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FISCALITÉ

Études de politique fiscale de l’OCDE


Impôt sur les sociétés et investissement
direct étranger
L’UTILISATION D’INCITATIONS FISCALES

Cette étude traite d'un sujet d’une actualité brûlante : l'utilisation d'incitations fiscales pour
attirer les investissements directs étrangers (IDE). La capacité d’offrir un cadre fiscal compétitif
sur le plan international est de plus en plus considérée comme un facteur déterminant pour
attirer les IDE. L’impôt sur les sociétés apparaissant comme l’élément dont l’incidence est la
plus directe sur les entreprises multinationales, c’est sur cet impôt que se concentrent les
pressions en faveur d’une réduction de la fiscalité du pays d’accueil afin d’attirer des capitaux.
D’un autre côté, l’impôt sur les sociétés tient une place importante dans les recettes publiques
et permet d’atteindre des revenus de source intérieure qui auraient pu sinon échapper à l’impôt.
La volonté d’imposer ces revenus sans décourager les investisseurs soulève des questions
cruciales concernant, d’une part, la sensibilité de l’investissement direct à la fiscalité et, d’autre
«
Études
de politique fiscale de l’OCDE

Impôt sur les sociétés


et investissement
direct étranger
L’UTILISATION D’INCITATIONS FISCALES

FISCALITÉ

Impôt sur les sociétés et investissement direct étranger


part, la répartition souhaitable des différentes dispositions fiscales qui déterminent le niveau
des prélèvements dans le pays d’accueil et influent sur les comportements en matière
d’investissement et de financement.

Cette étude examine diverses dispositions relatives à l’impôt sur les sociétés qui visent
à promouvoir les IDE. Elle passe également en revue un certain nombre de problèmes liés
à l’évaluation de leur efficacité. La question cruciale étant de savoir combien d’investissements
additionnels les allégements fiscaux peuvent engendrer, et à quel coût, l’étude fait la synthèse
des découvertes empiriques récentes. Celles-ci font apparaître une sensibilité croissante des
IDE aux prélèvements fiscaux dans le pays d’accueil, ce qui est cohérent avec le mouvement
de mondialisation de la production. On constate par ailleurs que certaines approches favorisent
les stratégies d’optimisation fiscale et conduisent à des pertes involontaires de recettes
fiscales. L’étude insiste sur la nécessité d’évaluer les interactions fiscales possibles entre le
pays d’origine et le pays d’accueil, car elles influencent l’efficacité des incitations fiscales.
De façon plus générale, l’étude souligne la nécessité d’aller au-delà de ce que l’analyse
économique traditionnelle peut nous apprendre.

Bien que cette étude soit surtout destinée à servir de guide aux décideurs dans les économies
de marché émergentes, elle peut aussi, plus généralement, constituer un document de
référence pour les analystes dans le domaine de la politique fiscale.

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www.SourceOECD.org www.oecd.org

ISBN 92-64-28344-7
23 2001 07 2 P

N° 4 -:HSTCQE=W]XYYW: N° 4
© OCDE, 2002.
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Études de politique fiscale de l’OCDE

No 4

Impôt sur les sociétés


et investissement
direct étranger
L’UTILISATION D’INCITATIONS
FISCALES

ORGANISATION DE COOPÉRATION ET DE DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUES


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ORGANISATION DE COOPÉRATION
ET DE DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUES

En vertu de l’article 1er de la Convention signée le 14 décembre 1960, à Paris, et entrée en vigueur
le 30 septembre 1961, l’Organisation de Coopération et de Développement Économiques (OCDE) a pour
objectif de promouvoir des politiques visant :
– à réaliser la plus forte expansion de l’économie et de l’emploi et une progression du niveau de
vie dans les pays Membres, tout en maintenant la stabilité financière, et à contribuer ainsi au
développement de l’économie mondiale ;
– à contribuer à une saine expansion économique dans les pays Membres, ainsi que les pays non
membres, en voie de développement économique ;
– à contribuer à l’expansion du commerce mondial sur une base multilatérale et non discriminatoire
conformément aux obligations internationales.
Les pays Membres originaires de l’OCDE sont : l’Allemagne, l’Autriche, la Belgique, le Canada, le
Danemark, l’Espagne, les États-Unis, la France, la Grèce, l’Irlande, l’Islande, l’Italie, le Luxembourg, la
Norvège, les Pays-Bas, le Portugal, le Royaume-Uni, la Suède, la Suisse et la Turquie. Les pays suivants
sont ultérieurement devenus Membres par adhésion aux dates indiquées ci-après : le Japon
(28 avril 1964), la Finlande (28 janvier 1969), l’Australie (7 juin 1971), la Nouvelle-Zélande (29 mai 1973),
le Mexique (18 mai 1994), la République tchèque (21 décembre 1995), la Hongrie (7 mai 1996), la Pologne
(22 novembre 1996), la Corée (12 décembre 1996) et la République slovaque (14 décembre 2000).
La Commission des Communautés européennes participe aux travaux de l’OCDE (article 13 de la
Convention de l’OCDE).

Also available in English under the title:


Corporate Tax Incentives for Foreign Direct Investment

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Les permissions de reproduction partielle à usage non commercial ou destinée à une formation doivent être
adressées au Centre français d’exploitation du droit de copie (CFC), 20, rue des Grands-Augustins, 75006 Paris,
France, tél. (33-1) 44 07 47 70, fax (33-1) 46 34 67 19, pour tous les pays à l’exception des États-Unis. Aux États-Unis,
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traduction totale ou partielle de cette publication doit être adressée aux Éditions de l’OCDE, 2, rue André-Pascal,
75775 Paris Cedex 16, France.
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AVANT-PROPOS

Cette étude, la quatrième de la série des Études de politique fiscale publiée par l’OCDE, traite des
avantages fiscaux offerts aux entreprises pour attirer l’investissement direct étranger (IDE), thème
particulièrement d’actualité. Elle fait suite à une étude de l’OCDE de 1995 sur l’usage des incitations
fiscales, intitulée « Fiscalité et investissement direct étranger, l’expérience des économies en transition ». Elle élargit
ces travaux, qui étaient axés sur le cas des anciennes économies socialistes, en tirant parti
d’informations complémentaires, des enseignements des ouvrages économiques théoriques et
empiriques ainsi que de l’expérience pratique des pays de l’OCDE dans le domaine de la politique
fiscale. Cette étude, principalement destinée aux décideurs des économies de marché émergentes,
pourra aussi plus généralement servir de référence aux analystes spécialisés dans la politique fiscale.
De nos jours, instaurer un environnement favorable à l’investissement direct étranger est
considéré dans quasiment tous les pays comme un élément crucial de toute stratégie nationale visant à
assurer la croissance économique et les gains de productivité. En effet, on attend de l’investissement
étranger et de l’expertise étrangère qu’ils apportent une large contribution à l’économie nationale. La
capacité d’offrir un cadre fiscal compétitif sur le plan international est de plus en plus envisagée
comme un facteur déterminant pour établir un climat propice à l’investissement, et l’impôt sur les
sociétés est considéré comme étant celui qui a le plus d’influence sur les entreprises multinationales.
Par conséquent, c’est surtout cet impôt qui retient l’attention lorsqu’il s’agit d’alléger la fiscalité du pays
d’accueil pour attirer des capitaux.
Dans le même temps, la taxation au niveau des entreprises remplit une importante fonction de
prélèvement à la source en collectant des recettes sur des revenus de source intérieure qui auraient pu
autrement échapper à l’impôt. La volonté de taxer ces revenus tout en ne décourageant pas les
investisseurs soulève des questions cruciales concernant d’une part la sensibilité de l’investissement
direct au niveau d’imposition et, d’autre part, la conception judicieuse des divers dispositifs qui, au
total, déterminent le niveau des prélèvements du pays d’accueil et influencent la manière d’investir et
de se financer. Quand on conçoit de nouveaux régimes fiscaux, il faut prêter la plus grande attention aux
risques d’une érosion imprévue de l’assiette liée à des possibilités d’optimisation fiscale qui n’avaient
pas été prises en compte.
Cette étude examine tout d’abord le rôle de l’impôt sur les sociétés, les divers types d’avantages
fiscaux accordés aux entreprises dans le cadre de l’impôt sur les sociétés pour promouvoir l’IDE et un
cadre général pour déterminer leur efficacité, ce qui implique de passer en revue les facteurs non
fiscaux, souvent prépondérants dans les décisions de localisation de l’IDE. Lorsqu’on envisage des
incitation s fiscales, une que stio n e ssen tielle e st de savoir qu el vo lu me supplémen taire
d’investissement on peut en attendre et à quel coût, en tenant compte non seulement des recettes
fiscales perdues, mais également des coûts engendrés par la complexité accrue de la législation fiscale
et par une plus grande vulnérabilité à l’évasion fiscale. On passera en revue les études empiriques
récentes qui révèlent une sensibilité croissante de l’IDE à la fiscalité de l’État d’accueil, résultat
cohérent avec le mouvement de mondialisation de la production. Dans l’analyse de l’effet des
allégements d’impôts sur le rendement de l’investissement et sur l’incitation à l’IDE, l’étude va au-delà
du simple examen du régime fiscal de l’État d’accueil en s’intéressant à la taxation éventuelle des
revenus provenant du pays d’accueil (revenus de source étrangère) dans le pays d’origine des
investisseurs étrangers. En effet, les interactions entre la fiscalité du pays d’accueil et celle du pays
d’origine peuvent garantir ou réduire à néant l’allégement fiscal consenti par le pays d’accueil. Enfin, 3

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Impôt sur les sociétés et investissement direct étranger

cette étude examine certains facteurs concernant l’efficacité comparative des divers mécanismes visant
à alléger la fiscalité du pays d’accueil, et ce à la lumière de l’objectif qui consiste à encourager
l’investissement tout en minimisant les déperditions non voulues de recettes et l’évasion fiscale.
Cette étude a été délibérément rédigée sans volonté normative et ne formule aucune
recommandation. Toutefois, la conclusion qu’on peut en tirer au total est que le recours à des
incitations fiscales spéciales est déconseillé, ce qui est conforme aux études antérieures, et qu’il est
préférable de réduire le taux légal de l’impôt sur les sociétés tout en l’appliquant à une large assiette.
Bien que la baisse d’un taux légal d’imposition relativement élevé profite autant au capital existant
qu’au capital nouvellement acquis, cette approche plus simple évite bien des écueils associés à
d’autres formes d’allégement, tout en atténuant les effets de l’optimisation fiscale sur les bases
d’imposition nationales. Malgré tout, il est certain que des pressions peuvent conduire un État à mettre
en place des incitations fiscales spéciales pour faire face à la concurrence d’autres États, et que les
décideurs pourront utiliser avec profit cet examen des questions de conception de la fiscalité pour
mieux cibler les aides et réduire au minimum les pertes de recettes non prévues.
Cette étude s’articule en six chapitres, précédés d’un résumé. Le premier chapitre passe en revue
les arguments souvent invoqués en faveur de l’introduction d’incitations fiscales pour l’IDE, qui sont
replacés dans le contexte plus large de la raison d’être d’un impôt sur les bénéfices des entreprises. Le
chapitre 2 examine les principaux types d’incitations fiscales dans le cadre de l’impôt sur les sociétés,
leurs effets possibles et la question fondamentale de l’efficacité : une incitation fiscale donnée
procurera-t-elle des avantages supérieurs aux pertes de recettes fiscales ? Le chapitre 3 étudie les
éventuelles répercussions fiscales dans l’État d’origine susceptibles de modifier l’impact des
incitations fiscales du pays d’accueil. Il aborde la question du report de l’impôt perçu dans le pays
d’origine sur les revenus actifs de source étrangère, l’application possible de règles anti-report (régime
des sociétés étrangères contrôlées) et les avantages d’un dispositif de crédit d’impôt fictif. Le
chapitre 4 résume les résultats des travaux empiriques récents consacrés à la sensibilité de l’IDE à la
fiscalité du pays d’accueil ; généralement cette sensibilité se renforce avec le temps, ce qui est
cohérent avec la mobilité croissante du capital accompagnant la mondialisation. Le chapitre 5 souligne
l’importance des déterminants de l’investissement qui ne sont pas liés à la fiscalité et qui, dans bien
des cas, sont de nature à éclipser les allégements spéciaux d’impôt dans la décision d’investissement.
Ce chapitre aborde également quelques aspects conceptuels qui ont trait au rapport coût-efficacité des
différents dispositifs possibles d’incitation fiscale. Le chapitre 6 conclut en récapitulant les principaux
résultats et constats de l’étude.
Cette étude a été rédigée par W. Steven Clark, du Secrétariat de l’OCDE, qui assure le secrétariat
du Groupe de travail no 2 sur l’analyse des politiques fiscales et les statistiques fiscales du Comité des
affaires fiscales. Elle se fonde largement sur les documents établis pour le programme fiscal à
l’intention des non-membres. Des commentaires ont été reçus des délégués du Groupe de travail
n o 2 du Comité des affaires fiscales et de membres du Département des affaires économiques de
l’OCDE. Cette étude est publiée sous la responsabilité du Secrétaire général.

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TABLE DES MATIÈRES

Résumé ............................................................................................................................................................................. 7
Chapitre 1. Le rôle de l’impôt sur les sociétés et la raison d’être d’incitations fiscales en faveur de l’IDE ......... 13
Chapitre 2. Les avantages fiscaux en faveur de l’IDE dans le cadre de l’impôt sur les sociétés
– Les principaux types d’incitations et leurs effets .................................................................................. 27
Chapitre 3. Évaluation des interactions entre la fiscalité du pays d’accueil et celle du pays d’origine ............... 41
Chapitre 4. Sensibilité de l’IDE à la fiscalité du pays d’accueil : résultats empiriques........................................... 53
Chapitre 5. Les différents instruments d’allégement fiscal : arguments pour et contre.......................................... 71
Chapitre 6. Principales questions ................................................................................................................................... 89

Annexe I.* Profit Repatriation Tax Rates under Alternative Home Country Tax Systems .................................... 105
Annexe II.* Host Country Tax Incentive Relief under Home Country Tax Deferral ................................................... 109
Annexe III.* Possible Irrelevance of Home Country Taxation Distinguishing FDI Financed
by Retentions Versus New Equity Capital ................................................................................................. 115
Annexe IV.* Investment equation of Altshuler, Grubert and Newlon (1998) .............................................................. 118
Annexe V.* Illustration of unintended tax avoidance facilitated by tax holiday incentive...................................... 119
Annexe VI.* Econometric Findings on the Implications of High Statutory Corporate Tax Rates.............................. 125
Annexe VII.* Analysing the Influence of Financing Incentives (Imputation Relief,
and Dividend Withholding Tax Rate Reduction)....................................................................................... 128
*. Les annexes sont reproduites dans leurs versions originales.

Liste des graphiques


2.1. Réduction du taux légal de l’impôt sur les sociétés : l’impact sur le surplus
et les recettes fiscales ......................................................................................................................... 36
VII.I. Illustration of non-resident withholding tax rate reduction............................................................ 133
Liste des tableaux
3.1. Principales catégories de revenus de source étrangère (provenant d’un pays
d’accueil) et régime fiscal possible dans le pays d’origine ............................................................ 43
3.2. Effets des crédits d’impôt étranger en cas de mixage de revenus ............................................... 46
3.3. Interaction entre le système fiscal du pays d’accueil et celui du pays d’origine,
avec et sans crédit d’impôt fictif ........................................................................................................ 49
5.1. Illustration d’une exonération fiscale de deux ans avec différentes dates
d’entrée en vigueur.............................................................................................................................. 74
5.2. Illustration de différents régimes de report des pertes sur les exercices ultérieurs ................. 75
5.3. Résumé des possibilités d’optimisation fiscale et les effets sur les recettes
du pays d’accueil.................................................................................................................................. 76
5.4. Amortissement accéléré – non discrétionnaire ou discrétionnaire,
et interactions avec les règles de report des pertes....................................................................... 79
5.5. Comparaison des résultats avec divers dispositifs d’incitation fiscale ....................................... 79
5.6. Évaluation de l’impact des incitations fiscales financières ........................................................... 86
AII.1. Illustrative results under deferral of home country taxation .......................................................... 112
AII.2. Illustrative results under home country accrual taxation ................................................................ 113
AV.1. Initial direct financing structure with no tax holiday........................................................................ 119
AV.2. Expanded capital stock under tax holiday (illustration of policy goal)......................................... 121
AV.3. Intermediated financing under tax holiday (unintended policy outcome) .................................. 122
AV.4. Transfer pricing incentives under tax holiday (unintended policy outcome) .............................. 123 5

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RÉSUMÉ

Attirer l’investissement direct étranger est un objectif important de politique économique pour
tous les pays, car ces investissements renforcent la productivité et la croissance économique. C’est
pourquoi les autorités s’efforcent de rendre leurs réglementations fiscales compétitives d’un point de
vue international et de lever les obstacles à l’investissement direct étranger (IDE). Dans ce contexte,
l’impôt sur les sociétés est au cœur du débat : on se montre attentif à ce qu’il ne crée pas une charge
excessive.
Il est clair également que l’impôt sur les sociétés remplit un rôle important de collecte de recettes
à la source sur les revenus obtenus dans le pays d’accueil. La volonté de taxer ces revenus tout en ne
décourageant pas les investisseurs étrangers soulève des problèmes complexes : il s’agit en effet de
bien concevoir un ensemble de règles fiscales, notamment les incitations fiscales, qui déterminent au
total la charge fiscale dans le pays d’accueil.
Ce rapport passe en revue plusieurs types d’avantages fiscaux accordés en faveur de l’IDE et les
arguments souvent invoqués pour justifier leur utilisation. Il s’agit d’examiner, dans une optique non
prescriptive, les aspects fondamentaux et de tirer les enseignements d’un ensemble d’analyses
théoriques et empiriques et d’études de cas. Après avoir initialement considéré le rôle de l’impôt sur les
sociétés dans l’ensemble de la fiscalité, l’étude présente ensuite l’incidence possible des principaux
types d’incitations fiscales, les données empiriques concernant la sensibilité des investissements directs
transnationaux à la fiscalité du pays d’accueil, les interactions possibles entre la fiscalité du pays d’origine
et celle du pays d’accueil, et différents problèmes ayant trait à la conception et à la mise en œuvre des
incitations ainsi qu’à la protection de l’assiette fiscale. Le rapport insiste sur l’importance qu’il y a pour les
dirigeants de mesurer les coûts et les avantages des incitations, tout en concédant qu’ils peuvent être
confrontés à des pressions pour mettre en place des incitations à l’investissement alors qu’ils ne
disposent que de données parcellaires pour en estimer les effets globaux. Ils peuvent également n’avoir
guère de marge de manœuvre pour s’opposer à leur usage, même lorsqu’une estimation approximative
indique que les coûts vont être supérieurs aux avantages.
Globalement, les opinions exprimées dans ce rapport peuvent être considérées comme réservées
sur l’introduction d’incitations fiscales spéciales, la réduction du taux légal de l’impôt sur les sociétés
comme moyen d’alléger la fiscalité du pays d’accueil s’accompagnant d’avantages sur le plan de la
simplification et de la protection des bases d’imposition. Cependant, le rapport se garde de formuler
des recommandations, en reconnaissant que la décision de recourir à des incitations dépend de la
situation spécifique du pays et relève de toute façon de la souveraineté nationale.
Les systèmes fiscaux peuvent être utilisés pour remplir des objectifs variés, le plus important étant la
collecte de recettes. Mais ils ont aussi une fonction redistributrice essentielle, plus particulièrement dans
le cas de la taxation des revenus. Enfin, bien qu’en général ils doivent être conçus dans une optique de
neutralité, on peut faire en sorte qu’ils influent sur l’allocation des ressources. On peut présenter
plusieurs arguments en ce sens dans le cadre des investissements transfrontaliers, notamment ceux qui
touchent à la compétitivité internationale et à une défaillance avérée des mécanismes du marché. Par
exemple, d’un point de vue « livresque » de finances publiques, un niveau anormalement bas d’IDE dans
un pays d’accueil peut être observé s’il y a des externalités positives ou des effets bénéfiques découlant
des IDE qui ne sont pas pris en compte par les entreprises étrangères lorsqu’elles prennent leurs
décisions d’investissement. Par exemple, lorsqu’une entreprise multinationale fixe le niveau 7

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Impôt sur les sociétés et investissement direct étranger

d’investissement, de R-D et de production à réaliser dans un pays d’accueil étranger, les retombées
positives sur l’économie du pays d’accueil ne seront généralement pas prises en compte. Ces retombées
positives peuvent comporter l’application de nouvelles connaissances et l’utilisation de nouvelles
technologies et méthodes de production par d’autres entreprises dans le pays d’accueil. De la même
façon, l’IDE peut créer des formations et compétences susceptibles d’être utilisées ailleurs dans
l’économie, ou susciter une demande pour différents facteurs de production dans le pays d’accueil qui ne
serait peut-être pas apparue autrement. Ainsi, dans une économie de marché, lorsque les investisseurs
étrangers ne prennent pas en compte ces effets bénéfiques sociaux, les niveaux d’IDE sont inférieurs à
ceux qui auraient pu être observés s’ils avaient été pris en compte. Dans ce cas, on peut faire valoir
qu’une intervention est nécessaire pour corriger ces « défaillances du marché » de façon à obtenir une
répartition des capitaux globalement plus satisfaisante.
Cependant, si la défaillance du marché, la compétitivité internationale, et peut-être d’autres
arguments peuvent plaider pour une intervention dans les mécanismes de marché, éventuellement au
travers de la législation fiscale, il est crucial que les conditions et les caractéristiques de
l’investissement dans le pays d’accueil soient évaluées pour déterminer si l’on peut remédier aux
éventuels obstacles à l’investissement par des subventions, et notamment des incitations fiscales.
Comme on le souligne dans le rapport, lorsqu’il s’agit de répondre à des demandes d’introduction
d’incitations à l’IDE, il est crucial que les dirigeants du pays d’accueil se posent la question suivante :
Quels sont les obstacles qui entravent l’investissement, et peuvent-ils être surmontés par l’usage d’incitations fiscales
présentant un bon rapport coût-efficacité ?
Cette question difficile est au cœur de la décision concernant l’introduction d’allégements fiscaux
spéciaux. Dans les situations où l’activité d’IDE est faible, les dirigeants doivent jauger les obstacles et
se demander s’ils peuvent être surmontés grâce à la législation fiscale, grâce à des changements de
politique structurelle dans d’autres domaines, ou grâce à une action sur ces deux plans. Ce rapport
passe en revue un certain nombre de considérations qui sont liées aux mécanismes de marché et aux
politiques mises en œuvre et qui influent sur les décisions des entreprises en matière d’IDE et
conditionnent l’impact des incitations fiscales. Ainsi, le rapport souligne que les dirigeants doivent
absolument identifier et évaluer les répercussions des obstacles éventuels, au moins de façon
approximative et à un niveau rudimentaire de sectorisation.
Souvent, lorsque la fiscalité est considérée comme un facteur essentiel influant sur l’IDE, la
transparence, la simplicité, la stabilité, la sécurité juridique dans l’application de la réglementation
fiscale et la confiance dans l’administration fiscale sont souvent préférées par les investisseurs aux
incitations fiscales spéciales. Les allégements fiscaux peuvent renforcer l’attrait d’un pays d’accueil
potentiel, mais l’expérience montre que, dans bien des cas, ils seront insuffisants pour compenser les
coûts supplémentaires supportés pour investir dans ce pays. Lorsque des incitations ne sont pas en
mesure de compenser les coûts et pertes supplémentaires liés à un investissement dans un pays
d’accue il potentiel, il faut éviter de les utiliser ; les autorité s s’épargnent ainsi les coûts
supplémentaires qui en découlent. En particulier, dans ces cas, il serait préférable d’éviter les coûts
administratifs et de contrôle ainsi que les pertes de recettes fiscales qu’entraîneront inévitablement
les « déperditions » d’allégements fiscaux au profit d’activités qui n’étaient pas visées.
Lorsqu’une entreprise est capable de dégager des bénéfices de l’exercice de certaines activités
dans un pays d’accu eil do nné, les in citations fiscale s sont su sceptibles d’attire r des IDE
supplémentaires et peuvent même être considérées comme nécessaires si des incitations similaires
sont offertes par d’autres pays (par exemple voisins) voulant eux aussi attirer des capitaux étrangers.
Cela soulève une série de questions quant à la forme et à l’ampleur des allégements fiscaux, outre
celles touchant à la conception de ces allégements. Il faut aussi se demander si les investisseurs
étrangers pourraient obtenir des taux de rendement compétitifs « minimaux » dans un pays d’accueil
donné et dans les pays concurrents de la région en l’absence d’incitations fiscales spéciales. En pareil
cas, les responsables voudront peut-être examiner la possibilité d’une coordination des politiques
dans le domaine des incitations fiscales pour éviter des pertes de recettes et des « effets d’aubaine »,
8 c’est-à-dire des allégements d’impôts supérieurs à ce qui aurait été nécessaire pour obtenir des taux

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Résumé

compétitifs de rendement après impôt sur les sociétés. Ils prendront en compte sans doute également
les préoccupations d’équité et d’efficacité liées à l’usage d’incitations fiscales spéciales.
Lorsqu’on peut s’attendre à des IDE supplémentaires du fait d’un allégement fiscal, il reste
prudent d’évaluer si les avantages résultant de ces IDE supplémentaires, notamment les impôts
collectés dans le pays d’accueil sur les bénéfices générés par un stock de capital accru et d’autres effets
de retombée, peuvent compenser les coûts associés aux incitations fiscales. En d’autres termes, il
faudrait que les responsables procèdent à une analyse des avantages et coûts sociaux de l’incitation
fiscale avec la même rigueur que les investisseurs étrangers lorsqu’ils évaluent les avantages et coûts
privés de l’investissement dans le pays d’accueil.
Les pays d’accueil peuvent offrir des allégements d’impôt sur les bénéfices des entreprises selon
plusieurs modalités. Une exonération d’impôt temporaire libère les entreprises nouvellement établies
de l’impôt sur les sociétés et éventuellement d’autres impôts pour un certain nombre d’années. Un
réduction ciblée (ou généralisée) du taux légal de l’impôt sur les sociétés diminue le montant de
l’impôt perçu par le pays d’accueil sur des bénéfices imposables ciblés (ou non ciblés). Les déductions
spéciales pour amortissement, notamment un régime d’amortissement accéléré ou renforcé pour les
investissements éligibles, diminuent le bénéfice imposable. Les crédits d’impôt universels ou ciblés,
bénéficiant à un certain taux aux investissements éligibles, se traduisent par une réduction directe de
l’impôt sur les sociétés à acquitter ; à la différence des déductions, la valeur de l’incitation est alors
indépendante de la fixation du taux légal de l’impôt sur les sociétés. Les réductions du taux de retenue
à la source sur les dividendes et les crédits d’impôts compensant l’impôt sur les sociétés qui frappe les
bénéfices distribués peuvent dans certains cas diminuer le taux d’actualisation appliqué par les
investisseurs étrangers pour calculer les flux de bénéfices après impôt découlant de l’IDE.
Les dépenses d’investissement peuvent réagir favorablement à chacune de ces incitations fiscales.
On attend généralement d’une réduction du taux légal de l’impôt sur les sociétés ou d’une exonération
temporaire de cet impôt qu’elle stimule l’investissement en augmentant le niveau de bénéfice après
impôt dégagé sur les nouveaux investissements et sur le stock de capital existant. La théorie prédit
que les incitations immédiates, comme les crédits d’impôt pour investissement ou la déduction
immédiate des coûts en capital, devraient entraîner une réaction de l’investissement plus forte par
unité monétaire de recettes fiscales perdues. A la différence d’une réduction du taux de l’impôt sur les
sociétés, les crédits d’impôt pour investissement et les autres subventions directes au coût du capital
acquis ne bénéficient qu’aux nouveaux investissements. Par conséquent, ils permettent une plus forte
baisse du taux d’imposition effectif de l’investissement pour un coût plus faible, si l’on prend en
compte l’impact de l’imposition à la fois sur les recettes marginales et les coûts marginaux. En
revanche, une réduction du taux légal de l’impôt sur les sociétés bénéficie tant au capital « nouveau »
qu’« ancien » (installé antérieurement). Les incitations financières peuvent également encourager les
investissements en fonds propres dans un pays d’accueil, sous la condition que l’allégement soit offert
à l’« investisseur marginal » établissant les taux de rendement minimaux requis, et que cet allégement
ne soit pas réduit à néant par la fiscalité du pays d’origine.
On peut également s’attendre à ce que l’impact potentiel des incitations fiscales sur le
comportement d’investissement varie en fonction de l’activité et du secteur, selon la réglementation
des pays d’accueil et dans le temps, et que plus un site de production sera compétitif avant impôt,
plus cet impact sera marqué. En général, la réaction de l’IDE à un montant donné d’allégement d’impôt
sera plus importante lorsque l’allégement s’applique à des activités où les coûts non fiscaux (coûts
salariaux, de matériel, énergétiques et d’investissement) et les taux de profit attendus avant impôt et
corrigés du risque sont similaires à ceux existant dans les pays concurrents. En d’autres termes, un
resserrement des différences dans les coûts non fiscaux et dans les taux de profit avant impôt entre des
sites de production concurrents tendrait à rendre les différences de taux d’imposition plus
déterminantes dans le choix de localisation. Quand, par exemple, un petit nombre de pays est
présélectionné comme implantation potentielle sur la base de taux similaires attendus de profit avant
impôts, les incitations peuvent influer au moins dans le court terme sur les décisions d’implantation. La
capacité de réaliser des bénéfices avant impôt similaires à partir d’autres sites ne dépendra pas 9

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Impôt sur les sociétés et investissement direct étranger

seulement des pays considérés, mais également du type et de la mobilité géographique de l’activité :
certaines activités sont en effet plus mobiles que d’autres. Pour prendre un exemple, on peut
s’attendre aujourd’hui à ce que les incitations fiscales aient un effet significatif sur les choix
d’implantation des activités financières et des activités connexes. En effet, les progrès récents de
l’informatique et des télécommunications ont sensiblement réduit les différences de coûts non fiscaux
entre les sites en concurrence à partir desquels ces activités peuvent être exercées.
Enfin, on peut s’attendre à ce que, avec le mouvement de libéralisation des investissements et
des échanges commerciaux et sous l’effet des pressions concurrentielles, la fiscalité puisse influencer
davantage les comportements d’investissement. Le processus de libéralisation du commerce et de
l’investissement, en multipliant les opportunités d’investissement et en augmentant le niveau global
de l’investissement transfrontalier, accroît tout naturellement le volume des flux d’investissements qui
sont susceptibles d’être attirés par des incitations. Un autre facteur important est que les incitations
fiscales auront davantage tendance à « jouer » (c’est-à-dire à agir à la marge pour faire basculer les
choix d’investissement) lorsque les marges bénéficiaires sont faibles, car cela rend les incitations
fiscales plus attractives. En général, la création de rentes économiques (bénéfices supérieurs au taux
de rendement minimum exigé par l’actionnaire) à la faveur de marchés protégés et de limitations de la
production a tendance à dominer (écarter) les considérations liées aux incitations fiscales. Un
allégement fiscal peut modifier le taux de rendement réalisé ; mais lorsque ce taux est supérieur au
taux de rendement exigé, l’impact de cet allégement est amoindri. En revanche, on peut s’attendre à ce
que les incitations fiscales soient plus marquantes dans le contexte de concurrence accrue et de
diminution progressive des marges dans un certain nombre de secteurs qui caractérise le mouvement
de libéralisation économique.
On vient ainsi de faire un premier résumé des effets potentiels des incitations fiscales accordées
dans le pays d’accueil. Cependant, ces considérations sont sujettes à un certain nombre de réserves
essentielles en ce qui concerne le montant de l’allégement d’impôt dont bénéficiera en définitive
l’investisseur et le volume additionnel d’investissement qu’on peut en attendre. Il faut tout d’abord
examiner les conséquences des interactions entre réglementations fiscales, car souvent les
réglementations fiscales de plusieurs pays entrent en ligne de compte dans la structure d’investissement
(par exemple, lorsque le financement s’effectue par le biais d’une structure offshore). Après avoir fait le
point sur les grands principes appliqués par les pays de l’OCDE pour taxer les bénéfices découlant de
l’IDE, le rapport examine certains facteurs qui ont tendance soit à compenser, soit à renforcer l’allégement
fiscal accordé par le pays d’accueil. Ces facteurs sont la nature des fonds utilisée pour financer l’IDE à la
marge, l’éventuel « mixage » des revenus de source étrangère aux fins des crédits d’impôt étrangers et les
possibilités de report d’imposition dans le pays d’origine. On examinera également l’utilisation des
paradis fiscaux pour protéger les revenus de source étrangère, qui sont parfois menacés par l’application
d’un régime dit de la « société étrangère contrôlée », susceptible d’annuler parfois totalement
l’allégement fiscal accordé par le pays d’accueil (dans ce cas, l’allégement revient à un transfert de
recettes fiscales de l’administration fiscale du pays d’accueil à celle du pays d’origine). On passera
également en revue les avantages et les contraintes associés aux crédits d’impôt fictifs, qui ont
expressément pour but de préserver les allégements fiscaux accordés par le pays d’accueil.
L’avantage net pour un pays d’accueil lorsqu’il accorde un allégement fiscal donné dépend de
façon cruciale du volume additionnel d’IDE reçu grâce à cet allégement fiscal. Lorsqu’une telle
incitation est mise en place et que les investisseurs en tirent parti, un certain montant de cet IDE
pourra être attribué au dispositif d’allégement fiscal. Mais cet IDE aurait pu être réalisé de toute façon.
Dans ce cas, l’allégement fiscal représente un « gain d’aubaine » pour les investisseurs. De nombreuses
réflexions et études empiriques se sont attaquées à la question de la relation entre le niveau des flux
d’investissements et le taux effectif de l’impôt sur les sociétés pour essayer de cerner le lien entre les
allégements d’impôt accordés et l’activité additionnelle en découlant.
Ces questions sont loin d’être pleinement résolues, mais on a beaucoup progressé dans la
compréhension des principaux déterminants et de leur interdépendance. De plus, de réelles avancées
10 ont pu être observées depuis dix ans dans le domaine de la validation empirique des modèles

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Résumé

d’investissement. Grâce à des données améliorées sur les IDE et des techniques sophistiquées
d’estimation, les travaux de recherche appliquée récents semblent démontrer de manière
convaincante que la fiscalité du pays d’accueil a effectivement une influ ence sur les flux
d’investissements, et que cette influence s’accroît avec le temps. Une conséquence importante de ces
travaux récents est que la fiscalité du pays d’accueil est un facteur de plus en plus déterminant dans les
choix d’implantation. Ceci n’est pas surprenant si l’on considère d’une part la réduction graduelle des
barrières non fiscales aux flux d’IDE, notamment l’abolition des contrôles des changes et des
investissements, et d’autre part le processus de mondialisation allant de pair avec une plus grande
mobilité d’un ensemble toujours plus large d’activités. Toutefois, en raison d’une série de problèmes
persistants, qui vont de la façon de mesurer les données aux hypothèses restrictives de modélisation,
les estimations qui démontrent la sensibilité de l’IDE à la modification du taux de rendement après
impôt de l’IDE (et, par ce biais, du niveau des avantages fiscaux en faveur de l’IDE) doivent être
utilisées avec discernement lorsqu’on essaie de mesurer le rapport coût-efficacité d’une mesure
d’allégement fiscal.
Bien que la sensibilité de l’IDE à la fiscalité du pays d’accueil semble s’accentuer avec le temps,
les applications pratiques des modèles d’investissement offrent malheureusement peu de réponses à
la question de savoir quelle peut être la meilleure façon d’alléger la fiscalité pour attirer des IDE
supplémentaires. La raison en est que les variables explicatives utilisées (taux synthétique effectif
moyen et marginal de l’impôt sur les sociétés) sont mesurées à travers un amalgame de paramètres
fiscaux et non fiscaux. En les agrégeant, on masque l’influence exercée par chacun. Les responsables
doivent donc se tourner vers d’autres solutions pour guider leur choix entre les mesures fiscales visant
à encourager l’IDE. L’étude passe en revue certaines considérations de politique fiscale et de
conception des dispositifs fiscaux qui se posent lors du choix des mesures d’incitation fiscale. Elle
souligne que les responsables doivent commencer par évaluer la situation de leur propre pays et la
valeur des arguments plaidant pour des incitations fiscales au profit de l’IDE pour corriger les
défaillances du marché ou pour remédier à d’autres obstacles liés au marché ou à l’action des pouvoirs
publics. Souvent, il serait préférable de s’attaquer aux obstacles non fiscaux à l’IDE inhérents aux
politiques publiques avant l’introduction d’incitations fiscales (ou au moins en parallèle).
L’analyse développée dans cette étude, qui prend en compte de multiples aspects de l’utilisation
des incitations fiscales, révèle peut-être avant tout que les responsables sont confrontés à tout un
ensemble de problèmes délicats. Identifier les obstacles à l’IDE et évaluer s’ils peuvent être
compensés par des allégements fiscaux soulève des questions analytiques et des problèmes de
disponibilité des données. La rareté des données sur l’élasticité ou le degré de réactivité de l’IDE au
taux effectif de l’impôt sur les sociétés dans le pays d’accueil rend difficile toute estimation de la
réaction probable de l’investissement. Lorsque les entraves à l’IDE dans le pays d’accueil sont plus
prononcées que dans les pays d’accueil pour lesquels on a pu ou on peut calculer des estimations à
partir d’échantillons, il vaudrait mieux utiliser les estimations basses. Ces estimations basses doivent
conduire à des prévisions prudentes de croissance de l’assiette fiscale et des autres effets de
retombée pour l’économie du pays d’accueil. Dans le même temps, les responsables ne doivent pas
sous-estimer les initiatives des investisseurs en matière d’optimisation fiscale et doivent évaluer la
solidité des dispositions visant à protéger l’assiette fiscale nationale, en particulier si l’on envisage une
exonération temporaire d’impôt ou des mesures similaires.
Il est important que le choix entre les différentes incitations fiscales s’effectue en fonction de la
situation spécifique du pays. Par exemple, les résultats de l’étude mettent en garde contre l’utilisation
d’incitations fiscales immédiates, en particulier si le taux légal de l’impôt sur les sociétés est
comparativement élevé et s’il existe des possibilités de remboursement. Certains pourront juger que
les éléments présentés ici plaident au total pour une réduction du taux légal de l’impôt sur les
sociétés. En premier lieu, cela stimule l’investissement (bien qu’il y ait des effets de frein via le coût du
financement par l’emprunt et la valorisation des déductions pour amortissements), notamment en
récompensant l’usage productif des intrants pour dégager du profit plutôt qu’en subventionnant l’achat
des intrants. En second lieu, cela peut alléger la pression qu’exercent sur l’assiette fiscale nationale les
stratégies d’optimisation fiscale. Cependant, lorsque des recettes fiscales proviennent dans une large 11

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Impôt sur les sociétés et investissement direct étranger

mesure d’un stock de capital existant qui bénéficierait d’un effet d’aubaine grâce à une baisse des taux,
on pourra considérer que la perte de recettes corrélative serait trop importante. En d’autres termes, la
décision des pouvoirs publics peut dépendre de façon cruciale du rapport entre l’assiette fiscale
existante et la nouvelle assiette fiscale bénéficiant de la baisse du taux.
Finalement, le choix de l’incitation fiscale ou de l’ensemble d’incitations fiscales et la décision
fondamentale de savoir s’il faut ou non utiliser des incitations fiscales pour stimuler l’IDE dépendent
des caractéristiques et des perspectives de chaque pays. Cette étude propose un vaste ensemble
d’informations et d’analyses qui peuvent être utiles aux dirigeants lorsqu’ils élaborent leurs
programmes dans le domaine des avantages fiscaux en faveur de l’IDE.

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Chapitre 1
LE RÔLE DE L’IMPÔT SUR LES SOCIÉTÉS ET LA RAISON D’ÊTRE
D’INCITATIONS FISCALES EN FAVEUR DE L’IDE

Le premier chapitre débute, en guise d’introduction, par une vue d’ensemble du rôle des
systèmes fiscaux, en s’attachant plus particulièrement aux raisons avancées pour justifier la perception
d’un impôt sur les sociétés. On examine ensuite brièvement quelques caractéristiques fondamentales
des régimes d’impôt sur les sociétés. La partie finale de ce chapitre dresse la liste des principaux
arguments en faveur de l’utilisation d’incitations fiscales pour promouvoir l’investissement direct
étranger (IDE)1 . Ces informations de base permettent de resituer l’utilisation des incitations fiscales
dans leur contexte, pour faciliter le débat sur les questions liées à la conception de ces incitations et
pour bien identifier les enjeux et les arbitrages qui en découlent.

A. Le rôle des systèmes fiscaux et du dosage fiscal global


Les systèmes fiscaux sont utilisés par les États pour réaliser un ensemble d’objectifs politiques,
économiques et sociaux. Si l’on passe en revue les réglementations fiscales d’un pays à l’autre et leur
évolution dans le temps, on observe une extrême diversité dans les démarches qui ont été mises en
œuvre pour atteindre ces objectifs. En dépit de cette diversité, on peut identifier trois missions
fondamentales des systèmes fiscaux.
Premièrement, la fonction de collecte de recettes est la plus importante. En plus du recours à l’emprunt et à
la création de monnaie, les États prélèvent des impôts pour financer leurs dépenses. Dans une économie
de marché démocratique, le degré auquel un pays fait appel au système fiscal pour collecter des recettes
dépend du niveau de biens publics souhaité par les électeurs, des obligations en matière de dépenses
publiques héritées des précédents gouvernements et des contraintes liées à la dépendance envers
d’autres sources de recettes (par exemple, charge des intérêts de la dette, pressions inflationnistes).
L’impôt sur les sociétés assure un pourcentage comparativement faible du total des recettes fiscales dans
la plupart des pays de l’OCDE, avec un chiffre moyen pour 1998 de 8.9 %2.
Deuxièmement, les systèmes fiscaux ont une importante fonction redistributrice. En effet, les
réglementations fiscales sont souvent jugées suivant un critère normatif d’équité, à savoir la répartition
des revenus entre les individus. Selon le principe d’équité verticale, les individus qui sont plus
favorisés en termes de capacité contributive, mesurée au travers de l’ensemble de leurs revenus,
doivent payer proportionnellement plus d’impôts. Pour cette raison, la plupart des pays accordent une
exonération (ou prévoient une tranche à taux zéro) au-dessous d’un certain niveau de revenu et/ou
appliquent pour l’impôt sur le revenu des personnes physiques un barème progressif qui taxe les
niveaux (ou tranches) de revenu plus élevés à des taux marginaux plus élevés3 . La perception de
l’impôt sur les sociétés à un taux significatif peut être exigé par l’opinion publique afin que les
entreprises « paient leur juste part ». Cela reflète le sentiment que la réglementation fiscale doit
imposer une pression fiscale équitable entre contribuables, élément essentiel pour le bon
fonctionnement d’un système fondé sur le consentement à l’impôt.
Troisièmement, le système fiscal remplit une importante fonction d’allocation des ressources. Selon le
critère d’efficience, le système fiscal doit d’une manière générale être conçu pour collecter les recettes
tout en minimisant les distorsions et, par conséquent, la perte de poids mort ou la charge excédentaire
qu’il impose à l’économie4 . Dans le cadre de la taxation des revenus du capital, cela implique 13

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Impôt sur les sociétés et investissement direct étranger

généralement un système fiscal neutre qui égalise le taux effectif d’imposition supporté par le
contribuable pour les divers investissements. Cependant, la possibilité de défaillance du marché
(existence d’« externalités » positives ou d’effets de retombée, de marchés de capitaux imparfaits ou
d’une information asymétrique) suggère qu’une imposition uniforme de tous les flux de revenus et de
tous les actifs pourrait conduire à une allocation inefficiente des ressources5. Dans de tels cas, il peut
être souhaitable de recourir à un traitement fiscal différencié, sous la forme par exemple d’incitations
fiscales, pour améliorer l’allocation des ressources.

Lorsqu’ils mettent au point des réglementations fiscales dans cette optique, les responsables
doivent prendre en compte certains coûts imposés aux contribuables ainsi que les impératifs de
l’administration de l’impôt. Une réglementation fiscale complexe peut entraver l’action de
l’administration fiscale dans sa mission de collecte de recettes et imposer aux contribuables des coûts
élevés de mise en conformité. Les coûts supplémentaires pour le public incluent les coûts directs
induits par la nécessité de faire appel à un personnel spécialisé pour respecter la réglementation, de
mettre en place des systèmes de collecte de données et de prendre la fiscalité en compte lors de
l’élaboration des plans industriels et commerciaux, auxquels il faut ajouter les coûts liés à l’incertitude
quant à l’évolution de l’application des réglementations fiscales. Les coûts excessifs induits par la
complexité constituent une perte sèche pour l’économie. Ce fardeau peut être plus lourd pour les pays
ne disposant ni d’une administration fiscale étoffée, ni de services comptables et juridiques suffisants
dans le secteur privé.

Les États ont introduit tout un ensemble d’impôts pour remplir leurs objectifs. Le graphique 2.1
illustre la répartition entre impôts dans les pays de l’OCDE. Ces impôts sont les impôts sur le revenu
des personnes physiques, les impôts sur les sociétés, les cotisations sociales, salariales et patronales,
les taxes sur les salaires, les impôts sur le patrimoine, les impôts immobiliers, les impôts sur la
consommation, notamment les taxes sur les ventes, les taxes sur la valeur ajoutée (TVA) et les impôts
directs sur le cash flow des entreprises, les accises ainsi que les taxes (droits de douane) à
l’importation et à l’exportation. Le dosage des différents impôts dans un pays reflète sa situation
économique, institutionnelle et sociale ainsi que sa dépendance historique à l’égard des diverses
bases d’imposition. De nos jours, les impôts les plus importants dans la plupart des pays de l’OCDE et
dans un grand nombre de pays en voie de développement sont les impôts sur le revenu (des
personnes physiques et des entreprises) et les impôts sur la consommation, si l’on se réfère à leur part
dans le total des recettes fiscales.

Une tendance marquante ces dernières années a été le recours accru, dans les pays développés et
en voie de développement, aux taxes sur la consommation, et en particulier aux taxes sur la valeur
ajoutée (TVA) 6. L’intérêt pour les taxes sur la consommation a été motivé par la crainte qu’une forte
taxation du revenu ne constitue une entrave à l’épargne et à l’investissement, et ainsi à l’efficience
économique et à la croissance. On fait valoir également que les impôts sur le revenu sont injustes, car
ils taxent ce qui est produit dans l’économie (revenu) et non ce qui est prélevé (consommation), de
sorte que les ménages qui choisissent d’épargner plutôt que de consommer sont plus lourdement
taxés et que les taux d’imposition sont relativement faibles pour les divers revenus du capital que
perçoivent les ménages fortunés.

En dépit de ces problèmes, les impôts sur le revenu des personnes physiques et des sociétés
restent parmi les plus importantes sources de recettes dans les pays de l’OCDE. Outre qu’ils
représentent une forte proportion des recettes, les impôts sur le revenu sont également d’importants
outils pour influer sur la distribution des revenus et ont également des effets marqués sur l’allocation
des ressources. Les incitations fiscales en faveur de l’investissement direct étranger (IDE), sujet central
de cette étude, sont souvent conçues à partir de l’impôt sur le revenu. Elles consistent en un
allégement d’impôt sur les revenus du capital au niveau de l’entreprise (par exemple un taux réduit
d’impôt sur les sociétés ainsi que des déductions, abattements et crédits d’impôts spéciaux au titre de
cet impôt). Dans certains cas, ils s’agit d’un allégement au titre de l’impôt sur le revenu des personnes
14 physiques (crédit d’impôt, traitement fiscal préférentiel des expatriés, par exemple).

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Le rôle de l’impôt sur les sociétés et la raison d’être d’incitations fiscales en faveur de l’IDE

La section suivante examine plus attentivement la raison d’être d’un impôt sur les sociétés, ses
principales caractéristiques et les arguments en faveur de l’octroi d’incitations fiscales à l’IDE. Ces
éléments d’information sont utiles lorsqu’on considère l’opportunité, la mise en place, l’évaluation et la
conception des principaux types d’incitation fiscale à l’IDE.

B. Le rôle de l’impôt sur les sociétés


L’impôt sur les sociétés concourt au bon fonctionnement du système fiscal en étendant
l’imposition des revenus au secteur des entreprises. Il renforce l’impôt sur le revenu des personnes
physiques et contribue au sentiment d’équité du système fiscal. Dans le cadre de sa fonction de
collecte de recettes, l’impôt sur les sociétés draine un important volume de recettes dans de nombreux
pays tout en étant prélevé sur un nombre relativement réduit de contribuables (par rapport aux
particuliers). Les coûts administratifs (ainsi que les coûts de mise en conformité des contribuables) par
unité monétaire de recettes collectées sont bas lorsqu’on oblige les entreprises, pour des raisons
autres que fiscales, à établir des bilans et des comptes de résultat, ce qui est le cas dans de nombreux
pays aux fins de l’information financière.
La principale raison pour taxer les revenus des sociétés paraît être que cette taxation remplit une
fonction importante de prélèvement à la source : elle agit comme un « filet de sécurité » à l’égard de
l’impôt sur le revenu des personnes physiques. Plus précisément, l’impôt sur les sociétés permet de
taxer les actionnaires personnes physiques (résidents et non résidents) sur les bénéfices qui ne sont
pas distribués et qui échappent par conséquent à l’impôt ou à la retenue à la source sur le revenu des
actionnaires7. Le revenu dégagé au niveau de la société et qui est versé sous forme de dividendes (ou
d’intérêts) est soumis à l’impôt dès qu’il est perçu (sur la base du fait générateur) au niveau de
l’actionnaire. Cependant, les revenus conservés au niveau de l’entreprise posent un problème compte
tenu du fait que les plus-values de l’actionnaire, quand elles sont imposables, sont généralement
taxées lors de la réalisation, c’est-à-dire seulement lorsque les actions sont vendues et que des plus ou
moins-values sont dégagées. Ce traitement découle des difficultés administratives et de mise en
œuvre associées à la taxation des plus-values sur la base du fait générateur (au fur et à mesure que les
plus-values ou moins-values sont dégagées)8. Les bénéfices non distribués peuvent être totalement
exonérés d’impôt dans les systèmes qui n’imposent pas les plus-values.
Par conséquent, en l’absence d’impôt sur les sociétés, les particuliers pourront protéger leurs
dividendes de l’impôt dès lors que la société conserve et réinvestit ses bénéfices au lieu de distribuer
les revenus soumis ensuite à la taxation des dividendes au niveau de l’actionnaire. Taxer les plus-
values (sur les bénéfices non distribués) au niveau des particuliers lors de la réalisation au lieu de les
taxer sur la base du fait générateur conduit à un report de l’impôt sur les personnes physiques pour ces
revenus. Percevoir un impôt sur les sociétés permet de faire en sorte que les bénéfices à l’origine des
plus-values soient imposés sur la base du fait générateur.
L’impôt sur les sociétés remplit également une fonction de prélèvement à la source dans le cas
d’un investissement en provenance de l’étranger, et ce en taxant les actionnaires non résidents sur
leurs bénéfices non distribués dans le pays d’accueil. Ces revenus pourraient sinon échapper à l’impôt
intérieur sur le revenu (en l’absence de retenue à la source), puisque les actionnaires étrangers (non
résidents) ne sont pas soumis à l’impôt sur le revenu des personnes physiques, qui ne frappe que les
résidents. Cette fonction est particulièrement importante dans les pays qui importent beaucoup de
capitaux. Il s’agit d’un enjeu clé dans le contexte de l’IDE.
On peut également justifier les impôts au niveau des sociétés, notamment l’impôt sur le revenu
des sociétés, en considérant qu’il s’agit d’une redevance acquittée par l’usager : ils collectent un
paiement pour la fourniture de biens et services aux entreprises (par exemple les infrastructures ou les
dispositifs législatifs et réglementaires) ou d’autres avantages liés à la résidence dans le pays d’accueil
(par exemple un régime de responsabilité limitée). Il est à la fois efficient et équitable d’imposer les
sociétés pour les avantages de nature publique dont elles bénéficient9. En tant que personne morale,
les sociétés bénéficient d’avantages (par exemple ont la « personnalité fiscale ») et perçoivent des
revenus qu’on peut considérer comme devant être taxés au niveau de la société et non au niveau de 15

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Impôt sur les sociétés et investissement direct étranger

ses propriétaires ou de ses salariés. A cet égard, il convient de noter qu’en supplément du régime de
responsabilité limitée des sociétés, le fait qu’il y ait séparation entre la propriété (les actionnaires) et
le contrôle (les dirigeants) est un élément supplémentaire qui va dans le sens de la qualification
d’entité distincte.
Lorsqu’une société bénéficie d’avantages liés à son implantation grâce à des facteurs fixes (non
renouvelables) de production (par exemple l’accès à des ressources naturelles) ou détient des actifs
immatériels lui conférant un pouvoir de marché, l’efficience économique peut être accrue en taxant la
rente économique (c’est-à-dire les bénéfices au-delà du taux de rendement) (normal) exigé par
l’actionnaire) résultant de ce pouvoir de marché 10. En percevant un impôt sur les sociétés, l’État
prélève sa part de la rente et collecte des recettes sans coûts d’efficience (on ne créée pas de pertes
de poids mort lorsqu’on taxe un profit purement économique). Cette source de recettes fiscales permet
de réduire d’autres impôts qui créent davantage de distorsions, ce qui contribue à une amélioration du
fonctionnement général de l’économie.
Percevoir un impôt sur les sociétés peut également favoriser la progressivité lorsque l’impôt pèse
essentiellement sur les actionnaires à haut revenu. Le degré de progressivité est limité lorsqu’il est
possible de répercuter une partie de l’impôt dû sur les consommateurs à travers des prix plus élevés
des biens et services, et/ou sur les travailleurs à travers des salaires plus faibles. Toutefois, les
recherches empiriques n’aboutissent pas à des conclusions très nettes sur cette question de la
translation de l’impôt.
Enfin, l’impôt sur les sociétés peut être utilisé pour influencer les comportements économiques
dans un certain sens jugé politiquement ou socialement souhaitable. Par exemple, des incitations
fiscales peuvent permettre d’influencer les dépenses en capital et les décisions d’allocation de celui-ci,
notamment dans le cas de l’investissement direct étranger. On examinera spécifiquement les
arguments en faveur de la mise en place d’incitations fiscales à la section D.

C. Remarques relatives à la conception de l’impôt sur les sociétés


Considérant la fonction clé de prélèvement à la source que remplit l’impôt sur les sociétés, une
assiette fiscale possible pour un impôt sur les sociétés, que nous appellerons Yc*, pourrait prendre la
forme suivante, qui mesure les bénéfices non distribués :
Yc* = REV – CST – INT – DEP – DIV (1.1a)
où REV représente les recettes brutes, CST les salaires, intrants biens intermédiaires et autres coûts
liés aux consommations intermédiaires, INT la charge d’intérêts, DEP l’amortissement économique et DIV
les dividendes. Les coûts courants correspondant à CST, la charge d’intérêt et l’amortissement sont
déductibles car il s’agit de dépenses exposées pour obtenir le revenu. Les salaires, les intérêts et les
dividendes, qui sont déductibles dans l’équation (1a) de l’assiette de l’impôt sur les sociétés, seront
taxés au niveau du bénéficiaire (salariés, créanciers et actionnaires).
En pratique, les dividendes ne sont généralement pas déductibles de l’assiette de l’impôt sur les
sociétés car, d’une part, ils sont traditionnellement considérés comme une fraction des bénéfices et
non comme un coût et, d’autre part, une telle déduction reviendrait à ne pas percevoir l’impôt sur le
revenu sur les dividendes distribuées aux actionnaires non résidents. Selon les normes fiscales
internationales, c’est au pays de la source qu’appartient (au premier chef) le droit de taxer le revenu
émanant d’une source interne. Bien que les dividendes payés à l’étranger puissent être soumis à une
retenue à la source frappant les non-résidents, l’assiette fiscale (dividendes bruts) est généralement
rigide et le taux de la retenue à la source figurant dans la convention fiscale pourrait être jugé trop
faible comparé au taux interne s’appliquant à ce même type de revenu. De plus, l’exemption d’impôt
interne sur les dividendes payés à l’étranger (en permettant la déductibilité des dividendes)
entraînerait dans de nombreux cas un transfert de recettes fiscales de l’administration fiscale nationale
au profit de l’administration fiscale étrangère, avec peu ou pas d’impact sur l’impôt total dû dans le
pays d’accueil (et dans le pays d’origine) par les actionnaires étrangers (pour un examen de ce point,
16 voir le chapitre 3).

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Le rôle de l’impôt sur les sociétés et la raison d’être d’incitations fiscales en faveur de l’IDE

Ainsi, dans le cas traditionnel où les dividendes ne sont pas déductibles, l’assiette de l’impôt sur
le revenu est généralement déterminée selon l’expression suivante :
Yc* =REV – CST – INT – DEP (1.1b)
Cette relation simple dissimule quelques problèmes épineux de mesure. Il s’agit en particulier de
ceux liés à la détermination de l’amortissement économique, au traitement des pertes et à l’ajustement
possible pour tenir compte des effets de l’inflation. Avant d’examiner ces problèmes, il serait en
premier lieu utile de considérer les liens entre la détermination de l’assiette de l’impôt sur les
sociétés, que l’on a abordée plus haut, et celle de l’impôt sur les sociétés qui est dû.

1. La relation entre l’assiette et l’impôt dû


Le montant de l’impôt final sur les sociétés qui est dû sera déterminé en appliquant le taux de
base (légal) de l’impôt sur les sociétés, (noté « u »), à l’assiette de l’impôt. La relation entre l’assiette
fiscale et l’impôt dû doit également tenir compte des éventuels crédits d’impôt, notés TC. Il faut
également tenir compte des reports de pertes, c’est-à-dire l’imputation des éventuelles pertes d’autres
exercices sur l’exercice en cours selon les règles de report des pertes en avant ou en arrière, notée ci-
dessous LOSScf/b. La relation entre ces variables pour déterminer l’impôt sur les sociétés dû, noté T, est
la suivante :
T = u (REV – CST – INT – DEP* – LOSScf/b ) – TC (1.2)
où DEP* représente l’amortissement fiscal, qui peut être différent de l’amortissement économique
(DER dans l’équation 1). Les valeurs de DEP* et de TC sont données par :
DEP* = α (KT) (1.3a)
TC = β (INV) (1.3b)
où α est le taux d’amortissement fiscal, KT le stock de capital restant à amortir (on fait l’hypothèse
qu’il doit être amorti de façon dégressive), β le taux du crédit d’impôt pour investissement et INV les
dépenses d’investissement éligibles au crédit d’impôt. Les trois principaux paramètres des incitations
fiscales sont u, α et β. Le montant de l’allégement fiscal résultant de la déduction fiscale pour
amortissements DEP* est fonction non seulement du taux d’amortissement fiscal α, mais également du
taux de l’impôt sur les sociétés u. En revanche, l’allégement fiscal résultant du crédit d’impôt pour
investissement dépend seulement de β, et pas du taux de l’impôt sur les sociétés u. La différence tient
directement au fait que DEP* est déduit de l’assiette, alors que TC est déduit intégralement de l’impôt
sur les sociétés qui est dû.

2. La mesure de l’amortissement du capital


Dans un régime d’impôt sur les sociétés conçu pour taxer le revenu net du capital, on doit offrir aux
sociétés des déductions au titre de l’amortissement économique du capital. En l’absence d’inflation, le
montant de l’amortissement fiscal (c’est-à-dire des déductions au titre du coût du capital) sur
l’ensemble de la durée de vie d’un actif utilisé pour la production doit être égal à la dépense initiale
exposée pour l’investissement. Ce traitement fiscal permet au contribuable de ne pas subir d’impôt sur
son investissement, l’impôt ne frappant que les revenus de l’investissement. L’échéancier de
l’amortissement est également important pour pouvoir évaluer précisément le rendement du capital
pendant chaque période. Les revenus seront sous-estimés (ou surestimés) si la fraction du coût du
capital amortie par le contribuable pendant une année donnée est supérieure (ou inférieure) au
véritable coût du capital.
En théorie, l’amortissement fiscal doit correspondre à l’amortissement économique qui, pour un actif
donné, s’opérera selon un certain échéancier. Cet échéancier va déprendre de la durée d’utilisation de
l’actif affecté à la production et du rythme de création des revenus découlant de l’utilisation de l’actif
durant chaque année où cet actif est utilisé. L’échéancier va également dépendre des variations des prix
relatifs de la production et des intrants – résultant, par exemple, du changement technologique ou de
l’obsolescence – et de la valeur résiduelle de l’actif à la fin de sa durée de vie utile. 17

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Impôt sur les sociétés et investissement direct étranger

En principe, ces paramètres seront pris en compte au travers des variations de la valeur de l’actif
chaque année, corrigée de l’inflation. L’amortissement, quant à lui, peut être mesuré en observant la
valeur des actifs sur les marchés d’occasion. Dans la pratique, s’il n’existe pas de marché significatif
d’occasion pour ces actifs, le niveau de l’amortissement économique est en général inconnu et doit être
calculé d’une manière ou d’une autre. Pour certains actifs, leur contribution à la production, et donc au
revenu, peut rester à peu près constante dans le te mps. Dans ce cas, u n niveau (annuel)
d’amortissement raisonnable peut être un pourcentage constant du coût initial de l’actif, selon la
méthode de l’amortissement linéaire. D’autres actifs contribuent surtout aux revenus durant les
premières années de production, ou deviennent vétustes très rapidement. Dans ce cas, il faut amortir
fortement pendant les premières années, puis réduire progressivement l’amortissement les années
suivantes, selon la méthode de l’amortissement dégressif. Dans tous les cas, un taux d’amortissement
représentatif doit être choisi. Le plus souvent, celui-ci est fondé sur des estimations approximatives et
souvent anciennes de la vie utile d’un actif. On perd encore plus en précision lorsqu’on utilise un
même taux d’amortissement pour un ensemble d’actifs différents, comme cela se pratique
généralement. Dans certains cas, comme on le verra plus loin, on permet aux entreprises d’appliquer
des taux d’amortissement supérieurs aux taux considérés comme représentatifs de l’amortissement
économique, afin de favoriser l’investissement dans les actifs visés.
Autre élément à prendre en compte : faut-il rendre obligatoire les dotations (maximales) aux
amortissements ? Lorsqu’elles sont obligatoires, le traitement fiscal des pertes fiscales est
particulièrement important (voir les développements ci-dessous). Lorsqu’elles sont facultatives, les
contribuables peuvent faire valoir pour chaque période le montant maximum d’amortissement autorisé
par le dispositif et reporter les montants amortissables non utilisés pour qu’ils soient déduits de
futures exigibilités fiscales. Les entreprises établiront alors leur propre stratégie de minimisation de
l’impôt pour déterminer le montant des déductions pour investissement à faire valoir pour l’exercice
en cours et le montant à reporter sur les exercices ultérieurs (compte tenu des autres allégements
fiscaux qui pourraient venir à expiration).
Le principal argument pour autoriser le report sur les exercices ultérieurs est que la fixation d’une
période de 12 mois pour l’établissement de l’impôt est foncièrement artificielle. Une entreprise en
situation de perte fiscale (c’est-à-dire qui a un revenu imposable négatif) pendant un exercice donné et
qui ne peut faire valoir une déduction pour amortissements peut dégager l’exercice suivant
suffisamment de bénéfices pour être en mesure de faire valoir cette déduction. Cela veut dire qu’un
exercice fiscal de 14 mois n’aurait pas abouti à ce qu’une possibilité de déduction pour amortissement
ne soit pas utilisée. En autorisant un report sans limite dans le temps, on élimine la contrainte qui
résulte de la durée arbitrairement fixée de l’exercice fiscal.

