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Langue française

Langues endocentriques et langues exocentriques. Approche


typologique du danois, du français et de l'anglais
MME Irène Baron, M. Michael Herslund

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Baron Irène, Herslund Michael. Langues endocentriques et langues exocentriques. Approche typologique du danois, du
français et de l'anglais. In: Langue française, n°145, 2005. Le génie de la langue française. pp. 35-53;

doi : https://doi.org/10.3406/lfr.2005.6625

https://www.persee.fr/doc/lfr_0023-8368_2005_num_145_1_6625

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Irène Baron et Nichael Herslund
École des Hautes Études Commerciales de Copenhague

Langues endocentriques

et langues exocentriques

Approche typologique du danois,

du français et de l'anglais

0. INTRODUCTION

Les langues découpent le monde de manières différentes: depuis Wilhelm


von Humboldt (rééd. 1997: 60, 2000: 1S0 ss.) jusqu'à Roman Jakobson (1959) en
passant par ]'« hypothèse Sapir-Whorf» (Sapir 1929, Whorf 1942), la question a
déjà fait l'objet de nombreuses investigations, mais ce n'est que récemment que
l'on a entrepris une description méthodique de plusieurs systèmes linguistiques
afin d'expliquer ce phénomène dans une perspective plus générale1. C'est dans
cette optique que nous nous situons en proposant une typologie lexicale des
langues, que nous illustrerons à l'aide de trois systèmes linguistiques différents:
le danois (langue germanique), le français (langue romane) et l'anglais, qui
représente un type intermédiaire. Une telle approche, orientée vers le lexique,
vise à compléter et à nuancer les classifications existantes, qu'elles soient
morphologiques (langues isolantes, agglutinantes, flexionnelles et polysynthétiques),
morphosyntaxiques (langues SVO, SOV, VSO...) ou syntaxiques (langues
nominatives-accusatives, ergalives et inactives-actives).
Ferdinand de Saussure (1916/1988: 160) constatait déjà que la xmleur d'une
unité lexicale, c'est-
à-dire son domaine sémantique, qui ne peut être établie que

1. VoirHerslund
Hautes
2003, enÉtudes
particulier
Commerciales
et Baron
les 2003,
travaux
H.deKorzen
de
Copenhague:
l'équipe
2003de
et recherche
ce
1. volume,
Korzen Linguistique
elLundquist
Marello (éds)
el traduction
2003 et
2000,
ce volume.
Herslund
de l'Ecole(éd.)
des

LANCUE FRJNUIH Z 35
Le génie de la langue française. Perspectives typologiques et contrastives

par opposition avec les valeurs similaires à l'intérieur d'un même paradigme,
varie d'une langue à l'autre alors que les mots, dans un contexte donné,
peuvent dénoter le même phénomène extralinguistique. Cette idée est reprise
quelque trente ans plus tard par Louis Hjelmslev (1943: 50), pour qui chaque
langue façonne et délimite à sa manière le « continuum amorphe et indivis»
que constitue le sens, plus ou moins universel, des mots, comme un filet
déployé projette son ombre sur une surface uniforme (Hjelmslev 1943: 48 ss.).
C'est une conception similaire qu'avance Emile Benveniste (1966), lorsqu'il
établit que tout contenu de pensée doit passer par la langue et en emprunter
les cadres, à défaut de quoi la pensée se réduit à quelque chose de vague et
d'indifférencié - une volition obscure, une impulsion - que nous n'avons

aucun
saisie
de décrire
que
moyen
formée
uned'appréhender
société,
et actualisée
de pénétrer
comme
dans laune
langue.
« contenu»
culture
Parallèlement,
hors
distinct.
de leurs
Elle
il estne
expressions
impossible
peut être

