Vous êtes sur la page 1sur 7

HST ND 2343 - 222 - 11

3 Radiologie interventionnelle
3 Radioprotection
3 Rayonnement ionisant
3 Organisation de la prévention
3 Réglementation

LA RADIOPROTECTION h Philippe MENECHAL,


Autorité de sûreté nucléaire (ASN), Division de

DES PATIENTS ET
Bordeaux

h Marc VALERO, Coffi MEGNIGBETO,

DES TRAVAILLEURS
Carole MARCHAL, Jean-Luc GODET,
Autorité de sûreté nucléaire, Direction des
rayonnements ionisants et de la santé

EN RADIOLOGIE RADIOPROTECTION OF PATIENTS AND


WORKERS IN INTERVENTIONAL AND

INTERVENTIONNELLE ET
OPERATING BLOCK RADIOLOGY

Over the last ten years or so, extensive

AU BLOC OPÉRATOIRE
development in radiological and implantable
equipment has generated significant growth in
radioguided procedures. The real benefit of these
practices to patients explains their development.
These procedures can be undertaken using
not only dedicated, specific fixed installations
and computed tomography scanners, but also
mobile installations in facilities not designed
L’évolution importante des équipements radiologiques et des matériels implantables génère un for radiography, such as operating blocks. The
accroissement sensible des actes radioguidés depuis une dizaine d’années. Le bénéfice réel pour complexity of these procedures and the times
les patients de ces pratiques justifie leur développement. Ces actes peuvent être pratiqués à l’aide spent implementing the required radiation
d’installations fixes dédiées et spécifiques, de scanographes, mais aussi grâce à des installations can lead to major detrimental effects on
mobiles dans des structures non conçues à cet effet, tels que les blocs opératoires. La complexité de personnel and patients, if they are not fully
ces actes et la durée d’utilisation des rayonnements nécessaires peuvent entraîner des expositions controlled. Many specialist medical disciplines
importantes chez les personnels et les patients s’ils ne sont pas maîtrisés. De nombreuses spécialités now perform invasive procedures guided by
médicales réalisent dorénavant des actes invasifs guidés par l’image. L’optimisation des doses aux images. Optimisation of patient doses mainly
patients dépend principalement du niveau de formation et de qualification des équipes soignantes, des depends on the training level of medical teams,
performances intrinsèques au matériel utilisé, du réglage des paramètres techniques. L’optimisation the intrinsic performance characteristics
des expositions des professionnels est complexe et dépend des conditions de réalisation des actes qui of the equipment used, adjustment of the
peuvent exposer les travailleurs de manière importante et hétérogène. La désignation des personnes technical parameters and the presence or
compétentes en radioprotection, l’évaluation des risques et la définition des zones réglementées, absence of qualified personnel. Optimisation
l’analyse des postes de travail et le suivi dosimétrique des intervenants (notamment celui des of professional personnel exposure is complex
extrémités) sont difficiles à mettre en œuvre. L’utilisation d’équipements de protection collective et and depends on the performance conditions
individuelle doit être améliorée. Le Directeur général de l’ASN a saisi le groupe permanent d’experts of procedures, which can expose workers
en radioprotection médicale (GPMED) afin d’établir des recommandations à brève échéance. extensively and non-uniformly. Designation
of personnel competent in radioprotection,
assessment of risks and definition of controlled
areas, analysis of workstations and dosimetric
monitoring of operators (especially of body
extremities) are difficult to implement. Use of
collective and personal protective equipment
LA RADIOLOGIE En effet, l’amélioration sensible des must be improved. The general manager of

INTERVENTIONNELLE, capacités techniques des équipements,


notamment la numérisation des images,
the French nuclear safety authority (ASN) has
referred the matter to the permanent group of
LE CONTEXTE associée aux évolutions des matériaux radioprotection experts (GPMED) to ensure
implantables (sondes, endoprothèses, that recommendations are drawn up in the
stents, coils…) permettent dorénavant de short term.
remplacer des techniques opératoires
Lors de la dernière décennie, les lourdes par des traitements guidés par
actes de radiologie interventionnelle l’image. Le gain en termes de confort du 3 Interventional radiology
ainsi que ceux réalisés au bloc opéra- patient, de durée d’hospitalisation, de 3 Radioprotection
toire sous guidage radiologique se sont diminution des risques anesthésiques et 3 Ionising radiation
multipliés. Ils atteignent environ un opératoires, est conséquent et justifie la 3 Prevention organisation
million d’actes par an en France. mise en œuvre de ces actes thérapeutiques. 3 Regulations