3. Le traitement des pertes fiscales des sociétés


La plupart des systèmes fiscaux permettent aux entreprises qui accusent une perte fiscale durant
un exercice donné (c’est-à-dire ont un revenu imposable inférieur aux déductions fiscales) de reporter
la perte fiscale (c’est-à-dire le montant négatif de revenu imposable) sur les exercices ultérieurs (ou
dans des cas moins nombreux) sur les exercices antérieurs, en l’imputant sur le revenu des exercices
considérés. Ces possibilités de report en avant ou en arrière sont traditionnellement limitées (par
exemple report en arrière sur 3 ans et report en avant jusqu’à 7 ans). On reconnaît ainsi le caractère
arbitraire de la période sur laquelle l’impôt est établi (par exemple 12 mois). Il est avéré que de
nombreuses entreprises subissent des pertes pendant leur phase de démarrage, bien qu’elles soient
rentables sur le long terme et sur une base actualisée. De plus, dans certains secteurs caractérisés par
un niveau de risque élevé, même des entreprises très efficaces et très rentables peuvent subir
d’amples fluctuations de leurs revenus, tant à la hausse qu’à la baisse11 . Si l’on n’autorisait pas ces
reports de pertes, cela serait d’une part incohérent avec une mise en concordance adéquate des
recettes et des dépenses ; d’autre part, cela conduirait à imposer plus lourdement les entreprises dont
le profil de bénéfices est instable, ce qui décourageait la prise de risque.
A moins qu’une perte fiscale puisse être imputée rétroactivement pour réduire à due concurrence
18 l’impôt payé pendant une année antérieure, la compensation des pertes n’est pas totale car, lorsque

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Le rôle de l’impôt sur les sociétés et la raison d’être d’incitations fiscales en faveur de l’IDE

les pertes sont reportées en avant, elles ne bénéficient généralement pas d’une majoration pour
intérêt (de façon à refléter le coût d’opportunité des fonds). Ainsi, la valeur actualisée des pertes
déduites dans le futur sera moindre que la valeur de ces pertes si elles pouvaient être imputées
immédiatement. Les pays n’accordent généralement pas de remboursement pour les pertes fiscales,
principalement pour deux raisons. Premièrement, on peut craindre qu’un remboursement n’encourage
l’existence d’entreprises inefficaces ou non rentables. Deuxièmement, le remboursement se traduirait
par des pertes immédiates importantes de recettes fiscales et des problèmes de passage d’un régime
à l’autre (par exemple comment traiter les pertes accumulées depuis des années ?).
Enfin, on peut subdiviser (de façon conceptuelle) les pertes fiscales en trois catégories : 1) les
pertes d’exploitation, 2) les moins-values12 et 3) les pertes sur incitations fiscales. Ces dernières
résultent des incitations fiscales prenant la forme de déductions, notamment les dotations accélérées
aux amortissements et les déductions immédiates. Le caractère non remboursable des pertes liées aux
incitations fiscales se traduit par une diminution variable du taux effectif d’imposition des sociétés.
Cela dépendra de leur situation fiscale, qui varie elle-même entre les sociétés effectuant le même
investissement (subventionné) de départ, par exemple, dans la mesure où certaines sociétés ont
d’autres flux de revenus .provenant d’autres activités (le cas échéant sans lien avec celles considérées)
pouvant bénéficier d’incitations fiscales, alors que d’autres entreprises n’en ont pas. En pratique, il
n’est pas réalisable de dissocier les pertes liées aux incitations fiscales des pertes d’exploitation
ordinaires, en raison des problèmes complexes qui en découleraient. Ainsi, il n’est en général pas
possible d’offrir le remboursement des incitations prenant la forme de déductions (à moins d’accorder
simultanément le remboursement pour les pertes d’exploitation ordinaires).

4. Les effets de l’inflation


La plupart des systèmes fiscaux ne mesurent pas avec exactitude les revenus en situation
d’inflation. Il en résulte que l’inflation pourra réduire les incitations à l’investissement (ou les
augmenter dans certains cas) même si elle était parfaitement anticipée et incorporée dans tous les prix,
tous les taux d’intérêts et toutes les décisions. L’inflation fausse l’imposition des revenus du capital de
deux façons13. D’abord, la plupart des réglementations fiscales n’autorisent les contribuables qu’à
amortir leur capital sur la base du coût historique, c’est-à-dire que le coût ne peut être récupéré qu’à
hauteur du prix initial d’acquisition du capital. Cette pratique tend à sous-estimer l’amortissement
économique en phase d’inflation, étant donné que le coût réel de la consommation du capital est
fondé sur la valeur courante et non sur la valeur historique du capital. On peut s’attendre à que cette
distorsion décourage l’investissement.
En revanche, on autorise les entreprises à déduire de leur revenu imposable leurs paiements
nominaux d’intérêts. En situation d’inflation, les taux d’intérêt nominaux peuvent être décomposés en
deux éléments : le taux de rendement réel et la prime de risque liée à l’inflation, qui vise à
dédommager les prêteurs de l’érosion du principal. Une mesure au sens strict du revenu ne tiendrait
pas compte de la déduction de la prime pour l’inflation, puisque cette prime est simplement un
ajustement du principal pour refléter les variations du pouvoir d’achat (on n’inclurait pas non plus cette
prime dans le revenu imposable du prêteur). En pratique, on autorise l’entreprise à défalquer une
partie du principal en termes réels de son revenu imposable. On peut s’attendre à ce que ce traitement
encourage l’investissement14 .
Du fait que ces deux effets exercent des influences opposées sur l’incitation à l’investissement,
l’impact net reste difficile à établir. Lorsqu’on considère que le premier effet l’emporte, les
responsables ont souvent tendance à fixer le taux d’amortissement fiscal à un niveau supérieur au taux
estimé d’amortissement économique, afin de compenser les effets de l’inflation.

D. Les arguments en faveur d’incitations fiscales destinées à l’IDE


Comme nous l’avons indiqué à la section B, l’impôt sur les sociétés peut être utilisé pour agir sur
les comportements économiques, notamment dans le domaine de l’IDE. De nombreux arguments ont
été avancés en faveur de l’utilisation d’incitations fiscales pour attirer l’IDE. Cette section finale du 19

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Impôt sur les sociétés et investissement direct étranger

chapitre 1 passe brièvement en revue les principaux arguments, qui peuvent être classés en quatre
rubriques : 1) la compétitivité internationale, 2) la « défaillance du marché », 3) le développement
régional et la répartition des revenus, et 4) les considérations macroéconomiques. Comme on le verra à
la fin de ce chapitre, ces arguments en faveur des incitations fiscales doivent être mis en balance avec
d’autres objectifs de nature budgétaire, les besoins du pays d’accueil et sa situation spécifique. On
reviendra sur ce point dans les chapitres suivants.

1. La compétitivité internationale
Les incitations fiscales conçues pour encourager l’IDE, qui comprennent les mesures générales
d’allégement de la fiscalité du pays d’accueil, celles ciblées sur l’investissement en R-D et celles visant
l’exportation, sont souvent préconisées pour renforcer la « compétitivité internationale » d’un pays en
améliorant sa capacité d’attirer les capitaux mobiles dans le monde. On suppose à cet égard que les
entreprises multinationales prennent en compte les incitations fiscales lorsqu’elles effectuent des
choix d’implantation et que ces incitations fiscales opèrent à la marge pour faire basculer les décisions
d’investissement en faveur du pays d’accueil.
On considère qu’un pays qui attire les capitaux étrangers améliore ses performances économiques
par la création d’emplois et de revenus, ce qui augmente en définitive les recettes fiscales ; d’où une
base industrielle et économique plus solide, de meilleures infrastructures et un niveau de vie plus
élevé. Dans le même temps, on estime souvent que les apports de capitaux étrangers améliorent la
productivité du pays d’accueil ou sa compétitivité-prix ; par exemple, la R-D locale abaisse les coûts
unitaires de production dans le pays et permet d’obtenir une plus grande part de la production
mondiale dans un ou plusieurs secteurs industriels ou d’avoir accès à des productions ou des
technologies de production utilisées ailleurs par la maison mère. Ces progrès sont eux-mêmes de
nature à multiplier les investissements étrangers. D’un autre côté, les sceptiques ont beau jeu de
montrer que les incitations fiscales qui faussent l’allocation du capital peuvent affaiblir le niveau global
de productivité dans un pays et, par conséquent, entraver et non renforcer sa capacité concurrentielle
sur les marchés internationaux.
Les incitations fiscales peuvent être jugées nécessaires lorsque des avantages similaires sont
offerts par des pays voisins qui sont eux aussi à la recherche de capitaux étrangers. On doit alors
s’interroger sur la forme appropriée et l’ampleur de l’avantage fiscal, ainsi que sur un ensemble
d’autres aspects liés à la conception de l’incitation. Il faut également se demander si les investisseurs
étrangers pourraient bénéficier d’un taux de rendement minimum compétitif dans un pays donné et
dans les pays concurrents en l’absence d’incitations fiscales spéciales. En pareil cas, les responsables
devraient envisager la possibilité d’une coordination régionale dans le domaine des incitations fiscales
pour, d’une part, éviter des pertes de recettes fiscales et, d’autre part, faire en sorte que les
investisseurs ne profitent d’« effets d’aubaine », – c’est-à-dire d’avantages fiscaux allant au-delà de ce
qui serait nécessaire pour obtenir des taux de rendement après impôts compétitifs – tout en remédiant
aux problèmes d’équité et d’efficience qui peuvent résulter de l’usage de ces incitations fiscales
spéciales.

2. Corriger une « défaillance du marché »


On peut faire valoir que les incitations fiscales destinées à l’IDE viennent corriger des cas de
« défaillance du marché », c’est-à-dire des situations dans lesquelles on considère que le
fonctionnement des marchés privés ne donne pas un niveau d’investissement socialement optimal. En
théorie, le niveau d’IDE pourrait être insuffisant lorsqu’il existe des « externalités » positives ou des
effets de retombée qui ne sont pas pris en compte dans les décisions privées d’investissement. Un
exemple classique de retombées positives est celui de la R-D 15. Les entreprises qui exercent des
activités de R-D ne tiennent pas compte en général des effets de retombée qui bénéficient aux autres
entreprises (par exemple le transfert de connaissances) lorsqu’elles décident du niveau de R-D à
réaliser. Cela peut conduire à un niveau insuffisant d’investissement du point de vue de la collectivité.
20 Des incitations fiscales ciblées sur les activités de recherche ou sur la mise au point et l’installation de

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Le rôle de l’impôt sur les sociétés et la raison d’être d’incitations fiscales en faveur de l’IDE

nouveaux procédés de production et de nouveaux produits peuvent être introduites pour encourager
les entreprises, qu’elles soient nationales ou étrangères, à accroître leurs investissements dans ces
domaines.
La théorie énonce que d’autres facteurs peuvent être à l’origine d’une défaillance du marché,
notamment l’asymétrie de l’information. Les investisseurs étrangers potentiels peuvent avoir une
information incomplète sur les possibilités d’investissement dans un pays d’accueil, et ce pour de
nombreuses raisons. Cela peut conduire à moins d’investissement dans le pays d’accueil que dans le
cas où une information complète est disponible. Dès lors, des incitations pourraient être souhaitables
pour promouvoir l’IDE au-delà du niveau qui sinon serait observé.
De même, on s’attend à ce que les investisseurs étrangers ne prennent pas en compte les effets
bénéfiques pour les pays d’accueil résultant de l’IDE. De tels effets peuvent être la fourniture de
qualifications et d’une formation aux salariés, qui pourront être utilisées ailleurs dans l’économie ou
engendrer une demande sur le marché pour des emplois et d’autres facteurs de production (par
exemple des consommations intermédiaires) qui aurait pu sinon ne pas apparaître. S’il est vrai que les
incitations fiscales offrent la possibilité de stimuler l’IDE et, ainsi, de produire des effets de retombée,
notamment sous la forme de transferts de connaissances, de nouveaux emplois et d’une demande
supplémentaire pour les produits locaux, une question cruciale est de savoir si elles rempliront
efficace me nt cette fonction , compte t enu de s éven tuelles en traves à l’ID E décou lant du
fonctionnement du marché et des politiques suivies. Si des incitations fiscales sont mises en place
pour ce motif ou, plus généralement, pour pallier des défaillances du marché, il n’y a en général aucune
raison de les cibler uniquement sur l’IDE. On pourra faire valoir, au contraire, que ces incitations fiscales
devraient être offertes à la fois aux investisseurs nationaux et étrangers16.

3. Développement régional (distribution des revenus)


Les incitations fiscales peuvent viser l’investissement dans les régions où le chômage pose un
sérieux problème, par exemple du fait de l’éloignement des principaux centres urbains, ce qui
augmente le coût des facteurs de production, ou du fait de l’immobilité du facteur travail ou de
rigidités salariales empêchant le marché du travail de s’équilibrer. Opérer à partir d’une zone excentrée
peut impliquer des coûts de transport plus élevés pour se procurer les matières premières et pour
livrer les produits finis aux marchés. Cela place une telle zone en situation défavorable du point de vue
de la compétitivité par rapport à d’autres sites. Certaines zones sont également désavantagées par
l’absence de ressources naturelles, ce qui aggrave leur handicap de coût. De plus, les entreprises
peuvent éprouver des difficultés à convaincre les travailleurs qualifiés de déménager et de travailler
dans des sites éloignés qui n’offrent pas les services disponibles dans d’autres localités. Les salariés
peuvent exiger des salaires plus élevés à titre de compensation, ce qui implique là aussi des coûts plus
élevés pour les investisseurs potentiels.
Des incitations fiscales peuvent être accordées dans de tels cas pour dédommager les
investisseurs de ces coûts d’exploitation supplémentaires. Lorsque les incitations fiscales réussissent à
attirer de nouveaux investissements et/ou à prévenir la sortie de capitaux étrangers, elles peuvent
contribuer à une répartition plus équilibrée des revenus dans le pays. Les autorités peuvent également
avoir le souci politique de régler ces questions de répartition de revenu au moyen de subventions à
l’emploi dans le cadre de mesures concernant l’investissement, plutôt que de recourir à des
programmes sociaux de soutien direct des revenus.

4. Considérations macroéconomiques
On préconise également l’utilisation des incitations fiscales (en général celles qui sont largement
ciblées) pour résoudre au moins partiellement toute une gamme de problèmes macroéconomiques,
notamment le chômage conjoncturel (ou structurel), les déficits de balance des paiements et les
conséquences d’un forte inflation sur l’impôt exigible. De telles incitations fiscales ne viseront pas
nécessairement l’IDE exclusivement, mais plutôt l’investissement en général, quelle que soit la
résidence de l’investisseur. 21

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Impôt sur les sociétés et investissement direct étranger

Les incitations fiscales sont souvent introduites à titre temporaire lorsqu’il s’agit de stimuler de
façon contracyclique l’économie (par exemple, elles ne seront valables que trois ans). Les incitations
fiscales temporaires permettent d’envisager des investissements plus importants sur le court terme
dans la mesure où les investisseurs avanceront leurs plans d’investissement pour bénéficier de
l’allégement d’impôt. Lorsqu’on a recours à ce genre de mesures, traditionnellement on annonce leur
lancement puis on les met en place dans la foulée pour éviter un gel des plans d’investissement.
L’utilisation de mesures temporaires pose quelques problèmes épineux de calendrier.
Il est également possible d’utiliser les incitations fiscales pour stimuler la production et les
exportations afin de réduire le déficit de balance courante. Dans le même temps, les investissements
étrangers induits par les incitations fiscales peuvent être en mesure d’apporter les devises étrangères
recherchées. On a pu encore préconiser les incitations fiscales pour compenser ponctuellement les
effets pervers de l’inflation sur l’impôt exigible. En effet, en période d’inflation, le revenu imposable
fondé sur les bénéfices comptables aura tendance à être supérieur au flux de revenus réels (corrigés de
l’inflation) tiré du capital, qui correspond au rapport théoriquement correct entre le revenu et son
impôt17. En l’absence de système comptable complet corrigeant les effets de l’inflation, l’utilisation de
l’amortissement accéléré est souvent favorisée pour compenser la tendance à surtaxer le capital en
période d’inflation.

5. Synthèse des considérations antérieures


L’utilisation des incitations fiscales doit bien sûr être évaluée dans le cadre global des politiques
mises en œuvre, l’un des éléments fondamentaux d’appréciation étant le niveau souhaité des
dépenses publiques par rapport au niveau global des recettes fiscales. Les recettes à collecter, les
considérations d’équité et d’efficacité ainsi que d’autres facteurs doivent être soupesés lorsqu’on
établit un « taux de référence » d’imposition des revenus du capital dans la politique fiscale générale,
en tenant compte des préférences et spécificités du pays d’accueil et des avantages et inconvénients
qui peuvent en résulter pour l’investisseur. Vu l’importante fonction de prélèvement à la source que
remplit l’impôt sur les sociétés, cela a des conséquences pour le régime de l’impôt sur les sociétés et
le taux effectif d’imposition qui serviront de référence.
Dans le même temps, la mobilité croissante du capital et les incitations fiscales qu’offrent d’autres
pays pour attirer les capitaux d’investissement mobiles peuvent faire pression dans le sens d’écarts par
rapport au régime de base retenu par un pays pour son impôt sur les sociétés. Comme on l’a noté, les
impératifs de collecte des recettes, les considérations d’équité et d’efficacité et, le cas échéant,
d’autres facteurs conditionnent généralement ces écarts à la norme. Ainsi, une mise en balance des
besoins, des objectifs et des politiques influencera la décision finale concernant un éventuel
ajustement de l’impôt sur les sociétés et le volume d’allégements fiscaux à consentir. Lorsque les
responsables d’un pays pensent que l’IDE pourrait être très bénéfique pour leur économie et qu’un ou
plusieurs arguments militent en faveur d’incitations fiscales, ils doivent alors se demander quelle est la
mesure qui convient le mieux et évaluer le rapport coût-efficacité des différentes solutions possibles.
Ces aspects sont examinés dans le prochain chapitre.

22

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Le rôle de l’impôt sur les sociétés et la raison d’être d’incitations fiscales en faveur de l’IDE

NOTES

1. Bien que la définition de l’IDE varie d’une source à l’autre, le concept auquel on se réfère généralement est
celui d’un investissement en titres étrangers de 10 % ou plus du capital (mesuré en droits de vote ou en
pourcentage du capital), qui n’est pas réalisé dans une optique de portefeuille.
2. Les revenus créés au niveau de l’entreprise sont également soumis à imposition au niveau de l’actionnaire
dans la plupart des pays. Cette imposition prend la forme d’une retenue à la source et/ou d’un impôt sur le
revenu des personnes physiques frappant les dividendes et les plus-values. Des données distinctes faisant
apparaître l’imposition, au niveau des actionnaires, des revenus après impôt sur les sociétés ne sont pas
disponibles pour l’ensemble des pays de l’OCDE (on notera qu’en général la majeure partie des recettes de
l’impôt sur le revenu des personnes physiques provient de l’impôt prélevé sur les salaires et les revenus de
transfert). Comme on l’indique plus bas dans le texte, l’impôt sur les sociétés joue un rôle important de
retenue à la source en empêchant les particuliers de reporter l’impôt (au niveau de la personne physique) par
accumulation de revenus au niveau de l’entreprise.
3. Le degré de redistribution qui est atteint par une réglementation fiscale donnée est difficile à évaluer car les
effets finaux d’un impôt sont difficiles à mesurer. La question des effets finaux se concentre sur qui supporte le
poids de l’imposition (ce qui est différent de l’effet théorique, à savoir qui paie l’impôt). Bien qu’il existe
différents impôts collectés auprès de différentes entités (particuliers, sociétés) et sur différentes assiettes
(revenus, actifs, transactions), tous les impôts sont finalement supportés par les individus. Mais la question de
savoir comment un impôt donné (ou l’ensemble des impôts) affecte différents individus selon leur niveau de
revenu reste sans réponse. L’impôt sur les sociétés, par exemple, est supporté par les particuliers sous la
forme d’une certaine combinaison (dont on ne connaît généralement rien) entre des prix des biens et services
plus élevés, des salaires plus faibles, et un moindre rendement pour les apporteurs de capitaux. En outre,
l’impôt est répercuté différemment selon la transaction, l’entreprise et le pays ; la répercussion de l’impôt
varie aussi dans le temps.
4. En déplaçant des ressources vers le secteur public, les différents impôts faussent les décisions prises par le
marché d’une façon variable (par exemple décider combien de temps accorder au travail par rapport aux
loisirs, combien épargner par rapport à la consommation, dans quel produit de placement ou projet
d’investissement investir). Ces distorsions imposent des « pertes de poids mort » à l’économie en
encourageant une allocation inefficace des ressources (cela veut dire que le bien-être global (utilité) des
agents économiques pourrait être amélioré par une réallocation des ressources et des transferts forfaitaires de
revenus).
5. L’analyse économique traditionnelle met en avant deux autres raisons en faveur d’un traitement fiscal qui ne
soit pas neutre – en s’appuyant sur les résultats de la théorie de l’impôt optimal et les considérations liées
aux coûts administratifs et de mise en conformité. La théorie de l’impôt optimal plaide pour la perception
de droits d’accise relativement élevés sur les biens et services dont la demande est inélastique (par
exemple les produits alimentaires) afin de réduire au minimum les distorsions économiques. Dans les
systèmes fiscaux où une (forte) imposition par la perception de droits indirects n’est pas envisageable il
serait néanmoins judicieux d’avoir des taux différenciés d’imposition des revenus du capital en considérant
que les impôts sur le capital influent également sur les prix des biens et services (dans une proportion
inconnue) et ont donc des effets similaires aux accises. La principale difficulté est que l’imposition
différenciée des revenus du capital va fausser les décisions de production concernant les intrants en
concurrence. Un argument légitime pour une imposition qui ne soit pas neutre est qu’une taxation
parfaitement neutre exigerait certaines dispositions qui ne pourraient être mises en œuvre qu’au prix de
coûts administratifs ou de mise en conformité significatifs. Une taxation neutre implique, par exemple,
l’imposition des plus-values sur la base du fait générateur. L’imposition des plus-values sur la base du fait
générateur (au fur et à mesure que les plus-values apparaissent), à la différence d’une imposition au
moment de la réalisation (quand les actifs sont vendus) impliquerait que les contribuables déterminent des
valeurs de marché même lorsqu’il n’y a eu aucune transaction sur le marché. De façon similaire, il est
raisonnable de ne pas taxer de nombreux types de revenus imputés (par exemple la valeur locative d’une
habitation occupée par son propriétaire, qui devrait être taxée pour des questions de neutralité) vu les
problèmes de mesure associés à l’absence de transaction sur le marché. 23

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Impôt sur les sociétés et investissement direct étranger

6. Une taxe à la consommation peut prendre la forme d’une taxe indirecte sur les biens de consommation (par
exemple la TVA), d’une taxe sur les ventes au niveau du fabricant ou du détaillant, ou d’une taxe directe sur le
revenu moins l’épargne (puisque la consommation est égale au revenu moins l’épargne). Au milieu des
années 60, la TVA n’existait qu’en France. Depuis lors, elle a été largement adoptée dans les pays développés
(par exemple, l’adoption de la TVA a été imposée pour l’entrée dans la Communauté européenne) et dans les
pays en voie de développement.
7. Ce raisonnement suppose que l’assiette fiscale de l’impôt sur le revenu des personnes physiques dans le pays
considéré prend en compte les revenus du capital (l’assiette de l’impôt sur le revenu des personnes
physiques est le revenu, et pas la consommation).
8. Avec un régime fondé d’imposition sur la base du fait générateur, les particuliers seraient imposés sur la base
des variations annuelles de la valeur de marché de leurs actifs. La difficulté est qu’on ne pourrait estimer
régulièrement la valeur de marché de nombreuses participations (par exemple des parts sociales dans des
sociétés non cotées). De plus, l’imposition des bénéfices sur la base du fait générateur peut engendrer des
problèmes de liquidité pour les particuliers, ce qui les forcerait à emprunter ou à vendre des actifs pour
acquitter l’impôt dû.
9. On peut faire valoir que l’argument fondé sur les « avantages » pour percevoir un impôt sur les sociétés est
peu convaincant (par comparaison à son utilisation pour justifier d’autres impôts directs et indirects). En effet,
on ne peut établir qu’une relation très lâche entre l’impôt sur les sociétés qui est dû par une entreprise
donnée et les avantages de nature publique dont elle bénéficie. On peut justifier plus facilement d’autres
taxes imposées à l’usager (par exemple, les péages, les taxes sur l’essence, les impôts immobiliers, les
cotisations sociales).
10. Il y a rente économique quand le rendement des facteurs de production est supérieur au rendement « normal »
nécessaire à la rémunération de ceux qui ont fourni ces facteurs. L’assiette des impôts sur les sociétés est
souvent plus large que l’assiette qui ne taxerait que cette rente, car un impôt sur les sociétés frappant la rente
économique devrait comporter un abattement pour les coûts de financement sur fonds propres. En particulier,
l’assiette fiscale pour un tel impôt devrait être égale à Yc = REV – CST – INT – EQR – DEP, où EQR représente le
rendement des fonds propres (c’est-à-dire le coût d’opportunité des fonds propres, ou le rendement exigé par
les actionnaires, qui devrait être égal en principe à celui qui est disponible pour un investissement différent d’un
niveau de risque équivalent. Les autres variables sont décrites dans le texte (voir équation [1.1a]). Taxer la rente
économique est en principe un moyen efficient de collecter des recettes. La théorie suggère que les décisions
d’investissement et de financement des entreprises ne devraient pas être influencées par les impôts en
présence d’une rente. De plus, taxer la rente économique peut être considéré comme équitable, dans la mesure
où ce sont tous les résidents d’un pays d’accueil donné qui doivent pouvoir bénéficier de l’exploitation de
facteurs non renouvelables, et pas seulement les actionnaires.
11. En plus de la possibilité (limitée) de transférer des pertes fiscales dans le temps, les réglementations fiscales
permettent souvent la compensation des pertes entre différentes activités d’un contribuable (à moins qu’une
activité soit « cantonnée »). Par exemple, des pertes d’une succursale pourront être utilisées pour réduire à
due concurrence les bénéfices dégagés dans une autre succursale. Même au sein d’un même établissement,
les bénéfices et les pertes liés à différentes activités économiques peuvent être compensés. De plus, la
plupart des pays autorisent sous une forme ou une autre des transferts de pertes entre différentes sociétés
(entités juridiquement distinctes) d’un même groupe.
12. Par moins-values, on entend les pertes en cas de cession d’actifs financiers. Dans de nombreuses
réglementations, les moins-values sont « cantonnées », c’est-à-dire qu’elles ne peuvent être imputées que sur
des plus-values (souvent sans la possibilité d’un report sur les exercices antérieurs). Cela exclut toute
déduction sur des gains autres qu’en capital ou des revenus autres que de ceux du capital. Cette pratique
évite les opérations de montage fiscal qui pourraient autrement avoir lieu (sous un régime de taxation des
plus-values sur la base du fait générateur) en réalisant immédiatement les moins-values et en reportant la
réalisation des plus-values.
13. D’autres effets de l’inflation peuvent être évoqués. La méthode de comptabilité des stocks FIFO sous-estime
le coût réel de détention des stocks en période d’inflation. De même, l’absence d’indexation des plus-values
nominales sur l’inflation peut augmenter le taux effectif d’imposition du capital. Enfin, lorsque les tranches de
l’impôt sur le revenu des personnes physiques ne sont pas indexées sur l’inflation, il se produit un
alourdissement automatique, c’est-à-dire des taux marginaux légaux d’imposition plus élevés dans le temps
pour un montant donné de revenu réel.
14. Cet effet stimulant peut être compensé dans une certaine mesure lorsqu’on oblige les contribuables qui sont
également des prêteurs à inclure les revenus d’intérêts nominaux dans leur revenu imposable. Ils pourraient
alors exiger des taux d’intérêt nominaux plus élevés pour compenser cette charge. Cependant, de nombreux
prêteurs sont exonérés d’impôt (par exemple les fonds de pension exonérés, les sociétés mères « offshore »
24 qui ont des stratégies d’optimisation fiscale), ce qui devrait atténuer cet effet.

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Le rôle de l’impôt sur les sociétés et la raison d’être d’incitations fiscales en faveur de l’IDE

15. Comme d’autres incitations fiscales, celles pour la R-D ne visent pas en général uniquement les investisseurs
étrangers. Pour un débat sur les arguments concernant les effets de retombée qui plaident pour l’usage
d’incitations fiscales à la R-D, voir « Les incitations fiscales pour la R-D au Canada : développements récents »
dans Relevés de conclusions de la 44e conférence fiscale, Rapport de la conférence de 1992 (Toronto,
Fondation canadienne des impôts).
16. Limiter les avantages des incitations fiscales aux investisseurs étrangers – bien que cela puisse diminuer les
pertes directes de recettes – peut poser problème pour plusieurs raisons. Par exemple, un tel ciblage peut
nourrir l’idée que la réglementation fiscale est injuste envers les contribuables résidents, ce qui peut remettre
en cause le principe fondamental de consentement à l’impôt. De plus, on incitera ainsi fortement les
investisseurs locaux à réaliser de l’étranger à partir de structures offshore leurs investissements dans le pays
pour bénéficier des incitations fiscales. Il faudra alors modifier la réglementation pour riposter à ces
comportements d’évasion fiscale (avec des coûts administratifs et de mise en conformité non négligeables).
17. Par exemple, une fraction du rendement nominal de l’endettement sert simplement à conserver la valeur
réelle de l’obligation sous-jacente et ne représente pas un revenu économique réel. Par conséquent, la
fraction de ce rendement ne doit pas être taxée au niveau du prêteur (et ne doit pas être non plus déductible
au niveau du débiteur). De façon similaire, les déductions pour l’achat du capital physique sont fondées sur
les valeurs d’achat historiques et donc sous-estiment les coûts réels. Le revenu imposable s’en trouve
surévalué. Les estimations de la valeur des stocks sont également affectées par l’inflation.

25

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Chapitre 2

LES AVANTAGES FISCAUX EN FAVEUR DE L’IDE DANS LE CADRE


DE L’IMPÔT SUR LES SOCIÉTÉS

LES PRINCIPAUX TYPES D’INCITATIONS ET LEURS EFFETS

On examinera dans ce chapitre les principaux types d’incitations fiscales au titre de l’impôt sur les
sociétés qui peuvent être utilisées par les pays d’accueil pour promouvoir l’investissement. Les
incitations fiscales sont généralement liées à l’acquisition de nouveaux biens en capital productif, au
financement de cette acquisition ou à la taxation, au niveau de la société, des revenus de
l’investissement. Certaines incitations fiscales en faveur de l’investissement direct dans le pays
d’accueil peuvent bénéficier aussi bien aux investisseurs directs nationaux qu’aux investisseurs directs
étrangers, mais d’autres ne concernent que l’investissement direct étranger1.
Après avoir présenté les principaux types d’incitations fiscales, on analysera leurs effets. Les
incitations fiscales agissent soit au niveau des bénéfices après impôt découlant d’un investissement
additionnel, soit sur le coût après impôt (coût en flux par période) de la dernière unité de capital
installé. On examinera une situation simplifiée d’équilibre de l’investissement offrant un cadre
d’analyse utile pour comprendre les principales liaisons entre les paramètres et les effets plausibles
des incitations fiscales.
La section en fin de chapitre aborde la question fondamentale de l’efficience : une incitation
donnée apporte-t-elle plus d’avantages que son coût en termes de recettes ? Pour y répondre, il faut
prendre en compte une série d’éléments qui soulèvent eux-mêmes de graves difficultés (souvent
insolubles) et qui concernent d’une part la réaction probable de l’investissement à l’incitation fiscale
et, d’autre part, le coût direct et le coût indirect non voulu de l’incitation en termes de recettes. Ces
points seront traités dans les chapitres qui suivent.

A. Les principaux avantages fiscaux en faveur de l’IDE dans le cadre de l’impôt sur les sociétés

Un pays d’accueil peut accorder de plusieurs façons un allégement fiscal pour les revenus
recueillis par une société. Les mesures d’allégement au titre de l’impôt sur les sociétés sont les
suivantes : 1) l’exonération fiscale temporaire, 2) la réduction du taux légal de l’impôt sur les sociétés,
3) l’amortissement renforcé ou accéléré des dépenses en capital, 4) le crédit d’impôt universel ou ciblé
pour investissement et 5) la réduction du taux de retenue à la source sur les dividendes et/ou l’octroi
d’un crédit d’impôt ou son extension2.
Les incitations fiscales au titre de l’impôt sur les sociétés peuvent également être accordées par le
biais d’autres règles techniques de base lors du calcul du bénéfice imposable, notamment en ce qui
concerne les provisions pour coûts futurs et les reports d’impôt pour certaines catégories d’opérations
des entreprises. Bien que ces règles puissent avoir une large incidence sur la charge fiscale d’une
entreprise, elles ne sont généralement pas considérées comme des incitations spécifiques ; c’est
pourquoi on ne les examinera pas dans cette section. Un grand nombre des principaux problèmes
d’efficacité qui se posent pour les formes plus centrales ou plus traditionnelles d’incitation dans le
cadre de l’impôt sur les sociétés se posent également pour ces règles « techniques » d’allégement. 27

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Impôt sur les sociétés et investissement direct étranger

1. Exonération temporaire d’impôt


L’exonération temporaire d’impôt est la forme d’incitation fiscale utilisée principalement par les
pays en développement pour attirer l’IDE. Elle consiste à ne pas assujettir les « entreprises
nouvellement établies » qui répondent à certaines conditions à l’impôt sur les sociétés pendant une
certaine période (par exemple, 5 ans), le but étant de favoriser l’investissement. Une variante consiste
à ne pas faire payer l’impôt sur les sociétés à l’entreprise tant qu’elle n’a pas récupéré son capital de
départ. Des règles précises sont nécessaires pour définir les « entreprises nouvellement établies », les
activités des secteurs qui peuvent bénéficier de l’exonération temporaire et le point de départ de la
période d’exonération. L’entreprise peut être exonérée également d’autres impôts. Dans le même
temps, l’exonération fiscale temporaire empêche l’entreprise de bénéficier de certaines déductions
fiscales duran t la période d’e xon ératio n ou de faço n pe rmane nte (par exe mple, pour les
amortissements et les paiements d’intérêts), ce qui tend à atténuer en partie les effets incitatifs.
On considère souvent, à tort, l’exonération temporaire d’impôt comme une mesure d’incitation
simple et facile à mettre en œuvre (il n’y a pas besoin, notamment, de calculer durant la période
d’exonération l’impôt sur les bénéfices.) On a donc tendance à juger attractive cette forme d’incitation,
en particulier lorsqu’un pays met en place un impôt sur les sociétés. Mais les avantages d’une telle
simplification peuvent être très largement surestimés, et même être inexistants. En effet, il faudra
imposer de toute façon certaines obligations de nature fiscale (par exemple, retenir à la source l’impôt
sur le revenu des personnes physiques au titre des salaires versés, remplir les formulaires de
déclaration des revenus.) En ce qui concerne les projets d’investissement à long terme, on exige
généralement des investisseurs qu’ils gardent trace des dépenses en capital et d’autres éléments
avant et pendant la période d’exonération pour qu’ils puissent être en conformité avec la
réglementation fiscale à l’expiration de l’exonération. De plus, il peut être complexe de respecter et
faire respecter les règles faisant en sorte que la mesure soit bien ciblée et que des revenus
normalement imposables ne soient pas artificiellement transférés à des entreprises bénéficiant de
l’exonération ; cela peut imposer de lourdes formalités aux entreprises qui n’ont pas droit elles-mêmes
à l’exonération (par exemple, pour se conformer à la réglementation des prix de transfert entre
entreprises nationales apparentées).
Une exonération temporaire d’impôt peut être accordée aux nouvelles entreprises d’une certaine
région et/ou d’un certain secteur. Le ciblage sectoriel des exonérations temporaires d’impôt (tout
comme d’autres incitations) peut viser à remédier à un déficit de connaissances dans le pays d’accueil
et à favoriser l’apport de qualifications et de connaissances au profit des travailleurs locaux dans des
secteurs clés (par exemple, les télécommunications). Le ciblage par secteur ou par activité pose des
problèmes lorsqu’une entreprise opère déjà dans un secteur ou dans une activité visés et dans
d’autres secteurs ou activités ne bénéficiant pas de l’exonération. Une solution consiste à refuser alors
l’exonération (ciblage strict). Une autre possibilité est d’accorder l’exonération à condition qu’un
pourcentage élevé (par exemple, 75 pour cent ou plus) des actifs de la société soit utilisé dans le
secteur visé et de limiter l’exonération temporaire aux revenus de cette activité 3. Le ciblage régional
répond à un objectif de développement régional et de distribution des revenus. On notera cependant
qu e, dan s la pratiqu e, les in citation s fiscales qui cherche nt à combin er des objectifs de
développement régional et d’apport d’IDE donnent souvent des résultats médiocres, car l’allégement
fiscal est insuffisant pour contrebalancer les points faibles régionaux (par exemple, une localisation
excentrée entraînera des coûts de transport élevés, une infrastructure réduite et un bassin d’emploi de
trop faible taille). Certaines catégories d’investisseurs peuvent également être visées, notamment
lorsque l’incitation fiscale concerne exclusivement les investisseurs étrangers. Dans le contexte de
l’IDE, on fait souvent valoir qu’en visant les investisseurs étrangers on se ménage un accès à des
capitaux, des qualifications et des contacts externes (voir néanmoins la note 18).
Les exonérations temporaires d’impôt ont un attrait maximal pour les entreprises qui opèrent dans
des secteurs où le résultat est bénéficiaire dès les premières années d’activité (par exemple, commerce,
chantiers de construction de faible durée, services). Cependant, il s’agit souvent d’activités qui,
28 probablement, auraient vu le jour de toute façon, de sorte que l’incitation constitue un gain d’aubaine

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Les principaux types d’incitations et leurs effets

pour l’investisseur et une perte pure et simple de recettes pour le fisc, le pays d’accueil en retirant au
mieux peu d’investissements ou d’emplois supplémentaires. De plus, lorsqu’une exonération fiscale
temporaire est nécessaire pour attirer des activités mobiles, on court le risque de voir l’entreprise
bénéficiant de l’exonération se délocaliser à l’expiration de l’exonération. L’exonération fiscale temporaire
a généralement un attrait minimal pour les entreprises qui opèrent dans des secteurs exigeant des
engagements en capital sur longue période, un dispositif de report des pertes pouvant être alors plus
avantageux. Du point de vue du pays d’accueil, l’exonération fiscale temporaire pose souvent des
problèmes sur le plan de la perte de recettes fiscales lorsqu’il existe déjà des entreprises importantes
dans les activités visées, car la tentation est alors grande de créer de « nouvelles » entreprises à partir de
celles qui existent, ou de transférer – au moyen de diverses techniques d’optimisation fiscale – des
bénéfices « gonflés » aux entreprises bénéficiant de l’exonération.

2. Réduction du taux légal de l’impôt sur les sociétés


Une forme courante d’incitation fiscale pour encourager l’IDE, utilisée aussi bien par les pays en
développement que par les pays développés, consiste à réduire le taux (légal) de l’impôt sur les
sociétés. La réduction du taux peut être large et s’appliquer à tous les revenus de source nationale ou
étrangère, ou bien elle peut concerner uniquement les revenus de certaines activités ou de certaines
sources (par exemple, les revenus de source étrangère) ou les revenus des seuls investisseurs non
résidents (« cantonnement »). On peut également imaginer un régime combinant ces diverses mesures.
Comme dans le cas de l’exonération temporaire d’impôt, il se pose de nombreux problèmes de
définition, d’administration et de respect de la réglementation lorsque le taux réduit s’applique
uniquement aux revenus d’un sous-ensemble d’activités ou d’investisseurs. Si le taux réduit ne
s’applique qu’aux bénéfices provenant d’une activité spécifique, il faut concevoir minutieusement les
dispositions législatives, réglementaires et administratives pour clarifier les conditions qui ouvrent
droit à ce taux et pour limiter l’évasion fiscale et les pertes de recettes. La réduction du taux de l’impôt
sur les sociétés peut être temporaire ou permanente et est généralement d’autant plus attrayante pour
les investisseurs étrangers que la durée d’application prévisible est longue. Sur le plan de l’efficacité,
le principal problème que soulève la réduction du taux de l’impôt sur les sociétés est qu’elle
s’applique généralement aux revenus provenant d’investissements effectués avant l’introduction de la
mesure. Or, la perte de recettes correspondante n’a aucun effet incitatif direct sur l’investissement.
Comme on le soulignera au chapitre 5 (section B.1), les incitations fiscales en faveur de l’IDE qui
prennent la forme d’une réduction du taux légal de l’impôt sur les sociétés ont tendance non
seulement à stimuler l’investissement, mais aussi à décourager les montages financiers et les
rapatriements de capitaux qui ont pour effet d’éroder les bases d’imposition dans le pays d’accueil.

3. Déductions spéciales pour investissement


Un autre moyen d’influer sur l’IDE consiste à mettre en place des dispositions fiscales spéciales
qui diminuent le coût effectif de l’acquisition du capital. On peut distinguer dans cette catégorie deux
types d’incitations : i) les déductions pour investissement, qui sont des déductions spéciales ou
renforcées venant s’imputer sur le revenu imposable (c’est-à-dire le diminuant) et ii) les crédits d’impôt
pour investissement, qui sont des déductions spéciales réduisant directement l’impôt sur les sociétés
exigible. Ces deux types d’allégement sont calculés selon un pourcentage fixe des dépenses
d’investissement éligibles. Mais la déduction pour investissement s’imputant sur l’assiette de l’impôt,
sa valeur pour l’entreprise qui investit dépend, entre autres, du niveau du taux de l’impôt sur les
sociétés ; plus il est élevé (faible), plus le montant de l’allégement fiscal est élevé (faible) pour un
montant d’investissement donné. En revanche, une modification du taux de l’impôt sur les sociétés
n’influe pas sur la valeur du crédit d’impôt pour investissement4.
Avec une déduction pour investissement, l’entreprise peut déduire plus rapidement ou plus
largement ses dépenses d’investissement. On peut distinguer deux types de déductions pour
investissement. L’amortissement accéléré permet aux entreprises d’amortir leurs dépenses en capital sur
une période plus brève que la durée de vie économique utile du bien, qui correspond généralement à 29

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Impôt sur les sociétés et investissement direct étranger

l’amortissement comptable. L’amortissement accéléré ne modifie pas la valeur totale du capital à


amortir, mais il augmente la valeur actualisée des déductions en les avançant dans le temps, à une date
plus proche de celle de l’investissement. La valeur actualisée des déductions est naturellement la plus
élevée lorsque l’intégralité du coût du bien peut être déduite au cours de l’exercice où la dépense a
lieu. Avec l’amortissement renforcé, l’entreprise peut amortir le bien au-delà du prix (du marché) auquel il
est acquis. Bien que cela dépende du taux auquel ce coût (majoré) peut être amorti, on court le risque
d’engendrer un flux de déductions spéciales supérieur à la valeur actualisée des coûts d’acquisition
correspondants5.

4. Crédit d’impôt pour investissement

Le crédit d’impôt pour investissement est un autre moyen souvent utilisé pour promouvoir
l’investissement. Il est calculé en pourcentage des dépenses éligibles. Comme on l’a noté au chapitre 1
(section C), le crédit d’impôt s’impute sur l’impôt exigible, à la différence d’une déduction, qui réduit
l’assiette de l’impôt (ainsi, la valeur du crédit d’impôt ne dépend pas du taux de l’impôt sur les
sociétés).

Le crédit d’impôt pour investissement peut être forfaitaire ou marginal. Le crédit d’impôt forfaitaire est
calculé selon un pourcentage fixe des dépenses d’investissement éligibles exposées au cours d’un
exercice. Par contre, le crédit d’impôt marginal est calculé selon un pourcentage fixe des dépenses
d’investissement exposées au cours d’un exercice au-delà d’un certain niveau de référence, qui est
généralement une moyenne mobile (par exemple, le niveau moyen des dépenses d’investissement du
contribuable au cours des trois exercices précédents). Le but du crédit d’impôt marginal est de cibler
l’allégement sur les dépenses supplémentaires qui n’auraient pas été engagées en l’absence de cet
allégement. Mais ce ciblage n’est pas garanti, car l’investisseur pourra déjà avoir programmé une
augmentation de ces investissements par rapport à leur niveau des années précédentes et le crédit
d’impôt marginal a un effet minime ou nul sur les entreprises dont le niveau d’investissement était en
diminution avant son entrée en vigueur (peut-être parce qu’elles venaient d’achever des investissements
importants ou qu’elles se trouvent confrontées à une récession), alors même que les pouvoirs publics
souhaiteraient que les incitations fiscales jouent précisément leur rôle à ce moment-là.

Selon la théorie, les incitations fiscales accordées immédiatement pour une dépense
d’investissement, notamment les crédits d’impôt pour investissement (et les régimes d’amortissement
accéléré, s’ils sont limités aux nouvelles dépenses en capital) devraient avoir un effet incitatif maximal.
De fait, le principal argument en faveur de ces aides à l’investissement, par rapport à la réduction du
taux de l’impôt sur les sociétés, réside en ce qu’elles bénéficient uniquement aux nouveaux
investissements, de sorte qu’on peut ainsi réduire plus fortement le taux effectif d’imposition de
l’investissement pour une perte de recettes moindre6. Une réduction du taux de l’impôt bénéficie aussi
bien au capital « ancien » qu’au capital « nouveau » ; en conséquence, les détenteurs du capital existant
bénéficient d’un effet d’aubaine, car la réduction du taux de l’impôt augmente la valeur actualisée des
flux futurs de bénéfices provenant du capital existant, ce qui fait monter la valeur des actions7. De plus,
les incitations fiscales à effet immédiat peuvent contribuer à remédier à des problèmes de
financement (contraintes de liquidité) à même d’entraver l’investissement. (Cette dernière remarque
s’applique principalement aux petites entreprises et n’est donc sans doute pas déterminante pour
l’IDE des multinationales moyennes et grandes, qui ont accès aux marchés internationaux de capitaux.)

De plus, un crédit d’impôt pour investissement aura un impact maximal s’il s’applique à des actifs à
faible durée de vie plutôt qu’à des actifs à longue durée de vie de même productivité. Cela tient au fait la
valeur actualisée des flux de paiements d’impôts sur un actif à faible durée de vie est inférieure à celle
observée pour un actif à durée de vie plus longue. Par conséquent, un crédit d’impôt pour investissement
à taux fixe annule une plus forte proportion de l’impôt perçu sur le flux de revenus d’un actif à brève
durée de vie. Sous un autre angle, les actifs à faible durée de vie sont remplacés plus fréquemment que
30 ceux à durée de vie longue, de sorte que le crédit d’impôt est utilisé plus fréquemment.

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Les principaux types d’incitations et leurs effets

5. Incitations financières
Les incitations financières, qui ont pour effet de réduire le taux de rendement qu’une société doit
offrir pour ses titres, peuvent être également utilisées pour favoriser l’investissement. Il y a trois
grandes catégories d’incitations financières opérant par le biais du système fiscal, toutes destinées à
réduire le coût du capital de l’entreprise (c’est-à-dire le taux d’actualisation) : i) les incitations fiscales
immédiates (déductions fiscales ou crédits d’impôt), qui allègent l’impôt sur le revenu de l’actionnaire
à raison de ses investissements dans certaines activités (ou prêts en faveur de ces activités) ; ii) les
incitations fiscales indirectes (déductions fiscales ou crédits d’impôt) qui allègent l’impôt sur le revenu
dû par l’actionnaire au titre du produit (dividendes ou plus-values) de ses investissements dans
certaines activités ; iii) les incitations fiscales transférables, qui permettent aux entreprises de
transférer aux investisseurs des déductions fiscales ou des crédits d’impôt qu’elles n’ont pas utilisés
pour des dépenses éligibles et qui seront imputés sur l’impôt au niveau de l’actionnaire et non au
niveau de l’entreprise. Cette dernière forme d’incitation est généralement pratiquée dans le cas où l’on
s’attend à ce que l’entreprise ne soit pas imposable pendant un certain nombre d’années et ne puisse
donc pas faire valoir immédiatement un avantage fiscal.
En ce qui concerne les investisseurs directs étrangers, les incitations financières relèvent
généralement de la catégorie ii). Les mesures possibles d’allégement sont la réduction ou la
suppression de la retenue à la source sur les revenus de dividendes des non-résidents et l’octroi d’une
intégration totale ou partielle (pour l’impôt prélevé, au niveau de la société, sur les dividendes
distribués) dans les systèmes qui accordent aux actionnaires résidents un régime d’imputation ou de
crédit d’impôt pour les dividendes. C’est généralement la source de financement qui détermine si les
mesures allégeant l’imposition des dividendes influent ou non sur l’investissement. En particulier,
certains spécialistes considèrent que cet allégement ne réduira le coût de financement de l’entreprise
que si sa source marginale de financement est l’émission d’actions. Les possibilités qui s’offrent aux
investisseurs directs étrangers soumis à l’impôt sur le revenu mondial de tirer parti d’un crédit d’impôt
au titre de l’impôt perçu à l’étranger, l’existence ou l’absence d’une convention avec le pays de
l’investisseur prévoyant un crédit d’impôt fictif et le régime fiscal de l’« investisseur marginal » peuvent
également être importants.
Les incitations fiscales en faveur de l’IDE exigent parfois que l’entreprise soit détenue à 100 pour
cent par des étrangers. Dans d’autres cas, l’avantage fiscal est accordé aux investisseurs étrangers lorsque
leur participation totale à un investissement local se situe à un niveau inférieur (par exemple, 50 pour
cent). La question qui se pose alors est de savoir s’il faut ou non accorder aux investisseurs nationaux le
même type d’allégement fiscal. Lorsque l’incitation fiscale se situe au niveau de la société (par exemple,
une exonération d’impôt temporaire, un taux réduit pour l’impôt sur les sociétés, un régime
d’amortissement accéléré ou renforcé, un crédit d’impôt pour investissement), l’avantage fiscal est
généralement accordé aussi bien aux investisseurs nationaux qu’aux investisseurs étrangers, sauf s’il est
très ciblé. Si l’on veut inciter davantage les actionnaires nationaux à former des co-entreprises avec des
investisseurs étrangers, on pourra envisager des incitations financières visant les investisseurs nationaux8.
Mais il faut concevoir très soigneusement ces incitations afin d’éviter des abus sous la forme d’allers et
retours de fonds entre la société et les actionnaires pour percevoir davantage de crédits d’impôt.

B. Cadre d’analyse des effets des incitations fiscales au titre de l’impôt sur les sociétés
Les incitations énumérées sous (1) à (5) peuvent être utilement classées selon le mécanisme au
travers duquel elles influent sur les coûts et avantages d’un investissement supplémentaire marginal :
– Les incitations qui réduisent le taux légal (ou nominal, ou « normal ») de l’impôt sur les sociétés
frappant les bénéfices provenant d’un investissement.
– Les incitations qui réduisent le coût d’acquisition, après impôt, de nouveaux équipements (grâce
aux régimes d’amortissement accéléré ou renforcé et aux crédits d’impôt).
– Les incitations qui réduisent le coût de financement, après impôt, de l’acquisition de nouveaux
équipements. 31

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Impôt sur les sociétés et investissement direct étranger

On résumera ci-après un cadre d’analyse, qui remonte aux travaux fondateurs de Jorgenson (1963)
sur la notion de coût d’usage du capital, très utile pour examiner l’influence des incitations fiscales sur les
décisions d’investissement marginal lorsqu’il s’agit de déterminer le niveau ou le rythme
d’investissement pour un projet d’implantation donné. Pour prendre une décision d’implantation d’un
investissement (par exemple, pour choisir un pays d’accueil plutôt qu’un autre) une analyse des taux
moyens d’imposition entrera également en ligne de compte, la taxation des rendements inframarginaux
e t ma rg in au x dé te r min a n t le ta ux g lo bal de re n de me n t a prè s im pô t d’u n pr o je t do n n é
d’investissement.
En théorie, sous certaines hypothèses simplifiées, les dirigeants soucieux de maximiser la valeur
marchande de leur entreprise sur des marchés concurrentiels devraient normalement investir jusqu’à
ce que le bénéfice marginal de la dernière unité de capital installé soit égal à son coût marginal. Cette
condition d’équilibre peut être exprimée comme suit :
(∆Y/∆K)(1 – u) = (r + d)(1 – A) (2.1a)
ou, de façon équivalente,
Fk = (r + d)(1 – A)/(1 – u) (2.1b)
Dans l’expression (2.1b), le terme (Fk = ∆Y/∆K) représente l’augmentation des revenus bruts (Y)
résultant d’une augmentation unitaire (en termes monétaires) du stock de capital de l’entreprise
représentative (ou du secteur représentatif), noté (K). Vu les rendements décroissants du capital
installé à la marge, la valeur de Fk diminue à mesure que le stock de capital augmente. Les revenus de
l’investissement marginal sont soumis au taux légal ou normal de l’impôt sur les sociétés, noté (u). Le
membre de gauche de l’équation (2.1a) mesure le bénéfice marginal d’une unité additionnelle
d’investissement, après impôt.
Le coût marginal après impôt est mesuré par le membre de droite de l’équation (2.1a). Ce coût est
le produit de deux termes. Le terme (1 – A) donne le prix d’achat après impôt d’une unité additionnelle
de capital, le terme A mesurant la valeur actualisée des incitations fiscales liées à l’acquisition d’une
unité de capital. Ces incitations fiscales sont, par exemple, un crédit d’impôt pour investissement et
des déductions fiscales pour amortissement. Plus le taux de ce crédit d’impôt ou de ces déductions est
élevé, plus A est élevé. Le terme (r + d) est la somme du taux de rendement réel exigé par les
investisseurs pour leur investissement, noté (R), et du taux d’amortissement économique du capital en
raison de son usure et de son obsolescence technologique, noté (d). Sur la dernière unité monétaire de
capital installé acquise à un prix après impôt de (1 – A) unités monétaires, l’entreprise supporte une
charge de financement égale à r(1 – A) et, à chaque période, elle doit remplacer le capital vétuste à un
coût après impôt de d(1 – A).
Ce cadre est très utile pour analyser les mécanismes au travers desquels les différentes incitations
fiscales peuvent encourager l’investissement. Premièrement, une réduction du taux légal de l’impôt sur
les sociétés (ou la suppression de cet impôt, sous la forme d’une exonération temporaire) accroît les
revenus après impôt de l’investissement à la marge, ce qui a tendance à augmenter le niveau
d’équilibre du stock de capital. Mais une réduction du taux de l’impôt sur les sociétés diminue
également la valeur actualisée des déductions pour amortissement, de sorte que A diminue. Une
réduction du taux de l’impôt sur les sociétés augmente également le coût, après impôt, du financement
par emprunt car la valeur des déductions pour paiements d’intérêts diminue, de sorte que A diminue
également. Donc, a priori, l’impact d’une réduction du taux de l’impôt sur les sociétés sur l’incitation à
investir est ambigu. Toutefois, le premier effet l’emportera généralement lorsque les paramètres sont
fixés à des valeurs usuelles, ce qui veut dire que l’incitation à investir sera plus forte en cas de
réduction du taux de l’impôt sur les sociétés.
Deuxièmement, l’introduction ou l’élargissement d’un crédit d’impôt pour investissement
augmente la valeur de A, ce qui tend à encourager l’investissement à la marge. De même, un
relèvement du taux d’amortissement fiscal du capital (par exemple un amortissement accéléré ou la
passation en charges immédiate et intégrale) augmente A et, partant, renforce l’incitation à investir.
32 Selon le taux et la conception du crédit d’impôt pour investissement et de la déduction pour

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Les principaux types d’incitations et leurs effets

amortissement, le terme (1 – A) pourra être négatif et le système fiscal pourra au total encourager plutôt
que décourager l’investissement par rapport à la situation de non-imposition. En pareil cas, l’avantage
est d’autant plus grand que le coût est élevé, ce qui accroît le risque d’évasion fiscale et
d’investissement inefficient.
Troisièmement, les pouvoirs publics sont en mesure d’influer sur le coût (R) de financement de
l’entreprise avant impôt sur les sociétés. Comme on l’a déjà indiqué, le coût de financement, qui est en
général une moyenne pondérée du coût de financement par emprunt et sur fonds propres, a tendance
à augmenter si le taux légal de l’impôt sur les sociétés est réduit. Dans certains cas, le coût de
financement sur fonds propres peut être fonction des paramètres liés à l’impôt sur le revenu des
personnes physiques, notamment le degré d’allégement de la double imposition (intégration de
l’impôt sur les sociétés et de l’impôt sur le revenu des personnes physiques). En particulier, dans
certaines situations de financement et d’arbitrage, une baisse des taux d’imposition des dividendes et
des plus-values au niveau de l’actionnaire peut diminuer le coût des fonds levés par l’entreprise et,
ainsi, favoriser l’investissement (voir à ce sujet OCDE [1999]).
Ce cadre analytique peut être utilisé pour l’investissement transfrontalier lorsque la retenue à la
source pour les non-résidents et l’impôt perçu dans le pays d’origine sur les dividendes et/ou les
paiements d’intérêts aux investisseurs étrangers (société mère) peuvent s’appliquer (ce qu’on peut
prendre en compte dans le modèle à travers l’impact sur le coût de financement r), aspect sur lequel
nous reviendrons au chapitre 39. De plus, comme on l’a indiqué précédemment, le choix du site d’un
investissement implique l’examen des taux de rendement globaux après impôt (c’est-à-dire des
dépenses inframarginales et marginales). La taxation des revenus inframarginaux devient de plus en
plus importante en présence d’une rente économique (rendement supérieur au taux exigé ou normal
de rendement) sur les unités inframarginales. Par exemple, lorsqu’on compare deux sites dont on
attend le même taux de rendement avant impôt, c’est le site qui offre le taux de rendement après
impôt le plus élevé sur une base actualisée (le taux effectif moyen d’imposition le plus bas) qui sera en
général préféré (voir OCDE [2000] pour un examen plus détaillé des mérites de l’analyse en termes de
taux marginaux effectifs d’imposition et de taux moyens effectifs d’imposition en ce qui concerne les
décisions de localisation et d’expansion d’un investissement).

