Journal Africain d’Imagerie Médicale 2020, volume 12 (numéro 3) journalafricain.jaim@gmail.

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ARTICLE ORIGINAL / RESEARCH ARTICLE

Radioprotection en imagerie médicale dans les hôpitaux

du nord Bénin.
Radiation protection in medical imaging in northern Benin hospitals

SAVI de TOVE Kofi-Mensa1,2*, FACHINAN Herbert1, GOUNONGBE Fabien1, AKANNI Djivèdé1,2,

ADJOVI Boris Gil-Christ1,2, KIKI Miralda2, YEKPE AHOUANSOU Patricia3, BIAOU Olivier3,
BOCO Vicentia3

1
: Faculté de Médecine, Université de Parakou I (Parakou, BENIN)
2
: Service d’imagerie médicale. Centre Hospitalier Universitaire Départemental du Borgou (Parakou, BENIN)
3
: Service d’imagerie médicale. Centre national hospitalier et universitaire hubert koutoukou maga de cotonou (Cotonou, BENIN)

Mots-clés :
Rayonnements ionisants,
Travailleurs,
Radioprotection, Nord-
Bénin
Keywords:
Ionizing radiation, Workers,
Radioprotection, North-
Benin.
*Auteur
correspondant
SAVI de TOVE Kofi-Mensa
Service de Radiologie. Centre
Hospitalier Universitaire et
Départemental du Borgou
BP : 02 Parakou-Bénin
Email : savitoveto@yahoo.fr
Tel: 00 229 695283987
RÉSUMÉ
Objectif : Evaluer le respect des normes de la radioprotection dans les services d’imagerie
médicale du Nord Bénin.
Matériels et Méthodes : Etude transversale descriptive menée d’avril à juin 2017, dans tous les
services de radiologie fonctionnels du Nord-Bénin. La collecte des données a été réalisée par
entretien avec les travailleurs, observation directe et/ou mensuration des infrastructures de
radiologie, des équipements de radiologie et de radioprotection. Les données étudiées étaient
relatives aux salles de radiologie (dimensions, épaisseurs et nature des murs et portes, zonage,
système de ventilation, système de signalisation d’activation du tube), aux mesures de
radioprotection (équipements de radioprotection, suivi médical et dosimétrique des travailleurs)
et à l’observance des règles de radioprotection par les travailleurs.
Résultats : 17 services de radiologie, 23 salles d’examen, 24 appareils de radiologie et 53
travailleurs ont été inclus. Huit (47 %) des services appartenait au secteur public et 09 (53 %) au
secteur privé. 21,7% des salles étaient trop petites. 13% des portes n’étaient pas plombées. Il y
avait une absence de délimitation et de signalisation des zones, de suivi médical des travailleurs
et de règlement intérieur. 15,09% n’utilisaient pas de tabliers plombés. Seul 3,77% des
travailleurs avaient une surveillance dosimétrique.
Conclusion : Il existe des insuffisances dans l’application des normes de la radioprotection aussi
bien sur le plan humain que sur le plan structurel. La mise sur pied d’une autorité de régulation
des utilisations médicales de rayonnements ionisants et d’une culture de sûreté pourra contribuer
à améliorer radioprotection.

ABSTRACT
Objective: evaluate the practice of radiation protection in the medical imaging services of
Northern Benin.
Materials and Methods: cross-sectional and descriptive study conducted from April to June
2017, in all functional radiology services in North Benin. Data collection was carried out through
interviews with workers, direct observation and/or measurements of radiology infrastructures,

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 SAVI de TOVE Kofi-Mensa et al.

