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Où sont les femmes ?

Déterminants organisationnels
de la représentation des femmes dans les conseils
d’administration1
Rey DANG2
Frédéric TEULON3

Résumé
La présence des femmes dans les conseils d’administration est devenue
un enjeu organisationnel majeur en raison des répercussions qui en
découlent, à la fois sur le fonctionnement des entreprises (enjeu en
matière de diversité) et sur l’ensemble de la société (briser le « plafond
de verre »). Cet article analyse les déterminants de cette présence, en
France, sur la base des entreprises du SBF-120. Nous construisons un
modèle probabiliste, testé à partir d’une régression logistique. Nos
résultats confirment le lien qui existe entre la taille des entreprises et
la présence des femmes dans les structures dirigeantes. En revanche,
cette présence est indépendante du type d’actionnariat.

Abstract
The presence of women on corporate boards of director has become
a key organizational issue because of the impact these have on both
business operations (issue on diversity) and the whole of society
(circumvent the “glass ceiling”). This article analyzes the determinants
of this representation in France, based on the companies belonging
to the SBF 120 stock market. We build a probabilistic model, using
a logistic regression. Our results confirm the relationship between
firm size and the presence of women on corporate boards. However,
this presence is independent from the type of ownership.

1 Cet article a pour origine le working paper Ipag 2014-397 intitulé « Les déterminants or-
ganisationnels de la représentation des femmes au sein des conseils d’administration du SBF 120 » et
s’appuie également sur une communication présentée à l’AIMS en 2011 « La progression des femmes au
sein des conseils : étude théorique et empirique du SBF 120, 2000-2009 ».
2 Rey DANG : Groupe Sup de Co La Rochelle - Email : dangr@esc-larochelle.fr
3 Frédéric TEULON : IPAG Business School, Paris - Email : f.teulon@ipag.fr

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Introduction

Selon l’INSEE, en 2010 et en 2011, les femmes représentaient près de 52 % de la


population active française4. Pourtant, elles n’occupaient que 20,8 % des sièges au
sein des conseils d’administration (CA) des entreprises du CAC 40 (16,5 % en 2010
et 11,0 % en 2009) et seulement 2 % des femmes étaient PDG (Présidente-Directrice
Générale), selon une étude d’Ethics and Boards5. Au sein des entreprises du SBF 120,
les femmes occupaient 12,9 % des sièges au CA en 2011 selon Boardex6 contre 9,3 % en
2009 (Dang et al., 2014). Cette faible représentation des femmes au CA – et plus géné-
ralement dans les instances de gouvernance (par exemple les comités spécialisés) – a
poussé le gouvernement français à voter la loi Copé-Zimmerman du 27 janvier 2011,
imposant un quota de 20 % femmes dans les CA d’ici à 2014 et 40 % d’ici à 2017 sous
peine de sanctions financières. Dans ce contexte, et à l’instar d’Hillman et al. (2007),
nous pouvons nous interroger sur les raisons pour lesquelles certaines entreprises
comptent des femmes au sein de leur CA tandis que d’autres n’en comptent aucune.

La représentation des femmes au CA a fait l’objet d’une littérature abondante (pour une
revue de la littérature voir Terjesen et al., 2009). En substance, celle-ci s’est attachée à
examiner la progression des femmes au sein du CA, au fil du temps (Daily et al., 1999 aux
États-Unis ou Dang et al., 2014) ou au sein des comités spécialisés (Bilimoria et Piderit,
1994 ; Kesner, 1988). Par ailleurs, la littérature a cherché à établir si les administratrices
et les administrateurs différaient en termes de caractéristiques sociodémographiques
et de capital humain (Dang et al., 2014 ; Hillman et al., 2002 ; Singh et al., 2008). Enfin,
la littérature s’est intéressée aux dynamiques permettant d’intégrer les femmes au CA
à travers, par exemple, les réseaux ou le mentorat (Bilimoria, 2000). Quelques travaux
ont cherché à comprendre les facteurs organisationnels (Hillman et al., 2007 ; Moulin
et Point, 2012 ; Nekhili et Gatfaoui, 2013) ou socio-politico-économiques (Sheridan
et Milgate, 2005 ; Terjesen et Singh, 2008) favorisant la nomination de femmes au CA.
Il ressort de ces travaux que la taille de l’organisation, le type d’industrie et le degré
de diversification de l’entreprise ont un impact significatif sur la représentation des
femmes au CA. Par ailleurs, certains mécanismes de gouvernance ainsi que les systèmes
institutionnels nationaux ont une influence sur la présence de femmes au sommet des
organisations.

En dépit d’une recherche conséquente consacrée à la représentation des femmes au CA


comme en attestent les 400 travaux recensés par Terjesen et al. (2009), peu d’études
ont examiné les facteurs organisationnels expliquant la présence des femmes au CA.
L’approche par les facteurs individuels considère, d’une part, que leur présence serait
due à des facteurs endogènes associés aux femmes tels que les attributs démogra-
phiques ou liés au capital humain (Dang et al., 2014 ; Dang et Vo, 2014). Si l’examen des
caractéristiques et le comportement des administratrices permettent de mieux cerner
leur progression au CA, ils ne permettent pas de répondre à la question d’Hillman et al.

4 INSEE (2013), Tableaux de l ’Économie – édition 2013, 256 pages.


5 Board and Ethics (2013), Suivi de la féminisation des entreprises du CAC 40, 9 pages.
6 C’est une base de données qui contient les prof ils de 380 000 gestionnaires siégeant dans les
CA publics et privés à travers le monde.

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des femmes dans les conseils d’administration

(2007). Par ailleurs, comme le soulignent ces auteurs, mettre l’accent sur les facteurs
organisationnels, permettant de prédire la présence des femmes au CA, facilite l’analyse
des conditions optimums dans lesquelles un CA est plus enclin à intégrer des femmes.

Selon Terjesen et al. (2009), pour rendre compte du phénomène de la représentation


des femmes au CA, plusieurs échelles d’analyse sont possibles : individu, conseil d’ad-
ministration, entreprise et industrie/environnement. En l’espèce, à l’instar d’Hillman et
al. (2007) ou de Moulin et Point (2012), nous nous situons à l’échelle de l’organisation7.

Notre étude apporte plusieurs contributions à la littérature consacrée à la diversité et


à la gouvernance d’entreprise :

• En premier lieu, en examinant les conditions de la représentation des femmes


au CA sous l’angle endogène associé aux organisations : c.-à-d. les caractéristiques
intrinsèques liées aux organisations (Hillman et al., 2007 ; Laufer et Fouquet, 2012 ;
Martin et Pignatel, 2004 ; Moulin et Point, 2012).