C. Évaluation de l’efficacité des incitations fiscales en faveur de l’IDE


Bien que les arguments fondés sur la défaillance des marchés et sur la compétitivité régionale ou
internationale puissent aller dans le sens d’une intervention sur le marché au moyen de la fiscalité, il
est essentiel d’évaluer les conditions et spécificités de l’investissement dans le pays d’accueil pour
déterminer si les éventuels obstacles à l’investissement peuvent être compensés par des incitations
fiscales. Lorsque les dirigeants d’un pays se trouvent confrontés à la question de la mise en place
d’incitations fiscales en faveur de l’IDE, ils doivent absolument s’interroger sur les points suivants :
Quels sont les entraves à l’investissement et peuvent-elles être surmontées avec un bon rapport coût-efficacité au
moyen d’incitations fiscales ?
C’est évidemment une question épineuse dans la plupart des cas, mais qui va au cœur du
problème des incitations fiscales. Lorsque l’IDE est faible, on doit se demander s’il faut s’attaquer à ces
obstacles par la réglementation fiscale et/ou par des changements de politique structurelle dans
d’autres secteurs.
Dans un pays d’accueil, il peut y avoir un ou plusieurs obstacles à l’IDE liés au fonctionnement du
marché ou aux politiques mises en œuvre. Par exemple, l’IDE peut être découragé dans un pays ou une
région si les facteurs de production nécessaires (par exemple, une main-d’œuvre qualifiée suffisante,
les ressources naturelles, l’énergie) ne sont pas disponibles ou ne peuvent y être acheminés à un coût
compétitif. Les coûts liés à la mise sur le marché des produits peuvent également constituer un facteur
important. En effet, les études de cas montrent que l’accès aux marchés en amont et en aval de la production et
aux infrastructures est fondamental pour l’IDE dans un certain nombre de secteurs. La taille du marché est
également décisive. L’IDE sera stimulé par l’existence d’un grand marché potentiel dans la région
considérée du pays d’accueil si la demande de consommation est restée largement insatisfaite au 33

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Impôt sur les sociétés et investissement direct étranger

moment du projet. A l’inverse, si la demande pour un produit donné est faible dans la région et si les
coûts d’exportation sont relativement élevés, il faut s’attendre à ce que l’IDE choisisse une autre
destination. Lorsqu’on détecte des obstacles à l’IDE, il est essentiel de se demander si des incitations
fiscales pourront contrebalancer, avec un bon rapport coût-efficacité, les décisions d’investissement
fondées sur un calcul économique aboutissant au choix d’un autre site (il faut tenir compte à cet égard
non seulement des pertes de recettes pour les activités qui sont ciblées, mais aussi des déperditions
de recettes non voulues).
Les études de cas soulignent en outre le rôle fondamental de la stabilité politique et de la stabilité de
l’environnement macroéconomique. Ce sont des composantes clés du succès d’un dispositif visant à favoriser
l’IDE, en particulier dans le cas des pays en développement (voir OCDE, 1995)10. Il est évident que
l’instabilité politique ou la menace d’instabilité politique peut être le principal obstacle à l’IDE, car
l’ensemble des politiques publiques sont alors entachées d’incertitude. Au niveau macroéconomique,
l’instabilité des taux de change et du niveau des prix peut elle aussi accroître l’incertitude et le risque
perçu par l’investisseur direct étranger, ce qui a tendance à entraver les flux d’investissements. D’où
l’importance d’une politique budgétaire saine à court terme et à long terme. En outre, l’IDE sera
probablement découragé si le cadre juridique est incompatible avec le bon fonctionnement d’une société
à capitaux étrangers. Il faut notamment souligner à cet égard la protection des droits de propriété, la
possibilité de rapatrier les bénéfices et l’existence d’un marché libre des changes.
Lorsque la politique fiscale est considérée comme un élément décisif, la transparence de la législation
fiscale et la certitude administrative sont souvent jugées plus importantes par les investisseurs que les
allégements fiscaux spéciaux. L’incertitude quant au régime fiscal de l’IDE aggrave le risque perçu et
décourage donc l’investissement. Cela est particulièrement important pour les investissements à long
terme intensifs en capital qui sont particulièrement recherchés par la plupart des pays. La réglementation
fiscale doit donc être rédigée avec la plus grande précision possible. Elle doit s’efforcer d’établir un
régime clair pour les opérations de base, y compris celles qui peuvent être plus complexes (par exemple,
la restructuration d’une entreprise). Elle doit être administrée dans un souci extrême de cohérence et
laisser à l’arbitraire aussi peu de place que possible. Il faut aussi que le contribuable puisse disposer
aisément d’interprétations et de décisions préalables.
De plus, il faut réduire au minimum les modifications fréquentes et importantes de la réglementation fiscale.
Bien que des ajustements soient inévitables en période de transition et de réforme, il faut bien garder
à l’esprit que les modifications fréquentes de la réglementation fiscale, bien plus que les textes fiscaux
eux-mêmes, peuvent nourrir le sentiment que le système fiscal est complexe et qu’il est difficile de s’y
conformer. Des changements fréquents peuvent compliquer l’administration de l’impôt et avoir
d’autres effets inattendus et indésirables. L’utilisation des incitations fiscales à des fins contracycliques
peut se révéler problématique, car l’impact des incitations fiscales sur l’investissement sera long à se
faire sentir, l’effet de stimulation pouvant ne se produire qu’après la sortie de la récession 11. Il peut
être également difficile de revenir sur des mesures « temporaires », vu les pressions qui s’exercent
pour les proroger ou les pérenniser.
La latitude de l’administration est également un élément important. D’un côté, accorder des incitations
fiscales uniquement avec l’approbation préalable des autorités peut être une solution séduisante, car
on améliore ainsi le ciblage sur les activités souhaitées et on limite les possibilités d’évasion fiscale,
l’utilisation de la mesure et, plus généralement, les pertes de recettes fiscales. Mais la procédure
d’approbation pe ut être lon gu e et lou rde. Le caractè re discré tio nnaire des décisions de
l’administration peut également nuire à la transparence du système fiscal, alimentant un sentiment
d’iniquité et aggravant l’incertitude, avec toute les conséquences négatives pour l’investissement.
Les coûts résultant de ces obstacles à l’IDE, et d’autres entraves, sont généralement pris en
compte par les investisseurs directs étrangers lorsqu’ils comparent les coûts d’un site dans un pays par
rapport à un autre. Les incitations fiscales peuvent rendre plus attrayant un pays, mais bien souvent les
allégements offerts seront insuffisants pour compenser les coûts supplémentaires qui seraient
supportés en investissant dans ce pays. En particulier, si une entreprise multinationale n’est pas en
34 mesure de dégager des bénéfices de certaines activités exercées dans un pays donné, il est peu

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Les principaux types d’incitations et leurs effets

probable que des incitations fiscales aient un impact notable sur le niveau d’IDE dans ce pays. Cela
sera généralement le cas pour les biens et services produits dans un contexte de concurrence et dont
les prix sont fixés sur les marchés internationaux, car on peut alors répondre à la demande pour le
produit en localisant la production dans un autre site offrant un accès à moindre coût aux
approvisionnements et aux marchés. Dès lors, une réduction du taux effectif d’imposition des bénéfices
n’est intéressante que si des bénéfices avant impôt peuvent être réalisés.
Accorder à des entreprises non rentables (déficitaires) qui ne sont pas imposables (et qui ne
peuvent donc pas utiliser les déductions, abattements et crédits d’impôts spéciaux) le remboursement
direct d’incitations fiscales auxquelles elles ont droit, mais qu’elles n’ont pas pu utiliser, ne fait
généralement que multiplier les montages fiscaux conçus dans le but de bénéficier des subventions
publiques, au lieu d’attirer des investissements de bonne foi dans les secteurs visés. De plus, un projet
est rarement viable si l’investissement n’est pas rentable avant impôt. Lorsque les incitations fiscales
ne sont pas à même de contrebalancer les coûts supplémentaires et les pertes d’exploitation en cas
d’investissement dans un pays d’accueil potentiel, le pays considéré doit les éviter et s’épargner la
charge nette qui en résultera. En particulier, il vaudrait mieux en général éviter les coûts administratifs
de mise en œuvre de la réglementation fiscale ainsi que les pertes de recettes fiscales découlant des
inévitables « déperditions » des incitations fiscales au profit d’activités non visées.
Lorsqu’une entreprise est capable de dégager des bénéfices ses activités dans un pays d’accueil,
les incitations fiscales peuvent réussir à attirer des IDE supplémentaires. Le graphique 2.1 illustre le
cas où une réduction du taux légal de l’impôt sur les sociétés (de u0 à u1 ) a l’effet souhaité, à savoir
encourager les sociétés mères étrangères à accroître leur stock de capital dans le pays d’accueil. Le
graphique fait apparaître la progression de ce stock d’un niveau d’équilibre à l’état stationnaire de K0
unités de capital à un niveau de K1 après la réforme. Bien qu’elle n’indique pas la dynamique et la
vitesse d’ajustement au nouvel état stationnaire et l’éventuelle rente économique dégagée sur les
unités inframarginales, cette analyse permet d’illustrer certains résultats comparatifs statiques et les
conséquences fiscales directes. Cet exemple peut être utilisé pour identifier les éléments susceptibles
d’entrer en ligne de compte dans une analyse coûts-avantages conduite par le pays d’accueil pour se
prononcer sur l’opportunité d’une réduction du taux de l’impôt.
En général, il sera de l’intérêt d’un pays d’accueil de mettre en place une incitation fiscale si et
seulement si la valeur actuelle des avantages dont bénéficient ses résidents sur le plan social, notée
PV (Bs), est supérieure à la valeur actuelle des coûts sociaux PV (Cs). On peut écrire comme suit cette
condition d’efficience en termes de valeur actualisée nette :
NPV = {PV (Bs) – PV (Cs)} > 0 (1.4)
Dans le graphique 2.1, l’équilibre initial se situe au point b, où la droite de demande de capital
après impôt, notée (Fk – d)(1 – u0) croise la droite horizontale d’offre de fonds au taux de rendement
après impôt exigé, r*, qui est fixé sur les marchés mondiaux de capitaux12. La réduction du taux de
l’impôt sur les sociétés se traduit par un nouvel équilibre au point e, la courbe de demande se
déplaçant en (Fk – d)(1 – u1). Le rendement du capital se répartit entre le pays d’accueil et le pays
d’origine. Avant la réforme, le rendement total du capital (net d’amortissement) d’un montant
(rg0 × K0), qu’illustre le rectangle (0 × K 0 × a × rg 0), est réparti de la façon suivante. L’administration
fiscale du pays d’accueil prélève un impôt sur les sociétés d’un montant (u0 × rg0 × K0), représenté par
le triangle (r*.b.a.rg0 ), tandis que les revenus des non-résidents, d’un montant (r* × K0 ), vont aux
actionnaires directs étrangers et aux administrations fiscales étrangères percevant un impôt sur les
bénéfices réalisés dans le pays d’accueil. La répartition du revenu total du capital après la réforme
(rg1 × K 1) est décrite de la même manière dans le graphique 2.1. (On notera que le graphique ne tient
pas compte, pour simplifier, d’une éventuelle retenue à la source sur les dividendes applicable aux
non-résidents ; si une retenue à la source est perçue, il faudra également prendre en compte les
recettes que procure cette retenue à la source).
Pour déterminer les avantages sociaux nets, il faut prendre en compte la variation nette de l’impôt
sur les sociétés résultant de l’augmentation de l’investissement. Les bénéfices supplémentaires après
impôt découlant de l’IDE supplémentaire (représentés par le rectangle b.e.K0.K1) ne sont pas intégrés 35

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Impôt sur les sociétés et investissement direct étranger

Graphique 2.1. Réduction du taux légal de l’impôt sur les sociétés : l’impact sur le surplus
et les recettes fiscales

Taux de rendement avant


et après impôts sur les sociétés

(Fk–d)

(Fk–d)(1–u1)

(Fk–d)(1–u0)
a
rg0

c d
rg1

b
r*
e

0 K0 K1 Stock de capital

Source : Design de l’auteur.

dans le calcul, car ils reviennent aux non-résidents. Les recettes fiscales supplémentaires résultant du
stock de capital plus important (∆K = K1 – K0) sont représentées par le rectangle (b.c.d.e) et mesurées
par (u1 × rg 1 × ∆K), où rg1 est le nouveau taux de rendement avant impôt (après la réforme). Dans le
même temps, la réforme fiscale fait perdre des recettes au titre de l’impôt sur les sociétés pour les
revenus provenant des investissements inframarginaux (c’est-à-dire, les revenus dégagés à partir du
stock de capital initial K0). Dans le graphique, les recettes fiscales du pays d’accueil provenant du stock
de capital initial K 0 sont plus faibles en raison de la réduction du taux d’imposition, cette diminution
correspond au triangle grisé (rg 0.a.c.rg1)13 . Lorsque la réduction du taux d’impôt sur les sociétés est
ciblée sur les « nouvelles » sociétés ou un sous-ensemble d’activités (par exemple, le secteur
manufacturier), les coûts devront inclure une estimation des déperditions d’allégements fiscaux au
profit de branches non visées (ces effets ne sont pas illustrés dans le graphique).
En général, le calcul de la valeur actualisée nette peut prendre également en compte les
avantages sociaux nets résultant des créations d’emplois dont s’accompagne l’augmentation de
l’investissement. Mais, en l’absence de rigidités ou de distorsions sur le marché du travail avant la
réforme, il faut bien avoir à l’esprit qu’une augmentation de l’emploi dans les secteurs visés peut
représenter une perte nette de bien-être. Par exemple, on ne saurait considérer que l’augmentation de
l’emploi accroît le bien-être social net lorsque l’apport de salariés provient de secteurs non
subventionnés ou lorsque l’accroissement de la demande de travail résultant des incitations en faveur
de l’IDE fausse un arbitrage efficient entre le travail et les loisirs.
Cependant, l’augmentation de l’emploi peut se traduire par des avantages sociaux nets lorsque
des distorsions du marché du travail ont abouti à un niveau d’emploi anormalement faible. Par
exemple, lorsque l’offre de travail est supérieure à la demande à cause d’un dispositif de salaire
36 minimum, stimuler la demande de travail grâce à des incitations en faveur de l’IDE peut réduire le taux

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Les principaux types d’incitations et leurs effets

de chômage et entraîner des gains d’efficience. Par ailleurs, lorsque le salaire de réserve se situe à un
niveau artificiellement élevé en raison de prestations sociales, une hausse des salaires en raison d’une
demande accrue de travail peut améliorer le bien-être social net en intégrant davantage de travailleurs
sur le marché du travail et en les faisant sortir d’un régime de prestations sociales. Il peut y avoir
également un avantage social net lorsque l’IDE permet un transfert de qualifications et aboutit à une
augmentation du revenu du travail et à une amélioration du bien-être des ménages. Une telle
formation peut être fournie efficacement si elle est couplée à l’investissement étranger et dispensée
sur le site de production. Une augmentation de l’offre de travail et de l’emploi pour les qualifications
moyennes et élevées pourra être une composante essentielle de l’amélioration du bien-être social net
découlant d’une augmentation de l’IDE. Lorsque des revenus salariaux supplémentaires sont créés,
l’avantage social pour le pays d’accueil sera généralement mesuré par la masse salariale brute, l’impôt
sur le revenu, les cotisations salariales de sécurité sociale et d’autres impôts éventuels frappant les
revenus bénéficiant à l’ensemble de la société par le biais des dépenses et des transferts des
administrations publiques.
Le calcul de la valeur actualisée nette pourra également prendre en compte la demande accrue
d’usines, bâtiments, machines et matériaux, dans la mesure où ces facteurs de production proviennent
de sources internes (c’est-à-dire ont créé de la valeur ajoutée dans le pays), au lieu d’être importés, et
dans la mesure où les marchés de facteurs du pays d’accueil sont contraints par la demande. Afin
d’agréger ces avantages aux recettes nettes supplémentaires de l’impôt sur les sociétés, voire aux
revenus salariaux supplémentaires, le coût des achats doit être converti en valeur locative équivalente.
Une résumé de l’analyse coûts-avantages déborderait le cadre de cette étude ; il n’en reste pas moins
que l’évaluation des avantages nets découlant de l’utilisation accrue des facteurs doit refléter
correctement les coûts d’opportunité et les prix « implicites ».
Lorsqu’on mesure les coûts pour la collectivité, les coûts administratifs liés à la modification de
l’impôt doivent être évidemment pris en compte. Ces coûts auront tendance à augmenter quant on
cible la réduction du taux, et il faudra y inclure le coût du personnel et des équipements nécessaires
pour traiter les demandes d’information et vérifier les comptes des contribuables afin de déterminer
si les règles de ciblage ont été respectés. Ces coûts devront comprendre également une estimation
des coûts supportés par le contribuable (éligibles ou non) pour comprendre la réglementation fiscale
et s’y conformer. De plus, si des incitations fiscales ciblées créent un sentiment d’injustice du
système fiscal – parce qu’elles bénéficient à certains groupes et pas à d’autres – et affaiblissent donc
le taux de respect des obligations fiscales, il faudra inclure une estimation des pertes de recettes
fiscales qui en résultent.
Lorsqu’on évalue les coûts et avantages des incitations fiscales en faveur de l’IDE, un autre
élément peut entrer en ligne de compte : on jugera parfois ces incitations nécessaires parce que des
allégements similaires sont offerts dans les pays voisins, qui cherchent eux aussi à obtenir des capitaux
étrangers. La question se pose alors de savoir quelle doit être la forme appropriée et l’ampleur des
incitations fiscales. Il faut aussi se demander si les pressions allant dans le sens d’un élargissement des
allégements fiscaux vont s’accentuer en cas de concurrence fiscale sans bornes. D’autres problèmes
vont également se poser sur le plan de la conception de l’incitation fiscale. Il faudra enfin se demander
si l’investisseur direct étranger pourra obtenir un taux de rendement supérieur à un taux minimal dans
un pays d’accueil donné et dans des pays concurrents de la région en l’absence d’incitations fiscales
spéciales. En pareil cas, les responsables souhaiteront peut-être examiner la possibilité d’une
coordination des politiques dans le domaine des incitations fiscales, afin d’éviter des pertes de
recettes fiscales et des gains d’aubaine pour les investisseurs étrangers, c’est-à-dire des allégements
fiscaux allant au-delà de ce qui est nécessaire pour obtenir un taux de rendement compétitif après
impôt sur les sociétés ; il s’agira également d’examiner les problèmes éventuels d’équité et d’efficience
dans le contexte de l’utilisation d’incitations fiscales spéciales.
Enfin, lorsque les responsables sont convaincus que les incitations fiscales peuvent réduire les
obstacles à l’IDE et, du fait de l’augmentation de l’IDE, procurer des avantages supérieurs aux pertes
de recettes fiscales et au coût des programmes mis en œuvre par les pouvoirs publics, il serait 37

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Impôt sur les sociétés et investissement direct étranger

prudent d’étudier s’il ne conviendrait pas de modifier les politiques dans d’autres secteurs pour
réduire les obstacles à l’IDE qui ne relèvent pas de la fiscalité. Comme on l’a indiqué plus haut, les
pouvoirs publics ne maîtrisent guère certains obstacles à l’IDE, qui ne peuvent être surmontés ni par
des incitations fiscales, ni par d’autres aides. Par exemple, lorsqu’une région est très éloignée des
sources d’énergie ou des débouchés nécessaires et que les coûts de transport et des autres coûts
structurels sont bien plus élevés que pour un autre site de production, les incitations fiscales seront
généralement inopérantes. Mais, dans certains cas, les dépenses de l’État peuvent jouer un rôle
crucial. On peut prendre comme exemples des dépenses accrues dans le domaine de l’éducation
pour augmenter le nombre des travailleurs qualifiés, des travaux publics pour améliorer le réseau
routier, les aéroports et d’autres infrastructures, et les mesures prises pour développer et renforcer
le droit des brevets et d’autres garanties de la propriété intellectuelle. On pourra également
envisager une information des investisseurs potentiels sur les avantages qu’il y a à exercer des
activités dans le pays d’accueil. Lorsqu’on s’attaque à ces obstacles de cette façon, cela peut
contribuer à atténuer les pressions allant dans le sens de l’adoption d’incitations fiscales et
permettre d’éliminer progressivement ces aides.

38

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Les principaux types d’incitations et leurs effets

NOTES

1. Pour de nombreux dispositifs, le ciblage (ou « cantonnement ») des incitations en les réservant uniquement
aux capitaux apportés par les investisseurs étrangers (non résidents) est difficile, car les investisseurs
nationaux s’efforceront d’obtenir les mêmes avantages en reconfigurant leurs opérations de manière à
bénéficier du statut d’« investisseur étranger ».
2. Il est possible également de réduire la retenue à la source qui frappe dans le pays de la source les revenus
prenant la forme d’intérêts ou de redevances.
3. Une formule simple devra être utilisée pour déterminer la proportion des bénéfices ouvrant droit à
l’exonération ; il pourra s’agir d’une grandeur globale comme les salaires, le revenu total ou les actifs.
4. Le niveau du taux de l’impôt sur les sociétés peut influer indirectement sur la valeur du crédit d’impôt pour
investissement dans la mesure où le crédit d’impôt accordé est limité par le montant même de l’impôt (lui-
même fonction du taux de l’impôt sur les sociétés).
5. On notera que les deux types d’amortissement peuvent être combinés, en accordant un amortissement
accéléré au-delà du coût majoré.
6. Ce raisonnement ne vaut pas autant lorsque la réduction du taux de l’impôt sur les sociétés s’applique
uniquement aux nouveaux investissements. Dans la pratique, il est très difficile de réserver cette mesure aux
nouveaux investissements, car les entreprises en place vont essayer de requalifier leurs activités pour
bénéficier de l’allégement fiscal.
7. Il est également important de reconnaître qu’un crédit d’impôt pour investissement ne s’appliquant pas au
capital existant inflige une perte fortuite (c’est-à-dire fait baisser la valeur des actions) aux détenteurs du
capital existant (pour la même raison que la valeur ou le prix de tout autre actif diminue, toutes choses étant
égales par ailleurs, si le prix d’acquisition d’une nouvelle unité diminue).
8. Les incitations financières peuvent également viser les investisseurs de portefeuille non résidents. Voir le
rapport de l’OCDE Imposition des investissements de portefeuille transfrontaliers – organismes de placement collectifs et
distorsions fiscales éventuelles, 1999, pour un examen des questions fiscales concernant les investissements de
portefeuille et l’impact des allégements fiscaux sur les structures internationales d’investissement direct (non
intermédiées) et intermédiées (organismes de placement collectif).
9. Voir Bovenberg, Anderson, Aramak et Chand (1990) pour une illustration simple.
10. A côté des études économétriques (empiriques), les études de cas constituent la deuxième branche de
recherche pour l’analyse de la sensibilité de l’IDE à la fiscalité du pays d’accueil et de l’efficience des incitations
fiscales accordées par le pays d’accueil. Comme pour les résultats empiriques, il faut se montrer prudent
lorsqu’on interprète les résultats des études de cas. Les questions posées aux investisseurs doivent être
soigneusement rédigées si l’on veut savoir quelle est l’opinion véritable sur les effets qu’auront les incitations
fiscales en termes d’investissements supplémentaires ; en effet, les investisseurs ont souvent tendance à vouloir
obtenir une aide des pouvoirs publics. La tendance à ne pas fournir une réponse sincère peut varier selon la
catégorie d’investisseurs et dans le temps. Par exemple, les réponses pourraient être plus conformes à la vérité
lorsque les finances de l’État ont été si fortement ponctionnées par des incitations fiscales qui se sont révélées
largement inefficaces pour promouvoir l’investissement qu’à un certain stade les investisseurs eux-mêmes
pourraient exprimer une opinion plus exacte au sujet de l’efficience des incitations fiscales dans l’intérêt de tous
les contribuables, des finances publiques et de la bonne santé de l’économie locale (toutefois, dans le cas de
l’IDE, il ne faut peut-être pas s’attendre aussi souvent à ces motivations vertueuses).
11. Ce décalage tient à plusieurs facteurs. Premièrement, il faut un certain temps pour s’apercevoir qu’on est en
récession. Ensuite, la conception de l’incitation fiscale, la rédaction d’un projet de loi, puis son adoption
prennent du temps. L’incertitude quant aux nouvelles règles et à leur champ d’application peut se traduire par
de nouveaux délais. Enfin, un certains laps de temps s’écoule entre la décision d’investissement et la
dépense.
12. La droite (Fk – d) du graphique 2.1 fait apparaître le taux de rendement avant impôt (net d’amortissement, au
taux d) correspondant au stock de capital national K mesuré en abscisse. La droite a une pente vers le bas
dans l’hypothèse où la valeur du produit marginal du capital Fk diminue lorsque le stock de capital augmente 39

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Impôt sur les sociétés et investissement direct étranger

(voir également à ce sujet la section B). La droite (Fk – d)(1 – u0) fait apparaître le taux de rendement net après
impôt à différents niveaux de stock de capital, u 0 représentant le taux légal initial de l’impôt sur les sociétés.
Lorsque le taux de l’impôt est réduit de u0 à u1, la droite de demande se déplace en (Fk – d)(1 – u1), ce qui
donne un nouvel équilibre au point e pour un stock de capital K1.
13. On notera qu’il ne faut pas tenir compte, dans les coûts mesurés, des recettes d’impôt perdues (du fait de la
réduction du taux de l’impôt) sur les bénéfices réalisés à partir du capital acquis uniquement grâce à
l’allégement fiscal (car le capital nouveau de montant ∆K n’existerait pas avec le taux d’imposition plus élevé).

40

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Chapitre 3
ÉVALUATION DES INTERACTIONS ENTRE LA FISCALITÉ
DU PAYS D’ACCUEIL ET CELLE DU PAYS D’ORIGINE

Lorsqu’on veut évaluer les effets probables des incitations fiscales offertes par un pays d’accueil, il
faut aller au-delà de la réglementation fiscale de ce pays et prendre en compte le régime des revenus
de source étrangère (provenant du pays d’accueil) dans le pays d’origine de l’investisseur direct
étranger. Il est important d’examiner ces interactions fiscales, car les conséquences qui peuvent en
découler dans le pays d’origine sont susceptibles de réduire l’impact de l’avantage fiscal consenti dans
le pays d’accueil. De fait, les réglementations fiscales de plusieurs pays doivent entrer en ligne de
compte, par exemple lorsque le financement provient d’une filiale offshore ou d’une société holding.
La première section de ce chapitre passe en revue les principales méthodes utilisées par les pays
pour taxer les bénéfices provenant de l’IDE et examine les réglementations fiscales du pays d’origine
qui peuvent neutraliser, partiellement ou totalement, les incitations fiscales accordées dans le pays
d’accueil. On formulera dans la deuxième section plusieurs réserves importantes concernant le
fonctionnement de ces mécanismes, dont l’effet est tantôt de renforcer les mesures fiscales
compensatrices du pays d’origine, tantôt de les affaiblir. On verra tout d’abord que l’impact
compensateur de la fiscalité du pays d’origine peut dépendre des sources de capitaux utilisées pour
financer l’IDE à la marge. On envisagera ensuite le « mixage » possible des revenus d’investissements
de source étrangère (aux fins des crédits d’impôt étranger) et comment il peut être utilisé pour réduire
l’impôt dans le pays d’origine. Il faut prendre en compte un autre paramètre important : la possibilité,
dans de nombreux systèmes fiscaux, de reporter la taxation dans le pays d’origine jusqu’au moment du
rapatriement des bénéfices acquis à l’étranger. On constate en outre que le recours aux paradis fiscaux
s’accroît pour éviter que les revenus de source étrangère soient taxés dans le pays d’origine. Il existe
toutefois certaines parades, notamment l’application du régime de la société étrangère contrôlée, qui a
pour effet de renforcer la taxation dans le pays d’origine (avec des conséquences négatives pour les
incitations fiscales accordées dans le pays d’accueil). Enfin, on examinera l’intérêt qu’il peut y avoir
pour le pays d’accueil de négocier un dispositif de « crédit d’impôt fictif » dans ses conventions
fiscales, le but étant de préserver les incitations fiscales en évitant la taxation, par le pays d’origine, des
bénéfices acquis à l’étranger.

A. Méthodes de taxation des revenus de source étrangère


Les pays appliquent en général l’une des deux méthodes suivantes pour le traitement des
bénéfices distribués provenant d’IDE1. Avec la méthode « territoriale », les dividendes de source
étrangère sont généralement exonérés d’impôt dans le pays d’origine ; ils sont uniquement imposables
dans le pays de la source (d’accueil). Par conséquent, pour déterminer l’impôt total qui frappe, au
niveau de la société, les revenus provenant d’IDE, il n’y a pas à se demander quelle peut être la
fiscalité dans le pays d’origine. Autrement dit, seule l’imposition dans le pays d’accueil compte pour
l’investisseur qui réside dans un pays pratiquant l’exonération.
En revanche, avec la méthode du revenu mondial, le principe est la taxation fondée sur la
résidence. Les pays appliquant la méthode de la résidence (par exemple, les États-Unis, le Royaume-
Uni et le Japon) taxent les investisseurs résidents sur leur revenu mondial, lequel comprend les
revenus de source étrangère. Le pays d’origine prend en compte les revenus bruts de source étrangère 41

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Impôt sur les sociétés et investissement direct étranger

(avant impôt acquitté à l’étranger) et les impôts lors du rapatriement, mais, pour éviter la double
imposition de ces revenus, il accorde un crédit d’impôt au titre de l’impôt acquitté à l’étranger. Les
retenues à la source sont considérées comme un impôt sur le revenu, bien qu’elles soient perçues en
brut, et elles sont donc imputables2.
Le crédit d’impôt maximum au titre de l’impôt acquitté à l’étranger qui peut être imputé sur
l’impôt dû dans le pays d’origine est généralement limité au montant de l’impôt perçu dans le pays
d’origine sur le revenu brut 3. La méthode fondée sur la résidence (revenu mondial) avec prise en
compte du revenu brut et imputation de l’impôt acquitté à l’étranger permet au d’accueil (de la source)
de taxer le premier les bénéfices des filiales, mais ensuite les revenus distribués sont taxés au taux
d’imposition appliqué dans le pays d’origine et un crédit d’impôt est accordé dans le pays d’origine à
hauteur de l’impôt acquitté à l’étranger.
Le tableau 3.1 illustre les diverses formes de revenus de source étrangère et d’entités opérant à
l’étranger, les types de taxation possibles dans le pays d’accueil (de la source), les impôts étrangers qui
donnent généralement lieu à un crédit d’impôt et le régime fiscal possible dans le pays d’origine. On
s’attachera essentiellement dans l’analyse qui suit au régime des bénéfices rapatriés d’une filiale
étrangère (dividendes directs de l’étranger). On verra quel est l’impact fiscal pour l’investisseur direct
étranger dans les pays qui pratiquent la taxation fondée sur la résidence, en examinant deux cas, celui du
crédit d’impôt insuffisant et celui du crédit d’impôt excédentaire. L’interaction des systèmes fiscaux du
pays d’accueil et du pays d’origine est étudiée en détail à l’annexe I, au moyen de formules mesurant le
taux effectif d’imposition dans le pays d’origine, le taux global d’imposition dans le pays d’accueil et
dans le pays d’origine et le taux d’imposition des sommes rapatriées correspondant à la distribution
d’une unité de bénéfices avant impôt dégagée au niveau de la filiale.

1. Le cas du « crédit d’impôt étranger insuffisant »


Prenons un système fiscal fondé sur la résidence, qui taxe les investisseurs directs résidents,
souvent les sociétés mères, sur leur revenu mondial, tout en accordant un crédit d’impôt pour l’impôt
acquitté à l’étranger afin d’éviter la double imposition. Si le taux de l’impôt sur les sociétés dans le
pays d’origine est supérieur au taux effectif de l’impôt sur les sociétés dans le pays d’accueil, plus le
taux de retenue à la source sur les dividendes – cas du « crédit d’impôt étranger insuffisant » –
l’investisseur direct du pays d’origine supporte pour ses revenus de source étrangère rapatriés un
impôt similaire à celui qui frappe ses revenus de source nationale. En particulier, comme le montre
l’annexe I, l’impôt cumulé du pays d’accueil et du pays d’origine sur la distribution d’une fraction (λ)
des bénéfices avant impôt de la filiale (Π) peut être calculé de la façon suivante :
TC = λ Π (U – χ) (3.1)
où λ Π mesure les bénéfices avant impôt distribués à la société mère, u est le taux de l’impôt sur
les sociétés dans le pays d’origine et χ mesure le montant des crédits d’impôt étranger inutilisés (par
unité monétaire de bénéfices distribués) acquis au titre d’autres revenus durant l’exercice en cours
(dans le cadre des possibilités de « mixage » [voir ci-dessous]) ou d’autres exercices (dans le cadre des
possibilités de report des crédits d’impôt étranger (qui peuvent être utilisés pour compenser l’impôt
intérieur frappant la distribution). Lorsqu’aucun crédit d’impôt inutilisé concernant d’autres revenus de
source étrangère n’est disponible pour compenser l’impôt intérieur sur les dividendes étrangers (c’est-
à-dire lorsque χ = 0), l’équation (3.1) montre que le taux d’imposition dans le pays d’origine u
applicable aux revenus de source interne s’applique également aux revenus de source étrangère. Dans
ce cas, on s’aperçoit que les incitations fiscales du pays d’accueil qui diminuent le taux effectif
d’imposition dans ce pays n’influent pas sur le montant cumulé de l’impôt du pays d’accueil et de
l’impôt du pays d’origine sur les bénéfices avant impôt distribués à la société mère.

2. Le cas du « crédit d’impôt étranger excédentaire »


En revanche, si la société mère se trouve dans une situation de « crédit d’impôt étranger
42 excédentaire », les crédits d’impôt étranger compensant l’impôt intérieur sur les revenus de source

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Évaluation des interactions entre la fiscalité du pays d’accueil et celle du pays d’origine

étrangère, l’impôt cumulé du pays d’accueil et du pays d’origine sur la distribution de bénéfices
étrangers résulte de l’équation suivante :
TC = λΠ (u* + wf(1 – u*)) (3.2)
où u* est le taux moyen effectif d’imposition du pays d’accueil et wf
est le taux de la retenue à la
source perçue dans le pays d’accueil sur les non-résidents pour la distribution de dividendes directs
par la filiale4. Cette équation se caractérise par l’absence de paramètres fiscaux pour le pays d’origine,
l’impôt dans le pays d’origine étant éliminé grâce aux crédits d’impôt étrangers. Puisque les bénéfices
étrangers ne sont pas taxés dans le pays d’origine, les incitations fiscales accordées dans le pays
d’accueil qui réduisent dans le pays d’origine le taux d’imposition des bénéfices étrangers ne sont pas
neutralisées par le système fiscal du pays d’origine. Ce résultat reste le même si le pays d’accueil
augmente ses incitations fiscales, jusqu’à ce que le taux effectif d’imposition dans le pays d’accueil
diminue au point où l’impôt frappe dans le pays d’origine les bénéfices distribués (c’est-à-dire au point
où les crédits d’impôt étrangers sont insuffisants pour neutraliser l’impôt dans le pays d’origine).

Tableau 3.1. Principales catégories de revenus de source étrangère (provenant d’un pays d’accueil)
et régime fiscal possible dans le pays d’origine
Impôts possibles dans Impôts du pays de Régime fiscal possible
Revenus de source étrangère
le pays de la source la source imputables dans le pays d’origine

Revenus d’une filiale étrangère


Dividendes directs (participation 10 %) IS, RS IS, RS Exonération (non conditionnelle)
Exonération (subordonnée à la taxation
dans le pays d’accueil)
Régime de crédit (report ou,
éventuellement, fait générateur)
Dividendes de portefeuille IS, RS RS Régime de crédit
(participation < 10 %)
Intérêts RS RS Régime de crédit
Loyers et redevances RS RS Régime de crédit
Revenus d’une succursale étrangère
Bénéfices de la succursale IS, IBS IS, IBS Exonération (non conditionnelle)
Exonération (subordonnée à la taxation
des revenus dans le pays d’accueil)
Régime de crédit (fait générateur)
Note : IS = Impôt sur les sociétés. RS = Retenue à la source. IBS = Impôt sur les bénéfices de la succursale (équivalent de l’IS au niveau de la
succursale)

Le résultat observé ci-dessus dans le cas d’un crédit d’impôt étranger excédentaire, sans impôt perçu
dans le pays d’origine, s’apparente à celui observé avec un système fondé sur la source. La différence est
que dans le premier cas la réglementation concernant le crédit d’impôt étranger élimine l’impôt dans le
pays d’origine, alors que dans le deuxième cas il n’y a pas du tout assujettissement à l’impôt dans le pays
d’origine (c’est-à-dire que l’impôt intérieur ne s’applique pas aux revenus actifs de source étrangère).
Par conséquent, comme on l’a illustré ci-dessus, lorsqu’un investisseur direct étranger est soumis à
l’impôt sur son revenu mondial, l’introduction d’une incitation fiscale pour l’IDE réduisant l’impôt sur le
revenu dans le pays d’accueil peut – selon la situation de l’investisseur quant à ses crédits d’impôt
étrangers – simplement diminuer à due concurrence le crédit d’impôt étranger de l’investisseur et
augmenter à due concurrence les recettes fiscales dans le pays d’origine, sans diminuer le montant
cumulé de l’impôt du pays d’accueil et de l’impôt du pays d’origine perçus sur les revenus obtenus
dans le pays d’accueil. Autrement dit, l’incitation fiscale peut n’avoir aucun impact sur la charge fiscale
finale de l’investisseur (et, par conséquent, aucun impact sur l’incitation à l’investissement) et peut
simplement se traduire par un transfert de recettes fiscales du pays d’accueil au pays d’origine. 43

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Impôt sur les sociétés et investissement direct étranger

Lorsqu’un investisseur direct étranger (par exemple, une société mère) taxé dans le cadre d’un
système fiscal fondé sur la résidence constate que les incitations fiscales accordées par le pays
d’accueil sont récupérées par le pays d’origine, on peut s’attendre à ce que les mesures d’incitation
n’aient aucun effet sur l’incitation à investir dans le pays d’accueil (en n’étant ni incitatives, ni
dissuasives). Toutefois, comme le soulignent Scholes et Wolfson (1992), si le pays d’accueil met en
place un allégement fiscal et l’accorde aux investisseurs nationaux (du pays d’accueil) (ou à d’autres
investisseurs étrangers qui résident dans les pays appliquant le système de l’exonération),
l’investisseur étranger imposé sur son revenu mondial peut en fait être découragé d’investir dans le pays
d’accueil au regard de sa position d’investissement à l’étranger avant la mise en place de l’incitation
fiscale. Cela résulte d’un effet d’équilibre général : le taux de rendement avant impôt diminue
généralement lorsque le stock de capital du pays d’accueil s’accroît à mesure qu’augmente
l’investissement intérieur. Cet effet semble être confirmé par les travaux empiriques de Swenson (1994)
au moins dans le contexte de l’IDE aux États-Unis dans les années 80 (voir la section B, chapitre 4).

B. Conditions pour que la fiscalité du pays d’origine compense celle du pays d’accueil
On examinera dans cette section plusieurs considérations importantes lorsqu’on veut évaluer la
possibilité que l’impôt dans le pays d’origine neutralise les incitations fiscales accordées dans le pays
d’accueil. Dans l’optique de la capitalisation des impôts sur les dividendes, la neutralisation éventuelle
des incitations fiscales accordées dans le pays d’accueil (due à une taxation additionnelle dans le pays
d’origine lorsque le crédit d’impôt étranger est insuffisant) est fonction de la source marginale de
financement. En particulier, tout impôt supplémentaire dans le pays d’origine (et toute retenue à la
source supplémentaire dans le pays d’accueil) au moment du rapatriement des bénéfices peuvent ne
pas affecter les incitations en faveur de l’IDE lorsque celui-ci est financé sur les bénéfices non
distribués. Les multinationales peuvent en outre être à même d’éviter l’impôt supplémentaire qui
frappe dans les pays d’origine les revenus de source étrangère faiblement taxés en recourant à
diverses techniques d’optimisation fiscale (même lorsque les bénéfices d’un filiale sont distribués au
fur et à mesure qu’ils sont recueillis). L’une de ces techniques consiste à mixer les revenus de source
étrangère aux fins des crédits d’impôt étranger, en utilisant les crédits excédentaires d’impôt étranger
au titre de revenus de source étrangère fortement taxés pour neutraliser l’impôt du pays d’origine
frappant des revenus de source étrangère faiblement taxés. Autre élément important, les sociétés
mères sont souvent à même de reporter l’imposition dans le pays d’origine en différant la distribution
des bénéfices de leurs filiales. Cette possibilité de report de la distribution de dividendes et, ainsi, de
report de l’imposition dans le pays d’origine, donne à penser que l’impôt dans le pays d’origine
pourrait ne pas être un élément important si l’on raisonne en valeur actualisée.
Toutefois, un autre facteur, qui joue un rôle de plus en plus grand, est l’utilisation très répandue de
filiales financières situées dans des paradis fiscaux. Cette façon d’éviter une nouvelle imposition de
revenus de source étrangère faiblement taxés peut néanmoins se heurter à l’application d’un régime
de société étrangère contrôlée et, le cas échéant, à d’autres mesures défensives que les pays de
l’OCDE ont adoptées pour lutter contre les pratiques fiscales dommageables. Nous examinerons un
dernier point, la possibilité d’une convention fiscale entre le pays d’accueil et le pays d’origine
prévoyant un régime de « crédit d’impôt fictif », dans le but explicite de préserver les incitations
fiscales accordées dans le pays d’accueil.

1. Financement sur les bénéfices distribués ou par émission d’actions


Comme l’a souligné pour la première fois Hartman (1985) dans le contexte de l’investissement
transfrontalier, la possibilité de taxation supplémentaire des bénéfices rapatriés (retenue à la source dans
le pays d’accueil, plus impôt sur les sociétés dans le pays d’origine) peut n’avoir aucun impact sur le
niveau d’IDE, en fonction de la source de financement. Cette idée découle d’une extension de
l’hypothèse de capitalisation fiscale, examinée d’abord dans le contexte de l’investissement intérieur par
Hartman (1981) et autres, selon laquelle les impôts frappant les dividendes, bien qu’ils soient capitalisés
dans le prix des actions (en diminuant ce prix) ne modifient pas les décisions d’investissement lorsque
44 les bénéficies après impôt sur les sociétés constituent la source marginale de financement.

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Évaluation des interactions entre la fiscalité du pays d’accueil et celle du pays d’origine

Hartman considère à cet égard une filiale « mature » dont l’investissement est financé à la marge
par les bénéfices non distribués et dont les dividendes sont déterminés de façon résiduelle (bénéfices
après impôt sur les sociétés moins IDE). Le constat selon lequel les décisions concernant l’IDE (et le
rapatriement de dividendes) sont insensibles aux taux de l’impôt frappant les bénéfices rapatriés
repose essentiellement sur l’hypothèse que l’impôt sur les dividendes rapatriés ne peut être évité. En
ce sens, les bénéfices après impôt sur les sociétés sont « piégés » dans l’entreprise. Lorsque l’impôt
sur les dividendes rapatriés ne peut être évité, il réduit à due concurrence le coût d’opportunité du
réinvestissement des bénéfices après impôt (déterminé par le rendement après impôt d’un autre
investissement [de rang suivant] à risque équivalent, financé par les bénéfices distribués des filiales
directement soumis à l’impôt sur les bénéfices rapatriés) ainsi que le rendement du réinvestissement.
Autrement dit, la valeur actualisée de l’impôt perçu lors du rapatriement sur la distribution finale des
bénéfices lors d’un réinvestissement est identique à l’impôt sur le rapatriement de bénéfices perçu
pour la période en cours sur une distribution immédiate destinée à financer un autre investissement.
En conséquence, l’impôt n’influe pas sur la décision de la filiale concernant le réinvestissement des
fonds ou leur rapatriement au profit de la société mère. On trouvera à l’annexe III le résultat de
Hartman dans un cadre pluriannuel.
Le résultat de Hartman (1985) appelle un certain nombre de réserves. Premièrement, il vaut pour
les investissements financés à la marge au moyen des bénéfices non distribués. Des taux d’imposition
plus élevés lors du rapatriement réduiront l’IDE financé à la marge par émission d’actions, puisque le
nouveau capital ainsi financé pourra éviter l’impôt lors du rapatriement (par exemple, en étant investi
en obligations nationales).
Deuxièmement, comme l’ont souligné Altshuler, Newlon et Randolph (1995), ce résultat suppose
que le taux d’imposition lors du rapatriement est constant. S’il varie dans le temps, cela incite à
rapatrier davantage de bénéfices d’une filiale lorsque le coût fiscal est faible (par rapport au coût fiscal
futur attendu). Troisièmement, il dépend de l’hypothèse d’assiette fiscale similaire dans le pays
d’accueil et le pays d’origine. Leechor et Mintz (1993) montrent que si un pays d’accueil offre, par
exemple, un régime d’amortissement accéléré qui attire l’IDE, cette mesure a des effets sur l’impôt
dans le pays d’accueil car l’investissement supplémentaire contribue à réduire le crédit d’impôt
étranger imputable sur les revenus des investissements précédents. Quatrièmement, comme l’a mis en
lumière Grubert (1998), les dividendes ne sont pas le seul moyen de rapatrier des fonds. L’excédent
d’exploitation peut être distribué sous d’autres formes, notamment les intérêts, les redevances, les
honoraires de gestion et d’autres charges déductibles. Comme nous le verrons au chapitre 5
(section B.2), ces travaux empiriques montrent que les bénéfices non distribués ne varient pas en
fonction des taux d’imposition lors du rapatriement (ce qui confirme le modèle de Hartman), mais les
distributions de dividendes dépendent de ces taux d’imposition ; elles dépendent non seulement de
leur propre taux d’imposition lors du rapatriement, mais également de l’imposition des paiements
d’intérêts et de redevances.

2. Mixage de revenus étrangers fortement et faiblement taxés


Dans certains systèmes fiscaux il est également possible de préserver les incitations fiscales du
pays d’accueil en utilisant les crédits d’impôt étrangers « excédentaires » acquis sur des revenus de
source étrangère fortement taxés pour compenser l’impôt du pays d’origine qui serait sinon perçu sur
les revenus de source étrangère faiblement taxés (c’est-à-dire les revenus bénéficiant des incitations
fiscales du pays d’accueil).
Comme on le verra à l’annexe I, dans le cadre d’un système fiscal fondé sur la résidence et en
l’absence de mixage de revenus aux fins des crédits d’impôt étranger, l’impôt du pays d’origine frappe
les revenus distribués de source étrangère faiblement taxés de façon à porter le taux d’imposition
effectif cumulé du pays d’accueil et du pays d’origine au niveau du taux de l’impôt sur les sociétés dans
le pays d’origine (applicable également aux revenus de source nationale). Cela a généralement pour
effet de neutraliser l’incitation fiscale du pays d’accueil. En revanche, les crédits d’impôt étranger
acquis sur les revenus de source étrangère fortement taxés (c’est-à-dire les revenus étrangers soumis à 45

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Impôt sur les sociétés et investissement direct étranger

un taux effectif d’imposition à la source qui est supérieur au taux interne) dépassent le montant
nécessaire pour éliminer l’impôt brut perçu sur ces revenus dans le pays d’origine. Lorsque les
entreprises sont autorisées à mixer des revenus fortement taxés et des revenus faiblement taxés, les
crédits d’impôt étranger excédentaires acquis sur les revenus de source étrangère fortement taxés
(c’est-à-dire les crédits d’impôt supérieurs au montant nécessaire pour éliminer l’impôt du pays
d’origine sur ces revenus) peuvent être utilisés pour éliminer l’impôt du pays d’origine frappant les
revenus étrangers faiblement taxés. Cette protection des bénéfices faiblement taxés permet de
préserver les incitations fiscales accordées dans le pays d’accueil.
Le tableau 3.2 illustre les avantages du mixage de revenus. On considère une société mère qui a
deux filiales : la filiale A, soumise à un faible taux effectif de retenue à la source pour l’impôt sur les
sociétés (10 %), et la filiale B, soumise à un taux relativement élevé de 40 %, alors que le taux
d’imposition dans le pays d’origine n’est que de 30 %.

Tableau 3.2. Effets des crédits d’impôt étranger en cas de mixage de revenus
Revenus Revenus Revenus
Total Différence
de la filiale A de la filiale B regroupés

Taxation dans le pays de la source (d’accueil)


Bénéfice de la filiale ( Π) 100 100 200
Impôt sur le revenu (IS) 10 (u*@10 %) 40 (u*@ 40 %) 50
Bénéfice ( Π(1 – u*)) 90 60 150
Dividende (D = (Π(1 – u*)) 90 60 150
Retenue à la source (wf D) 4.5 (w* @5 %) 6 (w* @ 10 %) 10.5

Impôt dans le pays de résidence (d’origine)


Dividende reçu (D(1 – w f) 85.5 54 139.5
Dividende en brut (D/(1 – u*) 100 100 200
Impôt sur les sociétés (IS)(a) 30 (u@30 %) 30 (u@30 %) 60 (u@30 %)
Impôt imputable 14.5 46 60.5
Crédit d’impôt étranger (min (a, b)) 14.5 30 60
Impôt net sur les sociétés (T) 15.5 0 0
Crédit d’impôt étranger excédentaire 0 16 0.5
Impôt dans le pays de la source (d’accueil) 14.5 46 60.5 60.5 0
Impôt dans le pays de résidence (d’origine) 15.5 0 15.5 0 15.5
Impôt cumulé 30 46 76 60.5 15.5
Bénéfice après impôt 70 54 124 139.5 15.5
Notes : Dans l’exemple, les bénéfices de la filiale pour l’exercice en cours sont intégralement distribués.
Dans l’exemple, il n’y a pas de crédits d’impôt étranger inutilisés relatifs à d’autres exercices qui puissent servir à compenser l’impôt pour
l’exercice en cours.

Le taux de la retenue à la source applicable aux non-résidents qui frappe les distributions de la
filiale A est de 5 %, alors que celui qui frappe les distributions de la filiale B est de 10 %. Dans
l’exemple, on prend en compte la situation dans laquelle les filiales distribuent chacune à la société
mère 100 dollars de bénéfice avant impôt pour l’exercice en cours. En l’absence de mixage des
revenus, l’impôt cumulé du pays d’accueil et du pays d’origine perçu sur la distribution par la filiale A
est de 30 dollars. Les distributions de la filiale B échappent à l’impôt dans le pays d’origine, car les
bénéfices avant impôt sont préservés grâce aux crédits d’impôt étranger, ce qui veut dire que l’impôt
cumulé du pays d’accueil et du pays d’origine est prélevé à la source à hauteur de 46 dollars. Si l’on
considère les deux versements de dividendes, l’impôt total dû sur le bénéfice avant impôt de
2 000 dollars est donc de 76 dollars. Lorsque la société mère est autorisée à regrouper les deux
éléments de revenu aux fins des crédits d’impôt étranger, les 16 dollars d’excédent de crédits d’impôt
46 étranger acquis sur les dividendes reçus de la filiale B sont utilisés pour compenser l’impôt du pays

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Évaluation des interactions entre la fiscalité du pays d’accueil et celle du pays d’origine

d’origine frappant les dividendes provenant de la filiale A. Dans le résultat avec revenus regroupés
(avant dernière colonne), l’impôt cumulé est de 60.5 dollars, ce qui signifie une économie d’impôt de
15.5 dollars par rapport au cas où les revenus sont dissociés.
Par conséquent, lorsque l’investisseur direct étranger est autorisé en vertu de la réglementation
fiscale de son pays d’origine à mixer les revenus de source étrangère fortement et faiblement taxés
pour l’application des crédits d’impôt étrangers, il peut recueillir les avantages des incitations fiscales
du pays d’accueil étranger.

3. Report de la distribution de dividendes

Puisque les filiales étrangères ont la personnalité fiscale, les bénéfices qu’elles dégagent ne sont
généralement pas soumis à l’impôt dans le pays d’origine tant qu’ils ne sont pas transférés. On qualifie
de « report » le fait que l’impôt du pays d’origine soit différé jusqu’au moment de la distribution des
bénéfices (ou de la cession des actions). La possibilité de report de l’impôt du pays d’origine frappant
les revenus de source étrangère peut encourager les multinationales à investir dans les pays à faible
fiscalité, notamment ceux qui accordent aux investisseurs directs étrangers des incitations fiscales
généreuses, et ce pour une raison simple. Prenons le cas d’un investisseur direct étranger qui est dans
une situation de crédits d’impôt étranger insuffisants (c’est-à-dire qu’il ne dispose pas de crédits
d’impôt étranger suffisants pour éviter l’impôt additionnel du pays d’origine frappant les bénéfices
rapatriés). S’il peut reporter l’impôt du pays d’origine en différant le paiement de dividendes – ce qui
ne sera pas le cas avec l’imposition sur la base du fait générateur (les bénéfices étrangers étant alors
taxés dans le pays d’origine au moment où ils sont réalisés, qu’ils soient ou non distribués) – les
incitations fiscales accordées dans le pays d’accueil seront partiellement (ou totalement) préservées.
L’avantage, pour l’entreprise, de l’imposition avec report sur l’imposition au moment du fait
générateur peut être illustré comme suit (voir l’annexe II). Prenons le cas d’une société mère ne
disposant pas d’un crédit d’impôt étranger suffisant qui investit un dollar de fonds propres dans une
filiale et réinvestit les bénéfices après impôt (ce qui reportera le paiement de l’impôt du pays d’origine
sur ces bénéfices). Soit R le taux de rendement avant impôt de l’investissement dans le pays de la
source et u* le taux effectif moyen de l’impôt sur les sociétés dans le pays d’accueil, inférieur au taux
de base (légal) de l’impôt sur les sociétés dans le pays d’accueil sous l’effet d’une combinaison de
réduction ciblée du taux d’imposition, d’un régime d’amortissement accéléré et/ou renforcé, de crédits
d’impôt ou d’une exonération temporaire d’impôt sur les sociétés. Les bénéfices accumulés à la fin de
n années, (Kn), mesurés nets de l’impôt dans le pays d’origine et dans le pays d’accueil, plus le dollar
initial investi (restitué à la société mère sans impôt), sont obtenus par l’équation suivante :
Kn = 1 + (1 – τ)Σnj=1R (1 – u) (1 + R (1 – u*))j-l(3.3)
où u est le taux de l’impôt sur les sociétés dans le pays d’origine.
En revanche, dans le cas où les bénéfices étrangers sont taxés dans le pays d’origine sur la base du
fait générateur, le dollar initial investi, plus les bénéfices accumulés mesurés nets de l’impôt sur les
sociétés dans le pays d’accueil et dans le pays d’origine (appliqué sur la base du fait générateur), sont
donnés à la fin l’année n par K (acc)n :
K (acc)n = 1 + Σn j=1 R (1 – u) (1 + R (1 – u))j-1(3.4)
Les avantages du report par rapport à l’imposition sur la base du fait générateur apparaissent
clairement si l’on compare les équations (3.3) et (3.4). La principale différence réside en ce que
l’accumulation du capital est plus importante dans le premier cas (report), puisque le rythme
d’accumulation est égal à R (1 – u*), supérieur à R(1 – u) = R (1 – u*)(1 – τ). Ce résultat correspond à ce
qu’on pouvait attendre intuitivement. Pour un taux de rendement donné avant impôt, le paiement
différé de l’impôt du pays d’origine permet d’accroître l’investissement pour chaque période (puisque
le prélèvement fiscal est moindre sur les bénéfices pouvant être réinvestis), et l’on obtient donc
davantage de bénéfices cumulés après impôt au cours de la période de réinvestissement, avant
distribution des bénéfices, de sorte que Kn > K (acc)n. 47

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Impôt sur les sociétés et investissement direct étranger

4. Sociétés holdings offshore et éventuelle application d’un régime de société étrangère contrôlée
Une autre stratégie pour éviter l’imposition, dans le pays d’origine, des bénéfices de filiales
actives, consiste à utiliser des sociétés holdings situées dans les paradis fiscaux offshore. En apportant
à une société holding étrangère des fonds propres, qui sont ensuite investis dans une combinaison de
titres de capital et de titres de créance émis par une filiale active étrangère, les dividendes (et les
intérêts) sur l’investissement peuvent être versés à la société holding et non directement à la société
mère5. Lorsque la société holding est située dans un paradis fiscal qui ne taxe pas ses revenus (ou ne
perçoit qu’un impôt symbolique), alors, si le pays d’origine ne taxe pas la société mère sur ses revenus
de source étrangère accumulés offshore, il est possible d’éviter la récupération éventuelle des
incitations fiscales accordées par le pays d’accueil lorsque la filiale active est résidente de ce pays.
Le recours croissant aux intermédiaires financiers offshore a conduit un certain nombre de pays de
l’OCDE à adopter un régime de société étrangère contrôlée (SEC), qui vise à empêcher les
contribuables nationaux de reporter (ou d’éviter indéfiniment) l’impôt national sur les revenus acquis
d’entités étrangères que le contribuable contrôle (sur lesquelles il exerce une influence substantielle)6.
Les régimes de SEC sont variables d’un pays à l’autre, mais l’une de leurs principales
caractéristiques est l’imposition dans le pays d’origine, sur la base du fait générateur, d’une fraction (ou
de la totalité, dans le cas de la Nouvelle-Zélande) des bénéfices non distribués de la société étrangère
contrôlée.
Pour déterminer les revenus entachés d’irrégularité qui seront soumis au régime de la SEC, les
pays mettent généralement en œuvre deux approches : l’approche « transactionnelle » et l’approche
« juridictionnelle ». Avec l’approche juridictionnelle, la taxation sur la base du fait générateur ne
s’applique que lorsque la SEC est résidente d’un pays ou territoire qui ne prélève pas un impôt
comparable à celui qui s’appliquerait dans le pays d’origine7. Alors qu’en général les seuls revenus
entachés d’irrégularité sont attribuables (taxation sur la base du fait générateur) avec l’approche
juridictionnelle, la totalité des revenus de la SEC pourront être attribués si la SEC, par application d’un
critère fondé sur la notion d’entité, est considérée comme utilisée essentiellement pour recueillir des
revenus. En revanche, avec l’approche transactionnelle, le régime de la SEC s’applique aux revenus
entachés d’irrégularité quel que soit le pays de la source (en ce qui concerne l’application pratique des
régimes de SEC, voir OCDE [1996]).
Les revenus entachés d’irrégularité tombant sous le coup du régime de la SEC sont généralement
les revenus passifs et les revenus de sociétés écrans8. Les revenus passifs comprennent généralement
les revenus d’investissements de portefeuille et, pour certains régimes de SEC, les intérêts sur les
financements entre sociétés affiliées et les dividendes provenant de sociétés apparentées. Lorsque le
régime de la SEC s’applique aux dividendes reçus de sociétés apparentées – et s’applique donc aux
dividendes versés par une filiale étrangère à une société holding offshore – la taxation de ces bénéfices
sur la base du fait générateur peut aboutir à une récupération (neutralisation) totale des incitations
fiscales accordées dans le pays d’accueil. Par conséquent, les effets compensateurs dans le pays
d’origine relevés dans la section A) aboutissent à ce que les incitations fiscales accordées aux filiales ne
bénéficient qu’à l’administration fiscale du pays d’origine (sous la forme d’un transfert de recettes
fiscales du pays d’accueil au pays d’origine).

5. Régime du crédit d’impôt fictif


La solution sans doute la plus directe pour préserver les incitations en faveur de l’IDE accordées
dans un pays d’accueil consiste à négocier un régime de « crédit d’impôt fictif » dans le cadre d’une
convention fiscale. Le pays d’origine traite alors les revenus étrangers qui ont bénéficié d’une réduction
de l’impôt dans le pays d’accueil en vertu d’incitations fiscales comme s’ils avaient été pleinement taxés
dans le pays d’accueil. Autrement dit, un crédit d’impôt étranger fictif est accordé par le pays d’origine –
ce crédit d’impôt étant supérieur au montant de l’impôt qui a été effectivement acquitté dans le pays
d’accueil dans le cadre du dispositif d’incitations fiscales – afin de réduire l’impôt perçu dans le pays
48 d’origine sur les revenus de source étrangère (provenant du pays d’accueil)9. Les avantages du crédit

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Évaluation des interactions entre la fiscalité du pays d’accueil et celle du pays d’origine

d’impôt fictif par rapport à l’exonération temporaire d’impôt sont illustrés dans le tableau 3.3, qui retient
comme hypothèse un taux légal de l’impôt sur les sociétés dans le pays d’accueil de 33.33 pour cent et
une retenue à la source sur les non-résidents de 10 pour cent. Dans la première colonne, on envisage la
situation où il n’y a pas exonération fiscale temporaire d’impôt et on calcule les bénéfices après impôt de
l’investisseur avec un régime d’exemption et un régime de crédit d’impôt étranger. Avec les taux
d’imposition pris en compte et en absence d’exonération fiscale temporaire, le crédit d’impôt étranger
est exactement égal à l’impôt brut dans le pays d’origine (avant crédit d’impôt), de sorte qu’aucun impôt
n’est perçu dans le pays d’origine. En présence d’une exonération fiscale temporaire et sans crédit
d’impôt fictif, la situation nette de l’investisseur est inchangée. Mais les recettes du pays d’origine
augmentent à hauteur de l’allégement accordé dans le pays d’accueil (40 unités). Dans ce cas, il en résulte
un effet d’aubaine pour l’administration fiscale du pays d’origine. En revanche, avec un crédit d’impôt
fictif, le pays d’origine accorde un crédit d’impôt étranger égal à l’impôt qui aurait été acquitté dans le
pays d’accueil si l’exonération fiscale temporaire n’avait pas été accordée. Le crédit d’impôt fictif permet
d’éviter la neutralisation par l’impôt du pays d’origine. Par conséquent, le crédit d’impôt fictif préserve
l’allégement fiscal accordé dans le pays d’accueil afin que l’incitation fiscale ait l’effet voulu, à savoir
encourager les investissements directs étrangers.

Tableau 3.3. Interaction entre le système fiscal du pays d’accueil et celui du pays d’origine,
avec et sans crédit d’impôt fictif
Sans exonération fiscale Avec exonération fiscale temporaire
temporaire (pays de la source) (pays de la source)

Imposition dans le pays de la source


Bénéfice de la filiale 100 100
Impôt sur les sociétés 33.33 % 33.33 0
Bénéfice après impôt 66.67 100
Dividende 66.67 100
Retenue à la source, 10 % 6.67 0

Crédit d’impôt sans Crédit d’impôt avec


Exonération Crédit d’impôt Exonération
crédit d’impôt fictif crédit d’impôt fictif

Imposition dans le pays de résidence


Dividende reçu 60 60 100 100 100
Dividende en brut n.d. 100 n.d. 100 100
Impôt sur les sociétés, 40 % (a) n.d. 40 n.d. 40 40
Impôt étranger imputable (b) n.d. 40 n.d. 0 40
Crédit d’impôt étranger (moins (a,b)) n.d. 40 n.d. 0 40
Impôt net sur les sociétés (IS) 0 0 0 40 0
Impôt dans le pays de la source 40 40 0 0 0
Impôt dans le pays de résidence 0 0 0 40 0
Total 40 40 0 40 0
Bénéfice après impôt 60 60 100 60 100
Note : IS = impôt sur les sociétés.