linguistiques. « Rien ne peut être compris qui n'ait été réduit à la langue»
(Benveniste 1974: 97). C'est de cette idée que nous partirons, à savoir que la
langue constitue l'unique instrument dont nous disposons pour structurer le
monde matériel et conceptuel. Grâce à elle, nous sommes en mesure aussi
bien de dénommer les objets concrets qui nous entourent que de préciser les
concepts abstraits que représentent nos pensées non formulées.
Nous caractériserons le monde comme un assemblage d'entités, concrètes ou
abstraites, dénotées par les noms, entre lesquelles sont établies diverses relations,
exprimées par les verbes. Noms et verbes sont les pôles autour desquels va
s'organiser la représentation du monde. Nous poserons comme hypothèse que
cette représentation varie en fonction des procédés de lexicalisation adoptés par
chaque idiome, c'est- à-dire des divers composants sémantiques que les langues
individuelles choisissent de coder dans la racine des mots (Talmy 1985). La
densité de ces composants varie en effet d'une langue à l'autre, mais comme la
somme des informations véhiculées par deux phrases équivalentes de deux
langues différentes est la même, verbes et noms devront nécessairement se
compléter: plus les verbes seront denses et précis, et plus les noms seront sousspécifiés
et inversement. Ceci nous permet d'établir un premier classement tout à
lait général des systèmes linguistiques en fonction du caractère des informations
qu'ils codent dans leurs lexèmes centraux: d'une part, nous avons les langues où
le poids lexical est localisé au centre de la proposition, dans le verbe - nous les
qualifierons de langues enriocentriques - et d'autre part, on trouve les langues où
les informations convergent vers les unités « excentrées», à savoir les noms, les
verbes ne conservant alors qu'un sens général assez diffus - ce sont les langues
exocentriques (Herslund & Baron 2003). Cette idée peut être représentée à l'aide
d'une échelle typologique (Baron 2003: 154):
(1) langues enriocentriques langues exocentriques
verbes précis verbes généraux
noins sous-spécifiés noms spécifiés

36
Langues endocenttïques et langues exocentriques

Nous pouvons visualiser ces deux types linguistiques par les schémas
suivants, où les cercles hachurés représentent les lexèmes précis ou spécifiés, à
forte densité d'informations, et où les cercles « vides» désignent les lexèmes
généraux ou sous- spécifiés:
(2) a.

Langues enriocentriques

Langues exocentriques
11 ressort de ces schémas que, dans une langue enrioceiitrique, le monde est
perçu comme une série de relations concrètes (verbes denses et précis) entre
des entités sous- spécifiées, alors que dans une langue exocentrique, le monde
est vu comme autant de relations abstraites (verbes diffus et généraux) entre
des entités spécifiées. Nous nous attacherons dans ce qui suit à placer les trois
langues, danoise, française et anglaise, sur l'échelle typologique ci- dessus.
Pour ce faire, nous procéderons à une double analyse: dans une première
partie, nous comparerons les verbes en considérant leur degré de précision ou
de généralité, et dans une seconde partie, nous examinerons le caractère sousspécifié
ou spécifié de leurs actants, les noms.

I. COMPARAISON TYPOLOGIQUE I :
VERBES PRÉCIS ET VERBES GÉNÉRAUX

l. l. Pour illustrer notre propos, nous aurons recours aux verbes de


mouvement, qui constituent des archétypes dans toute langue en ce sens qu'un
grand nombre de verbes leur sont apparentés ou en sont carrément dérivés.
Leur fonction de modèle sémantique est extrêmement puissante: la métaphore
du mouvement se retrouve un peu partout, on n'a qu'à citer les verbes de
transfert (ex. Donner), de changement (ex. Grossir) ou de communication (ex.

UHÉUt FRAHCAISE HJ 37
Le génie de la langue française. Perspectives typologiques et contrastives

Dire), etc. Aussi, les conclusions auxquelles nous parviendrons ici s'applique¬
ront-elles mutatis mulanriis à tous les verbes de la langue.
Pour décrire les verbes de mouvement, nous admettrons à la suite de
Léonard Talmy (1985: 61 ss., 2000: 27 ss.) que, de manière tout à fait univer ¬
selle, les langues peuvent lexicaliser cinq composants sémantiques au moment
de constituer leurs racines verbales:
(3) MOUVEMENT, DIRECTION, MANIÈRE, FIGURE, CHAMP
Ces composants mentionnent le mouvement lui- même (MOUVEMENT), sa
direction ou son trajet ou plus exactement le rapport entre l'entité qui bouge
et un certain but (DIRECTION), la manière de bouger, à savoir marcher, nager,
galoper... (MANIÈRE), la forme de l'entité qui bouge (FIGURE), et enfin
l'arrière-fond ou la surface où a lieu le mouvement (CHAMP). Chaque langue
choisira alors, outre le MOUVEMENT, un ou plusieurs des quatre autres
composants qu'elle codera dans ses racines verbales. Dans le cadre de notre
élude, nous verrons que seuls les trois premiers sont lexicalisés à proprement
parler, à savoir:
(4) MOUVEMENT, DIRECTION, MANIÈRE
Le degré de précision d'un verbe variera en fonction de la densité des
informations codées dans sa racine: plus celles-ci seront compactes et plus le
verbe sera précis; inversement, plus elles seront ténues et plus le verbe sera
général. 11 s'avère, à ce propos, que les trois composants que nous venons de
mentionner ne renferment pas tous la même condensation d'éléments de