• Par ailleurs, afin d’identifier les principaux déterminants organisationnels de


la représentation des femmes au CA, nous prenons en considération la structure de
propriété comme une traduction de la théorie des parties prenantes et de la prise
en compte de l’intérêt général de la société (Freeman, 2010).

• À l’instar de Moulin et Point (2012) et de Nekhili et Gatfaoui (2013), des dé-


terminants organisationnels tels que l’actionnariat familial ou la présence d’inves-
tisseurs institutionnels sont considérés dans notre spécification.

• Enfin, reconnaissons à la suite de Moulin et Point (2012) que la recherche aca-


démique consacrée à la représentation des femmes au CA dans le contexte français
reste relativement modeste comparativement à la littérature existante (Terjesen et
al., 2009). En l’espèce, cet article contribue à enrichir cette littérature.

En définitive, l’objet de cette étude est d’identifier les principaux déterminants organi-
sationnels de la représentation des femmes au CA au sein des grands groupes faisant
partie de l’indice SBF 1208. Pour ce faire, nous identifions un échantillon non cylindré
constitué de 284 observations et 105 entreprises, sur la période allant de 2009 à 2011.

Dans une première section nous procédons à une revue de la littérature, ce qui nous
permet de formuler des hypothèses de recherche (section 2). Ensuite nous présentons
notre méthodologie (section 3). La section 4 analyse les résultats obtenus. Enfin la
section 5 conclue.

7 Nous ne nous intéressons pas ici aux pratiques discriminatoires conscientes ou inconscientes
et nous n’entrons pas dans le débat relatif aux théories du genre pour savoir si les organisations sont
sexuées ou non (Acker, 1992). Nous ne portons pas ici de jugement sur la question d’une théorie des
organisations qui serait éventuellement sexuées, ni sur la question d’un caractère sexiste de l’entreprise
en partie masqué par des représentations abstraites (la taille de l’entreprise, le type d’actionnariat…).
8 Cet indice regroupe les 120 plus grandes entreprises françaises, en termes de capitalisation
boursière, et qui sont les plus liquides sur la bourse de Paris.

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1. Revue de la littérature

En préambule, comme le soulignent Terjesen et al. (2009), la littérature consacrée à


la représentation des femmes au CA ne développe pas explicitement de cadre théo-
rique. En fait, celle-ci reste relativement descriptive. Cependant ce phénomène peut
s’appréhender à travers quatre échelles d’analyse : individu, conseil d’administration,
entreprise (ou organisationnel) et industrie/environnement. Dans ce cadre, le niveau
« individu » désigne les membres du CA. Le niveau « conseil d’administration » se fo-
calise sur le processus et les interactions qui se produisent au sein du CA. Le niveau
« organisationnel » se réfère à l’entreprise dans ses dimensions stratégiques et ses
structures organisationnelles (en dehors du CA). Enfin, « l’industrie ou l’environne-
ment » recouvre les aspects institutionnels.

À la question de savoir pourquoi certaines entreprises comptent des administratrices


et d’autres pas, nous tentons de répondre en adoptant le niveau organisationnel, à
l’instar d’Hillman et al. (2007) et de Moulin et Point (2012). Notre démarche s’appuie
également sur la littérature consacrée à l’avancement des femmes au sein des organisa-
tions, laquelle considère que les facteurs endogènes liés aux organisations permettent
d’expliquer le phénomène (Belghiti-Mahut, 2004 ; Laufer et Fouquet, 2012 ; Martin et
Pignatel, 2004).

1.1. Cadres théoriques


La littérature consacrée aux déterminants organisationnels (ou endogènes) de la repré-
sentation des femmes au CA utilise principalement comme cadre d’analyse la théorie
de la dépendance des ressources (voir Hillman et al., 2007 et Moulin et Point, 2012).
Celle-ci perçoit l’organisation comme un système ouvert sur son environnement créant
des relations avec d’autres organisations et l’environnement (Pfeffer, 1972 ; Pfeffer et
Salancik, 1978). À ce titre, les administrateurs peuvent constituer une source d’avan-
tages concurrentiels, dans la mesure où ils permettent de gérer la dépendance de
l’entreprise vis-à-vis des ressources externes, de réduire les incertitudes auxquelles
l’entreprise est confrontée et d’acquérir des ressources critiques (Hillman et Dalziel,
2003). Les individus sont donc nommés aux CA dans la mesure où ils possèdent une
ou plusieurs de ces ressources nécessaires à l’entreprise.

Appliquant ce principe au contexte de la représentation des femmes au CA, Hillman


et al. (2007) affirment que les administratrices sont nommées au CA dans la mesure
où elles permettent à l’entreprise d’avoir accès à des ressources de compétences et
d’atouts particuliers, distincts et complémentaires, en raison de leurs caractéristiques
proprement féminines. Plus précisément, la présence des femmes au CA devrait :

• Apporter de la légitimité. Zahra et Pearce (1989) font valoir qu’une partie de


la responsabilité d’un administrateur est d’accroître la réputation de l’entreprise.
Celle-ci peut augmenter sa légitimité en nommant des individus importants ou puis-
sants au CA. Selon Ashforth et Gibbs (1990) et Meyer et Rowan (1977), ce sont les
acteurs sociétaux qui confèrent leur légitimité aux pratiques organisationnelles. La
légitimité d’une organisation peut donc être renforcée par la nomination d’adminis-

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des femmes dans les conseils d’administration

tratrices au CA. De plus, la promotion des femmes à des postes de direction envoie
un message positif aux employés, au sein même de l’organisation, mais également
vis-à-vis des recrues potentielles (Daily et al., 1999).

• Prodiguer des avis et des conseils. Les administratrices apporteraient davan-


tage de solutions aux problèmes (Dutton et Duncan, 1987 ; Watson et al., 1993) et
offriraient une perception différente de l’environnement (Larkey, 1996 ; Sutcliffe,
1994). Malgré des aspects négatifs inhérents à la diversité (voir Daily et Schwenk,
1996), il y a consensus sur le fait que la présence des femmes au CA permet des
discussions et des analyses plus poussées (Daily et al., 1999 ; Hillman et al., 2007).