Il existe deux grands types de régime de crédit d’impôt fictif. Le régime le plus courant n’accorde
le crédit d’impôt dans le pays d’origine qu’à raison des revenus de source étrangère qui ont
effectivement bénéficié de l’allégement fiscal dans le pays d’accueil. Il faut alors identifier les mesures
d’incitation et le montant de l’allégement accordé dans le pays d’accueil. Du point de vue administratif,
c’est dans le cas d’une exonération fiscale temporaire, d’une réduction du taux de l’impôt sur les
sociétés et d’un allégement de la retenue à la source que cela est le plus facile. Étant donné qu’il est
difficile de déterminer le montant de l’allégement lié à un régime d’amortissement accéléré ou
renforcé et à un crédit d’impôt pour investissement, ce premier type de crédit d’impôt fictif ne
s’applique pas généralement à ces catégories d’incitations fiscales. 49

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Impôt sur les sociétés et investissement direct étranger

Le deuxième type de crédit d’impôt fictif, moins courant, est généralement limité aux retenues à la
source sur les revenus passifs (dividendes d’investissements de portefeuille, intérêts, loyers,
redevances) ; il consiste à accorder un crédit d’impôt fictif à taux fixe (le taux de l’impôt qui est censé
avoir été acquitté) pour ces revenus. On évite ainsi d’avoir à identifier les incitations fiscales et le
montant de l’impôt auquel le pays d’accueil a renoncé. Cela veut dire que l’allégement accordé dans le
pays d’accueil n’est pas limité à celui de l’impôt auquel a renoncé le pays d’accueil dans le cadre d’un
dispositif incitatif précis. Avec cette méthode, on fixe un plafond pour l’imposition dans le pays
d’origine (par exemple, un taux maximum de retenue à la source égal, et parfois supérieur, à la retenue
à la source d’application générale), qui détermine le taux d’allégement dans le pays d’accueil.
La plupart des pays de l’OCDE, à quelques exceptions près (par exemple, les États-Unis) ont
accordé dans le passé un régime de crédit d’impôt fictif dans les conventions qu’ils ont conclues avec
les pays en développement. Un certain nombre de raisons peuvent expliquer cette attitude. La plupart
des pays de l’OCDE considèrent traditionnellement un régime de crédit d’impôt fictif comme un
élément de leur politique d’aide extérieure, et leur objectif est de favoriser, entre autres, le développement
industriel, commercial et scientifique de certains pays. D’autres pays de l’OCDE ont des préoccupations de
politique fiscale. Ils craignent notamment que l’application systématique de la méthode du crédit d’impôt
ne place leurs investisseurs en situation de désavantage compétitif par rapport aux investisseurs locaux
ou aux autres investisseurs étrangers pouvant pleinement bénéficier des incitations fiscales accordées
dans le pays d’accueil. Le régime du crédit d’impôt fictif est également souvent utilisé comme élément de
marchandage dans la négociation d’une convention fiscale. Certains pays sont prêts à accorder un régime de
crédit d’impôt fictif, mais seulement en contrepartie, par exemple, d’une réduction de la retenue à la
source sur les dividendes, les intérêts et les redevances.
Un grand nombre de pays reconsidèrent actuellement l’intérêt des régimes de crédit d’impôt fictif.
Cette tendance s’explique de diverses façons. Un grand nombre d’observateurs mettent en doute l’efficacité
des incitations fiscales pour influer sur l’IDE, les décisions en matière d’IDE étant généralement, selon eux,
déterminées essentiellement par des facteurs autres que fiscaux. Si tel est bien le cas, l’allégement
fiscal constitue simplement une aubaine pour l’investisseur et n’a aucun impact sur les investissements
nets supplémentaires. De manière corollaire, les décisions en matière d’IDE que prennent les
investisseurs internationaux qui résident dans les pays accordant un pays d’impôt fictif ne semblent
que rarement être influencées par l’existence d’un tel régime dans les conventions fiscales. A cet égard,
on constate que les milieux d’affaires internationaux font généralement pression pour que les pays
concluent des conventions fiscales sans se préoccuper de la possibilité de négocier un régime de
crédit d’impôt fictif.
De plus, beaucoup d’observateurs considèrent que les incitations fiscales ne devraient être
utilisées que pour corriger des cas de défaillance des marchés (par exemple, pour la R-D ou
l’environnement). Dans la mesure où les incitations fiscales influencent réellement l’investissement et
s’il n’y a aucune défaillance des marchés, le résultat global sera une mauvaise allocation des ressources
(par rapport à leur utilisation la plus productive) et, partant, une moindre efficience du capital. Dès lors,
un grand nombre d’observateurs sont d’avis qu’il faudrait en pareil cas décourager l’utilisation des
incitations fiscales, et non les encourager comme on le fait avec un régime de crédit d’impôt fictif. En
dehors de la question de l’efficience du capital, on craint aussi que l’allégement fiscal obtenu par les
entreprises nationales à l’occasion de leurs activités dans un territoire offshore, en s’appuyant sur un
régime de crédit d’impôt fictif, n’ait un impact négatif sur la compétitivité des autres entreprises
nationales (dans le pays d’origine), davantage taxées.
Certains considèrent également que le régime de crédit d’impôt fictif est inutile du fait que
l’imposition des revenus de source étrangère dans le pays d’origine peut être reportée, souvent pour une
longue période (ce qui réduit la valeur actualisée de tout impôt perçu lors du rapatriement dans le pays
d’origine), et peut en fait être éliminée au moyen de différentes techniques d’optimisation fiscale (par
exemple, le mixage de revenus fortement et faiblement taxés). Dans la mesure où les multinationales
sont à même de reporter indéfiniment ou d’éviter l’impôt national, un crédit d’impôt fictif peut être
50 inutile. De plus, un régime de crédit d’impôt fictif peut avoir un effet contreproductif, à savoir encourager les

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Évaluation des interactions entre la fiscalité du pays d’accueil et celle du pays d’origine

investisseurs directs étrangers à rapatrier leurs bénéfices, au lieu de les réinvestir dans le pays d’accueil de façon à
favoriser le développement économique de ce pays. Si l’investisseur devait acquitter sur ces bénéfices
l’impôt du pays d’origine (c’est-à-dire qu’il n’y aurait pas de crédit d’impôt fictif), il serait sans doute incité
à reporter le rapatriement afin d’éviter l’impôt national. Les crédits d’impôt fictif qui éliminent ou
réduisent sensiblement la taxation dans le pays d’origine peuvent éliminer cette contre-incitation et
favoriser le rapatriement des bénéfices. L’intérêt du rapatriement sera encore plus grand lorsque
l’investisseur n’est pas sûr que le régime de crédit d’impôt fictif va perdurer.
Le crédit d’impôt fictif a été conçu à un moment où le niveau des échanges et des investissements
mondiaux était relativement modeste, et où les mouvements de capitaux étaient très contrôlés et de
nombreuses réglementations s’appliquaient aux investissements transnationaux. La mondialisation
ayant considérablement développé les échanges et les investissements internationaux, tout en ouvrant
de vastes possibilités d’optimisation fiscale, les effets négatifs que peuvent avoir les crédits d’impôt
fictifs sur les pays qui les accordent sont aujourd’hui bien plus visibles. Certains pays se plaignent que
les régimes de crédit d’impôt fictif offrent d’énormes possibilités d’optimisation fiscale et d’évasion fiscale.
Premièrement, le crédit d’impôt fictif favorise l’utilisation de techniques de prix de transfert, de façon à
gonfler artificiellement les bénéfices comptabilisés dans le pays d’accueil, tout en amputant ceux
comptabilisés dans le pays d’origine, grâce à des dispositifs de paiement entre sociétés apparentées
dans des conditions qui n’ont rien à voir avec celles de pleine concurrence. Les contre-mesures sont
coûteuses et exigent l’échange de renseignements (entre les autorités fiscales du pays d’accueil et du
pays d’origine), ce qui n’est pas toujours possible.
Deuxièmement, le pays de résidence peut être utilisé comme relais par les résidents d’un pays
tiers (chalandage fiscal). Dans une situation type de relais, l’investisseur d’un pays tiers s’efforce de tirer
parti de l’existence d’un régime de crédit d’impôt fictif entre le pays de résidence et le pays de la
source en faisant transiter l’investissement par une société relais située dans le pays de résidence. Ce
chalandage fiscal peut sensiblement éroder les bases d’imposition dans le pays de résidence (et dans
le pays tiers).
Troisièmement, l’investisseur étranger est incité à faire transiter certains paiements (par exemple,
d’intérêts) via des sociétés situées dans des pays d’accueil qui ne perçoivent pas d’impôt sur le revenu
et/ou de retenue à la source sur ces revenus et qui ont négocié un régime de crédit d’impôt fictif avec le
pays de résidence. L’avantage est de réduire l’impôt qui aurait dû être normalement acquitté dans le
pays d’origine.
Quatrièmemen t, u n crédit d’impô t fictif peut e ncourager les pays d’accueil à gonfler
artificiellement l’impôt sur le revenu ou la retenue à la source pour lesquels ils accordent un
allégement, afin que l’investisseur direct étranger puisse obtenir un crédit d’impôt fictif plus élevé
dans le pays d’origine.
En outre, plusieurs pays de l’OCDE ont rencontré des difficultés administratives pour la mise en
œuvre des régimes de crédit d’impôt fictif. Par exemple, lorsque ce régime se réfère à certaines
dispositions de la loi du pays d’accueil, il est souvent malaisé de déterminer si le contribuable a
bénéficié en fait des incitations faisant l’objet de ces dispositions. Souvent, le contribuable est
incapable de le vérifier, et l’autorité compétente du pays d’accueil n’est pas disposée à prêter son
concours ou n’en a pas les moyens. Autrement dit, un grand nombre des mécanismes de contrôle dont
se double l’aide extérieure directe n’existent pas avec un régime de crédit d’impôt fictif. Avec l’aide
extérieure directe, le bénéficiaire, le montant et l’utilisation prévue de l’aide extérieure peuvent
généralement être déterminés de façon relativement précise ; cet instrument est donc relativement
transparent pour l’aide aux pays en développement. Dans le cas d’un crédit d’impôt fictif, il est difficile
pour le pays d’origine d’évaluer l’impact global d’un régime de crédit d’impôt fictif sur ses recettes et
de limiter les coûts qui en résultent.
Enfin, un pays d’accueil peut également considérer que les concessions qu’il doit faire dans les
conventions fiscales pour obtenir un régime de crédit d’impôt fictif sont trop lourdes, ces concessions
pouvant prendre la forme d’une réduction de la retenue à la source sur les dividendes, les intérêts, les
loyers et les redevances. 51

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Impôt sur les sociétés et investissement direct étranger

NOTES

1. Comme dans l’ensemble de ce rapport, l’investissement « direct », à la différence de l’investissement de


portefeuille, se réfère à une prise de participation substantielle. Le seuil à partir duquel l’investissement est
considéré comme substantiel peut varier ; normalement, la prise de participation doit être d’au moins 10 pour
cent du capital de la société (mesurée en droits de vote ou en valeur).
2. La retenue à la source sur les dividendes (comme toute autre retenue à la source) est perçue sur une base
brute, c’est-à-dire en n’opérant aucune déduction sur la base d’imposition (bénéfice distribué net de l’impôt
sur les sociétés).
3. A la différence des déductions fiscales, la valeur d’un crédit d’impôt est indépendante du taux légal de l’impôt
sur les sociétés.
4. Dans le cas où le pays d’accueil et le pays d’origine n’ont pas conclu une convention fiscale, le taux de retenue
à la source sera le taux légal de retenue à la source dans le pays d’accueil (qui est en général de l’ordre de
vingt à trente pour cent). Si une convention fiscale est en vigueur, le taux applicable est celui fixé dans la
convention (généralement il est de l’ordre de cinq à dix pour cent pour les dividendes directs).
5. Lorsque la société mère emprunte des capitaux pour financer tout ou partie d’un investissement direct
étranger, il en résulte des paiements d’intérêts qui, en vertu de la réglementation de certains pays, sont
déductibles des revenus de source intérieure, ce qui réduit l’assiette de l’impôt intérieur, et les revenus de
l’IDE que la société mère finance s’accumulent offshore en franchise d’impôt (et, selon la réglementation de
certains pays, peuvent être rapatriés dans le pays d’origine en étant exonérés d’impôt). Lorsque le capital qui
est reprêté à la filiale active donne lieu à déduction des intérêts dans le pays de la source, deux déductions
d’intérêts sont possibles sur un même investissement (dans le pays d’accueil et le pays d’origine). On a alors
affaire à une « double déduction ».
6. Un certain nombre de pays ont également introduit des régimes anti-évasion pour lutter contre le report de
l’impôt national sur les revenus d’investissements provenant de fonds d’investissement de portefeuille
offshore (souvent, indépendamment du fait que ces fonds soient contrôlés ou non par des résidents). Dans le
cadre du présent rapport, axé sur les investissements directs dans les pays d’accueil, et non sur les
investissements de portefeuille, l’intermédiaire financier à prendre en compte sera généralement une société
étrangère contrôlée.
7. Les pays ou territoires visés sont identifiés soit i) par les autorités fiscales (sous la forme d’une « liste noire »
de pays visés, ou d’une « liste blanche », de pays exlus pour l’application du régime de la SEC), ou ii) par le
contribuable, qui doit établir si l’impôt acquitté par la SEC est ou non inférieur à un taux précisé.
8. On entend généralement par « revenus de sociétés écrans » les revenus provenant de la vente de biens ou de
la prestation de services qui sont considérés comme imputables aux actionnaires nationaux (par exemple, une
société étrangère est créée offshore essentiellement pour éviter l’impôt national, et non pour de véritables
raisons industrielles ou commerciales).
9. Pour un examen complet de cette question, voir OCDE, 1998, « Les crédits d’impôt fictif : un réexamen de la
question ».

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Chapitre 4
SENSIBILITÉ DE L’IDE A LA FISCALITÉ DU PAYS D’ACCUEIL :
RÉSULTATS EMPIRIQUES

Lorsqu’on veut évaluer le rapport coût-efficacité d’incitations fiscales en faveur de l’IDE, un aspect
bien entendu fondamental est l’impact de ces incitations sur l’IDE supplémentaire. On a beaucoup
étudié la question générale de l’impact de la fiscalité des sociétés sur l’investissement direct, intérieur
ou étranger. De plus, la mondialisation croissante des échanges et des investissements a conduit les
analystes à se pencher sur les interactions complexes entre le système fiscal du pays d’accueil, celui du
pays d’origine et les conventions fiscales, afin de mieux comprendre l’influence globale de la fiscalité
sur les entrées et sorties d’investissements. C’est dans ce contexte plus large qu’il faut examiner la
question de l’impact que peuvent avoir en définitive les incitations fiscales sur l’IDE.
Bien qu’on soit loin d’avoir trouvé toutes les réponses, on a beaucoup progressé dans la
compréhension des principaux facteurs et de leurs interactions, et on a véritablement avancé cette
dernière décennie dans la validation empirique des modèles d’investissement. Mais, à cause de
certaines faiblesses persistantes (problèmes liés à la qualité des données, spécifications simplistes
des modèles), on ne saurait utiliser qu’avec précaution les estimations de la réactivité/élasticité de
l’IDE à une modification du taux de rendement de l’IDE après impôt et, partant, à une modification du
niveau des incitations fiscales en faveur de l’IDE.
Ce chapitre s’articule en cinq sections consacrées aux travaux empiriques concernant l’impact de la
fiscalité sur les investissements directs transnationaux en capital matériel et immatériel. La première
section passe en revue les résultats empiriques des ouvrages publiés jusqu’en 1990, qui s’appuient
principalement sur les séries chronologiques ayant trait à l’IDE aux États-Unis. La deuxième section
examine les travaux qui ont utilisé des données d’IDE corrigées et qui traitent les effets d’équilibre
général, jugés importants, mais généralement ignorés dans la plupart des analyses. La troisième
section rend compte des résultats plus récents obtenus dans le domaine des sorties d’investissements
directs. La quatrième section rend compte des analyses empiriques portant sur les considérations
fiscales dans le pays d’accueil et dans le pays d’origine qui sont censées influer sur la localisation des
activités de R-D des multinationales américaines. La dernière section formule une série d’observations
concernant les limites de la modélisation empirique et leurs conséquences pour l’estimation des effets
des incitations fiscales.
La plupart des travaux empiriques réalisés dans ce domaine reposent sur des données
américaines. Par conséquent, les résultats concernant la sensibilité aux considérations fiscales de l’IDE
réalisé aux États-Unis ne sauraient être aussi valables pour les autres pays d’accueil. De même, les
résultats concernant l’importance de la fiscalité du pays d’accueil pour les sociétés mères américaines
investissant à l’étranger ne sauraient être aussi valables pour les investisseurs directs d’autres pays. On
ne peut non plus considérer qu’ils donnent directement une mesure de la réactivité probable
(moyenne) des investissements directs transnationaux aux variations de la pression fiscale dans les
pays d’accueil en dehors de l’échantillon qui est pris en compte dans les études empiriques ; il faudra
pour cela évaluer les entraves relatives à l’investissement direct dans le pays d’accueil.
Malgré ces réserves, on peut considérer que le constat de sensibilité accrue de l’investissement
direct étranger à la fiscalité du pays d’accueil (cette sensibilité accrue étant liée à l’accélération de la
mondialisation) est valable pour les pays d’accueil qui ont un environnement pour l’investissement 53

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Impôt sur les sociétés et investissement direct étranger

similaire à celui des pays retenus dans l’échantillon des études prises en compte, l’échelle n’étant
peut-être pas la même, mais la direction et la tendance temporelle l’étant. En particulier, on peut
s’attendre à ce que les entreprises multinationales basées dans d’autres pays d’origine et opérant
également à l’échelle mondiale, mais avec moins de contraintes pour leurs investissements et leurs
échanges, soient plus sensibles à long terme à la fiscalité du pays d’origine si celle-ci ne constitue pas
un facteur déterminant. Cela concernerait les investisseurs résidant dans les pays qui exonèrent les
revenus actifs de source étrangère (dans le cadre d’un système territorial ou d’un système exonérant
les dividendes provenant de revenus actifs), ou qui autorisent le report sur longue période de l’impôt
perçu dans le pays d’origine sur les bénéfices recueillis dans le pays d’accueil (par exemple, grâce à
l’utilisation de sociétés holdings offshore).

A. Les premiers résultats essentiellement consacrés aux entrées d’investissements directs étrangers
Hartman (1984) est l’auteur des premières études empiriques concernant l’effet de la fiscalité sur
l’IDE ; cet auteur a utilisé les données établies par le Bureau d’analyse économique américain (BEA).
Jusqu’à la fin de la décennie 80, presque toutes les études ont appliqué sa démarche en apportant
certaines modifications et améliorations et en utilisant des données actualisées provenant aussi du
BEA. De fait, vu la difficulté d’obtenir les données nécessaires dans ce domaine, la plupart des
observations restent fondées à ce jour sur l’exemple américain.

1. Les travaux fondateurs de Hartman


Hartman (1984) estime une équation d’IDE (notée 1*) sur la période 1965-1979 :
Ln (I*) = a0 + a1 ln (r(1 – t)) + a2 ln (r°(1 – t)) + a3 ln ((1 – t°)/(1 – t)) (4.1)
où r(1 – t) mesure le taux de rendement de l’IDE après impôt sur les sociétés (somme des
bénéfices non distribués, des bénéfices distribués, des intérêts et des bénéfices des succursales moins
l’impôt sur les sociétés et sur la propriété perçu aux États-Unis), divisé par le stock d’IDE à la fin de
l’année précédente ; r°(1 – t) le taux de rendement global après impôt sur les sociétés du stock de
capital américain (détenu par les résidents et par les étrangers) ; t le taux moyen de l’impôt sur les
sociétés aux États-Unis (censé être égal pour les sociétés étrangères et pour les sociétés américaines) ;
t° le taux moyen de l’impôt sur les sociétés et de l’impôt sur le revenu des personnes physiques aux
États-Unis pour les revenus du capital. Les variables sont exprimées en logarithmes naturels (ln) pour
faciliter les calculs d’élasticité.
L’équation est estimée séparément pour l’IDE financé par les bénéfices non distribués et pour l’IDE
financé par de nouveaux apports de fonds (émission d’actions, plus prêts de la société mère). Elle met
simplement en rapport les flux d’IDE et deux variables représentatives des taux de rendement après
impôt, plus un terme représentatif de la fiscalité relative. Les variables de taux de rendement après
impôt (utilisant le taux moyen d’imposition dans le passé) sont censées donner une indication des taux
futurs de rendement des nouveaux IDE, le deuxième terme ayant pour but d’expliquer l’IDE sous la forme
d’acquisition d’actifs existants, par opposition à l’expansion d’opérations étrangères existantes ou à
l’établissement d’une nouvelle filiale ou succursale américaine. Le terme représentatif de la fiscalité
relative prend en compte la possibilité que les modifications de la fiscalité qui s’appliquent uniquement
aux investisseurs américains influent sur l’IDE par le canal des prix des actifs (par exemple, une
augmentation du taux effectif d’imposition des seuls investisseurs américains (t°) qui réduit la valeur des
actions, le taux d’imposition des investisseurs étrangers demeurant inchangé, augmente l’IDE).
Hartman constate que les coefficients de l’équation estimée sont du signe attendu (a1 > 0, a2 > 0,
a3 < 0) et sont statistiquement significatifs. Toutefois, l’ajustement (le pouvoir explicatif) est bien
meilleur quand l’équation est utilisée pour expliquer l’investissement financé par les bénéfices non
distribués (par opposition à l’apport de fonds propres). Ce résultat est conforme à la théorie dite de la
« capitalisation fiscale », selon laquelle la fiscalité dans le pays d’origine influence l’IDE (et doit donc
être prise en compte pour son estimation) lorsqu’il est financé par apport de fonds propres, mais pas
54 lorsqu’il est financé sur les bénéfices non distribués.

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Sensibilité de l’IDE à la fiscalité du pays d’accueil : résultats empiriques

2. Réplication et extension par Boskin et Gale (1987), Newlon (1987) et Slemrod (1990)
Les travaux de Hartman (1984) ont retenu l’attention de plusieurs autres chercheurs. Boskin et Gale
(1987) ont réestimé le modèle de Hartman sur une plus longue période (1956-1984), en utilisant des
données corrigées sur les taux d’imposition moyens et des estimations de taux de rendement après
impôt provenant de Feldstein et Jun (1987). Ils ont également testé des spécifications différentes de
l’équation d’investissement et ont constaté que les élasticités estimées (sensibilité) de l’IDE aux
variables représentatives du taux de rendement après impôt étaient similaires, quoique légèrement
inférieures à celles observées par Hartman.
Les travaux de Newlon (1987) établissent que la variable mesurant le taux de rendement après
impôt de l’IDE qui avait été utilisée dans les travaux précédents de Hartman (1984) ainsi que de Boskin
et Gale (1987) avait été calculée de façon erronée à partir des données initiales du Bureau américain
d’analyse économique. Utilisant une série corrigée de taux de rendement après impôt, Newlon
constate que les coefficients estimés sont instables et sensibles à la période considérée. Étudiant les
années 1965-1973, il constate que l’équation d’investissement expliquant les apports de fonds propres
est mieux ajustée que celle expliquant les bénéfices non distribués, ce qui va à l’encontre des
conclusions antérieures. Lorsque la période est modifiée en retenant celle qui va de 1956 à 1984,
l’équation expliquant les apports de fonds propres donne des résultats médiocres et aucun coefficient
estimé n’est significatif (voir à ce sujet Slemrod [1990]).
Ni les travaux de Hartman (1984), ni les améliorations de Boskin et Gale (1987), de Newlon (1987)
et de Young (1988) ne prennent en compte les taux de la retenue à la source perçue aux États-Unis ou
les impôts perçus dans le pays étranger d’origine. L’absence de prise en compte de la fiscalité au
moment du rapatriement peut poser des problèmes, en particulier lorsque l’IDE est financée par de
nouveaux transferts des sociétés mères étrangères. Slemrod (1990) s’attaque à ce problème en
désagrégeant les données d’IDE sur la période 1960-1987 et en calculant deux séries chronologiques
distinctes, l’une pour les investissements provenant du Canada, de la France, des Pays-Bas et de la
partie occidentale de l’Allemagne, qui sont traités comme des pays à régime d’exonération, et ceux
provenant de l’Italie, du Japon et du Royaume-Uni, qui taxent les revenus de source étrangère
(américaine) sous un régime de crédit d’impôt étranger. Son objectif principal est d’approfondir les
recherches antérieures en examinant l’influence de la fiscalité du pays d’origine.
Mais, tout d’abord, comme ses prédécesseurs, Slemrod évalue les effets de la fiscalité du pays d’accueil.
Contrairement aux études antérieures, il n’utilise pas des variables représentatives du taux moyen de
rendement aux États-Unis, mais une estimation du taux marginal de l’impôt sur les sociétés frappant les
investissements fixes aux États-Unis, calculée par Auerbach et Hines (1988), et il introduit dans
l’équation d’investissement à la fois des valeurs simultanées et des valeurs retardées (pour tenir
compte du temps nécessaire à la mise en place des équipements). A la différence des études
antérieures, Slemrod introduit comme variables explicatives : i) le taux de chômage aux États-Unis, de
façon à intégrer les effets conjoncturels sur l’IDE ; ii) le rapport entre le PIB cumulé des 7 pays
investisseurs (d’origine) et celui du pays d’accueil, les États-Unis, afin de prendre en compte les effets
des variations de la taille relative de l’économie américaine ; iii) le taux de change réel du dollar des
États-Unis par rapport à une moyenne pondérée par le PIB des monnaies des 7 pays investisseurs, afin
d’appréhender l’effet des variations des coûts relatifs de production aux États-Unis. Slemrod ajoute
une variable supplétive, le nombre d’années qui se sont écoulées entre les années d’observation des
données et l’année de référence de l’étude, pour tenir compte des éventuelles déviations des
données extrapolées par rapport à la véritable valeur de l’IDE (on notera que le BEA pratique
l’extrapolation des données de référence (collectées à intervalle régulier (1959, 1974, 1980)) sur les
autres données en utilisant les données d’enquêtes trimestrielles. Mais, en général, les données de
référence ne sont pas rétropolées pour vérifier les extrapolations).
Slemrod adopte le point de vue « de la capitalisation fiscale », selon lequel le taux auquel les
bénéfices distribués sont imposés au moment du rapatriement, s’il est stable, ne devrait pas influencer
l’IDE financé sur les bénéfices non distribués. Toutefois, lorsque l’investissement souhaité d’une filiale
dépasse ses bénéfices non distribués et l’émission d’actions (transfert de fonds par la société mère) est 55

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Impôt sur les sociétés et investissement direct étranger

la source marginale de financement, l’impôt dû au moment du rapatriement des bénéfices jouera un


rôle. (Comme on le verra à l’annexe III, si l’on obtient un résultat neutre pour une entreprise « mature »
arbitrant entre la conservation et la distribution de ses bénéfices, c’est parce que l’impôt perçu au
moment du rapatriement réduit tout autant la valeur actualisée des revenus de l’investissement
interne que le coût d’opportunité de la distribution des fonds suivie d’un réinvestissement).
Les tests empiriques de Slemrod concernant l’imposition de l’IDE dans le pays d’accueil (les
États-Unis) donnent des résultats contrastés. Les coefficients de régression font apparaître, comme
attendu, une relation négative entre l’IDE financé par de nouveaux transferts de capitaux et le taux
marginal effectif d’imposition aux États-Unis. Les coefficients (totalisés) représentatifs des impôts sont
négatifs pour les 7 pays et significativement différents de zéro dans quatre cas (mais pas pour
l’équation d’IDE expliquant l’investissement en provenance du Canada). Néanmoins, les régressions
pour les entrées d’IDE financées par les bénéfices non distribués ne font ressortir aucun effet clair de la
fiscalité du pays d’accueil. En outre, les régressions ne détectent pas généralement d’effets plus
significatifs de la fiscalité du pays d’accueil dans le cas des investisseurs de pays pratiquant le régime
de l’exonération, ce qui est quelque peu surprenant étant donné que l’effet de la fiscalité du pays
d’accueil peut être entièrement neutralisé, dans certaines conditions, par les pays d’origine qui
accordent un crédit d’impôt étranger.
Comme on l’a noté ci-dessus, l’objectif principal de Slemrod est de tester les effets de la fiscalité du
pays d’origine. Dans ses régressions, il introduit quatre nouvelles variables explicatives pour chacune
des six équations d’IDE (pour tous les pays exportateurs de capitaux, sauf les Pays-Bas, pour
lesquels les données nécessaires n’étaient pas disponibles) – une période actuelle et deux valeurs
retardées d’un taux marginal effectif d’imposition dans le pays d’origine prenant en compte l’impôt
sur les sociétés et l’impôt sur le revenu des personnes physiques, ainsi qu’un terme de différence
fiscale mesurant l’écart entre les taux légaux de l’impôt sur les sociétés dans le pays d’accueil (États-
Unis) et dans le pays d’origine. Les tests portent sur plusieurs propositions. Slemrod fait valoir qu’en
théorie, l’IDE en provenance des pays à régime d’exonération devrait être positivement lié à la
fiscalité dans le pays d’origine, dans l’hypothèse où les possibilités d’investissement dans le pays
d’origine représentent le coût d’opportunité de l’investissement aux États-Unis. Aucun élément
empirique ne vient corroborer cette proposition, le taux d’imposition dans le pays d’origine n’étant
en corrélation positive avec l’IDE pour aucun des pays pratiquant l’exonération. Mais, comme le
souligne Hartman (dans son commentaire de l’article de Slemrod (1990)), il n’y a aucune raison
convaincante de s’attendre à cette corrélation positive. Si les capacités d’autofinancement des
sociétés mères constituent une source importante de financement des investissements des filiales
américaines, une forte taxation dans le pays d’origine, en réduisant les capacités d’autofinancement
après impôt, peut diminuer l’investissement aux États-Unis. De plus, il n’est pas sûr que, dans le cas
d’un investissement aux États-Unis par une société mère résidant dans un pays donné (pratiquant
l’exonération ou le crédit d’impôt étranger), la comparaison appropriée soit entre le taux
d’imposition aux États-Unis et le taux marginal d’imposition à l’étranger (dans le pays d’origine). Par
exemple, la comparaison adéquate dans le cas d’une société mère canadienne envisageant de
développer sa filiale américaine ou sa filiale britannique pourrait être entre le taux d’imposition aux
États-Unis et le taux d’imposition au Royaume-Uni.
En deuxième lieu, Slemrod se demande si l’IDE financé par de nouveaux transferts de capitaux
d’une société mère dans les pays pratiquant le crédit d’impôt étranger présente une relation moins
positive, voire négative, avec la fiscalité du pays d’origine. Dans le modèle de Hartman, les nouveaux
transferts de capitaux devraient être découragés par des taux d’imposition plus élevés au moment du
rapatriement. Par conséquent, alors qu’une imposition plus lourde de l’investissement national dans le
pays d’accueil aura tendance à encourager l’IDE, une plus forte imposition, dans le pays d’origine, des
revenus de source étrangère des sociétés mères en situation de crédit d’impôt étranger insuffisant
devrait avoir pour effet d’atténuer et, peut-être, d’inverser cet effet. Les résultats ne révèlent pas que
l’effet de l’imposition dans le pays d’origine soit moins positif (plus négatif) pour les pays pratiquant le
56 crédit d’impôt étranger que pour ceux pratiquant l’exonération.

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Sensibilité de l’IDE à la fiscalité du pays d’accueil : résultats empiriques

Néanmoins, les résultats ont effectivement tendance à confirmer l a proposition selon laquelle l’IDE
financé par les bénéfices non distribués devrait, soit être indépendant de la fiscalité dans le pays
d’origine, soit positivement lié à cette fiscalité. En outre, l’équation d’IDE pour la partie occidentale de
l’Allemagne et pour l’Italie fait apparaître, dans le cas du transfert de fonds, un coefficient négatif
significatif pour le terme exprimant la différence de taux légal d’imposition, ce qui corrobore la
proposition selon laquelle un taux d’imposition aux États-Unis relativement plus élevé devrait encourager
un emprunt plus élevé dans le pays d’accueil et donc des transferts moindres du pays d’origine.
Slemrod suggère que, si les travaux empiriques n’ont pas confirmé les différences attendues de
réaction de l’IDE entre les pays pratiquant l’exonération et ceux pratiquant le crédit d’impôt étranger,
c’est sans doute à cause de problèmes au niveau des données ; il note à cet égard les difficultés
rencontrées pour mesurer statistiquement les taux marginaux effectifs d’imposition. Ces problèmes
ainsi qu’une mauvaise spécification du modèle d’investissement peuvent également expliquer
pourquoi le coefficient du taux d’imposition dans le pays d’origine est négatif et statistiquement
significatif et pourquoi le coefficient n’est pas statistiquement significatif lorsque le taux d’imposition
dans le pays d’origine est introduit dans le cas de la partie occidentale de l’Allemagne et du Japon.
Slemrod note la possibilité que les pratiques d’optimisation fiscale destinées à éviter l’impôt dans le
pays d’origine soient déterminantes pour expliquer le faible rôle des effets de la fiscalité dans le pays
d’origine, ce qui donne à penser que l’effet de la fiscalité du pays d’accueil est prédominant dans les
décisions en matière d’IDE.

3. Limites des premières études empiriques

Les premiers résultats sont quelque peu décourageants pour les chercheurs soucieux de
comprendre les relations entre la fiscalité et l’IDE. Toutefois, le manque de réponses claires de ces
études et d’autres études pionnières à la question fondamentale, l’influence de la fiscalité, et donc des
allégements fiscaux, sur l’IDE peut s’expliquer par un certain nombre de facteurs. On examinera ci-
après deux de ces facteurs : l’utilisation d’équations d’estimation simples de forme réduite, qui
peuvent ne pas rendre compte correctement du modèle d’investissement adéquat, et les problèmes
inhérents aux données. La section E) examine ces facteurs, et quelques autres, qu’il faut bien garder à
l’esprit lorsqu’il s’agit d’interpréter les résultats empiriques de ces premières études et des études
plus récentes.
On peut faire valoir que les équations d’investissement sont trop simples. La plupart des
recherches ont été axées sur des relations de forme réduite entre les flux de capitaux et les estimations
des taux de rendement après impôt ou les taux effectifs d’imposition des revenus du capital. Dans ces
modèles, des éléments non fiscaux pouvant être importants pour l’IDE ne sont pas explicitement
modélisés. Néanmoins, il n’est pas facile de prendre en compte les éléments dont les travaux de
recherche dans le domaine de l’organisation industrielle soulignent l’importance lorsqu’il s’agit
d’expliquer les flux d’IDE – notamment le choix de l’IDE au lieu de l’exportation pour tirer parti d’actifs
spécifiques à l’entreprise (par exemple, immatériels) ou pour profiter d’avantages spécifiques de
localisation (approvisionnements ou commercialisation). De plus, comme on l’a vu ci-dessus, à
l’exception de Slemrod (1990), les premières études ne prennent pas en compte les taux de retenue à
la source aux États-Unis, la fiscalité du pays d’origine et le taux de rendement des investissements
réalisés en dehors des États-Unis.
Des problèmes inhérents aux données affectent également ces travaux. Les premières études des
effets de la fiscalité sur l’IDE s’appuient toutes sur les données du BEA relatives aux flux
d’investissements. Cela pose plusieurs problèmes. Premièrement, les données d’IDE excluent les
capitaux levés sous forme d’emprunt localement ou dans un pays tiers (l’IDE comprend les bénéfices
non distribués et les transferts de fonds [sous forme de titres de capital et sous forme de prêts
consentis par l’investisseur direct étranger]). Par conséquent, les chiffres d’investissement excluent des
composantes importantes et peut-être fluctuantes de l’IDE, ce qui risque de fausser les résultats
empiriques. 57

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Impôt sur les sociétés et investissement direct étranger

Deuxièmement, comme on l’a indiqué précédemment, la mesure du surplus dans le numérateur


de la variable représentative du taux de rendement après impôt sur les sociétés dans l’équation
d’investissement de Hartman comprend les bénéfices non distribués et les bénéfices distribués. Cela
peut introduire une fausse corrélation dans l’équation entre la variable explicative et le flux d’IDE
financé sur les bénéfices non distribués. En effet, Newlon (1987) montre que lorsqu’une entreprise
conserve la totalité de ses bénéfices pour investir (comme on pourrait s’y attendre, par exemple, si
l’investissement souhaité est supérieur aux bénéfices après impôt), ou lorsqu’elle applique une norme
fixe pour le versement de dividendes, on observe une relation directe entre la variable représentant le
taux de rendement après impôt et l’IDE financé sur les bénéfices non distribués, de sorte que toute
relation empirique observée entre le membre de gauche de l’équation (l’IDE fondé sur les bénéfices
non distribués) et le membre de droite (le taux de rendement après impôt) doit être considérée avec
la plus extrême prudence.
Troisièmement, les premières données du BEA ne distinguaient pas entre l’acquisition de capital
existant, d’une part, et l’investissement en nouveau capital productif, d’autre part, ce dernier couvrant
non seulement une expansion des capacités existantes, mais aussi la création de nouveaux projets
d’investissement. Cela a un certain nombre de conséquences. Comme le soulignent Auerbarch et
Hassett (1993), un ensemble d’aspects fiscaux spécifiques sont à prendre en compte dans le cas de
l’IDE prenant la forme d’une acquisition ; or, ces aspects sont ignorés dans les modèles d’IDE comme
celui de Slemrod, qui s’appuient sur le régime fiscal applicable à l’investissement en biens nouveaux
par opposition à l’acquisition de capital productif déjà installé 1.
En outre, la théorie à la base des statistiques de taux marginal effectif d’imposition suppose une
fonction de demande de capital lisse et continue et l’absence de rente économique. Or, les nouveaux
projets d’IDE impliquent souvent de grands ajustements ponctuels et discontinus du stock de capital
total et engendrent une rente économique provenant de l’exploitation de certains avantages
spécifiques à l’entreprise, de sorte que les hypothèses sous-jacentes aux taux marginaux effectifs
d’imposition utilisés pour expliquer les flux d’IDE ne sont sans doute pas pertinentes.
Quatrièmement, les chiffres d’IDE ne mesurent pas véritablement les investissements réels de
capitaux dans le pays d’accueil, car ils comprennent l’acquisition de titres de créance qui peuvent
conférer la propriété de capital situé à l’étranger, c’est-à-dire en dehors du pays d’accueil considéré.
Cinquièmement, il y a des ruptures dans la série chronologique de l’IDE aux États-Unis, ces
ruptures concernant l’identité du pays d’origine de l’investissement. Les données de référence de 1974
sont passées d’une définition qui utilisait dans certains cas le critère du « bénéficiaire effectif », en
examinant la chaîne de propriété, à une définition prenant systématiquement en compte la « première
entité étrangère dans la chaîne de propriété ». On voit donc combien il peut être difficile de
déterminer les taux appropriés d’imposition à appliquer aux revenus des investissements.

B. Les études axées sur les effets d’équilibre général


La plupart des études consacrées à l’impact de la fiscalité sur l’IDE reposent sur une analyse
d’équilibre partiel. Elles sont donc incomplètes, en laissant de côté des éléments qui peuvent être
importants comme l’incidence de la fiscalité sur les taux d’intérêt, sur les taux de change et sur divers
autres prix du marché et rendements. Swenson (1994) souligne l’importance des effets d’équilibre
général ; dans ses travaux, elle utilise de nouvelles données du BEA et s’attache essentiellement aux
effets des modifications de la fiscalité sur les taux de rendement avant impôt sur les sociétés. Elle
s’appuie sur les travaux de Scholes et Wolfson (1990), qui critiquent les approches en termes d’équilibre
partiel faisant l’hypothèse de rendements constants avant impôt. Dans la pratique, les taux de rendement
avant impôt et les prix des actifs s’ajustent aux modifications de la fiscalité, qui se répercutent sur l’attrait
relatif des divers actifs.
Par exemple, si l’on augmente le taux d’imposition d’une catégorie donnée de biens d’équipement
(par exemple, le capital employé dans un secteur donné ou le capital détenu par un groupe
d’investisseurs donné), le prix relatif de l’actif va baisser. Cette baisse reflète la diminution du rendement
58 après impôt du flux de revenus futurs avant impôt pour le niveau existant de stock de capital et selon un

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Sensibilité de l’IDE à la fiscalité du pays d’accueil : résultats empiriques

sentier d’ajustement conduisant à une valeur révisée à l’état stationnaire. En revanche, la demande
d’actifs moins taxés augmente, ce qui fait monter les prix relatifs de ces actifs. Une diminution du stock de
capital fortement taxé fait monter les taux de rendement avant impôt de ce capital (dans l’hypothèse
d’une productivité marginale décroissante du capital), ce qui fait monter les prix de ces actifs. De même,
le prix relatif des actifs moins taxés diminue par rapport à la valeur qu’il atteignait après la réforme fiscale,
car le stock de cette catégorie de capital s’accroît. Ces ajustements rétablissent l’égalité des rendements
des actifs après impôt sur les sociétés. Mais les taux de rendement après impôt sur les sociétés ainsi
égalisés ne se traduisent pas par des taux de rendement égalisés après imposition des actionnaires, vu
l’hétérogénéité des taux d’imposition des investisseurs au niveau de l’actionnaire.
Ce point a retenu l’attention de Swenson (1994), qui reconnaît que la loi américaine de réforme
fiscale de 1986 a eu des effets différents, non seulement entre secteurs industriels, mais également entre
investisseurs nationaux et étrangers. Cette réforme a augmenté le taux moyen d’imposition des
entreprises nationales, essentiellement parce que le régime d’amortissement est devenu plus restrictif.
L’augmentation des taux moyens d’imposition, variable d’un secteur à l’autre, a eu un impact direct sur les
investisseurs américains. Mais, pour les investisseurs étrangers résidant dans les pays pratiquant le
régime du revenu mondial et appliquant des taux relativement élevés pour l’impôt sur les sociétés (c’est-
à-dire des taux supérieurs à ceux applicables aux États-Unis), la hausse du taux moyen de l’impôt sur les
sociétés aux États-Unis sera largement absorbée grâce à l’augmentation du crédit d’impôt étranger dans
le pays d’origine. Autrement dit, une fiscalité américaine plus lourde pour les revenus de source
américaine de ces investisseurs étrangers se traduit par un transfert de recettes de l’administration fiscale
étrangère (pays d’origine) à l’administration fiscale américaine (pays d’accueil), le taux d’imposition
applicable à ces investisseurs étant le taux d’imposition dans le pays d’origine à la fois avant et après la
réforme fiscale américaine.
L’imposition plus lourde des investisseurs nationaux aux États-Unis, alors même que la fiscalité reste
largement inchangée pour tout un ensemble d’investisseurs étrangers, suggère la possibilité d’importants
effets d’équilibre général. Scholes et Wolfson (1990) prévoient une augmentation des entrées d’IDE aux
États-Unis après la réforme fiscale américaine de 1986. L’intérêt accru des investisseurs étrangers tiendrait
à la baisse des prix des actifs (et donc à la hausse des taux de rendement) due au fait que les
investisseurs américains se sont désintéressés des actifs plus fortement taxés du fait de la réforme2.
Swenson (1994) vérifie ces prévisions en observant l’effet de la réforme fiscale américaine en 1981,
1982, 1984 et 1986 – les mesures de 1986 inversant la réduction de l’impôt sur les sociétés – et ce sur un
échantillon de 18 secteurs industriels. L’IDE est mesuré en utilisant les données de flux d’acquisitions et
d’établissements établies par le BEA de façon à remédier aux critiques dont il avait fait l’objet pour ses
séries précédentes d’IDE, qui ne distinguaient pas les acquisitions d’actifs matériels des acquisitions
d’actifs financiers. Deux ensembles d’équations de régression sont estimés. Le premier regroupe les
investisseurs étrangers soumis à imposition sur leur revenu mondial et les investisseurs taxés selon un
régime territorial, l’objectif principal étant d’étudier les effets des différences de taux moyen de l’impôt
américain sur les sociétés entre les divers secteurs industriels, et ce sur la période 1979-1991. Ce
regroupement est nécessaire pour isoler les effets d’un secteur à l’autre, car les données sectorielles ne
font pas de distinction entre les diverses catégories d’investisseurs étrangers. L’équation suivante est
estimée pour vérifier l’hypothèse que l’IDE par secteur (indexé par j) est positivement lié au taux moyen
de l’impôt interne sur les sociétés dans le secteur industriel, noté ATRj.
ln FDIjt = α + β ln (ATR jt) + γ ln EXt + Σδt + λt T + ε jt (4.2)
Le taux moyen d’imposition est considéré comme étant l’impôt américain sur les sociétés qui a été
acquitté, divisé par les bénéfices (comptables) des sociétés américaines3 . Les effets attendus de la
fiscalité s’appliquant uniquement aux investisseurs étrangers résidant dans un pays pratiquant le régime
du revenu mondial, alors que les données regroupent les investisseurs directs étrangers auxquels
s’appliquent aussi bien le régime du revenu mondial que le régime de l’exonération, la variable
d’élasticité au taux de rendement après impôt β aura tendance à sous-estimer la réaction des
investisseurs soumis au régime du revenu mondial. On a inclus en outre comme variables explicatives le
taux de change des États-Unis (pondéré par les échanges) (EX), des variables supplétives sectorielles (δ) 59

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Impôt sur les sociétés et investissement direct étranger

et une tendance temporelle (T) 4 . Les résultats au niveau des secteurs industriels ont tendance à
confirmer la prévision, la variable d’élasticité au taux de rendement après impôt β étant positive (1.13) et
statistiquement significative5.
Un deuxième ensemble de régressions teste directement les effets des régimes fiscaux des
différents pays. Selon la théorie de Scholes et Wolfson (1990), l’IDE aux États-Unis devrait rester inchangé
ou diminuer en réponse à une augmentation des taux moyens d’imposition aux États-Unis pour les
investisseurs qui résident dans les pays à régime territorial, c’est-à-dire le Canada, l’Allemagne, la France
et les Pays-Bas. En revanche, l’IDE devrait augmenter pour les investisseurs résidant au Royaume-Uni et
au Japon, pays qui pratiquent l’imposition du revenu mondial. Les résultats ont tendance à corroborer
cette théorie. Le paramètre d’élasticité mesurant la réaction, face à l’augmentation des taux moyens
d’imposition aux États-Unis, des investisseurs soumis au régime du revenu mondial est positif et
significatif, alors que dans le cas des investisseurs taxés selon un régime territorial, ce paramètre est
positif, mais il est bien plus faible et non significatif pour la plupart des spécifications de l’équation
d’investissement 6. Comme pour les tests au niveau du secteur industriels, le paramètre concernant le
taux de change est négatif et significatif, ce qui veut dire qu’une dépréciation du dollar des États-Unis
favorise l’IDE.

C. Résultats récents axés sur l’investissement direct à l’étranger (sorties d’IDE)


Un deuxième ensemble de travaux empiriques concerne les investissements directs américains à
l’étranger (sorties d’IDE). En fait, la plupart des études empiriques récentes consacrées aux effets de la
fiscalité sur les investissements directs transnationaux sont axées sur les sorties d’IDE, et non sur les
entrées. Avant d’examiner ces travaux récents, faisons tout d’abord un bref tour d’horizon des premiers
résultats concernant les sorties d’IDE.
Les premières estimations, sous forme de séries chronologiques, des effets de la fiscalité du pays
d’accueil sur les investissements américains à l’étranger ont été faites par Hartman (1981), Boskin et Gale
(1987) et Newlon (1987) qui, comme on l’a vu dans la section B), ont également réalisé une grande partie
des premières études empiriques de l’impact de la fiscalité sur les entrées d’IDE. La première étude sur
les sorties d’IDE est celle de Hartman (1981), qui examine les relations entre les investissements totaux
américains à l’étranger et les taux de rendement après impôt dans les pays d’accueil et aux États-Unis sur
la période 1965-1979. Comme dans ses travaux sur les investissements étrangers aux États-Unis, Hartman
procède à des régressions distinctes pour les sorties d’IDE financées sur les bénéfices non distribués des
filiales étrangères et celles financées par de nouveaux transferts de fonds des sociétés mères
américaines. L’équation pour les bénéfices non distribués est relativement fiable : le coefficient de la
variable de taux de rendement à l’étranger après impôt (le revenu net des IDE sortants divisé par le stock
d’IDE sortants à la fin de l’année précédente) est positif et statistiquement significatif, et la variable de
taux de rendement après impôt aux États-Unis (le taux de rendement global de l’économie américaine
avant impôt, multiplié par un moins le total des taux effectifs de l’impôt sur les sociétés et de l’impôt sur
le revenu des personnes physiques aux États-Unis), a le coefficient négatif attendu 7. En revanche,
l’équation pour les nouveaux transferts de fonds donne des résultats médiocres.
Boskin et Gale (1987) ainsi que Newlon (1987) élargissent les résultats de Hartman en utilisant
une plus lon gue pério de d’observation, des données ré visé es du BEA et d’autres formes
fonctionnelles de l’équation d’investissement (sorties d’IDE exprimées en taux [pourcentage du PIB]
et en niveau). Ils obtiennent des résultats tendant à confirmer ceux de Hartman (1981), à savoir que
la fiscalité étrangère influe sur les sorties d’IDE et que la politique fiscale intérieure peut également
avoir un impact significatif sur les sorties d’IDE. Les estimations d’élasticité de Boskin et Gale sont
un peu plus faibles pour la réaction de l’IDE sortant à une modification des taux de rendement
américains après impôt des investissements intérieurs. En particulier, le coefficient de la variable de
rendement après impôt aux États-Unis a une élasticité de l’ordre de –0.2 (ce qui veut dire qu’une
augmentation de 10 pour cent du taux de rendement après impôt aux États-Unis se traduit par une
baisse de 2 pour cent des sorties d’IDE), alors que le taux de rendement après impôt à l’étranger a
60 une élasticité de l’ordre de 1.2.

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Sensibilité de l’IDE à la fiscalité du pays d’accueil : résultats empiriques

Ces premières recherches, qui révèlent des effets positifs significatifs des taux de rendement après
impôt à l’étranger (pays d’accueil) et des effets négatifs des taux de rendement après impôt dans le pays
considéré (d’origine) – en utilisant des équations d’investissement analogues à celle des travaux de
Hartman (1984) à laquelle on s’est référé ci-dessus –pâtissent en général des problèmes de modélisation
et de mesure des données auxquels se heurtaient les premières études consacrées à l’IDE

1. Études récentes utilisant les données actualisées du BEA


Les études plus récentes des effets de la fiscalité sur l’investissement direct qui sont
essentiellement consacrées à l’investissement américain à l’étranger (sorties d’IDE) exploitent à la fois
des séries chronologiques et des données transversales.
Les sorties d’IDE étant soumises à divers régimes fiscaux dans le pays d’accueil, les analyses
empiriques des sorties d’IDE, en tenant compte des variations des données relatives au pays d’accueil
à la fois d’un pays à l’autre et dans le temps, conviennent généralement mieux pour déterminer les
effets de la fiscalité du pays d’accueil8.
Grubert et Mutti (1991) ainsi que Hines et Rice (1994) tirent parti des données transversales
établies par le BEA dans son étude de référence pour 1982 concernant les investissements directs
américains à l’étranger. La désagrégation des IDE sortants américains en fonction du pays d’accueil
permet de mieux identifier les effets de la fiscalité du pays d’accueil, comme on l’a indiqué ci-dessus.
De plus, les données fournissent des informations, tirées des bilans comptables, sur les biens et
équipements détenus par les sociétés américaines en 1982. Contrairement aux travaux empiriques qui
s’appuient sur les données de flux financiers, les études axées sur les biens et équipements
permettent d’évaluer plus précisément les effets de la fiscalité sur les capitaux véritablement investis9.
Grubert et Mutti (1991) analysent la répartition des biens et équipements de filiales opérant dans
l’industrie manufacturière dans 33 pays d’accueil en régressant le logarithme du stock net de biens et
équipements à la fin de l’année précédente sur deux mesures du taux moyen d’imposition. La
première régression utilisant un logarithme naturel de un moins le taux moyen d’imposition donne une
élasticité constante au taux de rendement après impôt égale à 1.5 pour l’ensemble des filiales de
sociétés mères américaines opérant dans le secteur manufacturier et égale à 2 pour les filiales à
capitaux américains majoritaires opérant dans le même secteur. Toutefois, les coefficients ne sont pas
statistiquement significatifs. La deuxième spécification, utilisant l’inverse du taux d’imposition, donne
un coefficient très significatif (–0.11) pour l’élasticité estimée des biens et équipements au taux
d’imposition dans le pays d’accueil. Cette estimation permet de penser que, si l’on abaissait le taux
moyen d’imposition de 20 à 10 pour cent, le stock d’investissements directs américains dans le pays
d’accueil augmenterait de 5.5 pour cent.
Hines et Rice (1994) utilisent des données plus larges que Grubert et Mutti (1991), en examinant
toutes les filiales non bancaires dont la majorité du capital appartient à des sociétés mères américaines
non bancaires, les observations portant sur un échantillon total de 73 pays d’accueil. Le fait qu’ils
prennent en compte les filiales de tous les secteurs (et pas seulement du secteur manufacturier) et
davantage de pays d’accueil que dans l’étude de Grubert et Mutti (1991), et notamment 41 paradis
fiscaux n’ayant guère de capital matériel, peut expliquer le constat de plus forte réaction à la fiscalité.
Ces auteurs signalent un coefficient statistiquement significatif de –3.3 pour le coefficient de la variable
de taux moyen d’imposition. Cette estimation laisse penser qu’au taux moyen d’imposition de 31 pour
cent, une augmentation de 1 pour cent du rendement après impôt se traduit par une hausse de
2.3 pour cent du stock de biens et équipements des filiales américaines.

2. Études récentes utilisant les données du Trésor américain


L’une des études les plus récentes des effets de la fiscalité du pays d’accueil sur la décision de
localisation des investissements des multinationales américaines a été réalisée par Altshuler, Grubert et
Newlon (1998). Ces auteurs utilisent les informations des dossiers du Trésor sur les sociétés qui contiennent
des données extraites des bilans et des comptes de résultat pour deux années (1984 et 1992), et ce pour 61

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Impôt sur les sociétés et investissement direct étranger

58 pays d’accueil. En utilisant deux années, on peut vérifier si les investissements directs américains à
l’étranger sont devenus plus sensibles à la fiscalité des pays d’accueil au cours du temps, et on peut
aussi vérifier l’influence des effets fixes non mesurés inhérents au pays d’accueil. Comme pour les
études de Grubert et Mutti (1991) ainsi que de Hines et Rice (1994), on s’attache essentiellement à
l’impact de la fiscalité du pays d’accueil sur la décision de localisation, et non sur la décision
d’investir chez soi ou à l’étranger.
La principale variable explicative relative à la fiscalité du pays d’accueil qui est utilisée dans
l’équation d’investissement est le logarithme naturel de un moins une variable centrée de taux moyen
d’imposition . La variable de taux moyen d’imposition, basée sur les données au niveau des filiales
(sociétés étrangères contrôlées) agrégées au niveau du pays, est obtenue en divisant le total des
impôts sur le revenu acquittés dans le pays d’accueil par une estimation des bénéfices censée prendre
en compte le revenu économique net (par opposition au revenu imposable tel que défini par le pays
d’accueil ou par la réglementation fiscale américaine)10 . Afin d’éliminer les effets conjoncturels, on fait
une moyenne des taux moyens d’imposition pour la période en cours et de ceux des deux années
paires précédentes. Pour tenir compte des facteurs autres que fiscaux pouvant influer sur les décisions
de localisation, les auteurs introduisent également comme variables explicatives le logarithme naturel
du PIB du pays d’accueil, le logarithme naturel de la population du pays d’accueil, des variables
supplétives régionales et une variable représentant le régime commercial, qui reflète le degré
d’ouverture de l’économie du pays d’accueil11.
L’équation d’investissement de base utilisée par Altshuler, Grubert et Newlon (1998) est la suivante
(voir à ce sujet l’annexe IV) :
(ln Kj92 – ln Kj84) = c + β92 {ln (1 – ATRj92) – ln (1 – ATRj84) } + βdiff ln (1 – ATRj84) + γ(Zj92 – Zj84)
+ λ TRADEj (ln (1 – ATRj92) – ln (1 – ATRj84)) + νj (où βdiff = β92 – β84). (4.3)
Les principaux résultats empiriques peuvent être résumés comme suit. L’estimation de β 92
mesurant l’élasticité au taux de rendement après impôt pour 1992 est positive (+2.8) et statistiquement
significative . On notera que cette élasticité indique la variation en pourcentage du stock
d’investissements directs à l’étranger à la fin de l’année précédente (actifs amortissables, plus stocks)
qui résulte d’une augmentation de 1 pour cent du taux de rendement après impôt (mesuré par 1 moins
le taux moyen d’imposition pour 1992). L’estimation corrélative de β 84 (différence entre β 92 estimé à
2.77 et βdiff estimé à 1.24) est égale à 1.5 et statistiquement significative.
Enfin, les auteurs étudient d’autres spécifications de l’équation d’investissement (par exemple,
des taux moyens d’imposition retardés sont introduits dans l’équation et les variables de taux moyen
d’imposition sont introduites sous une forme linéaire comme dans Hines et Rice (1994)). Ils constatent
que les taux de rendement après impôt restent positifs et statistiquement différents de zéro au seuil
de confiance de 5 pour cent et plus. Avec la moyenne des taux d’imposition moyens pour 1992 et 1984,
les coefficients de la spécification linéaire de l’équation d’investissement impliquent qu’une hausse de
1 pour cent du taux de rendement après impôt dans un pays augmente en moyenne le stock de capital
matériel de 1.7 pour cent en 1984 et de 3.2 pour cent en 1992.
Les résultats de ces travaux récents montrent que la localisation du capital matériel par les
entreprises manufacturières est sensible à la fiscalité et y est devenue de plus en plus sensible 12. Les
auteurs soulignent que ce constat est conforme à la mobilité internationale croissante du capital dans
le secteur manufacturier et à la mondialisation de la production, de même qu’aux travaux empiriques
antérieurs qui ont conclu à des effets fiscaux significatifs13.

D. Analyses empiriques des effets de la fiscalité sur les décisions de localisation de la R-D
Les responsables d’un pays souhaitent généralement attirer l’IDE pour améliorer la productivité
de leur économie et c’est en particulier l’IDE intensif en R-D qui est concerné. Les travaux empiriques
récents montrent qu’une forte imposition dans le pays d’accueil peut entraver cet objectif de diverses
manières. Il est patent qu’un impôt sur les sociétés à taux égal élevé peut décourager les activités de
R-D dans un pays d’accueil en absorbant le bénéfice économique (rente) retiré de la R-D. Toutefois, on
62 peut identifier d’autres aspects fiscaux sur le plan international.

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Sensibilité de l’IDE à la fiscalité du pays d’accueil : résultats empiriques

Premièrement, en créant des problèmes de crédit d’impôt étranger excédentaire, une forte
fiscalité dans le pays d’accueil est de nature à décourager l’IDE en augmentant le coût après impôt du
programme de R-D réalisé par la société mère. Dans le contexte des multinationales américaines, l’effet
peut être de limiter la déductibilité fiscale des dépenses de R-D effectuées dans le pays d’origine, ce
qui renchérit les programmes de R-D du pays d’origine. Deuxièmement, cette fois encore en
contribuant à un excédent de crédit d’impôt étranger, une forte fiscalité dans le pays d’accueil peut
décourager la R-D dans ce pays en réduisant le montant de l’impôt américain sur les redevances
perçues dans la situation alternative d’exportation de technologies de la société mère américaine à la
filiale. Ces aspects seront traités ci-après. Nous examinerons également les travaux empiriques récents
qui tendent à montrer qu’en percevant une forte retenue à la source sur les paiements transfrontières
de redevances, un pays d’accueil peut encourager la R-D sur son territoire en diminuant le taux de
rendement après impôt des exportations de technologies de la société mère (ou d’une autre filiale
située à l’étranger) vers le pays d’accueil. Néanmoins, ce constat paraît douteux, pour les raisons que
nous indiquerons plus loin.
Considérons tout d’abord l’argument des entraves à l’accès aux technologies étrangères, qui tourne
autour du régime d’imputation des dépenses de R-D en vigueur aux États-Unis, ce régime se fondant
sur la nature fongible (non rivale) de la R-D. En vertu de ce régime, qui s’apparente à celui de
l’imputation des intérêts en vigueur aux États-Unis, les dépenses de R-D sont imputées sur les revenus
de source étrangère en fonction du chiffre d’affaires de la multinationale américaine réalisé à l’étranger
et de ses actifs situés à l’étranger. Cette fraction ne peut être imputée lorsqu’une fiscalité élevée dans
le pays d’accueil élimine l’impôt américain sur les bénéfices de source étrangère. En conséquent, une
forte fiscalité dans le pays d’accueil peut entraver la R-D d’une société mère américaine en augmentant
son coût après impôt. Les travaux empiriques de Hines (1993) révèlent que, après la mise en place du
régime américain d’imputation des dépenses de R-D, les multinationales américaines disposant d’un
niveau élevé de crédits d’impôt étrangers et réalisant un chiffre d’affaires important à l’étranger ont
connu une croissance de leurs dépenses de R-D plus faible que les autres entreprises14 . Le fait que les
entreprises américaines ayant des filiales étrangères dans des pays à forte fiscalité ont tendance à
réaliser moins de R-D que les autres entreprises ayant des filiales dans des pays à faible fiscalité a
plusieurs conséquences. L’une d’entre elles est un moindre accès à la R-D étrangère et aux retombées
bénéfiques qu’elle peut avoir.
Par ailleurs, les crédits d’impôt étranger excédentaires résultant d’une forte fiscalité dans le pays
d’accueil peuvent réduire les activités de R-D dans ce pays. Lorsqu’elle décide d’entreprendre des
activités de R-D, une multinationale américaine peut localiser cette R-D aux États-Unis, ou à l’étranger
via une filiale. Si la R-D est réalisée aux États-Unis et ses résultats font l’objet d’une licence avec la
filiale étrangère, les redevances relatives à la R-D peuvent être exonérées d’impôts grâce à un mixage
des revenus dans le cadre du plafond général de crédits d’impôt étrangers, ce qui permet de faire
échapper les redevances à l’impôt en faisant jouer les crédits d’impôts étranger au titre des dividendes
de source étrangère. Dès lors, une forte fiscalité dans le pays d’accueil peut avoir pour effet de favoriser
la R-D dans le pays de la société mère, et non à l’étranger. Il ressort des travaux empiriques de Hines
(1994), que les multinationales américaines ont intérêt à réaliser leur R-D aux États-Unis et non à
l’étranger, en raison de la non-imposition des revenus de redevances lorsqu’ils sont mixés avec des
revenus de dividendes fortement taxés.
Après avoir examiné l’impact d’un impôt sur les sociétés à taux élevé, voyons maintenant quels
sont les effets des retenues à la source du pays d’accueil sur les revenus de redevances. Hines (1995)
étudie la sensibilité de la R-D réalisée dans le pays d’accueil à la retenue à la source appliquée dans ce
pays ; il utilise pour ce faire les données d’enquête de référence du BEA de 1989 concernant les filiales
étrangères de sociétés mères américaines dans 43 pays d’accueil. Les paiements de redevances,
mesurés en pourcentage du chiffre d’affaires total, sont régressés sur une estimation du taux
d’imposition des redevances dans le pays d’accueil. Hines constate que lorsqu’augmente le taux de la
retenue à la source perçue dans le pays d’accueil, les paiements de redevances versés aux sociétés
mères diminuent, ce qui lui permet de concluree qu’en général la R-D de la filiale étrangère est un
substitut, et non un complément, de la R-D de la société mère. La leçon à en tirer est qu’on peut 63

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Impôt sur les sociétés et investissement direct étranger

augmenter le niveau de R-D réalisée par les filiales étrangères de multinationales américaines en
augmentant le taux de la retenue à la source sur les redevances perçue dans le pays d’accueil. Mais
d’autres éléments donnent à penser que cette relation est faible, car les paiements de redevances sont
un indicateur faible et bruité (imprécis) des activités de R-D.
Premièrement, comme Hines le précise lui-même, les paiements de redevances peuvent être
manipulés de façon à transférer des bénéfices imposables hors d’un pays à forte fiscalité.
Deuxièmement, comme l’ont confirmé les travaux empiriques de Grubert (1998), les paiements
d’intérêts et d’autres paiements remplacent les redevances comme moyen de rapatriement des
bénéfices lorsque la retenue à la source sur les redevances est élevée, ce qui affaiblit encore le lien
entre les paiements de redevances et l’activité de R-D. Troisièmement, l’incitation à entreprendre des
activités de R-D dans le pays d’accueil peut dépendre non seulement du taux de la retenue à la source
sur les redevances, mais aussi du taux de l’impôt sur les sociétés ainsi que des déductions et crédits
d’impôt au titre de la R-D qui sont accordés dans le pays d’accueil, dans le pays d’origine et dans
d’autres pays concurrents, éléments qui sont ignorés dans le modèle. Ainsi, il est difficile de tirer des
leçons à partir de ce simple constat empirique d’une relation négative entre les paiements de
redevances et le taux de la retenue à la source sur les redevances.

E. Implications des résultats empiriques récents


Il est indéniable que de nets progrès ont été accomplis au fil des années dans les recherches
appliquées concernant la réaction des flux d’investissements directs transfrontaliers à la fiscalité, les
résultats empiriques ayant tendance à montrer que l’élasticité directe de l’IDE à son taux de
rendement après impôt est égale à l’unité ou supérieure. En outre, les travaux empiriques récents
s’appuyant sur des données et une modélisation améliorées semblent démontrer de manière
convaincante que la fiscalité du pays d’accueil influe effectivement sur l’investissement et que cette
influence se renforce dans le temps. L’une des implications importantes des travaux récents est que la
fiscalité du pays d’accueil, influencée par les incitations fiscales offertes par ce pays, joue un rôle de
plus en plus grand dans les décisions concernant l’IDE, ce qui n’est pas surprenant étant donné que les
obstacles non fiscaux à l’IDE se sont largement atténués sous l’effet de la suppression du contrôle des
changes et du contrôle des investissements ainsi que de la mondialisation de la production.
Il faut néanmoins utiliser ces estimations avec prudence lorsqu’on veut mesurer le rapport coût-
efficacité d’une mesure d’incitation fiscale. Malgré les progrès accomplis dans les recherches
empiriques, qu’on a résumés ci-dessus, on peut affirmer qu’il n’est pas possible d’estimer de façon
précise la réaction de l’IDE à une mesure donnée d’allégement fiscal – même pour les États-Unis, pays
qui a fait l’objet de la plupart des analyses – puisque plusieurs questions théoriques et empiriques
n’ont pas été résolues. En d’autres termes, les résultats empiriques obtenus à ce jour sont indicatifs,
mais il faut approfondir les travaux pour améliorer et valider la précision des estimations d’élasticité.
Nous examinerons dans cette dernière section deux des principaux problèmes appelant des recherches
plus fines pour déterminer leur rôle dans la compréhension de l’impact de la fiscalité sur l’IDE.