sens:
choses,
(ou les ainsi,
objets).
délimitées
lesSi,manières
en
par
général,
la FIGURE,
possibles
les êtres
l'entité
d'un
au qui
sommet
mouvement
bouge,
de en
la «l'occurrence,
sont,
hiérarchie»
par la force
les
dessujets
êtres
des

vivants, hommes et animaux « supérieurs», peuvent se déplacer de multiples


façons, ces possibilités sont sévèrement restreintes quand il s'agit d'animaux
« inférieurs» ou d'entités inanimées: un poisson ne fait guère d'autre mouve ¬
ment que celui de nager, un ver que celui de ramper, une pierre que celui de
tomber, etc. Tout cela veut dire que les langues qui lexicalisent la MANIÈRE
ont, de ce fait, des restrictions en ce qui concerne la FIGURE - restrictions qui
découlent de la MANIÈRE - alors que les langues qui ne lexicalisent pas la
MANIÈRE dans leurs verbes centraux sont assez indifférentes en ce qui
concerne le choix des sujets (ou des objets) 2. Pour notre distinction superor¬
donnée, nous dirons que les langues dont les verbes de mouvement compor ¬
tent le composant MANIÈRE sont de type enriocentrique: c'est l'information
compacte contenue dans la racine verbale qui impose ses restrictions au reste
de la phrase. Les langues qui, à l'inverse, ne lexicalisent pas ce composant
dans leurs verbes de mouvement centraux, sont de type exocentrique: la racine

2. LesFIGURE
priment
entre restrictions
parlois
et MANIÈRE.
la complémentarité
de sélection des avec
verbes
les noms,
qui lexicalisent
en ce senslaque
MANIÈRE
seule importe
sont si lafortes
compatibilité
qu'elles

38
Le génie de la langue française. Perspectives typologiques et contrastives

L'expression du mouvement en danois se présente donc selon le tableau


suivant où la DIRECTION, si elle n'est pas contenue dans la racine verbale
proprement dite, lui est associée, soit sous forme d'auxiliaire, soit en formant
avec elle un prédicat complexe:
(7) DIRECTION MOUVEMENT MANIÈRE DIRECTION

(Z'are) S"
lobe ind
ud (i hnz'cn)

prédicat complexe

' être' "marcher' " dedans"


"courir' " dehors"
(" dans le jardin')
Nous pouvons dès lors placer les verbes danois, en raison de la densité des infor ¬
mations qu'ils contiennent ou qui leur sont directement associées, à l'extrémité
endocentrique de l'échelle typologique représentée sous (1), c'est-à-
dire parmi les
langues où les informations sont concentrées dans les verbes, à savoir le centre de
la phrase. Voyons à présent ce qu'il en est des verbes français.

1.3. Là où le danois n'utilise qu'une seule et même série de verbes, dans


lesquels se trouve toujours codé le composant MANIÈRE, le français distingue,
quant à lui, deux séries de lexèmes verbaux:

1.3.1. Une première série de verbes inaccusatifs (Herslund 1990, 2000a, b)


du type aller, entrer, sortir, avancer, arriver, reculer, monter, descendre... caracté ¬
risés par le trait [+ direction]. 11 s'agit des verbes de mouvement centraux,
c'est-à-dire les plus fréquents (cf. Herslund 2003: 21), qui, tous, vont lexicaliser
le composant DIRECTION sur le modèle suivant:
(8) MOUVEMENT DIRECTION MANIÈRE

nz'ancer (en marchant)


(en nageant)
(en Z'olant)
Pour exprimer le composant « manquant», MANIÈRE, le français a recours à un
élément externe, un gérondif par exemple, ou un complément adverbial,
comme dans les exemples suivants:
(9) Celui-ci retomba lourdement alors qu'il approchait de son compagnon en
rampant (Deforges Cuba 122)
Ils regagnèrent le bateau en calèche (iï;. 96)