• Créer des liens avec l’environnement. De manière générale, les administrateurs


relient l’entreprise à son environnement externe. Hillman et al. (2007) font valoir
que les administratrices ont la faculté de connecter l’entreprise à différentes parties
prenantes par rapport aux administrateurs. Selon Daily et al. (1999), « l’étendue des
marchés de produits nécessite une diversité de points de vue pour répondre aux
besoins à la fois locaux et globaux » (p. 97)9. La nomination de femmes au CA peut
donc s’avérer être une nécessité pratique, en raison de l’ensemble des relations et
des perspectives différentes qu’elles apportent.

Un autre cadre théorique permet d’apprécier les déterminants organisationnels de


la représentation des femmes au CA, à savoir la théorie des parties prenantes. Selon
cette théorie, les entreprises devraient concevoir leur système de gouvernance en
tenant compte des intérêts des parties prenantes (stakeholder), c.-à-d. les groupes ou
les individus qui peuvent affecter ou impacter l’orientation de l’organisation (Freeman,
2010). Selon Donaldson et Preston (1995), les organisations devraient prêter attention
aux parties prenantes, cela pour deux raisons. D’une part, on peut considérer que les
revendications des parties prenantes ont une valeur intrinsèque (approche normative)
afin que l’organisation prenne en considération leurs demandes légitimes. D’autre
part, répondre aux intérêts des parties prenantes, qui sont perçues comme ayant de
l’influence, peut améliorer la rentabilité des entreprises (approche instrumentale).
Ce cadre théorique est reconnu par la littérature pour son exactitude descriptive, sa
puissance instrumentale et sa validité normative (Donaldson et Preston, 1995).

L’émergence de la théorie des parties prenantes au sein des CA est motivée par la re-
connaissance croissante de la nécessité de prendre en considération l’intérêt général de
la société (Francoeur et al., 2008 ; Kang et al., 2007). Un moyen de prendre en compte
ces intérêts est la structure de propriété de l’entreprise, à travers la concentration
du capital ou la présence d’actionnaires minoritaires (Carter et al., 2003 ; Hillman
et al., 2001 ; Kang et al., 2007). Par ailleurs, les investisseurs institutionnels peuvent
contraindre les entreprises à plus de diversité (Gillan et Starks, 2000). Carter et al.
(2003) soulignent que la diversité au sein des CA devient un critère d’investissement
pour les investisseurs institutionnels. Enfin, la représentation des femmes au CA est
étroitement liée à l’actionnariat familial (Campbell et Mınguez-Vera, 2008 ; Ruigrok

9 Notre traduction.
« The scope of product markets requires a diversity of perspectives to meet both local and global needs ».

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et al., 2007). Ceci est particulièrement prégnant dans le contexte français (Moulin et
Point, 2012 ; Nekhili et Gatfaoui, 2013).

1.2. Résultats empiriques antérieurs


Bien que la recherche consacrée à la présence des femmes dans les conseils d’ad-
ministration soit abondante (voir Terjesen et al., 2009), force est de constater que
l’étude des déterminants organisationnels de la représentation des femmes au CA est
relativement modeste. Nous n’avons recensé que quatre études spécifiquement consa-
crées à cette problématique. En nous inspirant de la méthode utilisée par Dambrin et
Lambert (2006), nous avons effectué des requêtes dans les bases bibliographiques
(EBSCO et ScienceDirect), en ciblant les articles faisant apparaître les termes « femmes »,
« déterminant », « conseil d’administration », « entreprise » ou « organisation » (avec
leur équivalent en anglais) soit dans le titre, soit dans le résumé ou encore dans les
mots-clefs10. Nous analysons ces études ci-dessous, en différenciant les études an-
glo-saxonnes des françaises.

Hillman et al. (2007) étudient les déterminants organisationnels de la présence des


femmes au CA en adoptant la perspective de la théorie de la dépendance des ressources
sur un échantillon des 1 000 plus grandes entreprises américaines (en matière de
chiffre d’affaires) sur la période 1990-2003 (n = 950 entreprises, soit 9 722 observa-
tions annuelles). Ils constatent que la taille de l’entreprise, la féminisation du secteur
d’activité, la stratégie de diversification d’entreprise, ainsi que l’effet des réseaux sont
significativement corrélés (au seuil de 5 % ou en dessous) avec la représentation des
femmes au CA. Par ailleurs, l’âge de l’entreprise, son risque total et la taille du CA
sont positivement et significativement corrélés (au seuil de 5 %) avec la présence
des femmes au CA. Kang et al. (2007) analysent un échantillon des cent plus grandes
entreprises australiennes, en 2003, et constatent que la concentration du capital est
négativement et significativement reliée (au seuil de 1 %) au genre des administrateurs.
Le type d’industrie et la taille du CA n’ont aucune influence significative (aux seuils
conventionnels de significativité).

En France, Moulin et Point (2012) analysent les déterminants de la proportion de


femmes au CA dans les entreprises du SBF 120 en 2008 (n = 100). Ces auteurs utilisent
la théorie néo-institutionnelle, ainsi que celle de la dépendance des ressources, afin
d’identifier les facteurs susceptibles d’influencer la représentation des femmes au CA.
Ils constatent que l’actionnariat familial est le principal facteur explicatif de la propor-
tion de femmes au CA. La diversification et la taille de l’entreprise ont une influence
marginale sur cette proportion (seuil de 10 %). Toutes les autres variables (telles que
la féminisation du secteur d’activité, l’incertitude environnementale ou l’âge de l’en-
treprise) n’ont aucun impact significatif (aux seuils conventionnels de significativité).
Nekhili et Gatfaoui (2013) étudient les déterminants de la représentation des femmes
au CA à partir d’un échantillon d’entreprises du SBF 120 sur la période 2000-2004
(n = 85 entreprises, soit 425 observations). Utilisant une régression de Poisson, ces
auteurs constatent que l’actionnariat familial est le principal facteur explicatif de la

10 Nous nous sommes restreints aux revues classées CNRS (section 37) et FNEGE.

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des femmes dans les conseils d’administration

représentation des femmes au CA. En effet, son impact est positif et significatif au seuil
de 1 %. A l’échelle des caractéristiques de gouvernance d’entreprise, la taille du CA et le
cumul des fonctions de Directeur Général et de Président du conseil sont positivement
et significativement associés au nombre de femmes au CA, tandis que l’indépendance
est négativement corrélée (au seuil de 5 %).

