Article spéciale

Journal Marocain des Sciences Médicales 2020, Tome 22 ; N°4

ROLES DU MEDECIN DU TRAVAIL DANS LA RADIOPROTECTION AU MAROC

ROLES OF THE OCCUPATIONAL PHYSICIAN IN RADIATION PROTECTION IN MOROCCO

1 L. Belaroussi,2 L. Nahime, 3 B. Benali

1 Université sidi Mohamed Benabdellah , Faculté de médecine, de pharmacie, et de médecine dentaire de Fès
2,3 Université Mohamed V de Rabat, Faculté de médecine et de pharmacie de Rabat

RESUME

La radioprotection est une exigence réglementaire. Au Maroc elle est longtemps régit par La loi du 12 Octobre 1971
relative à la protection contre les rayonnements ionisants et par ses décrets d'application (du 28 Octobre 1997), cette
loi est récemment actualisée par la Loi n° 142-12 du 22 août 2014. Elle est constituée d’un ensemble cohérent de
règles médicales, organisationnelles et techniques regroupant Les principes généraux de protection contre les dangers
pouvant résulter de l'utilisation des rayonnements ionisants.
Le Code du travail marocain (art 318), définit le rôle préventif du médecin du travail. Il Consiste à éviter toute
altération de la santé des travailleurs du fait de leur travail, notamment en surveillant l’état de santé des salariés, les
conditions d’hygiène dans les lieux de travail, ainsi que les risques de contamination. Il a un rôle de Clinicien, de
Conseiller, de Consultant, d’Auditeur, expert et de gestionnaire. Le Médecin du travail, par ses différents rôles, est
considéré comme un Acteur principal de la radioprotection, un travailleur ne peut être affecté à un poste exposé à des
rayonnements ionisants qu’auprès avis du médecin du travail. Cet article a pour objectif de démystifier et de détailler
les différents rôles du médecin du travail en matière de la radioprotection conformément à la législation marocaine et
internationale.

Mots clés : Médecin du travail ; Radioprotection ; Réglementation ; Rayonnements ionisants (RI)

ABSTRACT

Radiation protection is a regulatory requirement. In Morocco it has long been governed by the law of October 12,
1971 relating to protection against ionizing radiation and by its implementing decrees (of October 28, 1997), this law
has recently been updated by Law No. 142-12 of 22 August 2014. It is made up of a coherent set of medical,
organizational and technical rules bringing together the general principles of protection against the dangers that may
result from the use of ionizing radiation.
The Moroccan Labor Code (art 318) defines the preventive role of the occupational physician. It consists of avoiding
any deterioration in the health of workers as a result of their work, in particular by monitoring the state of health of
employees, the hygiene conditions in the workplaces, as well as the risks of contamination. He has a role of Clinician,
Advisor, Consultant, Auditor, expert and manager. The Occupational Physician, through his various roles, is
considered a main player in radiation protection, a worker can only be assigned to a position exposed to ionizing
radiation after obtaining the opinion of the Occupational Physician. This article aims to demystify and detail the
different roles of the occupational physician in the field of radiation protection in accordance with Moroccan and
international legislation.

Key Words: Occupational physician; Radiation protection; Regulations ; Ionizing radiation (IR)

INTRODUCTION Octobre 1997), cette loi est récemment actualisée

Le Maroc connaît depuis des décennies, un
développement croissant des utilisations des
rayonnements ionisants dans les différents secteurs
socioéconomique Médecine, industrie, agriculture
L’Exposition aux rayonnements ionisants peut
avoir des effets nocifs sur la santé. Ils entrainent des
effets pathologiques déterministes et stochastiques,
ce qui impose la mise en place des mesures de
radioprotection dans le milieu du travail.
La radioprotection est une exigence réglementaire,
longtemps régit par La loi du 12 Octobre 1971
relative à la protection contre les rayonnements
ionisants et par ses décrets d'application (du 28
par la Loi n° 142-12 du 22 août 2014. Elle est
constituée d’un ensemble cohérent de règles
médicales, organisationnelles et techniques
regroupant Les principes généraux de protection
contre les dangers pouvant résulter de l'utilisation
des rayonnements ionisants. Le Médecin du travail,
par ses différents rôles et missions, est considéré
comme un Acteur principal de la radioprotection,
un travailleur ne peut être affecté à un poste exposé
à des rayonnements ionisants qu’auprès avis du
médecin du travail. Il a un rôle de clinicien, de
conseiller, de consultant, d’auditeur, expert et de
gestionnaire. Cet article a pour objectif de
démystifier et de détailler les différents rôles du