40
Langues endocentriques et langues exocentriques

En fait, cette information est souvent laissée inexprimée parce que le sujet,
l'objet ou un autre élément de la phrase, ou bien le contexte général, désambiguïse
le verbe:
(1 0) a. lis entrèrent dans la baie de La Havane (Deforges Cuba 43)
b. ils entrèrent dans Santa Clara (ib. 221)
Si, dans (10a), l'information la baie rie La Havane autorise la conclusion que les
entités qui bougent se déplacent probablement en bateau - sans pour autant
exclure la nage ou le ski nautique - la phrase (10b) ne révèle rien sur le type
de locomotion; seul le contexte plus large permet de trancher, et de révéler
qu'ils sontles
concentre eninformations
voiture. Dansdeune
ce genre
languedans
enriocentrique
le verbe - comme
celte sorte
le danois
d'ambiguïté
- qui
n'apparaît pas. 11 suffit en effet de traduire les deux exemples en danois pour
voir surgir les verbes sejle ' aller en bateau' et kore ' aller en voiture' à l'exclu ¬
sion de tout autre choix pour rendre le seul verbe français entrer:

(11) a. De
'ils
11s allèrent-
sejlede
entrèrent
eind
n-
dans
biateau
Havanabugten.
la baie
dedans
de La
dans
Havane
La Havane-
(en bateau)'
baie-DÉF

b. De korte ind i Santa Clara.


ils allèrent-en- voiture dedans dans Santa Clara
' Ils entrèrent dans Santa Clara (en voiture)'

1 .3.2. L'autre série de lexèmes verbaux du français est constituée par des
verbes inergatifs comme marcher, nager, ramper, rouler, danser... caractérisés
par le trait [ h-DIRECTION]. À l'inverse des précédents, ils lexicalisent le compo ¬
sant MANIÈRE à l'exclusion de la DIRECTION, ce qui, à première vue, les rend
semblables aux verbes danois. Or, contrairement à ce qui se passe en danois
où le verbe et une particule post- verbale exprimant la DIRECTION forment
ensemble un seul et même prédicat verbal (complexe), cf. (7), l'expression de
la DIRECTION en français doit, si nécessaire, être prise en charge par des
éléments de la phrase extérieurs au prédicat, typiquement des syntagmes
prépositionnels, comportant des prépositions lourdes ou des locutions prépo ¬
sitionnelles, cf. Herslund (2003: 20 s.) :
(12) MOUVEMENT MANIÈRE DIRECTION

marcher (jusqu'à N)
nager
z'oler , (versdirection
(en N) de N)

prédicat simple

1.3.3. La répartition des verbes français en deux séries entraîne une sousspécification
de chacune de ces séries et partant de toute racine verbale. Les
racines n'imposent pas, en effet, de restrictions de sélection particulières sur

IAHUI FRANÇAISE IZ 41
Langues endocentriques et langues exocentriques

L'expression du mouvement en anglais se présente donc selon le tableau


suivant :
(15) MOUVEMENT MANIÈRE DIRECTION

zvalk
run out (into the garden)

prédicat complexe
" marcher'
'courir' ' dehors'
dedans' ('dans le jardin')

1 .4. 1 . À côté de son fonds germanique « autochtone», l'anglais possède


un petit groupe de verbes « romans» empruntés en moyen anglais au français
ou au latin. Ces verbes appartiennent étymologiquement à la première série
de verbes du français, c'est- à- dire aux verbes inaccusatifs, ex. enter ' entrer',
exit ' sortir', arivance ' avancer', arrive 'arriver', recette ' reculer', nscenri 'monter',
mount ' monter', descend ' descendre', etc., mais contrairement aux verbes fran ¬
çais, ils sont devenus partiellement transitifs (ex. FR. entrer dans la pièce vs.
ANGL. enter the room). Tous expriment la DIRECTION, à l'exclusion de la
MANIÈRE. Et comme les verbes français de la première série, ils n'imposent pas
de restrictions de sélection systématiques formulables en termes de classes
lexicales telles que [ animé], [humain], [animal], etc. (cf. 1.1 et 1.3.3 ci- dessus).
Tout au plus, leurs emplois assez spécialisés entraînent-ils des restrictions
idiosyncrasiques dans le détail desquelles nous n'entrerons pas ici: ces verbes
ne sont pas d'un usage général, mais s'avèrent cantonnés dans des créneaux
spécifiques, comme les expressions enter the Common Market ' entrer dans le
marché Commun', enter into conversation ' entrer en conversation', nscenri the
throne ' monter sur le trône', etc. L'important pour notre propos demeure
néanmoins qu'ils ne comportent pas le composant MANIÈRE, mais décrivent
uniquement un MOUVEMENT et sa DIRECTION :
(16) MOUVEMENT DIRECTION MANIÈRE

enter (ln/ 1 minicar)


advauce (on foot)
arrive (on foot)

