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ISLAM

Culture religieuse
5e secondaire
2

Références

Comprendre les religions, J.-M. de Foville, Éd. Hachette pratique, 2004


Guide de culture religieuse, Éd. Cerf Jeunesse, 1997
Histoire des religions en Europe, Éd. Hachette éducation, 1999
L’Islam, M. Grégoire, Coll. « Les grandes religions », Éd. Guérin, 1986
L’Islam, F. B. Voll, Feuillet de l’Église unie du Canada, Copermif, 1994
L’Islam pour les nuls, M. Clark et M. Chebel, First Editions, 2008
La tradition islamique, J.-M. Debunne, Coll. Labyrinthe, Éd. de la Pensée, 2002
Les grandes religions, V. Guigard, Coll. Les chemins de la foi, Éd. du Cerf, 2005
Les religions, P. Chavot, Éd. Hachette, 2007
« Raison versus déraison », P. Bouchard, Revue NIC, 22 octobre 2006
Vivre ensemble 5, M. Dubreuil et S. Farley, Éd. Erpi, 2009
http://islamfrance.free.fr/doc/coran/
http:/www.islam-guide.com

CULTURE RELIGIEUSE
3

« L’Islam »

L’ARABIE AVANT L’ISLAM

1. L’ETHNIE ARABE (« HOMMES DU DÉSERT » = BÉDOUINS)


L'ethnie arabe, connue historiquement depuis environ trois mille ans, a expérimenté les
cultures et les pratiques religieuses païennes, judaïques, chrétiennes... Depuis quinze
siècles, elle est majoritairement musulmane.
Quatre raisons principales expliquent la confusion entre Arabe et musulman :
 Le prophète de l'Islam fut Arabe.
 Le Coran, texte sacré de l'Islam, fut révélé en arabe.
 Les Arabes furent le premier noyau porteur de l'Islam.
 La tendance, fâcheuse, qui consiste à ne considérer les Arabes que sous l'angle de
la religion.
Cependant, on peut compter, parmi les croyants, des Arabes de confessions chrétienne et
juive. Aujourd'hui, sur près d'un milliard de musulmans, un cinquième, 20%, est arabe.

Doc. 1 : Carte de l’Islam dans le monde 

2. ORGANISATION SOCIALE ET ÉCONOMIQUE DE LA MECQUE AVANT LE 7E S.


La majorité des Arabes de l’époque sont des Bédouins, c’est-à-dire des nomades qui se
déplacent constamment pour pratiquer les deux activités qui constituent leur gagne-pain:
l’élevage de petit bétail et le pillage des caravanes.
La Mecque est une ville importante, car elle est un carrefour et une plaque tournante pour le
commerce des épices et des étoffes. Les grandes familles de La Mecque sont ainsi devenues
d’habiles entrepreneurs qui possèdent et organisent les caravanes. La richesse et la
puissance ainsi acquises par ces familles ont eu pour effet de miner la solidarité entre les
familles et les clans. L’autorité n’est plus exercée pas un chef de tribu, mais par un petit
groupe issu de ces familles riches. Il s’est ainsi creusé un fossé considérable entre les riches et
les pauvres. De plus, La Mecque est un lieu de pèlerinage pour diverses tribus de l’Arabie, en
raison du sanctuaire de la Ka’ba.
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2.1 Les classes sociales

Grands
propriétaires

-biens immobiliers
-maisons de jeux
-maisons closes
-caravansérails
-commerce
-élevage confié à des
bergers
-culture
-esclaves
Gouvernement des notables
(basé sur la richesse)
Le gouvernement comprenait les plus
riches de chaque clan,
l’armée et la police.

Petits agriculteurs, éleveurs, commerçants


(qui empruntent [avec hypothèque de leurs biens, de leurs familles et
d’eux-mêmes] aux grands propriétaires pour participer au commerce
caravanier. S’ils ne remboursaient pas : hommes = esclaves et femmes =
prostitution jusqu’à remboursement de la dette.)


Ce terrain sera propice à l’arrivée d’un changement. Les pauvres ont soif de justice et de
fraternité et ont la nostalgie des coutumes tribales.
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2.2 L’organisation générale

2.2.1 Plan géographique


Doc. 2 : Carte de l’Arabie Saoudite 

Steppe désertique =
Nord : élevage de
Ouest : Mer
Arabie des chameaux, chèvres,
Rouge
déserts moutons
bédouins
Steppe désertique =
Centre : élevages de
Est : Golfe
Arabie des chameaux, chèvres,
Persique
déserts moutons
bédouins
Sud : Moussons d’été =
Sud : Océan
Arabie agriculture
Indien
heureuse sédentaires

2.2.2 Plan social


Système tribal, clans (même ancêtre). On a adopté ce système pour des raisons de survie. Les
principaux personnages constituant le clan sont :
 Le chef (sheik)
Il est assisté d’un conseil et veille au maintien des coutumes en vigueur.
 L’arbitre
Il est choisi pour son jugement et sa perspicacité.
 Le devin
Il est familier des esprits (« djiins » vénérés par les gens), il conseille et prédit
l’avenir. Il est toujours consulté pour la prise de décision importante.
 Le poète
C’est un être puissant qu’on dit être inspiré par un esprit. Il chante l’amour, la
haine, les combats et l’orgueil tribal. Pendant le pèlerinage à La Mecque il y avait des joutes
de poésie. L’art de la parole pratiqué selon les règles très complexes et très strictes de la
poésie arabe est pratiquement la seule forme d’art que connaissent les Arabes de cette
époque. Chaque tribu est représentée par son poète, qui devient ainsi un personnage
important, au même titre que le chef et le devin. Le fait d’être loué par un poète assure une
sorte de survie dans la mémoire des générations à venir. Cela est d’autant plus important que
ces gens ne savent pas trop à quoi s’en tenir par rapport à ce qui se passe après la mort.

2.2.3 Plan moral


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Ils vivent le moment présent, car ils ne savent pas s’il y a une vie après la mort
ou non. De plus, ils accordent de l’importance aux valeurs suivantes :
 honneur
 loyauté au clan
 générosité
 hospitalité : grandeur d’âme
 bravoure
 virilité
 solidarité (car sinon on meurt, les conditions de vie étant trop
difficiles)
 obligation de vengeance du sang en cas d’insulte grave

2.2.4 Plan politique


Il n’y a pas d’unité politique, ce qui rend impossible la domination de ces
peuples. Face à une menace puissante, ils se regroupent d’où leur force. La mobilité des
tribus rend impossible la formation d’un gouvernement commun.

2.2.5 Plan économique


Ils vivent essentiellement d’une économie de subsistance : agriculture et
élevage.
La Mecque est un centre commercial important où l’on assure le transport, le
financement, l’aide diplomatique et autres activités liées au commerce. Elle reliait l’Arabie à la
Syrie et à la Mésopotamie. Dirigée par une poignée de gens riches. On y vend des épices, du
parfum, de l’ivoire, de la soie, de l’encens, des métaux précieux.

