels et profonds est pratiquement
impossible.
La classification que nous présentons divise les candidoses buccales en formes aiguës
ou chroniques, localisées ou généralisées. Des photographies illustrant les différentes
formes cliniques sont disponibles en annexe.
1) Le muguet buccal
Cette forme est très sensible au traitement et guérit sans séquelle. Non traitée, elle
guérit souvent, mais il existe un risque de passage à la chronicité et/ou d’extension
[472].
2) La forme pseudo-membraneuse
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Cette forme de la maladie est rencontrée le plus souvent chez l’enfant, le vieillard et le
madade en phase terminale [473], particulièrement en cas d’immunodépression sévère
comme dans la leucémie ou le SIDA [474, 475].
3) La forme erythémateuse
Elles se manifestent le plus souvent sous la forme d’un muguet chronique. Chez
certains sujets, sans traitement, la stomatite candidosique va persister indéfiniment,
pratiquement assymptomatique en dehors des poussées.
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b) Formes chroniques localisées
Cette lésion qui siège sur une infiltration ferme et limitée, s’accompagne parfois de
brûlures ou de picotements lors de l’alimentation mais, le plus souvent, elle reste
totalement asymptomatique et ignorée du patient.
Des études récentes ont démontré que la candidose devrait être systématiquement
évoquée chez les patients présentant une langue atrophique, partiellement dépapillée
avec douleur à l’alimentation. En effet, l’étiologie candidosique est démontrée dans
environs 80% des cas [477, 478].
2) L’ouranite candidosique
Elle représente l’image en décalque (kissing lesion) de la lésion linguale [482, 483].
L’ensemble de ces deux lésions peut être assimilé à un intertrigo. Elle est donc
presque toujours située dans la région médiane du tiers postérieur du palais dur,
débordant rarement sur le voile. Elle se traduit par une plage érythémateuse, arrondie
ou ovalaire, mal délimitée, de 1 à 2 cm, quelquefois parsemée de grains
parakératosiques.
Parfois, la lésion est constituée d’une plage opaline, mal limitée, parsemée de petites
macules érythémateuses centrées sur les orifices des canaux excréteurs des glandes
salivaires accessoires. Exceptionnellement, la lésion palatine devient hyperplasique et
sa surface prend un aspect mûriforme [476].
3) La perlèche candidosique
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surtout labial inférieur, par une zone grossièrement triangulaire, érythémateuse,
raboteuse dont les limites sont recouvertes de squames ou de croutelles mélicériques.
Ces lésions asymptomatiques peuvent être plus discrètes, la lésion cutanée est alors
légèrement érythémato-squameuse. Lors des poussées, l’érythème plus marqué
s’étend et il apparaît, sur la demi-muqueuse, une ou plusieures fissures radiées
(rhagades) pouvant se prolonger sur le revêtement cutané. La perlèche est souvent
entretenue par un tic de léchage ou par la macération favorisée par l’accentuation du
pli commissural résultant d’une perte de dimension verticale de l’occlusion dentaire.
Exceptionnellement, cette perlèche peut prendre un aspect hyperplasique [468].
Elle est constituée par une plage triangulaire ou ovalaire, à grand axe horizontal, de 1
à 2 cm, mal limitée, érythémateuse en son centre, et dont la périphérie est recouverte
d’une kératose plus ou moins épaisse, aux limites floues. Elle prolonge la perlèche sur
le versant muqueux; parfois, elle en reste séparée par une bande muqueuse saine.
L’aspect de cette lésion est très polymorphe: la kératose peut être discrète ou recouvrir
totalement la lésion, prendre un aspect ponctué, hyperplasique ou verruqueux.
Hormis son aspect très polymorphe qui soulève parfois des problèmes diagnostiques,
ce foyer candidosique chronique possède, plus que tout autre, un potentiel de
dégénerescence certain, surtout lorsqu’il est associé à une intoxication tabagique.
Depuis Krogh et al. en 1987 [486, 487], on sait que c’est la production par certains
biotypes de Candida albicans de nitrosamine carcinogène (N-
nitrosobenzylmethylamine) qui est la cause de cette transformation maligne. Ils ont
également démontrés que les souches de Candida possédant un potentiel de nitration
plus élevé étaient associées avec des lésions présentant des changements précancéreux
plus importants.
En 2002, McCullough et al. [495] ont démontré sur un échantillon de 223 sujets une
forte corrélation entre le degré de dysplasie épithéliale révélé par biopsie et la
concentration de levures retrouvées dans la cavité buccale. Selon Samaranayake
(1990) [496], on peut estimer que plus de 15% des lésions hyperplasiques de la cavité
buccale dues à des Candida connaîtront une évolution dysplasique.
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Par contre, les Candida ne semblent jouer aucun rôle dans le cancer du col de l’utérus
[497].
La muqueuse palatine, recouverte par une plaque prothétique, qu’elle soit à base de
résine ou d’alliage métallique, présente assez souvent un état inflammatoire
chronique.