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Article spéciale
médecin du travail en matière de la radioprotection
conformément à la législation marocaine et
internationale.
ROLES ET MISSIONS DU MEDECIN DU
TRAVAIL
Le Code du travail marocain (art 318), définit le
rôle préventif du médecin du travail. Il Consiste à
éviter toute altération de la santé des travailleurs du
fait de leur travail, notamment en surveillant l’état
de santé des salariés, les conditions d’hygiène dans
les lieux de travail, ainsi que les risques de
contamination. Il a un rôle de Clinicien, de
Conseiller, de Consultant, d’Auditeur, expert et de
Gestionnaire [3]
Conseiller
Comme tout autre risque professionnel, le risque
engendré par les rayonnements ionisants doit faire
l’objet d’une évaluation préalable par l’employeur
.l’évaluation des risques constitue l’une des
premières actions de prévention. Le médecin du
travail est le conseiller du Chef d’entreprise, des
salariés et de leurs représentants, il apporte son
concours à l’employeur pour établir et actualiser la
fiche d’exposition, pour définir les mesures de
protection collective et individuelle à mette en
œuvre. Il peut formuler toute proposition à
l’employeur quant au choix des EPI [1].
Les travailleurs sont réputés exposés dès qu’ils sont
susceptibles de recevoir une dose supérieure à 1msv
par an, ils sont classés par l’employeur, en liaison
avec le médecin du travail et la personne
compétente en radioprotection dans la catégorie B
ou dans la catégorie A [1]. L’employeur établit le
règlement intérieur en collaboration avec la
personne compétente en radioprotection et le
médecin du travail. Le règlement intérieur porte sur
le respect des règles de protection et l’obligation de
se conformer aux mesures de sécurité sur le lieu du
travail. [1]
Consultant
Le médecin du travail collabore à l’action de la
PCR, il doit être consulté sur toutes les questions
d'organisation, sur les nouvelles techniques, sur les
substances utilisées et les produits nouveaux. [3]
Auditeur et expert
L’employeur doit évaluer les risques professionnels
liés à l’exposition aux rayonnements ionisants en
collaboration avec le médecin du travail et la
personne compétente en radioprotection, il doit
Établir et actualiser la fiche d'exposition des
travailleurs aux RI.
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Le médecin du travail participe avec le centre
national de la radioprotection dans les études de
postes de travail exposés aux rayonnements
ionisants, dans les aménagements des locaux et
dans les Enquêtes en cas de dépassement de dose.
Il participe à l’élaboration de la formation à la
sécurité des travailleurs susceptibles d'intervenir en
zone contrôlée ou surveillée. Les séances de
formation sont renouvelées au moins tous les 3 ans.
Elles sont à la charge du chef d'établissement et
assurée par la PCR, avec la participation du
médecin du travail. [1]
Clinicien
L’employeur établit pour chaque salarié une fiche
d’exposition, qu’il est suggéré de revoir
périodiquement comprenant les informations
suivantes : La nature du travail effectué, les
caractéristiques des sources émettrices auxquelles le
salarié est exposé, la nature des rayonnements
ionisants, les périodes d’exposition, les autres
risques du poste du travail. Cette fiche devrait être
accessible aux salariés et communiquée au médecin
du travail pour statuer sur l’absence de contre-
indication à l’exposition du salarié aux
rayonnements ionisants et aussi pour adapter les
modalités de la surveillance médicale renforcée et
la surveillance dosimétrique individuelle de
l’exposition [2]. Le médecin du travail oriente, lors
de la surveillance, les examens cliniques en
fonction de la fiche d’exposition aux risques. En
cas d’exposition externe, il porte toute son attention
sur les atteintes éventuelles hématologiques et
ophtalmologiques, ainsi que sur les éventuelles
affections dermatologiques secondaires à
l’exposition aux rayonnements ionisants [2].
En cas d’exposition interne, le médecin du travail
cherche toute affection pouvant faciliter la
pénétration de radionucléides dans l’organisme ;
comme une rupture de continuité cutanée (plaie