2.2.6 Plan culturel


Peu de gens savent lire et écrire, donc la culture suit une transmission orale.
Ainsi le poète, dont nous avons déjà parlé, est-il à la fois estimé et redouté à cause de son art
et de sa culture.

2.2.7 Plan religieux


Ils ont peu de convictions religieuses. Ils ne croient pas à la vie après la mort.
Dans l’ensemble on donne foi à des puissances spirituelles dans les sources, bosquets,
rochers et à quelques divinités locales ou tribales en lien avec des corps célestes et résidant
dans des pierres sacrées. Ils ont subi une légère influence de l’Éthiopie chrétienne et des
colonies juives dans la région de Médine.
Les principales divinités vénérées dans presque toute l’Arabie sont :
 l’étoile du matin
 la déesse du ciel
 la déesse du bonheur
filles du dieu supérieur « Allah » (« Al » = « El »).

La plus grande pratique religieuse est le pèlerinage à La Mecque autour de la


Ka’ba (« maison de Dieu » ou litt. « cube » ) avec les pierres sacrées représentant les 360
divinités tribale à partir du Ve s. L’ensemble des stèles mises côte à côte symbolise alors les
liens entre les diverses tribus. La Ka’ba aurait été édifié par Adam, détruit par le déluge et
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refait par Abraham et Ismaël qui y auraient scellé la Pierre noire, météorite apporté par
l’Ange Gabriel. Elle symbolisera ainsi, sous l’Islam, l’alliance entre Dieu et Abraham.

MUHAMMAD ET LA FONDATION DE L’ISLAM


3 VIE DE MAHOMET

3.1 De l’enfance au mariage


Les musulmans se reconnaissent descendants d’Abraham par Ismaël. On connaît la vie de
Mahomet par le Coran, les Hadiths (traditions se rapportant à Mahomet et à ses disciples) et
la Sira (biographies rédigées le siècle suivant la mort de M.).
Il appartenait à une tribu (Qurays « requins » : gardiens du sanctuaire de La Mecque.
Cependant, son clan avait été ruiné et chassé de La Mecque) de caravaniers vivant près de La
Mecque. Son père Abdallah mourut (dans un voyage) avant que Mahomet (« le plus loué »)
naisse à La Mecque vers 570 et sa mère Amina mourut également alors qu’il était très jeune
(6 ans) et son grand-père deux ans plus tard. C’est donc son oncle Abou Talib, comme le
voulait la tradition, qui l’éleva et lui apprit le métier de caravanier. C’est pour cela que le
Coran accorde une grande importance à la protection des orphelins.
Mahomet, trop pauvre pour se marier, se mit au service d’une riche commerçante veuve
(Khadidja, plus âgée que lui de 15 ans) de La Mecque. Satisfaite des services et de la loyauté
de Mahomet, elle l’épousa en 595. Ils eurent 2 (ou 3?) fils qui moururent en bas âge et 4 filles
dont une appelée Fatima.

3.2 Premières révélations


Mahomet avait un bel avenir devant lui, mais à cette époque, il commença à méditer (en
faisant de longues retraites dans les grottes près de La Mecque au mont Hira (près de la Mer
Rouge) et à avoir des révélations (de l’ange Gabriel qui lui dit « récite », car il ne savait ni lire
ni écrire) à 40 ans en 610. Il croyait devenir fou (il songea même au suicide), mais sa femme
l’encouragea à prendre au sérieux les révélations. C’est ce qu’il fit. Il cherche des solutions
aux problèmes sociaux aigus de la société arabe.
Il développe la conviction qu’Allah est l’unique Dieu, qu’il se situe dans la lignée des
prophètes juifs et peut restaurer le culte instauré par Abraham, l’assurance que sa
perspective peut donner un sens à la vie arabe.
Il accepte son rôle de prophète et se résout à prêcher et à réciter (Coran) les paroles
révélées.

3.3 Sa prédication à La Mecque


Le message de Mahomet est fondé sur la résurrection des morts, qui seront jugés à la fin des
temps. Il prêche principalement sur les conséquences de la façon de vivre des Mecquois. Il
invite les gens à suivre la volonté de Dieu, car Allah seul façonne et contrôle la destinée
humaine.
Peu à peu, à La Mecque, il commença à parler de ses révélations et comme il dénonçait les
injustices entre riches et pauvres, les Mecquois ne l’aimaient pas beaucoup. Il rappelait la
suprématie de Dieu et la vie après la mort. Rappelons-nous qu’ils étaient de riches
commerçants. Il leur demandait de détruire les idoles qui étaient autour de la Kabba, ce qui
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ne leur plaisait pas non plus, car cela ruinait les pèlerinages. De plus, s’ils lui donnaient raison,
ils devraient le nommer gouverneur et les riches perdraient leur pouvoir.
En résumé, Mahomet proclame que le but de cette vie n’est pas de s’enrichir, mais de se
soumettre à Allah. À cet avertissement s’ajoute bientôt la condamnation des idoles et des
divinités vénérées dans le sanctuaire de la Ka’ba, car Allah est le seul et unique vrai Dieu. Le
message heurte de front les deux bases de la puissance de La Mecque : la prospérité
commerciale et l’attrait qu’exerce le sanctuaire avec ses divinités.

3.4 L’hégire
Tant que sa femme (+ 619. Après il eut un harem d’environ 10 femmes) et son oncle furent en
vie, ils le protégèrent, puisque les habitants de La Mecque les respectaient, mais à leur mort,
Mahomet dut quitter La Mecque avec un petit groupe de personnes (env. 70) vers Yathrib
(Médine : « ville du Prophète ») où il devint arbitre. C’est l’hégire (migration) le 16 juillet 622
(début du calendrier musulman). On considère cet événement comme le début de l’Islam, car
il marque le passage entre une communauté minoritaire et persécutée en quête de tolérance
pour pratiquer et prêcher sa foi, à celui d’une communauté autonome, hégémonique et
conquérante.
Il se réfugia à Médina Al Nabi (ville du prophète : anc. Yatrib) avec ses disciples. Il y arriva non
pas en réfugié, mais à titre d’arbitre afin de résoudre les conflits qui divisaient depuis
longtemps les tribus de la ville. Ce statut lui fut consenti à cause de sa réputation de
négociateur et de pacificateur.
Ils commencèrent vraiment à vivre l’Islam : 1re mosquée (lieu de prosternation et
d’adoration), mise en place des lois, des règles, des rituels et des fêtes. Il revient aux règles
tribales d’autrefois, car elles étaient de plus en plus contestées. L’argent ne devait plus être
une condition de la hiérarchie, mais on devait agir par solidarité. On ne parle pas ici d’État
islamique comme veulent le faire croire les islamistes.
Mahomet réussit aussi à réunifier les tribus arabes, juives et chrétiennes par la « Constitution
de Médine ». La solidarité n’est plus basée sur le sang, mais sur la foi. Les Juifs de leur côté
refusent de le reconnaître comme prophète, car il n’est pas Juif. C’est pour cela que les
musulmans qui, au début, se tournaient vers la ville sainte, Jérusalem, ne le feront plus et
choisiront La Mecque à sa place. Les chrétiens mettent en doute l’autorité de Mahomet et se
réfèrent à l’Évangile plutôt qu’aux révélations du Prophète. Ils s’opposent à la polygamie, ne
veulent pas changer la direction de leur prière (vers l’est pour la Résurrection du Christ) et
refusent de faire le jeûne du Ramadan. Du coup, ils sont considérés comme des hypocrites et
deviennent donc menaçants pour l’Islam.