Les implications des études susmentionnées sont relativement difficiles à appréhen-


der. Premièrement, les résultats consacrés aux déterminants organisationnels sont
contrastés. Par exemple, dans l’étude d’Hillman et al. (2007), la taille de l’entreprise
est significativement corrélée avec la représentation des femmes au CA. En outre, la
féminisation des secteurs d’activité est positivement et significativement corrélée avec
la présence des femmes dans les conseils d’administration dans l’étude d’Hillman et al.
(2007), mais non significative dans l’étude de Moulin et Point (2012). Deuxièmement,
les méthodes statistiques, les données utilisées, ainsi que les périodes observées varient
considérablement de sorte que les résultats ne sont pas facilement comparables. D’un
point de vue économétrique, Hillman et al. (2007) et Moulin et Point (2012) emploient
une régression logistique, Kang et al. (2007) utilisent une régression multiple simple
et Nekhili et Gatfaoui (2013) recourent à une régression de Poisson. Par ailleurs, sou-
lignons qu’Hillman et al. (2007), ainsi que Nekhili et Gatfaoui (2013), se basent sur des
données de panel, tandis que Kang et al. (2007) et Moulin et Point (2012) n’observent
qu’une seule année d’étude. Selon Carter et al. (2010), la significativité globale du corpus
théorique devrait reposer sur l’efficacité de la méthode de recherche utilisée lors des
études. En l’espèce, les travaux d’Hillman et al. (2007), aux États-Unis, et de Nekhili
et Gatfaoui (2013), en France, paraissent relativement convaincants. Notre recherche
s’inscrit donc dans la lignée de ces travaux.

2. Formulation des hypothèses

Prenant appui sur la littérature décrite précédemment, nous émettons deux séries
d’hypothèses, fondées d’une part sur la théorie de la dépendance des ressources (hy-
pothèses 1 et 2) et d’autre part, sur la théorie des parties prenantes (hypothèses 3 et 4).

Taille de l’entreprise. En se référant aux travaux consacrés à la légitimité organisa-


tionnelle (DiMaggio et Powell, 1983 ; Meyer et Rowan, 1977), Hillman et al. (2007)
énoncent que plus les organisations sont grandes et visibles, plus elles ont de pression
à se conformer aux attentes sociétales. Du fait de leur visibilité par le public (Suchman,
1995), elles font l’objet d’une attention particulière de la part des parties prenantes ;
par exemple, de la part des consommatrices (Daily et al., 1999) ou des futurs employés
(Powell, 1999). Toutefois, comme nous l’avons souligné précédemment, les résultats
sont contrastés, probablement du fait que Moulin et Point (2012) n’examinent qu’une
seule année. En l’espèce, nous étudions trois années consécutives (2009-2011). Par
conséquent, à l’instar d’Hillman et al. (2007), nous présumons que plus l’entreprise est
grande, plus nombreuses sont les administratrices au CA. D’où, l’hypothèse suivante :

H1 : toute chose égale par ailleurs, la représentation des femmes dans les conseils
d’administration est positivement corrélée avec la taille de l’entreprise.

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Diversification d’entreprise. Selon Hillman et al. (2007), la nature des dépendances


vis-à-vis de l’environnement, et l’importance des bénéfices particuliers associés aux
liens tissés avec d’autres acteurs par le CA, résultent du niveau de diversification de
l’entreprise. En effet, une entreprise opérant dans un seul secteur d’activité sera vrai-
semblablement moins dépendante de son environnement que l’entreprise présente
dans de nombreux secteurs d’activité. Par conséquent, plus le niveau de diversification
d’une organisation est élevé, plus le CA doit être diversifié. En effet, l’organisation a
besoin d’une information riche et large, ainsi que d’avis et de conseils différenciés,
apportés par les administratrices (Hillman et al., 2007). Si la théorie de la dépendance
des ressources présume un lien positif entre la représentation des femmes au CA et
le niveau de diversification d’une entreprise, les résultats empiriques ne confirment
pas cette hypothèse. En effet, Hillman et al. (2007) constatent un lien négatif avec le
niveau de diversification non reliée (c.-à-d. sans liaison avec les activités de cœur de
métier), ce qui contredit l’hypothèse initiale de lien positif. Par ailleurs, ils ne trouvent
aucun lien significatif avec la diversification reliée. Moulin et Point (2012) observent
quant à eux que la diversification est négativement corrélée (au seuil de 10 %) avec
la représentation de femmes au CA. En l’espèce, nous présumons que plus le niveau
de diversification totale de l’entreprise est élevé, plus il y a d’administratrices au CA.
D’où, l’hypothèse suivante :

H2 : toute chose égale par ailleurs, la représentation des femmes dans les conseils
d’administration est positivement corrélée avec le niveau de diversification totale
de l’entreprise.

Actionnariat familial. La représentation des femmes au CA est généralement liée


à l’actionnariat familial (Campbell et Mınguez-Vera, 2008 ; Ruigrok et al., 2007). Les
entreprises françaises sont majoritairement contrôlées par des familles, lesquelles
participent activement à la gestion de l’entreprise (Sraer et Thesmar, 2007). Moulin
et Point (2012) ou Nekhili et Gatfaoui (2013) montrent que les femmes sont plus
enclines à être nommées au CA d’entreprises familiales (c.-à-d. contrôlées ou dirigées
par une famille) ; ceci suggère que les administratrices sont recrutées dans le cercle
familial. Par ailleurs, Sheridan et Milgate (2005) constatent, dans le contexte australien,
que les liens familiaux sont importants pour la nomination de femmes au CA. Dans
le contexte français, Moulin et Point (2013) parlent d’un « atout familial », à savoir
que les administratrices posséderaient un lien fort avec le fondateur ou le dirigeant
et in fine avec l’environnement. Par conséquent, selon ces auteurs, les liens sociaux
pourraient confirmer une reconnaissance publique de l’expertise de ces femmes. D’où,
l’hypothèse suivante :

H3 : toute chose égale par ailleurs, la représentation des femmes dans les conseils
d’administration est positivement corrélée avec l’actionnariat familial.

Investisseurs financiers et institutionnels. Comme le soulignent Nekhili et Gatfaoui


(2013), une autre dimension de la structure de propriété associée à la représentation
des femmes au CA est l’actionnariat familial. Bilimoria (2000) souligne que certains
investisseurs institutionnels, tels que les fonds de pension, mettent la pression sur
les entreprises afin qu’elles intègrent des femmes au sein de leur CA. Carter et al.
(2003) précisent que les investisseurs institutionnels – en vertu de l’« Investissement

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des femmes dans les conseils d’administration

Socialement Responsable » (ISR) – accordent de plus en plus d’importance, dans leur


politique d’investissement, à la problématique de la diversité au sein du CA. De même,
la présence d’administratrices au CA constitue un critère de référencement d’une entre-
prise dans un indice socialement responsable (par exemple FTSE KLD 400 Social Index).
Dans ces conditions, les entreprises sont donc incitées à accroître la représentation
des femmes au CA (Nekhili et Gatfaoui, 2013). Les résultats empiriques ne confirment
pourtant pas le rôle des investisseurs institutionnels dans la représentation des femmes
au CA. Moulin et Point (2012) et Nekhili et Gatfaoui (2013) constatent respectivement
un lien positif et négatif entre la présence de femmes au CA et l’existence d’investis-
seurs institutionnels dans le capital de l’entreprise. Afin de confirmer, ou d’infirmer,
les résultats de ces deux études, nous testons le rôle des investisseurs financiers et
institutionnels dans la représentation des femmes au CA. D’où, l’hypothèse suivante :

H4 : toute chose égale par ailleurs, la représentation des femmes dans les conseils
d’administration est positivement corrélée avec l’actionnariat financier et
institutionnel.