Selon les études, entre 11 et 67% des porteurs de prothèse dentaire en bonne santé
présentent une stomatite sous-prothétique à Candida [492].
Stade II. Erythème diffus avec pétéchies, intéressant toute la muqueuse palatine, plus
discret au niveau de la fibromuqueuse gingivale.
Il semble bien que l’ouranite sous-prothétique soit surtout due, en raison d’une
hygiène insuffisante, à une colonisation par des germes (le plus souvent des Candida)
de la surface et de la partie superficielle, poreuse de la prothèse et ceci quel que soit le
matériau utilisé [468].
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Images de microscopie électronique à balayage de fragments de prothèse prélevés
chez des patients souffrant de stomatite sous-prothétique. La barre représente 5 µm.
C’est une forme rare et discutée de candidose buccale chronique où l’existence d’une
infiltration inflammatoire profonde, importante, se traduit par l’apparition d’une
macroglossite et/ou d’une macrochéilite diffuse ou partielle. L’évolution se fait en
général par poussées successives. En quelques jours, il apparaît une augmentation de
volume des lèvres et/ou de la langue, symétrique ou non, sans inflammation
importante. La régression spontannée survient en quelques semaines, mais les
éléments atteints retrouvent rarement leur volume et leur consistance antérieure. La
palpation met en évidence une perte de souplesse et l’existence de nodules profonds,
surtout au niveau de la langue qui peut prendre un aspect lobulé.
Les candidoses buccales constituent une infection très fréquente dont les différentes
formes cliniques sont si souvent évocatrices qu’elles permettent d’envisager d’emblée
le diagnostic.
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Les candidoses buccales aiguëes ou subaiguëes
Le classique mais rare muguet buccal ne devrait pas prêter à confusion tant ses
manifestations sont typiques. Cependant, le diagnostic de muguet est souvent porté
par excès devant de nombreuses lésions blanches, planes de la muqueuse buccale.
Une stomatite candidosique produisant des érosions (forme exulcérée) peut simuler
une maladie bulleuse, particulièrement une pemphigoïde, un lupus en phase d’activité
ou une poussée érosive de lichen plan buccal, affection qui est souvent associée à une
candidose buccale [502, 503].
Une perlèche isolée doit faire évoquer une infection bactérienne ou une carence
nutritionnelle.
Une glossite chronique en foyer d’aspect dépapillé et atrophique, peut être secondaire
à une syphilis ou à une glossite exfoliatrice.
Une paréite rétrocommisurale constitue parfois l’expression d’un lichen plan, d’un
lupus, d’une syphilis secondaire ou d’une intoxication tabagique. En raison de son
potentiel dégénératif, la paréite rétrocommissurale nécessite une surveillance régulière
et doit être biopsiée si son aspect devient atypique ou suspect [468].
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dès la naissance [509] tout comme le syndrome de Down [510] et de nombreux autres
[511,512].
Il faut aussi penser à une syphilis tertiaire, un myxooedème, une amylose type
Lubarsch-Pick ou une maladie de Crohn [505, 506].
Si l’examen histologique n’est pas réalisé pour chaque cas, l’examen mycologique
doit être systématique, en premier lieu pour confirmer le diagnostic de candidose,
identifier la levure et enfin pour contrôler l’efficacité du traitement antifongique.
Si l’on veut éviter les résultats faussement négatifs, il faut s’entourer de certaines
précautions. Pour faciliter la réalisation de prélèvement et augmenter son efficacité,
surtout dans les hyposialies, il est préférable d’humecter au préalable le porte-coton
avec du sérum physiologique. Le prélèvement doit être réalisé en l’absence, depuis
quelques jours, de tout traitement antifongique ou antiseptique local ainsi qu’à
distance de toute prise d’aliments ou de boissons qui peuvent apporter des levures
exogènes mais aussi éliminer une grande partie les levures présentes à la surface de la
muqueuse.
Un fragement du prélèvement, placé sur une lame, est dissocié dans une goutte de
sérum physiologique stérile: on observe sans coloration, des petites cellules de 2 à 4
µm, à paroi mince, rondes ou ovalaires, bourgeonnantes, accompagnées parfois de
filaments mycéliens, formés d’articles de longeur variable, de 3 à 5 µm de diamètre et
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aux extrêmités arrondies. En l’absence de fragment sur le prélèvement, on réalise un
frottis qui sera coloré par le Gram, le May-Grünwald Giemsa ou le PAS [468].
D’abord décrit par Cawson (1966) [513] puis par Cawson et Lehner (1968) [514],
l’aspect histologique est variable en fonction de l’homogénéité de la lésion et du degré
de dysplasie.
Les hyphes peuvent être observés, pénétrant à angle droit l’épithélium à travers la
zone de parakératose. Pour une raison inconnue, l’invasion cesse peu après l’entrée
dans la stratum spinosum. Il faut préciser que l’invasion de toute l’épaisseur de
l’épiderme n’est jamais observée, même chez les patients au stade SIDA dont les
défenses cellulaires sont pratiquement inexistantes.