3.5 L’entrée triomphale à La Mecque


En 630, il rentre triomphalement, après avoir créé un réseau d’alliances avec les tribus
bédouines, à La Mecque, sans violence. On dit d’ailleurs qu’il utilisait la violence seulement
lorsqu’il avait épuisé ses ressources de persuasion :
 bataille gagnée malgré l’infériorité du nombre;
 diplomatie basée sur la compréhension des relations tribales et de la nature du
pouvoir mecquois;
 négocie le droit de pèlerinage à la Ka’ba (attaché aux anciennes traditions). Il en fait
le symbole du retour à la religion d’Abraham.
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3.6 Le Coran
Doc. 3 : La Fatiha (1re sourate) : l’ouverture 
Mahomet n’a pas écrit le Coran, mais ses disciples ont appris par cœur les messages transmis
à Mahomet par Dieu et les ont notés sur des pierres, des morceaux de cuir et des omoplates
de chameau. En 652, 20 ans après la mort du Prophète, ont rassembla tous les textes pour
établir la version définitive. Elle est composée de 114 sourates (chapitres, de l’arabe
« révélation », « texte écrit ») divisées en 6 226 aya (versets, de l’arabe « signes »,
« prodiges ») Le Coran a Dieu pour auteur. Il couvre tous les aspects de la vie (spirituelle,
religieuse, sociale et juridique). Le Coran est fait pour être récité à voix haute. Les sourates ne
sont pas en ordre de révélation, la 1re étant la 96e sourate, mais en ordre décroissant de
grandeur exception faite de la 1re. Celle-ci est particulière, car elle « ouvre » le Coran dont elle
est le condensé : le Dieu miséricordieux et tout-puissant que l’on adore, le Jugement dernier
qui exige de suivre le droit chemin. Les dernières sourates sont en fait les plus anciennes. Le
Coran est l’élément fondateur de la littérature arabe. Le Coran est toujours lu en arabe dans
la mosquée. On ne doit pas toucher le Coran avec des mains sales, c’est manquer de respect
à Dieu et nulle partie ne peut être retranchée ou ajoutée. Chez les musulmans, deux
tendances existent quant à l’interprétation du Coran et l’application des principes qui en
découlent :
 le Prophète « rappelle », mais ne « contraint » pas. Il veut conquérir les cœurs et
non les corps.
 toute l’expérience de Mahomet fait partie de sa mission de Prophète et engage
les musulmans au même titre que le Coran.
CORAN
LA MECQUE MÉDINE
(610-622) (622-632)
(écrit pendant les 10 ans de conquêtes)
 Idées de l’AT et du NT
 Reconnaît Abraham, Moïse,  Réaction à la persécution vs à celle de
Jésus (grand prophète), Marie Jésus (martyr). Lui réagit à l’injustice à
 Prière, jeûne, aumône son égard.
 Unicité de Dieu et rejet du  Opposition aux Juifs et aux Chrétiens
polythéisme  Règles sociales et personnelles
 Prophètes
 Jugement dernier
 Paradis/Enfer « Crois ou meurs »
« Pas de contrainte en religion » (Coran 9:5)
(Coran 2:256) (verset de l’épée)
au début de ses conquêtes, les Juifs pour justifier la guerre sainte dite djihad1, combat
et les Chrétiens pouvaient pratiquer dans la voie de Dieu, contre soi-même pour
librement leur religion à condition de devenir meilleur, mais aussi contre les infidèles

1
Litt. « effort», « le combat pour une juste cause ».. Il y a deux types de djihad : la « petite » est la lutte
pour la défense ou l’établissement de l’Islam contre les infidèles (au début les Juifs et le Chrétiens n’étaient
pas visés, mais par la suite on reproche aux premiers de ne pas avoir écouter les prophètes et aux seconds
de croire en Jésus comme Fils de Dieu et à la Trinité) et la « grande » est le combat moral contre les vices
et les passions. C’est l’effort qu’on doit faire en permanence pour adopter un comportement respectueux,
fraternel et conforme à l’amour qu’Allah témoigne aux êtres.
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payer un tribut aux musulmans. qui remplace la « razzia ».

Doc. 4 : Le statut de « protégés » 

Le Coran de La Mecque

Mahomet a reçu une formation judéo-chrétienne d’un évêque qui l’a encouragé à prêcher
le monothéisme aux Arabes idolâtres. C’est alors qu’il a rédigé la partie du Coran dite «de
La Mecque ». Les sourates de cette première période de rédaction sont d’inspiration
chrétienne. Elles contiennent des vérités tirées de l’AT et du NT, comme la foi au Dieu
d’Abraham, de Moïse et de Jésus, l’exhortation à la morale et à la vertu et l’appel aux
trois moyens ascétiques : la prière, le jeûne et l’aumône. De plus, elles reconnaissent que
Jésus est un grand prophète né de la Vierge Marie.

Le Coran de Médine

À la suite de la persécution que lui-même et son groupe subissent à La Mecque, Mahomet


émigre à Médine. Un changement radical s’opère en lui. Ce changement vient de la
réaction à la persécution. Au lieu d’imiter le Christ sur la voie de la fidélité à Dieu jusqu’au
martyr, Mahomet se débattra violemment contre l’injustice dont il est victime. L’homme
de prière qu’il était se transforme en guerrier ambitieux, cruel, sensuel et sans scrupules.
Il rompra définitivement avec le christianisme et ne respectera plus les peuples du Livre.
Il forcera ses ennemis à se soumettre à son autorité. Cette période de conquête a duré 10
ans pendant lesquels le Coran de Médine a été rédigé. Il servira de justificatif à l’action
militaire du Prophète, aux razzias, à la polygamie qu’il instaure pour lui-même et ses
compagnons. Il peut avoir autant de femmes qu’il veut, mais les autres seulement 3 ou 4.

Le verset de l’épée annule tout enseignement contraire qui le précède.