INRS - Hygiène et sécurité du travail - 1er trimestre 2011 - 222 / 27


« La radiologie interventionnelle est CONDITIONS DE Les caractéristiques techniques des
constituée par l’ensemble des actes médi-
caux diagnostiques et/ou thérapeutiques
RÉALISATION DES générateurs électriques de rayons X
doivent permettre d’assurer une qualité
guidés par radioscopie. On distingue les ACTES DE RADIOLOGIE d’image suffisante, supporter des
actes radioguidés invasifs diagnostiques et/
ou thérapeutiques d’une part et les actes
INTERVENTIONNELLE temps d’utilisation parfois longs, et des
cadences d’acquisition d’images impor-
chirurgicaux utilisant des rayonnements tantes.
ionisants en per-opératoire d’autre part. »
Disciplines concernées Les évolutions technologiques et
Les actes de radiologie intervention- informatiques telles que l’acquisition
nelle peuvent être réalisés dans des ins- Au regard de la définition proposée numérique des images, le développe-
tallations fixes dédiées ou à l’aide de précédemment ces examens sont prati- ment des capteurs plans, l’amélioration
générateurs mobiles dans les blocs opé- qués dans des secteurs très différents des statifs et la possibilité de dévelop-
ratoires. Les paramètres techniques d’un établissement de santé. La produc- per l’angiographie rotationnelle, une
d’acquisition sont très variés et les tion de rayons X était auparavant limitée meilleure ergonomie expliquent le
durées d’exposition hétérogènes peuvent aux services de radiologie (artériogra- développement de ces techniques.
s’étaler de quelques secondes à plu- phies, embolisation, biopsies, radiofré-
sieurs minutes, voire quelques heures. quences,…), de cardiologie (coronarogra- L’installation « classique » de radio-
phies, angioplasties, ablations par logie, cardiologie ou neuroradiologie
Ces actes, souvent complexes, néces- radiofréquences, stimulateurs car- interventionnelle est constituée d’un
sitent une utilisation des rayons X qui diaques,…) et de neuroradiologie (mal- arceau qui tourne selon différents axes
peut dans certains cas conduire à des formations artério-veineuses, ané- de rotation, muni d’un tube à rayons X
réactions tissulaires (effets déterministes vrismes,…). Ce sont des structures bien et d’un détecteur (amplificateur de
des rayons X). Ce risque concernant les équipées installées dans des locaux mis luminance ou capteur plan).
patients doit être mis en relation avec le en conformité radiologique et dont les
bénéfice attendu ; il peut aussi, en fonc- équipes sont composées de profession- Toutefois, une table télécomman-
tion du contexte clinique, être prévu et nels qualifiés, avec mise à niveau pério- dée «conventionnelle» permet aussi de
accepté. Pour les équipes soignantes et dique des connaissances. réaliser certains actes interventionnels
les opérateurs qui réalisent ces actes, le d’hépato-gastro-entérologie (cathété-
risque est lié principalement aux rayon- D’autres disciplines médicales pra- risme de la papille), d’urologie.…
nements diffusés. Les doses reçues sont tiquent actuellement des actes interven-
potentiellement importantes et néces- tionnels : l’urologie (urétéro-pyélogra- Enfin, les scanographes permettent
sitent la mise en œuvre de protections phie rétrograde, néphrotomies, mise en de positionner très précisément des
collectives et/ou individuelles efficaces. place de sondes JJ…), l’hépato-gastro- sondes de radiofréquences ou des
entérologie (endoprothèses digestives, aiguilles de ponction. Ce repérage se
Quatre événements récents, décla- cathétérisme endoscopique de la papille fait généralement en réalisant une
rés à l’Autorité de sûreté nucléaire de Vater, endoprothèses biliaires, drai- image après ponction, l’opérateur peut
(ASN), peuvent illustrer ces risques. nages…), la rhumatologie, l’orthopédie… ainsi se protéger. Cependant, quand
1 En 2008, un patient est exposé l’équipement est muni d’un dispositif
à une dose à la peau estimée à 14 Gy. La Une part importante de ces actes est appelé « f luoroscanner », l’acte peut
cause présumée est une confusion entre réalisée au bloc opératoire, à l’aide d’ins- être réalisé sous le statif du scano-
utilisation de la graphie et de la scopie. tallations mobiles par des intervenants graphe, pendant l’émission de rayons
1 En 2009, le résultat du dosi- peu qualifiés et pas formés à l’utilisation X. L’exposition des mains des opéra-
mètre passif trimestriel d’un infirmier technique de ces appareils. On constate teurs peut alors être très importante.
au bloc opératoire met en évidence une donc une dissémination de la produc-
exposition de 21 mSv. tion de rayons X sans réelle maîtrise de Les performances techniques de
1 Sur les patients, des examens leur utilisation. certains équipements mobiles actuels
de neuroradiologie ont entraîné des sont équivalentes à celles exigées, il y a
effets d’une intensité inhabituelle (alo- une dizaine d’années, pour des installa-
pécies de dimensions importantes et Les évolutions techniques tions fixes. La conséquence directe de
érythèmes) qui ont conduit le centre à ces développements est une augmenta-
déclarer cet évènement. Ces actes seraient impossibles à réa- tion du nombre d’actes réalisés dans
1 Un radiologue pratiquant des liser sans une technologie très évoluée des structures non conçues pour l’utili-
examens digestifs interventionnels a des matériels implantables, sondes, endo- sation intensive de rayonnements.
atteint les limites de dose annuelle prothèses et colles qui permettent, selon
réglementaires au niveau des extrémités les cas, de dilater des vaisseaux ou des
en quelques mois. voies digestives, de les emboliser ou de Les différentes structures
les remplacer en cas d’atteinte de l’inté- concernées
Ces constats nécessitent de s’inter- grité des organes traités. Actuellement,
roger sur les causes de telles expositions les techniques d’électrophysiologie en Les structures pratiquant ces actes
ainsi que sur les moyens permettant de rythmologie et de radiofréquences dans sont nombreuses et variées, les problé-
les maîtriser afin de ne pas transformer le traitement de certaines tumeurs sont matiques qui en découlent peuvent être
un bénéfice réel en inconvénient pour le en pleine évolution.
patient ou pour les opérateurs.