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Depuis quelques années, avec le développement des techniques
d’immunohistochimie, on utilise des anticorps mono ou polyclonaux pour détecter des
Candida présents dans des coupes histologiques parafinées [518].
6.4 La culture
Les boîtes de Petri offrent une surface d’ensemencement plus importante que les tubes
permettant de bien isoler les colonies et de visualiser les associations de levures. Par
contre, le risque de contamination par des spores aéroportées est plus important et les
milieux se désèchent en quelques semaines.
Leur taille est inversément proportionnelle à la densité des colonies. Leur nombre doit
être noté approximativement. Parfois, les colonies, très nombreuses et alors de petite
taille, forment une nappe uniforme recouvrant totalement la gélose [468].
Ces milieux, auquels sont ajoutés des substances chromogènes, confèrent aux colonies
qui s’y développent une coloration particulière, variable en fonction de l’espèce. Cette
coloration est dans la plupart des cas fondée sur la mise en évidence d’une activité de
type hexosaminidase (N-acétyl-"-D-galactosaminidase). La multiplication des
bactéries est également inhibée sur ces milieux.
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De nombreux milieux chromogéniques sont disponibles dans le commerce, la plupart
permettent d’identifier correctement C. albicans, les colonies se colorant en bleu
(Candida ID® 2, bioMérieux) ou en vert (CHROMagar® Candida, Becton-
Dickinson). Des sensibilités supérieures à 99% pour la détection de C. albicans sont
rapportées par les différents fabricants.
C. tropicalis, C. lusitaniae et C. kefyr forment des colonies roses sur Candida ID© 2
tandis que C. dubliniensis présente les mêmes caractéristiques culturales que C.
albicans.
Aspect des colonies sur Candida ID® 2 après 48 heures de culture à 37 °C selon
Eraso et al. [522].
C. tropicalis forme des colonies bleu métallique et C. krusei des colonies rose pâle
plutôt rugueuses. La sensibilité de C. tropicalis sur ce milieu n’est que d’environ 66%
[525] et d’autres espèces (C. parapsilosis, C. lusitaniae, C. kefyr,…) ainsi que d’autres
genres (Cryptococcus, Saccharomyces) peuvent produire des colonies roses d’aspect
similaire.
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(A) C. albicans. (B) C. dubliniensis. (C) C. tropicalis. (D) T. beigelii. (E) C. krusei.
(F) C. glabrata. (G) C. parapsilosis. (H) C. neoformans. (I) C. guilliermondii. (J) S.
cerevisiae. (K) P. wickerhamii.
Milieux fluorogéniques
Même si une sensibilité et une spécificité supérieures à 99% ont été décrites,
l’utilisation de tels tests est limitée en raison de l’équipement spécifique requis.
61
Interprétation des résultats
La présence de Candida sur la muqueuse buccale n’autorise pas à affirmer son rôle
pathogène. En effet, si toute culture positive à partir d’un prélèvement normalement
stérile (LCR, urine, biopsie tissulaire, …) témoigne d’une infection, en revanche la
muqueuse buccale est fréquemment colonisée par des levures commensales. Dans ce
cas, les colonies sont peu nombreuses. Toutefois, le nombre de colonies ne constitue
pas un élément suffisant pour juger: hormis les mauvaises techniques de prélèvement
et d’ensemencement qui réduisent le nombre de colonies sur le milieu de culture, les
candidoses buccales chroniques donnent également des cultures pauvres en colonies.
Test de germination
Le test de blastèse ou test de Taschadjian est apparu en 1960 [527]. On incube les
Candida durant 3 à 4 heures dans du sérum de veau, de mouton ou de lapin à 37°C. Si
le Candida isolé est C. albicans, on observe dans 95% des cas la production par les
cellules-mères de tubes germinatifs.
Test de chlamydosporulation
On ensemence les levures sur milieu PCB (pomme de terre, carotte, bile) ou RAT (riz,
agar, tween 80) et l’on incube à 37 °C pendant 24 heures.
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Récemment, des milieux tournesol-agar [529], agar de Staib [528], caséine-agar
[530], tabac-agar [531] ont permis d’induire le chlamydosporulation sélectivement
chez C. dubliensis permettant ainsi sa différenciation de C. albicans.
Test immunologique
On utilise actuellement des billes de latex colorées qui ont été sensibilisées par un
anticorps monoclonal reconnaissant un antigène pariétal spécifique. Par exemple,
Bichrolatex ® albicans (Fumouze Diagnostics, Asnières, France) permet la co-
agglutination de particules de latex colorées en rouge sur des constituants pariétaux de
C. albicans avec une sensibilité et une spécificité approchant les 100% [540].
Test métabolique
Ces trois tests se basent sur le fait que la double activité "-galactosaminnidase et L-
proline aminopeptidase n’est rencontrée que chez C. albicans. Les autres espèces
peuvent présenter l’une ou l’autre de ces activités mais jamais les deux associées. Ces
trois tests présentent une sensibilité et une spécificité comprise entre 98,7% et 100%
[542].