3. Méthodologie

3.1. Le modèle
Lorsque la variable dépendante est un nombre entier ou décimal, les régressions mul-
tivariées peuvent être utilisées. Cependant, lorsque la variable dépendante est dicho-
tomique, la régression logistique est plus appropriée (Gujarati, 2004). La régression
logistique est une méthode d’analyse statistique visant à prédire et à étudier une variable
binaire où l’impact relatif de chaque variable indépendante est identifié. Elle diffère
des régressions multiples en ce sens qu’elle peut prévoir directement la probabilité
d’un événement (Hosmer et Lemeshow, 1989). Par conséquent, à l’instar d’Hillman
et al. (2007) et de Moulin et Point (2012), nous employons une régression logistique
afin d’identifier quels déterminants sont les plus importants dans la représentation
des femmes au CA. Notre spécification se présente de la manière suivante :
a = f (β1 z, β2 x) [1]
avec a la probabilité d’avoir une femme au CA, β1 et β2 sont des vecteurs de paramètre ;
z correspond aux déterminants organisationnels et x désigne un ensemble de variables
de contrôle.

Le vecteur z comprend la taille de l’entreprise (hypothèse 1), le degré de diversifica-


tion de l’entreprise (hypothèse 2), l’actionnariat familial (hypothèse 3) et la présence
d’investisseurs financiers et institutionnels (hypothèse 4).

Dans le modèle [1], nous incluons plusieurs variables de contrôle (vecteur x) habituel-
lement utilisées. Premièrement, nous introduisons la taille du CA afin de pondérer la
représentation des femmes au CA. En effet, un nombre de sièges suffisamment important
pourrait permettre d’intégrer plus de femmes (Moulin et Point, 2012). De nombreuses
études montrent un lien positif entre la taille du CA et la représentation de femmes au
CA (Hillman et al., 2007 ; Nekhili et Gatfaoui, 2013). Deuxièmement, nous incluons l’âge

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de l’organisation dans la mesure où il peut s’avérer être un facteur d’inertie. Hillman et


al. (2007) constatent un lien significatif entre l’âge de l’organisation et la représentation
des femmes au CA. Troisièmement, nous insérons la performance financière mesurée
par le Q de Tobin. Selon Hillman (2000, 2007), la performance précède la diversité. Les
entreprises performantes sont plus enclines à accroître le nombre de femmes au CA afin
d’attirer les plus compétentes et les plus expérimentées d’entre elles. De nombreuses
études viennent étayer l’impact positif de la représentation des femmes au CA (voir
Dang et Vo, 2012). Quatrièmement, nous incluons l’endettement (leverage) dans la
mesure où la nomination d’administratrices induit un contrôle strict de l’endettement
(Nekhili et Gatfaoui, 2013). Notre modèle est opérationnalisé comme suit :

Prob (Ai = 0 ou 1) =β0 + β1 Taille de l’entreprise + β2 Diversification + β3 Famille

+ β4 Investisseurs financiers et institutionnels + β5 Q de Tobin [2]

+ β6 ROA + β7 Leverage + β8 Âge

À l’instar d’Hillman et al. (2007), nous préférons employer l’« odds ratio » (ou rapport
des cotes) plutôt que les coefficients, afin de faciliter la compréhension de nos résultats
issus de la régression logistique. L’odds ratio représente la variation de la probabi-
lité de la variable dépendante résultant d’un changement d’une unité de la variable
indépendante. Un odds ratio égal à 1 n’indique aucun effet, tandis qu’un odds ratio
supérieur à 1 (ou inférieur à 1) signale qu’une hausse (ou une baisse) de la variable
indépendante accroît (ou diminue) la probabilité de la variable dépendante ; en l’es-
pèce, une augmentation (ou une diminution) de la probabilité d’avoir au moins une
administratrice au CA).

3.2. Sélection de l’échantillon et données

Notre échantillon initial est constitué des entreprises cotées sur Euronext Paris, com-
posant l’indice SBF 120 au 31 décembre de chaque année, et porte sur la période
2009-2011. Cet indice regroupe les 120 plus grandes entreprises françaises et les
plus liquides sur la bourse de Paris. Nous avons exclu les 56 entreprises des secteurs
banque, finance, assurance et immobilier (code SIC 6000-6999) et les 20 entreprises
du secteur de l’énergie (code SIC 4000-4999), dans la mesure où elles font l’objet d’une
réglementation particulière en matière de publication d’informations. En définitive,
notre échantillon comprend 105 entreprises et 284 observations annuelles.

Les données relatives à la gouvernance d’entreprise (le genre des administrateurs et


la taille du CA) proviennent de la base de données Artenia DataCG (IODS), tandis que
les données financières sont issues de Thomson ONE Banker. Les informations sur l’âge
des organisations proviennent de Diane (Bureau van Dijk).

192
Où sont les femmes ? Déterminants organisationnels de la représentation
des femmes dans les conseils d’administration

3.3. Variables
Variable dépendante

La variable dépendante consacrée à la représentation des femmes au CA est une va-


riable booléenne égale à « 1 » si l’entreprise compte au moins une administratrice au
sein du CA et à « 0 » dans le cas contraire (Hillman et al., 2007).