INRS - Hygiène et sécurité du travail - 1er trimestre 2011 - 222 / 28


HST ND 2343 - 222 - 11

très différentes. On peut principalement non réglementaire mais opérationnel a Evaluation des risques et
lister : été fixé arbitrairement à 5 minutes [1]. classement des zones réglementées
1 des centres hospitaliers publics
de toutes tailles, avec des probléma- De même, la distance entre l’opéra- Les évaluations des risques sont
tiques de gestion de personnel, de bud- teur et la source de rayonnement est un extrêmement complexes à réaliser. La
get et d’organisation ; facteur important d’exposition des tra- compétence requise et le matériel de
1 des centres privés, dont les vailleurs. Les actes sont ainsi qualifiés mesure adapté pour réaliser ces évalua-
organisations sont très segmentées et d’actes éloignés ou rapprochés [2], ces tions font souvent défaut à la PCR. Ces
cloisonnées, avec des interactions et des derniers étant plus pénalisants en évaluations sont donc rarement réali-
connexions souvent difficiles à établir, termes d’exposition externe pour l’opé- sées et finalisées.
notamment en termes de définition de rateur.
responsabilités quand plusieurs sociétés Dans les installations fixes, les
travaillent dans les mêmes locaux. murs délimitent souvent la zone contrô-
lée et les équipements de protection
Les articles R. 4451-7 à R. 4451-11 du
code du travail définissent les responsa-
RADIOPROTECTION collective une zone surveillée ; les parois
répondent aux normes de la série NFC-
bilités administratives et techniques de DES TRAVAILLEURS : 15.160. Cependant, la multiplicité des
DIFFICULTÉS SUR LE
l’employeur, et les obligations de coordi- incidences et leur orientation sur 360°
nation dès lors qu’il fait intervenir une devraient conduire à une protection
entreprise extérieure ou un travailleur TERRAIN « toute hauteur », en cas d’utilisation
non salarié. Ce cas est fréquemment d’arceaux et/ou de scanner.
rencontré notamment du fait de l’inter-
vention de praticiens libéraux. Par ail- La complexité, le nombre des inci-
leurs, le code de la santé publique, au Les actes interventionnels et l’utili- dences réalisées et les débits de dose
travers du régime de déclaration et d’au- sation des rayonnements ionisants au importants rendent difficiles une
torisation d’exercer une activité médi- bloc opératoire et sur les installations approche générique du zonage, qui doit
cale, fait également porter des exigences fixes génèrent des problématiques de être individualisé, avec une succession
de radioprotection sur les déclarants et radioprotection des personnels et des de zones réglementées différentes en
les titulaires d’autorisation qui sont sou- difficultés d’application de certains fonction du risque rencontré. Certains
vent différents des employeurs. textes réglementaires récents. examens mettent en jeu un temps d’uti-
lisation de la scopie important (plus
On comprend donc que, dans le cas d’une heure en rythmologie) et les
de structures « pluralistes », la multipli- L’organisation de la acquisitions graphiques peuvent être
cité des acteurs rend difficile l’identifi- radioprotection - Personne nombreuses (> à 1000 pour un exa-
cation des responsabilités et la mise en compétente en radioprotection men). Le résultat des mesures montre
œuvre des obligations réglementaires que, fréquemment, les locaux doivent
en matière de radioprotection des tra- La présence de travailleurs exposés être classés zone contrôlée verte, jaune,
vailleurs. Les structures qui font appel à impose à l’employeur de nommer une voire orange ou rouge, en fonction des
des agents intérimaires doivent s’assu- personne compétente en radioprotec- incidences et des actes réalisés. Les uti-
rer en amont du bon respect des obliga- tion (PCR). lisateurs soulèvent la difficulté d’appli-
tions réglementaires par l’employeur de cation de l’arrêté zonage, notamment
l’agent mis à disposition, de la déli- L’employeur désigne au moins une pour la signalétique.
vrance préalable à la prise de poste d’une PCR dont les missions sont précisément
fiche médicale d’aptitude, de la mise en définies. Dans les structures réalisant L’exercice est encore plus complexe
place d’une surveillance dosimétrique des actes interventionnels, cette désigna- dans les blocs opératoires où les installa-
adaptée… tion est souvent effectuée. Généralement, tions mobiles utilisées et l’absence
il s’agit d’un travailleur de l’établisse- d’équipements de protection collective
ment. Il reste néanmoins que cette dési- justifient souvent un classement de
Conditions de réalisation des actes gnation n’est pas toujours officielle et toute une salle en zone contrôlée inter-
que, dans la majorité des cas, les moyens mittente. Les parois n’étant pas initiale-
Les temps d’intervention, la com- et les missions ne sont pas décrits par ment conçues à des fins de protection
plexité de chaque acte, la dextérité et l’employeur. Nombre d’entre elles font radiologique, les niveaux de dose ren-
l’expérience de chaque opérateur sont état d’un manque de temps et de moyens, contrés peuvent conduite à classer l’en-
autant de paramètres à prendre en ainsi que d’une reconnaissance difficile semble d’un bloc opératoire (qui com-
compte qui rendent difficiles, d’un exa- par les utilisateurs. Une désignation porte plusieurs salles d’opération) en
men à l’autre, l’élaboration de protocoles officielle permet d’afficher le positionne- zone réglementée, avec les conséquences
standardisés et l’établissement de ment institutionnel et renforce l’action qui en découlent en termes de suivi
niveaux de référence nationaux. de la PCR. Il convient de signaler que les dosimétrique et d’aptitude (suivi dosi-
PCR sont conscientes de la priorité que métrique passif, dosimétrie opération-
Malgré ces différences, les actes représentent les installations de radiolo- nelle obligatoire pour tous les agents du
sont qualifiés d’actes longs ou courts en gie interventionnelle. Elles ont identifié bloc, fiche d’aptitude préalable à l’exer-
fonction du temps réel d’émission de ces secteurs comme étant prioritaires en cice en salle d’opération, recours à l’inté-
rayons. Pour les aspects concernant la termes de radioprotection des travail- rim limité voire impossible en fonction
radioprotection des travailleurs, un seuil leurs. du classement de la zone, etc.).