Cette particularité explique d'ailleurs leur emprunt: comme la langue


anglaise possédait déjà des verbes exprimant la MANIÈRE, il n'y avait aucune
raison d'en emprunter au français. À cet égard, il est intéressant de souligner
qu'un verbe germanique comme go, qui, comme le montrent ses congénères

A Hb UE FR AHC Al SE 1(5 43
Le génie de la langue française. Perspectives typologiques et contrastives

étymologiques du danois (gâ) et de l'allemand (gehen), à l'origine veut dire


' marcher' (MOUVEMENT + MANIÈRE), a changé de classe sémantique et a rejoint
le groupe des emprunts de verbes inaccusatifs faits au français, acquérant par
là les propriétés qui caractérisent le verbe français aller et devenant le verbe de
mouvement abstrait par excellence, cf. des collocations comme go In/ mr 'aller
en voiture", this train goes to London " ce train va à londres', 1 have to go ' je dois
partir', etc.

On peut donc dire que les verbes « romans» (go s'ajoutant à ce groupe)
constituent un sous-
système d'allure exocentrique au sein d'une langue majo¬
ritairement endocentrique.

1.5. L'analyse des verbes laisse entrevoir une opposition fondamentale


entre deux types linguistiques distincts: le type enriocenlrique, auquel appar ¬
tient le danois et où la densité informative est concentrée dans le centre de la
proposition, et le type exocentrique, dont relève le français et où le verbe proto ¬
typique comporte non pas le composant « lourd» MANIÈRE, mais celui plus
général de DIRECTION. Dans une optique un peu différente, Talmy (2000:
221 ss.) a étudié le même phénomène en s'intéressant, pour sa part, non pas à
la concentration des informations, mais au cnrire situationnel établi par la
DIRECTION. Talmy n'en arrive pas moins à une classification tout à fait paral ¬
lèle à notre distinction entre langues enriocentriques et langues exocentriques, à
savoir celle qu'il établit entre langues à cadre sntellitique (« satellite framed»),
qui expriment la DIRECTION dans une particule, et langues à cadre verbal
(« verb framed»), où la DIRECTION est contenue dans le verbe. Et tout comme
nous considérons l'anglais comme fondamentalement endocentrique, bien qu'à
comme
certainsune
égards
langue
il constitue
« basicallyun
satellite-
type «framed»
intermédiaire»,
07). 223). Talmy le considère

En élargissant maintenant notre champ d'investigation aux noms, nous


pourrons aboutir à une compréhension plus exacte des représentations du
monde auxquelles donnent lieu les différents types linguistiques auxquelles
appartiennent les trois langues en question.

2. COMPARAISON TYPOLOGIQUE 2 :
NOMS SOUS-
SPÉCIFIÉS OU SPÉCIFIÉS

Nous allons, dans un premier temps, examiner les noms des deux types
extrêmes avant de les confronter, dans un second temps, à leurs équivalents
anglais. Dans le présent contexte, nous nous limiterons à l'étude de noms
autochtones non- dérivés dénotant des artefacts, lesquels illustrent le plus clai¬
rement une différence systématique entre les langues que nous comparons.

2.1. Nous considérons comme sous- spécifié un nom qui recouvre un


grand nombre d'entités ne présupposant entre elles qu'un nombre limité de

44
Langues endocentriques et langues exocentriques

traits communs (le mot danois vogn, par exemple, désignera n'importe quel
véhicule servant au transport), alors qu'au contraire un nom est concret
lorsqu'il dénote une catégorie plus restreinte d'objets ayant de nombreux
traits communs entre eux (ainsi, ne seront catégorisés comme chariot que les
véhicules non automobiles munis d'une poignée, d'un plateau ou d'une caisse
métalliques et de petites roues, cf. infra). Un nom sous-
spécifié aura par consé ¬
quent une extension plus grande qu'un nom spécifié.