P. Bouchard, NIC, 2006

 Doc. 5 : Se désarmer
Dans l’Islam, c’est l’humain qui est à l’origine du mal. Parce qu’il est ignorant et dominé par
ses passions, l’homme n’arrive pas à discerner le bien du mal de façon adéquate. Ainsi, tout
musulman qui veut se libérer du mal doit se soumettre à Allah et à ses règles inscrites dans le
Coran.
Il mourut subitement à 62 ans le 8 juin 632 à Médine (de pleurésie ou de paludisme?) à son
retour de pèlerinage à La Mecque.
Les disciples de Mahomet ont observé des comportements et retenu ce qu’il avait dit en
diverses circonstances. Ils ont rassemblé ces faits et ces dits (« hadiths ») dans un recueil qui
constitue la « sunna » (tradition du Prophète). Ainsi, à cause des nombreuses conquêtes
qu’ils ont faites par la suite, ils ont été confrontés très vite à des situations nouvelles. Le
Coran leur fournissait des principes éthiques et certaines dispositions légales pouvant les
guider, mais dans bien des cas cela n’était pas suffisant. Pour combler ce silence du message,
quoi de plus naturel que d’interroger le Messager? C’est ce qu’avaient fait les premiers
musulmans pendant la vie du Prophète, et c’est ce qu’ont continué de faire les croyants,
après sa mort, en scrutant ses faits et gestes rapportés par les récits. Graduellement, le
Prophète a ainsi acquis un statut d’exemple, de modèle pour les croyants. Ses faits et gestes
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sont devenus une norme qui guide l’agir des musulmans. Voilà pourquoi dans l’Islam des
éléments qui ne sont pas tels quels dans le Coran, mais que les musulmans considèrent
comme découlant du Coran à cause de la façon de faire ou des paroles du Prophète.
En fin de compte, 200 000 récits circulaient. On en a fait un tri au 9e s. et on en a retenu 2 762
dits « authentiques ».

3.7 Le schisme – on le fait si le temps le permet à la fin du cours sur l’Islam


À la mort de Mahomet, c’est la crise pour déterminer son successeur, car il n’a pas laissé de
fils. Il y a eu trois califes (successeurs du Prophète appelés « vicaires ») en 30 ans :
 Abu Bakr (632-634 – beau-père) probablement le 1er disciple de Mahomet, qui prendra
la relève pendant sa courte maladie pour diriger la prière et reconnu de tous pour son
intégrité morale.
 Omar (634-644 - beau-père) C’est lui qui choisit la date de l’hégire et favorisa une
politique de tolérance vis-à-vis des juifs et des chrétiens en se basant sur les passages
du Coran de La Mecque. Il ne les obligea jamais à se convertir à l’Islam. Il sera
assassiné à cause d’une vengeance privée.
 Otman (644-656 - gendre) C’est lui qui a constitué le Coran tel que nous le
connaissons aujourd’hui. Assassiné lui aussi.
Au 4e successeur, Ali, mari de Fatima le schisme entre chiites et sunnites se produira.
Son accession au pouvoir suscita la révolte d’un parent d’Otman, Muawiya. Le combat
s’engagea entre les deux partis sur les bords de l’Euphrate. Ali était sur le point de gagner
lorsque ses ennemis enjoignirent leurs soldats de placer des versets du Coran à la pointe de
leurs lances. Le calife accepta une trêve, mais un groupe important de ses partisans les plus
fidèles refusa la suspension des hostilités. Ils se séparèrent de lui et prirent le nom de
kharidjites (« révoltés », du verbe arabe kharadja, sortir). L'un d'eux assassine même Ali en
661. Moawiya se fit alors reconnaître comme calife ce qui fut considéré comme usurpation
par les partisans d’Ali qui formèrent alors la chia el Ali, le parti d’Ali (en arabe, chiites ou
chi'ites).
La secte kharidjite va s'épanouir chez les Berbères d'Afrique du Nord, autour de Tahert
(Algérie actuelle). Elle est aujourd'hui très marginale... Ce sont des intégristes qui se marient
entre eux. Ils sont égaux entre eux, ils peuvent tous être califes. Ils sont aujourd’hui env.
1 000 000 et exercent surtout le métier de commerçants (très puissants) ou d’agriculteurs. Ils
s’expatrient souvent pour créer des commerces, mais reviennent toujours chez eux, au
moins pour s’y faire enterrer, les cimetières jouant un rôle important dans leur pratique
religieuse et sociale.
Au 8e s., Ismaël le fils du 6e imam qui devait lui succéder est mort avant son père. Ses
partisans refusèrent la nomination du 7e imam et affirmèrent qu’Ismaël était le Messie, qu’il
n’était pas réellement mort et qu’il reviendrait un jour faire régner la justice et la vérité. Les
Ismaéliens veulent faire régner l’esprit du Coran sur la lettre. Ils sont très respectueux des
autres religions. Ils sont env. 20 000 000 dans le monde aujourd’hui. Ils reconnaissent
l’autorité d’un chef unique considéré comme descendant direct du Prophète. Ils ont un
encore un grand rôle culturel et intellectuel. On le retrouve surtout en Égypte et au Maghreb.

3.7.1 Chiites (env. 12% surtout en Iran, en Irak, au Liban, au Pakistan, en Turquie, en
Afghanistan)
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Les chiites (« dissidence ») représentent aujourd'hui un dixième seulement de l'ensemble des


musulmans (environ 100 millions de fidèles). Mais ils sont majoritaires en Irak et en Iran et
forment une communauté influente au Liban. On les retrouve aussi au Koweït, au Pakistan,
en Turquie, en Afghanistan. Les musulmans chiites attribuent une importance cruciale au
culte de l'imam (d'après le mot arabe amâma qui veut dire devant, guide). Cet imam chiite
(fidèles à la tradition) n'a rien à voir avec l'imam qui, chez les sunnites, préside simplement à
la prière dans les mosquées. Il est le descendant d'Ali, le gendre du Prophète. Il est réputé
infaillible dans l'interprétation du sens caché du Coran. Tous les fidèles lui doivent allégeance.

Il existe aussi la secte chiite des Ismaéliens d’où sont issus les Druzes (fin du 10e s. –début du
11e s.) (habitants musulmans arabophones des régions montagneuses du Liban, de Syrie et
d’Israël). Ils se sont distingués des musulmans en s’opposant à plusieurs préceptes du Coran
et ont fait une synthèse de plusieurs religions et courants philosophiques. Ils n’ont pas de
lieux de culte, de pratiques religieuses ni de rites particuliers et leurs croyances ne sont
révélées qu’aux initiés. Ils rejettent la sha’ria et les obligations qui en découlent. Ils croient
qu’une âme peut habiter plusieurs vivants à la fois, hommes, plantes ou animaux.