radiology and radiation protection equipment. The data studied related to the radiology rooms
(dimensions, thicknesses and nature of the walls and doors, zoning, ventilation system, tube
activation signalling system), radioprotection measures (radioprotection equipment, medical and
dosimetric monitoring of workers) and compliance with radioprotection rules by workers.
Results: 17 radiology departments, 23 examination rooms, 24 x-ray machines and 53 workers
were included. 08 (47%) of the services were publicly and 09 (53%) privately. 21.7% of the
rooms were too small.. 13% of the doors were unplumbed. There was an absence of zone
delimitation and signage, medical monitoring of workers and internal regulations. 15.09% did
not use leaded aprons. Only 3.77% of workers had dosimetric monitoring.
Conclusion: The inadequacies in the application of the principles of radiation protection can be
explained by the absence of a regulatory authority for the medical uses of ionizing radiation and
a safety culture.

départements du Nord Bénin : l’Alibori, l’Atacora,

1. Introduction
L’avènement de la radiographie a révolutionné la
médecine moderne, en permettant un diagnostic
rapide et précis [1, 2, 3]. Son utilisation doit être
prudente, du fait des effets biologiques néfastes des
rayons X sur l’organisme humain [4,5].
L’utilisation médicale des rayonnements ionisants
entraîne une exposition du personnel, des patients,
mais aussi de toute personne se trouvant à proximité
de la salle de radiologie. Ce revers de l’utilisation
des rayons X a nécessité la mise en place de mesures
de protection depuis près d’un siècle [6]. Le but de
la radioprotection est d’empêcher ou de réduire les
risques liés aux rayonnements ionisants. A cet effet,
elle s’appuie sur trois grands principes à savoir la
justification de l’exposition, l’optimisation et la
limitation des doses de rayonnement [6]. Pour
appliquer ces principes, des règles et mesures
pratiques de radioprotection (la réduction du temps
d’exposition, le blindage ou l’interposition d’écrans
protecteurs et l’éloignement de la source de
rayonnement) ont été établies. Tout Etat doit se
conformer aux recommandations internationales
GSR Part 3 de l’AIEA pour minimiser les risques
d’exposition professionnelle aux rayonnements. Le
Bénin se situe à une étape embryonnaire dans la
mise en place d’une réglementation sur la sûreté
radiologique. Dans cette optique, un état des lieux
dans le domaine est souhaitable. La présente étude
a pour but d’évaluer la pratique de la radioprotection
dans les services de radiologie du nord-Bénin.
2. Matériels et Méthodes
Cette étude a été menée dans les services de
radiologie des formations sanitaires des quatre
le Borgou et la Donga.
Il s’est agi d’une étude transversale descriptive qui
s’est déroulée pendant la période allant du 1er avril
au 30 juin 2017 soit une durée de trois (03) mois.
L’échantillonnage était exhaustif, incluant, tous les
services d’imagerie médicale dont les installations
radiologiques étaient fonctionnelles.
La collecte des données a été faite par entretien avec
les travailleurs, par observation directe des
infrastructures et des équipements de radiologie et
de radioprotection et par mensurations des
infrastructures de radiologie. La mesure des
dimensions des salles a été réalisée grâce à un
décamètre pliant. La mesure de l’épaisseur des
portes a été réalisée grâce à un centisouple. La
nature des portes (bois ou métal), la présence de
plomb ainsi que l’épaisseur de ce dernier a été noté.
Pour les portes en bois, l’épaisseur du plomb était
mesurée sur le montant de l’ouvrant ou la transverse
supérieure des portes, éventuellement après grattage
de la peinture. Pour les portes métalliques, les
informations inscrites sur les plaques signalétiques
des portes ou les devis/factures d’installation nous
ont permis de renseigner l’épaisseur de plomb.
L’existence d’un zonage des salles de radiologie,
d’un système de ventilation de la salle, d’un système
de signalisation d’activation du tube radiogène) ont
été renseignés. Les mesures de radioprotection
mises en place dans les services (caractéristiques
des équipements de radioprotection, suivi médical
et dosimétrique des travailleurs) et l’observance des
règles de radioprotection par les travailleurs ont été
également précisés.
Ces différentes données ont été recueillies sur des
fiches élaborées à cet effet. Les fiches ont fait l’objet
d’une vérification de la complétude et de la
cohérence dans le remplissage des données.