INRS - Hygiène et sécurité du travail - 1er trimestre 2011 - 222 / 29


L’accès aux salles d’opération est FIGURE 1
compliqué, très peu d’évaluations des
risques ont été menées dans les blocs Exposition des extrémités des opérateurs
opératoires. Pour ceux qui les ont réali-
sées, plusieurs questions se posent :
1 comment classer et signaler les
zones ?
1 quelle doit être la conception
des locaux en termes de protections
radiologiques ?
1 quels équipements de protec-
tion individuelle peut-on mettre en
place ?

Il apparaît ainsi qu’une réflexion


doit être engagée sur l’organisation des
salles d’opérations (programmes opéra-
toires, interventions en urgence, salles
dédiées ou non), la signalétique (le clas-
sement se rapproche souvent plus du
jaune ou du orange que du vert) et
l’emploi de personnel en contrat à durée
déterminée ou intérimaire, afin de
répondre aux exigences du code du tra-
vail. FIGURE 2

Equipements de protection individuelle mal adaptés


Analyse des postes de travail,
classement des travailleurs et
suivi dosimétrique

Ces analyses montrent, quand elles


sont réalisées, que l’exposition des pro-
fessionnels dépend de plusieurs cri-
tères. Certains critères sont directement
liés à l’exposition du patient : distance
entre le point de ponction et la source de
rayonnement, complexité de l’acte, état
général et morphologie du patient, expé-
rience de l’opérateur, existence d’équipe-
ments de protection collective et indivi-
duelle, port effectif de ces derniers,
nombre d’acquisitions en mode « gra-
phie », catégories professionnelles, pro-
tocoles et techniques utilisés…

Il résulte de ces analyses que le per-


sonnel présent dans une salle de radio-
logie interventionnelle, de cardiologie La dosimétrie passive « corps la situation s’est grandement améliorée
ou de neuroradiologie doit être généra- entier » est une obligation réglemen- en quelques années.
lement considéré comme un travailleur taire ; la périodicité pour les catégorie B
exposé. Les études réalisées montrent est au moins trimestrielle, mais le plus Lors des actes de radiologie interven-
une très grande disparité des doses souvent, en radiologie interventionnelle, tionnelles, l’exposition est inhomogène
reçues par les professionnels, en fonc- par habitude, cette périodicité reste et une autre surveillance dosimétrique
tion de la proximité du patient. Les mensuelle pour l’ensemble du person- doit être généralisée : c’est le port de
médecins réalisateurs de l’acte justi- nel. Pour les personnes ne justifiant pas dosimètres d’extrémités (bagues). Leurs
fient en général pleinement un classe- d’un classement catégorie A, une pério- résultats sont beaucoup plus pertinents
ment en catégorie A, qui s’argumente dicité trimestrielle permet de dépasser dans ce domaine que ceux recueillis par
principalement au travers des doses le seuil de détection du dosimètre et de le dosimètre « poitrine » porté sous le
reçues aux extrémités ou au cristallin, déceler de petites doses. tablier plombé. Pour les mêmes raisons,
alors qu’il est rare que les autres per- l’évaluation de la dose reçue au cristallin
sonnes présentes dépassent les limites Lors des interventions en zone doit être envisagée ; cette exposition
de la catégorie B. controlée, la dosimétrie opérationnelle dépendra pour beaucoup de l’installation
est maintenent souvent mise en œuvre ; et des actes effectués.

INRS - Hygiène et sécurité du travail - 1er trimestre 2011 - 222 / 30


HST ND 2343 - 222 - 11

FIGURE 3 Les installations mobiles


Proximité de l’équipe soignante Dans les salles d’opération où sont
réalisés des actes nécessitant l’emploi de
générateurs mobiles, l’utilisation d’équi-
pements de protection collective est très
complexe à mettre en œuvre. On mesure
instantanément l’impact sur la radiopro-
tection des travailleurs que ce type de
pratiques peut avoir. De plus, les blocs
opératoires ont des contraintes d’utilisa-
tion liées à l’hygiène, à l’encombrement,
à l’organisation interne des salles afin
de pallier aux urgences et à l’organisa-
tion du travail, qui ne favorisent pas
l’application de toutes les règles de radio-
protection. C’est pourquoi quelques
sites ont choisi, dès la conception des
blocs opératoires, d’affecter les amplifi-
cateurs mobiles à certaines salles mises
en conformité et équipées de protec-
tions collectives, à l’instar d’une installa-
tion fixe.