Cette technique historique décrite par Pagano, Levin et Trejo en 1958 [543] repose sur
la réduction du chlorure de 2,3,5-triphényltétrazolium qui, incorporé dans le milieu de
culture, confère aux colonies une couleur allant du blanc au rouge selon les espèces
[544].
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Test immunologique
Test enzymatique
Tout comme C. kruzei, C. glabrata pose des problèmes de résitance aux azolés [547].
Le test Glabratta RTT ® (Fumouze Diagnostic) permet d’identifier ses colonies en 20
minutes en utilisant sa capacité à hydrolyser le thréalose et pas le maltose. La
sensibilité et la spécificité se situent entre 91% et 98% selon les milieux de culture et
les études [548-550].
Le nombre de sucres testés varie selon les fabricants. Par exemple la galerie ID® 32C
(bioMérieux) comprend 29 sources de carbone ainsi qu’un test de sensibilité à
l’actidone et un test à l’esculine; elle nécessite près de trois jours d’incubation et
demeure aujourd’hui un système de référence [4].
Identification moléculaire
Diagnostic indirect
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La recherche d’antigènes circulants comme le D-arabinol (un pentose produit par
toutes les espèces de Candida) ou le "-(1,3)-D-glucane (constituant de la paroi
fongique) peut permettre de poser le diagnostic de candidose invasive.
1) Déficits immunitaires
La candidose buccale chez le nouveau-né est le plus souvent acquise intrapartum par
contact avec la muqueuse vaginale contaminée par des Candida [555, 556].
Les Candida peuvent également être transmit par contact avec le revêtement cutané
(seins, mains) de la mère, par les tétines de biberons insuffisament nettoyées ou par
l’alimentation. L’incidence de la candidose buccale chez le nouveau-né varie de 1% à
37% selon les études et est plus élevée chez les enfants nourris au biberon
comparativement à ceux nourris au sein [559].
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L’immaturité des défenses immunitaires et l’établissement encore incomplet de la
flore du système digestif sont probablement les principales raisons pour lesquelles la
candidose touche fréquement les nouveaux-nés alors qu’elle est déjà beaucoup plus
rare chez les enfants âgés de quelques mois [555, 556].
La candidose buccale est rare durant la première semaine de vie; le pic de prévalence
est observé à 4 semaines (14,1%) [560].
Avec le temps, l’individu voit son système immunitaire devenir moins performant
[563-566]. Il souffre de multiples affections liées à l’âge et certaines maladies ou le
traitement de ces maladies prédisposent à d’autres maladies. Pour cette raison, il est
difficile d’isoler les effets strictements liés à l’âge parmi les multiples autres co-
facteurs, particulièrement dans le cas d’un pathogène opportuniste.
Selon une étude de Lockhart et al. (1999) portant sur 93 sujets de plus de 60 ans, la
fréquence et l’intensité de la colonisation augmente avec l’âge, indépendamment du
port de prothèse amovible. Le nombre d’espèces différentes de Candida rencontrées
dans la cavité buccale de ces sujets augmente également avec l’âge. On constate une
émergence de C. glabrata dans le groupe des plus de 80 ans.
b) Immunodépression congénitale
Toutes ces affections peuvent, à des degrés divers, favoriser les candidoses buccales.
La résistance aux Candida est particulièrement diminuée lorsque l’affection touche à
la quantité et/ou à l’efficacité des lymphocytes T-CD4+ comme dans les déficits
immunitaires combinés sévères (DICS) [568], le déficit en MHC-II [469] ou le
syndrome de DiGeorge [470].
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c) L’immunodépression aquise
Le SIDA
Toutes les formes de candidoses buccales sont observées mais la différence entre
formes aiguës et formes chroniques n’est pas aussi tranchée qu’habituellement. Le
muguet et les formes diffuses sont très fréquentes alors qu’en dehors d’un déficit
immunitaire ces formes sont rares, la candidose se présentant alors le plus souvent
sous la forme en foyer [571].
De plus, chez ces patients, les infections intercurrentes sont traitées avec des
antibiotiques à large spectre qui favorisent également les candidoses buccales [577].
Les Candida sont responsables d’environ 50% des infections buccales se produisant
durant les chimiothérapies anti-leucémiques et de près de 60% des infections buccales
chez les patients traités par médicaments antinéoplasiques pour des tumeurs solides
[577].
Environ 50% des patients présentant un cancer de la tête et du cou sont colonisés par
des Candida avant le début du traitement. La prévalence augmente à 70% durant la
radiothérapie et persiste à un niveau élevé durant des mois après la fin du traitement
[578].
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2) Facteurs endocriniens
a) La grossesse
La grossesse est caractérisée par une immunodépression relative caractérisée par une
prédominance de la réponse cellulaire anti-inflammatoire qui permet une certaine
tolérance aux antigènes fœtaux [581-583].
Durant la grossesse, la réponse de type Th2 (par exemple IL-10) et Th3 (par exemple
TGF-b) est augmentée [584] pendant que la réponse de type Th1 (par exemple IL-12
ou IFN-g), potentiellement dangereuse pour le fœtus, est diminuée [585]. Or on sait
qu’une réponse immunitaire à prédomminance Th2 favorise de nombreuses
infections, dont celles causées par des champignons [586].