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Les données recueillies ont été enregistrées et
traitées avec les logiciels EPI INFO (version 7.2) et
SPSS 21. Les variables quantitatives ont été
exprimées sous forme de moyenne plus ou moins
écarts types et celles qualitatives ont été exprimées
par simple dénombrement et en pourcentage.
3. Résultats
L’étude a été menée dans 17 services de radiologie
regroupant 23 salles d’examen et 24 appareils de
radiologie. Cinquante-trois (53) travailleurs
directement affectés aux travaux sous rayons X ont
participé à l’enquête. Des 17 services, 08 (47 %)
appartenaient au secteur public et 09 (53 %) étaient
Tableau I : Moyennes et extrêmes des superficies, hauteurs sous plafond et épaisseurs de béton des murs des salles.
Superficie des salles* (m²)
Public 27,55±06,83 (16 –39)
Privé 23,87±11,93 (6,3–54)
Total 25,30±10,25 (6,3–54)
* : Moyenne±Ecart-type (Extrême minimum – Extrême maximum)
Les murs des salles de radiologie étaient tous faits
de béton et une salle (4,3%) était plombée. Les
portes étaient le plus souvent en métal et plombées
dans 87% des cas. L’aération des salles et la
signalisation des risques d’irradiation étaient
insuffisantes dans la majorité des cas. La
délimitation des zones selon les niveaux
d’expositions n’est réalisée dans aucun service.
Aucun service n’avait les symboles ou
pictogrammes adéquats (trèfles de couleur).
Seuls 02 (11,71%) services de radiologie
disposaient d’une aire de stockage externe des
déchets. Les révélateurs étaient toujours évacués
directement dans le réseau d’évacuation des eaux.
Quant aux déchets d’emballage, ils étaient tous
assimilés et traités comme des déchets ménagers.
Les différentes caractéristiques des locaux sont
consignées dans le tableau II.
3.2 Equipements de radioprotection
Le paravent plombé était plus souvent utilisé que la
cabine plombée pour protéger les postes de
commande. Ils avaient une hauteur moyenne de
02±0,1 m et des extrêmes de 1,9 et 2,2 m. La
distance entre la source de rayonnement et le poste
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SAVI de TOVE Kofi-Mensa et al.
des établissements privés. Des 23 salles, 09 (39 %)
étaient réparties dans les services de radiologie du
secteur public et 14 (61 %) dans ceux du secteur
privé.
3.1 Aménagement des locaux
Quatre salles (6,2 m², 12 m², 14 m² et 16 m²) avaient
une superficie inférieure aux normes : 01 salle dans
une structure sanitaire publique et 03 privéess. Le
tableau I récapitule les moyennes et extrêmes des
superficies, hauteurs sous plafond et épaisseurs des
murs des salles publiques et privées.
Hauteur sous plafond* (mm) Epaisseur de béton* (mm)
03,41±00,59 (2,9–4,2) 331,11±59,25 (300 – 450)
03,09±00,37 (2,6–3,5) 258,57±90,09 (120 – 385)
03,22±00,49 (2,5 – 4,2) 291,36±85,25 (120 – 450)
de commande était comprise entre 1 et 4 m avec une
moyenne de 2±0,56 m. Dans 02 cas, le poste de
commande était à moins de 2 mètres du tube
radiogène. Dans tous les services, les EPI n’ont
jamais fait l’objet d’un contrôle d’intégrité
physique. Le tableau III résume les caractéristiques
des équipements de radioprotection.
3.3 Suivi médical et dosimétrique
L’utilisation des dosimètres passifs portés au niveau
de la poitrine était observée dans un (01) centre
privé. 02 travailleurs (03,77 %) sous rayonnements
ionisants portaient un dosimètre passif, mais
uniquement lors de la réalisation des examens
tomodensitométriques. La collecte des dosimètres
était trimestrielle et le traitement s’effectuait par
l’IRSN en France.
Aucun des services n’a soumis le personnel à un
examen médical (d’embauche, périodique et de
reprise de travail) ni aux examens complémentaires
de radio-surveillance (NFS, radiographie
pulmonaire, examens ophtalmologique,
dermatologique et ORL). Aucun service n’avait
donc de dossiers médicaux contenant les
informations réglementaires.
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 SAVI de TOVE Kofi-Mensa et al.

