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Le système d'énonciation du texte narratif : qui raconte l'histoire ?

Un narrateur peut être omniscient, interne ou externe.


Tout récit est raconté par un narrateur. Le narrateur n'est pas l'auteur de l'ouvrage, ni
forcément un personnage. Il peut être extérieur à l'histoire. Dans ce cas, il est appelé
narrateur non-personnage et l'histoire sera racontée à la troisième personne du
singulier ou du pluriel. Ex : Elle marchait dans les rues désertes. Le narrateur ou
énonciateur peut également être à l'intérieur de l'histoire et prendre la forme d'un
personnage. Le récit est alors raconté à la première personne du singulier ou du
pluriel. Ex : J'étais parti de Nice il y a deux jours. Au-delà de sa position
intérieure ou extérieure au texte, le narrateur donne un point de vue sur l'histoire :
interne, externe ou omniscient.
1. Un narrateur interne est celui qui voit le récit à travers les yeux d'un
personnage. Il ne sait que ce que sait son personnage. Il est possible de passer
d'un point de vue interne à un autre en jonglant entre différents personnages.
Mais un narrateur interne ne doit pas être confondu avec un narrateur
omniscient. Il ne connaît pas son propre avenir ni celui des autres
personnages. Pour le lecteur, il est plus facile de s'identifier alors au
personnage. Il correspond généralement au récit à la première personne (mais
peut se faire à la troisième personne),
2. Un narrateur externe agit comme le témoin d'une scène. C'est comme si la
scène était filmée par une caméra et le lecteur veut savoir ce qui va se passer.
Le narrateur raconte ce à quoi il assiste et n'en sait pas plus sur les pensées des
personnages et sur leurs histoires. Il correspond généralement à un récit à la
troisième personne,
3. Un narrateur omniscient connaît tout des personnages et de l'histoire. Il voit
leurs pensées, leur passé, leur futur. Il est partout à la fois, dans différents
lieux, différentes époques et dans la tête de plusieurs personnages. Il
correspond généralement à un récit à la troisième personne.
A vous de jouer : quel est le point de vue du narrateur dans les trois extraits suivants
?
1. « Il y avait en Westphalie, dans le château de M. le baron de Thunder-ten-
tronckh, un jeune garçon à qui la nature avait donné les mœurs les plus
douces. Sa physionomie annonçait son âme. Il avait le jugement le plus droit,
avec l’esprit le plus simple ; c’est, je crois, pour cette raison qu’on le
nommait Candide. Les anciens domestiques de la maison soupçonnaient qu’il
était fils de la sœur de monsieur le baron […]. » (Voltaire, Candide),
2. « Deux hommes parurent. L’un venait de la Bastille, l’autre du Jardin des
Plantes. Le plus grand, vêtu de toile, marchait le chapeau en arrière, le gilet
déboutonné et sa cravate à la main. Le plus petit, dont le corps disparaissait
dans une redingote marron, baissait la tête sous une casquette à visière
pointue. Quand ils furent arrivés au milieu du boulevard, ils s’assirent à la
même minute, sur le même banc. » (Flaubert, Bouvard et Pécuchet),
3. « Il montait lentement les marches, le cœur battant, l’esprit anxieux, harcelé
surtout par la crainte d’être ridicule ; et, soudain, il aperçut en face de lui un
monsieur en grande toilette qui le regardait. Ils se trouvaient si près l’un de
l’autre que Duroy fit un mouvement en arrière, puis il demeura stupéfait :
c’était lui-même, reflété par une haute glace en pied qui formait sur le palier
du premier une longue perspective de galerie. Un élan de joie le fit tressaillir,
tant il se jugea mieux qu’il n’aurait cru. » (Maupassant, Bel Ami).
La construction d'un schéma narratif
Le héros du récit se dévoile au fur et à mesure de l'histoire.
Le schéma narratif du récit reprend celui du conte. C'est un guide à suivre lorsque
vous racontez une histoire, même si vous le faites probablement sans même en
avoir conscience. Le schéma narratif se construit en 5 étapes :
 La situation initiale : le contexte est posé. Le lieu, les personnages et
l'époque sont présentés au lecteur. Le héros est alors un personnage comme
les autres,
 L'élément perturbateur : alors que l'histoire commence sur un rythme
paisible, un élément perturbateur va venir chambouler les habitudes des
personnages et leur faire prendre des décisions qui vont changer le cours de
l'histoire,
 Les péripéties : c'est la partie la plus longue du récit, il peut y en avoir de
nombreuses. Ce sont tous les événements et les aventures qui vont empêcher
le héros d'atteindre son objectif final. C'est ce qui constitue l'essentiel d'une
histoire,
 Le dénouement : après de nombreuses péripéties, le héros réussit ou échoue.
Même si la plupart du temps il réussit sa quête, il peut arriver que le
dénouement soit tragique mais qu'il en tire partie pour devenir meilleur,
 La situation finale : le calme revient comme lors de la situation initiale. Cela
correspond au "ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants" dans les
contes. Mais un récit peut aussi mal se terminer.
Voici un exemple concret avec l'histoire que tout le monde connaît de Harry Potter
à l'école des sorciers.
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Schéma
Que se passe-t-il ?
narratif
Depuis la mort de ses parents, Harry Potter vit chez son oncle et sa
Situation
tante. Il est maltraité par sa famille d'adoption qui le voit comme un
initiale
parasite.
Le jour de ses 11 ans, Harry reçoit la visite de Hagrid qui lui
Elément explique qu'il est sorcier. Il lui raconte également la véritable
perturbateur histoire sur la mort de ses parents et l'origine de sa cicatrice sur le
front.
Harry se rend à Poudlard et apprend que Voldemort veut le tuer. Il
rencontre Hermione et Ron avec lesquels il découvre l'existence de
Péripéties la pierre philosophale. Ensemble, ils combattent un troll, un chien à
trois têtes et un échiquier géant entre autres pour atteindre la pierre
avant Voldemort.
Harry découvre que Voldemort se cache sous les traits du
Dénouement
professeur Quirell. Il l'affronte et le vainc.
Harry se réveille à l'hôpital, la pierre philosophale a été détruite et
Situation finale
c'est l'heure des vacances !
La conjugaison et la grammaire du récit
Plus vous lirez de romans et plus vous serez à même de repérer la structure
narrative !
Le récit est fondé essentiellement sur une succession d'actions. Les verbes d'actions
sont donc en présence majoritaire. Les temps verbaux utilisés dans le récit
dépendent de deux éléments :
 Si l'histoire est ancrée dans la situation d'énonciation,
 Si l'histoire est coupée de la situation d'énonciation.
Le récit est ancré dans la situation d'énonciation si le temps de base est le
présent de l'indicatif et si les autres temps utilisés sont le passé composé et le futur
simple. Les indicateurs de temps peuvent également vous aider à déterminer
l'ancrage du récit (aujourd'hui, demain, ici). Le présent d'énonciation est davantage
utilisé dans les journaux et les récits à l'oral que dans les romans. Ex : Anna
explique qu'elle est venue hier et qu'elle reviendra demain. Le récit est coupé de la
situation d'énonciation si les temps de base sont l'imparfait et le passé simple
avec utilisation du plus-que-parfait et du conditionnel (pour exprimer le futur du
passé). Les indicateurs de temps ne seront pas les mêmes que dans un récit au
présent (lendemain, la veille...). Les temps du passé sont utilisés dans les romans,
les nouvelles et les contes. Ex : Anna explique qu'elle était venue la veille et qu'elle
reviendrait le lendemain. Point d'attention : la principale difficulté réside dans le
fait que le présent est parfois employé dans un texte au passé pour rendre le récit
plus vivant. Il intervient à la place du passé simple et produit un effet de surprise.
Ex : Il dormait paisiblement lorsqu'un grand bruit le tire du sommeil. Il se précipite
alors à la fenêtre pour voir ce qu'il se passe.