3.7.2 Sunnites (env. 88%)

L'islam sunnite ou sunnisme (ّ‫ي‬ ِّ ‫س ِّن‬


ُ sunnīy) est le principal courant religieux de l'islam. Les
adeptes de la tradition sunnite sont dénommés sunnis ou sunnites.
Il est admis parmi les sunnites que le nom est dérivé du mot sunna qui représente la ligne de
conduite du Prophète Mohammed. Une autre interprétation du nom est que cela est dérivé
du mot « Sunni » qui signifie un chemin moyen se rapportant à l'idée que le sunnisme est un
courant entre le chiisme et le kharidjisme.

3.8 Particularités
Le croissant (et la lune) rappelle que leur calendrier religieux est lunaire.
Dans les miniatures (qui illustrent les manuscrits), le visage de Mahomet est voilé ou entouré
de flammes. Il n’y a pas de représentations de Mahomet, celles qui existent viennent des
pays qui ont adopté l’Islam tout en conservant leur culture, comme la Perse.

LES CROYANCES – LA FOI


4. CINQ PILIERS DE L’ISLAM

 La foi (shahada)
 La prière (salats)
 L’aumône (zakat)
 Le jeûne (sawm)
 Le pèlerinage (hajj)

4.1 La profession de foi


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La profession de foi des musulmans est : « Il n’y a de Dieu qu’Allah et Mahomet est son
prophète. » Cette formule est répétée plusieurs fois par jour. Par celle-là même, on renonce
aux idoles et on affirme l’autorité de Dieu.
Tous peuvent devenir musulmans. Le Coran invite les croyants à faire connaître l’Islam par
l’exemple et la persuasion. Pour se convertir à l’Islam, il faut prononcer publiquement cette
formule avec foi et devant deux témoins et se soumettre à Dieu, et ce, jusqu’à la mort.

4.1.1 Les croyances


4.1.1.1 Dieu
 celui-là seul à qui on doit adoration
 unique et non incarné
 créateur
 parfait
 transcendant
 « plus proche de nous que la veine de notre cou »
 omniprésent
 omniscient
 tout-puissant
 arbitre du bien et du mal
 il possède 99 noms, le 100e est révélé seulement à ceux que Dieu a choisis sur terre et
à tous ceux qui obtiendront la vie éternelle. Ces noms sont tirés du Coran et on les
récite sur un chapelet de 33 grains (3 fois). On dit que le croyant qui connaît tous les
noms peut entrer au Paradis. Ce n’est pas un acte magique, mais l’expression de la foi
qui sauve
 pas de saints pour intercéder. Dans la pratique, on vénère les personnes qui ont été
de bons musulmans et on fait parfois des pèlerinages sur leurs tombeaux pour
obtenir des faveurs
 pour ne pas être tenté par l’idolâtrie : pas de tableaux d’humains ou d’animaux dans
les mosquées ou ailleurs
 il a transmis un message aux humains par l’entremise d’Abraham, de Moïse et de
Jésus. Son dernier prophète est Mahomet
Doc. 6 : Les 99 noms de Dieu. 
4.1.1.2 Anges
 êtres lumineux et spirituels créés par Dieu
 3 fonctions :
 faire la volonté de Dieu
 adorer Dieu constamment
 garder le paradis
 2 anges notent tout ce que l’homme fait de bien et de mal
 Gabriel : messager de Dieu aux prophètes
 Raphaël (Israfil) : l’ange de la résurrection : sonnera la trompette de la fin du monde
 Izrail, l’ange de la mort : amène l’âme au paradis/enfer = mort
 Satan (Iblis) : ennemi de l’homme qui a refusé de se prosterner devant Adam, pour
montrer la supériorité de l’humain sur les anges. Il a subi la malédiction d’Allah et,
pour se venger, il essaie de tromper les humains, de leur montrer le chemin du mal.
14

4.1.1.3 Prophètes
 L’homme a besoin de quelqu’un pour le guider dans les voies de Dieu, car il est
incapable de le faire seul
 Ce sont des hommes choisis et envoyés par Dieu comme messagers, mais ils n’ont
pas d’attributs divins
 Ils ont pour rôle d’appeler les autres à la conversion
 Il y a 28 prophètes dont 18 de l’AT (Noé, Abraham, Jacob, David, Salomon, Moïse,
etc.) et 3 du NT (Zacharie, Jean-Baptiste et Jésus)
 Par respect, lorsqu’on prononce leur nom on ajoute : « Que Dieu le bénisse! »
 Il y a 4 principaux prophètes à part Mahomet : Noé, Abraham, Moïse et Jésus.
 Jésus est le fils de Marie (la seule femme à qui est consacrée une sourate, la 19e) et
non celui de Dieu. Il a été conçu miraculeusement par Allah et sa mort en croix n’est
qu’une « apparence », si bien qu’il ressuscitera au Jour du Jugement, comme les
autres mortels. On lui consacre 15 sourates.
 Mahomet : sceau de la prophétie : n’ajoute rien, mais en confirme l’authenticité tout
en étant un modèle à suivre. C’est pourquoi les croyants sont invités à croire aux
prophètes et aux Livres : la Torah donnée à Moïse, les Psaumes donnés à David et les
Évangiles donnés à Jésus. Allah n’enverra donc plus d’autres prophètes d’ici le Jour
du Jugement à la fin du monde.

4.1.1.4 Livres
 Juifs, Chrétiens et Musulmans : peuples du Livre. Ils respectent ces livres aussi, car ils
ont reçu la révélation de Dieu. De Mahomet à la Première Guerre mondiale, les Juifs
et les Chrétiens auront un statut de « protégés », moyennant un impôt et
l’acceptation d’une infériorité légale dans les pays musulmans.
 Le Coran a été révélé par Gabriel à Mahomet et constitue la preuve de l’existence de
Dieu.
 Il complète ce qu’Allah avait déjà dit aux humains dans les Livres antérieurs et met un
point final à la Révélation, qui est close désormais. Les humains savent dorénavant
tout ce qu’ils ont besoin de savoir pour se conformer à la volonté d’Allah et retourner
vers Lui pour recevoir la récompense du paradis.
 Il commande toute la vie du musulman.
 Le croyant a une grande vénération pour le Coran, car c’est une autorité en matière
de foi et de loi, on évite de le souiller.