Tableau II : Caractéristiques des locaux (N=23)

n (%)
Murs (n=23)
Murs en béton 23 (100)
Murs revêtus de plomb 01 (04,35)
Portes (n=23)
Porte en métal 13 (56,52)
Porte en bois 10 (43,48)
Porte revêtus de Plomb 20 (87,96)
Porte revêtus de métal non plombé 03 (13,04)
Système d’aération (n=23)
Climatisation 18 (78,26)
Système de ventilation -
Cheminée d’aération -
Signalisation (n=23)
Affichage du plan de service 01 (04,35)
Signalement du risque d’exposition 15 (65,22)
Témoin lumineux de mise sous tension 06 (26,08)
Délimitation des zones (niveau d’exposition) -

Tableau III: Caractéristiques des équipement de radioprotection

n (%)
Poste de commande des salles (n=23)
Paravent plombé 16 (69,57)
Cabine de commande 07 (30,43)
Equipement de Protection Individuelle des services (n=17)
Tablier plombé 22 (94,11)
Gant plombé 10 (58,82)
Protèges thyroïdes 03 (17,65)
Lunettes plombées 02 (11,76)
Protèges gonades 01(05,88)

Tableau IV : Fréquence d’utilisation des équipements de protection individuels (EPI) par les travailleurs.

Tabliers plombés Gants plombés Protèges thyroïdes Protèges gonades Lunettes plombées
n(%)
Toujours 03 (05,66) - - - -
Souvent 29 (54,72) 01 (01,89) - - -
Rarement 13 (24,53) 08 (15,09) 03 (05,66) - -
Jamais 07 (13,20) 24 (45,28) 07 (13,20) 01 (01,89) 05 (09,43)
Non disponible 01 (01,89) 20 (37,74) 43 (81,14) 52 (98,11) 48 (90,57)