FIGURE 4 Les utilisateurs de générateurs


mobiles ne peuvent pas avoir recours
Travail sur une installation fixe avec protections collectives aux équipements de protection collec-
tive, à l’exception de paravents plombés
mobiles. L’utilisation de ces derniers,
assez peu ergonomiques en raison des
difficultés liées à leur déplacement, est
ainsi peu répandue dans les blocs opé-
ratoires. Les équipements de protection
individuelle (EPI : tabliers, chasubles,
jupes, lunettes plombées…) sont sou-
vent mal adaptés. Leur poids est impor-
tant et ils sont soumis à des contraintes
assez fortes qui ne permettent pas
d’assurer longtemps leur intégrité. Ces
équipements sont par ailleurs rarement
contrôlés. Leur port est peu ergono-
mique. Un travail doit être fait dans
leur choix. Certains types de tabliers
sont plus facilement utilisés
(vestes + jupes), car plus facilement
tolérés. Les lunettes plombées, bien que
nécessaires, sont peu utilisées, leur coût
est élevé et leur adaptation à la vue
Enfin, nombre de médecins exer- Équipements de protection nécessite des ajustements fréquents.
cent leur activité sur plusieurs sites collectif et individuel Un travail devrait être mené avec les
(vacations) et le cumul dosimétrique est utilisateurs et des industriels pour
rarement réalisé. Plus globalement, le Les installations fixes trouver des solutions valables et satis-
suivi médical des médecins est rare- faisantes.
ment assuré. Lorsque les équipements de protec-
tion collective, qui sont à prioriser, ne
Il apparaît donc que la visibilité sont pas suffisants, les personnes expo-
dans ce domaine est assez réduite, les sées sont également équipées de maté-
doses sont probablement sous-estimées, riel de protection individuelle (tabliers,
d’autant plus que les résultats dépendent caches thyroïdes, lunettes plombées…)
du port effectif des dosimètres.