1. Limitation des modèles de taux moyen d’imposition (TMI)


La plupart des modèles empiriques consacrés aux entrées et sorties d’IDE se sont appuyés sur
les taux moyens d’imposition (TMI) comme principale variable explicative. Or, les TMI rétrospectifs
peuvent être des indicateurs imprécis de la pression fiscale sur l’IDE futur, et ce pour plusieurs
raisons. Premièrement, le comportement en matière d’investissement s’inscrit dans l’avenir et est
donc intrinsèquement prospectif. Le taux de l’impôt sur les sociétés de l’année précédente en
pourcentage du bénéfice de cette même année peut donner une indication utile de la pression
fiscale sur l’IDE prenant la forme de fusions et d’acquisitions, mais il ne peut mesurer avec exactitude
la pression fiscale sur le développement des capacités existantes et les projets d’investissement
entièrement nouveaux. Le prélèvement fiscal sur l’ancien et le nouveau capital est différencié du fait
que le stock de capital existant dans le secteur des entreprises consiste en un ensemble d’actifs
64 financiers et non financiers de divers types, de générations différentes et de caractéristiques fiscales

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Sensibilité de l’IDE à la fiscalité du pays d’accueil : résultats empiriques

variables. L’impôt sur les sociétés qui est dû pour l’exercice en cours sur les revenus tirés du stock de
capital existant est fonction de la combinaison spécifique d’actifs. De même, le montant moyen de
l’impôt sur les sociétés par unité de bénéfice dégagé sur les nouveaux investissements dépend du
type et de la quantité de capital acquis. Par conséquent, le TMI rétrospectif, mesuré en exprimant
l’impôt sur les sociétés qui est dû en pourcentage du bénéfice économique, sera différent du taux
effectif moyen d’imposition de l’IDE à la marge dans la mesure où les investissements actuels, ou,
plus préciséme nt, un ensemble de dépe nses d’investissement pour la période en cours)
comprennent divers types d’actifs soumis à un régime fiscal différent, notamment sous l’angle des
aides fiscales. L’amortissement fiscal et le s cré dits d’impôt pou r inve stissemen t varien t
généralement en fonction du type d’actif, certaines catégories de revenu peuvent entrer à des degrés
divers dans l’assiette de l’impôt, un régime différent s’applique généralement aux revenus de source
intérieure et à ceux de source étrangère, etc.
Un autre élément important a trait au régime fiscal des pertes. La plupart des systèmes fiscaux
autorisent les entreprises à reporter les pertes commerciales dans le futur pour compenser l’impôt
payable au titre des exercices ultérieurs, en reconnaissant que l’exercice fiscal (par exemple, une
période de 12 mois) est une construction artificielle15 . Pour une année donnée, le montant existant des
pertes d’années antérieures reporté sur les exercices ultérieurs et pouvant être imputé sur les revenus
imposables de la période en cours sera fonction, entre autres, de la synchronisation par rapport au
cycle économique (conjoncturel). Les possibilités de report en avant seront relativement importantes
après un ralentissement de l’économie. Par conséquent, la pression fiscale sur le capital installé pour
une année au cours de laquelle les entreprises font jouer d’importants reports sur les exercices ultérieurs
(c’est-à-dire une année pour laquelle les paiements d’impôt sur les sociétés sont relativement faibles)
peut sous-estimer la pression fiscale sur le capital nouvellement acquis.
De même, les législations qui accordent des crédits d’impôt pour investissement autorisent
souvent le report des crédits inutilisés pour compenser l’impôt d’exercices ultérieurs. Par exemple, un
crédit d’impôt au titre de la R-D est souvent accordé aux entreprises qui n’ont pas encore
commercialisé un produit et n’ont donc pas pour ce produit d’impôt payable (en l’absence de
bénéfices) sur lequel elles pourraient imputer un crédit d’impôt. Le report d’un crédit d’impôt peut
être introduit pour stimuler l’activité. Le profil des reports de crédits d’impôt, tout comme celui du
report des pertes, sera fonction du cycle conjoncturel, qui augmente ou contracte les bénéfices et les
bases d’imposition. Par conséquent, en présence d’un régime de report sur les exercices ultérieurs, une
estimation de la pression fiscale basée sur l’impôt sur les sociétés payable pour la période en cours
peut être un indicateur trompeur de la pression fiscale sur les nouveaux investissements16.
Les facteurs évoqués ci-dessus, à l’origine d’éventuelles différences entre les taux d’imposition
ex post et ex ante, sont valables lorsque la politique fiscale demeure constante dans le temps. Or, les
différences de pression fiscale entre l’ancien et le nouveau capital peuvent être encore plus marquées
lorsque la politique fiscale est modifiée dans le temps, ce qui est souvent le cas. Considérons, par
exemple, les conséquences d’une réforme remplaçant un régime d’amortissement accéléré par un
amortissement reflétant davantage l’amortissement économique. L’effet de réduction d’impôt de
l’ancien système aura tendance à sous-estimer la pression fiscale sur les nouveaux investissements.
Une estimation de la pression fiscale sur les bénéfices provenant du capital amortissable acquis durant
les exercices précédents, amorti fiscalement à des taux nettement différents de ceux applicables au
capital acquis lors de la période en cours, ne sera pas représentative de la pression fiscale sur les
nouveaux investissements17.
De plus les estimations des paramètres des équations d’investissement qui utilisent des estimations
de rendement après impôt (bénéfices avant impôt, multipliés par un moins le taux moyen effectif estimé
de l’impôt sur les sociétés) comme variable indépendante pour expliquer la variation de l’IDE (voir
Hartman (1984), Feldstein et Jun (1986), Boskin et Gale (1987), Newlon (1987)) peuvent être un indicateur
trompeur de la sensibilité de l’IDE aux modifications de l’impôt sur les sociétés, et notamment aux
modifications des incitations fiscales18. Les modèles d’accélérateur et les autres modèles utilisant une
mesure des flux de trésorerie ou du bénéfice pour expliquer l’investissement ont systématiquement 65

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Impôt sur les sociétés et investissement direct étranger

donné de bons résultats. Par conséquent, il se peut que les variations de la composante « bénéfice avant
impôt » de la variable de rendement après impôt (et non les modifications du taux effectif de l’impôt sur
les sociétés) rendent compte de la majeure partie du pouvoir explicatif des équations signalées.
En résumé, les TMI ont à la fois des propriétés attrayantes et discutables. Ils sont attrayants en ce
sens qu’ils prennent en compte l’effet net d’une multitude de dispositions fiscales et les effets de
l’optimisation fiscale, s’opposant ainsi aux modèles q, qui utilisent des hypothèses trop simples à la
fois pour la fiscalité et la politique financière de l’entreprise. Mais l’impôt sur le revenu qui est dû par
une société ou un groupe de sociétés pour un exercice donné étant la résultante de considérations
fiscales concernant le bénéfice dégagé sur le stock de capital existant – qui peuvent, pour diverses
raisons être différentes des considérations fiscales concernant un investissement futur – cela veut dire
que l’impôt sur les sociétés dû pour un exercice antérieur (ou même pour l’exercice en cours) par
rapport aux bénéfice financier (ajusté) peut être un indicateur très trompeur de la pression fiscale sur
l’IDE futur19 . Il faut prendre en compte cet élément dans toute évaluation des résultats empiriques.

2. Autres considérations
Un certain nombre d’études utilisent des données financières en flux, qui traitent comme de
nouveaux IDE tous les bénéfices nets des filiales qui sont réinvestis et les nouveaux apports de
capitaux des sociétés offshore affiliées (par exemple la société mère). Or, tous ces capitaux ne sont pas
utilisés pour acquérir des actifs matériels. Une partie des fonds peut être reprêtée à d’autres sociétés
affiliées dans des pays tiers, ou investie autrement à l’étranger, de sorte que les données ne reflètent
pas uniquement les flux physiques d’IDE, mais aussi les modifications de la localisation des
financements multinationaux20. Dès lors, les données peuvent surestimer l’investissement net matériel
des investisseurs directs étrangers. En revanche, elles ne prennent pas en compte les emprunts
contractés sur le marché intérieur par la filiale d’une société mère étrangère, ce qui a tendance à sous-
estimer l’IDE effectif. Des études plus récentes utilisant les nouvelles données du BEA, qui mesurent
l’IDE par secteur du pays de provenance et qui enregistrent tous les nouveaux investissements
supérieurs à 1 million de dollars ou les investissements portant sur une superficie de terrain d’au moins
80 ha, permettent de résoudre en partie ce problème de données.
Il faut également signaler certains problèmes de spécification des modèles. Par exemple, les
problèmes d’organisation industrielle, dont on sait qu’ils peuvent être importants pour l’IDE, voire
primordiaux, sont généralement ignorés 21 . De fait, généralement, les études empiriques actuelles
consacrées aux déterminants de l’IDE sont axées sur l’organisation industrielle ou sur les incitations
fiscales, mais pas sur les deux. L’optique de l’organisation industrielle, tout en reconnaissant l’influence
possible de la fiscalité, souligne le rôle des autres facteurs dans l’explication du comportement en
matière d’IDE, par exemple les obstacles tarifaires et non tarifaires et leur suppression, les avantages
spécifiques de localisation (par exemple, dans le domaine de la commercialisation et de la
distribution), l’internalisation des opérations avec les fournisseurs et les acheteurs, l’importance de
l’exploitation d’actifs spécifiques à l’entreprise (par exemple, les actifs immatériels) et les difficultés
rencontrées pour s’approprier une rente (de pleine concurrence) par le biais de licences de produits et
de procédés accordées à des tiers22 . Pour un examen de ces facteurs, voir Caves (1971), Dunning (1981),
Lipsey (1987), Froot et Stein (1991), Wilson (1993).
Pour la plupart, les modèles qui ont été utilisés à ce jour pour expliquer l’impact de la fiscalité sur
l’IDE ont grandement ignoré les questions d’organisation industrielle qui, on le sait, sont importantes –
voire dans de nombreux cas primordiales – pour l’IDE. Si on laisse de côté les questions d’organisation
industrielle, c’est en partie parce qu’on ne peut pas faire autrement lorsqu’on utilise des données
agrégées, car ces considérations sont plus ou moins importantes selon l’activité de l’entreprise, comme
l’a souligné Porter (1990). Néanmoins, bien qu’on ait parfois essayé de prendre en compte des
macrovariables jugées importantes pour expliquer les flux d’IDE, trop de choses restent inexpliquées
dans la quasi-totalité des travaux empiriques à ce sujet réalisés dans l’optique des finances publiques.
Dans la mesure où des variables omises sont corrélées aux variables de revenu ou de fiscalité retenues
comme des variables explicatives, on ne peut guère se fonder sur les estimations obtenues des
66 paramètres et des élasticités.

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Sensibilité de l’IDE à la fiscalité du pays d’accueil : résultats empiriques

Enfin, il semblerait que, plutôt que de vouloir expliquer les flux globaux d’investissements directs,
il vaudrait mieux se concentrer sur les données d’investissement ventilées par activité économique ou
par secteur (généralement non disponibles). Une approche désagrégée permettrait d’obtenir des
indications supplémentaires, en s’attachant simplement aux flux d’IDE liés aux services financiers et à
l’attrait qu’exercent à leur égard les pays ou territoires à faible fiscalité (par exemple, les paradis
fiscaux). Manifestement, les différentes activités économiques ne dénotent pas la même mobilité
géographique (c’est-à-dire la possibilité de délocaliser en présence d’une faible différence de coût
(autre que fiscale)), les incitations fiscales ayant un impact d’autant plus marqué que l’activité est plus
mobile géographiquement. Sur un point connexe, il faudrait manifestement examiner des données
autres que celles établies pour les États-Unis (dans son double rôle de fournisseur et de bénéficiaire
de capitaux). On ne sait pas très bien dans quelle mesure les résultats peuvent être transposés à
d’autres situations et en particulier aux pays en développement. Des recherches complémentaires sont
nécessaires sur ce plan, en plus des autres difficultés rencontrées. Compte tenu de ces questions
empiriques en suspens, il faudra à l’évidence suivre d’autres axes de recherche, en procédant
notamment à des études de cas détaillées.

67

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Impôt sur les sociétés et investissement direct étranger

NOTES

1. Voir Auerbarch et Hassett (1993) pour un examen des conséquences des impôts sur les plus-values et de
l’amortissement fiscal (réévaluation) sur l’IDE prenant la forme d’une acquisition, les conséquences étant
variables selon qu’il y a acquisition d’actions ou acquisitions d’actifs.
2. Comme corollaire, ces liens permettent de prévoir que les réformes fiscales stimulant l’investissement
national de la part des investisseurs nationaux peuvent réduire les entrées d’IDE de la part de certains
investisseurs. La catégorie en cause sera celle des investisseurs étrangers qui résident dans les pays
pratiquant le régime du revenu mondial et appliquant des taux relativement élevés d’imposition déterminant
le taux global d’imposition dans le pays d’accueil et d’imposition des revenus de source étrangère dans le
pays d’origine. Lorsque le taux d’imposition dans le pays d’accueil est supérieur à celui du pays d’origine, ou
lorsque l’IDE est réalisé par une société holding située dans un pays à faible fiscalité (de sorte que le taux
d’imposition dans le pays d’accueil est libératoire), le pronostic de moindre intérêt de la part des
investisseurs étrangers ne vaut plus.
3. Les taux moyens d’imposition, fournis par le groupe de recherche privé « Tax Analysts », sont calculés à partir
de données individuelles d’entreprises qui sont ensuite agrégées au niveau sectoriel.
4. Froot et Stein (1991) font valoir que l’IDE devrait augmenter lorsque le dollar US se déprécie (c’est-à-dire qu’il
existerait une corrélation négative entre l’IDE et le taux de change EX), car cela diminue le coût en devises des
actifs américains. S’il est vrai qu’une dépréciation du dollar réduit également la valeur en monnaies étrangères
des bénéfices attendus, l’asymétrie de l’information (par exemple, l’investisseur n’est pas certain du
comportement des gestionnaires) peut expliquer pourquoi ces deux effets ne s’annulent pas. Une autre
explication est que les investisseurs peuvent anticiper une appréciation du dollar des États-Unis après une
dépréciation (jugée temporaire).
5. Swenson teste l’équation d’investissement pour déceler les effets retardés de la fiscalité, en introduisant des
variables de taux moyen d’imposition pour l’année en cours et pour les années antérieures. La variable
retardée de taux moyen d’imposition a un coefficient qui est légèrement positif, mais n’est pas
statistiquement significatif, ce qu’elle explique en notant l’importance des fusions et acquisitions dans les
données d’IDE et la capitalisation immédiate probable (dans les prix des actifs) des effets de la fiscalité sur le
capital existant (par opposition au capital nouvellement acquis).
6. La variable représentative des taux moyens d’imposition des sociétés américaines qui est utilisée dans les
équations d’investissement est calculée en pondérant ces taux par secteur selon la contribution du secteur à
l’IDE total aux États-Unis en 1979.
7. La politique fiscale intérieure peut influer sur les sorties d’IDE de deux façons : en déterminant le taux
d’imposition dans le pays d’origine (et donc le taux de rendement après impôt pour un rendement donné
avant impôt) des revenus de source intérieure, et en déterminant le taux d’imposition dans le pays d’origine
des revenus de source étrangère. Les modèles de Hartman (1981), Boskin et Gale (1987) et Newlon (1987)
adoptent tous ou retiennent en hypothèse (sans validation) la thèse de la capitalisation fiscale, selon laquelle
les sorties d’IDE financées sur les bénéfices non distribués ne sont pas influencées par la taxation, dans le
pays d’origine, des bénéfices rapatriés. La décision en matière d’IDE à l’étranger est alors fonction d’une
comparaison entre le taux de rendement après impôt sur les sociétés dans le pays d’accueil et celui du pays
d’origine, ou d’une autre possibilité d’investissement. Hartman fait référence à cette condition sous la
dénomination de « neutralité des importations de capital » lorsque le même taux d’imposition (dans le pays
de la source) influence les décisions d’investissement aussi bien des entreprises américaines dans le pays
étranger (de la source) que des autres entreprises opérant dans le pays étranger. La théorie de la
capitalisation fiscale et ses incidences ont été nuancées par un certain nombre de chercheurs (voir le
chapitre 3). En outre, la théorie de la capitalisation fiscale ne vaut pas pour les sorties d’IDE financées à la
marge par l’émission d’actions. Dans ce cas, l’impôt perçu dans le pays d’origine sur les revenus de source
étrangère importe peu, parce que l’impôt perçu lors du rapatriement des revenus de source étrangère peut
être évité (les capitaux ne sont pas encore immobilisés dans l’entreprise). De plus, cette théorie s’applique
aux investissements financés à la marge sur les bénéfices non distribués, alors que chiffres du BEA concernant
68 les bénéfices non distribués ne font pas cette distinction (ils incluent les bénéfices non distribués qui peuvent

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Sensibilité de l’IDE à la fiscalité du pays d’accueil : résultats empiriques

assurer des financements inframarginaux avec éventuellement d’autres sources de financement (par exemple,
une émission d’actions) utilisées à la marge). Cela peut expliquer en partie pourquoi l’équation d’investissement
pour les nouveaux transferts de fonds n’est pas fiable.
8. Les études empiriques des entrées d’IDE conviennent généralement mieux pour identifier les effets de la
fiscalité du pays d’origine. Mais il est relativement plus difficile de recueillir des données cohérentes sur la
fiscalité du pays d’origine dès lors qu’on tient compte des structures de financement.
9. Les données sur les biens et équipements ne sont pas toutefois sans poser de problème. Premièrement,
l’évaluation des actifs repose sur la valeur comptable historique et non sur la valeur à prix courants ou la valeur
de marché. Deuxièmement, les actifs amortissables en fin d’exercice qui sont comptabilisés par les filiales
étrangères résidant dans un pays d’accueil donné peuvent ne pas être situés dans ce pays. Ce problème est
particulièrement aigu dans le cas d’une société holding et d’une filiale financière étrangère situées dans un
paradis fiscal.
10. La définition des revenus et bénéfices déclarés qui figure dans le code des impôts américains correspond
d’assez près au revenu comptable.
11. La variable relative au régime commercial, qui va de 0 (ouverture maximale) à 3 (régime le plus restrictif) et qui
a été mise au point par la Banque mondiale (1987), s’appuie sur les observations suivantes : i) le taux effectif
de protection du pays d’accueil, ii) son recours à des contrôles directs (par exemple, des contingents) ; iii) le
rôle que les exportations jouent dans ce pays et iv) le degré de surévaluation de son taux de change.
12. Les auteurs testent également des équations transversales distinctes portant sur une seule année. Le coefficient
estimé pour le logarithme de 1 moins le taux moyen d’imposition pour 1992 (mesuré comme la moyenne des
taux moyens d’imposition pour 1992, 1990 et 1988) est positif, statistiquement significatif et égal à 2.7. On se
réfère à cette estimation comme estimation de l’élasticité en « régime ouvert » (où la variable TRADE prend une
valeur égale à 0). En revanche, le coefficient fiscal estimé pour l’équation fiscale de 1984 est positif, mais pas
statistiquement significatif. La variable de régime commercial est très significative et négative, ce qui indique
que davantage de restrictions aux échanges réduisent les investissements directs à l’étranger.
13. Comme les auteurs le notent, le constat de sensibilité accrue à l’impôt est également conforme à
l’augmentation du nombre des sociétés mères américaines ayant un excédent de crédit d’impôt après la
réforme fiscale de 1986 (les impôts dans le pays d’accueil n’étant alors pas pleinement compensés par les
crédits d’impôt étranger accordés dans le pays d’origine).
14. Hiner (1993a) analyse deux échantillons d’entreprises (celles réalisant des fusions et les autres) et leur R-D
après l’introduction, en 1986, du régime d’imputation de la R-D sur les revenus de source étrangère. Les
entreprises sont différenciées en fonction de celles qui sont affectées par ce régime et celles qui ne le sont
pas, ce qui permet à Hines d’estimer la sensibilité de la R-D à son coût après impôt.
15. Certains pays autorisent également les entreprises à reporter les pertes en arrière afin de compenser l’impôt
acquitté pour les exercices précédents. Le report en arrière est généralement plus avantageux que le report en
avant, sauf si les pertes peuvent être reportées sur les exercices futurs avec intérêt (pour actualiser la valeur
de l’argent).
16. Autre élément : l’impôt sur les sociétés frappant les plus-values nettes réalisées peut être une mesure
pertinente de la pression fiscale sur les actifs existants, mais ne pas l’être pour évaluer la pression fiscale sur le
nouveau capital à la marge. Les fluctuations des taux d’intérêt du marché (des taux d’actualisation) ou des
anticipations de bénéfices futurs pour le capital existant, entraînant un ajustement des prix des actifs par des
plus-values ou moins-values, influent sur l’impôt dû, pour la période en cours, au titre de l’aliénation du
capital lorsque ces plus-values ou moins-values sont prises en compte dans l’impôt. L’impact que peut avoir
l’imposition des plus-values sur l’IDE au moment considéré peut être très différent de celui obtenu à travers
les taux moyens de l’impôt sur les sociétés, qui subissent l’influence des plus-values ou des moins-values
relatives à la cession d’éléments de capital précédemment acquis.
17. Dans la plupart des systèmes fiscaux, les taux d’amortissement fiscal applicables au capital acquis au cours
des exercices précédents continuent de s’appliquer au stock de capital qui n’a pas été encore amorti, même si
de nouveaux taux d’amortissement entrent en vigueur. Cela évite des plus-values ou des moins-values non
prévues sur le capital existant du fait de la mise en place d’un nouveau régime fiscal.
18. Par exemple, Boskin et Gale (1987) régressent ln (Ire/Y) sur une constante, ln (revenu brut de l’IDE), ln
(rendement net de l’IDE), ln (terme relatif de la fiscalité) et une variable muette, où ln représente une fonction
logarithme naturel, Ire l’IDE financé sur les bénéfices non distribués, Y le PIB américain, le revenu brut de l’IDE
étant le revenu de l’IDE divisé par la position en investissement direct, et le revenu net de l’IDE le rendement
brut de l’IDE multiplié par (1 – ATR), où ATR (le TIM) est un taux effectif moyen rétrospectif calculé à partir des
impôts effectivement payés ; le terme fiscal relatif compare les taux moyens d’imposition dans le pays
d’accueil et dans le pays d’origine. 69

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Impôt sur les sociétés et investissement direct étranger

19. Un petit nombre d’études consacrées à l’IDE se sont appuyées sur des modèles q de l’investissement, dont
l’optique est celle du coût d’usage du capital (voir, par exemple, Swenson (1994), Cummins et Hubbard (1995)).
Ces travaux, bien qu’ils puissent paraître séduisants, souffrent d’un certain nombre de faiblesses théoriques et
n’ont pas vraiment réussi à estimer le comportement d’investissement dans le contexte interne (et encore moins
dans le contexte international), les coefficients estimés impliquant des coûts d’ajustement trop lents (voir
Chirinko (1993) et Clark (1987) pour une application du modèle q à des données canadiennes sectorielles).
20. Voir à ce sujet Quijano (1990).
21. Le problème est que l’influence de ces facteurs non identifiés, en fait pris en compte dans le terme d’erreur,
n’est pas corrélée avec la ou les variables explicatives.
22. En revanche, les études dans l’optique des finances publiques mettent en avant l’influence des impôts sur le
profil de l’IDE, les déterminants non fiscaux étant considérés comme fixes.

70

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Chapitre 5

LES DIFFÉRENTS INSTRUMENTS D’ALLÉGEMENT FISCAL :


ARGUMENTS POUR ET CONTRE

Tout en indiquant que la sensibilité de l’IDE à la fiscalité du pays d’accueil paraît s’accroître avec le
temps, les résultats empiriques dont on a rendu compte au chapitre 4 renseignent peu sur l’attrait
comparatif des différentes méthodes d’allégement de la fiscalité du pays d’accueil en vue de favoriser
les investissements directs étrangers. La raison en est que les variables explicatives utilisées (taux
synthétique effectif de l’impôt sur les sociétés, moyen ou marginal) sont mesurées à travers un
amalgame de paramètres fiscaux et non fiscaux. Lorsqu’on agrège des facteurs pertinents, l’influence de
chacun d’eux est masquée. Par conséquent, les responsables de la politique économique doivent
emprunter d’autres voies pour guider leur choix. On passera en revue ci-après les travaux empiriques
récents examinant la sensibilité à la fiscalité de la politique des entreprises dans trois domaines, le
financement, le rapatriement des bénéfices et les prix de transfert. Ces travaux, de même que
l’expérience acquise dans l’utilisation des incitations fiscales, sont extrêmement utiles pour orienter le
choix entre les divers instruments fiscaux et la façon de les concevoir.
On verra tout d’abord quelles sont les grandes lignes de force qui se dégagent de la théorie
économique quant au choix des instruments. On abordera ensuite les aspects pratiques de la
conception des diverses incitations fiscales, en commençant par les exonérations fiscales temporaires.
Des exemples illustreront comment la date du début de l’exonération peut fortement influer sur l’aide
accordée, le résultat étant très largement fonction du régime fiscal des pertes. On verra ensuite quelles
sont les incitations non voulues à l’optimisation fiscale qui peuvent résulter de la mise en place d’une
exonération fiscale temporaire, notamment à travers la qualification en revenus éligibles, pour des
raisons fiscales, de revenus fortement taxés qui ne devraient pas bénéficier de l’exonération. C’est
pourquoi il faut prévoir, concevoir et appliquer des mesures de protection de l’assiette, notamment
des règles régissant les prix de transfert, afin d’endiguer une ample optimisation fiscale. Il s’agit là d’un
aspect essentiel pour les responsables de l’économie, car il est fréquent qu’un instrument, quel qu’il
soit, ne favorise pas l’IDE avec un bon rapport coût-efficacité essentiellement parce que l’allégement
fiscal, contrairement à ce qui était voulu, bénéficie à des activités qu’on ne souhaitait pas favoriser. On
verra ainsi également combien il est fructueux, pour préserver les bases d’imposition, d’adopter un
faible taux général pour l’impôt sur les sociétés en vue d’attirer l’IDE, même si on aide de cette
manière le capital existant (installé). Les autres aspects qui touchent à la conception de l’instrument
d’allégement sont le régime fiscal des amortissements, l’utilisation de crédits d’impôt forfaitaires ou
progressifs et le ciblage des incitations financières et les effets qui en résultent pour l’IDE.
Comme on l’a souligné au chapitre 2, avant de mettre en place une incitation fiscale, il est
fortement recommandé d’examiner la situation du pays et la pertinence des arguments plaidant pour
des incitations fiscales en faveur de l’IDE. Il se peut qu’il y ait un certain nombre d’entraves à l’IDE liées
au marché et/ou aux politiques mises en œuvre, et le succès des mesures visant à attirer les capitaux
étrangers peut nécessiter une modification des politiques et des programmes gouvernementaux dans
ces domaines1. Il faudra se demander si les incitations fiscales en faveur de l’IDE pourront avoir un bon
rapport coût-efficacité dès lors que les investisseurs continuent à se heurter à des obstacles ayant un
impact négatif marqué sur le risque et le rendement des projets. Lorsque des obstacles sont identifiés,
il faut s’y attaquer avant l’introduction d’incitations fiscales spéciales, ou au moins parallèlement. Par 71

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Impôt sur les sociétés et investissement direct étranger

ailleurs, il faut bien reconnaître que les responsables de l’économie peuvent être confrontés à des
pressions allant dans le sens de l’introduction d’incitations fiscales en faveur de l’IDE, même si d’autres
solutions pourraient être plus judicieuses. Dans ces cas, la possibilité de remédier au moyen
d’incitations fiscales aux défaillances perçues du marché avec le meilleur rapport coût-efficacité
possible dépendra de la conception des dispositifs et de l’existence de mesures d’accompagnement.

A. Ce que la théorie économique de base suggère

La théorie néoclassique de l’investissement, paradigme sur lequel reposent la plupart des


analyses économiques consacrées à l’influence de la fiscalité des sociétés sur le comportement
d’investissement, offre un précieux éclairage sur la façon dont une incitation fiscale est de nature à
favoriser l’investissement et dont on a rendu compte au chapitre 2 (section B). La théorie traditionnelle
de l’investissement prédit, comme on pouvait s’y attendre, que les dépenses d’investissement
réagiront positivement aux exonérations fiscales temporaires ou, plus généralement, à une baisse de
l’impôt sur les sociétés ainsi qu’à un régime renforcé ou accéléré d’amortissement et à des crédits
d’impôt pou r investissemen t. Des incitation s finan cière s peu vent également encour age r
l’investissement dans le pays d’accueil, à condition qu’elles soient offertes à l’« investisseur marginal »,
c’est-à-dire l’investisseur dont le régime fiscal entre en ligne de compte pour la fixation des taux
d’actualisation appliqués aux revenus de l’investissement. Toutefois, on peut s’attendre à ce que les
différentes incitations fiscales aient généralement des effets différents en termes réels et financiers.
Une réduction du taux légal de l’impôt sur les sociétés, par exemple, devrait augmenter
l’investissement en diminuant le taux d’imposition des bénéfices, à condition que l’allégement ne
soit pas compensé par une réduction des crédits d’impôt étranger accordés dans le pays d’origine
(voir le chapitre 3). En revanche, une baisse du taux légal de l’impôt sur les sociétés réduit
également la valeur actualisée des déductions pour les dépenses d’investissement et accroît le coût
après impôt de l’emprunt. La valeur actualisée des déductions pour amortissement diminue parce
que l’impôt économisé au cours de chaque période où s’applique la déduction dépend (comme dans
le cas de toute autre déduction) du taux de l’impôt sur les sociétés auquel les dépenses sont
imputées. Le coût après impôt de l’emprunt augmente pour la même raison : la valeur des
déductions des paiements d’intérêts augmente à mesure que le niveau du taux légal de l’impôt sur
les sociétés est plus élevé. Malgré tout, en général, la réaction d’ensemble devrait être positive. La
théorie économique prédit également que les incitations fiscales immédiates accordées selon une
proportion fixe des dépenses d’investissement, notamment les crédits d’impôt pour investissement
et la déduction immédiate du coût du capital, devraient entraîner une plus forte réaction de
l’investissement pour chaque unité monétaire de recettes fiscales auxquelles on a renoncé. A la
différence d’une réduction du taux de l’impôt sur les sociétés, un crédit d’impôt pour investissement
ou une autre aide à l’acquisition de capital ne bénéficient qu’aux nouveaux investissements ; c’est
pourquoi ils permettent de réduire davantage le taux effectif d’imposition de l’investissement (qui
prend en compte l’impact de l’impôt à la fois sur les revenus marginaux et les coûts marginaux), et ce
à un plus faible coût en termes de recettes fiscales. En revanche, une réduction du taux légal de
l’impôt sur les sociétés bénéficie aussi bien aux nouveaux investissements qu’aux anciens
investissements (capital installé précédemment). De fait, avec une réduction de l’impôt sur les
sociétés, l’investisseur obtient un gain d’aubaine qui augmente la valeur actualisée des revenus
futu rs du ca pital installé. En ou tre, un crédit d’impô t pou r in vestissemen t e t u n régime
d’amortissement accéléré peuvent contribuer à régler d’éventuels problèmes de liquidité pouvant
entraver l’investissement, car ils représentent une source de financement immédiat (c’est-à-dire
qu’ils réduisent l’impôt payable pour la période en cours et augmentent donc les revenus après
impôt, pour cette période, des dépenses en capital ; ils peuvent aussi être une source de liquidités
lorsque l’allégement fiscal non utilisé est remboursable). Enfin, comme on l’a noté précédemment,
les crédits d’impôt pour investissement devraient avoir un impact maximal lorsqu’ils vivent les actifs
à faible durée de vie (par opposition aux actifs à longue durée de vie de même productivité), car ils
72 compensent un plus fort pourcentage de l’imposition d’un flux donné de bénéfices.

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Les différents instruments d’allégement fiscal : arguments pour et contre

La théorie prédit également que l’impact potentiel d’une incitation fiscale variera selon le secteur
et dans le temps. L’impact que pourra avoir un allégement fiscal en faveur de l’IDE devrait être plus
marqué dans le cas des activités pour lesquelles il n’y a guère de différence de coût autre que fiscal
entre les pays concurrents, car alors les différences fiscales joueront davantage dans le choix de
localisation2. Les coûts non fiscaux comprennent les coûts de transport des intrants et de la production,
les coûts des matières premières, de la main-d’œuvre et du capital, les coûts de financement ainsi que
les coûts supportés du fait d’une situation d’instabilité sur le plan politique, juridique, réglementaire et
fiscal. On peut donc penser que les incitations fiscales auront davantage d’impact de nos jours que par
le passé dans les secteurs où les différences de coût des projets ont diminué au fil du temps. Par
exemple, au cours des années 90, les progrès accomplis dans la gestion des données et dans les
télécommunications ont grandement éliminé les différences de coût entre les diverses possibilités de
localisation dans le secteur des services financiers, puisqu’il faut uniquement des bureaux loués, des
ordinateurs, des équipements de télécommunication et du personnel, autant d’éléments dont on peut
disposer aisément dans le pays d’accueil ou qu’on peut transporter à faible coût. Dans les secteurs de
ce type, on peut s’attendre à ce que les incitations fiscales aient un effet sensible sur le choix de la
localisation de l’activité3.
Enfin, on notera que les travaux empiriques analysant la sensibilité des investissements directs
transfrontaliers à la fiscalité du pays d’accueil (résumés au chapitre 4 et reposant, pour la plupart, sur
une application du paradigme néoclassique de l’investissement) ne se prononcent guère sur la
question du choix de l’instrument d’incitation fiscale. La raison en est que les variables de taux
synthétique effectif de l’impôt sur les sociétés, marginal ou moyen, sont mesurées à travers un
amalgame de paramètres et masquent ainsi (en faisant une moyenne) les effets de chaque instrument.
Par conséquent, les responsables de l’économie doivent emprunter d’autres voies pour guider leur
choix entre les différents instruments fiscaux et les différentes politiques fiscales lorsqu’il s’agit
d’ajuster la pression fiscale du pays d’accueil.
Comme on le verra plus loin dans ce chapitre, les incitations fiscales qui subventionnent le coût
d’acquisition du nouveau capital – et qui, selon la théorie économique de base se montrent
généralement les plus efficaces pour promouvoir l’investissement – peuvent dans la pratique ne pas
être le meilleur choix. En particulier, lorsque les moins-values de recettes fiscales dues à des crédits
d’impôt généreux pour investissement ou à d’autres incitations immédiates sont « financées » par un
taux légal de l’impôt sur les sociétés relativement élevé, comme c’est le cas par exemple en cas de
forte contrainte globale de perception de recettes, l’optimisation fiscale de la part de l’investisseur, qui
s’efforcera de transférer des charges déductibles vers des pays où le taux de l’impôt sur les sociétés est
élevé (et de transférer des bénéfices imposables hors de ces pays) pourra saper dans une large mesure
l’efficacité de ce type d’incitation immédiate. Les études de cas et les résultats empiriques récents
concernant la sensibilité des décisions de financement, de la politique de rapatriement et des
politiques en matière de prix de transfert éclairent ces phénomènes.

B. Date d’entrée en vigueur d’une exonération temporaire et traitement des pertes


Même si une exonération fiscale temporaire crée certains problèmes fondamentaux d’optimisation
fiscale (voir ci-après), elle reste une forme très répandue d’incitation fiscale, en particulier dans les
pays en développement. Il est donc important d’étudier ses modalités de conception. Comme on l’a vu
au chapitre 2, plusieurs solutions sont possibles pour le début de l’entrée en vigueur d’une
exonération fiscale temporaire, notamment la première année de production, la première année
bénéficiaire ou la première année de bénéfice net total positif. Ce choix peut beaucoup influer sur le
montant de l’allégement fiscal direct accordé et sur l’attrait de cette mesure pour l’investisseur. Le
montant de l’allégement fiscal direct qui sera en définitive accordé est fonction de la date de départ de
l’exonération fiscale temporaire et du traitement des pertes subies tout au long de l’exonération.
Les coûts normaux d’amortissement et les autres charges déductibles devraient en principe être
imputés sur les recettes brutes de l’année au cours de laquelle les coûts sont supportés (dans
l’hypothèse où les facteurs de production que les charges représentent sont à l’origine des recettes 73

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Impôt sur les sociétés et investissement direct étranger

brutes pour la même période). Avec une exonération fiscale temporaire, des pressions s’exercent sur
l’État pour que les charges d’exploitation relatives à la période d’exonération (qui seraient, sinon,
déductibles au moment où elles ont été subies) fassent l’objet d’un report sur les exercices ultérieurs.
Le report de ces charges a tendance à surestimer les coûts durant la période qui suit l’exonération. En
effet, les mesures autorisant les entreprises à reporter sur les exercices ultérieurs les charges subies
durant la période d’exonération temporaire reviennent en fait à intégrer dans la période d’exonération
fiscale temporaire les revenus imposables après l’expiration de cette période. Si les pertes
d’exploitation subies pendant une période d’exonération fiscale ne sont pas déductibles durant la
période postérieure à l’exonération, une exonération fiscale temporaire peut en fait alourdir la fiscalité
de l’entreprise. Cela est particulièrement vrai pour les projets très coûteux les premières années de
production (formation de la main-d’œuvre, frais de publicité pour créer un marché local).
De fait, un régime généreux de report des pertes sur les exercices ultérieurs peut davantage
stimuler l’investissement qu’une exonération fiscale temporaire assortie de règles restrictives pour le
report en avant des pertes. On peut à cet égard comparer le tableau 5.1, qui examine les effets d’une
exonération fiscale temporaire sans possibilité de report des pertes sur les exercices ultérieurs et le
tableau 5.2, qui illustre divers régimes de report des pertes sur les exercices ultérieurs. La valeur
actualisée de l’impôt sur les sociétés acquitté est plus faible avec un report des pertes de deux ans
et sans exonération fiscale temporaire (cas 2B) qu’avec une exonération fiscale de deux ans
commençant la première année de production, mais sans possibilité de report des pertes (cas 1A).
Un report de pertes sur les cinq exercices ultérieurs est également plus intéressant qu’une
exonération fiscale de deux ans avec possibilité de report de pertes qui ne débute pas avant la
première année bénéficiaire.

1. Possibilités d’optimisation fiscale avec un régime d’exonération temporaire

Si l’on considère tout l’éventail des incitations dans le domaine de l’impôt sur les sociétés, c’est
sans doute l’exonération fiscale temporaire qui est la plus souvent pratiquée, mais qui est aussi la plus
susceptible d’abus de la part du contribuable. En exonérant certaines sociétés ou activités de l’impôt
sur les sociétés, l’exonération fiscale temporaire encourage les groupes de sociétés à transférer des
revenus imposables (en respectant ou non la réglementation applicable) aux sociétés éligibles afin de
réduire au minimum l’impôt total dû dans le pays d’accueil. Un certain nombre de possibilités d’abus
sont envisageables.

Tableau 5.1. Illustration d’une exonération fiscale de deux ans avec différentes dates d’entrée en vigueur
Valeur
Année Année Année Année Année Année Année Année Année Année
Investissement : 100 Total actuelle
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
de l’impôt

Recettes 15 25 30 40 50 50 50 50 50 50 410
Coûts de démarrage 50 30 10 0 0 0 0 0 0 0 90
Recettes nettes –35 –5 20 40 50 50 50 50 50 50 320
Amortissement 10 10 10 10 10 10 10 10 10 10 100
Bénéfice –45 –15 10 30 40 40 40 40 40 40 220
Bénéfice accumulé net –45 –60 –50 –20 20 60 100 140 180 220 –
Cas 1A – l’exonération commence la 1re année de production
Revenu imposable 0 0 10 30 40 40 40 40 40 40 280 73
Cas 1B – l’exonération commence la 1re année bénéficiaire
Revenu imposable 0 0 0 0 40 40 40 40 40 40 240 59
Cas 1C – l’exonération commence la 1re année de bénéfice total net
Revenu imposable 0 0 0 0 0 0 40 40 40 40 160 36
Les exemples impliquent un amortissement fiscal linéaire sur 10 ans sans aucune possibilité de report des pertes.
Les calculs de valeur actualisée utilisent un taux d’actualisation de 10 % et font l’hypothèse d’un taux d’impôt sur les sociétés de 50 %.
74

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Les différents instruments d’allégement fiscal : arguments pour et contre

Tableau 5.2. Illustration de différents régimes de report des pertes sur les exercices ultérieurs
Valeur
Année Année Année Année Année Année Année Année Année Année
Investissement : 100 Total actuelle
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
de l’impôt

Recettes nettes –35 –5 20 40 50 50 50 50 50 50 320


Amortissements 10 10 10 10 10 10 10 10 10 10 100
Bénéfices –45 –15 10 30 40 40 40 40 40 40 220
Cas 2A – aucun report de pertes
Revenus imposables 0 0 10 30 40 40 40 40 40 40 280 73
Cas 2B – report de pertes sur deux ans
Pertes d’il y a trois
ans inutilisées 0 0 45 15 0 0 0 0 0 0 –
Pertes d’il y a deux
ans inutilisées 0 45 15 0 0 0 0 0 0 0 –
Pertes de l’année
antérieure utilisées 0 0 10 15 0 0 0 0 0 0 25
Revenus imposables 0 0 0 15 40 40 40 40 40 40 255 65
Cas 2C – report de pertes sur cinq ans
Pertes d’il y a cinq
ans inutilisées 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 –
Pertes d’il y a quatre
ans inutilisées 0 0 0 0 5 0 0 0 0 0 –
Pertes d’il y a trois
ans inutilisées 0 0 0 35 15 0 0 0 0 0 –
Pertes d’il y a deux
ans inutilisées 0 0 45 15 0 0 0 0 0 0 –
Pertes d’il y a
un an inutilisées 0 45 15 0 0 0 0 0 0 0 –
Pertes de l’année
antérieure utilisées 0 0 10 30 20 0 0 0 0 0 60
Revenu imposable 0 0 0 0 20 40 40 40 40 40 220 53
Les exemples prennent pour base les mêmes hypothèses que dans le tableau 5.1, et un amortissement linéaire sur 10 ans.
Les calculs de valeur actualisée utilisent un taux d’actualisation de 10 % et font l’hypothèse d’un taux d’impôt sur les sociétés de 50 %.

Premièrement, lorsqu’une exonération temporaire est destinée aux sociétés « nouvellement


établies », le contribuable est incité à transférer des capitaux des entreprises déjà établies aux
entreprises éligibles, afin de bénéficier de l’allégement. Ce « moulinage » du capital industriel et
commercial à des fins fiscales peut donner faussement l’impression qu’il y a eu de nouveaux
investissements, alors qu’en fait la mise en place de « nouvelles » capacités productives n’est que le
résultat d’une diminution du capital productif ailleurs dans l’économie.
Une autre technique courante de transfert de bénéfices à des fins fiscales est facilitée par les
exonérations fiscales temporaires : elle consiste à utiliser au sein d’un groupe les sociétés exonérées
pour tirer parti de déductions, notamment d’intérêts. Par exemple, en l’absence d’une exonération
fiscale temporaire, les intérêts sur les prêts consentis par une société mère à sa filiale, déductibles de
l’assiette de l’impôt de la filiale, sont imposables au niveau de la société mère (c’est-à-dire sont
intégrés dans son revenu imposable). Mais lorsqu’une filiale existante ou nouvellement créée a droit à
une exonération temporaire, il est tentant de déplacer les paiements d’intérêts déductibles des autres
filiales n’ayant pas droit à l’exonération à la filiale qui y a droit (en procédant à une restructuration
financière à motivation fiscale). Dans ce cas, les intérêts encaissés deviennent non imposables au
niveau de la filiale bénéficiant de l’exonération en sa qualité d’intermédiaire financier (en l’absence de
règles particulières visant à préserver l’assiette de l’impôt). Les revenus d’intérêts peuvent alors être
convertis en revenus de dividendes versés en franchise d’impôt à la société mère.
Une troisième technique consiste à utiliser des prix de transfert artificiels dans les transactions
entre membres d’un groupe comportant une filiale ayant droit à une exonération fiscale temporaire.
Cette fois encore, il est tentant de transférer des revenus imposables à la société bénéficiant d’une 75

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Impôt sur les sociétés et investissement direct étranger

exonération temporaire et de transférer des dépenses aux sociétés qui n’en bénéficient pas afin de
réduire le montant total des revenus soumis à l’impôt. Le fait que les transactions s’opèrent entre les
membres d’un groupe signifie que, tandis que les bénéfices de certaines entreprises du groupe
diminueront, le revenu total avant impôt du groupe restera inchangé, mais l’impôt total à payer
diminuera. Des prix artificiels ou ne remplissant pas les conditions de pleine concurrence peuvent être
appliqués dans le cadre de prêts entre sociétés affiliées (par exemple, en fixant le taux d’intérêt des
prêts à un niveau supérieur à celui du marché) et dans le cadre des échanges de biens et services
intermédiaires ou finaux entre sociétés affiliées.

Les principales possibilités d’optimisation fiscale dans le cadre d’une exonération temporaire sont
illustrées à l’annexe AV. Le tableau AV.2 de cette annexe illustre les résultats souhaités d’une exonération
temporaire par rapport au scénario de référence (avant exonération fiscale) du tableau AV.1. Après la
mise en place d’une exonération fiscale temporaire, une société mère (PCo) investit 500 dollars dans une
nouvelle filiale (OpCoB) exerçant des activités éligibles à l’exonération temporaire. Les deux derniers
tableaux font apparaître les réactions non voulues, mais fréquentes, à l’introduction d’un régime
d’exonération fiscale temporaire. Le tableau 5.3 résume ces différentes situations (cf. annexe V).

Tableau 5.3. Résumé des possibilités d’optimisation fiscale et les effets sur les recettes du pays d’accueil
(voir les tableaux AV.1 à AV.4 de l’annexe AV)
Financement de l’endettement d’OpCoA Prix de transfert au sein des groupes
(activités non visées) de sociétés
« Ancien » capital Recettes
requalifié Intermédié fiscales
de « nouveau » (via l’entreprise OpCoB Fixés selon les Non fixés selon les du pays
capital Direct bénéficiant conditions normales conditions normales d’accueil
d’une exonération de concurrence de concurrence
fiscale temporaire)

Cas de référence Non applicable Oui Non applicable Oui Non 100
(TAB1)
Exonération
temporaire d’impôt :
Impact voulu Non Oui Non Oui Non 100
(TAB2)
Optimisation fiscale Oui Non Oui Oui Non 65
I (TAB3)
Optimisation fiscale Oui Non Oui Non Oui 55
II (TAB4)

Tout d’abord, dans le tableau AV.3, la société mère réduit ses propres opérations de 500 dollars et
transfère cette somme à OpCoB afin d’éviter l’impôt sur les revenus produits par le stock de capital
avant exonération temporaire. Le tableau AV.3 montre également qu’il est avantageux de faire transiter
par la nouvelle filiale (OpCoB) les prêts accordés à la société existant avant l’exonération fiscale
(OpCoA). Cela permet à OpCoB de percevoir les intérêts en franchise d’impôt et de les verser à la
société mère sous la forme de dividendes intra-groupe en franchise d’impôt. Au total, les recettes
fiscales du pays d’accueil sont réduites à soixante-cinq dollars, alors qu’elles étaient de cent dollars
pour l’impôt perçu du groupe dans le scénario de référence et avec le régime « pur » d’exonération
fiscale temporaire (avant la prise en compte des possibilités d’évasion fiscale). Le tableau AV.4 illustre
la situation encore plus avantageuse dans laquelle OpCoA acquitte sur ses emprunts des taux d’intérêt
ne répondant pas aux conditions de pleine concurrence, de manière à réduire encore l’impôt perçu
dans le pays d’accueil (à cinquante cinq dollars). Comme on peut le voir à l’annexe V, ces effets fiscaux
se traduisent par une augmentation des taux de rendement après impôt et incitent donc davantage à
76 accroître l’investissement dans le secteur non visé.

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Les différents instruments d’allégement fiscal : arguments pour et contre

C. Délestage de bénéfices lorsque le taux légal de l’impôt sur les sociétés est élevé
Comme on l’a noté précédemment, une réduction de l’impôt sur les sociétés (non compensée par une
augmentation de l’impôt dans le pays d’origine) devrait généralement favoriser l’investissement malgré les
répercussions sur le coût de l’emprunt et la valeur des déductions pour amortissement. Le taux de l’impôt
sur les sociétés peut être réduit directement en abaissant le taux légal de cet impôt. Une autre solution
consiste à appliquer un taux légal d’impôt sur les sociétés inchangé à une fraction du revenu imposable des
sociétés, ou à accorder un crédit d’impôt spécial égal à un pourcentage fixe de l’assiette de l’impôt4.
Une réduction du taux de l’impôt sur les sociétés (par réduction du taux légal, par réduction du taux
sur une partie de l’assiette de l’impôt, ou par l’octroi d’un crédit d’impôt) peut être introduite à titre
temporaire ou permanent et elle sera en général d’autant plus attrayante pour l’investisseur que sa durée
d’application prévisible sera plus longue. Plusieurs facteurs peuvent influencer ces attentes, notamment
la situation budgétaire de l’État et ses antécédents en matière de réforme fiscale. Si l’endettement de
l’État est excessif ou sa situation budgétaire (notamment en ce qui concerne les bases d’imposition) est
faible ou si le système fiscal a fait l’objet de nombreuses modifications, l’allégement fiscal pourra être
fortement actualisé, et ce d’autant plus pour les projets d’investissement à long terme intensifs en capital.
Afin de maximiser l’efficience globale (c’est-à-dire d’éviter que l’allégement fiscal bénéficie à des
projets d’investissement qui auraient été réalisés de toute manière), on peut envisager de cibler la baisse
du taux sur les « entreprises nouvellement établies », mais on ouvre ainsi des possibilités d’abus (comme
pour l’exonération fiscale temporaire). Lorsqu’une mesure de réduction du taux de l’impôt sur les
sociétés a un caractère temporaire, le montant de l’allégement fiscal à ce titre sera fonction du régime
d’amortissement fiscal et de report des pertes sur les exercices ultérieurs. L’allégement sera d’autant plus
marqué que les entreprises pourront reporter leurs amortissements et leurs pertes postérieurement au
rétablissement du taux d’impôt sur les sociétés plus élevé.
Du fait qu’une réduction du taux de l’impôt sur les sociétés bénéficie au capital existant (installé),
elle est considérée par certains observateurs comme une solution moins bonne que des crédits
d’impôt ou d’autres aides « immédiates » correspondant à un certain pourcentage des nouvelles
dépenses en capital. Mais d’autres observateurs sont d’un avis contraire ; en effet, une baisse du taux
légal de l’impôt sur les sociétés offre l’avantage de soulager les bases d’imposition dans le pays
d’accueil des pressions qui sont dues aux techniques d’optimisation fiscale. Comme on l’a vu, les
multinationales, soucieuses de réduire au minimum leur facture fiscale globale, s’efforcent en général
d’accumuler autant de revenus que possible dans les sociétés soumises à un impôt sur les sociétés à
taux légal relativement faible et, à l’inverse, de déduire autant de charges que possible dans les
sociétés soumises à un impôt sur les sociétés à taux relativement élevé (voir plus haut les
développements consacrés à l’exonération fiscale temporaire). Par conséquent, quand un pays a un
taux légal relativement élevé pour l’impôt sur les sociétés par rapport aux pays avec lesquels il est en
concurrence directe pour l’IDE, il faudrait sérieusement envisager de réduire le taux de base de l’impôt
sur les sociétés afin de favoriser l’IDE et de renforcer les recettes au titre de l’impôt sur les sociétés en
décourageant les structures de financement intra-groupe motivées par des considérations fiscales et
les pratiques en matière de prix de transfert répondant aux mêmes préoccupations.

1. Preuve empirique
Comme on le verra à l’annexe VI, il existe maintenant un grand nombre de travaux empiriques
traitant de l’impact de diverses mesures de réforme fiscale sur la politique financière des entreprises
multinationales. Ces travaux montrent qu’en général la structure financière de l’entreprise est
influencée et, parfois, dans une large mesure, par la législation fiscale du pays d’accueil, ce qui
corrobore les résultats bien connus des conseillers en optimisation fiscale. Les données empiriques au
niveau global confirment le rôle central que joue le taux légal de l’impôt sur les sociétés du pays
d’accueil dans la détermination du rapport dette/fonds propres. En particulier, un taux légal élevé
encourage l’emprunt dans le pays d’accueil, ce qui a tendance à éroder l’assiette de l’impôt sur les
sociétés. Un régime généraux de crédits d’impôt ou de déductions « financé » par un impôt sur les
sociétés à taux légal élevé exerce des pressions sur les bases d’imposition et rend encore plus 77

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Impôt sur les sociétés et investissement direct étranger

nécessaire une conception et une administration (en général coûteuse) efficaces des règles concernant
la sous-capitalisation et des autres règles visant à préserver les bases d’imposition.
Les travaux empiriques commentés à l’annexe VI examinent également les conséquences de divers
réglages des paramètres fiscaux sur les décisions de rapatriement des bénéfices. Comme la théorie le
laisse penser, les méthodes de rapatriement sont influencées par le taux légal de l’impôt sur les sociétés
et par le taux de la retenue à la source applicable aux non-résidents, les différentes formes de
rapatriement des bénéfices n’ayant pas le même impact sur les bases d’imposition du pays d’accueil. Une
forte retenue à la source sur les dividendes, par exemple, a tendance à décourager la distribution de
bénéfices. Néanmoins, une forte retenue à la source sur les dividendes ne peut garantir que les bénéfices
(économiques véritables) seront réinvestis dans le pays d’accueil, les entreprises ayant d’autres moyens
de transférer des bénéfices aux sociétés mères, notamment la déduction de charges comme les intérêts,
les redevances et les honoraires de gestion. Comme on pouvait s’y attendre, ces travaux empiriques
constatent qu’un impôt sur les sociétés à taux élevé encourage l’utilisation de paiements déductibles,
notamment les intérêts, pour transférer des revenus à la société mère étrangère, avec toutes les
conséquences négatives que cela peut avoir pour les bases d’imposition dans le pays d’accueil.
On notera néanmoins qu’une étude conclut que les paiements de redevances (déductibles)
n’augmentent pas en fonction du niveau du taux légal de l’impôt sur les sociétés perçu dans le pays
d’accueil. Au contraire, une augmentation des paiements de dividendes et de redevances est associée à un
impôt sur les sociétés à faible taux, ce qui laisse penser que les multinationales ont tendance à transférer
dans les pays à faible fiscalité les bénéfices prenant la forme de revenus d’actifs immatériels5. Les effets
sont inverses pour les pays percevant un impôt sur les sociétés à taux élevé, car les multinationales ont
tendance à faire sortir des bénéfices de ces pays plutôt qu’à utiliser des structures financières fortement
endettées dans le pays d’accueil et des prix de transfert sans rapport avec les prix de pleine concurrence.

D. Déductions pour amortissement obligatoires ou facultatives


Outre le choix fondamental entre la formule linéaire ou dégressive pour l’allégement du coût du
capital dont bénéficieront certaines catégories d’actifs, il faut se demander si les déductions pour
amortissement doivent être obligatoires ou facultatives (voir la section C du chapitre 1). En particulier,
si les responsables de l’économie souhaitent encourager l’IDE grâce à un régime d’amortissement
accéléré, faut-il que l’amortissement soit obligatoire (c’est-à-dire ne soit autorisé que pendant l’année
où naît le droit à amortissement), ou faut-il autoriser le contribuable à reporter le droit à amortissement
sur les exercices ultérieurs ? Un grand nombre de pays autorisent le report des droits à amortissement
sans limite de durée, ce qui permet aux investisseurs de mieux gérer leurs possibilités de déduction et
de réduire au minimum l’impôt total dû dans le pays d’accueil. Lorsque le contribuable a moins de
latitude, l’interaction avec la possibilité de report des pertes devient plus importante.
Dans le cas des entreprises longuement déficitaires (par exemple, celles qui réalisent beaucoup
d’activités de R-D), il est possible de faire durer les droits à amortissement au-delà du délai de report
des pertes en imputant la dépense la dernière année possible en vertu du régime de report des
amortissements, puis en reportant le montant considéré sur les exercices ultérieurs en vertu du régime
de report des pertes. Ces interactions influent sur l’aide offerte à l’entreprise et doivent donc être
prises en compte lors de la conception de l’ensemble du dispositif d’incitation.
Lorsque l’entreprise à un revenu imposable négatif ou est « déficitaire » l’année où sont supportés
les coûts en capital amortissables – ce qui est souvent le cas les premières années d’un projet
d’investissement – les déductions pour amortissement ne sont valables pour l’investisseur que si la
perte fiscale supplémentaire (l’accroissement du revenu imposable négatif) résultant de la déduction
fiscale peut être reportée sur les exercices ultérieurs (ou, avec certains dispositifs, reportée sur les
exercices antérieurs) ou être transférée d’une autre manière afin de compenser des impôts futurs (ou
passés). Le cas 3A du tableau 5.4 illustre les écueils d’un régime d’amortissement accéléré avec
amortissement obligatoire (non discrétionnaire) et sans report des pertes sur les exercices ultérieurs.
On voit dans ce cas que l’amortissement accéléré se traduit par une plus forte charge fiscale totale
78 qu’avec un régime d’amortissement non accéléré (comparer les cas 3A et 2A du tableau 5.3). Si l’on met

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Les différents instruments d’allégement fiscal : arguments pour et contre

en place un régime discrétionnaire d’amortissement accéléré auquel s’ajoutent des possibilités de


report des pertes sur les exercices ultérieurs, ce qui permet de reporter en avant à la fois les pertes
fiscales et les pertes commerciales, la situation de l’investisseur est encore meilleure (pour une
comparaison des différents exemples, voir le tableau 5.5).

Tableau 5.4. Amortissement accéléré – non discrétionnaire ou discrétionnaire,


et interactions avec les règles de report des pertes
Valeur
Année Année Année Année Année Année Année Année Année Année
Investissement : 100 Total actuelle
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
de l’impôt

Recettes nettes –35 –5 20 40 50 50 50 50 50 50 320


Amortissement (comptable) 10 10 10 10 10 10 10 10 10 10 100
Bénéfice (comptable) –45 –15 10 30 40 40 40 40 40 40 220
Cas 3A Amortissement accéléré (non discrétionnaire), aucune disposition autorisant le report des pertes
Amortissement (fiscal) 50 25 25 0 0 0 0 0 0 0 100
Revenu ou perte –85 –30 –5 40 50 50 50 50 50 50 –
Revenu imposable 0 0 0 40 50 50 50 50 50 50 340 88
Cas 3B – Amortissement accéléré (discrétionnaire), aucune disposition autorisant le report des pertes
Amortissement (maximum) 50 25 25 0 0 0 0 0 0 0 100
Amortissement inutilisé 50 75 100 80 40 0 0 0 0 0 –
Amortissement réclamé 0 0 20 40 40 0 0 0 0 0 100
Revenu imposable 0 0 0 0 10 50 50 50 50 50 260 62
Cas 3C – Amortissement accéléré (non discrétionnaire), possibilité de reporter les pertes sur cinq ans
Amortissement (fiscal) 50 25 25 0 0 0 0 0 0 0 100
Revenu ou perte (avant report) –85 –30 –5 40 50 50 50 50 50 50 –
Perte inutilisée d’il y a cinq ans 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 –
Perte inutilisée d’il y a quatre an 0 0 0 0 45 25 0 0 0 0 –
Perte inutilisée d’il y a trois an 0 0 0 85 30 5 0 0 0 0 –
Perte inutilisée d’il y a deux ans 0 0 85 30 5 0 0 0 0 0 –
Perte inutilisée d’il y a un an 0 85 30 5 0 0 0 0 0 0 –
Perte utilisée l’année
précédente 0 0 0 40 50 30 0 0 0 0 –
Revenu imposable 0 0 0 0 0 20 50 50 50 50 220 50
Les exemples font les mêmes hypothèses identiques sur le projet que dans le tableau 5.1 (amortissement linéaire sur 10 ans).
Les calculs de valeur actualisée utilisent un taux de 10 % d’actualisation, et font l’hypothèse d’un taux d’impôt sur les sociétés de 50 %.

Tableau 5.5. Comparaison des résultats avec divers dispositifs d’incitation fiscale
Valeur
Année Année Année Année Année Année Année Année Année Année
Cas Régime Total actualisée
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
de l’impôt

1A Exonération fiscale (première


année de production) 0 0 10 30 40 40 40 40 40 40 280 73
1B Exonération fiscale (première
année de profit) 0 0 0 0 40 40 40 40 40 40 240 59
1C Exonération fiscale (première
année de profit net cumulé) 0 0 0 0 0 0 40 40 40 40 160 36
2A Aucun report de perte 0 0 10 30 40 40 40 40 40 40 280 73
2B Report de perte de deux ans 0 0 0 15 40 40 40 40 40 40 255 65
2C Report de perte de cinq ans 0 0 0 0 20 40 40 40 40 40 220 53
3A Amort. accéléré (non discr.,
aucun report de pertes) 0 0 0 40 50 50 50 50 50 50 340 88
3B Amort. accéléré (discr., aucun
report de pertes) 0 0 0 0 10 50 50 50 50 50 260 62
3C Amort. accéléré (discr., report
de pertes sur cinq ans) 0 0 0 0 0 20 50 50 50 50 220 50
Les exemples font les mêmes hypothèses sur le projet que dans le tableau 5.1 (amortissement linéaire sur 10 ans).
Les calculs de valeur actualisée utilisent un taux d’actualisation de 10 % et font l’hypothèse d’un taux d’impôt sur les sociétés de 50 %. 79

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Impôt sur les sociétés et investissement direct étranger

Il faut aborder une dernière question importante : les régimes généreux d’amortissement et de
report des pertes peuvent aboutir à une accumulation de pertes fiscales non utilisées. Les pertes
fiscales, ou plus généralement le reliquat non utilisé de déductions fiscales et de crédits d’impôt qui
résulte de dispositifs généreux d’incitation à l’investissement, peuvent protéger de l’impôt les
entreprises visées qui finiront pas être rentables après avoir bénéficié des mesures d’incitation. De
plus, l’existence d’un reliquat substantiel de pertes fiscales non utilisées incite les entreprises
déficitaires à céder ces pertes fiscales à des entreprises qui sont rentables et peuvent utiliser les
pertes ainsi transférées pour réduire l’impôt dû dans le pays d’accueil. C’est pourquoi les pays
d’accueil doivent mettre en place des réglementations et des pratiques administratives pour limiter les
transferts non voulus de pertes, ce qui créé généralement de nouvelles échappatoires fiscales à
mesure qu’on met fin à celles qui existaient auparavant. Les moins-values de recettes fiscales
qu’entraînent les transferts de pertes peuvent être considérables et bien supérieures aux recettes
auxquelles on a renoncé pour les activités d’investissement visées.

E. Les incitations fiscales immédiates : s’agit-il nécessairement du mécanisme le plus efficace ?

Les incitations fiscales immédiates, notamment les crédits d’impôt pour investissement et la
déduction immédiate et intégrale des dépenses en capital, sont souvent préconisées comme la forme
la plus efficace d’aide à l’investissement, en ce sens qu’elles bénéficient uniquement – comme on l’a
vu précédemment – aux nouvelles acquisitions de capital. L’idée est qu’une incitation fiscale aura une
efficacité maximale si elle subventionne uniquement l’investissement qui n’aurait pas été réalisé en
l’absence d’aide. Dès lors, on considère que les incitations immédiates liées aux nouvelles acquisitions
de capital doivent être préférées à une réduction du taux légal de l’impôt sur les sociétés, qui bénéficie
aussi bien au capital existant qu’au nouveau capital.

D’autres observateurs considèrent que les incitations immédiates sont mal ciblées en ce qu’elles
subventionnent les facteurs de production et non la production ; autrement dit, elles subventionnent
l’acquisition du capital et non l’utilisation productive des facteurs de production dans les activités de
production et dans la création de bénéfices. Si des mesures d’incitation sont nécessaires, c’est sur la
réduction du taux d’imposition des bénéfices qu’il faudrait mettre l’accent.

Les observateurs qui mettent en garde contre les incitations fiscales immédiates soulignent
qu’elles peuvent exercer d’énormes contraintes sur le système fiscal du pays d’accueil. Les pays
subissent de très fortes pressions pour autoriser les entreprises temporairement déficitaires (par
exemple, les jeunes pousses) à reporter sur les exercices ultérieurs les allégements fiscaux auxquels
elles ont droit mais qu’elles n’ont pas utilisés – en particulier les crédits d’impôt pour investissement
qu’elles ont acquis mais n’ont pas utilisés – et leurs dépenses en capital. Leur refuser de telles
mesures les placeraient dans une situation concurrentielle défavorable par rapport aux entreprises
bénéficiaires qui peuvent tirer parti de certaines mesures fiscales spéciales. Comme on l’a indiqué
précédemment, l’existence de crédits et déductions spéciaux inutilisés incite les entreprises
déficitaires à valoriser immédiatement les montants concernés en les cédant à des entreprises
imposables (au moyen de diverses techniques d’optimisation fiscale), ce qui, souvent, ampute à
l’excès les recettes fiscales et les rend trop instables.