Verbes et noms devant nécessairement être complémentaires, nous


pouvons prédire que les noms danois, contrairement aux verbes, auront une

faible
mations.
cf. Rosch
densité
Effectivement,
et al.informative
1976) sont
enetdanois,
des
les noms
lexèmes
les français
nomssous-
lesune
splus
pécifiés
forte
usuels
concentration
(ex.
(les
stol
noms
' tout
de
d'infor
base,¬
objet

destiné à ce qu'une personne s'y tienne assise ou debout') nécessitant un


supplément d'information pour acquérir leur sens exact: ils seront repris et
précisés par un modifieur dans des structures morphologiquement compo ¬
sées (ex. kokkenstol ' cuisine- _ '). En français, par contre, où l'information
sémantique est dirigée vers les noms, on préférera un autre découpage du
monde: les noms les plus répandus (les noms de base) ont la forme de
lexèmes monoradicaux n'ayant pas besoin d'être spécifiés davantage en ce
qu'ils précisent directement de quelle entité concrète il s'agit (Herslund 1997:
30 ss.; Baron 2000: 63 ss., 2003: 34 ss.). Ce décalage quant au degré de spécifi ¬
cation des noms dans les deux langues peut être illustré par les exemples
suivants :
(17) Danois Français
stol 1_ J chaise
kokken-, spisestuc-, dngligst uestol
' cuisine-, salle-
à- manger--, salon-_ '
Icenestal 'renverser-_ ' fauteuil
korstol ' ch _ ' ' stalle
prxdikestol 'prêcher-_ ' chaire (église)
talerstol 'orateur-_ ' chainiccolc,
imizvrsité)
tribune
vogn (...)
03) U z'oiture
persouz'ogit "personne-_ '
bnrnez'ogv ' eiifant-UGindkobsvogu chariot
landau
" achat- LiG-_ * ?
hzstvogn 'charge- camion
In/revogii " location- Inxi
(.'..)

3. LÏG est l'abréviation de " ligament", c'est-à-


dire l'élément (e ou s) qui, en danois, s'intercale
parfois entre les deux termes d'un composé.

.AHËU E FRANÇAISE 14F 45


Langues endocenttiques et langues exocentriques

automobile à grandes roues et à caisse suspendue, etc. Des observations


similaires valent pour les exemples de (19) :

(19) kande
zn'n-, vaudkaiidc ' vin-, eau-_ ' /_ J pichet
cruche

mxlkekaude " lait-_ ' pot


flodekande "crèmez'askcknndc
"laver-_ ' broc
(...)
Kande, quelle que soit sa forme, est un récipient destiné à verser un liquide,
lequel est précisé par un modifieur: il peut s'agir de vin (vinkanrie), d'eau
pour boire (vanrikanrie), de lait (imelkckandc), de crème (florieknnrie), d'eau
pour se laver (vaskekanrie), etc. En français, par contre, c'est l'aspect physique
des objets qui permet de dissocier les mots les uns des autres et les lexèmes ne
sont pas, par conséquent, les équivalents exacts des termes danois: un pichet,
par exemple, est un petit récipient à grosse panse arrondie et rétréci au collet,
généralement en terre, une cruche est un récipient plus grand, à col étroit, à
large panse et à une ou deux anses, un pot dénote un récipient à large panse, à
une seule anse et à bec étroitZ et un broc est un récipient de forme conique, à
anse unique, à bec évasé, le plus souvent en métal, etc. Dans tous les cas, la
description correspond à des exemplaires prototypiques traditionnels, cf. (20):
(20)

v* v igjy IJIr

Soulignons,
danois
rendu
que les
danois
lorsqu'on
vin.
Souvent
d'objets
Enpar
peuvent
lexicalisé
deux
français,
de
même
parle
pichet
petite
comme
langues
Pichet.
de
correspondre
mais
on
c'est
des
dimension,
vinkanrie,
utilise
nous
entités,
aussi
découpent
l'aspect
l'avons
une
par
est
l'apparence
ex.
physique
plusieurs
cruche,
Cruche.
désignation
qu'il
lefait
cruche
monde
précédemment,
s'agit
suivant
- des
lexèmes
cruchon,
physique
de
d'un
objets
dérivée
manières
la configuration
récipient
camion
français.
qui
Pot.
est
spéciale
qu'à
est
secondaire:
différentes.
- le
camionnette.
destiné
un
Vinkanrie
trait
lorsqu'on
même
de déterminant.
l'objet.
à l'essentiel,
Lorsque
verser
Broc.
peut
composé
Ceparle
C'est
sont
être
du
le

4.
pasPoldans
nous l'avons
peutceégalement
cas
vu, êlre
dénote
utilisé
désigner
toutcomme
récipient
un récipient
équivalent
destiné
sans
àd'un
verser
bec hyponyme
et un
sansliquide.
anse,ducf.mot
pol danois
à confiture,
kande,
mais
qui,il comme
ne peut