INRS - Hygiène et sécurité du travail - 1er trimestre 2011 - 222 / 31


INCIDENCE DE LA MISE EN 1 paramètres liés aux éléments ment aboutir à des effets indésirables.
PLACE RÉGLEMENTAIRE techniques (conception des équipe-
ments, incidences utilisées, champs
C’est pourquoi la formation et la qualifi-
cation des acteurs sont primordiales.
DE LA RADIOPROTECTION d’acquisition, cadences d’images,
DES PATIENTS réglage des paramètres, qualité du fais-
ceau, collimation,..) ;
La radioprotection en radiologie
interventionnelle et dans les blocs opé-
1 paramètres liés à l’opérateur ratoires où sont utilisés les rayonne-
(qualification, formation à la radiopro- ments ionisants est devenue un sujet de
La radioprotection des patients a tection, sensibilisation des équipes, préoccupation croissant au niveau inter-
toujours une incidence sur la radiopro- expérience des intervenants). national (OMS, AIEA), tant vis-à-vis de
tection des travailleurs. la radioprotection des professionnels de
santé que de celle des patients. L’Autorité
La formation des intervenants de sûreté nucléaire partage ce point de
La justification des actes pratiqués vue et en a fait un thème prioritaire
On constate que les incidents rap- d’inspections depuis 2007, dont les
Dans ce domaine, les actes prescrits portés ont souvent pour origine un défi- constats ont guidé l’élaboration de ce
ne peuvent pas être effectués sans prati- cit de formation, d’information ou des document. De plus, le groupe perma-
cien médical et une analyse préalable du comportements inadaptés. nent d’experts en radioprotection des
dossier du patient est systématiquement professionnels de santé, des patients et
réalisée. L’évaluation bénéfice – risque est La formation à la radioprotection du public pour les applications médi-
toujours discutée mais n’est cependant des patients mentionnée à l’article cales et médico-légales des rayonne-
pas toujours tracée. L.1333-11 du code de la santé publique, ments ionisants (GPMED) a été saisi par
obligatoire depuis le 20 juin 2009, à le Directeur général de l’ASN afin de
Les activités interventionnelles par renouveler tous les dix ans, doit apporter constituer un groupe de travail en
voie endovasculaire de neuroradiologie aux utilisateurs des notions d’optimisa- charge de cette thématique. Les recom-
sont l’objet d’autorisations d’activités de tion des doses délivrées. mandations du GPMED destinées à pro-
soins délivrées par l’Agence régionale de poser des améliorations pour la radio-
l’hospitalisation* (ARH), selon des cri- L’obligation de valider cette forma- protection des travailleurs et des patients
tères très précis de qualification des méde- tion s’adresse à tous les professionnels sont attendues pour 2010 et seront ren-
cins et personnels (présence d’un manipu- qualifiés susceptibles d’effectuer des dues publiques.
lateur en électroradiologie médicale réglages de paramètres et de délivrer des
(MER)), de proximité des structures de rayonnements ionisants sur l’homme, à
réanimation, d’accès à des techniques savoir les praticiens médicaux et les Reçu le : 03/02/2010