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3.4 Observance des mesures de
radioprotection
Le temps journalier passé dans la salle de radiologie
était compris entre 01 heure et 10 heures avec une
moyenne de 4,17 ± 2,39 heures. Pour des
contraintes professionnelles, 45 (84,91 %)
travailleurs restaient dans la salle pendant que le
4. Discussion
4.1 Aménagement des locaux
Les normes françaises de construction d’une salle
de radiologie conventionnelle devant abriter un tube
radiogène, NFC 15-160 de 1975, révisée en mars de
2011 [7] permet de définir les épaisseurs minimales
de plomb à mettre en place pour assurer la
protection des locaux attenants à une salle
radiologique. Elle décrit également les dispositifs de
sécurité à mettre en place tels que les signalisations
lumineuses et les arrêts d’urgence.
Des salles trop exigües (quatre salles de 6,2 m², 12
m², 14 m² et 16 m² constatées dans l’étude) ne
favorisent pas une observance efficiente des
mesures de radioprotection, une libre circulation ni
la pratique aisée d’une maintenance. La salle de 16
m² exposait une situation encore plus préoccupante
car y étaient installés deux appareils de radiologie
conventionnelle tous deux fonctionnels. En
revanche, 78,3 % des salles de notre série avaient
une surface normale. Kouassi et al en 2005 ont
constaté une proportion similaire à Abidjan (80 %)
de salles abritant une installation radiologique
répondant aux normes en matière de surface
minimum recommandée par la législation
ivoirienne (N ≥ 25m²) [8].
La totalité des murs et des portes dans notre étude
étaient en théorie blindées et leurs caractéristiques
suffisantes pour empêcher la diffusion des rayons
hors des salles. Ils étaient tous faits de béton et
recouvert de plomb dans 4,35 % des cas. Les portes
étaient plombées dans 87 % des cas. Tapsoba et al
avaient noté dans leur étude que 93,75 % des murs
étaient blindés, 78,1 % faits de briques pleines et
recouvert de plomb dans 15,6 % des cas [9].
En dehors du zonage qui n’était effectif dans aucun
des centres de notre étude comme signalés par
Houndétoungan [10] et Mbo Amvene et al [11] dans
leur étude respective, seulement six salles (26,08 %)
de radiologie avaient un témoin lumineux de mise
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tube radiogène était actif pour de contraintes
professionnelles et 08 travailleurs (15,09 %) par
inadvertance du fait de l’absence de signalisation
lumineuse. Le tableau IV montre la fréquence
d’utilisation des équipements de protection
individuels (EPI) par les travailleurs.
sous tension du générateur. Ce témoin était
fonctionnel dans une seule salle. En principe, tous
les accès des salles de radiologie devraient avoir
une signalisation lumineuse activée
automatiquement par la mise sous tension du tube
radiogène [5, 7]. L’absence d’une signalisation
lumineuse augmente le risque d’exposition des
travailleurs aux rayons X.
4.2 Equipements de radioprotection
Un seul service ne disposait pas de tabliers plombés.
Les autres équipements de protection individuelle :
EPI (gants plombés, protège thyroïde, protège
gonades et lunettes protectrices) étaient peu
disponibles. Ces derniers étaient absents dans
l’ensemble des structures sanitaires étudié par Mbo
Amvene et al en 2017 [11]. Tapsoba et al quant à
eux ont trouvé des gants plombés, protège-thyroïde
et lunettes plombées dans respectivement 58,8 %,
82,3 % et 5,88% des services [9]. Ces EPI n’ont
jamais fait l’objet d’un contrôle d’intégrité physique
contrairement aux normes internationales de
radioprotection qui recommandent un contrôle
périodique de l’efficacité et de la conformité de ces
équipements [12]. Houndétoungan en 2015 au sud-
est du Bénin a trouvé que 70 % des équipements
étaient en cours d’usage depuis plus de 5 ans [10] et
Jaouad a fait le même constat pour 60 % des
équipements de sa série [13].
4.3 Suivi médical et dosimétrique
La présente étude a relevé une absence totale de
suivi médical devant permettre le dépistage précoce
de lésions précancéreuses et l’organisation de la
prise en charge thérapeutique et médico-légale de
pathologies radio-induites. Mbo Amvene et al en
2017 regrettaient le même constat [11], de même
que Houndétoungan en 2015 dans le sud-est du
Bénin [10].
Le suivi dosimétrique des travailleurs, élément
essentiel pour la limitation des doses n’était effectif
que dans une seule structure sanitaire. En principe,
142