1. Problèmes posés par les crédits d’impôt remboursables

On peut aussi, au lieu d’offrir des possibilités de report du crédit d’impôt, mettre en place un
crédit d’impôt « remboursable ». Lorsque le crédit d’impôt est remboursable, le contribuable bénéficie
d’un allégement immédiat pour la fraction du crédit qui ne peut être imputée sur l’impôt dû au titre de
l’exercice au cours duquel le crédit est acquis. Par exemple, si un contribuable obtient un crédit
d’impôt de 1 million de dollars (par exemple, via un crédit d’impôt pour investissement de 5 pour cent
sur des dépenses en capital éligibles de 20 millions de dollars) et si l’impôt exigible avant le crédit
80 d’impôt est de 250 000 dollars, l’État lui versera 750 000 dollars6.

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Les différents instruments d’allégement fiscal : arguments pour et contre

Dans la plupart des cas, l’investisseur préférera un crédit d’impôt remboursable à un crédit
d’impôt non remboursable. En général, les reports de crédits d’impôt ne sont pas assortis d’intérêts
(compensant la valeur temps de l’argent). Et même s’ils l’étaient, le contribuable éprouverait
généralement des difficultés à obtenir un prêt bancaire en faisant valoir une créance future de crédit
d’impôt pour investissement permettant le remboursement futur (la rentabilité et la situation fiscale
futures de l’entreprise étant incertaines). Dès lors, le crédit d’impôt remboursable peut accroître
immédiatement les liquidités de l’entreprise et lever les contraintes de financement entravant les
plans d’investissement.
Néanmoins, dans l’optique de l’État, une grande prudence s’impose lorsqu’il est question de
mettre en place un crédit d’impôt remboursable. Un tel crédit d’impôt peut accroître le coût d’un
programme de crédit d’impôt pour investissement, tout d’abord en avançant des dépenses fiscales qui
seraient intervenues plus tard avec un régime de report du crédit d’impôt. Ensuite, le crédit d’impôt
remboursable subventionne un ensemble d’entreprises n’acquittant pas d’impôt (par exemple les
jeunes pousses) qui, en définitive, échoueront et ne seront jamais rentables ni imposables. Le report
du crédit d’impôt, en revanche, limite les coûts pour l’État en aidant uniquement les entreprises
rentables. L’entreprise devant être bénéficiaire pour être assujettie à l’impôt sur les sociétés (et
pouvoir faire jouer un crédit d’impôt), le régime de report du crédit d’impôt comporte un élément
intrinsèque de sélection. Dans la pratique, l’allégement peut bénéficier à des entreprises autres que
celles visées, par exemple lorsque les crédits inutilisés sont cédés à des entreprises non éligibles (voir
ci-dessus). De plus, étant donné que l’aide résultant des crédits d’impôt excédentaires ne peut être
que reportée, l’aide financière immédiate risque d’être refusée dans certains cas à des entreprises qui
pourraient être rentables, mais sont actuellement déficitaires et qui, sinon, auraient pu utiliser une
aide immédiate pour surmonter les problèmes liés aux marchés de capitaux qui entravent le
financement de leurs investissements.
La solution du report des crédits d’impôt excédentaires est sans doute plus efficace que celle du
crédit d’impôt remboursable mal ciblé. L’un des principaux risques d’un crédit d’impôt remboursable
tient à la perspective de remboursement, qui favorisera la création d’activités fictives principalement
ou exclusivement dans le but d’obtenir de l’État un remboursement. Il y a intérêt à requalifier en
activités éligibles celles qui ne le sont pas, ce qui compliquera la tâche de l’administration fiscale et
mettra à l’épreuve les critères applicables. Par exemple, on recherchera les lacunes de la
réglementation fiscale pour voir si des biens d’équipement ne pourraient pas être acquis, sous couvert
d’une véritable activité éligible, puis revendus au fournisseur de ces biens ou à un tiers, avec partage
du crédit d’impôt entre les intéressés.
De plus, quand les recettes fiscales baissent beaucoup plus que prévu, le pays d’accueil peut être
incité à relever le taux légal de l’impôt sur les sociétés pour renforcer sa situation budgétaire, par
exemple pour respecter un objectif global de déficit ou faire en sorte que le secteur des entreprises
paie sa juste part de la charge fiscale. Ce relèvement de l’impôt sur les sociétés peut être néfaste, car il
favorisera les pratiques d’optimisation fiscale érodant l’assiette de l’impôt sur les sociétés.
Comme on l’a vu aux paragraphes B.2 et B.3, les entreprises multinationales essaient en général de
réduire leur imposition globale en adoptant des structures financières et des stratégies de prix de
transfert qui leur permettent de comptabiliser au sein d’une société assujettie à l’impôt sur les sociétés
des intérêts et autres charges (en les gonflant). C’est pourquoi il peut être difficile de compenser les
pertes de recettes fiscales découlant d’incitations fiscales immédiates par un impôt sur les sociétés à taux
légal élevé. Au minimum, cela nécessite une réglementation généralement complexe de la
sous-capitalisation et des prix de transfert pour préserver l’assiette de l’impôt, cette réglementation étant
elle-même, généralement, sujette à des pratiques d’optimisation fiscale pour contrecarrer ses effets.

2. Conception du crédit d’impôt pour investissement supplémentaire


Lorsqu’on veut évaluer les avantages et les inconvénients des divers dispositifs d’incitation fiscale,
il faut bien avoir conscience que cibler l’aide sur le capital nouvellement acquis (comme on le fait avec
un crédit d’impôt pour investissement, une déduction immédiate et d’autres incitations fiscales 81

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Impôt sur les sociétés et investissement direct étranger

immédiates) n’évite pas automatiquement un gain d’aubaine pour l’investisseur. En effet, une fraction
(inconnue) des nouveaux investissements ouvrant droit à l’incitation fiscale aurait été réalisée de toute
manière. Compte tenu de ce phénomène, on pourrait en principe conférer plus d’efficacité à ce type
d’incitation en affinant la définition de l’investissement éligible, de façon que l’incitation soit
davantage ciblée sur les investissement « marginaux » (c’est-à-dire, les dépenses d’investissement qui
sont effectivement tributaires de l’incitation fiscale).
Un exemple d’instrument conçu dans cette optique est le crédit d’impôt pour investissement
supplémentaire. A la différence d’un crédit forfaitaire calculé en pourcentage de l’investissement en
certains biens réalisé durant l’exercice, le crédit d’impôt pour investissement supplémentaire n’est
accordé que pour la fraction de l’investissement réalisé au cours de l’exercice qui est supérieur à une
quelconque moyenne mobile des investissements réalisés dans le passé. Par exemple, le crédit
d’impôt suivant pour investissement supplémentaire se traduit par un crédit d’impôt au taux γ pour les
dépenses d’investissement de la période considérée (I t) dépassant la moyenne des dépenses
d’investissement (en biens éligibles) des trois années précédentes :
ITCt = γ(It – (It-1 + It-2 + It-3)/3) (5.1)
Une incitation fiscale conçue de cette manière peut se traduire par un meilleur ciblage et une plus
grande efficacité par rapport aux autres mécanismes. Un crédit d’impôt pour investissement
supplémentaire peut néanmoins créer certaines distorsions indésirables de par le lien qu’il établit
entre les dépenses d’investissement pendant une année et la base de calcul du crédit d’impôt les
années suivantes. Tel est le cas, dans la formulation de l’équation (5.1), lorsqu’un accroissement des
dépenses au cours d’une année donnée réduit la base de calcul pour les trois années suivantes. Cela
peut dans certains cas décourager l’investissement des entreprises dont le niveau souhaité de
dépenses d’investissement (en l’absence de crédit d’impôt) pour une année donnée est inférieur à
leurs dépenses moyennes au cours des années de référence.
Par exemple, si une entreprise a dépensé en moyenne 10 millions de dollars par an sur les trois
années précédentes, mais a l’intention de ne dépenser que 5 millions de dollars pour la période en
cours, la moyenne mobile de référence sera de 10 millions de dollars et le crédit d’impôt pour l’année en
cours sera de zéro dollar. Les dépenses additionnelles d’investissement au-delà de 5 millions de dollars,
mais en deçà de 10 millions de dollars, ne bénéficieront d’aucun crédit d’impôt pour l’année en cours, ce
qui est conforme à l’objectif, à savoir favoriser les investissements supplémentaires par rapport aux
années précédentes. Or, tout investissement additionnel entre 5 et 10 millions de dollars désavantagera
le contribuable en augmentant la moyenne mobile pour chacune des trois années suivantes. Cet effet
contre-incitatif tient au fait que l’investissement additionnel (marginal) au-delà de 5 millions de dollars
(mais en deçà de la moyenne pour les trois années précédentes) ne procurera aucun crédit d’impôt et , et
en même temps, réduira la base de calcul des crédits d’impôt pour les années futures.
Limiter les crédits d’impôt aux dépenses d’investissement dépassant une certaine moyenne mobile
peut également inciter les entreprises à réaliser leurs investissements de façon discontinue et non selon
une progression régulière. On peut illustrer ce phénomène par l’exemple simple suivant, en retenant
cette fois encore une moyenne mobile sur trois ans. Soit un investisseur qui a dépensé 10 millions de
dollars par an en investissements éligibles au cours des trois dernières années, ce qui donne une
moyenne mobile sur trois ans égale à 10 millions de dollars. Comparons maintenant deux plans
d’investissement : l’un où l’investisseur continue à dépenser chaque année 10 millions de dollars au cours
des trois années suivantes et l’autre où le contribuable retarde l’investissement pour l’année en cours et
investit 20 millions de dollars l’année suivante. Les deux contribuables dépenseront au total 20 millions
de dollars au cours des deux années suivantes mais, dans le premier cas aucun crédit d’impôt pour
investissement ne sera accordé, alors que dans le deuxième cas, 13.3 millions de dollars en bénéficieront.
Enfin, lorsqu’on met en place un crédit d’impôt pour investissement, il faut veiller à ajuster la
valeur des charges en capital amortissables pour tenir compte de l’allégement fiscal spécial. En
particulier, dans de nombreux pays, la base amortissable d’un investissement donné doit être réduite à
82 concurrence du crédit d’impôt pour investissement (et d’autres formes d’aide de l’État) que

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Les différents instruments d’allégement fiscal : arguments pour et contre

l’entreprise fait valoir pour cet investissement7. On tient compte ainsi du fait que l’allégement réduit le
coût d’acquisition du capital par l’entreprise et on évite une duplication de l’aide à l’investissement.

F. Incitations financières
On examinera dans cette dernière section les conditions dans lesquelles les incitations financières
(qui ont pour but d’abaisser le coût des fonds propres) peuvent favoriser l’IDE. On prendra en compte
deux types d’incitation financière : la réduction de la retenue à la source sur les dividendes directs
applicable aux non-résidents et l’octroi du crédit d’impôt du pays d’accueil aux actionnaires non
résidents 8 . Dans l’optique de la capitalisation fiscale, l’effet de ces incitations sur l’activité
d’investissement dépend de la nature du financement marginal sur fonds propres (émission d’actions ou
bénéfices non distribués), puisque le fait générateur de ces incitations est le rapatriement de dividendes
[ces mesures abaissent le taux d’imposition lors du rapatriement de dividendes (voir annexe III)]. Il faut
en outre se demander si l’allégement fiscal prenant la forme d’incitations financières peut bénéficier aux
investisseurs étrangers, ce qui soulève la question de l’imposition des dividendes étrangers dans le pays
d’origine de l’investisseur. Autre aspect essentiel, les investisseurs étrangers peuvent bénéficier des
incitations financières lorsqu’ils ne sont pas en position d’« actionnaire marginal » déterminant le cours
des actions et les taux de rendement exigés. Si ce sont des investisseurs nationaux exonérés d’impôt ou
imposables qui fournissent la source marginale de financement pour un projet d’investissement dans le
pays d’accueil (ce qui peut être le cas, par exemple, lorsque des investisseurs directs étrangers prennent
une participation, ne leur assurant pas le contrôle, dans une société du pays d’accueil), les incitations
financières offertes aux investisseurs directs étrangers peuvent se traduire par un pur effet d’aubaine.
Enfin, nous examinerons la situation dans laquelle on accorde un crédit d’impôt aux actionnaires
nationaux en ne l’accordant pas aux actionnaires étrangers et on verra alors quel peut être l’impact sur la
participation inframarginale.
Lorsqu’on analyse les différentes possibilités d’arbitrage, l’une des éventualités est que les
investisseurs directs comparent les taux rendement après impôt sur les sociétés dans le pays de la
source et, par leurs choix d’investissement, aient tendance à égaliser ces taux de rendement. Toutefois,
cela implique que des différences substantielles dans les taux de la retenue à la source applicables aux
non-résidents dans les différents pays n’influeront pas sur les décisions d’investissement même si
cette charge fiscale supplémentaire ne peut être compensée par un crédit d’impôt étranger. Cela veut
dire également que les remboursements d’impôt sur les sociétés accordés par un pays d’accueil ne
sont pas pris en compte, ce qui semble improbable si cet allégement est substantiel et n’est pas
récupéré par le système fiscal du pays d’origine.
Dans un autre cas de figure, les investisseurs directs étrangers peuvent prendre en compte, dans
leurs décisions d’investissement, la fiscalité des sociétés dans le pays d’accueil et dans le pays
d’origine, et notamment l’impôt frappant les rapatriement de bénéfices9. Cela semble plus probable
lorsque l’impôt sur les bénéfices distribués a un impact substantiel sur le rendement net d’un projet et
les marges bénéficiaires. Dans ce cas, les incitations fiscales de nature financière qui sont offertes aux
investisseurs directs étrangers peuvent favoriser l’IDE et accroître le stock de capital des pays
d’accueil, en fonction de la source marginale de financement et du régime fiscal des revenus de source
étrangère dans le pays d’origine. Comme on l’a vu au chapitre 3, lorsqu’on prend en compte
l’imposition des dividendes lors du rapatriement et qu’on la capitalise dans le prix des actions, on peut
s’attendre à ce qu’un allégement de l’imposition des dividendes réduise le coût de financement et
favorise l’investissement financé à la marge au moyen de l’émission d’actions par la société mère.
Comme on le verra à l’annexe VII, si l’on considère un investissement dans une société d’un pays
d’accueil donné, financé à la marge par l’apport de fonds propres, le taux de rendement exigé (mesuré
net de l’impôt sur la société du pays d’accueil et noté ρm) qui est fixé par l’actionnaire marginal peut
être exprimé de la façon suivante :
ρm = i(1 – ti(m))/(1 – td(m)) (5.2)
où le taux de rendement exigé (ou « taux d’actualisation ») ρ est mesuré avant un éventuel crédit
m

d’impôt, td(m)est le taux effectif d’imposition frappant l’actionnaire marginal sur les bénéfices distribués 83

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Impôt sur les sociétés et investissement direct étranger

(en tenant compte de la retenue à la source applicable aux non-résidents et des éventuels crédits
d’impôts accordés dans le pays d’accueil ainsi que l’éventuelle taxation supplémentaire de ces revenus
(par exemple dans le pays d’origine) et ti(m) est le taux d’imposition de l’investisseur marginal sur les
revenus provenant d’intérêts. Les incitations fiscales financières qui abaissent le taux d’imposition des
dividendes t d(m) devraient favoriser l’IDE en réduisant le taux d’actualisation (ρ m ) appliqué aux
bénéfices après impôt sur les sociétés du pays d’accueil attendus d’un apport de fonds propres dans le
pays d’accueil. Le taux d’actualisation ρm est un taux de rendement d’équilibre qui a valeur de seuil en
ce sens qu’il donne le taux de rendement après impôt (c’est-à-dire le taux de rendement après impôt
sur les sociétés dans le pays d’accueil) que l’entreprise doit obtenir pour que les investisseurs
marginaux couvrent tout juste le coût d’opportunité de leurs financements (toute rente économique
éventuelle est épuisée).
Le taux de rendement (ρm), mesuré net du taux de l’impôt sur les sociétés dans le pays d’accueil,
s’applique à tous les actionnaires de l’entreprise représentative du pays d’accueil. En revanche, le taux
de rendement après impôt obtenu par les différents actionnaires (net des impôts du pays d’accueil et
du pays d’origine) variera d’un actionnaire à l’autre dans la mesure où le taux effectif d’imposition des
dividendes diffère d’un actionnaire à l’autre. Le taux de rendement global après impôt obtenu par un
investisseur direct étranger sur les actions procurant le rendement ρmest mesuré par :
ρm(1 – td(IDE)) (5.3)
où ρ est fixé par le groupe d’actionnaires marginaux selon (5.2). Le taux effectif d’imposition des
m

dividendes auquel est soumis l’investisseur direct étranger, mesuré par t d(Iidi), tient compte de la
retenue à la source applicable aux non-résidents, des crédits d’impôt dont dispose le cas échéant cet
investisseur et de l’impôt dans le pays d’origine. Une observation essentielle doit être faite à cet
égard : le groupe d’investisseurs marginaux déterminant ρ m peut être ou ne pas être le groupe
d’investisseurs directs étrangers envisagé dans l’équation (5.3). Un certain nombre de possibilités sont
examinées à l’annexe VII ; les résultats sont résumés ci-dessous dans le tableau 5.6.

1. Impact des incitations financières lorsque la société mère étrangère est l’actionnaire marginal
Dans la situation « type » où une société mère étrangère fournit un financement (marginal et
inframarginal) à une filiale d’un pays d’accueil, les incitations financières peuvent avoir pour effet de
stimuler l’IDE si elles ne sont pas neutralisées par l’imposition en vigueur dans le pays d’origine. Cette
situation peut se produire dans un certain nombre de contextes. La société mère peut échapper à une
taxation supplémentaire (par exemple, dans le pays d’origine) lorsque le pays d’origine s’en tient
strictement au principe de territorialité, en concédant tous les pouvoirs d’imposition au pays de la
source. Il peut y avoir également une convention fiscale entre le pays d’accueil et le pays d’origine
prévoyant que le dividende sera perçu en franchise d’impôt (c’est-à-dire est considéré comme un
bénéfice exonéré). De fait, un certain nombre de pays suivent cette pratique, dès lors que les
dividendes correspondent à des revenus actifs d’une filiale opérant dans un pays partie à la convention
(c’est-à-dire un pays avec lequel le pays d’origine a conclu une convention fiscale). Il peut se produire
une troisième situation dans laquelle aucun impôt n’est perçu dans le pays d’accueil, à savoir lorsque
le pays d’origine taxe sur la base de la résidence et impose donc les investisseurs directs résidents (par
exemple, les sociétés mères) sur leur revenu mondial, mais l’impôt du pays d’origine est éliminé en
faisant valoir des crédits d’impôt étranger (voir l’annexe I).
Lorsque l’impôt du pays d’origine peut être évité pour les revenus de source étrangère, une
augmentation du taux du crédit imputable accordé aux actionnaires étrangers et/ou une réduction du
taux de la retenue à la source sur les dividendes applicable aux non-résidents peut avoir pour effet de
réduire le taux exigé de rendement sur les émissions d’actions. Il en résulte une augmentation de l’IDE,
les investisseurs directs étrangers obtenant le taux (réduit) exigé de rendement sur un plus grand stock
de capital dans le pays d’accueil.
En revanche, lorsque la société mère supporte un impôt supplémentaire dans le pays d’origine sur
les dividendes de source étrangère (cas du crédit d’impôt étranger insuffisant), une réduction de la
84 retenue à la source sur les dividendes ne fera généralement pas augmenter l’IDE, car le crédit d’impôt

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Les différents instruments d’allégement fiscal : arguments pour et contre

étranger accordé par le pays d’origine diminuera proportionnellement à la baisse de l’impôt dans le
pays d’accueil. L’effet du crédit imputable dépend du régime fiscal applicable dans le pays d’origine. Si
le pays d’origine ne prend pas en compte le crédit imputable aux fins des crédits d’impôt étranger
(c’est-à-dire que le crédit d’impôt étranger indirect n’est pas réduit de ce montant), de sorte qu’une
partie de l’incitation financière est répercutée à l’investisseur, le crédit d’impôt devrait avoir un effet
stimulant sur les IDE financés à la marge par l’émission d’actions, mais avec moins d’effet que lorsqu’il
bénéficie intégralement à l’investisseur (dans le cas où aucun impôt supplémentaire n’est perçu lors du
rapatriement).

2. Impact des incitations financières sur l’IDE dans différents cas d’« investisseur marginal »
Un investisseur direct étranger n’est pas nécessairement toujours l’actionnaire marginal en cas
d’IDE dans un pays d’accueil. Il peut envisager une participation non majoritaire dans un projet
d’investissement du pays d’accueil – par exemple, une participation inférieure à cinquante pour cent
des actions (en droits de vote ou en valeur) – et d’autres groupes d’investisseurs pourront déterminer
le prix des actions dans le pays d’accueil et les taux de rendement exigés. Par exemple, l’actionnaire
marginal d’une entreprise d’un pays d’accueil peut être une entité exonérée d’impôt ou un groupe
d’investisseurs nationaux imposables. Ni les crédits d’impôt, ni la retenue à la source applicable aux
non-résidents en cas de distribution à un investisseur direct étranger, n’influeront sur le taux exigé de
rendement pour l’entreprise du pays d’accueil dans les deux cas (car ils n’entreront pas en ligne de
compte dans les distributions aux actionnaires marginaux). Par conséquent, les incitations financières
offertes aux investisseurs directs étrangers ne devraient pas dans ces cas influer sur le niveau du stock
de capital dans le pays d’accueil.
Comme on le verra à l’annexe VII, les incitations financières peuvent fréquemment avoir un effet
d’aubaine. Par exemple, lorsque les actionnaires nationaux ou une entité exonérée d’impôt soumise à
un régime fiscal classique établissent les prix des actions dans un pays d’accueil, de sorte les actions
rapportent un taux de rendement d’équilibre égal au taux d’intérêt du marché (lorsque toutes les
rentes économiques sont épuisées), l’investisseur étranger qui peut éviter l’imposition de ces revenus
dans le pays d’origine (en utilisant des crédits d’impôt excédentaires, en mixant les revenus de
différentes sources ou en mettant à l’abri des revenus) sera incité à procéder à un financement
inframarginal (par opposition à un investissement) en obligations, même s’il ne peut tirer parti d’un
crédit d’impôt dans le pays d’accueil10. De même, une réduction de la retenue à la source applicable
aux non-résidents sera en général inutile.
Enfin, accorder un crédit d’intégration aux actionnaires résidents, mais refuser un crédit d’imputation
aux actionnaires directs non résidents peut décourager l’IDE. Ce peut être le cas lorsque la réduction
du taux de rendement avant impôt (qui résulte d’un crédit d’intégration accordé aux actionnaires
nationaux) fait plus que compenser l’avantage découlant de crédits d’impôt étranger au titre de
dividendes acquis à l’étranger. Pour y remédier, l’une des possibilités est d’accorder le crédit
d’imputation aux actionnaires étrangers 11 . Toutefois, cette solution peut être coûteuse et jugée
inefficiente, en particulier si cet allégement bénéficie dans une large mesure aux dividendes produits
par des investissements financés sur les bénéfices non distribués, et non par émission d’actions.
Comme on l’a vu, dans le premier cas, les incitations financières ne devraient pas avoir d’incidence sur
le niveau de l’IDE. Une autre solution consiste à adopter un système fiscal classique et à refuser le
crédit d’intégration aux actionnaires nationaux (et étrangers).
Les exemples qui précèdent et qui sont approfondis à l’annexe VII montrent que les incitations
financières accordées aux investisseurs étrangers peuvent avoir pour effet de favoriser l’IDE, mais
seulement dans certains cas, les principaux facteurs étant la source marginale de financement
(émission d’actions ou bénéfices non distribués), le régime fiscal des revenus de l’actionnaire
marginal (qui peut ou non être différent de l’imposition des investisseurs étrangers) et une
éventuelle taxation compensatrice dans le pays d’origine. Ces facteurs s’ajoutent aux considérations
autres que fiscales qui influent sur la décision en matière d’IDE et peuvent rendre inefficaces les
incitations fiscales. Ces exemples mettent également en lumière les effets possibles de distorsion 85

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Impôt sur les sociétés et investissement direct étranger

qui résultent de l’ensemble de la fiscalité du pays d’accueil (et éventuellement du pays d’origine)
lorsque les revenus (d’actions émises pour financer un investissement) des différents investisseurs
sont soumis à une régime fiscal différent.
Ce panorama des incitations financières (tout comme celui des autres incitations fiscales en faveur
de l’IDE) ne rend pas compte de tout l’éventail des méthodes pouvant être mises en œuvre pour
favoriser l’investissement dans le pays d’accueil via le système fiscal en agissant sur les financements.
Le cadre utilisé pour analyser les effets possibles peut néanmoins être appliqué d’une façon plus
générale et, comme cela est souvent le cas, les responsables de l’économie sont invités à porter leur
réflexion au-delà des effets recherchés d’incitation afin de déceler les éventuelles limites et
complications du type de celles que nous avons recensées pour les mesures examinées dans ce
rapport.

Tableau 5.6. Évaluation de l’impact des incitations fiscales financières


(Octroi du crédit d’impôt [ θf↑]ou réduction de la retenue à la source sur les dividendes applicable aux non-résidents [wf↓])
Position fiscale Impact sur le stock Taux de rendement
Investisseur Coût des nouveaux
de l’investisseur de capital du pays après impôt Impact sur l’IDE
marginal fonds propres (ρm)
en IDE d’accueil de l’IDE

Étranger direct CIE excédentaire, i (1 – u)/(θf(1 – wf)) Augmenté i (1 – u) Augmenté


ou système fiscal
territorial
Étranger direct CIE insuffisant i (1 – u*) Aucun impact i(1 – u) Aucun impact
(système fiscal fondé (compensé par
sur le critère la réduction du crédit
de la résidence) d’impôt étranger)
Exempt d’impôts CIE excédentaire, i Aucun impact iθf(1 – wf) Augmenté (effet
ou système fiscal d’aubaine sur l’offre
territorial inframarginale
de capital)
Exempt d’impôts CIE insuffisant i Aucun impact i(1 – u)/(1 – u*) Aucun impact
(système fiscal fondé (compensé par
sur le critère la réduction du crédit
de la résidence) d’impôt étranger)
National CIE excédentaire, i/θd Aucun impact i(θf/θd )(1 – wf) Augmenté (effet
et imposable ou système fiscal d’aubaine sur l’offre
territorial inframarginale
de capital)
National CIE insuffisant i/θd Aucun impact i(1 –.u)/(θd (1 – u*)) Aucun impact
et imposable (système fiscal fondé (compensé par
sur le critère la réduction du crédit
de la résidence) d’impôt étranger)
Définitions des paramètres : CIE = crédit d’impôt étranger, (i) = taux d’intérêt du marché, (u) = taux effectif de l’impôt sur les sociétés du pays d’accueil,
(u*) = taux effectif de l’impôt sur les sociétés du pays d’origine, ( θd) = paramètre d’imputation pour les dividendes versés aux investisseurs directs
du pays d’accueil, ( θf) = paramètre d’imputation pour les dividendes payés aux investisseurs directs étrangers, (wf) = taux de retenue à la source du
pays d’accueil applicable aux non-résidents sur les dividendes directs.

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Les différents instruments d’allégement fiscal : arguments pour et contre

NOTES

1. Voir le chapitre 2 (section C) pour une énumération partielle des obstacles liés au marché et à l’action des
pouvoirs publics. On notera que ces deux types d’obstacles ne sont pas indépendants. Un changement positif
de politique économique dans certains domaines peut améliorer les conditions du marché, même si cela se
fait avec un certain décalage. Par exemple, une augmentation des dépenses pour l’enseignement est appelée
à accroître avec le temps la main-d’œuvre qualifiée.
2. Ce point de vue repose sur la proposition générale suivante : l’allégement fiscal préférentiel favorisant la
localisation dans le pays (i) au lieu du pays (j) devrait attirer l’investissement dans le pays (i) si l’allégement fiscal
préférentiel (TRi) – c’est-à-dire la différence d’imposition effective entre les deux pays, par unité monétaire de
revenu – est supérieur au coût additionnel total autre que fiscal (C) supporté du fait de la localisation dans le
pays (i) et non dans le pays (j) – autrement dit, si TRi ≥ (Ci – Cj), plus la différence d’allégement fiscal par rapport
à la différence de coûts est marquée, plus l’effet d’incitation fiscale sera important.
3. La liste des activités mobiles relevant de cette catégorie comprend les activités du siège, de coordination,
d’une holding, de gestion des financements et du risque, de location et de distribution, ainsi qu’un éventail de
plus en plus large d’activités de services (par exemple, banque de gros et de détail, financement, assurances
et certaines activités du secteur des télécommunications et du spectacle).
4. Les deux méthodes ont pour effet de réduire le taux d’imposition appliqué à l’assiette de l’impôt sur les
sociétés. Considérons un impôt sur les sociétés égal à CIT0 = u0 (Y – X) – TC où Y représente le revenu brut
total, X les déductions fiscales globales, TC les crédit d’impôt pour investissement et u0 = (0.50) le taux légal
initial de l’impôt sur les sociétés. La même réduction (en niveau) de la charge fiscale due à l’impôt sur les
sociétés peut être obtenue i) en réduisant le taux de l’impôt sur les sociétés de (1 – λ), avec 0 < λ < 1 ; ii) en
accordant une déduction d’impôt égale à une fraction λ de l’assiette de l’impôt ; ou iii) en accordant un crédit
d’impôt égal à une fraction λu0 de l’assiette de l’impôt. Alors CIT1 = [(1 – λ)u0](Y – X) – TC, qui est équivalent à
CIT1 = u 0[(Y – X) – λ(Y – X)] – TC ou CIT 1 = u 0 (Y – X) – [u 0λ(Y – X) + TC]. Les effets sont les mêmes pour une
entreprise imposable, mais ils sont différents pour une entreprise non imposable et dépendent du fait que la
réduction spéciale de l’assiette de l’impôt (ou le crédit d’impôt) peut être ou non reportée en avant (ou en
arrière). Cela tient à ce que la première solution (réduction du taux légal d’imposition) n’a pas d’impact direct
sur le calcul des pertes fiscales (ou des crédits d’impôt).
5. Voir Grubert, H., 1998. Taxes and the division of foreign operating income among royalties, interest, dividends
and retained earnings, Journal of Public Economics, 68, 269-290.
6. L’État pourra adresser au contribuable un chèque de sept cent cinquante mille dollars ou permettre
l’imputation de ce montant sur d’autres impôts du contribuable (par exemple au titre de la TVA ou des
prélèvements sur les salaires).
7. Dans la pratique, dans certaines réglementations, les crédits d’impôt pour investissement obtenus une année
donnée peuvent être imputés sur des dépenses amortissables l’année suivante (afin d’éviter un cercle vicieux
d’optimisation fiscale).
8. Une réduction de la retenue à la source applicable aux non-résidents (tout comme l’octroi du crédit d’impôt
aux non-résidents) peut être considérée comme une forme d’intégration des impôts du pays d’accueil et du
pays d’origine.
9. Une autre possibilité est que la société mère prenne en compte l’impôt sur le revenu des personnes
physiques qui frappe les dividendes distribués à ses actionnaires (par exemple, lorsqu’une société mère émet
des actions pour financer un nouvel apport de fonds propres à une filiale étrangère). Le présent document
étant axé sur l’influence des incitations fiscales accordées dans le pays d’accueil, nous examinons le cas où une
société mère utilise comme source marginale de financement ses bénéfices non distribués. Lorsque
l’imposition des dividendes est prise en compte dans le prix des actions, l’imposition au niveau de
l’actionnaire (impôt sur le revenu des personnes physiques) des bénéfices distribués par la société mère
n’influera pas sur les décisions de la société-mère en matière d’IDE. L’analyse dans le texte principal concerne
l’imposition au niveau de l’actionnaire (qui est une société) des dividendes versés par la filiale d’un pays
d’accueil à sa société mère. 87

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Impôt sur les sociétés et investissement direct étranger

10. Comme on l’indique dans l’annexe VII, cela suppose que le taux de la retenue à la source applicable aux non-
résidents devient inférieur au taux de l’impôt sur les sociétés acquitté par l’investisseur dans le pays d’origine
(ce sera souvent le cas).
11. Il est possible de cibler cet allégement sur les investisseurs qui pourraient en tirer parti (par exemple, via une
convention fiscale conclue avec des pays appliquant le principe de territorialité (fondé sur la source), ou des
pays exonérant les dividendes provenant de revenus actifs).

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Chapitre 6

PRINCIPALES QUESTIONS

L’objet de ce rapport est d’examiner les arguments qui militent en faveur de l’octroi d’incitations à
l’IDE, dans le cadre de l’impôt sur les sociétés, les divers types d’incitations pouvant être utilisées et
les principaux mécanismes au travers desquels ces incitations agissent. L’analyse va au-delà du
traitement fiscal dans le pays d’accueil et prend en compte l’éventuelle imposition des revenus
provenant du pays d’accueil dans le pays d’origine de l’investisseur direct étranger, sachant que les
interactions entre le système fiscal du pays d’accueil et celui du pays d’origine peuvent avoir un impact
substantiel sur les incitations en faveur de l’IDE. L’élément clé, lorsqu’il s’agit de savoir s’il faut utiliser
ou non des incitations fiscales, est l’investissement supplémentaire qu’on peut en attendre et le coût
qu’il représente pour le pays d’accueil, ce coût ne comprenant pas seulement les dépenses
administratives et les moins-values directes de recettes, mais aussi les coûts liés à la complexité accrue
de la législation fiscale et à une plus grande vulnérabilité à l’évasion fiscale. On passera en revue les
résultats empiriques récents qui révèlent une sensibilité croissante de l’IDE et des méthodes de
financement à la fiscalité du pays d’accueil, ce qui est conforme à la tendance à la mondialisation de la
production et des stratégies de financement. On examinera également diverses techniques
d’optimisation fiscale – et les résultats empiriques confirmant l’existence de ces pratiques – qui ont
pour objet de transférer des bénéfices hors des pays à forte fiscalité.
On résumera les grands principes de l’analyse coûts-avantages dans le domaine des incitations
fiscales et on soulignera la nécessité d’un examen minutieux des effets probables. Néanmoins, on
n’évaluera pas en termes de coûts-avantages les différents mécanismes d’incitation fiscale, car il faut
s’attendre à ce que leurs effets soient variables d’un pays d’accueil à l’autre. On a jugé préférable de
s’attacher aux arguments qui militent en faveur de l’utilisation d’incitations dans le cadre de l’impôt sur
les sociétés et aux facteurs décisifs pour leur succès, en ayant à l’esprit les résultats des travaux
empiriques récents et les problèmes liés à la conception et à la mise en œuvre de ces mesures ainsi
qu’à la protection des bases d’imposition. Cette démarche tient compte du fait que les autorités
compétentes sont souvent confrontées à des demandes d’incitations fiscales en faveur de l’IDE sans
avoir assez de données pour évaluer leur incidence globale, et peut-être aussi en n’ayant guère de
marge de manœuvre pour pouvoir décourager leur utilisation, même dans le cas où les coûts semblent
dépasser les avantages probables.

A. Le rôle de l’impôt sur les sociétés et des incitations fiscales

Un système fiscal peut être utilisé pour réaliser tout un ensemble d’objectifs. Si l’on examine les
systèmes fiscaux des différents pays et leur évolution dans le temps, on constate une très grande
diversité d’approches. Malgré tout, on peut fondamentalement identifier trois grands rôles ou trois
grandes fonctions du système fiscal. Premièrement, le rôle primordial d’un système fiscal est bien
entendu celui de la collecte de recettes pour financer les dépenses publiques dans les différents
domaines. Deuxièmement, le système fiscal remplit une importante fonction de redistribution des
revenus, en particulier dans le cas de l’impôt sur le revenu des personnes physiques, mais aussi de
l’impôt sur les sociétés. Troisièmement, le système fiscal peut avoir une fonction essentielle
d’allocation des ressources. Si l’on se place du point de vue de l’efficience, un système fiscal doit d’une
façon générale être conçu dans une optique de neutralité, la collecte de recettes devant se faire avec 89

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Impôt sur les sociétés et investissement direct étranger

un minimum de distorsions pour l’économie. Dans le contexte de la taxation des revenus du capital,
cela exige généralement que le contribuable soit soumis au même taux effectif d’imposition pour les
différentes sources de revenu. Néanmoins, une taxation uniforme peut aboutir à une allocation
inefficiente des ressources et, dans ce cas, un traitement différencié (par exemple, au moyen
d’incitations fiscales) peut être nécessaire pour améliorer l’allocation des ressources.
Le niveau de l’IDE peut être anormalement faible lorsque l’IDE a des externalités positives ou des
effets bénéfiques qui ne sont pas pris en considération par les sociétés mères étrangères dans leurs
décisions d’investissement à l’étranger. Par exemple, quand une société mère détermine le volume de
R-D que réalisera une filiale étrangère, elle ne tiendra pas compte en général des retombées de cette
R-D sur l’économie du pays d’accueil. Autrement dit, la société mère ne considère que l’avantage
qu’elle peut retirer de l’investissement pour sa rentabilité (les revenus qui en résultent) et pas les
avantages sur le plan social qui se diffuseront librement, notamment la mise en pratique de nouvelles
connaissances, de nouvelles technologies de production et de nouveaux procédés par d’autres
entreprise du pays d’accueil. De même, l’IDE pourra se traduire par une formation et des qualifications
utilisables ailleurs dans l’économie, ou il pourra créer dans le pays d’accueil une demande pour
différents facteurs de production qui ne serait pas sinon apparue. Lorsque les investisseurs directs
étrangers ne prennent pas en compte ces retombées sociales, le résultat, dans le cadre d’un marché
privé, peut être un niveau d’IDE inférieur à celui qui aurait pu être observé si les avantages avaient été
pris en compte. Dans ce cas, on peut faire valoir que des incitations fiscales sont nécessaires pour
remédier aux « défaillances du marché », de façon à obtenir une allocation du capital plus proche de
l’optimum social.
Néanmoins, même si une défaillance des marchés et le souci de compétitivité à l’échelle régionale
ou internationale peuvent militer en faveur de l’intervention sur le marché par le biais du système
fiscal, il est crucial d’évaluer les conditions et caractéristiques de l’investissement dans le pays
d’accueil afin de déterminer si les obstacles éventuels à l’investissement peuvent être surmontés au
moyen d’incitations fiscales. Comme on l’a déjà souligné, les autorités, lorsqu’elles sont confrontées à
des demandes d’incitations fiscales en faveur de l’IDE doivent impérativement se demander :
Quels sont les obstacles entravant l’investissement, et peuvent-ils être surmontés avec un bon rapport coût-efficacité en
mettant en place des incitations fiscales ?
Dans la plupart des cas, sinon toujours, il s’agit d’une question très délicate, mais elle est au cœur
de la problématique de la mise en place d’allégements fiscaux spéciaux. Lorsque l’IDE est faible, il faut
d’abord s’attaquer aux obstacles et se demander s’ils peuvent être surmontés par des mesures fiscales
et/ou par des changements de politique structurelle.

B. Nécessité d’évaluer les entraves à l’IDE


Le rapport passe en revue tout un ensemble d’obstacles à l’IDE se rattachant tant au marché
qu’aux politiques mises en œuvre. L’une des questions essentielles dans pratiquement tous les cas est
de savoir si les facteurs de production qui sont nécessaires, notamment une main-d’œuvre
suffisamment qualifiée, les ressources naturelles et l’énergie, peuvent être obtenus dans le pays
d’accueil à un prix compétitif. Il faut également prendre en compte les coûts supportés pour mettre sur
le marché la production. Il faut enfin s’interroger sur la taille du marché et le degré auquel la demande
a été ou non satisfaite jusqu’à présent dans la région. L’importance de ces caractéristiques du marché
sera généralement variable d’un secteur à l’autre. Il faudra donc s’appuyer sur tout un éventail de
données pour déterminer les avantages et inconvénients d’un investissement dans le pays d’accueil.
Quoi qu’il en soit, il faudra essayer d’évaluer l’importance de ces éléments, au moins de façon
approximative et pour de grandes catégories d’activité.
Il faudra évaluer également l’action des pouvoirs publics dans la mesure où elle influe sur les coûts
et les risques des entreprises. L’instabilité du taux de change et du niveau des prix a tendance à
accroître l’incertitude et le risque associé à l’IDE et, généralement, elle augmente les taux exigés de
rendement avant impôt et décourage l’IDE. L’investissement sera entravé si le cadre législatif et
90 réglementaire du pays d’accueil est incompatible avec l’activité de sociétés à capitaux étrangers. Parmi

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Principales questions

les facteurs essentiels, on citera la protection des droits de propriété, la possibilité de distribuer les
bénéfices et un marché des changes libre. Les études de cas soulignent également le rôle crucial de la
stabilité politique, en particulier dans le cas des pays en développement. De toute évidence, le risque
d’instabilité politique peut être le principal obstacle à l’IDE, ce qui entache d’incertitude l’action des
pouvoirs publics dans tous les domaines.
Lorsque la politique fiscale est jugée importante, les investisseurs privilégient souvent la
transparence de la réglementation fiscale et de l’administration de l’impôt par rapport aux allégements
fiscaux spéciaux. L’incertitude quant au régime fiscal de l’IDE augmente le risque perçu et décourage
les flux de capitaux, ce qui est particulièrement important pour l’IDE à long terme et à forte intensité en
capital que la plupart des pays d’accueil souhaitent attirer. De plus, il faudra éviter de fréquentes
modifications de la réglementation fiscale. Certes, il faut inévitablement affiner les mesures fiscales en
période de transition et au fur et à mesure de l’évolution des politiques, mais des modifications
fréquentes de la réglementation fiscale peuvent contribuer, plus que les dispositions elles-mêmes, à
créer le sentiment que la réglementation fiscale est complexe et difficile à respecter. La latitude de
l’administration est également un aspect essentiel. D’un côté, accorder des incitations fiscales sur
décision préalable des autorités peut améliorer le ciblage, réduire les possibilités d’évasion et limiter
le nombre des bénéficiaires et les pertes de recettes. Mais la procédure d’approbation peut être
longue et inégale, ce qui nuit à la transparence et à la sécurité juridique dans l’application de la
réglementation fiscale et finit par affaiblir l’impact de l’aide à l’investissement.
Les entraves liées au marché et à l’action des pouvoirs publics sont prises en compte par les
investisseurs directs étrangers lorsqu’ils comparent le coût de l’investissement dans un pays d’accueil
et dans un autre. Les incitations fiscales peuvent rendre plus attrayant un pays d’accueil potentiel.
Mais, dans de nombreux cas, l’allégement accordé sera insuffisant pour compenser les coûts
supplémentaires de l’investissement dans ce pays. En particulier, lorsque les entreprises
multinationales ne sont pas en mesure de dégager des bénéfices de certaines activités exercées dans
un pays donné, il est peu probable que des incitations fiscales aient un impact notable sur le niveau de
l’IDE. Cela sera généralement le cas pour les biens et services produits dans des conditions de
concurrence – les prix à la production étant fixés sur les marchés internationaux – lorsque la demande
(tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays) peut être satisfaite en localisant la production dans un autre
site où l’accès aux facteurs de production et aux marchés est moins coûteux. A l’évidence, réduire le
taux effectif d’imposition des bénéfices ne peut être intéressant pour une entreprise que si elle peut
dégager un bénéfice avant impôt. Comme on le fait valoir dans le rapport, accorder aux entreprises non
rentables (déficitaires) qui ne sont pas imposables (et ne peuvent donc pas tirer parti de mesures
spéciales de déduction et d’abattement ou de crédit d’impôt) des remboursements immédiats et en
espèces pour les incitations fiscales auxquelles elles ont droit, mais qu’elles n’ont pas utilisées, ne
peut que favoriser les pratiques d’optimisation fiscale pour bénéficier des aides publiques, au lieu
d’encourager de véritables investissements dans les secteurs visés. En outre, un projet n’est que
rarement viable lorsqu’il n’est pas rentable avant impôt. Lorsqu’on ne peut attendre d’une incitation
fiscale qu’elle co mpense les co ûts supplémentaires et les pertes d’exploitatio n liés à un
investissement dans un pays d’accueil potentiel, il ne faudra pas recourir à cette mesure, en évitant
ainsi la charge nette qui en découlera pour le pays d’accueil. Dans ce cas, il sera préférable d’éviter les
coûts administratifs, les coûts de respect des obligations fiscales et les moins-values de recettes qui
résulteront de l’inévitable déperdition au profit d’une ou plusieurs activités économiques non visées.
Lorsqu’une entreprise est en mesure de dégager des bénéfices d’une activité exercée dans un
pays d’accueil, les incitations fiscales peuvent réussir à attirer les IDE supplémentaires jugés
nécessaires lorsque des mesures similaires sont offertes par un pays voisin à la recherche lui aussi de
capitaux étranger. Il faut alors s’interroger sur la forme et l’ampleur de l’incitation fiscale et régler
également un certain nombre de questions touchant à la conception du dispositif. On doit aussi se
demander si les investisseurs directs étrangers, en l’absence d’incitations fiscales spéciales, pourraient
obtenir des taux minimaux de rendement compétitifs dans un pays d’accueil et dans les pays
concurrents de la région. En pareille situation, les autorités pourraient examiner la possibilité d’une
coordination dans le domaine des incitations fiscales, de façon à s’épargner des pertes de recettes et à 91

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Impôt sur les sociétés et investissement direct étranger

ne pas offrir un gain d’aubaine à l’investisseur étranger – c’est-à-dire un allégement fiscal plus
important que celui nécessaire pour obtenir un taux de rendement concurrentiel après impôt sur les
sociétés – cette coordination ayant également pour but de régler les problèmes d’équité et d’efficacité
que suscite l’utilisation d’incitations fiscales spéciales.
Lorsqu’on peut attendre d’une mesure d’allégement fiscal davantage d’IDE, il demeure prudent
d’évaluer si les avantages résultant d’une augmentation de l’IDE, notamment les impôts perçus dans le
pays de l’accueil sur les bénéfices provenant d’un stock de capital accru et les éventuels effets de
retombée, peuvent compenser les coûts qu’entraîne l’incitation fiscale. Autrement dit, il est
souhaitable que les autorités analysent les avantages et coûts sociaux d’une incitation fiscale en faisant
preuve de la même rigueur que les investisseurs étrangers lorsqu’ils évaluent les avantages et coûts
privés de l’investissement dans le pays d’accueil.

C. Incitations possibles dans le cadre de l’impôt sur les sociétés pour encourager l’IDE

Si un pays d’accueil décide d’alléger sa fiscalité pour attirer l’IDE, il peut procéder de diverses
manières en ce qui concerne l’allégement de l’impôt sur les revenus des entreprises. Dans le cadre de
l’impôt sur les sociétés, les diverses incitations sont l’exonération fiscale temporaire, la réduction du
taux légal de l’impôt sur les sociétés, les déductions élargies au titre du coût du capital, le crédit
d’impôt pour investissement, la réduction de la retenue à la source sur les dividendes et l’octroi du
crédit imputable aux actionnaires non résidents. Ce rapport présente un cadre simple pour examiner
les moyens par lesquels on peut abaisser le taux minimal effectif de rendement de l’IDE et il s’attache
aux différents impacts des solutions possibles sur le comportement des entreprises (sous l’angle de
leurs opérations relevant de la sphère réelle et de la sphère financière) et sur les finances publiques
du pays d’accueil, à la lumière d’un ensemble de travaux théoriques et empiriques et d’études de cas.
En résumé, une exonération fiscale temporaire consiste à exonérer les entreprises « nouvellement
établies » de l’impôt sur les sociétés, et éventuellement d’autres impôts, pour une durée limitée. Une
réduction du taux légal de l’impôt sur les sociétés diminue l’impôt perçu par le pays d’accueil sur les
bénéfices imposables. Les déductions élargies au coût du titre du capital, notamment les régimes
d’amortissement accéléré ou renforcé pour les dépenses en capital éligibles, diminuent le bénéfice
imposable. Les crédits d’impôt pour investissement, à caractère général ou ciblé, sont accordés à
concurrence d’une certaine proportion de l’investissement éligible et se traduisent par une réduction
directe de l’impôt sur les sociétés qui aurait été sinon acquitté, la valeur d’un tel crédit d’impôt étant
indépendante de la fixation du taux légal de l’impôt sur les sociétés. La réduction de la retenue à la
source sur les dividendes et le crédit imputable diminuent l’impôt sur les sociétés frappant les
bénéfices distribués, ce qui peut avoir pour effet d’abaisser le taux utilisé par l’investisseur pour
actualiser les revenus après impôt de l’IDE. La théorie classique de l’investissement prédit que les
dépenses d’investissement réagiront généralement de façon positive à chacune de ces incitations. Une
réduction du taux légal de l’impôt sur les sociétés ou la suppression temporaire de cet impôt devrait
généralement avoir pour effet de stimuler l’investissement en augmentant les bénéfices après impôt
dégagés sur les nouveaux investissements et sur le stock de capital existant. Cette théorie prédit que
les incitations immédiates, à savoir les crédits d’impôt pour investissement et la déduction immédiate
des dépenses en capital, calculés en pourcentage des dépenses consacrées à de nouveaux
investissements, feront réagir plus fortement l’investissement pour chaque unité monétaire de recettes
fiscales auxquelles on renonce. A la différence d’une réduction du taux de l’impôt sur les sociétés, le
crédit d’impôt pour investissement et les autres mesures subventionnant le coût d’acquisition du
capital ne bénéficient qu’aux nouveaux investissements. Par conséquent, ils permettent de réduire
davantage le taux effectif d’imposition de l’investissement pour un coût pus faible, compte tenu de
l’impact de l’impôt sur les recettes marginales et les coûts marginaux. En revanche, une réduction du
taux légal de l’impôt sur les sociétés bénéficie aussi bien au capital « nouveau » qu’au capital
« ancien » (déjà installé). Les incitations financières peuvent également avoir pour effet de favoriser
l’investissement dans le pays d’accueil à condition qu’elles soient offertes à l’« investisseur marginal »
92 déterminant les taux minimaux de rendement exigés.

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Principales questions

La théorie classique de l’investissement prédit en outre que l’impact potentiel de l’incitation


fiscale sera variable selon l’activité, le secteur, le pays et le moment considéré. L’impact potentiel sur
l’IDE devrait être plus marqué pour les activités où les coûts industriels ou commerciaux non fiscaux
sont peu différents (main-d’œuvre, matières premières, énergie et autres facteurs de production,
transport) entre les pays concurrents. Cela tient au fait qu’un moindre écart dans les coûts non fiscaux
des entreprises a tendance à conférer plus d’importance aux différences fiscales dans le choix d’une
implantation. Par exemple, on peut s’attendre à ce qu’une incitation fiscale ait un effet substantiel sur
la localisation des activités de financement d’un groupe et les activités de services connexes, car les
progrès accomplis dans la gestion des données et dans les télécommunications ont largement éliminé
les différences de coûts autres que fiscaux entre les diverses implantations possibles.

Cette première synthèse des effets potentiels des incitations fiscales accordées dans le pays
d’accueil doit être relativisée. Pour pouvoir pleinement évaluer les effets probables des incitations
fiscales mises en œuvre dans le pays d’accueil, il faut examiner le régime des revenus de source
étrangère dans le pays d’origine de l’investisseur direct étranger. Il est essentiel de prendre en compte
ces interactions, car l’impact fiscal dans le pays d’origine peut renforcer ou atténuer l’efficacité d’une
incitation accordée dans le pays d’accueil. De fait, il faudra souvent prendre en compte la
réglementation fiscale de plusieurs pays, par exemple lorsque les fonds proviennent d’une société
offshore jouant un rôle de financement ou de holding.

D. Interactions entre la fiscalité du pays d’accueil et du pays d’origine


et investissements supplémentaires

En général, les pays adoptent l’une des deux méthodes suivantes pour le traitement des revenus
actifs provenant d’investissements directs étrangers. Selon la méthode « territoriale », les revenus de
source étrangère sont généralement exonérés d’impôt. Par conséquent, pour déterminer l’impôt total
sur les sociétés frappant les revenus issus de l’IDE, on n’a pas à prendre en compte la fiscalité dans le
pays d’origine. Autrement dit, pour les investisseurs qui résident dans les pays bénéficiant de ce
régime d’exonération, c’est uniquement la fiscalité du pays d’accueil qui importe. Il en est de même
lorsque le pays d’origine applique la méthode de la résidence, mais uniquement, en général, dans le
cas où le résident peut réduire l’impôt qui frappe dans le pays d’origine les revenus de source
étrangère en utilisant un crédit d’impôt fictif, un crédit d’impôt étranger, un paradis fiscal ou d’autres
abris fiscaux. Mais lorsque l’investisseur est soumis à la fiscalité intérieure sur les revenus de source
étrangère, comme dans le cas où s’appliquent certaines règles concernant les sociétés étrangères
contrôlées, une incitation fiscale en faveur de l’IDE qui réduit l’impôt dans le pays d’accueil peut être
totalement neutralisée par une réduction du crédit d’impôt étranger dans le pays d’origine. Cela veut
dire que les incitations fiscales peuvent n’avoir aucun impact sur l’impôt total (dans le pays d’accueil et
dans le pays d’origine) frappant les revenus recueillis dans un pays d’accueil et n’avoir donc aucun effet
sur l’IDE. Le seul effet est un transfert de recettes fiscales du pays d’accueil au profit du pays d’origine.

Pour évaluer l’avantage net que procure à un pays d’accueil la mise en place d’une incitation fiscale,
l’élément crucial à prendre en compte est bien entendu l’IDE supplémentaire qui résulte de l’allégement
fiscal. Lorsqu’une incitation est introduite et que les investisseurs en tirent parti, on observera un certain
volume d’IDE lié à cette mesure. Mais cet IDE aurait peu être réalisé de tout manière, auquel cas
l’allégement fiscal constitue pour l’investisseur une aubaine qu’on aurait pu éviter. Beaucoup d’analyses
théoriques et empiriques ont été consacrées à la question du lien entre le niveau de l’investissement et
le taux effectif de l’impôt sur les sociétés. Mais il s’est révélé difficile d’isoler l’impact de l’imposition dans
le pays d’accueil sur les flux d’investissement à la marge, même dans le contexte purement interne. De
plus, la mondialisation de plus en plus rapide des échanges et de l’investissement conduit les analystes à
examiner les interactions complexes entre le système fiscal du pays d’accueil et celui du pays d’origine,
auxquels s’ajoute le réseau de conventions fiscales, pour mieux comprendre l’influence globale de la
fiscalité sur les entrées et sorties d’investissements. C’est dans ce cadre plus large qu’il faut se demander
quel est en définitive l’impact des incitations fiscales sur l’IDE. 93

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Impôt sur les sociétés et investissement direct étranger

Ces questions n’ont en aucune manière été pleinement résolues, mais on a bien avancé dans la
compréhension des principaux facteurs et de leurs interactions et de véritables progrès ont été
accomplis cette dernière décennie dans la validation empirique des modèles d’investissement. Le
rapport examine les résultats empiriques concernant l’impact de la fiscalité sur les investissements
directs transnationaux en actifs corporels et incorporels. Après avoir fait le point sur les ouvrages
publiés jusqu’en 1990, on s’attache dans ce rapport aux travaux plus récents et en particulier aux
résultats obtenus à partir des données sur l’investissement direct à l’étranger ainsi qu’aux analyses
empiriques des considérations fiscales (dans le pays d’accueil et dans le pays d’origine) censées
influer sur les décisions de localisation de la production et de la R-D prises par les multinationales
américaines.
Les travaux empiriques récents utilisant des données améliorées sur l’IDE et des techniques
sophistiquées d’estimation semblent démontrer de manière convaincante que la fiscalité du pays
d’accueil a effectivement un impact sur les flux d’investissement. L’une des principales leçons qu’on peut
tirer des travaux récents est que la fiscalité du pays d’accueil joue un rôle de plus en plus important dans
les décisions de localisation, ce qui n’est pas surprenant vu l’ample réduction progressive des obstacles
non fiscaux à l’IDE, et notamment la suppression du contrôle des investissements et du contrôle des
changes, à laquelle il faut ajouter la mondialisation de la production. Mais, à cause d’un certain nombre
de limitations persistantes – qui vont des problèmes de mesure des données aux hypothèses restrictives
de modélisation – les estimations présentées dans le rapport pour ce qui est de la réactivité de l’IDE à
une modification de son taux de rendement après impôt (et par ce biais, une modification du niveau des
incitations fiscales en faveur de l’IDE) ne doivent être utilisées qu’avec prudence lorsqu’il s’agit d’évaluer
le rapport coût-efficacité d’une incitation fiscale.
Quelques observations sont formulées en ce qui concerne les limitations de la modélisation
empirique et leurs conséquences pour l’évaluation de l’impact des incitations fiscales. L’un des
problèmes les plus marquants réside en ce que la plupart des travaux empiriques dans ce domaine
reposent sur des données américaines. Par conséquent, les résultats obtenus quant à la sensibilité de
l’investissement direct aux États-Unis (entrées d’IDE) aux considérations fiscales peuvent n’être pas
jugés aussi valables pour d’autres pays d’accueil. De même, les résultats qui ont trait à l’importance de
la fiscalité du pays d’accueil pour les sociétés mères américaines investissant à l’étranger (sorties
d’investissements directs) peuvent n’être pas aussi valables pour les décisions d’investissement direct
à l’étranger que prennent les sociétés qui résident dans d’autres pays d’origine. Malgré tout, le constat
de sensibilité accrue des investisseurs directs étrangers à la fiscalité du pays d’accueil, sous l’influence
d’une accélération de la mondialisation, devrait être valable dans d’autres cas, peut-être pas au même
degré, mais assurément dans la même direction. En particulier, les entreprises multinationales basées
dans d’autres pays d’origine, opérant elles aussi à l’échelle mondiale avec moins de restrictions pour
leurs investissements et pour leurs échanges, devraient se montrer plus sensibles au fil du temps à la
fiscalité du pays d’accueil si celle du pays d’origine n’est pas un facteur déterminant. Ce devrait être le
cas des multinationales résidant dans les pays qui exonèrent d’impôt les revenus actifs de source
étrangère ou dans les pays qui taxent les revenus de source étrangère, mais autorisent sur une période
assez longue le report de l’impôt perçu dans le pays d’origine sur les bénéfices recueillis dans le pays
d’accueil, par exemple via l’utilisation d’une société holding offshore. Mais, comme on l’a noté
précédemment, les estimations d’élasticité signalées dans les ouvrages spécialisés doivent être
utilisées avec précaution. Malgré les progrès accomplis dans les recherches empiriques, les
estimations de la réaction de l’IDE à un allégement donné ne peuvent pas être réalisées avec un degré
élevé de précision, car un certain nombre de questions théoriques et empiriques ne sont pas encore
résolues. En d’autres termes, les résultats empiriques à ce jour donnent des indications, mais il faut
poursuivre les recherches pour améliorer et vérifier la précision des estimations d’élasticité dans les
différentes situations du pays du pays accueil et du pays d’origine.
Tout en révélant que la sensibilité de l’IDE à la fiscalité du pays d’accueil paraît s’accentuer au fil
du temps, les applications empiriques des modèles d’investissement fournissent malheureusement
peu d’éléments quant à la façon d’alléger la fiscalité dans le pays d’accueil pour attirer davantage
94 d’IDE. La raison en est que les variables explicatives utilisées (taux synthétique effectif de l’impôt sur

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Principales questions

les sociétés, marginal ou moyen) sont mesurées sous la forme d’un ensemble de paramètres fiscaux et
non fiscaux. En agrégeant les différents facteurs, on masque l’influence de chacun. Les autorités doivent
donc emprunter d’autres voies pour guider leur choix entre les divers instruments et politiques de
nature fiscale lorsqu’elles veulent favoriser l’IDE (il faudra en particulier se demander si les obstacles à
l’IDE qui ne relèvent pas de la politique fiscale ne doivent pas être traités avant la mise en place d’une
incitation fiscale, ou au moins parallèlement). Le rapport examine donc un ensemble de considérations
de politique fiscale et de conception des incitations fiscales entrant en ligne de compte dans le choix
du dispositif d’incitation fiscale.