Dans une étude parue en 2006 qui comparait la santé buccale de deux groupes de 100
femmes, le groupe des femmes enceintes présentait une incidence de candidose
buccale de 15% alors que dans le groupe contrôle, l’incidence n’était que de 5%
[588].
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b) La prise de contraceptifs oraux
Actuellement encore, le sujet ne semble pas tranché, les résultats variant selon les
populations étudiées et les substances anticonceptionnelles utilisées [591, 592].
c) Le diabète
C’est un fait établi que les diverses espèces de Candida sont plus fréquemment isolées
dans la cavité buccale des sujets diabétiques que des sujets sains [593], le portage
atteignant 77% chez les diabétiques insulino-dépendants [594].
Plusieurs facteurs ont été associés avec la quantité de levures buccales tels que le type
de diabète, la durée de la maladie et le contrôle de la glycémie [593, 595].
Le mécanisme exact par lequel le diabète prédispose à la colonisation orale par les
Candida n’est pas encore très clair. Il est cependant établi que la concentration de
glucose salivaire est plus élevée chez le diabétique que chez le sujet sain, la
concentration salivaire étant clairement corrélée avec la glycémie [598]. Le glucose
salivaire permet la glycosylation de protéines à la surface des cellules épithéliales de
l’hôte durant les pics de glycémie [599] et l’on pense que l’augmentation de ces
résidus glycosylés augmente le nombre de récepteurs pour les Candida.
Cependant, une revue attentive de la littérature permet d’affirmer que, malgré le fait
que le portage de Candida soit augmenté chez le sujet diabétique, la prévalence de la
candidose buccale (symptomatique ou non) n’est pas significativement augmentée
chez les sujets diabétiques comparativement aux sujets sains [596, 597].
Selon Quirino et al. (1995) la plupart des manifestations buccales du diabète sont en
rapport avec des facteurs locaux sans rapport avec la maladie [600].
En définitive, selon Soysa et al. (2006) [597], puisque il faut une quantité seuil de
Candida dans la cavité buccale pour déclencher une candidose, les patients
diabétiques sont plus à risque que les autres. Il faut cependant accorder une égale
attention aux différents facteurs locaux et systémiques qui jouent ensemble un rôle
cumulatif.
69
d) Autres maladies endocriniennes
3) Facteurs nutritionnels
Pizzo et al. (2000) [602] ont montré que l’augmentation maximum de l’adhésion de C.
albicans était obtenue dans un milieu riche en saccharose alors qu’un milieu riche en
glucose favorisait l’adhésion de C. tropicalis et C. krusei. Le maltose et le fructose
augmentent également la capacité d’adhésion de ces Candida mais dans une moindre
mesure.
Ils ont également remarqué que le sorbitol n’augmente pas l’adhésion alors que le
xylitol la réduit de manière significative.
La vitamine B12 et le folate sont les plus importants cofacteurs impliqués dans la
synthèse de l’ADN. Chez le sujet carencé, on constate des anomalies leucocytaires et
plaquettaires et des changements particulièrement marqués au niveau de l’épithélium
buccal et gastro-intestinal à cause de leur renouvellement rapide [605].
Comme d’autres co-facteurs, les carences nutritives ne sont pas suffisantes pour
causer une candidose mais peuvent les favoriser [606].
4) L’hyposiale
a) Une baisse de l’action « lavante » due au débit diminué, un faible flux salivaire
interférant moins avec l’adhésion des levures.
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L’hyposiale peut être causée par des maladies auto-immunes tel que le syndrome de
Sjögren ou le lupus erythémateux, par des dysfonctions hormonales tel qu’un diabète
non contrôlé ou une malfonction thyroïdienne ou encore par des atteintes
neurologiques telles que la maladie de Parkinson ou la dépression [609].
L’involution sénile des glandes salivaires provoque également une baisse du flux
[610].
1) Les antibactériens
Il est à noter que la chlorhexidine peut être utilisée sans risque puisque son spectre
d’activité s’étend sur un grand nombre de micro-organisme y compris les Candida
[611, 612]. Son efficacité lui permet même d’être proposé comme complément aux
traitements antifongiques classiques [613].
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De surcroît, l’irritation causée par l’enfoncement de la prothèse durant la mastication
crée des micro-brèches dans la muqueuse buccale, facilitant sa colonisation [469].
Les traitements
Après avoir tenté de supprimer les facteurs favorisants, il convient d’instaurer une
hygiène stricte avec brossage des dents et de la langue après chaque repas.
La prothèse dentaire amovible sera brossée et désinfectée chaque jour dans une
solution de chlorhexidine et laissée au sec durant la nuit [621]. La désinfection en plus
du brossage est nécessaire à cause de la porosité de la résine qui rend impossible une
élimination en profondeur des Candida par un simple nettoyage mécanique.