4.1.1.5 Jour du jugement


L’être humain, selon le Coran, a été créé faible, impatient et téméraire. Il a donc besoin de
suivre les directives divines et de se soumettre à la volonté d’Allah s’il désire compter parmi
les justes le jour du jugement.
Quand l’humanité aura atteint le fond du gouffre et qu’il n’y aura plus d’adorateurs de Dieu,
la trompette sonnera et la terre sera détruite. Il y aura des cataclysmes qui accompagneront
la résurrection des morts.
La tradition islamique fournit une image détaillée de ce qui se produit dans la période entre
la mort et l’entrée au ciel ou en enfer. Après la mort, deux anges procèdent à l’examen du
défunt enterré. Pendant cette période limitée (de l’examen des actes) l’âme reste
emprisonnée dans la tombe. De la vie à la mort, il y a différentes étapes :
15

 40 jours avant le décès, Dieu décide de la mort de la personne. On ne peut y


échapper.
 Izrail extrait l’âme du corps du mourant.
 Satan essaie de détourner la personne de sa foi.
 La personne est accueillie dans sa tombe et peut y voir soit les délices du
paradis ou les tourments de l’enfer qui l’attendent, selon le type de vie qu’elle
a menée.
 La personne peut tenter de traverser les 7 cieux pour voir ce qui l’attend.
 L’âme est réunie au corps dans la tombe.
 Les anges de la mort interrogent la personne défunte : « Qui est ton
Seigneur? » Les martyrs et les prophètes n’ont pas cet interrogatoire et vont
directement au ciel.
 La personne est en punition dans la tombe (il ne s’agit pas de la damnation de
l’enfer).
 Après 40 jours maximum, la punition se termine. La personne reste alors dans
la tombe inconsciente jusqu’au jour de la résurrection. C’est la période dite de
« la barrière ».
Plusieurs musulmans croient qu’Allah leur sera plus miséricordieux qu’aux autres car ils sont
musulmans, mais tous peuvent être sauvés.
À la résurrection, les corps reprendront forme dans leurs tombes. Mahomet ou un autre des
prophètes juifs sera le premier à ressusciter d’entre les morts (esprits et corps réunis).
Viendra alors la résurrection de tous les musulmans, puis finalement de tous les non-
musulmans. Seul Dieu sait combien de temps durera la période d’anticipation craintive des
morts quant à leur destin de ressuscités avant qu’ait lieu le Jugement dernier.
Les humains seront rassemblés pour être jugés et recevoir leur juste rétribution : les actes de
chacun seront pesés sur la balance de la justice : ciel ou enfer (purgatoire). On fait les
comptes avec Dieu et il nous remet le livre de notre vie (accroché à notre cou au moment de
la mort) dans la main droite si nous allons au paradis et dans la main gauche si nous allons en
enfer. Pour savoir où nous sommes destinés, Allah pèse nos actes, les bons ayant plus de
poids que les mauvais. Il y a un poids minimal à atteindre pour aller au paradis. Il est connu
de Dieu seul.
La personne brûle dans le feu de l’enfer qui le purifie de ses souillures puis va au ciel sauf si
elle refuse de croire en l’existence de Dieu. Le Coran regorge d’images de l’enfer, de torture,
mais sans en donner un panorama complet. Autant au paradis qu’en enfer, il y a 7 degrés. La
punition est proportionnelle au péché. Les images sont là surtout pour dissuader les croyants
de mal agir.

4.1.1.6 Prédestination
Les hommes ont le libre arbitre, mais ils croient que Dieu sait tout, qu’il a écrit tout le passé et
le futur, que tout ce que Dieu décide arrive et ce qu’il ne veut pas n’arrive pas et qu’il est le
créateur de toute chose.
16

LES PRATIQUES RELIGIEUSES


Doc. 7 : Les cinq piliers de l’Islam. 

5. LA PRIÈRE (« salat »)
Doc. 8 : La prière. 

Elle sert à louer et à implorer Dieu.

5.1. Les prières quotidiennes


Le croyant est toujours tourné vers La Mecque (kibla) indiquée dans la mosquée par une
niche (mihrab) creusée dans le mur précédé de quelques marches. Au Canada on se tourne
vers l’est.
Il prie 5 fois par jour en arabe : à l’aube (fil blanc et noir), le midi, en après-midi, au crépuscule
et à la nuit tombée. Si on ne peut pas prier aux moments fixés, on se reprend plus tard. Ce
nombre n’est pas fixé par le Coran, mais par la tradition qui dit que Mahomet priait lui-même
cinq fois par jour.
La prière se fait dans un endroit propre. Elle est précédée par les ablutions dans cet ordre :
bouche, mains, bouche, nez, visage, oreilles, main et avant-bras droits puis main et avant-bras
gauche, tête (nuque, front et cheveux), pied droit et pied gauche. Les vêtements et sous-
vêtements doivent être parfaitement propres. Si depuis la dernière ablution on s’est évanoui,
on est allé aux toilettes, on a dormi ou on a lâché un gaz, on doit faire la petite ablution. Si on
a eu une relation sexuelle ou qu’on a contrevenu à la loi, alors il faut fait la grande ablution
où on lave le corps tout entier. À la mosquée il y a un robinet ou étang pour l’eau. La
purification extérieure n’est que l’image de la purification intérieure : abandonner les
mauvaises pensées et les distractions pour mieux se recueillir. Le tapis n’est pas obligatoire :
on l’utilise par souci de propreté seulement et pour marquer la séparation du monde
profane.
Les enfants, les femmes menstruées et les 40 jours suivant l’accouchement sont exemptés
de la prière.
Le muezzin annonce la prière du haut du minaret. L’imam dirige la prière communautaire qui
est plus méritoire que celle individuelle. On en imite les gestes.
La mosquée (« lieu où se prosterner ») est le lieu de prière. Seuls les hommes sont obligés d’y
aller. Les femmes restent derrière, couvertes. La manière de prier des femmes musulmanes
est différente de celle des hommes. C'est mieux pour la femme musulmane de prier chez elle
qu'à la mosquée, tandis que c'est mieux pour les hommes d'aller à la mosquée. Les Hadiths
affirment que les femmes qui prient chez elles ont plus de mérite que celles qui prient à la
Mosquée. Cependant, c'est possible pour les femmes de prier à la mosquée. En fait, on peut
prier n’importe où : tout l’univers est saint.

Avant d’entrer dans la mosquée, on retire ses chaussures par respect pour Dieu. La prière se
fait sous forme de prosternation.
17

5. 2 La prière hebdomadaire
Elle a lieu le vendredi après-midi et remplace celle du début du midi. L’umma (communauté)
se rassemble à la mosquée pour entendre le sermon de l’imam, prier et par la suite discuter
des problèmes de la semaine qui se termine. Ce n’est pas un jour de repos.

5.3 Les prières annuelles


Elles ont lieu à la fin du Ramadan (« la petite fête ») et à la fin du mois du pèlerinage (« fête du
mouton »).