E. Avantages et inconvénients des divers instruments d’allégement fiscal : résumé


Comme on l’a vu, les autorités doivent tout d’abord évaluer la situation de leur pays et la validité
des arguments invoqués pour justifier des incitations fiscales en faveur de l’IDE dans le but de corriger
une défaillance des marchés ou d’autres obstacles à l’IDE se rattachant aux marchés ou aux politiques
mises en œuvre. La question de base, du point de vue de l’efficience, est en effet de savoir si les
incitations sont appelées à améliorer les performances économiques, et non à les dégrader. Sous
l’angle de cette question cruciale, le rapport aborde les problèmes de conception des incitations
fiscales qui ont trait aux possibilités d’optimisation fiscale créées par certaines mesures d’allégement,
en particulier les exonérations fiscales temporaires. La nécessité de prévoir, de concevoir et de mettre
en œuvre des mesures de protection contre l’optimisation fiscale abusive est fondamentale pour les
autorités, car, souvent, les mesures adoptées ne favorisent pas l’IDE dans de bonnes conditions de
coût et d’efficacité essentiellement à cause de déperditions non voulues au profit d’activités non
visées. On souligne à cet égard les avantages qu’offre, du point de vue de la préservation des bases
d’imposition, un taux de base de l’impôt sur les sociétés d’un faible niveau comme moyen d’attirer
l’IDE, malgré l’allégement qui en résulte pour le capital existant (installé). Parmi les autres aspects
touchant à la conception du dispositif d’incitation, le rapport examine la date d’entrée en vigueur de
l’exonération fiscale temporaire, le régime fiscal des pertes et des droits à amortissement, l’utilisation
d’un crédit d’impôt fixe et progressif et le ciblage des incitations financières sur l’investisseur marginal
ou l’investisseur inframarginal.
L’exonération fiscale temporaire reste une forme très répandue d’incitation fiscale, surtout dans les
pays en développement. C’est pourquoi le rapport examine de plus près les problèmes liés à la
conception de cette mesure. Il montre, par exemple, que le choix concernant l’entrée en vigueur de
l’exonération fiscale – notamment la première année de production, la première année bénéficiaire ou
la première année de bénéfice net cumulé – peut avoir une large incidence sur le montant de
l’allégement fiscal direct accordé et sur l’attrait de cette mesure pour l’investisseur. Le rapport montre
que l’allégement fiscal direct accordé ne dépend pas seulement de la date d’entrée en vigueur de
l’exonération fiscale, mais aussi de l’ampleur et du régime fiscal des pertes subies au cours de la
période d’exonération temporaire. Il illustre par des exemples le montant de l’allégement dans le
cadre des différents régimes. L’incitation fiscale prenant la forme d’une exonération temporaire est
certes très largement utilisée, mais on peut considérer qu’il s’agit du dispositif le plus susceptible
d’abus de la part du contribuable. En exemptant d’impôt sur le revenu certaines sociétés ou activités,
l’exonération fiscale temporaire encourage les groupes de sociétés à transférer des revenus imposables
(en respectant ou non la réglementation) dans des sociétés éligibles, de manière à réduire l’impôt total
dû dans le pays d’accueil. Ces abus peuvent prendre plusieurs formes. Premièrement, lorsqu’une
exonération fiscale temporaire vise uniquement les sociétés « nouvellement établies », les
contribuables ont intérêt à opérer un transfert de capital des sociétés existantes aux sociétés éligibles,
afin de bénéficier de l’allégement fiscal. Ce « moulinage » du capital à des fins fiscales peut donner à
tort l’impression qu’un nouvel investissement a été réalisé, alors qu’en fait les « nouvelles » capacités
productives correspondent purement et simplement à une réduction du capital productif ailleurs dans
l’économie. Une autre technique courante de transferts de bénéfices est facilitée par une exonération
fiscale temporaire : elle consiste à acheminer des intérêts et d’autres charges déductibles au sein d’un
groupe de sociétés par le biais d’entités exonérées d’impôt, ce qui permet de convertir la charge
d’intérêts déductibles en dividendes reçus en franchise d’impôt par la société mère. Une troisième 95

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Impôt sur les sociétés et investissement direct étranger

technique consiste à pratiquer des prix de transfert artificiels dans les transactions entre membres d’un
groupe de sociétés afin de transférer à l’entreprise bénéficiant de l’exonération fiscale temporaire des
revenus qui seraient sinon imposables, et également à transférer des charges à des entreprises non
éligibles pour réduire le montant total des revenus assujettis à l’impôt.
Lorsqu’on envisage comme incitation fiscale un régime renforcé d’amortissement, l’un des facteurs
déterminants, outre le choix entre la méthode linéaire et la méthode dégressive, est le caractère
discrétionnaire ou non du régime d’amortissement. Par exemple, si les autorités veulent favoriser l’IDE
par un amortissement accéléré, l’amortissement doit-il être obligatoire (c’est-à-dire n’être autorisé que
l’année où naissent les droits à amortissement) ou faut-il autoriser le contribuable à reporter
l’amortissement sur les exercices ultérieurs ? Un grand nombre de pays autorisent le report pour une
durée indéterminée des droits à amortissement qui n’ont pas été utilisés, de sorte que l’investisseur
peut mieux gérer ses déductions et réduire l’impôt total dû dans le pays d’accueil. Lorsque
l’investisseur a moins de latitude, le lien avec le régime de report des pertes devient plus important.
Le rapport illustre par des exemples les écueils possibles d’un régime d’amortissement accéléré
obligatoire (non discrétionnaire) sans possibilité de report des pertes. Le rapport montre que dans ce
cas l’amortissement accéléré aggrave la situation du contribuable en aboutissant à un impôt total plus
lourd que celui observé en cas d’amortissement non accéléré. On constate que l’amortissement
accéléré discrétionnaire améliore la situation de l’investisseur lorsqu’il se double d’un régime de
report des pertes (l’investisseur peut ainsi reporter sur les exercices ultérieurs ses pertes fiscales et ses
pertes d’exploitation) en réduisant encore l’impôt dû.
Le rapport aborde une question importante d’ordre général en ce qui concerne les régimes renforcés
d’amortissement : lorsqu’ils se doublent d’un régime souple de report des pertes, ils peuvent aboutir à
une accumulation substantielle de « pertes fiscales » inutilisées, c’est-à-dire de déductions acquises mais
inutilisées qui peuvent être reportées sur les exercices ultérieurs pour compenser l’impôt futur. De
même, les spécialistes qui mettent en garde contre les incitations fiscales immédiates soulignent qu’elles
peuvent faire peser de très fortes contraintes sur le système fiscal du pays d’accueil du fait que les
autorités subissent généralement des pressions pour autoriser les entreprises temporairement
déficitaires (par exemple, les jeunes pousses) à reporter sur les exercices ultérieurs le reliquat de crédits
d’impôt pour investissement acquis mais inutilisés. Leur refuser ce report serait leur faire supporter un
désavantage concurrentiel par rapport aux entreprises bénéficiaires pouvant tirer parti d’incitations
fiscales spéciales. Mais les pertes fiscales ou, plus généralement, le reliquat de déductions et de crédits
d’impôt non utilisés résultant d’un dispositif généreux d’incitation à l’investissement peuvent avoir pour
résultat que les entreprises bénéficiant de ces mesures ne paieront pas d’impôt durant une longue
période alors même qu’elles sont devenues rentables. C’est pourquoi les pays d’accueil doivent veiller à
mettre en place les réglementations et les pratiques administratives nécessaires pour limiter les
opérations non voulues de cession de pertes, ce qui conduit souvent à créer de nouvelles échappatoires
fiscales lorsqu’on met fin à celles qui existaient auparavant. Les transferts de pertes peuvent être très
coûteux du point de vue des recettes fiscales et leur coût peut être bien supérieur aux recettes
auxquelles on a renoncé pour les activités d’investissement aidées.
Il existe une solution autre que le report des crédits d’impôt : le crédit d’impôt remboursable.
Lorsque le crédit d’impôt est remboursable, le contribuable reçoit un versement à hauteur de la fraction
du crédit qui ne peut être imputée sur l’impôt sur les sociétés pour l’année au cours de laquelle le crédit
est acquis. Un crédit d’impôt remboursable augmente la trésorerie de l’entreprise et remédie à
d’éventuelles contraintes de liquidité entravant les plans d’investissement. Mais, du point de vue des
pouvoirs publics, il faut faire preuve d’une grande prudence face aux demandes d’introduction d’un crédit
d’impôt remboursable. Le caractère remboursable peut accroître le coût d’un programme de crédit
d’impôt pour investissement en avançant des dépenses fiscales qui seraient intervenues plus tard avec
un régime de report du crédit d’impôt. De plus, tout en assurant un traitement plus neutre du risque, le
crédit d’impôt remboursable aide tout un ensemble d’entreprises ne payant pas d’impôt (par exemple,
les jeunes pousses) qui finiront par tomber en faillite et ne seront jamais ni rentables, ni imposables. En
revanche, le report du crédit d’impôt limite le coût pour les pouvoirs publics en aidant uniquement les
96 entreprises rentables. Puisqu’une entreprise doit nécessairement être rentable pour être soumise à

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Principales questions

l’impôt sur les sociétés (et pouvoir alors faire valoir un crédit d’impôt), le système du report est en lui-
même sélectif. Dans la pratique, le report peut bénéficier à des entreprises autres que celles du groupe
visé, par exemple lorsque des crédits inutilisés sont cédés à des entreprises non éligibles (voir ci-
dessus). Par ailleurs, les crédits excédentaires ne pouvant être imputés que par report, on refuse dans
certains cas une aide financière immédiate à des entreprises qui sont actuellement déficitaires, mais qui
sont potentiellement rentables.
Tout en n’étant pas parfaite, la solution de l’aide limitée au report du crédit d’impôt est sans doute
plus satisfaisante que celle du crédit d’impôt remboursable très peu ciblé. Le principal risque qu’on
court avec un crédit d’impôt remboursable est la création d’activités fictives destinées essentiellement
ou exclusivement à percevoir un remboursement de l’État. Le caractère remboursable du crédit a
tendance à inciter les entreprises à requalifier des activités non visées en activités éligibles, ce qui
crée une pression supplémentaire sur l’administration fiscale et met à l’épreuve les critères
d’éligibilité. Par exemple, les fiscalistes pourront étudier les failles de la réglementation pour
déterminer s’il ne serait pas possible d’acquérir des biens d’équipement, sous couvert d’une véritable
activité éligible, pour les revendre ensuite au fournisseur du bien ou à un tiers, avec partage du crédit
d’impôt remboursé entre les intéressés. C’est pourquoi il pourra être souhaitable, pour remédier en
partie à ces problèmes, d’appliquer une réfaction sur le montant du crédit d’impôt remboursé.
Les résultats empiriques montrent que les incitations immédiates qui subventionnent le coût
d’acquisition du capital et qui, selon la théorie économique de base, paraissent généralement
l’instrument le plus efficace, risquent dans la pratique de ne pas être la meilleure solution, vu
l’interdépendance des paramètres fiscaux (par exemple en cas de contrainte globale de collecte de
recettes). En particulier, dans la mesure où les pertes de recettes dues à un régime généreux de crédit
d’impôt pour investissement et à d’autres incitations immédiates sont accompagnées ou « financées »
par un impôt sur les sociétés à taux élevé, les pratiques des investisseurs qui consistent à transférer
des déductions fiscales vers des pays à taux légal élevé (et à faire sortir des bénéfices de ces pays)
peuvent grandement nuire à l’efficacité des incitations immédiates. Les études de cas et les résultats
empiriques récents portant sur la sensibilité des décisions de financement, les stratégies de
rapatriement des bénéfices et les pratiques en matière de prix de transfert sont très instructifs à cet
égard. Les incitations fiscales immédiates, notamment les crédits d’impôt pour investissement et la
déduction immédiate des dépenses en capital, sont souvent considérées comme l’instrument
d’incitation le plus efficace en ce qu’elles aident uniquement l’acquisition de capital. L’idée est qu’une
incitation fiscale aura une efficience maximale si elle subventionne uniquement l’investissement qui
n’aurait pas eu lieu si elle n’avait pas été accordée. C’est pourquoi on fait souvent valoir que les
incitations immédiates liées aux nouvelles acquisitions de capital constituent le meilleur moyen de
favoriser les nouveaux investissements, la réduction du taux légal de l’impôt sur les sociétés
bénéficiant en revanche aussi bien au capital existant qu’au capital nouveau. Malgré tout, il faut
reconnaître qu’une aide ciblée sur le capital nouveau (ce qui est le cas des crédits d’impôt pour
investissement, des déductions immédiates et des autres incitations immédiates) ne garantit pas
l’absence d’effet d’aubaine pour l’investisseur. En effet, une fraction (inconnue) des nouveaux
investissements bénéficiant de l’incitation fiscale aurait été réalisée de toute manière.
Pour remédier à ce phénomène, on peut en principe améliorer l’efficience du dispositif en affinant
la définitio n des in ve stisseme nts éligibles de façon à viser unique men t l’investissement
supplémentaire. Un exemple d’instrument de ce type est le crédit d’impôt pour investissement supplémentaire.
Contrairement à un crédit accordé selon une proportion fixe des investissements en biens éligibles
réalisés durant la période en cours, le crédit d’impôt pour investissement supplémentaire ne vaut que
pour les investissements de la période en cours qui sont supérieurs à une moyenne mobile des
investissements passés. On peut ainsi obtenir un meilleur ciblage et une plus grande efficience.
Toutefois, comme le montrent les exemples présentés dans le rapport, cela peut dans certains cas
décourager l’investissement des entreprises dont le niveau souhaité d’investissement (en l’absence de
crédit d’impôt) pour une année donnée est inférieur à l’investissement moyen réalisé au cours des
années de référence. Limiter le crédit d’impôt aux dépenses d’investissement supérieures à une
moyenne mobile peut également inciter les entreprises à investir de façon discontinue. 97

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Impôt sur les sociétés et investissement direct étranger

Le rapport trouve de nombreuses justifications à la solution qui consiste à réduire le taux légal de
l’impôt sur les sociétés pour abaisser le taux d’imposition effective dans le pays d’accueil. On dispose
aujourd’hui de très nombreux travaux empiriques, résumés dans le rapport, qui examinent l’impact de
différentes mesures de réforme fiscale sur la politique financière des entreprises multinationales. Ces
travaux démontrent que la structure financière d’une entreprise est généralement influencée, dans
certains cas très sensiblement, par le régime fiscal du pays d’accueil, conclusion bien connue des
conseillers en optimisation fiscale. Les résultats empiriques au niveau global ont tendance à confirmer
le rôle clé du taux légal de l’impôt sur les sociétés du pays d’accueil dans le choix du ratio dette/fonds
propres. En particulier, un impôt sur les sociétés à taux légal élevé encourage l’emprunt dans le pays
d’accueil, ce qui a tendance à éroder l’assiette de l’impôt sur les sociétés.
Le rapport examine également l’incidence de différents paramètres fiscaux sur les décisions de
rapatriement des bénéfices. Comme l’indique la théorie, on constate que les méthodes de rapatriement
des bénéfices sont influencées par le taux légal de l’impôt sur les sociétés et par le taux de la retenue à la
source applicable aux non-résidents, les différents formes de rapatriement ayant un impact variable sur
l’assiette de l’impôt dans le pays d’accueil. Une forte retenue à la source sur les dividendes, par exemple,
a tendance à décourager la distribution de dividendes. Mais une forte retenue à la source sur les
dividendes ne peut garantir que les bénéfices (provenant de véritables activités économiques) seront
réinvestis dans le pays d’accueil, car les entreprises ont d’autres moyens de transférer des revenus aux
sociétés mères ; elles peuvent notamment utiliser des charges déductibles comme les intérêts, les
redevances et les honoraires de gestion. Comme on pouvait s’y attendre, on constate qu’un impôt sur les
sociétés à taux élevé favorise l’utilisation des charges déductibles, notamment les intérêts, pour
transférer des revenus aux sociétés mères étrangères, avec toutes les conséquences négatives pour
l’assiette de l’impôt dans le pays d’accueil. On notera à cet égard qu’une étude conclut que les paiements
de redevances (déductibles) n’augmentent pas lorsque le taux de l’impôt sur les sociétés dans le pays
d’accueil est plus élevé. Au contraire, un impôt sur les sociétés à faible taux a tendance à accroître les
paiements de redevances et de dividendes, ce qui laisse penser que les multinationales ont tendance à
transférer des bénéfices, et en particulier des revenus de biens incorporels, dans les pays percevant un
impôt sur les sociétés à faible taux. Les effets sont inverses dans le cas des pays où le taux de l’impôt sur
les sociétés est élevé : les multinationales ont alors tendance à transférer des bénéfices hors de ces pays,
en utilisant des structures financières fortement endettées dans le pays d’accueil et des prix de transfert
ne répondant pas aux conditions de pleine concurrence.
Les autres questions de conception des mesures qui sont examinées dans le rapport concernent
essentiellement les incitations financières. Pour évaluer l’impact des incitations financières, notamment
une réduction de la retenue à la source et l’octroi du crédit imputable aux non-résidents, il faut prendre
en compte les différents sources de financement (emprunt, bénéfices non distribués, émission
d’actions) et les paramètres à partir desquels les investisseurs directs étrangers comparent les taux de
rendement après impôt lorsqu’ils sélectionnent leurs possibilités d’investissement. Lorsque les impôts
frappant le rapatriement de bénéfices influent très sensiblement sur le rendement net du projet et ses
marges bénéficiaires, l’investisseur direct étranger prendra sans doute en compte dans sa décision
d’investissement l’imposition de la société dans le pays d’accueil et dans le pays d’origine, et
notamment l’impôt frappant les rapatriements. Si l’impôt sur le rapatriement de dividendes est pris en
compte et capitalisé dans le prix des actions, on peut s’attendre à ce qu’un allégement de l’impôt sur
les dividendes réduise le coût de l’émission d’actions et favorise ainsi l’IDE.
Lorsqu’une société mère peut éviter l’impôt du pays d’origine sur les dividendes étrangers (en
utilisant des crédits d’impôt étranger excédentaires, en mixant des revenus de sources différentes ou
en faisant appel à une société holding offshore), une augmentation du taux de l’imputation pouvant
être pratiquée par l’actionnaire direct étranger peut avoir pour effet d’abaisser le coût des apports en
fonds propres à la filiale. De même, une réduction du taux de la retenue à la source sur les
dividendes applicable aux non-résidents devrait abaisser le taux d’actualisation de l’entreprise. Ces
deux types d’incitation financière ont tendance à encourager l’IDE, car un taux d’actualisation plus
faible des bénéfices permet d’obtenir le taux de rendement exigé par l’actionnaire avec un stock de
98 capital plus important.

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Principales questions

Mais lorsque la société mère étrangère est soumise pour ses revenus de source étrangère à un
impôt supplémentaire dans le pays d’origine, généralement ni le crédit imputable, ni une réduction de
la retenue à la source, ne devraient influencer le taux de rendement de l’investissement exigé de
l’entreprise du pays d’accueil. En effet, le taux global d’imposition du bénéfice de la filiale est alors le
taux d’imposition dans le pays d’origine, les incitations fiscales du pays d’accueil étant totalement
annulées par la diminution des crédits d’impôt étranger dans le pays d’origine. De plus, puisque
l’incitation financière est subordonnée et concomitante au rapatriement de dividendes, la possibilité
de report de l’impôt du pays d’origine ne modifie pas le résultat. Par conséquent, l’incitation financière
aboutit dans ce cas à un transfert de recettes entre le pays d’accueil et le pays d’origine, sans que cela
influe sur le rendement final global après impôt et sur le stock de capital du pays d’accueil.
Un autre cas étudié dans le rapport est celui d’un investisseur direct étranger envisageant une
prise de participation minoritaire pour un projet d’investissement dans un pays d’accueil. Il se peut
que l’actionnaire marginal fournissant les dernières unités de capital à un projet d’investissement dans
le pays d’accueil soit une entité exonérée d’impôt. Il se peut également que les investisseurs
imposables du pays d’accueil soient les actionnaires marginaux d’une entreprise d’un pays d’accueil. Ni
le crédit d’impôt, ni la retenue à la source applicable aux non-résidents frappant les distributions à un
investisseur direct étranger n’entreront en ligne de compte, dans un cas comme dans l’autre, dans le
calcul du taux exigé de rendement de l’entreprise, car les distributions à l’actionnaire marginal ne sont
pas concernées. Par conséquent, les incitations financières accordées aux investisseurs directs
étrangers ne devraient pas dans ces situations influer sur le niveau du stock de capital du pays
d’accueil. La dernière question examinée dans ce rapport est l’effet de ces incitations sur le
financement inframarginal par des investisseurs directs étrangers, qui peut présenter un intérêt
lorsqu’une participation directe mais non majoritaire de l’investisseur étranger devrait être bénéfique
pour le pays d’accueil, en facilitant par exemple l’accès aux marchés de biens ou de facteurs.

F. Nécessité de concevoir soigneusement et d’utiliser prudemment les incitations fiscales


Le rapport, qui examine les différents facteurs liés à l’utilisation des incitations fiscales, révèle
peut-être avant tout que les autorités doivent faire preuve de prudence dans l’utilisation de ces
incitations et dans ce qu’il faut en attendre. Des difficultés peuvent surgir sur le plan de la disponibilité
des données et de l’analyse lorsqu’il s’agit d’identifier les obstacles à l’IDE et d’évaluer s’ils peuvent
être neutralisés par des incitations fiscales. Cela étant, il faut examiner ces questions, au moins de
façon approximative, pour déterminer si les avantages probables sont supérieurs aux coûts.
L’évaluation de la réaction probable de l’investissement est difficile du fait d’un manque
d’informations sur l’élasticité ou la sensibilité de l’IDE au taux effectif de l’impôt sur les sociétés dans le
pays d’accueil. Il serait prudent d’utiliser les estimations de bas de fourchette dans le cas où les
obstacles à l’IDE dans le pays d’accueil sont plus marqués que dans les pays d’accueil pour lesquels
elles ont été calculées. Ces estimations basses doivent conduire à une évaluation prudente de
l’élargissement de l’assiette de l’impôt et des autres effets favorables pour l’économie du pays
d’accueil. Par ailleurs, les responsables de l’économie ne devraient pas sous-estimer les pratiques
d’optimisation fiscale des multinationales et ils devraient évaluer la robustesse des réglementations
internes destinées à préserver les bases d’imposition, en particulier lorsqu’ils envisagent une
exonération fiscale temporaire ou une mesure similaire.
De plus, le choix entre les différentes incitations fiscales dépendra de la situation spécifique du
pays. Par exemple, le rapport appelle à la prudence dans l’utilisation des incitations fiscales
immédiates, en particulier si le taux légal de l’impôt sur les sociétés est relativement élevé et s’il existe
des possibilités de remboursement. On pourra juger préférable de réduire le taux légal de l’impôt sur
les sociétés, car cette mesure a un double effet : elle favorise l’investissement (malgré les effets en
sens inverse au niveau du coût de l’emprunt et de la valeur des déductions pour amortissement) et elle
allège les pressions qui peuvent s’exercer sur l’assiette de l’impôt du fait de pratiques d’optimisation
fiscale, essentiellement en subventionnant l’utilisation productive de facteurs créatrice de bénéfices au
lieu de subventionner l’acquisition des facteurs. 99

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Impôt sur les sociétés et investissement direct étranger

Mais, comme pour les autres incitations fiscales, c’est la situation spécifique du pays qui
déterminera quelle est la meilleure solution. Lorsque les recettes de l’impôt sur les sociétés
proviennent en grande partie de biens en capital auxquels s’appliquerait une réduction du taux de
l’impôt, les pertes de recettes sur le capital existant peuvent être jugées trop importantes. Autrement
dit, la décision pourra être fonction du rapport entre la base d’imposition existante et celle qui
bénéficierait de la réduction du taux. Un autre élément peut entrer en ligne de compte : l’idée que se
font les autorités du pays d’accueil quant au « juste » partage de la charge fiscale entre les ménages et
les entreprises.
Comme les exemples le montrent, le choix d’une incitation fiscale ou d’un ensemble d’incitations,
de même que la décision fondamentale d’utiliser ou non les incitations fiscales pour accroître l’IDE,
dépendront de la situation spécifique de chaque pays et de ses perspectives économiques. Ce rapport
fournit à cet égard de nombreuses informations qui pourront être utiles pour la prise de décision dans
le domaine des incitations fiscales en faveur de l’IDE.

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Annexe I
PROFIT REPATRIATION TAX RATES UNDER ALTERNATIVE HOME COUNTRY
TAX SYSTEMS

This annex presents equations deriving effective (combined host and home country) dividend repatriation tax
rates under alternative home country tax system characteristics. The analysis focuses on residence-based tax
systems, where resident direct investors (e.g., parent corporations) are taxed on their foreign source income with a
credit for foreign income tax. Effective repatriation tax rates under exemption-based system are shown as a special
case of the residence-based results where only host country taxation applies.

General Provisions Under Residence-based Systems

In countries that tax resident direct investors on dividend receipts of foreign source active business income on
efficiency (e.g., capital export neutrality (CEN)) or equity grounds, the typical approach is to tax the underlying profit
(measured gross of foreign tax) at the home country tax rate, while providing a tax credit in respect of foreign tax
imposed on the distribution. In particular, tax credits are provided in respect of foreign dividend withholding tax (the
direct foreign tax credit) and additionally, in the case of direct investors, in respect of underlying foreign corporate
income tax on the profit out of which the dividend is paid (the indirect or deemed-paid foreign tax credit).
The foreign tax credit rules in a given residence-based system may require that dividend receipts in a given year
be pooled together for foreign tax credit purposes, regardless of the source country. Pooling income by income type,
with different pools for different categories of income, allows high-taxed dividend income (i.e., dividend income
subject to relatively high host country income plus withholding tax) to be mixed with low-taxed dividend income
(from a relatively low-tax host jurisdiction) for foreign tax credit purposes. As shown below, this mixing of income from
different countries with different effective host country corporate tax rates allows « excess credits » on relatively
highly-taxed dividend income to offset home country tax on relatively lightly-taxed dividend income.
Alternatively, other systems require that income of various categories from a given country, including foreign
dividend, interest, royalty and other income, be mixed (pooled) for foreign tax credit purposes. Under per country
foreign tax credit rules, the mixing of high- and low-tax income occurs on account of different rates of host country tax
on different types of income from a given source. This stands in contrast to the first example of requiring the mixing
of different streams of dividend income from different jurisdictions with different rates of host country dividend
withholding and corporate income tax.
Under a third possible approach, home countries may require that foreign active business income be pooled on
an entity basis, with dividend income received from a given foreign operating subsidiary mixed together with other
streams of income from the same entity, for foreign tax credit purposes.
With income pooling either by income category, source country, or by entity, the foreign tax credit that can be
claimed to offset domestic (home country) tax on a given pool of foreign source income – segregated and separately
treated for foreign tax credit purposes – is typically limited or capped to not exceed the gross amount of home
country tax on that income. Where foreign tax credits earned in respect of a given segregated pool of foreign source
income exceed the gross amount of domestic tax on that income, most systems would allow the excess (unused)
foreign tax credits to be carried over to offset gross domestic tax on the same pool of income levied in other years.
While a discussion of the range of foreign tax credit rules in place in various countries is beyond the scope of this
annex, the point to note is that many systems allow some degree of mixing or pooling of different streams of income
for foreign tax credit purposes. This implies scope for using « excess » foreign tax credits earned on relatively highly-
taxed foreign source income (i.e., credits over and above the amount required to eliminate home country tax on that
stream of income) to offset home country tax that would otherwise be owing on relatively lightly-taxed foreign source
income. Another common feature is the limiting of foreign tax credit claims in respect of income in a given pool or
basket to the amount of gross domestic tax on that basket. Assuming these common features, the following general
characterisation of profit repatriation tax rates can be made. 105

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Impôt sur les sociétés et investissement direct étranger

Host Country Taxation


Consider a profit distribution of D currency units from a subsidiary resident in a given jurisdiction. Let u* denote
the average effective host country corporate income tax rate imposed in that jurisdiction on profit out of which the
dividend is paid (using asterisks to denote host country parameters). In other words:
u* = T*/Π (AI.1)
where T* measures host country corporate income tax on pre-tax corporate profit in the amount of Π. The
average rate u* could be lower than the host country statutory corporate tax rate on account of special host country
incentives. Let λ be the fraction of profits distributed to the (home country) parent, implying:
D = λΠ(1–u*) (AI.2)
Host country corporate income tax underlying the distribution is given by the product of the host country
average effective corporate tax rate u* and distributed profits λΠ [dividends « grossed-up » by (1–u*)]:
u*λΠ = u*D/(1–u*) (AI.3)
With dividends paid to the home country subject to host country non-resident withholding tax at rate w f ≥ 0,
dividend income in the hands of the parent D n is given by:
Dn = D(1–wf) (AI.4)
Under classical treatment, corporate income tax is collected at rate u* in the host country on subsidiary profits
regardless of whether profits are distributed or retained, implying that host country withholding tax is the only
relevant host country repatriation tax.
Thus total host country tax imposed on distributed profit, denoted by T*, and total host country tax imposed
upon repatriation (i.e., the host country repatriation tax rate), denoted by TR*, differ as follows:
T* = λΠ[u*+w f(1–u*)] (AI.5)
TR* = λΠ[wf(1–u*)] (AI.6)
where, as is clear from equation AI.2, λΠ = D/(1–u*) measures the amount of pre-tax profit underlying the
distribution of D currency units.

Home Country Taxation


Under typical residence-based tax rules, a parent must include, in the calculation of its home country taxable
income, foreign dividends measured gross of foreign withholding and foreign income tax, together with other foreign
source income measured on a gross basis and allocated to the same pool or « basket » of income for foreign tax credit
purposes. Let the sum of other gross foreign source income allocated to the same basket be X. The parent claims a
foreign tax credit FTC in respect of this pool of income, implying the following home country tax liability on foreign
source income allocated to the relevant basket:
u(λΠ+X) – FTC (AI.7)
where u denotes the home country corporate income tax rate. The amount of home country corporate income tax
collected on the distribution of λΠ currency units of pre-tax profit can be expressed as follows:
T = uλΠ – FTCD (AI.8)
D
where FTC gives, for analytical purposes, a notional foreign tax credit claim offsetting domestic tax on the
dividend inclusion.1 As noted above, in most residence-based systems, the foreign tax credit claim in respect of the
basket of income to which D is allocated is capped to be no greater than the lesser of i) the pre-credit amount of
domestic tax on that income u(λΠ+X) and ii) the amount of unused foreign tax credits in respect of that basket,
consisting of currently earned foreign tax credits on D, and on other current foreign receipts (that can be mixed with
D for tax credit purposes), plus unused tax credits under foreign tax credit carryover provisions. This implies that the
foreign tax credit that can be claimed to offset domestic tax on the dividend (D) can be expressed as:
FTC D = min[u,(c+χ)]λΠ (AI.9)
where c measures the amount of creditable foreign tax earned per currency unit of the distribution (D). In relation
to foreign tax credit mixing and carryover possibilities, χ measures the amount of unused (excess) foreign tax credits
available (per currency unit of pre-tax distributed profit λΠ) earned on other income in the current year or other years
that can be used to shelter domestic tax on D. The amount of creditable foreign tax earned per currency unit of
pre-tax distributed profit is given by the amount of host country withholding tax and underlying corporate income
tax imposed per currency unit of D (see AI.5). That is:
c = u* + w f(1–u*) (A1.10)
Substituting (AI.10) and (AI.9) into (AI.8) gives the following general expression for the total net home country tax
on the distribution of λΠ units of pre-tax subsidiary profit:
106 T = (u – min{u,[u* + wf(1–u*) + χ]}) λΠ (AI.11)

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Annexe I

The excess foreign tax credit case


In the excess foreign tax credit case where the pool of unused foreign tax credits is sufficiently large to offset
home country tax on the foreign dividend receipt D, the foreign tax credit claim per currency unit of pre-tax
distributed profit is given by (using AI.9 and AI.10):
(FTCD/λΠ) = u ≤ [u*+w f(1–u*)+χ] (AI.12)
which gives the result (using AI.8) that home country tax on the dividend receipt D is zero,
T=0 (AI.13)
Therefore, the combined host and home country tax on the distribution D of foreign profits, which we can denote
by TC, is determined by expression (AI.5) alone (with no home country tax):
TC = T* + T = T* = [u*+wf(1–u*)]λΠ (AI.14)
Similarly, the combined host and home country tax imposed upon repatriation, denoted by TR, is given by (AI.6)
alone (no home country repatriation tax):
TR = TR* + T = TR* = [wf(1–u*)]λΠ = w fD (AI.15)
Note that while (AI.14) measures the amount of underlying foreign corporate income tax plus withholding tax on
distributed profit, (AI.15) captures only the amount of tax that is triggered by a distribution. In the excess foreign tax
credit case, this additional tax set off by a distribution is the withholding tax alone.
The combined host and home country repatriation tax rate tR is determined by differentiating equation (AI.15)
with respect to distributed profit (λΠ):
tR = (∂TR/∂(λΠ) = w f(1–u*) (AI.16)
In other words, in the excess foreign tax credit case, no home country tax is imposed on foreign dividend income,
with home country taxation eliminated by foreign tax credit claims. Where a foreign dividend receipt D is the single
item allocated to the relevant income basket for foreign tax credit purposes, the general excess foreign tax credit result
requires that the host country average effective corporate income tax rate plus the effective host country withholding
tax rate exceeds the home country corporate tax rate, that is:
u < [u*+wf(1–u*)] (AI.17)
With no home country tax effects, this leaves the effective foreign withholding tax rate wf(1–u*) determining the
effective repatriation tax rate, as shown by (AI.16.)
The result of no home country taxation and the foreign withholding tax rate determining the effective repatriation
tax rate on dividend income may also be observed where (AI.17) is not satisfied. That is, home country tax may be
eliminated even where the home country tax rate exceeds the effective host country tax rate on distributed profits
(i.e., u > [u*+wf(1–u*)]) if excess or unused foreign tax credits, captured above by χ, are available in respect of other
income pooled together with D for foreign tax credit purposes, such that condition (AI.12) holds.
It should be noted that the excess foreign tax credit result, summarised by equations (AI.14)-(AI.17), is also
observed under the exemption tax system case, which is the main alternative to the residence-based system approach. In the
exemption system case, home country taxation is zero by virtue of the exemption given to foreign dividends received
and paid out of active business income (with the exemption in some systems conditional on the income being
subject to a minimum corporate tax rate at source). (See the discussion in Chapter 3, Section B, on controlled foreign
company (CFC) rules.)

The excess limitation (insufficient foreign tax credit) case


In the excess limitation case where available foreign tax credits are insufficient to eliminate home country
taxation, the foreign tax credit claim per currency unit of pre-tax distributed profit is given by (using AI.9 and AI.10):
(FTCD/λΠ) = [u*+wf(1–u*)+χ] < u (AI.18)
implying that home country taxation in this case is positive and equal to the following (using AI.8):
T = (u–[u*+wf(1–u*)+χ]) λΠ (AI.19)
The combined host and home country tax on the distribution D of foreign profits, given by (AI.5) and (AI.19), is
as follows:
TC = T* + T = (u–χ)λΠ (AI.20)
In the absence of foreign tax credit mixing and/or carryover provisions (χ = 0), the combined tax rate on
distributed pre-tax profit is given by the home country tax rate u. Thus, host country tax incentives cancel out. The
reason is that in this case, the introduction of host country tax incentives, while lowering the effective host county
corporate tax rate u* below the statutory host country corporate tax rate, causes a unit-for-unit reduction in the home
country foreign tax credit (and thus only a transfer from the host country to the home country in tax revenues
collected). 107

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Impôt sur les sociétés et investissement direct étranger

The combined host and home country repatriation tax, measuring the total amount of tax triggered by the
distribution, given by (AI.6) and (AI.19), is as follows:
TR = TR* + T = (u–u*–χ)λΠ > 0 (AI.21)
Finally, the combined host and home country repatriation tax rate in the excess limitation case is given by
differentiating equation (AI.21) with respect to distributed profit (λΠ):2
tR = (+∂TR/∂λΠ) = (u–u*–χ) (AI.22a)
Where unused (excess) foreign tax credits are not available from other sources of foreign income or other
years (χ = 0), we have:
tR = (∂TR/∂λΠ) = (u–u*) > 0 (AI.22b)
In the insufficient foreign tax credit case, the combined host and home country tax rate on distributed profits is
« bumped » up to the home country tax rate, implying that any tax incentives provided by the host country are offset
by a reduction in foreign tax credits. Note that the effective repatriation tax rate may be less than the bump necessary
to bring the combined rate up to the home country tax rate to the extent that the unused (excess) credits are
available from other income to shelter the dividend income in part from home country taxation. Thus the effective
repatriation tax rate on a given dividend receipt will depend on the other items of income in the foreign tax credit
basket, and the amount of creditable tax attached to them. Lastly, it should be noted that the above discussion
considers only the main interactions of tax systems possible under a residence-based home country tax framework.
In particular case studies, other important details will typically apply.3

NOTES

1. The amount is notional in the sense that the actual FTC calculation affecting the determination of the amount of
net home country tax imposed on the distribution of D units of subsidiary after-tax profit (or λΠ units of pre-tax
distributed profit) is made with respect to the pool of income to which D is allocated (rather than to the
particular dividend receipt in isolation).
2. Note that since χ measures unused (excess) foreign tax credits (earned on other foreign income) as a fraction of
distributed profit (i.e., χ = FTCunused/λΠ), it follows that λΠχ = FTCunused which is a stock amount invariant to
changes in λΠ = [D/(1–u*)].
3. Indeed, host and home country tax system design features may interact in less visible, but nevertheless
important ways in influencing FDI incentives. One example concerns the determination of the US indirect
foreign tax credit for foreign corporate income tax. Under US rules, the indirect foreign tax credit limit is
derived with reference to the percentage that distributed earnings are of subsidiary profits as calculated under
US accounting rules. Where host country tax rules provide for accelerated write-offs that lower the present
value of taxable income relative to the present value of economic income, the result can be a reduced average
foreign tax rate used in the foreign tax credit calculation. Where a marginal investment in a given host country
reduces the foreign tax credit that a US parent can claim on infra-marginal profits (i.e., on profits from other
foreign investments made by the parent), the outcome may discourage host country taxation. This result may
encourage host countries to look for means of achieving corporate tax burden reduction by means other than
reforms that rely on a shifting of the tax base over time.

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Annexe II

Annexe II
HOST COUNTRY TAX INCENTIVE RELIEF UNDER HOME COUNTRY TAX DEFERRAL

Home country taxation of foreign source income of investors can offset host country tax incentives in certain
cases. In particular, where tax incentives lower the effective host country tax rate below the tax rate on profit
repatriations, and profits are remitted as earned, the offset can be complete, with each dollar of tax incentive merely
increasing home country tax revenues by the same amount. However, most countries with residence-based tax
systems provide for deferral of home country tax on foreign source active business income (distinct from passive
investment income). The deferral of home country taxation until dividend repatriation can mitigate possible
offsetting home country tax effects.
To illustrate how deferral increases the attractiveness of host country tax incentives relative to the alternative of
current period (accrual-based) taxation, consider the case where a parent company invests one currency unit (say a
dollar) of new equity capital in its subsidiary, and distributes the profits after n periods. Let R denote the pre-tax rate
of return on the investment, and let u* denote the host country average effective corporate income tax rate which is
lower than the host country basic (statutory) corporate income tax rate on account of some combination of special tax
rate reduction, accelerated/enhanced depreciation allowances, tax credits, or a corporate tax holiday. As illustrated
in table set (AII) accompanying this annex, the original $1 investment, plus accumulated after-tax profits (after host
country corporate income tax) at the end of period n is given by the following:
Zn = [1+R(1–u*)]n (AII.1a)
This terminal amount, measured prior to tax upon repatriation, can be written alternatively as:
Zn = 1 + Σnj=1 R(1–u*)[1+R(1–u*)]j–1 (AII.1b)
The summation term measures the sum of accumulated after-tax profits, while the first term is the original
contribution of $1 of capital which, being a capital contribution as opposed to income, is free of income tax (i.e., can
be transferred back to the parent tax-free). The amount of principal invested at the beginning of each period j (j = 1,
…, n) is measured by [1+R(1–u*)]j–1. Multiplying this term by R gives the pre-tax return on that principal, and then
multiplying by (1–u*) gives the return net of host country corporate tax.
Assume that the accumulated after-tax profits at the end of period n are distributed to the parent as a cash
dividend at the end of period n. The cash dividend Dn can be expressed as follows:
Dn = Zn – 1 = Σnj=1(Πj – T*j) = Σnj=1Πj (1–u*) (AII.2)
where accumulated profits before tax equal:
Σnj=1Πj =Σnj=1 R[1+R(1–u*)]j–1 (AII.3)
and accumulated host country tax on those profits are given by:
Σnj=1 T*j = u*Σnj=1Πj = u*Σnj=1 R[1+R(1–u*)]j–1 (AII.4)
Let wf denote the rate of non-resident withholding tax imposed by the host country on dividends paid to the
parent. The amount of non-resident withholding tax imposed at the end of period n on Dn is given by:
WT*n = wfD n = wfΣnj=1Πj (1–u*) (AII.5)
where dividends are shown in expression AII.2 as the full amount of the accumulated after-tax profits on the
investment. The dividend receipt in the hands of the parent is:
Dn = D n – WT*n = (1–wf)D n (AII.6)
Where the home country operates a residence-based system that defers payment of tax on foreign source active
business income until the time of profit repatriation, the home country tax burden corresponding to the above
investment is levied at the end of period n. The home country tax is given by:
Tn = uΣnj=1Πj – FTCn (AII.7)
with the home country corporate tax rate u applied to the pre-tax profit amount. The foreign tax credit claimed on the
period n distribution, denoted by FTCn, is determined as the lesser of T gn, the gross amount of home country tax on
the pre-tax amount of distributed profit, and CTn measuring the creditable amount of tax including foreign income
plus withholding tax:1 109

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Impôt sur les sociétés et investissement direct étranger

FTC n = min(Tgn, CTn) (AII.8a)


Tgn = uΣnj=1Πj (AII.8b)
CTn =Σnj=1T*j + WT*n = [u*+w (1–u*)]Σnj=1Πj
f
(AII.8c)
In general, tax deferral advantages arise where the parent company is in an insufficient foreign tax credit position
meaning that it would bear additional tax upon the repatriation of foreign earnings. In the context of this model, this
occurs where the home country effective corporate tax rate u exceeds the host country average effective corporate
income tax rate plus withholding tax rate [u*+w f(1–u*)]. In this case, the foreign tax credit claimed against home
country tax equals the full amount of creditable tax levied on the distribution, as given by CT n.
Using equations (AII.5), (AII.7) and equation set (AII.8), the repatriation tax – that is, the amount of tax triggered
by repatriation of the subsidiary’s profits – is given by the sum of the withholding tax and home country tax on the
distribution:
TRn = WT*n + Tn = (u–u*)Σnj=1Πj = τΣnj=1Πj(1–u*) = τΣnj=1 (Πj–Tj*) (AII.9a)
which we can write alternatively as:
TRn = τΣnj=1 R(1–u*)[1+R(1–u*)] j–1 (AII.9b)
where τ denotes the dividend repatriation tax rate, measured by the following expression, and characteristic of the
insufficient foreign tax credit case (in the absence of income mixing and the use of excess foreign tax credits earned
on other streams of foreign income):
τ = (u–u*)/(1–u*) (AII.9c)
The non-resident withholding tax drops out of the repatriation tax calculation on account of the foreign tax credit
provided by the home country. The effect of the repatriation tax is to bring the combined effective rate of tax on the
accumulated pre-tax profit amount Σnj=1Πj up to the home country tax rate u.
At the end of period n, the accumulated profit measured net of host and home country taxation plus the original
$1 invested (returned to the parent company on a tax-free basis), which we denote by Kn, is given by the following:
Kn = 1 + Σnj=1 (Πj–T*j) – TRn = 1 + Dn – TRn (AII.10a)
Substituting in equation (AII.9a) gives:
Kn = 1 + (1–τ)Σnj=1 (Πj–T*j) (AII.10b)
Using (AII.3) and (AII.4), the above expression for K n can be written in final form as:
Kn = 1 + (1–τ)Σnj=1 R(1–u*)[1+R(1–u*)]j–1 (AII.10c)
or alternatively,
Kn = 1 + Σnj=1 R(1–u)[1+R(1–u*)] j–1 (AII.10d)

Under Accrual Taxation


In contrast, with full accrual taxation, the subsidiary’s pre-tax profits on its investment are subject to home
country tax in each period j (j = 1, …, n) on a current basis as they are earned – that is, even where profits are retained.
This stands in contrast to the deferral approach, which defers home country tax until profit distribution.
Where the parent is in an insufficient foreign tax credit position (i.e., where u > [u*+wf(1–u*)] so that additional
home country tax is due on distributions) then home country tax under current accruals taxation may be lowered by
having the subsidiary distribute its earnings each period. This holds even where the optimal investment strategy
calls for a reinvestment of the earnings back into the subsidiary’s operations (as in the case considered here where
earnings on the $1 investment are reinvested for n years). The reason for this preferred distribution policy is that,
while distributions each period attract withholding tax, this tax may be offset by home country foreign tax credits in
the insufficient foreign tax credit case.2
To illustrate, consider accrual taxation of first period profits. The subsidiary earns R(1–u*) in after tax-profit on
the initial $1 capital injection and distributes this amount attracting withholding tax measured by wfR(1–u*). The
pre-tax profit amount on which home country tax is applied is determined by grossing the after-tax amount up by the
amount of host country tax [i.e., by dividing through by (1–u*)], as follows:
Π1 = R(1–u*)/(1–u*) = R (AII.11)
Home country tax is given by applying the home country tax rate to pre-tax profits, with a tax credit for underlying
foreign income tax, limited to not exceed gross home country tax,
T1 = uΠ1 – FTC1 (AII.12a)
FTC 1 = min{uΠ1 [u*+wf(1–u*)]Π1} (AII.12b)
Under the assumption {u>[u*+wf(1–u*)]}, the accrual (repatriation) tax is given by:
110 TR1 = (u–u*)Π1 = τΠ1(1–u*) (AII.13)

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Annexe II

where τ denotes the accrual tax rate (u–u*)/(1–u*). Therefore, first period profit after host and home country
taxation is given by:
Π1 – T*1 – TR1 = Π1 (1–u*)(1–τ) (AII.14)
Note that Π1(1–u*)(1–τ) reduces simply to Π1 (1–u) – that is, the combined host and home country effective tax
rate is the home rate. However, the above expression is useful for highlighting the differential effects between
deferral and accrual taxation.
More generally, for each period (j = 1, …, n), we have:
Πj = R[1+R(1–u*)(1–τ)]j–1 (AII.15a)
*
T j = u*Πj (AII.15b)
Dj = Πj – T*j = Πj (1–u*) (AII.15c)
WT*j = wf(1–u*) Πj (AII.15d)
Tj = uΠj – FTCj (AII.15e)
FTCj = min{uΠj [u*+w f(1–u*)]Πj} = [u*+wf(1–u*)]Πj (AII.15f)
TRj = WT*j + Tj = (u–u*)Πj = τΠj (1–u*) (AII.15g)
Πj – T*j – TRj = (1–τ)Πj (1–u*) = R(1–u*)(1–τ)[1+R(1–u*)(1–τ)]j–1 (AII.15h)
At the end of period n, the original $1 investment plus the accumulated profit measured net of host and home
country corporate income tax applied on an accrual basis, which we can denote by letting K(acc)n is given by the
following:
K(acc)n = 1 + Σnj=1 (Πj –T*j–TR j) = 1+(1–τ)Σnj=1Πj (1–u*) (AII.16a)
which can be written as:
K(acc)n = 1+(1–τ)Σnj=1 R(1–u*)[1+R(1–u*)(1–τ)]j–1 (AII.16b)
or alternatively (for comparison purposes) as:
K(acc)n = 1 + Σnj=1 R(1–u)[1+R(1–u)]j–1 (AII.16c)

Comparison of Deferral and Accrual Results


The advantages of deferral over accrual are evident when comparing equations (AII.10d) and (AII.16c) [or
alternatively (AII.10c) and (AII.16b)]. The key difference is the fact that the build-up of capital is greater in the first
case under deferral, accumulating at rate R(1–u*), which exceeds R(1–u)=R(1–u*)(1–τ). The result is is intuitive. For
a given pre-tax rate of return, deferred payment of home country tax permits increased reinvestment in each period
(owing to a reduced tax take on profits for reinvestment), and thus greater cumulative after-tax profits over the
reinvestment period, prior to earnings distribution, so that:
Kn > K(acc)n (AII.17)
Tables AII.1 and AII.2 illustrate this finding. The shaded boxes show, under stylised parameter assumptions, that
an investment of $1 of new equity in subsidiary operations at the beginning of year 1, held for 5 years, results in
$1.350 of capital (consisting of the original principal plus profit after host and home country tax) under tax deferral,
as compared to $1.338 under accrual taxation (or a 3.6% difference in after-tax profit.)

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Impôt sur les sociétés et investissement direct étranger
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Table AII.1. Illustrative results under deferral of home country taxation

Host country Home country


Beginning Host country corporate Principal + profit Principal plus final
Year Pre-tax profit Profit net of CIT* withholding tax corporate tax Repatriation tax
period capital income tax (CIT*) net of CIT* after-tax return
(WT*) (CIT)

1 1.0000 0.1000 0.0200 0.0800 1.0800 0 0 0 0


2 1.0800 0.1080 0.0216 0.0864 1.1664 0 0 0 0
3 1.1664 0.1166 0.0233 0.0933 1.2597 0 0 0 0
4 1.2597 0.1260 0.0252 0.1008 1.3605 0 0 0 0
5 1.3605 0.1360 0.0272 0.1088 1.4693 0.0235 0.0939 0.1173 1.3520
Sum 0.5867 0.1173 0.4693
(Parameter values: R = 0.10, u* = 0.20, u = 0.40, wf = 0.05, τ = 0.25 = (u–u*)/(1–u*). For parameter definition, see the main text.

Underlying formulae
Host country Home country
Beginning Host country corporate Principal + profit Principal plus final
Year Pre-tax profit Profit net of CIT* withholding tax corporate tax Repatriation tax
period capital income tax (CIT*) net of CIT* after-tax return
(WT*) (CIT)

1 1 Π1 = R u*Π1 Π1(1–u*) 1 + R(1–u*)


2 1 + R(1–u*) Π2 = R[1 + R(1–u*)] u*Π2 Π2(1–u*) [1 + R(1–u*)]2
3 [1 + R(1–u*)]2 Π3 = R[1 + R(1–u*)]2 u*Π3 Π3(1–u*) [1 + R(1–u*)]3
4 [1 + R(1–u*)]3 Π4 = R[1 + R(1–u*)]3 u*Π4 Π4(1–u*) [1 + R(1–u*)]4
5 [1 + R(1–u*)]4 Π5 = R[1 + R(1–u*)]4 u*Π5 Π5(1–u*) [1 + R(1–u*)]3 wfΣjΠj(1–u*) (u–u*)ΣjΠj (u–u*)ΣjΠ 1 + ΣjΠj(1–u)
– wfΣjΠ(1–u*) = τΣjΠj(1–u*) = 1 + (1–τ)ΣjΠj(1–u*)
Sum ΣjΠj = Σju*Πj = ΣjΠj(1–u*) = 1 + ΣjΠj(1–u*) =
ΣjR[1 + R(1–u*)]j–1 Σju*R[1 + R(1–u*)]j–1 ΣjR(1–u*)[1 + R(1–u*)]j–1 Σj[1 + R(1–u*)] j

Note that [1 + R(1–u*)]5 = 1 + ΣjΠj(1–u*) = 1 + ΣjR(1–u*)[1 + R(1–u*)]j – 1


Also note that the terminal amount [1 + (1–τ)ΣjΠj(1–u*)] = {1 + (1–τ)ΣjR(1–u*)[1 + R(1–u*)]j–1 = *} = {1 + ΣjR(1–u)[1 + R(1–u*)]j–1}
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Table AII.2. Illustrative results under home country accrual taxation

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Host country
Beginning Host country corporate Home country corporate tax
Year Pre-tax profit Profit net of CIT* withholding tax Repatriation tax Principal plus after-tax return
period capital income tax (CIT*) (CIT)
(WT*)

1 1.0000 0.1000 0.0200 0.0800 0.0040 0.0160 0.0200 1.0600


2 1.0600 0.1060 0.0212 0.0848 0.0042 0.0170 0.0212 1.1236
3 1.1236 0.1124 0.0225 0.0899 0.0045 0.0180 0.0225 1.1910
4 1.1910 0.1191 0.0238 0.0953 0.0048 0.0191 0.0238 1.2625
5 1.2625 0.1262 0.0252 0.1010 0.0050 0.0202 0.0252 1.3382
(Parameter values: R = 0.10, u* = 0.20, u = 0.40, wf = 0.05, τ = 0.25 = (u–u*)/(1–u*). For parameter definition, see the main text.)

Underlying formulae

Host country
Beginning Host country corporate Home country corporate tax
Year Pre-tax profit Profit net of CIT* withholding tax Repatriation tax Principal plus after-tax return
period capital income tax (CIT*) (CIT)
(WT*)

1 1 Π1 = R u*Π1 Π1(1–u*) wfΠ1(1–u*) {u – [u* + wf(1–u*)]}Π1 (u–u*)Π1 1 + R(1–u)


2 1 + R(1–u) Π2 = R[1 + R(1–u)] u*Π2 Π2(1–u*) wfΠ 2(1–u*) {u – [u* + wf(1–u*)]}Π 2 (u–u*)Π2 [1 + R(1–u)] + Π2(1–u)
= [1 + R(1–u)]2
3 [1 + R(1–u)]2 Π3 = R[1 + R(1–u)]2 u*Π3 Π3(1–u*) wfΠ3(1–u*) {u – [u* + wf(1–u*)]}Π3 (u–u*)Π3 [1 + R(1–u)]2 + Π3 (1–u)
= [1 + R(1–u)]3
4 [1 + R(1–u)]3 Π4 = R[1 + R(1–u)]3 u*Π4 Π4(1–u*) wfΠ4(1–u*) {u – [u* + wf(1–u*)]}Π4 (u–u*)Π4 [1 + R(1–u)]3 + Π4 (1–u)
= [1 + R(1–u)]4
5 [1 + R(1–u)]4 Π5 = R[1 + R(1–u)]4 u*Π5 Π5(1–u*) wfΠ5(1–u*) {u – [u* + wf(1–u*)]}Π5 (u–u*)Π5 [1 + R(1–u)]4 + Π5 (1–u)
= [1 + R(1–u)]5

2. Note that the terminal amount = [1 + R(1–u)]5 = [1 + ΣjR(1–u*)][1 + R(1–u*)]j–1

Annexe II
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NOTES

1. The illustration assumes that there are no excess foreign tax credits from other years or other sources of income
available to offset home country tax on the distribution. This treatment isolates the tax effects to those arising
solely from the distribution.
2. If instead the subsidiary’s earnings are reinvested each period without distribution, then withholding tax
imposed in period n on the distribution of accumulated retained profits generally would not be fully creditable
(in the absence of excess or unused foreign tax credits earned on other sources of foreign income). This occurs
where the foreign tax credit in period n is constrained to the amount of home country tax imposed on period n
profits alone (with home country tax on profits realised over the preceding years (j = 1, …, n–1) having been
already subject to home country tax). Looked at another way, without distributing in each year and then
reinvesting the subsidiary’s earnings (i.e., with a straight reinvestment), the company would give up foreign tax
credit shelter in the amount of (u–u*) for each unit of pre-tax profit earned by the subsidiary over the
reinvestment period. As these foreign tax credits could not be recovered in period n to offset withholding tax
imposed on the period n distribution of accumulated profits, home country tax liabilities would be greater than
they need be. Therefore the illustration in the main text assumes the tax minimizing strategy where the
subsidiary distributes its after-tax profit to the parent in each period to minimize and cover payment of the
home country tax charge, repatriation tax is paid on the dividend, and the after tax amount is reinvested in the
subsidiary. Note finally that there would be no further income or withholding tax imposed on the reinvested
(capital) amounts when returned to the parent (as with the original capital contribution of $1), with income
taxation restricted to the profits derived from this capital.

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Annexe III

Annexe III
POSSIBLE IRRELEVANCE OF HOME COUNTRY TAXATION
DISTINGUISHING FDI FINANCED BY RETENTIONS VERSUS NEW EQUITY CAPITAL

The general Hartman result shows that possible additional home country taxation upon the repatriation of host
country profits would not be expected to influence (e.g., discourage) FDI incentives provided that FDI in a subsidiary
is financed at the margin out of subsidiary retained earnings. An implication is that host country tax incentives to
encourage FDI would not be offset or « undone » on account of home country taxation, even where home country
taxation is immediate (i.e., in the absence of home county tax deferral). [The general Hartman result also applies to
additional host country tax (e.g., withholding tax) triggered by repatriation.]
The Hartman result assumes that, under the alternative use of funds scenario, profits that would otherwise be
reinvested in the subsidiary are distributed to the parent to be invested in an alternative investment, taken to be
bonds. Since the distribution of earnings for investment purposes outside the firm also attracts repatriation tax, the
effect of the repatriation tax rate cancels, implying that the investment decision is unaffected by the repatriation tax
rate (the same argument does not apply where the source of funds is new equity capital of the parent, not yet
« trapped » in the firm). With FDI financed by subsidiary retained earnings, the relevant comparison is between the
after-corporate tax rate of return at source on FDI (net of foreign corporate tax alone), and the after-domestic tax rate
of return on domestic bonds.1
To illustrate the Hartman result, we will first consider the retained earnings case, then contrast the results with
those obtained where the source of funds is new equity capital.

Subsidiary Investment Financed by Retentions


With $1 of retained earnings invested in a foreign subsidiary at the beginning of period 1, the principal plus
accumulated after-tax profit (after host country corporate income tax) at the end of period n is given by:
Zn = [1+R(1–u*)]n = 1 + Σnj=1 R(1–u*)[1+R(1–u*)]j–1 (AIII.1)
where R denotes the pre-tax rate of return and u* is the host country average effective corporate tax rate. With
investment financed out of retained after-tax profits, the eventual distribution of the $1 principal amount of after-tax
profits is subject to home country tax upon repatriation (given that the principal amount invested is subsidiary profit
(rather than a new capital injection by the parent company).
Assume that the accumulated after-tax profits on the investment plus the initial $1 invested are distributed to
the parent as a cash dividend at the end of period n. Therefore the cash dividend Dn is as follows:
Dn = 1 + Σnj=1 R(1–u*)[1+R(1–u*)]j–1 (AIII.2a)
or alternatively as:
Dn = 1 + Σnj=1 (Πj – T*j) (AIII.2b)
where accumulated profits before tax and accumulated host country tax on those profits are given by the following:
Σnj=1Πj = Σnj=1 R[1+R(1–u*)]j–1 (AIII.3)
Σnj=1 T*j = u* Σnj=1 R[1+R(1–u*)]j–1 = u* Σnj=1Πj (AIII.4)
Note that the first term in equation set (AIII.2) is the $1 initial principal amount of after-tax profit (which is
distributed at the end of period n).2 To simplify the illustration, the possible imposition of non-resident withholding
tax is ignored.3 Under the residence-based approach, the home country taxes the dividend measured gross of foreign
tax, while providing a foreign tax credit (FTC):
Tn = u[Σnj=1Πj + 1/(1–u*)] – FTCn (AIII.5)
The pre-tax amount corresponding to the distribution of the principal amount $1 of after-tax profits invested is
given by 1/(1–u*). The foreign tax credit claimed on the period n distribution FTCn is determined as the lesser of the
gross amount of home country tax on the pre-tax amount of distributed profit Tgn and CT*n defined as the creditable
amount of foreign tax:4
FTCn = min(Tgn CTn) (AIII.6a) 115

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Impôt sur les sociétés et investissement direct étranger

Tgn = u[Σnj=1Πj + 1/(1–u*)] (AIII.6b)


CTn = u* [Σ j=1Πj + 1/(1–u*)]
n
(AIII.6c)
Under the assumption (u* < u), the final home country tax is given by:
Tn = (u–u*)[Σnj=1Πj + 1/(1–u*)] (AIII.7a)
which we can write alternatively as:
Tn = τ{1 + Σnj=1 R(1–u*)[1+R(1–u*)]j–1} (AIII.7b)
where τ denotes the following dividend repatriation tax rate:
τ = (u–u*)/(1–u*) (AIII.8)
At the end of period n, the distributed accumulated profit plus the original principal amount measured net of
host and home country taxation, in the hands of the parent company, which we denote by K(sub)n, is given by the
following:
K(sub) n = Dn – Tn = (1–τ){1 + Σnj=1 R(1–u*)[1+R(1–u*)]j–1} (AIII.9a)
which can be written alternatively as:
K(sub) n = (1–τ)[1+R(1–u*)]n (AIII.9b)
Consider now the alternative investment by the parent in bonds, financed by $1 in after-tax profits of the subsidiary. Upon
the distribution of the $1 in subsidiary profits to the parent, home country tax liabilities arise as follows:
D1 = 1 (AIII.10a)
Π1 = 1/(1–u*) (AIII.10b)
T1 = uΠ1 – FTC1 (AIII.10c)
FTC 1 = min[u/(1–u*), u*/(1–u*)] = u*/(1–u*) (AIII.10d)
T1 = (u–u*)/(1–u*) = τ (AIII.10e)
Therefore, the amount of capital available to the parent to invest in bonds is given by:
K1 = D 1 – T 1 = (1–τ) (AIII.11)
Assume that the parent invests this amount in bonds paying a pre-tax nominal rate of interest of i, subject to
corporate tax at home country corporate tax rate u. At the end of period n, the amount of after-tax earnings plus
principal in the hands of the parent is given by:
K(bond)n = (1–τ)[1+i(1–u)]n (AIII.12)
In considering the options of repatriating $1 of the subsidiary’s after-tax profits and investing the after-tax amount
in bonds, or alternatively reinvesting the $1 in the operations of the subsidiary, the parent would compare equation
(AIII.9b) with equation (AIII.12). In making the comparison, the first term (1–τ) in each cancels out, so that the relevant
comparison is between the after-tax returns i(1–u) and R(1–u*).
The above example illustrates the basic Hartman result. Where the subsidiary’s profits are the marginal source
of finance, the parent need only compare the after-tax rate of return in the host country (i.e., net of only host country
corporate tax) and the after-tax rate of return available in the home country on an alternative asset of equivalent risk.
In other words, the repatriation tax rate has no influence on the investment decision.

Subsidiary Investment Financed by New Share Issues

Consider now the case where a parent is considering investing $1 in new equity in its subsidiary, or instead in
bonds. As reviewed in Annex II, the principal amount plus the accumulated after-tax profit (after host and home
country taxation) at the end of period n, under this option, is given by (see equation AII.10c):
Kn = 1 + (1–τ) Σnj=1 R(1–u*)[1+R(1-u*)]j–1 (AIII.13)
If instead the $1 of capital is invested in bonds, the amount of after-tax earnings plus principal in the hands of
the parent at the end of period n is given by:
K(bond)n = [1+i(1–u)]n = 1 + Σnj=1 i(1–u)[1+i(1–u)]j–1 +1 (AIII.14)
Therefore, in this case where the term (1–τ) does not cancel, the repatriation tax rate does affect the FDI decision –
the greater is τ, the lower is the FDI incentive. The reason for this result is that, unlike the previous case where the
116 investment is financed out of retained earnings, the repatriation tax rate is avoidable by the parent by investing in bonds.

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Annexe III

NOTES

1. The incentive for FDI over bonds is greater the larger is the after-corporate tax rate of return at source on FDI
(lowered by host country tax incentives), relative to the after- domestic corporate tax rate of return on bonds,
and the longer is the allowed period of home country tax deferral.
2. We assume that the principal amount of after-tax profit ($1) is distributed to render the results comparable to
those derived for the alternative investment in bonds (where we derive the amount of principal plus interest in
the hands of the parent at the end of the investment).
3. Non-resident withholding tax could be introduced without materially altering the main results derived
contrasting the effects of repatriation tax on FDI financed out of retained earnings versus new equity.
4. The illustration assumes that there are no excess foreign tax credits from other years or other sources of income
available to offset home country tax on the distribution. This treatment isolates the tax effects to those arising
from the distribution alone.