Variables indépendantes

La taille de l’entreprise est mesurée par le logarithme naturel (ou népérien) des ventes
(Hillman et al., 2007)11. Le degré de diversification totale d’une entreprise est mesuré
n  1 
grâce à l’indice d’Entropie (E) de Palepu (1985) défini par : E = ∑ pi ln   ,
i −1  pi 
où n désigne le nombre d’activités d’une entreprise et pi correspond au poids relatif
de chaque activité (en %). Pour ce faire, nous nous appuyons sur les documents de
référence et l’IFRS 8 « secteurs opérationnels »12. Pour mesurer l’actionnariat fami-
lial, nous définissons au préalable une entreprise familiale. À l’instar de l’étude de
Sraer et Thesmar (2007), est considérée comme entreprise familiale, toute entreprise
dans laquelle le fondateur (par exemple Pierre Bellon chez Sodexo) ou un membre
de la famille du fondateur (par exemple la famille Michelin) est un bloc de contrôle
(blockholder). Nous imposons également comme critère supplémentaire que ce bloc de
contrôle détienne au moins 20 % des droits de vote13. En définitive, à l’instar de Moulin
et Point (2012) et de Nekhili et Gatfaoui (2013), nous utilisons une variable binaire
égale à « 1 » s’il s’agit d’une entreprise familiale et à « 0 » dans le cas contraire. Enfin,
conformément à Nekhili et Gatfaoui (2013), l’actionnariat des investisseurs financiers
et institutionnels correspond au total du capital détenu par ces investisseurs avec un
seuil minimum de 5 %14.

Variables de contrôle

La taille du conseil d’administration est égale au nombre de membres siégeant dans cette
instance (Hillman et al., 2007). L’âge d’une organisation correspond à la différence entre
la date de création de l’entreprise et l’année analysée (2009, 2010 ou 2011). À l’instar

11 Selon Simon et Bonini (1958) ou Hillman et al. (2007), la taille des entreprises montre
une distribution fortement asymétrique. En utilisant la distribution logarithmique, cette asymétrie est
atténuée. Ces auteurs suggèrent que la taille d’une organisation peut être mesurée par le logarithme du
total des actifs, du total des ventes ou du nombre d’employés, ils aff irment que ces différentes mesures
sont équivalentes.
12 Selon l’IFRS 8 « secteurs opérationnels », une entité doit fournir une information qui per-
mette aux utilisateurs des états f inanciers d’évaluer : d’une part, la nature et les effets f inanciers des
activités dans lesquelles elle est engagée et, d’autre part, les environnements économiques dans lesquels
elle opère.
13 Toutefois, comme le remarquent. Sraer et Thesmar (2007), cette condition est quelque peu
superf lue dans la mesure où rares sont les cas dans lesquels une famille (ou le fondateur) ne possède pas
20 % au plus des droits de vote.
14 Pour mémoire, lorsqu’un actionnaire agissant seul ou de concert achète ou vend une quantité
d’actions qui lui fait franchir le seuil de 5 %, il doit en informer l’AMF (Autorité des Marchés Finan-
ciers). D’où le seuil de 5 %, retenu dans cette étude, pour les investisseurs f inanciers et institutionnels.

193
N°78 - Juin 2015

d’Agrawal et Knoeber (1996) et Barnhart et Rosenstein (1998), nous utilisons la mesure


simplifiée du Q de Tobin proposée par Chung et Pruitt (1994), et qui est calculée comme suit :
Q = (MV + LTD + STD + PFD + CV) / TA ; avec MV est la valeur marchande des capitaux
propres, LTD est la valeur comptable de dette à long terme, STD est la valeur comp-
table de dette à court terme, PFD est la valeur de rachat des actions privilégiées, CV
est la valeur comptable de la dette et des actions privilégiées convertibles et TA est la
valeur comptable de l’actif (Chung et Pruitt, 1994). Enfin, l’endettement (leverage) est
mesuré par le rapport entre le total des dettes et le total de la valeur comptable des
actifs (Bhagat et Bolton, 2008).

4. Résultats

Le Tableau 1 présente les moyennes, les écarts-types, ainsi que les corrélations de nos
variables- clefs. Sur la période d’analyse, 80 % des entreprises de notre échantillon
comptent au moins une femme au sein de leur CA (69 %, 77 % et 94 % respective-
ment en 2009, 2010 et 2011). En moyenne, leur chiffre d’affaires généré est de 4 188
millions d’EUR, avec un niveau de diversification moyen égal à 0,93. Par ailleurs, 47 %
des entreprises de notre échantillon sont des entreprises familiales et les investis-
seurs financiers et institutionnels détiennent 11 % du capital (contre 27 % et 21 %
respectivement dans les travaux de Moulin et Point, 2012 et de Nekhili et Gatfaoui,
2013). Enfin, les entreprises ont en moyenne 65 ans et sont endettées à hauteur de
27 %. Enfin, en moyenne, les CA comprennent environ 12 membres (variant de 3 à 19
administrateurs). Les entreprises de notre échantillon ont un Q de Tobin égal à 1,03.
Nos résultats sont semblables à ceux de l’étude de Moulin et Point (2012).

De manière générale, une corrélation égale ou supérieure à 0,70 en valeur absolue peut
indiquer un problème de multicolinéarité (voir Mela et Kopalle, 2002). En l’espèce, la
corrélation la plus élevée en valeur absolue est celle que l’on observe entre l’action-
nariat familial et institutionnel (0,39 ; en gras le Tableau 1). Ce chiffre est inférieur à
la valeur absolue de 0,70. La multicolinéarité ne semble donc pas être un problème.
Pour confirmer ce résultat, et à l’instar d’Hillman et al. (2007) et de Nekhili et Gatfaoui
(2013), nous avons généré les VIF (Variance Inflation Factor). Comme le montre la partie
B du Tableau 1, aucune valeur n’excède 2, une valeur significativement inférieure à la
valeur communément admise de 10, indiquant ainsi des problèmes de multicolinéarité
(Chatterjee et Hadi, 2012). Par conséquent, nous concluons que la multicolinéarité n’a
aucun impact sur nos analyses futures.

194
Où sont les femmes ? Déterminants organisationnels de la représentation
des femmes dans les conseils d’administration