6. LE JEÛNE

D’une durée d’un mois complet du calendrier lunaire, le mois du Ramadan « mois de la
chaleur ») est le 9e mois du calendrier musulman, mois durant lequel le Coran a été révélé à
Mahomet.
À partir de la puberté, de l’aurore au coucher du soleil, il ne faut pas boire ni manger, ne pas
fumer, ni avoir de relations sexuelles. On peut manger avant l’aube et après le coucher du
soleil. On contrôle aussi la langue, les yeux, les mains, les mauvaises pensées, les mauvaises
actions. Ce jeûne vise à combattre les passions et à purifier l’âme.
Les enfants, les malades, les vieillards, les femmes menstruées, les femmes enceintes et
jusqu’à 40 jours après l’accouchement et les voyageurs sont dispensés du jeûne du Ramadan.
Pendant le jeûne, ils doivent vaquer leurs occupations quotidiennes. S’ils manquent des jours
de jeûne, ils doivent les reprendre ou faire une aumône aux pauvres (équivalente de ce qu’ils
ont mangé).
C’est un temps de grâce qui nous aide à partager la souffrance des pauvres. On est donc plus
généreux.
Le soir il y a 20 unités de plus de prières non obligatoires.
Vers la fin du Ramadan c’est la « Nuit du pouvoir » ou « Nuit du destin » rappelant le moment
où l’ange Gabriel a révélé à Mahomet sa mission: éveillés toute la nuit, ils récitent le Coran,
prient et demandent pardon à Dieu pour toutes les fautes commises. Certains visitent aussi
des cimetières.
À la fin du ramadan, nouvelle lune dans le dernier jour du mois du jeûne, on célèbre le grand
festival Id Al-Fitr.
Le lendemain on se lave, on porte de nouveaux vêtements, on se parfume et l’on déjeune.
Suivent une grande prière commune et l’échange de friandises et de cartes de souhaits.

7. L’AUMÔNE

On fait l’aumône pour imiter le Prophète. L’aumône purifie les biens de ce monde dont il
n’est permis de jouir qu’à la condition d’en restituer une partie à Allah.
Les musulmans doivent donner une part de leur revenu s’ils en ont les moyens : c’est l’impôt
sur la richesse appelé aussi « aumône obligatoire ». Dans les pays musulmans, l’impôt est
considéré aumône obligatoire. Il est possible aussi de faire un don libre, appelé aumône
spontanée. On choisit la cause que l’on désire aider: d’abord les proches, puis les voisins, puis
18

les gens de notre milieu, les voyageurs et les étudiants ou une autre cause comme la
construction d’une mosquée, par exemple.

8. LE PÈLERINAGE

La Mecque est la ville sainte par excellence, suivi de Médine et de Jérusalem. Le pèlerinage
est obligatoire une fois dans leur vie, à La Mecque si la personne est physiquement et
financièrement capable. Il y a un quota par pays par année sinon trop de monde s’y rend. Il
efface tous les péchés du pèlerin.
Le pèlerinage a une durée de 4 jours et a lieu le 7e jour du 10e mois (« mois du pèlerinage ») de
l’année pendant les jours prévus à cette fin (du 7 au 10). On peut aussi faire le pèlerinage en
dehors du temps prescrit, mais on parle ici du « petit pèlerinage » qui ne remplace pas le
« grand pèlerinage », pilier de L’Islam. Il est interdit aux non-musulmans sous peine de mort.
De plus, les non-musulmans ne peuvent entrer à Médine ou sur le parvis de la mosquée de
Jérusalem. La Kabba est située à l’intérieur de la mosquée de La Mecque qui est 20 fois plus
grande que la Basilique Saint-Pierre de Rome et peut contenir jusqu’à 1 million de personnes.
La mosquée a été construite par Omar et rénovée à plusieurs reprises par la suite.

Le pèlerinage est fait à l’âge mûr pour être prêt spirituellement et avoir rempli ses devoirs
familiaux et pouvoir éventuellement mourir en terre sainte. Aussi faut-il avoir ramassé
l’argent, parfois de toute une vie, pour y aller. Ceux qui viennent d’autres pays sont
accompagnés par un guide tout au long du pèlerinage, car souvent ils ne parlent pas bien
arabe ou encore ils ne connaissent pas toujours bien la procédure. Le visa coûte environ 250$
(ce qui inclut tout sauf le billet d’avion).

8.1 À La Mecque
Le pèlerin fait le dernier bout du trajet à pieds puis suit les activités rituelles. Pendant le
pèlerinage ils ne doivent pas avoir des relations sexuelles ni se couper les cheveux ou les
ongles. Ils vont souvent répéter cette prière attribuée à Abraham : « Me voici, mon Dieu, me
voici ». Les pèlerins habitent sous des tentes équipées d’électricité, de climatisation, de
toilettes, etc.:

8.1.1 Premier jour


 on revêt l’habit blanc du pèlerin (« ihram ») après avoir fait la grande ablution. Le
même habit pour tous, car nous sommes tous égaux devant Allah. Pour la femme, il
n’y a pas de type d’habit prescrit en particulier, mais il ne faut pas porter de
vêtements cousus et de cuir. Elles ne peuvent porter de bijoux ni se parfumer, mais la
tête doit être couverte;
 on boit de l’eau du puits Zemzem (grande ablution) où Abraham s’est abreuvé;
 on fait 7 fois2 (les 3 premières fois en dansant et en courant comme les anges autour
du trône de Dieu) le tour de la Ka’ba3 («maison de Dieu» que l’on verra, semblable, au
7e ciel) et on embrasse la « Pierre noire » (ou on la touche ou on la salue chaque fois
que l’on passe devant) recouverte d’un drap noir brodé en or avec les versets du

2
7 pour le nombre de cieux traversés par Mahomet ou pour les 7 jours de la création
3
On dit qu’à l’origine la pierre était immaculée, mais qu’elle a été noircie par le péché des hommes.
19

Coran changé chaque année à la fin du pèlerinage. Ce geste symbolise le pacte entre
Allah et la race humaine, pacte renouvelé par Abraham;

 Ensuite, on fait un moment de prière dans la Kabba entre la Pierre noire et la porte
d’entrée. Comme nous sommes à La Mecque, on peut prier dans toutes les
directions;
 on fait l’aller-retour sept fois entre deux monticules puis on s’arrête au puits. Rappel
de l’histoire d’Agar et d’Ismaël dans le désert;
 on écoute un sermon d’un cadi de La Mecque (spécialiste de la loi coranique).

8.1.2 Deuxième jour


 Le pèlerin va dans la vallée d’Abraham pour méditer. La plupart y passent la nuit
comme le fit Mahomet lors de son dernier pèlerinage.

8.1.3 Troisième jour (point culminant du pèlerinage)


 Le pèlerin prie dans la plaine d’Arafat sur le mont de la miséricorde où Abraham a
sacrifié Ismaël et où Mahomet a fait son dernier sermon lors de son dernier
pèlerinage;
 Il doit se tenir debout et prier de midi au coucher du soleil, en jeûnant, idéalement ou
y passer le plus de temps possible;

 Il passe la nuit en prière.