1 AH GU E FRANÇAISE iZ 47
Le génie de la langue française. Perspectives typologiques et contrastives

des images et non des concepts qui sont transmutées en signes, et les objets du
monde ont une dénomination différente parce que leur aspect physique est
différent: leur fonction ne fait que résulter de leur apparence. Dans cette
optique, on comprend pourquoi un pichet (petit récipient à grosse panse,

rétréci
eau- _ ',aupeut,
collet),
en fait,
qui est
parfaitement
proposé comme
correspondre
équivalent
aussi
deà vin-,
mxlkekanrie
vanrikande
" lait-_
"vin-,',
s'il contient du lait et non du vin ou de l'eau, tout comme pot (récipient à large
panse, à une anse et à bec non évasé) peut constituer la transposition de
vinkanrie si la forme correspond à la description d'un pot5.

Les noms de base français (ex. fauteuil) peuvent également être précisés à
un niveau co-hyponymique, soit au moyen d'un composé, où la précision
concerne(bergère),
simple toujours mais
l'aspect
on physique
se trouve(fauteuil
alors à àun
bascule),
degré desoitspécification
à l'aide d'un plus
mot
poussé qu'en danois (Baron 2003: 38 s.) : gyngestol " balancer-_ ", par exemple,
aura une extension plus grande que son homologue français, parce qu'il
correspond
bascule, s'il n'en
aussi
a pas:
bien à fauteuil à bascule, si l'objet a des bras, qu'à chaise à

(21) Danois Français


stol l _]
kokken-, spisestue-, dagligstuestol chaise
"cuisine-, salle-
à-manger-, salon-_ '
gyngestol "balancer-_ ' ^_^ ^ chaise à bascule
livucstol "renverser-_ " _^^ fauteuil
fauteuil à bascule
bergère
Le terme de base français pourra lui aussi, dans un contexte neutre, se substi ¬
tuer à un hyponyme (fauteuil pourra être employé pour fauteuil à bascule aussi
bien que pour bergère). L'important demeure néanmoins que ce niveau cohyponymique
français, où l'on trouve notamment les structures nominales
complexes N prép N, fréquentes autant que productives dans les langues
romanes, est plus spécifié que le niveau co-hyponymique danois, avec notam¬
ment des noyaux plus diversifiés (Herslund 1997: 41 s.) :

(22) Danois
banc [Français
_]
skydebane ' tirer-_ ' champ dc tir
tennisbane ' tennis-_ " court dc tennis
skojlebane "patiner-_ ' piste de patinage
fodboldbane ' football-_ ' terrain de football

5. Ces manières difiérentes dont les entités du monde extérieur sont lexicalisées ne signifient pas
que le français ne dispose pas d'hyperonymes sous-spécifiés (ex. siège, véhicule, récipient,...): ils
fonctionnent simplement comme expressions tout à fait génériques et recouvrent davantage
d'entités que les lexèmes de base danois, se situant par là à un niveau superordonné excédanUe
cadre
38 ss.). de la présente étude (pour un approfondissement de cette question, voir Baron 2003

48
Langues endocentriques et langues exocentriques

Danois Français
banc 1_1
Irxkbane 'halage-_ chemin de halage
(...)"
Les deux propriétés, FONCTION et CONFIGURATION, sont toutes deux
comprises dans V intension d'un nom, mais ne fonctionnent pas simultané ¬
ment comme trait distinctif: en danois, le trait déterminant est la FONCTION,
l'aspect physique ne faisant que découler de cette fonction; en français,
c'est la CONFIGURATION qui permet de dissocier un nom de mots similaires,
la fonction ne devenant qu'une conséquence accessoire. La FONCTION d'un
objet
de la destination
étant composée
d'unde
objet)
moinsquedela traits
CONFIGURATION
sémantiques(matière,
(simple forme,
détermination
dimen ¬

sion, vogn
stol, poids,
ouparties
kande auront
constitutives,
une intension
etc.), lesqui
lexèmes
sera moins
de base
spécifiée
danois que
comme
des

noms de base français tels fauteuil, camion ou pichet, et partant leur extension
sera plus grande.
Dès lors, nous pouvons placer les deux langues, danoise et française, aux
extrémités endocentrique et exocentrique respectivement de l'échelle typolo ¬
gique représentée sous (1):
(23) langues endocentriques langues exocentriques
verbes précis verbes généraux
noms sous-spécifiés noms spécifiés
-^
danois français

2.2. Qu'en est-il maintenant de l'anglais, que nous avons défini initiale ¬
ment comme une langue typologiquement « intermédiaire» ?