d’imagerie performantes et avec un niveau manipulateurs en électroradiologie Accepté le : 26/01/2011
de conformité minimum exigé (articles médicale, ces derniers étant rarement
D6124-147 à D6124-152 du code de la présents dans les blocs opératoires. Les
santé publique). Il en est de même pour personnes qui réalisent la maintenance
les structures de cardiologie, les décrets des équipements ainsi que les contrôles
2009-409, 2009-410 et l’arrêté du 14 avril de qualité des dispositifs médicaux sont
2009 précisent les conditions d’implanta- aussi concernées par cette obligation.
tion et les conditions techniques de fonc-
tionnement applicables aux activités inter-
ventionnelles sous imagerie médicale, par
voie endovasculaire, en cardiologie.
CONCLUSION
L’optimisation et les moyens de
diminuer les doses Les actes d’imagerie intervention-
nelle sont amenés à se multiplier et à se
« Les doses à la peau du patient lors de généraliser dans des structures qui ne
certaines procédures interventionnelles sont sont pas initialement conçues pour de
du niveau de celles rencontrées lors de cer- telles pratiques. Le bénéfice de ces tech-
taines séances de radiothérapie » niques pour les patients justifie leur
(Publication 85 de la CIPR). Il est cepen- réalisation, mais les risques engendrés
dant précisé que les lésions cutanées ne doivent pas être occultés. Afin de
décrites surviennent généralement dans maîtriser les doses délivrées aux
des conditions inadéquates de réalisation patients, et donc indirectement au per-
des examens (équipements inappropriés sonnel, il est nécessaire d’acquérir une
et techniques opératoires rudimentaires). connaissance approfondie des para-
Les paramètres inf luant sur la dose mètres techniques disponibles et de leur
peuvent être classés en trois catégories : utilisation. C’est en général le cas dans
1 paramètres liés au patient (mor- les installations fixes dédiées à ces actes.
phologie et position par rapport au tube Leur réalisation à l’aide d’équipements * Les Agences régionales de santé (ARS) ont
radiogène et au détecteur) ; mobiles sans réelle maîtrise peut rapide- depuis remplacé les ARH.

INRS - Hygiène et sécurité du travail - 1er trimestre 2011 - 222 / 32


HST ND 2343 - 222 - 11

BIBLIOGRAPHIE
[1] INRS. n°100. (2005), DMT fiches IAEA (2006), Safety Reports Series European Commission (2008)
ED 4235 et ED 4236. N°39, Applying radiation safety standards European Guidance on Estimating
in diagnostic radiology and interventional Population Doses from Medical X-Ray
[2] AUBERT B., PAUL D., procedures using X rays. Procedures. Radiation Protection n°154
SABATTIER R. (1997) Dosimétrie
du personnel en milieu hospitalier, ICRP (2000), Publication 85.
Radioprotection. 32, 163-179. Comment éviter les lésions induites par les
rayonnements utilises dans les procédures
VANO E. (2008) Patient and staff interventionnelles médicales.
radiation doses should be known by inter-
ventional cardiologists, EuroIntervention.3,
541-542.

INRS - Hygiène et sécurité du travail - 1er trimestre 2011 - 222 / 33

Vous aimerez peut-être aussi