Après désinfection, la prothèse doit être parfaitement séchée ce qui complète l’action
antifongique [622]. Idéalement, le patient laisse la prothèse à l’air libre durant toute la
nuit. Si cela est impossible, pour des raisons sociales par exemple, il la séchera
parfaitement avec un sèche-cheveux en insistant particulièrement sur l’intrados. Ces
sèchages successifs n’ont, même à long terme, pas de réel effet sur la stabilité de la
résine de la prothèse [623].
Les antifongiques efficaces contre les Candida comprennent deux classes de produits
naturels (les polyènes et les échinocandines) et quatre familles de molécules
synthétiques (les allylamines, les azolés, la flucytosine et les morpholines).
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Principales classes d’antifongiques
a) L’amphotéricine B
A faible dose, seules de petites molécules et des ions quittent la cellule, les dommages
sont réparables, l’effet est fongistatique. A forte dose, de grosses molécules sont
perdues, entraînant la mort de la cellule.
L’amphotéricine B est très peu absorbée au niveau du tractus digestif et est donc bien
tolérée. Elle doit rester le plus longtemps possible au contact de la muqueuse buccale
avant d’être avalée permettant ainsi de traiter une éventuelle candidose digestive
associée. Elle peut être utilisée en administration orale sous forme de comprimés à
sucer, de suspension ou de pommade.
b) La nystatine
Ce polyène a été isolé de Streptomyces noursei dans les années 1950. Son mode
d’action est le même que l’amphotéricine B, elle est aussi fongistatique ou fongicide
selon la concentration. Elle n’est utilisée que par voie orale en raison de sa forte
toxicité par vois parentérale.
73
Cette molécule est la plus utilisée pour le traitement des candidoses superficielles.
Lors de candidoses de la cavité buccale et de l’oesophage, la posologie est de 1 ml
(100’000 U.I.) 4 fois par jour (p.ex. Mycostatine® Suspension) durant 7 jours au
minimum mais durant plusieurs jours après la guérison clinique.
Ces substances synthétiques sont classées en deux groupes: les imidazolés dont le
noyau azolé contient deux atomes d’azote (clotrimazole, miconazole, ketoconazole,
econazole, fenticonazole, isoconazole, sulconazole, tioconazole) et les triazolés dont
le noyau contient trois atomes d’azote.
Les azolés ont un effet supplémentaire: ils interfèrent au niveau des mitochondries
avec des enzymes oxydatives créant une accumulation de peroxyde d’hydrogène dans
la cellule fongique conduisant à sa mort. La toxicité sélective des azolés est due à leur
affinité sélective pour les cytochromes P-450 fongiques au détriment des cytochromes
P-450 des mammifères [627,628].
La résistance aux azolés des différentes espèces de Candida a fait l’objet de nombreux
travaux. Les différentes espèces montrent une sensibilité intrinsèque variable aux
azolés. Parmi les souches sauvages (n’ayant pas eu de contact avec des
antifongiques), le gradient de sensibilité est le suivant:
a) Les imidazolés
1) Le clotrimazole
Le clotrimazole possède un large spectre d’action aussi bien contre les Candida que
contre les staphylocoques. Il est principalement utilisé pour le traitement des
candidoses superficielles buccales, vaginales ou cutanées [626].
74
On le trouve en Suisse sous forme de crème et de gélules vaginales (p.ex. Corisol®
Crème et Corisol® 3) [236].
2) Le miconazole
Le miconazole est efficace sur tous les types de candidoses buccales. De faibles
concentrations sont déjà capables d’empêcher l’adhésion des Candida aux cellules
épithéliales [632] et d’inhiber la formation de tubes germinatifs [633].
Son application sous forme de laque dans l’intrados des prothèses est particulièrement
efficace pour le traitement des candidoses sous-prothétiques [634], il est également
disponible sous forme de gel (p.ex. Daktarin® Teinture et Daktarin® Gel oral).
Son emploi systémique est toutefois peu répandu à cause de sa toxicité qui lui font
préférer le kétaconazole et le fluconazole.
3) Le kétoconazole
4) L’éconazole
Sa structure chimique est très proche de celle du miconazole. Il est utilisé pour traiter
les affections mycosiques de la peau (p.ex. Pevaryl® Crème) ou les mycoses
vaginales et les balanites mycosiques (p.ex. Gyno-Pevaryl®).
5) Le fenticonazole
Est proposé pour les mêmes indications que l’econazole mais n’est pas disponible en
Suisse.
75
6) L’isoconazole
Est indiqué pour le traitement les mycoses superficielles de la peau et pour les
mycoses de la région génitale (p.ex. Travogen®).
7) Le sulconazole
Est proposé pour les mêmes indications que l’econazole mais n’est pas disponible en
Suisse.
8) Le tioconazole
Le tioconazole (p.ex. Trosyd®) possède un large spectre d’activité aussi bien contre
les levures, les dermatophytes et les bactéries Gram positives ce qui le rend plus
efficace que de nombreux autres azolés pour traiter les mycoses de la peau
surinfectées par des bactéries comme les mycoses des pieds [650].