Tableau 1 – Données descriptives et corrélations


Variables Moy. ET 1 2 3 4 5 6 7 8 9
1. Femmes
au CA 0,80 0,40 1
2. Taille de
l’entreprise 8,34 1,56 0,18* 1
3.
Diversification 0,93 0,51 -0,06 0,31* 1
4. Actionnariat
familial 0,47 0,50 -0,04 -0,00 1
5. Actionnariat
financier et
institutionnel 11,02 14,96 -0,00 0,09 -0,01 -0,39* 1
6. Q de Tobin 1,09 0,84 -0,02 -0,34* -0,04 0,10 -0,06 1
7. Âge de
l’organisation 64,60 58,70 0,07 -0,00 -0,05 0,08 -0,21* 0,02 1
8. Taille du CA 11,56 3,37 0,17* 0,35* 0,18* -0,07 -0,03 -0,03 0,13* 1
9.
Endettement 0,27 0,26 0,09 -0,04 -0,11 -0,08 -0,02 0,26* 0,05 -0,03 1
VIF – – 1,08 1,47 1,17 1,24 1,25 1,25 1,07 1,22 1,11
Les résultats des régressions logistiques sont reportés dans le Tableau 2. L’hypothèse 1
présume que la taille de l’organisation est positivement corrélée avec la représentation
des femmes au conseil d’administration, dans la mesure où les grandes organisations
sont supposées être plus contraintes et sous la pression des parties prenantes, en ce
qui concerne la diversité au sein des conseils d’administration. En l’espèce, la taille de
l’entreprise est positivement et significativement corrélée avec la représentation des
femmes au conseil d’administration (odds ratio = 1,27, p < 0,001). Concrètement, un
accroissement de la taille de l’entreprise (au-delà de la moyenne de 8,34, soit 4 188
millions d’EUR) augmente la probabilité de la représentation des femmes au CA de
près de 37 %.

L’hypothèse 2 présume, quant à elle, que le niveau de diversification totale d’une en-
treprise est positivement corrélé avec la représentation des femmes au CA. Les ré-
sultats du Tableau 2 n’étayent pas cette hypothèse dans la mesure où l’odds ratio est
négativement et significativement corrélé avec la présence de femmes au CA (odds
ratio = 0,47, p < 0,05). Ce résultat est en contradiction avec notre hypothèse initiale.
Par conséquent, l’hypothèse 2 est rejetée.

Les hypothèses 3 et 4 présument que la structure de propriété – à travers l’actionnariat


familial et l’actionnariat financier et institutionnel – est positivement corrélée avec la
représentation des femmes au CA. En l’espèce, nous constatons qu’aucune variable
associée à la structure de propriété n’est statistiquement significative au seuil de 10 %.
L’actionnariat familial est même négativement associé à la représentation des femmes
au CA. Par conséquent, les hypothèses 3 et 4 sont rejetées.

Parmi les variables de contrôle, seule la taille du CA a une influence positive et signifi-
cative sur la représentation des femmes au CA (odds ratio = 1,21, p < 0,05).

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N°78 - Juin 2015

Tableau 2 – Résultats des régressions logistiques


Variables Coefficient z
Taille de l’entreprise 1,37 2,53***
Diversification 0,47 -2,15**
Actionnariat familial 0,93 -0,21
Actionnariat financier et institutionnel 1,00 -0,04
Q de Tobin 1,10 0,43
Âge de l’organisation 1,00 0,56
Taille du conseil d’administration 1,11 2,02**
Endettement 3,23 1,17
Constante 0,12 -1,93**
Observations 284
Nombre d’entreprises dans l’échantillon 105
Wald 17,59***
L’échantillon comprend un ensemble non cylindré de 105 entreprises (et 284 observations annuelles)
appartenant à l’indice SBF 120 sur la période 2009-2011. La taille de l ’entreprise correspond au loga-
rithme népérien des ventes. Le degré de diversif ication totale de l’entreprise est mesuré par l’indice
d’Entropie selon l’approche de Palepu (1985). L’actionnariat familial est une variable binaire égale à « 1 »
si une famille (fondateur ou membre de la famille fondatrice) constitue un bloc de contrôle et détient
20 % des droits de vote, et à « 0 » dans le cas contraire. L’actionnariat financier et institutionnel est égal
au cumul du capital détenu par ce type d’actionnaire (exprimé en pourcentage). Le Q de Tobin est calculé
selon l’approximation de Chung et Pruitt (1994). L’âge d ’une organisation correspond à la différence
entre la date de création d’une entreprise et l’année analysée (2009, 2010 ou 2011). La taille du conseil
d ’administration est égale au nombre de membres siégeant dans cette instance. L’endettement correspond
au ratio entre le total des dettes et le total de la valeur comptable des actifs (Bhagat et Bolton, 2008).
Les symboles*** et ** désignent les seuils de signif ication respectivement de 1 % et 5 %.

Conclusions

Cet article a pour objet d’examiner les déterminants organisationnels de la représen-


tation des femmes au sein des CA des grands groupes français cotés au SBF 120, sur
la période 2009-2011.

Nous adoptons comme cadres théoriques celui de la dépendance des ressources (Pfeffer
et Salancik, 1978) et celui des parties prenantes (Freeman, 2010). Ces cadres sug-
gèrent que les administratrices sont intégrées au CA en raison de leurs caractéristiques
proprement féminines (Moulin et Point, 2012), lesquelles sont complémentaires aux
singularités masculines déjà présentes au CA (Hillman et al., 2007). Par ailleurs, la
représentation des femmes au CA est vraisemblablement conditionnée par la prise en
compte des intérêts des stakeholders (Carter et al., 2003 ; Hillman et al., 2001). Pour
confirmer ces résultats, nous mettons en œuvre une régression logistique.

Nous constatons que la taille de l’entreprise est positivement et significativement (au


seuil de 1 %) corrélée avec la représentation des femmes au CA, venant ainsi corroborer
l’hypothèse selon laquelle les administratrices apportent de la légitimité à l’organisa-
tion. Par ailleurs, nous remarquons une relation négative et significative (au seuil de
5 %) entre le niveau de diversification totale d’une entreprise et la représentation des
femmes au CA. Ce résultat contraste avec notre deuxième hypothèse. Enfin, dans le

196
Où sont les femmes ? Déterminants organisationnels de la représentation
des femmes dans les conseils d’administration

prolongement de l’étude de Moulin et Point (2012) et de celle de Nekhili et Gatfaoui


(2013), nous prenons en considération une autre facette des caractéristiques organisa-
tionnelles à savoir la structure de propriété. Nous constatons que l’actionnariat familial
ainsi que l’actionnariat financier et institutionnel n’ont aucune influence significative
sur la représentation des femmes au CA. Parmi nos variables de contrôle, seule la taille
du CA est significativement corrélée avec la représentation des femmes au CA.

Dans l’ensemble, nos résultats sont en accord avec la littérature existante. Ils sont en
adéquation avec ceux d’Hillman et al. (2007) et de Moulin et Point (2012), qui constatent
un lien positif et significatif entre la taille de l’entreprise et la présence de femmes au
CA. De même, nous confirmons l’existence d’une relation négative et significative (au
seuil de 5 %) entre le niveau de diversification et la représentation des femmes au CA,
laquelle est également observée dans les deux études précitées. Par ailleurs, à l’instar
de Moulin et Point (2012) et de Nekhili et Gatfaoui (2013), nous constatons une relation
non significative entre l’actionnariat des investisseurs financiers et institutionnels et
la présence de femmes au CA. A contrario, l’absence de lien significatif entre l’action-
nariat familial et la représentation de femmes au CA constitue la principale pierre
d’achoppement dans les travaux de Moulin et Point (2012) et de Nekhili et Gatfaoui
(2013). Ces auteurs considèrent que l’actionnariat est le principal facteur explicatif
de la présence des femmes au CA. Concernant les variables de contrôle, nos résultats
sont en adéquation avec les études précitées.