tous les travailleurs exposés aux rayons X doivent
bénéficier d’un suivi médical et dosimétrique. Selon
leur activité et leur niveau d’exposition, il peut
s’agir d’un dosimètre passif ou d’un dosimètre actif.
Le cumul des doses reçues aide le médecin de
travail à anticiper sur la survenue de pathologies
radio-induites. Il se base, en outre sur les examens
biologiques [5]. Même les expositions aux faibles
doses, étant susceptibles d’engendrer des effets
néfastes sur le travailleur [5,14].
4.4 Observance des mesures de
radioprotection
Les trois mesures pratiques de radioprotection sont
l’interposition des écrans protecteurs, l’éloignement
de la source et la réduction du temps d’exposition.
- Interposition des écrans protecteurs
Concernant les cabines de commande plombées et
les paravents plombés, ils étaient disponibles et
utilisés dans tous les centres visités. Notre constat
est similaire à celui fait par Jaouad en 2013 [13].
Mbo Amvene et al en 2017 ont constaté une
proportion inférieure (75 %) [11]. Notre résultat est
lié au fait que dans notre série, tous les appareils de
radiologie sont utilisés de manière fixe, avec le
tableau de commande installé à l’abri de ces
équipements de protection.
S’agissant des tabliers plombés, ils étaient
disponibles dans la majorité des formations
sanitaires inspectées. Toutefois, nous avons
constaté que seulement 5,66 % des travailleurs
portaient toujours leur tablier en situation
d’exposition et 54,72 % affirmaient le porter
souvent. Plusieurs études menées sur l’observance
des mesures de radioprotection dans d’autres pays
africains ayant une réglementation locale ont
montré une meilleure d’observance. En effet,
Kouassi et al en 2005 à Abidjan [8] et Tapsoba et al
à Ouagadougou en 2010 [9] avaient rapporté que 97
% des travailleurs se protégeaient à l’aide d’un
tablier plombé. Jaouad en 2013 l’avait observé chez
80 % de ses enquêtés [13]. D’autres auteurs ont noté
des proportions similaires à la nôtre, Mbo Amvene
et al en 2017 (57,1 %) [11] et Khaled en 2010 (50
%) [15]. L’absence de port de tablier plombé
témoigne du manque de rigueur du personnel en ce
qui concerne sa propre protection. Il était considéré
comme « une perte de temps » pour la réalisation
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SAVI de TOVE Kofi-Mensa et al.
d’un examen ou simplement « inutile car le paravent
protège assez » selon certains travailleurs. L’autre
raison la plus évoquée était son poids. Pourtant,
d’après Menechal et al en 2011, certains types de
tabliers sont plus facilement utilisés et bien tolérés
car plus adaptés à la morphologie du travailleur et
plus légers [16].
Quant aux autres équipements de protection
individuels (protège-thyroïde, protège-gonades,
lunettes plombées et gants plombés), ils n’étaient
quasiment jamais utilisés dans les services qui en
disposaient. Kouassi et al (2005) [8] avaient fait le
même constat tandis que Jaouad (2013) à
Marrakech, avait constaté que 17,9 % des
travailleurs en faisaient usage [13].
- Réduction du temps d’exposition
Au cours de l’enquête, 15,09 % des travailleurs
s’étaient retrouvés dans la salle en dehors des
contraintes professionnelles pendant l’activation du
tube radiogène et pour la plupart du temps par
inadvertance du fait de l’absence de signalisation
lumineuse. Ce dysfonctionnement augmente le
temps d’exposition des travailleurs avec une
accumulation supplémentaire de dose absorbée.
Nous avons constaté que seuls 17% des travailleurs
avaient bénéficié de congés techniques. Khaled et al
(2010) ont constaté que 20 % des travailleurs en
bénéficiaient [15].
- Eloignement de la Source
Le personnel doit, en permanence, se tenir aussi
loin que possible du faisceau de rayons X. On ne
doit jamais autoriser l’exposition directe du
personnel au faisceau de rayonnement primaire [7].
Les salles de radiologie à grandes dimensions, de
cette étude, ont l’avantage d’installer le poste de
commande à une position plus éloignée. En effet, le
débit de dose diminue avec le carré de la distance
[5].
En revanche, les locaux exigus (quatre salles de 6,2
m², 12 m², 14 m² et 16 m² constatées dans l’étude)
ne sont pas compatibles avec un éloignement
suffisant entre le poste de commande et le tube
radiogène. Il importe de respecter les normes de
construction pour assurer une protection optimale
du travailleur [5, 17].
143

5. Conclusion
La pratique de la radioprotection dans les structures
sanitaires du nord Bénin souffre de nombreuses
insuffisances. L’absence d’une autorité de
régulation de l’utilisation médicale des
rayonnements ionisants a ouvert la voie à
l’installation d’unités de radiologie conventionnelle
ne respectant pas les normes de construction.
Les mesures pratiques de radioprotection des
travailleurs dans les formations sanitaires n’étaient
pas suffisamment observées. Il urge que des
mesures correctives soient prises pour relever le
niveau de radioprotection des travailleurs dans le
domaine du radiodiagnostic à rayons X.
Conflit d’intérêt
Les auteurs déclarent n’avoir aucun conflit
d’intérêt.
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