1) Le fluconazole
Le fluconazole est un antifongique à large spectre très actif contre C. albicans mais
moins contre les Candida non-albicans. Les espèces les plus résistantes au fluconazole
sont C. krusei et C. glabrata [636-638].
Le fluconazole peut être administré per os ou par IV (p.ex. Diflucan®). Suite à son
administration orale, il est bien absorbé par le tractus gastro-intestinal. Le pic de
concentration plasmatique est atteint en 2 à 4 heures et sa demi-vie est
particulièrement longue (entre 27 et 37 heures) [627].
Utilisé depuis la fin des années 1980, l’effet du fluconazole est bien documenté. Il est
efficace pour traiter les candidoses buccales chez les sujets VIH+ [639], chez les
patients ayant subit une greffe de moelle osseuse [640], chez les cancéreux [641],
chez les patients souffrant de leucémie aigüe [642] mais aussi pour le traitement de la
candidose chronique sclérosante [643].
Bien que le fluconazole ait moins d’affinité pour le cytochrome P-450 des
mammifères que le kétaconazole, il interagit tout de même avec de nombreux
76
médicaments comme les sulfonylurées (risque d’hypoglycémie) ou les anticoagulants
(potentialisation de l’effet).
2) L’itraconazole
L’itraconazole est une substance lipophile, bien absorbée après son administration
orale et efficace contre un large spectre de levures comprennant C. albicans, C. krusei
et C. glabrata [644].
Pour autant que le pH gastrique soit acide, l’absorption est rapide et le pic plasmatique
est obtenu en 2 à 4 heures. L’itraconazole est lié aux protéines plasmatiques à plus de
99% et est métabolisé par le foie.
L’itraconazole (p.ex. Sporanox® Oral Solution) est la substance de choix pour traiter
les candidoses causées par des Candida résistant au fluconazole [645, 646].
Dans une étude portant sur des sujets VIH+ souffrant de candidose oro-pharyngée
résistante au fluconazole, Eichel et al. (1996) ont démontré que l’administration
d’itraconazole per os (entre 200 et 800 mg par jour) permettait la guérison ou une
amélioration significative chez 36 patients sur 40 [647].
Pour le traitement des candidoses buccales, Smith et al. (1988) ont montrés que les
patients traités à l’itraconazole (200 mg/j) avaient une plus longue période de
rémission que ceux traités au kétaconazole [648]. De son côté, Blatchford (1990) à
trouvé que l’itraconazole produisait plus rapidement ses effets et garantissait une
durée de rémission plus longue que le clotrimazole [649].
La posologie est de 200 mg/j (réparti en deux prises) pendant deux à trois semaines
[236].
1) Le voriconazole
77
Le voriconazole est indiqué pour le traitement des aspergilloses invasives, des
candidémies chez les patients non neutropéniques, des candidoses oesophagiennes et
des candidoses disséminées. Il est disponible pour l’administration oral ou IV (p.ex.
Vfend®) et possède une excellente biodisponibilité (90%) [652].
Comme les autres azolés, le voriconazole interagit avec les médicaments qui sont des
substrats du cytochrome P-450 3A4 (terfenadine, cisapride, astemizole, etc...)
augmentant leur niveau plasmatique. Son emploi doit être évité chez les patients
traités par la phénytoïne, la ritonavir, la rifabutine, le sirolimus, etc...[236].
2) Le posaconazole
3) Le ravuconazole
Le ravuconazole est actuellement en phase de test. Il est très actif in vitro contre de
nombreuses espèces de champignons dont C. albicans [660]. L’efficacité du
ravuconazole est supérieure à celle du fluconazole pour le traitement de la candidose
oesophagienne chez les sujets séropositifs pour le VIH [661].
Cette nouvelle classe d’antifongiques fait partie des polypeptides. Ce sont des
métabolites lipopeptidiques formés par fermentation par différents champignons
comme Zalerion arboricola ou Aspergillus nidulans var. echinulatus [662].
Leur mode d’action est différent de celui des autres antifongiques: ils agissent par
inhibition de la b-(1,3)-glucane synthétase, enzyme impliquée dans la synthèse des
glucanes de la paroi des champignons.
Cette enzyme est présente chez de nombreux pathogènes comme les Candida et les
Aspergillus mais est absente chez les mammifères ce qui explique sa faible toxicité
pour l’Homme. La dépletion en glucane fragilise la paroi et aboutit à une instabilité
osmotique qui mène à la mort cellulaire [663].
78
Structure des échinocandine selon Denning (2003) [673].
1) La caspofungine
Même si son efficacité in vitro est bonne, des études ont mis en évidence l’existence
de souches de C. parapsilosis, de C. glabrata et de C. albicans résistantes à la
capsofungine [664-666].
La capsofungine a peu d’effets secondaires. Ils sont limités à de la fièvre, des maux de
tête, des nausées et des vomissements. Il n’existe pratiquement aucune interaction
avec les autres médicaments [236].