Que ce soit dans notre étude ou dans celles d’Hillman et al. (2007) et de Moulin et
Point (2012), nous constatons un lien négatif et significatif (aux seuils de significativité
conventionnels) entre la stratégie de diversification et la présence de femmes au CA. Ce
résultat contraste avec l’hypothèse naturelle développée en l’espèce. Selon Scharfstein
(1998), il y a consensus, au sein du monde académique, sur le fait que la stratégie de
diversification est destructrice de valeur. En effet, les études montrent que les entre-
prises diversifiées, comparativement aux entreprises mono-segment, subissent une
décote de conglomérat de l’ordre de 12 à 15 % (Berger et Ofek, 1995 ; Lang et Stulz,
1994). Adams et Ferreira (2009) notent que les administratrices prennent davantage
part aux prises de décision du CA et contrôlent plus l’action des dirigeants. In fine, ces
auteurs montrent que les administratrices ont un impact significatif sur les inputs du
CA. Ainsi, la relation négative pourrait indiquer que la présence des femmes au CA
est incompatible avec les entreprises diversifiées ; par leurs avis et leurs conseils, ces
administratrices influenceraient vraisemblablement l’entreprise pour qu’elle procède
à une réorganisation, en vue de réduire le niveau de diversification (voir Martin et
Sayrak, 2003). L’actionnariat financier et institutionnel, censé opérer une pression
coercitive pour une plus grande représentation des femmes au CA, n’a pas l’influence
escomptée, probablement – comme le soulignent Moulin et Point (2012) – parce que
le fort activisme actionnarial observé dans le contexte anglo-saxon (Gillan et Starks,
2000) n’est pas aussi prégnant en France (Albouy et Schatt, 2009). Ainsi, l’absence de
relation significative traduit vraisemblablement l’attitude de ces investisseurs à l’égard
de la représentation des femmes au CA. Enfin, l’absence de lien entre l’actionnariat
familial et la représentation des femmes au CA peut s’expliquer par un effet temporel :
avant 2009, les entreprises familiales étaient surtout soucieuses d’intégrer des femmes
ayant un lien avec la famille fondatrice (par exemple chez BIC) ou avec le fondateur

197
N°78 - Juin 2015

(par exemple Vanisha Mittal chez ArcelorMittal). C’est « l’atout familial » décrit par
Moulin et Point (2013). Après 2009, les entreprises ont cherché à diversifier le profil
des administratrices, en fonction de leurs qualités ou des liens capitalistiques. Ce sont
les atouts « Représentation » et « Carrière », définis par Moulin et Point (2013). Le lien
non significatif observé pourrait en être le reflet. Enfin, Villalonga et Amit (2006) font
valoir que la performance des entreprises familiales varie grandement en fonction de la
manière dont le chercheur définit l’entreprise familiale. En effet, ces auteurs recensent
neuf définitions. Dans ces conditions, nos résultats non significatifs pourraient traduire
la porosité de notre mesure et l’évolution de l’activisme de l’actionnariat familial – actif
ou passif (Anderson et Reeb, 2003).

D’un point de vue pratique et managérial, notre étude conduit tout d’abord à considérer
que l’entreprise n’est pas une « boîte noire ». Les caractéristiques idiosyncrasiques
influencent donc la représentation des femmes au CA. Examiner les déterminants or-
ganisationnels de la présence des femmes au CA permet aux dirigeants, ainsi qu’à la
recherche académique, de mieux comprendre les leviers organisationnels favorisant la
représentation des femmes au CA. En l’espèce, nous montrons que la taille de l’entre-
prise a un effet positif et significatif sur la représentation des femmes au CA, en raison
de la pression exercée, par les parties prenantes, sur les grandes entreprises, en vue
d’une plus grande légitimité. De plus, nos résultats sont de nature à aider les femmes
à mieux cerner les leviers organisationnels leur permettant d’intégrer le « cercle inté-
rieur » (inner circle ; Useem, 1984) ou de rendre le « plafond de verre » plus perméable.

Cette recherche souffre toutefois d’un certain nombre de limites, qui pourront faire
l’objet d’études ultérieures. Premièrement, à l’instar d’Hillman et al. (2007), il faut
admettre que nos résultats ne peuvent être interprétés de manière linéaire. La théorie
néo-institutionnelle, qui s’imbrique dans la théorie de la dépendance des ressources,
examine également la notion de légitimité. Selon Moulin et Point (2012), cette théorie
s’avère être une grille d’analyse pertinente quant à la représentation des femmes au
CA. Plusieurs perspectives peuvent donc expliquer un déterminant organisationnel.
Deuxièmement, la théorie de la dépendance des ressources se concentre sur les dépen-
dances environnementales de l’entreprise. Nous n’avons pas analysé les déterminants
organisationnels internes, tels que le leadership ou la culture organisationnelle. Or,
ces facteurs internes sont susceptibles d’expliquer pourquoi parmi nos variables de
contrôle la taille du CA est positivement et significativement corrélée avec la repré-
sentation des femmes au CA. Des études ultérieures pourraient étendre le champ des
déterminants organisationnels. Troisièmement, une des limites de notre travail concerne
notre échantillon, qui ne comprend que des grandes entreprises cotées au SBF 120.
Nos résultats ne sont vraisemblablement pas applicables aux PME. Or, elles constituent
97 % du tissu économique français15. Comme le suggèrent Belghiti-Mahut et Lafont
(2010), l’étude pourrait être élargie aux PME. Quatrièmement, le SBF 120 varie au gré
des entrées et des sorties des entreprises qui composent cet indice au 31 décembre.
Ceci explique notre échantillon non cylindré sur la période d’étude. Reconnaissons que
ce manque de stabilité de l’échantillon peut influer sur nos résultats. Pour contourner
cette difficulté, une étude longitudinale pourrait être menée.

15 D’après les chiffres du CEDEF (Centre de Documentation Economie-Finances).

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Où sont les femmes ? Déterminants organisationnels de la représentation
des femmes dans les conseils d’administration

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