eczéma...) ou digestive (maladie de Crohn,
rectocolite hémorragique, ulcère évolutif...) mais
aussi les pathologies oto-rhino-laryngologiques
(sinusite chronique, mauvais état bucco dentaire ou
perforation tympanique) de même certaines
affections thyroïdiennes peuvent être des contre
indications si le risque d’exposition à l’iode
radioactif est avéré, il recherche aussi l’existence
d’un ralentissement à l’élimination de
radionucléides absorbés (affection hépatiques ou
rénales) ou d’affection pouvant entrainer une
rétention importante de radionucléides dans le
système respiratoire (asthme évolué, trouble
ventilatoire obstructif important…) [2].
L'avis d'un médecin du travail avant l’exposition
aux RI est obligatoire, afin de déterminer l’aptitude
en recherchant les contre indications éventuelles à
l’exposition chronique aux RI et afin de prévenir et
Article spéciale
dépister toute affection susceptible d’être en
relation avec cette exposition [1,2].
La surveillance dosimétrique individuelle de
l’exposition permet au médecin du travail de
vérifier les conditions de sécurité, de comptabiliser
les quantités de rayonnements ionisants reçues par
un individu dans l'exercice d'une activité
professionnelle afin de prendre les mesures qu'il
juge utiles [1]. A l’issu du bilan médical et
dosimétrique, le médecin du travail constitue pour
chaque travailleur exposé un dossier médical
contenant :
- Le double de la fiche d’exposition rédigée par
l’employeur mentionnant la nature des RI
- Dates et résultats de la dosimétrie individuelle
- Dates et résultats des examens
complémentaires pratiqués
Ce dossier médical doit être conservé pendant au
moins 20 ans, après cessation d’exposition, les
travailleurs peuvent demander s’ils sont inactif,
demandeurs d’emploi ou retraités à bénéficier d’une
surveillance médicale post professionnelle d’où
l’Intérêt d’intégrer la Surveillance médicale post-
professionnelle dans notre arsenal juridique [4]
En cas de survenue d’affection remplissant les
conditions médico-administratives celle-ci peuvent
être reconnues au titre de maladies professionnelles
conformément à la législation en vigueur [1].
CAS PARTICULIER
Irradiation accidentelle
Le médecin du travail est informé immédiatement
de tout dépassement de doses afin d’établir un bilan
dosimétrique et clinique pour toute exposition
conduisant à un dépassement de valeur limite. Il
doit analyser, évaluer et gérer les contaminations
corporelles et internes.
Grossesse et RI :
Le médecin du travail doit Sensibiliser les femmes
exposées aux rayonnements ionisants, à la nécessité
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de signaler la grossesse le plus précocement
possible, afin de proposer un aménagement ou
changement temporaire de poste. Les femmes
allaitantes, aussi ne doivent pas être affectées ou
maintenues à des postes de travail comportant un
risque d’exposition interne. L’exposition pendant le
temps qui s’écoule entre la déclaration de la
grossesse et le moment de l’accouchement Aussi
faible que raisonnablement possible. En dessous de
1mSv. Les femmes enceintes feront l’objet d’une
Surveillance médicale renforcée pendant la
grossesse, durant l’allaitement, et dans les 6 mois
suivant l'accouchement
CONCLUSION
Le médecin du travail est un acteur principal en
matière de la radioprotection, il assure la
surveillance médicale et dosimétrique des
travailleurs exposés aux rayonnements ionisants.
Au Maroc, ce rôle reste limité dans le secteur public
par manque de sensibilisation des chefs
d’établissement hospitaliers et l’absence
d’extension de la santé au travail au secteur public.
REFERENCES
1. la loi n° 142-12 du 22 août 2014 relative à la sûreté
et à la sécurité nucléaires et radiologiques et à la
création de l'Agence marocaine de sûreté et de
sécurité nucléaires et radiologiques.
2. B. Le Guen, G. Cordier, P.A. Cabanes;
radioprotection; pathologie professionnelle et de
l’environnement, volume 9, n°4, octobre 2014.
3. Art 318, Art 322 du Code du travail marocain
4. Décret n° 2018-437 du 4 juin 2018 relatif à la
protection des travailleurs contre les risques dus aux
rayonnements ionisants