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Annexe IV
INVESTMENT EQUATION OF ALTSHULER, GRUBERT AND NEWLON (1998)

The basic investment equation used by Altshuler, Grubert and Newlon (1998) to explain US DIA into the host
countries indexed by j is as follows:
ln K jt= αt +βt ln(1–ATRjt)+ γ Zjt + λ TRADEj ln(1–ATRjt) + εjt
Under this specification, the investment equations for the two years of data (1992, 1994) are:
ln K j92 = α92 + β92 ln(1–ATRj92) + γ Zj92 + λ TRADEj ln(1–ATRj92) + εj92
ln K j84 = α84 + β84 ln(1–ATRj84) + γ Zj84 + λ TRADEj ln(1–ATRj84) + εj84
Differencing these equations gives:
(ln K j92 – ln Kj84) = c + β92 ln(1–ATRj92) – β84 ln(1–ATRj84) + γ (Zj92 – Zj84) + λ TRADEj [ln(1–ATRj92) – ln(1–ATRj84)] + νj
Rearranging terms gives the following estimated investment equation shown in sub-section C(2) of Chapter 4,
(ln Kj92 – ln Kj84) = c + β92 [ln(1–ATRj92) – ln(1–ATRj84)] + βdiff ln(1–ATRj84) + γ(Zj92-Zj84) + λ TRADEj [ln(1–ATR j92)
– ln(1–ATRj84)] + νj
where βdiff = β92 – β84

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Annexe V

Annexe V
ILLUSTRATION OF UNINTENDED TAX AVOIDANCE FACILITATED
BY TAX HOLIDAY INCENTIVE

Tax avoidance and evasion opportunities created by tax holidays can be demonstrated with reference to a simple
example. Consider a pre-holiday situation (illustrated in Table AV.1) where a parent company (PCo) and its subsidiary
(OpCoA) both operate in a given host country with a statutory corporate income tax rate of 50%. The parent company
may be assumed to be fully or partially foreign-owned. The parent company holds $1 000 in operating assets (e.g., plant
and machinery) and $1 000 in financial assets (bonds and shares) reflecting its ownership of OpCoA. The subsidiary is
capitalised with $200 of debt capital and $800 in equity capital. The market rate of interest is taken to be 10%, and the
representative firms are assumed to be price-takers in the sense that their lending and borrowing has no impact on the
« world » rate of interest.1 Therefore, the parent would earn 5% after-tax on bonds (with a 50% corporate tax rate applied
to corporate income), which sets in the example the minimum rate of return required by investors on equity shares of
equivalent risk. Of course, investors would be attracted to investment projects that provide a post-tax rate of return
greater than 5% and would be expected to channel investment funds to such projects.2

Table AV.1. Initial direct financing structure with no tax holiday


Parent company (PCo) Subsidiary (OpCoA)

Corporate income tax rate 50% 50%


Balance sheet items Assets Liabilities Assets Liabilities
Operating: Equity 2 000 Operating: Debt (PCo) 200
– Plant/machinery 1 000 – Plant/machinery 1 000 Equity (PCo) 800
Financial: (debt/capital): (1/5)
– Loans to OpCoA 200
– Shares in OpCoA 800
Pre-tax rates of return Parent operations 10% Subsidiary operations 10%
Corporate income tax Net operating income 100 Net operating income 100
(CIT) Interest income (from OpCoA) 20 Interest expense (@10%) 20
Dividend income (from OpCoA) 40 Net taxable income 80
Total income 160
Corporate income tax (CIT) 40
Dividend received deduction 40
Net taxable income 120 Distributed profit 40
Corporate income tax 60
of which:
– CIT on PCo operating income 50
– CIT on interest income (OpCoA) 10
Post-tax rates of return Parent operations 5%
Subsidiary (OpCoA) operations 5%
Total corporate income tax 100

Note : The parent companys’ required after-corporate tax rate of return on investments is 5% as determined by i(1–u) = (.10)(1 – .5) where the
market interest rate on bonds (i) is 10% and the host country corporate income tax rate (u) is 50%. The operating surplus of the subsidiary
(OpCoA) is taxed in full at the corporate level at rate u (with interest returns taxed in the hands of the parent, and subsidiary profit taxed at
the subsidiary level). The required pre-tax rate of return on subsidiary operations (Fk) that yields the 5% required after-corporate tax rate of
return is Fk = 10% as determined by i β(1–u) + (Fk–iβ)(1–u) = i(1–u) where β denotes the debt/capital ratio (0.2).
The post-tax rate of return on PCo’s operations equals (100-50)/1000, while that for OpCoA equals (100-40-10)/1000.
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Impôt sur les sociétés et investissement direct étranger

In the example shown in Table AV.1, the subsidiary’s operating income is split between interest income and
dividends paid to its parent PCo, in accordance with OpCoA’s capital structure and the assumed market and
shareholder required rates of return. Distributed profits are taxed in the hands of the subsidiary at 50%, while
interest – deductible for tax purposes at the subsidiary level – is taxed in the hands of the parent at 50%. As is
normal practice, dividends received by the parent from its domestic subsidiary are received tax free (deductible
from the tax base) in order to avoid double taxation of the underlying profit amount. As the table shows, a total of
$100 in corporate income tax is collected with a 5% after-tax rate of return on the operations of the parent and its
subsidiary.
Table AV.2 considers the introduction of a tax holiday, and illustrates the desired outcome of the tax policy. In
particular, PCo is shown to invest an additional $500 in the host country, establishing a new subsidiary OpCoB that
undertakes the activities qualifying for tax holiday treatment. Targeting under the tax holiday could be towards
activities undertaken in a given geographic area in the host country (e.g., a regional tax incentive) or in a given
industry (e.g., manufacturing activities). In the example, investment in OpCoB is shown to occur up to the point (at
the capital stock level of $500) where the pre-tax rate of return is 5 per cent, which equals the required post-tax
rate of turn under tax holiday treatment.3
Table AV.3 also considers the introduction of the tax holiday, but takes into account two possible but
unintended incentives created by the new regime. First, it may be that the parent company, rather than expanding
its operations, would attempt to recharacterise existing capital already in production as « new » capital qualifying
for the tax holiday. An actual expansion may be viewed by the parent as unprofitable, due for example to financing
constraints, limited factor supply, or limited output demand. In any event, even where some additional investment
is encouraged, the incentive would remain to recharacterise « old » capital as « new ». This incentive is illustrated
in Table AV.3 which shows the parent reducing its own operations by $500, and diverting this capital to OpCoB. This
has the effect of reducing host country tax revenues as income generated by this capital, previously subject to tax,
is now earned tax free.
Second, an incentive is created to structure loans to the corporate group through OpCoB qualifying for the tax
holiday. In the example, rather than loaning $200 to OpCoA directly, the parent’s tax bill can be reduced by having
this loan intermediated by OpCoB. This can be structured by recalling the loan to OpCoA, investing an additional
$200 in equity in OpCoB, which in turn on-loans the funds to OpCoA. The $20 on interest on this loan, which
continues to be a deductible expense to OpCoA, is now received tax free in the hands of OpCoB, and converted
and paid out to the parent in the form of a tax-free inter-corporate dividend.
Together, these distortions have the effect of lowering host country tax revenues to $65, as compared to the
$100 figure in Table AV.2 (showing the desired outcome). Furthermore, the reduction in the amount of tax on
income generated by OpCoA creates an incentive to expand the amount of capital employed in the non-targeted
sector. The example shows that at the existing capital stock level of $1 000, OpCoA generates a post-tax rate of
return of 6%. This means that the capital stock employed in OpCoA can be increased, while generating above-
normal post-tax rates of return. Expansion in OpCoA’s capital stock would be expected to continue up to the point
where the post-tax rate of return falls back to 5 per cent. The ability to earn above-normal rates of return on OpCoA
operations means that the parent’s shareholders enjoy a windfall gain, on account of the tax holiday, on assets
employed outside the non-targeted sector.
In addition to encouraging the routing of interest income through the new intermediary OpCoB, an incentive
is created to charge OpCoA a non-arm’s length price on the loan. By increasing the interest raet charged on the
$200 loan above the arm’s length (market) rate of 10 per cent, the corporate group is able to reduce its host country
tax bill even further. This is illustrated in Table AV.4, which considers the case where the interest rate is increased
to 20 per cent. Because the interest charge is deductible, this reduces the amount of corporate income tax paid
by OpCoA from $40 to $30. As in the previous case, the interest is paid to OpCoB where it is received tax free, which
may be then paid to the parent as a tax-free inter-corporate dividend. The result is a further reduction in host
country tax revenues ($55), an increased rate of return on OpCoA operations, and thus a further incentive to
expand the capital stock in the non-targeted sector.
The investment distortions towards non-targeted sectors identified in the examples are noteworthy. In
particular, in addition to unintended revenue leakage, the introduction of a tax holiday can create unintended
efficiency losses. In general, an efficient allocation of capital requires an equivalence of pre-tax rates of return
across assets. This follows simply from the fact that, where pre-tax rates of return differ, aggregated gross returns
can be increased by shifting capital away from the least productive towards the most productive uses. Therefore,
given that investment behaviour tends to equate after-tax rates of return – placing additional (less) capital towards
assets providing higher (lower) after-tax rates of return, tending to decrease (increase) the corresponding pre-tax
rates of return – efficiency generally calls for the application of uniform tax rates across assets. One exception to
this rule is where uniform taxation leads to an inefficiently low capital stock, for example on account of an inability
of investors to fully reap investment returns (e.g., R&D), or due to imperfect information or imperfect capital
markets – or more generally, in instances of market failure calling for the introduction of special tax incentives. It
follows that efficiencies are lost where income that should be subject to uniform taxation is able to escape the tax
120 net, as in the case of interest income paid by OpCoA in Table AV.3.

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Table AV.2. Expanded capital stock under tax holiday (illustration of policy goal)

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New Subsidiary (OpCoB)
Parent company (PCo) Subsidiary (OpCoA)
– qualifying for tax holiday –

Corporate income tax rate 50% 0% 50%


Balance sheet items Assets Liabilities Assets Liabilities Assets Liabilities
Operating: Operating: Operating: Debt (PCo) 200
– Plant/mach. 1 000 – Plant/mach. 500 – Plant/mach. 1 000 Equity (PCo) 800
Financial: (debt/capital) : (1/5)
– Loans to OpCoA 200
– Shares in OpCoA 800
– Shares in OpCoB 500 Equity 2 500 Equity (PCo) 500
Pre-tax rates of return Parent operations 10% Subsidiary operations 5% Subsidiary operations 10%
Corporate income tax Net operating income 100 Net operating income 25 Net operating income 100
(CIT) Interest income (from OpCoA) 20 Net taxable income under tax holiday 0 Interest expense (@10%) 20
Dividend income (from OpCoA) 40 Net taxable income 80
Dividend income (from OpCoB) 25 Corporate income tax (tax holiday) 0
Total net income 185 Corporate income tax 40
Distributed profit 25
Dividend received deduction 65 Distributed profit 40
Net Taxable income 120
Corporate income tax 60
of which:
– CIT on PCo operating income 50
– CIT on interest income (OpCoA) 10
Post-tax rates of return Parent operations 5%
Subsidiary operations – OpCoA 5%
Subsidiary operations – OpCoB 5%
Total corporate income tax 100

Notes: The example shows the parent company raising an additional $500 in equity capital to invest in a new subsidiary (OpCoB) qualifying for the tax holiday.
The pre- and post-tax rate of return on OpCoB’s operation equals 25/500.

Annexe V
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Impôt sur les sociétés et investissement direct étranger
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Table AV.3. Intermediated financing under tax holiday (unintended policy outcome)
Subsidiary (OpCoB)
Parent company (PCo) Subsidiary (OpCoA)
– qualifying for tax holiday –

Corporate income tax rate 50% 0% 50%


Balance sheet items Assets Liabilities Assets Liabilities Assets Liabilities
Operating: Equity 2 000 Operating: Operating: Debt (OpCoB) 200
– Plant/mach. 500 – Plant/mach. 500 – Plant/mach. 1 000 Equity (PCo) 800
Financial: Financial: (debt/capital) : (1/5)
– Shares in OpCoA 800 – Loans to OpCoA 200
– Shares in OpCoB 700 Equity (PCo) 700
Pre-tax rates of return Parent operations 10% Subsidiary operations 5% Subsidiary operations 10%
Subsidiary operations 10%
Corporate income tax Net operating income 50 Net operating income 25 Net operating income 100
(CIT) Interest income 0 Interest income (from OpCoA) 20 Interest expense (@10%) 20
Dividend income (from OpCoA) 40 Net taxable income under tax holiday 0 Net taxable income 80
Dividend income (from OpCoB) 45
Total net income 135 Corporate income tax (tax holiday) 0
Corporate income tax 40
Dividend received deduction 85 Distributed profit 45
Net taxable income 50 Distributed profit 40
Corporate income tax 25
of which
– CIT on PCo operating income 25
– CIT on interest income (OpCoA) 0
Post-tax rates of return Parent operations 5%
Subsidiary operations – OpCoA 6%
Subsidiary operations – OpCoB 5%
Total corporate income tax 65

Notes: The example shows the parent company diverting $500 of its productive capital to OpCoB to qualify for the tax holiday for “new” investment.
The parent’s loan to OpCoA (which does not qualify for the tax holiday) is structured through OpCoB to minimise the tax on earnings of OpCoA (enabling the conversion of taxable interest to exempt
dividend income in the hands of the parent).
The post-tax rate of return on PCo’s operations is equal to (50–25)/500, while that for OpCoA is (100–40)/1 000, and for OpCoB is 50/500.
In the example, the tax holiday generates economic rents (above-normal rates of return) on the (unchanged )physical capital stock ($1 000) in OpCoA at $1 000. This non-arbitrage result creates
incentives to expand the non-targeted capital stock in OpCoA.
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Table AV.4. Transfer pricing incentives under tax holiday (unintended policy outcome)

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Subsidiary (OpCoB)
Parent company (PCo) Subsidiary (OpCoA)
– qualifying for tax holiday –

Corporate income tax rate 50% 0% 50%


Balance sheet items Assets Liabilities Assets Liabilities Assets Liabilities
Operating: Equity 2 000 Operating: Operating: Debt (OpCoB) 200
– Plant/mach. 500 – Plant/mach. 500 – Plant/mach. 1 000 Equity (PCo) 800
Financial: Financial: (debt/capital) : (1/5)
– Shares in OpCoA 800 – Loans to OpCoA 200
– Shares in OpCoB 700 Equity (PCo) 700
Pre-tax rates of return Parent operations 10% Subsidiary operations 5% Subsidiary operations 10%
Subsidiary operations 10%
Corporate income tax Net operating income 50 Net operating income 25 Net operating income 100
(CIT) Interest income 0 Interest income (from OpCoA) 40 Interest expense (@20%) 40
Dividend income (from OpCoA) 30 Net taxable income under tax holiday 0 Net taxable income 60
Dividend income (from OpCoB) 65
Total net income 145 Corporate income tax (tax holiday) 0
Corporate income tax 30
Dividend received deduction 85 Distributed profit 65
Net taxable income 50 Distributed profit 30
Corporate income tax 25
of which
– CIT on PCo operating income 25
– CIT on interest income (OpCoA) 0
Post-tax rates of return Parent operations 5%
Subsidiary operations – OpCoA 7%
Subsidiary operations – OpCoB 5%
Total corporate income tax 55

Notes : The investment structure is the same as that shown in Table AV.3. The ability to convert otherwise taxable interest income from OpCoA to exempt dividend income received from OpCoB creates a “transfer
pricing” incentive to increase the interest rate charged on the loan to OpCoA to an artificially high rate (i.e., a non-arm’s length rate), in the example shown to be 20 per cent (rather than 10). The post-tax rate
of return on OpCoA’s operations increases from 6% (in Table AV.3) to 7%, given by (100–30)/1000. This further increases the incentive to expand the capital stock in the non-targeted sector (OpCoA).

Annexe V
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NOTES

1. This corresponds to the small open economy assumption at the macro level.
2. A key assumption (used in virtually all investment models) is that the existence of economic rent (profits in
excess of minimum required returns) would attract additional financing, with expansions to the productive
capital stock tending to drive down the pre-tax rate of return under diminishing productivity of capital at the
margin An equilibrium is reached where investment projects « break even », yielding a pre-tax rate of return
that just provides the minimum required rate of return at the margin (zero economic rent), and no more. In the
case of a 50% corporate tax rate, this break-even point is achieved at a 10% pre-tax rate of return.
3. The example assumes that the tax holiday period exceeds the productive life of the capital employed in
OpCoB. Where it does not, implying that income generated by the capital would eventually be subject to tax
during the post-holiday period, the required pre-tax rate of return would fall between 5 and 10 per cent.

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Annexe VI

Annexe VI
ECONOMETRIC FINDINGS ON THE IMPLICATIONS OF HIGH STATUTORY CORPORATE
TAX RATES

This annex considers empirical work addressing implications of alternative tax reforms on the financial and
repatriation policies of multinationals. The first part considers work demonstrating that a firm’s financial structure is
typically influenced, in some cases significantly, by the tax regime of the host country. Empirical results at the
aggregate level tend to confirm the central role played by the host country statutory corporate income tax rate in
influencing chosen debt/equity ratios. In particular, a high statutory corporate tax rate encourages borrowing in the
host country, tending to erode the corporate tax base. Thus generous tax deductions and credits « financed » by a
high statutory tax rate put pressure on the tax base, heightening the need for effective design and administration of
thin capitalization and other tax base protection rules.
The second part examines repatriation policy decisions. As theory would suggest, these decisions shown to be
influenced by the setting of statutory corporate and withholding tax rates, with alternative forms of earnings
repatriation having differential impacts on the host country tax base. Again, these findings help determine the
appropriate choice of tax incentives, taking into account these host country effects.

1. Financial Policy Considerations

Work by Hines and Hubbard (1990) reveals a positive correlation between host country statutory corporate
income tax rates and interest payments by US affiliates to their parents. Altshuler and Grubert (1996) use firm-level
balance sheet data on US controlled-foreign corporations (CFCs) and show that the decision to finance affiliates with
debt versus equity is strongly influenced by the host country statutory tax rate, with high rates attracting higher debt/
equity ratios. Further evidence is provided by Grubert (1998) who finds that host country statutory corporate tax rates
have a positive and significant effect on the interest payments of foreign affiliates to their US parents.
Thus the empirical evidence supports predictions that high statutory corporate income tax rates create
incentives for earnings stripping by way of deductible interest payments.
At the same time, a high statutory corporate tax rate may frustrate the desired financial policy of foreign parent
companies and lead to a higher cost of funds, thus indirectly discouraging investment in the host country. In recognition
of the fungible nature of debt capital, US multinationals are required by law to allocate a portion of their interest
expense against foreign source income on the basis of the ratio of foreign assets to domestic assets. High host country
tax rates, by contributing to an excess foreign tax credit situation, can increase the cost of parent company debt by
reducing the deductible portion of interest expense. Where a parent firm is constrained in its ability to respond to a
high after-tax cost of borrowing by increasing affiliate borrowing (e.g., by host country thin-capitalization rules), high-host
country taxation may operate to reduce host country investment incentives on account of the cost of capital effect. A
number of recent studies show that US firms particularly affected by US interest allocation rules have responded in
predictable ways, searching for lower cost sources of funds and slowing their FDI growth.
Froot and Hines (1995), for example, consider a sample of 416 US multinationals and find that following the
introduction of the US interest allocation rules, firms with excess foreign tax credits and significant foreign assets
borrowed significantly less, and expanded their FDI at a slower rate, relative to other firms. The impact of high host
country taxation on the cost of capital and FDI incentives of foreign parents is however hard to establish. Collins and
Shackleford (1992) show that US firms have considerable scope to substitute away from domestic debt in response
to the interest allocation rules. They find that firms most likely to be affected by the rules (i.e., firms with relatively
high percentages of foreign assets) issued more preferred stock following the 1986 tax change than did other firms.
Froot and Hines (1995) also report that corporations caught by the 1986 provision responded by relying more on
capital leases (with the borrowing component of the lease escaping the coverage of the rules). Similarly, Altshuler
and Mintz (1995) find that firms facing high interest expense costs on domestic debt after the introduction of the
interest allocation rules were more likely to borrow abroad through their foreign affiliates. This finding signals an
additional channel through which high host country taxation, by contributing to excess foreign tax credits that tend
to increase the cost of foreign parent debt, can contribute to host country base erosion. 125

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2. Repatriation Policy Considerations


Affiliates of multinational firms may choose among alternative means to repatriate their operating income.
Unlike dividends, earnings distribution by way of royalties, interest and management fees decreases the host
country corporate income tax base. While earlier empirical work focuses almost exclusively on dividend repatriation
tax effects, more recent work emphasizes the inter-relationship among the various means of flowing out operating
income to parent companies. Not only own-tax price effects, but also cross-tax price effects are shown to be important
in understanding repatriation behavior.
Reductions in the host country statutory corporate income tax rate increase the tax cost of using not only interest,
but also royalties and management fees, for paying out a given amount of subsidiary earnings, thus discouraging their
use. This implies that host country tax reform that reduces the corporate tax burden by relying more on lowering the
statutory corporate tax rate, rather than enhanced deductions or tax credits, serves to protect the corporate tax base
by affecting repatriation behavior. The following considers recent evidence on the importance of statutory corporate
income and withholding tax rates in explaining the repatriation behavior of Canadian and other foreign manufacturing
affiliates of US parent companies.
The most comprehensive analysis of this issue is found in recent work by Grubert (1994, 1998). His analysis
extends earlier studies of repatriation tax rates for various payment types, including Grubert and Mutti (1991),
Altshuler and Newlon (1993), and Altshuler, Newlon and Randolph (1994), which focuses mainly on dividend
behavior. Repatriation tax rates are shown to differ between excess foreign tax credit and deficit of foreign tax credit
(excess limitation) cases. In the excess foreign tax credit case, the repatriation rate for dividends depends on the host
country withholding tax rate, while for deductible payments, withholding tax rates and the host statutory corporate
income tax rate factor in. In the deficit of foreign tax credit case, withholding tax considerations net out and home
country income taxation matters. Relief for host country tax on distributed income depends on the host country
average income tax rate, while the tax price for deductible payments depends negatively on the host country
statutory tax rate.
Grubert’s modeling approach is appealing in that unlike earlier studies it analyzes simultaneously royalties,
interest, dividends and retained earnings. Both own- and cross-price effects are analyzed in a system of equations
that examines separately each of these forms of earnings repatriation.1 In addition to repatriation taxes, Grubert
introduces as explanatory variables parent R&D and advertising, normalized by parent sales, to capture the effect of
intangibles provided to foreign subsidiaries by US parents, and a broad earnings measure to control for the profit
effects (i.e., to isolate the effects of tax prices on the repatriation of a given amount of pre-tax earnings).2 The cross-
sectional sample (1990 data) includes roughly 3 500 controlled foreign corporations of US parents in the mining,
petroleum and manufacturing industries, which account for most US R&D (and royalty receipts).
Some of the main results of his work can be summarized as follows. Coefficients on the own-prices for dividend
payments are found to be negative and statistically significant. Higher dividend withholding tax rates, and a higher
home country tax rate relative to the host country corporate ATR discourage earnings distribution. Retained earnings,
however, are shown to be invariant to dividend repatriation tax rates, a finding consistent with the Hartman model.3
As regards cross-price effects, the response of dividends to the withholding tax rate on royalties is found to be
positive and significant. Firms generally react to a high royalty tax price by substituting towards dividend
distribution. The substitutability of dividends and interest is unclear, as the coefficient on the interest withholding
tax rate is statistically insignificant. The host country statutory corporate tax rate has a negative significant effect,
indicating that firms switch away from dividends to deductible forms of earnings repatriation as the host country
statutory rate increases.
The interest equation shows a negative and statistically significant interest payment response to its own-tax
price – higher interest withholding tax rates discourage interest payments. Higher royalty withholding tax rates and
higher dividend withholding tax rates are associated with higher interest payments, indicating that interest payments
are to a degree substitutable with royalties and dividends as channels for earnings distribution.4 The host country
statutory corporate tax rate is found to have a positive significant effect, indicating that firms switch towards interest
as a form of earnings repatriation as the host country statutory tax rate increases, a finding consistent with the
dividends equation.
As with the interest and dividend equations, estimation of the royalty equation finds statistically significant and
negative own-price effects. Higher royalty withholding tax rates discourage the use of royalties. Also, a higher interest
withholding tax rate is associated with increased royalties, a result consistent with the substitutability of interest and
royalties indicated by the interest equation. However, a higher dividend withholding rate is associated with reduced
royalties, contrary to what the substitution effect would predict.
Furthermore, royalties are found to decrease, rather than increase, with a higher host country statutory corporate
tax rate. These results suggest that dividends and royalty payments are complementary. US parents face incentives
to shift profits, including income from intangible capital, to countries with low statutory income tax rates by licensing
new products/processes through affiliates located in those countries and commodity (transfer) pricing. For countries
with high statutory corporate rates, the effects are the opposite – incentives to shift profit out rather than in through
126 commodity pricing and greater reliance on interest expense as a means of repatriating subsidiary earnings.

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Annexe VI

NOTES

1. The tax prices (repatriation tax rates) for each of the repatriation channels depend on whether an excess or
deficit of foreign tax credit position applies. The foreign tax credit position is an endogenous outcome of
financing and repatriation decision (e.g., transfers of intangibles to foreign affiliates and large royalty receipts
reduce the probability of an excess foreign tax credit position. These observations lead Grubert to include
both the excess credit tax price and the deficit tax credit price as independent variables. The interest and
royalty withholding tax rates (wI and w R) and the host country statutory corporate income tax rate (tS ) are
entered separately in each equation, capturing repatriation tax rates for these payments in the excess foreign
tax credit case equal to (wI–tS) and (wR–tS) respectively, and the deficit of foreign tax credit case where the
repatriation tax rate for both payments is (tUS–tS) where tUS is the home country tax rate.
2. The profits (operating surplus) measure is gross of interest and royalty payments. This recognises the
endogenous nature of book profits which incorporate the effects of repatriation decisions. Grubert (1998)
points out that in the model of Altshuler, Newlon and Randolph (1995) which uses a net profits measure (E&P),
the coefficient on the E&P variable confounds repatriation effects (influencing E&P) and dividend income
effects (the income elasticity of dividends).
3. The empirical results find retentions to be invariant to dividend repatriation tax rates (i.e., financial rather than
real behavioural responses are indicated). The model is silent on the effect of repatriation tax rates on
investment financed by new share issues.
4. While the coefficients on the royalty (tax) price and the dividend tax price in the deficit of foreign tax credit
case are both found to be statistically significant, the coefficient on the dividend (tax) price in the excess
foreign tax credit case is found to be of borderline statistical significance. Similarly, in the royalty equation, the
coefficient on the interest withholding tax rate, while positive, is of borderline statistical significance.

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Impôt sur les sociétés et investissement direct étranger

Annexe VII
ANALYSING THE INFLUENCE OF FINANCING INCENTIVES
(IMPUTATION RELIEF, AND DIVIDEND WITHHOLDING TAX RATE REDUCTION)

This annex considers how financing incentives – that is incentives meant to lower the cost of funds raised by
companies – could operate to encourage FDI. The incentives examined include the provision of host county
imputation relief and reduced withholding tax on dividends paid to non-resident shareholders.1 Under the tax
capitalisation view, the effect of these incentives on investment activity depends on the form of equity financing at
the margin (new share issues vs. retained earnings), which follows from the fact that these incentives affect dividend
repatriation tax rates (see Annex III). Another important consideration is whether the tax incentive relief provided is
realised by foreign investors, or is instead partially or fully offset by home country taxation. A further issue examined
is the effect of financing incentives provided to foreign investors where other investors (e.g., tax-exempt investors, or
taxable domestic investors) provide the marginal source of funds to a host country investment project, as for example
could be the case where foreign direct investors take a non-controlling interest in a host country firm. As with other
tax incentive provisions, expected benefits from additional investment must be weighed against corresponding
costs including tax revenue losses, with estimates of unintended « spillovers » of tax relief factored in.2

A. Marginal Shareholder Taxation and Required Rates of Return


Consider an investment in a given host country firm financed at the margin by new shares issued to a direct
foreign (or domestic) investor. For the marginal shareholder to be willing to inject additional equity into the firm, the
subsequent net dividends (after payment of tax) must be at least as high as the after-tax return available on an
alternative investment of equivalent risk, say bonds paying a market interest rate denoted by i. This implies the
following (non-arbitrage) equilibrium condition:
ρm [1–td(m)] = i[1–ti(m)] (AVII.1a)
which can be rearranged to solve for the firm’s discount rate, as follows:
ρm = i[1–ti(m)]/[1–td(m)] (AVII.1b)
where the discount rate ρm gives the required after-host country corporate income tax rate of return (established
by the marginal shareholder through the pricing of shares) measured before imputation relief provisions if
applicable. 3 The parameter td(m) denotes the effective shareholder-level tax rate on dividend income of the
marginal shareholder (including host country non-resident withholding tax and imputation tax credits if available,
as well as possible further (e.g., home) country taxation of that income), and ti(m) is the marginal investor’s tax rate
on interest income.
Financing incentives that lower the dividend tax rate td(m) (and increase the net dividend rate [1–td(m))] would
operate to encourage FDI by lowering the discount rate (ρm) applied to expected after-host country corporate tax
profits generated by additional equity investment in the host country. The discount rate ρm is an equilibrium « break-
even » rate of return in the sense that it gives an after-tax rate of return (i.e., after-host country corporate income tax
rate of return) that a firm must earn in order that marginal shareholders earn their opportunity cost of funds, and no
more (all economic rents if any, are exhausted).
It is important to recognise that the rate of return captured by ρm, which is a function of the pre-tax rate of return
earned on capital in the host country firm and the host country effective corporate income tax rate, is relevant to all
shareholders of the representative host country firm. In contrast, the « all-in » after-tax (combined host and home
country) rate of return to shareholders differs across shareholders to the extent that the effective dividend tax rate
(td) differs across shareholders.4
With the after-host country corporate income tax rate of return on shares in a given firm measured by ρm, the “all-
in” after-tax rate of return earned by a foreign direct investor (i.e., after-host and home country corporate-level tax) on those
shares is measured by:
ρm [1–td(fdi)] (AVII.2)
with ρm determined by (AVII.1b) and where td(fdi) is the effective shareholder tax rate on dividend income of the
128 foreign direct investor, factoring in non-resident withholding tax, imputation tax credits if available to that investor,

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Annexe VII

and home country taxation. A key consideration is that the marginal investor group determining ρm may or may not
be the foreign direct investor group considered in (AVII.2). A number of possible cases are considered below (in
Section C).

B. Financing Incentives and Host Country Taxation


Dividends paid to a foreign direct investor (e.g., parent corporation) may be accompanied by financing
incentives provided by the host country. As noted, we examine two possibilities – a reduction to (or the elimination
of) non-resident dividend withholding tax, and the extension of imputation relief to non-resident shareholders.
Where one or both of these forms of financing incentive are provided, they may be provided unilaterally (under
domestic tax law) or negotiated under a bilateral tax treaty.
Consider a dividend distribution D to a foreign parent of a fraction λ of current after-tax profits Π(1–u*) where Π
measures pre-tax profits of the subsidiary in the host country and u* is the host country effective corporate tax rate
on profits of the host country subsidiary [that is, D = λΠ(1–u*)].5 Taking into account possible host country
imputation relief and application of non-resident withholding tax, the after-tax return (net of host and home country
tax) to the foreign parent is given by the following:
D[1–td(fdi)] = λΠ(1–u*)[1–td(fdi)] (AVII.3a)
where the net dividend rate applicable to distributions to the foreign parent can be expressed as follows:6
[1–td(fdi)] = θf(1–wf)(1–t) (AVII.3b)
f
where w is the rate of non-resident withholding tax rate imposed by the host country on dividends paid to the foreign
parent, t is the effective tax rate on net dividends imposed by the home country (which as noted below may be zero
or positive), and θf equals one plus a measure of the degree of imputation relief provided to the foreign parent by
the host country.
The imputation parameter θf can be measured as follows:
θf = [1+ γf u*/(1–u*)] = [1–u*(1–γf)]/(1–u*) (AVII.4)
where γf gives the fraction of host country corporate tax underlying distributed profits (with imputation) returned to
the foreign shareholder upon payment of a dividend. The identity given by (AVII.4) shows that the net effective host
country corporate income tax rate (prior to withholding tax) falls from u* to u*(1–γf) on account of imputation relief at
rate γf. With non-resident withholding tax measured gross (inclusive) of imputation relief, total host country tax (net
corporate income tax plus withholding) imposed on the distribution of one currency unit of distributed pre-tax profit
(λΠ = 1) is given by:
u*(1–γf) + wf[1–u*(1–γf)] (AVII.5)
where, from (AVII.4), we use the identity [1–u*(1–γf)] = θf(1–u*). Using AVII.5, total host country tax on the distribution
of λΠ units of pre-tax profit is measured by the following:7
T* = λΠ{u*(1–γf) + w f[1–u*(1–γf)]} (AVII.6)

Classical tax treatment


Where classical treatment applies and no imputation relief is provided in respect of host country corporate
income tax (γf = 0), then θf equals one and distributed profits are measured net of host country corporate income
tax on those profits with no further adjustment in determining host country taxation (other than possibly
withholding tax):
Dθf = λΠ(1–u*) (AVII.7)

Full imputation relief


If full relief from host country corporate income tax is provided, γf equals one and θf reduces to [1/(1–u*)]. In this
case, the dividend inclusive of imputation relief (but before withholding tax, if any) equals the full pre-tax distributed
profit amount (host country corporate income tax on the distribution is fully paid back) – in other words,
Dθf = λΠ(1–u*)[1/(1–u*)] = λΠ (AVII.8)

Partial imputation relief


Alternatively, where the host country offers only partial relief from host country corporate income tax, the
dividend inclusive of imputation relief (but before withholding tax) is given by (see AVII.4):
Dθf = λΠ(1–u*)[1–u*(1–γf)]/(1–u*) = λΠ[1–u*(1–γf)] (AVII.9) 129

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Impôt sur les sociétés et investissement direct étranger

C. Home Country Taxation and Net Dividend Rates for a Foreign Direct Investor
Turning now to home country tax considerations, one possibility is that no home country tax is collected on foreign
dividend income benefiting from host country financing incentives (in which case the full value of these incentives
may be realised by the home country direct investor). This could occur where the home country strictly follows the
territorial principle of giving full taxing rights to the source country. Or it may be that a tax treaty exists between the
host and home country which provides that the dividend is to be received tax-free (i.e., received as exempt surplus).
A number of countries in fact follow this practice, provided the dividends are paid out of active business income of
a subsidiary operating in a treaty country (i.e., in a country with which the home country has negotiated a tax treaty).
A third situation in which no home country tax is collected can arise where the home country operates a
residence-based tax system and taxes resident direct investors (e.g., parent companies) on their worldwide income,
but the home country tax is eliminated using foreign tax credits (as reviewed in Annex I).8 In order to analyse this
case, assume that the parent has available χ units of unused (excess) foreign tax credits (per currency unit of pre-tax
profit λΠ) generated and carried over from other foreign income sources through income mixing or foreign tax credit
carryover provisions. A general formulation for the home country tax burden on the distribution of λΠ units of pre-
tax profit of the host country subsidiary is as follows: {using AVII.6 and θ f(1–u*) = [1–u*(1–γf)]} with the latter identity
derived from AVII.4}:
T = λΠ{u–min[u,(u*(1–Ωγf)+w f[1–u*(1–γf)]+χ)]} (AVII.10)
where u denotes the home country corporate income tax rate, u*, γf, w f and χ are defined as above, Ω is a « switch »
taking on the value of 0 or 1 [i.e., Ω = (0,1)], and the min() function gives the available (indirect) foreign tax credit
applied against home country tax on gross foreign dividend income. Foreign dividends are treated as included in
taxable income gross of host country taxation (i.e., gross of corporate income tax, imputation relief, and withholding
tax). To avoid double taxation, the home country provides a foreign tax credit. Where the indirect foreign tax credit
for underlying host country corporate income tax is measured gross (i.e., exclusive) of host country imputation relief,
Ω takes on a value of 0. Where instead the indirect foreign tax credit is measured net of host country imputation relief
(i.e., the relief is taken into account, implying a reduced foreign tax credit), Ω equals 1.9 [See Annex I and in particular
equation (AI.11) for a discussion of the basic operation of foreign tax credit systems.]
Where the parent is in an excess foreign tax credit position and able to eliminate home country taxation – or
more generally when home country tax is not collected (i.e., the foreign dividend is treated as exempt surplus, the
home country corporate income tax rate is below the effective host country tax rate, « income mixing » or foreign tax
credit carryovers apply (χ > 0), or the foreign income is otherwise sheltered (e.g., using an offshore tax haven)), home
country tax and the home country tax rate t (see AVII.3b) are zero:
T = t =0 (AVII.11)
In those cases where no home country tax is payable, the net dividend rate for the foreign direct investor is given
by the following [and using (AVII.3b)]:
[1–td(fdi)] =θf (1–wf) (AVII.12)
The other main possibility to consider is where (residence-based) home country tax is collected on foreign dividend income, as
would often be the case in a non-treaty situation, and could arise in a treaty context as well (depending on the
particular treaty partners). Where the foreign direct investor is in an insufficient foreign tax credit position, arising where the
home country tax rate is relatively high and the available credit is constrained to the creditable amount of foreign tax
attached to the foreign dividend benefiting from the financing incentive (i.e., in the absence of unused (excess)
foreign tax credits earned on other sources of foreign income (i.e., χ = 0)), the general solution to home country tax is
given by the following {using (AVII.10) and the identity [1–u*(1–γf )] = θf(1–u*) from (AVII.4)}:
T = λΠ [u–u*(1–Ωγf ) – wfθf(1–u* )– χ)] (AVII.13a)
With dividends paid to the foreign direct investor in the amount of D = λΠ(1–u*), home country tax T can be
expressed alternatively as a percentage of dividends measured net of all host country tax considerations [Dθf(1–w f)]
as follows:
T = Dθf(1–wf){[u–u*(1–Ωγf )–χ]/[(1–u*)θf(1–wf) – wf/(1–wf)]} (AVII.13b)
f f
From (AVII.13.b) it follows that the home country tax rate t on host country dividends Dθ (1–w ) measured net of
all host country taxation, equals:
t = [u–u*(1–Ωγf )–χ]/[(1–u*)θf(1–wf)] – w f/(1–wf) (AVII.14)
Substituting this solution for t into (AVII.3b) gives the following solution to the net dividend rate where the parent
is taxable in the home country and in an insufficient foreign tax credit position:
[1–td(fdi)] = θf(1–wf)(1–{[u–u*(1–Ωγf )–χ]/[(1–u*)θf(1–wf)] – wf/(1–wf)}) (AVII.15a)
which (using AVII.4) reduces to:
[1–td(fdi)] = [1–u+(1–Ω)γfu* + χ]/(1–u*) (AVII.15b)
The net dividend rates, given by (AVII.12) where the parent can avoid further tax, and (AVII.15b) in the insufficient
130 foreign tax credit position case, together with the solution for ρm derived using (AVII.1b), can be used to solve for the

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Annexe VII

« all-in » after-corporate tax rate of return to foreign direct investors in new equity shares. The latter can be used to
consider how FDI might respond to financing incentives, both where foreign direct investors are the marginal
investors and where they are not. Where other investors (e.g., tax-exempts, domestic taxable investors) provide
financing at the margin, financing incentives provided to foreign direct investor would not be expected to affect host
country investment levels. As reviewed below, windfall gains to foreign shareholders or tax revenue transfers to
foreign governments may result instead.

FDI Incentives Under Alternative « Marginal Shareholder » Cases


In the « typical » FDI situation where a foreign parent establishes a subsidiary in a host country, the marginal
shareholder of the host country firm would be the foreign parent. However, a foreign direct investor may take less
than a controlling interest in a given host country firm. Therefore, also examined in this section is the case where the
marginal shareholder of a « candidate » host country firm (i.e., a host country firm being assessed as an investment
option by a foreign direct investor) is a foreign or domestic tax-exempt investor (e.g., pension fund). We also examine
the case where the marginal shareholder of a candidate host country firm is a resident (taxable) investor.

1. Foreign parent as marginal shareholder


Consider first a typical FDI scenario where a foreign parent company is the marginal shareholder of a host country
firm (subsidiary) attempting to raise new equity financing. In this case, the foreign parent earns an after-corporate tax
(net host and home country tax) rate of return equal to that on the alternative investment in bonds [see (AVII.1a)].
However, financing incentives can operate to stimulate FDI flows, assuming that the incentives are not offset by
current home country taxation. To see this, note first that where additional home country) tax is not levied or is
avoidable, the net dividend rate [1–td(m)] appearing in (AVII.1b) is given by (AVII.12):
[1–td(m)] = [1–td(fdi)]no home tax = θf(1–wf) (AVII.16a)
while in the taxable (insufficient foreign tax credit) case the net dividend rate is given by (AVII.15b):
[1–td(m)] = [1–td(fdi)]insuff.ftc = [1–u+(1–Ω)γfu* +χ]/(1–u*) (AVII.16b)
Substituting (AVII.16a) into (AVII.1b) gives the following solution to the firm’s discount rate where the foreign parent
(marginal shareholder) can escape further (home country) taxation:
ρm = i(1–u)/θf(1–w f) (AVII.17a)
with the pre-tax required rate of return given by:
[ρm/(1–u*)] = i(1–u)/[(1–(1–γf)u*](1–wf)(AVII.17b)
where interest income of the parent is taxed at rate u [ti(m) = u].10 Note that if no withholding tax applies, and
imputation relief is not attached to dividends paid to the marginal foreign direct investor (wf = θf = 0), the host
country firm must earn an after-host country corporate tax rate of return equal to the after-tax rate of return on bonds,
that is ρm = i(1–u).11 The pre-tax rate of return on capital ρm/(1–u*) is higher (lower) than the pre-tax rate of interest,
the higher (smaller) is the host country effective corporate income tax rate u* relative to the home country rate u,
with the two rates of return equal [ρm/(1–u*) = i] if the host and home country corporate tax rates are identical. With
full imputation offered to the foreign investor (γf = 1), the pre-tax required rate of return equals the after-tax rate of
return on bonds, grossed up by withholding tax.12
Where home country tax is avoided on foreign source income, an increase in the rate of imputation relief
extended to foreign shareholders (θf ↑) and/or a reduction in the rate of non-resident dividend withholding tax (w f ↓)
can have the effect of lowering the host country firm’s discount rate ρm (i.e., the required rate of return on new equity
shares). For a given host country corporate tax rate u*, a lower discount rate implies a lower required pre-tax rate of
return on capital in the host country firm (on a larger host capital stock). Therefore, where taxation is taken into
account by investors as modelled, both forms of financing incentive would be expected to encourage FDI financed
at the margin by new share issues, with a lower discount rate increasing the level of host country investment than can
provide foreign direct investors with their required rate of return.13
Consider now the case where the parent must pay home country tax on the foreign dividend (assume χ = 0).
Substituting (AVII.16b) into (AVII.1b) gives the host country firm’s discount rate where the foreign parent (marginal shareholder)
pays additional (home country) tax on the foreign dividend:
ρm = i(1–u)(1–u*)/[1–u+(1–Ω)γf u*] (AVII.18a)
If the indirect foreign tax credit provided by the home country is measured net of host country imputation relief
(i.e., the foreign tax credit takes into account reduced host country taxation on account of host country imputation
relief, Ω=1), the discount rate reduces to:
ρm = i(1–u*) (AVII.18b)
implying a required pre-corporate tax rate of return equal to the market interest rate:
ρm/(1–u*) = i (AVII.18c) 131

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Therefore we have the result that the host country firm must earn a pre-tax rate of return equal to the pre-tax
market interest rate. In this particular case, the follows from the fact that, with host country taxation effectively
replaced by home country taxation (through gross-up and foreign tax credit provisions), both dividend and interest
income paid to the foreign direct shareholder are taxed at the home country corporate tax rate u. Therefore shares
must earn a pre-tax rate of return equal to the pre-tax rate of interest to generate the same after-tax rate of return.
Neither the imputation tax credit parameter θf nor the non-resident withholding tax rate wf factor into the
calculation of the required rate of return of the foreign subsidiary in this case. This follows because, as noted above,
host country tax on the distribution is exactly cancelled out, with a reduced indirect foreign tax credit that takes
account of host country imputation relief, and an direct tax credit exactly equal to the host country withholding tax.
Thus the overall (combined host and home country) effective tax rate on the subsidiary’s pre-tax profit equals the
home country tax rate u.14 As a result, when determining the level of investment in the host country, host country
financing tax incentives can be ignored. That is, financing tax incentives offered by the host country would not be
expected to have any impact on FDI levels, resulting only in a transfer of tax revenues from the host to the home
country (traced to a reduced foreign tax credit in the home country).
If instead the home country provides an indirect foreign tax credit for underlying host country corporate income
tax measured gross (exclusive) of host country imputation relief (Ω = 0), then we have the result:
ρm/(1–u*) = i(1–u)/(1–u+γfu*) (AVII.18d)
f
As in the previous case, the non-resident withholding tax rate w does not factor into the calculation of the
required rate of return because the direct foreign tax credit exactly matches (cancels out) the (reduced) host country
withholding tax rate. However, because the home country does not factor in the imputation relief for foreign tax credit
purposes (i.e., the indirect foreign credit is not reduced in respect of this amount), part of the financing incentive
passes through to the investor.15 Therefore, in this case, where imputation relief is taken into account by the investor,
such relief could be expected to have some stimulative effect on FDI financed at the margin by new share issues,
although the incentive effect from imputation relief would be reduced relative to the case represented by (AVII.17)
where the relief passes through in full. However, in this latter case, some offsetting influence would be felt [relative
to (AVII.18d)] due to the non-creditable withholding tax.

2. Tax-exempt marginal shareholder


Where a foreign direct investor is considering a non-controlling interest in a host country corporation
[e.g., ownership of less 50 per cent of the equity interest (votes or value)], one possibility is that the marginal
shareholder supplying the last units of capital raised (and setting the host country firm’s discount rate) is a domestic
(or foreign) tax-exempt entity that, in addition to not paying income or withholding tax, is denied imputation relief by
the host country. In this case, the net dividend rate of the marginal investor equals:16
[1–td(m)] = 1 (AVII.19)
With the tax-exempt also free of tax on interest income, the host country firm’s discount rate (i.e., its required
after-host country corporate income tax rate of return on new equity funds) in this case equals the market rate of
interest [substituting (AVII.19) into (AVII.1b)]:
ρm = i (AVII.20a)
and the required pre-tax rate of return is given by:
[ρm/(1–u*)] = i/(1–u*) (AVII.20b)
This illustrates the general result that the host country firm must earn an after-corporate tax rate of return equal
to the pre-tax market interest rate17 in cases where distributed profits of a host country firm (already subject to host
country corporate income tax at rate u*) are subject to shareholder-level taxation at the same rate as interest income
received by that investor (a zero shareholder-level tax rate in the case of a tax-exempt marginal shareholder).18
Neither the imputation tax credit parameter relevant to distributions to a foreign direct investor θf nor the non-
resident withholding tax rate w f factor into the calculation of the firm’s required rate of return, given that tax-exempt
status of the marginal shareholder in this case. Moreover, as reviewed below, host county shares providing a pre-
shareholder tax rate of return (i.e., after-host country corporate income tax rate of return) equal to the interest rate on
bonds would be attractive, on account of tax considerations, even in the absence of such relief).
Where shares in the firm pay an after-corporate tax rate of return ρm equal to the market rate i, the after-tax rate of
return to an (infra-marginal) foreign direct investor where no additional (home country) tax applies is given by (using AVII.12 and
AVII.20):
ρm[1–td(fdi)] = iθf(1–wf) (AVII.21)
In the decision of whether to hold shares in the host country firm or bonds, an infra-marginal foreign direct
investor compares the above result with a benchmark taken to be the net rate of return on bonds i(1–u). Shares
paying an after-host country corporate income tax rate of return equal to the market interest rate will be preferred to
bonds provided that θf (1–wf > (1–u). With the comparison depending on the host/home countries in question, this
132 condition would be satisfied in the absence of imputation relief (θf = 1) provided that non-resident dividend

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Annexe VII

withholding tax is imposed at a rate below the home country effective corporate income tax rate (wf < u), a condition
that would often be held in the OECD area for example.19 Where imputation relief is offered, windfall gains would
result as FDI levels would not be affected (being determined by the marginal investor), and moreover, host country
shares would be tax-preferred in the absence of integration relief provided that (wf < u). Also, where this is the case,
a lowering of the non-resident withholding tax rate would provide additional windfall gains.20
Pure windfall effects are illustrated in Chart VII.I. The example considers the case where a host country firm
(operating a classical tax system) lowers its non-resident dividend withholding tax relief to attract additional FDI. The
host country firm’s capital demand schedule, shown by [Do] in the third panel and [do] in the first, intersects the
supply of funds schedule for foreign direct investors S(fdi)(0) at the initial equilibrium point e0. The FDI group is able
to avoid home country tax on foreign dividends (treated as exempt surplus). The supply of funds schedule S(fdi)(0)
is infinitely elastic at the point where the shares pay an after-host country corporate income tax rate of return equal
to ρ0 = i(1–u)/(1–wf0) [see (AVII.17a)], with θf = 1), where the chart depicts ρ as R. Where host country shares pay R0
(before withholding tax), the realised rate of return is equal to that on the alternative bonds i(1–u).
Lowering the non-resident withholding tax rate to wf1 shifts the supply of funds schedule down, creating a new
equilibrium e1 where shares pay a lower after-host country corporate income tax rate of return, equal to ρ1 = i(1–u)/
(1–wf1), with (wf1 < wf0). The host country firm is able to expand its capital stock from K(0) (not shown in the diagram)
to K(1), while continuing to pay foreign marginal shareholders with their required rate of return [at K(1) = EQ(1)fdi].
The tax-exempt investor shareholder group represented in the second panel does not supply funds to the host
country firm (either pre- or post reform), as the shares pay an after-corporate tax rate of return below the market
interest rate (see AVII.20a). The tax-exempt investor group is shown however to be drawn in following an increase in
demand for the host country firm’s output (or a technological shock that boosts productivity of the host country
capital stock and allows the firm to cover higher factor costs), which shifts out the capital demand schedule out from
D0 to D1, creating a final equilibrium depicted at e2 and a further increase in the host country capital stock to K(2)
with infra-marginal financing by foreign direct investors [in the amount EQ(2)fdi], and marginal financing provided by
the tax-exempt shareholder group [in the amount EQ(2)ex]. With shares paying an after-corporate tax rate of return
equal to the market interest rate, infra-marginal foreign direct shareholders earn windfall gains, with the surplus
enjoyed shown by the shaded area.21

Chart VII.I. Illustration of non-resident withholding tax rate reduction


Foreign direct investor Tax-exempt investor Aggregate supply

R R R

D1
S(fdi)(0)
d1
d0 D0
S(fdi)(1)
e2 S(ex) e2
i i i S(total)
e2
R0
e0
e1
R1 R1
e1 D1
d1
d0 D0
EQ(1)fdi EQ(2)fdi EQ(1)ex = 0 EQ(2)ex K(1) = EQ(1)fdi K(2) = EQ(2)fdi
+ EQ(2)ex

Variable definition: i = market interest rate; wf = non-res. withholding tax rate; R = after-host country corporate income tax rate of return.
Initial equilibrium (e0): R = i(1–u)/(1–wf0), foreign direct investor (marginal shareholder) financing host country firm capital stock K(0)
Policy shock: reduction in non-resident withholding tax rate to wf1 (with wf1 < wf0), lowers R (R1 = i(1–u)/(1–wf1)) which leads to increased FDI (FDI
stock increases from K(0) = EQ(0)fdi to K(1) = EQ(1)fdi. New equilibrium position at e1.
Demand (or technology) shock: Aggregate demand curve shifts from D0 to D1 (tax-exempt investor provides marginal financing). Infra-marginal FDI
participation increases to EQ(2)fdi, with tax-exempt (marginal) shareholder investment equal to EQ(2)ex.
Final equilibrium (e2): FDI investors earn windfall gain (surplus) measured by shaded area scaled by (1–wf). The wedge (vertical distance) between
the market interest rate (i) schedule and the FDI supply of funds schedule S(fdi)(1) is partly paid in withholding tax. Example assumes that
imputation relief is not provided by the host country.
Source: Author’s illustration.

Consider now the case where home country tax is payable on the foreign source income. The after-tax rate of
return for an (infra-marginal) foreign direct investor paying additional (home country) tax is given by the following (using
AVII.15b and AVII.20):
ρm[1–td(fdi)] = i(1–u)/(1–u*) (AVII.22a)
ρm[1–td(fdi)] = i(1–u+γfu*)/(1–u*) (AVII.22b) 133

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where (AVI.22a) considers the case where the indirect foreign tax credit is net of (factors in) imputation relief,
while (AVI.22b) considers the case where the credit is gross of (excludes) imputation relief. In both cases, host country
withholding tax is exactly offset by the home country foreign tax credit, and therefore a withholding tax rate reduction
has no effect other than to transfer tax revenues from the host to the home country. Providing imputation relief to
foreign direct investors is shown to be inefficient as well, reducing home country tax revenues while having no impact
on FDI levels. Moreover, the tax-exempt treatment of the marginal shareholder acts to push the required rate of
return on shares to an attractively high level., making domestic shares more attractive than bonds owing to this tax-
interaction effect. Thus, the partial imputation relief that passes through in the second case (AVII.22b) provides an
unnecessary windfall gain.

3. Taxable domestic marginal shareholder


Another possibility to consider is one where domestic taxable investors are the marginal shareholders of a host
country firm in which a foreign direct investor is considering a non-controlling interest.22 In this case the net dividend
rate of the marginal investor is given by:
[1–td(m)] = θd(1–m) (AVII.23)
where θ is the imputation parameter relevant to distributions to domestic taxable shareholders. Under a classical
d
domestic tax system where corporate and personal-level income tax systems are not integrated (with double taxation
relief limited to the inclusion in personal taxable income of dividends measured net of corporate income tax), the
domestic imputation parameter is unity (θd = 1). Where partial or full integration relief is provided to domestic
shareholders on dividends received from host country resident companies, θ d exceeds one. The tax rate m denotes
the shareholder-level host country income tax rate applied to grossed-up dividend income [i.e., dividends gross of
imputation relief (if any)].
Substituting (AVII.23) into (AVII.1b) gives the following solution to the host country firm’s discount rate in this
case:
ρm = i(1–m)/[θd(1–m)] = i/θd (AVII.24a)
implying that the required pre-tax rate of return on host country shares exceeds the interest on bonds unless full
imputation relief is offered to domestic shareholders [i.e., the fraction of underlying host country corporate tax
returned to domestic shareholders is unity (γd = 1)]:
[ρm/(1–u*)] = i/[1–u*(1–γd)] (AVII.24b)
Consider first that if the host country operates a classical tax system (γ = 0, θ = 1), a host country firm must offer
d d
domestic taxable shareholders an after-host country corporate income tax rate of return equal to the pre-tax market
interest rate (or equivalently, a pre-tax rate of return equal to the market interest rate grossed up by the host country
effective corporate income tax rate). As in the tax-exempt case, this occurs where marginal shareholder are subject
to the same tax rate on dividend and interest income, reflecting the fact that debt is tax-favoured relative to equity
under classical treatment. Also note that neither the imputation tax credit parameter θf nor the non-resident
withholding tax rate w f applicable to distributions to the foreign shareholder enter the determination of the firm’s
discount rate, with domestic rather than foreign direct shareholders setting the required after-host country corporate
rate of return.
Where a foreign direct investor does not face additional (home country) tax on host country dividend income, the after-tax rate of return
(net of all corporate taxes) for that investor in host country shares would equal the following [using (AVII.12) and (AVII.24)]:
ρm[1–td(fdi)] = i(θf/θd)(1–wf) (AVII.25)
In this case, a foreign direct shareholder would be attracted to foreign shares over bonds provided that
i(θf/θd)(1–w f) < (1–u). Under a classical tax system (θf = θd = 1), this condition would be satisfied where non-resident
dividend withholding tax is imposed at a rate below the effective corporate income tax rate of the home country
(w f < u). While the result depends on the host and home country setting of tax rates, where the condition does hold,
a foreign investor (able to escape home country tax on FDI) would be attracted to host country shares (over bonds)
paying an after-host country corporate income tax rate equal to the market interest rate.
However, if domestic shareholders are provided imputation relief (θd > 1) but foreign direct shareholders are
not, then the tax distortion in favour of host country shares is reduced and possibly eliminated. This arises because
increased imputation relief provided to the (marginal) domestic shareholder group would operate to lower the after-
host country corporate tax rate of return. Where the foreign direct investor is denied this relief (and thus there is not
compensating offset to the reduction in ρm), interest in host country shares is discouraged. This illustrates the
possible pitfall that providing tax incentives to one group of investors to the exclusion of others can do more than
leave the non-targeted group neutral – participation by this group can be discouraged due to a lowering of the pre-
tax rate of return set by the (targeted) marginal shareholder group. In this respect, financing incentives are distinct
from other corporate tax incentives that lower the effective corporate income tax rate (and therefore benefit all
134 shareholders).

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Annexe VII

In the above example, denying imputation tax credits to foreign shareholders that can escape (net) home
country income tax, while providing such relief to domestic investors, can have the effect of discouraging infra-
marginal FDI participation. One possibility to rectify this is to extend imputation relief to foreign shareholders.
However, this may be an expensive option and moreover, extending this form of relief to foreign direct investors
resident in countries that adopt the residence-based approach (with worldwide taxation) would mean that at least
part of the relief provided would be offset through reductions in foreign tax credits abroad (as noted in the context
of firms in an insufficient foreign tax credit position). This latter point suggests that, if such relief is to be offered,
efficiency could be improved by limiting its provision to foreign direct shareholders in countries that exempt foreign
direct dividends.
Finally, where a foreign direct investor is considering a non-controlling interest in host country shares with after-
host country corporate tax rates of return set by domestic shareholders (given by AVII.24) and where the foreign direct
investor pays additional home country tax [i.e., insufficient foreign tax credit position), the after-tax rate of return (net of all corporate taxes)
for that investor in host country shares would equal the following (using (AVII.15b) and (AVII.24)]:
ρm [1–td(fdi)] = i(1–u )/[θd(1–u*)] (AVII.26a)
ρm [1–td(fdi)] = i(1–u+γfu*)/[θd(1–u*)] (AVII.26b)
Where the host country operates a classical system and shareholders are denied integration relief (θd = 1), tax
considerations would tend to encourage the foreign investor to hold host country shares over bonds. In both cases
represented above, with host country withholding tax exactly offset by the foreign tax credit, lowering the withholding
tax rate only serves to transfer tax revenues from the host to the home country. Providing imputation relief to foreign
direct investors reduces home country tax revenues while having no impact on FDI levels. Moreover, with classical
treatment of domestic shareholders tending to raise the rate of return on shares to an attractive level (above the
market interest rate), the operation of the tax system serves to render the shares an attractive investment without
imputation relief. Again, the partial imputation relief that passes through in the second case (AVII.26b) provides an
unnecessary windfall gain.23
However the relative attractiveness to the foreign direct investor of host country shares over bonds declines with
the level of integration relief provided to the domestic investor alone (as θd climbs above 1), as higher levels of
domestic integration relief operate to lower the return on host country shares. In the limit where the host country
provides full imputation relief to domestic shareholders [θd = 1/(1–u*)], the foreign direct investor is indifferent
between host country shares and bonds.

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NOTES

1. A reduction in non-resident withholding tax (like the extension to non-residents of imputation relief) can be
viewed as a form of host and home country tax integration.
2. Possible unintended revenue leakage in the case of financing incentives can occur with « treaty shopping »,
where investments are routed through another (third) country in an attempt to access favourable tax treatment
(e.g., reduced withholding tax rates, imputation relief, favourable treatment of gains) negotiated between the
host country and the conduit country (without similar benefits negotiated between the host and home
country). For a discussion of such leakage in the cross-border portfolio investment case, see OECD (1999).
3. Imputation relief, if provided to the marginal shareholder, gets factored into the discount rate through the
parameter td(m) – the greater the imputation relief provided, the larger is [–td(m)] and the lower is the discount
rate ρm.
4. Possible source of divergent tax treatment include the level of imputation relief, the applicable withholding tax
rate, and subsequent (e.g., home country or conduit country) tax treatment.
5. The host country effective corporate tax rate u* may be lower than the host country statutory corporate income
tax rate on account of other investment incentives (e.g., accelerated depreciation, or investment tax credits).
6. The « net dividend rate » considered here measures the direct shareholder’s after-tax return (net of host and
home country corporate-level tax) from the distribution of one unit of profit by the host country foreign affiliate.
7. Note that the host country repatriation tax equals TR* = λΠ{u*(–γf)+wf[1–u*(1–γf)]}.
8. For certain countries with residence-based systems, foreign direct dividends are subject to home country tax
(with dividend gross-up and foreign tax credit provisions) only in non-treaty cases (i.e., where the dividends are
received from foreign affiliates resident in countries with which the home country has not concluded a tax
treaty), with exempt-surplus treatment applying in treaty cases. For other countries with residence-based
systems, home country taxation of foreign direct dividends is adhered to even in treaty cases.
9. The « normal » treaty practice is to measure the indirect foreign tax credit gross of imputation relief (i.e., Ω=0).
10. The marginal shareholder (by definition) earns an after-tax rate of return on shares equal to that on bonds. To
see this, in the excess foreign tax credit (FTC) case, substitute equations (AVII.17) and (AVII.16a) into (AVII.2),
which gives ρm(1–td(m)) = i(1–u). The same result holds in the insufficient FTC case [substituting (AVII.18b) and
(AVII.16b) into (AVII.2)].
11. Interest income is free of tax at source (deductible) but in this case is taxed in the hands of the parent at
rate u. In contrast, the distributed profits are taxed at source (at rate u*) with no further taxation at the
shareholder level.
12. This non-neutrality (with full imputation relief) arises in this case because interest income is taxed whereas
dividend income is not.
13. Under standard investment theory, increased investment occurs if a firm’s discount rate (flow cost of funds) is
reduced. Where the firm’s (flow) cost of funds is reduced, a firm is able to expand the capital stock and earn
lower pre-tax rates of return at the margin while continuing to pay shareholders their required (lower)
after-corporate tax rate of return.
14. The tax rate u applies to interest income and to gross foreign dividend income, and therefore the common
term (1–u) cancels out in the (non-arbitrage) condition determining ρm.
15. Part of the financing incentive is offset, however, where (as modelled) the foreign direct investor is required to
include in taxable income foreign dividends measured gross of the host country imputation relief.
16. If the tax-exempt is a foreign direct investor, (AVII.19) is consistent with the case where a treaty applies that
waives non-resident withholding tax.
17. Or equivalently, the firm must earn a pre-tax rate of return that exceeds the pre-tax interest rate on bonds
(i.e., equals the market interest rate grossed-up by the host country effective corporate income tax rate).
18. This occurs because, when comparing after-tax rates of return on shares vs. bonds, the impact of shareholder-
136 level taxation (at the same rate) of dividend and interest income cancels out. With interest tax-free at source

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Annexe VII

(deductible), and profits taxed at source, the after-host country corporate income tax rate of return on shares
must equal the pre-tax interest rate (implying that the pre-tax rate of return on capital in the host country
firm must exceed the interest rate [ρ m/(1–u*) = i] for the investor to be indifferent between shares and
bonds. This non-neutrality (relative to the no-tax case) could be corrected, in principle, by denying the
interest deduction at source, or removing corporate-level tax on distributed profits through a dividend
deduction or full imputation relief (with a tax-exempt investor, this would require providing that investor
with a cheque (or equivalent) in the amount of the underlying corporate income tax, and withholding tax if
applied; with a taxable shareholder, the imputation relief could be claimed at the shareholder level against
personal income tax).
19. For example, the non-resident withholding tax rate on direct (as opposed to portfolio) dividends is 5 per cent
for many OECD countries (10 per cent for others) in the treaty situation. Statutory (non-treaty) rates can be
significantly higher (e.g., 25-30 per cent).
20. Where foreign direct investment is structured through a tax haven with a low or nil corporate income tax rate
and a low or nil non-resident dividend withholding tax rate (applied to profit distributions from the tax haven
(e.g., holding company) to the home country (parent)), lowering the host country withholding rate may increase
the attractiveness of host country shares. However, this would require that a low (attractive) withholding tax
rate apply on distributions to the tax haven, and that home country controlled foreign company (CFC) rules do
not apply (see Chapter 3, sub-section B.4).
21. The surplus earned per unit of capital supplied (up to the kink in the supply curve) is measured by (i–R1)(1–
wf1) (where ρ = R) which we can write as [i–i(1–u)/(1–wf1)](1 –wf1) = i(1–wf1)–i(1–u) = i(u–wf1).
22. This can include the situation where shares in a host country firm are purchased directly by resident individual
(marginal) shareholders, and the case where the shares are purchased by another domestic corporation held
by resident individual shareholders. Under the latter interpretation, it is assumed here that dividends
received by the intermediary corporation are received tax-free (under a standard inter-corporate dividend
received deduction) and also that the intermediary raises funds for its investment in the (target) corporation
by issuing new equity shares to the domestic individual shareholders.
23. The return on shares, like the return on bonds, is subject to home country corporate income tax in the hands of
the parent at rate u, but the shares (and not the bonds) attract a foreign tax credit.

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(23 2001 07 2 P) ISBN 92-64-28344-7 – n° 51940 2002

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