Cette molécule n’est disponible que pour une administration IV (Cancidas®) pour les
patients souffrant de candidose oropharyngée ou oesophagienne ne répondant pas aux
autres antifongiques [667-669] ou pour le traitement empirique d’infections fongiques
présumées à Candida ou à Aspergillus chez les patients neutropéniques fébriles [236].
2) La micafungine
Un produit est disponible aux USA (Micamine®) depuis 2005. Il est indiqué dans les
oesophagites à Candida et en prophylaxie chez les patients en vue d’une greffe de
moelle [4].
3) L’anidulafungine
Son mode d’action est le même que les autres membres de la famille. Au contraire des
autres échinocandines qui ont une demi-vie d’environs 10h, l’anidulafungine est
lentement dégradée plutôt que métabolisée, sa demi-vie est comprise entre 25 et 42h
[674].
Cette molécule est très active contre de nombreux Candida y compris ceux résistants
aux azolés (comme C. krusei) ou ceux résistants à l’amphotéricine B (comme C.
lusitaniae) ou aux autres échinocandines (comme C. parapsilosis) [675].
79
Une étude parue en 2007 démontre que le taux de guérison en plus important pour les
patients souffrants de candidose invasive traitée avec l’anidulafungine (75%) qu’avec
le fluconazole (60%) [676].
Cette substance, agréée en 2007, est disponible en Europe sous le nom d’Ecalta® et
est réservée au traitement des candidoses invasives chez les patients adultes non
neutropéniques [677].
Les allylamines, comme la terbinafine et la niftifine est une famille de molécules qui
bloquent la biosynthèse de l’ergostérol par inhibition de la squalène époxydase [678].
La terbinafine est très active contre les dermatophytes du genre Trichophyton mais
aussi contre les Candida notamment les souches résistantes aux azolés [679, 681].
La terbinafine est disponible sous forme de crème pour le traitement des candidoses
cutanées (par exemple Lamisil® Crème). Lorsque l’affection est très étendue, le
traitement est systémique avec l’administration de comprimés (p.ex. Lamisil®
Comprimés). La posologie est de 250 mg par jour durant 2 à 4 semaines.
80
7.8 Les morpholines
Ce métabolite fongique a été isolé de Sordaria araneosa en 1971 [682] et est actif
contre de nombreux champignons dont C. albicans [683].
Il agit en inhibant la synthèse des protéines par action sur le ribosome [684]. Il bloque
la traduction chez C. albicans, C. tropicalis et C. kefyr mais ne montre pas d’activité
contre C. krusei, C. glabrata et C. parapsilosis. De nombreuses recherches sont en
cours sur cette famille de molécules qui devraient déboucher rapidement sur des
applications cliniques [685, 686].
7.10 La chlorhexidine
Dès son introduction dans les années 1970, la chlorhexidine a été proposée pour le
traitement des candidoses buccales [688]. Son utilisation régulière induit rapidement
la coloration brunâtre des dents et du dos de la langue ainsi qu’une altération du goût.
Il faut noter que la chlorhexidine ne doit pas être utilisée simultanément avec la
nystatine. En effet, ces deux composés forment alors un complexe inactif [693].
81
7.11 Résistances aux antifongiques
On observe ainsi une augmentation de la prévalence des Candida résistants aux azolés
chez les patients cancéreux ou atteints du sida et suivant un traitement prophylactique
au fluconazole [697, 698].
Les mécanismes sont classiques : surexpression des gènes de type ABC (ATP-binding
cassett) ou MF (major facilitators) qui permettent l’efflux de la molécule antifongique
hors de la cellule [699, 700] et surexpression ou modification de la cible [701].
Indications thérapeutiques
Il convient dans tous les cas de rechercher les facteurs favorisants et de les contrôler.
L’anamnèse et l’examen clinique devront tenter de détecter d’éventuels foyers extra-
buccaux.
L’application doit être faite en dehors des repas, trois à quatre fois par jour. Les
produits doivent rester en contact avec la muqueuse buccale au moins trois minutes.
Une durée de 7 à 14 jours est préconisée.
L’itraconazole en suspension est une autre alternative, à raison de 200 mg par jour
répartis en deux prises, pendant deux à trois semaines.
82
En fin de traitement, le patient devra conserver une hygiène scrupuleuse: brossage des
dents et de la langue après chaque repas afin de diminuer la charge fongique. Le
nettoyage des prothèses dentaires amovibles sera effectué quotidiennement et elles
seront conservées au sec durant la nuit.
La réalisation, au minimum une fois par jour, d’un rinçage buccal avec un produit
alcalin (une demi-cuillère de bicarbonate de soude dilué dans un demi-verre d’eau)
permet de diminuer le risque de récidive.
83
Chapitre 8. Références
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134
Chapitre 9. Annexe
Muguet buccal
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Forme pseudo-membraneuse
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Forme erythémateuse
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Glossite losangique médiane
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Ouranite candidosique
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Perlèche candidosique
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Paréite candidosique rétrocommissurale
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Ouranite candidosique sous-prothétique
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Candidose chronique sclérosante
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