8.1.4 Quatrième jour :


 On lapide Satan en lançant 7 cailloux (sur la plus grande des trois stèles) aux démons
symbolisés par trois colonnes de tailles différentes (grand, moyen et petit Satan);
 On sacrifie un animal à l’occasion de la fête des sacrifices ou du mouton, jusqu’au
12e jour du mois, en souvenir du sacrifice d’Abraham et la viande est envoyée dans les
pays du Tiers-Monde (à La Mecque seulement) : festival du sacrifice. Comme
Abraham a été prêt à sacrifier pour Dieu ce qu’il avait de plus précieux, le musulman
doit aussi être prêt à tout sacrifier pour Lui.
 On enterre une mèche de ses cheveux (pas les femmes) si on le désire;
 On refait 7 tours de la Kabba et la prière dans la Kabba après avoir enlevé l’habit de
pèlerin et pendant 2 jours on reprend la vie normale, sauf qu’on ne peut avoir de
relations sexuelles.

Avant de quitter définitivement La Mecque, on refait encore les 7 tours et la prière à la


Kabba.
Ensuite, ils vont visiter Médine et prier sur la tombe de Mahomet. À son retour, le pèlerin
devient un sage et acquiert du prestige social.
20

9. AUTRES PARTICULARITÉS

9.1 Prescriptions importantes


Parmi les prescriptions importantes, notons les suivantes :
 pas de viande de porc
 les autres animaux doivent avoir été égorgés et vidés de leur sang après la récitation
d’une formule rituelle : aliments hallal « permis » et haram « interdit »
 plutôt que de mourir de faim on peut manger des aliments « haram »
 pas d’alcool
 pas de jeux de hasard
 pas de prêt à intérêt
À l’époque de Mahomet, l’alcool et les jeux de hasard amenaient souvent le
prêt à intérêt. Certains musulmans considèrent que l’interdiction du vin et du
prêt visait la situation qui prévalait au temps du Prophète. Pour eux, ce qui est
condamné par le Coran, c’est l’abus du vin ou de l’alcool et le prêt à taux
usuraire, lesquels sévissaient alors en Arabie. Cette interprétation du Coran ne
rallie toutefois pas la majorité des musulmans.
 pas d’esclavage : tous les humains sont égaux devant Allah

9.2 Le statut de la femme musulmane – si le temps le permet


Si un homme croyant veut prouver qu’il est supérieur à la femme et qu’il ouvre les écrits
sacrés de sa tradition religieuse, il y trouvera des passages pour justifier sa position. L’inverse
est aussi vrai pour l’homme qui est convaincu que la femme est son égale. Le Coran est sujet
à interprétation.
Le Coran et l’action du Prophète Mahomet ont apporté une amélioration considérable à la
condition de la femme dans l’Arabie du 7e s. La loi islamique est venue consolider et expliciter
ces acquis pour donner à la femme musulmane une place et un statut juridique qui n’étaient
pas reconnus à ses contemporaines en Europe. Le Coran reconnaît aux femmes des droits
équivalents à leurs obligations et considère que l’homme et la femme sont, l’un pour l’autre,
un vêtement.
Aujourd’hui bien des musulmans pensent que les mesures discriminatoires à l’égard des
femmes indiquées dans le Coran et la Shari’a correspondaient à un contexte historique et
qu’elles étaient adaptées à ce contexte. Mais celui-ci a changé et il faut faire aujourd’hui ce
que les premières générations de musulmans ont fait, c’est-à-dire trouver une façon de
s’adapter au contexte moderne en s’inspirant des grands principes d’éthique du Coran. C’est
ce qu’ont fait plusieurs pays musulmans en prenant des mesures visant à abolir ou
décourager la polygamie et à bannir la répudiation unilatérale de l’épouse par le mari.
Les islamistes appliquent la Loi de façon littérale et pire qu’à l’époque où elle a été écrite. La
majorité des musulmans refusent cette caricature de l’Islam et choisissent de vivre l’esprit du
Coran et non la lettre…
9.2.1 Le port du voile
Au temps du Prophète, le port du voile était une mesure fonctionnelle de modestie
recommandée par le Coran dans le contexte de Médine. Par la suite, cette pratique n’a jamais
été universelle et elle n’était pas une marque distinctive de l’Islam : les musulmanes ne
portaient pas toutes le voile et des femmes non-musulmanes le portaient aussi. C’était une
21

question d’environnement et de culture et non une obligation religieuse stricte. Le Coran ne


demande pas le port du voile, lié à une tradition laïque, mais la modestie.
Dans la plupart des pays musulmans, la modernisation a signifié l’abolition du voile.
L’abandon du voile est donc devenu symbole de modernisation et d’occidentalisation. Ainsi,
le port du voile est devenu symbole de retour à l’Islam ou encore symbole de lutte contre les
mœurs de l’Occident. Les femmes qui portent le voile le font pendant leur période de
fécondité, soit de la puberté à la ménopause.

Sourate 33

59. Ô Prophète! Dis à tes épouses, à tes filles, et aux femmes des croyants, de ramener sur
elles leurs grands voiles : elles en seront plus vite reconnues et éviteront d'être offensées.
Allah est Pardonneur et Miséricordieux.

Sourate 24

31.Et dis aux croyantes de baisser leurs regards, de garder leur chasteté, et de ne montrer de
leurs atours que ce qui en paraît et qu'elles rabattent leur voile sur leurs poitrines; et qu'elles
ne montrent leurs atours qu'à leurs maris, ou à leurs pères, ou aux pères de leurs maris, ou à
leurs fils, ou aux fils de leurs maris, ou à leurs frères, ou aux fils de leurs frères, ou aux fils de
leurs sœurs, ou aux femmes musulmanes, ou aux esclaves qu'elles possèdent, ou aux
domestiques mâles impuissants, ou aux garçons impubères qui ignorent tout des parties
cachées des femmes. Et qu'elles ne frappent pas avec leurs pieds de façon que l'on sache ce
qu'elles cachent de leurs parures. Et repentez-vous tous devant Allah, Ô croyants, afin que
vous récoltiez le succès.
Film : «Les cerfs-volants de Kaboul » 
Fiche du film « Les cerfs-volants de Kaboul »

Classement : 13 + ans
Genre : Chronique
Pays : États-Unis
Année : 2007
Durée : 2h14

Résumé

Afghanistan, 1978. Fils unique d'un riche entrepreneur, Amir, 12


ans, gagne un combat annuel de cerfs-volants avec l'aide de
son fidèle ami Hassan, le fils du domestique. Le même jour, un
menaçant jeune du quartier viole ce dernier, qu'il méprise en
raison de son origine ethnique. Amir, qui assiste de loin à la
scène, n'a pas le courage d'intervenir. Rongé par la culpabilité, il tient désormais son ami à
distance et va jusqu'à provoquer son renvoi de la maison. Un an plus tard, lorsque l'armée
soviétique envahit l'Afghanistan, Amir et son père se réfugient aux États-Unis. Les années
passent. En 2000, Amir, devenu écrivain, se voit forcé de retourner dans son pays natal pour
sauver le fils d'Hassan, envoyé dans un orphelinat délabré depuis la mort de ses parents aux
mains des talibans
Synopsis par Médiafilm.ca

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