Pensez-y si vous souhaitez raconter une histoire dans une nouvelle ou un récit
d'invention pour le lycée !
Dans un récit, les événements et les péripéties s'enchaînent de trois manières
différentes :
 L'auteur peut raconter des faits en suivant l'ordre chronologique ou non (il
anticipe sur les événements futurs ou rappelle dans événements antérieurs
avec un retour en arrière),
 L'auteur peut aussi résumer un événement qui a duré longtemps en quelques
lignes,
 Enfin, il peut raconter un événement bref sur plusieurs pages avec une
analyse particulière.
Les connecteurs temporels servent à structurer la narration en situant les
événements :
 Dans le présent, le passé ou l'avenir (ex : quand je me couchai le
surlendemain soir, ma mère était rentrée) pour exprimer :
o L'antériorité (auparavant, avant que...),
o La simultanéité (et, pendant ce temps, comme...),
o La chronologie ou la succession (ensuite, bientôt, après que...),
o La durée (toute la journée, pendant un an...),
o La date (aujourd'hui, hier, ce matin-là...),
o La fréquence (souvent, jamais, parfois...),
o Le caractère immédiat d'une action (soudain, brusquement,
d'emblée...),
 Les uns par rapport aux autres (puis... alors, et... ensuite) - exemple : Je me
douchai puis me brossai les dents. Alors ma tante entra dans la salle de bains.
A vous de jouer : réécrivez le texte au passé en utilisant l'imparfait ou le passé
simple selon le sens (réponse dessous) : "Aujourd'hui, je suis en retard. Je monte
sur mon vélo. Celui-ci s’incline un peu, j’appuie sur les pédales, il se redresse. La
route descend et très vite, je prends de la vitesse. Devant moi, Marion avance
doucement et ne pense pas me voir déjà arriver. Elle occupe toute la largeur de la
piste cyclable car elle se croit toute seule. Je lui crie de se pousser et je la double à
toute vitesse. Elle est si surprise que son vélo vacille et j’ai alors peur qu’elle ne
tombe. Je m’arrête un peu plus loin pour l’attendre et nous continuons notre
promenade ensemble." Réponses de l'exercice sur les points de vue :
1. Point de vue omniscient (retour en arrière "anciens domestiques", utilisation
du "on" de rumeur, présence du narrateur à travers le "je crois" = il sait tout
du personnage et de l'histoire),
2. Point de vue externe (aucune indication n'est donnée sur les pensées du
personnage, la scène est comme filmée),
3. Point de vue interne (même si le récit est à la troisième personne, le récit se
fait à travers les pensées et les émotions du personnage "esprit anxieux",
"crainte d'être ridicule", "élan de joie").
Réponse de l'exercice de réécriture : "Ce jour-là, j'étais en retard. Je montai sur
mon vélo. Celui-ci s’inclina un peu, j’appuyai sur les pédales, il se redressa. La
route descendait et très vite, je pris de la vitesse. Devant moi, Marion avançait
doucement et ne pensait pas me voir déjà arriver. Elle occupait toute la largeur de
la piste cyclable car elle se croyait toute seule. Je lui criai de se pousser et je la
doublai à toute vitesse. Elle fut si surprise que son vélo vacilla et j’eus alors peur
qu’elle ne tomba. Je m’arrêtai un peu plus loin pour l’attendre et nous continuâmes
notre promenade ensemble."

Alexia

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