Comme pour les verbes, l'anglais se situe ici aussi entre les deux types
extrêmes. 11 a d'abord, comme le danois, cf. (17) et (18), la capacité de former
des hyponymes par composition:
(24) Danois Anglais
taskc bag
hândtaske "main-_ ' [ sac à main] handbag 'main-_ '
skuldertaskc " épaule-_ ' [ sacoche] shoulder bag "épaule-_ '
skoletaskc " école-_ " [ cartable] school bag " école-_ '
(...)
À côté de telles séries, on trouve aussi des paradigmes de lexèmes morpholo ¬
giquement non apparentés semblables à ceux qui caractérisent les langues
exocentriques, cf. (17) et (18) :

6. Nous n'aborderons pas ici le problème de la polysémie des noms français comme champ, piste
ou terrain, c'est-àd-ire le fait que dans une perspective non contrastive, ils peuvent entrer dans
des réseaux sémantiques différents de ceux qui apparaissent lorsqu'on les compare avec le danois
(pour une étxide approfondie de la question, voir Baron 2003: 42 ss.).

LANGUE FRANÇAISE l «J 49
Langues endocentriques et langues exocentriques

Danois Anglais Français

c. râdhus
sneglehus town slicll
snnil hall mairie (d'escargot)
coquille
penalhus pencil case plumier
blxklms inkpot encrier
skilderhus sen try box guérite
(...)

3. CONCLUSION

Les noms et les verbes d'une langue se complètent pour ce qui est de la
densité des informations qu'ils contiennent, mais chaque langue va structurel ¬
le monde à sa façon. Dans une langue endocentrique (le danois), non seulement
le poids informatif d'une phrase est centralisé dans les verbes, qu'il s'agisse de
verbes simples ou de prédicats complexes, mais ces verbes déterminent de
façon exclusive les restrictions de sélection des sujets (et des objets). Le monde
est structuré en relations concrètes (forte concentration d'informations dans
les verbes) entre des entités de base sous- spécifiées. À l'inverse, dans une
langue exocentrique (le français), les éléments de sens essentiels convergent
vers les noms, et les verbes n'ont qu'un contenu tout à fait neutre. Le monde
est perçu comme autant de relations abstraites (verbes à faible concentration
d'informations) entre des entités de base spécifiées. Entre ces deux extrêmes,
on trouve une langue comme l'anglais qui, bien que fondamentalement endo ¬
centrique, possède néanmoins des structures exocentriques.
Nous illustrerons les relations entre les trois langues étudiées à l'aide du
tableau suivant :
(28) Périphérie I Centre Périphérie
Endocentrique Vognen k» rte ind i garden
The car drove into the courtyard
Exocentrique The car entered (into) the courtyard
La voiture entra dans la cour

Dans une perspective plus large, ces distinctions typologiques laissent


présager des rapports intimes entre le lexique, la syntaxe et même le
discours. Non seulement le type lexical auquel appartient une langue aura des
répercussions sur la syntaxe, par exemple sur les attributs de l'objet (Korzen
ce volume), mais l'organisation lexicale et syntaxique d'une langue entre¬
tiendra également des rapports non- triviaux avec des phénomènes pragmati ¬
ques et textuels, telles les anaphores associatives, qui, parce qu'elles reposent
sur la composition sémantique des noms, vont différer systématiquement
d'une langue à l'autre (Lundquist 2003). On voit dès lors comment une étude
typologique- contrastive, qui part du lexique, en arrive à englober égalementla
syntaxe et le discours, et comment il devient possible par là d'acquérir une

LANGUE FRANÇAISE Z 51
Le génie de la langue française. Perspectives typologiques et contrastives

compréhension, sinon « totale», au moins plus systématique du génie d'une


langue, dans notre cas celui du français.

Ce que nous proposons, c'est donc, à l'aide d'une description des carac ¬
tères généraux du vocabulaire de trois langues européennes, des prolégo ¬
mènes à des études plus poussées et plus étendues de la typologie lexicale.

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Texte cité.
DEFORGES, Régine, Cuba libre. Paris : Livre de Poche.

lUUf FRANÇAISE IZ 53

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